Solal Kalel
Solal Kalel
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[HJ: J'ai sous-entendu un rendez-vous arrangé à l'avance, ainsi que certaines choses comme le fait que Shela Tonking connaisse vaguement les positions d'Atalan concernant l'apprentissage, mais aussi sa connaissance des races dites "exotiques". Si quelque chose gêne, dit-le moi, et je modifierai ! :) Pour l'instant Solal est dans le parc. Mais tu peux choisir d'avoir "surpris" la dispute entre Hector et lui... Malheureusement pas d'être intervenu sur le coup, mais après, pourquoi pas Wink De la même manière que tu peux décider si ton perso connaît déjà Solal, l'avait remarqué ou non^^. J'agirai en fonction]

La lignée de poils dressée sur l'échine du Félacatian désenflait petit à petit. Entre deux halètements, ses grognements irréguliers perdaient en intonation, et ses oreilles plaquées contre le sommet de son crâne se redressèrent l'une après l'autre. Hector se retirait, vaincu, bien que de peu. La main gauche portée sur son bras droit désormais vêtu de guenilles, il pestait tout en se retirant d'un pas lourd, ruminant un "sale bête" du bout des lèvres. Dans le peu d'holofilms que Solal avait consenti à voir avec ses camarades de dortoir, le héros avait sa Némésis, toujours prête à se mettre en travers de son chemin. Hector et lui étaient promis à se vouer une rancoeur réciproque apparemment sans fin, sachant qu'elle durait déjà depuis 4 ans. En réalité, dès leur premier cours en commun, l'aîné des deux avait commencé à chercher des puces à l'autre, comprenez, Solal qui n'avait que 10 ans à l'époque. L'appelant "peluche" ou "animal", il lui avait prédit un avenir sans maître, d'autant plus qu'il avait déjà compris à l'époque que le Félacatian ne pourrait pas manier le sabre-laser. Jamais. Désormais, l'adolescent en était sûr après sa visite infructueuse-en ce sens en tout cas- sur Coruscant.

Bien qu'il s'était déjà intimement persuadé des résultats, s'auto-convainquant qu'en plus, c'était mieux ainsi, le Padawan avait osé croire en sa rémission, en sa retransformation. Il s'était rêvé bipède, quitte à ne plus jamais pouvoir adopter la forme qui était présentement la sienne, maniant enfin un sabre-laser. Hélas, le Médecin avait été catégorique, sachant que c'était un des plus grands experts en "maladies orphelines et accidents générateurs de handicaps physiques et mentaux chez des espèces minoritaires" plus aucun espoir n'était permis. L'homme avait ajouté que Solal était déjà un petit miracle en soi, son corps n'aurait pas du s'adapter à cette forme normalement signe de stress intense chez les Félacatians. A son avis, la longue thérapie des Jedis, la Force et un -gros-brin de chance avaient permis à Solal de venir recevoir cette grosse déception dans la figure. Bon, d'accord, l'adolescent s'était aussi sentit quelque part rassuré de ne pas devoir recommencer le manège aiguilles-blouses blanches- tests, sans parler de l'affreuse douleur continuelle, des médicaments, tout ce qu'il avait connu pendant les premières années de sa vie. D'ailleurs, sur le coup, le Padawan avait même bien pris la nouvelle, se contentant de remercier le docteur avant de tourner les talons, tout simplement. Mais des jours comme celui-ci, lorsqu'un stupide Padawan de 14 ans décidait de vous miner le moral en vous rappelant ce que vous ne seriez jamais, et qu'en plus, vous songiez qu'il avait raison, mettaient de mauvaise humeur.

Heureusement, sachant que son "harcèlement" n'était pas convenable au Temple, Hector qui n'avait rien d'une simple brute stupide, avait judicieusement choisi un endroit désert en cette heure matinale pour s'adonner à son loisir. Perturber un félin dont il avait cependant ignoré un détail: son âge. Bien que plus jeune que son adversaire, Solal avait grandi, il n'était plus le tigron qui filait se cacher sous un meuble en crachant. C'était désormais un adolescent dans la force de l'âge bien qu'il lui manque les pics inhérents à ceux de sa race. Il avait une parfaite maîtrise de son corps animal après autant de temps passé sous cette allure et avait franchement été poussé à bout.

Retrouvant un peu son calme, désormais, il prenait la pleine mesure de son acte. Sortir ses griffes n'avait pas été dans ses intentions, surtout qu'il savait que si les maîtres gardaient un oeil sur leurs pupilles, ils conservaient les deux rivés sur sa personne. Doté d'un instinct sauvage qu'il devait sans cesse réfréner, le Padawan à force de méditations et d'aide s'était bien laissé apprivoiser. Néanmoins, le moindre signe sauvage de sa part avait tendance à mettre les esprits les plus paranoïaques en pleine effervescence... Dont le sien. Tâchant de se tranquilliser en se rappelant qu'il n'avait pas versé une seule goutte de sang, Solal reprit sa route, mais au lieu d'aller vers la salle d'entraînement, il choisit le parc. Assez d'adrénaline aujourd'hui, mieux valait essayer de se calmer. Quelque soit le coupable, le Félacatian était celui qui portait le fardeau de l'instinct sauvage, et donc, toujours celui qui devait se remettre en question, se freiner... Ce n'était pas juste mais c'était ainsi. Depuis longtemps, l'enfant s'y était résigné.

***
Shela Tonking accoudée sur une rembarde, observait, un étage plus bas les allées et venues du hall d'entrée. Depuis son retour de Coruscant, elle était préoccupée. La quinquagénaire appréciait Solal Kalel, le Padawan qui l'avait accompagné, mais pas suffisamment pour en faire son élève. Tout du moins, pas son seul élève. Totalement pour l'enseignement multiple la Maître Jedi ne se résolvait pas à choisir un disciple pour priver les autres. Il en fallait, des comme elles, qui viennent en aide aux délaissés, en phase transitoire, jusqu'à ce qu'un maître pose les yeux sur eux, qu'ils aillent dans les camps de Bandoomer ou qu'ils quittent le Temple de leur propre chef. Elle leur dispensait des cours supplémentaires, répondait à leurs questions, les emmenait en voyage, mais tout ça ne serait pas possible si elle craquait finalement, au regard désespéré de l'un d'eux. Shela n'était qu'un maître de Passage qui n'interférait pas plus dans l'avenir des Padawans qu'elle jugeait "dignes" de sa tutelle... Ou presque pas tout du moins. Depuis que son ami médecin avait assuré ne rien pouvoir faire pour Solal, la maître Jedi se posait sérieusement des questions sur son futur. Fut une époque, l'adolescent aurait déjà été envoyé aux camps de Bandoomer depuis un an, vu qu'il avait 14 printemps et qu'il était toujours sans maître. Heureusement, la volonté du petit faisait qu'il n'accumulait pas trop de retard, son habitude à se lever tôt pour aller s'entraîner, ses tentatives pour pallier à son problème de "mains" ne pouvant manier un sabre-laser, son astuce le portaient. D'un autre côté, cela ne saurait suffire éternellement, bientôt, le fossé allait se creuser. Même si Solal gagnait en agilité, en taille et en force, que pourraient ses dents contre un adversaire armé d'un sabre ou pire, d'un blaster ? Et ce n'était une solution pour lui de griffer et de mordre même si c'était un atout naturel à ne pas ignorer. Il lui fallait un mentor personnel, même si ... se voyait mal forcer quelqu'un à le faire.

La solution qui mûrissait doucement dans son esprit venait enfin de prendre forme, un Miraluka, Padawan quand elle était chevalière. La jeune femme avait failli le demander en apprenti, dérogeant à son idée première encore pratiquée aujourd'hui. C'était un garçon timide, mais désormais, il avait sa petite réputation. Sortant justement des sentiers battus tout en étant respectueux, critique intelligent et tout de même fidèle au côté lumineux, il avait le coeur ouvert. Tout du moins, c'était ce qu'avait plus glaner la quinquagénaire. Serait-il assez tolérant pour accepter un élève qui ne manierait pas le sabre-laser ? S'il était réellement Gardien dans l'âme, ce serait probablement frustrant pour lui. En tout cas, il avait accepté le rendez-vous. Lui souriant-elle ne savait pas trop si les Miralukas pouvaient voir ce type de gestes, mais il lui avait quand même parut légitime.- elle tapota la rambarde pour l'inviter à le rejoindre.

-Merci d'être venu Maître Pirin. Je suis Shela Tonking. Nous nous connaissons de vue. Hum... Pardonnez l'expression malheureuse, et acceptez mes remerciements pour être finalement venu. Sachez aussi au passage que j'admire vos idées audacieuses visant à moderniser l'apprentissage du Temple. J'en ai vaguement entendu parler...

Mystérieuse La Maître Jedi se contenta de sourire, elle bluffait un peu, n'étant pas au couran d'une quelconque "rébellion" mais sachant apparemment un petit quelque chose des idées de ce cher Atalan qui détonnait de la norme. L'humaine, satisfaite de son entrée en matière tendit un bol de café qui reposait sur un banc, à côté de la rembarde, laissant le choix à sa "victime" de le boire ou de l'ignorer. Après un petit temps utilisé aux salutations d'usages, la quinquagénaire expliqua enfin la raison de son rendez-vous, spécifié la veille par message sur comlink. Elle y avait précisé que ce n'était pas urgent et que le Miraluka pouvait retarder, voir annuler le rendez-vous si besoin. Il s'agissait d'une simple consultation entre confrère. Sans plus cependant, car... aimait ménager son effet de surprise. Encore pleine d'une malice enfantine qui en agaçait certains, comme Alycius El'Dor, un des plus coincés de l'Ordre, et des plus ennuyeux aussi.

-En fait, j'espère que vous ne serez pas déçu de la raison, surtout à une heure aussi matinale. Personnellement je la juge assez importante, même si ça donne l'impression que me mets mon nez où ça ne me regarde pas. Hum.. C'est sans doute vrai d'ailleurs, mais bref. Le Temple est plutôt grand, et j'ai remarqué que des êtres qui iraient bien ensemble se manquent parfois, alors j'aime essayer de les réunir. Comme vous le savez peut-être, j'ai l'habitude de prendre un Padawan sans maître avec moi, le temps d'un cours, ou d'un voyage. Une heure, quelques jours, une semaine, mais jamais pour les former. Je pense que certains sont faits pour les aider à trouver leur mentor... Et j'ai justement un cas qui pourrait, je crois, vous convenir. J'y pense depuis un certain temps. Suivant votre caractère, et votre réputation... Je ne sais pas si le dossier vous intéresserait et je ne souhaite surtout pas vous y forcer, mais juste peut-être, vous donner envie de l'observer. Il s'agit de Solal Kalel. Peut-être le connaissez-vous ? Ce pauvre Padawan a un certain potentiel, mais il est plus connu pour sa différence que pour ses faits d'armes, clairement. C'est un Félacatian qui ne peut retrouver sa forme humaine suite à des circonstances... Floues. Sa mère l'a déposé au Temple, juste avant de mourir, lorsqu'il avait trois ans, et il a été soigné par le Temple. Comme il se trouvait que ce petit avait la Force et qu'il s'est remit à sa façon de ses blessures, il est devenu aspirant. C'est un enfant motivé, mais sa constitution l'empêche de manier le sabre-laser. Il a eu un maître, parti sans explication après avoir promis de le choisir. Ça arrive, c'est rare, mais ça arrive et ça fait toujours mal au Padawan qui en est victime. Il a déjà du mal à s'adapter. Alors vu sa particularité, mais aussi son caractère, j'ai pensé que... Éventuellement...


Conservant un certain air de malice, l'humaine semblait pourtant aussi un brin gêné. Elle ne pensait pas que tenter d'influencer sur le destin d'un de ces Padawans qu'elle appréciait la stresserait autant. Décidément, ce genre de grandes responsabilités n'étaient pas faites pour elle.
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Coruscant. Atalan n’aimait guère ce monde-capital, au cœur du Noyau, où tout paraissait toujours opposé à ce qu’il aimait. Trop de bâtiments, pas assez de forêt. Trop de gens, pas assez de solitude. Trop de politique, pas assez de réflexions paisibles. Il ne s’y rendait jamais qu’à contrecœur, mais de plus en plus souvent, quand un cas particulier exigeait son attention dans les Chambres de Guérison, quand un malade, par exemple, avait besoin que l’on manipulât les Cristaux et qu’aucun autre membre du Conseil des Guérisseurs ne pouvait s’y atteler. Après ces voyages, il retrouvait toujours la jungle d’Ondéron ou d’autres théâtres d’opération plus isolés et plus sauvages encore avec un plaisir certain.

Ce jour-là, la raison de sa visite avait assombri encore son humeur. On venait de récupérer un nouvel holocron alchimique. Par la force des choses, c’était devenu aussi l’un de ses domaines de spécialité. Il l’avait étudié pendant quelques heures, avant d’en décrire de manière générale le contenu et d’en recommander la conservation prudente. Les idées datant du Schisme étaient toujours complexes à manier. Il fallait séparer les connaissances pures, qui pouvaient être utiles, bien employées, aux Guérisseurs des Temples, et les idéaux douteux. Cette entreprise critique n’était pas à la portée de tous. Parfois, Atalan regrettait qu’elle fût à la sienne.

Ce matin-là, il espérait que son rendez-vous avec Shela Tonking susciterait en lui des pensées moins soucieuses. Il connaissait mal cette maîtresse atypique. Leurs domaines d’activité n’avaient pas grand rapport mais Atalan avait l’habitude de répondre aux consultations de toutes les parties de l’Ordre : on avait toujours besoin d’un Guérisseur. Il s’attendait donc, comme à l’ordinaire, à se voir soumettre un cas médical, biologique, botanique, métaphysique à la rigueur. Quand il fut arrivé à la rambarde, il la salua d’un hochement de tête. Sa réputation de laconisme devait le précéder parce que, sans se formaliser, la Jedi prit la parole et commença un long discours qu’Atalan ne chercha pas à interrompre.

Le silence revint finalement et il percevait sans peine l’anxiété de sa consœur. Reposant le bol de café auquel il n’avait pas touché, il croisa les mains dans son dos, pensif. L’idée de prendre un Padawan lui avait traversé l’esprit plusieurs fois, par le passé, mais il ne s’y était jamais arrêté. Ces derniers mois cependant, il éprouvait le besoin, ou tout du moins la responsabilité, de transmettre son savoir, ou plutôt que son savoir, son expérience, cette chose fluide et imprécise qui s’exprimait par mille petites décisions de quotidien et ne se laissait pas facilement cerner par un discours théorique et des travaux pratiques, en cours.

La perspective, cependant, l’intimidait. Il savait qu’il était un enseignant atypique et encore fort imparfait. Dans le même temps, bien entendu, il savait qu’on n’apprenait à enseigner qu’en enseignant et qu’il ne pouvait espérer s’améliorer sans s’atteler à cette tâche. Mais avait-il le droit de faire d’un Padawan le cobaye de son propre éveil pédagogique, sans être certain que sa formation porterait ses fruits ? Devait-il…

— Cette proposition n’a pas l’air de beaucoup vous enthousiasmer…

Ce n’était pas un reproche de la part de Tonkin mais plutôt une manière de tâter prudemment le terrain.

Sans se retourner vers son interlocutrice, Atalan murmura :

— Je crains de décevoir vos espérances.

Un sourire en coin se dessina sur le visage de Tonking. Solal aussi craignait de décevoir les gens. Maintenant, elle était certaine que son instinct ne l’avait pas trahie.

— Justement, Maître Pirin, justement.

*

I am not a tree with my root in the soil
Sucking up minerals and motherly love
So that each March I may gleam into leaf,
Nor am I the beauty of a garden bed
Attracting my share of Ahs and spectacularly painted,
Unknowing I must soon unpetal.
Compared with me, a tree is immortal
And a flower-head not tall, but more startling,
And I want the one’s longevity and the other’s daring.

Sylva Plath, « I Am Vertical »

— C’est la Fleur de Maniko.

Que les lecteurs qui en doutent se rassurent : parfois, Atalan abordait les gens en leur disant « bonjour », comme une personne civilisée. Parfois. Ce jour-là cependant, le Miraluka avait remonté une allée du parc jusqu’à s’arrêter près du Padawan qui errait comme une âme en peine et, d’un geste de la tête, il avait désigné la belle corolle qui s’épanouissait sous le soleil toujours si lointain de Coruscant.

— Au bout de deux ou trois ans après sa première éclosion, la Fleur de Maniko fane, se recroqueville sur elle-même et fait pousser une nouvelle germe, qui croît, qui croît et qui, après quelques années, donne un petit arbuste. Le petit arbuste donne un arbre et l’arbre vit pendant des décennies et des décennies, sans jamais plus redevenir une fleur. La fleur est plus souple et ne rompt pas facilement sous les vents violents. Son parfum est un charme. Mais l’arbre est plus solide et il dure plus longtemps. Il offre de l’ombre pendant les chaudes journées d’été. On tire de l’arbre une sève précieuse qui a la propriété de calmer les anxiétés chroniques. La fleur est belle, elle est un baume pour les yeux, mais l’arbre, lui, est un baume pour l’âme. Ni l’arbre ni la fleur est meilleur ou pire que ce qu’il a été ou ce qu’elle peut être : l’un et l’autre sont une sollicitude différente que la Force a pour nous.

Comme souvent, l’entrée en matière pédagogique d’Atalan avait une densité redoutable, où se superposaient des considérations botaniques, médicales, morales, biologiques, métaphysiques et théologiques. Heureusement, il n’était pas le seul Jedi à aimer s’exprimer en apologues et, dans une certaine mesure au moins, les Padawans devaient avoir l’habitude de ces leçons de chose parfois un peu labyrinthiques. Naturellement, le rapport entre la Fleur de Maniko devenue arbre pour toujours et le Félacatian qui ne retournerait jamais à sa forme bipède ne pouvait passer inaperçu.

— Tu es agité, jeune Padawan. Ça saute aux yeux…

Atalan esquissa un sourire et reprit les mots de Shela Tonking :

— … si tu me pardonnes l’expression malheureuse.

La plaisanterie n’était pas entièrement innocente. La plupart des espèces éprouvait un certain malaise à l’idée que les Miralukas les voyaient sans les voir, à l’idée que leurs bandeaux ou leurs lunettes opaques recouvraient des orbites vides et Atalan supposait que la plupart des camarades de Solal ressentaient un embarras semblable dans leurs relations avec celui qui avait toutes les allures d’une bête sauvage. Les deux situations étaient comparables, même si leurs degrés étaient bien différents, et le Maître avait voulu souligner la difficulté, plutôt que de tenter de la contourner.

Les bons mots d’Atalan étaient rarement gratuits.

— Dis moi, quelle est la nature de ton trouble ?

De la part d’un Maître, voilà qui fleurait bon la question-piège.
Solal Kalel
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Une plante de quoi ? Solal aimait la nature mais sa connaissance des fleurs était limitée puisque ce qui l'attrayait surtout était les choses en mouvement. Comme cet homme qui venait d'ailleurs de se glisser derrière lui, sans vergogne. Surpris le Padawan alors perdu dans ses pensées avait rabbattu ses oreilles sur son crâne, retenant un grondement au dernier instant. Tandis que le poil qui avait commencé à se redresser sur son cou diminuait de volume, le félin observait l'intrus d'un air indéchiffrable. Puis, de plus en plus étonné au fur et à mesure que ce dernier faisait son discours.
Un discours intéressant en soi et d'ailleurs, Solal habitué aux métaphores des maîtres commença à la saisir. Elle le concernait particulièrement, comme par hasard juste après sa rencontre avec Hector lui serinant qu'il ne trouverait jamais de mentor. Ravalant ses zestes de rancoeur vis à vis de l'apprenti, le Félacatian s'attela à répondre courtoisement au maître qui avait au moins la gentillesse de partager son savoir avec lui.

-Je ne savais pas. Merci, je me coucherai moins bête.

Fit-il en se retenant de dire qu'au final, cet arbre avait un peu la même destinée de tous les arbres normaux. Tout du moins, pas de manière agressive car Solal n'avait aucune envie de l'être avec l'un des rares à s'intéresser à son cas, quand bien même c'était encore à cause de sa particularité. En même temps, il n'était pas le seul à en posséder puisque ses yeux se posèrent justement sur l'absence de ceux de son interlocuteur. Sans doute un Miraluka. Solal avait déjà eu un professeur de cours commun et devait avouer que l'idée que de ne pas savoir si on le regardait ou non avait quelque chose de gênant. Sa vue perçante de prédateur avait en effet tendance à se baser sur ce fait pour déterminer comment agir, mais bon, également habitué à en cotôyer dans l'infirmerie -c'était des fameux guérisseurs vu leur lien avec la Force, ce dont il avait vraiment nécessité pour sa thérapie.- le jeune félin ne s'en formalisa pas.

-Ne vous excusez pas, ce n'est pas à moi de me sentir offusqué par une telle expression.

Fit-il, conciliateur mais aussi un brin farceur. Ce type ne parlait pas beaucoup-sauf quand il se lançait sur les plantes, visiblement dans ce domaine, intarissable.- mais il était plutôt sympathique, sans compter le respect que devait Solal à ses supérieurs. L'esprit distrait de ses préoccupations, ou tout du moins, ces dernières étant amenées d'une façon intelligente, le Félacatian se détendit un peu. Il s'assit dans l'herbe tout en conservant une posture droite, signe de respect pour son interlocuteur.

-Sinon pour les arbres et tout ça, je ne voudrais pas vous contredire... Mais cette race là est programmée pour évoluer comme ça, pour ne pas revenir à son état d'origine. Moi, de base, si.

Certes, l'adolescent s'étonnait que le Maître Jedi connaisse son cas, mais pas autant. Il savait avoir fait beaucoup parler de guérisseurs, certains l'avaient même abordé pour lui demander ce qu'il ressentait voir l'examiner. Le Padawan s'était prêté à tout ça de bonne grâce même si c'était parfois difficile à supporter. Il estimait trop devoir à la médecine pour rechigner aux observations de ce type, et puis si ça pouvait aider d'autres personnes coincées dans une impasse. Une fois, il s'était même résigné à êre le sujet d'une étude sur la résistance du corps face au stress. Normal puisque son espèce était une de celles qui réagissaient d'une façon des plus spectaculaires et que le sien, bloqué sous la forme justement engendrée par le stress parvenait désormais à rester calme sans trop souffrir de contre-ordres de son cerveau. En arriver là avait demandé énormément de sacrifices, de tromperies et de trucheries envers lui-même. Il n'était plus qu'un demi-Félacatian, un genre d'handicapé là où encore une fois, les Miralukas sans yeux étaient normaux. Cela dit, le gamin appréciait le geste et comme preuve de son ouverture d'esprit envers une discussion philosophique, se déplaça un peu pour laisser l'inconnu s'assoir. Enfin, inconnu. Il semblait à Solal l'avoir déjà vu, voir déjà eu une fois en cours... Ah non, finalement, il avait renoncé à y aller car le niveau était trop élevé pour lui. Qu'on lui demande de se défoncer à l'entraînement, le félin ne craignait aucun effort, cependant qu'on exige de lui qu'il demeure assis à ne conférence de 4 h sur un sujet incompréhensible était présumer de sa patience. S'il en possédait effectivement une, elle était plus prédatrice qu'autre chose, soigneusement contrôlée d'ailleurs, sans parler de son âge qui l'empêchait quelque peu d'accourir aux cours d'un professeur aussi éminent qu'Atan Pirilin -un truc comme ça se souvenait-il.- Heureusement, discuter face à face n'était pas pareil et le Padawan éprouvait une certaine curiosité pour cette soudaine approche.

-Sinon, si vous me le permettez, Bonjour, je m'appelle Solal. Vous êtes professeur de ... De soins, c'est ça ? Désolé, je ne me rappelle pas vraiment de vous.

Décida d'avouer le jeune apprenti. Il préférait paraître moins bien sur le coup que très stupide si jamais le Miraluka savait qu'il mentait. En plus, ça lui paraissait hypocrite et de mauvais goût de ne pas dire la vérité sur un détail comme celui-ci. Surtout que son interlocuteur l'avait mis à l'aise. Lui non plus ne l'avait pas salué, ça ne devait donc pas être un féru des hautes salutations avec protocole et tout le tralala. C'était déjà ça de gagné.

-Je me suis disputé avec un Padawan... On ne s'apprécie pas trop.

Avoua plus difficilement l'apprenti sans toutefois dévoiler le nom du fautif. Cette affaire se règlerait entre lui et Hector, il n'était pas une balance quand même. En revanche, curieux, il l'était, et justement perché au milieu de la balance de la curiosité et du respect pour se permettre de retourner la question au mentor avec une politesse non dénuée d'humour.

-Et vous ? Vous êtes venu pour la plante, mais je gêne l'accès ? Ou c'était un prétexte ?

Bien qu'il ne se pense pas être le centre du monde -on pouvait le targuer de nombreux défauts mais sûrement pas l'arrogance.- Solal n'était pas stupide, ni aveugle -sans mauvais jeu de mots encore une fois- c'était bien joli la botanique, mais des Minoko, il y en avait plusieurs dans le parc.
Invité
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Atalan s'était assis en face du Padawan, en tailleur dans l’herbe du parc, et assurément ils offraient tout deux un spectacle un peu étrange. On en avait vu d’autres, sans doute, au Temple de Coruscant, mais parmi celles et ceux qui se promenaient dans le parc, il y en avait beaucoup pour jeter des regards intrigués aux deux Jedis en pleine discussion.

— Un prétexte ? Hm, non… Je suis bavard et j’aime parler de botanique, c’est tout.

Ben voyons.

— Je suis Atalan Pirin.

Au sein du Temple, et souvent à l’extérieur d’ailleurs, Atalan n’avait pas pour habitude de donner son titre. Il était encore nouveau, pour lui, et puis le Miraluka, tout respectueux qu’il fût des traditions de l’Ordre, n’avait jamais eu une grande passion pour le protocole.

— Je suis un Guérisseur, en effet.

C’était une présentation plutôt sobre de sa situation au sein de l’Ordre.

— J’enseigne assez peu, cela dit. Trop compliqué.

Pour lui d’enseigner et pour les élèves de comprendre. Il prenait ce rôle fort à cœur cependant et il s’était promis de s’améliorer constamment dans le domaine — la preuve, il était en train de parler avec… son futur Padawan ? Assurément, la situation du Félacatian l’intriguait, d’ailleurs moins d’un point de vue médical que moral. Par la force des choses, Solal serait contraint d’adopter un parcours atypique au sein de l’Ordre et Atalan aimait ce qui était atypique.

— Tu pensais que je parlais de toi, alors ? Moi, je ne faisais qu’expliquer la fleur, tu sais.

Ben voyons — bis.

— Cela dit, puisque tu soulèves la question…

Qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre !

— … ne trouves-tu pas intéressant que tes pas t’aient conduit jusqu’à cette fleur ? C’est comme si la Force te suggérait que la solution à tes problèmes se trouve moins dans la recherche de l’apparence, et le baume des yeux, mais dans la tranquillité, et le baume de l’âme. La leçon n’est peut-être pas que tu es semblable à la Maniko mais que des deux solutions que la Maniko peut offrir, aux yeux ou à l’âme, c’est la première non la seconde que tu devrais rechercher.

Atalan avait une vision éminemment religieuse de la Force, comme bien des Jedis, et il croyait en une forme complexe de destin : la Force conduisait les individus là où ils devaient aller, s’ils savaient l’écouter, non qu’elle eût une volonté propre, selon le Miraluka, mais bien qu’elle engendrait et perpétuait la Vie de la meilleure des façons, pourvoyant aux besoins physiques et moraux de ceux qui la suivaient.

— Tu considères le phénotype d’une race comme une réalité objective et étroite, comme une programme qui souffre, comment dire ? des bugs et des fonctionnements normaux. Mais l’idée que nous nous faisons communément de telle ou telle race n’est jamais qu’une inférence généralisée fondée sur l’observation d’un phénomène statistique.

Certes.

Atalan s’interrompit. Signe de maturité de sa part, il se rendit compte que son explication méritait peut-être une petite simplification.

— Quand on pense à un humain, toi et moi, on se représente un individu moyen qui est une sorte d’assemblage des traits les plus courants chez les humains que nous croisons. Des bras, des jambes, des pieds, un seul sexe, des cheveux, une taille et un poids limites, et ainsi de suite. Et statistiquement, la plupart des humains sont des variations sur ce modèle assez étroit. C’est une réalité factuelle, statistique, mais de là à dire que c’est le programme de la race, de là à dire que c’est sa nécessité biologique, il y a un saut de raisonnement considérable. Certains humains naissent siamois, d’autres hermaphrodites, d’autres encore sont privés de tel ou tel organe, ou bien extraordinairement grands. Ils sont humains, néanmoins, même s’ils sont, disons, imprévisibles à partir du modèle le plus probable, statistiquement, que chacun se construit pour cette espèce.

C’était une démonstration qui d’ordinaire s’adressait plutôt aux Guérisseurs les plus avancés dans leur cursus, pour les préparer à traiter d’éventuels cas physiologiques très atypiques et les prévenir de ne pas céder trop facilement aux réflexes des gestes les plus courants. Cela dit, comme à son ordinaire, Atalan attendait de son interlocuteur des efforts considérables : à quatorze ans, il estimait qu’on pouvait être en mesure de comprendre, au moins en gros, ce qu’il était en train d’expliquer.

— Toute déviation par rapport aux modèles statistiques de la physiologie d’une espèce n’est pas nécessairement une maladie. Dans bien des sociétés, sur bien des planètes, des humains siamois ou hermaphrodites seront opérés pour les rapprocher du modèle statistique, même dans les cas où ces opérations ne sont pas strictement nécessaires à leur survie. Toi, assurément, tu es en dehors du modèle physiologique standard pour un Félacatian. Il n’empêche que tu survis, que tu vis, que tu poursuis ta croissance et que, autant que je puisse en juger, tu n’es pas affligé de douleurs violentes ni d’incapacités considérables. Tu es une variation sur un modèle, une variation exceptionnelle, sans aucun doute, peut-être accidentelle, mais en aucun cas une pathologie ambulante. En d’autres termes et au risque de paraître tautologique…

Atalan hésita mais décida tout de même de reprendre l’idée différemment, pour la forme.

— Au risque de paraître tenir un raisonnement circulaire, si tu préfères, tu es programmé pour avoir la forme que tu as autant que les autres Félacatians sont programmés pour avoir la forme qu’ils ont pour la bonne et simple raison que tu as la forme que tu as. Tu incarnes l’une des possibilités biologiques de ton espèce, comme n’importe qui ici, et cette possibilité, de toute évidence, est tout à fait viable, puisque tu vis.

CQFD.

— À     mon humble avis, chercher à te « guérir » d’une maladie que tu n’as pas et chercher à t’étudier, c’est te faire perdre un temps précieux que tu emploierais plus utilement à d’autres activités. Ne préférerais-tu pas devenir un Chevalier Jedi plutôt que de devenir un humanoïde ?
Solal Kalel
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Solal contemplait la fleur, l'air un peu sceptique. Les explications du Miraluka lui plaisaient, cependant, elles n'avaient pas achevées de le convaincre. Ce discours sur la différence à accepter, sur la généralité et les exceptions était philosophiquement et même poétiquement attrayant. Néanmoins, le félin était plutôt terre-à-terre. Pas pessimiste, non, ni fataliste, juste réaliste à ses yeux.

-Oui je suis d'accord pour accepter toutes les différences. Celles de peau, celles d'idées, de milieux sociaux, mais quand même, avouez que vos siamois, qu'ils soient intégrés ou pas, ça en les aidera pas à manier un sabre-laser vu leur situation. Moi c'est pareil. Si on m'aime bien, je m'estime déjà chanceux, cependant, on en devient pas un vrai Jedi avec de l'eau fraîche, les 4 pattes plantées dans la terre, en prenant racine. Mes pattes rendent vaines tout espoir de maniement de sabre-laser, et c'est quand même super important non ?

“Super important” était un euphémisme aux yeux de Solal, qui comme tout à chacun, considérait l'épée de lumière comme le symbole des Jedis. De plus, ayant déjà participé à des missions, le félin avait eu des preuves de ses limites. Il s'était retrouvé acculé face à cette Sith surgit de nulle part avant même les missions d'ailleurs. Sur une petite planète perdue quoique verdoyante où il avait faillit perdre la vie, faute de pouvoir croiser le sabre avec elle. Et que dire face à cette gigantesque tonne de muscles au crâne rasé ? Flanqué de deux Padawans agressifs, Solal avait dû prôner le dialogue. Non seulement parce que c'était ce que disait le code Jedi, mais aussi et surtout parce qu'il n'avait pas vraiment moyen de riposter. Pour preuve, c'était le seul à être rentré blessé, et bien blessé.

-Cela dit, il doit exister un moyen de trouver autre chose. Non ? La télékinésie peut-être, mais jusque là ça me fatigue énormément.

Ce serait classe effectivement de pouvoir bouger son sabre-laser avec la patte, de loin, comme ces jeux vidéos dont parlaient certains apprentis Jedis. Une fois, Solal avait essayé, il portait un casque sur la tête et maniait une épée laser, dérivée de l'arme de l'Ordre. Il s'était bien amusé, mais encore une fois, il fallait être réaliste. Maintenir et diriger un sabre de la sorte était aussi épuisant que vain. Y avait-il un moyen d'améliorer l'idée ou plutôt chercher une autre voie ? Par chance, le Félacatian avait un bon taux de midichloriens, c'était déjà ça. Tout espoir n'était pas perdu.

-Oui, c'est peut-être un tour de la Force, j'veux dire, que j'ai décidé de m'arrêter devant cette plante, même si je n'l'avais pas vu de base, pour tout avouer. Et puis c'est sans doute le destin aussi qui vous a guidé ici.

Fit-il, consentant à l'explication d'Atalan, même si habituellement le Padawan ne croyait guère en ce genre de choses. Pour lui, la Force les guidait, assurément, mais une grosse partie de leurs faits résultaient de leurs choix, dépendant eux-même de leur caractère ou plus simplement du hasard. Mais aujourd'hui en effet c'était peut-être un caprice du destin qui les avait faits se rejoindre... Ou l'envie de parler du Maître.

- En fait... Pour les douleurs. Humf. Je vais mieux, mais ça continue de me prendre souvent aux reins. Ça se bloque, ça lance, je tombe par terre, ça dépend. Les soigneurs m'aident depuis tout petit, car je ne pouvais même pas me lever ou me tranquilliser. Je ne me sentais bien que sous adrénaline, parce que ma forme animale est l'expression du stress pour mon espèce. Je ne suis pas né comme ça. C'était un accident. Les séances de méditation, les soins, tout ça, ça m'a sauvé la vie, cependant, j'ai un peu perdu en taille et sûrement que les douleurs vont rester. Beaucoup moins, mais quand même.

Après une longue course, il arrivait aussi que le nerf bloqué à la colonne-celui là même, coupable de sa transformation permanente- le fasse boîter pendant une bonne heure lorsque ses muscles refroidissaient. Solal vivait alors le quotidien d'un homme perclus d'arthrite. Pour beaucoup, ce serait insupportable mais il avait apprit à faire avec, désormais moins sensible à la souffrance, et connaissant encore une fois son bonheur que les choses n'empirent pas. Apparemment selon les médecins, sa silhouette musclée permettait d'éviter d'énormes problèmes pour l'avenir, de ce fait, sa vieillesse ne devrait pas trop le faire dégénérer, pas plus qu'un autre ancien en tout cas. Finalement qu'il soit sensible à la Force puis devenu Jedi lui avaient sauvé la vie.

-Vous avez un Padawan ? Hummm. Si c'est le cas, laissez-moi deviner, Kuzoa. Il est super doué en botanique.

Un sourire malin aux lèvres, le Félacatian semblait au moins tirer profit de cette conversation, dans le sens où ses sombres pensées s'éloignaient un peu. Pas vraiment habitué à se morfondre, il remontait en général vite la pente. Et puis Maître Pirin lui était sympathique. Il aimait ces discussions sans prétention ni enjeu particulier, malgré un côté un peu solitaire parfois. Aujourd'hui il avait envie de socialiser. Et puis... En y regardant bien, c'est vrai qu'elle était jolie cette fleur.
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Atalan observait Solal avec une attention croissante. Évidemment, ça ne se voyait pas beaucoup et on aurait pu tout aussi bien penser que le Miraluka s’était endormi en écoutant le jeune Félacatian détailler ses déboires mais, en vérité, le Guérisseur était intrigué par le tempérament de son interlocuteur. Somme toute, Solal faisait preuve d’une force de caractère peu commune : Atalan imaginait sans mal la détresse que pouvait éprouver un Padawan incapable de manier une arme et les douleurs constantes devaient être difficiles à vivre. Combien, à la place de Solal, se seraient abandonnés à la tristesse ou à la colère ? Combien auraient simplement quitté l’Ordre sans chercher la meilleure manière de concilier les traditions les plus communément observer avec leurs propres difficultés ?

C’était cela qui interpellait Atalan : la volonté de Solal de demeurer un Jedi, malgré des apparences contraires. Le Miraluka était lui-même profondément attaché à l’Ordre, à son histoire et à ses traditions, mais toujours convaincu que l’état présent des Jedis ne reflétait pas forcément par principe ce qui devait être. À ses yeux, trouver sa place au sein des règles et des usages de l’Ordre était un cheminement personnel des plus importants pour chaque Jedi et il regrettait que la plupart se contentent de suivre les règles ou de les ignorer, sans jamais les interroger et les comprendre.

Il glissa calmement, d’un ton presque distrait :

— Kuzoa n’est pas mon Padawan.

L’idée d’avoir un Padawan l’avait toujours intimidé mais, en la présence de Solal, son instinct lui soufflait que ses craintes, pour ne pas être entièrement déraisonnables, n’en étaient peut-être pas suffisantes. Depuis ses aventures sur Lorrd, Atalan avait appris à écouter les murmures discrets de ces intuitions nourries par la Force.

— Tous les Jedis ne portent pas de sabre. Toutes les physiologie ne le permettent pas, qu’elles soient de naissance ou acquise. Tu demanderas aux bibliothécaires du Temple : ils se feront un plaisir de t’indiquer les biographies et les encyclopédies qui évoquent celles et ceux qui, avant toi ou en ce moment même, ont été des Padawans, des Chevaliers et parfois des Maîtres sans jamais avoir à manier le sabre. Certains, d’ailleurs, y renoncent, pour des raisons diverses.

Et c’était sans parler des Sentinelles qui se faisaient une spécialité du maniement d’autres armes, moins conventionnelles parmi les Jedis, plutôt que du sabre-laser. Atalan avait bien conscience du prestige dont jouissait l’arme canonique auprès des Padawans. Après tout, le sabre-laser était la partie la plus visible de l’enseignement jedi et, en un sens, quoiqu’il demandât un entraînement constant et exigeant, il était aussi ce qu’il y avait de plus simple à concevoir. On pouvait être un sabreur compétent sans être particulièrement puissant dans la Force ni sans jouir d’une intelligence ou d’une sagesse exceptionnelles. Les Maîtres d’Armes de l’Ordre savaient d’ailleurs que la tâche la plus difficile n’était presque jamais de manier le sabre lui-même mais plutôt de comprendre en quoi son maniement reposait sur la Force.

— La télékinésie a été employée avec succès, évidemment, par certains qui souhaitaient tout de même se battre de cette façon. Qu’elle t’épuise à tes premiers essais n’a rien de surprenant. C’est une tâche qui demande un entraînement long et rigoureux, sans doute plus long que celui d’un sabreur ordinaire, mais elle ne me paraît pas être impossible.

Atypique, ça, en revanche, il était difficile de le nier. Atalan se promit de se renseigner auprès des Maîtres d’Armes pour en savoir plus sur la question. Il y avait somme toute une différence considérable entre les quelques techniques télékinétiques que certains Jedis maîtrisaient, comme le lancer de sabre, et tout un combat reposant sur le même principe.

— Mais c’est presque une question accessoire. Le sabre-laser n’est pas une fin en soi. Il est un moyen de satisfaire à deux préceptes de l’Ordre : se connaître soi-même et protéger les autres. La connaissance de soi passe par la connaissance de son corps et le sabre est une arme dangereuse et exigeante qui impose un entraînement constant. La protection des autres impose, parfois, de s’engager dans des combats. Ces deux préceptes peuvent être suivis avec ou sans sabre-laser. Du reste, s’il y a bien une chose en laquelle on peut avoir confiance, c’est en l’inventivité des marchands d’armes de cette Galaxie. Je ne suis même pas sûr que tu aies besoin de quoi que ce soit de particulièrement exotique. Il ne faut pas beaucoup d’habileté télékinésique pour appuyer sur la détente d’un blaster ni beaucoup d’ingéniosité pour le fixer à une patte ou sur un front.

Cette fois-ci, les explications d’Atalan étaient toutes pragmatiques. Il avait senti que Solal ne se laisserait pas consoler par des considérations générales alors il s’était adapté aux inquiétudes toutes concrètes de son interlocuteur, sans même s’en rendre compte d’abord. Ce ne fut qu’après coup qu’il vit qu’il avait abandonné son style de conversation ordinaire. Un excellent signe, auraient dit les Maîtres plus âgés vers lesquels il se tournait quand il s’inquiétait de ses problèmes pédagogiques.

— Quant aux douleurs, eh bien… Elles resteront peut-être mais tu es encore beaucoup trop jeune pour que quiconque puisse prétendre avoir des certitudes en la matière. Trop jeune et trop…

Atalan réfléchit à une formulation diplomatique. On lui avait souvent reproché de manquer de tact avec les étudiants.

— … mal préparé.

Pour la délicatesse, on repassera, mais au moins le ton avait été doux.

Atalan resta silencieux un moment avant de se décider à se jeter à l’eau.

— Toutes ces solutions ne se trouvent en tout cas pas dans les couloirs des Chambres de Guérison et du Temple de Coruscant. Pas totalement. Je repars bientôt pour Ondéron. Et ailleurs, évidemment. Tu devrais m’accompagner. Je crois que toi et moi pouvons trouver la voie qui te mènera vers ton destin de Chevalier Jedi.

Le jeune Maître laissa un sourire un peu nerveux se dessiner sur ses lèvres.

— Tu n’aura pas le Maître le plus compréhensible et le plus conventionnel de l’Ordre mais je peux t’assurer que tu verras du pays.
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Un blaster sur le front ? L'idée fit grimacer légèrement Solal. Il n'était pas du genre à réfuter toutes les idées pour mieux se complaire dans problèmes, mais cette solution manquait de panache. Le jeune félin possédait de plus, ses propres armes. Certes, la distance était un gros souci pour lui, mais quitte à ne pas avoir de sabre-laser, autant recourir à une alternative, disons, plus sûre, qu'un stupide bout de métal cracheur de feu. En effet, Solal n'aimait pas spécialement ces armes qu'il jugeait vicieuses, peu sûres et certainement pas « classes » du tout, pour ne pas dire vulgaires. Le Padawan estimait qu'un Jedi devait utiliser son sabre ou la Force afin de respecter la symbolique de son rang. Elevé depuis petit dans le Temple, Solal avait une image précise de ce qu'il voulait devenir. Bercé par les histoires des plus Grands, obnubilé par les statues immenses rendant hommage aux puissants, si son objectif n'était pas d'être le meilleur, il espérait toutefois renvoyer lui aussi, un jour, cette image de dignité sereine.

-Je préfère travailler plus et trouver un truc vraiment personnel que cette idée de blaster accroché à la patte. Désolé. Même si je dois me lever tous les matins ultra tôt... Moi tout ce que je souhaite, c'est avoir un objectif possible. La difficulté, je m'en fiche.

Fit-il malgré une certaine crainte de vexer Atalan. Seulement, Solal était ainsi, entêté et courageux. Son véritable souci était sa propre perdition. Quand il savait comment s'y prendre, par exemple mastiquer des pastilles de fluor au lieu de se laver les dents avec une brosse, utiliser la télékinésie pour les portes, pousser des bouquins du bout du museau avec un sac en-dessous pour les transporter-comme avait pu le voir le Chevalier lui ayant un jour demandé de l'aide à la bibliothèque, priant sûrement pour que le Maître des lieux ne débarque pas.- Solal était aussi fonceur qu'inventif. Néanmoins, lorsqu'il se buttait sur un échec, le Félacatian demeurait bloqué, avec le désir frustré d'enfin trouver quelque chose d'autre à essayer.

Pour cette envie d'aller plus loin, quitte à perdre du temps, à se tromper sans doute voir à se faire mal, il avait prit du retard sur ses camarades dans certains domaines. Il apprenait lentement mais une fois que c'était acquis, il les rattrapait avec plus de constance qu'en s'essayant à une solution temporaire. C'était un travail acharné qui risquait de l'épuiser mais qu'importe, Solal était habitué à souffrir, et sa forme physique actuelle était inespérée vu son cas au départ. Du coup, il n'hésitait pas à mordre la vie quand c'était possible, faisant parfois preuve d'imprudence.

Heureusement, cette fois, non content de ne pas se fermer à d'autres solutions que la sienne-certains chevaliers étaient réellement bornés.- Atalan lui proposa de chercher la véritable clé... Avec lui. Encore abasourdi, le Félacatian avait lâché la fleur du regard. En réalité, il n'osait même pas croire que le Maître lui proposait d'être son Padawan, mais la simple idée d'être encore emmené en voyage, de façon éphémère était déjà trop belle pour qu'il réalise. Solal avait apprit à ne pas se projeter trop loin, se contentant de petites victoires quotidiennes. Et pour l'instant, avoir de quoi faire demain pour devenir un jour Chevalier, obtenir l'occasion d'explorer de nouvelles voies et d'apprendre était une sacrée belle victoire.

-Oh... Merci Maître Pirin
-Fit-il en se souvenant au dernier moment du nom du Jedi, moins de deux, dans l'excitation il allait l'appeler Maître Maniko comme cette fleur dont il écorchait déjà le nom.- Je sais que seul, j'ai épuisé toutes les idées, mais avec vous, c'est plein de possibilités nouvelles qui s'ouvrent... C'est vrai que je suis mal préparé, j'ai du mal seul, faut avouer.

L'idée de pouvoir travailler, essayer encore et toujours était aussi fascinante qu'effrayante. Le Padawan avait peur d'être déçu par ses résultats, mais il était surtout heureux qu'on lui donne une chance, encore une fois. Toutes les voies n'ayant pas été explorées, il avait donc encore une possibilité de devenir un jour Chevalier. Si le spécialiste des métaphores botaniques y croyait, c'est que sa réussite était probable... A moins que le Miraluka n'ait aucune idée de la gravité du cas de Solal. Le jeune Jedi y avait également songé, un peu comme son ancien maître l'ayant lâché dans la nature, sans plus de précisions. Il était un défi enthousiasmant au début, puis fatiguant par la suite apparemment. Mais bon, au moins avant que n'arrive la catastrophe, Solal aurait de quoi apprendre, surtout si c'était un simple voyage. Atalan n'aurait pas le temps de se lasser de lui, il ne lui en laisserait pas l'occasion.

-Quand part-on ?

Acheva le Félacatian, aussi impatient que craintif à l'idée que Maître Pirin réfléchisse de trop. Conventionnel ou pas, il s'en fichait, et encore plus qu'il soit compréhensif, de toutes manières aux yeux de Solal, Atalan l'était déjà plus qu'à son tour... Restait juste à voir s'il tiendrait la distance, comme son ancien Maître l'ayant pourtant abordé avec de jolies paroles. Pour autant, le Félacatian avait un bon pressentiment cette fois, et puis, ce n'était que pour un voyage, il ne fallait pas rêver malgré ce que lui soufflait la Force ou même ses oreilles ayant parfaitement, elles, compris les paroles du Miraluka.
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[J’ai pris la liberté de faire une petite ellipse. N’hésite pas à me dire si ça ne te convient pas !]

Et voilà.
Il avait un Padawan.

Atalan ne s’était pas senti aussi stressé depuis la première fois qu’il avait pratiqué une opération à cœur ouvert. Et d’ailleurs, la ressemblance entre les deux situations ne lui échappait pas. Il avait bien l’impression de tenir désormais la vie du jeune Félacatian entre ses mains. Au figuré, bien sûr. Parce qu’il façonnerait son destin. Mais au littéral, tout aussi bien : les missions pouvaient être dangereuses et si les décès des Padawans étaient rares, parce que leurs maîtres ne les entraînaient pas sur les théâtres d’opération les plus imprévisibles, c’était une éventualité qu’on ne pouvait pas tout-à-fait écarter.

La responsabilité était immense. Atalan ne regrettait pas sa décision cependant. Il s’était laissé conseiller par la Force et par les quelques minutes qu’il avait passé à converser avec Solal. D’autres Chevaliers et d’autres Maîtres, il le savait, préféraient employer de longues semaines à observer leurs Padawans prospectifs, pour bien les étudier avant de les enrôler à leurs côtés. C’était ainsi qu’Alyan Mohn avait procédé avec lui. Atalan s’était toujours demandé ce que la Corellienne avait vu en lui, à l’époque. Ses réflexions sur le sujet n’avaient pas toujours été très rassurantes.

— Avoir du mal à travailler seul est parfois une vertu cachée. Ce n’est pas pour rien que les Padawans ont un maître, que les Maîtres guident les Chevaliers et que les Conseils règlent la vie de l’Ordre. On est toujours plus forts et plus sages en commun.

Ce qui n’empêchait pas certains Jedis de préférer une solitude qu’Atalan avait toujours jugé un peu suspecte. Il n’était pas un grand partisan, notamment, de l’exil volontaire. À ses yeux, on expiait ses fautes en servant la communauté, non en s’offrant le luxe d’une quiétude isolée.

— J’avais prévu de m’embarquer sur un vaisseau régulier qui dessert Ondéron, le long de la Route Perlemienne et qui part ce soir. Si tu penses être prêt d’ici là, nous partirons ce soir. Sinon, demain matin.

Atalan se releva avec souplesse.

— À bientôt…

Un demi-sourire se dessina sur ses lèvres.

— … mon jeune Padawan.

*

Le corps de la corvette était occupé par une série de cabines pour une, deux ou quatre personnes, les premières situées vers l’avant, plus luxueux, moins près des moteurs et plus spacieux, les dernières vers la salle des machines. Le Miraluka avait changé sa réservation dans une cabine pour quatre personnes dans une du milieu, où il pourrait se retrouver seul avec son Padawan. Il comptait profiter du voyage pour discuter avec Solal et parler de son avenir.

Dans les heures qui avaient suivi leur conversation et précédé leur embarquement, Atalan s’était interrogé sur les attentes du Félacatian. Il avait même fini par se demander si celui-ci avait compris qu’il ne lui proposait pas un voyage unique mais un apprentissage qui durerait encore de nombreuses années. Pour les Padawans, il s’en souvenait encore, c’était une perspective à la fois enthousiasmante et un peu terrifiante.

Il se souvenait de l’angoisse qu’il avait éprouvée lorsqu’Orn Kreen, son second maître, l’avait pris sous son aile. Le Twi’Lek avait été un Maître, il avait siégé au Conseil des Guérisseurs et Atalan s’était dit qu’entre eux, la distance était inimaginable. Qu’il n’arriverait jamais à satisfaire ses attentes. Il était moins vieux et moins réputé que Kreen, pour l’heure, mais qui lui disait que Solal ne nourrissait pas les mêmes inquiétudes ? Atalan avait expédié ses propres préparatifs pour s’offrir une nouvelle conversation avec Shela Tonking dans l’espoir qu’elle pourrait l’éclairer sur la psychologie de Solal.

Maintenant, il était adossé à un mur de la cabine, en face de son Padawan. Heureusement, le trajet serait court : la couchette n’était guère adaptée à la physiologie du Félacatian. Le vaisseau avait quitté l’orbite de Coruscant et Atalan entreprenait d’expliquer les bases de leur travail.

— Comme tu le sais peut-être à présent…

La curiosité pouvait avoir poussé Solal à faire quelques recherches sur son nouveau maître pendant les heures qui avaient précédé leur départ.

— Je suis Maître Atalan Pirin. Je siège au Conseil des Guérisseurs de notre Ordre et je suis spécialisé, disons… Dans la médecine de crise. La gestion des épidémies, la médecine de bataille et la médecine dans les zones reculées et mal équipées. Pour être tout à fait précis, je suppose qu’il faut plutôt dire que je suis spécialisé dans les arts de guérison. Quoique je sois médecin effectivement, mon approche de la plupart des problèmes biologiques repose essentiellement sur la maîtrise de la Force plutôt que des biotechnologies. Quoi qu’il en soit, je voyage beaucoup et tu m’accompagneras, la plupart du temps, sauf si les situations sont trop critiques, en tout cas au début, ou si j’estime que ton temps pourrait être mieux employé ailleurs.

Parfois, il était sollicité par telle ou telle planète pour inspecter des dispositifs sanitaires et cela n’avait rien de bien passionnant : c’était un temps que Solal pourrait consacré à son entraînement.

— En dehors des missions, nous serons basés sur Ondéron. Je préfère la jungle naturelle à celle de Coruscant et puis, là-bas, tu pourras profiter de l’ensemble des formations du Temple. Je pourrais bien sûr t’indiquer celles qui me paraissent les plus profitables mais il sera important, in fine, que tu les choisisses par toi-même, pour construire ton propre projet. D’ailleurs, est-ce que tu as déjà une idée du genre de Jedi que tu voudrais être ? Ou, à défaut, de celle des trois grandes Voies que tu voudrais suivre ? Ce n’est pas pressé, évidemment. Moi, à ton âge, j’étais encore très loin de penser à devenir un guérisseur…

Il se voyait plutôt Ombre. Comme sa maîtresse.
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