Invité
Anonymous
La classe habituellement tranquille voire monotone était en-dessus dessous aujourd'hui. Maître Karika, professeur ennuyeux quoique sympathique et patient avait ses limites... Il détestait une seule chose, que les Padawans ne fassent pas leurs devoirs, tous le savaient et s'empressaient de les faire en sortant de la classe. Tous ou presque apparemment. Kolin le petit nouveau était victime de son ignorance-et de sa paresse ou d'un esprit distrait allez savoir.- Maître Karika furieux alternait entre lamentations sur les vraies valeurs qui se perdait et une série de sermons prononcée si vite qu'il était difficile de le comprendre. Assis à côté, Sammy, les oreilles rabbattues luttait plus ou moins vaillamment à l'envie de se cacher la tête sous son casier. A ses côtés, trônait sa rédaction, aux lettres rondes soigneusement tracées quoiqu'encore un peu branlantes, mais il n'avait fait aucune rature et en avait été fier lorsqu'il avait fini. En plus, il avait longtemps cherché dans la bibliothèque, lisant plusieurs chapitres des plus gros livres, ceux-là qu'il ne pouvait pas comprendre peu de temps auparavant encore, trop jeune pour ça. Sur le coup, le Chironian était si heureux qu'il avait désiré que l'heure de la classe arrive bien vite, une idée fort saugrenue vu le taux de baîllements que cette dernière provoquait à la majorité des élèves.

Malheureusement, son contentement avait rapidement disparu, lorsqu'il avait remarqué que Kolin ne sortait pas sa rédaction. Priant jusqu'à la fin pour que son camarade ait en fait décidé de garder sa feuille au chaud, le Chironian avait machinalement décalé son derrière assis à même le sol. Juste au cas où. Il faut dire que lorsque le placide Maître Karika s'énervait -après une vingtaine de reprises pour bavardages seulement- les Padawans tremblaient dans leur toge, plus que le jeune Calamarie impétueux qui leur donnait des cours de combat et qui s'altérait pour un rien. Voir une personne habituellement impassible prendre la mouche était plus impressionnant qu'une autre, si habituée aux colères que tout le monde intégrait ça comme un trait de caractère normal.

Du coup, voilà où en était réduit la classe totalement interrompue par le coup d'éclat de Karika. Le vieil humain s'arrêtait parfois pour mieux reprendre ensuite, marmonnant dans sa barbe grise. Ah le Conseil avait eu tort de laisser les chevaliers et les maîtres fôlatrer sans gêne. L'Amour faisait bouillonner d'avantage les hormones des adolescents, favorisant un véritable laisser-aller et une perte des priorités dans la vie. Franchement, Samaël commençait à avoir mal au coeur pour le nouveau qui se prenait tout dans la figure.

Par chance il eut une idée qui le fit d'abord frémir rien que d'y penser. Mais quand même, il ne pouvait pas laisser un camarade dans les ennuis, ce ne serait pas très Jedi. Aussi, profitant d'un très léger moment d'acalmie au milieu de la tempête, le Padawan brandit sa propre rédaction, s'essayant au rôle de la comédie. Heureusement, il avait bien saisi le nom du nouveau: Kolin, un garçon qu'il voyait furtivement dans les couloirs, solitaire et sauvage.

-Maître Karika, pardon, tout est de ma faute ! Kolin je suis désolé d'avoir oublié ta rédaction dans ma chambre. Dire que tu me l'as prêtée pour m'aider en plus.

Bon, Sammy allait se prendre la punition, il en était sûr ! Mais au moins cette dernière serait moins sévère que si Karika la donnait à l'autre Padawan. Le Chironian avait très peu d'ennuis avec le vieux Jedi, même si il avait effectivement oublié une fois ou deux de faire ses devoirs. En général, c'était surtout qu'il lisait mal la consigne ou faisait du hors sujet, en voulant trop bien faire, mais Karika l'aimait bien. Son habitude à s'appliquer, parfois tellement que s'en était risible, rappelait au vieux Jedi les principes que tout apprenti devrait avoir selon lui. Se détournant vers le centaure qui afichait un visage d'ange absolument adorable avec ses mèches balayant ses immenses yeux, le maître soupira. Il croyait facilement à l'excuse, puisque Sammy était effectivement connu pour sa distraction et non pour le mensonge. L'apprenti en effet avait apprit à détester dire des choses fausses, au point de ne pas saisir qu'il faudrait parfois mieux se taire que d'avouer certains minuscules crimes.

Après quelques secondes tendues, sans même chercher à demander à Kolin pourquoi il ne lui l'avait pas dit plus tôt, Maître Karika retourna au tableau. Samaël avait écopé de 50 lignes "Ne pas réfléchir peut amener des conséquences désagréables." mais c'était un moindre mal comparé à ce que le nouveau aurait pu avoir, surtout que le professeur s'était considérablement adouci, touché par les aveux du Padawan sur sa propre faute. Sammy respira un bon coup. Il n'y avait rien à regretter, ce serait trop triste qu'un petit arrivant soit traumatisé par Karika habituellement placide. Il fallait lui donner une bonne image du Temple et puis la camaraderie était quelque chose de naturel chez le centaure.

La classe se termina enfin, passant beaucoup plus vite que prévu puisqu'ils avaient perdus au moins 15 minutes avec ce qui serait l'histoire de la journée. Il quitta la classe en dernier, toujours un peu lent pour ramasser ses affaires-qu'il faisait chuter une ou deux fois chacune- et bifurqua sur la gauche pour se rendre dans son dortoir. Les 50 lignes à faire ne seraient pas une punition si désagréable s'il s'y mettait tout de suite en écoutant de la musique. En plus Maître Karika ne leur avait pas donné de travail pour une fois ! Il y avait vraiment de quoi être content ! Emporté par sa bonne humeur-aussi présente que sa maladresse- le Centaure salua Kolin au passage. Ses camarades s'ils s'étonnaient de son courage pour avoir prit la faute sur lui ne s'étonnaient guère de son sourire. Sammy était presque toujours optimiste quoiqu'il arrive, au point d'avoir l'air stupide pour certains. Attardé disaient les méchants, alors que lui se qualifierait plus de flemmard. Bah oui... La flemme de voir ses petits camarades avoir des ennuis, et la flemme d'être de mauvaise humeur !

-Salut, ça va ? Fiiiiut t'as vu ça un peu ? Avec lui faut toujours faire les devoirs sinon il se fâche... Enfin avec tous, c'est important pour apprendre. M'enfin on peut tous faire une erreur hein. Moi j'm'appelle Samaël mais tu peux m'appeler Sammy et toi c'est Kolin. T'aimes le Temple, j'veux dire, à part aujourd'hui quoi...

Tout sourire, le gamin s'assit confortablement sur son derrière, ses pattes de poulain encore un peu trop grandes soulignaient son air décalé d'idéaliste perché sur son nuage. Il semblait surtout très heureux d'avoir trouvé un moyen de s'introduire auprès de Kolin, en général timide malgré les apparences.
Kolin Valkizath
Kolin Valkizath
Messages : 376
Eclats Kyber : 5
C’est avec un certain stoïcisme que Kolin écoutait les remarques peu flatteuses de Maître Karika à son égard. Les sourcils froncés et le visage fermé, le garçon encaissait sans répondre focalisant son attention sur autre chose. Il savait que toute rébellion ne ferait que tourner en sa défaveur et était conscient que la plupart des reproches étaient parfaitement justifiés. Le Jedi faisait trembler tous les padawans et le petit nouveau ne faisait pas exception à la règle. Il possédait cependant un avantage : des années d’apprentissage aux côtés d’un père violent lui avaient appris à cacher sa peur et son effroi.
 
Kolin n’avait jamais été un élève modèle et en fait rarement un élève tout court. La vie au Temple Jedi était difficile et sans se sentir prisonnier, l’artificielle liberté des souterrains lui manquait. Étonnamment la formation lui plaisait, il se sentait membre d’un tout plus grand que lui. Pour la première fois de toute sa vie, on respectait qui il était, son individualité, ce sentiment nouveau le remplissait de bonheur. Depuis le premier jour le professeur l’avait pris en grippe et le padawan pouvait bien sentir qu’il était une punaise sous la botte bien cirée du Jedi qui n’attendait que le meilleur moment pour l’écraser et ce moment tant attendu était arrivé. La rédaction demandée par le vieil homme grisonnant était encore au statut de brouillon et le brun songea à une petite feuille couverte de ratures, remplie de fautes  et à l’écriture peu assurée qu’il avait jetée dans une poubelle de la bibliothèque.
 
Assit aux côtés du Chironian Samaël, Kolin lança un regard vaguement envieux à la copie toute belle de ce dernier. Il se renfrogna et s’enfonça sur sa chaise croisant ses bras faméliques sur son torse.  Il avait vraiment essayé d’écrire cette fichue rédaction mais le niveau était trop haut pour lui, ses connaissances trop faibles. C’était un incapable et il le savait ;  Incapable de s’organiser correctement, incapable d’ordonner des idées, incapable de se concentrer, totalement impuissant face à ses propres faiblesses qui au Temple s’exposaient en pleine lumière. 

Le Maître passait dans les rangs pour ramasser les devoirs. Il allait prendre le parole pour demander un délai mais ce fut Samaël qui intervint à sa place se sacrifiant littéralement pour lui en faisant preuve d’un grand jeu d’acteur qui aurait été digne d’un politicien.
 
Kolin en resta totalement interdit, une fissure brisa le masque de l’indifférence qu’il aimait tant revêtir. Il fut tellement étonné qu’il mit plusieurs secondes à répondre en bégayant maladroitement confirmant au Maître que les dires du chironian étaient vrais. Totalement décontenancé le padawan assista à la scène surréaliste ne comprenant pas où voulait en venir son compagnon. Il l’avait déjà croisé plusieurs fois sans jamais lui adresser la parole, il était difficile de ne pas le remarquer aussi bien par sa stature que par l’insupportable sourire béat qui ne quittait jamais son visage.
 
Le cours de Maître Karika était le dernier de la journée, Kolin avait encore une ultime leçon de rattrapage  au sabre avec le Chevalier Léandrus. Il avait fait des vrais progrès au maniement de l’arme rituelle des chevaliers, mille fois plus à l’aise le sabre à la main qu’à tenter d’assimiler les multiples nuances du code Jedi, cette partie de la formation lui plaisait le plus. Il avait quitté la salle sans se presser anticipant que son héros se manifesterait. Un tel geste ne pouvait pas être sans arrière-pensée. Il sentit la présence du centaure et se retourna vers lui. Son sourire était trop naturel pour être franc. Cette tartine dégoulinante de gentillesse le mit en colère. Scrutant les couloirs pour voir si personne n’approchait, il plaqua  sans douceur le chironian contre le mur du couloir et se mit à cracher
 
-  C’est quoi ton problème ? Tu me prends pour un bantha ?  Pourquoi t’as fait ça ? Tu veux quoi en échange, je n’ai rien à te donner ! Que dalle ! T’entend !
 
Kolin s’emporta et s'était même mis à crier sur les derniers mots, une soudaine et impérieuse envie de frapper son héros d’un jour s’était emparée de lui. Qui pensait-il être pour estimer avoir le droit de se sacrifier pour lui ? Rien n’était gratuit en ce monde et Kolin était très bien placé pour le savoir. Toute sa vie les personnes qui auraient dû prendre soin de lui ne l’avaient pas fait pourquoi donc un parfait inconnu se sentait-il obligé de jouer ce rôle. Son cœur battait la chamade tant il était en colère et il sentait la Force bouillonner dans son estomac et se débattre en lui comme si elle cherchait une issue. Le feu qui s’était emparé de tout son être s’éteignit aussi vite qu’il s’était allumé. Le padawan qui s’était sacrifié pour lui ne méritait pas un tel affront, Kolin le réalisa d’un coup d’un seul. Du ressentiment le padawan passa au regret. Son frère Joris qu’il aimait plus que tout au monde aurait eu honte de lui et de son comportement. Il disait toujours que le plus gros problème des habitants de souterrains  était qu’il avait trop de fierté pour accepter l’aide dont il avait besoin.  Le petit garçon retrouva une pointe de lucidité et un semblant de calme, il se passa  les mains derrière la nuque baissant les yeux vers le sol et se reculant de quelques pas s’en voulant  d’un coup terriblement.
 
- J’suis désolé… Sammy, je ne voulais pas. J’ai essayé de le faire sa fichue rédaction mais j’suis trop bête, j’pige rien, laisse tomber autant essayer d’apprendre  la valse à un wookie, je te ferai ta punition c’est dans mes cordes ça, enfin j’crois.
 
Il souffla de dépit. Sur son faciès d’éphèbe une grise mine s’était peinte et c’est la voix tordue par une émotion qu’il n’arrivait pas tout à fait à contrôler  que le gamin reprit la parole à voix basse.
 
- Tout me fait flipper ici. Tout et encore plus quand quelqu'un plonge tête la première dans la bouse pour moi, tu piges ? Tu me dois rien.  
Termina-il la voix chevrotante.
Invité
Anonymous
[HJ: Sammy fait la taille d'un enfant de 12 ou 13 ans alors qu'il en a dix Wink je remets un avatar ce soir, le mien a disparu lol ]

Les flancs de Sammy claquèrent violemment contre le mur. Ses yeux se fermèrent sous le coup de la douleur et de la surprise, allant jusqu'à laisser s'échapper une petite larme. S'il avait bien senti la tempête s'ériger au sein de la Force, le Chironian n'avait pas compris d'où elle venait, ni vraiment eu le temps de se demander en réalité. Désormais aplati contre le mur l'enfant se dressa sur ses pattes arrières, ayant la présence d'esprit de résister à son envie de se dégager d'un bon coup de sabots. Après une lutte extrêmement courte vu que l'agresseur déclarait finalement forfait pour cause de remords, Sammy se laissa retomber sur le sol, glissant comme une anguille entre Kolin et le mur pour rejoindre le centre du couloir. Il n'avait pas spécialement envie de se faire plaquer de la sorte à nouveau. Prêt à fuir comme son instinct le lui dictait, le Padawan dû résister encore une fois pour faire face à l'impudent. Les yeux ronds, sans même une insulte à la bouche-il n'était décidément pas de ce genre- il contemplait l'humain d'un air ahuri. En réalité, celui qui était en droit de se demander ce que lui voulait l'autre, c'était bien lui, Sammy. Le pauvre n'avait absolument pas mérité ce traitement ! Heureusement l'agresseur semblait s'en être aperçu et, désormais, c'était un flot d'excuses et d'inquiétudes qui s'échappaient de ses lèvres, avivant la compassion du Chironinan. Malgré le comportement de Kolin, il fut incapable de lui en vouloir bien longtemps, se rappelant de ses propres soucis d'adaptation. Aujourd'hui encore d'ailleurs, l'intégration de Samaël n'était pas complète. Il avait encore beaucoup de chemin à parcourir, même s'il maîtrisait très bien le basique aujourd'hui.

-Mais non t'es pas bête ! C'est juste que t'es pas habitué ! T'sais moi non plus je ne savais pas faire ça avant. J'avais plein de mauvaises notes, et j'en ai encore, mais les maîtres disent qu'on est là précisément parce qu'on ne sait pas. C'est le but, apprendre je veux dire. Si en plus t'as essayé, c'est chouette, c'est le premier pas et du coup, j'suis encore plus content d'avoir fait ça. Mais t'aurais dû emmener ton brouillon, là il ne t'aurait pas puni Maître Karika, il s'en fiche qu'on fasse mal... Lui veut juste qu'on tente. Et sinon, si tu veux savoir, j'ai fait ça parce que bon, c'est pas drôle de se faire autant gronder, et comme t'étais nouveau, je me suis dis que ça devait l'être encore moins, et que tu ne savais peut-être pas pour le devoir. Alors j'ai trouvé injuste que ça te tombe dessus quoi.

Après un instant d'hésitation, Sammy se rapprocha légèrement de Kolin, il se méfiait encore un peu, la douleur de ses épaules le rappelant à l'ordre. Néanmoins l'air affligé de son nouveau comparse déteignait sur lui. Le garçon lui rappelait son arrivée au Temple mais aussi un passé plus ancien, où il était entouré par sa famille et un clan qui lui manquaient. Avec l'âge, il commençait surtout à comprendre que retourner sur sa planète ne serait pas vraiment possible, cette dernière n'étant pas officiellement fichée. Il était parti pour ne pas revenir contrairement à ce que lui avaient laissé entendre ses parents pour l'empêcher de regretter son acte.

-Oui, je crois que je comprends... Mais tu sais, on est tous nouveaux ici à un moment ou à un autre. Y'a plein d'enfants qui viennent de plein de planètes. Moi je ne parlais même pas basique, d'ailleurs j'ai encore un accent... En tout cas les autres le disent. Bref, les maîtres savent tout, d'où tu viens, et comment faire pour t'aider à t'adapter. Moi aussi j'peux t'aider. Je veux rien en échange ! C'est juste qu'on apprend ça ici. A être une très grande famille, entre nous mais aussi pour toutes les personnes de la Galaxie qui en ont besoin. C'est ça qui est trop cool. Même si c'est dur, moi je suis super maladroit, je fais tomber plein de trucs et j'ai blessé un chevalier sans vouloir, pour nous défendre. Plus nul que moi, tu n'trouveras pas.

A son tour le Chironian blêmit. Il était habituellement un bon camarade, toujours plein d'entrain, seulement lui aussi portait ses blessures, et surtout un gros manque de confiance en soi.

-J'ai eu un maître et il est parti sans rien dire. Sans doute qu'il regrettait de m'avoir choisi. Tu vois, tout ça c'est pire que de ne pas savoir faire une rédaction. Mais je peux au moins t'aider, ça oui. Si tu le veux bien sûr. Je te montrerai les meilleurs livres et les connec... Connecteurs oui voilà pour articuler un argumentataire... Non un argumentaire.

Riant de sa propre bévue, le petit centaure paraissait soudain avoir retrouvé sa joie après un gros nuage gris. Il était comme ça, Sammy. Sans compter que l'idée d'avoir un nouveau copain l'enchantait, l'aidant à supérer son moment de tristesse imprévu. C'était un copain un peu bizarre mais bon, qui mieux que lui savait combien chacun était différent.

-On m'a aidé quand je suis arrivé, et je le ferai pour toi, et toi pour les prochains, tout ça, c'est normal.

Acheva-t-il dans l'idée de rassurer un peu son camarade, saisissant son souci. Lui aussi malgré les apparences avait une certaine fierté. Il se sentait gêné qu'on lui apporte son aide quand lui-même pouvait être une vraie mère poule avec ses collègues de classe.
Kolin Valkizath
Kolin Valkizath
Messages : 376
Eclats Kyber : 5
Kolin soupira franchement quand son nouveau compagnon reprit la parole. Il ne s’était pas imaginé que sa confession du bout des lèvres aurait rendu le petit centaure autant prolixe. Kolin était un garçon de peu de mots préférant les actes aux belles paroles. Samaël avait déjà prouvé par ses actes qu’il était de valeur alors pourquoi parlait-il autant ! En revanche, le padawan se demanda si à sa place il aurait eu la bravoure de faire le même sacrifice, de renoncer à son dû, à son travail pour un parfait inconnu. Kolin n’avait jamais rien eu à lui, la notion même de propriété et de possession étaient même difficilement compréhensibles à ses yeux et c’était sans doute pour ça qu’il comprenait aussi mal l’acte du centaure.

Il fit signe à son nouvel ami de le suivre lui tapotant l’arrière de l’épaule

- Allez on bouge, viens.

Il lui emboita le pas à vive allure. Décemment, son sens de l’honneur interdisait à Kolin de laisser Samaël faire la punition qui aurait été la sienne si ce dernier n’avait pas eu la bêtise de se prendre pour un super héros. Le duo improvisé traversa une bonne partie du temple. Kolin malgré sa jeunesse dans le Temple avait un excellent sens de l’orientation, il savait exactement où il allait et comment s’y rendre. Sa démarche était assurée, il jetait de temps à autre des regards incrédules à Samaël en l’écoutant parler, encore et encore.

- Écoute mec, c’est sympa de ta part franchement mais t’avais pas à faire ça, recommence pas. Sérieux, se faire gronder par le vieux crouton ouah, je flippe. J’ai déjà vu bien pire et je suis sûr que toi aussi.

Fanfaronna-il en haussant les épaules. Bomber le torse était un mécanisme de défense largement utilisé dans les souterrains et de manière générale par les adolescents, le petit padawan maigrichon ne faisait pas exception à la règle. Les apparences avaient toujours été salvatrices elles permettaient de survivre ici comme ailleurs.

- Trop classe du coup, le plus nul des padawans du Temple avec le plus bête. Je suis sûr que les Maîtres seront vachement fiers de nous et qu’on pourra sauver tous les malheureux de la galaxie comme ça.

Continua-il d’une voix transpirant le cynisme. Il ne faisait même pas d’efforts pour atténuer le ton railleur dont il faisait preuve. Le duo arriva bientôt à la porte du dortoir qu’occupait Kolin avec d’autres jeunes. Il ouvrit la porte et fit signe à Samaël de rentrer. Par chance, le dortoir était désert. Il entra à son tour et se dirigea vers son lit. L’armoire attenante au lit était presque vide. Le padawan n’avait ramené qu’un petit sac de Coruscant, un petit sac pour douze ans de vie qui se résumaient à rien ou presque.

- J’crois que si ton maître s’est barré c’est parce que tu parlais trop, c’est tout. T’as l’air d’être un type chouette Sammy, franchement si j’étais un salaud je serai pote avec toi juste pour que tu me fasses toutes mes rédactions mais sincèrement j’ai besoin de l’aide de personne. Si tu m’aides tu finiras pas être déçu crois-moi, la famille c’est une connerie. Je veux devenir Chevalier Jedi j’ai besoin de rien d’autre.

Une pensée amère traversa l'esprit de Kolin quand il pensa à son père et ses à deux petits frères livrés à eux même. De fait, il n’esquissa même pas un sourire à la non-blague du petit centaure sur les connecteurs. Il cherchait des yeux quelque chose qu’il ne parvenait pas à trouver et grogna de dépit. Il s’allongea ensuite sur son lit – pas fait - et tira un vieux classeur de sous son lit, un passage de main retira la poussière. Le séculaire cahier à spirales était aussi vieux que lui. Il avait appartenu à Joris son grand frère qui avait l’habitude d’y faire des dessins. Kolin en arracha une page et la tendit à Samaël le fixant dans les yeux comme si il était à la recherche de quelque chose. Samaël l'intriguait, son comportement était un mystère. Le gosse sentait que cette image de petit centaure parfait cherchant à tout prix l'amitié cachait quelque chose, il avait traversé des épreuves et bien que cela n'ébranla pas Kolin il lui accorda un peu plus de crédit, un sorte de badge du mérite qui lui vaudrait autre chose que du mépris de la part de l'ancien gamin de rues.

- Tiens, écris une fois la phrase que le Maître t’a donnée à faire, je m’occupe du reste !

Il savait très bien imiter les écritures ayant plus d’une fois signé à la place de son père ou de sa mère pour les visites médicales ou les bulletins scolaires.

- Comment t’as fait pour blesser un chevalier ? Il sont censés être hyper forts non ? Puis d’ailleurs qu’est-ce que tu fous ici, pourquoi tu veux être Jedi si t’es maladroit ?

Dit à contrecoup Kolin se rappelant de la phrase de Samaël en s’allongeant maladroitement sur son lit, il replia ses jambes pour laisser de l’espace. En définitive il était assez curieux au sujet de Samaël, puis au moins l’horrible première impression qu’il laissait en général aux gens était passée, si le centaure avait tenu c’était bon signe. Un sourire malingre éclaira le visage du padawan et il tira de sous son oreiller un sachet de gâteau que lui avait donné la cantinière, il le lança à la volée en direction de son nouvel ami. Le brun était sous-alimenté et les résultats des prises de sang montraient un nombre de carences incroyables, sans la Force Kolin serait probablement déjà à l’hôpital des tuyaux s’échappant de tout corps. Il n’avait que la peau sur les os et les infirmiers du temple insistaient pour qu’ils s’alimentent mieux. Kolin lui s’en moquait…

- T’attend quoi une invitation du Conseil, pose tes fesses.

Dit-il en montrant le bout de son lit.


Invité
Anonymous
Loin de chercher à démentir les propos de Samaël, Kolin avait plutôt tendance à les renforcer, s'étonnant de sa volonté à être Chevalier malgré tous ses défauts. Un peu surpris par cette approche mais pas vexé -après tout, il s'était traité de nul et de maladroit parce que c'était vrai.- le jeune centaure mit un petit temps avant de répondre, surtout qu'il n'osait pas trop parlé après que Kolin l'ait sans vergogne traité de bavard. Il est vrai que Sammy n'était pas avare de mots en même temps, transporté par son enthousiasme à l'idée de se faire de nouveaux copains. Ainsi, bien qu'il ne soit pas un des plus prolixes de sa promotion-personne ne battait une fille parlant de mode.- le Chironian pouvait en fatiguer certains. M'enfin, apparemment Kolin l'acceptait quand même puisqu'il l'avait invité dans sa chambre.

-Bah euh... Parce que j'aime bien aider les autres, même si j'suis maladroit. En plus, je suis parti de chez moi pour ça, donc ça serait bête de ne plus le faire, non ? Les anciens ont dit que c'était mon destin.

Annonça l'enfant, déterminé malgré sa voix légèrement hésitante. Expliquer tout ça en admettant être particulièrement maladroit paraissait plutôt contradictoire. Souvent, Sammy se demandait si les anciens ne s'étaient pas trompés ou que ses parents n'avaient pas faits exprès de lui mentir pour éviter que son absence de cornes ne le rende trop triste. Le petit possédait la Force, et de manière plutôt généreuse, mais sa carrure et son caractère semblaient parfois ne pas coller avec son voeu.

-J'sais pas trop comment je l'ai blessé, si je me souviens bien, j'ai fait une ruade et ça a touché la main du chevalier en plus du méchant... Enfin de la méchante.

Fit-il, avouant ainsi avoir été sur le terrain sans même y songer. Pendant ce temps, son camarade l'avait invité sur son lit, Samaël s'approcha prudemment, comme si le matelas pouvait le mordre, ou plutôt s'il pouvait le détruire lui, d'un seul regard. Ensuite, précautionneusement, il monta sur un recoin, laissant le bout de ses pattes arrières et de devant choir dans le vide pour ne rien salir. Le gâteau lui arriva droit dessus mais le centaure rata le coche, et au lieu de le récupérer, le prit dans sa figure.

-Aïe. Ma faute, t'inquiète.

Un oeil fermé, le jeune centaure poussa un petit soupir, désespéré par son propre cas. Finalement décidé à ne pas trop pleurer sur son sort, l'enfant attrapa la page que son nouveau copain (?) lui tendait pour copier la phrase. Il n'avait pas envie d'insister sur sa bonne volonté, Kolin paraissait vraiment déterminé à faire la punition que le centaure avait bien cherché. Sans compter que les paroles de son vis-à-vis l'intriguait d'avantage.

-Pourquoi tu dis ça de la famille ? Nous on était toujours ensemble, et surtout on s'aidait les uns les autres dans mon clan. Bon moi j'étais un cas un peu à part, chez nous on a des cornes sur le front, mais pas moi... Du coup j'avais du mal à m'intégraler... A m'intégrer pardon. Mais mes parents eux m'aimaient encore. Sans eux on serait tous seuls. Nan ?

Mais au fait, d'où venait Kolin ? Sammy lui-même n'était pas bien gros, mais sa minceur était plus dû à son activité quotidienne ainsi que sa constitution gourmande en énergie, elle n'était pas maladive à l'instar de Kolin.

-Et toi, pourquoi tu veux devenir un Chevalier Jedi ?... Si tu penses être si bête ?

Ajouta le Chironian en reprenant plus ou moins les termes utilisés par Kolin, en un peu plus doux certes, puisqu'il soulignait bien que Kolin pensait être bête, pas qu'il l'était. A moins que dans la phrase de ce dernier, c'était lui le nul et Sammy l'idiot ? C'est vrai que dit comme ça, ils faisaient une sacré équipe de bras cassés mais le centaure s'en fichait. Un copain était un copain, et il retrouvait toujours son enthousiasme accompagné. Les épreuves à venir ne lui faisaient pas peur pourvu qu'on ne l'isole pas.
Kolin Valkizath
Kolin Valkizath
Messages : 376
Eclats Kyber : 5
-Ouais quitte à cresher ici autant que ça serve à quelque chose et puis de la bouffe gratuite tous les jours et un lit qui sent pas trop la crasse ça en rendrait vert de jalousie plus d’un dans la Galaxie

Kolin se gratta l’arrière de la tête en réfléchissant aux paroles de Samaël, d’où venait cette méchante ? Se pourrait-il que le petit centaure ait déjà été au feu ? Si c’était effectivement le cas il cachait bien son jeu. La réception du gâteau confirma le manque d’adresse de son camarade, Kolin ne fit aucun commentaire et se contenta de lever les yeux au ciel avant de reprendre la parole toujours aussi délicat et plaisant qu’à l’accoutumé.

- T’as le droit de le manger hein, tu peux faire des miettes ce n’est pas grave.

D’une main leste, le petit garçon récupérera la feuille et observa minutieusement l’écriture de son compagnon. Le garçon ouvrit le tiroir de sa commode et en tira trois stylos, il les empila dans sa main gauche et entreprit de commencer la punition en produisant une imitation de bonne facture de celle de Samaël. En écrivant trois lignes en même temps la punition serait terminée plus rapidement.

- Bah on est des padawans ils ne peuvent pas s’attendre à ce que tu sois aussi habile que Maître Vocklan, ça sert à rien de chialer surtout si c’est ton destin…

Nouvelle pointe d’ironie qui fut vite interrompue. Il manqua de raturer en entendant son camarade parler de sa différence et de sa famille. La Force tremblota dans tout son corps alors que son cœur se serra un instant sans qu’il ne puisse rien y faire. Passer la porte de cette conversation et s’épancher sur l’intimité des liens du sang lui rappellerait l’impuissance, la rue, la peur et l’odeur du désespoir ; Ces souvenirs ils n’en avaient pas vraiment envie. La famille était devenue une notion abstraite à laquelle il s’efforçait de penser le moins possible pour ne pas en souffrir, car si lui avait quitté les souterrains, ceux qu’ils aimaient y croupissaient encore. Kolin n’avait pas de compassion à offrir à Samaël, les épreuves l’avaient forgé dans un métal difficile à faire plier, plaindre Samaël n’aurait pas été lui rendre honneur. A douze ans Kolin l’avait déjà compris. Il éluda la question gênante des parent songeant qu’au moins Samaël avait encore les siens quelque part qui pensaient à lui et pouvaient ou savaient l’aimer

- On n’est jamais seul avec la Force, enfin j’crois. Et quand tu viendras sauver les miches des crétins et qui se moquaient de toi et que tu seras le plus sage et le plus fort, tu leur montreras qu’à la place de leurs cornes ils auraient dû avoir un cerveau et des biceps. T’es pas d’accord ?

Pour la première fois depuis son arrivée au Temple, le jeune padawan s’autorisa un sourire un peu plus naturel alors qu’il continuait à écrire en s’appliquant voulant terminer au plus vite la punition. La présence de Samaël avait quelque chose de rassurant. Il ne l’aurait jamais avoué et avait même honte de se faire la réflexion : cette bienveillance lui était inconnue mais il ne la trouvait pas déplaisante. Il était habitué à la solitude ; Mais c’était en cherchant justement à se blottir dans les bras froid de cette solitude amère qu’il s’était rendu compte que son cœur aspirait en vérité à toute autre chose. Il attendait désespérément une présence, silencieuse mais tendre, des bras dans lesquels verser sa souffrance, des épaules pour laisser glisser son fardeau, des mains qui soulageraient son cœur.

- Pacque il faut être très bête ou très maladroit pour penser à autre chose qu’à soi-même.

Conclut-il sobrement en faisant une pause dans la copie. Il sera son poignet rachitique pour soulager la crampe qui s’y était installée en replongeant son regard d’acier bleuté dans celui du chironian comme si il cherchait son approbation.

- Une fois on m’a dit que le monde était injuste et qu’on ne devait pas rajouter notre pierre à l’édifice que la peur nous transformait en esclave et qu’elle nous faisait oublier tout ce qui nous étions et tout ce pourquoi nous nous battions et qu’on devait protéger les plus faibles que soit. Des conneries comme ça, c’est débile hein ?

Cette phrase lui avait été écrite dans une lettre par son modèle : Joris son grand frère. Du haut de ses douze ans il n’en comprenait pas totalement le sens mais à elle seule, elle résumait la vie qui avait été la sienne. Il ne n’avait pas vu Joris depuis plusieurs années mais savait qu’il était soldat au sein de la République. Un voile sombre passa dans son regard. L’imagination d’enfant de Kolin prêtait à son frère de nombreuses médailles et des récits glorieux de quelques batailles épiques. La réalité devait être moins glorieuse, un type paumé venant d’une famille de miséreux des souterrains sud était au mieux responsable du bloc sanitaire de sa section.

- Maladroit comme t’es tu t’es jamais coupé quelque chose avec ton sabre ?
Invité
Anonymous
Kolin avait dû avoir une bien drôle de famille pour parler de concepts que les enfants innocents ne connaissaient normalement pas. L'égoïsme, la haine... Certains jeunes possédaient ces défauts de manière latente, mais ce n'était sûrement pas le leit motiv de leur vie. Doté d'un bon caractère et d'une éducation inflexible en ce sens, Sammy avait toujours valorisé l'honnêteté ou encore la solidarité, sentiments qui avaient rendu son isolement encore plus pénible à vivre dans sa harde. Il n'avait jamais compris comment on pouvait lui enseigner une chose et lui en faire subir une autre. Ainsi, bien qu'il n'ait pas été le plus malheureux qui soit, enfant de guerre, de foyers violents ou de maladies affreuses, le centaure avait été poursuivi par la trop fidèle injustice. Des petits coups bas qui avaient égratigné un peu plus chaque jour un orgueil déjà bien entamé. La fierté de son peuple, en plus d'être absente chez lui, n'avait fait que lui causer des ennuis, quand bien même l'Amour de ses parents n'en avait été que plus visible au contraire, car ces derniers, inquiets pour leur rejeton n'avaient cessé de le protéger. Non vraiment, malgré ses hauts et ses bas dans sa harde, le centaure se demandait comment Kolin avait pu vivre avec de tels parents. A moins qu'il ne soit orphelin comme certains dans le Temple qui traînaient derrière eux, une histoire de vieillard alors qu'ils n'avaient que 10 ans. Élaborant plusieurs hypothèses, le petit se demanda si son camarade n'avait pas plutôt eu des mauvais copains, comme les fréquentations que ses parents lui interdisaient. Bref, le gringalet était un mystère à deux pattes !

D'une voix légèrement triste mais surtout déterminée, le bout'chou expliqua sa situation. Le ton de petit dur de Kolin l'entraînait à faire de même. D'ailleurs il ne savait pas ce qu'était le mot « chialer » mais devinait rien de bon au ton méprisant de ce dernier. Or Sammy ne voulait pas ça, au contraire. Lui aussi voulait être un gars courageux.

-J'pourrai pas les revoir... La planète, j'sais pas où elle, est, personne le sait. Mais t'as raison, en leur nom, j'aiderai plein d'autres gens. Mes parents seront fiers, et puis j'apprendrais à plus être maladroit. Avant j'étais pire... Enfin j'crois. Et toi, tu as raison, comme quoi tu vois, t'es pas si bête ! Penser qu'à soi, c'est vraiment pour les gros débiles.

S'emporta le Chironian en brandissant son paquet de gâteau comme un drapeau. Il finit d'ailleurs par ouvrir ce dernier, rattrapant ce dernier de justesse dans la paume de sa main. Le pauvre était désormais en miettes d'avoir été serré avec autant d'enthousiasme lors de la démonstration patriote de Samaël. L'enfant s'arrangea pour ne rien salir, content de pouvoir montrer qu'il était certes, encore maladroit, mais plus tant que ça, car il n'avait pas fait définitivement choir le gâteau, plutôt bon par ailleurs. Tendant ses petits doigts maintenant une moitié épargnée, il la proposa à son camarade.

-J'avais pas vu que t'en avais pas pris ! Tiens, moi j'ai pas plus faim qu'ça, c'est mieux de partager... Ohh....

Coupé en plein élan, le Chironian venait d'apercevoir le trucage de Kolin. Sur le coup il faillit s'exclamer que tricher n'était pas bien. Néanmoins, il n'était pas aussi bigote que Jerk Franklin qui lui, n'avait vraiment aucun ami. Ce dernier passait son temps à rapporter aux professeurs et à tout faire pour enfoncer ses camarades, sans se rendre compte que les enseignants eux-même ne le portaient pas vraiment dans leur cœur. Enfin c'était l'impression que Sammy avait vis-à-vis de l'unique personne ou presque qu'il n'appréciait pas ici.

-T'es super intelligent en fait !!! C'est trop classe, comment as-tu eu l'idée ?

Demanda-t-il non sans une pointe de jalousie envers le cerveau privilégié et quelque peu roublard de son camarade. Roublard c'était le cas de le dire vu ses paroles sur la nourriture et le lit. Vu comme ça c'était vrai, ils avaient tout gratuit ici... Ou pas.

-On doit travailler dur en échange. Au début j'avais trop de mal. Moins que d'autres car là où je vivais on courrait tous les jours, mais rien à voir avec l'entraînement du Temple. Toi t'as pas trop de mal ? Alors tu étais déjà fort en arrivant.

Fort n'était pas forcément le terme approprié pour désigner la frêle carrure de Kolin, néanmoins, le torse bombé de celui-ci, ses paroles assurées, son attitude et ses astuces avaient déjà conquis Sammy qui le voyait comme un super Padawan. A quoi cela servait-il de savoir rédiger-et encore, lui s'appliquait mais ne savait pas totalement bien s'y prendre encore- quand on était aussi malin et aussi doué ? A bien regarder Kolin, même ses gestes pressés semblaient calculés au millimètre, sans parler de son regard qui voyait tout, comme s'il avait été entraîné par avance, que sa survie en avait dépendu. Quant à ses mots un peu voyous qui pourraient blessés, Sammy les voyaient comme l'expression d'un style « classe » de personnage d'un de ces holofilms qu'il avait apprit à aimer. Légèrement aveuglé, le centaure n'avait pas vu la peine de Kolin lorsqu'il avait abordé le sujet de la famille, ni même que son camarade l'avait éludé quand bien même il y était attentif. Sans doute que le jeune humain était trop subtil pour lui ou avait simplement plus de vécu. Sammy malgré quelques points douloureux de son passé sur sa planète comme au Temple avait eu une vie plutôt simple. A moins que ce soit lui qui ne soit trop optimiste pour accepter de se vêtir d'une triste carapace pourtant salvatrice.

-Hey exagère pas, j'me suis jamais rien coupé... Euh, enfin si, bon d'accord, je me suis déjà brûlé un peu le bras, mais ça, ça nous arrive tous. Mon truc à moi, c'est la Force, si tu veux d'ailleurs... Je pourrais t'aider dans ce domémène... Domaine et toi, tu m'apprends des trucs comme le stylo là. J'arrive pas à y croire, c'est cool.

Évidemment, n'étant jamais sorti de sa verte planète ou du Temple, le petit connaissait peu voir pas du tout la vie secrète des pré-adolescents de la ville. Les minis délinquants en culotte courte, les petit malins, il ignorait tout de ce monde, coincé dans un univers d'adultes capables d'anticiper ses moindres bêtises en lisant dans ses pensées ou, empêchant tout problèmes via des règles strictes. En temps normal, ce mode de vie lui convenait mais il venait de découvrir autre chose, et autant dire que ça l'intriguait.
Kolin Valkizath
Kolin Valkizath
Messages : 376
Eclats Kyber : 5
En soupirant Kolin se mit à compter avec ses doigts le nombre de lignes, il n’avait jamais été doué en calcul mental et s’aidait toujours de ses petites mains quand il devait compter quelque chose qui dépassait le nombre de ses orteils. Opiniâtre, il reprit sa technique et se remit à écrire les yeux rivés sur la feuille en écoutant les nouvelles énormités qu’avait en stock son camarade.

Si Kolin éveillait la curiosité chez le centaure, la réciproque était vraie à ceci près que le padawan de Coruscant était écartelé entre envie de mettre des claques à son compagnon tant il le trouvait suintant de niaiserie et envie de le placer sur un piédestal songeant le plus sérieusement du Monde que l’univers manquait de créatures comme lui mais qu’il n’aurait pas pu tenir deux jours dans la Cour des Miraculeux.

Ne sachant pas vraiment comment placer le curseur il préféra se taire. Son impuissance à comprendre les actes et les paroles du chironian le déroutait. S’il avait toujours su répondre à la violence à la provocation et au danger, il n’avait jamais été habitué à faire face à ces sentiments de bonté et d’aménité qui lui plaisaient et le terrifiait en même temps. Peu sensible à la flatterie, Kolin ne s’était jamais trouvé intelligent. L’humain attrapa le gâteau tendu et sans appétit entreprit de le manger bouche ouverte en répondant finalement la bouche pleine :

- T’as jamais été puni avant ? Je connais des gars sur Corsucant qui savent le faire avec cinq stylos en même temps et ça c’est trop classe, avant de partir à l’armée mon frère m’a appris quelques combines, si ça te fait plaisir je te montrerai mais faudra rien dire à personne !

Dit-il légèrement condescendant comme quand il s’adressait à son petit frère en terminant le gâteau et en essuyant ses mains sur son drap. Si Samaël était au Temple comme lui il ne pouvait pas être si niais que ça. La Force ne choisissait pas n’importe qui et si les gourous qui dirigeaient cette taule estimaient qu’il avait sa place ici il ne pouvait pas être qu’une petite chose fragile et maladroite, il était même déjà allé au feu. Une lueur de curiosité naquit sur le visage sérieux du garçon.

- Bah si y a pleins de trucs où je galère sévère mais on pourrait être dans les mines de sel des lunes d’Argoude à la place alors franchement pas trop de quoi se plaindre et Chevalier Jedi c’est quand même méga stylée. Tu sais faire quoi avec la Force ?

Reprit l’humain d’une voix égale quand Sammy signala que l’entrainement au Temple était difficile. Difficile était en fait un euphémisme pour Kolin qui, s’il savait jouer les baroudeurs ne s’était jamais retrouvé autant en situation d’échec que maintenant. Tous les codes qui l’avaient façonné n’existaient pas ici, il avait l’impression de repartir de zéro. Certains padawans plus expérimentés savaient utiliser la Force de façon impressionnante, la clé était la concentration : un concept totalement étranger pour le gringalet. et cela avait le don de l’énerver et de faire ressortir ses mauvais côtés.

- Mais ma parole Sammy, t’as grandi dans la poche ventrale d’un Hutt ou quoi, si personne connaît ta planète, tu reverras jamais tes parents, ils pourront jamais être fiers de toi. Tu parles de ta famille tout le temps, tu veux pas vivre un peu pour ta tronche à toi ? T’as bien des potes ici sympa comme t'es ?

Finit-il par coasser sans méchanceté ne levant pas les yeux de la feuille et n’ayant pas du tout en tête que ses paroles pourraient rouvrir des plaies chez son compagnon. La franchise était souvent cruelle et Kolin ne s’était jamais embarrassé de manières ou d'artifices pour l'utiliser. Il n’avait pas prononcé ces froides parles pour blesser son compagnon ou par méchanceté, c’était simplement sa nature et une petite preuve qu’il estimait le petit centaure mais se moquait bien que ses histoires familiales préférant sa compagnie à celle de sa harde.

Invité
Anonymous
-Siiii bien sûr ! Chez moi il fallait garder le troupeau de Banthas, un ennui... Ou aller chercher l'eau super loin, faire le bain des tous petits et les garder, aider à la récolte, être privé de chasse. Que les trucs casses-pattes. Ici j'ai déjà eu les lignes mais comme je connaissais pas le truc du crayon, je les faisais toutes. Mais bon en général, je l'avais cherché ! Les Maîtres ont l'habitude d'être justes.

Déclara l'enfant, comme résigné à son sort de puni passif, même s'il n'était pas un des pires cas, en général plutôt sage. Lorsqu'on lui demandait de faire des lignes, c'était souvent parce qu'il se distrayait pendant les cours, cassait quelque chose ou oubliait ses affaires, rien de bien méchant, pas même du bavardage contrairement à ce qu'on aurait pu croire. D'ailleurs comme avait pu le voir Kolin, en cours, à part sauver ses camarades de rédaction en cours, le petit centaure se tenait bien, même si des fois les leçons l'ennuyaient. En parlant de leçon, voilà qu'on lui en demandait une ! Ravi et un peu stressé à la fois, Sammy releva les manches de sa toge légèrement trop grandes sans annoncer la couleur, trouvant ça plus "stylé" de démontrer que d'expliquer, sans compter que s'il se trompait, il pourrait peut-être faire croire que sa déviation de pouvoir était intentionnelle.

Jaugeant un crayon sur le bureau, le centaure resta en arrêt quelques secondes, calculant si son camarade avait eu le temps d'apprendre ce tour basique. Mouais, un peu trop facile, en 15 jours et même avant, lors de la manifestation de ses premiers dons, Kolin avait déjà du voir ça. Non pas que Smmy soit m'as-tu-vu mais il espérait bien passer pour autre chose qu'un nul. Une idée en tête et le regard soudainement éclairé, le Padawan se força à faire semblant de continuer à fixer le bureau, levant sa main pour attirer l'objet en question. Cependant le menu fretin cessa rapidement de s'agiter et de léviter, il retomba dans un petit bruit sur le bureau, roulant jusqu'au rebord pour tomber-fait involontaire de la part du Chironian qui avait oublié qu'un stylo, ça roule.-. Alors que la chute de ce dernier s'amorçait, l'enfant avait d'un seul coup redirigé sa main vers son vis-à-vis qui put sentir sa ceinture le taquiner. Samaël ne savait pas s'il aurait le temps d'arrêter le phénomène en posant brutalement sa main sur son arme d'entraînement, mais il essaya d'être le plus rapide possible pour l'attirer à lui.

-ça !

Conclut fièrement le petit garçon qui, cependant, ne saurait jamais si son action avait totalement aboutie. A vrai dire, il ignorait même si l'arme avait glissé au sol, si Kolin l'avait saisi ou même si ses propres doigts la maintenaient. Ses phalanges venaient de se glacer, perdant momentanément leur sensibilité, tandis que le sang de Sammy se concentrait sur son visage, qui bien que mate, laissait transparaître une certaine gêne doublée de colère.

-Si ils pourront ! Parce que les anciens ils connaissent les esprits qui voient tout ! Ils existent, comme la Force d'abord, et puis j'pense à eux parce que je les aime !!! Voilà.

Le centaure se retint de renifler un "ils me manquent" dont se moquerait probablement l'humain. Il ne dit rien non plus de sa soudaine conclusion le concernant: au contraire de son cadet, Kolin n'avait pas dit un mot sur ses proches ! Qui se cachait réellement derrière ce gamin cynique ? Un de ces grands écorchés de la vie dont avait entendu parler parfois Samaël ? Il y en avait parmi les Padawans. Des adolescents mystérieux, qui ne souriaient jamais ni ne s'unissaient aux autres, se contentant de s'entraîner et d'assister aux cours. Leur aura avait quelque chose de blessé et de blessant; ils se cachaient parfois derrière un masque d'assurance de vétéran qui sait tout ou se plaignaient au contraire d'être nuls. Un jour, l'une d'elles était parti en courant dans les couloirs quand le cours d'histoire avait mentionné un détail gênant qui lui rappelait son passé. C'était une Twi''lek jadis esclave dont les parents s'étaient sacrifiés pour lui permettre de fuir. Aujourd'hui, la gamine qu'il avait tenté de consoler n'était plus là. En essayant de percer sa carapace pour l'aider, il avait récupéré une griffure sur le bras. Sammy avait tendance à mettre les sabots où il ne fallait pas, même si c'était toujours emprunt de bonne volonté, et ça avait tendance à énerver. Du coup, s'il avait quelques copains de couloirs, l'enfant n'avait pas de vrais camarades. On s'entendait bien avec le temps d'une discussion, d'un exercice, ou on le fuyait. Trop naïf, pas assez délicat, trop gentil ou bizarre... Sans être la tête de Bantha du Temple, Sammy n'était pas parvenu à complètement trouver sa place.

-Ben oui, j'ai des potes... Euh... Un peu quoi. Toi, t'en as déjà ?

Demanda-t-il avec un air de défi qui cachait en réalité un certain dépit. Zut de zut, dans quoi s'était-il encore fourré ?

-Désolé... C'est juste que; j'dois être casse-patte à parler de ma famille, tout ça mais j'arrive pas à m'en empêcher.

Fit le jeune centaure en baissant légèrement la tête, ses oreilles d'elfe suivant le mouvement.

-Dis... C'est quoi un Hutt ? Et une poche ventrale ? C'est comme un sac à dos mais sur le ventre ?

Acheva-t-il finalement d'une toute petite voix. Ils n'étaient pas encore arrivés à ce chapitre dans son cours d'études des espèces intelligentes, surtout que ces créatures là portant un lourd fardeaux de préjugés dûe à une histoire loin d'être nette étaient épargnées aux plus jeunes. En réalité, beaucoup d'enfants les connaissaient de noms, ne serait-ce qu'à cause de leur apparence vu que les Hutts traînaient dans les classements "top dix des races les plus moches de la Galaxie." mais Sammy ignorait encore énormément de choses de ce monde qui n'était pas le sien.
Kolin Valkizath
Kolin Valkizath
Messages : 376
Eclats Kyber : 5
La main à nouveau douloureuse, Kolin s’arrêta d’écrire. Il frotta son poignet comptant pour la seconde fois le nombre de lignes. Le bout du tunnel était proche et la sanction ne serait bientôt plus qu’un mauvais souvenir. Les châtiments que Sammy détaillaient semblaient avoir été horribles au vue de sa mine déconfite. Une vie remplie de sanctions était peut-être leur premier point commun ce qui arracha une mine amicale au petit bout d’humain, petit bout d’humain qui avait pourtant du mal à croire que le centaure aient un profil à aimanter les punitions. Le concernant la donne était différente. Son père n’avait jamais été très original se contentant de le frapper jusqu’à que le fatigue musculaire l’arrête.

Le padawan prit ses aises en attendant la démonstration que voulait bien lui fournir si généreusement son comparse. Le stylo s’éleva paisiblement sous l’œil déçu d’un Kolin qui avait déjà vu cette martingale plus d’une fois en arrivant au Temple. Il s’apprêtait à envoyer une nouvelle raillerie quand il sentit son sabre laser se décrocher de sa ceinture. Fasciné, il ne fit rien pour l’arrêter. L’arme échut docilement mais rapidement dans les mains du Chironian. Le mioche en fut totalement impressionné et c’est d’une voix enjouée qu’il félicita presque chaleureusement Samaël,

- Blast ! Alors ça ma parole c’est super ! T’es doué.

Difficilement impressionnable Kolin ne garda qu’une seconde cette mine enjouée songeant qu’il était absolument incapable de faire de même. La fêlure au tableau neutre n’avait duré qu’un frêle instant, une seconde durant laquelle le padawan avait perçu autre chose qu’un petit centaure en manque de confiance en lui. Le gamin puant des rues s’était entraîné seul à faire léviter de petits objets mais son manque de concentration ne lui permettait pas de plier la Force à sa volonté, indomptable et intraitable, la Force n’était pas une amante fidèle et ne s’attachait qu’à ceux qui savaient prendre soin d’elle. Et voilà qu’en une seconde Samaël montrait les dents remettant sa famille sur la table. Nul commentaire ne franchit les lèvres du garçon tandis qu’il récupérait son sabre laser, l’arrachant littéralement des mains de son compère.

Une fois son arme rangée, il reprit l’écriture de ses lignes avec la même nonchalance qu’auparavant, soufflant de dépit quand l’autre déversa à nouveau son flot de mièvrerie au sujet de ses parents. Samaël souffrait, c'était évident. Peut-être pas atrocement mais il suffisait de l'entendre parler, ne serait-ce que quelques minutes, pour le comprendre. L’humain ne parvenait pas à le plaindre. Sa propre famille l’avait abandonnée. Son père avait disparu comme un matin chasse un cauchemar et si son absence avait considérablement amenuisé le nombre de coups distribués sur les corps trop fragiles et innocents de ses enfants, son absence avait été une déchirure terrible pour Kolin. Un vide que rien n’avait jamais pu combler. Il y avait eu son frère aussi, son héros Joris qui lui aussi était parti en les abandonnant son tour. Comment aurait-il pu lui en vouloir ? La fuite comme un souffle de vie. Entre ses bras Kolin avait rêvé de l'amour et de la protection, il avait aimé ce rêve. Parce qu'il n'était pas beau, pas bon, de croire aux illusions des magiciens fous. Parce que l'espoir était le plus doué de tous.

Le padawan ne lui en avait jamais voulu, il ne savait ni aimer ni haïr à moitié, pardonnant tout, faisant taire ses brûlures, acceptant l’inacceptable avec le sourire. À vif, écorché par les bas-fonds il était sauvage comme un étalon des plaines de Naboo mais savait aimer plus que de raison.

- Tu peux en parler autant que tu veux si ça te fait plaisir, c’est juste que ça m’intéresse pas du tout, c'est pas contre toi c'est juste que j'men fous quoi !

Ronchonna-il tâchant de chasser ses mauvaises pensées.

- Des potes, ici ? Heu non pas trop, mecton qui voudrait être pote avec moi ? Sur Corsucant j’ai des potes, plein de potes. On se serre les coudes, on fait des blagues, on se rend service mais c’est pas pareil qu’ici.

Relevant ses yeux bleus vers son compagnon Kolin offrit une pichenette sur l’oreille de ce dernier. Un mince sourire éclaira l’espace de quelques secondes ses traits fins alors qu’une chaleur rassurante irradiait ses prunelles gelées. Après tout, Samaël lui avait rendu un fier service et même si l’avouer ouvertement était encore trop difficile cette marque de sympathie ne l’avait pas tout à fait laissé indifférent. Elle l’avait touché autant qu’il l’avait détestée.

- Fais pas cette tête, j’suis sûr que y a pleins de gens qui voudraient être ton pote, faut juste que tu sois… plus cool, enfin tu vois moins niais quoi, mais t’es sympa.

Il posa finalement le stylo et recompta religieusement deux fois le nombre de lignes. Le compte y était, 50 lignes ! Comme toutes les punitions de ce type les dernières lignes étaient moins précises. Kolin haïssait écrire et n’avait jamais été doué pour ça. Il s’était fait violence pour réaliser la punition estimant normal d’avoir à la faire et songeant que le Maître l’aurait gratifié d’une punition bien pire.

- Un Hutt ! Tu vois c’est une espèce, imagine que c’est la plus belle fille que t’as jamais vu de toute ta vie ! J’ai un copain qui traine à la cantina qui m’a dit que les femmes Hutt c’était les plus belles de toute la Galaxie que leur sourire pouvait rendre amoureux l’homme le plus méchant de l’univers. Il m’a dit les Hutt ne pouvaient boire que de l’eau des lunes d’Aargau car c’était la seule flotte assez pure pour continuer à les rendre immortels ! Leur peau est jaune mais brille au soleil j’crois et leur poche ouais c’est un sac à dos où leur bébé dors. Ça serait astral d’en voir une en vraie.

Décrivit le naïf padawan bien trop peu instruit pour se rendre compte que le chasseur de primes qui lui avait comté cette histoire l’avait sans doute pris pour un bantha de première catégorie.

- Tiens la punition. Mais tu peux rester ça me dérange pas, t'es pas assez chiant pour que je te foute dehors.

En réalité la compagnie du centaure lui était presque plaisante et il tâcha de trouver un nouveau sujet de conversation.

- T’as un Maître toi ? Enfin genre un vrai qui te colle aux fesses toute la journée et qui se la joue grand manitou genre la Force me parle même pendant mon sommeil.

Invité
Anonymous
Les compliments de Kolin surprirent autant qu'ils adoucirent le petit centaure, si tenté qu'il fut vraiment en colère. Rougissant, l'enfant détourna le regard, personnellement il ne se voyait pas comme exceptionnel même s'il était effectivement assez rapide dans son genre. Néanmoins, Sammy ne se faisait pas d'idée, il savait ne pas atteindre l'habileté extraordinaire des Padawans les plus prometteurs. Sans être nul, lui était plutôt du genre à être dans la moyenne, et encore, quand sa maladresse n'abîmait pas sa prestation. Envieux d'avancer toutefois, le jeune garçon évitait de trop larmoyer sur son sort, essayant toujours de s'améliorer. Du coup, le compliment de Kolin tombait merveilleusement bien ! Après avoir hésité à se mettre dans le petit trou de souris inexistant derrière lui-quitte à le creuser comme un grand- l'enfant blottit ces doux mots contre son cœur, se promettant de s'en servir lorsqu'il serait au plus bas. Cela ne lui arrivait guère et ses crises étaient d'autant plus intenses. Dans ces moments là, sa famille lui manquait beaucoup, il avait envie de quitter le Temple pour y retourner, souffrant d'avantage à l'idée de ne pas pouvoir le faire vu que sa planète était inconnue des radars. Le Jedi qui y avait atterri l'avait fait par hasard puis avait tenu sa promesse d'effacer les données. A l'époque, Samaël ignorait ce que ses parents venaient d'admettre en le laissant partir, puisqu'au contraire, ces derniers l'avaient convaincu de s'en aller en lui disant de revenir à l'âge adulte comme Chevalier Jedi accompli.

Heureusement, malgré une petite digression, Samaël commençait à retrouver son entrain habituel. Cela aurait-il à voir avec les réprimandes du jeune humain ? Possible, après tout, l'optimiste centaure-pour ne pas dire utopiste- avait bien besoin qu'on lui remette un peu les pattes sur Terre. C'était douloureux dans les premières secondes, mais par chance, son camarade lui offrait plus qu'une réalité crue, il lui donnait suffisamment de conversation pour lui faire penser à autre chose. Son égo pansé d'une manière un peu particulière -entre semi-engueulade et moqueries- rendait la considération de Kolin plus précieuse qu'elle ne l'aurait été de la part d'un enfant comme Sammy, ami avec tout le monde. En ce moment, le Chironian se sentait privilégié que son camarade daigne lui parler, même si son côté petit dur continuait de l'agacer légèrement en plus de l'intriguer.

-Aucun de tes amis n'avait la Force alors ? C'est dommage ! Mais si t'en as eu là-bas, ici t'auras pas de mal. Et sinon, à part les punitions, ça te plaît ici ? T'as commencé le sabre-laser ?

Interrogea Samaël curieux qui ne se rappelait pas vraiment de ses propres débuts. Lui avait été pris en charge à partir de ses 7 ans. On avait un peu tardé à lui mettre un sabre en main vu l'adaptation que son corps nécessitait afin de conserver une marge de sécurité. L'enfant se souvenait quand même de ses débuts, difficiles et douloureux mais volontaires. Là où il avait pêché, c'est à dire pour la manipulation de l'arme légendaire, il avait triomphé dans les épreuves purement physiques. Sa vie en pleine air et sa constitution l'y avaient aidé bien que ses limites avaient encore été repoussées depuis. L'entraînement des Padawans était en effet si difficile qu'il était aujourd'hui, probablement plus musclé que la majorité des gosses de sa race, même si cela se traduisait par de longs sillons encore discrets sous son pelage ou son ventre humain. A 10 ans, on n'avait pas de tablettes de chocolat comme en rêvaient les plus grands, parlant de leurs abdominaux et de filles sans arrêt... Chose qui étonnait un peu le centaure ne voyant pas le rapport entre les deux.

A ce propos, Kolin qui semblait vraiment tout connaître du monde extérieur en vint à lui décrire les Hutts. Visiblement lui aussi était attiré par les « filles ». A vrai dire, Sammy aussi commençait à sentir sa curiosité le piquer à ce sujet bien qu'il soit extrêmement maladroit et innocent à ce propos. Heureusement il était destiné à ne as être trop hommes à femmes, le contraire aurait été une peine car il était condamné à ne pas vraiment avoir de compagne, à moins qu'une Chironian ne débarque ici. Autant dire que c'était impossible.

-Dit donc, ce serait trop cool d'en rencontrer une ! Tu sais où elles vivent ? Et celui qui t'as raconté ça, il leur a parlé ? Elles sont gentilles en plus d'être belles ? Bah si elles boivent de l'eau de la lune d'Aargau elles doivent être là-bas. Faudrait aller là-bas t'sais.

Samaël venait d'émettre une idée plutôt logique si on ne prenait pas en compte l'innocence de la situation dans laquelle baignait les dux enfants. Il avait de l'espoir de voir des Hutts, sachant que les Jedis voyageaient énormément.

-Moi j'ai déjà parcouru pas mal de kilomètres dans les airs-Fit-il, sûr de sa personne pour une fois mais nullement orgueilleux.- toi aussi bientôt, surtout que t'es encore plus grand que moi. On voyage beaucoup pour aider tout le monde. Mais pour ça, faut un maître

Précisa le jeune centaure en baissant légèrement ses oreilles pointues. Il fut étonné de la question de Kolin, pensant avoir déjà précisé que son mentor s'était enfuit... Enfin, ses. Le premier étant trop guerrier ne pouvait décidément pas s'embarasser d'un gamin qui n'était pas mort lors de la première bataille par pur miracle. Le second déjà très vieux avait été soudainement rattrapé par son âge et avait dû prendre sa retraite, quant au troisième, sans explication, il avait juste abandonné Sammy à son sort. Devait-il le préciser à Kolin ? Ca n'était pas très glorieux mais bon, c'était le jeu. Il fallait raconter ce qui était à son avantage et ce qui ne l'était pas.

-J'en ai eu trois. Le premier disait que les missions étaient trop dangereuses, c'est vrai... Vu ce qu'on a vécu dans ce vaisseau. Il a explosé, en plus j'me suis retrouvé seul face à un maître Sith. Heureusement, comme il voulait vivre je pense, il est parti au lieu d'essayer de me tuer... Le deuxième était très âgé et le troisième est juste parti. Tu crois que c'est vraiment parce que je suis chiant ? Comment on fait pour être plus cool ?

Demanda finalement l'apprenti, intéressé après les révélations de Kolin. Au lieu de se fâcher, il se demandait comment s'améliorer et être cool, du style de son aîné qui venait déjà de lui rendre sa punition. Le remerciant d'un signe de tête, l'enfant la posa soigneusement sur un coin du lit. Visiblement Kolin n'avait pas l'intention de le jeter bien que la corvée soit finie, autant en profiter.
Kolin Valkizath
Kolin Valkizath
Messages : 376
Eclats Kyber : 5
- Nan, mes amis ont pas la Force j’crois pas. J’viens des souterrains de Coruscant mais là-bas y a pas le test pour savoir, du coup j’sais pas. Moi j’ai eu de la chance y a un Maître qui passait par là et qu’à découvert que j’avais la Force en moi. Le sabre, ouais ça va je me débrouille pas mal.

Par fierté Kolin n’avoua pas que le Maître dont il était question lui avait aussi sauvé la vie en l’extirpant au dernier moment de la mâchoire béante d’un ver des sables suite à un défi stupide qu’il avait eu la bêtise d’accepter. Le sujet du sabre laser le fit sourire doucement et il afficha une rangée de dents jaunies à Samaël. Cette arme le fascinait et l’attirait comme un papillon envers une flamme ; il la trouvait élégante et noble et aimait voir les Jedis plus expérimentés combattre avec. Kolin s’entraînait régulièrement à des heures indues où il était presque sûr de ne pas être dérangé. Pour un débutant il avait un niveau correct et un Chevalier de passage au Temple lui avait dit qu’il avait du potentiel. Ce compliment avait été accueilli comme un véritable cadeau voir comme un présage. Il était plus habitué aux regards moqueurs ou méprisants des biens nés qui lui disaient que son seul avenir se résumerait à récurer le sol d’une cantina crasseuse ou en prison.

- Le Temple c’est pas trop mal, j’suis content d’être là franchement. Bah le chasseur de primes m’a dit qu’il avait embrassé une hutt une fois et que c’est comme si il y avait eu une grande explosion dans son cœur et dans tout son corps. C’est les créatures les plus gentilles de l’univers les Hutts ! Ca pardi ça serait super de pouvoir y aller et de les voir. Si je retourne dans la Poubelle je le retrouverais et je lui dirais de nous aider à trouver les lunes d’Aargau.

Rêveur, il se rendit compte qu’il n’avait absolument aucune idée de la localisation des lunes d’Aargau, l’univers était si vaste, si grand. Lui n’était qu’une infime poussière, hormis Ondéron Kolin n’avait jamais vu un autre système autrement que sur une carte. Son père était peut être sur l’une d’elle. Il envia Samaël d’avoir voyagé autant et pria intérieurement la Force pour lui aussi avoir un jour la chance de voyager. Depuis quelques temps, Kolin avait un certain attrait pour les femmes mais aucune d’entre-elle dans toute la galaxie ne pourrait déloger sa maman ma

- Ouais, j’ai pas de Maître non plus mais un jour et toi aussi t'inquête.

Une nouvelle pichenette sur l’oreille accompagna la prophétique déclaration de Kolin. Le gosse ressentit tout l’amertume dans les paroles de Sammy alors qu’il parlait de ses Maîtres. Il ne s’en voulut pas d’avoir ouvert un sujet qui pouvait avoir ouvert une plaie chez le padawan qui lui faisait face. La vie n’était pas simple et il valait mieux être honnête, l’humain ne savait pas mentir aux autres, envers lui-même en revanche : c’était une autre histoire.

- Pour être cool, faut faire comme si t’en avait rien à faire de tout et de tout le monde et que t’arrête de parler de ta famille à tout le Monde. Quand t'es triste ou que t'as peur, bah faut pas le montrer. Puis tu sais, les Maîtres que t’as eu c’était peut-être eux qu’étaient chiants. Tu vois par exemple, ton histoire avec le Maître Sith elle est trop blast il s’est passé quoi ?

Demanda-il vraiment curieux ; les Siths étaient les ennemis des Jedis, des êtres méprisables qui avaient franchi la barrière du côté lumineux. Ils étaient pires que tout et Kolin les détestaient par principe depuis son arrivée au Temple, mais il n’en avait jamais rencontré et ne savait pas du tout à quoi ils pouvaient bien ressembler.

- J’ai pas d’amis en fait, mais toi t’es un peu comme mon pote non ?

Finit-il par avouer d’une voix maussade, laissant ses yeux azuréens se perdre dans la contemplation du ciel à travers la baie vitrée du dortoir. Il baissait sa garde et ouvrait son flanc. La spontanéité d’enfant avait parfois le dessus sur les barrières qu’érigeaient l’apprenti entre lui et tout ce qui ne sortait pas de la Cour des Miraculeux. A la vérité, s’il n’était pas un modèle de sociabilité et avait tendance à se méfier de tout ce qui bougeait. Le brun aux yeux bleus ressentait un sentiment d’abandon encore plus soutenu dans l’univers trop neuf des Jedis qui était à présent le sien. Plus les jours passaient, plus il se rendait compte qu’il en était pour partie responsable. Samaël était bienveillant et lui tendait une main secourable, il aurait été vraiment trop bête de ne pas la prendre mais le montrer trop frontalement aurait été une erreur. Kolin n’avait jamais vraiment été aimé par personne, tout l’investissement qu’il avait pu avoir pour ceux qu’il considérait n’avait jamais servi à rien, éternel abandonné, perpétuellement rejeté, interminablement délaissé. Les choses n’étaient certainement pas très différentes ici mais après tout, qu’avait-il à perdre ?

Il y avait quelque chose dans les paroles et l’attitude du centaure qui le touchait, il ne savait pas l’expliquer ou mettre des mots sur son ressenti mais cette rencontre n’était pas si anodine que ça, il le ressentait.

-Ça serait cool ça.

Invité
Anonymous
Samaël approuva d'un signe de tête, c'était clair que le Temple "c'était pas si mal". Il était d'autant plus heureux que cela ait permis à Kolin de troquer sa "poubelle". Un endroit appelé comme ça ne devait certainement pas être agréable, et encore moins abriter les magnifiques Hutts que le gamin imaginait aussi belles et douces que sa maman. A ses yeux en effet, sa génitrice était incomparable, au point que lui, issu de sa chair était incapable de lui arriver à la cheville, enfin au boulet dans son cas. Cependant, le petit secoua vivement la tête au lieu de se laisser attendrir par une douce torpeur nostalgique. Pour être cool disait Kolin, il fallait éviter de trop penser aux siens et surtout se moquer de tout. Bon, le concept échappait un peu à Sammy, et il faillit répliquer que ça ne correspondait pas du tout à ce qu'on apprenait au Temple, et que du coup, le jeune humain risquait de se "décooliser". Néanmoins, il se tut pour ne pas être casse-patte encore une fois, se concentrant pour donner à Kolin son meilleur exemple d'apprentissage en la manière.

-J'suis pas ton pote, je m'en fiche de tout.

Déclara-t-il, si sérieux qu'il se surprit par sa propre capacité d'acteur. Ca lui était peu souvent sorti du coeur de la sorte, mais il faut dire que l'enfant-poulain y avait mis toute sa volonté dans l'espoir de plaire à Kolin et de lui paraître très cool. Ajoutant à son rôle, il croisa fermement les bras et tourna la tête de l'autre côté, si vivement qu'il faillit s'entraîner dans une chute au pied du lit. Heureusement, comme si sa cool attitude façon mini rebelle lui collait déjà à la peau, il parvint à se rattraper d'un petit mouvement discret de hanches, son sabot arrière ayant à peine glissé pour rencontrer instinctivement le sol. Se replaçant de manière imperceptible ou presque sur son bord de lit, Sammy ignora encore de son mieux son camarade avant de craquer. Non; décidément être "cool" ne le tentait guère, Kolin devrait l'accepter sans. C'était trop méchant pour lui, ses propres paroles quoique dites sans réelle intention le blessaient. Lui préférait rassurer son interlocuteur, quitte à avoir l'air collant et déphasé. Zut de zut.

-Mais siiiii on peut être pote. J'suis désolé, j'ai pas tenu mais moi j'vois pas l'intérêt d'être cool si pour ça, faut être méchant et s'en moquer des autres. Pi, les Jedis ils font le contraire. Et si tu veux mon avis, soit pas vexé hein, c'est un compliment, mais toi t'es pas cool... Parce que je te trouve sympa et qu'au fond, suis sûr que tu t'en fiches pas, la preuve, t'as fait ma punition. Ca veut dire que t'as un sens de l'horreur ça... Euh honneur j'voulais dire.

Malgré son "adoption" par le temple il y avait déjà 3 ou 4 ans, le pauvre Samaël buttait encore sur quelques mots de basique, surtout lorsque l'émotion l'emportait. Heureusement, il se retint d'aller faire un gros câlin à son camarade. Bah oui, il n'était pas cool mais quand même, il était un vrai garçon, pas une mauviette. Un dur de dur pas du tout cool qui avait envie de prendre soin des autres.

-Bah en fait pour le Sith

Le Padawan, se disant se rapprocha de Kolin, rampant presque sur les draps et approchant son visage pour que ce dernier en voit toutes les expressions. Ramenant ses doigts devant ses sourcils froncés avec un sourire se voulant sadique-mais plutôt grimaçant en fait.- il entreprit de raconter son histoire, avec un ton étrangement... Bon. En effet, issu d'une tribue adorant les contes, il savait presque naturellement où poser les mots et les pauses pour rendre un récit haletant.

-On était tous les deux dans un vaisseau tout cassé, on aurait dit qu'il allait s'écrouler, victime de ses propres faiblesses-tient il faudrait la noter cette belle phrase littéraire !- et le Sith était là... Il avait les cheveux très longs, blancs avec des yeux tout aussi blancs. Je crois que c'était sa race car j'ai déjà vu un Padawan comme ça... Mais quand même, cela faisait qu'on ne savait pas où il regardait ! Sa tête droite cependant m'indiquait qu'il m'avait vu, et son aura super obscure m'étouffait ! Il a voulu m'attaquer... Son sabre-laser était rouge ! Oui c'est vrai ce qu'on raconte sur leur lame couleur sang, mais le pire... C'était les éclairs-Sammy ne put empêcher un frisson. Il se souvenait que trop bien d'en avoir reçu.- De l'électricité sortant de ses mains, un regard fou... Il a cherché à m'atteindre, le vaisseau tangeait... Non tangaut, tanguait... Voilà bref il bougeait dans tous les sens. Moi j'étais en haut de la pente et je me retenais autant que possible au sol lisse. Mes pattes devaient leur salutation... Leur salut pardon à un truc indéfinissable, un bout de machin s'étant décollé du vaisseau, du plafond même ! Il allait m'avoir, j'étais fatigué, brûlé et tout... Mais soudain, il y a eu une explosion !!! Alors que j'avais sorti mon sabre-laser d'entraînement pour me défendre, on a même croisé un petit peu nos lames et j'ai réussi à lui envoyer une ruade pour te dire... Mais pour reprendre le fil... Voilà, il allait gagner, j'avoue. Et bien comme je disais, il y avait une explosion... Et je l'ai juste vu s'enfuir avant de me cacher dans un dernier réflesse... Réfesse... Réflexe dans les déconcombres... C'est pas un légumes ça ? Euh les décombres donc, puis après, plus rien, trou noir.

Acheva le petit garçon en reprenant son souffle et sa position initiale, car en racontant son histoire il s'était bien avancé, à demi assis sur ses pattes arrières, celles de devant tendue et le visage presque contre celui de Kolin.

-Toi, c'est quoi ta grosse aventure ?

Demanda-t-il, persuadé que son ami qui savait tant de choses n'avait pas eu besoin d'être Padawan pour vivre des tas d'expériences.
Kolin Valkizath
Kolin Valkizath
Messages : 376
Eclats Kyber : 5
Un sourire placide accueillit l’inédite posture presque convaincante de Samaël. Armé de l’expérience de la rue, le petit prodige des souterrains ne se laissa pas prendre si facilement au piège. Néanmoins il en fut surpris ayant ouvert le poste frontière de son cœur quelques secondes auparavant. L’espace d’un instant il se sentit trahi et les lignes de son visage se durcirent en guise de symptôme. Muet comme une tombe Kolin observa son manège, même sérieux Sammy gardait son air gauche. Doutant de plus en plus quant à la transfiguration soudaine de son camarade, il dû reconnaître que le centaure portait parfaitement le masque qu’il venait de revêtir. Il fut presque soulagé quand le Padawan porta le clap final de son numéro.

- Nan mais t’as pas compris.

Le coupa-t’il sans grande délicatesse.

- C’est pas être cool de dire que je suis pas cool, en fait ce qui est cool est pas forcément cool tout le temps, enfin, laisse tomber. Tu dois avoir raison.

Se résigna-il en se radoucissant quelque peu. Comme au premier instant il n'offrait à ce monde qui n'était pas le sien, qu'un visage aux traits fins et des yeux remplis d’océan, une immortelle mélancolie gravée sur ses traits, comme un malheur qui ne dit pas son nom : ébranlé par ce nouveau compliment qui lui allait si mal. Le padawan quadrupède avait était clairvoyant, Kolin n’avait jamais été un monstre d’égoïsme. Même drapé dans le manteau du dénuement le plus total, il n’avait jamais hésité à partager le peu qu’il avait. Quand son père s’était enfui laissant sa progéniture fétide dans la plus sordide pauvreté, il avait presque arrêté l’école trouvant plus utile d’aller gratter quelques crédits pour aider sa famille que d’user ses fonds de culotte dans une école où il n’avait pas sa place. A douze ans s’occuper de ses deux frères était devenu la plus routinière normalité qui soit et qui n’appelait à aucune récompense, à aucune fierté. Il n’avait, ni lui, ni personne jamais rien attendu en retour.

Pire encore, il refusait la charité. Ainsi un jour, il avait été invité par un camarade d’école des communs à prendre le goûter. Cette expérience l’avait marqué à tout jamais. L’univers trop propre et trop luisant de son camarade lui avait fait peur, tout comme ce goûter trop savoureux et cette famille bien trop gentille et trop unie, le considérant comme une victime qui n’avait « pas eu de chance ». Mais il n'était pas la victime, elles sont toujours innocentes... Lui ne l'était pas. Toutes les vies ne peuvent être drapées de velours et de soie, de rose et d'argent. Où serait le prestige de l'or si la boue n'existait pas. Tous dans cette galaxie avaient une place la sienne n’était pas parmi ces gens. Il n’y était jamais retourné.

Une moue gênée plus tard, il fut content de voir le Chironian changer de sujet pour lui raconter son aventure avec les terribles Siths. Avant qu’il ne puisse commencer son histoire, il tira un second paquet de gâteau de sa commode et le lança vers son compagnon. Il le laissa ensuite docilement s’installer et haussa les sourcils visiblement très intéressé quand celui-ci se mit à raconter sa péripétie. Il ne perdit pas une miette du récit de l’excellent narrateur ne s’offusquant pas des fautes que pouvait proférer son nouvel ami ou de la grand proximité qu’il mettait entre eux, son histoire l’apaisa autant qu'elle le fascina.

- Des éclairs ? Blast ! Tu crois que c’est le côté obscur qui les rend si flippants ? Tu crois qu’on serait plus fort si on était du côté obscur ?

Absorbé par l’histoire, Kolin se demanda comment se matérialisait le côté obscur de la Force qui était pourtant si lumineuse et bienveillante. Les Jedis n’avaient de cesse de le combattre et l’abhorrait lui et tous ceux qui le prenait pour amant. Sammy devait posséder une énergie supérieure pour être resté de marbre face à la démence des apôtres du côté sombre, une puissance que, Kolin en était sûr, Samaël pas conscience de posséder.

- Bah mon vieux, t’aurais pu crever, la Force doit être sacrément balaize en toi, même pour un mec aussi peu cool.

Son histoire à lui. Un nouveau silence se fit entendre alors que le garçon réfléchissait. Quelle aventure pourrait-il partager ? Sa vie n’avait rien d’une aventure et si de prime abord il avait pu trouver Samaël ringard il fit le douloureux constat qu’il n’avait rien de semblable à narrer. La violence de son père noyant ses malheurs sur les corps fragiles de sa famille ? Le ventre vide des fins des mois ? Les petits trafics avec les gangs locaux ? Son frère Joris avec qui il avait fait les quatre cents coups avant que lui aussi ne les abandonne sans se retourner ?

Rien de tout cela ne pourrait intéresser Samaël, les indigents n’intéressaient personne, on lui avait suffisamment répété. Kolin se voyait déjà loin. Que la distance entre lui et le centaure se creuse comme une tombe. Qu'il puisse y tomber et s’oublier. Personne encore n'avait su toucher la plaie. Et cet étranger avait fait plus que cela. Il venait de le mettre face à sa propre faiblesse. Sentiment diffus d'une colère inutile, importune, correspondant si peu à ce qu'il était. Maître de son existence, libre... vraiment ? Alors pourquoi en souffrait-il autant ? Ne pas chercher à savoir, supporter le sourire aux lèvres. Ultime provocation, cendres d'un puéril orgueil. Comment ne pas passer pour un idiot maintenant ?

Sans grand enthousiasme Kolin s’enfonça dans son lit croisant les bras sur son torse et prit la parole d’une voix maussade certain que Sammy trouverait son histoire sans intérêt, lui dont la vie semblait avoir été si bien remplie.

- Ma vie intéresse pas les gens, mais si t’y tiens j’peux te raconter quand on a découvert que j’avais la Force.

Quelques secondes s’écoulèrent le temps que le Padawan trouve ses mots et ordonne ses idées.

- Là d’où j’viens, y a les poubelles géantes de Coruscant. Tu vois c’est rempli de gros vers avec des dents pointus qui avalent les déchets et y aussi des canons lasers qui explosent la ferraille. C’est défendu d’y aller, mon frère Joris m’a toujours dit de jamais y mettre les pattes parce c’est hyper dangereux. Tu parles que jl’écoute pas, j’avais des potes dans des gangs qui f’saient des paris. Fallait aller récupérer une dent plantée dans un cadavre en évitant les vers qui pouvaient te bouffer et les canons qui pouvaient te désintégrer, et si t’y arrivais tu gagnais 10 000 crédits ! Tu vois le truc, c’est tellement de crédits qu’on aurait pu s’acheter une vraie maison.

Comme pour illustrer son histoire, il se leva et se mit debout sur son lit et se mit à sauter sur les autres lits en réalisant des petites pirouettes n’hésitant pas à se mettre en grand écart entre deux sommiers inoccupés alors qu’il reprenait la parole.

- Du coup j’y vais et là ! Paf, un gros ver des sables qui essaye de me croquer alors je cours super vite et j’esquive ses attaques sans même les voir.

Une nouvelle cabriole de lit en lit accompagna l’explication.

- Je vois le cadavre et je sens la Force qui s’agite en moi. Bim, j’évite une autre attaque et vlà qu’un deuxième ver se pointe. Ils sont hyper gros et ont la dalle. J’met un coup de pied à l’un d’entre eux.

Pour illustrer son propos, le brun donna un coup de pied sauté en plongeant littéralement vers le lit voisin, il se rattrapa en faisant une roulade sur la couette et rebondit vers le prochain.

- Puis là, j’vois le cadavre. Il est franchement proche, du coup j’cavale encore plus vite en évitant les canons lasers ! Le cadavre est vraiment à côté et tant pis pour les deux vers, je fonce. Mais y a un canon laser que j’ai pas vu qui tire vers moi, j’veux l’éviter mais j’y arrive pas et BOUM.

Kolin fit un demi salto arrière et atterrit face sur son lit s’étalant de tout son long.

- J’ai cru que j’étais mort mais y un vieux Maître Jedi qui m’a sauvé. J’sais pas trop cqu’il fichait ici, tout le monde se fiche des gens de chez moi. Résultat, me v’la ici, il a dit que j’pouvais d’venir un Jedi et aider les autres. Aider les gens de la cour des Miraculeux.

Une pointe de nostalgie glissa dans sa dernière phrase. Loin de ses repères, les souterrains lui manquaient.

- Si un jour je sais piloter un vaisseau je retournerai là bas, tu sais piloter ? Tu pourrais venir avec-moi si tu veux ?


Invité
Anonymous
- Oui, c'est un truc du côté obscur ça... Mais ça les rend pas plus fort tu sais, parce qu'ils tombent malades. La Force méchante les consomme... Consume. Un truc vraiment flippants comme tu dis.

S'était empressé de répliquer Samaël, pas vraiment envieux de donner de mauvaises idées à son camarade. Ce dernier apprendrait normalement assez vite à craindre le côté noir de la Force, car les aînés se chargeraient de le mettre en garde. Galvanisé par le savoir des plus grands et peu ambitieux de nature, le petit Chironian lui, les croyait sur paroles. S'il avait le désir d'être assez bon pour devenir un chevalier, il n'envisageait pas de devenir le maître du monde, et encore moins le plus fort de tous les Jedis. Cela le rendait sans doute un peu poussif parfois-bien qu'il ne manque pas de volonté- mais au moins, c'était un Padawan stable que les Chevaliers n'hésitaient pas à mettre en contact avec les plus bancales d'esprit à leur insu. Apparemment, Sammy était une bonne influence, juste que lui ne le savait absolument pas.

- Merci c'est gentil.

Rougissant sous le compliment, tout en ayant soigneusement choisi d'ignorer la mini insulte qui s'y était glissée, faisant référence une fois de plus à son manque de "cool'attitude", le Chironinian hésita à en rajouter. Il avait un peu peur de sembler arrogant mais d'un autre côté, il avait aussi envie de briller un peu devant ce cher Kolin.

- Oh bah j'ai beaucoup de minichore... Mini-chlorans... Chloriens il parait. Enfin pas le maximum hein non plus, mais ça aide ! Et puis, j'ai eu de la chance aussi que le vaisseau tombe en miettes. Il était sûrement pas aussi concentré qu'il aurait dû pour me griller le pelage.

En effet, si les blessures du petit garçon avaient été assez profondes, il avait surtout eu de la chance et en était conscient. Rien qu'en songeant à la douleur causée par les éclairs, Sammy sentit son échine frissonner. Il se disait prêt à ré-affronter des Siths mais souhaitait de tout coeur ne plus avoir à le faire intérieurement.

- Un cadavre de quoi ? !

S'était exclamé Samaël désormais concentré sur "l'inintéressante" histoire de Kolin. Portant ses petites mains à son visage horrifié, le gamin en était venu à se ronger les ongles nerveusement. Ongles qu'il délaissa en entendant le mot "dent". Ca n'avait aucun sens ! Pourquoi avait-il dû récupérer une dent sur un cadavre ? Et puis une dent de quoi d'abord ? Franchement le centaure avait tout à coup envie de balancer une bonne enguirlande à son nouveau copain. Quel naïf !!! Cette histoire c'était du grand n'importe quoi, même un fleur bleue comme lui le savait... Ou peut-être pas... Vu le monde de fous dans lequel on vivait, c'était possible après tout. Qui étaient ces gens-choses qui avaient eu le coeur de planter une "dent" dans un cadavre ? Qui avait fait de ce corps un cadavre d'ailleurs ? Et tous ces vers ? Fasciné, le souffle coupé et les yeux arrondis, le jeune Chironian s'était à demi-dressé sur ses pattes de devant, les flancs battants.

- Je...

Bégayant tandis que la fin de l'histoire était arrivée sans qu'il ne s'en rende compte, Samaël hésita sur ses mots, même si ses convictions étaient claires. Malgré sa terrible peur, le jeune garçon se sentait apte à aller aider Kolin. Enfin, dès qu'il aurait retrouvé l'usage de sa voix, le gamin pourrait lui le proposer.

- Ouah... Ben je suis pas sûr de vouloir connaître tes histoires pas intéressantes hein. Et... Je... Ouais, j'viendrai ! Même si je sais pas conduire non plus, mais je peux apprendre, ou faire autre chose... Et puis quand on aura grandi, on saura faire plus de trucs.

Car oui, il leur fallait attendre encore un certain temps avant d'aller sauver les gens de cette cour, histoire que ça ressemble plus à une mission qu'à un miracle justement. Prestement, encore secoué par le récit, Sammy se leva du lit pour se diriger vers Kolin. Très sérieux, il tendit sa menotte, le dos bien droit et le poitrail équin en avant, queue redressée comme ces fiers pur-sangs courant les dunes désertiques.

- Moi j'm'en fiche pas des gens de chez toi ! On va apprendre out plein de choses et on ira les aider ! Mais... ça tu en as déjà parlé aux Maîtres ? Eux se moquent jamais des gens tristes... Ils pourraient y aller avant même qu'on soit grands et aider ton frère et tes amis. Ils sont toujours là-bas, tous, nan ?

Proposa le Chironian, loin de se défiler mais désireux de sauver ces victimes au plus vite, et surtout, persuadé que le Conseil détacherait de suite une troupe de chevaliers Jedis pour sortir les gosses de cet immonde endroit. Si son propre petit coeur chevaleresque bondissait d'indignation, Sammy était persuadé que celui des adultes exploserait, les guidant jusqu'à la source du mal pour en libérer les victimes. Oh oui, il en était intimement persuadé. Les Jedis étaient des héros après tout.

- J'espère devenir Chevalier un jour, pour aider tes amis, mais aussi... Tous les autres comme eux, car y'en a plein dans la Galaxie. Des cas trop bizarres, flippants, tristes et pas cool du tout. Tu en as entendu parler toi ? Ici, ce sont les cours que j'aime le moins mais on doit quand même pas se voiler les fesses... Euh la face... Comme on dit. Il faut vraiment le savoir.


Acheva-t-il d'un ton engagé.
Kolin Valkizath
Kolin Valkizath
Messages : 376
Eclats Kyber : 5
- J’sais pas combien j’en ai non plus.

Fit remarquer Kolin en se relevant du lit pour rejoindre le chironian. La question de savoir quel taux de mini-chlorians revenait parfois dans les discussions des autres padawans du dortoir. Le sale gosse de Coruscant, lui ne prenait que rarement part à ces débats.

- Un cadavre de chasseur de primes, un soldat ou une balance p’têtre. Je ne sais pas trop. Un type qu’a pas eu de chance.

En réalité et bien que Kolin ne le sache pas, le jeu avait été inventé par un gang local. Le cadavre tant convoité n’était rien d’autre qu’un mauvais payeur, les voyous des souterrains ne s’encombraient pas de scrupules et encore moins de remords. La cour des Miraculeux était ainsi faite, elle reposait sur un ordre établi et délicat. Pour survivre il fallait être malin, connaître les bonnes personnes et surtout savoir éviter les mauvaises. Tous les gosses en âge de parler savait que certains endroits ou que certains petits boulots pouvaient vous attirer plus de problèmes de que de crédits.

L’histoire semblait avoir retourné son nouvel ami ce qui eut le don d’arracher un nouveau sourire à Kolin, il n’était pas quelqu’un de prétentieux mais il était toujours plaisant, surtout à son âge, de savoir qu’on pouvait faire un peu d’effet aux autres. Cependant quelque chose lui échappait, Samaël était très courageux, toutes ses histoires semblaient le prouver, alors pourquoi cette réaction exagérée.

En voyant sa main tendue, Kolin le jaugea un instant cherchant à comprendre le fin mot de l’histoire. Il finit par de détendre et empoigna la patte du padawan qu’il serra avec fermeté. Il cracha ensuite sur leurs deux mains comme il était de coutume de là où il venait. Enfin, de sa main libre il encouragea son camarade à l’imiter.

- Faut cracher pour qu’une promesse ait de la valeur. De là où tu viens on fait pas de promesses ?

Le centaure n’avait nullement parlé de promesse mais en tendant sa main, il avait fait acte de foi comme le disaient les malheureux. Proposer sa main était un acte portant une grande valeur dans les souterrains.

Le petit chironian avait bon cœur, Kolin pouvait le sentir, quelque chose ne trompait pas. Il était si différent des gens qu’il avait connu qu’il lui faisait presque peur. Mais il avait une capacité terriblement désarmante, celle de détenir les clés des cœurs. Plus il parlait plus les verrous du petit humain semblaient se déverrouiller. Son air niais qui l’agaçait, ses paroles mièvres aussi mais il avait un petit quelque chose de profondément bon en lui.

Sans relâcher la patte, il ricana doucement à ces nouvelles vertueuses paroles.

- Y a Agnar et Mikko, mes p’tits frères. C’est des jumeaux. Mikko à mal aux poumons souvent mais il adore faire des blagues, une fois on a fait croire à ma mère qu’il était mort quand elle rentrait du travail. Elle a crié puis quand elle a vue qu’il respirait elle nous a couru après dans tout l’immeuble. Agnar il est tout p’tit et il dit qu’il sera mécano plus tard. Ils sont petits, c'est moi qui m'occupais d'eux quand ma mère était au travail. j'prenais soin d'eux.

Il marqua une pause et libéra finalement la patte de Samaël et s’allongea sur son lit. Le garçon sortit par le col de sa bure un pendentif mal taillé en forme de lune, il le fit danser entre ses doigts alors qu’il reprenait son histoire d’une voix plus sombre.

- Joris c’est mon grand frère, c’est le plus courageux de tous ! Il est parti de là où on vivait y a longtemps pour devenir soldat. J’sais pas où il est mais j’suis sûr qu’il va bien.

Sa voix s’était déformée alors qu’il parlait. Converser de sa famille était un acte inédit. En se murant dans le silence, Kolin avait fait le vœu de ne pas souffrir de la solitude. Il avait promis à ses frères qu’il serait fort et reviendrait pour leur offrir un avenir meilleur. La simple évocation de son ancienne vie réveilla le manque, la peur qui l’habitait tout entier, la peur de ne pas avoir fait le bon choix, la peur de ne pas être à la hauteur, la peur de décevoir Joris.

Il tourna la tête en direction du mur pour sécher une larme qui s’était tapie dans le recoin de sa paupière. Il haïssait cette faiblesse : là où ses tourments étaient mis à nu, plaie qu'on exhibe pour mieux y enfoncer la lame. Cette sensibilité qu’il retranscrivait, il la maudissait. Cette partie de lui qui parfois surgissait hors de son armure de glace. En se livrant comme il le faisait en ce moment-même, il laissait s'éveiller celui qu'il tenait étranglé, quelque part au fond de lui

[color=pink]- Joris dit que la République et les Jedis ont autre chose à faire que d’aider les gens des souterrains, c’est pour ça qu’il est partit, pour changer les choses. Et moi j’veux aussi le faire. On pourra le faire ensemble. Joris dit que le problème c’est pas les mauvaises personnes, c’est ceux qui font rien.

Répliqua Kolin quand Samaël parla des Maîtres Jedis avec amertume.

- Mais t’sais dans la cour des miraculeux c’est pas des rigolos, ils te tranchent la gorge si tu les regarde de travers.

Il fit le signe en plaçant son index sur son cou.

- Et toi, t’as qui sur ta planète ? Tu sais pas du tout où elle est ? Si tu m’aides, je t’aiderais à retrouver ta planète un jour pour que tu puisses les aider et qu’ils soient fiers de toi. Pis tu sais, j'crois que les cas les plus tordus, ils sont ici au Temple.

Tripotant nerveusement son pendentif. Kolin trouva finalement la force de remercier pour la première fois son camarade pour l’avoir tiré du mauvais pas dans la salle de cours.

- Merci, pour tout à l’heure. Je t’en dois une, tu peux demander c’que tu veux.
Invité
Anonymous
Malgré un petit côté naïf, Samaël savait que sa carrière de Jedi, pourvu qu'elle s'étende au-delà de l'apprentissage, l'obligerait à voir des cadavres, et sans doute en faire apparaître de nouveaux en se défendant contre des criminels peu adeptes de la diplomatie. Que serait-il arrivé d'ailleurs, si le vaisseau n'était pas parti en miettes quand Sammy tentait vainement de se défendre ? Se serait-il transformé en cadavre ou directement en cendres, oubliées dans l'explosion ? L'idée le faisait frissonner, de la même manière qu'il n'avait aucune envie de se retrouver face à un corps sans vie. Néanmoins, il imaginait bien ne pas avoir le choix, et tout en plaignant Kolin d'avoir déjà assisté à ce type de scène, il l'admirait pour sa flegme, voir l'enviait pour son apparente indifférence. Comment avait-il supporté le spectacle ? Au point de s'en jouer au nom d'un stupide pari ?

Un petit bruit désagréable sortit Samaël de son tourbillon de questions, finalement il n'en posa aucune, incapable de donner la priorité à toutes ces interrogations inquiétantes et morbide. Un peu dégoûté, il se contenta de jauger la main de Kolin, pleine de bave avant de cracher dans la sienne du bout des lèvres.

- Si on promet, mais de façon plus hyginénique... Hyginénénique, bref, tu m'as compris.

Ne put s'empêcher de dire le gamin avant de serrer la poigne de son camarade, puis de se lever pour courir au lavabo. Son geste cassait quelque peu la magie de la symbolique mais si primitifs paraissaient les siens, ils lui avaient toujours enseigné à conserver une certaine hygiène de vie - à défaut de savoir prononcer ce mot.-

- Pauvre mère !

Répliqua Samaël en imaginant le mal être de la femme dont Kolin lui racontait les mésaventures, tandis qu'il revenait près du lit, essuyant ses doigts encore mouillés par l'eau du robinet sur son pelage. Néanmoins, la scène vécue par procuration parvint à lui tirer un sourire. Le gamin en avait lui aussi fait voir des vertes et des pas mûres à ses géniteurs bien qu'il soit sage de nature.

- Personne ne peut soigner Mikko ?

Interrogea-t-il, plus sérieux, encore inexpérimenté mais déjà imbibé de l'esprit Jedi. Les sourcils froncés, la mine soucieuse, le Chironian semblait avoir apprit la maladie d'un proche, mais il n'exagérait même pas à vrai dire, sincèrement touché. C'eût été un inconnu, le gamin se serait contenté de compatir, déjà fortement troublé, mais cette fois, c'était pire encore, car il s'agissait du frère de son "pote".

- On ira.

Dit Sammy, réitérant sa promesse malgré une certaine crainte à l'évocation de gorges coupées. Les amis étaient faits pour ça, pas juste pour parler, il le savait, éduqué dans l'honneur depuis tout petit.

- J'ai mes parents et mon camps, mais je pouvais pas trop y rester toutes manières, alors ça tombe bien que je sois Jedi. Chez nous, on a des cornes qui servent beaucoup, pour la symbolique j'crois, un truc du genre, moi je les ai pas... Donc même si la majorité étaient gentils avec moi, bah, j'avais pas ma place. Oui, un jour peut-être qu'on retrouvera ma planète, j'sais pas. Le Jedi qui m'a trouvé avait atterri là par hasard, et il a jamais rentré les coordonnées, en plus les Chironians savent à peu près où ils se situent dans l'Univers mais ne m'en ont jamais parlé... Et ils ne voyagent pas du tout, mais si la Force le veut, ainsi soit-il.

Déclara sagement Sammy quoiqu'un peu nerveux. Visiblement, il essayait de surmonter sa peine pour se résigner définitivement. Il serait plus douloureux pour lui de continuer à trop espérer, tout comme il se faisait du mal en parlant trop des siens, mais se battre sur tous les fronts à 10 ans était difficile. Heureusement, maintenant le Centaure n'était plus seul. S'il avait eu des camarades, s'intégrant plutôt bien au Temple, il n'avait pas vraiment eu de copains, toujours un peu en décalage malgré lui.

- On est copains, on compte pas les faveurs.

Acheva-t-il avec un grand sourire venant effacer les derniers signes de tristesse sur son visage. La rencontre s'était finalement très bien passée, contrairement à ce que suggéraient leurs caractères différents, le passage difficile de Kolin, l'un de ces fameux cas tordus. Sans compter que malgré sa gentillesse, Samaël avait aussi ses spécificités. Bref, autant dire que ces deux là s'étaient bien trouvés.

- On fait nos autres devoirs ensemble ? Ça ira plus vite, et après on pourra jouer... Ou s'entraîner pour aller dans la cour des Miraculeux !

Proposa finalement le gosse, revitalisé. Le cadre qu'ils offraient était touchant, et si un chevalier avait pu les voir en ce moment, connaissant leur ancienne vie, il leur aurait probablement souhaité de profiter de leurs derniers zestes d'innocence, déjà bien entamés. Que l'entraînement soit un jeu pour eux, que les devoirs constituent leur plus gros problèmes, car leur futur quoiqu'honnête et peut-être glorieux s'annonçait sombre. Les Jedis ne vivaient pas souvent longtemps, et sûrement pas à l'abri des cauchemars.
Kolin Valkizath
Kolin Valkizath
Messages : 376
Eclats Kyber : 5
Kolin pouffa sans discrétion aucune quand le chironian fila se laver les pattes. Fragile. Les microbes ne tuaient pas les gens ou du moins pas avant de longues années. Pourquoi fallait-il se préoccuper de quelque chose qui pouvait vous tuer dans vingt quand tellement de choses pouvaient vous ôter la vie dans les vingt prochaines minutes ? En attendant le retour de Samaël, l’humain rangea précautionneusement le pendentif offert par Joris dans l’encolure de sa bure fixant le plafond en pensant distraitement à ses petits frères.

- Vot’ majesté se sent plus propre ?

Railla, goguenard le garçon compensant son trop plein de sentiments exprimés quelques minutes plus tôt par une remarque acerbe dont il avait le secret. Techniquement parlant, même si le crachat avait été lavé le serment, lui, demeurait, certains puristes du « serment craché » ne se lavaient pas les mains pendant une semaine après ce type de promesse mais le padawan n’était pas aussi regardant sur les détails.

Il soupira face à la naïveté de son compagnon mais néanmoins l’envia de sa candeur. Il n’avait jamais dû être confronté à la misère, il n’avait probablement pas eut à choisir entre manger ou se soigner. Dans l’univers de Kolin, chaque crédit, chaque ressource précieuse qui comptait comme un très. Parfois, le simple fait d’être en bonne santé était un luxe que sa famille n’avait pas les moyens de s’offrir. Encore maintenant au Temple, le garçon culpabilisait de terminer son assiette – et refusait d’ailleurs souvent de le faire – ayant honte de cette indécence satiété alors que tant d’autres crevaient de faim, oubliés de tous à commencer par les siens. Il ne jugeait pas Samaël, l’enviait plutôt. S’il portait lui aussi son fardeau et ses douleurs, au jeu du plus malheureux, il ne gagnait pas.

- Faut du fric pour se soigner.

Répondit-il simplement en haussant les épaules comme si la réponse était évidente.

Frustré, Kolin finit par se raviser devant l’enthousiasme de son copain, qu’il le veuille ou non la bonne humeur et le tempérament amical de Samaël lui plaisait. Miroir inversé de sa propre personne, lui ayant grandi trop vite ayant été témoins et victime de bien trop d’injustices. Les deux padawans étaient si différents, sud et nord, feu et glace. Mais alors d’où venait ce sentiment qui l’étouffait, l’assourdissait ce sentiment qui lui faisait croire que Samaël pourrait être à ses côtés jusqu’au dernier jour, cette drôle impression de confiance. Pourquoi n’avait-il pas fui comme avec tous les autres qui avaient croisé son chemin depuis son arrivée au Temple. La Force peut être, elle était souvent de bon conseil et ne laissait rien au hasard. Comme pour la famille du chironian.

- T’as raison pour la Force, elle nous attend souvent où on s’y attend pas, c’est comme ça. T’es genre un super chironian, les cornes c’est moche en plus.

Kolin ressentit la tristesse de Sammy, il fit mine de ne pas la voir ou de la ressentir. Personne n’aimait être plaint par les autres. Il se permit toutefois de mettre une petite tape sur l’épaule de son compagnon en se levant du lit. Nouveau signe qu’il n’y était pas totalement insensible.

- Allez chiale pas vieux, ça fait pas pousser les crédits t’sais. Ouais, tu l’as dit : on est copains, si t’as b’soin tu sais où me m’trouver. On ira botter l’cul de tous ces crétins dans la Cour.

Le garçon empoigna son sabre laser et se dirigea vers la porte du dortoir abandonnant le petit centaure dans le dortoir. Cette rencontre lui avait ouvert les choses sur plusieurs éléments, il ne serait plus aussi seul qu’avant dans le Temple et s’était trouvé quelqu’un capable de le supporter et réciproquement. Il aimait la solitude, ou plus exactement y était habitué, aussi la recherchait il par réflexe, même s'il était rare de la trouver étant donné le nombre impressionnant de pensionnaire. Mais la Force en lui offrant un nouveau partenaire de jeu l’avait fait réfléchir. Les règles changeraient.


- Jouer ? Je joue jamais, jouer c’est bon pour les gosses…

Il roula les épaules à sa dernière phrase en bombant légèrement le torse, il claqua ensuite des doigts en faisant un clin d’œil complice et volage à Samaël.

- Première leçon pour être cool gratuite. La prochaine quand tu veux.
Le garçon s'éclipsa par la porte pour son cours de rattrapage au sabre.
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
skin made by
© jawn