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HRP : Se passe quelques temps avant l'event IX

Alors que la journée touchait à sa fin après une paisible journée dans la Rotonde, enfin aussi paisible que possible tout du moins, compte tenu de la situation. Même entre deux crises majeures, les journées était rarement calmes en politique. Alors que les divers sénateurs terminaient leur journée, Lana avait regagné ses quartiers privés à l'intérieur du Sénat Galactique, et s'était préparée à la suite. Pour elle, la partie intéressante de la journée ne faisait que commencer.

Ce soir, elle recevait une invitée de marque.

Sur son agenda, affiché sur son datapad, toute la soirée avait été réservée pour une entrevue avec Emalia Kira. Cela faisait des semaines qu'elle avait posé ce créneau et l'avait fait valider auprès des secrétaires de la reine d'Ondéron. Cela n'avait pas été une mince affaire, même en s'y prenant autant de temps à l'avance ! Emalia avait réellement un emploi du temps de ministre ! Cette expression n'avait probablement jamais été aussi bien employé, parce que ministre, elle l'était bien ! Suite à tous les évènements malheureux ayant suivi l’élection de Valérion, la reine avait persévéré en politique jusqu'à atteindre le poste de Ministre du Travail. Lana ne l'enviait guère, car un poste au gouvernement était terriblement ingrat. Elle préférait tirer les ficelles depuis les ombres, son élément bien à elle.

L’élection de Valérion... C'était à ce moment qu'elle avait fait pour la première fois connaissance avec Emalia. Au delà de la simple considération politique, elle avait réellement apprécié la jeune femme. Une personne qui pouvait comprendre ce qu'elle ressentait, c'était rare. Elle espérait que cela était réciproque, mais elle n'avait jamais pu le tester. Le reste des évènements s'était enchainé trop vite... Il y avait eu la tentative de kidnapping des enfants d'Emalia, que Lana avait aidé à contrer, puis les évènements autour de la mort du Chancelier, la montée en politique de la reine... De son côté, Lana avait préféré lâché rapidement l'affaire et se concentrer sur Tess, son apprentie. Tout juste avait-elle croisé la reine quelques fois dans les couloirs

A présent que la situation était plus calme, elle allait revenir à la charge. Outre les avantages politiques que cela pourrait lui conférer, elle tenait réellement à connaître Emalia. Une soirée informelle, de la même façon que la fois précédente. Une soirée de détente déguisée sous des allures officielles, afin que les autres ne viennent pas les déranger. Elle avait accompagné l'invitation d'un petit mot manuscrit disant "Comme la dernière fois". Elle espérait que la sénatrice Kira comprendrait le sous-entendu.

Lana se changea rapidement, adoptant dans l'optique de la soirée une tenue détendue qu'elle n'arborait en général que lorsqu'elle était seule, à savoir une chemise blanche toute simple, avec une paire de braies assez larges, d'un noir profond sans aucun ornement. Ses longs cheveux noirs étaient peignés et tombaient librement dans son dos. Elle n'était pas sûre de son coup, d'avoir adopter une tenue decontractée, car si Emalia arrivait en grande pompe dans des habits somptueux, elles se sentiraient toutes deux terriblement gênées... Tant pis, c'était un pari à prendre. Elle alla s'installer dans la pièce principale de ses appartements, et compulsa quelques dossiers sur son datapad en attendant son invitée.

Son salon était plongé dans l'obscurité, à une luminosité toutefois assez forte pour qu'un humain moyen devine la forme des meubles. Comme ses invités et ses serviteurs avaient tendance à heurter tout ce qui trainait à cause de la faible lueur diffuse des quelques lumiglobes au plafond, la salle était impeccablement rangée, et il n'y avait pour seul meuble qu'une table basse au centre de la pièce. Tout le reste, quelques armoires de rangement et un écran pour l'Holonet, était aligné le long des murs, ce qui donnait un air austère et sinistre à la pièce, surtout dans le noir. En général, cela lui servait, car elle ne tenait pas spécialement à mettre ses interlocuteurs à l'aise. Ce soir cependant, elle espérait que cela ne lui porterait pas préjudices.

Lorsqu'on frappa à sa porte, elle se leva et alla ouvrir elle-même. Elle avait congédié tous ses domestiques, et avait envoyé Tess en mission bien loin, afin de ne pas l'avoir dans les pattes. Elle espérait que la reine viendrait également seule. Que ce soit pour des discussions personnelles ou politiques, elle n'aimait pas les oreilles indiscrètes... Surtout quand celles-ci n'étaient pas à son service.
Emalia Kira
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Emalia vérifia machinalement l’arrangement de ses cheveux, avant de bondir du fauteuil de sa coiffeuse pour aller rajouter un commentaire à un dossier sur son datapad. Il était loin, le temps où de longues heures étaient dépensées à admirer sa propre image dans les miroirs flatteurs de ses appartements luxueux. L’opulence, bien sûr, était toujours présente, mais en jouir était devenu un luxe lui-même, qu’Emalia ne s’autorisait pas.

Pas tant que sur sa planète planait toujours la menace d’une cession à l’Empire. En quelque sorte, en son for intérieur, il y avait longtemps qu’elle leur avait déclaré la guerre. Un point qui la rapprochait des Jedi… Enfin, elle l’avait cru un temps, mais l’Ordre lui-même semblait s’être décidé à faire la paix avec les Sith. C’était toujours pareil, avec eux : dès qu’on leur donnait raison sur un point, ils changeaient d’avis pour vous ennuyer. De véritables plaies sociales, voilà ce qu’ils étaient !

Une longue robe de soie bleu nuit faisait ressortir la pâleur de sa peau délicate, et le froufrou des tissus lorsqu’elle se déplaça jusque dans son salon lui rappela les soirées distinguées auxquelles elle avait l’habitude de participer, dans une autre vie. Des soirées légères, teintées d’alcool, de rires, et de faux semblants voués à séduire. Aujourd’hui, Emalia ne s’accordait plus ces petites douceurs… Enfin, presque plus. Ce soir, elle ne serait pas forcée d’être une politicienne, elle pouvait être la jeune femme guillerette d’autrefois, celle qui voulait goûter à tous les plaisirs, parler à tous les individus importants. Celle qui voulait manger la galaxie.

Elle choisit une paire d’escarpins pas trop élevés, car elle ne souhaitait pas s’épuiser outre-mesure – elle était déjà à bout de souffle après une journée de réunions et de lecture de rapports en tous genres. Elle hésita : devait-elle porter de beaux bijoux ? Officiellement, elle était invitée à une soirée de travail. Officieusement, le petit mot laissée de la main de Lana laisser présager des discussions beaucoup plus légères. Emalia tenait à être présentable, comme si sa beauté était un joyau à chérir et exhiber jusqu’à ce qu’il ne se tarît, mais il était inutile de vouloir impressionner par des ornements de grand éclat. Elle choisit donc de ne rien ajouter à sa parure, sa robe étant suffisamment élégante pour que l’on crût bien à une soirée diplomatique, si jamais des paparazzis s’amusaient à la suivre.
Enfin, dernières précautions avant de partir, Emalia consulta une dernière fois ses messages pour vérifier qu’aucune urgence ne se présentait, puis demanda à Mira, sa fidèle gouvernante, de veiller à ce que Mylésia ne se coucha pas trop tard. La petite échangeait parfois des messages écrits très tardifs avec une certaine petite balosar… Et la Ministre n’était pas sûre que ce fût réellement de bon augure. L’heure du coucher était un excellent prétexte pour couper court à leur amitié potentiellement malvenue.

Moins d’une demi-heure plus tard, Emalia parvint aux quartiers de la Sénatrice Anthana. Avant de sonner, elle congédia le membre de sa garde personnelle qui l’avait accompagnée, et celui-ci alla se poster plus loin pour attendre la fin du rendez-vous. Il allait probablement devoir être patient.
En sonnant, Emalia n’eut pas besoin de se forcer à se composer un visage avenant : la perspective d’une soirée de détente était inespérée depuis le départ de la Chancelière Von, mais Lana lui avait offert la perspective d’un moment de relâchement sur un plateau d’argent.

Lorsque la Sénatrice ouvrit la porte de son appartement – elle-même, pourtant, Emalia eut un bref instant de surprise : contrairement à elle, Lana n’était pas du tout fardée, une simple tunique blanche la recouvrant et ses cheveux lâchés avec liberté sur ses épaules. La Ministre se félicita en son for intérieur de n’avoir pas insisté sur une tenue trop formelle, quoiqu’elle ne se fut pas non plus attendue à une soirée pyjama. Mais l’incongruité de la situation la fit sourire et la mit de bonne humeur. La Ministre resta devant la porte de l’appartement, tandis qu’Emalia, la jeune ondéronienne insouciante, entrait à la rencontre d’une vieille amie d’une autre planète.

- Lana ! Quel plaisir de vous voir enfin vraiment, sans que ce ne soit que vous croiser dans un couloir sans avoir le temps d’échanger !

Elle suivit son hôte dans ses appartements sombres, se rappelant que les umbarans n’appréciaient pas la lumière. Elle se sentit un bref instant mal à l’aise, avant de se dire que c’étaient les us et coutumes d’un autre peuple, et que ses yeux finiraient bien par s’accoutumer à cette obscurité. Celle-ci avait le don d’effacer les différences d’apparat entre Emalia et Lana, qui plus était. .
Emalia attendit d’être guidée avant de poursuivre.

- Lana, avant toute chose, je crois bien que j’ai manqué à mes devoirs les plus élémentaires. Dans la panique des évènements, il y a quelques mois… Je veux dire, je dois vous remercier pour avoir tenté de défendre mes enfants. Je suis emplie de honte de penser que je ne vous ai jamais remerciée que je l’aurais dû, à ce moment-là, alors que vous avez été blessée pendant cette opération.

Elle écarta brièvement les mains, paumes ouvertes, pour lui prouver sa sincérité.

- Je ne sais pas ce que je pourrais faire pour vous en échange, mais… Je m’en souviendrai, le jour venu.

Un doux sourire se peignit sur les traits d’Emalia. La colère qu’elle avait éprouvé durant des mois s’était émoussée, laissant place à la culpabilité d’avoir échoué à l’élection et d’avoir laissé ses enfants exposés à un tel danger. Pourtant, avec le temps, ces sentiments s’étaient transformés en une nouvelle détermination : c’était en se relevant que l’on parvenait au bout du chemin, aussi dangereux soit-il.
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Emalia se présenta à l'heure convenue, dans une tenue sobre mais élégante. Dommage, Lana aurait tellement souhaité la voir dans une tenue décontractée, pour une fois ! Au moins n'était-elle pas en costume de soirée. Sans doute avait-elle tenu à rester discrète en circulant dans les couloirs du Sénat. Elle n'avait pas pensé à ça. Tant pis. Elle réfléchirait à ce problème la prochaine fois. Après les salutations d'usage, quoique moins formelles que si la réunion avait été officielle, Lana fit entrée la reine Kira dans ses appartements, lui glissant rapidement de faire attention où elle posait les pieds dans l'obscurité ambiante de la pièce.

Elle invita Emalia à s'asseoir sur un petit coussin, afin de s'installer devant la table basse, avant de prendre place elle-même. Par habitude, elle retourna son coussin avant de s'asseoir, s'assurant ainsi qu'il n'y avait rien en dessous, que ce soit un piège ou autre. Les vieilles habitudes umbarannes avaient la peau dure. Ce sentiment d'insécurité s'était encore accentué depuis son dernier séjour sur Umbara, où elle avait bien failli se faire assassiné. Cette précaution ne l’empêcha cependant pas d'écouter le discours de son interlocutrice, et de ne pas perdre une miette des informations données. C'était agréable que de savoir la sénatrice d'Ondéron sa débitrice... C'était en partie pour ce genre de situation que Lana avait pris soin de sa relation avec la Reine ! Elle appréciait également sa compagnie, cela va sans dire, mais ce n'était pas une raison tout à fait suffisante aux yeux de l'umbaranne.

Alors que les deux femmes prenaient place, la maitresse des lieux augmenta légèrement la luminosité, la poussant à la limite de ce qu'elle pouvait supporter sans douleur. Elle savait que les extra-umbarans se sentaient mal à l'aise dans l'obscurité, enfin la plupart d'entre eux tout du moins. Cette soirée étant à but de détente, tout du moins en apparence, elle devait bien faire quelques concessions. Dans cette nouvelle pénombre, Emalia pouvait surement voir bien plus de détails qu'avant. Elle pourrait surtout voir les yeux brillants de son interlocutrice. Lana savait qu'ils avaient souvent un effet presque hypnotique chez les humains, tel le regard brillant d'un félin à l'affut.

- Oui, les élections... fit-elle d'un ton songeur.

Tant de choses s'étaient passées depuis, mais elle se souvenait très bien des évènements. Elle avait aidé à défendre les enfants de la Reine face à un kidnappeur sith, avec un bilan fort mitigé
.

- Je pense que des remerciements ne se seraient imposés que si j'avais effectivement réussi à défendre vos enfants, ce qui n'a pas été le cas. Je dirais presque que j'ai failli à cette mission, mais bon... commença-t-elle.

Elle déboutonna le bouton le plus bas, et souleva un pan de sa chemise blanche, dévoilant sa peau de nacre. A quelques centimètres à gauche de son nombril s'étirait une longue cicatrice blafarde, résultat du coup de couteau qu'elle avait encaissé durant l'action.


- ... Je garde maintenant un petit souvenir pour me rappeler ce qu'il en coûte d'échouer.

C'était probablement mesquin de la part de Lana d'exhiber ainsi sa cicatrice. Elle voulait qu'Emalia se sente coupable. Qu'elle sache ce que Lana avait enduré pour elle, même si cela avait été bien involontaire de sa part. Lana ne faisait rien sans rien, et cela était également vrai auprès de ses amis. Dans ce cas précis, la princesse souhaitait mettre son interlocutrice devant les faits, et pas devant un simple compte rendu écrit par quelqu'un d'autre. Cela devrait suffire à renforcer le sentiment de dette que la reine éprouvait envers elle. C'était un coup bas de sa part, mais il fallait bien qu'elle retire quelque chose bénéfique de cette soirée, quelques mois auparavant, qui avait été un complet fiasco pour elle.

Elle rabattit le pan de sa chemise et la reboutonna, pour être un minimum présentable, et poursuivi.

- Enfin, ce soir là, je ne suis pas la seule à avoir eu une dure soirée me semble-t-il. J'ai pu revoir les retransmissions, ça a été un sacré débat je trouve. Je regrette de ne pas avoir été là pour vous soutenir. Elle se disait cependant en son for intérieur qu'elle ne l'aurait peut être pas soutenue, lors des élections... Mais, qui sait ? Elle n'avait pas pu participer au débat de toute manière.

Elle se leva, et alla chercher deux petits objets dans un sac posé dans un coin. Elle revint s'asseoir, et tendit une petite canette métallique à Emalia.


- Ce n'est pas de l'alcool, prévint-elle, c'est une sorte de boisson sucrée, ou énergisante. L'un ou l'autre en tout cas, je n'ai pas bien saisi. Lorsque j'ai demandé un produit de la vie courante, c'est ce qu'on m'a rapporté. J'avais l'habitude d'en boire, quand j'étais jeune.

Quand elle était sur Umbara, oui, elle était pas mal accro aux sodas. Comme tous les autres jeunes par ailleurs. C'était plus de dix ans auparavant, mine de rien... Elle en avait presque oublié le goût que cela pouvait avoir. Elle tendit sa canette vers Emalia, comme pour lui proposer un toast :


- Ce soir, quittons les hautes sphères du pouvoir, et rapprochons-nous un peu de la vie de nos concitoyens, qu'en pensez-vous ?

Elle se demandait vaguement si la reine Kira avait déjà bu du soda. A quoi pouvait bien ressembler la jeunesse d'une monarche ? Ayant vécue une bonne partie de sa vie au milieu de la populace la plus basique, Lana n'en avait aucune idée.
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Emalia fut conduite à une petite table basse, devant laquelle elle s’assit sur un coussin. Le côté bohême de cette rencontre la ravissait : l’illusion de la simplicité, comme si Lana et elle n’étaient que deux amies qui se réunissaient devant un thé loin des apparences de la politique, avait un goût d’évasion qui détendait la Ministre. Décontractée, elle s’assit de côté, laissant ses jambes à demi dépliées et s’appuyant sur une main dans l’obscurité. Comme dans un tableau ondéronien du siècle dernier, songea-t-elle avec amusement. La lumière tamisée ajoutait à l’effet artistique. Une ambiance parfaite pour une Reine…
Car oui, elle était une altesse avant d’être une bureaucrate, et des moments tels que celui-ci lui permettaient de s’en rappeler, de se souvenir de ce que son destin était hors norme, au-dessus du commun des mortels. De se souvenir de son identité, celle égocentrique de la Reine à qui l’on donne tout, et celle humble de celle qui servira jusqu’à ses derniers jours son peuple et sa planète bien-aimée. Se rappeler que c’était cette identité-là qui l’avait conduite jusqu’ici, et non la soif du pouvoir, comme la plupart de ses confrères, lui rendait de l’assurance, de l’espoir, de la détermination. De la légitimité.

La Sénatrice de Kuat dévoila sa cicatrice qui marquait son ventre d’une manière peu élégante. Emalia grimaça, affligée par le sceau indélébile que Lana devait désormais porter pour s’être interposée entre les enfants de la Ministre et ses détracteurs. Cela ajouta à la culpabilité de la Reine, qui soupira. Le corps immaculé d’une aristocrate, ainsi bafoué… Elle ne s’imaginait pas en faire autant pour Lana !

- Je suis terriblement désolée, répéta-t-elle simplement, quelque peu mal à l’aise mais avec la volonté de surmonter ce sentiment désagréable pour pouvoir montrer sa bonne foi.

Mais elle ne trouvait rien d’autre à ajouter pour cela. Elle se promit simplement intérieurement de tenter de rendre la pareille à sa consœur, d’une autre manière, le jour où l’occasion se présenterait. En politique, il y avait tellement de remous… Que ce jour-là se présenterait tôt ou tard, à moins que Lana ne quittât la politique.

Emalia se laissa servir un verre de soda aux accents fluorescents. L’odeur sucrée évoquait des fleurs exotiques, et Emalia goûta la boisson avec une curiosité sincère, même si son esprit n’était pas spécialement concentré sur sa perception du goût à cet instant. Elle trinqua avec un petit rire avec la Sénatrice de Kuat.

- Cela m’ira très bien pour ce soir, approuva-t-elle. Je ne me suis pas sentie une citoyenne normale depuis…

Elle mima une réflexion profonde, avant d’ajouter sur un ton léger :

- Ah, pardon, je ne me suis jamais sentie une citoyenne normale. Mais il n’est jamais trop tard pour essayer !

Elle eut un nouveau rire avant de goûter une nouvelle fois la boisson. Par habitude, ses yeux couraient autour d’elle pour détailler la pièce. La lumière douce les enveloppait, comme dans un cocon loin du reste du monde, et le bâtiment était suffisamment bien insonorisé pour que la circulation de Coruscant ne leur parvînt pas. Pour une fois qu’elle pouvait se détendre un peu sans prendre garde, Emalia se laissa quelque peu aller, sa vigilance s’évanouissant avec l’aise. Au Sénat, elle se méfiait de tout le monde, mais plus de Lana. La cicatrice était bien une preuve de loyauté envers elle, en quelque sorte, non ? Si Lana lui voulait du mal, elle n’aurait jamais protégé ses enfants.
Emalia haussa les épaules, songeuse.

- Ce débat, oui… C’était un sacré exercice, synthétisa-t-elle. Avec le recul, vu ce qui est arrivé au Chancelier par la suite… Peut-être était-ce aussi bien que l’aventure de la campagne électorale se soit arrêtée là pour moi.

Le regard d’Emalia se perdit dans la contemplation des minuscules bulles qui animaient sa boisson, tandis qu’elle songeait au destin affreux de Valerion Scalia.

- Qui aurait pu penser qu’un Chancelier puisse être si mal protégé ?
s’interrogea-t-elle à voix haute, les sourcils froncés. Je sais bien que le risque zéro n’existe pas mais, tout de même… Que l’on puisse aussi facilement mettre un terme à la vie d’un personnage si important me révulse.

Valerion Scalia avait été odieux avec elle, mais elle ne se réjouissait pas de sa mort pour autant. Avait-il été exécuté parce qu’il était trop virulent ? Ou bien parce qu’il trempait dans des histoires douteuses datant d’avant son mandat, et qui l’avaient rattrapé ?

- Etrangement, commenta-t-elle, je n’ai plus peur pour moi, même si je suis au gouvernement maintenant. On nous a assurés que la sécurité avait été améliorée depuis, avec notamment la présence des Jedi mais… Je crois bien que ça ne change pas grand-chose. Il y a tellement de corruption qu’il est facile pour n’importe qui de s’assurer une entrée dans la Rotonde. Mais non, c’est comme si mon cœur était engourdi : je ne crains pas pour ma vie.

En revanche… Emalia se mordit la lèvre. Elle eut une pensée pour Jake, et se morigéna intérieurement que son amant se sentît lui aussi responsable de la tentative d’enlèvement presque réussie dont Mylésia et Ethan avaient fait l’objet.

- En revanche, je suis transie d’effroi pour mes enfants. Mylésia et Ethan sont trop jeunes pour se défendre et ils ne sont même pas en sécurité au sein du Sénat, ni sur Ondéron que l’Empire menace. Je suis si désemparée que j’ai même envisagé de les confier tous deux au Temple Jedi, ici ou sur Ondéron…

La Ministre pinça les lèvres, amère.

- Mais j’aurais bien trop peur qu’ils leur bourrent le crâne avec leurs sottises de la Force. Mylésia et Ethan sont voués à des vies d’aristocrates, pas à devenir des moines ! Ils sont tellement… présomptueux. J’aurais peur que mes enfants deviennent comme eux !

A la pensée des Jedi, la souveraine avait du mal à garder son calme. Elle les haïssait depuis toujours, mais depuis qu’elle les soupçonnait d’avoir contribué à l’élection de Valerion Scalia, de s’être opposée à elle politiquement, elle avait compris qu’ils jouaient à un jeu plus fourbe que le sien. Ils avaient un jeu bien au-delà de leurs apparences, et Emalia allait devoir en faire autant avec eux si elle ne voulait plus qu’ils se missent en travers de son chemin.
Mais tout cela, pouvait-elle s’en ouvrir à Lana ? Certainement pas. Lana avait un passé houleux avec les Jedi mais… Leur en voulait-elle encore autant ? Est-ce qu’Emalia était la seule qu’ils avaient piégée ? Nul doute que si la Sénatrice voulait cracher sur les Jedi, elle lui avait tendu la perche pour cela…

[HRP : Je suis vraiment désolée Lana, ce sujet était sorti de mon radar, j'avais oublié de te répondre...]
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La sénatrice rabattit le pan de sa chemise, cachant sa cicatrice. Quand elle vit Emalia grimacer, l'air mal à l'aise, Lana sut qu'elle avait réussi son objectif. La reine avait mordu à l'hameçon, elle la tenait. Elle se savait en position avantageuse, ce qui la rassurait un peu. Quoiqu'elle puisse en dire, Lana ne connaissait pas les relations basées sur l'égalité. Tout n'était que rapport de force, et elle se devait alors d'avoir une position dominante, ne serait-ce qu'un peu. Cela lui serait d'autant plus profitable qu'Emalia avait une très grande ambition, et visiblement les moyens d'atteindre ses objectifs. Lana n'aimait pas le devant de la scène et le feu des projecteurs. Les gains y étaient certes plus importantes, mais les chutes bien plus fréquentes... Non, elle était plutôt du genre à rester dans l'ombre pour tirer ses ficelles. Emalia semblait une parfaite candidate pour exercer son influence discrètement !

Lana fixa pendant un instant son soda qui pétillait dans son conteneur métallique, le regard un peu vague. Sa relation avec la reine se résumait-elle à cela ? Un rapport de force ? Un instigatrice de l'ombre et sa marionnette plus ou moins volontaire ? C'était un peu sinistre. La première étape de son plan semblait parfaitement remplie. Elle pouvait le deviner à la posture d'Emalia, à ses paroles. Elle avait gagné pleinement sa confiance, dans les paroles comme dans les actes. Et à présent ? Dans l'idée, elle devait simplement l'influencer pour en tirer avantage, puis la lâcher lorsque la situation tournerait à son désavantage. C'était la fonction principal des amis après tout.

Mais serait-elle réellement capable d'abandonner Emalia lorsque le bateau commencerait à sombrer ? Après tout, elle en était venu à l'apprécier un minimum, ce qui n'était pas forcément une bonne chose pour son plan. C'était à cause - ou bien grâce ? - de Tess tout ça. Depuis qu'elle l'avait rencontrée, l'umbaranne faisait montre de bien plus d'empathie qu'avant. Certes, cela était parfois utile, mais elle attendait le coup de bâton, qu'elle devinait assez terrible. Elle manqua de grogner. Tant pis. Elle s'en occuperait le moment venu. Elle n'y pouvait rien de toute façon, s'était sa nature qui était en train d'évoluer lentement. Elle n'était pas certaine d'apprécier ce changement...

Mettant de côté ses machinations, elle écouta Emalia lui livrer quelques sentiments personnels concernant sa sécurité, celle de ses enfants, ce qui évolua assez rapidement sur les jedi. Était-ce voulu ? Malgré son air détendu, la reine aiguillait-elle habilement la discussion pour sonder les opinions de son interlocutrice ? Ou bien était-ce simplement elle qui voyait le mal partout ? Il ne lui fallait pas oublier qu'Emalia n'était plus la débutante candide qu'elle était à son entrée en politique.

Elle comprenait cependant les inquiétudes d'Emalia concernant ses enfants, en partie tout de moins. Même si elle n'avait pas d'enfant, elle ressentait le même genre de chose pour son apprentie, Tess. L'intensité de ce genre de sentiment devait être bien plus importante quand il s'agissait du sang de son sang, de sa propre descendance. Encore un argument qui encourageait Lana à ne pas procréer !

Elle laissa quelques secondes de silence, réfléchissant à sa réponse. Même dans une discussion aussi innocente que celle-ci, chaque parole avait son poids, qu'il lui fallait mesurer avec précaution. Même si l'envie était forte, elle ne devait pas cracher sur les jedi. Pas alors qu'elle s'apprétait à rejoindre leur camp en trahissant l'Empire. Même si cette décision n'avait été prise avec son apprentie de quelques jours plus tôt, elle devait s'y tenir. Les mains serrées sur sa canette de soda dont elle faisait tourner le contenu, elle finit par dire d'une voix douce :


- Je comprends votre inquiétude et votre hargne envers les jedi, mais je pense que tout ceci est déplacé dans le contexte actuel...

Elle riva ses yeux brillants dans ceux de son interlocutrice.

- Comprenez moi bien, parmi les sénateurs, je suis probablement celle qui a le plus de raison de leur en vouloir. Forcément, elle était une sith... Ils m'ont trainée devant la justice. Quelques années plus tard, ils m'ont emprisonnée dans les geôles du temple d'Ondéron de façon illégale, sans avertir aucun gouvernement. Ils m'y ont torturée par ailleurs... C'était peut être enjolivé ce qui s'était réellement passé. Qu'importe. Elle termina dans un souffle : Ils m'ont rendu la vie impossible de multiples façons...

Elle frissonna. Oui, il lui avait pourri la vie depuis le début. Pourtant, elle s’apprêtait à les rejoindre. Décidément, elle n'avait aucun honneur et peu d'amour propre... C'était probablement pour ça qu'elle était toujours en vie malgré sa position précaire.

- Pourtant, après la crise d'Artorias, j'ai arrêté de les dénigrer publiquement. Dans une moindre mesure, j'ai discrètement soutenu leur cause.
Si discrètement qu'elle ne l'avait pas réellement fait. Emalia n'irait pas vérifier de toute manière. Vous savez pourquoi ? Parce que j'ai compris que le temps était à l'unité, et non à la discorde. Quoiqu'on puisse en dire, les jedi font parti intégrante de la République. Ils sont une force sur laquelle on peut compter dans la guerre qui couve. Et je suis persuadée que tout ce qu'ils font vise le bien global. Je ne peux pas en dire autant de la majorité de nos collègues sénateurs.

Elle marqua une pause. Cela l'arrangeait bien de dire ça maintenant qu'elle s'apprêtait à trahir l'Empire ! Quel aurait été son discours si elle avait décidé de saper la République...

- Je comprends vos pensées, mais elles sont égoïstes et dangereuses. Vous êtes au gouvernement à présent. Vous ne pouvez pas vous permettre de dire ce genre de chose. Vous ne devriez même pas vous permettre de penser ce genre de chose. Ce serait jouer le jeu des sith. Elle était bien placée pour le savoir. Si j'ai réussi à surmonter mes inimités personnelles envers les jedi après tout ce qu'ils m'ont fait subir, vous n'avez aucune excuse pour ne pas le faire...

Elle reprit rapidement, d'une voix douce :


- Étant votre amie, je ne cacherai pas cette vérité derrière des paroles mielleuses et vides de sens. J'espère que vous ne m'en voudrez pas d'avoir été aussi des propos aussi directs...
Emalia Kira
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Les propos de la Sénatrice l’étonnèrent grandement. Par habitude, Emalia tâcha bien sûr de ne rien laisser transparaître, mais il était évident que ces déclarations ne la laissaient pas indifférentes. Le visage grave, elle imagine Lana torturée dans d’insalubres geôles, sur Ondéron. Sur SA planète. Une telle histoire était parvenue à ses oreilles à l’époque : une sénatrice avait été agressée par un Jedi, lui avait-on rapporté. Mais à l’époque, elle se fichait pas mal du Sénat, et elle avait vite oublié tout cela, persuadée que l’Ordre n’avait fait que priver de liberté ou insulter une personnalité haut placée de la Rotonde. Mais maintenant qu’elle connaissait Lana, elle ne se la représentait pas comme une femme capricieuse, à faire du cinéma pour obtenir ce qu’elle voulait. C’était donc que son histoire était vraie. Torturée… Et après cela, elle leur pardonnait ? A sa place, Emalia leur aurait collé un procès qui les aurait anéantis. Ou au moins en aurait eu l’ambition.

Emalia fronça les sourcils, songeuse. La dernière phrase de Lana, toutefois, la ramena à la conversation. Elle s’efforça de lui répondre par un sourire énigmatique.

- Quelles sages paroles, mon amie, fit-elle avec un petit rire.

Non qu’elle se moquât de la Sénatrice. Celle-ci la surprenait. Emalia s’autorisa une nouvelle gorgée de soda, laissa planer le silence quelques instants.

- Jamais je ne me serais autorisée de tels propos en public, finit-elle par ajouter. Vous savez que c’est parce que vous avez ma confiance que je vous ai dit cela.

Inutile de le nier. Emalia prenait un peu plus de liberté avec Lana qu’avec aucun autre Sénateur. Et cette connivence était basée sur deux choses : la sensation que Lana ne tenterait pas de lui faire de l’ombre, et celle d’une proximité de pensée avec la Sénatrice. Mais elle découvrait qu’un point commun n’en était pas un : non, elles ne haïssaient pas toutes deux les Jedi, comme la Ministre l’avait supposé. Cela la décevait. Les paroles très raisonnables, le discours des Jedi qui se battaient pour un idéal plus grand que leurs affaires… On aurait pu entendre les Jedi eux-mêmes.

- Permettez-moi de vous dire ce que j’en pense, Lana, puisque je suis toujours convaincue qu'avec vous, je peux dire tout haut ce que d'ordinaire je tais,
reprit-elle, plus sérieuse. N’en prenez pas ombrage non plus : je vous respecte, et continuerai à vous apprécier même si vous choisissiez de mettre un Jedi dans votre couche. Mais je ne pense pas qu’ils sont ce dont vous me parlez. Du moins… Pas tout à fait.

Elle en avait vu, des Jedi, et ils étaient tous bien différents.

- Certains le sont, je l’admets. C’était peut-être le cas de notre Chancelière sur le départ, Alyria Von. Mais pas tous. Halussius Arnor… Le parfait Chevalier de cœur… Il a vendu Ondéron à l’Empire. Léonard Tianesli, vénérable maître du Conseil… Il est venu m’insulter dans mon palais et m’a accusée publiquement d’être à l’origine de l’attaque de leur Temple, après quoi il a proféré des menaces à peine voilées au sujet de ma fille. Saï Don, prestigieux pilier de l’Ordre… Il a tué, sur le parvis même du Sénat, le représentant de votre planète, et ce sans procès équitable bien sûr. Un véritable meurtre. Leto Vorkosigan, grand Justicier de la République… C’était un proche de Valerion Scalia. Il était au Sénat le soir de son élection et, oh miracle, fut nommé au gouvernement dans les heures qui ont suivi le vote, comme si tout cela avait été préparé, et que l’Ordre avait soutenu un candidat plutôt qu’un autre alors qu’il est censé être détaché de la politique.

De sa main libre, Emalia serrait le poing si fort que les jointures de ses doigts blanchissaient. Les lèvres pincées, elle s’exhorta toutefois au calme, et son visage se détendit bientôt.

- Bref, la liste est longue, Lana, vous le savez aussi bien que moi. Ce que je veux vous dire, ce n’est pas que l’Ordre est néfaste, bien au contraire. Mais les Jedi ne sont rien d’autre que des hommes et des femmes aussi corruptibles que n’importe lequel d’entre nous. Ce que je trouve dangereux, c’est qu’ils ne semblent pas en avoir conscience. Personne ne semble en avoir conscience. Ils agissent en toute impunité. Et vous savez ce qui arrive lorsque, face à un besoin d’unité, on laisse des gens agir en toute impunité : on leur laisse le pouvoir, et souvent pour le pire. Ce n’est pas un hasard si les Jedi, dans leurs préceptes, s’interdisent la politique : le pouvoir les corromprait, ils sont totalement prompts à la reconnaître en théorie. Et en pratique ? En pratique, les voilà qui sont présents au Sénat et au Gouvernement depuis des années, et qu’ils ne font pas mieux que les autres.

Elle serra les dents en terminant sa tirade, vida d’un trait la fin de son soda, et le reposa quelque peu bruyant sur la table. Ses yeux étaient intensément plongés dans ceux de la Sénatrice, et semblaient dire : « soyez honnêtes, vous savez tout cela aussi bien que moi. » Mais que lui importait que Lana reconnût ou non ses opinions ? Peu, sinon que cela lui apporterait le réconfort de n’être pas la seule à être lucide concernant les Jedi.

- Vous devriez vous méfier,
conclut Emalia d’une voix plus douce. Ils vous ont rendu la vie impossible ? M’est avis qu’ils recommenceraient s’ils avaient une bonne occasion.
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Dans la pénombre de la pièce, les yeux de Lana luisaient légèrement, comme ceux d’un prédateur embusqué. Les umbarans clignaient beaucoup moins des yeux que les humains, aussi n’avait-elle aucun mal à supporter le regard de son interlocutrice sans ciller. Cette dernière semblait vouloir la ranger de son avis. Tout dans son argumentation, dans sa gestuelle, dans ses expressions faciales, montrait sa passion et sa sincérité. Elle prêchait une convaincue… Cependant, Lana ne se rappelait pas qu’il était aussi simple de lire à travers l'ondéronienne. Non, Emalia n’était plus la jeune politicienne idéaliste qu’elle était à son entrée au Sénat, et si elle n’avait pas encore l’expérience de Lana, elle était parfaitement capable de se cacher derrière un masque de neutralité.

Ce qui signifiait qu’elle se sentait en confiance avec elle. Leurs liens d’amitié commençaient à porter leurs fruits. Lana se sentit flattée d’être ainsi dans la confidence de la reine. Emalia le disait elle-même. La confiance. C’était probablement une erreur de la part de la reine d’Ondéron, mais cela arrangeait bien les affaires de l’umbaranne. A moins que la sénatrice ne se joue d’elle… Non, elle était encore trop candide et trop intègre pour manipuler ainsi les amitiés à son propre avantage, comme Lana le faisait actuellement. Fallait-il pousser son avantage ? Elles étaient seules. Emalia venait d’affirmer la confiance qu’elle portait en elle. C’était l’occasion ou jamais. Elle n’aurait sûrement pas d’autre chance.

Cependant, c’était le grand saut. Il n’y aurait plus de retour en arrière. Ça passe ou ça casse… Lana n’aimait pas prendre des risques, mais dans cette histoire elle ne pouvait l’éviter. Il lui fallait profiter de l’occasion.


- Vous savez, Emalia, les jedi ont de bonnes raisons de me rendre la vie impossible…

Elle leva la main, et la canette vide de la reine s’éleva dans les airs sous l’effet de la Force. Cela donnerait indéniablement du poids à ses prochaines paroles.

- Ils ont raison sur beaucoup de points à mon sujet. Je suis bien une utilisatrice de la Force, annonça-t-elle d’une voix un peu tremblante.

Elle jouait gros. Très gros. Ce n’était pas dans ses habitudes de parier ainsi, mais le jeu en valait la chandelle. Si elle parvenait à convaincre la reine d’être de son côté, elle serait presque intouchable par la République, car elle aurait de trop nombreux soutiens au Sénat. Si elle parvenait en plus à conclure un accord avec les jedi, elle n’aurait plus à s’inquiéter de sa position. Si elle ne faisait rien dans ce sens, elle finirait fatalement par tomber, surtout avec les lois de plus en plus strictes concernant les utilisateurs de la Force…


- J’ai été formé par le prince Hallan, l’ancien représentant de ma planète. Il s’agissait bien d’un sith… Elle laissa volontairement tomber son masque impartial pour laisser transparaitre son malaise. Mais je n’en suis pas une moi-même ! S’empressa-t-elle d’ajouter. Je n’ai jamais adhéré à l’Empire.

Elle se passa une main dans le coup. Cette expression de malaise, elle n’avait pas besoin de la simuler, elle était bien réelle. Elle pouvait perdre la confiance d’Emalia. Elle pouvait tout simplement se retrouver en prison suite à cette discussion. Elle avait pris des précautions afin de pouvoir fuir le cas échéant, mais l’importance de ce moment lui écrasait les épaules.

- Je n’ai jamais demandé à manipuler la Force, et je me retrouve coincée entre les jedi et les sith, ne pouvant rejoindre aucun des camps en présence… Je souhaite simplement que l’on me laisse tranquille, que l’on me laisse à mon travail de sénatrice. Seulement, ma nature fait que si l’on me découvre, la République me lyncherait.


Ses yeux pâles fixèrent son interlocutrice. La canette continuait à tourner lentement sur elle-même, dans les airs, entre les deux femmes.


- Je vous ai révélé ma vraie nature. Vous parliez tout à l’heure de confiance, et c’est pour cela que je ne souhaitais pas vous la cacher plus longtemps. Je ne veux pas me cacher d'une ministre. Je ne veux pas me cacher d’une amie…


Enfin, elle ne souhaitait pas se cacher lorsque cela servait ses intérêts. Elle brisa le contact visuel, penchant la tête en avant d’un air honteux parfaitement simulé, surtout dans l’obscurité.

- Je suis désolée d’avoir dû mentir à la République. D’avoir dû vous mentir…
Emalia Kira
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Emalia eut un hoquet de stupeur, lorsque la canette vide devant elle s’éleva dans les airs, comme tenue par un fil invisible. Il lui fallut plusieurs secondes pour comprendre ce qui était en train de se produire : c’était Lana elle-même, Sénatrice de Kuat, qui était responsable de cet effet mystérieux. La ministre en resta sans voix, ses yeux allant de la canette à son interlocutrice, comme si elle avait pu débusquer un artifice dissimulé qui expliquait la situation. Mais non. De toute évidence, c’était la Force. Non qu’elle eût jamais cru que la Force n’existait pas. Lorsque l’on avait grandi à côté d’un Temple Jedi, il était difficile d’ignorer ce genre de phénomène. Mais jamais elle n’avait pu imaginer que Lana Anthana pût la maîtriser. Elle pensait ces pouvoirs réservés à une élite rare qui excluait le milieu des aristocrates qu’elle fréquentait.

Il ne lui fallut que quelques secondes supplémentaires entre ce pouvoir et les accusations des Jedi envers la Sénatrice. Une Sith. Emalia frémit et referma sa bouche qui béait toujours de surprise. Heureusement, Lana démentit ces accusations, que la Ministre accepta sans objection. Son amie ne pouvait être une impériale, c’était impossible. A sa connaissance, elle n’avait pas figuré dans la liste des accusations de Lord Janos, n’en était-ce pas la preuve ?

La Sénatrice paraissait sincèrement confuse de sa situation. Emalia ne savait pas Lana capable d’autant de remords, d’autant de… faiblesse. Une multitude d’émotions habitaient la Ministre : la déception que son amie se sentît honteuse d’un pouvoir terriblement utile, l’honneur d’être choisie pour recevoir cette confidence, l’inquiétude d’être un jour associée à ce genre de polémique. Le silence plana entre elles tandis que la souveraine cherchait quels mots utiliser pour répondre.

- Ces révélations me laissent pantoise, admit-elle dans un souffle, mais elle grimaça bientôt un sourire. Allons, ne vous mettez pas dans des états pareils, tout ceci n’est pas votre faute.

Et puis, elle détestait devoir consoler des gens. Cela lui rappelait quelle mauvaise mère elle pouvait être avec Milésya.

- Avec moi, lui certifia-t-elle, votre secret est bien gardé. Vous pouvez me faire confiance. Je n’ai aucun intérêt à ce que de telles choses se sachent, et puis je considère que tout ceci… relève de votre domaine personnel.

Un peu comme une religion qu’il était bien plus prudent de garder pour soi.
Emalia regarder la canette se reposer doucement sur la table, toujours quelque peu fascinée par le phénomène. Elle devait avouer qu’il était séduisant.

- Tant que vous n’êtes pas avec l’Empire, c’est que vous êtes avec nous, commenta-t-elle d’une voix absente.

Ces réflexions la ramenaient à sa propre histoire. Emalia elle-même s’était rapproché des Sith, par le passé. Elle avait eu une amie du nom de Darth Corla, et même une relation professionnelle avec ce Noval Artyss, l’arkanien à la tête d’une énorme entreprise de cybernétique… Ces connaissances étaient fort divertissantes à une époque où les Sith étaient des ombres qui faisaient peur aux enfants dans leurs contes. Mais peu à peu, Emalia avait coupé court à ces relations, de crainte d’être manipulée par ces êtres. Avait-elle eu tort ? Aurait-elle pu obtenir de l’Empire qu’Ondéron fut épargné si elle avait conservé l’amitié de Darth Corla et de Noval Artyss ? Peut-être. Mais on ne revenait pas en arrière. Et en l’occurrence, ce passé-là resterait bien enterré.
La souveraine se mit à jouer avec une boucle de cheveux, pensive.

- Qu’est-ce que vous pouvez faire, avec ces pouvoirs ? demanda-t-elle naïvement. On dit que les utilisateurs de la Force peuvent manipuler les esprits, deviner des pensées… Est-ce vrai ?

Elle se doutait que la popularité mystique des Jedi les soumettait à tout un tas de rumeurs dont certaines se vérifiaient peu. Mais Emalia était curieuse de savoir ce dont Lana était elle-même capable, précisément. Certainement ses dons lui avaient apporté beaucoup dans sa carrière politique…
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Emalia semblait avoir encaissé la nouvelle assez stoïquement. Comme si tout cela lui semblait logique et normal. Bien que choquée durant les premiers instants, ce qui était tout à fait normal compte tenu des circonstances, elle s'était rapidement reprise. Elle semblait à présent plus fascinée, plus curieuse qu'autre chose. Cela en était presque inquiétant. Lana aurait peut être préféré qu'elle se mette à hurler ou à lui demander des explications ou des preuves de son allégeance. La confiance qu'elle lui portait semblait très grande... L'umbaranne avait-elle développé une amitié si solide que ça avec son interlocutrice ? A moins qu'elle ne joua la comédie pour ne pas éveiller ses soupçons, puis aller avertir le Sénat plus tard ? Garder ce secret comme moyen de pression ? Lana scruta son interlocutrice de ses yeux. Emalia était-elle devenue suffisamment douée pour lui cacher cela ? Elle en doutait. Personne ne l'était. Tout du moins le supposait-elle...

Cela la soulageait d'un grand poids. Lana n'aimait pas parier lorsqu'elle ne le jugeait pas nécessaire, et la brusque montée d'adrénaline qu'elle avait ressentie lors de son aveux lui faisait encore battre le cœur à un rythme effréné. La lourde chape de plombs pesant sur ses épaules semblait s'être envolée. Elle ne finirait pas sa nuit en prison, ou bien à fuir la République. Elle avait à présent l'appui d'une ministre, tout du moins l'espérait-elle. Une ministre qui semblait bien trop curieuse pour son propre bien. Ne devait-elle pas déjà connaître les pouvoirs des jedi pour avoir vécu tout près de leur plus gros temple ? Ou bien l'Ordre cachait-il ses dons jalousement ? Cela n'aurait pas été très étonnant.


- Mes pouvoirs ? bégaya-t-elle, un peu déstabilisée.

Lana s'était attendue à plein de questions à son sujet, à celui de ses activité ou de ses allégeances, et avait soigneusement préparé des arguments pour se défendre. Jamais elle n'aurait cru que la Reine se mette à lui poser des questions sur la Force en elle-même.


- Euh... Tout ce qui est extrait du folklore jedi je suppose. Télékinésie, guérison, un peu de divination. Pour le contrôle mental ou lire dans les pensées... Je... Oui, je sais le faire aussi.

C'était le genre de chose qu'elle aurait préféré ne pas exprimer à voix haute, mais quitte à dire la vérité autant y aller à fond.


- Mais ne vous inquiétez pas, s'empressa-t-elle d'ajouter, les joues légèrement rouges de confusion, les gens qui sont victimes de ce genre de choses s'en rendent compte, et cela ne marche pas très bien sur les esprits forts.

Techniquement parlant, cela pouvait très bien fonctionner sur un esprit fort, mais si c'était pour le transformer en légume à cause de la résistance opposée, il n'y avait qu'un intérêt limité. Lana préférait épargner ce genre de détails sordides.

- Emalia... débuta-t-elle d'une voix incertaine.

Elle voulait jouer une fois de plus la carte de la personne gênée et sincère, afin d'enfoncer le clou une dernière fois.


- Bien que je sois terriblement flattée de la confiance que vous m'accordez, j'en suis également très effrayée. Vous semblez prendre cette information à la légère... Si j'étais réellement une sith ? Comment pouvez-vous en être certaine ? Ce n'est pas le genre de situation où l'on à le droit à l'erreur...

Elle comprenait un peu la façon de penser et de réagir de la reine. En lui assénant cela, en voulant se défendre de sa confiance, elle ne ferait que la gagner un peu plus. Cependant, elle visait également un autre objectif : celui de prévenir de futurs accidents. Elle était réellement effrayée de la façon dont elle avait pu abuser de sa confiance, même si dans son cas l'objectif était plutôt innocent, à savoir gagner quelques relations avec les gens au pouvoir.

- Je pense que vous ne devriez pas décider d'accorder votre confiance sur une telle révélation sur un simple coup de tête. Je trouve cela... dangereux. Vous êtes ministre. Vous avez des responsabilités envers toute la République. Vous, plus que quiconque, devriez vous défier de ceux qui tentent de gagner vos faveurs.

Le problème ne venait-il pas plutôt d'elle ? En tant qu'umbaranne, on lui avait enseigné à ne jamais faire confiance aux autres. Son éducation auprès de Ritter, loup solitaire, n'avait fait que la renfermer un peu plus sur elle-même. Il lui semblait tellement inconcevable de ne pas exploiter les faiblesses et les secrets des autres pour survivre.

- Promettez moi d'y réfléchir à tête reposée,
ajouta-t-elle après un petit silence inconfortable. S'il vous plait...

Elle savait qu'insister sur ce point ne ferait probablement pas changer d'avis la jeune reine, bien au contraire. Au moins réfléchirait-elle plus à la question quand une telle situation se représenterait. Lana voulait être la dernière à pouvoir abuser de la confiance de la ministre
Emalia Kira
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Emalia écoutait, fascinée, les explications succinctes de la Sénatrice. L'évocation d'un contrôle mental la fit frissonner, traversée qu'elle était par une vague d'inquiétude et de convoitise à la fois. Ce que ce genre de pouvoirs lui serait utiles ! Bien sûr, c'était totalement inavouable... Mais la Ministre était confrontée à tant de problématiques dans son métier – et tant de chiens kath qui essayaient de lui mordre les mollets dans la Rotonde – que rêvasser à ce genre de solutions lui était à la fois une douce échappatoire et une excitation de savoir qu'il serait techniquement possible que ces personnes fussent victimes de ces pouvoirs.

D'un autre côté... Elle pouvait elle-même devenir victime un jour. Lana disait que cela ne fonctionnait pas sur les esprits forts. Elle était sans nul doute l'un de ces esprits. Elle n'avait aucune raison de s'inquiéter, bien sûr.

Lana s'ouvrit sur ses inquiétudes, qui laissèrent perplexe la Ministre. Fronçant les sourcils, elle réfléchit au danger que représentait la Sénatrice. Elle ne pourrait avouer qu'elle avait déjà côtoyé des Sith et que cela ne lui faisait pas peur. Elle se contenta de hausser les épaules, énigmatique.

- Voyons, je ne prends pas cela à la légère, croyez-moi. Mais si vous étiez une Sith, Lana, vous ne m'auriez pas dévoilé vos pouvoirs. Ou alors, vous auriez essayé de m'amadouer avec, et ce n'est pas le cas.

Malheureusement. Ou heureusement. Emalia ne savait pas si elle aurait pu résister à la tentation si la Sénatrice lui avait proposé de mettre ses pouvoirs à son service.

- Ce n'est pas sur un coup de tête, Lana. Et je prends il me semble moins de risques que vous... Désormais, je connais votre secret. Vous avez de la chance que je ne sois pas mal intentionnée. Et même ! Imaginez que demain, nous devenions rivales, pour une raison ou pour une autre ? Je détiendrais quelque chose à votre charge, ce qui est très peu stratégique.

Emalia ne pensait pas réellement que Lana serait une rivale un jour. La Sénatrice ne paraissait pas très ambitieuse, sans que la Reine ne fut en mesure de s'expliquer ce jugement. Lana ne semblait pas être en mesure de lui faire de l'ombre... Mais elle savait mieux que personne que les gens changeaient, évoluaient, et parfois connaissaient une ascension fulgurante : ça avait été son propre cas. Mais pour l'instant, Lana était réellement une amie. Une amie plus qu'une alliée, car leurs échanges se limitaient à la sphère privée : jamais Lana ne s'était ouvertement positionnée en faveur d'Emalia dans la Rotonde, ce dont la Ministre était un peu déçue. Mais cela viendrait peut-être...
Elle en revint à son interlocutrice, intriguée.

- Vraiment, je me demande ce qui vous a poussée à me révéler un tel secret, maintenant que j'y pense. Pourquoi prendre un tel risque ?

Quant aux “faveurs”, elle ne voyait pas en quoi Lana gagnait les siennes en lui révélant ces pouvoirs. C'était amusant, certes, mais c'était la Sénatrice qui se positionnait dans une situation de vulnérabilité, sans qu'Emalia ne se sentît redevable. Cependant, Lana l'intéressait subitement beaucoup : son cas était atypique, et elle aimait les gens compétents et mystérieux à la fois. Une part d'elle aurait voulu voir ces aptitudes fonctionner dans la sphère politique, pour assouvir sa curiosité – et peut-être même certains de ses désirs.
Mais cela était, encore une fois, tellement inavouable...

La Ministre se laissa aller dans le sofa, quelque peu lascive. Tout ceci était si excitant ! C'était une soirée hors normes, elle ne regrettait pas d'être venue. Elle fit toutefois une petite moue.

- Très bien, j'y songerai, fit-elle finalement à contrecœur.

Mais Lana et elle-même savaient très bien qu'elle n'en aurait ni le temps, ni l'envie...
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