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« … La Garde Licteur va recevoir de nouvelles recrues, et Maître Tianesli a suggéré qu’elles devraient recevoir un enseignement… approfondi sur la manière de percevoir et de traquer l’Obscur. Votre nom a été ajouté à la liste des convoqués à la dernière minute, padawan. Vu votre rang, c’est… inattendu, mais les circonstances sont … particulières. »

« Je vois. Et donc, je devrais… ? »

« Rester avec le binôme qui vous a été assigné et l’assister au mieux. »

L’imposant cathar loucha sur son datapad un instant, puis releva la tête avant de continuer :

« Vous serez avec le Chevalier Nae. Elle vous attend à l’entrée du Temple. Des questions, padawan ? »

« Aucune. Je vous laisse, Maître. »

Saluant le félin, Yun inclina légèrement sa tête avant de tourner les talons. Il pensait que sa convocation signifiait que son maître était de retour de toutes ses entrevues et qu’il pouvait donc enfin quitter Coruscant, mais apparemment, ce n’était pas encore totalement d’actualité, à son plus vif déplaisir. Cette planète le mettait définitivement mal à l’aise, tant ses sens lui paraissaient altérés par la corruption ambiante. Il avait l’impression de retrouver l’espace hutt de son enfance ou Dromund Kaas, ce qui donnait une idée du niveau d’animosité qu’il pouvait ressentir à l’encontre de la capitale républicaine.

Sauf qu’évidemment, rien ne se passait jamais comme il le voulait, et à nouveau, son expertise en matière d’Obscur allait être mise à rude épreuve. Peut-être que son nom avait été soufflé par Maître Don, afin de l’occuper ? Ou peut-être tout simplement que la présence d’un ancien apprenti sith sur Coruscant était apparue comme l’occasion rêvée d’exploiter ses connaissances, à l’heure où la République traquait sans relâche d’éventuels infiltrés de l’Empire dans ses rangs, après les révélations sordides de Lord Janos et le chaos qui s’était ensuivi.

Quelque part, les constantes réminiscences à propos de son passé commençaient à mettre l’épicanthix mal à l’aise. Bien qu’involontairement, son entretien avec Wen Janto et le cours auquel il avait assisté avaient déclenché la remontée de souvenirs qu’il aurait préféré laissé dans les tréfonds de sa mémoire, à pourrir tranquillement. Et voilà qu’il devait encore se servir de ses anciennes alliances pour aider l’Ordre. Certes, il comprenait le caractère indispensable de la divulgation d’informations, mais tout de même… Il aurait apprécié ne plus être réduit au statut du tourne casaque informateur. Hélas, en ces temps troublés, son statut de déserteur devenait une source précieuse d’avantages stratégiques, aussi il allait devoir se plier aux demandes de ses supérieurs. Au moins lui faisait-on confiance pour aider ceux chargés sur le cœur de la République : il y avait quelques progrès dans sa situation, même minimes.

Comme d’habitude, les couloirs du Temple étaient plutôt vides, pour ne pas dire, déserts. A cette heure bien matinale, le soleil ayant à peine commencer son lever, il y avait encore moins de monde qu’à l’ordinaire de présent. Au moins Yun pouvait ruminer tranquillement sans crainte de rentrer dans un Chevalier ou un Maître. Ses pas lourds résonnaient sur les escaliers qui l’emmenaient vers le bas de l’édifice, et donc vers l’entrée où était censé l’attendre son contact.

En passant devant la salle d’entraînement, il aperçut pour autant quelques jedis déjà là, occupés à réviser leurs katas sous l’œil attentif d’un instructeur particulièrement massif. Même au cœur de la République, l’Ordre n’oubliait pas de former ses guerriers, les récents événements avaient prouvé qu’ils avaient tout autant leur place en son sein que les diplomates. Mais Yun, lui qu’était-il réellement ? Ses talents de diplomate, avec son don pour mettre les pieds dans le plat, frôlaient le ridicule, et généralement, il avait tendance à passer sa mauvaise humeur de voir les choses s’éterniser sur ses interlocuteurs, ce qui pouvait, dans un débat, fonctionner sur l’opposition, mais était tout sauf utile en cas de négociations discrètes.

Au sabre, il était plutôt doué, aidé en cela par un physique puissant et un entraînement rude, mais répugnait profondément à s’en servir, ou à devenir un protecteur de sénateurs. Certes, les gardiens ne se limitaient pas à cela… Mais il sentait que ce rôle ne lui conviendrait pas parfaitement, même si, au vu de ses aptitudes, certains pourraient penser le contraire.

Enfin, il arriva devant l’entrée, et époussetant son long manteau, il attendit patiemment que le Chevalier Nae arrive. En fait, maintenant qu’il y pensait, il aurait dû demander à quoi elle ressemblait, quand même… Sauf que Yun ne l’avait pas fait, et se retrouver à faire les cent pas d’un air anxieux, dévisageant toutes les personnes qui avaient le malheur de s’approcher de son lieu d’observation. Voilà qui n’allait pas arranger sa réputation : au lieu d’une brute sanguinaire, on allait le prendre pour un fou.

Cependant, au bout d’un long moment, il aperçut une … une quoi ? Bref, une créature au long cou blanc dont il ne parvenait pas à se remémorer la race qui semblait avoir exactement le même comportement que lui. Se disant qu’il ne risquait pas grand-chose à tenter la Force, il s’approcha doucement d’elle et finit par demander :

« Excusez-moi… Vous êtes le Chevalier Nae ? Si c’est le cas… Je suis celui avec qui vous avez rendez-vous. Padawan Yun Silthar, à votre service. »
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-- Temple Jedi de Coruscant -- 6:20am --

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"Une formation ?

-Je ne sais pas si ce terme peut être employé dans ce cas-là... Disons plutôt une spécialisation. Nous tenons à ce que les gardes possèdent le plus d'expérience et de connaissances possibles sur l'art de la Détection. Il s'agit après tout de votre cœur de métier.

-Oui, bien évidemment. Je comprends parfaitement, et je me fais une joie de me plier à cet entraînement !

-Dans ce cas, je suis ravi de vous annoncer que votre "entraînement" commence d'ici une heure très exactement ! Désolé de vous avoir convoquée si peu à l'avance, mais nous sommes pris de cours avec tout ce remus-ménage. "

Lei accusa un instant de surprise, mais le Jedi qui les supervisait enchaîna.

"Ah, et deux mots sur votre partenaire du jour : le Temple a jugé intéressant de vous confier un binôme assez...partculier. Yun Silthar est un ex-Sith repenti. Pour vous donner la couleur.

-Vraiment ? Voilà qui est singulier. Mais après tout, je ne pense pas trouver personne plus au fait, non ?

-Très certainement ! Le padawan Silthar est sous l'égide de Maître Saï Don. Je peux donc vous dire sans trop craindre de me tromper qu'il s'agit d'une personne fiable... Bien qu'on ne soit jamais sûr de rien.

-Oh, ne vous inquiétez pas. Le simple fait qu'un Sith puisse se retourner vers la Lumière malgré les griffes qui l'enserrent est un exploit qui mérite notre respect. Il me tarde de rencontrer cette personne !

-A l'entrée, dans une heure environ. Nous avons quelques détails d'ordre logistique à régler. "

Après avoir pris note de l'heure et du lieu de rendez-vous, Lei quitta son collègue et prit le temps de repasser à leurs quartiers pour se préparer. Elle enfila sa combinaison, ses bottes, sa ceinture à laquelle elle accrocha son sabre et une pochette avec son trousseau de secours. Puis, épinglant le petit badge en relief de la Garde Licteur sur le haut de son vêtement, elle jeta sa bure sur ses épaules et ressortit. Elle n'avait guère eu de loisir depuis son entrée dans la garde, et sa connaissance de Coruscant se limitait au Temple, ses alentours, et au Sénat. Les Maîtres n'avaient cependant pas été bien loquace sur le contenu et la teneur de cette formation sur les pouvoirs de détection... La kaminoane en avait déduit que l'initiative de l'organisation leur revenait, et qu'ils étaient donc libre de donner la forme qu'ils voulaient à cet entraînement.

Ses pas résonnèrent un moment dans les couloirs jusqu'à l'immense entrée où les quelques gardes comme elles partaient rejoindre leurs postes. Lei salua les rares personnes déjà au travail à cette heure. Aujourd'hui, elle serait seule avec son binôme. Une journée durant laquelle elle et l'ancien Sith devrait s'entendre pour tirer profit de leur collaboration. Mais Lei n'avait pas l'intention de faire vivre à l'inconnu une situation à sens unique : au contraire, elle espérait que le partage serait bénéfique pour les deux. C'est dans cet état d'esprit, de curiosité sereine et de réflexion qu'elle parvint à l'entrée du Temple.

Elle repéra alors un humain bâti comme une armoire qui semblait chercher frénétiquement quelque chose... ou quelqu'un ? Il se trouvait sur le haut du parvis, elle pressa donc légèrement le pas. Comme elle l'avait espéré, l'humain - si c'en était un - obliqua en sa direction. Elle sembla émerger de sa rêverie éveillée et tourna son immense regard d'encre vers lui.

« Excusez-moi… Vous êtes le Chevalier Nae ? Si c’est le cas… Je suis celui avec qui vous avez rendez-vous. Padawan Yun Silthar, à votre service. »

Un padawan... ça ?! Lei battit des paupières une petite seconde, impressionnée. On ne rencontrait pas de tel spécimen tous les jours. Celui-ci l'égalait presque en taille ! Et ces épaules... La kaminoane sourit, brisant d'un coup son apparente froideur pour offrir à son interlocuteur un regard bienveillant. Au final, il n'était pas du tout tel qu'elle l'avait imaginé, et cela la faisait sourire intérieurement. C'est d'une voix douce et presque câline qu'elle confirma que son intuition avait été bonne :

"En effet, c'est bien moi. Enchantée de vous connaître, padawan Silthar. J'espère ne pas trop vous avoir fait attendre. "

Elle pencha un peu la tête sur le côté, son long cou prenant une forme courbe. La timidité et la simplicité du jeune homme la touchait : quel contraste avec toute cette masse !

" De ce qu'il m'a été rapporté, c'est à vos côtés que je pourrais en apprendre plus sur la détection et la sensibilité à la Force ? Mes connaissances pratiques sur le sujet sont encore parcellaires. Vous a-t-on donné de plus amples explications sur la façon dont nous devions procéder ? Je manque un peu de matière de mon côté, même si ce n'est pas nécessairement un mal ! "

Elle voulait sincèrement le mettre en confiance : pas question de commencer une journée aussi charnière avec des bisbilles.
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Les épicanthix étaient naturellement grands. Agé d’à peine dix-huit ans, Yun égalait déjà bon nombre d’adulte de son espèce en taille et en poids, et il n’avait pas fini sa croissance. C’est pourquoi il avait pris l’habitude de regarder légèrement vers le bas pour ne pas mettre mal à l’aise ses interlocuteurs ; rares étant les jedis capables d’arriver à sa hauteur. Autant dire qu’il n’était pas habitué à ce que soit à lui de relever la tête pour pouvoir parler correctement à quelqu’un !

Et pourtant, la jedi devant lui faisait à peu près une tête de plus que lui, enfin au vu de sa morphologie, un cou plutôt, tant ce dernier paraissait interminable. La diversité au sein de l’Ordre jedi, et de la République en général, était fascinante, et s’il n’osait demander franchement quelle était l’origine de sa partenaire d’un jour, il se promit de chercher plus tard dans l’un des énormes traités de xénobiologie galactique que comptait la bibliothèque du Temple.

Même s’il n’avait guère l’étoffe d’un diplomate, Yun avait pourtant tendance à fréquenter ce genre de lieux autant si ce n’est plus que les padawans qui se destinaient naturellement à la voie des consulaires, à la grande surprise de certains. Le jeune homme aimait le calme qui régnait dans ces lieux, que ce soit sur Ondéron ou Coruscant, même s’il savourait cette sérénité davantage sur la dernière en raison du bazar ambiant à l’extérieur de l’enclave jedi.

Surtout, il adorait lire les anciens récits de l’Ordre, particulièrement ceux ayant trait au premier schisme et aux guerres contre les siths. Certains y auraient vu une obsession malsaine, la preuve qu’il n’était pas encore totalement parvenu à se défaire de son passé. En un sens c’était vrai. Mais dans celui qui aurait paru le plus évident. En réalité, le padawan désirait savoir comment son nouvel Ordre traitait de sujets dont il avait entendu parler quand il était encore un apprenti sith. Ainsi, il espérait à terme voir les ressemblances, les différences, et par analyse logique, trouver la vérité. Du moins, s’en approcher.

Cela dit, il s’intéressait aussi à des domaines plus vastes, comblant sa soif de savoir et son désir de faire ses preuves du mieux qu’il le pouvait, mettant en application de façon parfaitement littérale le célèbre mantra jedi « il n’y a pas d’ignorance, il n’y a que la connaissance. » Et dans ses connaissances, il y avait évidemment l’obscurité. Sans doute son sujet de prédilection, ces derniers temps d’ailleurs. L’ironie de la chose ne lui avait d’ailleurs pas échappé : jamais il n’avait autant théorisé sur le côté obscur qu’en compagnie de jedis…
Conscient qu’il avait fixé le cou gracile du Chevalier un peu trop longtemps, Yun s’empourpra légèrement, avant de bafouiller :

« Euh non non, j’étais en avance, alors du coup… euh… bref. »

Voilà quoi. Un vrai beau parleur, malgré Arkania, malgré la confiance de ceux qu’il avait rencontré, il restait un handicapé de la socialisation avec autrui. Surtout, il avait toujours autant de mal à voir des aînés, des supérieurs, s’excuser auprès de lui, lui demander son avis… Autant de faits anodins pour beaucoup, mais qui restaient un mystère pour le garçon, qui avait plutôt été habitué à un strict respect de la hiérarchie.

Manifestement, le Chevalier n’avait eu qu’un briefing parcellaire. La tâche de Yun était autrement plus complexe qu’une simple leçon avancée de Détection, sinon, un maître ou un Chevalier spécialisé aurait suffi. Non, sa mission était plus… dangereuse, notamment pour lui, qui allait devoir s’exposer d’une façon qui le mettait presque mal à l’aise. Mais il avait donné son accord, alors il devrait faire ce que l’on attendait. Même s’il aurait préféré l’éviter.

« A la détection et au meilleur moyen de contrer le côté obscur. Oui. »

En peu de mots, Yun venait de recentrer l’objectif de la journée, histoire de clarifier la situation. Il savait pourquoi il était là, et ce n’était pas de gaîté de cœur qu’il s’apprêtait à jouer les cobayes, car il allait mettre en suspens ses efforts de rédemption pour servir l’Ordre qu’il avait volontairement rejoint. Une fois encore, le paradoxe aurait pu être amusant… s’il n’était pas aussi grave.

De son habituel ton morne, encore plus plat qu’à l’ordinaire, si c’était possible, Yun ajouta :

« Je serais votre cobaye. »

Il n’explicita pas. Elle devait savoir qui il était non ? Alors… Alors pas besoin d’en dire davantage. Tournant les talons, il souffla :

« Nous serons mieux dans une salle à l’écart. »

Là-dessus, il se dirigea à grandes enjambées à l’étage supérieur, pour rejoindre les salles de méditation, et il choisit la plus à l’écart, celle tout au fond du couloir, sur la gauche, pour être sûr de ne pas être dérangé. Une fois entré, il s’avança au centre de la pièce et expliqua :

« Je pense que pour commencer, vous devriez sonder mon aura. L’usage intensif et intentionnel du côté obscur ne s’efface pas. Ou du moins, pas avant très longtemps. Il peut se masquer, avec de la maîtrise… mais des aspérités subsisteront toujours.

Ce n’est pas mon cas, mais… vous saurez ce que vous devrez chercher, plus tard. »


Il savait que son aura était lumineuse. Il en était sûr. Il ne devait pas douter. Pourtant, en y regardant bien, l’œil aguerri aurait pu voir des filaments plus gris que d’autres autour de lui, reflet des connaissances qui demeuraient en lui, des actes qu’il avait commis. La Force Vivante vivait dans le présent. Pas la Force Unificatrice.
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L'attitude du jeune humanoïde n'échappa pas à son regard attentif, mais Lei en fit une toute autre interprétation.

« Euh non non, j’étais en avance, alors du coup… euh… bref. »

La kaminoane lui servit un regard tendrement amusé, sans pour autant briser la distance respectueuse qui les séparait. Elle ne faisait pas vraiment partie des espèces communes sur Coruscant à cette époque et elle comprenait ce qu'elle prenait pour un trouble. Il était si touchant avec ce rose aux joues ! Ce qui n'était pas pour lui déplaire, elle aurait eu quelques scrupules à passer la journée en compagnie d'un dur à cuire macho et buté. Au moins, tout ex-Sith pouvait-il être, le padawan Silthar semblait très à sa place sur ce parvis. Il s'empressa d'ailleurs de lui donner des précisions : par chance, lui en savait un peu plus long, peut-être parce qu'il était à temps plein au Temple, contrairement à elle.

" Cobaye ? ...Mm, je n'aime pas vraiment ce mot, mais bon. Pourquoi pas. "

Elle avait prononcé ces mots avec une petite grimace. Suite à quoi le "cobaye" décida de passer à l'action, et fit demi-tour pour se diriger vers les étages du Temple.

« Nous serons mieux dans une salle à l’écart. »

Lei hocha doucement la tête, sans savoir si le proche-humain l'avait vue. Elle le suivit docilement, profitant de leur marche pour l'observer plus en détail, discrètement. De quelle espèce pouvait-il bien être ? Elle ne s'y connaissait pas franchement en xénobiologie... Et les proches-humains se ressemblaient tellement ! Elle remarqua ses yeux un peu en amande, ses traits martiaux et une impressionnante balafre qui lui gâchait le visage. D'instinct, sa main remonta le long de son bras gauche, là où, sous son vêtement, se cachait la longue ligne blanchâtre laissée par la nécrose, toujours douloureuse. Il la devança dans l'une des pièces du fond de couloir, vide et silencieuse. Lei le suivit à pas feutrés et se planta devant lui, attentive à l'instar de la bonne élève qu'elle avait toujours été.

« Je pense que pour commencer, vous devriez sonder mon aura. L’usage intensif et intentionnel du côté obscur ne s’efface pas. Ou du moins, pas avant très longtemps. Il peut se masquer, avec de la maîtrise… mais des aspérités subsisteront toujours. Ce n’est pas mon cas, mais… vous saurez ce que vous devrez chercher, plus tard. »

La kaminoane entendit la minuscule fêlure dans sa voix, comme une épine douloureuse restée sous la peau. Son regard se voila quelques secondes, avant de revenir vers les yeux du jeune homme, brillant d'une flamme en demi-teintes :

"Je comprends. J'imagine que pour tout le reste, la théorie et la pratique sont deux mondes différents. Il m'est arrivé de sentir l'Obscur... diminué. Mais jamais caché de façon intentionnelle de la sorte. Pas à haute maîtrise. "

Sa voix n'avait plus rien de doux, et sans être agressive, laissait percevoir une détermination et un sérieux sans faille. Du haut de son cou de giraffe, Lei embrassait la pièce vide du regard sans problème. Elle s'ouvrit brusquement à la Force, comme un enfant ouvre les yeux en pleine nuit, et ressentit rapidement la présence du padawan à ses côtés. La Jedi braqua toute son attention sur l'aura diffuse et l'observa avec minutie. Avec précaution, elle s'en approcha, sans pour autant bouger de sa place, projetant son esprit dans l'espace et le temps jusqu'à lui, le sondant sans brusquerie mais sans aucune timidité. Avec une certaine dose d'inconscience peut-être, il pouvait la déstabiliser, ou même attaquer, qu'elle n'aurait pas le temps de contrer. Cependant,Lei avait confiance, de façon naturelle, en celui qui s'était proposer d'être son professeur d'un jour.

" C'est... étrange, dit Lei, un peu rêveuse, cela ne ressemble à rien de connu... Ce n'est pas tout à fait blanc, mais cela ne porte pas le noir du chaos. Comme un voile brumeux et indécis. "

Elle continua son inspection immatérielle quelques secondes encore, augmentant la pression de son aura contre la sienne sans pour autant tenter de la sonder davantage en profondeur. Lei plissait les yeux, toujours face à Yun.

"Que ressent-on au creux d'une telle aura ? se risqua-t-elle à demander avec un brin de candeur, je veux dire, a-t-on une perception du monde... différente ? Ou la Force vient-elle toujours de la même façon ? "

Sa curiosité était piquée à vif. La Jedi avait beau tenter d'imaginer, seule une expérience vécue pouvait être porteuse d'un véritable apprentissage. Cela, au moins, elle en était certaine. Le passé de Yun Silthar lui avait assurément enseigné bien des choses...
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Côtoyer une autre aura que la sienne était toujours une expérience singulière, a fortiori au moment d’une sonde approfondie au sein de la Force. Généralement, dans le feu de l’action, et avec moins d’appui, évidemment, les personnes sensibles à l’entité mystique se rendaient rarement compte qu’elles étaient observées, traquées à travers leur don même. La seule solution pour s’en apercevoir consistait généralement à sentir la présence inquisitrice, et à la contrer à son tour. Ici, évidemment, ce n’était pas le but.

Pour autant, Yun ne se sentait guère à l’aise dans cette mise à nu qu’on lui imposait, en quelque sorte. Il pouvait affirmer ce qu’il voulait, croire en sa rédemption, mais son passé se reflèterait toujours dans les cicatrices laissées par la Force autour de lui. Il était marqué à jamais par son utilisation volontaire du côté obscur, sa soumission à ce dernier, et si la volonté et le temps permettaient d’effacer son influence, un contact aussi prolongé et assumé ne pouvait pas s’oblitérer totalement.

Il y avait une différence fondamentale, au fond, entre toucher durant un bref instant de colère, pendant une dévastatrice bouffée de haine la surface de l’obscurité, l’utiliser même, et l’accepter, tenter de la domestiquer, de la soumettre à sa volonté autant, finalement, que se soumettre à la sienne. Tout le paradoxe du code sith résidait là, à son sens : la Force considérée comme un outil, devait être inféodée, presque dans un rapport de vassal à suzerain, mais en réalité, son influence était telle sur les esprits et les chairs que ce lien allait dans les deux sens, et bien souvent, le maître supposé finissait par devenir l’esclave de son propre pouvoir. Et une telle expérience demeurerait toujours visible, peu importe les efforts du concerné. Voilà pourquoi l’épicanthix devait serrer les dents et attendre la fin de cet examen, aussi il finit par réciter mentalement le code jedi pour chasser la nausée qui l’envahissait déjà.

En un sens, l’observation du Chevalier Nae le chagrina autant qu’elle le rassura à moitié. Il n’était pas obscur. Ni parfaitement lumineux. Etait-il de ces mystiques qui se réclamaient de l’équilibre, ceux que certains membres de l’Ordre désignaient sous le vocable de gris ? Pas vraiment non plus, du moins de son point de vue. Il n’utilisait pas les deux aspects de la Force en même temps, dans une symbiose contre nature à ses yeux : le mal ne pouvait se confondre avec le bien, l’avidité avec le désintérêt… L’équilibre était une chimère, une mauvaise plaisanterie que certains se plaisaient à croire. Et invariablement, ils basculaient, persuadés de détenir à eux-seuls la vérité et la justice, se perdant dans leur propre hubris, cette compagne de la solitude. Yun en était intimement persuadé : eut-il déserté seul les siths, il aurait fini par devenir un chien kath errant, incapable de se contrôler, sans vigie morale pour le guider autre que sa propre conscience, dans laquelle il n’avait jamais eu confiance. Elle avait été suffisante pour réprouver ses propres actes, et inefficace pour le faire arrêter avant d’entrevoir une porte de sortie sûre, d’obtenir une aide extérieure. Ce constat était peut-être amer, mais il était honnête, au moins.

Indécis, il ne l’était pas. Le colosse était sûr de sa voie, de son choix. Mais sans doute que la Force le contemplait avec perplexité, se demandant ce que cet électron libre deviendrait, s’il resterait dans la ligne qu’il s’était fixé, et chaque écart, même minime, était autant un risque qu’une chance à saisir. Pourtant, il se sentait lumineux, en paix, comme ses confrères jedis. Pour Yun, il n’y avait pas de différence entre lui et les autres… Du moins à première vue, l’épicanthix n’étant pas naïf au point de croire entièrement à ses propres propos.

Voilà pourquoi il ne sut que répondre à la question de son binôme sur le moment. Après tout, il ne savait pas en pratique comment les jedis normaux, si tant est que ces êtres aux pouvoirs extraordinaires puissent être affublés d’un tel qualificatif, ressentaient leur environnement. Il en avait une idée assez précise grâce aux écrits et cours théoriques qu’il avait lu ou auxquels il avait assisté. Les discussions partagées et entendues étaient également une source précieuse de renseignement pour parvenir au but qu’il s’était fixé : se fondre dans la masse des membres de l’Ordre. Qu’il était ironique pour un jeune homme avec un physique aussi peu commun de vouloir à ce point aspirer à l’anonymat, alors que d’autres êtres insignifiants ne semblaient concevoir leur propre réalisation qu’à travers le prisme déformé de leur ego boursouflé. Sans doute que personne n’était véritablement capable de se conformer à sa condition naturelle.

Alors, Yun réfléchit longuement à cette question, peut-être plus qu’il ne l’aurait dû, mais il avait l’impression confuse qu’elle contenait une sorte de vérité d’importance qu’il se devait de dégager, autant pour la formation du Chevalier Nae que pour lui-même. Au fond, l’interrogation posée portait sur un sujet éminemment complexe : sa propre différence. Finalement, une réponse lui vint, en deux temps. D’une voix pensive, il finit par répondre après quelques atermoiements mentaux :

« La Force me vient comme pour tout jedi. Enfin, je pense. Tout dépend de la façon dont on l’utilise. Sans doute que la réponse aurait été différente si vous m’aviez posé cette question alors que j’étais encore un apprenti sur Korriban. »


Il fit une pause, et un sourire sinistre effleura ses lèvres :

« Même si je doute fortement que, dans ce cas, nous aurions pris notre temps pour débattre des vertus de telle ou telle utilisation de la Force. S’entretuer me paraît nettement plus plausible. »

A défaut d’être quelqu’un de drôle et de foncièrement agréable au quotidien, Yun pouvait avoir un goût prononcé pour l’humour noir, même si ses plaisanteries lugubres contenaient toujours un sérieux impossible à nier, accentué par son aspect patibulaire et son manque absolu d’inflexion dans l’intonation, à tel point qu’il était souvent malaisé de reconnaître un trait d’esprit d’une sentence morale.

Conscient qu’une telle sortie ne manquerait pas d’instaurer immanquablement un malaise nettement perceptible, le padawan s’empressa de changer de sujet, et revint donc à la question qui les préoccupait.

« En terme de perception… Peut-être que l’obscurité est plus aisément perceptible. Comme une brûlure désagréable, familière, une piqûre de rappel. Et qu’à l’inverse, des éléments facilement reconnaissables par des jedis ayant baignés toute leur vie dans la luminosité du Temple d’Ondéron me sont étrangers. »

A nouveau, il s’arrêta, avant de lâcher sur un ton presque nostalgique :

« Quand on m’a emmené sur Ondéron pour la première fois, dans les prisons jedis d’Izziz… Il y a… Comment dire… L’atmosphère est faite pour contenir les utilisateurs du côté obscur aussi sûrement qu’un collier de Force. On n’y ressent rien. Pas d’émotions fortes, juste… la paix. Je présume que l’expérience est naturelle pour un jedi né et élevé au sein de l’Ordre. Mais pour moi… Ce fut vertigineux. Pas désagréable, parce que j’avais déjà renoncé à ce que j’étais.

Cela dit… je n’étais pas encore ce que je suis aujourd’hui, et l’absence de ce qui me paraissait évident était délicat à appréhender. »


Avec un rire nerveux, il conclut :

« Je ne sais pas si je suis très clair. »

Et ce, sans mauvais jeu de mot, ne pût-il s’empêcher de penser furtivement.
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La réponse du padawan mit un moment à venir, et Lei craignit de l'avoir blessé avec sa maladresse. Mais, finalement, il reprit la parole après ce qui ressemblait à une hésitation. Après tout, se sentir épié n'était pas quelque chose d'agréable, ça, elle l'imaginait sans peine. Lei ne fut donc pas surprise de sa réaction, qu'elle considérait normale.

« La Force me vient comme pour tout jedi. Enfin, je pense. Tout dépend de la façon dont on l’utilise. Sans doute que la réponse aurait été différente si vous m’aviez posé cette question alors que j’étais encore un apprenti sur Korriban. »

Le sourire qui passa furtivement sur les lèvres de l'epicanthix réveilla instantanément une vision terrifiante dans l'esprit de Lei. Bien qu'avec les années, cette même vision ait perdu en intensité, la peur qui avait été sienne à l'époque lui restait en mémoire, indélébile. Un vieux théâtre d'ombres qui la hantait encore, parfois, et dont elle usait pour affûter sa détermination lorsque la confiance venait à lui manquer. Le fait qu'il dise percevoir la Force comme tout jedi amena naturellement Lei à projeter ses propres sensations sur lui. Peut-être à tort.

« Même si je doute fortement que, dans ce cas, nous aurions pris notre temps pour débattre des vertus de telle ou telle utilisation de la Force. S’entretuer me paraît nettement plus plausible.

- J'imagine. »

La kaminoane se perdit dans le vague en entendant le nom de Korriban. Jusque-là, elle avait été presque réticente à aborder le sujet, comme si, en se montrant trop curieuse vis à vis du passé particulier du padawan, elle avait pu le blesser. Elle admirait le courage qui était le sien, de donner de façon presque naturelle toutes ces informations, comme s'il s'agissait d'un sujet somme toute assez banal. Peut-être était-ce dans sa nature d'être aussi flegmatique, presque pince-sans-rire. Elle même aurait sans doute été submergé par l'émotion, à moins d'avoir eu le temps de s'y préparer longuement.

« En terme de perception… Peut-être que l’obscurité est plus aisément perceptible. Comme une brûlure désagréable, familière, une piqûre de rappel. Et qu’à l’inverse, des éléments facilement reconnaissables par des jedis ayant baignés toute leur vie dans la luminosité du Temple d’Ondéron me sont étrangers. »

La jedi prit note mentalement des réflexions du padawan. Son point de vue était intriguant et intéressant. Il était clair qu'ils étaient très différents, à commencer par leur vécu. Lei, qui avait passé sa vie sur Ondéron, puis dans les pas de deux maîtres successifs, n'avait certainement pas eu la vie mouvementé et terrifiante d'un apprenti jeté en pâture à ses petits camarades sur une planète telle que Korriban. Elle se demandait ce qu'il pouvait bien penser d'eux, eux les chouchous du Temple, qui n'avaient jamais eu à craindre pour leur vie chaque minute, qui n'avaient jamais eu faim ou froid. Lei pensait qu'étrangement, elle ne voyait pas le jeune homme qui lui faisait face comme un padawan. Un padawan n'aurait jamais parlé de tuerie, pas par les temps qui couraient en tout cas.

« Quand on m’a emmené sur Ondéron pour la première fois, dans les prisons jedis d’Izziz… Il y a… Comment dire… L’atmosphère est faite pour contenir les utilisateurs du côté obscur aussi sûrement qu’un collier de Force. On n’y ressent rien. Pas d’émotions fortes, juste… la paix. Je présume que l’expérience est naturelle pour un jedi né et élevé au sein de l’Ordre. Mais pour moi… Ce fut vertigineux. Pas désagréable, parce que j’avais déjà renoncé à ce que j’étais.

Cela dit… je n’étais pas encore ce que je suis aujourd’hui, et l’absence de ce qui me paraissait évident était délicat à appréhender.

Je ne sais pas si je suis très clair.
»

Elle-même n'avait jamais mis les pieds dans un nid de Sith, où le côté obscur aurait été si étouffant qu'elle n'aurait pu ne plus rien sentir d'autre. Lei ne pouvait donc pas parler par expérience, uniquement par supposition ou déduction. Elle prit une petite seconde pour structurer sa pensée, puis répondit sur le même ton calme et détaché :

"Très clair. "

Pour le coup, elle était persuadée de savoir exactement de quoi il parlait.

"Couper un Sith de l'Obscur est le meilleur moyen de l'empêcher de nuire, oui. Je suppose que pour quelqu'un habitué à... à se jeter dans l'émotion, ce doit être frustrant et pénible de soudain ne plus pouvoir se raccrocher à quoi que ce soit. Comme une créature que l'on transporte dans un environnement qui ne lui est pas familier. Pour qui a été élevé au Temple, qui a appris très tôt le sens de la mesure et de la retenue, c'est très certainement différent. Je n'ai jamais vécu la paix intérieure comme une sensation de vide. Faire le vide dans ses pensées est une chose très compliquée. Mais c'est une occasion de faire de l'ordre justement, de la même manière que l'on range sa chambre. On trie, on évacue l'inutile et on se recentre sur l'essentiel."

Même si derrière sa sérénité apparente perçait une note de tristesse. Elle s'interdisait de l'imaginer perdu au fond d'une cellule morne, mais cette vision la rendait morose. Elle ne parvenir décidément pas à calquer la vision du rire jaune de ses rêves à Yun. Et c'était pour le mieux.

" Je suis nouvelle sur Coruscant, je n'y suis que depuis quelques jours. Ici, je sens déjà l'environnement comme une nouvelle épreuve : les dimensions n'ont plus rien à voir avec celles dont j'avais l'habitude. Après ces journées dans le tumulte incessant, je vis le retour à la paix et au calme comme une véritable bénédiction. La paix intérieure, c'est l'équivalent d'un silence. Qui m'évoque le repos et le bien-être, comme une grande inspiration après une longue apnée. "

Elle donnait les images qui lui passait par la tête lorsqu'elle s'imaginait en situation. Mais elle n'avait pas d'explication objective à donner à Yun Silthar. D'ailleurs, elle était intimement persuadée que le ressenti personnel primait pour ce genre de chose. On pouvait bien donner toutes les grandes théories qu'on voulait, elles restaient stériles si l'esprit ne les concrétisaient pas dans le réel par un ressenti intime.

" Et depuis ? Je veux dire, vous n'en êtes plus à ce stade maintenant. Aimez-vous la méditation ? Vous a-t-elle apporté ce que vous attendiez d'elle ou... pas du tout ? "

Lei avait déjà eu à faire à des initiés déboussolés face à ce genre d'exercice. Elle savait aussi que pour ceux-là, ce pouvait être une vraie souffrance que d'être assigné à cet apprentissage. Tout le monde n'était pas fait pour être sage et calme...
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En entendant les réflexions de la jedi en face de lui, Yun hocha doucement la tête, comprenant parfaitement les images utilisées. S’emplir de la Force ainsi sans chercher à lui infuser ses propres envies n’était en rien comparable à un vide soudainement comblé, mais plus exactement à la réunification d’un être pensant. Dit ainsi, cela pouvait paraître un peu pompeux, mais il le pensait sincèrement.

« Empêcher une personne sensible à la Force de la ressentir comme elle en a l’habitude est efficace oui. Mais ça marche dans les deux sens. Mettez un jedi dans un environnement fait d’ombre et de souffrance, et sa conscience vacillera. Je sais que certains des v… des nôtres sont passés par les geôles sith après Artorias. Je pense que leurs réponses ne seraient pas différentes des miennes. Seulement inversées. Et bien plus traumatiques. »

Sa langue avait failli fourcher au moment le plus inopportun. Non pas qu’il ne se sente pas jedi mais… Quand il parlait de ces moments où il aurait pu être le bourreau de ceux qu’il côtoyait à présent, il avait toujours du mal à s’identifier à un groupe qu’il avait contribué à torturer. Certes, après Artorias, lui-même était en prison mais… Eut-il été sur Korriban, il savait que pour achever de le tester, ses supérieurs l’auraient conduit vers les prisonniers pour mettre en pratique les enseignements de son défunt maître. Et le problème de Yun était simple : il savait au plus profond de son être qu’à cet instant-là, il aurait irrémédiablement sombré. Voilà qui mettait en perspective ses six mois d’enfermement dans les cachots d’Izziz.

« Je comprends. Coruscant est… désagréable. L’obscur est présent partout, quoique de façon différente de celle utilisée par les siths mais… La Force est empreinte de toutes les émotions négatives ici, de cette corruption présente partout, de l’envie, l’avarice, la jalousie qui gangrènent tout, des beaux quartiers aux pires bas-fonds. »

Avec un petit rire sec, il ajouta, sarcastique :

« Je me demande ce que tous les sénateurs dans les beaux vêtements diraient s’ils voyaient leur environnement comme les jedis peuvent le voir. »

A moins que la plupart ne les détestent justement pour cela, parce qu’ils étaient en face d’individus capables de sentir leur puanteur d’âme. Enfin, ce n’était peut-être pas le moment de dire cela à une personne qui allait travailler pour ceux qu’il venait d’insulter le plus poliment du monde.

« Navré pour ça. C’est juste que… Je n’aimerais pas être à votre place. Toute la difficulté de parvenir à ressentir une trace réellement obscure, au sens sith, vient du fait que les couloirs du Sénat sont empreints de temps d’influences contraires que la Force est trop fluctuante pour en avoir une appréhension claire, à moins d’être réellement habitué à détecter ce que l’on cherche avec une acuité particulièrement affûtée. »

L’épicanthix s’arrêta un instant, puis conclut sa tirade par un léger rire, semblable à un chuintement mal maîtrisé :

« Enfin, c’est pour ça que vous êtes là. »

L’art et la manière de dire les évidences était une sorte de don pour le colosse, qui avait ses avantages et ses défauts. Conscient qu’il n’apparaissait peut-être pas sous son meilleur jour, il essaya de se recomposer une face neutre, celle qu’il arborait en permanence normalement, et écouta la question de sa supérieure hiérarchique avec intérêt. Bon, au moins, ce serait nettement plus consensuel comme réponse, pour une fois. S’il y avait bien une chose que le garçon adorait c’était l’exercice contemplatif. Et à vrai dire, et en toute humilité, il y excellait. Ce n’était pas ses mots, mais ceux des professeurs qui l’avaient testé durant ses mois de probation. Mais beaucoup ignoraient que les siths pratiquaient aussi une forme de méditation différente, et que, comme pour tout, il suffisait de changer de paradigme pour se conformer à la lumière. Enfin suffisait… Le mot était mal choisi, évidemment, car c’était plus qu’une simple adaptation, mais bel et bien un renversement de pensée.

« En fait… Les siths pratiquent eux aussi la méditation, quoique de façon différente. Il s’agit davantage de contrôler ses émotions, de les faire bouillonner en soi comme un tourbillon dont on se plaît à tester les limites, pour en tirer la quintessence du pouvoir qui guidera son bras. J’étais particulièrement peu doué dans cet exercice, pour tout dire. »

Heureusement, sans doute.

« Quand j’étais en prison, c’était impossible à faire. Alors, avec le temps, j’ai essayé autre chose. Se laisser emplir par la Force, sans imposer son esprit sur cette dernière à un moment donné est… agréable. Doux. On se plonge dans ses tréfonds en se laissant dériver vers ce qu’elle veut bien montrer…

Oui, elle m’a apportée ce que je désirais je pense. »


Inutile de préciser qu’à cet instant, il parlait presque uniquement de la Force Unificatrice, qu’il connaissait beaucoup plus intimement que son pendant Vivant, contrairement à beaucoup de padawans, il l’avait bien compris en écoutant ses derniers pester contre l’aspect éthéré, immatériel de cette vision de l’entité mystique qui les traversait tous. Et pourtant… Quand l’esprit de Yun se laissait porter par ce flux à la fois immanent et transcendant, par ce paradoxe si complexe, il se sentait libre, délivré de ses pensées torturées, de ses doutes. Il se sentait en paix, seul avec le temps s’écoulant inexorablement.

S’arrachant à ses réflexions, il se décida à reprendre le fil de la conversation, et à revenir à ce pourquoi il était là. Et ce qu’il s’apprêtait à dire allait lui demander beaucoup d’effort.

« D’ailleurs… Pour vous aider à voir, à ressentir ce que vous devrez chasser, je vais vous le montrer. »

Il inspira profondément, avant de dire très doucement, dans un contraste saisissant entre le son soudain fluet qui sortait de sa gorge et son aspect physique résolument massif :

« Sonder ce que je suis à présent ne peut que vous donner une vision très parcellaire. Il faut aller… plus loin. Plus profondément aux racines du mal.

J’ai appris à utiliser le Juyo, sur Korriban, et d’ordinaire, je ne l’utilise plus, car il représente une philosophie que j’ai renié. Mais pour autant, sa démonstration est sans doute ce qui se rapprochera le plus d’une véritable utilisation du bouillonnement obscur contrôlé, comme le font les siths les plus expérimentés.

Comme je ne m’y livrerais pas pleinement, vous aurez une version notoirement atténuée. Mais c’est, je pense, un très bon début, pour que vous puissiez graver dans votre mémoire une flagrance à rechercher. »


D’un mouvement souple, il détacha son sabre de sa ceinture et bientôt, une lueur rouge vint éclairer la pièce, comme la réminiscence malsaine du sang qu’avait pu faire couler cette lame honnie. Il attendit que Lei se mette en garde, puis se concentra, s’immergeant dans la Force, et ne cherchant pas à faire le vide dans son esprit comme à son habitude. Au contraire, il y mêla sa honte, ses doutes, son envie désespérée d’être un meilleur jedi, de prouver sa valeur… Et surtout sa haine de lui-même, de ce qu’il était. Lentement, il se focalisa sur ses pires souvenirs, ceux où il n’avait été qu’une larve obéissante, canalisant cette ensemble turbulent en une pointe acérée dirigée devant lui.

D’un bond puissant, il s’élança.

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Attaque de Yun réussi!

Lei peut se défendre avec un jet d'agilité si elle le désire.
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( Hrp : Bon, suite à ma petite incartade, mes jauges sont à zéro, donc en attendant de faire un tour par la case bacta, le staff va devoir compter les points à l'ancienne ! Razz)

--

Lei entendit l'hésitation, mais ne la releva pas. Elle n'aurait pas osé. Encore une fois, elle restait à la fois admirative de son initiative et perplexe, ignorant tout de ce qu'il avait bien pu traverser pour en arriver là. Elle se contenta d'un très léger hochement de tête en écoutant son exposé, essayant encore de voir l'adéquation entre la brume opaque qui nimbait son esprit et le contenu de ses paroles.

« Je me demande ce que tous les sénateurs dans les beaux vêtements diraient s’ils voyaient leur environnement comme les jedis peuvent le voir. »

Lei haussa les épaules. Elle ne connaissait le Sénat que depuis quelques jours à peine, et ne se faisait pas encore à ce nouvel environnement, bruyant, sans cesse en mouvement. Ni au mépris auxquels ils avaient parfois droit. Les comportements des myriades d'espèces qu'ils étaient amenés à côtoyer aux hasards des couloirs étaiebt souvent déconcertant.

" Je doute qu'ils puissent comprendre, même en ayant la vérité sous les yeux. Nous avons grandis dans deux mondes trop différents. "

Elle-même doutait de comprendre un jour quoi que ce soit au leur, d'ailleurs. Ni de pouvoir tenir un rythme de vie aussi infernal ! Très peu pour elle.

« Navré pour ça. C’est juste que… Je n’aimerais pas être à votre place. Toute la difficulté de parvenir à ressentir une trace réellement obscure, au sens sith, vient du fait que les couloirs du Sénat sont empreints de temps d’influences contraires que la Force est trop fluctuante pour en avoir une appréhension claire, à moins d’être réellement habitué à détecter ce que l’on cherche avec une acuité particulièrement affûtée... Enfin, c’est pour ça que vous êtes là.

-Vous n'avez pas à vous excuser. J'ai choisi d'être ce que je suis et où je le suis, je ne m'en plains pas. Ce que vous décrivez est précisément ce pourquoi notre présence est requise : pour que des individus tels que ce Lord Janos ne puissent plus entraver aussi facilement le cours des choses. C'est un sacrifice nécessaire, même s'il n'est pas très bien vu. "

Elle lui sourit pour faire bonne mesure. Non, Lei pensait sincèrement être à sa place, même si son quotidien n'était pas celui dont elle rêvait. Et la kaminoan n'était pas du genre à pleurnicher, même si l'ennui la gagnait parfois. Pour avoir eu un aperçu de la misère de certains endroits de la galaxie, elle se savait plutôt privilégiée, avec ses trois repas pas jour et ses quartiers plus que décents.

« En fait… Les siths pratiquent eux aussi la méditation, quoique de façon différente. Il s’agit davantage de contrôler ses émotions, de les faire bouillonner en soi comme un tourbillon dont on se plaît à tester les limites, pour en tirer la quintessence du pouvoir qui guidera son bras. J’étais particulièrement peu doué dans cet exercice, pour tout dire. »

intéressant, pensa Lei, étonnée. Je ne pensais pas qu'une telle chose était possible. En réalité, elle ne parvenait pas à imaginer qu'un être abandonné au côté obscur puisse être autre chose qu'une boule de rage et de haine. Elle savait sa vision fausse de par les dires des uns et des autres. Pourtant, imaginer un sith sage lui était quasiment impossible... et particulièrement glaçant. C'était imaginer qu'une conscience puisse planifier la violence et le meurtre en toute sérénité. L'idée même la choquait plus qu'elle ne se l'avouait.

" C'est... surprenant. oui, vous m'apprenez quelque chose, avoua-t-telle, songeuse, j'ignorais que l'on pouvait retourner la méditation d'une telle manière. Je tâcherais de m'en souvenir, à l'avenir. "

Une lueur douce naquit dans ses prunelles étoiles, une joie discrète, lorsqu'il annonça que son lien avec la Force lui avait enfin apporter la paix qu'il méritait.

" Vous m'en voyez ravie. Je suppose que ce n'est qu'un début, mais les années vous y aiderons, j'en suis persuadée."

Le temps pouvait faire des miracles. C'était toujours un plaisir de voir une personnalité éclore, même timidement, et s'épanouir au contact de la Force, dans une relation de confiance et de respect. Après ce court passage , le ton changea, et le padawan redevint plus grave, d'un coup moins sûr de lui, presque fébrile. Lei, malgré elle, se tendit, sur le qui-vive.

" Sonder ce que je suis à présent ne peut que vous donner une vision très parcellaire. Il faut aller… plus loin. Plus profondément aux racines du mal. "

L'aura qui planait dans la salle changea. Lei ne le sentit pas immédiatement, mais lorsqu'elle y sonda à nouveau la présence du jeune homme, elle fut déboussolée par le tumulte qui y régnait. La Force s'y était brusquement mise en mouvement, et sans qu'elle pusse y déceler quoique ce soit, Lei ressentit jusque dans sa propre tête le déchaînement de pensées pêle-mêle de l'ancien sith, hanté par ses blessures. Son inquiétude finit par transparaitre sur ses traits d'habitude si sereins.

" C'est... confus. Une tornade, murmura-t-elle comme pour elle-même. "

Il décida de passer à l'attaque, en puissance plutôt qu'en rapidité. De telle sorte qu'elle eut le temps de voir sa manœuvre et de s'y préparer. Mais pouvait-on réellement être préparé ? Lei n'en savait trop rien. Le Juyo n'était pas un style connu de Lei, et sans doute était-ce la raison de la surprise qui la prit : elle faisait face à quelque chose de nouveau. Elle douta même, lorsqu'un éclat sanguin surgit devant elle, transformant l'éclairage doux de la pièce. Comment une simple lueur pouvait-elle lui procurer un si pressent sentiment de danger ?

Pour le comprendre, il suffisait de remonter à la toute première fois où Lei avait vu une lame rouge se dresser devant elle : pour faire pleuvoir la mort. En un réflexe dont elle ne se serait pas cru capable, la sentinelle dégaina sa lame bleue et l'envoya à l'encontre de celle de l'épicanthix, dont la brutalité volontaire indiqua à Lei qu'elle était loin d'avoir tout vu.

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Défense contre l'attaque de Yun et contre-attaque au sabre


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Défense de Lei ratée!

Lei perd 19 PV!

PV de Lei: 41/60

Attaque de Lei réussie! Yun peut se défendre avec un jet d'agilité s'il le désire.
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Dans une gerbe d’étincelles, le bleu contra le rouge. Mais là où Yun n’aurait habituellement pas insisté, préférant se fendre pour se mettre en position défensive et attendre une ouverture pour frapper, en adepte désormais fidèle du Soresu, là, il appuya brutalement, bandant ses muscles puissants pour tenter de faire plier la kaminoanne. En termes de force brute, il avait le dessus. Mais il convenait d’aller plus loin, de prendre le dessus de façon distincte, cruelle, de l’annihiler.

Alors il se concentra sur sa volonté de domination, de vaincre, et l’énergie autour de lui se mit à bouillonner encore plus, à se teindre de noirceur sans jamais non plus devenir complètement obscure. Yun savait les limites à ne pas dépasser, aussi il tentait d’alimenter sa rage par l’envie de triompher, de montrer sa valeur, plutôt que par la haine de son adversaire. Cependant, il savait aussi parfaitement qu’il marchait sur une corde raide, et qu’il devrait passer plusieurs heures en méditation après cela.

Il appuyait, engageant le chevalier Nae dans une véritable épreuve de force en s’aidant de ses sentiments pour se renforcer. Et lentement, il vit ses bras céder, alors que les siens demeuraient en place, arc-boutés. Enfin, il vit Lei céder, et alors, il se détendit comme un cobra, frappant avec fureur, sans retenir son coup, qui fit enfin mouche. Bien sûr, il avait pris soin de baisser l’intensité de sa lame pour n’occasionner que de simples brûlures, mais évidemment… Cela devait quand même faire mal.

Brusquement, il se recula, le corps tremblant, la sueur coulant de son front alors qu’il sentait comme une mauvaise musique à ses oreilles lui susurrer qu’il était tout de même bien plus puissant en se battant ainsi. C’était vrai… Mais il était aussi aveugle, sourd, une bête qui se contentait de taper comme une brute sans rien ressentir. Il ne voulait pas être ainsi, mais devait l’être pour cet entraînement, pour montrer ce que cela faisait, de voir réellement l’obscurité en action… ou du moins, ce qui s’en approchait le plus.

Reprenant sa respiration, il souffla d’une petite voix, comme effrayé par ce qu’il venait de faire, de déployer, alors qu’il laissait la kaminoanne se soigner un peu, se remettre :

« Je suis désolé. J’espère que je ne vous ai pas fait trop mal. »

L’espace d’un instant, la Force se calma autour de lui, et son aura redevint plus claire, plus douce. Ses traits se détendirent un tout petit peu, alors qu’il se baignait dans cette chaleur bienfaisante qui l’entourait. Il se sentait revivre après cette plongée dans l’abîme, et pourtant, elle était nécessaire, et il était important qu’il sache se confronter à ses démons et les utiliser pour renforcer l’Ordre. Mais cela lui coûtait énormément, et il n’essayait même pas de le cacher. Tant qu’il contrôlerait ses émotions, qu’il choisirait judicieusement celles qu’il utiliserait pour renforcer ses pouvoirs, alors il conserverait sa clarté d’esprit. Il devait être absolument concentré, ne jamais dévier.

Voyant Lei contre-attaquer, il appela à nouveau la Force à lui, se concentrant une nouvelle fois sur sa haine de lui-même. Il focalisa son esprit sur un souvenir particulièrement odieux, quand il avait exécuté sans sourciller une esclave coupable d’avoir manqué de respect à leur maître. Elle était sans défense, et il lui avait tranché la gorge sans sourciller, horrifié à l’idée d’encourir à nouveau le courroux de son seigneur, et de se voir à nouveau puni comme il l’avait été. Et puis, pourquoi avait-elle résisté cette fille aussi, elle l’obligeait à la tuer, aussi !

Voilà ce qu’il avait pensé pour se donner du courage, pour se convaincre que ce qu’il faisait était juste, pour s’exonérer de sa culpabilité : il s’était bercé de mensonges, et il se détestait pour cela. Pire, il se dégoûtait, il s’exécrait, et il ne lui était guère difficile de transmuter ce sentiment viscéral en un véritable tourbillon de Force autour de lui qui guidait son bras. Il était simplement heureux que la jedi ne puisse lire dans ses pensées, grâce à la fermeture hermétique de son esprit. Parfois, cette spécificité des épicanthix était un soulagement immense.

Il devait lui montrer comment un sith aurait réagi, comment il aurait utilisé la souffrance. Après la rage devait venir la douleur, tel était le credo de tout apprenti. Ainsi quand il sentit la lame bleue entamer sa peau, il ne repoussa les tourments qu’il s’infligeait, n’ayant tenté que mollement d’écarter le sabre. A la place, Yun se focalisa sur l’odeur de brûlé qui s’élevait de sa brûlure, sur l’onde de choc qui parcourait son corps.

Son poing se serra instinctivement autour de son sabre et il se rua sur son adversaire dans un bond lourd, puissant, abattant son sabre avec une violence décuplée par les cris de ses muscles qui hurlaient sous l’effort consenti, pulvérisant ses défenses.

Quand il vit ce qu’il venait de faire, horrifié, il lâcha son sabre pour se précipiter sur la jedi en murmurant :

« Je suis désolé, je suis désolé… Je ne voulais pas… »

Il ajouta alors qu’une toute autre souffrance tordait son visage et que des larmes coulaient sur ses joues:

« C’est cela le côté obscur… Souffrir pour faire souffrir les autres… Et j’y arrive encore… J’y arrive encore… »

Il lui avait montré ce qu’elle devait chasser. Et en faisant cela, il s’était brisé.

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Défense de Yun ratée! Lei fait son maximum et Yun le minimum!

Coup critique de Lei!

Yun perd 38 PV!


PV de Yun: 12/68.

Coup critique de Yun!

Lei perd 38 PV!

PV de Lei: 2/60

Invité
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Le coup fut si brutal, si plein de hargne, que même l'habileté qu'elle avait acquise jusque-là révéla ses limites. Leurs lames respectives furent déviées sous l'impact. Lei sentit son sabre meurtrir l'épaule de l'épicanthix tandis que sa lame à lui perforait son vêtement et la chair sur son côté droit, manquant de lui sectionner le bras d'un cheveu. Son visage se tordit brièvement, tant de surprise que de souffrance. Elle chercha à s'écarter le plus vite possible, et la tête lui tourna.

« Je suis désolé, je suis désolé… Je ne voulais pas… »

Son calme se brisa, laissant entrer une onde de panique. La douleur était telle que l'alien n'eut d'autre choix que de s'affaisser, à genoux, les mains en protection sur le trou béant de sa combinaison, laissant apparaître une trace noircie.

Elle l'avait touché, mais hélas, sa constitution de frêle créature ne la disposait pas à encaisser autant que lui. S'il était réellement venu la détruire, alors s'en était bel et bien fini. Pourtant, si tel avait été le cas, sa lame l'aurait tuée, elle le savait : un coup comme celui-ci ne laissait que très peu de chance à la victime. Lei, trop faible pour se poser des questions existentielles, tentait de juguler sa détresse respiratoire et de confiner la douleur avec les maigres connaissances qu'elle avait en la matière.

" Je...ça va aller. Je crois que le combat est terminé pour aujourd'hui, murmura Lei, vide de toute émotion, consciente qu'elle pouvait basculer dans les limbes d'une seconde à l'autre. "

Lei respira, lentement, doucement, les yeux fermés. Il lui fallait trouver la force de se relever. C'était beaucoup moins évident que prévu : si son mental tenait la route, son corps ne semblait pas décidé à la laisser faire si facilement. Après deux tentatives, elle y parvint, chancelante.

Le spectacle qui s'offrit à elle la laissa interdite. Yun pleurait. Elle s'était attendu à beaucoup de chose au moment ou elle avait pris la décision de relever la tête, mais... Lei devait admettre que l'image l'ébranlait tout à fait. Les traits fiers de l'épicanthix avaient perdu toute leur agressivité, pour se fondre en une expression presque enfantine de celui qui a fauté.

« C’est cela le côté obscur… Souffrir pour faire souffrir les autres… Et j’y arrive encore… J’y arrive encore… »

La respiration encore sifflante, la kaminoane parvint malgré tout à poser sa main gauche sur l'épaule du padawan en un signe fraternel. Elle n'arrivait pas à mettre de l'ordre dans ses idées, à savoir ce qui c'était réellement passé, mais la jedi en elle comprenait que pour Yun, tout ça constituait une épreuve d'une grande difficulté.

" Merci de m'avoir appris ce qu'était la souffrance, Yun. C'est un enseignement... que je me dois de bien intégrer. "

Sa voix avait quelque chose de bizarre, qu'elle même ne reconnaissait pas vraiment. Elle pensa que sa blessure en était responsable. Sans en être tout à fait certaine. Elle parlait tout autant de sa souffrance à elle, présente et bien palpable, que de la sienne, profonde et d'une autre nature, qui lui semblait à bien des égards autrement plus terrible.

--

Aucune action.

Invité
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En voyant le corps tordu au sol devant lui, Yun se sentait horriblement mal. A travers la Force, il pouvait sentir la souffrance éprouvée par le Chevalier, qu’il avait causé. Jamais il n’aurait imaginé en arriver là. Il voulait juste lui montrer, s’approcher de ce qu’était réellement l’obscurité. Et il l’avait trouvée, plus forte que jamais chez lui. A quel moment avait-il perdu le contrôle à ce point ? Quand avait-il laisser les émotions le submerger pour s’y baigner et causer tant de peine ? Il ne savait pas, il ne savait plus, sa tête tournait sous l’afflux de questions, et de remords, tandis que les larmes coulaient sur ses joues en un flot continu qui semblait ne pas vouloir s’arrêter.

Qu’elle était étrange, cette vision d’un colosse musculeux agité quelques instants auparavant soudain réduits à une figure statuaire, comme figé dans son expression de douleur psychique, à tel point qu’il ne sentait même pas la morsure entamant la chair de son épaule. Sa propre souffrance lui était indifférente : il l’avait méritée, de toute manière, et les années l’y avaient rendu notoirement insensible. Il fallait plus pour le mettre à terre… En fait, il avait fallu un gorgodon fou, sur Lorrd. Il était fort oui… Et tellement, tellement faible.

Surtout, il ne savait que faire, hormis regarder le trou dans la combinaison noircie de la jedi dont la respiration sifflante et saccadée indiquait la difficulté à se remettre. Sans doute que les padawans pouvant se vanter d’avoir mis à terre un chevalier étaient peu nombreux… Sauf que c’était une fausse victoire, une tricherie. Il avait vaincu en sith, et non en jedi, du moins, c’était ainsi que Yun voyait les choses, et cette perspective le terrifiait. Pourquoi avait-il été soudainement si… Puissant, lui qui avait du mal à porter une seule attaque correcte ordinairement, comme paralysé par le souvenir de ce qu’il avait été ? Se plonger ainsi dans la Force, dans ses émotions l’avait-il désinhibé ? Apparemment.

Quand il vit Lei se relever, le jeune homme se précipita à son côté pour l’aider, la soutenir… Mais se retint au dernier moment. Jamais elle ne voudrait qu’il la touche après … ça. Peut-être qu’elle allait faire un rapport sur son comportement ? D’autres l’auraient fait sans l’ombre d’un doute. Il était dangereux, comme certains le redoutaient, il l’avait prouvé. Il ne savait pas se contrôler, et tous les mensonges qu’il se répétait étaient désormais vains. L’obscurité était encore présente en lui… Et désormais, il savait la contrôler, ce qu’il n’avait jamais su faire sur Korriban. Il avait eu besoin de la lumière pour savoir comment puiser dans ces émotions. Quelle ironie.

L’épicanthix se dégoûtait, tant il avait l’impression que tous ses efforts étaient réduit à néant par cet exercice. Pourquoi l’avait-on choisi pour cela ? Pourquoi lui avait-on infligé cela ? Il ne voulait pas éprouver de rancœur, mais malgré lui, et alors qu’il était encore secoué, cette dernière s’insinuait dans son esprit comme un chance putride. Il ne voulait pas… Mais parfois, peu importait ce que l’on voulait : les choses ne pouvaient changer.

Soudain, il sentit la main de la kaminoane sur son épaule et manqua sursauter, tandis que sa voix douce, un peu plus profonde que d’habitude résonnait. Elle… le remerciait ? Il sentait la compassion exsuder de la jedi, comme un parfum entêtant dans la Force, au milieu de la souffrance qui la traversait et illuminait son aura par à coup, comme des éclairs. Et cela ne faisait qu’augmenter son mal-être. Ses larmes coulaient toujours sans qu’il ne cherche à les essuyer, tandis que ses épaules tressautaient en silence. Il était pitoyable : il fallait que ce soit celle qu’il avait blessé qui le console.

Il ne serait pas ce boulet qui avait retenu ses coéquipiers sur Lorrd. Il voulait changer. Il haissait ce qu’il était à cet instant précis, et comme un feu liquide, une résolution l’emplit alors que la Force se calmait autour de lui. Voilà, dorénavant, Yun savait quelles étaient ses limites, qu’il n’était pas encore complètement dévoué à la lumière. Mais jamais, jamais, il ne referait l’erreur de se croire capable de contrôler l’obscurité qui l’habitait. Ce n’était que chimère. Une fois qu’on se plongeait dans l’abysse, il était impossible de s’arrêter de couler. Ceux qui pensaient le contraire étaient des imbéciles… et déjà corrompus par la perspective de pouvoir.

Se souvenant des conseils du Chevalier Belluma, Yun inspira profondément et posa sa main sur la plaie, insufflant à l’intérieur sa propre force vitale. C’était la seule façon qu’il connaissait de soigner, dérivée de l’Absorption sith, sauf qu’il l’utilisait à l’envers, pour une autre. Il n’avait jamais été doué pour utiliser cette dernière, de toute façon, et il ne maîtrisait pas la Guérison. Mais il voulait essayer, la soutenir au moins un peu.

« Je ne sais pas soigner. »

C’était hors de propos, complètement, mais c’était la première chose que son esprit embrouillé avait réussi à formuler.

« Je… Nous devrions aller à l’infirmerie. »

Oui, c’était même la décision la plus sensée qu’il avait prise depuis quelques temps.

« Je ne voulais pas… que vous connaissiez cela. Ce n’est pas… Je ne voulais pas. »

D’un revers de sa manche, Yun essuya enfin les traces mouillées sur ses joues, reniflant légèrement.

« Quand on vous demandera ce qu’il s’est passé… Ne mentez pas. »

Peu lui importait. Il risquait de tout perdre, mais à cet instant il s’en fichait. Parce que ce qu’il voulait, finalement, n’avait apparemment jamais eu d’importance. Le comprendre, voilà ce qu’était la souffrance. Il ne pouvait changer ce qu’il était.
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Aurait-il été plus jeune, moins imposant, moins... étrange, Lei n'aurait sans doute pas hésité à le prendre dans ses bras, à le cajoler avec douceur et chaleur pour lui permettre de sécher les larmes qui ne s'arrêtaient plus. Mais Yun n'avait de padawan que le titre. Difficile pour la kaminoane de croire qu'un tel geste envers lui ne serait pas mal interprété. Le prendre pour un petit garçon n'était sans doute pas la meilleure chose à faire. Pourtant, c'était tout ce dont elle avait envie en cet instant, le voir si brisé et honteux la rendait malade. Sa main n'avait pas quitté l'épaule du jeune homme, s'y posant sans s'y agripper, mais avec force tout de même.

" D'autres auraient profité de cette victoire, dit simplement Lei avec un sourire triste, vous, non. Toute la différence est là. "

Oui, et à ses yeux c'était tout ce qui comptait. Il n'avait pas eu l'intention de la tuer, elle en était convaincue. Sinon, ce serait déjà chose faite : les sith n'admettaient pas la faiblesse, on le lui avait assez rabâché. Et question faiblesse, force était de constater qu'elle n'était pas en rade.

Lei savait qu'elle portait seule la responsabilité de son échec. Comment pouvait-elle se défausser sur Yun, elle qui était sensée arrêter les sith jusque dans les couloirs du Sénat ? Elle aurait dû être capable de lui faire obstacle, même - et surtout - quand il s'était donné au Côté Obscur. Pourtant, cela n'avait pas été le cas. La vérité était que la kaminoane avait perdu le peu de confiance en elle qu'elle avait réussi à gagner en venant sur Coruscant. Cette fois, elle aurait beaucoup de mal à se considérer à nouveau à la hauteur de la tâche qui lui incombait. Mais pour l'heure, c'était sa blessure qui posait problème. Elle vit Yun se pencher sur elle. Sans la moindre marque de méfiance, elle se laissa faire, se contentant de ressentir la tempête invisible qui entourait son esprit opaque. Lei
Elle ferma les yeux, concentrée sur le contact entre la main et la blessure : rien ne semblait se passer. Elle tenta d'aider imperceptiblement, mais ses propres connaissances étaient insuffisantes.

« Je ne sais pas soigner. »

Lei n'avait pas de système immunitaire dopé, et si la Force arrangeait les choses, elle ne ferait pas non plus de miracles. La jedi était bonne pour un détours à la case MedCorps.

"On ne vous le demande pas, n'ayez pas peur. Il y a des infirmiers pour ça, au Temple. "

Elle avait tenté de mettre un peu de plaisanterie dans le ton, juste pour atténuer le son rauque de la douleur.

« Je… Nous devrions aller à l’infirmerie.

-C'est une bonne idée, en effet, dit Lei en posant sa paume sur la déchirure de sa combinaison. "

La chair continuait de la brûler doucement, comme un insecte parasite qui l'aurait mangé petit à petit. C'était désagréable, dangereux, mais elle se surprit à le supporter mieux qu'elle ne l'aurait cru. Peut-être était-elle encore en état de choc : tout était allé si vite. Lei avait rarement mené de combats aussi brutaux et rapides. En tant que sentinelle, elle ne s'était jamais retrouvé en première ligne sur un champ de bataille, et avait toujours eu affaire à des combats de rue, voire d'arrière-cuisine. Dans ces cas-là, elle parvenait en général à temporiser ou à utiliser la Force. Ici, face à Yun, à peine était-elle parvenue à encaisser deux misérables coups. L'effet sur son moral était dévastateur. Mais plus que sa propre nullité, ce qui perturbait Lei était la déconfiture du jeune homme. Elle n'aimait rien de moins que de voir les autres souffrir.

« Je ne voulais pas… que vous connaissiez cela. Ce n’est pas… Je ne voulais pas. »

Lei se remit sur ses deux pieds, testant lentement sa mobilité. Le flanc la lançait, mais elle pouvait marcher.

"Vous ne vouliez pas... ? Yun, c'est pour cela que j'ai été dispensée de travail aujourd'hui : apprendre à me heurter à l'obscurité. Si quelqu'un a failli à sa tâche ici, c'est moi, pas vous. Au contraire, vous avez largement trop donné de votre personne. "

Bizarrement, c'était comme si l'épicanthix ne l'entendait pas. Il devait être encore plus choqué qu'elle par cette histoire, et Lei s'en voulait de ne pas pouvoir le réconforter. Avec les initiés ou les padawans plus jeune, elle n'aurait eu aucun scrupule. Là, c'était une autre paire de manche. Elle s'apprêtait à partir, lorsqu'elle s'aperçut que le padawan était resté en arrière. La voix brisée lui parvint de dos, comme un murmure.

« Quand on vous demandera ce qu’il s’est passé… Ne mentez pas. »

Lei s'arrêta au niveau de la porte et se retourna vers lui, ses grands yeux étoilés le toisant avec une surprise non feinte. Que venait-il de lui demander ?

" Mentir ? "

La grande alien marqua un temps d'arrêt.

" Vous vous attendiez à ce qu'une Garde Licteur mente ? Vous ne devez pas avoir croisé notre recruteur, dans ce cas... Vous envisageriez ça d'une toute autre manière ! "

Elle se souvenait encore du regard très particulier du maître Tianesli, de sa manière toute particulière aussi de sonder les candidats à ces postes à risques.

" Je n'ai aucune raison de mentir, tout simplement parce qu'il n'y a rien à cacher : vous avez fait exactement ce pourquoi vous avez été envoyé à mes côtés. On ne devient pas un rempart contre le Mal sans ne s'être jamais frotté à lui, je crois. On ne vous demandera jamais d'être parfait, assena-t-elle presque avec colère en revenant vers lui, seulement de tout faire pour vous améliorer... et améliorer les autres ! Et à mes yeux, c'est précisément ce que vous venez de faire. Cessez de vous tourmenter pour ça !"

Elle contemplait le visage humide du grand épicanthix avec un mélange de courroux contenu et de tristesse. Un sentiment exacerbé par sa propension à se croire coupable de tout et le reste. Ils avaient beau n'avoir certainement que quelques années de différence, dans leur réalité biologique, Lei était déjà dans l'âge adulte depuis plus de dix ans. Ce qui lui donnait parfois l'impression de voir des comportements puérils chez des individus plus âgés qu'elle. Ne pas considérer certains chevaliers comme de grand enfant était parfois très dur. Elle ne voulait pas être dure, surtout pas maintenant, mais elle sentait aussi que son devoir était de tenir son rang. Elle n'était ni sa mère, ni sa sœur, ni sa petite amie, encore moins sa nounou. Elle était Chevalier jedi, malgré le terrible revers qu'elle venait de subir.

" Ce n'est pas moi qui vais vous apprendre qu'il y a des choses autrement plus graves et plus douloureuses qu'un coup de sabre lors d'un entraînement, lâcha-t-elle finalement, après l'avoir regardé dans les yeux une bonne minute sans rien dire, ce ne serait pas très respectueux, ni pour moi ni pour vous de se mettre à hurler pour une simple blessure. Ce n'est pas agréable, mais je m'en remettrais. On s'en remet toujours. "

C'était ce qui faisait aussi sa force de caractère : garder le sourire, ne pas renoncer. Le coup mettrait peut-être quelques jours à guérir, mais il ne laisserait pas de séquelles à vie, contrairement à la nécrose répandue dans son bras quelques années auparavant par un assassin peu scrupuleux.

" Allez, en route, fit Lei en reprenant le chemin du couloir, vous allez m'y accompagner. Je pense qu'un bon chocolat chaud de chez madame Torey vous fera le plus grand bien. "

Et Lei savait combien les chocolats de l'infirmière Torey étaient délicieux, préparés avec amour. Sentant arriver le silence pesant lors de leur parcours jusqu'au MedCorps, Lei prit les devants.

" Racontez-moi plutôt comment vous êtes arrivés sur Coruscant, comment vous avez découvert la planète-ville, dit-elle, sûre d'elle avec entrain, ça nous changera un peu les idées ! "

La kaminoane sourit, jetant un coup d’œil au jeune homme qui marchait à ses côtés.


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Une fois encore, Yun s’était mal exprimé. Comme d’habitude avec lui, en fait. Malgré son temps passé au Temple, son expérience sur Arkania, ses discussions matinales avec son maître, il restait par bien des aspects ce garçon fruste qui ne savait jamais mettre les mots dans l’ordre où ces derniers se bousculaient dans sa tête, encore moins parvenir à véhiculer ses émotions, son ressenti pour que ses paroles ne soient pas mal interprétées. L’épicanthix était pourvu de cette franchise brusque qui en mettait certains mal à l’aise ou décontenançaient les autres.

Le Chevalier Nae ne comprenait pas. Bien sûr qu’il n’avait pas voulu sous-entendre qu’elle pourrait mentir pour le protéger ou une autre idiotie. Mais il connaissait les jedis, leur propension à ne retenir que certains morceaux, à minimiser le reste. Il avait peur, finalement, qu’elle ne dise qu’une chose, qu’une portion de la vérité de son point de vue : qu’il l’avait blessé accidentellement au cours de leur entraînement en faisant très exactement ce qu’on lui demandait. Au vu de ce qu’elle lui répondait, c’était même très exactement cela, le problème. Elle ne voyait pas ce qu’il s’était passée comme lui.

Yun se moquait de ce coup de sabre. Enfin non, il était désolé de l’avoir blessé, mais c’était des choses qui arrivaient. En d’autres circonstances, il aurait pu se gargariser de cette victoire. Sauf qu’il savait qu’elle était acquise parce que l’espace d’un instant, il avait trop marché sur la corde du gris et avait franchi la ligne du noir pour lâcher toute sa rancœur. Il avait succombé à une tentation qu’il ne connaissait que trop bien, et s’en trouvait mortifié. Pis, ces quelques secondes remettaient en cause, à ses yeux, tous ses efforts des derniers mois, sa volonté de croire en sa capacité à changer. Apparemment, pourtant, ils seraient toujours au moins en partie l’esclave de sa propre obscurité, et cette perspective le terrifiait.

Surtout, en défaisant un supérieur de cette façon alors qu’il avait buté sur la garde du Chevalier Keirin, le colosse contemplait la puissance du côté obscur. Ironiquement il n’avait jamais été aussi doué pour l’utiliser que depuis son passage vers la lumière, comme si sa nouvelle compréhension de la Force le rendait apte à utiliser plus aisément ce à quoi il avait tourné le dos. Et cette vérité l’horrifiait, car elle sous-entendait la possibilité que ses instructeurs siths, toutes ces années, aient dit la vérité : que l’ombre, bien utilisée pouvait défaire la lumière. Lei, avec sa bonne humeur et sa gentillesse, était un puit vivant de clarté, de pureté … Et il l’avait noircie de sa lame. Il avait sabré cela, et s’en voulait. D’avoir succombé, de s’être trahi en quelque sorte. Etait-il un traître perpétuel ? Parfois, il en venait à se le demander, dans les errements de sa conscience tourmentée.

Sauf qu’évidemment, il était incapable d’expliquer tout cela. Alors il se contenta de baisser la tête de souffler une énième excuse, avant de se murer dans un silence de plomb, un de ceux dont il avait le secret, tandis que ses yeux demeuraient rivés sur ses chaussures et que sa masse avançait dans les couloirs comme un automate :

« Navré. »

Il aurait vraiment aimé que le Chevalier Nae le laisse ruminer en paix, qu’il n’ait pas en plus à faire la conversation, mais apparemment, cette nature joyeuse ne l’entendait pas de cette oreille. Et cette fois, il se demanda clairement si lui n’allait pas mentir pour éviter de dire ce qu’il pensait de cette fichue planète qu’il détestait. Décidément, il était la pire compagnie qu’on puisse trouver. Enfin, de toute manière, il pouvait difficilement aggraver son cas, vu la sommité d’horreurs qu’il venait de produire, aussi il se contenta de la réponse factuelle dans un premier temps, la plus facile à donner.

« Maître Don avait des affaires à mener ici pour le Conseil. Avec tout ce qu’il se passe en ce moment … Enfin je présume que Maître Berryl est très occupé et ne peut pas tout faire. Il a tenu à ce que je l’accompagne.

On m’a fait travailler un temps avec les Services secrets pour … la même raison qu’on m’a envoyé auprès de vous. »


Cette mission avec le Commandant Sarlions, il s’en souviendrait longtemps. Ils avaient intercepté la bombe juste à temps, et pendant tout ce temps, Yun avait eu l’impression d’être traité non pas comme un ancien sith, même pas comme un padawan … Mais tout simplement comme lui, Yun, un jeune homme avec de la ressource, sur qui on pouvait se reposer. Et cela, le garçon l’avait énormément apprécié. Il ne savait pas où était l’humain à présent, cependant, il gardait un excellent souvenir de cette collaboration, malgré sa brièveté.

« Même si du coup, j’en ai plus vu les bas-fonds et les cantinas qu’autre chose … Ainsi que les environs de l’enclave, forcément. »
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" Navré. "

Le mot résonnait comme un grognement sourd. Yun était un homme des plus taciturnes. En tout cas, c'était ainsi que Lei le voyait. Elle ne lui en voulait pas du tout : il était comme ça, point final ! Qui serait-elle de vouloir le changer ? Mais elle ne pouvait pas dire que son attitude l'enjouait. Il faisait un effort visible pour ouvrir la bouche et faire en sorte de produire des sons. A moins que ce ne fut que leur entraînement qui l'ait plongé dans un tel état. En tout cas, ni l'annonce du chocolat chaud, ni celle d'une discussion plus légère n'avait eu d'effet sur sa grise mise.

" Maître Don avait des affaires à mener ici pour le Conseil. Avec tout ce qu’il se passe en ce moment … Enfin je présume que Maître Berryl est très occupé et ne peut pas tout faire. Il a tenu à ce que je l’accompagne. On m’a fait travailler un temps avec les Services secrets pour … la même raison qu’on m’a envoyé auprès de vous. "

Tout sonnait comme si cela ne l'enchantait pas. Lei était tentée de croire qu'il y avait de bonnes raisons : certainement Yun aurait-il préféré rester auprès de son maître, ou accomplir une mission plus exhaltante. Lei imaginait sans peine que fréquenter un esprit aussi expérimenté et sage que celui du Maître Saï Don devait confiner les autres expériences dans un cadre particulièrement morne. La kaminoane mit donc l'humeur maussade de l'epicanthix sur ce compte-là, faute de mieux.

" Même si du coup, j’en ai plus vu les bas-fonds et les cantinas qu’autre chose … Ainsi que les environs de l’enclave, forcément. "

Lei acquiesça avec un léger sourire, plus de convenance que de réel enthousiasme.

" Oh, je vois... J'imagine que vous auriez préféré voir une facette plus reluisante de la ville ? Mais au fond, vous savez... le Sénat n'est guère mieux, dans un certain sens. Au moins, dans une cantina, il y a des chances que l'on puisse s'amuser et discuter... Monter la garde au Sénat n'octroie pas vraiment ce loisir. "

Lei n'aimait pas dire qu'elle n'appréciait pas son travail, parce que ce n'était pas tout à fait vrai. Seulement, il fallait bien avouer qu'être Garde Licteur n'était pas exactement ce qu'elle avait imaginé. D'abord, les jedi étaient rarement les bienvenus au Sénat, même en tant que simple gardes, et aussi parce qu'elle s'y ennuyait. Lei aimait ressentir la joie et la sérénité du Temple d'Ondéron. Malheureusement, Coruscant ne respirait pas vraiment la sérénité, c'était peu de le dire. Quant aux discussions, elles se limitaient à quelques mots échangés avec les militaires et ses camarades. Le reste de la population les considérait plutôt comme une partie du décors, au même titre que les tapis et les rideaux.

" J'aurais aimé pouvoir porter secours aux populations des bas fonds moi aussi. Mais hélas, je n'ai pas été envoyée ici pour ça. Chacun ses . Les maîtres savent ce qu'ils font. "

Du moins l'espérait-elle du fond du cœur. Lei prenait sur elle pour ne pas boiter, bien que la brûlure lui tira une légère grimace. Mais ce n'était pas à Yun qu'elle en voulait, encore une fois. Bien au contraire, cette blessure était le fruit de son incapacité. Comment avait-elle pu passer les épreuves et ne pas être en mesure de parer un seul coup de sabre, même - surtout - si celui-ci possédait une lame rouge ?

" Pour ma part, je suis nouvelle sur Coruscant. Je n'ai eu que de très rares occasions de voir autre chose que le Temple et le Sénat. Et... oui, je suppose que je peux bien le dire ? Ondéron me manque. L'ambiance ici n'est pas la même. Les visages sont plus souvent fermés ou hostiles qu'à Iziz. "

Ils parvinrent à l'infirmerie dans un silence

" Ah, voilà madame Torey ! Ne vous inquiétez pas, je vais seulement lui demander de me rafistoler un peu... Je pense que ce sera rapide. "

Lei n'avait pas l'intention de raconter sur tous les toits que le padawan Silthar s'était amusé à la couper en rondelles. Même si cela n'aurait pas causé beaucoup de dégât à son amour propre plutôt atrophié, elle pensait surtout à tout le mal que cela pourrait faire à la réputation de l'ancien sith. Elle ne dirait donc rien, tant qu'on ne lui poserait pas plus de question. Et Sol Torey n'était pas du genre à poser des questions. Une grande humaine à la peau noire les accueillit chaleureusement. Après que Lei ait disparu quelques minutes en sa compagnie pour un cataplasme au bacta, elles leur donna à tout deux une énorme tasse d'une boisson chocolatée particulièrement revigorante. La kaminoane vida le sien avec entrain.

" Petite recette de mon cru, dit-elle avec un clin d’œil à l'adresse des deux jedi, vous serez sur pied en un rien de temps avec ça dans l'estomac ! "

Lei remercia Torey pour ses soins et son délicieux breuvage. Puis, quand ils furent de nouveau seuls sur le seuil du hall, elle se tourna une dernière fois vers le jeune homme qui lui arrivait à mi-cou. Elle ne savait plus trop ce qu'elle devait dire ou ne pas dire. Il semblait si mal à l'aise qu'il lui déteignait dessus. Sentir sa blessure intérieure comme un écho à la sienne peinait Lei plus qu'elle ne le laissait paraître. Elle devait faire un gros effort pour rester neutre et... "jedi". Alors qu'elle aurait voulu pouvoir faire quoi que ce soit pour lui venir en aide.

" Je ne voudrais pas vous solliciter davantage, Yun. Je pense que vous avez donné plus que moi aujourd'hui. En tout cas, sachez que j'ai pleinement apprécié l'enseignement que j'ai reçu aujourd'hui. J'espère que vous oublierez tout ces tracas bien vite ! Pour moi, c'est déjà fait. Je garderais en mémoire votre sérieux et toute l'aide que vous m'avez apporté. Rien d'autre. "

Bien sûr, en d'autres circonstances, elle aurait voulu lui poser bien d'autres questions. Mais Lei était sensible, et en l’occurrence, elle sentait bien que le padawan ne souhaitait pas s'étendre sur le sujet, après leur séance et ses conséquences. Elle ignorait si elle aurait l'occasion de le recroiser, un de ces jours, sur Coruscant ou ailleurs. Mais ça, seule la Force était capable de le prévoir.

" Je vous souhaite de persévérer toujours avec autant de volonté dans la voie qui est la votre. Encore merci. "

Elle le salua selon l'usage et s'éloigna en direction des appartements des chevaliers. Elle ne se sentait pas de reprendre un entrainement après sa défaite. Il fallait qu'elle récupère... et aussi, qu'elle tire quelques leçons de tout ça. Un peu de méditation, assortie d'une sieste, lui ferait le plus grand bien.
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Terminé pour moi Razz Merci, et peut-être à une prochaine !
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