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Jan montait tranquillement sur la passerelle, en saluant son précédent invité d'un large geste de bras. La voilà enfin débarrassée de cette interview aussi inutile que la plupart de des reportages. Qu'importe, elle lui souriait radieusement tout en rejoignant son vaisseau. Cette légère navette en métal avait vu ses couleurs vieillir et rouiller au cours de ses trajets si bien que les lignes bleu nuit n'étaient désormais plus que de vulgaires bribes de peinture bleuâtre. Quant à son invité, ce n'était qu'un politique dans ses débuts dont les exploits seraient, au goût de la jeune blonde, bien trop insignifiants pour qu'ils valent le coup de lui faire perdre son temps. Ce n'était pas dans ses habitudes cet air joyeux, assagi, et elle se surprit à être si polie. Elle était sûrement trop fatiguée pour répliquer d'ignobles reproches, ou encore lui grimacer irrespectueusement lors de ses propos incohérents. La mercenaire vint finalement s'installer soulagée sur le siège de pilote. Aucune envie de conduire à la prochaine planète, mais avait-elle vraiment le choix?

Elle prenait sans enthousiasme le contrôle du léger vaisseau quand soudain un bruit l'interpella, elle venait de recevoir un message. Etant donné que ses relations sociales se résumaient à celles faites au travail, elle comprenait immédiatement que c'était une notification de son supérieur: En raison de votre grossesse, madame Himlen, nous trouvons plus judicieux de ne pas vous faire déplacer seule. Nous pensions plus sûr de vous faire passer la nuit dans un hôtel, cette nuit.  C'était bien le jour pour réaliser qu'elle était enceinte de neuf mois. Des mois et des mois qu'ils lui demandaient de parcourir la galaxie, et voilà qu'en une courte nuit tout cela devenait trop dangereux. Hors de question! Jan décida de ne pas répondre à ce message jugé sans importance, à quoi bon écouter les conseils d'un autre. La vie le lui avait appris: elle n'avait plus qu'elle à qui faire confiance, et peut-être ce bébé. Ce bébé qu'elle haissait avec amour. Elle espérait vainement qu'il ne ressemblerait pas à Kyle dans le fond, elle savait que ce serait de toute façon le plus beau bébé du monde à ses yeux. Elle aurait pu s'en débarrasser, continuer le traitement ou qu'importe. Mais quelque chose lui avait manqué, peut-être du courage ou de la volonté, elle ne pouvait le tuer c'était son dernier lien avec le passé, son seul lien avec Darren désormais. 

(https://www.youtube.com/watch?v=RsVlQ1jLdrE)

Jan jeta un coup d'oeil désemparé à son ventre arrondi, sans quitter la route des yeux. Elle avait si peur, elle n'avait aucun plan, aucun avenir avec ce bébé et elle risquait d'accoucher dans les jours à venir. Rien qu'à cette pensée, son ventre se contracta, comme si une ceinture venait l'étreindre douloureusement. Elle ne lâcha qu'un cri de torpeur, en espérant que cette contraction s'estomperait rapidement. Mais plus, elle s'avançait dans l'infinie galaxie plus la fréquence de ses contractions se faisait vite et violente, tordant la jeune femme en deux. Elle s'agrippait tant bien que mal aux commandes pour ne pas se laisser déconcentrer: elle devait absolument atterrir avant que cela ne devienne plus fatal. Le visage tremblant et suant, ses traits étaient défigurés par la peur. Et, si elle était en train d'accoucher..? La timide journaliste serrait les cuisses désespérément. Elle ne pouvait rester seule à affronter cet événement. A ce moment, elle regrettait d'avoir couru, de l'avoir fait fuir. Elle regrettait de ne pas lui avoir dit qu'elle aussi était terrifiée parce qu'ils avaient tout deux fait cette erreur. Elle regrettait qu'il n'ait pas choisi de vivre sa vie à ses côtés. Elle regrettait subitement de ne pas avoir été sa bonne femme. Elle le regrettait à en pleurer.

Paniquée, elle essuyait ses larmes de ses mains abîmées tout en activant la conduite automatique. Elle devait être accompagnée qu'importe qu'il soit petit, maigre, grand, vieux, laid, idiot, et encore, elle devait avoir un Kyle à ses côtés, rien que pour ce moment, pour ne pas être seule avec un bébé en sang dans les bras. Attirant son attention sur le tableau de bord, par quelques touchers elle demanda à sa navette de localiser le vaisseau le plus proche afin d'établir un contact. Son identifiant lui était inconnu. En même temps, comment dans cette vaste galaxie aurait-elle pu tomber sur un proche? Et puis, vu ses proches, dans le fond, elle appréciait le fait que ce soit un parfait inconnu qui disparaîtrait aussitôt. Ayant enfin ses coordonnées, Jan pouvait le contacter. Mais par quoi commencer son message? L'idée lui vint immédiatement de faire un message vocal, au moins elle n'aurait pas le temps d'hésiter et réfléchir des heures, ne gaspillant pas ses temps avec des énièmes politesses. Elle devait aller dans le vif du sujet. Elle appela donc son correspondant, toujours nerveuse et le ventre contracté depuis déjà un long moment. Les joues trop rouges pour être belles, les larmes trop vraies pour être émouvantes, elle décida de ne pas activer la caméra, ça n'avait qui plus est aucune utilité. Elle aborda son interlocuteur/ interlocutrice d'un gémissement. Elle venait de perdre les eaux, là en plein appel. Elle sentait le liquide couler le long de ses jambes, sans pouvoir l'arrêter. C'était trop tard. Elle ne put que s'écrier, impuissante:

Au secours! J'accouche... Oh putain! Ramenez-vous! Appelez les urgences! Au secours!, sanglotait-elle.

Serrant les dents, elle peinait même à lui hurler dessus. Heureusement qu'elle était en robe, heureusement que ce jour là, l'unique fois, elle s'était faite jolie sous les ordres de son directeur devant son invité. Incontrôlable, elle n'osait presque plus bouger de peur de se trouver plus embarrassée qu'elle ne l'était. La poche des eaux venait de se rompre spontanément, annonçant son accouchement. Mais, elle ne pouvait rester assise sur son siège de pilote en rêvant que ce ne soit qu'un cauchemar. Avant de se lever, elle commanda simplement l'ouverture des portes à toute éventuelle demande afin d'être certaine de pouvoir être sauvée. Jan se dégagea du liquide amniotique qui entourait désormais les lieux, et vint à l'arrière du vaisseau où une banquette était réservée aux passagers potentiels. Elle s'y allongea. Qu'est-ce qu'elle était laide, souffrant ainsi, avec ses joues gonflées, et son courage qui se perdait à chaque expiration. Sa chevelure blonde s'éparpillant sur le cuir désagréable, elle avait posé son manteau sous ses cuisses au cas où elle devrait être seule à supporter son accouchement. L'image de la femme forte qu'elle semblait être disparaissait à chacun de ses cris, Jan avait toujours eu si peur d'être à cette place aussi faible sans pouvoir contourner le destin. La nature l'avait décidé ainsi. La jeune blonde observa derrière son épaule la large vitre en souhaitant y voir une trace de vie. Il avait fallu que cela se passe ici, dans cet espace paumé de la galaxie où nulle âme ne se manifesterait.

L'effort la mènerait peut-être même à sa perte: elle commençait effectivement à s'imaginer ce terrible scénario: mourir en couche. Elle avait besoin d'une force autre que la sienne pour survivre à ce choc, elle en était incapable, voilà tout. Hemlin, celle qui jouait l'assurée, la puissante mercenaire n'était qu'une femme en train d'accoucher. Elle peinait à croire que sa douleur arrivait presque à la faire penser de la même manière misogyne que Newen, le leader de son ancien gang. Elle était à ce moment inférieure face à la Nature qui l'étreignait violemment, qui lui entourait le ventre avec malveillance. Son arbalète ne valait plus rien, sa bravoure se résumait à ses espoirs: insignifiants, presque inexistants. Alors, elle fermait les yeux en se rassurant: la porte s'ouvrirait bientôt, de l'aide viendrait. La couchette n'étant pas assez large, elle vint reposer son corps frêle sur le sol glacé. Tout devenait si inconfortable: elle avait besoin d'aide, besoin des bras réconfortants d'un Homme, besoin d'une main à laquelle s'accrocher. Jan n'était pas prête à mourir comme cela. Chaque seconde lui arrachant des cris de plus, la douleur de la peur et la peur de la douleur l'assaillant tels des reproches mortels. Malgré tout elle continuait de se battre, en devinant déjà sa défaite sur la vie. Pour vaincre, elle avait besoin d'un allié dont l'absence était un supplice..
Luke Kayan
Luke Kayan
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- Bip, met le pilote automatique lorsque tu le jugeras nécessaire.

Légèrement crispé sur son siège, Luke donnait ses ordres, le regard inévitablement posé au-delà du hublot, insensible à la beauté des étoiles qui l’avaient pourtant toujours fasciné. Il n’aimait pas voler, encore moins seul même si l’astromech s’était enfin décidé à faire des progrès (Méthode du cliker power ! ), suffisamment pour que le Hapien se rende à une conférence sur un monde perdu après y avoir été autorisé. C’était le discours typique ennuyeux dont Luke raffolait. Bien sûr, en cherchant un compagnon de voyage, il avait obtenu comme réponse un bruit de bottes s'enfuyant en sens inverse. C'était donc seul et sur son temps libre que le jeune homme se rendait à cette conférence aux petits moyens concernant une éventuelle matérialisation de la Force. Les travaux de recherche du scientifique seraient en basic uniquement, car il n'était connu que pour son extravagance, et selon beaucoup, son manque de professionnalisme. Touché par l'originalité de son projet, curieux et surtout admiratif de l'humain qui nageait littéralement à contre-courant, le Hapien avait décidé de manger sur un de ses très rares jours sans travail.

Dans son petit chasseur simplement, joliment quoique sûrement un peu ridiculement appelé "L'espoir" Luke voguait dans le néant, confortablement installé sur sa banquette. Ils avaient prit une route un peu plus longue mais très peu fréquentée, à l'abri donc des lacunes éventuelles de Bip, toujours pas professionnel dans sa matière.( Le cliker ne fait pas non plus des miracles.).

C'est donc un jeune homme somnolant qui fut surpris de recevoir un message en plein milieu du néant. Et quel message ! Une femme enceinte en train d'accoucher ? Le blond mit un certain temps avant de ré-ordonner l'information dans son cerveau, cependant, il prit les choses avec le calme nécessaire. Selon un de ces protocoles de sécurité bien établis dont il était friand, le Jedi tâtonna sur le tableau de bord pour trouver la radio. Il fit le numéro des urgences galactiques qui lui indiquèrent être trop loin pour intervenir à temps, pareil pour la police. Ainsi, ils ne couvraient pas ce secteur, quand la règlementation du navigateur spatial -qu'il avait lu entièrement avant de monter dans son chasseur évidemment.- indiquait que c'était un droit. Être secouru partout et n'importe quand, quelque soit le secteur.

Tandis qu'il pensait à émettre un courrier de plainte bien salé à la centrale la plus proche, un nouveau cri de douleur étouffé, suivi d'un crissement de siège le fit réagir. Là, maintenant, il avait envie de vraiment paniquer. Dire que sensément, une de ses seules consolations à être gay, c'était qu'il n'aurait jamais dû vivre ça. Pas de grossesse générée par une inattention, pas d'accompagnement aux échographies et surtout pas ce terrible accouchement que chaque futur père abordait dans un état proche de la crise cardiaque.

- Bip vérifie que l'autre vaisseau est en mesure de nous recevoir, et emmènes-y moi.

Le petit droïd jaune et blanc émit un petit sifflotement sceptique, décochant un soupir à Luke. Vraiment, il ne comprenait pas pourquoi la vie se moquait ainsi de lui. Enfin, la plus à plaindre serait cette femme tombée sur l'unique sage-femme aveugle, masculin et inexpérimenté. Heureusement, question vaisseau l'inconnue semblait l'être. Elle avait en effet déclenchée l'ouverture du SAS ainsi qu'une passerelle à la quelle Bip s'accrocha. En vol stationnaire, désormais, l'Espoir ronronnait doucement comme un chien qui attend gentiment son maître. Quelques coups de bras mécaniques plus tard, une sorte de tube hermétique se forma entre les deux vaisseaux que Luke traversa, stressé. Inconsciemment il songea à Avanna à qui il avait demandé si elle s'était protégée lors de ses rapports avec Van, puis à Atalan l'ayant introduit à la dure réalité des hormones féminines. Sa vie commençait à un peu trop tourner autour des vagins ces temps-ci.

L'inconnue allongée sur le sol émettait une aura si intense de douleur que le Hapien n'eut aucun mal à la repérer. Il s'agenouilla à ses côtés et abaissa sa main pour sentir qu'il touchait sa poitrine. Descendant doucement le long du corps, il apposa plus fortement ses doigts sur le ventre sans pour autant trop appuyer. Sous la tête de la jeune femme, il glissa sa veste de civil pour former un coussin.

- Bonjour, j'ai répondu à votre appel en détresse, malheureusement nous sommes seuls. Mais ne vous inquiétez pas. Nous allons procéder calmement et tout ira bien. Je suis là. Je m'appelle Luke, et vous ?

Un peu perdu, Luke était plus concentré sur le fait de cacher sa crainte que de dire des mots très intelligents. Basique, cliché. C'était tout ce qui lui venait à l'esprit, et encore, il pouvait louer la Force d'être parvenu à contrôler les tremblements de ses mains ou à conserver une voix chaude et agréable. Sans façon, ses doigts qui avaient trouvé la cuisse de la jeune femme remontèrent le tissu de sa robe, et il s'apprêta à descendre sa petite culotte.

- Vous avez des serviettes propres, un gant ou une éponge, de l'eau chaude et une bassine ici ?

Bip au garde à vous savait déjà en quoi consisterait sa prochaine mission, trouver les éléments que son maître quémandait. Des objets correspondant bien au cliché des holofilms d'ailleurs, mais que pouvait vraiment faire Luke ? Les seules choses dont il était sûr grâce à son initiation en soin était de préserver le plus possible l'hygiène.

Ignorant tout de la taille du vaisseau, ou encore la présence d'une banquette à côté, il se contenta en attendant d'utiliser la Force, diffusant un onde rassurante. Il savait que l'inconnue n'était pas sensible au pouvoir des Jedis, mais elle devrait bien percevoir un peu de l'ambiance qu'il tâchait d'installer. Les malades ou blessés en général répondaient positivement, bien que ce soit moins évident qu'un autre Jedi. Encore une fois, le manque de sensibilité de son interlocutrice serait un obstacle pour le Hapien habitué à converser et agir avec la Force comme appui, mais il faudrait faire avec. Quant au reste, n'ayant de toutes façons ni la force physique ni la possibilité physiologique de transférer une future mère correctement jusqu'à la banquette, le jeune homme décida qu'ils resteraient là.

Du sac en bandoulière dont il ne se défaisait jamais lorsqu'il s'habillait en civil, Luke sortit un petit flacon en plastique dur. Il l'ouvrit et s'enduisit les mains du produit désinfectant, contenant en autre de l'alcool et quelques gouttes de Kolto sensées favoriser la cicatrisation sur le long terme. Les manches remontées, le Hapien descendit du bout des ongles le sous-vêtement de l'inconnue doucement pour conserver ses mains les plus pures possible. Ni cette navette, ni le sol froid n'étaient idéal pour un accouchement. Pour l'endroit aseptisé, sans bactérie et autres risques médicaux, on repasserait, mais où était donc le père ? Et que faisait cette inconsciente dans un vaisseau à neuf mois de grossesse ? A moins que l'enfant ne soit prématuré ? Dans ce cas, le problème s'épaississait d'avantage.

- Êtes-vous à terme ?

Demanda-t-il sans ambages, prévenant sa patiente improvisée d'un envahissement plutôt intime d'un frôlement sur la cuisse. Bientôt, le Jedi arriva à ce sexe féminin qu'il n'avait jamais touché. Il le notait dur, probablement l'enfant qui se présentait et descendait. Chaque contraction à travers la peau lui donnait une idée de la souffrance de la future maman. Malheureusement pour elle, le "trou" semblait encore petit comme ils en parlaient vaguement dans les films ou les cours de médecine basique qu'il avait reçu à se propos.

- Il va falloir attendre un petit peu encore, sinon vous allez vous épuiser. Ce n'est pas encore dilaté.

Fit le chevalier en évitant un "je crois" qui aurait vraiment mal sonné. Retirant ses doigts du mont de vénus de l'inconnue, il posa un genou à terre pour devenir pilier.

- Je vois qu'il vaudrait mieux que vous vous asseyez sur un lit ou une banquette. Vous avez ça ici ? Je vais vous aider.

Le Hapien commença à diffuser une nouvelle onde apaisante de Force, laquelle se voulait curatrice. Normalement il l'utilisait en apposant ses mains sur une blessure, ce qui n'était pas le cas ici, mais ça devrait normalement aider... Et au moins, il aurait essayé.

- Voulez-vous que je prévienne quelqu'un par comlink ? Quelle était votre destination ? Nous allons faire demi-tour, il me semble que Coruscant est ce qu'il y a de plus proche. Dès notre arrivée, une équipe médicale vous prendra en charge, vous et l'enfant.

Ils n'arriveraient pas avant la naissance, c'était la seule chose certaine.
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Le coulissement de la porte fut le son le plus rassurant de cette situation évidemment difficile. Jan s'appuya sur ses coudes pour relever la tête et voir son sauveur. Malgré la tranquillité du vaisseau, elle peinait à garder un champ de vision clair, net. Ce n'était sans aucun doute ses hormones et sa panique qui lui provoquaient un tel sentiment d'incompréhension. Alors que la route était calme, sa vue était floue, troublée par ses contractions lui empêchant de discerner son interlocuteur complètement. Elle vit tout bêtement sa silhouette accourir pour l'aider, la sauver elle et son prochain enfant. Alors, peut-être par surprise, elle tenta désespérément de reculer en glissant ses jambes sur le sol incertain. Elle avait probablement peur de ce total inconnu qui allait désormais avoir la vie de cette jeune femme entre les mains. Il était à ce moment le seul maître potentiel de cet accouchement. Mais, la douleur était si intense que la mercenaire essayait d'apaiser son corps jusqu'au réconfort du prénommé Luke. Pas la peine de lui demander son nom de famille, ces mondanités étaient dépassées par l'urgence de son accouchement. Soupirant comme une bête torturée, elle ne put que lâcher presque tel une délivrance:

Jan! O-o...Ok Luke.
, poursuivait-elle en hochant de la tête, Vous êtes médecin? 

Ca aurait été extrêmement improbable, mais rien ne l'obligeait à ne pas s'y laisser rêver. Puis, s'habituant au massage rythmé du moteur, elle put examiner de plus près celui sur qui tout ses espoirs restaient fondés. Les paupières closes, la moiteur des mains, la difficulté à se repérer: il n'y avait plus de doute, le jeune Luke était aveugle. Face à une telle révélation, ses lèvres lui arrachèrent sa surprise:

Oh putain! Tu es aveugle?!

Jonglant entre le vouvoiement et le tutoiement, la politesse était effectivement abandonnée par ces êtres intimidés. Comment ne pas l'être, après tout, devant la force la Nature? Cette force violente dans la plus grande des bienveillances. Déjà qu'elle était mal barrée, alors seule avec un homme aveugle et tout sauf médecin... La grande blonde adonnait son corps frêle aux supplices de l'accouchement tandis que Luke réglait des détails hygiéniques avec son droide dont Jan n'avait d'ailleurs aperçu l'existence. Ce soin, et cette propreté qu'auraient été qualifiés d'inutiles par la demoiselle ne l'étaient guère. Bien au contraire, le jedi faisait bien de s'y attarder puisque la santé du bébé en dépendait. Quant au toucher de sa main, sans être chaud il la réconfortait, lui donnait l'illusion que le plan médical était assuré convenablement même si Luke était aveugle. Etant sienne, elle était parfaitement habituée au plan de la navette et était largement capable de situer la salle d'eau. Elle indiqua en aide au droide jaunâtre:

A gauche de la banquette, il y a un lavabo je crois... Et, je.. J'ai des affaires dans mes sacs. On devrait trouver une serviette.


Mais en plus de sa santé temporairement mise en danger, autre chose la blessait profondément. Ses entrailles serrées à l'agonie, ou l'étreinte de son ventre n'étaient pas les pires douleurs imaginables. Elle avait peur de la suite, comme toujours. Gérer cet enfant ou non. Qu'est-ce qu'elle allait bien pouvoir en faire? Ainsi, elle revoyait son ex-gang discuter de son propre cas. L'un proposait de la jeter par dessus bord, l'autre de l'adopter. Et toutes ces voix se répétaient dans son esprit sans qu'une vienne apporter la solution. Ce bébé qui n'était qu'un coeur battant allait lui causer tant de problèmes. Oh ce bébé, qu'est-ce qu'elle en avait peur... Donc, prise par ses vertiges et ses angoisses, elle s'écria comme si cela allait faire la différence:

Je veux pas! J'veux pas, j'veux pas! Pas de ce bébé, pas de ça! Luke, j'en veux pas!

Et sanglotant puérilement, elle ne faisait même plus attention aux analyses de Luke: dilaté ou pas, elle ne voulait pas de tout ça. Elle n'avait pas pris le temps de lui répondre car avoir conduit à terme ne l'aurait que montré comme une idiote. Alors, il le devinerait et Jan n'aurait pas à avouer ses erreurs. C'était tout de même agréable de sentir que le sage aveugle se débrouillait malgré son handicap, parvenir à gérer cet accouchement était un gros risque pour le blondinet. L'ambiance se figeait soudainement, transmettant cette onde apaisante que les jedis savaient offrir. La Force, qu'ils l'appelaient. Cette imbécile magie n'est que superficialité, se persuadait la future mère. Elle ne laisserait pas le calme envoûtant des jedis la transporter, elle devait rester terre à terre sans se soucier de son bien-être psychologique du moment. L'accouchement était tout d'abord une priorité.

Finalement Luke lui recommanda de revenir sur la banquette. Alors, malgré sa largeur insuffisante pour écarter amplement ses cuisses, Jan s'y installa sans trop poser de questions. Elle voulait, pour une fois, être bordée par un autre, ne plus avoir à garder le contrôle. Lâcher prise, être bercée par son sauveur même si quelques minutes auparavant elle essayait d'y résister. Mais à quoi bon? Parfois, il y a de ces moments où le mieux est d'être l'enfant protégée par ses parents. Ce sentiment de protection, et d'assurance lui avait d'ailleurs manqué depuis bien des années. Dépliant ses bras, elle vint s'agripper sur la banquette en y plantant ses doigts disgracieusement. S'y tirant avec acharnement, elle finit par réussir à s'allonger sur le cuir inconfortable. Installée, elle reprit la veste du hapien et ses propres vêtements, énormément plus velouteux que la banquette rêche, pour les placer sous sa nuque et ses hanches. D'un geste de la tête, Jan refusa ses propositions, en argumentant:

Merci, mais je n'ai personne à appeler si ce n'est les urgences. Elles arrivent, hein? Vous les avez bien contacté? Je préviendrais mon patron à l'hôpital...

Notre arrivée? Malgré ses efforts pour ne pas y penser, la mercenaire le savait sans nul doute: ils n'auraient pas le temps pour atterrir, le bébé serait déjà saignant et hurlant dans ses bras. Quel malheur s'affolait-elle. Mais que faire d'autre? Sauter par dessus bord avec le bébé? Non merci. Ainsi, elle n'avançait pas ses propos pour le contredire, tous deux étant au courant qu'ils seraient incapables d'arriver à temps. Pour son patron, il la gronderait, peut-être sévèrement, mais la virer serait pour autant une affaire insensée. Elle inventerait un mensonge en répétant que son comlink avait perdu toute connexion dans le vaisseau. Et puis, sinon quoi? Son métier n'était pas sa passion, et le perdre n'était pas sa phobie. Jan aurait alors plus de temps à consacrer à sa potentielle vie de famille? Ahaha, la bonne blague. L'aventure était trop bonne pour qu'elle la quitte sur une telle erreur. Son goût pour les armes et le danger ne serait satisfait qu'en missions, la mission: changer la couche du petit n'était pas des plus intéressantes. Alors, même si son ventre était contraint de se tordre, on devinait que ce n'était pas le seul à se plier de douleur face à l'immensité de la suite des choses.
Luke Kayan
Luke Kayan
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- Disons... Aide-soignant. J'ai connu le terrain, mais pas vraiment celui-ci j'avoue. Ne vous en faites pas, ce n'est pas si différent que traiter une blessure. Première règle, ne touchez pas vos cuisses ou n'importe quel carré de peau avec vos mains.

Commença le jeune homme en décidant de trouver le juste milieu entre sincérité et filtrage d'informations. Certes, il n'avait pas menti sur son rang qui équivalait à celui d'un aide-soignant-surtout à cause de son handicap qui freinait sa théorie, plus avancée.- mais il avait à coeur de diminuer les différences réelles entre le traitement d'une plaie et d'un accouchement. Inutile de lui épiloguer ces étapes jamais pratiquées et ô combien nouvelles pour lui. Peu importe de toutes façons, ils en étaient là, dans cette navette, avec ce gros problèmes sur les bras-ou plus justement, dans le bassin.- et il fallait faire avec, le Jedi devant gérer le stress de la femme en couches ainsi que le sien. C'était son rôle de demeurer calme, sachant que dans ce cas, les apparences étaient primordiales. Une crise de panique pourrait épuiser la mère ou simplement les emmener à faire tous deux, des gestes inadéquats pour la santé de l'enfant.

- Si ça pouvait vous rassurer, j'utiliserais bien le terme diplomatique de Myope... Mais rassurez-vous, j'ai reçu une formation adaptée à ma cécité Je suis habitué.

Avec un léger sourire dans le vide, le jeune homme essaya de rassurer Jan. Mentir aurait été de mauvaise augure, loin de rassurer sa patiente, il aurait prit le risque de perdre cette confiance nouvelle et obligatoire qui s'installait entre eux. Heureusement, comme il l'avait spécifié, il était habitué à jouer les non-voyants, et sa formation avait été effectivement bien aménagée pour lui permettre de trouver des alternatives, sans compter la Force. Seulement pour l'instant, Luke n'avait pas envie de compliquer les choses, de s'expliquer sur ses dons et encore moins de donner un cours sur la perception d'un Jedi à travers ces derniers, surtout que n'étant pas Miraluka, sa chère Force ne lui servait guère pratiquement parlant. C'était à ses mains et à son esprit de s'organiser. Ce fut donc très méthodiquement que le médecin aveugle procéda, cherchant à pallier son handicap.

- Bip, ta pince, n'oublie pas de désinfecter ton bras.

Au loin, un petit sifflement aux sonorités affirmatives raisonna, un peu étouffé car le droïd avait fourré son "nez" jusqu'au fin fond des affaires de leur hôte. De loin, le Jedi entendit un genre de "pshiiit" annonçant l'utilisation d'un produit désinfectant puissant. Le PH était loin d'être l'idéal vu que Bip traitait habituellement les vaisseaux et non les humains, mais mieux valait ça que rien du tout. A peine Bip revint-il avec une pile de serviettes et de gants -il avait dévalisé la “salle de bains” dans un élan d'enthousiasme.- les portant bien hauts pour éviter que les bouts ne touchent le sol que Luke prit le relais, écartant comiquement les bras de son corps. Il ordonna au robot d'activer le gps afin que les urgences en contact permanent avec eux puissent surveiller leur progression.

- Règle le pilote automatique sur Coruscant, le plus grand Spatioport. Les autorités nous attendront là-bas. Envoie aussi un message crypté. “Identification Chevalier Luke Kyan du Temple d'Ondéron. Code 00729254B3V. Venons avec une navette et un chasseur monoplace. Aucun des deux passagers n'est apte à conduire. Prévoyez rayons tracteurs afin de guider l'atterrissage depuis le sol ou envoyez techniciens à bord de la navette. La sécurité des portes sera désactivée pour vous laisser passer. Merci.”

En s'identifiant comme Jedi, Luke espérait faciliter les papiers administratifs, notamment la vérification habituelle d'identité, ainsi que l'autorisation d'atterrir prenant parfois des heures. Sans compter le droit privilégier de débarquer sur une plateforme sécurisée, réservée au personnel. De là, ils éviteraient les encombrements habituels d'un spatioport bondé et seraient personnellement accueillis par une équipe médicale au moment même de leur arrivée. Enfin, les choses semblaient rentrer dans l'ordre. Luke allait pouvoir se concentrer sur la naissance tant attendue... Ou pas. En effet, sûrement prise de panique, la future mère commença à se plaindre à propos de l'enfant. Un coup de furie inattendue balaya le coeur du Hapien qui eut envie de lui rétorquer qu'il fallait réfléchir avant de concevoir puis de garder le bébé, si c'était pour pleurnicher maintenant. Heureusement, il effaça rapidement ce témoignage de sa "fatigue" générale pour reprendre d'une voix aimable quoique ferme.

- Une chose à la fois Jan. D'abord la naissance, puis nous envisagerons diverses solutions. Mais concentrez-vous sur l'instant. De toutes façons, on ne peut plus reculer.

Il fallait qu'elle accepte définitivement ce fait pour éviter de gaspiller inutilement son énergie en caprices. Le Hapien ne savait d'ailleurs toujours pas si le foetus était bien à terme ou non, mais il pariait sur l'imprudence de la future mère. Dans ce cas, la conductrice plus qu'imprudente aurait une chance d'avoir son bébé vivant dans les bras. Si cette naissance avait lieu bien avant la fin de grossesse, Luke devait s'apprêter à envelopper le petit corps non viable dans une serviette. Inquiet, ce dernier interrogea la Force, repérant les battements de coeur tout proche de la nouvelle vie à venir. Par chance, ils semblaient réguliers, quoiqu'un peu trop rapides. Probablement la pression de l'accouchement. Sans en être totalement sûr car il n'avait aucun élément de comparaison avec un prématuré, Luke se permit de croire que l'enfant était en bonne santé.

Avec précautions, jonglant comme il le pouvait avec les serviettes, Le Jedi appliqua le produit qu'il avait mit dans sa main sur la banquette, vidant la moitié de sa fiole. Il posa l'objet tout près afin d'y avoir accès puis étendit plusieurs serviettes sous les fesses de sa patiente. Il n'avait aucune intention de laisser tomber le nouveau-né, mais sait-on jamais.

- Respirez calmement, et essayez de détendre au maximum vos muscles, ce sera moins douloureux. Je vais vous préparer quelque chose de chaud, ça aidera. Les urgences ne viendront pas jusqu'ici mais nous attendent à Coruscant pour vous prendre en charge avec votre bébé. Tout est en ordre, tout est préparé.

Délaissant un moment sa patiente pour se mettre plus à l'aise, mais surtout consulter un médecin, Luke s'éloigna puis activa son comlink discrètement. Il contacta un membre de MedCorps sur Coruscant pour demander des précisions concernant un accouchement en espace. Comment mesurer le col de l'utérus sans matériel adapter. Quand est-ce que les contractions devenaient significatives, bref, comment conseille la mère afin qu'elle ne pousse pas trop tôt et s'épuise pour rien. En revenant près de Jan, il avait son comlink en option chronomètres.

- On va calculer la fréquence des contractions. Quand vous en avez une, dites-moi "Maintenant".

Se disant, la main du blond palpait le ventre de Jan, ce dernier était entièrement dur, signifiant que l'accouchement ne tarderait pas. N'ayant cependant aucun moyen de mesurer le col de l'utérus, Luke se fiait vraiment aux contractions pour décider du moment où inviter Jan à pousser.

Pendant ce temps, tranquille, presque trop tranquille même, la navette avait fait demi-tour, alourdie par le bras qui la reliait au chasseur de Luke. Heureusement l'option remorquage permettait d'éviter la casse, et puis sachant que le bébé arriverait avant l'atterrissage de toutes manières, ils n'étaient pas plus pressés que ça.

- En attendant, pensez à quelque chose d'agréable. Imaginé ou sorti de votre mémoire, peu importe. Parlez-moi, je ne sais pas... De votre travail, de vos passions, peu importe, mais ne songez pas à la douleur, seulement à me signaler les contractions entre temps. Et si vous avez le moindre doute, demandez.

Suggéra doucement le jeune homme en proposant la tasse de thé bien chaude qu'il avait réussi à faire -avec l'aide de Bip lui indiquant ou trouver le matériel.-. En chemise, débarrassé de son sac en bandoulière et les manches retroussées, il ressemblait à un étudiant de médecine sage, si ce n'était, unique fantaisie, ses cheveux noués négligemment en catogan dont quelques mèches s'échappaient fugacement. Il avait essayé une queue de cheval plus stricte pour éviter le maximum de contamination, mais cela lui avait été impossible.

- Y a-t-il des étoiles aujourd'hui ? Décrivez-les moi, s'il vous plaît. Mon maître l'avait déjà fait, mais on dit que chaque personne les vois différemment...

Cette question, il ignorait si c'était pour focaliser Jan sur autre chose que sa douleur, ou si c'était sa fascination enfantine qui revenait le percuter. Bip lui tendit une tasse de café qu'il but en fermant à demi les yeux, retrouvant son calme olympique ainsi que sa concentration. D'un geste de la main, le jeune homme ramena la fiole de désinfectant près de lui, il devrait bientôt s'en enduire à nouveau les doigts après avoir touché la boisson pour se mettre au travail.
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Aide-soignant, myope manquait plus qu'il n'avoue avoir été sage femme dans une vie antérieure. Jan commençait à douter des informations de son interlocuteur, imaginant qu'il réinventait la réalité pour ne pas la paniquer, ce qui au contraire la fit terriblement s'affoler. Quels euphémismes. Atténuer la triste vérité était bien plus angoissant que de l'assumer. Alors, la jeune blonde ne put s'empêcher de se méfier bien qu'il eut quelques côtés sécurisants tel que l'assurance de ses mots, l'ordre de ses gestes et des indications. Enfin, à son sourire amusé, elle réalisa rapidement qu'elle devait calmer ses hormones avant de se faire des hypothèses comme celle-ci. Ce n'était qu'une réplique ironique pour détendre l'atmosphère, rien d'un mensonge imbécile. Lui ayant intimé de ne pas toucher ses cuisses, elle gardait ses mains accrochées au cuir abîmé de la banquette, incrustant ses ongles dans les trous comme des diamants dans une bague.

Le petit robot que Luke interpellait Bip revenait accompagné des serviettes de la demoiselle afin de préserver une hygiène correcte. Elle n'y prêta pas attention, gardant la tête penchée vers le plafond en espérant oublier ses douleurs quelques instants. Distraite, elle ne saisissait pas chaque mot du jeune hapien, définissant son message comme banal. Désintéressée, quelque chose réussit tout de même à l'interpeller: Chevalier Luke Kayan, d'Ondéron? Trop d'indices pour faire genre de ne pas comprendre, Jan saisissait bien la chose: elle avait un affaire à un jedi. Sans les hair, elle ne les aimait pas particulièrement. Elle s'était faite une idée d'eux stricte, sévère, fade. Selon les dires, ils auraient cette fâcheuse manie d'éviter leurs sentiments, ce en quoi elle s'opposait. A quoi bon refouler ses émotions lorsqu'elles existent? D'ailleurs, elle n'avait quant à elle aucun problème à afficher ses ressentis comme le montrait sa prise de panique totale.

Les yeux fermés pour coincer ses larmes entre ses paupières, la lèvre inférieure mordue pour retenir ses mots, Jan avait peur comme toujours. Avançant à tâtons dans sa maigre vie, tout cela était arrivé trop rapidement. Le gang, le bébé, les avis. Puis, petit à petit, les mois étaient passés et c'était trop tard. Trop tard pour abandonner, pour renoncer à toutes ces questions, tous ces doutes qui l'attaqueraient à l'accouchement. Alors qu'avant, il était trop tôt pour abandonner un avenir tranquille. Elle avait espéré le temps d'un instant qu'une vie de famille l'apaiserait, que le gang finirait par la retrouver pour prendre de ses nouvelles, que Kyle reviendrait comme un père triomphant aider sa dulcinée. Elle avait osé rêver de tout cela, d'être cette bonne épouse, cette bonne mère qui chérirait son enfant, et d'un coup, comme une bulle qu'on éclatait tout avait explosé. Ces rêves n'étaient réels que dans ses plus douces nuits où le visage de Kyle serait le même que celui qu'elle embrasserait langoureusement. Mais rien de tout cela ne se produisit, la conséquence en fut telle que la mercenaire allongée sur ses serviettes pleurait sans oser réfléchir et se poser. On ne peut plus reculer. Elle ne pouvait avancer, ne pouvait reculer. Ainsi, elle avait rêvé rester sur place quelques temps du plus sans compter les mois passer.

 Tant de questions se bousculaient dans son esprit tourmenté: Pourquoi ne pas avoir avorté, que faire de ce bébé, dois-je vraiment devenir mère, pourquoi tiens-je à ma vie si je n'ai plus qu'un nourrisson à aimer, quel sera mon but, mon avenir, quel est mon destin?. Comme d'immenses silhouettes, ces monstres se dressaient face à son coeur incapable de prendre une déci sion. Le futur ne lui appartiendrait pas, pas tout de suite. Elle hochait de la tête tout en bégayant quelques affirmations inaudibles comme des T'as raison, O-oui on voit ça plus tard même si elle ne saurait attendre plus tard. Le regard planté sur les constellations invisibles, elle n'avait même pas remarqué que Luke était rivé sur son comlink. Il avait déjà prévenu les urgences à quoi bon traîner sur les réseaux? Finalement, elle remarqua qu'il profitait de l'appareil pour chronométrer la fréquence de ses contractions. Pas bête, la bête. Elle accepta ce processus qui semblait juste et intelligent. Pendant quelques secondes, rien ne se passait. Ayant forcé quelques minutes tantôt pour calmer ses contractions, elles revenaient désormais pour lui tirailler les entrailles.

Là, là! Ah, putain! Maintenant!

Se détendre paraissait si simple d'après le chevalier Kayan. Ah, s'il avait le ventre rond comme un ballon et un foetus vivant dedans, il ne serait pas aussi calme qu'il essayait là de le prétendre. Relâche tes muscles, décontracte-toi, calme-toi, tous ces conseils ordinaires se répétaient dans son cerveau embrouillé. Maintenant, il lui demandait de penser à quelque chose d'agréable, un souvenir chaud et délicat qu'elle se remémorait pour se réconforter. Alors, l'amour fut le sentiment qui lui vint immédiatement à l'esprit. L'amour qu'elle avait ressenti pour Kyle, pour Darren, et même Newen. Toutes ces affections qui s'étaient transformé en un mépris bestial. Comme une animale amnésique, tout ce dont elle se souvenait n'était que haine, courroux et violence. C'était certainement apitoyant de voir cette femme le visage défiguré aux pensées de son passé. Jan décidait donc de s'inventer une autre histoire, où tout serait pour le mieux, où elle serait cet idéal à qui elle se compare, où elle ne serait plus elle. Elle entama finalement son récit fictif, le goût amer du mensonge dans la bouche:

Oui. Ou-oui. Je me souviens de mon père.,le sourire amusé elle pensait à quel point ses propos étaient ironiques puisque son père fut violent et sa mère extrêmement lâche, Il était toujours si gentil, j'aimerais que mon bébé lui ressemble. Et qu'il ait le courage de ma mère.

Comme pour s'en persuader, elle voulait avoir l'air gentille, réfléchie. En un rien d'un temps, elle voulait plaire à cet inconnu, c'était bien la seule chose. Elle savait très bien pourquoi... Kyle était aussi aveugle. Elle faisait comme si cela n'avait aucun rapport même si tout cela était lié. Bien que physiquement, ils soient complètement différents, leurs handicaps rendaient la jeune femme complètement dingue. C'était comme si le grand brun imposant était là, lui serrant la main et l'encourageant. En y songeant, une contraction vint frapper son ventre endolori. L'esprit flottant en réfléchissant à son amoureux passé, elle n'eut même pas eu le réflexe de prévenir Luke de sa blessure interne. Peut-être que c'était vraiment ça la plus belle chose de sa vie: cet amour brutal et abandonné. En entendant le frottement de Bip sur le sol, elle fut interrompue dans ses réflexions. 

Maintenant! 

A ce moment, qu'est-ce qu'elle aurait rêvé être Kyle, être un homme. Elle avait eu le choix, et naivement avait laissé son coeur le faire. Si elle était l'homme, elle n'aurait pas abandonné son amoureuse chérie. Elle serait en train de parcourir la galaxie à la recherche d'argent, de fortune et de succès alors que Jan était désormais là à l'attente d'un enfant qu'elle ne pourrait pas gérer. Mais, elle tentait de se focaliser sur les conseils du chevalier Kayan: ne pas penser à la douleur qu'elle soit physique ou psychologique. Alors, elle allait parler, délier sa langue tout en gardant ses mots silencieux. Elle utiliserait tous ces mots qui n'ont de sens que lorsque l'histoire est révélé, tous ces mots futiles qui deviennent fragiles. 

J-j'ai peur. C'est certain que je vais accoucher maintenant, dans les heures à venir...? J'ai peur, vous savez... J'ai mal, là... J'ai mal! Ah! 

La peur, la peur, la peur toujours la peur. Trop de peurs pour être forte, pas assez pour être sage. Elle n'avait plus que ce mot aux lèvres: la peur. Et ses phobies emprisonnaient son coeur déjà si peu rempli. Elle ne pouvait plus respirer, si ce n'est la terreur.

On arrivera pas à temps, vous le savez... 
Luke Kayan
Luke Kayan
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4 minutes... 5 minutes... 3 minutes... 3 minutes et 17 secondes.

Le temps et les confessions s'égrénaient. Un sourire qui se transformait parfois en grimace de douleur, Jan aujourd'hui si seule, semblait accompagnée de bien doux souvenirs. Malheureusement le “il était” expliquait pourquoi la jeune femme avait choisi d'appeler son patron lorsqu'ils arriveraient. Déboussolée alors que les “maintenant” indiquant les contractions se rapprochaient, elle prenait enfin conscience des premières paroles de Luke. Ils n'auraient pas le temps d'arriver aux urgences avant la naissance de l'enfant. Le Hapien lui l'avait signifié sans cachotterie mais apparemment, cela avait échappé aux oreilles de son interlocutrice, difficile de lui en vouloir. Sans doute n'avait-il pas été assez clair en disant que les urgences ne viendraient pas ici mais attendraient sur Coruscant la venue de la maman et de son bébé... Où elle avait mieux à faire aussi.

2 minutes 35... 3 minutes à nouveau... 4 minutes... 1 minutes 02 secondes.

C'était encore trop irrégulier, mais désormais si puissant que Luke n'avait plus besoin de “là” ou “maintenant” de Jan. La Force lui envoyait une onde semblable à une palpitation de coeur remplie d'émotions douloureuses et euphoriques à chaque fois. Il sentait la vie qui se rapprochait, peinant à trouver son chemin mais également hâtive de découvrir le monde. Il y avait au sein de toute cette souffrance, bien plus d'optimisme que le courant d'énergie qui s'échappait des plaies des patients. Celui-ci, porteur d'espoir évinçait l'inquiétude.

Les étoiles ? Luke avait le droit à leur description à travers les actes de la jeune femme à travers ses actes, à défauts de ses paroles gardées avaremment. Chaque contraction était un minuscule soleil qui tentait de percer à travers les nuages. Les yeux probablement baignés de larmes, et le corps d'une sueur qu'il sentait s'accumuler sous ses doigts, Jan était la pluie qui empêchait son enfant de voir le monde, après lui avoir donné de quoi s'abreuver pour grandir tout ce temps. D'un geste se voulant accompagnateur Luke répondit silencieusement à sa remarque, cherchant à l'allonger sur la banquette.

- On ne va pas tarder à commencer.

1 minutes 59... 3 minutes et 46 secondes... 2 minutes 34... 1 minute... 2 minute 10 secondes.

La voix totalement impersonnelle du chronomètre énumérait l'espace de contractions à chaque fois que Luke appuyait sur un bouton, un quart de secondes avant que Jan ne dise “maintenant”.

- Poussez

Le Hapien fit glisser la petite culotte de la jeune femme au sol et remonta la robe sur ses hanches, prenant soin de toujours conserver un contact physique avec ses cuisses, s'en servant comme de guide pour remonter le long du ventre ou descendre au creux de ces dernières. Après avoir abandonné le sous-vêtement au sol, il s'enduisit à nouveau d'un peu de désinfectant, extrêmement scrupuleux sur l'hygiène, se maudissant d'ailleurs de ne pas avoir pensé à quitter les habits gênants auparavant.

Les mains en soucoupe, doucement posées de part et d'autre de l'intimité de la future maman, il attendait qu'une petite bosse se présente, la tête de l'enfant espérait-il. En effet, un accouchement par le siège indiquerait des complications qu'il aurait du mal à gérer, y compris avec les indications du médecin de Coruscant. Dans sa tête, le Jedi priait pour un accouchement naturel, un à l'ancienne où la maman parvenait parfois à tout faire seule, même si à cause du manque d'hygiène justement, le bébé venait à mourir, voir parfois la génitrice.

Bip, débrouille toi pour trouver dans ton arsenal ce qui ressemble le plus à des ciseaux. Une pince fine par exemple et désinfecte-là. C'est toi qui coupera le cordon.

A la guerre, comme à la guerre...

- Poussez

Indiqua Luke à nouveau, pressentant la naissance à travers la Force qui, finalement, se montrait utile, accompagnant fidèlement son “ami” en le prévenant du moment où l'enfant se manifestait, essayant de sortir de son cocon. Déployant largement son aura, le Jedi laissa la Force envahir la navette, lumineuse et se voulant rassurante pour la futur mère et l'auteur lui-même. Il se sentit plus sûr, comme entier, alors que la douce chaleur évoluait par vagues puissantes mais charmeuses, portées par Luke qui l'avait totalement libérée, emporté par ce moment si particulier. C'était presque comme si Jan communiquait avec lui à travers son bébé, tant la puissance du phénomène qui la touchait était pur et … Vivant.

Il n'y avait plus d'ignorance, sinon la Force
Plus de peur ou de souffrance, sinon la Force.
Plus de tristesse ou de questions, sinon la Vie.
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Help me if you can

Qu'importe ses pensées, ses gestes, ses dires, le bonheur flottait dans l'air. Un bonheur instable et déjà ébreché. Mais existant. Un bonheur qui même non désiré savait s'imposer malgré sa fragilité. Jan, dans ses grimaces et dans ses cris, avait un sourire. Imperceptible. Invisible. Un rictus qui existait envers et contre tout. Même si elle tentait vainement de le chasser. Commencer. Commencer l'accouchement. Jan remua immédiatement d'un mouvement frénétique et répétitif de gauche à droite. Dans ses yeux bleus, un désespoir éternel se lisait. Mais jamais ses lèvres ne cessaient d'afficher un semblant de sourire. Elle sentait. Elle savait. Elle vivait une seconde fois en offrant la vie.

Le robot énumérait inlassablement tout temps d'intervalle entre chaque contraction, ceux ci se faisant de plus en plus courts. Elle regardait Luke procéder avec cette peur immense que tout rate. Sa poitrine se secouait au rythme de son souffle irrégulier. Elle n'osait ni rien dire, ni rien faire. Parce que ça aurait brisé ce non dit, ce silence qui en disait bien trop sur l'amour que Jan portait à son enfant. Des larmes étaient glissées dans ses cils noirs, comme des rideaux de perles qui s'apprêtaient à cascader sur un carrelage inexistant. Il n'y avait pour support que ses joues, ses lèvres tremblotantes. Et Luke était là. Et pendant une seconde, elle se maudit qu'il ne fut le père. L'instant d'après, la réalité l'avait rattrapé. C'était faux. Elle ne pouvait pas. Elle ne devait pas croire au bonheur qui berçait son regard. Il fallait pousser. Elle sentit les mains, les mains propres, presque douces qui entouraient ses cuisses. La sueur dégoulinait sur son front, sa poitrine, son ventre, jusqu'à ses chevilles. Elle était suant d'un effort qui ne faisait que commencer. Elle poussait douloureusement le bébé qui s'échappait difficilement de ses cuisses.Sous la pression, et la peur, Jan lâcha:

" Je vais mourir, je vais mourir., s'égosillait-elle en serrant son haut d'entre ses poings. J'ai mal... J'ai mal!

Entre deux soupirs de souffrance, elle effectuait quelques gestes nerveux avec ses bras, l'envie de rejeter Luke la titillait et pourtant elle avait besoin de lui. Si la Force adoucissait ses peines, elle ne recollait malgré tout pas son coeur.

Fiche (c) Espe


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