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La dernière chose dont je me souvienne est l'attaque de ces créatures à l'entrée des ruines puis de la souffrance ressentie lorsque l'une d'elle est parvenue à me blesser. J'ai l'impression vague d'avoir réussi à me débarrasser d'elles puis d'être tombée dans l'inconscience. Et ensuite, le néant. Quelques semaines sont passées depuis ce fâcheux incident selon les médecins. Mais pour moi ça semble encore si proche...

Je tente de me redresser sur mon lit et je suis rapidement vaincue par la fatigue, la faiblesse de mon corps se manifestant sous la forme d'une pointe de douleur au moindre de mes efforts. Et comme d'habitude j'ai droit aux protestations du médecin qui garde un oeil vigilant sur moi. Je me contente de lui décocher un regard meurtrier. Il me donne des conseils, à moi? Ce sera la première personne à soulager mes violentes pulsions lorsque je sortirai d'ici. Si je sors...

- "Ferme-la, toi! Ou je t'y forcerai!"

Ma menace sonne creux. Je le sais et lui aussi! Pour autant il lui reste ce soupçon de crainte que je me félicite de pouvoir encore insuffler. Ce qui le pousse à ne pas répondre et baisser le regard. De toute façon un insecte ne peut être en conflit avec la botte, n'est-ce pas?

Je perds peu à peu connaissance, les sédatifs et l'infection qui désormais me consume puisant avec acharnement dans les maigres forces que j'ai pu retrouver. Je suis en vie, certes. Mais pour autant j'ai l'impression que les portes de la mort ne sont pas si loin. Je ne sais pas combien de temps je reste ainsi à flotter dans les limbes de l’inconscience mais lorsque je me réveille et tourne la tête sur le côté, je sens la toute puissance de la Dame Noire dans la Force. Lorsque ma vision s'affine je découvre cette dernière en train de m'observer d'un regard que je ne lui connais pas. Serait-ce... de la déception?

J'ai échoué, c'est évident! Sinon je serais encore sur mes deux pieds et non pas à lutter pour ma survie contre un ennemi que je ne sais comment combattre. Cette infection est ma punition et je l'ai sûrement méritée. Un instant de silence s'installe entre nous même si nos regards ne se quittent pas. Que faire? Présenter des excuses? Je sais que ce n'est pas ce qu'elle veut entendre, qu'elles sont aussi inutiles que déplacées. Un Sith ne s'excuse pas! Il assume!

- "J'ai échoué, Maîtresse!" ces mots me semblent si difficiles à prononcer. "Et je vous ai déçue..."

Je ne crois pas trop m'avancer en disant cela. L'impression de crainte constante que j'ai envers l'Impératrice ne fait que s'accentuer. Je suppose qu'elle ne m'a pas ramenée sur Dromund Kaas pour m'y voir mourir. Je devrais sûrement être rassurée. Mais pour autant ça ne veut pas dire que je suis hors danger. Peut-être que ma survie va dépendre de la discussion que nous allons avoir maintenant. L'infection devient rapidement le dernier de mes soucis tandis que j'essaie de respirer avec régularité malgré l'aura étouffante de la Dame Noire.

Je fais de mon mieux pour ne pas détourner le regard mais je ne suis pas de taille à gagner ce duel silencieux avec ma maîtresse. Sans le désirer mais sans pour autant pouvoir faire autrement, mon regard ayant viré au gris sans que j'en sois encore consciente se détourne pour observer le plafond et les lumières parfaitement alignées qui s'y trouvent. Et maintenant?

- "Je suppose qu'il est inutile de vous dire que ça ne se reproduira plus, n'est-ce pas?"

Les paroles ne valent rien, seuls les actes comptent. Ma crainte ne fait que se renforcer au fur et à mesure que les secondes s'égrainent. Je puise dans ma volonté pour me forcer à regarder à nouveau l'Impératrice...
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L’expédition de Dxun ne fut pas couronnée de succès. Fort heureusement, l’absence ne fut pas aussi longue que prévue et c’est tout juste si elle fut remarquée. Le seigneur Araya avait été déçu, lui aussi, de l’issue de cette expédition. Après tout, n’était-ce pas lui qui convoitait le premier les trésors encore enfouis dans la tombe de Freedon Nadd ? Se serait mentir que de dire que Darth Ynnitach n’était pas intéressée non plus. Mais ce n’était pas la soif de pouvoir ou de trésor qui la motivait alors. C’était plus l’idée d’en apprendre davantage sur le seigneur Sith Arkanien, le voir au combat, dans l’adversité. Et l’avenir allait lui donner raison quant à la confiance placée en lui. Mais ça, la Reine Noire l’ignorait encore.
 
 Leur sortie précipitée de la tombe en basalte noir fut interrompue par la vision de Zora qui avait été blessée au cours de l’escarmouche à l’entrée de la tombe face à des cultistes Sith inconnus. Là, elle était inconsciente et plusieurs cadavres d’animaux, des Maalraas. Durant leur marche dans la jungle, ces animaux s’en étaient pris à eux, au début du moins. L’humaine esseulée et blessée devait représenter un repas plus que succulent pour ces fauves que les cadavres des cultistes au pied de l’édifice sinistre.   Ce qui tenait lieu de cœur à la Sith fut comme épris de douleur de voir SON apprentie réduite à cet état de faiblesse. Mais plus que les dogmes Sith et faisant fit de tout ce que pourrait penser l’Arkanien, c’est un instinct presque maternelle qui s’exprimait alors. Hors de question de l’abandonner à un sort aussi funeste sur cette lune maudite !
 
Retraverser la jungle fut bien plus difficile au retour qu’à l’allée. Le goût amer de l’échec était dans la bouche. Et la blessure de la jeune apprentie inquiétait grandement sa maîtresse. Que pouvait-elle y faire ? Pour l’instant pas grand-chose. A part la baigner dans son aura sombre, espérant que l’obscurité dont elle devait être familière la revigorerait. Ce qui semblait marcher, mais très vite, la jeune femme délirait. La capacité de guérison des Sith n’est en aucun cas similaire à celle des Jedi. Le retour fut même plus long. Mais finalement le groupe était arrivé aux vaisseaux et chacun était repartie de son côté. Zora fut tout d’abord installée dans une capsule médicale. Ensuite, la Dame Noire s’était occupée de quitter cette lune et d’entrer en hyperespace.
 
Le reste du voyage, bien que long mais moins que la traversée de la jungle, la Sith l’avait passée auprès de son apprentie blessée. Dans un premier temps, les systèmes médicaux de la capsule avaient effectués plusieurs tests pour savoir de quoi souffrait la jeune apprentie. Une hémorragie était à signaler, quelques fractures et une infection que les systèmes ne semblaient pas pouvoir nommer. L’état de la patiente était jugé critique selon ce qu’affichait l’écran de contrôle de la capsule. L’inquiétude de la Sith grandissait à mesure que le vaisseau se rapprochait de Dromund Kaas. L’infection était la cause de cette inquiétude. L’hémorragie fut stoppée par les systèmes de capsules, les fractures en parties réparées. En revanche, et cela c’était une exigence de Darth Ynnitach, aucune anesthésie. La douleur est une source de pouvoir du Côté Obscur. Et elle voulait plus que tout que Zora Shaar-là s’en abreuve autant que possible et renforce ainsi ses pouvoirs et sa capacité de résistance à l’infection.
 
 Mais la Force ne faisait pas tout. La Dame Sith était allée chercher dans ses affaires une petite mallette de soin. Selon elle, l’infection ne devait pas être contagieuse. Elle-même s’était faite examinée par le droïde médical du vaisseau et rien de la sorte ne fut trouvé. Ouvrant la capsule, Darth Ynnitach posait une main avec compassion sur le visage de l’humaine qui venait de sombrer dans l’inconscience à nouveau. La Sith lui avait injecté plusieurs produits d’origines diverses, pouvant combattre les infections. En espérant que l’une d’elle ferait effet.
 
Une fois sur Dromund Kaas, c’est avec discrétion qu’elle fut conduite à l’infirmerie. Personne ne devait savoir ! A plusieurs reprises la Sith s’était rendue au chevet de son apprentie. Mais rien ne se passait. Elle restait inconsciente et les recherches plus poussées n’avaient rien données. L’humaine, si prometteuse, devait-elle vraiment mourir de la sorte ? Au fil des jours puis des semaines, Darth Ynnitach semblait s’en convaincre. Ce qui n’arrangeait en rien l’humeur exécrable qui l’étreignait. Une faible lueur d’espoir était cependant venue lui apporter du baume à ce qui lui tenait lieu de cœur. Elle s’était réveillée. Faible, mais s’était réveillée et exprimée. Expédiant rapidement ce qu’elle était en train de faire, l’esprit déjà ailleurs, la Dame Sith se rendait le plus vite possible au chevet de la jeune humaine. De la précipitation ? Oui, mais ça, elle se refuserait de l’admettre, y compris à elle-même !
 
Darth Ynnitach était seule avec Zora. Assise sur une chaise médicale, à attendre. Certains changements physiques étaient déjà visibles. Mais qu’importe. Tout ce qu’elle voulait c’était de retrouver son apprentie. Finalement, cette dernière ouvrait les yeux et la regardait. Le regard semblait vitreux avant qu’elle ne se rende compte que la prunelle de ses yeux avait changé aussi. Elle ne disait rien et la jeune humaine qui essayait de récupérer non plus. Ni l’une, ni l’autre ne semblait vouloir briser ce silence pesant, gênant. C’était bien la première fois qu’un tel silence existait entre elles. Finalement c’est l’humaine qui le brise et en assumant tout par ailleurs et ajoutant une promesse. Une promesse si facile à dire, agréable à entendre, mais qui était inutile à dire en la circonstance.
 
-Oui. Oui il est inutile de le dire, apprentie. Je sais que cela ne se reproduira plus.
 
Une certaine forme de soulagement venait libérer ce qui lui sert de cœur. La Sith offrait même un sourire encourageant à son apprentie, espérant que cela suffirait à apaiser ses doutes et ses craintes quant à son devenir. Malgré tout, ces sentiments contradictoires, qu’elle ressentait, ne lui ressemblaient pas. Et elle s’efforçait de ne pas « trop » les montrer.
 

-Dxun est dernière nous ! Oublions là ! Ce qui compte maintenant c’est ta guérison. Tes blessures, je m’en suis occupée durant le trajet de retour, et d’après le médecin, elles se sont résorbées. Ou du moins c’est en cours. Mais il y a une infection. Je suppose que tu le sais… Une vague d’inquiétude traversait son visage. Malgré que la Sith essayait de garder contenance. Il ne sait pas ce que c’est. Moi non plus. Des essais ont été faits et je crains qu’il ne faille du temps. Tu devras donc rester ici en attendant. A l’extérieur, personne n’est au courant de notre expédition sur Dxun. Je m’en suis assurée. Pour rassurer l’humaine, Darth Ynnitach lui échangeait un sourire complice. Tendant les mains, la Sith attrapait celle de son apprentie, la serrant doucement. Je veux que tu luttes, Zora ! Que tu vaincs cette infection et que tu me reviennes ! N’oublie pas ce que tu es  et ce que tu pourrais devenir !
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