Ragda Rejliidic
Ragda Rejliidic
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Restaurant du Sénat, 14h12

Ragda avait faim. Un faim de rancor. Depuis qu'il ne prenait plus de stimulants intellectuels, sont appétit s'en retrouvait décuplé... Comme s'il compensait le manque de substances dopantes devenues nocives et addictives pour son organisme par l'ingestion de quantités phénoménales de nourriture en tout genre. Même pour un Hutt, il dépassait les limites. Il avait déjà pris quarante-sept kilo en une semaine. Bon, tout est relatif : prendre quarante-sept kilos lorsque l'on en pesait déjà mille cinq cents... Il n'y avait pas de quoi s'alarmer, pour le moment tout du moins. Alors... Alors autant profiter de ces petits plaisirs culinaires que lui offraient la vie. Et puis, il n'avait de toute façon pas grand chose de mieux à faire dans l'immédiat. Avec la crise d'Aargau, les débats à la rotondes tournaient au ralenti.

C'est sur ces belles pensées que le Hutt passa le seuil de l'entrée réservées aux officiels de la République, pour la quatrième fois aujourd'hui. Petit déjeuné à 6h30, en-cas à 10h, déjeuné à 12h... Rien de ce penser à ce nouvel en-cas, il salivait... Et même plus. Il suait, sur-excité, les pupilles dilatée, comme si son corps tout entier répondait à une sensation de plaisir intense. Oui, il avait toujours adoré manger... Encore plus particulièrement ces derniers jours.

Cet étage, richement décoré, témoin d'un passé faste, n'était pas accessible au public, au commun des mortels. Ici se côtoyaient seulement les membres les plus haut placé de l'administration Républicaine, travaillant dans les locaux du Sénat attendant. Ministres, Sénateurs, Haut-fonctionnaires de toutes sortes faisant tourner les institutions... Ainsi que ceux petites mains qui gravitaient autour dans les délégations, les ambassades et les ministères. Voyant le Hutt arriver, le Responsable de Salle ne put réprimer un rictus de surprise : sourcils froncés, bouche crispée. Toutefois, ce flottement fut rapidement réprimé, l'homme d'âge mur recouvrant cet expression neutre si caractéristique de l'emploi.

« Monsieur le Sénateur » dit-il, dans un basic parfait, chaque mot étant articulé et accentué avec une précision chirurgicale, lui donnant même un air de condescendance. « Désirez-vous dîner, ou préférez-vous un en-cas à emporter ? »

« Dîner. Je vais reprendre du poulpe... Cru et bien baveux, comme ce midi. » répondit, du tac-o-tac le gastéropode ventripotent.

« Très bien. Veuillez me suivre M. Le Sénateur. » poursuivit le Responsable, de cette même voix neutre, dépourvue de la moindre chaleur. Ragda s'était déjà demandé si cette attitude inexpressive venait de lui, ou bien s'il agissait ainsi avec tout le monde. Avec le temps, il n'y prêtait de toute manière plus vraiment attention. Cela faisait parti du personnage.

Le duo atypique : vieil homme en costume haut de gamme parfaitement coupé, et le Hutt ventripotent en poncho violet clair juché sur un chariot répulseur, remontèrent l'allée principale s'ouvrant entre deux rangées de tables sobres, mais décorée avec classe. Plus loin, vers le fond, vers la grande baie vitrée offrant un panorama exceptionnel sur le bâtiment champignonesque de la Rotonde, se trouvaient des tables plus larges, des sièges plus confortables... Réservés aux Sénateurs et Ministres uniquement. A cette heure de la journée il ne restait plus grand monde, quelques retardataires à l'emploi du temps trop chargé pour manger à un heure descente. Ou trop vide pour se sentir obligé de quitter les lieux rapidement. Une paire de Sénateurs de mondes mineurs qui discutaient tranquillement autour d'un café encore chaud... Un autre qui somnolait, son assiette de dessert débarrassée depuis plusieurs minutes déjà.

« Si vous voulez bien... » commença à dire le Responsable de Salle, désignant l'une des tables juxtaposant la baie vitrée. Mais le Hutt leva la main, pour le faire taire. Il venait remarquer une silhouette, à demi dissimulée derrière une plante décorative, mangeant seule et en silence. Même de dos, il ne fallut au Hutt qu'une fraction de seconde pour l'identifier. L'un des personnalités politiques dont les goûts vestimentaires rivalisaient avec les siens, en terme de fantaisie et de mauvais goûts disaient les soi-disant spécialistes de la mode galactique. En terme de rivalité, cela ne s'arrêtait pas aux fripes... Non... Ce Neimoidien lui avait pris sa place de Ministre de l’Economie et du Trésor... Et cela méritait bien une petite discussion entre quatre yeux non ?

« Je vais plutôt m'installer là. Merci de me servir rapidement. » répondit finalement le Hutt, désignant du doigts le dos du Neimoidien.

« Comme il vous plaira Monsieur. Je préviens les cuisines. »

Le vieil homme, dans un geste quasi-militaire, se retourna et parti, droit comme un « i » en direction de la porte de service. Manipulant les commandes de son chariot répulseur avec dextérité, Ragda s’approcha de son homologue.

« Monsieur le Ministre de l’Economie et du Trésor ! » lança-t-il, d'une voix faussement joviale. « Quelle surprise. Est-ce une heure pour manger ? J'imagine que vos nouvelles prérogatives ne vous laissent que peu de temps pour vous sustenter... J'ai bien connu ça... Mais vous verrez, on s'y fait vite. » Sourire narquois. « Puis-je ? » demanda-t-il en faisant flotter son chariot à coté de la table. Question rhétorique, il avait de toute manière décidé de lui tenir compagnie, de gré ou de force. Le Hutt aimait bien s'imposer. Cette attitude avait le don de mettre en rogne certains de ses homologues, ce qui avait l'avantage de révéler leur vraie nature.

Au même instant, plusieurs serveurs firent leur apparition. En silence, ils décalèrent la lourde banquette juxtaposant la table en face du Sénateur S'orn, afin de permettre au Hutt de glisser son chariot répulseur dans cet espace. Ragda ne quittait pratiquement jamais son appareil de transport personnel. Ainsi, flottant à quelques centimètres du sol marbré, il dominait à présent ton interlocuteur de toute sa masse, affalé dans ses confortables coussins cramoisis, juste en face de lui.

« Mon poulpe va arriver... » dit-il, toujours ce même sourire aux lèvres. « Mais j'en oublie mes bonnes manières : je ne crois pas vous avoir officiellement félicité pour votre nomination, M. le Ministre... Félicitations donc ! Faites attention à ne pas trop vous surmener... Vous pourriez avoir besoin d'une pause, et quelqu'un vous prendrait alors votre place... »
Grendo S'orn
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Deux heures !
Voilà deux heures que le Neimoidien parcourait les multiples dossiers mentionnant les Gouvernements désireux de faire affaire avec la République Galactique. Un travail qu'il aurait bien désiré laisser à son assistante Loohy Quee mais malheureusement pour lui c'était impossible. Le travail administratif était un réel fardeau à ses yeux, mais un fardeau qui s'avérait souvent indispensable et nécessaire au bon fonctionnement de son tout nouveau Ministère. Le Politicien était là, confortablement installé au fond de son siège à l'une des nombreuses tables du Restaurant du Sénat. Une table à laquelle il avait l'habitude de s'asseoir, si bien qu'il préférait la réserver 24h/24h pour éviter d'être installé à une mauvaise place. La baie vitrée à ses côtés permettait d'avoir une vue splendide sur la citée monde. Un paysage qu'il observera un instant avant de se replonger dans ses notes.

« Monsieur le Ministre, désirez-vous une autre bouteille ? » demanda poliment le serveur s'emparant du récipient déjà vide.

Le Politicien ne prit pas la peine de lever la tête, pas plus que les yeux d'ailleurs et se contenta de répondre au jeune homme par un simple « Mmh Mmh » en guise d'accord. L'humain prit la direction des cuisines et revint quelques minutes plus tard à la table du neimoidien, une bouteille à la main. Il versa quelques goutes dans un verre fraichement nettoyé, avant de le faire gouter.

« C'est parfait. Et j'aimerais qu'on ne me dérange plus, » répondit-il d'un ton sec.

C'était une évidence, le Ministre du Trésor et de l'Economie n'aimait pas être dérangé. Surtout lorsqu'il était occupé à travailler sur ce genre de dossier peu attrayant. Pourquoi n'était-il pas dans son bureau ? Bonne question. Probablement aimait-il l'ambiance mouvementé du Restaurant du Sénat. Contrairement aux étages inférieurs du Bâtiment, le sommet était exclusivement réservé au gratin de la Haute Société Coruscantii. Membres du Sénat Galactique, Ministres, Sénateurs et ambassadeurs, un moyen efficace de se faire des alliés tout comme de nouveaux ennemis.

Alors qu'il s'apprêtait à fermer un dossier et d'en ouvrir un nouveau, l'annonce de son titre vint attirer son attention. Quelqu'un venait de s'adresser à lui, mais qui ? Il leva les yeux, retira ses petites lunettes de lecture et reconnu aussitôt par son énorme masse, Ragda Rejliidic, installé ... plutôt affalé parmi des coussins cramoisis, sur son chariot répulseur. En plus d'être un Hutt à l'aspect peu attirant, il était aussi le précédent Ministre du Trésor et de l'Economie. Nul doute que ce changement de fonction avait encore un gout amer dans son énorme bouche baveuse.

« Sénateur Ragda Rejliidic ... » répondit-il d'un ton qui prouvait son manque d'intérêt pour le représentant de Bakura.

Il s'apprêta à se replonger dans ses dossiers mais le Hutt paru s'imposer. S'orn s'apprêtait déjà à refuser ... trop tard, il était déjà installé face à lui ... il allait devoir le supporter, du moins quelques minutes, par politesse.

« Je vous remercie pour vos félicitations Sénateur. Mais vous et moi savons que vous n'êtes ni ravi ni satisfait de cette situation. Inutile de jouer ce petit jeu avec moi. Moi qui pensait que tous les Hutt étaient tellement ambitieux qu'ils s'accrochaient au pouvoir jusqu'à leur mort. Quel dommage pour vu d'être probablement perçu comme une déception pour les gens de votre race ... »

Le ton était donné. Ragda ne s'était pas gêné pour le piquer dès son arrivée, S'orn ne s'en priverait pas non plus. La joute verbale pouvait débuter.
Ragda Rejliidic
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Le Hutt fusilla le Némoidien du regard... Avant d'exploser de rire. Un rire franc, tonitruant, qui fit tourner les rares têtes encore présentes dans le Restaurant. La surprise décryptable sur leurs visages se mua quasi-instantanément en une moue réprobatrice et dépitée. Ragda n'en était pas à ses premiers éclats du genre.

Une petite larme roula au coin de l’œil du gastéropode, alors qu'il recouvrait péniblement la maîtrise de ses cordes vocales. « Et bien... » dit-il, le souffle court. « Vous êtes un sacré spécimen ! Votre réputation n'est pas volée ! » Il lâcha un puissant soupire, chassant son hilarité pour redevenir plus sérieux. « De vous à moi, il y a bien longtemps que je ne me soucie plus de ce que pensent les gens de ma race. Pour eux, je ne suis qu'un paria accoquiné avec des races inférieures... Rien que le fait d'affirmer être un honnête politicien couvrirait de honte mes aïeux. Fort heureusement, ils sont tous six pieds sous terre depuis des lustres : ce qui leur évite tous ces désagréments. »

Un serveur approcha. Par réflexe, le Hutt se tut. Dans les restaurants, on oubliait bien souvent la présence du petit personnel, et on se mettait à parler comme si ne disposaient d'oreilles en parfait état de fonctionnement. Ragda ne supportait pas être espionné, de manière volontaire ou non. Le jeune homme tenait entre ses mains une large assiette immaculée sur laquelle trônait, mollement, un énorme poulpe à l'aspect... gluant. Il la déposa sur le plateau que le Hutt venait de déployer en pressant l'écran tactile de commande de son chariot Répulseur. Un plateau plus à porté de main que la lointaine table le séparant du Neimoidien. Lorsque l'on était Hutt, c'est à dire équipé de petits bras atrophiés, on apprenait rapidement à se débrouiller pour tout garder à porté de mains.

« Votre poulpe, Monsieur le Sénateur. Cru et baveux, comme vous l'aimez. » annonça-t-il, tandis que le Hutt l’observait attentivement, les yeux plissés. Le serveur, visage impassible, ne trahit aucune de ses émotions. Très professionnel pensa-t-il. Ragda ne comptait plus les employés ne sachant cacher leur dégoût, à la vue de ses mets préférés. On ne refaisait pas sa nature : les Hutt adoraient, en général, la nourriture crue, ce qui n'était évidemment pas du coût de la plupart des espèces proche-humaines de cette galaxie... Le serveur fit volte-face et s'éloigna rapidement. Les deux politiciens se trouvaient de nouveau seul. Entre quatre yeux globuleux. Certains plus que d'autres.

Le silence perdura quelques secondes... Avant que le Hutt, avec une rapidité étonnante, s'empare du plat pour en déverser le contenu dans son énorme gosier. Il avala ainsi le poulpe, entier, sans même le mâcher. « Délicieux... » souffla-t-il, avant de roter doucement, une minuscule main devant son énorme bouche. Il fit claquer sa langue pustuleuse pour s'essuyer les commissures des lèvres, où un amoncellement de bave verdâtre s'était formé à la suite de cette démonstration culinaire. La plupart des espèces salivaient AVANT de manger. Les Hutt non. Vu qu'ils gobaient en général leur nourriture d'une traite, celle-ci servait plus de... lubrifiant qu'autre chose : histoire que rien ne reste coincé entre leur gosier et leur estomac baigné de sucs digestifs à l'acidité légendaire !

« Vous avez raison sur un point néanmoins » reprit-il, un sourire amusé sur le bord des lèvres. « Les Hutt s'accrochent à leurs privilèges jusqu'à la mort. Et, contrairement à ce que vous pensez, je n'échappe pas à cette règle : il y a huit mois, je suis resté cliniquement mort douze secondes... Mais la grande faucheuse n'a pas voulu de moi : il faut croire que je n'ai pas encore accompli mon œuvre... Maintenant que avez pris ma place... Je me demande bien laquelle.»

Les dossiers que compulsait son interlocuteur semblaient d'une importance capitale. Malgré lui, ils l'intriguaient. En s'approchant de cette table, Ragda avait espéré pouvoir taquiner le nouveau Ministre de l'Economie. Le taquiner, l'emmerder, le faire sortir de gonds... Qui sait... Il savait si bien y faire habituellement... Mais à présent, et ce malgré toute sa volonté, il ne parvenait à détourner son regard des documents dont il ne pouvait lire le contenu. Raaaah, vilaine curiosité ! Celle-ci, tyrannique, chassa rapidement toutes son hostilité mal placée, née d'une jalousie irrationnelle, comme celle que devait éprouver un enfant à qui l'on volait ses jouets. Il grimaça, hésitant, avant finalement, de lâcher, le timbre rauque, comme si les mots peinaient à s'échapper de sa gorge pourtant démesurée :

« Et sinon... Vous travaillez sur quoi en ce moment ? J'ai encore en tête l'historique d'un certain nombre de sujets... Si je peux éclairer votre lanterne... »

C'était plus fort que lui, plus fort que tout. Il voulait savoir ce dont parlait ces documents !
Grendo S'orn
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Cela semblait inévitable, le Sénateur de Bakura avait décidé de lui tenir compagnie jusqu'au bout du repas. Allant même jusqu'à se faire servir son poulpe visqueux à la table du Neimoidien. Le Ministre n'était pas très friand de cette nourriture qui en aurait dégouté plus d'un. Mais qu'aurait-il bien pu dire, lui l'amateur de moisissures ?
Observant le Hutt dans les moindres détails tout en écoutant son interlocuteur, Grendo se résigna à poser son stylo sur la table. Il prit une gorgée de son délicieux breuvage et s'exprima :

« Vous savez, les Hutt ne sont pas les seuls à avoir mauvaise réputation dans cette galaxie. Les Neimoidiens aussi sont continuellement stigmatisés. Nous serions des êtres cupides et capable de tout pour obtenir pouvoir et richesse. De vulgaires témoignages de personnes sans ambitions à qui rien n'a réussit dans la vie. Est-ce une raison de blâmer les espèces qui, elles, ont réussis à s'en sortir ? Bien sur que non. Dois-je m'en vouloir d'appartenir à une race dotée d'un sens des négociations commerciales assez élevé ? Bien sur que non. Il faut s'y faire et reconnaître ses faiblesses. Regardez moi par exemple, je n'aurais jamais pu devenir pilote, mon premier vol a été une catastrophe, j'ai même failli faire écraser le vaisseau. Je laisse donc ce rôle à un pilote confirmé. C'est ainsi. Chacun sa place. »

C'était évident, la joute verbale avait vite laissée place à une conversation franche entre les deux politiciens. Grendo faisait partie de ceux qui s'adaptaient facilement à la plupart des situations et surtout à des interlocuteurs bien différents les uns des autres. Qu'il faille converser avec un Hutt ou un Toydarien, un Sénateur ou un vulgaire marchand, du moment que ce n'était pas le sous prolétariat dont il avait horreur.

« A vous entendre, vous sembler croire au destin Sénateur Rejliidic. Personnellement je suis le genre d'homme qui ne croit qu'aux chiffres. Aux investissements et aux bénéfices qu'ils apportent. Certains pensent qu'il y aurait soit disant une force supérieure, un être au dessus de tout, une puissance bien plus grande que nous tous réunis, ... moi la seule chose en quoi je crois c'est le Crédit. Le Crédit fait tourner notre économie, il est à la base de tout, en bien comme en mal. Bien des hommes sont capable du meilleur comme du pire pour en acquérir. Et vous, jusqu'où iriez-vous pour en obtenir monsieur le Sénateur ? » demanda-t-il un léger sourire sur le coin des lèvres.

Au fil de la conversation, le Neimoidien comprit que l'attention du Sénateur de Bakura s'était fixée sur les documents présents sur la table. Quelques dossiers fermés dont-il s'était déjà occupé, seul le dernier face à lui était encore ouvert et on pouvait apercevoir une sorte de lettre adressée au Ministère du Trésor et de l'Economie. Grendo ferma aussitôt le dossier et le déposa avec les autres. Le Hutt ne tarda cependant pas à lui poser la question tant attendue, sa curiosité était sans limite.

« Je suis désolé Sénateur mais vous connaissez le protocole, il m'est interdit de vous communiquer la moindre information concernant des dossiers confidentiels, néanmoins maintenant que j'y pense ... vous pourriez en effet m'être utile, » dit-il en rouvrant le dernier dossier déposé quelques instants plus tôt sur le dessus de la pile.

« J'ai reçu dernièrement une lettre officielle du Gouvernement de la planète Zolan. Vous savez le monde natal des Zolanders, cette espèce reptilienne. Quoi qu'il en soit ils souhaitent notre aide pour développer la technologie des répulseurs. En effet la planète Zolan dispose contrairement à la plupart des autres mondes, d'un champ magnétique unipolaire ce qui l'empêche évidemment de développer cette technologie. D'après mes informations, votre planète, Bakura, est assez expérimentée dans ce domaine, je me trompe ? Peut-être serait-il judicieux pour Bakura d'engager des pourparlers avec Zolan, à terme je pense que la planète finirait probablement par rejoindre la République. A notre époque mieux vaut nous faire de nouveaux amis que l'inverse, vous n'êtes pas d'accord ? »

Grendo S'orn n'avait aucune idée de ce que Zolan avait à offrir en échange de la technologie des répulseurs. Mais il était sûr d'une chose, les accords commerciaux créaient des liens, et si cela permettait à la République d'étendre un peu plus son territoire cela valait le coup. Mettre le Sénateur Rejliidic dans la confidence était alors bénéfique.
Ragda Rejliidic
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« Épargnez-moi vos discours tous faits, Sénateur S'orn » répondit le Hutt, se renfrognant. Tout en parlant, il s'était un peu plus affalé dans les coussins de son chariot répulseur, comme pour prendre de la distance. La réponse jugée froide et tranchante de son interlocuteur lui avait soudain coupé toute envie d'en savoir plus sur le contenu de ces dossiers. « Vous n'avez pas à jouer les vierges effarouchées avec moi, où à brandir le sceptre de la discrimination derrière lequel vous vous cachez dès que l'on commence à vous reprocher certains traits de caractère. Ayons au moins la décence d'être franc entre nous. Nous savons très bien que ces préjugés ne naissant pas au hasard, qu'il y a toujours un fond de vérité dans ce que disent les masses, même sur le ton de la moquerie. Nos espèces respectives sont ce qu'elles sont. Est-ce culturel ? Génétique ? Un rapport à l'éducation ou au diktat social ? Difficile à dire, nous pourrions débattre pendant des heures.. » fit-il, avant de sourire au Neimoidien avec un air de malice. « Mais il y a toujours des exceptions pour confirmer la règle. Nous en sommes la preuve vivante ! Deux d’honnêtes politiciens désireux de faire le travail que l'on attend de nous. Et justement, ces préjugés sont une force pour nous. Ils conditionnent tellement le comportement des autres à notre égard qu'il en deviennent si... prévisibles... Et puis... C'est tellement facile de passer pour les victimes d'une xénophobie latente lorsque l'on refuse de nous écouter. »

Tout en terminant son petit monologue, Ragda fit un signe responsable de la salle, qui se tenait, toujours droit comme un « I », à proximité de la double-porte battante des cuisines. Il surveillait avec l'oeil aiguisé d'un rapace, à la fois ses serveurs et ses clients, pour s'assurer que les uns satisfaisaient aux besoins des autres. Encore que, à cette heure-ci de l'après midi, une relative tranquillité régnait en ces lieux. Un signe simple, deux doigts levés. Le Hutt venait ici tous les jours, et avec le temps, un langage des signes s'était créé, pour plus d'efficacité.

« Quand à moi, ma grande faiblesse, c'est l'informatique » menti-t-il. « Je n'ai jamais compris comment marchaient ces machins là » Il désignait de son doigt boudiné l'écran tactile de son chariot répulseur. « Mais tant que ça fonctionne, tout va bien... » Pendant ce temps, un serveur, pas celui-ci ayant apporté le pouple, se rapprochait. Il tenait sur son plateau un verre de bourbon corellien. Deux doigts, comme l'avait demandé Ragda. En silence, dans le plus strict respect de l'étiquette, il le déposa dans le porte-gobelet du chariot répulseur, à porté des minuscules mains du gastéropode ventripotent.

« Mais peut-être que je me trompe » reprit le Hutt, toujours cet air malicieux sur le visage. « Peut-être que ce qu'on dit sur les Neimoidien est totalement erroné. Venez donc jouer quelques milliers de crédits dans mon casino, sur Bakura, pour faire taire ces mauvaises langues... ». Il récupéra le verre, et l'avala cul-sec, avant de le reposer devant lui, et de refaire le même signe au Responsable de salle. Celui-ci, fit les gros yeux au serveur qui avait à peine eut le temps de rebrousser chemin vers les cuisines. Il fit volte-face afin de récupérer le récipient vide... Et d'aller le re-remplir.

« Vous voulez boire quelque chose ? C'est amusant de les voir s'agiter ainsi, de faire des aller-retours, mais ne soyons pas sadique pour autant... »

Il soupira, l'air pensif, refaisant du tri dans ses pensées. « Oui, d'une certaine manière, je crois au Destin » répondit-il enfin, les sourcils froncés. C'était nouveau pour lui, il avait encore du mal à l'admettre, ou à se l'expliquer. Depuis que la Force lui avait montré des images en rêve, sa vision de la vie avait changée. « Je crois que nous sommes tous destinés à faire ou ne pas faire certaines choses, qu'on le veuille ou non. Après tout, certains naissent sans jambes, il est clair qu'ils ne deviendront jamais des marathoniens... Nous sommes tous poussés, par notre patrimoine génétique, par nos aïeux, par des pressions diverses et variées, à faire des choix qui ne sont pas forcément les nôtres. En cela, je vois une forme Destin : une route qui se trace devant nous sans que nous en soyons pleinement les acteurs. Certes, on peut toujours avoir l'illusion du choix, mais l'a-t-on vraiment ? » Il esquissa un sourire, pensant soudain à une métaphore intéressante. « C'est comme avec les machines à sous dans les casinos. A quel moment est-il écrit que nous allons gagner ou perde ? Lorsque l'on insère la pièce ? Lorsque l'on pousse la manette ? Alors que les symboles défilent ? Intérieurement, on croit à notre bonne étoile tant que ceux-ci ne s'arrêtent pas de tourner. On croit alors que tout peut influencer le résultat final : gestes, prières, paroles, et même coups...

Et bien non. Tout est pré-déterminé bien avant, dans les entrailles insondables de la machine. Pré-déterminé par des algorithmes qu'un illustre inconnu aura mis là. C'est lui et lui seul qui aura choisi de vous faire perdre ou gagner. Une personne que vous ne connaîtrez jamais, mais qui pourtant aura fait votre ruine ou votre fortune. Amusant non ? »
Pendant ce laïus, il s'était redressé, pour faire face à son interlocuteur, le dominant de toute sa masse. « Mais ne faites pas l'erreur de me prendre pour un doux rêveur, ou même un idéaliste. Ce ne sont pas les crédits qui font tourner cette galaxie, mais bien ceux qui les possèdent. Nuance. Et je fais parti de ceux là : fortunés et influents. » Ragda se réinstalla confortablement dans ses coussins, attendant son second verre, qui arriva quelques instants plus tard. Cette fois, il ne le but pas immédiatement, préférant observer le liquide ambré, annonciateur de tant de délices... Parfois, il fallait savoir faire attendre le plaisir.

« Bon. Assez philosophé. Parlez-moi un peu plus de Zolan. Je n'y connais rien en technologies répulsives, vous me parlez en chinois. Mais j'ai un carnet d'adresse très bien fourni en ce qui concerne ce secteur. Oui, vous avez raison, Bakura est l'un des leaders galactique en la matière. Notre économie repose en grande parti sur cette industrie. Et si je peux être qu'une quelconque aide pour améliorer le quotidien d'un espèce... Quand est prévue l'entrevue ? Où ? »

Ragda voyait aussi cette initiative l'opportunité de mettre en avant la Ligue des Mondes Périphériques. En effet, si Zolan devait rejoindre la République, elle pourrait alors faire une candidate de choix pour leur petite coalition. Elle était stratégiquement placée entre Naboo et Christopshis, parfaite pour ouvrir de nouveaux axes commerciaux entre ces deux mondes. Axes qui courraient alors jusqu'à Bakura, le terminus de la République.

« A mon tour de vous demander quelque chose. J'ai une question très simple en fait : Pourquoi avoir accepté ce poste de Ministre de l’Économie et du Trésor ? C'est la place la plus ingrate du gouvernement... Surveiller les budgets, imposer de nouvelles taxations. Vous allez suer eau et sang, et en retour vous n'aurez que du mépris. Mépris de ceux qui se sentiront lésés par vos décisions, mépris de ceux qui tenteront de vous mettre plus bas que terre pour discréditer les choix économiques du gouvernement. En êtes-vous bien conscient ? Avez-vous les reins assez solides ? Pour le moment vous avez eu énormément de chance... Cette « union sacrée » est une aubaine, tout le monde sembler tirer la barre dans le même sens... Mais bientôt, lorsque la crise d'Aargau sera derrière nous, les vestes se retourneront... Et vous danserez alors sur des charbons ardents. Déjà, en coulisse, certains vous donnent de petits surnoms...»

Tirade qui s'acheva sur un second cul-sec.
Grendo S'orn
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Décidément en plus de s'imposer, Ragda Rejliidic avait la langue bien pendue. Et quelle langue ! Enorme, gluante, visqueuse et ignoble, si bien que Grendo eu un léger instant une véritable nausée à fixer la limace face à lui. Rien n'aurait pu arrêter l'estomac du Hutt, ni le poulpe qu'il avait englouti en quelques secondes à peine, ni même les restants de moisissures qui trainaient encore dans l'assiette du politicien Neimoidien. S'orn se demanda un instant si il devait proposer ses restes au représentant de Bakura mais après réflexion cela pouvait être perçu comme un mauvais message. Il se résigna tout en écoutant attentivement les tirades du Hutt au caractère bien trempé.

« Effectivement, je vois que vous et moi avons réussis à transformer nos faiblesses en force. Et bien que l'appartenance à la race des Neimoidiens aurait pu paraître un handicap dans ma vie politique, je l'ai toujours utilisé à mon avantage. Si bien qu'aujourd'hui je revendique cette appartenance, je suis même fier d'être Neimoidien et de ne pas appartenir à l'une de ses races sous développés qui peuple la galaxie. »

En réalité Grendo ne détestait pas les races inférieures, non il jugeait leur présence nécessaire car cela faisait des Neimoidiens des êtres qu'il qualifiait de supérieurs. Si il existait une espèce dont le Neimoidien avait horreur c'était bien les Humains. La plus répandue dans la galaxie, c'étaient des mangeurs de viande barbares bien qu'il leurs reconnaissait une certaine forme d'intelligence. Limitée certes car ils n'avaient aucun scrupule à s'abaisser au niveau des êtres moins avancés, au niveau des individus lents d'esprit, défavorisés, nécessiteux et pitoyables. De plus, au lieu de célébrer leur légère supériorité, les humains se laissaient fréquemment gagner par la médiocrité. Un Neimoidien n’accepterait jamais de devenir pilote de vaisseau ou contrebandier, pas plus que criminel. En revanche les humains occupaient toutes les positions. Et ce qui les rendait vraiment particuliers, c’était cette propensions à s’étendre aux quatre coins de la galaxie, sans aucune planification, à n’importe quel coût, à user planète après planète dans leur quête insatiable, comme si leur diaspora du Noyau était la vocation de leur espèce. Grendo soupçonnait que l’avenir profane de la galaxie était malheureusement aux mains des humains.

« Ne serait-ce pas du bourbon corellien que vous buvez là ? Mettez m'en un de plus, » lui répondit-il un léger sourire aux coins des lèvres

« Je suis un amateur de bons vins et d'alcool vous savez, une légère préférence pour le whisky je vous l'accorde, »tandis que le Hutt commençait à parler du Destin. « Concernant Zolan j'ai reçu cette lettre ce matin, proposant à la République de les aider à acquérir la Technologie répulsive. Je vous avoue qu'ils sont assez flou sur ce qu'ils ont à offrir en retour. En revanche ils sont tout disposés à recevoir des émissaires de la république si tenté que j'accepte d'écouter leurs propositions. Peut-être pourriez m'accompagner sur cette planète et négocier avec leurs représentants ? C'est une opportunité pour Bakura de signer de nouveaux accords commerciaux et pour la République de se rapprocher d'un nouvel allié potentiel. Tout le monde en ressort gagnant, sans oublier le peuple de Zolan qui en serait grandement reconnaissant. »

La proposition était lancée, Grendo ne s'attendait pas à ce que le Hutt refuse la proposition tellement elle était intéressante pour la planète Bakura. Il risquait après tout de lui offrir l'exclusivité de ce nouveau marché. Une occasion en or pour le Neimoidien qui comptait bien en profiter pour mettre Neimoidia aux centres des négociations.

« Il est vrai que c'est un poste ingrat. Des responsabilités que peu sont capables de prendre. Lorsque la Chancelière Von m'a proposé de rejoindre le nouveau Gouvernement je vous avoue y avoir réfléchis à deux fois. Ce n'est pas une décision facile à prendre mais si vous voulez que je sois franc, c'était l'occasion rêvée pour mettre Neimoidia en avant plan sur la scène politique. Je ne doute pas une seconde de mes capacités et de mes compétences en matière économique, et il semblerait que la Chancelière non plus, sans quoi elle ne m'aurait même pas fais cette proposition.
Et plutôt que de chercher à savoir si j'ai les reins solides pour la fonction, croyez moi lorsque je vous dis que je suis à présent à la place où je devais être au moment où nous parlons. Comme vous le dites, la crise d'Aargau aura une fin et ce jour là je continuerai comme je l'ai toujours fais, à mener ma barque comme bon me semblera et rien ni personne ne m'en empêchera. »


Grendo avait légèrement durci le ton, il n'était pas le genre d'homme à se laisser marcher sur les pieds. Loin de lui l'envie de menacer le Sénateur de Bakura, il voulait simplement remettre les choses au clair. Loin d'être dupe, les jeux politiques il les connaissait bien et le meilleur moyen de se faire des alliés dans le domaine était avant tout de se faire respecter. Un respect qu'il espérait avoir du Hutt qui semblait douter de ses capacités.

« Et croyez bien que je me moque éperdument de ceux qui me donnent des petits surnoms. Si je peux donner cependant un conseil à ce genre de personne c'est de se méfier car tôt ou tard tout se sait en politique et ce jour là ... » il s'arrêtera net dans son discours lorsque le serveur vint remplir leurs verres. Des oreilles indiscrètes qui trainaient par ci par là étaient souvent la cause de nombreux conflits et de quiproquos qu'il préférait éviter.
Ragda Rejliidic
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« Tout se sait en politique... Tout se sait... » reprit le Hutt, doucement, alors que le serveur s'éloignait « L'actualité récente ne peut que vous donner raison j'imagine. Pourtant vous ne devriez pas prendre mes paroles à la légère... Parce que les plus vives critiques vous concernant ne viennent pas du monde politique. » Il observait de ses deux grands yeux globuleux son interlocuteur, guettant la moindre de ses réactions. « Certains vous surnomment déjà le... Nationalizator. Et croyez moi, cela n'a rien d'amical ou d'affectif. » Petit sourire. Moqueur ? Peut-être. « Nos confrères Sénateurs ne sont pas tous idiots, ils comprennent pour la plupart la nécessité des réformes entreprises, ils savent que celles-ci sortent du programme de campagne de Valérion, et que vous ne faites qu'appliquer fermement sa ligne politique... Non, pour vous, la véritable menace ne vient pas d'eux... Mais du monde industriel : des grands patrons, des richissimes actionnaires, bref, tous ceux qui ont le bras suffisamment long pour torpiller, d'une manière ou d'une autre, votre carrière s'ils se jugent lésés. Et ceux là sont certainement bien pire que les politiciens. Ils n'auront aucun scrupule... Et disposent de moyens colossaux pour parvenir à leurs fins. »

Une vision un peu alarmiste de la situation, certes, mais qui ne manquait pas de fond. Les récentes nationalisations entreprises par le gouvernement de la République risquaient de créer bien du désordre si elles n'étaient pas gérées intelligemment. Autant, dans les médias, beaucoup affirmaient comprendre une telle nécessité. Autant, dans les sphères privées, la grogne était palpable. Malgré toutes les compensations financières promises par le gouvernement, il était, pour certains, difficile d'avaler la pilule. Et parmi ceux qui voyaient d'un très mauvais œil cette réforme, se trouvaient des associés très proches de la Ligue des Mondes Périphériques. Comme les Chantiers spatiaux de Mon Calamari.

« Voyez ceci comme un avertissement amical. » continua le Hutt, usant du même ton que celui du Neimoidien. « Je ne sais pas si vous méritez votre place... Mais en tout cas, vous méritez un chance de le prouver. Appelons ça solidarité entre espèces supérieures. D'ailleurs, si d'aventure vous recherchez quelques conseils, vous savez où me trouver...»

Ragda recula légèrement, prenant de la distance, pour s'affaler de nouveau dans les coussins cramoisis de son chariot Répulseur. Il parlait avec une certaine sincérité, même si l'individu en face de lui ne lui inspirait, pour le moment, aucune confiance. Il garderait longtemps en travers de la gorge cette sensation désagréable de trahison. Valérion Scalia le lui avait fait à l'envers. En plus de l'avoir viré de son Ministère, il s'était amusé à renvoyer tous les Ministres affiliés à la LMP, afin de les remplacer par d'autres, pas forcément plus proche de sa ligne politique. Une décision des plus étranges, qui en disait long sur l'esprit tortueux du personnage à présent décédé. Seul Alan Bresançion avait su conserver un poste important, et peut-être pas pour de bonnes raisons... En tout cas, à présent, seul comptait l'avenir de la Ligue des Mondes Périphériques pour Ragda.

« Mais trêves de tergiversations.... Revenons à Zolan. Il faudra m'indiquer les dates prévues pour cette rencontre, que je puisse ajuster mon emploi du temps. Je ferai en sorte d'être disponible... Mais à mon avis, il faut voir plus grand que cette simple question de technologie répulsive. » Dans son regard brillait la flamme de l'intelligence, celle qui s'allumait à chaque fois que cerveau imaginait des plans complexes et tordus. « Cette demande ouvre d'autres perspectives : Des contrats d'exclusivités, autant sur la vente de ces technologies que leur fabrication, leur transport, leur mise en œuvre, leur maintenance... La République pourrait y gagner beaucoup... » Une solution très rentable pour la LMP surtout. « Ce monde se trouve exactement entre Naboo et Christophsis. Nous pourrions envisager l'ouverture d'une route commerciale reliant Bakura à Christophsis en passant par celui-ci. Une voie commerciale permettant l'approvisionnement de Zolan en technologies répulsives mais pas seulement ! Une voie permettant, aussi, à Christophsis de transporter à moindre coût ses matières premières vers le reste de la Bordure. »

Christophsis, monde ayant rejoint récemment la LMP, disposait de mines et d’astéroïdes exploitables en quantité astronomiques. Depuis son adhésion, le Sénateur de ce monde tentait d'ouvrir de nouveaux marchés vers les mondes des bordures... Mais comme la plupart des autoroutes galactiques passaient par les mondes du noyau, l'exercice n'avait rien d'aisé.

« Pour toutes ces raisons, je propose donc de venir à ce rendez-vous avec un représentant de Répulsiv. Corp, pour parler des détails techniques... Mais aussi avec le Sénateur de Christophsis, représentant légal du consortium minier de son monde.

Si comme vous le dites, votre but est, à terme, de faire rentrer Zolan dans la République, alors nous avons tout intérêt à l'intégrer dès à présent dans un système économico-commercial mutuellement avantageux... Les retombées économiques dans la Bordure seront loin d'être négligeables ! Et vous en serez le principal acteur. De quoi vous forger quelques amitiés... Plutôt utile par les temps qui courent, non ?

Bref, qu'en pensez-vous ? »



Grendo S'orn
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Grendo S'orn éclata de rire lorsque Ragda lui énonça le nom que les financiers lui avaient apparemment déjà trouvé. Etonnement cela ne blessa pas le Neimoidien qui se contenta de répondre franchement :

« Quelle ironie. Moi qui me suis toujours battu contre ces nationalisations lorsque je n'étais que Sénateur. Dois-je rappeler qu'elles ont été acceptées par le Sénat bien avant ma nomination au titre de Ministre du Trésor et de l'Economie ? » précisa-t-il avant de continuer à s'exprimer. « Et je suis parfaitement au courant de la position de nos confrères, qu'il n'oublie pas que je fais moi-même partie du Patronat dans une certaine mesure. Ce qui touche les autres entreprises risquent de toucher la mienne tout autant. Aussi croyez moi lorsque je déclare faire tout ce qui est en mon pouvoir pour libéraliser à ma manière ce nouveau Gouvernement. Ce n'est pas une tâche facile, que du contraire, je me retrouve effectivement dans une position délicate, causée par les nombreuses réformes des anciens Gouvernements de Valerion et d'Arnor avant lui. Et sans vouloir vous offenser Sénateur Rejliidic, c'est vous qui étiez Ministre du Trésor et de l'Economie lorsque le Budget incluant les nationalisations a été voté. Faudrait-il me blâmer moi pour vos propres décisions ? Je ne pense pas. Si je dois défendre ma position, vous devrez en faire tout autant. »

Les choses étant clarifiées, le sujet Zolan revint aussitôt sur la table. L'occasion pour le Neimoidien de reprendre sa place de Ministre en charge de l'économie républicaine.

« Je ne manquerai pas de vous indiquer la date prévue pour cette entrevue avec les autorités de la planète Zolan Sénateur. J'avoue ne pas avoir douté un seul instant que cette proposition était susceptible de vous intéresser. » Un léger sourire de satisfaction. « Comme vous l'avez dit tout à l'heure, Bakura et plus précisément Répulsiv. Corp. est passé maître dans l'art des Technologies Répulsives. Qui de mieux placés pour ce type de contrat ? »

Grendo S'orn connaissait bien les Hutts. Outre le côté repoussant de leur apparence c'étaient des créatures qui adoraient les flatteries. Et caresser Ragda dans le sens ... des écailles pouvaient s'avérer être utile pour l'avenir.

« Je vois que la fonction de Ministre de l'Economie vous habite toujours mon cher Ragda, » dit-il calmement. « Vous ne perdez pas le nord. Je n'avais pas pensé à Christophsis, c'est effectivement une très bonne idée. En espérant que les autorités de Zolan acceptent à terme de rejoindre la République mais j'ai très peu de doutes là dessus. Ils ont tout intérêt à nous rejoindre, comme vous le dites il vaut mieux se faire des amis que l'inverse. A nous de rendre cette proposition indispensable lors de notre prochaine rencontre avec eux. Je vous laisse contacter le Sénateur de Christophsis pour le mettre au courant de notre petite conversation ? »

Outre l'avantage pour la République, pour Bakura, pour Répulsiv Corp et pour le peuple Zolan, Grendo S'orn y voyait l'occasion d'intégrer sa propre société au sein de la Bordure. En effet, bien que présent au sein du Noyau jusqu'à la Bordure Intérieure, S'ornPharma Corp et plus précisément TradeCo Transport, la filiale de Transport de Marchandise n'avaient aucune influence parmi les planètes de la Bordure Extérieure.

« Concernant le transport des marchandises, nous avons toujours la possibilité de le faire via ma propre société, TradeCo Transport. Actuellement nous disposons d'une petite flotte de vaisseaux de transports et ne sommes présent qu'au sein du Noyau jusqu'au début de la bordure intérieure. Mais je ne doute pas que ces nouveaux marchés nous permettraient de très vite nous agrandir.
De plus n'oublions pas que si nous allons effectivement dans cette partie de la galaxie, il nous faudra une escorte armée. Zolan ne fait pas encore partie de la République et je ne tiens pas à risquer ma vie aussi bêtement. Je me chargerai de nous trouver des hommes compétents pour cette tâche. Nous sommes d'accord ? »


La conversation entre les deux politiciens et hommes d'affaire continua comme elle avait débutée, dans le calme. Les clients du Restaurant du Sénat se faisaient de plus en plus rare à cet étage, signe que l'après-midi était bien entamée. Si bien qu'à un moment, Ragda et Grendo étaient les deux derniers clients. Mais cela ne paraissait pas déranger les serveurs, occupés à nettoyer et à débarrasser les dernières tables qui avaient été occupées. L'un d'eux s'approcha :

« Vous désirez autre chose messieurs ? »
Ragda Rejliidic
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« Non, rien ! Dégagez ! » lança-t-il au serveur, sans ménagement. Celui-ci, décontenancé, fit volte face et s'éloigna avec une rapidité impressionnante... Alors Ragda frappa de ses deux poings sur la tablette devant lui.

« Vous feriez mieux de ne pas remuer le couteau dans la plaie ! » dit-il, visiblement très en colère. « Ces nationalisations sont des absurdités sans nom ! Je n'ai rien à avoir avec elles ! » Oui il pestait. Cette réforme lui restait encore en travers de la gorge. Il se sentait lésé ! « Dès l'instant où j'ai posé les yeux sur cette partie du programme de campagne de Valérion, j'ai eu envie de vomir... Mais voyez-vous, il faut bien faire des choix... Et j'ai choisi de soutenir le moins pire des deux candidats ! J'étais... Persuadé de pouvoir le faire revenir sur ce volet de ses réformes... Mais non ! Il a profité de mes problèmes de santé pour faire passer cette réforme dans mon dos ! Lui et cet abruti de Lord Janos ! N'oublions pas que cette stupide loi est née sous l'impulsion de ce traître ! Je me demande même s'il ne s'agirait pas d'une tentative impériale pour nous couler à terme... » Il ne feignait pas son agacement, ça c'était sur ! « Je n'ai jamais été malade dans toute ma longue existence ! Et voilà ! J'ai le malheur de frôler la mort, j'ai été interné dans une clinique contre mon gré pendant prêt de huit mois... Ils ont profité de mon absence pour faire voter cette foutu réforme ! Je les retiens tous... » Il ne mâchait pas ces mots lorsqu'il abordait se sujet. « Soit. Cette loi a été votée pendant mon mandat de Ministre... Mais ne vous faites pas plus idiot que vous ne l'êtes déjà. C'est bien vous qui supervisez son application depuis votre prise de fonctions. C'est bien votre nom qui sera associé à toute cette histoire... Et c'est vous qui en payerez les pots cassés si sa gestion devait laisser à désirer... »

Touché en plein cœur, le Hutt révélait son vrai visage. Fini les sourires amusés, les petits sophismes politiquement corrects... La vérité vraie, et crue. Et lorsque qu'il commençait... Il ne s'arrêtait pas tout de suite. Les Hutt ont toujours eu une certaine inertie... Ou une inertie certaine.

« Le pire reste sans aucun doute la nationalisation des banques ! Ma main à couper que cette décision aura pour conséquence une fuite des capitaux hors de nos frontières ! J'en suis convaincu. Vous croyez que les plus aisés de nos citoyens vont continuer à placer leur argent dans des banques nationalisées, sur lequel le gouvernement a dorénavant la main mise ? Et ne me sortez pas l'excuse des nationalisations partielles, ça ne changera pas grand chose à terme. Si demain notre bienveillant gouvernement a besoin de liquidités exceptionnelles, c'est dans nos porte-feuilles qu'il ira piocher, puisqu'il le peut à présent... Peut-être le ne fera-t-il pas ? Qui sait ?L'incertitude n'a jamais été bonne pour les marchés... Je parie que nos consortiums industriels, et leurs riches associés iront planquer leur fortunes dans des banques étrangères... Plus qu'ils ne le font déjà aujourd'hui. » A cet instant, il faillit dire : Et je ne serai pas le dernier à le faire ! Mais au dernier moment, il se ravisa, refermant son clapet démesuré. Il parlait tout de même au Ministre de l’Économie... Évoquer d'une hypothétique évasion fiscale avec lui aurait été plus que stupide... Au lieu de cela, il soupira. Un soupire long et bruyant, tel un point final sur ce laïus pessimiste qui n’engageait que lui. La tension évacuée, il reprit, plus calmement :

« Je vais m'arrêter là, je pourrais en parler pendant des heures entières... Au final, ni vous ni moi sommes responsable de cette idiotie...

Pour Zolan tout est OK. Quoique... Permettez-moi d’émettre de sérieux doutes quant à cette idée d'impliquer votre société de transport. Ne risque-t-on pas de vous accuser de favoritisme, de délit de marchandage ou que sais-je pour avoir mis en avant votre propre société dans ces négociations ? Si vos concurrent directs s’aperçoivent de votre manœuvre, vous allez en entendre parler pendant longtemps... Et après tous les scandales de ces derniers temps, mieux vaudrait ne pas en rajouter un non ? »
A nouveau, la flamme dans les yeux du Hutt se ralluma. La flamme de la magouille. « Mais peut-être pourrions nous trouver des chemins... détournés... pour arriver au même résultat. » Son faciès disgracieux se para d'un sourire sournois. « Et si... Je parvenais à convaincre mon bon ami, le Sénateur de Christophsis, de signer rapidement un contrat de transport lucratif avec votre société... Disons pour acheminer des matières premières en direction de votre propre monde. Il y a toujours quelque chose à construire quelque part... A vous de convaincre le gouvernement dont vous dépendez...

Et le temps que nous parvenions à un accord avec Zolan, ce contrat sera entériné depuis des mois... Quoi de plus naturel que de voir, dès lors, votre société participer au convoyage des ressources vers ce nouveau partenaire commercial de Christophsis ?

En contrepartie, laissez la L.M.P. assurer la sécurité de vos vaisseaux. Nous avons une flotte dans ce secteur. Notre lutte contre la contrebande et les pirates a porté quelques fruits, peut-être pas assez... Et c'est la crise, nos membres réclameront bientôt des comptes, pour comprendre à quoi servent ces sommes engagés dans l'entretien de vaisseaux de guerre. Il est temps de changer de stratégie, et de leur donner une nouvelle utilité !

Tout le monde sera tellement heureux. Nous les premiers... Nous avons un deal ? »
Grendo S'orn
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Touché dans sa fierté. Fini les faux semblants et les formules de politesse, le Hutt montrait enfin son vrai visage, celui d'un homme froid, calculateur et manipulateur. Bien sur Grendo n'en n'avait jamais douté, rare étaient les membres de cette espèce qui faisaient exception à la règle. Et bien qu'il était amateur des discours politiquement corrects, il aimait aussi les conversations franches et sincères.

« Sénateur Rejliidic, veuillez m'excuser si je vous ai froissé. Je suis personnellement convaincu que vous avez fait votre possible pour empêcher ces récentes réformes, mais malheureusement les faits sont là. Les nationalisations ont eu lieu ! Et vous avez beau essayer de garder bonne conscience, vous n'en êtes pas moins responsable. Certes votre nom est clairement inscrit en dessous de ces nationalisations, certes j'ai pour rôle de superviser leurs applications, mais vous connaissez tout comme moi les Financiers. Pensez-vous un instant qu'ils feront la différence au cas où ils viendraient à réagir ? Pensez-vous sincèrement que si je tombe, vous ne tomberez pas aussi ? Nous sommes qu'on le veuille ou non, liés à cause de ces nationalisations. Et bien que nous sommes contre, le rôle de Ministre du Trésor et de l'Economie est de soutenir son gouvernement, comme vous l'avez fait avant moi. Au lieu de se tirer dans les pattes, pourquoi ne pas lutter ensemble, dans l'espoir un jour de mettre un terme à cette mascarade ? »

Les dés étaient lancés. Bien que soutenant entièrement le Gouvernement auquel il faisait partie, il exprimait aussi son dégout pour ces satanées nationalisations qui venaient briser la sérénité du libre marché. Et si il ne voulait pas que sa tête tombe, il devait agir, agir et vite, afin de garantir des contreparties intéressantes au patronat.

« Sachez que pour ma part je ferai mon possible pour garantir des contreparties importantes au patronat. J'ai pour intention très bientôt d'organiser une réunion patronale sur Corellia, vous y serez évidemment convié Sénateur. L'occasion de discuter tous ensemble des nouvelles réformes du Gouvernement autour d'un bon diner. Mais aussi de suggérer des issues possibles afin de permettre un apaisement du Patronat. C'est notre volonté à tous n'est ce pas ? »

Il écouta ensuite attentivement la position de Ragda sur le sujet Zolan. Celui-ci semblait émettre des doutes concernant l'implication directe de la société de transport du Neimoidien.

« C'est en effet une excellente idée Sénateur. Néanmoins, plutôt que d'envoyer les matières premières sur Neimoidia, j'aimerais qu'elles soient directement envoyés sur Bespin. C'est une planète de la bordure extérieure, non loin de la Voie Marchande Corellienne. Je donnerai les détails techniques au Sénateur de Christophsis en personne, j'imagine que cela ne vous intéresse nullement. Je m'occuperai également de mon propre Gouvernement, cela ne posera pas de problème.
Concernant la flotte de la L.M.P. je présume que cela sera effectif après la crise d'Aargau vu qu'elle a été mise à la disponibilité du Ministère de la Défense par le Vice-Chancelier Bresancion ? A ce propos, pouvez-vous me dire qui gouverne clairement la L.M.P. ? Je ne doute pas que vous ayez le droit de décider de l'utilité de la flotte, néanmoins le discours du Vice-Chancelier me fait penser que vous êtes deux à décider au sein du Parti ? Qui est la réelle tête pensante ? Qui a le pouvoir directionnel ? »


Une question pertinente que le Neimoidien se posait depuis de nombreuses années. Et aujourd'hui qu'il comptait faire affaire avec la L.M.P. il ne s'agissait pas de se tromper d'interlocuteur. Une défense de ces vaisseaux commerciaux, Grendo était d'accord, l'occasion de se garantir un commerce fiable et rapide sans aucun risque. Un rêve pour le libéral qui était sur le point d'accepter le deal proposé par le Hutt. Mais pas sans certaines exigences.
Ragda Rejliidic
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Ragda répondit d'abord par un simple geste de la main, un geste qui voulait dire stop, avant d'ouvrir sa large gueule.

« Restons en là. » Sa voix, cette fois, ne trahissait plus aucune émotion. Son coup de sang s'était évaporé aussi rapidement qu'il était né. Changer de sujet y avait aidé... Alors autant de ne mettre de l'eau sur le feu. « Visiblement nous ne seront jamais entièrement d'accord... Toutefois, je ne peux pas vous donner tord sur un point : si cette réforme devait déclencher un raz-de-marée politique, nous serions tous les deux probablement noyés. Alors... Autant nous serrer les coudes, oui... Et c'est pour cette raison que je réitère ma demande : si vous avez besoin d'un consultant-expert sur des questions économiques épineuses... N'hésitez pas à me solliciter. D'ailleurs... Je répondrais présent à votre réunion patronale, moi et des représentants de la LMP, évidemment. » Il espérait mettre un point final à ce volet de leurs échanges. Un point final et définitif. Quoi que... Ragda ne pu s'empêcher d'en placer une. Une petite tirade ironique, mesquine même. « Enfin, c'est vous qui voyez. Je doute que mes services soient pleinement appréciés dans ce gouvernement. Mes idées, comme les vôtres visiblement sont trop... libérales. A se demander pourquoi vous avez accepté ce poste sachant que vos convictions personnelles entreraient en conflit avec les objectifs de la Chancellerie. Sans vouloir être défaitiste, je ne vous prédit pas un bel avenir... Soit vous allez renier vos idéaux, soit vous aller être contraint à la démission. Enfin, peut-être que l'avenir me donnera tord ! » Et comme s'il venait de sortir une banalité, il enchaîna aussitôt, passant du coq à l’âne. « Je prends note pour Bespin. » Sa curiosité piquée, il désirait soudain en savoir un peu plus. Pourquoi ce monde ? Une géant gazeuse sans importance... Outre ses gisements atmosphériques de gaz tibana... Mais les conditions d'exploitation rendaient leur extraction coûteuse... Les neimoidien auraient-ils trouvé un filon ? Il devait en avoir le cœur net ! En tout cas, se dit-il, il avait certainement une carte à jouer. « Je passerai le message au Sénateur de Christophsis. Comme vous le dites si bien, le reste ne me regarde pas... Mais si toutefois, dans votre mystérieuse entreprise, vous aviez besoin de... répulseurs surpuissants, vous savez que Bakura se fera un plaisir de commercer avec vous. » Voilà qui était dit. Qui disait géante gazeuse sans surface où se poser, disait forcément station spatiale ou plate-formes atmosphériques.

« Et oui... Pour nos flottes... Vous avez entièrement raison... » reprit-il, peu désireux d’aborder le sujet levé par son interlocteur. Mais il n'avait pas le choix.« Pour le moment celle-ci a été réquisitionnée par la République pour soutenir les forces régulières dans le blocus d'Aargau... Mais comme il faudra probablement des mois pour parvenir à un accord satisfaisant avec Zolan, et développer une technologie adaptée à leur monde... J'espère sincèrement que cette crise sera passée. Sinon, vous aurez de tels problèmes économiques sur les bras que tous nos petits arrangements vous sembleront bien anecdotiques. Vous ne croyez pas ? » Petite question rhétorique après laquelle il soupira, bruyamment, dépité. A moins que ceci ne fusse qu'une mise en scène. Oui, Ragda aimait jouer des rôles. Dans une autre vie, il aurait pu être vedettes d'holofilm ! Il marqua une pause, posant son regard globuleux dans celui du Neimoidien. Il ouvrit la bouche, hésita.

« Vous avez l'art d'aborder les sujets qui fâchent » fit-il, enfin, la voix pleine de lassitude. « L'organisation de la LMP... Un vaste sujet. » D'amertume même. « A l'origine tout devait être simple : une coalition de mondes Républicains, centrée autour de trois axes fondateurs : politique, militaire et économique. Politique par la formation d'un groupe parlementaire au Sénat. Militaire par la création d'une flotte d'auto-défense pour sécuriser nos territoires limitrophes... Et Économique par la mise en œuvre de projets d'intérêts mutuels et partagés. La LMP devait être coordonnée, administrée, par un directoire composé des Sénateurs des mondes membres, parmi lesquels trois devaient êtres choisi, pour prendre ne charge l'un des axes en particulier. Le Sénateur de Mon Calamari pour l'axe économique, Alan Bresançion pour l'axe militaire... Et moi, pour l'axe politique. Au final, nous devions être une sorte de parti politique doublé d'un groupe de lobbyistes afin d'inciter nos mondes respectifs à invertir crédits et ressources dans nos projets communs. Chaque monde restait évidemment totalement souverain, maître de ses choix... Une usine à gaz diplomatique à faire tourner si vous voulez mon avis. Beaucoup nous donnaient perdant... Mais nous avons quand même réussi quelques exploits : créations de deux flottes d'auto-défense, avec un état major propre et indépendant des mondes membres, même si composé d'officiers de ces derniers... Accords commerciaux divers et variés, financement des extensions des chantiers de Mon Calamari, politique commune d'exploitation minière... » Il marqua une nouvelle pause, silence musicale dans cette monologue. Un bon vieux temps était à présent révolu, que le Hutt regrettait. Il reprit finalement, les yeux perdus dans le vague, perdu dans ses souvenirs :

« Mais voilà. Les récents événements ont jetés des tonnes de sables dans les rouages que nous peinions à maintenir huilés. J'ai été remercié du précédent gouvernement, Alan est devenu Vice-Chancelier... Avant mes problèmes de santé, et depuis mon retour, j'ai passé plus de temps à m'occuper de l'avenir de nos flottes que je ne l'aurais théoriquement dû. Entre temps, nous avons perdu la main sur les chantiers de Mon Calamari... Autant dire que plus personne ne semble à sa place dans cette parti, il serait, à mon humble avis, nécessaire de revoir les statuts de chacun... Mais chaque chose en temps voulu ! » Il releva les yeux, et se pencha légèrement en avant, dominant de toute sa masse son interlocuteur. « Tout cela pour vous répondre : Il y a autant de têtes pensantes que de Sénateurs au sein de la LMP, même si théoriquement trois sortent du lot pour prendre des initiatives. Concernant l'utilisation de nos flottes, il faudra que chacun se prononce, en informe son gouvernement, que la Chancellerie autorise nos mouvements, accord indispensable pour que nos vaisseaux puissent sortir et entrer du territoire Républicain pour commercer avec Zolan. Je ne vous fait pas des dessins : c'est une vraie usine à gaz administrative... Mais rassurez-vous, je me chargerai de tous les détails. D'autant plus que maintenant que M. Bresançion est Vice-Chancelier, certaines formalités n'en seront que... facilités. Pour vous tout sera transparent. Vous louerez nos services, et vous n'aurez qu'à payer la somme indiquée en bas de la facture. Difficile de faire plus clair. Bien-sur, il faudra au préalable que nous réglions les détails du contact... Par exemple concernant la prise en charge des réparations liées à des escarmouches contre d'éventuels pirates désireux de vous détrousser... »

Soudain, tel un diable sorti de sa boite, il sursauta.

« J'en aurais oublié le dessert ! Vous prendrez quelques chose ?! » demanda-t-il en faisant signe au serveur congédié quelques instant plus tôt sans aucun ménagement.



Grendo S'orn
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Décidément, Ragda Rejliidic était un curieux personnage. Outre ses penchants pour la nourriture bien en chair et ses vices communs à tous les Hutt, celui-ci était passé maître dans l'art de tirer son épingle du jeu politique. Jusqu'à atteindre le directoire de la LMP. Et rien que pour cela, Grendo lui devait le respect. Mais au fil de la conversation, le Neimoidien comprit rapidement les risques encouru par ce regroupement de planètes de la bordure républicaine. La présence de plusieurs têtes pensantes était un réel point faible. Bien qu'il s'agissait probablement à l'époque d'un avantage stratégique, les derniers événements rendaient ce système hiérarchique en proie aux conflits internes risquant de paralyser la LMP voir même de l'anéantir pour toujours. Et bien qu'il était convaincu de l'avenir funeste de ce regroupement, le Ministre de l'Economie n'en dit rien au Sénateur de Bakura. Mais le Hutt n'était probablement pas le genre d'homme à vivre dans un rêve, il connaissait les risques qu'il encourait et agirait en conséquence.

« Non merci, je n'ai plus faim ... » dit-il avant d'apercevoir une part de tarte sur le plateau d'un serveur à plus d'un mètre de lui. « ... quoi que cette tarte a l'air succulente ! » Après avoir servi un autre client, l'homme s'approcha de la table « Vous désirez autre chose ? »

Le Neimoidien jeta un rapide coup d'oeil au Hutt et répondit au serveur.

« Apportez moi la même petite chose que vous avez servi à l'autre table plus loin. »

« Très bien, une part de Tarte d'Alderaan, et pour vous Sénateur Rejliidic ? »

Aussitôt la commande prise, l'homme fit demi tour en direction des cuisines laissant à nouveau les deux politiciens seuls.

« Permettez-moi une question Sénateur, que pensez-vous qu'il arrivera une fois l'Union Nationale terminée ? Aujourd'hui, opposition et majorité semblent mettre de côté leurs différences, tous sous la même bannière, pensez-vous que cette situation durera après la Crise d'Aargau ? » la question était posée, et bien que le Neimoidien connaissait la réponse, il espérait ainsi analyser la réaction du Hutt en détail. Les alliés d'aujourd'hui risquaient de devenir les ennemis de demain et inversement, Grendo voulait être sûr de la position du Sénateur Bakurien.

« Entre la LMP, le RR qui se meurt, les pro-Emalia, les socialistes, les ultra libéraux, les anti-jedi, nous aurons beaucoup de travail pour satisfaire tout le monde dans ce gouvernement. Je suis d'habitude de nature optimiste mais ce genre de scénario semble sans issue, nul doute que nous aurons des débats musclés après tout ceci ... »

Le Neimoidien n'était pas dupe, la crise d'aargau bien que sur toutes les lèvres n'était que le début d'un vaste scénario aux issues incertaines. L'Union Nationale permettait actuellement de gérer le blocus de la planète aargau plus ou moins dans le calme, mais après ? Le Sénat allait-il continuer d'être Uni ? Et le peuple ? Et les entreprises ? Il avait d'ailleurs organisé la future Réunion patronale espérant ainsi apaiser le sentiment d'injustice du Patronat républicain mais si il n'y arrivait pas ? Et si rejoindre le Gouvernement avait été une mauvaise idée ? NON ! Il se refusait de le croire. Il défendrait corps et âme les idéologies du libéralisme jusqu'au bout, jusqu'à son dernier souffle. Il soutiendrait également le Gouvernement peu importe ses décisions, à moins que cela ne risque de lui coûter la vie.

[HRP]:
Ragda Rejliidic
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« Mettez moi le même poulpe pour le dessert ! » lança le Hutt, visage enchanté à l'idée d'ingurgiter une autre de ces mollusques baveux. Lorsque l'on aime, on ne compte pas... Le serveur reparti, non sans avoir su réprimer un grimace à cette annonce qu'il trouvait, sans aucun doute possible, saugrenue. Ragda l'ignora. Il n'avait que faire des pensées du petit personnel... Ragda reporta son attention sur le Neimoidien, assis en face de lui. Il avait déjà d'autres questions... Une vraie pipelette celui-là !

« Ce que j'en penses ? Vous voulez des pronostiques ? » s'amusa-t-il. « Moi qui pensais que vous ne croyiez qu'aux chiffres... » Sourire aux accents moqueurs. « Et bien, si je devais faire des paris... » reprit-il, feignant de réfléchir à la question. En réalité il se l'était déjà posé lui-même bien avant ce jour. « Il ne fait aucun doute que cette Union sacrée volera en éclat dès que nos confrères Sénateurs à la vision aussi étriquée que leur capacité d'initiative, jugeront que les menaces pesant sur notre belle République se seront dissipées. » Une vision très pessimiste de l'avenir, mais dont il ne doutait pas. « Aujourd'hui, les détracteurs se taisent. Au nom de cette union, les réticents acceptent le compromis. Ce ne sera pas toujours le cas... Et vous savez certainement ce que deviennent les frustrations refoulées ? Un terreau pour la haine et la colère. » Toutefois, il estima que, face à l'un des représentants du gouvernement actuel, il se devait d'adoucir son propos. « Mais je pense aussi que beaucoup de chose dépendront des résultats de ce mandat mouvementé. Si le bilan est positifs, alors peut-être que les mauvaises langues hésiteront à l'ouvrir... S'il est mauvais, les critiques pleuvront... Et que notre Chancelière soit une membre de l'Ordre Jedi risque tout autant de jouer en sa faveur que le contraire... Après la crise d'Aargau, je me demande d'ailleurs si elle décidera d'organiser des élections anticipées... Ou si elle préférera garder les rênes du pouvoir, comme elle en a parfaitement le droit. Une choix délicat à prendre : Personne n'oubliera qu'elle a fait parti du gouvernement précédent, celui qui a fait entrer le loup dans la bergerie, même s'il serait difficile de lui imputer la faute directement... La décence lui imposerait probablement de démissionner une fois la situation devenue plus calme, ne croyez-vous pas ?

Ce ne sont que des hypothèses, une vision personnelle... Je n'ai pas encore de boule de cristal pour lire l'avenir... Mais pourtant, certaines chose ne pourront être évitées, comme le dessin d'une nouvelle carte politique au sein de la Rotonde. Le RR est mort. La LMP implosera un jour ou l'autre... Et tous les autres retourneront rapidement leur veste dès que de nouveaux leaders pointeront le bout de leur nez. La seule question qui reste en suspens est la suivante : qui seront-ils ? Quelles seront leurs idées ? Parce que ce seront eux qui esquisseront les traits de l'avenir qui nous attend... »
Sur ces mots il se tut un instant, laissant le temps au serveur de poser les plats devant eux. Exactement comme précédemment, le Hutt goba son poulpe d'une traite, entier, sans même le mastiquer. Cette pause lui permet de sonder son interlocuteur. Il essaye de déceler les émotions qui pouvaient bien l'habiter. D'une certaine manière, il lui tendait une perche... Peut-être un peu trop subtile ? Qui sait ?

« Moi, personnellement, je pense que nous ne pourront éviter éternellement un conflit majeur entre la République et l'Empire. Ces deux entités sont si... opposées. Mais même Aargau ne saura allumer cet incendie. Nous sommes trop couard, trop lâches, trop attachés à de vieux principes qui nous imposent d'attendre que l'autre nous attaque pour répliquer. Notre République est un dinosaure d'un autre temps, devenu molle et sans volonté. A l'époque... » Fit-il, regard dans le vague, plongé dans ses souvenirs. « Si j'ai accepté d'être Ministre de l'Economie sous Halussius, c'était justement parce que ce dernier promettait de la réformer en profondeur... Mais entre temps les Sith ont refait surface, et vous connaissez la suite... » Il soupira. « Impossible de réformer sereinement nos institutions tout en surveillant sans cesse les menaces extérieures. Non.... » Il pointa de son gros index boudiné vers son adversaire. « Vous voulez savoir ce que je pense vraiment ? Et bien... Une terrible guerre couve. Il faudra nous battre pour notre survie : ce sera nous ou eux... Et j'espère alors que la République sera prête. Si j'ai soutenu Valérion lors des dernières élections, c'est justement parce que j'ai estimé qu'il était le plus apte à mener la barque en cas de conflit. Voilà de quel coté je me range. Du coté des plus forts, un point c'est tout. » Il se redressa, pour s'affaisser encore plus dans ses coussins. Il planta ensuite son regard vif dans celui du Neimoidien.

« Je vous retourne vos questions. Et vous ? Qu'en pensez vous ? Comment voyez-vous l'après Aargau ? Je me demande dans quel camp vous vous rangerez lorsque la barque commencera à couler... Vous devriez commencer à y réfléchir, et à tisser quelques... relations. Ne devons-nous pas nous serrez les coudes, nous, qui sommes des Sénateurs à l'esprit clair et indépendant, et non des moutons aveugles suivant le troupeau ? »

Il explosa de rire.
Grendo S'orn
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Chaque mot, chaque parole, le moindre détail de son interlocuteur était analysé par le politicien. Les yeux fixés sur le Hutt, S'orn attendait impatiemment que son dessert arrive.

« Sincèrement ? Je pense que cette Union Sacré était une bonne initiative mais avait tous les éléments pour ne pas réussir. La Chancelière Von a fait un pari risqué en nommant des personnalités politiques aux idéologies bien différentes. Il suffit de voir ma propre nomination. Un Ultra libéral mélangé à des socialistes, était-ce une stratégie politique ? Une manière d'avoir des positions différentes et permettre ainsi au Gouvernement de mieux avancer. Un peu des deux selon moi. Mais peu importe les raisons d'Alyria Von ou même les miennes qui m'ont poussés à accepter, le fait est que contrairement à toute attente, cela fonctionne.
Bien sur il est trop tôt pour en faire des conclusions objectives mais à mes yeux, la Chancelière actuelle est toute désignée pour terminer son mandat comme n'importe quel autre Chancelier avant-elle. Et pour le reste rassurez-vous, je ne suis pas le genre d'homme à me faire intimider, si la situation change, ma position changera en conséquence. »


Une manière de rassurer son interlocuteur sur ses intentions. Grendo avait une volonté de fer et peu importe qu'il faisait parfois des compromis, son seul désir était de faire avancer ses pions sur l'échiquier politique. Les politiciens ... tous les mêmes.

« Je suis assez étonné de voir que l'un des deux principaux Leaders de LMP ne prédestine pas son propre parti à un avenir radieux. Le RR certes est sur le déclin, après la mort de Valerion, le suicide de Keyien et l'arrestation de Janos, personne pour tenir les rennes de ce parti. Mais le LMP ? Pourquoi penser que votre parti implosera tôt ou tard ? Vous n'avez plus confiance en vos partisans ? Vos propres alliés ? » le Neimoidien avait bien une petite idée sur les raisons qui poussaient Ragda à penser cela, mais il préférait toujours recevoir l'information de son interlocuteur.

« Je suis d'accord avec vous, la Rotonde a besoin de nouveaux Leaders charismatique. Des personnes de tout horizon politique, c'est ainsi que le Sénat pourra avancer sereinement. Nous avons besoin plus que jamais de débat ! Et même si je fais partie actuellement de la majorité, l'opposition a aussi son importance. » lui répondit-il avec un sourire aux lèvres. Il en était conscient, après la crise d'Aargau beaucoup de choses changeraient, d'autres au contraire ne changeraient pas, à tous de s'adapter en circonstance et de trouver sa place sur le terrible échiquier.

Le serveur revint enfin au près du fameux duo, impatient de pouvoir s'attaquer à leurs délicieux desserts. Moins d'une seconde plus tard, Ragda goba littéralement son repas. Il n'avait fait qu'une bouchée de son poulpe visqueux, prenant soin de se lécher le recoin des lèvres. S'orn s'était finalement habitué à ces mauvaises manières et préféra sa pencher sur sa tarte d'Alderaan. Un met succulent. Coupant lentement un morceau qu'il glissa délicatement dans sa bouche, le Neimoidien émit un léger "mmmm" de plaisir.

« C'est le genre de conversation que nous avons eu la Chancelière et moi pas plus tard qu'il y a quelques jours. Elle m'a posée la même question que vous, si selon moi la guerre était-elle inévitable ? Je vais vous répondre comme je lui ai répondu : je favoriserai évidemment toujours la négociation. Il fût une époque où au contraire j'aurais préféré choisir la guerre mais un tel choix n'est pas si facile à prendre quand on connait les risques et les conséquences. La diplomatie est selon moi la meilleure des solutions ...
En revanche. »
il se tut quelques secondes « Inutile de se voiler la face, certes les négociations sont plus intéressantes mais il arrivera un moment où malheureusement la guerre sera nécessaire. Un conflit est à nos portes et bien plus proches que certains veulent le penser. Il y aura des victimes des deux côtés, de lourdes pertes mais comme vous l'avez dis ce sera notre survie qui sera en jeu. »

Prenant soin d'éluder la dernière question du Sénateur de Bakura, le Ministre S'orn avait néanmoins répondu sincèrement au reste. Il n'était pas pour la guerre mais si cela était inévitable il faudrait bien l'accepter et agir en conséquence. Donnant de larges moyens à la défense pour nous garantir une victoire quasi-certaine. L'empire ne pouvait pas gagner, sinon il ne donnait pas cher de sa peau. Attendant la réponse de Rejliidic, il prit une nouvelle part de tarte.
Ragda Rejliidic
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« Savez-vous ce que je trouve le plus ironique ? » fit le Hutt, visiblement amusé par ce que venait de dire son interlocuteur. « C'est que ce terme Union Sacrée a été prononcée pour la première fois par un Sénateur devenu depuis tristement célèbre : Lord Côme Janos... Il a été, ensuite, reprit dans toute les bouches, comme si de tout le monde en avait oublié sa provenance douteuse... Moi le premier. » Il dodina cependant du chef « Nous sommes néanmoins d'accord sur ladite chose. Ce rassemblement brinquebalant ne tient que parce que la situation l'exige... » continua-t-il, adoptant rapidement une moue mesquine, preuve qu'il allait rentrer dans les propos de son adversaires pour les retourner contre lui. Un exercice qu'il affectionnait par dessous tout : à l'image d'un bretteur, il créait de fausses ouvertures, prêt à contre-attaque dès que son adversaire se ruerait dedans. Ce que le Neimoidien venait de faire en répliquant au sujet de la LMP. Il reprit :

« Dès lors, pourquoi tant vous étonner de ce que je pense de la LMP ? Je ne vous croyais pas aussi naïf, à moins que vous me démontriez là un manque évident de jugement. » Intérieurement il s'amusait beaucoup d'un coup... « La Ligue des Mondes Périphériques n'est rien de moins qu'une union sacrée à plus petite échelle, entre mondes des bordures républicaines. Une alliance dictée par un constat évident : que nos mondes éloignés sont souvent peu considérés, qualifiés comme des mondes de seconde zone... A quelques exceptions prêtes. Une union de mondes aux idées, aux ambitions, aux volontés divergentes, mais qui ont décidés de travailler de concert pour tirer leur association vers le haut. Personnellement, la question d'échelle mise de coté, je ne vois que peu de différences entre l'union sacrée gouvernementale et celle de la LMP. Un jour ou l'autre, les divergences reprendront le dessus sur les idéaux... Et alors notre ligue volera en éclat. Cela arrivera d'une manière ou d'une autre, tout comme l'union sacrée est vouée à l'implosion.

Il faudrait être totalement idiot pour ne pas s'en rendre compte. Comparez par exemple Naboo et de Bakura. D'un coté un monde fortement agricole usant d'une pléiade d'engins et de droïdes sophistiqués. De l'autre un monde industrialisé, dépendant d'une main d’œuvre nombreuse et peu qualité, résultat des lois anti-droïdes en vigueur sur ce monde. Seules les perceptives de progrès technologiques, d'accords commerciaux, de nouvelles parts de marchés, unissent nos deux planètes. »
laissa-t-il en suspens avant de reprendre sur un ton plus léger. « Mais bref, je ne me suis pas là à flotter devant votre table pour vous faire un exposé sur mon mouvement associatif. Pour le reste de cette conversation, je dois avouer partager la plupart de vos points de vues. Peut-être ne sommes-nous donc pas si différents... » En prononçant ces derniers mots, il pianota de ses doigts gras et boudinés sur la console tactile de son chariot à répulsion. Un fin bras télescopique s'échappa du flanc de l'appareil, portant à son extrémité, en forme de pinces, une missive scellée. Celui-ci s'articula jusqu'à la déposer à coté de l'assiette du Ministre.

« Une lettre de recommandations. » fit-il, l'air très sérieux. « Quoi que puissent en dire certains, je suis un fervent défenseur de notre belle République. Je me propose comme consultant expert sur les questions économiques et commerciales. Je vous serai très reconnaissant de faire transmettre cette missive à la Chancellerie. Je suppose que si celle-ci passe par vos mains, elle sera directement déposée sur le bureau de la Chancelière, au le sommet de la pile, m'évitant une longue et fastidieuse procédure. » Puis le Hutt le regarda droit dans les yeux. « Je compte sur vous. Si celle-ci devait être validée, peut-être travaillerions-nous prochainement ensemble...» Le bras télescopique se replia. Certains questions restèrent cependant en suspend. Ragda avait-il gardé cette lettre sur lui, espérant un jour ou l'autre tomber sur le Ministre qui l'avait remplacé... Ou bien... S'était-il rendu aujourd'hui, à cette heure précise, au restaurant du Sénat afin de rencontrer son homologue ? L'avait-il espionné pour être au courant de son emploi du temps ? Si oui, comment ?!

Que Grendo, à cet instant, se pose réellement ces questions ou non, cela fit néanmoins sourire le Hutt. Peut-être que son interlocuteur comprendrait que malgré ses déboires judiciaires, il gardait le bras suffisamment long... Ou bien le prendrait-il pour un être désespéré, s'accrochant à ce qui lui restait de pouvoir, comme un tabernacle à son rocher. Mentalement il haussa les épaules. Les opinions des autres, il ne s'en souciait que lorsqu'elles avaient un impact dans les urnes...

« Sur ce... » dit-il en guise de conclusion. « Je ne vois rien à ajouter. Si vous en avez également terminé... Je vais retourner à mes affaires Bakuriennes. Je dois encore voir un représentant du patronat planétaire cet après-midi. » Il soupira. « Sur mon monde, j'ai bien peur que le Pacte social fasse bien plus de vagues que les nationalisations... Rien d'étonnant, en soit. Nous avons toujours eu une longue tradition de confrontations sociales, sociétales même, entre la caste ouvrière et celles des dirigeants planétaires, également grands patrons... Saviez-vous que sur Bakura, la sphère politique est un vase clos ? Les sénateurs planétaires s'élisent entre eux, et ce depuis des générations, créant ainsi une forme d'oligarchie. Je vous laisse imaginer les tensions causées par ce pacte. Tout ce qui touche la relation ouvrier-patron est un sujet à prendre avec de sacrées pincettes, au risque de voir notre mond s'embraser sous l'action des mouvements extrémistes ouvriers.»
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