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Manifestement, il n'avait jamais croisé de chasseur de primes. Mes contrats passés ne provoquaient pas chez moi de grands remords, mais d'un autre côté, je choisissais mes cibles. En général je n'acceptais d'exécuter que les plus gros enfoirés du coin. La plupart des chasseurs étaient bien moins regardants, exécutant tout ce qu'il leur passait sous la main pourvu que ça vaille un crédit ou deux... Les chasseurs de primes Mandaloriens, tout particulièrement, n'étaient pas du genre à s'embarrasser des détails. Si quelqu'un vaut de l'argent, il devient une cible, peu importait la raison pour laquelle la tête était mise à prix.

D'ailleurs, ma sorte de "clause morale" (assez variable, certes) me rendait parfois la vie plus difficile, au niveau professionnel. Par exemple, je n'avais fait que très peu de contrats pour le compte des Hutts... Et tout bon chasseur de primes voudra avoir une bonne réputation chez les Hutts. J'avais bien aidé une fois ou deux sur des cibles de petite envergure mais jamais je n'avais pris leurs plus gros contrats, vu qu'en général, ceux-ci comprenaient des kidnappings (ou carrément tuer des gamins), la capture de personnes qui ont fait le choix moral, et autres.

Difficile de concilier tout à la fois... Je jonglais pas mal avec la morale, en règle générale. En fait, j'étais relativement flexible à ce niveau-là, même si ma flexibilité avait ses limites. Et mon interlocuteur ne semblait pas être un immense fan de ladite flexibilité... Il tirait une de ces têtes, le pauvre. Non, franchement, une fois sur Nar Shadda, il faudrait que je l'amène dans un bar à chasseurs de têtes. Là, au moins, il comprendrait ce que c'est qu'un vrai bon gros connard qui ne s'intéresse qu'à l'argent et rien d'autre. Ainsi, lorsqu'il déclara qu'il ne pouvait pas m'aider à tuer les gens, je haussai les épaules.

- Les Jedi ne font pas dans l'harmonie et autres ? Enfin je n'ai jamais vu de Jedi montrer des pouvoirs offensifs ou autres... Des Siths, oui. Il y en a quelques uns qui m'ont bien électrocutée, une fois ou deux. Mais les Jedi, jamais. Après, au-delà de ça...

Je jetai un œil au statut de la livraison, qui était finie à 75%. Je n'avais pas non plus commandé des centaines de tonnes de vivres. Cela fait, je tournai le siège vers Arrik, m'appuyant des deux bras sur l'accoudoir et posant la tête entre mes mains.

- C'est plus une question de curiosité... Quand je découvre quelque chose que je ne connais pas, il FAUT que j'en sache plus. 'toujours été comme ça. J'ai envie de tout savoir sur tout... Je sais que c'est pas possible, même si j'ai une assez longue vie, ça ne suffira jamais à tout savoir. Mais je sais pas... C'est l'idée qui est irrésistible. Si je ne sais pas, je DOIS en savoir plus. Quand j'ai découvert les pulsars, il y a déjà bien 25 ans, j'ai passé des semaines entières à lire des dizaines de documents dessus et à en observer. J'ai même failli griller en passant trop près du faisceau d'un pulsar gamma...

Ce n'était pas passé loin, en plus... Autant dire que je n'étais pas prête de refaire ce genre d'erreur de sitôt.

- Et la Force... Toute ma vie j'ai senti ce... je ne sais pas. Ce potentiel, prêt à exploser, qui ne demandait qu'à être utilisé. Comme... Une réserve immense de carburant, inutilisable parce qu'il me manque le moteur. Je peux la sentir un peu partout, elle se manifeste parfois quand quelque chose de grave se passe, et... Je haussai finalement les épaules, une nouvelle fois. Il faut que j'en sache plus, et pour la première fois de ma vie j'ai une occasion en or de le faire. J'ai tellement BESOIN d'en savoir plus et d'apprendre que je suis prête à me retrouver avec toutes les forces de sécurité d'Ondéron aux fesses pour avoir aidé un fugitif à fuir le système... C'est dire.

J'avais un petit sourire rêveur au visage. Tout ce potentiel, toutes ces choses à découvrir... Je ne disais que la pure vérité, ma curiosité écrasait toute forme de raisonnement logique. Si j'avais été une bonne chasseuse de primes, j'aurais profité de la confiance d'Arrik pour l'assommer d'une façon ou d'une autre et j'aurais prévenu les autorités afin d'encaisser la prime, vu qu'il était recherché. Mais là... Cette curiosité insatiable avait pris le dessus et contrôlait mes actes.
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Le regard d’Arrik se durcit.


- Les Jedis, fit-il d’une voix laissant transparaître toute son amertume. Ne « font pas dans l’harmonie » comme vous dites.


Il éclata d’un rire bref et sans joie.


- Il n’y a aucune différence entre les Siths et les Jedis, croyez-moi. Ils tuent, écrasent leurs ennemis… Les Siths ont juste la décence d’admettre qu’ils aiment ça.


Son visage était crispé, presque tordu dans une grimace acerbe, quand il se rendit compte qu’il défendait à nouveau les Siths. Mais il ne pouvait pas mentir, laisser passer une telle chose. Laisser encore une fois l’hypocrisie des Jedis frapper et faire son petit effet. Après tout, quelle différence notable y a-t-il entre un Sith et un Jedi ? Que cela soit pour le pouvoir ou pour « défendre la galaxie », le résultat était le même au bout du compte. Des morts, et encore des morts.


- Les Jedis et leurs grands principes… Laissa-t-il échapper dans un sifflement mauvais, avant de s’interrompre.


Arrik baissa les yeux, soudain honteux de s’être autant confié. Il avait encore du mal à s’épancher sur les limites de l’Ordre, comme si c’était un secret honteux qu’il devait absolument éviter de partager.


Mais l’Arkanien se reprit bien vite et écouta avec intérêt la jeune femme lui parler de « curiosité ». Et plus il l’écoutait, plus il la comprenait. Il ressentait encore la même chose, même aujourd’hui, malgré toutes ses difficultés. Cette énergie fabuleuse qui pulsait autour d’eux et qui pouvait les rendre si forts, capables de tellement de choses. Le sourire rêveur de Konstancja acheva de balayer les derniers doutes de l’adolescent. Il esquissa un sourire lui aussi, un petit sourire timide.



- Que voulez-vous savoir ? 
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Ils ne faisaient pas dans l'harmonie et tout ça ? Bah... Je me doutais bien qu'ils ne faisaient pas QUE dans la pseudo-harmonie et autres, mais c'était quand même bien ce qu'il était ressorti de mes quelques interactions avec eux. Oh, bien entendu il y en avait bien un ou deux qui étaient assez excités, mais dans l'ensemble ceux que j'avais croisés étaient du genre plutôt calme et mesuré. D'ailleurs, c'était parfois flippant... Il y en avait eu plusieurs qui avaient l'air coincés comme pas possible. J'avais bien tenté une ou deux blagues mais sans aucun effet. Ce genre de vie, qu'ils avaient, ne devait pas être d'un genre très enrichissant... Non merci.

Je haussai en tout cas les épaules à ses propos, alors qu'il enchaînait en disant que c'était la même chose. Moui... là, j'aurais été un brin plus mesurée, quand même. J'avais croisé un petit paquet de Siths, et une large majorité était soit des gros tarés psychopathes, soit des sadiques, soit des pervers, soit des manipulateurs, soit des fous furieux exaltés, soit un mélange des caractéristiques sus-citées. Pas un pour attraper l'autre... Ce n'était pas pour rien que j'acceptais très rarement les contrats venant des Siths et que je refusais toute forme d'entretien en face-à-face avec eux. C'était désignez la cible, payez, et merci bonsoir.

Quand il finit par s'énerver un peu sur les "Jedis et leurs grands principes", j'affichai une mine perplexe, le laissant se défouler. D'ailleurs, ce fut efficace : il finit par arrêter de grommeler dans son coin contre les Jedi et compagnie, avant de finalement me demander ce que je voulais savoir. Grande question... Je me mis à réfléchir, levant les yeux vers le plafond, essayant de bien formuler ce que j'avais en tête. Avec mon étrange interlocuteur, mieux valait être claire dès le départ vu qu'il avait l'air assez à cran. Je pouvais comprendre, après : il semblait avoir pas mal ramassé.

- Hmm... Ce qu'est la Force précisément, comment elle fonctionne, et comment s'en servir, en gros. Pas nécessairement dans cet ordre, d'ailleurs, mais c'est l'idée générale. Je sais que c'est un peu vague mais je ne sais presque rien de ce qu'elle est, de son fonctionnement, et de ce qu'elle permet de faire. Je sais que les Siths peuvent faire électrocuter et étrangler les gens, vu que ça m'est arrivé plus d'une fois, que les utilisateurs de la Force peuvent bouger des objets, ce genre de choses, et convaincre des gens de quelque chose... Mais c'est tout.

Je ne pus toutefois m'empêcher d'ajouter, avec une mine curieuse :

- Hmm... T'en as croisé combien, des Sith, au total ? Enfin je ne veux pas me la jouer grand-mère expérimentée, j'ai que 38 ans, mais j'en ai vu un bon nombre...

Je laissai alors apparaître une mine plus renfrognée, continuant :

- J'ai discuté avec... un peu plus d'une trentaine, peut-être quarantaine de Jedi, jusqu'ici. En règle générale, ils étaient plutôt calmes et relativement amicaux. Méfiants vu ma profession, mais ils n'ont jamais tenté de m'attaquer ou autres. A part ceux que j'avais pour cible... Ceux-là c'était des exceptions.

Soupirant, je m'affalai un peu plus dans le fauteuil.

- Les Siths en revanche... Ils ont quasiment tous tenté de m'entuber d'une façon ou d'une autre. Un m'a envoyé pour assassiner son propre apprenti avant de tenter de me convertir par la force en utilisant ses pouvoirs et son sabre laser. Un autre s'est fait passer pour un non-utilisateur de la Force et m'a demandé d'abattre un criminel, le leader d'un groupe esclavagiste, qui était en fait un médecin bénévole. Ses "esclaves" étaient juste des volontaires, inspirés par ses actes. Un troisième essaie de me manipuler depuis des années pour que je les rejoigne, comme si j'étais une imbécile... Ah, évidemment ! Un de ceux que j'ai abattus ! Il voulait tuer un notable d'Anobis. Il a pris en otage une école entière et tuait un gamin par heure pour forcer le type à sortir. M'en rappelle bien, de celui-là...

Mon regard se fit plus lointain. Oh, oui, je m'en rappelais très bien, de Darth Avius. Il avait barré toutes les fenêtres, je ne pouvais donc pas utiliser mon fusil. J'avais dû descendre moi-même dans l'école... Et j'avais vu les cadavres des petits. Il ne les avait pas abattus, il les avait manifestement torturés avant. Pourquoi ? Sans raison. Il n'avait même pas dit au notable qu'il allait les torturer, il ne s'en était pas servi d'outil de chantage. Il l'avait juste fait... comme ça. C'est une des rares fois de ma vie où je me suis vraiment énervée. Je ne me rappelais plus trop du combat...

- Difficile de l'oublier, lui. Enfin... Je ne sais pas combien de Siths tu as croisé mais mieux vaut te faire ta propre expérience, avant de tirer des conclusions, crois-moi... Je refuse quasi-systématiquement tout contrat proposé par les Siths alors que mon but est de me faire de l'argent. C'est dire s'ils ne sont pas clairs... Chez les Jedi il y a des enfoirés, ça arrive. Ce sont des exceptions. Chez les Siths, les enfoirés sont la norme. Reste toujours méfiant, si tu en croises un. Tout ce qu'il te dira sera dans un but précis, un but qui ne sera pas tellement en ta faveux...
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Le sourire d’Arrik se mua en un rictus, alors qu’un début de colère commençait à l’envahir. 


- Combien de Siths ? 


Il lâcha un petit rire sans  joie. 


- J’en ai pas la moindre idée… Et à vrai dire, je n’ai même jamais eu l’occasion de leur parler. 


Son rictus se fit fou soudain, alors que des souvenirs de Byss le submergeaient.


- On m’a apprit toute ma vie que la haine menait au côté obscur. Et pourtant à côté de ça… Les Siths sont dangereux, n’est-ce pas ? Des monstres, des abominations. Les haïr alors, ce n’est pas si grave non ? 


Il détestait cette femme brusquement. Il la détestait pour être aussi sûre d’elle. Et surtout, il la haïssait pour répéter finalement ce qu’il savait déjà. Les Siths étaient dangereux… Malgré tout, Arrik restait méfiant. C’était plus fort que lui. Son maître lui avait suffisamment marteler la même chose toutes ces années, après tout…  Il n’y croyait plus. Il était presque tenté à croire que les Siths avaient leurs raisons, de la même manière que les Jedis avaient les siennes. 


- Je n’ai pas besoin qu’on me répète encore une fois que les Siths sont le mal incarné, poursuivit-il, soudain agressif. On me l’a suffisamment répété pendant ma formation. 


Il se pinça les lèvres, s’efforçant de contenir les phrases, les mots mauvais qui risquaient de lui échapper.


- La première fois que j’ai rencontré des Siths, dit-il dans un souffle. C’était sur le champ de bataille. Ce n’est pas vraiment le meilleur endroit pour échanger des idées philosophiques… 


L’adolescent esquissa un sourire douloureux, avant de passer autre chose. 


- Bien… Reprit-il d’une voix étonnamment plus calme. Commençons.


L’Arkanien leva la main, alors que son visage se détendait et ses yeux se fermaient. Il se concentra ou plutôt s’efforça de se concentrer, à travers le brouillard informe qui l’aveuglait. Et pourtant, malgré tout ce qu’il aurait pu croire, il se passa quelque chose. Arrik pouvait ressentir… L’arme. Le .48. Dissimulé dans une poche de Konstancja. 


Encore quelques dixièmes de seconde et le pistolet tressaillit. De plus en plus violemment. Avant de véritablement sauter, hors de la poche, directement dans la main tendu de l’adolescent. 


Arrik rouvrit les yeux. 


- Voulez-vous essayer ? 
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Sa réaction me laissa perplexe, en fait je n'eus pas vraiment de réaction, me contentant de, encore une fois, hausser les épaules. Il prenait beaucoup de raccourcis, ce qui expliquait qu'il ait été viré de chez les Jedi... En général, les gens prenant trop de raccourcis ne réfléchissaient pas assez et s'énervaient trop vite. Pour rien, en plus. Le laissant donc s'énerver de son côté, je finis par répondre tranquillement :

- Les haïr, non. Ils ne m'intéressent pas suffisamment pour que je les haïsse. Me méfier d'eux, en revanche, totalement. Quant au mal incarné...

Je levai alors les yeux au ciel, avec une mine blasée. Franchement, tout de suite les raccourcis et les extrêmes... Sérieusement... Je doutais fort d'apprendre grand chose de lui, au niveau purement philosophique. Il ne m'avait pas l'air d'être un grand sage Jedi ou même un philosophe Sith ou un de ces utilisateurs de la Force qui clament n'être "ni l'un ni l'autre". Je n'en avais pas rencontré mais j'avais déjà entendu parler d'eux plus d'une fois.

- Le "mal incarné" est un extrême, et si j'ai bien appris une chose au fil de mes voyages, c'est que les extrêmes sont en général dangereux et parfois éloignés de la vérité... Les Sith sont obnubilés par leur propre haine, leur soif de pouvoir, leurs envies primaires. Souvent, ce n'est... plus ou moins "pas de leur faute", en quelque sorte. Ils vivent dans la souffrance dès leur plus jeune âge. Le maître torture l'élève, qui torturera son futur élève, ... Et l'élève trahit le maître par vengeance, il se fera trahir par son futur élève par vengeance aussi, ... Les rares qui refusent de reproduire ce cycle se font tuer.

Soupirant, je croisai les jambes et jetai un coup d’œil au statut de la livraison. Terminé ! Je n'avais plus qu'à fermes les cales et on pourrait sortir d'ici. J'envoyai donc une demande de décollage à la tour, qui m'accorda mon départ d'ici 10 minutes environ. Tapotant quelques ordres sur l'ordinateur de bord, les réacteurs se mirent en route et commencèrent à chauffer, la checklist automatique et les diagnostics standard démarrant.

- C'est pour ça que je ne cherche pas à apprendre la Force auprès des Jedi ni des Siths. Les Jedi utilisent énormément d'extrêmes, ils se qualifient comme "le bien absolu" alors que si une chose n'existe pas dans l'univers, ce sont bien les absolus. Les Siths, quant à eux, ont développé une culture de la haine, de la trahison et de la souffrance. Je ne sais pas... Aucun des deux ne correspond vraiment à mon caractère, disons... badin et primesautier ! lançai-je finalement avec un grand sourire.

Il finit par tirer un sourire douloureux avant de redevenir plus calme. Enfin, en apparence. Je ne pouvais pas trop lire dans son esprit qui semblait quelque peu torturé. Difficile de bien le cerner. Que lui était-il arrivé, au juste, sur cette fichue planète ? Était-il tombé sur l'un de ces maîtres Jedi inquisiteurs qui croyaient tellement fort en leur "extrême et absolue bonté" qu'ils étaient prêts à tout pour faire "respecter leurs principes" à leurs pauvres élèves ? Ou Arrik avait-il fait une erreur critique et il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même ? Pour le moment, je ne pouvais qu'émettre des théories. L'heure n'était de toutes façons plus à la discussion.

Il tendit la main vers moi, et je me doutais un peu de ce qu'il allait faire. En fait, je sentis... quelque chose. Comme tout ce qui touchait à la Force, je ne pouvais pas trop qualifier ce que je ressentais. C'était assez difficile à expliquer, une sorte de sensation presque instinctive que je ne pouvais pas bloquer ni décrire avec des mots conventionnels. Après quelques brefs instants, mon flingue finit par s'en aller, finissant dans la main de l'utilisateur de la Force. Pas mal... Ce genre de petit tour pourrait m'être utile, pour désarmer un adversaire ne faisant pas attention.

- Hmm... essayer ? Je veux bien mais je ne sais même pas comment faire.

Je n'avais rien contre l'idée d'expérimenter mais bon, si je ne connaissais pas la bonne méthode pour y parvenir, je ne risquais pas d'aller bien loin. Je pouvais toujours tenter de dire une sorte de formule magique, du style "Houloublouglou, viens à moi", mais je doutais fort des résultats. D'autant que ce fichu flingue devait bien peser ses deux kilos et quelques, avec le chargeur rempli de balles (d'énormes balles). Déjà pour le porter et le stabiliser à la main il fallait de l'entraînement (j'avais bien mis 3 ans avant de viser juste), alors le porter comme ça, sans les mains ?

Je tendis donc la main vers le flingue, me concentrant un peu comme je pouvais. Il fallait penser à quoi au juste ? A la Force ? C'était vague, comme concept. En tout cas, clairement ça ne marcherait pas si je me concentrais sur ce que j'avais mangé au dernier repas, ou sur ce que j'allais manger au suivant. Je mangerais bien une bonne glace, tiens... Enfin non. Se concentrer sur... le flingue ? Je tentai, la main toujours tendue, mais il ne se passa pas grand chose de très concluant. Clairement, ça n'allait pas se passer aussi facilement que ça.

- Il faut penser ou dire ou faire quelque chose de spécial ?
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Arrik esquissa un sourire étonnamment bienveillant, avant de préciser :


- Non, il n’y a pas de formule magique si c’est cela que vous sous-entendez. 


Dans un autre contexte, cela aurait pu être presque drôle. Mais Arrik n’avait pas le droit de rire, Konstancja n’ayant jamais de formation, ses questions étaient parfaitement légitimes.


L’ Arkanien s’assit sur un des fauteuils et réfléchit à ce qu’il devait dire. Il essaya de se remémorer ses vieilles leçons, quand il n’était qu’un jeune Novice au Temple. Il tenta bientôt quelque chose, d’une voix hésitante, comme s’il craignait dire quelque chose qu’il ne fallait pas ou même de vexer son interlocutrice. 


- La Force… Se trouve partout, tout autour de nous comme dans chaque être vivant. Il faut absolument que vous gardiez cela en tête avant de tenter quoique ce soit. 


Il leva le pistolet, pour le tendre à la jeune femme. 


- Essayons d’y aller par étapes.


L’adolescent prit une seconde de réflexion, tout en commençant à nerveusement triturer l’arme entre ses mains.


- Cette énergie vous relie, vous et ce flingue, poursuivit-il. Je sais que vous la ressentez, mais tentez… Tentez de vous concentrer là-dessus. 


Il inspira un grand coup.


- Bon… Tentons quelque chose de plus simple… Fermez les yeux. 


L’Arkanien se sentait mal à l’aise dans son rôle de « professeur ». Il n’était pas sûr d’être foncièrement le plus adapté pour apprendre quoique ce soit à quiconque. Et pourtant, il continua, de la même voix calme qu’on avait autrefois utilisé avec lui, dans des temps presque oubliés. 


Il cacha l’arme à feu derrière son dos. 


- Arrivez-vous à savoir, grâce à la Force, avec quelle main je tiens votre .48 ?
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Pas de formule magique. Bon... Dans un sens, je m'en doutais mais ça valait le coup de demander, non ? Haussant donc les épaules, je soupirai longuement, écoutant le "maître". Entre guillemets car je me doutais que j'étais probablement sa première élève. C'était peut-être beaucoup lui demander, que de m'enseigner comment fonctionne la Force et plus encore d'espérer des résultats... Car soit il était dingue et avait été éjecté de chez les Jedis à cause de ça, donc le stresser était une mauvaise idée, soit il avait sévèrement ramassé à cause de quelqu'un dans le temple Jedi, et donc le stresser était aussi une mauvaise idée.

Je maintenais les deux options comme possibles. Je ne le connaissais pas encore assez et, entre nous, je doutais fort de suffisamment le connaître un jour pour pouvoir me faire une opinion définitive sur la question. Le voyage serait relativement court, si je prenais le petit détour que j'avais en tête. Huit à dix jours, tout au plus. Autant dire que ça ne laissait pas une énorme marge de manœuvre, pour apprendre quelque chose d'aussi complexe que le fonctionnement de la Force... Je doutais fort de pouvoir jongler avec des navettes de transport à la fin de mon court "stage"... Mais bon, c'était déjà ça de pris !

Enfin ! Il sembla réfléchir un moment, avant de me signaler que la Force était partout. Moi j'étais plutôt intéressée par les principes scientifiques de la chose, c'était comme ça que je fonctionnais. Quand je comprenais les rouages techniques d'un truc, je pouvais plus facilement le comprendre, le conceptualiser, me l'approprier. Mais je doutais fort d'avoir une leçon de physique de la part d'Arrik, je me contentai donc de conserver ce concept en tête, que la Force était plus ou moins partout, hochant la tête.

Il finit par me tendre le flingue, affirmant qu'on irait par étapes, mais le reprit assez rapidement avant de se mettre à le traficoter. Bon... La sécurité était en place, mais même... Je n'étais pas une grande enthousiaste de l'idée de le voir bricoler ça comme ça. Même sans balle dans le canon et avec la sécurité dessus, ça pouvait rester dangereux. Au fond, les projectiles étaient propulsés par des charges explosives assez conséquentes... Difficile de savoir ce que la Force pouvait bien faire face à ce genre de mélange.

Selon lui il y avait même un lien entre moi et le flingue. Haha, ça ! Plus d'un même ! Bon... Ok, je sais, c'était un lien au niveau de la Force. Mais même... On avait fait de sacrés tours, avec cette vieille pétoire galactique. Ou plutôt, ce canon de croiseur. Ce bidule tirait des balles d'une taille assez démesurée. Le fait était, du coup, que c'était un objet assez familier... Ainsi, lorsqu'il me demanda de me concentrer dessus, je n'eus pas beaucoup de mal à le faire. Il était assez rare que je m'en sépare, au fond, j'étais donc très habituée à sa présence.

Je m'exécutai ensuite lorsqu'il me demanda de fermer les yeux, précisant toutefois :

- Interdit de me mettre les doigts dans le nez, ou un truc débile du genre, hein...

Oui, ça m'était arrivé... On était un peu bourrés avec un type, sur Corellia, il m'avait dit "j'ai une surprise, fermez les yeux", et il m'avait foutu les doigts dans le pif... Super, quoi. Humour de mec bourré. Bon, j'avais rigolé connement aussi mais c'était à cause de l'alcool, pas parce que c'était drôle.
Cette anecdote me fit un peu sourire bêtement, mais je fis au mieux pour reprendre mon calme et mon côté "imperturbable". Pas facile, pour quelqu'un comme moi dont l'esprit vagabondait en permanence... Se concentrer sur le flingue.

La voix du Jedi-mais-plus-trop-Jedi se fit entendre à nouveau, alors qu'il demandait de quel côté était l'arme. Dans quelle main ? Comment étais-je censée le savoir ? Si j'avais été une Togruta, j'aurais pu le savoir sans problème, vu que leurs cornes fonctionnaient comme une sorte de système d'écholocalisation... Mais je n'étais pas une Togruta ! La preuve, je n'avais pas de Lekku. ... Enfin. Laisser de côté les préconceptions, c'était bien l'idée, non ? Gardant donc les yeux fermés, je soupirai un grand coup, me mettant dans une position confortable, tentant de me focaliser sur l'arme.

Je sentais bien qu'elle était là. Cette sensation familière était présente... Mais de là à déterminer avec précision dans quelle main il la tenait ? Je ne ressentais... qu'une sorte de... comment dire. De forme, flottant dans l'espace, face à moi. Cette forme, c'était l'arme. De là à faire le lien avec sa main... Attends. Peut-être que...

- La main gauche ?

L'espace d'une fraction de seconde j'avais *cru* ressentir une sorte de... décalage. Peut-être m'étais-je complètement plantée, ou peut-être que cette sensation était entièrement fausse. Va savoir.
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Arrik esquissa un sourire qu’il espérait encourageant :


- Exact !


Il sortit le bras de derrière son dos, montrant le pistolet avec une petite expression de victoire. Mais il se reprit presque aussitôt, comme si l’exultation était encore prématurée et même malvenue.


- C’est de cette manière, poursuivit-il d’un air un peu plus sérieux, que vous pourrez faire venir cette arme jusqu’à vous.


Le jeune Arkanien, toujours souriant, lâcha alors le .48. Celui-ci ne toucha pas pourtant le sol, il resta suspendu dans les airs, comme porté par une énergie invisible.


- La télékinésie, expliqua l’adolescent d’un ton docte, est quelque chose d'extrêmement basique… Mais pour pouvoir y arriver, il faut auparavant réussir à ressentir la Force tout autour de soi.


Son sourire s’agrandit.


- C’est exactement ce que vous venez de réussir à faire. Vous avez réussit à ressentir votre arme ! Et pour être capable de déplacer les objets matériels, vous devez faire appel à la Force.


Le pistolet, toujours en l’air, se mit alors à tournoyer légèrement sur lui-même.


- Pour réussir à faire bouger ce .48 ou quelque autre objet, vous devez cesser de le considérer comme un corps étranger que vous devez plier à votre volonté.


Il parlait de plus en plus comme un vieux maître Jedi et cela ne lui plaisait guère. Il espérait néanmoins être clair. Pas qu’il se soucie réellement de ce que la Chasseuse de Primes puisse tirer de ce cours en accéléré, mais… Il devait bien en ressortir quelque chose. Après tout, c’étaient les termes de leur marché ! Ils n’étaient pas encore partis, la jeune femme pouvait très bien décider qu’il ne lui était d’aucun intérêt avant de le jeter dehors. Soudain inquiet, Arrik se demanda à nouveau s’il était le mieux placé pour jouer le rôle d’instructeur.


Son sourire se fit timide.


- Vous devez réussir à vous concentrer, continua-t-il beaucoup moins à l’aise, pour visualiser la Force dans le corps que vous souhaiter déplacer. Et à cet instant, imaginez les mouvements que vous souhaitez le voir accomplir, pour que ceux-ci se réalisent.


Une pause.



- Voulez-vous essayer de m’arracher votre arme des mains ? Finit-il par demander, quelque peu incertain. 
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