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Les yeux de la Twi’lek s’ouvrirent sur l’obscurité. D’une certaine manière, elle ne verrait plus jamais la lumière. Elle était étendue sur sa couchette inconfortable, à frissonner sous une couverture qui avait probablement appartenu au précédent occupant de la cellule. Celle-ci n’était qu’humblement meublée d’un bureau, un lit et un coffre, le tout en plastacier. Une pièce d’eau était accolée aux quelques neufs mètres carré qui constituaient la nouvelle chambre de Myir, et une bouche d’aération apportait le ronronnement rauque d’un ventilateur interne.
Toutefois, convaincue qu’elle n’aurait pas à séjourner très longtemps ici, Myir n’avait pas vraiment installé ses affaires. De toute manière, ses rares possessions étaient restées au Temple. De son ancienne vie, elle n’avait gardé que son sabre, une tenue malmenée par son aventure sur Byss et son comlink dont la batterie avait rendu l’âme. C’était aussi bien ainsi : au moins, personne du Temple n’essaierait de la contacter. Ils avaient dû conclure à sa mort, très certainement. Au moins ne la rechercheraient-ils pas.

Myir soupira, reprit une inspiration pour se donner du courage et se glissa hors de la couchette. Elle alluma la lampe de bureau avant d’aller se nettoyer sommairement le visage. Etrangement, son corps ne la faisait plus souffrir. Il fallait dire que, presque superstitieusement, elle s’était imaginé que les blessures infligées lors de sa découverte du côté obscur seraient irréversible. Mais, comme la preuve qu’un voile avait été levé sur un monde sur lequel tous les Jedi lui avaient menti, le côté obscur ne l’avait pas définitivement affaiblie. D’abord en proie à une angoisse sourde et répondant aux ordres qu’on lui avait donné sur Byss, elle s’était peu à peu sentie de nouveau déterminée à survivre dans cette nouvelle vie. L’inconnu, qui alors paraissait si menaçant, lui procurait une adrénaline à laquelle elle prenait une satisfaction inavouée.

Malgré tout, tout son être était en conflit. Elle était arrivée à l’Académie sur ordre d’un agent de l’Impératrice. Elle avait pourtant espéré revoir Darth Ynnitach, mais celle-ci était restée hors d’atteinte sitôt qu’ils avaient quitté le Noyau. Elle n’était pas encore digne, s’était-elle dit, de réapparaître face à celle qui lui avait offert la vie plutôt que la mort. Elle devait d’abord faire ses preuves, n’est-ce pas ? Mais elle ne connaissait rien de l’Empire. Elle avait cru pouvoir apprendre rapidement, sur Korriban, elle avait cru pouvoir y trouver une place où on lui dirait quoi faire exactement. Elle s’était attendue, inconsciemment, à un schéma similaire à l’Ordre Jedi, mais tout ici était très différent. Elle avait visité l’Académie en découvrant les apprentis agressifs. Son âge avait tenu à distance leurs plans égoïstes. Pensaient-ils qu’elle était une guerrière Sith accomplie, et qu’il valait mieux ne pas se mettre entre ses pattes ? Il fallait dire que son aura n’était plus si lumineuse qu’avant. La peur et la frustration l’étreignaient, et cela se ressentait à travers la Force.
Elle avait passé beaucoup de temps à la bibliothèque de l’Académie, le temps de se remettre pleinement de ses blessures. Le Code Sith n’avait guère eu d’écho en elle. Quel pouvoir pourrait-elle rechercher ? Elle n’était qu’une main, un bras armé pour l’Impératrice, et cela lui suffisait amplement. Naïvement, elle pensait posséder déjà les compétences suffisantes pour obéir à l’Impératrice. Alors, pourquoi perdait-elle son temps ici ? Aujourd’hui, elle avait décidé d’agir pour accélérer son destin. Elle avait demandé audience à Darth Odium. Elle avait entendu parler de lui dès son retour de Byss, où il avait, disait-on, combattu vaillamment pour l’Impératrice. Il avait des responsabilités à l’Académie. Il serait à même de lui dire ce qu’elle était censée apprendre ici, afin d’en finir au plus vite.

Myir s’habilla avec la tenue qui lui avait été donnée dès son arrivée ici : une combinaison d’entraînement aux couleurs sombres, aux manches usées, et des bottes dont les bouts éraflés témoignaient eux aussi d’une vie antérieure. Elle n’était visiblement pas encore digne d’obtenir un nouvel équipement bien à elle. Quand bien même elle aurait préféré apparaître plus présentable aux yeux du Seigneur Sith, elle n’avait d’autre choix. Sa tenue de combat Jedi était rapiécée et encore tâchée depuis ses aventures sur Byss.
Avant de quitter la pièce, elle vérifia son visage dans le miroir : fatigué, mais sans trace d’émotion. Sans maquillage, bien sûr, puisqu’elle n’en possédait pas, le seul effet cosmétique résidait dans l’enveloppement de ses lekkus par des rubans usés, seuls vestiges de sa vie antérieure.
Elle retourna dans la pièce principale pour y attraper son sabre-laser, dont le cristal avait été remplacé par un autre d’origine synthétique et produisant une couleur rouge, et l’accrocha à sa ceinture avant de vider les lieux.


Quelques minutes plus tard, elle frappait de quatre coups secs à la porte d’une salle de réunion, lieu de rendez-vous qui lui avait été donné. Il était encore tôt le matin, si bien qu’elle n’avait presque croisé personne dans les couloirs et que l’aube déversait à peine ses premiers rayons de lumière dans les couloirs de l’Académie. Lorsqu’elle eut une réponse, elle ouvrit et entra d’un pas décidé, ses bottes résonnant sur la pierre ancestrale et le port droit comme celui d’un robot.
A la vue du chagrien, elle s’inclina tout aussi roidement, comme elle l’aurait fait face au Conseil Jedi. Puis elle soutint son regard, quoiqu’une angoisse sourde lui étreignît désagréablement les entrailles. Il fallait dire que le Seigneur Sith en question avait une apparence plus effrayante que ce à quoi elle s’était attendue : c’était un monstre de la nature. Immense, tatoué de stries et formes sombres sur toutes les parties du corps visibles, son visage boursoufflé n’inspirait que la crainte. L’effet était accentué par les deux cornes qui luisaient dans la lueur matinale. Etait-il si mauvais qu’il en avait l’air ? Myir déglutit avant de prendre la parole.

- Seigneur, fit-elle avec un mouvement de tête respectueux, comme pour le saluer une nouvelle fois. C’est un honneur pour moi de vous rencontrer. Je suis Myir Alshain.

Mais que dire à propos d’elle-même ? Qu’elle était une ennemie déchue venue demander grâce dans le camp adverse ?
Le passé n’a plus d’importance, se morigéna-t-elle.

- Je maîtrise déjà la Force et je suis une bonne bretteuse, éluda-t-elle. Je veux servir notre Impératrice au plus tôt.

Elle serra les mâchoires, dans l’expectative. Ses mains étaient ramenées dans son dos, croisées, comme si cela prouvait quelque peu la soumission aux illustres Seigneurs du côté obscur. Pourtant, pour l’instant, il n’existait qu’un Seigneur Sith qui avait véritablement sa dévotion : Darth Ynnitach. Les autres, elle les voyait toujours comme des êtres sanguinaires, assoiffés de violence et prêt à trahir les leurs à tout instant.
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L'apprenti retenta de faire les mouvements. Il leva son sabre, commença à tournoyer dans un geste presque adéquat, puis son pied se prit dans une aspérité du sol rocheux de l'académie et il mordit la poussière sans aucune grâce. Des rires sarcastiques éclatèrent dans l’assistance, parmi les apprentis débutants qui avaient cours ce matin-là. Darth Odium se prit la tête dans la main dans un geste de pur désespoir. Il ne voyait même pas l'intérêt de gaspiller son énergie dans une punition physique face à ce gamin doté de l'habileté d'une moule amputée. De toute façon ses camarades n'allaient pas tarder à trouver un moyen de faire payer sa nullité.

- Si vous refaites encore une fois ce genre de chose, vous êtes morts, lui lança froidement Odium.

Tous se turent. Odium avait le don d'impressionner les nouvelles recrues, qui semblaient venir à l'académie aussi bien dans le but d'affirmer leur rébellion que pour observer les terrifiants Sith qui peuplaient les planètes de l'empire. Le groupe auquel il enseignait était parmi les derniers arrivés. Gamins ramassés dans la rue repérés grâce à leur sensibilité, ceux un plus débrouillards qui étaient venus par eux-mêmes, prisonniers de guerre et anciens esclaves prêts à être formés et enfin les proches des Sith déjà en place. Un public difficile et indiscipliné qui nécessitait d'être façonné pour correspondre à ce que l'on attendait d'eux.

Il s’apprêtait à les faire refaire, un à un, l'exercice jusqu'à épuisement pour effacer leurs sourires narquois lorsqu'un apprenti d'une quinzaine d'années surgit en petite foulée. Naktis pensa qu'il s'agissait d'un élève qui arrivait en retard, il réfléchissait déjà à une punition adéquate et douloureuse mais le jeune zabrak se dirigea vers lui. Ce dernier s'agenouilla devant lui avec le respect d'un apprenti qui avait déjà passé plusieurs années sous l'égide des Sith de Korriban. Un élève sans doute assez ancien dès lors, maintenant le chagrien se souvenait lui avoir enseigné quelques cours de Force.

- Myir Alshain souhaite une audience avec vous dès aujourd'hui.

Dans un premier Darth Odium resta perplexe, ce nom lui était familier sans pourtant lui rappeler un visage particulier. Il s'agissait sans doute d'une pensionnaire arrivée récemment à l'académie. Une apprentie perdue qui souhaitait un cours privé ? Mais pourquoi associait-il ce nom étroitement à Byss ? Il lui semblait qu'une pensée importante lui échappait, d'autant plus que cela faisaient quelques mois que les événements avaient eu lieu.

- Une audience ? Répéta-t-il gravement. A quel sujet ? Mon temps n'est pas à la disposition de n'importe quel cloporte perdu dans son existence.

Darth Odium n'était pas conseiller d'orientation, ni un soutien psychologique aux microbes qui manquaient de foi en le côté obscur et à la grande destinée de l'empire. Il fallait que le cas soit assez intéressant pour attirer son attention.

- La guerrière Myir souhaite mieux connaître le côté obscur. C'est une ancienne jedi, précisa le jeune zabrak sans battre d'un cil.

C'était donc elle. La twi'lek qui était tombée dans la toile de Darth Ynnitach et avait rejoint l'empire. Darth Odium n'avait qu'une idée de très vague de la sensation que pouvait procurer le fait de se battre contre la grande impératrice en personne. Peur, courage, face à une puissance qui avait été approuvée par les anciens Sith, les grands seigneurs millénaires du passé. Myir avait-elle eu d'autre choix ? Sa foi étaigt-elle réelle ou était-elle une prisonnière de guerre ? Il n'avait eu que des échos de sa présence de Korriban, sans doute ne sortait-elle que peu.

- Soit. Je la rencontrerai dans une heure dans la salle qui fait face au hall.

Il congédia l'apprenti d'un simple geste de la main et se tourna vers les autres qui n'avaient pas perdu une miette de l’échange sibyllin qui venait d'avoir lieu. Ils avaient déjà deviné qu'en ces lieux l'information était un pouvoir bien utile. Darth Odium les contempla en silence un bref instant, les jaugeant du regard tous en même temps.

- Si vous avez jamais douté du pouvoir de la dame noire, un jedi a une fois de plus fui son temple pour rejoindre nos rangs. Partez.

Il avait embelli la vérité. La nouvelle venue n'avait sans doute pas rejoint le côté obscur de son plein gré mais devait avoir été corrompue par le pouvoir de l'impératrice. L'Obscur s'insinuait en vous comme un poison, parfois brutal et oppressant, d'autre fois lentement, il vous sclérosait sur plusieurs années jusqu'à vous faire basculer. Myir devait appartenir à la première catégorie. Ceux pour lesquels la conversion était rapide. Il n'avait rencontré que peu d'amateurs du côté Obscur de cette race, ce serait sans doute un moment intéressant.

Peu avant l'heure dite il alla dans la salle qu'il avait indiqué au zabrak, une salle sans fioritures comme beaucoup de celles auxquelles les apprentis avaient accès. Quelques coups résonnèrent, Odium lui intima d'entrer. Myir Alshein pénétra dans la salle. Elle devait avoir un peu plus de 30 ans, l'aspect tonique des guerriers qui avaient déjà quelques expériences. Un âge où elle n'aurait que peu tarder à devenir maître jedi. Le chagrien eut un bref sourire, elle semblait impressionnée par son apparence, ce qui même après plus d'un-demi siècle d'existence ne cessait de lui faire plaisir.

- Je suis darth Odium, guerrière Alshein. Je suis très souvent Korriban où j'enseigne principalement la Force aux apprentis, bien qu'il m'arrive parfois d'errer dans la galaxie pour renforcer et servir l'empire.

Elle avait tenté de parler d'une voix décidée, mais elle puait le doute et pire, suintait le côté lumineux qu'elle venait de quitter et qui s'accrochait à elle tels les vestiges d'une vie passée. Une vie qui lui faudrait oublier, mais à son visage défait, Odium voyait qu'elle le savait déjà. Une bonne bretteuse… Voilà qui confirmait ses pensées. Quant à la Force, il lui faudrait sûrement travailler pour réussir à faire appel au côté d'Obscur, qui n'avait pas la même nature et n'appelait pas aux mêmes sentiments que les pouvoirs jedi.

- Certes. Mais sans doute faudra-t-il prouver votre volonté de vous joindre corps et âme à l'obscur, et ce n'est pas qu'une expression. C'est tout à votre honneur. Mais d'abord que cherchez auprès de moi ? Que pensez-vous que je puisse vous apporter ?

La volonté de Myir avait été brisée. Darth Odium ne voyait nul intérêt à malmener les élèves qui n'en avaient pas besoin, du moins pas de manière auquel on l'entendait habituellement. Les plus réfractaires et les fortes nécessitaient d'être dressés, alors que les plus obéissants avaient plus besoin d'être apprivoisés.
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Myir écouta la présentation du Seigneur sans ciller. A peine clignait-elle des yeux, comme s’il était essentiel de ne perdre aucune miette de ce qui était en train de se produire. En outre, une certaine peur ne la quittait pas : les Seigneurs Sith n’étaient pas des tendres. Au moindre faux pas, elle savait devoir se tenir prête à se défendre. Elle ne connaissait que mal les codes de Korriban, et elle savait qu’elle pouvait inconsciemment commettre une erreur que le Seigneur pouvait prendre comme une marque de respect. Et au vu de ce qui s’était dit sur lui et ses exploits après Byss, la Twi’lek ne tenait pas spécialement à savoir si elle saurait lui tenir tête dans une confrontation plus musclée.

Pourtant, le ton du Chagrien était presque cordial. Peut-être percevait-il en elle du potentiel ? Le cœur de Myir se gonfla d’un étrange mélange d’espoir et de fierté. Au fond, les Jedi avaient-ils jamais su reconnaître sa valeur ? Les Sith seraient-ils différents ?
Elle acquiesça. Il avait raison, bien sûr.

- Oui, Seigneur Odium. Je suis prête à donner toute mon énergie pour faire mes preuves,
déclara-t-elle d’une voix sans émotion.

Elle ne savait guère d’où lui venait cette détermination. Ce dont elle était consciente, en revanche, c’était qu’elle n’était ni une diplomate, ni une philosophe. Son art, c’était celui du combat. Au plus vite elle passerait à l’action, au mieux elle saurait défendre son cas.

Myir prit une brève inspiration. La question du Seigneur n’était pas anodine, et elle ne s’était pas attendue à une telle interrogation. Ses raisons ne coulaient-elles pas de source, ou bien Darth Odium aimait-il entendre des propos flatteurs ? Ou alors, il voulait qu’elle explicite ses raisons, tout simplement. Elle fronça les sourcils, se donna une minute pour réfléchir. Puis enfin elle prit la parole tandis que ses épaules se détendaient un peu.

- Vous m’avez semblé être la personne la plus appropriée en ces lieux pour comprendre et faire évoluer ma position, expliqua-t-elle sans ambages. Nous avons tous deux vu ce qu’il s’est produit sur Byss.

Le souvenir des Seigneurs Sith avec lesquels son esprit avait été en contact la hantaient, comme un souvenir terrifiant et merveilleux à la fois, mais insaisissable. Seules lui restaient les traces de ces impressions confuses. Les Sith présents sur Byss à ce moment-là avaient-ils senti ne serait-ce qu’une once de ce qu’elle avait pu vivre auprès de leurs ancêtres ?

- Je sais que je vais être confrontée à la méfiance de mes supérieurs, au vu de mon origine. Je voudrais prouver ma bonne foi, mais je ne sais à qui m’adresser, si ce n’est à quelqu’un qui a été témoin, comme moi, de la décision des Seigneurs du passé à l’égard de notre Impératrice. Si j’obtiens l’assentiment de l’un des Sith les plus respectés de l’Académie, il ne fait nul doute que je pourrais bientôt quitter cette planète pour me rendre là où je serai le plus utile pour Darth Ynnitach.

Myir avait décidé qu’il était inutile de maquiller la vérité : elle comptait sur la réputation de Darth Odium pour faire lumière sur elle. Pour cela, bien sûr, il faudrait le convaincre de sa valeur, et c’était la raison pour laquelle elle était ici. Elle frissonna en songeant que non seulement l’épreuve imposée pourrait être terriblement cruelle, mais aussi que le Seigneur pouvait tout à fait demander une rétribution quant au « service » qu’elle requerrait de sa part. S’il était aussi cruel que son apparence en laissait présager, elle devait s’attendre à souffrir.
Souffrir, peut-être, mais pas reculer. Il n’y avait plus de retour en arrière.

La Twi’lek soutint en silence le regard de son aîné. Elle déglutit en songeant qu’il faudrait aussi peut-être s’attendre à un refus. Qu’avait-elle à lui donner en échange de la perte de temps et d’énergie qu’elle représentait pour lui ? A l’idée qu’il pouvait tout aussi bien la renvoyer sans autre forme de procès, sa bouche devenait désagréablement sèche. Elle préférait avoir affaire à un châtiment plutôt que de retourner à la solitude insensée de sa cellule. Pourtant, aucun argument ne lui venait en tête. Peut-être n’avait-elle réellement rien à offrir en échange ?
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La twi'lek était apathique et ne débordait pas de joie de vivre, du moins pas au premier coup d'oeil. Il fallait reconnaître que ce n'était pas l'une des qualités les plus flamboyantes de l'ordre Sith, mais il était difficile de croire une personne qui se disait motivée quand il n'y avait pas a minima un feu intérieur qui brûlait en elle. Le ton atone de la guerrière Alshain naissait sans doute de sa défaite et de l'humiliation d'avoir dû passé à un autre camp, à une philosophie honnie par son ancien ordre. Comment savoir si elle ne saisirait pas la première occasion pour changer d'allégeance ? Qui retournait sa chemise une fois pouvait le faire ad nauseam sans nul doute. Mais il exagérait. Il avait cru voir quelque chose dans ses yeux quand il lui avait montré un certain intérêt. Les jedi avaient le défaut de vouloir traiter tous leurs oisillons sur un pied d'égalité, infâme erreur ! Certains protégés méritaient plus d'attention que d'autres. Sinon ces derniers vous tournaient le dos.

Quoiqu'il en soit elle était là à présent, elle disait vouloir travailler, pouvait-il faire autrement ? Il fut de plus assez flattée d'entendre qu'il était la première personne à laquelle elle avait pensé pour l'aider dans sa tâche, et flatter l’orgueil un seigneur Sith avec subtilité était de loin le meilleur moyen de pouvoir obtenir ce que l'on désirait. Byss avait été un capharnaüm sans nom, mais Alshain faisait-elle référence à ce qu’elle avait vécu avec l’impératrice ou à ce qui s’était passé en règle générale ? Odium scruta le visage amorphe de la guerrière avec intérêt, cherchant à y lire ses émotions. Le procédé auquel Darth Ynnitach avait fait appel était complexe et inconnu, le chagrien doutait que l’impératrice elle-même ait su dans quel recoin obscur de la Force elle s’aventurait en allant chercher l’approbation complète des seigneurs Sith les plus anciens. La twi’lek qui se tenait devant lui avait été dans cette pièce pendant une grande partie du rituel. Il ne restait que cette explosion de Force Obscure qui avait surgi du temple et l’exultation d’Ynnitach.

- Darth Ynnitach a été jugée digne par les anciens de devenir la grande impératrice des Sith, compléta Odium d’une voix calme. Elle est marquée par le destin et sera celle qui rapportera à l’empire sa puissance d’antan, si nous ne croyons pas en les signes évidents qui nous sont apparus sur Byss alors nous ne croyons plus en rien…

Même Myir Alshain et son apparente réticence ne pouvaient prétendre le contraire. Elle avait changé de camp, et le faire seulement pour sa vie n’était une raison suffisante pour le seigneur Sith. Lui-même ne pouvait imaginer nulle autre voie que la mort si on venait à l’arracher au côté Obscur. Ou l’emprisonnement à vie ou l’exil ou même la perte de ses pouvoirs, ce qui ferait de lui une inutile poupée de deux mètres trente.

- Je comprends votre but, dit enfin Odium avec son calme olympien. Et ce ne sera pas des plus aisés pour y parvenir. Pour vaincre la méfiance de mes égaux et moi-même, il va falloir vous montrer dure à la tâche et être prête à travailler longuement.

Ce n’était qu’un préambule. Il voulait simplement faire comprendre à la femme que ce ne serait un travail de toute facilité. Les Sith étaient naturellement méfiants et avaient parfois une tendance à la paranoïa, et le passé de Myir n’avait rien pour les convaincre. Il lui faudrait connaître le code et aussi montrer qu’elle était devenue une vraie Sith, même si sa rencontre avec les anciens seigneurs lui avaient laissé une empreinte palpable.

- Il faudra vous purifier du côté lumineux comme on brûle le fer pour en ôter les impuretés. Il faudra que vous tuiez. Il faudra montrer que vous avez le tempérament de l’Obscur en apprenant à utiliser certains de ses pouvoirs que les jedi ne parviennent pas à maîtriser par superstition ou incompréhension.

Les pouvoirs qui faisaient souffrir et qui étaient l’instrument du pouvoir et de l’ambition. Ceux qui nécessitaient la haine, la violence, non le calme, la maîtrise de soi et la sérénité. Ce n’était que la première étape mais ce n’était pas une mince affaire puisqu’il lui faudrait effacer des années d’un apprentissage tendu au temple pour réfréner ses sentiments. Mais elle pourrait s’en sortir. Peut-être qu’avoir passé tant de temps au temple des jedi lui offrirait un avantage. Elle connaissait les techniques de combat et les membres de l’ordre de manière approfondie. Peut-être arriverait-il à en faire une arme tueuse de jedi, avec du temps et de la patience. Ajouter un tel instrument à l’empire lui offrirait une telle renommée, peut-être plus que sur Byss.

- Mais les qualités physiques et celles de votre caractère ne sont pas les seules qu’il vous faudra démontrer. Au risque de vous étonner, Korriban est devenu un centre intellectuel important. Ecrivains comme notre chère Darth Calliope, historiens, linguistes et archéologues sont réunis ici pour recréer l’histoire des Sith. Une bonne connaissance de ces faits vous permettra sans doute de gagner l’estime des Sith de la planète.

Il existait sur la planète un cercle de Sith cultivés qui aimaient à se considérer supérieurs à leurs camarades à la réputation plus primaire et brutale. Et Darth Odium en faisait naturellement partie.

- Alors peut-être qu’après tout cela vous pourriez devenir plus autonome et vous lancez sur le terrain.

Ce ne serait pas une mince affaire mais l’impossible était devenu un concept imprévisible ces derniers mois. Odium lui faisait simplement miroiter cette idée pour qu’elle accepte d’être sous sa coupe pour quelques temps et devenir l’instrument de sa gloire prochaine. Non, les Sith comme Odium ne faisaient pas les choses à moitié quand il s’agissait de leur. Dans son imaginaire celle-ci était toujours rayonnante.
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Le chagrien observait un calme apaisant. Elle devait reconnaître que c’était la seule chose qui lui manquait de l’Ordre Jedi : au moins pouvait-on s’adresser à ses supérieurs sans craindre aucun châtiment. Au moins pouvait-on s’adresser à son voisin sans récolter une insulte. Avec Darth Odium, la conversation restait posée, ce qui permettait à Myir d’échanger des paroles de la seule manière qu’elle maîtrisait relativement : de manière froide et sans émotion. Qu’importaient les paroles, de toute manière ? Elle avait toujours fait ses preuves par ses actes, elle savait que cela ne serait certainement pas différent cette fois. C’était là que résidait sa force : dans les choix qu’elles faisaient et qu’elle répercutait avec détermination dans ses jambes rapides et son bras vengeur.

Myir acquiesça silencieusement. Elle était d’accord quant au statut de leur Impératrice. Qui pouvait seulement douter de sa supériorité face à tous ? Elle reconnaissait aussi pleinement qu’il lui serait nécessaire de fournir un travail long et ardu. Peu lui importait la tâche, tant qu’elle pouvait mettre à l’œuvre ses talents. Elle s’attendait, désirait presque que le travail l’éreintât, que la douleur monopolisât son esprit : au moins ne serait-elle plus à tourner en rond dans sa cellule comme un fauve en cage, à ruminer les mensonges du passé et les difficultés de l’avenir. Elle déglutit.

- Oui, je comprends, assura-t-elle de sa voix atone.

Tuer, oui. Ce ne serait pas la première fois. Elle avait déjà tué pour les Jedi, le savait-il ? Ce serait sans doute différent. Elle n’avait jamais réellement souhaité voir mourir son adversaire. C’était plus souvent une question de justice, voire dans certains cas de survie. Elle se souvenait de son premier « meurtre » : tout le monde lui avait dit qu’on n’oubliait jamais cet instant. A Myir, cela ne lui avait fait ni chaud ni froid. Alors encore jeune, fraîchement promue Chevalier, elle s’était même demandé si ce n’était pas elle qui avait un problème, qui était incapable de ressentir quelque compassion pour le salopard de trafiquant qu’elle avait affronté. Mais non, ce ne pouvait être une anomalie : la vermine ne méritait aucune émotion particulière.
Désormais, il lui faudrait désirer tuer. Ce serait différent. Elle montrerait au moins qu’elle ne rechignerait pas à la tâche. Ses émotions ne l’avaient jamais empêché d’agir tel qu’on le lui avait ordonné. Pourquoi cela changerait-il ? Elle n’avait même pas un ami, là-bas, qu’elle pourrait redouter de croiser. Avait-elle jamais été réellement intégrée ?

La suite des explications du chagrien l’étonna davantage. Développer des connaissances intellectuelles ? A dire vrai, elle savait avoir des lacunes. Elle avait déjà passé du temps dans ces archives auprès de ses vieux ouvrages qui racontaient des histoires qu’elle avait connu… D’une autre manière. Mais l’archéologie et l’ancien langage Sith n’avaient éveillé aucun intérêt en elle. La tâche ne lui parût néanmoins pas insurmontable. Elle passerait donc des heures supplémentaires dans ces lieux. Le terme « recréer » la surprit, mais elle n’en montra rien. Ce n’était pas important. Ce qu’elle avait vécu auprès de l’Impératrice était bien réel, il n’y avait aucune histoire à recréer là-dessus. Elle pouvait en témoigner à qui le désirait.

Darth Odium termina ses propos sur une phrase qui laissa Myir suspendue entre l’espoir et la déception. Ainsi donc, il ne la jugeait pas encore prête à aller sur le terrain. Mais en même temps, il lui faisait miroiter la possibilité d’y être envoyée dans un futur plus ou moins proche si elle faisait ses preuves. Elle prit une inspiration ne parla pas tout de suite. Aussi incroyable que cela était, elle réalisa qu’on lui demandait une forme de réflexion. Or, chez les Jedi, elle s’était toujours contentée d’obéir aux ordres, le plus fidèlement possible. Et aujourd’hui, c’étaient les Sith qui lui demandaient de mettre à l’œuvre, à son âge, sa facette intellectuelle.

- Je connais d’ores et déjà le Code Sith, déclara-t-elle finalement. Mais je reconnais ne pas être au point sur l’histoire de notre Ordre. Dès que j’aurais quitté cette pièce, je me rendrai à la salle des archives pour commencer mon étude.

Si on ne lui donnait pas d’ordre, elle serait capable de s’en donner elle-même afin d’atteindre ses buts. Darth Odium voulait des preuves de sa détermination ? Il n’allait pas être déçu. Elle le harcèlerait si cela était nécessaire, mais maintenant qu’il avait évoqué la possibilité de l’envoyer un jour sur le terrain, elle ne cesserait de lui fournir des preuves de ce qu’il lui demandait : étudier l’histoire, les pouvoirs obscurs, la haine. Tuer.

- Je m’entraînerai chaque nuit pour apprendre les pouvoirs les plus meurtriers qui sont enseignés à l’Académie, poursuivit-elle, et je vous en ferai la démonstration sur n’importe quelle créature qui vous semblera mériter la mort, et ce dès que j’en serai capable.

Elle soutint bravement son regard, même si son estomac se serrait sous la crainte de paraître trop entreprenante et de recevoir une correction pour cela. Elle n’était pas si habituée que cela à prendre des initiatives, mais une petite voix lui murmurait qu’elle pourrait y prendre goût.
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Un éclair avait animé la récente guerrière Sith, Odium l’avait aperçu dans son regard qui était demeuré vaguement mort durant les premiers temps de leur entretien. La petite créature terne qui se tenait en face de lui avait fini par prendre vie dans un éclat aussi fugitif que puissant. Cela suffit à satisfaire un peu plus le chagrien. Il existait des recrues calmes et posées parmi les Sith, mais elles ne brûlaient pas d’un feu moins vif que leurs camarades plus expansifs. La raison était toute simple, si les jedi s’appuyaient sur la sérénité pour faire œuvrer la Force, les Sith s’appuyaient sur leur volonté pour la façonner selon leurs désirs, et c’était là une différence fondamentale. Les jedi s’abîmaient dans l’ataraxie et la mollesse, les Sith les fuyaient.

- Enfin vous démontrez un peu de passion, jeune Twi’lek. Le Temple ne devait pas vous être bien adapté, les jedi n’aiment pas la passion. C’est un moteur considérable et la source du pouvoir Sith.

Le seigneur s’interrompit un bref instant. Il n’avait bien sûr jamais mis les pieds dans un temple jedi. C’était un fils de Sith, son père était Darth avant lui. Il avait cependant étudié les doctrines de ces derniers, contrairement à son père il aimait le travail intellectuel et avait toujours estimé que connaître ses ennemis était d’une importance capitale. Non en termes de stratégie, ou de techniques de combat, il fallait être le dernier des banthas pour nier pareil constat. Il faisait plus référence à la philosophie, les fondements de la pensée. Et jamais deux ordres ne furent plus opposés sur ce point que l’ordre et l’empire, rien que leur dénomination semblait clairement l’indiquer. Peut-être qu’en observant Myir Alshain il pourrait parfaire ses connaissances en matière de formation jedi.

Il se souvint pourquoi il s’était interrompu, fixant la gamine (car pour Odium tout être plus jeune et mesurant moins de deux mètres était un gamin à ses yeux) avec intérêt. Comme les clichés étaient tenaces. Mais qu’enseignait-on aux jeunes padawans de nos jours ? Une expression était passée sur le délicat visage de la guerrière, une brève manifestation d’étonnement quand il avait évoqué l’histoire Sith. Ce n’était pas le sujet le plus sexy mais il révélait des secrets fascinants à quiconque avait le courage de s’y plonger, le genre de signe de bonne volonté qui était bien vue.

- Vous imaginiez-vous que du haut de mes deux mètres, de mes marques rouges et noires qui parsèment mon corps et du fait que je sois un Sith je n’étais qu’une brute sans cervelle et violente ? Nous ne sommes pas une anarchie, nous avons des fondements et une histoire. Elle commence avec Ajunta Pall et ses compagnons jedi noirs qui quittent l’ordre jedi pour découvrir Korriban et développer le côté obscur.

Quelle créature distrayante. Les apprentis avaient l’habitude de bailler en entendant ses histoires, mais peut-être Myir avait-elle la maturité pour la comprendre et chercher par elle-même. Sans compter qu’il y avait de légères similitudes entre leur histoire et la sienne. Ces fondateurs de l’empire Sith étaient symptomatiques de la schizophrénie des membres de l’empire, ce mélange paradoxal entre bestialité et intellectuel. Il n’allait pas en dire plus. Elle commençait à comprendre qu’elle n’aurait pas de maître pour la materner comme c’était le cas sans doute durant toute son existence au temple.

- C’est en partie pour cela que beaucoup de Korribanites se considèrent comme le cœur intellectuel et culturel de l’empire. Dame Calliope, vous la croiserez surement aux archives, a écrit, non sans un certain talent, des chroniques de l’empire. Le seigneur Valeras est un Sith traditionnaliste qui vient de faire son entrée au conseil noir et possède également de doctes connaissances à ce sujet.

Glaner les informations, informer et former sans en avoir l’air. Maintenant que la gamine s’était affirmée à plusieurs reprises déterminées et surtout l’avait montré, il pouvait bien lui donner quelques indices. Bien que jouissant d’un certain prestige depuis Byss et étant de retour dans les petits papiers de la dame noire, son avis seul manquait, sans mauvais jeu de mots, de poids à ce sujet. Il comprenait qu’elle soit frustrée de ne pas passer la rage sourde qui l’habitait sur le terrain, mais il lui valait mieux la sublimer à travers les pouvoirs Sith. Ceux-là étaient une preuve d’assimilation parmi les plus fortes car ils naissaient de la passion et de la volonté, de la haine, de la rage et de l’ambition et toutes ces petites choses que le côté Obscur aimait tant.

- Et donc quel premier terrifiant pouvoir des Sith allez-vous apprendre pour tuer la créature que je désignerai ?

Darth Odium avait déjà commencé à réfléchir aux indésirables qui parsemaient l’académie de leur présence nauséabonde. Ou peut-être un autre. Ce pourrait être un privilège profitable. Elle semblait capable. Les jedi ne brillaient pas par le blanc immaculé dont ils s’imaginaient être paré.
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De la passion… N’en avait-elle pas toujours eu ? Elle acquiesça lentement aux propos du Chagrien. Il avait raison, bien sûr : elle avait passé la plupart de son temps au Temple à refouler ses émotions, à les canaliser et concentrer son énergie sur son entraînement et l’étude. Elle avait cru pouvoir trouver la sérénité des Jedi dans les fatigues extrêmes qu’elle atteignait après des journées d’entraînement, mais cette sérénité était bien fugitive, car la nécessité de faire toujours mieux, au petit matin, flamboyait inévitablement en elle et la portait vers de nouveaux sommets à chaque journée. Cela avait beaucoup mieux fonctionné pour ses capacités de bretteuse, et moins pour les jours où elle s’était imposée de longues heures à étudier aux archives du Temple. Dans ces cas-là, elle avait à chaque fois terminé avec un mélange de frustration et de trop plein d’énergie que ses muscles n’avaient pu évacuer. Mais à cette époque, pas une seule fois elle n’avait remis en question la normalité de ce phénomène : elle était comme ça, elle n’y pensait pas, et le Conseil n’avait pas dû voir ce qui bouillonnait en elle. Ils n’avaient pas vu grand-chose, finalement, car à peine avaient-ils jamais reconnu pleinement ses compétences. En quelques semaines, les Sith, eux, avaient perçu à la fois son potentiel et ce qu’elle-même n’avait jamais remarqué auparavant : le feu intérieur qui l’animait.

Le fait qu’il l’ait appelée « jeune Twi’lek » avait toutefois légèrement décontenancé Myir. Parmi les Jedi, voilà longtemps qu’elle faisait partie des aînés. Trente-cinq ans, c’était presque vieux pour un Jedi, car beaucoup mourraient au combat ou en mission durant les premières années après leur adoubement, en particulier les bretteurs comme elle. Les diplomates, bien sûr, avaient une espérance de vie beaucoup plus longue. Mais bien sûr, face à ce Chagrien dont elle ignorait l’âge, elle devait être une gamine. Elle se demanda vaguement si le Sith avait dépassé le millénaire. Avec ce genre de race, il était toujours difficile de savoir quelle longévité ils pouvaient atteindre et quels seraient les éléments qui permettraient de détecter des signes de vieillesse. Or, l’énergumène devant elle avait l’air d’un mastodonte dans la fleur de l’âge, au maximum de sa puissance. Même amoindri, il resterait certainement longtemps redoutable… Statut auquel elle ne pourrait jamais prétendre. A moins qu’elle arrive à faire en sorte que sa réputation la précède… Faire ses preuves, oui, là était la priorité.

- Non, seigneur, souffla-t-elle en baissant les yeux +pour répondre à sa question néanmoins rhétorique.

Bien sûr qu’il n’était pas qu’une brute sans cervelle. Nul ne parvenait à un tel statut sans une once d’intelligence. Il devait être aussi redoutable par son intelligence. Cela aussi, c’était une excellence qu’elle se devait d’atteindre. Et effectivement, il lui faudrait de la connaissance. Ajunta Pall, les jedi noirs, la colonisation de Korriban. Elle nota tout cela dans un coin de sa mémoire. Elle ne connaissait ces sujets qu’en surface. Mais s’ils étaient si importants pour Darth Odium, elle lui montrerait que son cerveau était capable d’engranger tous les détails de ces histoires, jusqu’à les connaître sur le bout des doigts.

Darth Calliope, Darth Valeras. Ces noms également, elle tâcha de les graver dans sa mémoire. Elle savait combien les jeux de pouvoir étaient importants, ici. Il allait donc falloir qu’elle sache naviguer entre les volontés des uns et des autres. Visiblement, Darth Calliope et Valeras, si l’on parlait autant d’eux, avaient dû remporter les faveurs de l’Impératrice. Si elle voulait que cette dernière entende parler d’elle, Myir devait donc prouver sa valeur non pas seulement à Darth Odium, mais aussi également à ces deux personnes là.

La dernière question n’était guère la plus aisée. Myir inspira longuement, et énuméra dans tête les pouvoirs du côté obscur dont elle avait eu connaissance. Elle savait que certains Sith étaient capables de drainer l’essence vitale des individus et se l’approprier, d’absorber cruellement toute goutte de vie jusqu’à ce la créature s’effondre, inanimée. Cette capacité avait des avantages évidents en termes de discrétion : cette méthode rendait toute autopsie inutile, et les médecins concluaient à une mystérieuse mort subite ou une attaque cardiaque. Mais Myir n’aspirait plus guère aux missions d’infiltration. Elle avait besoin de montrer son pouvoir de manière évidente si elle voulait être reconnue de tous. D’autres faisaient jaillir de leurs doigts des éclairs qui venaient électriser la cible, le faisant se tordre de douleur. Néanmoins, à ce qu’elle en savait, le pouvoir était plus impressionnant que réellement efficace. On parvenait facilement à susciter de la douleur, ce qui était utile lorsque l’on voulait interroger des prisonniers, mais de longues sessions étaient nécessaires pour pouvoir parvenir à tuer l’adversaire. Elle avait besoin de quelque chose de plus efficace…

- Je vais apprendre l’étouffement par la Force, déclara-t-elle subitement, son choix venant de s’être porté sur ce pouvoir aussi dévastateur que spectaculaire. Ce pouvoir m’apparaît être utile et maniable à des degrés différents, ce qui me permettra de l’utiliser pour la torture ou pour le meurtre, à ma guise. Il fait souffrir et provoque chez la cible un sentiment de panique évident. Poussé à l’extrême, ce pouvoir peut permettre de broyer des organes vitaux. Sur un champ de bataille, l’usage de cette technique peut effrayer les adversaires et entretient une image de supériorité militaire des Sith.

Il y avait autre chose. L’étouffement, la possibilité d’écraser la gorge de son adversaire, de broyer son cœur ou ses poumons… C’était une sensation qu’elle avait déjà sentie au bout de ses doigts, lorsque sur Byss les Seigneurs Sith du passé lui avaient accordé un pouvoir temporaire afin d’attaquer l’Impératrice. En pensant à cette anecdote, ses joues s’empourprèrent, prenant une drôle de teinte violette. Elle avait bravé l’Impératrice, qui bien sûr, avait facilement résisté à son attaque. Devait-elle en avoir honte ? Elle n’avait fait qu’obéir aux voix dans sa tête. Bêtement manipulée, elle avait été leur instrument pour tester Darth Ynnitach. N’avait-elle pas accompli sa mission en testant l’Impératrice ? Si cette dernière avait échoué, alors Myir serait retournée triomphante sur Ondéron, mais à jamais corrompue. Non, corrompue n’est pas le bon mot. Elle serait rentrée en sachant que quelque chose lui avait échappé sur ses propres possibilités. Au contraire d’aujourd’hui, où elle prenait pleinement la mesure du chemin qui lui restait à parcourir pour maîtriser la Force…

Lorsqu’elle releva le menton pour rencontrer le regard du Chagrien, elle se sentit moins effrayée qu’auparavant. Bien sûr, le seigneur était toujours aussi impressionnant, mais il lui avait fait voir une part de lui raisonnée, comme une garantie qu’il n’y aurait pas de sanction arbitraire. Ainsi, si elle travaillait dur, sûrement pourrait-elle obtenir ce qu’elle désirait. Pourquoi les Jedi alors considéraient les Sith injustes ? Dans l’Ordre, elle n’avait jamais obtenu ce qu’elle souhaitait à la hauteur de son mérite…

- Darth Odium ? l’interpela-t-elle d’une voix plus douce. Pourquoi l'Empire ne recrute-t-il pas plus d’anciens Jedi ? Je suis certaine que nombreux seraient ceux qui auraient une révélation dans le côté obscur de la Force, car le Temple leur ment sur bien des choses. Si seulement nous pouvions le leur dire… Est-ce par crainte de trahisons ?

Elle avait serré les poings malgré le calme de sa voix. Les mensonges de l’Ordre, c’était ce qu’elle avait le plus de mal à accepter. Elle avait la sensation d’avoir été bernée depuis des années. Si seulement elle pouvait révéler tout ce qu’elle savait aujourd’hui à ses anciens camarades… Mais Myir savait aussi que quand bien même elle pourrait leur reparler, ils ne la croiraient pas. Le Conseil était trop malin, il enveloppait dans sa toile de mensonges les jeunes gens pendant des années pour s’assurer leur fidélité.

De toute façon, tâcha-t-elle de se dire, ils la croyaient tous mortes. Personne n’avait été envoyé à sa recherche, personne n’avait réussi à la recontacter. C’était bien la preuve qu’ils ne méritaient pas son attention.
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Myir Alshain avait passivement baissé les yeux, elle savait que faire des siennes face à un seigneur n'était pas l'idée la plus lumineuse du moment et Odium lui en était gré. Le chagrien ne se l'avouait qu'à moitié mais il commençait vraiment à apprécier la guerrière. Elle avait de l'expérience, sa personnalité mélangeait flamme et douceur de façade, elle avait le mérite d'être différente de la plupart des jeunes impétueux qui fanfaronnaient avec leurs sabres et leurs tout nouveau pouvoir en nonobstant leur rang réel. Celui d'insectes, de jeunes larves qui seulement si elles s'appliquaient pouvaient peut-être, avec chance et abnégation, passer à une étape de l'existence un peu plus respectable et intéressante. Même si elle avait été forgée et façonnée par l'ordre jedi, que leur ordre pourrisse dans les méandres de l'Obscur, elle avait au moins dépassé ce stade. Son échec lui avait fait prendre conscience de sa faiblesse. Cependant ce dernier lui avait également fait prendre connaissance de ses forces et de son ambition, il en aurait la confirmation plus tard dans la conversation.

- Bien, fit-il simplement avec calme, presque avec douceur ce qui devait toujours sembler étrange face à un massif chagrien cramoisi. La bure ne fait pas le jedi, ou le Sith en l'occurence. Méfiez-vous des apparences, cela pourrait vous apporter de solides déconvenues, surtout au sein de l'empire.

Les chagriens n'étaient pas aussi brutaux que leur apparence le laissait supposer. Créatures des mers, les cornes étaient des résidus des temps anciens durant lesquels encore primitifs les mâles impressionnaient les femelles pour les séduire. Ils avaient évolué non pour devenir des brutes martiales mais pour devenir d'obstinés politiques ou doctes maîtres de conférence car les résidents de Champala se démarquaient par une intelligence favorisée par un solide système d'études. Naktis n'avait quasiment jamais vécu sur la planète mère, mais il avait gardé certains caractères de son espèce. Il avait d'ailleurs trouvé curieux cette persistance des croyances à propos de sa race mais acceptait que les idées préconçues naissaient de premières impressions douteuses. Il se demanda brièvement ce que la jeune Twi'lek pouvait bien penser de lui, hormis le fait qu'il était singulièrement terrifiant, mais c'était un choix personnel. Darth Odium avait voulu montré sa foi Sith, un sacré sacrifice puisqu'il ne pouvait se montrer à découvert dans les territoires de la République.

Myir réfléchit brièvement. Un éclair passa dans son regard. Elle avait choisi l'étouffement, ce qui arracha un bref sourire amusé à Odium. Un choix brutal et symbolique pour des raisons tout aussi brutales. L'étouffement était un des pouvoirs signature des Sith, ce que les jedi considéraient comme un usage impi, un détournement de la Force pour la torture et la destruction. Un choix qui montrait que l'ancienne jedi voulait s'éloigner de la doctrine de son ancien ordre. En soi, l'étouffement n'avait rien de complexe. C'était une forme extrême de télékinésie appliquée soit à la gorge, soit somme le disait si bien Myir sur les organes vitaux. Les principaux remparts à cette technique étaient souvent d'ordre psychologique (mis à part lorsque l'on manquait de la maîtrise de la Force pour s'y lancer, ce genre de chose était en général corrigée par l'expérience). C'était un pouvoir résolument horrible et il fallait avoir des ressources de haine hors normes pour en faire usage.

- C'est un choix intéressant, admit-il toujours avec une douce parcimonie dans sa voix. Vous ne l'avez donc choisi que pour ses raisons pratiques ? L'avez-vous jamais expérimenté personnellement ?

Il demandait délicatement si elle en avait déjà été victime. C'était bien possible après tout, beaucoup de Sith maîtrisaient ce pouvoir et il aboutissait à des dégâts considérables. Étouffer ses adversaires par la Force semblait toujours être une solution de bon aloi. Myir semblait avoir été une femme de terrain.

Il fut surpris s'entendre que sa voix à elle s'était également adouci, mais pas autant que lorsqu'elle prononça son titre et encore plus par la suite de ses paroles. Myir Alshain était vraiment un individu très intéressant. Darth Odium avait saisi qu'elle avait été déçue par son existence au sein du temple, mais elle ne s'était pas non plus présentée de manière spontanée chez les Sith. Elle avait eu une révélation en cours de route, sans doute octroyée en partie par les anciens seigneurs du côté obscurs, et ne comprenait pas pourquoi si peu de jedi se convertissaient au côté Obscur.

- Quel âge avaez-vous Myir ? 33, 34 ans ?

Il le lisait dans la Force autour d'elle qui dégageait une aura plus mature que ses traits délicats et juvéniles. La Force permettait parfois d'entretenir le corps, il n'était également que peu visible qu'Odium frôlait la soixantaine.

- La révélation vous est venue tardivement car vous n'aviez pas rencontré la vraie puissance du côté Obscure, ni connu la réelle doctrine de l'empire ailleurs que par les confusions déformées des jedi, les lectures approximatives de nos préceptes, pour enlaidir et salir notre pensée. Notre voix résonne peu dans les temples immaculés des jedi qui restent hermétiques à nos enseignements. Les jeunes initiés n'ont qu'une seule voie à choisir, une seule vérité leur est enseignée. Les jedi ne nous laisseraient pas approcher de leurs précieux apprenants. Il arrive tout de même régulièrement qu'un égaré de l'ordre nous rejoigne… Mais même si nous pouvions leur faire entendre notre voix, n'oubliez pas que beaucoup de vos camarades se complaisaient dans la sécurité grégaire et mensongère que leur offrait l'ordre et seraient de toute façon trop faibles pour peupler dignement nos rangs. Même s'ils acceptaient de quitter le confort de leur réalité illusoire, ils mourraient au bout de quelques semaines les pauvres. Vous êtes d'une autre trempe, Myir. Vous méritez mieux que l'ordre.

Beaucoup de choses à en dire. Prêcher dans les temples étaient compliqués, à côté certains moucherons n'hésiteraient pas à dénoncer auprès des supérieurs. Bien sûr il existait sans doute des moyens plus subtils, mais aussi plus longs de s'attirer des jeunes padawans ou jedi mécontents. Gagner leur confiance, montrer les faiblesses de l'ordre, démontrer comment l'empire serait bien plus à la hauteur de leurs espérances, de leurs capacités. Odium doutait qu'il y ait assez de manipulateurs hors pairs dans les rangs de l'empire à l'heure actuelle. Dommage que Darth Deinos ne soit plus. Il aurait été exceptionnel à ce petit jeu.

- Que diriez-vous de commencer l'enseignement, guerrière Myir ? L'étouffement est un choix très intéressant pour éprouver jusqu'à quel point l'Obscur vous gagne.

Odium claqua des doigts, un serviteur entra dans la pièce. Un peu décharné à cause de la malnutrition, il lançait des regards craintifs entre Odium et Myir. Le chagrien s'était demandé pendant quelques instants si lancer un pouvoir aussi brutal sur un être vivant que les jedi auraient considérer comme innocent n'était pas une entrée en matière trop brutale pour la guerrière. Mais elle voulait broyer. Broyer un fruit ou l'un de ces petits lézards du désert n'auraient sans doute eut que peu d'intérêt pour elle.

- L'étouffement est une forme de télékinésie puissante et dirigée sur un point particulier. Il faut entourer le point visé de la victime et l'écraser. Cela paraît certes très simple, le principe l'est. Mais ce pauvre… Jekko…

- Teanu.

(Odium lança un bref regard furieux au serviteur/esclave qui était bien trop bavard à son goût. Il avait mieux à faire de son temps que retenir les noms de tous les indignes qui se traînaient entre les murs de l'académie).

- Teanu ne vous ayant rien fait de mal, cela risque d'être compliqué dans un premier temps. C'est pour cela que je vous demanderai seulement de faire pression. Nous garderons votre énergie pour des proies plus irritantes.

Il espérait que Myir allait faire quelque chose de potable. La maîtrise de l'étouffement serait un point en avant des plus significatifs, non seulement à ses yeux cela cela justifierait son propre intérêt, mais aussi aux yeux des autres seigneurs Sith qui alors pourraient lui accorder une modérée mais précieuse confiance.
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Ce devait être la première fois que quelqu’un, dans cette académie, voire dans cet Empire, lui prodiguait un conseil. Si celui-ci, lui intimant de ne pas se fier aux apparences, était somme toute relativement commun, c’était plutôt l’objectif qui avait retenu l’attention de la Twi’lek. Le Seigneur, d’une manière ou d’une autre, souhaitait-il qu’elle restât en vie ? Cela prouverait qu’il développait une réelle estime envers son potentiel. A moins que ce ne soit son rôle à l’Académie, tout simplement, que de prodiguer des avertissements justes aux futurs soldats de l’Empire ? Peu importait, cela n’enlevait rien à la valeur du conseil. Elle l’appliquerait soigneusement. Par cet engagement intérieur se formait, sans que Myir s’en rendît réellement compte, une forme de loyauté envers le Chagrien qui avait fait montre d’une forme de bienveillance et de reconnaissance envers elle. C’était bien la première personne qui suscitait cela chez elle en ces murs.

La question du Seigneur au sujet du pouvoir, néanmoins, la prit au dépourvu. Myir ne se rendit pas même compte qu’il évoquait la possibilité qu’elle eût souffert de ce pouvoir, car son expérience sur Byss la positionnait directement en tant qu’utilisatrice de ce pouvoir. C’était sa seule et unique expérience de ce pouvoir. Elle bafouilla quelque peu en répondant, car la crainte de révéler ses agissements envers l’Impératrice se mêlait avec confusion au souvenir du plaisir ressenti lorsqu’affublée de cette possibilité, elle s’était sentie plus puissante qu’elle ne l’avait jamais été.

- Je, j’ai… Oui, en quelque sorte. Sur Byss… Les Seigneurs Noirs m’ont confié ce pouvoir. Temporairement. Comme s’ils m’avaient touchée, pris possession de mon corps. Et pendant quelques secondes, j’ai pu m’en servir.

Myir n’avait plus éprouvé ce sentiment de puissance depuis. Par curiosité, elle avait essayé de tendre la main vers un inconnu, mais rien ne s’était produit. La Force ne se ruait pas autour d’elle comme ç’avait été le cas sur Byss. Elle s’était sentie nue, désarmée, et avait laissé tomber. Mais avec l’entraînement, elle caressait suavement l’idée d’être en mesure de réitérer ce pouvoir avec sa propre force, sans avoir besoin d’en emprunter le pouvoir à un être disparu à tout jamais.

- Trente-cinq, murmura-t-elle machinalement.

Son âge n’avait que peu d’importance. Il n’en avait jamais eu. Elle s’était toujours sentie plus vieille que ses camarades, plus réaliste. Comme si elle avait toujours eu une forme de conscience lucide qui échappait aux autres, prisonniers du rêve immaculé qu’évoquait Darth Odium.
Au fur et à mesure des propos du Chagrien, elle réalisait qu’il avait raison. Les Jedi enfermaient les padawan comme des troupeaux sagement parqués, mais pas seulement physiquement : ils les enfermaient dans une idéologie qui les rendait aveugles à toute autre forme d’utilisation de la Force, ou même tout autre sens pour la vie que celle qu’ils enseignaient. Myir tira de ce constat un sentiment étrangement agréable : la fierté d’avoir su se tirer de cette prison. La confirmation, par un grand Seigneur Sith, qu’elle était supérieure à ces êtres chargés d’illusions. Elle l’avait toujours su. Son ego était certes flatté, mais à juste titre. Pour une fois, elle pouvait s’enorgueillir sans honte.

- Je comprends, Seigneur Odium. Pour être tout à fait honnête, en y réfléchissant… Je ne me souviens d’aucune relation au Temple Jedi qui aurait pu survivre à un tel changement de paradigme. Vous avez raison, ils mourraient en quelques semaines, constata-t-elle froidement.

Elle n’avait même pas d’ami qu’elle regrettait, là-bas. Le Jedi le plus proche qu’elle avait côtoyé était le Chevalier de quelques années son aîné qui lui donnait ses nouvelles instructions lorsqu’elle prenait sa mission suivante. Il la félicitait de ses accomplissements, elle le remerciait avec droiture de la confiance qu’il lui manifestait. C’était tout. A l’époque, elle se souvenait mépriser ses propres confrères qui développaient des amitiés profondes avec leurs camarades, voire plus, alors même que le Code interdisait toute relation sentimentale. Pour elle, ils étaient ceux qui se trompaient. Elle réalisait aujourd’hui que pour eux, elle était certainement celle qui était dans l’erreur. Mais c’était parce qu’elle était différente, parce qu’elle avait perçu le réel potentiel de sa connexion à la Force.

La proposition du Chagrien la ramena toutefois à une réalité brutale. Elle fut un instant décontenancée. Myir avait cru pouvoir s’entraîner seule, tranquillement, jusqu’à atteindre un niveau qui lui siérait avait de faire une quelconque démonstration. C’était ainsi qu’elle avait toujours procédé : seule, avant de faire ses preuves. Ce n’était pourtant pas de la pudeur, mais Darth Odium avait réveillé en elle la crainte d’échouer, car l’usage de la Force n’avait jamais été son point fort. Faiblesse qu’elle remettait désormais sur l’enseignement erroné des Jedi. Il n’empêchait qu’aujourd’hui, elle manquait cruellement de pratique.

Myir posa des yeux indifférents sur le petit être qui venait d’entrer, ne prenant pas même garde au nom qu’il venait de présenter. Ce n’était pas les premières fois qu’elle remarquait l’un de ces serviteurs : misérables, les épaules voutées, le corps décharné et des marques sur le visage, ils étaient la preuve de la supériorité, mais aussi de la brutalité des Sith. Pour autant, Myir ne s’en était jamais pris à l’un d’eux. Pourquoi se fatiguer ? Il n’y avait que les apprentis qui leur donnaient des corrections par pur sadisme. Elle-même considérait que la Force et l’énergie destinée à la manipuler était une ressource rare, sacrée, que l’on ne gaspillait pas sans raison importante. De même que ces êtres, sans qu’elle éprouvât pour eux une quelconque empathie, ne la dérangeaient pas par leur présence puisqu’ils étaient nécessaires au bon fonctionnement de l’Académie.

Myir déglutît, angoissée à l’idée d’échouer. Elle n’osait désormais plus croiser le regard du Chagrien, et préféra se concentrer sur le regard vide du serviteur, qui frémit lorsqu’il comprît la raison de sa présence. Mais le Seigneur Sith n’avait pas demandé une mise à mort. Simplement une vérification qu’elle pouvait utiliser la télékinésie d’une manière un peu différente de ce dont elle avait l’habitude. Or, elle était aussi bien capable d’utiliser la télékinésie, si ce n’était mieux, que n’importe quel apprenti présent en ces lieux. Cela ne devrait pas lui poser de problème.

Elle ferma les yeux et leva une main légèrement tremblante vers la gorge du petit être. Elle rassembla son courage, la Force autour d’elle, et l’enroula délicatement, soigneusement, autour du cou du serviteur dont la respiration s'accélérait.

(Jet de sagesse pour lancer télékinésie niveau 2... j'édite dans la foulée)
(réussite Laughing )

Des perles de sueur se formèrent sur le front du serviteur tandis que sa respiration devenait sifflante sous l’effet de la pression que subissait sa gorge. Ce n’était pas suffisant pour l’empêcher de respirer, mais l’effet anxiogène était bien sûr important. Lorsque Myir rouvrit doucement les yeux, elle constata avec satisfaction qu’elle parvenait à maintenir une pression relativement constante. Elle ne savait toutefois pas d’où provenait la force des Sith qui écrasaient littéralement les organes de leurs cibles, car la chose étant vivante, elle résistait sous sa pression d’une étrange manière. La Force était en effet présente en chaque être vivant, qu’il soit capable de la maîtriser ou non. Elle résistait donc à elle-même, d’une manière que les Jedi auraient qualifiée de bénéfique. Myir, elle, savait que le côté obscur poussait à dominer la Force, et donc à la plier à sa propre volonté plutôt qu’aux effets purement physiques auxquels les Jedi se soumettaient.

Concentrée, elle serra les dents tandis que laborieusement, elle insista quelque peu sur sa prise. Le serviteur porta des mains convulsives à son cou, ses yeux agrandis par la surprise et la supplication. Mais Myir était incapable d’éprouver une quelconque empathie pour lui. En réalité, elle se demandait si elle avait jamais été capable de reconnaître le moindre sentiment sur un visage.


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Télékinésie de Myir réussie!

Myir: -20 Pf


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Les seigneurs noirs s'étaient donc servis de Myir pour mettre la Dame des Sith à l'épreuve ? C'était compréhensible. Il avait sans doute trouvé en la jedi un instrument adéquat pour menacer réellement l'impératrice. Un exemple flamboyant du pouvoir du côté Obscur qui aurait pu convaincre n'importe quel autre séide jedi de s'agenouiller devant l'empire et ses pouvoirs. Odium en était déjà persuadé, voilà qui apportait la définitive confirmation qu'il avait choisi la bonne voie, tout comme Myir. Elle pourrait devenir un émissaire à terme, plus crédible même que Darth Ynnitach qui était déjà au service de l'Obscur avant de rentrer dans ce temple et de se soumettre au jugement des seigneurs Sith millénaires.

- Nous pouvons affirmer que vous avez donc une certaine familiarité avec la technique, légère certes, mais au moins avez-vous pu connaître l'ivresse de ce pouvoir...

Myir Alshain ne s'était pas attendue à ce que le seigneur Sith « l'évalue » dans la foulée. Odium trouvait son point de vue… plaisant. Était-ce parce qu'elle avait fait partie de l'ordre jedi pendant de longues années quand lui-même n'avait fait que voir, parlementer et en combattre les membres (et parfois les ôter d'un coup sec machinal avec l'un de ses gigantesques sabres, quand naguère il était meilleur bretteur que maître de la Force) ? La Twi'lek n'avait pas semblé accueillir le serviteur avec plaisir, elle craignait sans doute de se ridiculiser devant Odium. Lui-même n'attendait rien en particulier de la jeune guerrière. Il savait que les bretteurs étaient souvent moins puissants dans la Force, il avait fait partie de cette catégorie d'utilisateurs. Ce n'était que pendant sa convalescence et que même avec une prothèse la douleur était restée et avait envahie les muscles et la chair comme une raideur constante qu'il avait trouvé un peu de paix (comme ce mot sonnait faux dans la pensée d'un Sith) dans la solitude et la méditation.

Après quelques temps il avait fini par acquérir une maîtrise de la Force qu'il n'avait jamais espéré n'était-ce qu'effleuré plus jeune. Comme si délaisser l'escrime l'avait forcé à développer d'autres armes pour garder son autorité, rester crédible. Grâce à un sens relationnel inné, la stratégie s'était révélée judicieuse. Il commençait à gagner en influence, il était respecté par les Seigneurs et l'impératrice. Il parvenait à exercer cette influence autrement que par la force brute, son apparence était devenue accessoire.

Avec une inquiétude palpable, la guerrière commença l'exercice. À l'aide de la télékinésie (de moyenne puissance), elle encercla le cou de la victime. Une vive inquiétude passa dans les yeux de cette dernière et Odium sentit une légère satisfaction l'envahir. Il détestait les esclaves insolents. L'empire les avait sorti des vaisseaux pirates ou d'autres poubelles galactiques, ils devraient toujours se montrer reconnaissant. Le Sith se concentra à nouveau sur son élève, elle insista sur la Force. Odium vit aux légères déformations autour du coup du serviteur qu'elle réussissait l'exercice, sans encombre même. Le serviteur avait la respiration sifflante, et jetait des regards paniqués autour de lui. Il s'autorisa un signe de tête appréciateur tandis qu'il reprenait doctement :

- Sans même le savoir vous avez pratiqué la toute base de l'étouffement, voyez comme la respiration commence à être difficile. Bien sûr je ne pense pas qu'il n'ait pas réellement mal. Il a plutôt l'air d'avoir peur. La douleur et la force avec laquelle on appuie sur le cou ou tout autre organe sont la nuance entre l'étouffement et… eh bien une télékinésie appliquée à des endroits précises.

Les apprentis auxquels il enseignait cette technique étaient bien plus jeunes et bien moins habiles, c'était pourtant un pouvoir que le chagrien préférait enseigner aux plus âgés des disciples du côté Obscur, entre quinze et vingt-cinq pour les plus âgés. Ils leur arrivaient de commettre des maladresses comme envoyer valdinguer leur « outil d'enseignement » quelques mètres, ou à tout bonnement le tuer. Ce n'était pas dramatique en soi mais l'académie n'était pas non plus une réserve inépuisable de sujets de tests. Il fallait savoir doser, comprendre la nuance entre la torture et le meurtre. Un guerrier qui tuerait par accident un prisonnier doté d’informations cruciales se verrait puni de la manière la plus atroce qui soit. Grâce à sa bonne maîtrise de la Force, Myir était parvenue à éviter ses désagréments. Odium était à présent persuadé que cette dernière pouvait être métamorphosée en un atout de valeur pour l'empire.

- Maintenant que vous avez acquis les principes fondamentaux de la technique à une vitesse assez impressionnante, vous pourrez facilement approfondir de votre propre chef et trouver votre moyen de faire usage de la technique.

Odium avait eu en tout quatre apprentis dans sa longue existence de Sith. Il avait remarqué, contrairement à d'autres qui n'avaient l'expérience ou l'attention nécessaires pour en faire grand cas, que chaque utilisateur de la Force avait une façon personnelle de faire usage de certaines techniques. Il existait les techniques canons, mais différents moyens de les mettre en œuvre suivant les affinités et les difficultés des apprentis. C'était souvent de ces différences dans l'utilisation de la Force qu'apparaissaient des techniques spécifiques comme la méditation de combat ou d'autres encore plus obscures.

- A moins que vous ne préfériez passer à l'étape supérieure et tenter d'étouffer… L'autre là.

Il avait encore oublié son nom.

- Ou tenter de lancer la télékinésie sur un organe de notre compagnon. J'ai cru comprendre que vous étiez intéressé par le broyage de viscères... C'est un peu plus complexe. Vous pouvez soit tenter d’atteindre le cœur par l'extérieur et risquer de briser au passage la cage thoracique de la proie (l'esclave eut un bref frisson). Je ne e conseille cependant pas. Je trouve éminemment plus subtil d'utiliser d'abord un mode d'approche semblable à la guérison. Cependant au lieu de soigner, d'exercer la pression comme celle que vous avez exercé précédemment. Un peu comme ceci.

Odium se concentra. Il lui sembla une éternité depuis qu'il n'avait usage de la Force, même s'il ne s'agissait que d'un cours. Il ne connaissait bien sûr pas la guérison si chère aux jedi, il en avait lu les grands principes dans d'anciens documents qui relataient les pouvoirs principaux de la Force. A quoi bon quand il avait de l'absorption de l'énergie vitale de sa victime une spécialité ? Il choisit de s'approcher d'un rein. Il sentait la Force battre dans la force vitale de sa victime, mais ne laissait pas aller dans la contemplation de ce miracle qui s'enchevêtrait autour de lui. Les Sith ne s'attardaient pas à ce genre de chose.

[Darth Odium lance télékinésie niveau deux, j'édite dans la foulée : réussite]

S'il un instant tenté de faire mal à la créature, ce qui était d'une facilité troublante, il se contenta de presser la chose visqueuse. Au cri étouffé que poussa le serviteur il sut qu'il avait réussi, ce qui lui arracha un sourire. Ce serait si facile d'appuyer jusqu'à ce que cela éclate. La perte d'un foie ne tuait pas instantanément mais laisserait l'autre dans une agonie longue et douloureuse.

Odium s'arrêta. Il espérait que Myir aurait eu le temps de saisir les nuances pour qu'elle puisse travailler d'elle-même si elle refusait d'en faire la démonstration.
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Télékinésie de Darth Oduim réussie!

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Ivresse. Le mot du Seigneur Sith était bien choisi. Elle avait eu peine à se l’avouer, sur le moment, mais oui, c’était bien une ivresse qu’elle avait ressentie en utilisant le pouvoir des seigneurs du passé. Myir s’était d’abord menti à elle-même en ignorant ce sentiment intense et agréable. Mais quelques jours plus tard à peine, elle avait ressentie cette soif de pouvoir, cette envie de retrouver la même sensation de supériorité, de puissance, de contrôle sur le monde, de soulagement aussi de pouvoir faire sortir d’elle l’immense accumulation de frustrations et de désirs, stockée en elle pendant ses longues années d’apprentissage au Temple Jedi. A ce moment-là seulement elle avait dû reconnaître qu’elle y avait réellement pris plaisir, et qu’une part d’elle souhaitait ardemment réitérer l’expérience au plus tôt.

Myir perçut, du coin de l’œil, le mouvement de tête approbateur de l’impressionnant Chagrien et ne put retenir un sentiment de fierté l’envahir. Elle était parvenue à maîtriser son angoisse de manière à dévoiler ses capacités, ce qui était une petite victoire en soi quand on connaissait les difficultés qu’elle avait autrefois éprouvé, adolescente, pour faire usage de la Force devant les Maîtres Jedi. En écoutant doctement les explications du Seigneur, Myir ne détachait néanmoins pas ses yeux de la victime, qui suait désormais à grosses gouttes et dont les traits étaient déformés par une grimace d’effroi. Toutefois, elle ne la voyait plus : le serviteur était devenu un objet, comme un mannequin d’entraînement dont elle observait le cou oppressait par la Force.

Elle relâcha toutefois la pression lorsque l’exercice lui sembla terminer. Teanu chancela sur ses maigres jambes en reprenant de grosses goulées d’air, bruyamment, ce qui fit froncer les sourcils à la Twi’lek. Le bougre n’était-il pas censé rester silencieux, histoire de ne pas les déconcentrer ? Elle détourna de lui son regard méprisant pour se concentrer sur les explications de Darth Odium. Ecraser la cage thoracique… Voilà qui serait fort impressionnant sur un champ de bataille, à n’en pas douter. Mais le Seigneur recommandait une autre technique, plus proche de la guérison en ce qu’il s’agissait d’agir à un degré de granularité beaucoup plus fin sur le corps de la victime.
Comme beaucoup de Jedi, elle avait appris les rudiments de la guérison par la Force, qui lui était utile lorsqu’elle se blessait en mission. Il était toutefois plus difficile de l’imaginer l’utiliser d’une manière néfaste, au contraire de la télékinésie qui était un pouvoir neutre et pouvait s’appliquer pour protéger comme pour attaquer. La guérison faisait plutôt appel à la luminosité du Jedi, sa sérénité. Toutefois, Myir se concentra pour écouter attentivement les explications du Seigneur, qui se voua ensuite à une démonstration… Myir sentit la Force se concentrer dans le corps de la victime apeurée. Celle-ci laissa échapper un cri avant de se tordre maladroitement en avant, ne parvenant plus à rester droit devant les Sith à cause de la douleur désagréable qui l’élançait dans son buste.
Myir acquiesça avant de se concentrer de nouveau pour agir elle-même.

- Oui, je pense que je comprends la différence, assura-t-elle avec détermination. Je vais tenter de faire de même.

Elle avait été bien sûr ragaillardie par son précédent succès, ce qui lui donnait envie de prouver une fois encore ses compétences à son supérieur. Car si Myir ne reconnaissait pas l’autorité de tous au sein de l’Empire, par méconnaissance mais aussi par méfiance – qui parmi ces seigneurs n’hésiteraient pas à trahir l’Impératrice pour une goutte de pouvoir en plus ? – Darth Odium, lui, avait acquis par son sérieux et sa compétence une loyauté certaine de la part de Myir. C’était le genre d’être dont elle pouvait accepter les ordres.

Son organe redevenu libre, le serviteur s’était lentement redressé et regardait la Twi’lek avec de grands yeux chargés d’espoir, ou bien d’une supplication silencieuse. Mais non seulement Myir n’avait jamais été douée pour comprendre ce genre de signe silencieux, mais en plus elle plaçait son entraînement bien avant le bien-être des serviteurs de l’Académie. C’était leur travail, de se soumettre, non ? Par une logique à laquelle elle ne réfléchissait pas trop, elle estimait que les serviteurs des Sith étaient là parce qu’ils l’avaient souhaité, ou mérité d’une façon ou d’une autre.

Elle tendit de nouveau sa main d’un bleu nuancé vers la victime, dont les genoux tremblèrent à nouveau. Quel organe choisirait-elle ? Un rein, un foie, un estomac, un cœur ? Que se passait-il si l’on appliquait la technique au cerveau ? Finalement, la Force l’attira vers le cœur, là où battait la vie avec une ardeur et un rythme effrénés. Elle enveloppa l’organe de son outil mystique, comme une main douce et mortelle.

(jet de sagesse, télékinésie niveau 2, j’édite dans la foulée)
(réussite)

Le cœur paniqué sembla s’accélérer encore sous la pression. Le visage de Teanu ruisselait de larmes, mais Myir était aveugle à ce fait, qui pour elle était juste une conséquence physiologique qui ne l’intéressait pas. Elle était tout entière concentrée sur la contraction des vaisseaux sanguins et des cellules du cœur de la victime. La victime n’usant pas de sa voix, elle se demanda vaguement comment elle pourrait déterminer jusqu’où devait aller la torture, quand les battements déréglés de l’organe soudain s’interrompirent.

Myir tressaillit et rencontra le regard de Teanu, dont les yeux s’étaient arrondis sous la stupeur. Il n'avait certainement pas compris ce qui se produisait. Il tenta une respiration, puis une autre, avant de s’écrouler mollement, face contre le sol.

La main de la Twi’lek resta quelques secondes suspendue devant elle, avant qu’elle ne l’abaissât sans pouvoir détacher ses yeux du corps qui s’était tassé inélégamment sur le sol. Sa gorge s’assécha tandis qu’abasourdie, elle cherchait les mots pour s’excuser de ce qui venait se passer. Mais elle ne savait plus très bien quelle émotion était la plus forte : celle de la honte de n’avoir pu maîtriser ce soudain arrêt cardiaque, ou bien la confusion qui était née en elle quand elle avait réalisé qu’elle venait de tuer.
Sans le vouloir, certes. Ce n’était même pas sa première victime : elle avait combattu et vaincu parfois à mort, même en tant que Jedi. Mais jamais elle n’avait tué de cette manière-là, sans que sa propre vie ne fût en danger. Voir ce petit corps s’effondrer lui avait fait l’effet d’une claque psychologique à laquelle elle n’était pas préparée, sans qu’elle pût même précisément mettre de mots sur ce qu’elle ressentait. Elle eut un vertige en se tournant vers Darth Odium.

- Seigneur… Pardonnez ma maladresse,
fit-elle mais sa voix tremblante trahissait sa confusion. Il… Son cœur a lâché, ce n’était pas voulu.

Finalement, elle avait tué beaucoup plus tôt que prévu.

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télékinésie de Myir réussie!

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Odium jeta un bref regard dédaigneux à Teanu, le serviteur était en souffrance. L’étouffement était un acte d’une violence extrême, aussi bien psychologique que physique. Il était la démonstration de la puissance brute de la Force, mais aussi de la… perversion psychologique de celui qui l’utilisait. Voilà ce qui avait fait de ce pouvoir un symbole de la domination Sith. Une arme redoutable et redoutée. Le chagrien fut pleinement satisfait de la prestation de la Twi’Lek.

Après quelques mots pour marquer son assentiment, cette dernière s’était lancée dans le prochain exercice. Elle ne parait pas de manière inutile, ne se vantait pas à grands renforts de cris et de moulinages de sabre. Myir rappelait à Odium son ancienne élève, Tishande, dite Tish, qui brillait par sa silencieuse efficacité. Si seulement l’ancienne jedi avait eu l’âge d’être apprentie il l’aurait sans doute prise sous son aile. Il y avait bien longtemps qu’il n’avait enseigné à une femme et finalement ces dernières s’étaient révélées correspondre beaucoup mieux à ses attentes. Une particularité de genre ? Sous doute, mais sa propre enfant Virsune avait été et continuait d’être plus turbulente que le plus mauvais des garçons. Peut-être trouvait-il cela plus intéressant car elles étaient dans l’imaginaire associées à cette douceur niaise incompatible avec l’empire Sith ? Il y avait peut-être de cela également…

Odium ignora complètement le petit cri étranglé de Teanu. Il avait de toute façon entendu l’échange entre le chagrien et Myir, il aurait se préparer mentalement à ce qui lui allait lui arriver, pourtant l’exercice connut une fin bien plus dramatique. Elle avait choisi de s’attaquer au cœur, un choix risqué. C’était un organe bien délicat. Le symbole était certes fort, mais à la moindre erreur, la mort tombait vite et sèche comme la lame d’un couperet. Avec un rein, il y avait toujours un deuxième qui pouvait fonctionner et si la douleur ne tuait pas la victime, elle pouvait toujours survivre. Le chagrien apprécia la prise de risque en se demandant si la jeune Twi’Lek avait réellement conscience qu’il en s’agissait d’un. Elle pourrait peut-être réussir sans encombre.

Ce ne fut pas le cas. Le petit cœur d’esclave ne résista pas à la pression de l’attaque de la Twi’Lek, qui n’avait pas trop mal appliqué les consignes. Il était difficile de se contrôler, et même avec un sang-froid extraordinaire il pouvait y avoir d’autres facteurs qui intervenaient dans le processus et faisaient pencher, voire chuter la balance. Le serviteur tomba sur le sol, les yeux vides et un cri muet imprimé sur ses lèvres pour l’éternité.

Odium approcha sa silhouette massive du frêle cadavre et le poussa du bout du pied. Il était bel ey bien mort. Ce n’était pas très responsable de clamser de manière aussi mélodramatique face à quelqu’un qui n’en avait pas l’habitude. Le seigneur Sith demeura impassible devant une telle indélicatesse. Ce n’était en somme qu’un retour de karma pour l’insolence de la créature. Il était cependant plus inquiet pour Myir. Cette dernière tremblait un peu. Le fait d’avoir tué, d’avoir échoué ? Un peu des deux certainement. Il était difficile de trancher, de savoir comment agir face à un élève.

- Je pense que Teanu a succombé des effets combinés de son état pitoyable dû à son hygiène de vie qui me semble bien douteuse, de la peur qui provoquait déjà des palpitations et de votre action sur l’organe, déclara simplement Odium comme s’il récitait le bottin. Beaucoup de facteurs interviennent lorsque l’on veut maintenir en vie un prisonnier tout en le torturant.

Il en était venu à la conclusion que la guerrière n’était pas seule responsable de l’incident. Il avait sans doute traité de manière un peu trop légère le cas où la victime devait être maintenue en vie. De plus, c’était encore une démonstration nouvelle de pouvoir pour son élève du jour, donc des détours encore complexes à appréhender. Odium prit une longue inspiration. Les esclaves des Sith disparaissaient aussi vite qu’ils apparaissaient, c’était la triste et morne réalité des êtres insignifiants confrontés à la grandeur. Odium tenta brièvement de compter combien d’êtres du même acabit que Teanu étaient décédés sous ses yeux. Il avait passé toute son existence sur Korriban, il ne s’en souvint pas.

- Le cœur dépend particulièrement de facteurs externes. Notre Teanu servant l’Empire Immortel des Sith au degré de la hiérarchie le plus bas, il n’est pas le plus gâté des membres. Malnutrition et punitions sévères ont affaibli son métabolisme.

La silhouette immobile sur le sol accentuait un peu cet effet. On pouvait voir un bras trop maigre s’échapper du tissu miteux qui servait de vêtement au mort.

- Il y a naturellement d’autres… considérations médicales qui entrent en compte. Fumeur invétéré ? Antécédents familiaux ? Crises cardiaques précédentes ? Pas assez de sport ? J’ai également déjà soulevé la peur comme étant un autre facteur qui peut être utile. Etre une brute ne suffit donc pas et quelques notions de médecine et de biologie sont toujours d’une grande aide.

Odium balaya d’un geste du bras les excuses de Myir, ce n’était pas utile. Les excuses étaient rarement un moyen pertinent d’ouvrir la bouche sur Korriban. Les signes de faiblesse pouvaient être trouvées jusque dans les gestes et les mots les plus infimes pour certains. Le chagrien avait conscience que la guerrière parlait ainsi car elle ne voulait pas le décevoir... C'était proprement adorable, mais inapproprié, un Sith n’avait pas à être adorable. Exception unique ou presque pour Naël, qui couplait cette caractéristique avec une folie des plus redoutables, le contraste en était saisissant.

- Vous n’avez pas à vous excuser Myir. Ce n’était pas un exercice facile et vous avez réussi en choisissant la difficulté, vous avez cependant également échoué par manque d’expérience et car je ne me suis pas étalé sur les subtilités qui dépassaient la seule technique et qui me semblaient futiles à cet instant. Au moins m’avez-vous donné de la matière à enseigner.

D’un mouvement sec il ouvrit la porte de la petite salle terne où ils se trouvaient. Il ne lui suffit que d’un signe de tête pour que les hommes armés, non des adeptes de la Forces mais des séides de l’empire, n’entrent pour enlever le cadavre de Teanu et le sortir. Il sera sans doute abandonné aux charognes nocturnes dans les sables.

- Il ne serait sans doute pas d’une prudence élémentaire que de risquer la vie d’un autre serviteur. Certes ils ont voué leur vie comme leur mort à nos desseins mais ce ne sont pas pour autant en nombre infini. Désirez-vous savoir autre chose ?
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Tout en écoutant les explications du Seigneur, Myir eut du mal à détacher enfin son regard de la masse informe qui traînait à ses pieds. Bien sûr, le serviteur était déjà en mauvaise santé avant même qu’elle en fît la rencontre et bien sûr, il risquait sa vie chaque jour où il exerçait son métier. Mais en quelque sorte, Myir avait, en provoquant sa mort prématurée, fauché quelques années de vie qui aurait pu être utilisées… A quoi ? Mieux servir l’Empire ? Aider celui-ci à faire face au reste de la galaxie ? Peu importait, finalement. C’était le pouvoir de décider de la vie ou de la mort qui l’avait déstabilisée. Les Jedi ne se permettaient que rarement un tel choix irréversible. Ils le faisaient seulement lorsqu’ils étaient sûrs de ne pas se tromper : quand c’était pour sauver sa peau ou celle d’un camarade, quand on savait que l’adversaire allait faire beaucoup de mal si on le laissait en vie. Mais quand on ne savait pas très bien, ou quand on doutait des intentions de l’autre, les Jedi ne prenaient pas de décision. Ne se mouillaient pas, comme toujours. Les Sith, eux, prenaient ces décisions irréversibles. Bon choix, mauvais choix… Qu’importait ? On ne revenait pas sur les faits. Les Sith agissaient, passaient à l’action.

Myir tentait de se convaincre intérieurement. L’ennui, c’était que tuer Teanu n’avait pas été un choix, mais un accident. Et elle détestait manquer de contrôle sur les évènements. A l’évidence, elle était donc loin de maîtriser ce pouvoir qu’elle avait cru à sa portée. La Twi’lek fronça les sourcils et ses tremblements s’apaisaient. La voix profonde du Chagrien y était sans nul doute pour quelque chose.

- Je comprends,
acquiesça-t-elle en tâchant de raffermir sa voix. Le cœur est un organe fragile… Je m’entraînerai sur d’autres organes et attendrai d’être pleinement en capacité de maîtriser ce pouvoir pour l’expérimenter de nouveau sur le cœur.

Il y avait des prisonniers, des serviteurs… voire des apprentis à la pelle à l’Académie. Elle trouverait bien quelque cobaye… qu’elle se garderait de gaspiller en les tuant prématurément, cette fois.

Myir n’ajouta rien, toutefois, car Darth Odium avait balayé ses excuses d’un geste de la main. Il n’était pas en colère qu’elle eût tué Teanu, à peine l’avait-il remarqué que pour s’en servir de manière pédagogique. Puis sur un nouveau mouvement du Chagrien, une petite porte s’ouvrit et deux gardes vinrent débarrasser le corps immobile. Ils agirent rapidement et en silence, dans la discipline et le respect. Tout était si bien coordonné, ici, finalement. Elle avait toujours imaginé l’Académie de Korriban comme une ruine sombre où les uns et les autres survivaient grâce à leurs coups bas, leur capacité de discrétion ou leur apparence dissuasive. Même lorsqu’elle avait visité la planète deux ans plus tôt, elle n’avait pu pénétrer dans l’enceinte de l’Académie. Maintenant qu’elle y était, elle se rendait compte que tout était très différent. A moins que ce ne fut son regard qui s’était transformé ?

La Twi’lek eut un mouvement du buste pour saluer le Seigneur et fit un pas en arrière pour annoncer qu’elle s’en allait. Mais au dernier moment, elle songea que ses souvenirs avaient peut-être un intérêt pour le Chagrien…

- J’ai une dernière chose à vous… Transmettre. Une information. Je ne sais si elle vous sera utile. Les Jedi ont réalisé au moins une mission, peut-être plusieurs dont je n’ai pas connaissance, pour infiltrer l’Empire et même l’Académie Sith, il y a plusieurs années. J’ai participé à l’une d’entre elles, il y a trois ans, en compagnie d’un Maître Jedi du nom d’Alycius El’dor et d’une padawan, Ylm’üri’norrhia.

Trois ans, c’était un an après le traité d’Artorias, que les Jedi avaient bien entendu violé pour mettre à bien cette mission. Ils avaient été interceptés, à l’époque, et Myir avait vécu sa première séance de torture avec les Sith. Mais ils étaient parvenus à s’enfuir. La Twi’lek ne savait pas exactement comment cela pouvait aider l’Empire, mais elle préférait ne pas garder cela pour elle. Sinon, on pourrait tout aussi bien un jour lui reprocher d’avoir dissimulé ce fait, et donc être soupçonnée d’être encore une fois une Jedi sous couverture…

- A l’époque, notre mission était d’obtenir des informations sur le développement de l’Empire, et grâce à certaines de ces missions le Conseil a pu se rendre compte de l’ampleur de l’Académie, entre autres.

Elle ne formula pas d’excuses à ce sujet. Elle avait retenu la leçon d’une part, et d’autre part la Jedi de l’époque était comme une autre personne, dont elle ne se sentait plus responsable.

- Je ne me permettrai pas de vous donner des conseils, bien évidemment. Mais la sécurité de Korriban devrait être renforcée, si je puis me permettre d’évoquer une suggestion. Les archéologues et pilleurs de tombes qui parcourent les déserts de la planète, en particulier… C’est en nous fondant parmi eux que nous étions parvenus à arpenter librement Dreshdae, ainsi que l’Académie, pour certains membres de mon équipe.

Myir se tut. Elle n’avait pas grand-chose d’autre à ajouter. Le Chagrien saurait certainement quoi faire de cette information… S’il y avait quelque chose à faire. Elle salua une nouvelle fois, prête cette fois-ci à partir pour de bon pour s’entraîner sérieusement.

- C’est tout, Seigneur Odium. Je vous remercie pour vos enseignements. La prochaine fois que nous nous verrons, je l’espère… Je serai en mesure de vous faire mes preuves.

Puis elle lui tourna le dos et quitta la pièce, le pas aussi assuré qu’elle le pouvait. Mais la mort de Teanu flottait dans son esprit comme un esprit malin.


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