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Le nuage de fumée se dissipait lentement en volutes de plus en plus abstraites mais toujours d'une élégance infinie. Ces formes éphémères, singulières, produit du vent et de l'embrasement du tabac avaient certainement encouragée davantage Siopë dans la poursuite de ce vice que la légère amertume délicieux présente sur sa langue. Elle attendit que le nuage eût complètement disparu avant de réactiver le foyer de sa pipe et d'envoyer voler une nouvelle sculpture impalpable. Confortablement installée, elle attendait patiemment l'heure de son entrevue, heure qu'elle avait eu le plaisir de fixer elle-même à l'heure du thé. Était-ce cela les joies du pouvoir ? Jouir de la possibilité de convoquer ses subalternes quand bon nous semblait ? même aux heures les plus agréables de la journée ? Quel bonheur… finis les rendez-vous qui venaient bouleverser un lourd planning de recherches et d'enseignements au prétexte que le Seigneur était indisponible à un autre moment. Désormais, c'étaient aux autres de se rendre disponibles à la demande de Darth Calliope.

Pourtant, aujourd'hui, le plaisir ne venait pas tant du constat de son influence grandissante que la promesse d'une conversation enrichissante. Darth Odium. Un meuble dans les couloirs de l'Académie depuis le temps qu'il s'y trouvait – ou du moins une armoire à glace. Il était déjà là depuis des années lorsqu'elle était arrivée sur Korriban, espérons qu'il ne lui survivrait pas. Si elle avait eu l'occasion de collaborer avec lui par le passé sur des projets archéologiques et diverses recherches, feu Darth Maeglon s'était toujours interposé lorsque le moment de la rencontre se présentait. Un autre avantage du pouvoir : avoir le plaisir de recevoir les lauriers de ses propres victoires.

Siopë avait choisi le cadre idéal à cette conversation. Au onzième étage, du côté exposé à la Vallée des Anciens Siths, un balcon spacieux, sobre puisqu'elle avait jugé le cadre suffisant pour palier le manque d'ornements. Une esclave se tenait non lin, dans une tenue propre et simple, prêt à pourvoir au moindre souhait que pouvait exprimer le Seigneur Sith déjà présent et celui qui ne tarderait pas à arriver. Deux banquettes autours d'une table oblongue, légèrement détourner pour inviter les interlocuteurs à apprécier le paysage plutôt qu'à se regarder dans le fond des yeux – chose qui eût été bien trop peu commode pour une miraluka. Sur la table, une théière encore fumante, deux tasses qui attendaient d'être remplies, divers pots contenant des herbes de toute la galaxie, des biscuits divers et variés et une coupe d'argent remplie de petites billes de substitut alimentaire. De ce qu'elle en savait, les natifs de Chagria ne goûtaient que peu aux plaisirs de la table, faute d'avoir eu les papilles brûlées par les eaux extrêmement salées de leurs océans. Bien qu'elle connaissait les origines strictement korribanites de son invité, elle préférait laisser cette marque d'attention en évidence, témoignage de son respect pour son peuple.

Pour vêtir sa personne, elle avait opté pour sa bure immaculée et la large cape qui lui était assortie. La capuche encore relevée, il n'y avait que ses lèvres, tirant sur le tube d'ébène, pour être distinguer. Allongée sur le divan, elle était satisfaite de cette ambiance, à la fois légère et extrêmement distinguée. La convocation suffisait à poser Darth Calliope dans son rôle de supérieure quand cette scène soulignerait tout le respect qu'elle avait pour Darth Odium.

Un léger sifflement incita Siopë à tourner la tête vers la porte qui venait de s'ouvrir. La haute stature ténébreuse de son hôte se présenta, elle l’accueillit avec un fin sourire.


« Seigneur Odium. Votre ponctualité nous ravit. Joignez-vous à nous. Nous avons pris la liberté de faire préparer du thé et quelques douceurs ; les conversations passionnante ayant pour habitude de s'éterniser et d'appeler la soif. Comment vous portez-vous ? »

À cette parole de bienvenue, Darth Calliope joignit un geste grâcieux d'invitation en direction du divan laissé vide. La convocation qu'elle avait adressée au Seigneur Odium avait été rédigée de sa main – un procédé désué mais auquel elle aimait recourir pour les occasions dignes d'intérêts. En plus de son encre, elle avait été écrite avec toute la courtoisie du monde, si bien que Siopë espérait voir leur relation s'amorcer sous les meilleurs auspices et voir le Darth se montrer sensible à ses marques de respect.
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Darth Odium retourna pensivement le petit papier entre ses doigts, manquant de le déchirer au passage. La taille de ses mains renforçait étrangement la finesse de la calligraphie reconnaissable entre toutes. Darth Calliope venait d’être nommée à la tête de l’académie de Korriban, elle qui avait toujours été confinée dans les archives avec son maître, illustre gratte-papier inconnu de l’histoire. Dame Calliope semblait vouloir emprunter une toute autre trajectoire. Grand bien lui fasse, il est vrai qu’en ces temps troublés il était indispensable de voir des acteurs en manque de notoriété sortir des ombres pour s’accaparer un peu de pouvoir en piétinant au passage les cadavres encore chauds qui juchaient la route de la gloire et de la reconnaissance éternelles. Mais c’était la nature des Sith, il était amusant qu’on en revenait toujours à l’ambition. Odium poussa un long soupir. L’heure du thé approchait. Il était persuadé que Siopë ne devait ce poste qu’à son « œuvre », longue épopée aux accents héroïco-propagandesques qui brossait certains seigneurs Sith dans le sens du poil.

Il avait passé une bonne partie de la journée sur les chantiers de Korriban. Ces derniers s’éloignaient de plus en plus de la vallée des seigneurs noirs, point d’orgue de la planète en matière de découvertes archéologiques. Pendant la longue absence des partisans du côté Obscur, de nombreux tombeaux oubliés avaient bafoués et pillés par des chasseurs de trésor, des contrebandiers parfois, pour tenter de débusquer des reliques perdues. Profanation et blasphème. Seuls les héritiers des Sith originels étaient dignes de toucher de leurs mains les objets de pouvoir anciens. Un nouveau tombeau avait été découvert, mais il était de petite taille. Sans doute d’agissait-il d’un seigneur inférieur, traître ou médiocre. Les lieux étaient restés inviolés, de par la situation inhabituelle des ruines recouvertes par des siècles de sable.

Mais l’heure du thé approchait. Odium se retourna, noua un épais foulard sombre pour se protéger le visage et grimpa sur le véhicule des sables, semblable à ce que les hommes des sables pouvaient utiliser sur Tatooïne (caillou sur lequel il avait mis les pieds une fois, vide. Mais il avait vaguement cru ressentir parfois sous le sol les échos d’anciennes civilisations). Il espérait que la conversation de Calliope valait quelque chose. Il avait déjà eu affaire à cette femme par le passé, toujours en lien avec l’archéologie locale. Il n’avait pas d’opinion particulière à son sujet. Ascendance royale, il était régulièrement en contact avec la mère de cette derrière, Mnémosyme, qui n’avait pas de lien avec la Force mais avait le mérite de savoir preuve de cynisme. Un trait d’esprit toujours appréciable. Autre fait, c’était une miraluka, cette race de proche humain qui avait des orbites vides en lieu et place de leurs yeux, ce qui en faisait une utilisatrice de la Force plus sensible que d’autres.

« Le onzième étage, rien que ça » Odium grimpa jusqu’au lieudit et poussa la porte. Il régnait des odeurs de pipe et d’eau chaude, ainsi que les parfums inhabituelles dont se paraient sans doute les femmes originaires de Makem Te. Elle avait disposé sa table avec soin dans ce qu’elle voulait sans doute être une marque de respect.

- Dame Calliope, répondit Odium avec une voie étrangement délicate pour un être d’une telle stature avant de s’assoir sur le divan qu’elle désignait.

Darth Calliope aimait se mettre en scène, cela ne faisait nul doute. Tout était placé selon son désir pour donner l’impression qu’elle souhaitait, ce qui la désignait comme assez calculatrice. Mais le seigneur Sith doutait qu’elle ait des intentions menaçantes ou désagréables à son égard. Non, son comportement laissait surtout apparaître une certaine maladresse dans sa théâtralité. Ce qui était fort ironique comme constat puisque Darth Odium, fils de Sith et respecté seigneur de guerre, s’était entêté à suivre à la lettre la longue liste des clichés sur le comportement des Seigneur Sith, allant jusqu’à modeler son apparence. Sa peau bleue chagrienne avait disparu sous un rouge écarlate et zébrures sombres. Ses cornes s’étaient encerclées de fer. Autant de modification pour faire de lui un être terrifiant, lui qui était bien plus… posé que certains de ces homologues.

- Je vous renvoie vos compliments et vous remercie de l’invitation (il n’avait pu s’empêcher d’insister sur ce dernier mot avec une pointe de sarcasme). Nous n’avons jamais eu l’occasion de discuter de manière plus longue auparavant si mes souvenirs sont bons. Comment se porte votre mère ? Dame Mnémosyme est très respectée au sein de l’institut. Mais tout cela vous le savez déjà.

Tout en parlant, Odium saisit prudemment une petite tasse pour en verser une bonne quantité de sa tasse. Le liquide chaud serait bien fade et il devait être assez comique de le voir tenir un si petit et délicat et objet, mais les seules personnes qui en allaient être les heureux témoins étaient une aveugle et un frêle esclave aisé à balancer par-dessus le balcon.

- Je suis surpris de votre petit mot, à vrai dire, poursuivit-il d’un ton onctueux. Vous devriez savoir que si la tête de l’académie n’est pas très courue, c’est que les professeurs acceptent de former les cervelles vides parce qu’ils veulent bien, non pour obéir à un contrat ou à quiconque.

Il avait employé un ton bien aimable, mais parfois il fallait se méfier de ces voix trop douces. Elles ne servaient qu’à insister sur la réalité des propos.

- Mais ne partons pas sur de mauvaises bases, et dites-moi plutôt de quoi vous souhaitez vous entretenir, très chère dame.
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« Dame Calliope » 

Un géant ténébreux lézardé des stries noires, traditionnelles du Côté Obscur. Entre ces zébrures, Siopë ne pouvait que s'imaginer ce rouge qu'arborait les Anciens Siths. Dans un monde qu'elle ne percevait que dans des nuances de gris, d'obscurité et de clarté, le résultat de ce que s'était infligé son homologue n'en était pas moins saisissant. Elle se dit, amusée, que finalement, dans son divan, elle était une petite joueuse pour ce qui était de se mettre en scène et de s'élancer sur les planches. Pour autant accepterait-elle de s'infliger pareils stigmates ? Jamais. Oh oui, le résultat était là. Darth Odium était un géant menaçant, superbe au premier sens, à la fois terrible et splendide, mais c'était tout ce qu'il pouvait être à présent. Plus jamais il ne pourrait être mystérieux, discret, diplomate. Non. Désormais, il était Sith et terrifiant. Réduit, de son propre fait, à cette seule facette de sa personne que, pourtant, Siopë devinait bien plus complexe.

La Seigneur le regarda se servir du thé, l'imita, et le but de concert avec lui, le coude du bras tenant la tasse bien calé sur le fauteuil, l'autre main occupée à tenir l'assiette. Le chagrian n'avait pas claqué des doigts pour que l'esclave la lui versât. Il n'était pas de ces Siths qui s'imaginaient à ce point d'importance qu'il se devait de ne se livrer à aucune basse besogne. Entre ses mains immenses, la tasse, finalement, devenait une représentation de celui qui la tenait. Sublime objet conscient de sa propre fragilité. Même si leur entrevue avortait, au moins, Siopë en sortirait inspirée pour mille peintures.


« Je vous renvoie vos compliments et vous remercie de l’invitation. Nous n’avons jamais eu l’occasion de discuter de manière plus longue auparavant si mes souvenirs sont bons. Comment se porte votre mère ? Dame Mnémosyme est très respectée au sein de l’institut. Mais tout cela vous le savez déjà. »

Siopë sourit à l'évocation de sa mère. Il est vrai que les deux matriarches de la famille Los Los avait su s'en tirer parmi les Siths. Parfois, même, la fille enviait la mère de pouvoir tranquillement s'adonner à ses recherches et ne pas se perdre en méandre politiques et administratifs.

« Effectivement, nous n'avions jamais eu l'occasion de se parler ainsi, de vive voix, et nous ne vous cachons pas le plaisir que cela nous procure. Feu notre Seigneur vous portez en très haute estime. Par ailleurs, notre mère se porte à merveille. La dernière fois que nous l'avons vu, elle envisageait de demander des fonds pour rouvrir et reconstituer la tombe d'Ajunta Pall. Elle veut absolument rendre à la vallée des Siths la splendeur qu'elle avait encore au temps de Revan. Nous sommes tout à fait d'accord avec ces ambitions, d'ailleurs, et nous n'hésiterons pas à appuyer sa demande si jamais notre Impératrice ou le Seigneur Laduim venait à nous consulter sur cette question. »

Siopë marqua une pause qu'elle souligna d'un sourire et Darth Odium poursuivit:

« Je suis surpris de votre petit mot, à vrai dire. Vous devriez savoir que si la tête de l’académie n’est pas très courue, c’est que les professeurs acceptent de former les cervelles vides parce qu’ils veulent bien, non pour obéir à un contrat ou à quiconque.

Le sourire de Siopë s'accentua. Le mâle avait sa fierté. Il avait été vexé d'être convoqué. Soit, c'était elle la supérieure à présent ici, non ? Elle devait tenir son rôle si elle voulait un jour être respectée pour son génie et non plus simplement pour avoir su se faire les bonnes amies.

« Ni pour obéir, ni par contrat ? Et pourtant, ne sommes-nous pas ici vous et nous ? À remplir tous deux des fonctions exigées de nous par une Impératrice qui nous est supérieure ? Ne croyez pas que nous avons pris un malin plaisir à vous faire venir ainsi, Seigneur Odium. Nous n'accomplissons rien de plus que ce qu'il nous a été donné d'accomplir. »

Darth Calliope, comme pour signifier la simplicité du rapport qu'elle voulait entretenir avec lui, laissa tomber la capuche qui cachait jusque là son visage. Ses cheveux étaient rassemblés en un chignon simple, des mèches irrégulières encadraient son visage. Elle aurait pu rendre la situation bien plus formelle, se draper dans sa tenue de cérémonie, arborer une coiffure bien plus pompeuse mais non. Aujourd'hui, c'était dans la plus grande simplicité, du moins dans la simplicité qu'elle pouvait se permettre en tant que Seigneur qu'elle avait décidé d'accueillir son homologue.

« Mais ne partons pas sur de mauvaises bases, et dites-moi plutôt de quoi vous souhaitez vous entretenir, très chère dame. »

Siopë acquiesça, souriante à nouveau. Un individu ouvert d'esprit et sympathique. C'était une chose tellement rare entre ces murs.

« Nous ne nous perdrons pas en longues circonvolutions, Seigneur. Si nous vous avons fait venir, c'est parce que nous connaissans l'attachement que vous avez à la formation de nos apprentis, l'effort et l'investissement dont vous avait fait montre dans ce domaine. Le modèle que Darth Orn avait encouragé jusqu'à était celui-ci de l'égoïsme et de la trahison. Comment espérait-il que l'Ordre Sith se trouve renforcé par les coups-bas et les savoirs cachés ? Nous voulons encourager ici un enseignement de qualité, un enseignement des arcanes obscurs les plus complexes, un enseignement qui fera de notre nation, l'Empire, une force inébranlable.

Le ton qu'avait employé Siopë se voulait déterminé quoiqu'un peu emporté par la passion. Sa volonté de rompre avec l'ancien modèle, elle avait toujours dû la garder secrète. À présent, bénéficiant de l'appui de la Dame Noir elle-même et de l'influence de son poste, elle ne se retiendrait plus et oeuvrerait pour le bien de l'Empire Renaissant, afin d'y laisser une emprunte indélébile pour des siècles et des siècles. Elle laissa une pause, et reprit plus calmement.

« Êtes-vous en accord avec notre pensée jusque-là, Seigneur ? »
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Darth Calliope ne semblait pas être le genre de femme qui perdait de son charme ou de sa beauté avec le temps, au contraire. Naktis l'observa avec intérêt. On rencontrait peu de miraluka dans la galaxie, cette race de proche-humains ayant frôlé la disparition après le génocide enclenché par Darth Malak. La cécité semblait rendre les êtres plus sensibles à la Force. Pourquoi ? Si elle parvenait à rendre les autres sens comme l'ouïe plus fins, la Force était-elle un sens comme un autre ? Dans ce cas-là un pratiquant de la Force sourd ou muet était aussi doué de capacités plus puissantes. Mais le chagrien ne connaissait peu d'êtres ayant ce type de handicap. A vrai dire les Sith méprisaient toute forme de faiblesse, et ces handicaps en faisaient parti. Pour les miraluka, il s'agissait d'une caractéristique de leur race et donc d'autre chose.

Elle parlait doucement, de cette voix et ce rythme particuliers qu'usaient ceux qui ne parlaient pas naturellement, comme les acteurs. Elle ne parlait pas de manière naturelle, mais tous les seigneurs Sith étaient en soi plus ou moins des acteurs. Darth Odium lui-même avait marqué sa peau comme un costume éternel et extrême. Ce qui le frappa le plus cependant, ce fut l'usage de ce nous, ce nous royal qui confirmait son ascendance aristocratique. Il n'avait entendu que peu de gens qui parlaient ainsi. Entre ses délicates lèvres, ce nous avait quelque chose de très exclusif.

- C'est très noble de la part de dame Mnémosyne. Les Sith vivant loi de Korriban n'ont pas conscience de la richesse de la planète pour notre histoire. Ce n'est certainement pas eux qui dépenseraient des crédits et du temps pour Ajunta Pall. Doter les tombes de leur splendeur d'antan rappellera sans doute à beaucoup d'où les Sith viennent, et surtout, où nous devons aller, ne pensez-vous pas ?

Il avait parlé avec un mépris à peine voilé, mais il n'y avait aucun risque. Siopë était elle-aussi une résidente de longue durée du berceau des Sith. Son long travail aux archives et l'influence lui avaient octroyé un attachement spécial au passé, Darth Odium n'en avait aucun doute. Les réformateurs souhaitaient aller de l'avant en se séparant du passé, mais nul ne pouvait aller bien sans connaître ses origines. C'était un constat presque psychologique.

- Je souhaite à votre mère toute la réussite de ses projets.

Odium n'écouta que d'une oreille distraite Darth Calliope en plongeant son regard dans le fascinant paysage des falaises interminables qui ornaient l'extérieur de la fenêtre. A vrai dire il n'avait pas reçu d'ordre particulier de l'impératrice pour enseigner aux coquilles vides qui débarquaient sur Korriban ce qu'il savait sur la Force. Suite à ses blessures il était resté quelques années hors circuit, dans une retraite solitaire sans pour autant avoir particulièrement manqué aux apprentis. Il était courant que des guerriers ou seigneurs viennent enseigner pour dégoter des jeunes talents et les éduquer. S'il était là c'était parce que c'était sa maison, littéralement. Et hormis l'impératrice et sans doute la main noire, Naktis ne considérait pas avoir de réels supérieurs. Seigneur Sith était le haut de la pyramide. Mais dame Calliope semblait bien trop satisfaite de ce nouveau fantoche qu'on lui avait attribué pour avoir envie de le comprendre, ce qui risquait de lui causer quelques déconvenues avec des Sith au caractère plus réfractaire.

« Si vous le dites » songea Odium face aux paroles bien sibyllines de la miraluka. Il avait déjà amorcé la situation en prenant un ton plus affable. Calliope avait beau être une bibliothécaire, elle était toujours seigneur Sith et pouvait peut-être devenir une alliée utile. Elle était le genre de femme qui savait ce qu'elle voulait, ce qui était toujours une bonne chose quand on évoluait dans un panier de crabe comme l'empire.

Il se re-concentra sur la femme qui lui faisait face. Elle attaquait dès à présent le cœur de leur rencontre. Il s'agissait de l'éducation des charmants suppôts du mal au sein de l'académie. Darth Orn et le code Sith pouvaient sembler déstabilisants. Il était vrai que l'on pouvait aisément se demander comment une société pouvait être bâtie et tenir sur des bases telles que l'égoïsme, la violence et le pouvoir ? Et pourtant…

- Vous n'êtes pas très précise belle dame. Certes les préceptes de Darth Orn peuvent sembler cruels et désordonnés mais ils se sont révélés efficaces. Il ne faut pas oublier que le côté obscur est de telle nature que la traîtrise fait partie de notre comportement le plus viscéral. Les derniers événements m'ont plutôt prouver qu'il valait mieux mettre sur leurs gardes les apprentis le plus tôt possible, sinon ils ont tendance à se ramollir. Nous ne voulons pas en faire de faibles padawans ayant peur du sang, n'est-ce pas ?

Darth Odium songea à Darth Jugal, l'ancien grand inquisiteur. Il avait voulu trahir l'impératrice qui s'était jouée de lui avec la facilité d'un pantin. Il était mort et pourrissait au fond de sa tombe. Le chagrien songea à son dernier apprenti qui l'avait trahi alors que deux des autres étaient resté dans l'empire et gagnaient du galon. Ce n'était pas une question d'éducation mais de nature. Il avait été très, trop ambitieux, et avait attaqué trop tôt. Il l'avait mutilé pendant la bataille et avait perdu sa vie. Puisse sa misérable carcasse être dévorée par les créatures innommables qui erraient dans les sables de Korriban la nuit tombée. Il aurait pu être grand.

- Mais mettons que je vous suive jusqu'ici. Mettons, car naturellement je compte que mes chers coquilles vides et faibles finissent par devenir des soldats puissants pour l'empire. Dites-moi donc votre conception d'une éducation de qualité, seigneur Calliope.

Allait-être émettre des idées semblables à celles de Laduim ? Était-elle une réformatrice ? Ce serait étrange que de voir naître une créature de cette espèce au milieu des dunes millénaires de Korriban. Mais dans cet univers l'impossible semblait toujours se réaliser avec une abnégation proche de la malédiction aléatoire.
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« C'est très noble de la part de dame Mnémosyne. Les Sith vivant loi de Korriban n'ont pas conscience de la richesse de la planète pour notre histoire. Ce n'est certainement pas eux qui dépenseraient des crédits et du temps pour Ajunta Pall. Doter les tombes de leur splendeur d'antan rappellera sans doute à beaucoup d'où les Sith viennent, et surtout, où nous devons aller, ne pensez-vous pas ? » 

Au ton méprisant, Siopë répondit par une moue exaspérée et un petit mouvement de la main qui aurait volontiers envoyer valser tous ces idiots pourvu qu'elle en eût eu la possibilité.

« Vous prêchez là une convaincue, mon cher. Et le peu de gens qui connaissent notre histoire en tire des raisonnements fielleux et des principes biaisés ; à croire qu'ils ont confondu la voie des Siths et celle du gizka ! »

« Je souhaite à votre mère toute la réussite de ses projets.

– Soyez assuré que, si d'aventure vous ne la rencontriez pas avant nous, nous saurons lui faire entendre tout le bien que vous pensez d'elle – elle en sera ravi.

Siopë était sincère, bien que le terme de noble n'était pas venu spontanément pour qualifier le travail de sa mère, pour autant il fallait en reconnaître la qualité et la pertinence. Intellectuellement, même si elle n'aimait pas avoir à lui dire directement, elle avait été son mentor et elle l'avait été brillamment.

« Vous n'êtes pas très précise belle dame. Certes les préceptes de Darth Orn peuvent sembler cruels et désordonnés mais ils se sont révélés efficaces. Il ne faut pas oublier que le côté obscur est de telle nature que la traîtrise fait partie de notre comportement le plus viscéral. Les derniers événements m'ont plutôt prouver qu'il valait mieux mettre sur leurs gardes les apprentis le plus tôt possible, sinon ils ont tendance à se ramollir. Nous ne voulons pas en faire de faibles padawans ayant peur du sang, n'est-ce pas ? Mais mettons que je vous suive jusqu'ici. Mettons, car naturellement je compte que mes chers coquilles vides et faibles finissent par devenir des soldats puissants pour l'empire. Dites-moi donc votre conception d'une éducation de qualité, seigneur Calliope.

Même si la réduction de sa pensée à une chose aussi absurde agaça un peu la Seigneur des Archives, elle n'en montra cependant rien. Le raisonnement par l'absurde était une chose efficace et, finalement, cela lui rappelait ses longues conversations avec feu son Maître, lorsque l'un et l'autre s'amuser à accumuler les raccourcis pour rendre littéralement fou l'autre et l'un.

– De grâce, Seigneur Odium, ne mettez pas dans notre bouche des propos que nous n'avons pas tenu. Que nous voulions montrer à nos élèves un autre modèle que celui de la folie furieuse de feu le Seigneur Noir ne veut pas dire que nous voulons en faire les moutons candides qui sortent en bataillon du Temple d'Ondéron. Apprendre à chacun de se prévenir de toute traîtrise n'engendre pas qu'il faille apprendre à chacun à user de celle-ci pour « se faire plus fort » qu'il n'est en réalité. Citez-nous une seule trahison qui servit la cause des Siths. Le Seigneur Kressh, en trahissant le Seigneur Sadow, parvint à détruire toutes les chances de survie de l'Empire du Seigneur Ragnos, la République n'eut plus qu'à souffler sur les dernières poussières Siths pour les balayer. Le Seigneur Kun, en trahissant le Seigneur Qel-Droma, entraîna joyeusement sa propre fin. Darth Malak mit fin à la volonté de Revan et parvint à perdre la Forge Stellaire. Vous faut-il d'autres exemples ? La trahison est l'arme du faible, elle est un couteau planté dans le dos par le félon pour tenter d'abattre le géant. Que le félon réussisse et il usurpera un manteau qu'il ne sera pas capable d'assumer, que le géant ne soit pas préparé et il survivra mais non sans en sortir amoindri. Les Siths ont à s'épanouir dans l'adversité, indéniablement nous en sommes venues à terrasser notre Maître, mais ce n'était pas par traîtrise. Nous l'avons prévenu, nous avons choisi le lieu et l'heure, et le Côté Obscur adouba son vainqueur. Nous ne pensons pas, dès lors, avoir usurpé le titre de Darth Maeglon, Siopë marqua une légère pose, le temps d'une gorgée de thé et reprit, nous sommes pourtant curieuse d'entendre vos idées à ce sujet, Seigneur Odium. Nous ne sommes pas prétentieuse au point de ne pas reconnaître l'expérience qui est la vôtre et la sagesse que les années ont pu vous apporter de plus qu'à nous.

Pour autant, nous ne voulons pas tourner le dos à nos antiques traditions, vous le savez. Nous croyons que Marka Ragnos a su intelligemment conseiller ses héritiers mais que ceux-ci n'ont jamais été à sa hauteur et capable d'entendre sa raison. La plus ferme méritocratie doit régner dans nos rangs, seulement les meilleurs ont le droit de s'élever dans nos rangs, mais chacun doit bénéficier de sa chance. Qu'importe la naissance et l'origine, chacun doit faire ses preuves. Nos propres filles ne bénéficient d'aucun traitement de faveur de ma part, et nous savons qu'il en va de même pour vous. La passion doit être une arme, elle ne doit pas nous gouverner. Quel intérêt pour un Sith à étriper le premier esclave venu ? Sortira-t-il plus fort d'avoir couper en deux des forêts de larves insignifiantes ? Non, il sera tellement enivré par son propre orgueil qu'il s'imaginera sottement tout puissant ; alors un autre viendra, plus sage, plus méritant, et il lui fera mordre la poussière et lui rappellera l'humilité. Quant à cette course folle pour la puissance dans laquelle chacun se lance, nous vous poserons cette question : à quoi bon ? Quel intérêt a eu Naga Sadow de savoir faire s'effondrer le cœur d'une étoile, lui qui n'a même pas su assurer sa propre survie ? »


Le ton de Siopë s'était fait convaincu et passionné, sans se laisser aller à des élans ridicules, pour autant cela ne faisait aucun doute que ce sujet lui tenait à cœur et que sa volonté de rendre son Âge d'Or aux Siths étaient bel et bien sincère. Elle but encore une peu, et renvoya la balle :

« Mais nous monopolisons la parole alors que nous vous avions conviés pour une discussion. Nous nous taisons donc un peu afin de vous laisser le loisir de répondre.

Un léger sourire et Siopë porta à nouveau la tasse qu'elle tenait à ses lèvres. Gardant son visage tourné vers le Sith bien que son attention alla se perdre un peu vers le lointain.
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Darth Odium leva un sourcil circonspect vers l'élégante miraluka, une expression faciale fugitive. Il était vaguement surpris que dame Calliope ait pris son ton pour de l'impertinence, comme son geste fatigué le laissait entendre clairement. Lui qui avait été si sincère à propos du travail de Mnémosyne. Mais d'un autre côté, la fougue de la seigneur Sith prêtait à sourire. Le feu habitait toujours les membres les plus dévoués de l'Empire. Siopë lui assura que ses mots tomberaient dans l'oreille de sa mère, ce qui était tant mieux. Odium aimait avoir une bonne relation avec les personnes qui avaient les mêmes croyances que lui, même si ces dernières avaient une influence limitée de par leur absence d'affiliation avec la Force. Il remercia son interlocutrice d'une tête avant de tremper ses lèvres dans le thé qui tendait à refroidir.

C'était une pensée intéressante. Naktis n'était pas un idiot. Darth Calliope n'était pas non plus la première à en faire la remarque, à poser le doigt sur ce paradoxe caractéristique de l'empire Sith qui l'avait empêcher depuis toujours de gagner totalement. La trahison coupait court aux ambitions les plus fortes et les plus prometteuses, surtout quand l'élève s'avérait moins brillant que le maître. Tous les empires, les pouvoirs tombés cités par la dame des archives étaient exacts, il ne pouvait en être autrement d'une bibliothécaire. Sans doute connaissant-elle de chaque livre dont elle tirait son savoir, sans doute était-elle de de retrouver chaque passage auquel elle songeait en construisant ses arguments. Mais il y avait un monde entre la théorie et l'histoire, et l'esprit véritable des enfants qui se forgeaient dans le côté Obscur. Darth Odium choisit avec un soin énorme ses prochains mots.

- Je ne peux naturellement contredire l'histoire telle qu'elle est gravée dans la pierre immuable de Korriban, belle dame. Toujours les grands seigneurs ont connu une chute brutale par des mains que l'on a considéré comme moins capables, certes. Il serait aisé de s'opposer à cet argument. Chaque apprenti a dû voir une faiblesse dans leurs maîtres pour se permettre de les annihiler brutalement. Dès lors le clergé clamerait que le déclaré Seigneur des Sith n'était qu'un leurre, et qu'un autre viendra pour définitivement asseoir notre ordre au sommet comme le chantent les anciens textes. Mais ne nous étalons pas là-dessus.

Le chagrien considérait comme peu probable qu'un apprenti ait réellement pu surprendre un maître Sith, il n'accordait donc que peu de valeur aux assertions de Darth Calliope. Lui-même avait toujours senti que son ancien apprenti avait un penchant net pour la trahison, pour le pouvoir. Il avait tenté de l'attaquer par surprise sans pour autant parvenir à l’abattre. Non, les seigneurs Sith assassinés étaient simplement arrivés au maximum de leur ascension, et l'élévation les avait vieilli avant l'heure. Il ne leur manquait qu'une marche à gravir pour atteindre l'apothéose qu'ils rêvaient et les apprentis avaient flairé la faiblesse aussi certainement qu'un chien flaire un os. Ils avaient pensé pouvoir gravir cette marche en lieu et place de leur maître, mais finalement ce dernier pas s'était révélé le plus haut et le plus inaccessible. Odium ne décidait pas se lancer dans une tirade pour déterminer les raisons d'une trahison. Il connaissait trop bien ce chapitre et chassa les pensées qui obscurcissaient son esprit en effleurant de sa large main la prothèse qui remplaçait la jambe de chair qui était perdue depuis des années maintenant. Dans certains cas du passé il ne pouvait naître rien de bon.

- Mais j'ai bien peur que vous ayez mal compris mes inquiétudes. En vérité je me demandais surtout comment vous comptez métamorphoser ce qui tient plus d'un comportement naturel qui naît de la corruption du côté Obscur que d'une quelconque éducation ? A vrai dire je n'ai aucun cours qui tourne autour de la trahison. Mes élèves franchissent le pas entre confiance en eux qui mène à la victoire et au pouvoir et l'hubris d'un profond ridicule sans que personne ne les pousse particulièrement sur cette voie. Ils finissent d'ailleurs généralement par mourir de manière imprévue alors que certains possédaient un potentiel remarquable ; J'ai même bien peur qu'ils s'encouragent plus entre eux que moi-même à des comportements très limites.

Virsune, la fille de Darth Odium, était de cette nature. Forte tête, redoutable compétitrice jusqu'à, même s'il ne se l'avouait pas de gaieté de couer, la stupidité, la jeune chagrienne était tombée dans un ravin des années plus tôt. Elle avait miraculeusement survécu grâce à son abnégation. Mais en retour, elle devait traîner un corps brisé qui demeurerait durant son existence plus fragile qu'il ne devrait être. A quoi s'était-il toutefois attendu en baptisant son aimable enfant du mot Sith qui signifiait « violence ». Darth Odium posa sa tasse vide qui émit un délicat tintement de porcelaine lorsque cette dernière toucha la table basse finement ouvragée à ses pieds. Il planta son regard dans les orbites vides de la miraluka, ce qui était une bien inconfortable expérience. De ses yeux inexistants ne semblaient émettre qu'une aura de mort. Mais le chagrien n'en laissa rien paraître, trop concentré par son discours.

- J'ai l'impression que nous sommes de la même race de Sith. Celle des raisonnables, des penseurs, des intellectuels. Mais tous nos camarades ne sont pas de la même veine, loin de là. Tous nos camarades sont incapables de penser pour l'empire comme nous le faisons si ce n'est pas pour servir leurs intérêts propres. Il y a une éternelle question qui rôde autour du côté obscur : sommes-nous tombés dans les ténèbres à causes de nos actes, ou est-ce parce que nous sommes dans les ténèbres que nos actes sont de telle nature ? C'est sans doute ce que l'on devrait appeler une question de déterminisme. Pour beaucoup la question du « à quoi bon ? » n'effleure même pas leur esprit. Je suis persuadé que c'est parce que l'Obscur est ancré avec tant de force en certains, les jedi noirs par exemple, qu'ils n'ont qu'une conscience toute relative de leurs agissements. Et si leurs agissements tiennent plus de la nature que de la culture, que comptez-vous y faire?

Odium se demandait si les autres seigneurs Sith, du moins certains d'eux, seraint d'accord avec lui, ou même s'ils comprendraient à quel phénomène complexe il faisait référence. C'était ce genre de philosophie qui amenait à des clivages intellectuels qui pouvaient sérieusement secouer les bases d'un empire. Le seigneur Sith n'était donc pas chagrien à affirmer tout haut certains avis. Mais le boudoir de Darth Calliope était tout indiqué pour ce genre de discussion.
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« Mais j'ai bien peur que vous ayez mal compris mes inquiétudes. En vérité je me demandais surtout comment vous comptez métamorphoser ce qui tient plus d'un comportement naturel qui naît de la corruption du côté Obscur que d'une quelconque éducation ? A vrai dire je n'ai aucun cours qui tourne autour de la trahison. Mes élèves franchissent le pas entre confiance en eux qui mène à la victoire et au pouvoir et l'hubris d'un profond ridicule sans que personne ne les pousse particulièrement sur cette voie. Ils finissent d'ailleurs généralement par mourir de manière imprévue alors que certains possédaient un potentiel remarquable ; J'ai même bien peur qu'ils s'encouragent plus entre eux que moi-même à des comportements très limites. J'ai l'impression que nous sommes de la même race de Sith. Celle des raisonnables, des penseurs, des intellectuels. Mais tous nos camarades ne sont pas de la même veine, loin de là. Tous nos camarades sont incapables de penser pour l'empire comme nous le faisons si ce n'est pas pour servir leurs intérêts propres. Il y a une éternelle question qui rôde autour du côté obscur : sommes-nous tombés dans les ténèbres à causes de nos actes, ou est-ce parce que nous sommes dans les ténèbres que nos actes sont de telle nature ? C'est sans doute ce que l'on devrait appeler une question de déterminisme. Pour beaucoup la question du « à quoi bon ? » n'effleure même pas leur esprit. Je suis persuadé que c'est parce que l'Obscur est ancré avec tant de force en certains, les jedi noirs par exemple, qu'ils n'ont qu'une conscience toute relative de leurs agissements. Et si leurs agissements tiennent plus de la nature que de la culture, que comptez-vous y faire? » 

Des penseurs, des philosophes. Quelle pensée audacieuse au sommet de l'Académie. C'était agréable de pouvoir tenir une conversation avec autre chose qu'un étalon en rûte. Bien sûr, Siopë n'était pas en accord absolument d'accord avec son homologue. Fallait-il qu'il y eut une leçon intitulée « De la trahison du Maître par l'Apprenti impotent » pour admettre que celle-ci était érigée comme un modèle ? Le Seigneur Hord avait-il réellement perçu une faiblesse lorsque le Seigneur Sadow s'était replié dans l'espace Sith, poursuivi par l'Impératrice de Cinnagar, et qu'il l'avait attaqué, de façon fort mesquine, pour se venger de ne pas avoir été Seigneur Noir ? Si les Seigneurs Siths, à ce moment précis, avaient opté pour la Raison plutôt que la gloriole, l'armée coalisée eut été éradiquée. L'Empire de Ragnos pérennisé. Les Siths des gens de valeurs.

« Seigneur Odium, sans en avoir l'air, vous abordez là un sujet si complexe que nous doutons sincèrement que l'heure du thé suffise à en faire le tour. De l'inné et de l'acquis. De la domination de l'esprit sur le corps ou de la matière sur la forme ? Déterminisme naturel ou social ? Tant de moyens de traiter ce sujet si peu de temps pour le faire. Qu'en dire brièvement alors ? Accordez-nous cinq secondes pour y songer. »

Siopë but tranquillement encore un peu de sa boisson avant de reprendre.

« Nous ne pensons pas qu'aucun de nous soit de nature « à trahir » son prochain au prétexte que nous soyons Sith. Pourquoi ? Première raison, nous devrions sinon nous considérons comme n'appartenant pas à cet Ordre, et c'est l'évidence même que cette idée nous déplaît, un sourire, de plus, l'idée de « nature » suggère que la génétique est, quelque part, responsable de ce phénomène. Est-il alors raisonnable de penser que les anciens Siths et l'ensemble des espèces de la Galaxie ayant répondu à l'appel de l'Ordre ont un gêne en commun qui serait celui de la trahison ? Non… Ce n'est pas raisonnable.

Peut-être est-ce alors une influence qui émane du Côté Obscur lui-même ?
Siopë but une nouvelle gorgée. Mais alors nous entrons en contradiction avec nos propres croyances. La Force n'est-elle plus un outil pour les Siths ? Est-ce que l'usage d'un outil peut corrompre la nature d'un être ? Le marteau a-t-il un jour rendu meilleur l'ouvrier ? La faucille a-t-elle rendu plus mauvais le fleuriste ? Aucune intention n'agite l'énergie, l'électricité ne poursuit aucune fin, pas plus que le vent ou la chaleur. Pourquoi la Force, au prétexte que cette énergie dépasse notre compréhension de la physique, suivrait une règle différente ? Sommes-nous ses jouets, ou ses Maîtres ?

En réalité, l'excuse de la corruption est bête moyen, pour les faibles d'esprit et de caractère, pour se dédouaner de leur manque de persévérance et de courage. Qu'un élève vienne, après de nombreuses années, à dépasser le Maître en force, en sagesse et en charisme, il n'aura alors qu'à faire plier le genou de son mentor dans un duel pour le prouver à tous et là, ayant vaincu l'ancien dans sa pleine puissance, il démontrera sa propre supériorité sans qu'aucun doute ne soit possible.

Dès lors, comment favoriser cela ? Comme nous l'avons toujours fait. Ériger un nouveau modèle, vanter les mérites de tel héros plutôt que de tel autre. Créons-les s'il le faut ! Nous ne remettons pas en doute la nécessaire méritocratie qui a toujours été au cœur de la pensée Sith. Nous ne revenons pas sur la Loi du plus fort ; au contraire, nous lui rendons ses lettres de noblesse.

Et puis, entre nous, même si le Code Sith n'est qu'un triste reflet de son homologue Jedi et que l'envie nous prend souvent de lui donner un côté plus noble, plus épique, à notre connaissance nous n'y trouvons aucune trace du terme « trahison » ; alors pourquoi continuer à la tolérer ? Qu'on nous laisse remplir nos couloirs des bons tableaux, qu'on nous laisse ériger les plus hautes statues de ce monde,  »


Siopë sourit à nouveau, par-dessus sa tasse. Le Seigneur avait l'amabilité de soutenir son regard sans ciller plutôt que de le détourner avec un rictus de dégoût, c'était une chose agréable. Pour un peu, le Seigneur en oublierait presque qu'elle venait d'énoncer des principes tout à fait hérétique en face d'un de ses homologues qui, si l'envie lui prenait, aurait pu dès lors la provoquer en duel jusqu'à ce que la mort de l'un ou de l'autre des belligérants ne déclare son valeureux adversaire comme ayant eu raison. Une débat philosophique à la façon Sith, what else ?
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D'une main habile, Darth Odium se resservit du thé. Le liquide encore brûlant s'écoula lentement dans la délicate tasse de porcelaine avec un bruit apaisant. Il était rare de pouvoir discuter de sujets aussi vastes, même au sein de Korriban qui s'était imposé conne le centre culturel et intellectuel de l'empire, ou du moins tentait de l'être avec force et abnégation. Dame Calliope prenait elle aussi plaisir à entretenir ce type de conversation, au moins existait-il encore des heureux à disserter autour de sujets complexes. Il se demandait quelle était la finalité de leur discussion. Les seigneurs Sith n'avaient pas pour habitude de refaire le monde de manière aléatoire. Non. C'était un bras de fer, un bras de fer relativement civil et amical, mais un bras de fer tout de même.

- Malheureusement, il est tout aussi difficile de réformer l'éducation de notre chère académie autour d'un thé, rétorqua tranquillement Odium.Mais je suis certain que vous arriverez à trouver le temps nécessaire pour apporter une réponse.

Naktis n'avait pas fait référence à un quelconque gène de la trahison. C'était ridicule. Non il faisait référence à quelque chose de moins terre-à-terre que les gènes, quelque chose de presque mystique et en quoi pourtant Odium avait une croyance. Mais Siopë semblait considérer cette version des choses comme les pensées dignes d'un lâche. Ce point était compréhensible. N'était-il pas plus simple pour un jedi aveuglé par son ambition que de se croire manipulé par un côté Obscur maléfique qui serait venu vous pousser à commettre les actes les plus immondes alors qu'au fond, vous êtes resté avec l'innocence immaculée d'un agneau ?

- Mais vous devez admettre qu'il est difficile de reconnaître que la Force diffère d'un simple outil de par un simple constat. Si la Force n'était qu'une épée, il serait impossible de différencier une épée qui a fait le mal d'une épée qui a protégé les innocents, comme se plaisent à encenser les jedi. Pourtant ces derniers sont capables de ressentir les caractéristiques du côté obscur, tout comme nous en faisons de même avec leurs propres pouvoirs. Si nos pouvoirs sont marqués de cette empreinte,ils dépassent leur statut d'outil pour nous définir et dès lors comment nier que nos actes et nos croyance finissent par façonner notre caractère ?

Myir Alshain avait encore les traces du côté lumineux. Elles flottaient au fond d'elle comme une odeur nauséabonde.

- Un outil qui ne nous a jamais empêché d'ériger des temples en son honneur. Ce n'est que pour asservir les esprits médiocres, soit, mais le procédé est malsain et confusant.

Darth Odium laissa le silence flotter une minute, pour se concentrer et reprendre toujours de ce ton docte et explicatif. Décidément, c'était une conversation qui tenait plus de l'opinion que d'un avis scientifique. Seule l'habileté rhétorique viendrait à faire plier son interlocutrice, ou à le faire plier. Mais le Sith n'était pas de nature à s'avouer vaincu. Il arrivait un âge où les certitudes n'étaient pas aisément modulables et restaient ancrés dans l'esprit avec la netteté et la durabilité d'un tatouage.

- De là à définir si nous en sommes jouets ou maîtres, je n'aurais pas l'outrecuidance de prétendre que tous, nous parvenons à garder l'empire sur nos pulsions. Il n'y a parfois qu'une fragile limite entre pantin et penseur, et il est aisé de passer outre. La Force est un phénomène trop complexe pour être limitée à un outil, et un phénomène trop prosaïque pour être divinisé à outrance.

Darth Odium avait toujours eu l'intelligence de considérer la Force comme un concept supérieur à lui-même.

Toujours cet épineux problème de l'élève qui venait à tuer le maître. Odium fixait la miraluka avec attention. Elle ne cachait pas ses yeux, ou plutôt l'absence de ces derniers, ce qui devait pour certains interlocuteurs rendre la conversation difficile. Mais le chagrien était d'avis que personne n'avait à cacher ce qu'il était réellement, et d’autant moins lorsque l'on s'affirmait comme seigneur Sith. Odium n'avait jamais trahi son maître, son père ayant eu le bon goût de mourir au bon moment, mais il avait eut à affronter les velléités rebelles de gamins qui pensaient détenir assez de pouvoir.

- C'est bien aimable, mais l'élève attend rarement d'être prêt. Un poignard dans le dos pour lui offrir l'aliénation lui semble plus simple qu'un duel en bonne et due forme…

Odium avait déjà fini sa seconde tasse de thé fumante. Il contempla brièvement les formes indistinctes des statues des seigneurs Sith de jadis, se demandant si eux aussi ils avaient jamais fait face à ces questionnements philosophiques et dogmatiques.
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