Voyl Clawback
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Corellia - Coronet - Quartier des Affaires - Coronet Plaza Hotel - 2:03pm

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Terminée. La réunion était... terminée. La seule préoccupation de Voyl en cet instant était de trouver un endroit au calme. Se reposer, mais surtout, retrouver le silence. Le vacarme incessant des voix lui portait désormais sur les nerfs : il n'était pas un être mondain, et savait bien pourquoi. Il avait quitté la salle de réunion un peu précipitamment, alors que l'intrusion des syndicalistes prêts à en venir aux mains avait mis fin au jeu des langues de bois. Il n'avait rien à dire à ces individus querelleurs et indisciplinés, et ne tenait pas à prendre un coup sur la figure à cause de l'incompétence d'un service de sécurité dépassé. Il avait donc plié bagages avec ses deux acolytes par l'autre extrémité de la pièce et demandé au premier groom croisé dans les couloirs la possibilité de louer une chambre pour l'après-midi. Il n'avait pas l'intention de s'attarder plus que nécessaire, mais il devait reconnaître que repartir sur-le-champ était au-dessus de ses forces. Clawback avait beau ne pas se ménager, il approchait désormais de la soixantaine, et n'était plus forcément aussi vaillant qu'autrefois, à son grand désarroi.
Le jeune humain en uniforme acquiesça et le conduisit à l'un des maîtres d'hôtel, qui s'empressa d'accéder à sa requête. On lui donna donc une suite dans les derniers étages où ils déposèrent leurs effets, et purent prendre du repos... Du moins, Clawback le pensait-il.

Laissant Reshord et Key discuter dans le petit salon, il se dirigea dans l'immense salle de bain et en verrouilla la porte derrière lui. Un peu de détente ne pouvait pas faire de mal après tant de tensions et de vociférations.D'un geste nerveux, il passa sa main à l'intérieur de sa veste, vérifiant que le petit boîtier du brouilleur était toujours à sa place : il l'était. Parfait.

Prenant le temps d'inspecter les lieux, d'une propreté absolument irréprochable, Clawback entreprit de se déshabiller et ouvrit les robinets rutilants de la baignoire, suffisamment vaste pour le contenir tout entier. Il laissa ses vêtements et ses chaussures sur un meuble et plongea dans le bain à peine l'eau parvenue à mi-hauteur du bassin. Ici, l'avantage était que tout était fourni, libre aux clients d'user des effets mis à leur disposition ou d'apporter les leurs. En l’occurrence, Clawback n'avait rien emporter d'autres que son attirail professionnel. Il se servit donc largement dans les savons et autres produits placés là. En supplément ou non, il n'en avait cure. Il vida les flacons tant et si bien qu'en quelques minutes, il y eut autant de mousse que d'eau, et il disparut quasiment complètement dans ce nuage de vapeur réconfortant. Ne plus penser... rah, impossible. Même ici, plongé dans l'eau chaude jusqu'au cou, il ne parvenait pas à cesser de penser à tout et n'importe quoi. Il laissa sa nuque reposer contre le rebord, goutant avec plaisir au contraste chaud froid que procurait le contact avec la faïence. Voyl ferma les yeux et soupira. Quelques minutes de répit...

"Monsieur le vice-directeur ? couina la voix claire de Key au travers de la porte."

Cette fois, c'était certain : il allait le descendre sur pied. Key était déjà insupportable en temps normal, mais là. Là, ce n'était rien d'autre que du sadisme.

"Quoi ?! aboya Clawback sans la moindre forme, furieux,

-Un message privé sur votre datapad.

-Quoi encore ? Qui est-ce ? Pourquoi ?

-Un message d'un certain "Ben Doyle"... fit la voix étouffé par la porte avec un certain amusement, je ne l'ai pas ouvert, je ne sais pas ce qu'il contient..."

Dans un état de rage difficilement contenue, Voyl s'extirpa de l'eau et se rinça. Il ne savait pas lequel le mettait le plus hors de lui : Ben et son message ou Key et ses manières de faux-cul. Il attrapa une serviette sur l'étendoir accroché au mur et se sécha en quatrième vitesse. Lorsqu'il réapparu en peignoir dans l'encadrement de la porte, Key avait sagement battu en retraite, laissant le datapad seul sur une table. Clawback serra les poings à s'en faire blanchir les jointures. Il lui fallut plusieurs longues inspirations pour se maîtriser et ne pas envoyer un objet quelconque au travers de la pièce.

Il se saisit du datapad et ouvrit le message de Ben. Le journaliste l'avait croisé au début de la réunion et s'était fait entendre plusieurs fois pendant, fidèle à lui-même. Sa grande-gueulitude était légendaire, et il avait fait honneur à sa légende, en un sens. Mais que pouvait-il bien lui vouloir maintenant ?
La colère fit place à la surprise sur ses traits lorsqu'il vit le nom de "Grendo S'orn" en destinataire à côté du sien. Ses yeux s'agrandirent encore plus quand il lut le contenu, laconique, de la missive.

Grendo, Voyl, et Ben.

Cette histoire... elle datait de plus de trente ans. Trente longues années durant lesquelles chacun avait mené sa vie de son côté. Ils ne s'étaient que rarement croisé. Et quand bien même, uniquement dans le même cadre qu’aujourd’hui : strictement professionnel. Bien que Ben ait une idée bien à lui du "professionnel"... Voyl sourit malgré lui.

Oui, il y serait.

Une fois le message envoyé, il retourna dans la salle de bain et se rhabilla. Il traversa la chambre et confia ses affaires à Reshord.

"J'ai quelques affaires à régler, leur dit-il, évasif, rien d'important. Mais j'y tiens. Ne m'attendez pas, réglez, et rendez-vous à l'astroport. Je vous rejoindrais là-bas."

Et il sortit.

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Voilà qui était fait. Ben appuya sur "envoyer" et le texte partit vers la boîte de réception de sa secrétaire, dans les bureaux du Coruscant Post. Il se frotta la nuque, satisfait de ce qu'il avait écrit mais crevant de mal à la nuque. La réunion patronale avait été sportive. Entre un chef de gouvernement de gauche et la meute des grands capitalistes les échanges avaient parfois été rudes. Ben se demandait ce que Bresancion était venu foutre dans cette réunion. Adoucir son image? Pas con, mais il aurait du attendre plutôt que de se ramener quelques jour après le passage en vitesse du pacte social au Sénat. Il allait falloir plus de doigté dans la direction du gouvernement de la première puissance galactique.

Grendo S'orn et Voyl Clawbach... Deux individus que Ben Doyle avait déjà rencontrés, trente ans plus tôt. Il avait rencontré le Muun à plusieurs reprises par la suite, toujours dans un contexte de travail. Les deux hommes connaissaient bien le secteur bancaire, ce n'était pas étonnant qu'ils se croisent. Croiser S'orn, en revanche, avait été beaucoup plus rare. A quelques reprises, ils s'étaient vus et avaient discuté, que ce soit au cours d'un gala quelconque ou d'un évènement organisé par les milieux économiques. Ben l'appréciait, le nouveau ministre semblait être quelqu'un d'intelligent, diplomate et conscient des problèmes économiques de la république. Ca changeait de ce fou furieux de Scalia, désormais bouffé par les vers.

Restait Ragda Rejliidic, le sénateur de Bakura. Un être étrange que Ben, curieusement, admirait. Oui, parce qu'il fallait quand même un sacré paquet de couilles pour s'être fait Ministre Spécial d'Etat, être accusé de haute trahison et survivre aux dernières élections en conservant son ministère. Ca n'avait duré qu'un temps mais avec les révélations de Lord Janos, Rejliidic voyait tomber la seule preuve pesant véritablement contre, l'ancien sénateur d'Aargau ayant avoué avoir trafiqué l'enregistrement supposé entre le Hutt et la Dame Noire. Bref, le Hutt avait intelligemment décidé de se passer de son immunité parlementaire, sachant qu'il pouvait désormais s'en passer. Les problèmes n'étaient certainement pas loin mais il fallait bien admettre que la longévité politique du personnage était impressionnante.

Un petit message privé avait donc été envoyé à ces trois individus. Le lounge du Coronet plaza était particulièrement agréable et Ben avait donc donné rendez-vous à cet endroit. Il désirait interroger les trois individus. Quels étaient leurs impressions à l'issue de cette réunion? L'occasion, aussi, de mettre en contact des personnes différentes et de, peut-être, faire quelques affaires. Il ne fallait jamais rater une bonne occasion de s'enrichir. Ben Doyle en était convaincu, fumant tranquillement son cigare en attendant les personnes conviées, pensant à la cuite qu'il s'était prise trente ans plus tôt.
Grendo S'orn
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Une véritable joute verbale, voilà à quoi on aurait pu comparer la Réunion Patronale qui venait de prendre fin quelques minutes plus tôt. Grendo était exténué, crevé, lessivé, bref ... fatigué. Après trois longues heures qu'il avait passé à écouter les différents avis sur le Pacte Social et les nombreux plébiscites quand à des contreparties offertes au Patronat, le Neimoidien pouvait enfin souffler. Arrivé dans sa chambre, réservée en début de matinée, l'homme n'avait pas tardé à se servir un bon verre de whisky en guise de réconfort. Il avait bon espoir de l'issue positive de cette réunion. Certes il avait du parlementer avec de nombreux hommes d'affaires querelleurs, trop intéressés à leurs investissements et à leur argent plutôt qu'au bien commun lié aux nationalisation et au Pacte Sociale. Mais après tout, qui pouvait leurs en vouloir ? Certainement pas lui. Et bien qu'il avait voté en faveur de cette nouvelle réforme, il se maudissait chaque jour de sa décision. Se sentant lâche, sans courage, sans dignité, un véritable pleutre !

« Monsieur le Ministre ? Excusez-moi de vous déranger ? »

« Oh Mademoiselle Quee ... faites vite je ne vais pas tarder à aller me coucher, cette réunion m'a fatigué à un point que je n'aurais cru imaginer ... » la jeune femme s'incrusta d'un pas discret dans la chambre du politicien.

« Vous avez reçu un message d'un dénommé Ben Doyle. »

« Ben Doyle ... Doyle ... Doyle » le neimoidien répéta plusieurs fois ce nom avant de s'écrier : « Bien sur, Ben Doyle, que veut-il ? »

Gênée, l'assistante du Ministre S'orn s'approcha et tendit le datapad en sa possession. Le Neimoidien baissa aussitôt son regard en direction de l'écran et pu lire le contenu du message l'invitant à boire un verre au Lounge du rez-de-chaussée de l'hôtel Coronet Plaza. Cela faisait bien des années que Ben et lui ne s'étaient pas rencontrés. Chacun ayant décidé de suivre des chemins bien différents, l'un devenu Sénateur, l'autre Journaliste. Les Journalistes ... Grendo les détestait tous autant qu'ils sont. Juste bon à se nourrir du moindre scoop pour en faire de gros titres. Vautours, c'étaient tous des vautours ! L'image du Procès lancé contre S'ornPharma Corp il y a quelques années lui revint soudain en mémoire. Le jour où il a failli tout perdre, le jour où sa réputation a été tachée par l'incompétence de ses employés à dissimuler leurs traces. Aucun élément compromettant leur avait-il dit, pourtant ce jour là une preuve avait été découverte. Obligée de répondre devant la Justice de Faux, usage de Faux, corruption de fonctionnaires et blanchiment d'argent, S'ornPharma Corp réussit à s'en sortir grâce à l'ingéniosité d'avocats Neimoidiens lorsqu'il s'agissait d'user de failles dans le système.
Pourtant malgré tout ça, Grendo respectait Ben Doyle. Il faut dire que ce n'était pas un Journaliste ordinaire. Chef de rédaction et éditorialiste au Coruscant Post, le journal le plus populaire du Noyau, il était aussi actionnaire majoritaire des Établissements bancaires de Telerath. L'homme avait réussis à mener sa barque tranquillement jusqu'à devenir une figure incontournable dans le domaine.

« Répondez-lui que j'accepte de le rencontrer. Le temps de me rafraîchir, de changer de vêtements et je serai là. » son assistante acquiesça et prit soin de taper la réponse sans tarder, elle failli d'ailleurs se prendre une porte au passage.

Assis sur son lit, Grendo fixait un point imaginaire sur le mur de sa chambre. Un bref soupire il se releva et partit en direction de la salle de bain. Une simple douche suffirait, pas besoin d'en faire des tonnes, ce n'était pas la Chancelière ni même un Conseil des Ministres ! Lumière aussitôt allumé, il pu observer la magnifique salle d'eau qui se présentait devant lui. Sublime baignoire au robinet en or massif, des ornements sur les murs, tout était propre et sentait bon. Son odeur corporelle par contre vint le rappeler à l'ordre. Il était temps pour lui de se laver. Finalement il opta pour un bain bien chaud rempli de mousse. Un sentiment de bien être s'empara de lui comme si tout le stress qu'il avait accumulé depuis ces derniers jours disparaissait comme par enchantement.

.:. .:.

Aussitôt lavé, parfumé et pomponné le Neimoidien pouvait descendre rejoindre son vieil ami. Se remémorant sa première rencontre avec l'individu, S'orn prit le turboascenseur en compagnie de chef de la sécurité, Xiao Katarn.

« Dites à Mademoiselle Quee que je lui donne sa soirée, quand à vous restez dans le coin on ne sait jamais que j'ai besoin de votre aide ... » le garde du corps fit un léger hochement de tête, il resterait dans les parages, gardant un oeil discrètement sur son employeur, prêt à agir si sa vie était en danger.

Tandis que le turboascenseur descendait en direction du rez-de-chaussée, S'orn observait son reflet dans le miroir, prenant soin de remettre sa mitre droite et de retirer une saleté qui s'était installée entre deux petites dents. Pourquoi n'avait-il pas un cure-dent à disposition sur lui en permanence bon sang ?!! Il parvint finalement à retirer le résidus et prit la direction du Lounge dans laquelle régnait une ambiance tamisée. Une odeur particulière vint titiller ses minuscules petites narines, celle d'un cigare allumée. Il connaissait bien cette odeur et remarqua Ben Doyle confortablement installé à une table, fumant tranquillement.


Voyl Clawback
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A peine la porte de la chambre refermée dans son dos, Clawback soupira de lassitude. Ben Doyle n'avait donné aucune information sur ce qu'il attendait des connaissances qu'il avait invité cet après-midi. Voyl espérait simplement ne pas mettre les pieds dans un guet-apens dont les journalistes avaient le secret... Car si Ben avait été banquier et trader en son temps, il avait aujourd'hui viré sa cuti pour exercer un métier tout aussi dangereux, bien que d'une autre façon. Et les journalistes n'étaient pas plus appréciés que les banquiers.

Il épousseta machinalement le velour de sa veste d'un revers de main tout en regardant de droite et de gauche dans le couloir qui menait à l'ascenseur.

"Puis-je vous aider monsieur ? demanda timidement le groom qui l'avait conduit plus tôt,

- En effet, dit Voyl, sauriez-vous où se situe le lounge de l'hôtel ?

-Au rez-de-chaussée, monsieur, sur votre gauche dans le hall principal depuis le turbolift.

- Je vous remercie.

- Tout le plaisir est pour moi."

Suivant les indications de l'humain, Clawback appela l'ascenseur et descendit. Son immense silhouette apparut sur les murs blancs du hall, vidé de la majeure partie de ses occupants en ce début d'après-midi, les hautes fenêtres laissant entrer la chaude lumière d'un soleil voilé à son zénith. Jetant quelques coups d’œil suspicieux à ceux qui le croisaient, le représentant traversa la grande salle d'un pas lent et régulier, ne se pressant pas outre mesure et prenant le temps d'admirer un peu le décorum du lieu. D'assez bon goût, plutôt moderne et high-tech, comme la majorité des établissements corelliens.

Alors qu'il passait sous les arches menant au lounge, un espace clos aux larges baies vitrées et au mobilier très confortable, un jeune serveur, très affairé, se retourna trop tard pour éviter la collision. Son plateau lui vola des mains, l'un des verres encore bien rempli éclaboussant la veste moirée de Clawback, y laissant une belle tache sombre. S'écartant vivement de l'intrus comme s'il venait de le frapper, Voyl écarta les bras, consterné, et fusilla le malotru du regard, sans la moindre compassion pour son matériel cassé.

"Mais enfin ! Faites attention, voulez-vous ?! s'exclama Clawback, regardez-moi ça !!

- Toutes mes excuses, bafouilla le serveur, je...je ne vous avais pas vu...

- Pas vu ?! Vous vous fichez de moi ?!!"

C'était la meilleure... on pouvait ne pas le voir, lui ? Elle était bien bonne. Présentement, il lui aurait fallu se courber pour parvenir à regarder l'individu dans les yeux !

"N-Non... Je vous assure ! Je... "

Avec un soupir d'exaspération, il renvoya le serveur d'un grand geste de la main, hautain. Le jeune homme, visiblement nouveau dans l'établissement, s'empourpra jusqu'aux oreilles, honteux et inquiet de la réaction de ce sinistre sire qui le toisait de son regard de rapace.

"Foutaise ! Déguerpissez, et en vitesse !"

Le garçon ne se le fit pas dire deux fois.

Une tache sur sa veste... Bon sang de bonsoir ! Une veste qui devait bien coûter dix fois le salaire de cet incompétent... Il ne manquait plus que ça. Clawback grinça des dents. Quelle journée lamentable... Il espérait au moins que le reste serait mieux.

Sa voix avait porté dans la pièce. Un ou deux visages s'étaient retourné pour voir ce qui avait causé une ire aussi glaciale. Dépassant un client dans un tourbillon d'étoffe, il chercha du regard l'endroit où devait se trouver le fameux Ben. Il finit par le trouver, en compagnie de S'orn. Fidèle à ses habitudes, le coruscanti en avait profité pour emplir largement ses poumons d'une fumée au parfum douceâtre qui incommodait déjà Clawback. Son arrivée n'était pas des plus discrètes, et, s'étant déjà croisé il n'y avait pas même une heure, Voyl écourta le protocole :

"J'espère ne pas trop vous avoir fait attendre, messieurs. Je n'avais pas prévu de ressortir de si tôt."

Il avait parlé vite et avec cette pointe d'agacement qui résultait de sa mauvaise humeur malgré sa volonté d'être courtois. Il se tourna alors vers Grendo, dont la mitre lui arrivait à hauteur d'yeux.

"Monsieur le ministre... Je vois que monsieur Doyle a trouvé bon de vous convier à sa petite... hum... sauterie ?"

Un léger sourire en coin accompagna ses paroles. Il se pencha en tournant la tête vers Ben, assis :

"Et... si vous nous exposiez maintenant les raisons de ces... retrouvailles ?"

Il n'avait pas pris la peine de s'asseoir, se massant le poignet les mains dans le dos, et dévisageait Ben avec suspicion.


Grendo S'orn
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Les retrouvailles entre Ben et Grendo avaient été chaleureuse. Une légère accolade, quelques rires, une poignée de main virile, après quoi le Neimoidien s'était empressé de commander un verre de whisky pour l'accompagner durant cette entrevue privée. Un compagnon qu'il avait d'ailleurs l'habitude de fréquenter au cours de sa vie de politicien. Le whisky était une boisson d'homme, bien moins forte que l'Ergesh qu'il avait eu l'habitude de gouter durant sa jeunesse certes mais le but n'était plus de finir bourré sous une table accompagné d'une migraine horrible le lendemain. Il s'agissait là d'une façon efficace de désaltérer son palais lors des nombreuses négociations auxquelles il participait régulièrement. Un vrai délice pour ses papilles.

« Ben Doyle, je suis ravis de vous revoir mon ami. Cela doit faire quelques années n'est ce pas ? Si ma mémoire est bonne ... » il fit mine de réfléchir à la question qu'il avait lui-même posé « ... trois ? Quatre ans ? Oui voilà le Gala de Charité organisée pour cette association de protection des Gizka des plaines sur Naboo. Vous étiez présent en compagnie d'une jolie jeune femme il me semble ... » il laissa échapper un léger rictus tout en se remémorant le passé.

Quelques minutes plus tard, une grande silhouette fit son apparition dans la pénombre du Lounge. Grendo ne remarqua pas tout de suite de qui il s'agissait. La médiocre vue du Neimoidien du à son âge ne lui permettait plus de voir en détail les objets et personnes à une certaine distance. Pourtant l'ombre s'approchait dangereusement. Un pas après l'autre elle semblait arriver droit sur lui. Il installa délicatement ses petites lunettes devant ses yeux et reconnu aussitôt Voyl Clawback, le vice-directeur du département des communications du CBI. Le Muun, du haut de ses 2,35 m surpassait largement la plupart des clients aux alentours.

« Clawback » un léger signe de tête en guise de salutations « En effet » répondit-il au Muun avant de se retourner vers Ben « Doyle, seriez-vous nostalgique de nos soirées de débauches et d'excès comme celle que nous avons eu au Consortium il y a plus de trente ans ? » un petit sourire en coin « Je n'ai malheureusement plus l'âge pour ce genre de beuverie vous savez ... » l'ambiance était bon enfant.

Le serveur, un plateau sur la main, vint finalement apporter le whisky du Ministre Neimoidien. Il s'en empara et bu aussitôt une petite gorgée du délicieux breuvage. Un sentiment de plaisir et de bien être l'envahit soudain, ne manquait plus qu'une chose ... un bon cigare.

« Auriez-vous encore un de ces merveilleux cigare mon ami ? » dit-il avant de se retourner vers Voyl, toujours debout à ses côtés « Asseyez-vous voyons, vous n'allez pas rester là debout à nos côtés. Allez-y installez-vous, je vous fais une place. » il se décala pour permettre au Muun de s'asseoir et de participer activement à cette petite entrevue.
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    « Mon cher Grendo, ou peut-être devrais vous donner du "monsieur le ministre"? Bref, mon cher, il n'y a pas d'âge pour se bourrer la gueule. »


Un petit clin d'oeil, hop.

    « Cela dit, mieux vaut que vous vous reteniez. La politique impose certaines privations. Les ministres mort saouls ne plaisent habituellement pas à leurs électeurs... Et y a toujours un journaliste pour faire chier, prendre des photos et faire d'un jardin un compost. »


Figure de style de merde, tant pis.

    « Oui, les Gizka des plaines de Naboo... J'aurais su qu'cette planète nous aurait donné un estropié comme chef du gouvernement, j'me s'rais abstenu d'faire un chèque. C'est bon, Grendo, vous fatiguez pas... C'est vot' patron à vous, mais rien m'empêche de le considérer pour ce qu'il est. 'Core heureux... »


Il tendit un cigare au Neimodien, tandis qu'il tirait sur le sien. C'était du bon.

    « J'vous rassure, nous quitterons cette table sobres. Mais repus, par contre, j'espère. »


Le coruscanti fit signe à un serveur, qui s'approcha avec trois cartes.

    « Merci... »


Ben était-il malade? En tout cas, il venait d'être poli avec un membre du personnel. C'était suffisamment rare que pour être souligné.

    « Un steak d'éopie avec frites et salade. Une bouteille de rouge. Un château Gomat. »


Le rédac chef du Post laissa ses invités passer commande puis ils furent à nouveau seul. Ben écrasa son cigare dans un cendrier et rajusta quelque peu sa cravate. Il était toujours habillé pour le boulot. Ne faisant que travailler, c'était logique. Il avait horreur de ces gens qui s'habillaient n'importe comment, se permettant toutes les fantaisies. Le Neimodien, dans son habit traditionnel de caste, portait des vêtements adaptés à son rang. Le Muun était sobre, vêtu richement mais parfait pour le travail. Ben, lui, ne portait rien de bien particulier. Costume, chemise blanche, cravate. Rien n'énervait plus le journaliste que les bures miteuses des Jedi. S'habiller comme un mendiant n'avait rien de malin, et pourquoi jouer aux pauvres alors que l'Ordre recevait de généreuses subventions publiques?

    « J'vous rassure, tout ce qui s'dira à cette table sera en off. Harassante journée, n'est-ce pas? Personnellement, je m'interroge sur la marge de manoeuvre dont vous disposerez dans le gouvernement. Le Vice-Chancelier correspondait à l'aile gauche du Rassemblement Républicain. Mais en union nationale, sa politique sera peut-être plus centriste. »

Grendo S'orn
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Comme à son habitude, Ben n'avait pas sa langue dans sa poche. Un langage familier, des manières bien à lui, amateur de bonne chair et de bons cigares, l'homme représentait l'exemple parfait de l'anticonformiste par excellence. Et bien que Grendo avait horreur des individus ne pouvant pas se tenir en société, il considérait Doyle avec respect.

« Evitons ces titres pompeux entre nous Ben, je suis et je serai toujours Grendo S'orn avant d'être Ministre de quoi que ce soit. Peu importe les dénominations, nous sommes ici entre amis. » dit-il sincèrement en essayant de rassurer son interlocuteur.

Un bon petit cigare entre les dents, le Neimoidien pouvait à présent profiter d'un agréable moment de détente. Ne manquait plus qu'un bon repas et tout était parfait. D'ailleurs le serveur ne tarda pas à faire son apparition, cartes à la main.

« Je prendrai un steak de Nerf sauce Redor, pommes de terre et petits poids carottes je vous prie. La cuisson ? Saignante évidemment. »

Leur commande aussitôt prise, le serveur s'éloigna permettant au politicien de reprendre sa discussion avec ses deux compagnons libéraux.

« Epuisante vous voulez dire ! J'étais conscient que cette réunion allait être mouvementée mais à ce point ... » répondit-il à la question du Coruscanti « Sans vouloir paraître pessimiste messieurs je commence à penser que les compensations du Gouvernement ne seront jamais à la hauteur de ce que les entreprises ont perdu lors des Nationalisations et du vote du Pacte Social ... » c'était la première fois que Grendo osait réellement parler librement de ses impressions personnelles. Il devait bien se rendre à l'évidence, sa présence au sein du Gouvernement ne suffisait pas à influencer les lourdes décisions, à sa grande déception.

« Je crois qu'on peut clairement dire qu'on se retrouve dans un sacré bordel politique. Jamais la République n'aura connu autant de crises en si peu de temps ... » il ne faisait qu'exposer les faits « Entre l'assassinat de Valerion, le suicide d'Ion, le Blocus d'Aargau, les entreprises qui grincent des dents et les Sénateurs qui sont de plus en plus inquiets face à l'avenir, c'est à se demander vraiment pourquoi j'ai accepté d'endosser le titre de Ministre du Trésor et de l'Economie. Pourtant je ne peux m'empêcher de penser qu'il existe une issue à tous ses problèmes. Devais-je resté les bras croisés à ne rien faire quand la République avait besoin de moi ? Agir comme un lâche ? Non je ne pense pas. Peu importe mon rôle je ferai le nécessaire dans mon domaine d'expertise pour relever notre économie, je prendrai mes responsabilités jusqu'au bout. »

Le serveur vint déposer les trois plats sur la table. A la vue de son assiette Grendo se léchait déjà les lèvres et s'empara de sa fourchette avant de piquer dans sa viande.

« Vous savez, le problème n'est pas vraiment de savoir qui est de gauche ou qui est de droite, la véritable question dans cette affaire est de savoir si cette coalition improbable tiendra la route ou non. Il est encore trop tôt pour le dire malheureusement, mais la Chancelière Von a clairement fait un pari risqué en proposant à des personnes de tout horizon politique de s'assembler sous une même bannière. La Crise d'Aargau aura une fin, cette Union Nationale résistera-t-elle encore après ? C'est la question que je me pose. » le Neimoidien espérait ainsi avoir l'avis de ses compagnons sur la question, il était toujours agréable de connaître la position de ses interlocuteurs avant de donner son propre avis.
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Ainsi donc, le Ministre du Trésor avait également quelques doutes sur la viabilité de cette union nationale. Somme toute, c'était logique. Ces coalitions abracadabrantes ne duraient jamais qu'un temps, celui de faire face à un ennemi commun. On imaginait difficilement la très à gauche Sana Zari s'entendre avec Grendo S'orn. Et même si Golmaar et Santhe étaient plus proches du centre, elles devaient assumer la politique qu'elles avaient défendue sous la bannière du Rassemblement Républicain. Le Vice-Chancelier, lui, était assez proche de l'aile gauche du Rassemblement qu'avait mise en avant le Chancelier Scalia. Mais cette position entrait en contradiction profonde avec le programme même de la Ligue des Mondes Périphériques, entraînant une division interne. La Sécurité Intérieure était gérée par un sénateur profondément hostile aux Jedi, s'étant d'ailleurs abstenu lors du vote de nomination d'Halussius Arnor à la fonction de juge de la Cour Suprême. La cohabitation avec un ministre de la Justice membre de l'Ordre Jedi devait donc être particulièrement difficile. Restait dans tout cela la sénatrice et reine d'Onderon Emalia Kira, propulsée à un ministère important, du fait des récentes réformes. Mais il s'agissait pour elle de mettre en exécution un programme qui restait celui de son opposant lors des élections pour la chancellerie. La reine Kira, mettant en oeuvre la loi Scalia. L'ironie devait être amère pour le défunt comme pour la belle Onderonienne. Sans compter l'Orateur sénatorial, Leeno Coret, issu des rangs des partisans du Chancelier Arnor. Son pouvoir était limité mais, malgré tout, il disposait d'une influence réelle dans le travail quotidien du Sénat, et son inimitié avec la sénatrice Kira devait être réelle. Bref, le gouvernement était un fameux melting-pot de personnalités toutes plus différentes les unes que les autres, que ce soit par leur passé, leurs idées et leur personnalité.

Le steak était parfait, saignant comme celui de ce bon vieux Grendo. Ben piqua dans une frite, la trempa dans la mayonnaise et apprécia le goût. Le restaurant du Coronet Plaza était bien coté dans les guides touristiques, le journaliste comprenait pourquoi. Il allait devoir en toucher un mot au responsable de la rubrique bien-être du journal.

    « Vous faites erreur Grendo. Un bordel est plein de jolies petites nanas. »


Le gros bonhomme émit un petit rire amusé, écoutant la suite de ce que racontait le ministre. Il exprimait ses doutes quant à la poursuite de la coalition.

    « J'ai envie dire qu'la survie de cette coalition dépend de la chancellerie plus que quiconque. Politiquement, il est clair que ce serait intéressant pour une chancelière n'ayant jamais fait de politique d'avoir derrière elle le soutien de la majeure partie des politiques de la Rotonde. Ca permettrait d'oublier qu'elle n'occupe la fonction que par le jeu constitutionnel, non par le vote du Sénat ou des peuples de la république. »


Il coupa un morceau de viande et l'enfourna dans sa bouche, mâchant la viande tendre dont le jus maculait ses lèvres.

    « Si la chancellerie veut une union nationale de longue durée, elle devra oublier les délires gauchistes de Scalia. Toutes ces histoires de réformes... C'est du passé. La condition de l'équilibre, ce sera l'immobilisme. Tout ce qu'elle accordera à l'un devra être accordé à l'autre. Ce sera un travail difficile. Dans cette mécanique complexe, z'avez bien fait de devenir ministre, Grendo. Vous avez entendus les patrons... Sont pas contents, et y z'ont bien raison. Vous serez le relais des puissants de cette république au sein de l'exécutif. La prochaine politique de Bresancion devra fatalement pencher à droite. M'est avis qu'les conseils des ministres vont être sportifs. Déjà qu'avec Janos, Rejliidic et Keyiën ça d'vait pas être d'la tarte... »


Les mandibules de Ben fonctionnaient à plein régime. Chomp, chomp, chomp. Manger était un des grands plaisirs du rédacteur en chef du Post, et ça se voyait. Un tour de taille pareil, ça s'entretenait.

    « Vous pensez quoi d'la LMP? La ligne de fracture est évidente entre Bresancion et Rejliidic. »

Grendo S'orn
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Toujours le mot pour rire, Ben était passé maître dans l'art d'apaiser l'atmosphère ou au contraire de l'enflammer instantanément. Une qualité que ne manquait pas d'apprécier le Neimoidien qui émit un léger rictus face à cette plaisanterie.

« Je dois bien reconnaître que les patrons n'ont pas tout à fait tort dans cette affaire. Ils ont parfaitement le droit d'être mécontents. Pour être sincère avec vous, je le suis un peu moi-même. J'espère vraiment que certaines des contreparties proposées lors de la Réunion Patronale seront susceptible d'intéresser les autres membres du Gouvernement. » il enfonça sa fourchette dans un morceau de nerf fraichement coupé auparavant « Mais tout le problème vient de là, je suis seul à représenter l'aile droite de ce Gouvernement. Pas étonnant que les chefs d'entreprise se sentent peu à peu lésés dans cette histoire. Loin de moi l'envie d'être pessimiste mais un peu plus de soutien dans la Rotonde ne serait pas de refus ! »

Son message était clair, l'aile droite était sous représenté au sein du Sénat et quasiment inexistante parmi les Ministres. Seul il ne faisait pas le poids devant cette pression gauchiste sans cesse grandissante.
Il goba l'un après l'autre les petits-poids de son assiette tout en écoutant Ben aborder le sujet de la LMP. Ce fameux parti appartenant à Alan Bresancion et Ragda Rejliidic composé exclusivement de mondes de la Bordure.

« La Ligue des Mondes Périphériques ? J'ai eu l'occasion de m'entretenir il y a quelques jours avec le Sénateur de Bakura à ce sujet. Il semble en effet convaincu qu'une fissure est de plus en plus présente au sein de son parti. C'est aussi mon avis. Et force est de constater que depuis l'ascension du nouveau Vice-Chancelier, ce pauvre Ragda perd chaque jour en influence et en popularité. Je ne l'espère vraiment pas mais tôt ou tard une situation pareille risque fort d'éclater. A voir à qui cela profitera le plus. » un avis bien tranché sur un avenir politique tout à fait incertain.

Prenant une gorgée de son breuvage, le Neimoidien en profita pour se frotter discrètement les lèvres au moyen d'une petite serviette en papier déposée à côté de son assiette. Après quoi il s'écria tout en fixant son interlocuteur d'un air amusé.

« Permettez-moi une question mon cher Ben, pourquoi n'avoir jamais osé vous lancer dans la politique ? Vous êtes un homme populaire, respecté dans les médias, crains dans le milieu politique, votre franc parlé n'a nul égal, avez-vous pensé à une telle carrière à l'avenir ? » il s'imaginait déjà la réponse du Coruscantii, la politique ne l'intéresserait probablement pas, comparé aux affaires c'était un milieu bien moins passionnant pour ceux qui n'y étaient pas bien préparés. Pourtant l'homme avait tout à fait l'étoffe d'un futur politicien brillant.

Il embrocha une petite pomme-de-terre avant de la glisser sous ses papilles.

« Mmmh, succulent, su-ccu-lent ! » lâcha-t-il avant de continuer la conversation.
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Un bon repas permettait toujours de détendre l'atmosphère, apportant aux convives le plaisir de la bouche et déliant la langue. L'échange était franc, cordial et familier, comme si cela ne faisait pas si longtemps que les trois individus ne s'étaient plus vus. Il fallait bien avouer qu'une certaine alchimie fonctionnait naturellement entre les membres du trio. Chacun d'entre eux avait fait ses preuves comme homme d'affaires. Voyl dans le secteur bancaire, de même pour Ben, et le domaine pharmaceutique pour Grendo. Finalement, le Muun avait été le plus fidèle à sa première profession, étant toujours engagé par un organisme bancaire. Il pouvait espérer d'encore grimper les échelons du Clan Bancaire Intergalactique. Grendo, lui, s'était tourné peu à peu vers la politique, pour son grand bénéfice. Tandis que Ben avait choisi la voie des médias, un terrain de jeu sur lequel il s'amusait comme un petit fou. Toutes ces expériences professionnelles assez similaires créaient du lien entre les trois hommes, lien renforcé par leurs options politiques profondément libérales. La confiance dans les bienfaits du marché était partagée unanimement autour de cette table, cela ne faisait pas l'ombre d'un doute.


    « Il est vrai que le gouvernement actuel n'a pas laissé une place importante à la droite... Sans doute est-ce dû par un manque d'union des forces favorables au libéralisme économique. La force du Rassemblement Républicain avait été de réunion des individus très à gauche comme Scalia et Janos tout en allant jusqu'au centre du côté de Keyiën. L'absence de force politique de droite au gouvernement est, à mon avis, due à l'absence d'une structure partisane. »


La division avait trop longtemps miné la droite sénatoriale. La Ligue des Mondes Périphériques avait bien essayé d'aller chercher des soutiens de ce côté de l'échiquier politique, et elle avait réussi son pari. Mais se limiter à la Bordure amenait le parti à n'être qu'une entité politique régionaliste, forcément limitée. A cela s'était ajoutée la contradiction entre le programme favorable aux entrepreneurs du parti et l'action politique d'Alan Bresancion, clairement positionnée à gauche. Cette contradiction avait été astucieusement introduite par le chancelier Scalia, en confiant à Bresancion le ministère en charge de la réalisation du pacte social. Ensuite, avoir gardé Bresancion sous le Gouvernement Keyiën, alors même que tous les autres ministres LMP avaient été écartés, amenait évidemment une fracture plus profonde au sein du mouvement politique. L'idée était sans doute de renforcer le RR, tout en conservant proche une frange de la LMP, susceptible d'être un jour phagocytée par le Rassemblement. Avec les révélations de Lord Janos, tout cela avait disparu dans un maelström de destruction. La traîtrise de l'Aargaun, l'assassinat du Chancelier et le suicide du Correlien avaient tout simplement détruit le Rassemblement Républicain, le faisant exploser. Ne restaient plus qu'une LMP rongée par les divisions et un mouvement pro-Kira faiblissant du fait de l'absence de son leader et absolument pas organisé.


    « Mais, cher Grendo, de la politique j'en fais tous les jours! Vous lisez le Post, n'est-ce pas? Vous avez un abonnement, j'espère »


Un peu plus et Ben allait se transformer en affiche publicitaire.

    « Je fais chaque jour de la politique en mettant en avant les opinions libérales du journal pour lequel je travaille. Et s'il y avait un parti digne de ce nom dans lequel je me retrouverais, je n'hésiterais pas à le rejoindre. Simplement, aujourd'hui, rien de tout cela n'existe. Et être un journaliste m'offre une indépendance de ton et d'action que, malheureusement, je crois que je perdrais en briguant un mandat quelconque. A ma manière, je sers la République. Et plus efficacement que bien de vos collègues sénateurs, j'dois dire... »
Grendo S'orn
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Tout comme Ben Doyle, Grendo était amateur de bonne chair. Principalement de champignons et de moisissures de sa planète mais il lui arrivait fréquemment de déguster des mets originaires d'autres mondes. Aujourd'hui il avait opté pour un steak de nerf sauce Redor, pommes de terre, petits poids et carottes. Aucune idée d'où cela pouvait bien provenir mais le gout de ce repas était tout simplement succulent ! Quelques dernières bouchées et il termina son assiette avant de s'enfoncer confortablement sur son siège.

« Bien sur que je lis le Post, qui ne le lit pas sur Coruscant ? Je peux d'ailleurs vous dire que beaucoup de mes collègues sont souvent inquiets avant la sortie d'un nouveau numéro. La peur de faire partie de vos nombreuses victimes sans doute. Quoi qu'il en soit il faut accepter la critique, surtout en politique. C'est un domaine qui ne laisse aucune chance aux faibles. » dit-il en écrasant son cigare sur le point de s'éteindre.

« Il est vrai que l'absence d'une force politique de droite est un réel problème. Cependant je partage l'opinion du Sénateur de Bakura lorsqu'il pense qu'une nouvelle carte politique se dessinera au sein de la Rotonde après la crise d'Aargau. Que reste-t-il réellement du RR ? Aucun véritable Leader pour reprendre le flambeau. La LMP se meurt comme on vient de l'énoncer. Qui reste-t-il ? Le mouvement Pro-Kira ? Malheureusement on ne peut pas vraiment appeler ça un Parti. Et ensuite ? Exactement, personne. Des mondes neutres qui se querellent par-ci par-là pour des bagatelles ! » il marqua une légère pause, tournant les yeux dans le vide « De nouveaux Leaders devraient sortir de l'ombre ... »

Perdu dans ses pensées, le Neimoidien se remémora tout à coup l'entièreté de sa conversation avec le Hutt. Lui avait-il sous entendu quelque chose en lui donnant son avis ? Etait-il sincère ou voulait-il déceler les véritables ambitions de Grendo S'orn ? Sur le moment même, le politicien n'avait rien laissé transparaître, pire encore il n'avait pas pris la peine de saisir la perche que le Bakurien lui avait tendue.

« ... et défendre les intérêts du Libéralisme. » il se mit à réfléchir, tout allait soudain très vite, à peine quelques secondes. Il n'avait jamais caché ses ambitions, à personne, mais réussirait-il à obtenir le soutien nécessaire à une telle voie ?

« Et si personne ne se sent capable d'endosser ce rôle, peut-être le serons-nous Messieurs ? Apparaître telle une force politique solide et efficace. Nous avons des domaines d'expertise très différent, moi la Politique, vous Ben les Média et vous Voyl les Banques. Imaginez ce que nous pourrions faire tous ensemble ? » dans son regard brillait la flamme de la ruse, celle qui s'allumait à chaque fois que son cerveau imaginait des plans ambitieux et complexes. La venue du serveur mit fin instantanément à cette conversation. En effet, le politicien n'avait pas confiance en ses petites mains qui vaquaient souvent à leurs occupations laissant les Hauts parler de leurs ambitions. Débarrassant tranquillement la table, il fût fusillé du regard par Grendo.

« Dégagez ! Vous terminerez ça plus tard, nous sommes en pleine discussion ! » cracha-t-il tandis que l'homme s'éloignait en direction des cuisines « Pourquoi ne pas tout simplement créer ... un Parti Politique ? » dit-il, un léger sourire aux lèvres.

Nul doute qu'une telle entreprise ne serait pas simple à réaliser mais il n'était pas le genre d'homme à abandonner ses convictions. Son analyse du terrain, l'appui de Ben dans les Média et l'expertise de Voyl pour ce qui touche à l'argent, tout était présent. Ne manquait plus que le soutien de quelques amis Sénateurs mais ça ne devait pas être trop difficile à obtenir.

« Que dites-vous du ... Front Libéral Patr ... non mieux .... Le Front Libéral Républicain ? » il observa tour à tour les deux hommes en sa compagnie espérant ainsi remarquer un détail, une mimique, un mouvement de cil, peu importe, quelque chose de révélateur ...
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Le repas s'achevait et l'on s'intéressait maintenant aux choses sérieuses.

    « Les hommes politiques incapables de supporter la critique ne sont pas rares. D'une certaine façon, je les comprends. Personne n'aime qu'on se foute de sa gueule ou qu'on démolisse ses idées, n'est-ce pas? Mais, voyez-vous, ceux qui croient que la politique peut se faire autrement sont des naïfs. Il y a la part d'argumentation et puis il y a l'émotionnel, le bagou, toutes ces petites choses qui font de vous un individu capable de se maintenir au pouvoir ou non. Rejliidic, par exemple... Fameuse bestiole que celle-là! Il a survécu à Janos, Scalia, Keyiën... Il a ses problèmes mais bon, au moins, il est toujours là. Mieux vaut ne pas s'en faire un ennemi. »


Il avait laissé la salade pour la fin. Délicieuse vinaigrette, vraiment c'était du beau travail. A l'idée évoquée par Grendo, Ben eut un mouvement un peu surpris. Le ministre l'étonnait et c'était assez rare qu'un individu arrive à faire cela. Il réfléchit un instant, prenant entre ses mains son verre de vin rouge, pensif. Un employé vint débarrasser la table et fut vite chassé par le Neimodien. Ces minables... toujours à faire chier! Voilà quel était le point noir de ce restaurant peut-être : le service. Les serveurs n'étaient pas terrible terrible. Ah, si on avait été à l'époque de la jeunesse de Ben... Trente ou quarante ans plus tôt aucun de ces crétins n'aurait pu ouvrir sa sale gueule et prétendre à des droits syndicaux et autres conneries. En tout cas pas sur la très libérale Coruscant.

    « Le Front Libéral Républicain... Ouais, ça a d'la gueule faut dire! »


Ben sortit deux cigares et en tendit un à Grendo. Le Muun ne fumait pas, s'il avait bonne mémoire. Il lui jeta un coup d'oeil, ce dernier gardait sa tête de croque-mort. Est-ce qu'il changeait d'expression lorsqu'il était au lit? Trente ans plus tôt...

    « J'dois dire que vot' idée m'plaît bien, Grendo. Ouais, ça pourrait s'goupiller pas mal... Le Post est libéral depuis toujours. Et moi aussi. Pourquoi pas? L'Empire a bien son journal, la Voix de l'Empire. Pourquoi le FLR... n'aurait pas sa "voix"? Ahahah! »


Il libéra une bouffée de fumée vers le plafond.

    « Allez j'marche dans l'affaire, les mecs! Ca fait trop longtemps qu'j'attends un peu d'action dans cette putain de république. On va faire rocker tout ça, c'est Ben Doyle qui vous l'dit. Et pis... c'pas comme si on connaissait pas nos idées depuis des années hein? Encore à cette chierie de gala sur Naboo, hein Grendo? J'avais bien dit qu'il fallait un contrat zéro heure. Suffit de regarder ces connards se dandinant dans ce resto. Limite si on doit pas les aider à nous servir! Et cette inflation de merde maintenant? Tout ça s'rait pas arrivé si on avait fait une banque centrale indépendante, hein Voyl? Les solutions on les connaît, manque plus qu'des gens pour les appliquer. »

Voyl Clawback
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Il y a avait une saveur étrange à voir ainsi ces deux-là de nouveau face à face, chacun dans un fauteuil. C’était comme subir une perturbation spatio-temporelle. Une seconde, la scène se figea pour lui et il pensa que toutes ces coïncidences devenaient troublantes. L’enchaînement de circonstances qui les avaient menés à se retrouver, eux trois, parmi les milliers de milliards d’êtres pensants que comptaient cette galaxie. Certes, aujourd’hui, ils faisaient partie de cette bulle exiguë et privilégiée du monde des puissants. Mais même elle restait assez large pour les avoir longtemps éloigné. Une main sombre et maligne avait décidé de les jeter de nouveau sur le même chemin. Pour quelles raisons ? Qui pouvait savoir ?

Le neimoidien répondit sobrement à ses salutations, avec cette discrète distinction que Voyl appréciait beaucoup chez un interlocuteur . A l’évocation de leur première rencontre – certainement la plus mémorable de toutes – le banquier ne put retenir un sourire lourd d’ironie. Beuverie… bon sang, la seule et pire soirée étudiante de toute sa vie ! Une idylle tant que l’alcool lui avait permis de transcender la réalité. Une descente aux enfers le lendemain. Et à la vue des bouteilles qui venaient de leur être apportées, Clawback fut partagé entre l’envie de retrouver un souvenir qu’il n’avouerait ô grand jamais avoir apprécié, et celle de grimacer de dégoût. Ah non, il n’était pas prêt de commettre cette erreur une nouvelle fois. Bien qu’il ait déjà fait bien pire que se saouler à l’Ergesh des années auparavant.

« Pas d’âge, pas d’âge… Comme vous y allez, Ben. Nous ne sommes plus de jeunes loups en mal de sensations tout de même ! L’eau a passé sous les ponts. »

Autant pour lui que pour les autres, d’ailleurs. La réplique suivante de Doyle parvint cependant à le faire rire sincèrement.

« Un journaliste de votre trempe, peut-être ? Ou peut-être pas. Sait-on jamais, en ce monde, de qui l’on doit se méfier… On est jamais trahi que par les siens, dit-on. »

Il laissa glisser un léger sourire ironique sur ses lèvres. Voyl avait toujours été quelqu’un d’extrêmement méfiant et pessimiste. Sa nature y jouait très certainement, mais étudier la cryptologie et exercer ensuite ses talents dans les établissements bancaires les plus sécurisés de la république n’aidait pas à voir les choses en rose. Lorsque Grendo lui fit remarquer qu’il n’avait toujours pas consenti à prendre place, le muun le remercia avec une légère inclinaison du chef.

« Je vous remercie, ce n’est qu’une vieille habitude… Mon dos fait souvent des siennes, et m’asseoir devient parfois plus douloureux que de rester debout. »

Il accepta donc l’invitation et s’assit aux côtés du ministre, ramenant ses jambes sous la table avec quelques difficultés. Ici, tout était plus ou moins taillé pour les proches-humains. Il évacua d’un discret revers de main les volutes âcres de fumées que les deux hommes s’étaient empressés de produire à l’aide de leurs bâtons de chaise.

« Nous savons très bien que ces compromis seront minimisés. Sans vouloir vous offenser de quelque manière que ce soit, dit-il à l'adresse de Grendo, vous êtes seul contre tous, un rocher dans un torrent. Sans dire que ce combat est perdu d'avance, ne nous voilons pas la face non plus. Pour ce gouvernement, nous ne sommes que le cinquième propulseur de la corvette, au mieux ! Ce mépris est affligeant. »

Qu’il était étrange de s’imaginer entouré d’amis. Voyl n’avait jamais eu d’amis. Ou plutôt, il n’avait jamais considéré personne comme tel. Même Reshord, qui le suivait désormais comme son ombre les trois quarts du temps, ne méritait pas selon lui ce titre. Les muuns étaient par définition en concurrence perpétuelle entre eux, et ceux pour quoi que ce soit. Un trait de caractère souvent mécompris par les autres races. Raison pour laquelle Voyl n’accordait jamais pleinement sa confiance à aucun de ses compatriotes, pas même au sein de sa propre famille.
Pour autant, il se l’avouait à mi-mot, il y avait en Ben et Grendo quelque chose que d’autres n’avaient pas. Chacun d’entre eux possédaient des traits de caractère qui, mis bout à bout, formaient une sorte de cercle complet. Séparés, ils étaient des pointures dans leurs domaines respectifs. Mais ensemble ? Une machine effrayante, très certainement.

« Allons bon, vous voilà devenu affable avec le petit personnel maintenant ? Vous m’inquiétez, Ben… »

Sur ces entrefaites, un évènement d’envergure survint : l’arrivée du menu. Ses deux compagnons de table étaient tous deux connus pour être de fins gourmets et ne s’en cachaient pas. Voyl, pour sa part, tenait plus de l'ascète que de l’épicurien. Il n’aimait pas tant manger que poser quelques pièges vicieux aux teneurs des restaurants où il daignait venir se sustenter. Une manière pour lui de se distraire d’une bien mesquine façon, et de se faire craindre tout à la fois des chefs les plus renommés. Il éplucha longuement la carte alors que les deux gastronomes avaient déjà fait leur choix. Il fut donc le dernier à passer commande.

« Pour moi, ce sera une papillote de filets de lamproies aux écorces d'oranges et confit de pommes alderaanes. »

Pourquoi faire simple lorsque l’on pouvait emmerder le monde avec la plus grande distinction ? Il referma la carte d’un coup sec et la tendit au serveur avec un regard appuyé. La discussion revint alors vers un passé plus… présent : la réunion et tout ce qu’elle avait pu soulever comme boue dans la mare politique.
Se mettant légèrement en retrait de la conversation, Clawback se laissa aller pour la première fois depuis bien des jours à s’appuyer voluptueusement contre le dossier rembourré de la banquette. Un autre avantage d’être en cette compagnie : aucune crainte d’y être jugés. Tous trois venaient de vivre à peu de chose près la même épreuve d’endurance, l’un sur la scène, les autres dans les rangs. Et les trois semblaient dans le même état de déliquescence avancée. Entendre Grendo se plaindre ouvertement avait quelque chose de rafraîchissant après ce défilé de faux-semblants. Le muun ne parvenait décidément pas à calquer une attitude si ‘socialiste’ sur la personnalité du neimoidien… Non, il y avait beaucoup trop de fausses notes dans ce morceau-là !

Il croisa les bras, la tête légèrement renversée par-dessus le dossier dont ses maigres épaules dépassaient largement, les yeux fermés. Il se sentait soudain bien las. Les paroles des deux compères le berçaient doucement, et il devait faire un véritable effort de concentration pour ne pas louper un mot de ce qui se disait.

« … Devais-je resté les bras croisés à ne rien faire quand la République avait besoin de moi ? Agir comme un lâche ? Non je ne pense pas. Peu importe mon rôle je ferai le nécessaire dans mon domaine d'expertise pour relever notre économie, je prendrai mes responsabilités jusqu'au bout.

-Vous faites un magnifique héro antique, Grendo, dit Voyl sans bouger d’un pouce, ou un magnifique martyr. Tout dépend du point de vue… »

Voyl ne se releva que lorsque le serveur revint avec leurs commandes, regardant d’un œil inquisiteur ce qui lui était servi. On pouvait être sûr qu’il trouverait à y redire, ne serait-ce que pour ne pas payer le prix demandé.

« … La Crise d'Aargau aura une fin, cette Union Nationale résistera-t-elle encore après ? C'est la question que je me pose. »

Le banquier avait posé sa fourchette et s’essuyait discrètement les lèvres avec sa serviette, le regard baissé, impassible.

« Bien sûr que non, et nul besoin de pronostics complexes pour le savoir : on ne change pas la nature d’un univers en trois jours, ni même en trois mois. Tout cela d’est que poudre aux yeux et tout le monde le sait. »

C’était la minute rabat-joie de Voyl Clawback, et la seule chose gratuite de sa part après les remontrances et jeux de regards. Il laissa Ben lancer le pavé « LMP » dans la mare à son tour, que Grendo rattrapa immédiatement. Pour sa part, Voyl ne s’était que très peu préoccupé de ce que Klark et ses sbires avaient bidouillé dans leur coin avec Rejliidic et la LMP. Muunilinst, de par sa position très excentrée, restait un monde vulnérable, malgré le supplément non-négligeable de force de sécurité déployé par la République pour défendre ce poumon financier et monétaire. Mais les récentes mésaventures de l’exécutif avaient eu un écho considérable chez les muuns, d’habitude fort silencieux à la Rotonde. S’attaquer au CBI, c’était s’attaquer à la Royauté sur Naboo, à la Symbiosis sur Arcania, ou encore… au Sénat sur Coruscant. Cette institution, presque aussi vieille que la République elle-même et fruit de millénaires de collaboration entre les familles fondatrices et les divers gouvernements planétaires successifs était considérée – à raison – comme le joyau de ce monde bâti exclusivement sur des empires économiques. L’appropriation arbitraire de par le gouvernement galactique avait été perçu comme un coup de poignard dans le dos par ceux qui, des plus modestes aux plus aisés, avaient toujours servi la République en voyant en elle une protectrice respectueuse des affaires de chacun. Et pour les muuns, l’argent était non pas une affaire d’état, mais une véritable religion. La réaction n’avait pas tardé à se faire sentir. Incapable de ne pas respecter une loi dument édictée, ils s’étaient dès lors retranchés dans un mutisme glacial, subissant en silence, avec une haine palpable, cette véritable humiliation. Ce n’était rien d’autre que de se faire spolier, rabaisser, et pire… perdre un avantage considérable aux yeux des milliards de clients qui y avaient leurs comptes.

Mais la non-réactivité de Klark au Sénat face aux nationalisations l’avait d’ores et déjà torpillé politiquement sur son monde natal : cela, Clawback le savait. Les associés du Clan étaient tous vent debout : jamais l’on avait vu une pareille agitation dans une assemblée générale du Clan que celle qui avait suivi le vote de la loi. Et parmi tous les non-dits, on devinait que les envies de meurtre étaient monnaie courantes. Lui-même serrait les dents, et bien de ses noires idées avaient trouvé écho dans leurs récentes déconvenues.

« ...La prochaine politique de Bresancion devra fatalement pencher à droite. M'est avis qu'les conseils des ministres vont être sportifs. Déjà qu'avec Janos, Rejliidic et Keyiën ça d'vait pas être d'la tarte...

-Oh, ne donnez pas dans la bonne aventure, Ben. Ni Von ni Bresancion n'ont jamais mis les pieds à la Bourse de Coruscant. Pour eux, tout cela n'est que frasques d'égocentriques aigris, et ne mérite pas de les voir dévier de la ligne qu'ils se sont visiblement fixée : poser Scalia et son réformisme fou sur un piédestal. Si vous voulez voir un virage à droite, il vous faudra vous-même tirer le palonnier ! Ne comptez pas sur eux. Faudrait-il rappeler que seul monsieur S'orn ici présent a eu la décence de nous convier à un semblant de négociation, qui, par ailleurs, ne portera aucun poids politique ultérieur par les vœux pieux du gouvernement ? »

La fourchette cogna contre le fond de l'assiette avec un cling sonore. Son mécontentement était palpable et en si franche compagnie, il ne faisait pas le moindre effort pour le dissimuler. Il n'était pas connu pour être d'un caractère facile, mais il laissait très rarement ses émotions se traduire visiblement dans ses gestes. Il laissa de nouveau filer la conversation : des trois, il était certainement le moins impliqué dans le monde politique, dans lequel il ne s'était jamais vraiment senti à l'aise. La politique s'occupait des gens. Lui se chargeait des chiffres, ce qui, il l'apprenait chaque jour, était souvent très incompatible.
Il lorgna avec minutie sur le contenu de son assiette, prêt à saisir l'opportunité de faire une remarque désagréable sur la cuisine de l’établissement. Malheureusement pour le muun acariâtre, les bougres se défendaient rudement bien. Il avait rarement mangé quelque chose d'aussi bon, pour un prix pourtant acceptable...

« Mmmh, succulent, su-ccu-lent ! »

Voyl releva le nez de sa papillote avec une moue dubitative. Il ne fallait pas exagérer...

« Mais, cher Grendo, de la politique j'en fais tous les jours! Vous lisez le Post, n'est-ce pas? Vous avez un abonnement, j'espère ?

-Car si ce n'est pas le cas, vous en aurez un en sortant de table ! On devrait utiliser cette technique pour les ouvertures de compte, peut-être. »

Il rigola franchement, dévoilant ses dents chevalines d'un blanc peu naturel. Mais la discussion prit soudain de nouvelles couleurs, qui tirèrent un regard suspicieux à Clawback.

« Et si personne ne se sent capable d'endosser ce rôle, peut-être le serons-nous Messieurs ? Apparaître telle une force politique solide et efficace. Nous avons des domaines d'expertise très différent, moi la Politique, vous Ben les Média et vous Voyl les Banques. Imaginez ce que nous pourrions faire tous ensemble ? »

Les regards s'échangèrent autour de la table. Une seconde de silence, la main de Voyl resta suspendue en l'air, la fourchette coincée entre le pouce et l'index.

« Continuez, dit-il avec ce ton propre à ceux dont l'intérêt vient soudain de faire trois bonds en avant.»

Mais ce moment fut choisi par l'un des serveurs pour ramener sa fraise, s'attirant ainsi les foudres du trinôme. S'orn réagit au quart de tour, et si ses deux comparses restèrent silencieux, leurs regards noirs valaient mille discours. Voyl se redressa et toisa le gêneur avec tout le mépris dont il était capable, ce qui n'était pas peu dire. Sa simple présence avait coupé court à la conversation, et ils attendirent que l'espion potentiel se soit éloigné pour continuer.

« Pourquoi ne pas tout simplement créer ... un Parti Politique ? »

L'attention de Clawback se mua en une brève lueur de surprise, bientôt remplacée par un regard conspirateur, où ses yeux ne furent plus que deux fentes sous l'ombre projetée de ses arcades prononcées.

« Que dites-vous du ... Front Libéral Patr ... non mieux .... Le Front Libéral Républicain ? »

Voyl s'était figé, son visage, n'exprimant jamais grand chose d'autre qu'une sévère gravité, resté affublé d'une expression de profonde réflexion, presque précieuse. Il avait stoppé sa mastication, laissant sa bouchée coincée dans sa joue droite.

« Le Front Libéral Républicain... Ouais, ça a d'la gueule faut dire !

- Un nom qui en vaut bien un autre, oui... Front, Union, Ligue, Confédération, et j'en passe. Pourquoi pas. Je ne suis pas expert en la matière. »

En l’occurrence, pour Clawback, c'était le comble de l'optimisme.

« J'dois dire que vot' idée m'plaît bien, Grendo. Ouais, ça pourrait s'goupiller pas mal... Le Post est libéral depuis toujours. Et moi aussi. Pourquoi pas? L'Empire a bien son journal, la Voix de l'Empire. Pourquoi le FLR... n'aurait pas sa "voix"? Ahahah!

-Avec la vôtre, Ben, inutile de préciser que nous seront entendus jusque sur Bakura... »

Il chassa de nouveau la fumée devant son nez d'un geste vif.

« Allez j'marche dans l'affaire, les mecs! Ca fait trop longtemps qu'j'attends un peu d'action dans cette putain de république. On va faire rocker tout ça, c'est Ben Doyle qui vous l'dit. Et pis... c'pas comme si on connaissait pas nos idées depuis des années hein? Encore à cette chierie de gala sur Naboo, hein Grendo? J'avais bien dit qu'il fallait un contrat zéro heure. Suffit de regarder ces connards se dandinant dans ce resto. Limite si on doit pas les aider à nous servir! Et cette inflation de merde maintenant? Tout ça s'rait pas arrivé si on avait fait une banque centrale indépendante, hein Voyl? Les solutions on les connaît, manque plus qu'des gens pour les appliquer.

-Certes, certes... Ne pêchons pas par excès de confiance néanmoins. Cette idée me paraît viable. Il va sans dire que je nous trouverais rapidement des fonds mais... Pour qu'un parti émerge, il lui faut des soutiens, parmi les dirigeants et parmi le peuple. Or, notre influence sur le Sénat reste très limitée. Surtout avec ces nouvelles lois...Hum, bref. Que comptez-vous proposer concrètement, Grendo ? Quel programme lui donnerez-vous, à ce... Front Libéral Républicain ? »


Sa main avait parlé en même temps que lui, la tête de la fourchette dessinant une boucle dans l'air, laissant l'interrogation en suspend.

Grendo S'orn
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L'optimisme de ses deux compères avaient permis de renforcer Grendo dans son idée. Former un nouveau Parti Politique qui représenterait l'aile droite trop souvent oubliée, négligée et salie au sein du Sénat Galactique. Il était aussi convaincu que cette entreprise ne serait pas forcément bien perçue de tous. La Chancelière pour commencer. Alyria Von. Avec qui il partirait régler la crise d'Aargau d'ici quelques jours. Alan Bresancion, son chef de Gouvernement et Vice-Chancelier qui lui avait été imposé pour le chaperonner durant la réunion patronale. Peut-être même certains membres du Gouvernement mais peu importe. Cela n'avait que peu d'importance à l'heure actuelle. Il s'adapterait aux circonstances comme il l'avait toujours fais. Et si il était perçu comme celui qui avait brisé cette satanée Union Sacrée, il l'accepterait.

« Sans vouloir m'avancer trop rapidement, je pense que nous pouvons obtenir quelques soutiens supplémentaires au sein de la Rotonde. L'aile droite est restée depuis trop longtemps muette, à nous de tâter le terrain à la recherche de nouveaux collaborateurs. » dit-il en jouant nerveusement des doigts sur la table. Le regard braqué sur ses deux interlocuteurs, il dévoila peu à peu ses dernières pensées qui lui traversaient l'esprit à une vitesse folle :

« Pour le programme il nous faudra certainement en discuter ultérieurement dans des lieux moins ... publiques si je puis dire. Les risques sont trop grands et si le Gouvernement apprend que le Ministre du Trésor et de l'Economie compte peut-être créer son propre Parti, je ne donne pas cher de ma peau. » il connaissait les risques et les conséquences d'un tel projet « Quoi qu'il en soit, la première chose à écrire dans notre futur programme ... » il se retourna en direction de Voyl, un léger sourire aux lèvres « ... la privatisation des Banques ! »

Le Neimoidien se caressa lentement le bout du menton. Il aurait été compliqué de faire part de toutes ses idées qui arrivaient au fur et à mesure. Une réflexion posée était absolument nécessaire mais pour une fois la présence de Loohy Quee n'aurait pas été de refus. La jeune femme se serait empressée de noter la moindre parcelle d'idée que le politicien lui aurait communiqué. Tant pis, il devrait compter sur sa mémoire pour ne rien oublier.

« Les nationalisations ont fait énormément de mécontents. Que ce soit sur Muunilinst ou sur Sullust par exemple, il serait intéressant de bien sélectionner les Sénateurs que nous voulons cibler et surtout ne rien laisser fuiter. Nous pouvons dors et déjà compter sur la participation du Sénateur de Cato-Neimoidia, j'en fais mon affaire et il n'a aucun intérêt de refuser un tel projet. Je connais personnellement le représentant de Skako qui est actuellement une planète neutre, avec de bons arguments je pourrais également le convaincre de nous suivre. » son carnet d'adresse ne manquait pas de potentiels futurs alliés, mais mieux valait attendre et ne pas se presser aveuglement. La moindre fuite pouvait être fatale et tout le projet tomberait à l'eau.

« Il faudra certainement attendre mon retour d'Aargau pour lancer officiellement ce projet. » dit-il en se massant l'arrière du cou de sa main droite « Tout ceci aura beaucoup de conséquences, j'espère que vous en êtes conscients ? Je ne suis pas stupide, je sais d'avance qu'entre ma fonction de Ministre du Trésor et de l'Economie et le fait de former un Parti Politique qui s'opposera à certaines mesures du Gouvernement actuel sera très mal perçu des autres Ministères, sans parler de la Chancellerie. » soudain son regard se posa sur le barman occupé d'essuyer un verre sale. A ses côtés, assis au bar, Xiao Katarn qui sirotait tranquillement une mixture faite maison. L'homme n'avait pas bougé d'un pouce depuis l'arrivée du politicien. Toujours aux aguets, il était prêt à réagir si son "maître" était en danger. Ce qui n'était pas le cas mais comme l'avait si bien dit Voyl, on est jamais trahi que par les siens. Grendo était de cet avis, raison pour laquelle il ne prêtait sa confiance que très rarement dans cette galaxie.
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Trente ans plus tard, le respect et la confiance étaient toujours au rendez-vous entre Grendo S'orn, Voyl Clawback et Ben Doyle. Et pour le journaliste, ça faisait chaud au coeur. Oui, on pouvait le dire, le Muun et le Neimodien étaient ses amis. D'un genre un peu particulier, sans doute, mais des amis malgré tout. Oh, Ben n'avait pas trop à se plaindre de ce côté-là. De véritables amis, il en avait déjà : Karl, évidemment, et toujours Dorfssk. Ce qui lui manquait plus, c'était une véritable relation amoureuse. Ben n'était pas du genre romantique mais il aurait bien voulu parfois se réveiller aux côtés d'une petite femme bien gentille. Au lieu de ça, une bouteille de rhum et un thermo à café étaient les deux premières choses qu'il voyait le matin. Pour autant, Ben ne s'estimait pas malheureux, et ne l'était donc pas. Son travail de rédac-chef le passionnait et jamais il n'avait été aussi satisfait de sa profession. Il avait aimé être banquier, plus encore relever les Etablissements bancaires de Telerath. Mais diriger le Coruscant Post... Relire les articles de ses journalistes, écrire ses propres éditoriaux, faire des interviews, essayer de découvrir les informations les plus intéressantes... tout cela était grisant. Chaque journée comportait de nouveaux défis, c'était ce qui rendait ce métier si fantastique. Il n'y avait de réelle routine et, toujours, il fallait évoluer au gré d'une actualité tantôt morne tantôt chaotique. Alors bon, les mecs qui parlaient avec mépris des journalistes et accusaient les membres de la corporation d'être des "journaleux", il n'en pensait rien de bon. Malgré ses positions bien tranchées, Ben avait toujours eu le recul nécessaire pour ne pas mettre tous les individus dans un même sac. Les hommes politiques? Tous pourris? Très peu pour lui. Même les Jedi, finalement, il n'avait rien contre eux dans l'ensemble. La seule chose qu'il ne pouvait accepter c'était leur implication incessante dans les affaires politiques de la République. De quel droit des guerriers mystiques non élus pouvaient ainsi prendre le commandement d'opérations militaires? Occuper des fonctions de premier plan au sein des pouvoirs exécutif et judiciaire? Sans doute, les Jedi s'estimaient-ils être une élite éclairée, capable de protéger le bien commun. Sauf que, voilà, en démocratie il revenait à l'électeur de choisir. En théorie, bien entendu.

Ben ne renchérit pas à la remarque de Voyl. Des jeunes loups? Ils ne l'étaient plus, certainement. Mais sa consommation d'alcool était devenue celle d'un vieil ours. Pour être honnête, il fallait bien parler d'alcoolisme. Même le matin, il buvait. A force, ça faisait qu'il fallait des quantités de plus en plus grandes pour être saoul. D'une certaine façon, Ben avait un code d'honneur. Jamais il n'était bourré au travail. Et comme cela s'étalait de huit heures du mat à sept heures du soir, l'occasion d'être défoncé restait assez rare. Enfin, pas vraiment. Ses insomnies ne le faisaient que peu dormir, d'une heure du matin à cinq heures, habituellement. Du coup, le reste du temps pouvait facilement être dépensé en boissons, plats et cigarettes. Ben le savait, il était plein de vices. Mais au moins il l'assumait. Les gens toujours soucieux de leur petite santé l'énervaient. Mieux valait crever le plus tard possible, ouais, mais si pour cela il fallait se faire chier la plupart du temps non merci.

En tout cas, Voyl pouvait se montrer marrant. Enfin... façon de parler. Mais du moins était-il capable de rire. C'était bon à savoir.

    « Ah, toujours aussi boute-en-train, Clawback! La joie et l'optimisme! Vous devriez essayer aut'chose que du poisson. Ca rend aigri de bouffer un truc pareil. Moi, en tout cas, un truc qui vit là où il chie, ça m'dit rien ahahah! »


Fier de sa blague, il prit son verre de vin rouge et l'acheva. Il prit la bouteille et resservit la tablée, remplissant consciencieusement les verres. Il saisit une carte présente sur une autre table et regarda les desserts. Oui, pas mal... y avait du choix.

    « En tout cas, avec le Post j'pourrai sans peine soutenir le Front... Si cette idée se concrétise, j'pense bien que toute la rédaction sautera de joie. Sans parler d'nos actionnaires, les connaissant ils ont un orgasme chaque fois qu'on écrit "privatisation". Votre idée passera comme une lettre à la poste, Grendo. Pour c'qui est de soutiens... J'connais pas mal de gens, ouep. J'peux toujours aller voir ici ou là. »


Il observa un instant la robe du vin puis en respira l'agréable odeur.

    « Ouais, comme vous dites Grendo, des conséquences. S'pourrait bien qu'la chancelière vous mette son pied au cul, pensez pas? Tant qu'ça ferme sa gueule "l'union sacrée" ça passe, mais ouvrez-la et vous verrez toute l'ouverture d'esprit de ces socialos. »
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La pièce était quasiment vide, maintenant. Les rares clients s'étant attardés pour manger au lounge avait terminé et quitté leur table. Le trio, quant à lui, semblait prendre ses aises et s'éterniser sur place.
Tout en découpant sa lamproie avec une maniaquerie proprement ridicule, Clawback jetait un oeil méfiant à leur environnement direct. Leurs voix n'était qu'un bruit de fond dans l'approximatif silence qui régnait là, et malgré tout, restait audible pour une ouïe fine.

Alors qu'il mâchait sa première bouchée, Ben avait cru bon de le dissuader de manger ce genre de met :

" Ah, toujours aussi boute-en-train, Clawback! La joie et l'optimisme! Vous devriez essayer aut'chose que du poisson. Ca rend aigri de bouffer un truc pareil. Moi, en tout cas, un truc qui vit là où il chie, ça m'dit rien ahahah!

-Mmm... fit Clawback d'un air blasé, et si j'étais vous je ne prendrais jamais la peine de visiter un élevage d'éopie... Vous en perdriez l’appétit, mon cher. "

Il avait toujours préféré le poisson à la viande. Il n'allait pas changer maintenant... l'âge vous rendait de moins en moins adaptable et enclin à évoluer. Comme les articulations se rigidifient, l'esprit aussi se névrose. Satisfait de sa réplique, il repiqua dans son assiette.

L'idée du nouveau parti faisait son chemin. Voyl tentait d'appréhender toute l'utilité d'une telle machinerie politique, lui qui n'avait jamais aimé la politique. Il ne savait trop quoi en penser, en vérité. La visée de Grendo lui plaisait assurément, en plus de flatter outre-mesure son avarice chronique, mais il doutait encore de la réussite d'un tel projet. Le contexte était dur... sans compter que monter une véritable opposition ne se faisait pas en un claquement de doigts, même en prenant en compte les dissensions existantes au Sénat. Et s'il se sentait inexorablement contaminé par la volonté et l'enthousiasme de ses deux compères, sa prudence l'incitait à la retenue. Il restait un égoïste malgré tout. Un pour tous, chacun pour soi, devait certainement être un dicton muun. Mais bien sûr, il garda toutes ses calculs pour lui, affichant une mine parfaitement imperméable.

"Faites cela de façon très discrète, si je peux seulement me permettre de vous donner un conseil... Les Jedis sont désormais omniprésents malgré la volonté de certains. Et vous savez tout comme moi ce que l'on raconte sur leurs fameux pouvoirs. La prudence n'est jamais de trop. "

Sa commissure remonta franchement à l'évocation du premier point du programme, et il inclina très légèrement la tête en échangeant un regard appréciateur avec le neimoidien.

"...Voilà qui est intéressant. Très intéressant."

Une fraction de seconde, il hésita à rappeler au ministre ses propres propos lors de l'ouverture de la réunion qui s'était achevée un peu plus tôt... Mais pour une fois, sa capacité à mettre les pieds dans le plat fut mystérieusement retenue par une pensée opportune. Grendo faisait exactement ce que lui aurait fait, ce que n'importe quel homme de pouvoir aurait fait pour garder la face et ne pas se mettre son camp à dos au moment le plus délicat. Il n'allait tout de même pas le blâmer pour ça.

« Les nationalisations ont fait énormément de mécontents. Que ce soit sur Muunilinst ou sur Sullust par exemple, il serait intéressant de bien sélectionner les Sénateurs que nous voulons cibler et surtout ne rien laisser fuiter. Nous pouvons dors et déjà compter sur la participation du Sénateur de Cato-Neimoidia, j'en fais mon affaire et il n'a aucun intérêt de refuser un tel projet. Je connais personnellement le représentant de Skako qui est actuellement une planète neutre, avec de bons arguments je pourrais également le convaincre de nous suivre.

-Pour ce qui est du cas de Muunilinst, reprit Voyl après avoir goûté au vin servi par Ben, j'en ai d'ores et déjà discuté avec Klark. Il n'est pas en très bonne posture auprès des grands électeurs avec cette histoire de nationalisation. Il a cru bon de rester en retrait pour ne pas s'attirer les inimitiés des gauchistes , malheureusement il n'a gagné qu'à moitié... Je ne vous parle même pas de ses soutiens auprès des dirigeants financiers. Je pense même qu'il a renoncer à se présenter à notre dernière assemblée générale. Alors refuser une renégociation de ce genre... eh bien disons que ce serait très dangereux pour son matricule, si l'on peut dire... Je me pencherai sur la question au plus tôt."

Dommage, il appréciait relativement la personnalité intransigeante du sénateur. Mais il fallait voir la réalité en face : sa gestion n'avait pas été des plus malines, et les muuns ne pardonnaient pas le manque de clairvoyance. Il jeta un oeil rapide aux desserts proposés sur la carte que tenait Ben. Rien de très pompeux, mais bien tentant.

"Des cerises confites. Oui, tiens pourquoi pas..."

Il raffolait des cerises.

"En parlant d'Aargau, ce blocus inquiète beaucoup. La situation reste très floue. D'après vous Grendo, et toutes les informations dont les ministères disposent, il y a... vraiment un risque ? Cela pourrait avoir des conséquences désastreuses si nos infrastructures étaient touchées !"

Clawback ne cacha pas sa frustration : responsable du département des communications et contraints de rester sans nouvelles fiables de leur filiales tant que durerait les interventions. Une belle ironie qui le laissait amer.

« Ouais, comme vous dites Grendo, des conséquences. S'pourrait bien qu'la chancelière vous mette son pied au cul, pensez pas? Tant qu'ça ferme sa gueule "l'union sacrée" ça passe, mais ouvrez-la et vous verrez toute l'ouverture d'esprit de ces socialos.

-A ce propos... Ne serait-il pas plus prudent d'anticiper ? Oh, j'imagine que l'idée de perdre votre place à ce petit jeu vous a en effet effleuré l'esprit, mais... Avoir une longueur d'avance sur vos adversaires politiques pourrait s'avérer très utile. Sans parler du contexte : si vous parvenez à un résultat probant avec les autorités aargauns, vous serez en position de force... Ce qui, connaissant la réactivité du marché politique, ne durera qu'un instant."

Ce qu'il sous-entendait là avait de quoi rendre très frileux. Mais Clawback en était certain : Grendo, tout comme Ben, était de nature joueuse. Perdre pour gagner deux fois plus au tour suivant : il l'avait déjà fait bien des fois dans sa vie, et il savait que la méthode était fiable. Non certaine, mais fiable, si l'on calculait le coup avec soin.

"Vous n'êtes pas sans connaître mes opinions sur la politique. Je ne suis pas un homme de mots Grendo, et ne le serait probablement jamais, à mon âge. Cependant, si c'est là le cheval de bataille qu'il nous faut pour récupérer le joyau de notre couronne et laver l'affront fait à mon peuple, je vous livre volontiers ma signature et mon réseau. Qui ne mise rien ne remporte rien. Je mise donc, et escompte bien faire une belle plus-value."

Lorsque l'un des serveurs revint dans les parages, hésitant visiblement à s'approcher de la table sans y être invité, Clawback lui fit signe, impérieux.

"Je vous prendrai de ce clafoutis aux cerises confites. Et un café également. Bien noir, avec un sucre."


Grendo S'orn
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Le vieux politicien hocha lentement la tête et essaya de rester concentré malgré l'état de fatigue déjà très avancé. La réunion patronale avait été très éprouvante pour le neimoidien et ses collègues du Gouvernement. Entre les différents cris des patrons indignés et la riposte des Ministres, la cacophonie qui en avait découlée avait provoqué chez Grendo d'insupportables acouphènes encore présent actuellement. Il essuya délicatement ses petites lunettes avant de les replacer devant ses yeux.

« Effectivement. Si je m'oppose ouvertement au Gouvernement en place je ne donne pas cher de ma peau ... Comme vous le dites Voyl, mieux vaut anticiper dans de telles circonstances. » une démission, voilà ce qu'il sous-entendait, une démission totale et immédiate de sa fonction de Ministre du Trésor et de l'Economie. Un véritable affront pour la République mais aussi pour sa planète natale qui ne manquerait pas de le rappeler à l'ordre peu de temps après cet acte aux lourdes conséquences. Un pari risqué pour le neimoidien mais cela en valait-il vraiment la peine ?

« Je vais être franc avec vous Voyl, si cette crise n'est pas bien gérée oui il y a un énorme risque de contamination. Le problème vient surtout du fait que cette crise a lieu sur Aargau. Ce n'est pas une planète éloignée ou semi-habitée de la Bordure, non c'est un monde prospère du Noyau, très proche de Coruscant, l'un des grands centres bancaires de la Galaxie, ... Si cette Base Sith existe vraiment sur cette planète, je ne doute pas de l'efficacité de l'armée républicaine ou des membres de l'Ordre Jedi qui seront envoyés à leurs côtés pour la débusquer, mais imaginez-vous le message que cela donnerait au citoyen Lambda ? La République incapable de surveiller ses propres frontières ! Qui nous dit qu'elle soit la seule a avoir été construite au sein de notre espace ? De plus, ce genre d'entreprise n'a pas pu se faire sans complicité. Et bien qu'il le nie, je suis convaincu que Lord Côme Janos n'a pas agis seul. Nous verrons, peut-être l'avenir me donnera tort mais quoi qu'il en soit le Gouvernement s'efforcera de réduire au maximum les dommages liés au Blocus. Soyez rassuré Voyl, je m'y rendrai personnellement en compagnie de la Chancelière et je ferai mon possible pour défendre les intérêts des nôtres, vous avez ma parole ! »

L'idée d'un nouveau parti politique libéral faisait petit à petit son chemin dans la discussion et semblait intéresser les trois individus qui exprimèrent tour à tour leurs positions. Ben proposa alors le soutien entier du Coruscant Post, parfait un moyen efficace de tenir informés les citoyens ou tout simplement de les manipuler grâce à de la propagande bien ficelée. Voyl accepta également proposant lui son propre réseau. Ne manquait plus que la signature d'autres politiciens, sénateurs et gouvernements locaux mais cela demanderait du temps, des semaines probablement.

« Nous devrions mettre en relation nos collaborateurs le plus rapidement possible. Ce genre de projet prendra du temps, des négociations seront probablement nécessaire, mais je ne doute pas qu'ensemble nous y arriverons ! Peut-être même qu'avec de la chance à mon retour d'Aargau nous pourrions annoncer la création de ce parti libéral. » les semaines prochaines seraient longues et bien remplies mais Grendo était un homme très patient et lorsqu'il frapperait, il frapperait fort, très fort.

« Bien veuillez m'excuser chers amis mais j'ai besoin de repos. Cette réunion patronale a été très exténuante et je pense avoir bien mérité une bonne nuit de sommeil réparateur. Nous nous reverrons très bientôt, n'est ce pas ? » dit-il en appuyant lourdement de ses deux mains sur la table pour se relever de son siège.

« Messieurs, ravis de vous avoir revu. » après un léger signe de tête, le Neimoidien s'éloigna de la table et vint rejoindre son chef de la sécurité, attablé toujours au bar puis ils quittèrent le restaurant en direction du turbo-ascenseur.
Voyl Clawback
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Il salua Grendo lorsque celui-ci se retira, restant un instant seul avec Doyle.

"Vous savez, Ben, je me demande parfois si l'Empire ne finira pas par avoir notre peau. Avec cette inertie qui est la notre, ils seront armés jusqu'aux dents avant que nous soyons parvenus à statuer sur la pertinence d'octroyer une pause de dix-heure à nos soldats..."

Le journaliste était très occupé à tirer sur son cigare, et un court silence s'installa, avant qu'un bip léger ne signale un appel entrant sur le pad de Voyl.

"Hm. Navré, je vais également devoir vous laisser à mon tour. Le devoir m'appelle, au sens propre cette fois. "

Il jeta un dernier regard à son vieil ami affalé dans son fauteuil, bientôt le seul client encore dans le lounge.

"Ce fut un plaisir. J'espère que nous aurons l'occasion de reparler de ces réflexions sur cette bonne vieille Coruscant, qui vous tient à cœur je crois. "

Clawback sourit, puis se détourna pour décrocher tout en marchant vers le hall. La voix grave de Droomos s'éleva de l'appareil.

"Patron, le vaisseau à reçu un appel qui vous était destiné il y a moins d'une demi-heure. Je vous le transmet ?

-Où êtes-vous exactement ?

-Dans le hall d'entrée, devant...

-Stop, je vous vois. Raccrochez."

La technologie avait cela d'utile qu'elle s'avérait parfois... inutile. Juste inutile. Le muun s'avança vers son garde du corps qui tenait encore son comlink dans la patte.

"Une demande d'entretien de la part d'un "contact" de l'un de vos clients. Il y a un type bizarre qui voudrait vous voir...

-Un "type bizarre" ?

-Du genre pas conventionnel, quoi. Je n'aime pas son regard.

-Oh, pour l'amour du Trésor, épargnez-moi ce genre de considération subjective... Des faits, et rien d'autre, par pitié. "

Droomos haussa les épaules et suivit Clawback à travers la porte d'entrée de l'hôtel. La soirée s’annonçait longue, et ni l'un ni l'autre ne savait encore à quel point.

"Et où nous attend-t-il, ce type bizarre ?

-Au Plague.

-Ah. Je vois. "

hrp:
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