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Darth Odium passa un énorme doigt pensif sur l’un des murs rêches de l’académie et observa les grains poussiéreux qui s’y amassaient. Le sable s’infiltrait partout sur cette vieille planète, le chagrien écarlate n’avait pu que le remarquer ces longs derniers mois. Byss avait été une épreuve compliquée. « Ce n’est plus de mon âge » aurait-il reconnu s’il avait la moindre bonne foi, mais comme il était un Sith cette qualité lui semblait bien stupide et étrangère. Il avait d’abord affronté un autre unijambiste, un soldat de la république, soi-disant, mais bien compétent que les quilles habituelles qui formaient la fière ligne de défense des planqués de Coruscant. Un combat qui avait été difficile, d’autant plus que la technologie Rakata interagissait à merveille avec le côté Obscur, et s’il y a bien quelque chose qui ne faisait pas défaut à notre imposant seigneur Sith, c’était bien les ténèbres. Il en était imprégné jusque dans les gènes, fils de Sith, né à Dromund Kaas, grandi sur Korriban, d’abord dans les cercles épars des adeptes du côté le plus sombre de la Force puis au sein de l’embryon d’un empire ressuscité et qui grignotait de plus en plus de pouvoir.

Il avait survécu, malgré les brûlures et les blessures. C’était de la pacotille. Sa forte résistance physique était un style de combat à lui seul qui lui octroyait une endurance hors norme et compensait avec sa faible capacité à riposter. Et puis s’en était suivi un combat éclair, avec pas un mais deux maîtres-d’armes jedi. La main brisée, à croire que trouver des gens entiers dans cette galaxie délirante relevait de l’exploit, à quand le grand club des pratiquants de la Force en kit ? Et Vocklan, l’Epicantix, cette race de proche-humain capable de résister à la suggestion, ce qui avait le don de rendre les négociations plus compliquées et était remarquablement agaçant. Darth Odium toucherait deux mots aux autres seigneurs, des suggestions de génocides qui promettaient de simplifier la vie de tout le monde. Un combat qui fut vite avorté, dieu merci. Même avec l’aide d’une des plus fines lames de l’empire, personne ne serait sorti indemne de ce combat.

- Seigneur Odium…

Le Sith se tourna vers la créature décharnée et tremblante qui venait d’apparaître dans le couloir à sa droite. Islahé était une humaine de la bordure extérieure, capturée pendant un raid de pirates eux-mêmes interceptés par des Sith. Les cargaisons vivantes offraient un bon vivier de serviteurs déjà affaiblis par la faim et le désespoir, commençant déjà à considérer leur existence d’esclave. Il y avait même parfois quelques être déjà sensibles à la Force qui pouvaient grossir les rangs des apprentis. Islahé n’avait aucun don pour quoi que soit, et vu son teint maladif et son air perdu, elle ne tiendrait plus longtemps le rythme.

- Le seigneur Valeras souhaite partager un repas.
- Dites à Valeras que je viendrai.

D’un geste sec de la main, il éloigna la jeune esclave qui trottina au loin sans demander son reste. Darth Valeras était le maître d’arme de l’académie depuis quelques années déjà. Si Odium prenait soin des enseignements qui faisaient appel à la Force ou à la connaissance des Sith, l’autre était en charge d’un enseignement plus brut, celui du sabre. Il était complexe de parler d’amitié dans l’ordre, puisque le coup de traître n’était jamais bien loin, mais il était complexe d’éviter quelqu’un qui partageait des tâches semblables aux vôtres et qui avait également des particularités semblables comme un mariage heureux, enfin que la femme d’Odium disparaisse dans des conditions qui demeurent assez mystérieuses. Sans compter que Valeras avait beaucoup profité de la mort regrettable de Darth Jugal. L’ancien inquisiteur s’était lancé dans des manœuvres trop grossières qui avaient irrémédiablement conduit à sa chute. Il était donc devenu une personne auprès de laquelle il valait mieux être en bons termes.

Le maître d’arme Sith possédait un manoir privé sur Korriban, un endroit un peu lugubre mais l’atmosphère de Korriban y était pour beaucoup. Les esprits des anciens Sith pouvaient plonger dans l’obscurité jusqu’au soleil, donc autant vous dire que même la plus somptueuse des bicoques n’échappait pas à cet état de fait. Odium frappa tranquillement plusieurs coups vigoureux à l’épaisse porte d’entrée. Un servile serviteur ne tarda pas à lui ouvrir et à le guider silencieusement jusqu’à la salle à manger.

- Valeras, le salua Odium d’une brève inclinaison de la tête (l’une des cornes effleura légèrement le plafond, mais le chagrien avait l’habitude et bénissait la folie des grandeurs des importants de la galaxie). Laduim a-t-il laissé échapper quelques informations de son bourbier ?

Odium n’était pas très protocolaire quand il n’en voyait nullement l’utilité. La reine noire s’était finalement lancée dans l’extension dans l’empire dans la bordure extérieure. L’annexion de nouvelles terres offraient de nouvelles ressources et permettaient d’entretenir le moral des troupes, ce n’était un secret pour personne parmi les grands seigneurs Sith, il ne faisait aucun doute que sitôt la conquête officialisée il y aurait du mouvement, et toutes les hyènes délaissées de l’empire se jetteraient sur cette nouvelle carcasse avec un empressement sauvage. Mais le chagrien choisit d'adoucir un peu la conversation. la guerre quand on n'y était pas n'était pas un sujet plaisant.

- Que nous a donc préparé… Lesdav ? Clim ? … Alka ? Bref votre cuisinier.

Oui, il ne faisait jamais bon de finir au service d'un seigneur Sith. Darth Odium eut un bref sourire carnassier à cette pensée.
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Bordure extérieure – Secteur d'Esstran – Korriban
Année 21.568 de la Fondation de la République Galactique, mois d'Elona, 15 Natunda


Le manoir du Seigneur Valeras n'avait rien d'un palais. Certes, il s'agissait d'une demeure assez grande, soignée et décorée avec luxe. Mais cela n'avait rien de comparable avec les demeures dans lesquelles logeaient les Moffs de l'Empire, sur les planètes dont ils avaient la charge. En réalité, il s'agissait d'une demeure troglodyte, construite dans la roche ocre que l'on trouvait sur toute la surface de la planète Korriban. L'endroit n'était pas très éloigné de l'Académie, située à deux kilomètres de là. Autant dire que le Seigneur Sith n'utilisait que rarement les appartements qui lui étaient réservés au sein de l'institution académique.

La façade était bâtie sur un plan très classique. Colonnes, grandes fenêtres pour faire entrer la lumière, bas-reliefs représentant des scènes glorieuses de l'Ordre Sith... A l'intérieur, les plafonds étaient hauts, du moins au rez-de-chaussée, avoisinant les quatre mètres cinquante. Du marbre au sol, de différentes couleurs, en différentes formes. Une fois entré dans le manoir, on se trouvait dans un bel hall d'entrée. Face à soi, on avait un couloir, encadré de part et d'autre par un escalier de marbre menant à l'étage supérieur. Il suffisait de prendre le couloir pour arriver dans une pièce destinée à l'accueil de tout invité, un salon dont le parquet était en chêne et où étaient suspendues de belles et anciennes tapisseries. La décoration était chaleureuse et sur le mur du fond, en son milieu, se trouvait une cheminée de marbre blanc, finement ouvragée. Un feu mordait les bûches, qui réchauffaient les lieux en cette saison d'hiver débutant sur Korriban. L'été, il faisait à mourir de chaud durant les journées et particulièrement froid durant les nuits. Mais en hiver... il faisait froid en permanence, tout simplement.

Ce fut donc dans le beau salon du Seigneur Valeras que fut introduit Darth Odium, célèbre pour ses récents exploits sur Byss. La réputation du Sith avait profondément bénéficié des combats menés sur la planète qu'avait récemment visitée Valeras incognito, non sans difficultés. Pour autant, le Chagrien était resté assez discret ces dernières semaines, continuant simplement à instruire les apprentis de l'Académie. Le natif d'Artorias n'avait pas de leçons à donner à ce sujet, lui-même ayant été éloigné des affaires de l'Empire durant de nombreuses années, se contenant d'approfondir sa maîtrise du combat au sabre laser, d'entraîner les apprentis, d'éliminer les faibles et garder les forts.

Cette vie passée hors des sphères du pouvoir impériale venait de s'arrêter. Darth Valeras avait sollicité de l'Impératrice la fonction de Grand Inquisiteur et cette dernière avait bien voulu la lui confier. Un tel changement allait fatalement modifier en profondeur la vie du Seigneur Sith, même s'il était déterminé à continuer l'enseignement qu'il prodiguait sur Korriban. L'Inquisition, de toute manière, siégeait sur Korriban, il serait donc possible de se rendre à l'Académie sans trop de difficultés.

Darth Valeras accueillit son invité avec un sourire aimable, les paumes des mains présentées, en signe de paix. A l'annulaire gauche, le Sith portait la chevalière que lui avait confiée son maître, Darth Jugal, à la fin de son apprentissage. A l'annulaire droit, se trouvait l'alliance représentant l'union entre le Sith et la Moff Elisabeth Kane, sa belle épouse. Au majeur droit, venait de s'ajouter la chevalière du Grand Inquisiteur, sur laquelle se trouvait le sceau inquisitorial. Valeras dévisagea avec plaisir le bel accoutrement du Sith qui lui faisait face, appréciant n'être pas le Seigneur à prendre attention à la façon dont il s'habillait. Ce qui frappait particulièrement, c'était la taille impressionnante du Chagrien. Pour un humain, Darth Valeras était un colosse, présentant une forte carrure et mesurant le mètre nonante. Mais Darth Odium était encore bien plus grand, approchant les deux mètres et demi... A cela il fallait ajouter des tatouages effrayant sur tout le corps. Il faisait légitimement frissonner d'effrois les apprentis pouvant le croiser dans un couloir de l'Académie.

    « Odium. »


Il sourit à la question de son homologue et, avant, de répondre, l'invita à prendre place dans un confortable fauteuil au tissu bordeaux. Un serviteur vint amener les apéritifs. Un vin liquoreux blanc fut servi et de petites olives présentées dans de petits bols ouvragés. Darth Valeras s'assit et but une gorgée de vin, savourant le goût sucré, fruit des vendanges tardives.

    « Il semblerait que Laduim se débrouille fort bien. D'après les informations que j'ai obtenues, les forces locales sont en bien mauvaise situation. Nous pouvons espérer une victoire, même s'il ne faut préjuger de rien. »


Valeras saisit une olive, puis cracha le noyau dans un cendrier.

    « A l'évidence, le Seigneur Laduim est un bon stratège. Je m'étonne toujours de sa position de Gardien des Mystères. Il reconnaît lui-même n'avoir aucune connaissance de Korriban ou des institutions académiques en général... Vous avez entendu parler de la leçon qu'il a donnée à l'Académie? Il aura du mal à changer des pratiques séculaires, si vous voulez mon avis. Je me vois mal épargner les ratés, puis les envoyer dans l'armée ou un machin du genre. Il n'y a rien de pire que d'avoir des subordonnés qui vous haïssent et vous envient plus qu'ils ne vous craignent. Enfin, nous verrons bien ce qu'il en sera. »


Le Maître d'Armes était naturellement intéressé par la position du Seigneur Odium sur le sujet. Par sa volonté de réforme et ses critiques virulentes, le Seigneur Laduim était loin d'avoir fait l'unanimité auprès du corps académique, en particulier celui de Korriban. Conservateur, attaché aux traditions, tel était la renommé de Darth Odium et le nouveau Grand Inquisiteur partageait entièrement cette conception. En même temps, il était conscient que, si l'Impératrice appuyait cette volonté réformatrice, les enseignants ne pourraient pas faire grand-chose. Cela dit, le risque était de faire ressurgir des divisions anciennes et récemment cicatrisées. Korriban digérait encore difficilement son effacement au profit de Dromund Kaas. Darth Valeras était d'ailleurs bien conscient que sa récente nomination avait également pour but de rassurer les Korribanites, qui voyaient maintenant l'un des leurs à un poste intéressant.

    « Ledor! Je l'ai depuis un peu plus d'un an, maintenant, je crois... Le précédent avait servi un repas dont les ingrédients ont provoqué une crise d'allergie auprès de ma chère Lady Kane. »


Inutile de préciser qu'il était mort.

    « Il me vient des territoires obtenus après Artorias. Sa cuisine change un peu de mes précédents cuisiniers, ce n'est pas plus mal. Cela dit, ce soir je lui ai tout simplement demandé de nous préparer des plateaux de fruits de mer. J'espère que cela vous plaira! »


A cet instant, un domestique vint avertir leurs seigneuries que tout étaient prêt, et les deux hommes purent rejoindre la salle à manger. Chacun s'installa à une table en bois massif, sur laquelle avait été dressée une nappe blanche. Le Chagrien et l'Artorien se faisaient face et au milieu se trouvait trois énormes plateaux, magnifiquement remplis de coquillages, mollusques et crustacés de toutes sortes. Il suffit que chaque gourmet se serve dans les plats pour les mettre sur son assiette et manger avec les mains ces petits délices de la nature. Des sauces avaient été préparées, ainsi que du beurre et du pain. Le vin blanc fut aussitôt servi, tandis que deux serviteurs nouaient des serviettes à crustacés aux cous des deux Sith, afin qu'ils ne salissent par leurs vêtements en mangeant.

    « N'attendons plus, mon ami! »


Avec délectation, Valeras saisit une huître, l'aspergea de citron puis l'aspira, appréciant le goût de la mer dans sa bouche. Un délice. Attrapant un casse-noix, il prit une pince de crabe et entreprit de l'ouvrir. Il fallut s'y reprendre à trois fois, jusqu'à être finalement récompensé par une chair délicieuse et fraîche. Il essuya ses doigts trempés, prit son verre de vin et le leva.

    « Santé, Odium! »


Le repas était lancé, et il n'était pas prêt de s'arrêter.
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Darth Valeras pouvait être considéré comme bel homme sans doute, du moins pour un humain naturellement. Il avait les traits réguliers et les traces de vieillesse qui marquaient son visage un peu trop sévère pour être réellement mémorable ne suffisaient qu’à affirmer qu’il s’agissait d’un homme qui vieillissait plutôt bien. Il devait avoir la cinquantaine, si Darth Odium avait bonne mémoire à ce sujet, comme lui. Sauf que le chagrien approchait dangereusement de la période fatidique de la soixantaine, mais il restait remarquablement vigoureux, grâce à la Force qui fortifiait ses pratiquant. Son hôte tenait un verre de vin blanc à la main et le savourait visiblement. Bien vite l’apéritif fut servi, et il eut droit à son verre qu’il sirotait en écoutant Valeras lui parler de Dubrillion, et surtout de Laduim.

- Une victoire pour l’empire est toujours une victoire pour tous, admit Odium avec délicatesse. Mais je partage vos allégations sur Darth Laduim.

Darth Odium fit une pause dramatique et en profita pour avaler une olive. Enfin profiter était un bien grand mot. Les chagriens ayant l’honneur et l’avantage de passer leurs premières dans des containers, des sortes d’aquarium installés dans les maisons, jusqu’à ce que leurs membres soient assez forts pour qu’ils évoluent sur la terre ferme, ils étaient nourris avec de la nourriture de synthèse. Ils n’avaient donc aucun sens du goût et un odorat tout aussi peu développé puisque l’un et l’autre étaient très liés. A vrai dire dans sa prime jeunesse, le seigneur Odium avait considéré manger à table comme une perte de temps pour les oisifs. Mais avec le temps, à défaut de la nourriture, il avait reconnu l’utilité sociale et relationnelle de l’acte et s’y adonnait pour les grandes occasions.

- Je me souviens qu’il était parvenu à exaspérer la demoiselle Shaar-La, ce qui n’est peut-être pas une idée lumineuse. Ses méthodes ne serviront qu’à créer des faibles, des avortons égoïstes. La violence et la compétition sont à la racine du côté obscur et des piliers de nos traditions. Et les traditions face à notre individualisme sont la seule chose qui nous maintienne dans un ensemble relativement cohérent.

« Relativement ». Car un empire Sith était une machinerie complexe de dupes, trahisons, gloires éphémères et lancers de poignards. Jugal en avait fait les frais. Manipulé, utilisé et assassiné par une simple apprentie, apprentie qui elle-même s’en retrouvait en grande partie disgraciée alors qu’il semble bien difficile d’imaginer cette jeune créature décider par elle-même de mettre un terme à l’existence d’un haut seigneur Sith. Mais l’on pouvait passer des heures à essayer d’enquêter et de démêler l’enchevêtrement complexe des machinations obscures, on n’y trouverait sans doute rien d’autre comme origine que le déchaînement passionnel profondément illogique d’un certain de nombre de consciences allié à des stratégies calculatrices bien orchestrées par d’autres, avec bien sûr comme apothéose l’impossibilité de remonter jusqu’au bout de ces petits fils.

Alors qu’Odium cherchait avec une forme de désespoir un goût au vin, il s’aperçut, ou plutôt se souvint, que Valeras avait été il y a bien longtemps l’apprenti de Darth Jugal. Il était assez curieux comme quoi la mort du maître signifiait toujours un pas de plus vers le sommet pour l’élève, aussi tardivement cela avait lieu. Les Sith avaient une bien étrange conception de la filiation.

- Si Dubrillion se révèle une victoire éclatante, je crains la réputation que Laduim va pouvoir en tirer. Lui qui était bien discret jusque-là sera sans doute doté d’une marge d’action un peu plus large. J’espère qu’il n’en profitera pas pour étaler ses fantaisies éducatives. Comme si essayer d’inculquer quoi que ce soit à ces gamins tous plus impétueux, orgueilleux et narcissiques les uns que les autres n’était pas déjà une lutte journalière.


Les apprentis étaient littéralement des petits explosifs ambulants qui n’attendaient que la première occasion pour :

- Se battre entre eux
- Se battre avec le professeur
- Provoquer une bagarre entre des tiers
- Faire des coups bas
- Assassiner/torturer l’être vivant le plus proche
- Se lancer dans un acte de rébellion aussi vain que tape-à-l’œil

Des jeunes gens en somme. La compétition était l’essence même de leur présence sur Korriban. Odium en avait eu la confirmation par sa plus virulente progéniture, Virsune, un mot ancien du langage des Sith qui signifiait fierté qu’elle arborait à la perfection, en bien comme en mal. Une chagrienne vindicative et brutale qui compensait sa faiblesse physique par une volonté de fer et sa nécessité de gagner et d’être à tout prix la meilleure partout.

- Cette chère lady Kate… Comment va-t-elle ? Cela fait longtemps qu’elle n’a pas honoré Korriban de sa présence.

Odium pensait bien l’avoir perçu à de rares reprises sur Korriban. C’était une moff sur une autre planète. Une femme d’apparence exquise. Il ignorait s’il touchait là à un sujet sensible mais de toute façon Valeras n’en laissera rien paraître.

Le serviteur qui noua la serviette autour du cou d’Odium avait dû se mettre sur la pointe des pieds. Ce dernier contempla avec intérêt la débauche de fruits de mer qui étaient apparus presque par magie sur sa table. Comment disait-on déjà ? Valeras avait mis les petits plats dans les grands. Importer ces huîtres devait avoir coûté une petite fortune, mais les seigneurs Sith n’avaient pas de problème aussi terre-à-terre. Darth Odium saisit une huître et l’observa avec curiosité. Il se demanda s’il ne s’agissait pas du type de nourriture naturel que mangeait sa race habituellement. Ou s’il s’agissait de lointains ancêtres. Il s’amusa tant bien que mal en mettant quelques gouttes de citron sur l’animal qui se met à gigoter flasquement au contact de l’acidité du liquide. C’était terne et sans vie sur les papilles. Odium jeta un œil à Valeras. Qui aurait pu se douter qu’il fut un tel bon vivant ? Il était cependant difficile pour le chagrien de montrer une joie semblable à la vue de la nourriture, mais il parvenait tout de même à sourire poliment à son hôte. C’était un honneur, en quelque sorte.

- Santé, répondit-il en finissant son verre d’une gorgée. Le moins qu’on puisse dire c’est que vous savez recevoir, Valeras. Célébrons-nous quelque chose ou traitez-vous tous vos invités comme des princes ?

Odium attrapa une langouste et se saisit de l’un des instruments dont s’était servi l’humain. Mais l’objet était trop petit pour ses énormes mains et il brisa la coquille du fruit de mer à main nue. Cette dernière émit un bruit de craquement déplaisant, semblable à un os que l’on brise. La chair avait l’avait l’avantage d’avoir une texture agréable.

- Dites-moi, comment vivez-vous votre nouveau grand rôle d’inquisiteur ?

C’était de la promotion de grande ampleur, l’un des rôles centraux de l’empire et un important. Une léger changement avec le rôle d’instructeur…
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Certes, le Seigneur Sith n'avait pas lésiné sur la dépense pour accueillir à sa table Darth Odium. Question de respect, vis-à-vis de son invité, mais aussi question de standing. Il convenait de montrer que le Grand Inquisiteur pouvait recevoir somptueusement, sans pinailler sur des matières triviales de crédits.

Korriban disposait d'une mer, au nord de de la planète. Mais il s'agissait d'une étendue d'eau particulièrement froide, peu connue pour sa production de fruits de mer et de poissons. On n'y trouvait rien de bien fantastique pour satisfaire les papilles gustatives d'un gourmet comme Darth Valeras. Les mets qui s'étalaient sur les plateaux venaient donc d'une autre planète que Korriban. Le Sith ignorait laquelle, tout ce qui importait était que son cuisinier se soit fourni de produits savoureux et bien frais. Ledor lui assurait qu'une bonne partie des denrées avaient été pêchées moins de vingt-quatre avant le début du repas. Cela avait un coût, certes, mais que l'Inquisition pouvait désormais bien supporter. Avec un sourire malicieux, le Seigneur Sith répondit à son interlocuteur.

    « Il faut bien que les fonctions importantes apportent quelques privilèges à leurs titulaires, n'est-ce pas? »


Avec adresse, il saisit un homard et enfonça avec précision un long couteau dans la carapace du bestiaux. Il sourit en ayant accès à la chair et de ses doigts fit de petits morceaux, qu'il trempa avec soin dans la mayonnaise maison. Le goût en bouche était exquis. Après les plaisirs sexuels, venaient directement les plaisirs gustatifs. Mêler les deux, d'ailleurs, pouvait se révéler terriblement jouissif... S'essuyant les lèvres, il reprit la parole.

    « Lady Kane est, malheureusement, fort occupée par ses obligations, qui la retiennent loin de Korriban. Mais elle m'a récemment contacté pour me signaler qu'elle passerait au manoir ce soir ou demain... Peut-être la rencontrerez-vous ce soir, si elle n'arrive pas trop tard à destination! »


Devant leurs seigneuries s'étalaient huîtres, coques, palourdes, ormeaux, coquilles saint-jacques, clams... Sur un autre plateau, on trouvait des encornets cuits à l'huile d'olive et garnis de légumes à la vapeur. Un magnifique poulpe trônait également, trempant tranquillement dans son l'huile, agrémenté d'ail et de romarin, saupoudré de sel et de poivre. Des bigorneaux entouraient trois homards, aidés dans leur tâche par de belles crevettes. Pour l'instant épargnées, des langoustines tenaient compagnie à deux crabes, dont une paire de leurs comparses venaient d'être engloutie par deux Sith.

    « Voyez-vous, Odium, j'aime recevoir, tout simplement. Et, vous l'aurez compris, j'aime les plaisirs de la table. Il n'y pas de célébration particulière. C'est l'occasion de faire bonne chair, et tout repas doit être une preuve du respect que témoigne un hôte envers son invité. »


Valeras prit son verre de vin et apprécia le goût. Un vin sec, parfait pour les fruits de mer.

    « Ceci dit, il est vrai que ce repas intervient juste après ma nomination à la tête de l'Inquisition, j'imagine que c'est une occasion qui mérite peut-être d'être célébrée. »


Venant d'achever le homard, le Sith entreprit de diminuer la cadence et commença à s'attaquer à quelques bigorneaux.

    « Les membres de l'Inquisition ne me sont pas inconnus. Du fait de la position de feu mon maître, et traître à l'Empire, j'ai pu me forger quelques relations au sein du Clergé, dont l'Inquisition est le bras séculier. Mes rapports avec les cléricaux et le fait que je sois un Korribanite ont formé un argument utile pour prétendre à cette fonction. »


Le Seigneur Valeras décortiqua avec minutie une crevette. Il l'arrosa à l'aide d'un citron puis mordit à pleines dents dans la chair blanche et tendre, qui livra toute l'eau de mer qu'elle contenait encore, pleine de saveur.

    « Ma nouvelle fonction implique des devoirs plus grands envers l'Empire. C'est une tâche difficile que m'a confiée Sa Majesté, mais je compte bien oeuvrer continuellement et sans relâche à l'unité morale et sociale de notre nation. Je serai intraitable et sans pitié avec les ennemis de l'Empire. Jedi, membres de sectes, opposants politiques, traîtres Sith, dignitaires inefficaces... Je traquerai tout ceux qui affaiblissent l'Empire, et je les briserai. »


Et le geste accompagnant la parole, le Grand Inquisiteur brisa violemment une pince de crabe à l'aide d'un efficace casse-noix.

    « A l'heure où une Jedi occupe la chancellerie républicaine, il est temps que l'Inquisition sorte de sa torpeur. Les Jedi ne méritent aucune pitié, les éliminer sera toujours une priorité. Les affaiblir reviendra à affaiblir la République. Vous en savez quelque chose, Seigneur Odium, tout le monde a entendu le récit de vos exploits sur Byss. »


D'un coup vif, la fourchette du maître de maison vint arracher une noix de saint-jacques.

    « Au sujet du Seigneur Laduim... je ne saurais être trop en accord avec vous. Il est bien malheureux de voir ainsi un membre du Conseil Noir relancer des divisions entre Korribanites et Dromundiens, enseignants et "réformateurs", alors même que l'Inquisition fait tout pour garantir la stabilité de la Foi et de ses préceptes... »


Darth Valeras s'empara d'un homard. Il était temps d'en revenir aux choses sérieuses.

    « Nous devons espérer une victoire sur Dubrillion pour le bien de l'Empire. Sa Majesté a, me semble-t-il, pris une décision pleine d'intelligence en agrandissant le territoire impérial tout en veillant à ne pas viser des territoires républicains. La République ne peut ainsi prétendre qu'il y ait eu la moindre violation du traité d'Artorias.

    Laduim devra bien choisir. Agir comme Gardien des Mystères et gérer réellement les académies, ou continuer dans sa belle carrière militaire. La seconde option me paraît préférable pour l'Académie de Korriban. »


Après tout, si Darth Laduim l'emportait sur Dubrillion, il pouvait peut-être espérer une place plus prestigieuse au Conseil Noir. A preuve du contraire, il venait de présenter les qualités requises de tout Castellan Noir.

    « Mais vous, Odium... N'avez-vous jamais désiré un poste en particulier? Il n'y a aucune honte à s'en tenir à l'exercice d'une fonction professorale, je l'ai fait durant des années. A vrai dire, vous avez même été plus actif que moi vu vos actes remarquables sur Byss. Cependant, c'est précisément ce qui m'intrigue. Vous pourriez être encore plus utile à l'Empire. Vous êtes un professeur mais aussi un homme de terrain. Deux qualités susceptibles de vous ouvrir bien des portes. »


Le Sith porta la pince de crabe à sa bouche et avala le doux liquide qu'elle recelait.
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Le poulpe rappelait vaguement à Dame Frey à Odium. Les tentacules surement. Et la couleur. La bête avait l’aspect caoutchouteux, le goût n’était sans doute pas plus apetissant. Comment diable les autres pouvaient manger ce genre de chose ? Le chagrien supposa qu’il s’agissait d’un met recherché, de luxe, avoir ces bestioles semblables à des nautolans à sa table. Mais il était possible que ce soit également la nourriture la plus naturelle de sa race. La biologie lui indiquait simplement que les ancêtres primaux étaient carnivores, d’où la présence de solides dents. Darth Odium ne toucha pas au poulpe.

- Il faut quelques privilèges aux titulaires pour qu’ils acceptent de l’être, rétorqua le seigneur Sith avec un sourire narquois qui dévoila d’imposantes dents carnassières. Sinon qui accepterait de risquer l’assassinat brutal tous les trois pas par les déçus.

Un sourire à s’en relever la nuit sans nul doute. C’était une boutade. N’importe quel Sith digne de ce nom se battrait jusqu’au sang pour une once de pouvoir en plus, ou même une simple illusion. Odium se resservit un verre de vin blanc pour faire bonne mesure. Il avait toujours trouvé étrange qu’il soit seulement capable de métaboliser ce type de liquide, mais l’évolution biologique pouvait faire des miracles apparemment.

- J’espère que simplement que lady Kane et sa planète n’a pas trop souffert des divergences qui ont ranimé les clivages séculaires de notre solide empire. Il n’y a rien de pire que d’avoir à démêler les intrigues et les conflits internes…

Solide empire… C’était un bien grand mot, mais Odium était un fervent partisan du discours performatif. Les mots et la suggestion pouvaient modeler à terme la réalité. Cela aurait-il fait de lui un bon politicien ? Pas entièrement. Ce n’était de toute façon pas une voie qui l’attirait beaucoup. Il préférait les vieilles ruines gorgées de souvenirs anciens et transpirant les savoirs oubliés aux tribunes, les gamins insolents et inconscients de la portée de leur potentiel aux requins hypocrites.

- Votre talent pour la table est tout à votre honneur. La courtoisie est une vertu qui se fait rare de nos jours…

Odium était habitué à ce genre de pirouette. Tous les Sith n’étaient pas dénués de savoir-vivre. Malgré son apparence, qu’il savait bien trompeuse, il avait toujours préféré ceux qui savaient faire preuve de délicatesse et de parcimonie aux brutes sans cervelle, incapable d’apporter autres choses que le sang et les ennuis. Le chagrien était sans doute ce que l’on pouvait appeler vieux jeu, mais il s’attachait à ces principes comme (il vit son hôte passer aux bigorneaux) eh bien comme des bigorneaux à des rochers.

Il avait dû en effet être très aisé pour Valeras d’obtenir les faveurs de l’église Sith. Tous les facteurs étaient réunis pour en faire le candidat tout désigné pour succéder à son ancien maître. Personne ne semblait s’être posé de questions sur la nomination d’un Darth Jugal plus jeune alors l’ancien avait déjà mal fini. Mais le clergé Sith aimait la tradition, et par extension n’appréciait pas vraiment les changements trop brutaux dans leurs habitudes. Au moins avaient-ils choisi un homme qui était attaché à Korriban et aux valeurs profondes et véritables des Sith. Ils n’auraient de toute façon jamais accepté un réformateur. Si le conflit semblait s’être adouci pour le moment, Odium s’interrogeait sur la portée réelle du clivage à long terme, et sur la capacité de l’empire à supporter ou à s’adapter à de nouvelles pensées.

- La tête de l’inquisition était donc un calcul de long terme, en conclut le chagrien dans un souffle, le verre d’alcool suspendu dans sa main. Ou bien avez-vous toujours considéré cette place comme vous échouant naturellement ?

Ou les deux à fois. Il ne suspectait rien en particulier, ce n’était que les règles du jeu, et une certaine forme de curiosité. Les gens capables de comploter des années pour nourrir leur ambition exerçait une certaine fascination sur lui. Mais il devait reconnaître que la détermination dont son interlocuteur faisait preuve pour le bien de l’empire.

- En parlant d’ennemis politiques, j’ai reçu quelques nouvelles de Jostas. Il semblerait que suite aux révélations de Darth Deinos le Sénat ait décidé de renforcer sa sécurité, notamment grâce à des appareils capables de ressentir l’obscur, sans doute dans un procédé semblable à ce que j’avais constaté sur Byss.

Par réflexe, Odium passa sa main sur la peau encore abîmée par les brûlures sur la partie droite de son cou. Il encaissait bien et se remettait vite, mais il gardait des séquelles physiques. Ce n’était pas gênant, plus un Sith gardait les traces de ses combats passés, plus on pouvait remarquer sa longévité, ce qui était assez rare pour être noté. Durant la bataille contre un autre unijambiste, il avait dû faire face à la redoutable technologie rakata qui était capable de réagir au pouvoir obscur de la Force. Autant vous dire que la présence d’Odium les avait fait tourner façon boussole folle. Il était évident de penser qu’un esprit connaisseur des technologies avaient trouvé un moyen fiable de les utiliser.

- Jostas est mon deuxième fils. Il a autant d’affinité avec la Force qu’un bantha peut voler. J’ai préféré l’envoyer à Coruscant plutôt qu’il serve de cobaye ici. Au moins il nous est d’un minimum d’utilité. Je me demande ce qui a poussé Deinos à révéler son identité. Ce n’est pas comme s’il était parvenu à tromper quasiment l’ensemble de la galaxie… Et comment va-t-il être puni ?

Ne pas gaspiller ses ressources aussi inattendues étaient-elles. Jostas était le vilain petit Gizka de la famille. Aussi frêle que le reste de sa famille était de roc, aussi insensible à la Force que les autres irradiaient de force Obscur. Il avait en plus la malchance d’être d’une race qui naissait par trois, et le contraste avec son frère et sa sœur en était que plus criant. Passer son enfance sur Korriban, au milieu des apprentis Sith qui se rassérénaient de leurs pouvoirs n’avaient évidemment pas arrangé les choses. Au moins à Coruscant était-il au milieu des êtres semblables à sa nature : rusés, comploteurs, beaux-parleurs et fourbes.

- Certes le traité n’a pas été violé, ce qui les empêche toute intervention dans l’immédiat. Mais j’ai bien peur que la République finisse pas s’inquiéter de l’amplification de l’Empire et trouve un moyen de contourner les termes de ce cher traité. Mais c’était le choix le plus judicieux pour stabiliser et renforcer notre position. Les victoires sont toujours bonnes pour le moral des troupes.

La Dame noire faisait bien d’assoir sa légitimité aussi rapidement après Byss. Etre saluée par les anciens Sith était une chose, mais il fallait toujours convaincre les plus sceptiques. Se contenter de Byss aurait été une position instable et trop fragile.

- Les nouvelles vont vite. J’ai en effet croisé la main brisée sur Byss. Une bretteuse redoutable et un métissage intéressant, aussi belle que dangereuse à ce qu’on dit, et je ne puis que confirmer les rumeurs. Il vaudrait mieux pour l’empire qu’elle ne reste pas à la chancellerie, son intelligence et ses mots sont presque aussi redoutables que son sabre. Quant à Laduim, je ne le vois que trop rarement en ces lieux (Odium écarta théâtralement les bras pour désigner Korriban) pour réfuter vos paroles à son sujet.

L’ambition, un sujet qui revenait avec une régularité d’horloge entre les lèvres des seigneurs Sith. Odium s’était toujours retrouvé sur la touche du conseil noir, la malchance sans doute, les amputations aussi, et les apprentis à gérer jusqu’au bout, parfois il aimait avoir des responsabilités sans avoir de titre. Il avait étendu son influence personnelle dont le seul lien avec l’empire était lui-même plutôt que d’étendre son influence au sein de l’empire. Un choix de stratégie qui variait simplement par rapport à ses camarades.

- Allons, ne soyez pas naïf. Je briguerai naturellement le poste de gardien des mystères. Laduim aura le droit à tous les honneurs, pourquoi resterait-il rat de bibliothèque ? Ce qui sera bien sûr d’un grand intérêt pour Korriban…

La réponse était d’une simplicité pure comme du crystal. Odium s’aperçut que plonger dans ses réflexions, occupé à parler et écouter son hôte, il n’avait pas touché à la nourriture depuis un bon bout de temps. Il arracha poliment une pince de crabe et la brisa dans un écho sinistre.
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Darth Valeras mangeait avec appétit. Ce qu'il aimait particulièrement dans un repas de fruits de mers, c'est qu'on mangeait avec les mains. Certes, ça n'avait rien de très élégant, mais justement. Il aimait cette idée de revenir à une façon de manger primitive. Pas de couteaux, pas de fourchettes... Juste quelques ustensiles facilitant l'extraction des bigorneaux et autres gastéropodes marins. Tripatouiller dans les coques, aspirer le jus dans une pince, gober une huître, croquer un encornet frits à l'ail... Vraiment, pouvait-il y avoir plaisir plus divin?

Le Chagrien ne semblait pas partager l'enthousiasme de Valeras. Certes, il faisait honneur à la table et mangeait en bonnes quantités, ce qui n'était guère étonnant vu sa stature de géant. Mais il était évident qu'il ne trouvait pas la même joie que son interlocuteur dans les plaisirs de la table. Un instant, le Grand Inquisiteur se rappela de quelque chose qu'il avait lu ou entendu... Les Chagriens n'avaient pas vraiment de goût, un truc comme ça. A vrai dire, il ne s'en rappelait plus et cela n'importait guère. Autant se faire plaisir, et qu'Odium en retire ce qu'il pouvait.


    « Pour être franc, ce n'est que récemment que j'ai envisagé me tenir à la tête de l'Inquisition. »


Il amena le reste du poulpe vers lui, la bestiole ne semblant guère intéressé son invité. Il dut bien se saisir d'un couteau et d'une fourchette, pour le coup, et trancha dans une tentacule qu'il porta à sa bouche. La chair était délicieuse, bien molle et onctueuse, pleine du goût de l'huile d'olives et de l'ail. C'était à se damner.

    « Nous pouvons nous parler honnêtement, je pense, Seigneur Odium. »


Darth Valeras posa ses couverts, s'essuya la bouche et arrêta pour un instant son repas.

    « Nous partageons les mêmes conceptions de ce que doit être l'enseignement dans une Académie Sith. Et nous pouvons, sans doute, nous ranger de ce qu'on appelle des Sith plus... "conservateurs". Bien que le mot soit sujet à caution. De toute manière, je n'ai même pas le choix. L'Inquisition est sans doute l'organe le plus conservateur de tout l'Empire.

    Je n'ai eu que des rapports superficiels à mon maître, Darth Jugal, ces dernières années. J'ai toujours eu énormément de respect pour lui et l'enseignement qu'il m'a confié. Cependant, il s'est fourvoyé en s'attaquant à l'Impératrice, et d'une manière aussi peu subtile. La traîtrise n'est pas peu courante chez les Sith, mais elle n'est traîtrise que si son auteur échoue. Le Seigneur Jugal a échoué, il est un traître. L'Impératrice a agit comme l'aurait fait tout Sith. Cela étant dit, mon apprentissage auprès du Cardinal Noir et mes liens en découlant avec le Clergé me mettait aisément sur la sellette. On aurait pu essayer de se débarrasser de moi. Cela n'aurait eu guère de sens ni d'intérêt mais on a toujours des ennemis, même si on ne les connaît pas. J'avais donc le choix : rester dans l'ombre et continuer mon travail professoral, au risque d'être à la merci d'une vindicte tôt ou tard. Ou me mettre directement au service de Sa Majesté, afin de lui prouver ma fidélité et conserver ma peau. Bien entendu, l'ambition n'a pas été absente de tout ce calcul. Ambition pour ma personne, car est Grand Inquisiteur est un honneur, mais aussi ambition pour l'Empire. Il ne s'agit pas seulement de moi, de mes désirs et vanités. Il y a l'Empire dans tout cela, bien plus vaste et durable que nos petites individualités, aussi puissantes soient-elles. Nous devons fortifier un Etat et le rendre susceptible d'écraser un jour ou l'autre les Jedi, ce qui reviendra à renverser la République. L'Inquisition a plus que jamais un rôle à jouer dans la consolidation d'un Empire durable et débarrassé des voix discordantes. »


Après cette petite tirade, le Seigneur Valeras fit signe à un serviteur de s'avancer. Celui-ci remplit le verre du maître de vin blanc. Une gorgée fut avalée puis le Sith se remit au travail, continuant à découper son poulpe. A l'énoncé des ambitions de Darth Odium, l'Artorien eut un sourire complice. Il prit un demi-citron et le pressa vigoureusement sur son repas.

    « Je ne pourrai que vous soutenir dans votre désir, mon cher Odium. Je ne pourrais être plus ravi qu'un Korribanite puisse un jour être Gardien des Mystères. Et mieux vous que d'autres professeurs ineptes... Vous êtes taillé pour la fonction, et ne voyez là-dedans aucune flatterie superflue. Mes paroles suivent ma pensée. Darth Laduim serait bien plus efficace à une fonction comme celle de Castellan Noir... L'Impératrice arrivera peut-être à cette conclusion si les bonnes nouvelles en provenance de Dubrillion se confirment. De toute manière, l'actuel Conseil Noir a sans doute besoin de plus de... vigueur. Nos services diplomatiques augmentent en importance chaque jour, et il court des rumeurs sur une possible déchéance de la Main Noire. Aussi improbable cela parait-il... Mais Dromund Kaas est pleine de racontars, souvent insignifiants. Ma nouvelle fonction m'oblige toutefois à tendre l'oreille vers tout ce qui se dit, se murmure et se chuchote... Il y a, souvent, une once de vérité dans ces bruits de couloir, à l'Inquisition d'y trouver la vérité et de punir ceux qui doivent l'être. »


Le poulpe avait disparu. Et à table, une bonne partie des mets avaient été engloutis. Ls homards avaient disparu, suivis des crabes... Ne restaient que des gambas et des coquilles saint-jacques, et quelques huîtres. Darth Valeras ne toucha pas aux crevettes et préféra terminer les huîtres, avalant goulument le jus qu'elles contenaient.

    « Vous avez probablement raison... Les traités ne sont finalement que des bouts de papiers. Si la Chancellerie veut vraiment une confrontation, elle n'hésitera probablement pas. Nous pouvons tout de même compter sur les complexités politiques de la république. La détention du Seigneur Deinos n'arrange rien... Son absence pèse sur la conduite de l'économie impériale. Durant mon bref séjour sur Dromund Kaas j'ai rencontré quelques personnes qui m'ont dit beaucoup de bien des expérimentations menées sur certaines planètes en termes de production et de développement économique. On ne voit guère qui pourrait remplacer efficacement le lord d'Aargau. Drôle d'histoire que la sienne. »



Des domestiques s'avancèrent et débarrassèrent la table. Presque tout avait été mangé. Il fallait maintenant attendre le fromage, qui n'arriverait pas tout de suite. Un bon repas nécessitait des services espacés. Le Sith fit un signe à un domestique, qui ramena ensuite une petite boîte en bois qu'il présenta au maître de maison. Ce dernier l'ouvrit et prit deux cigares, dont il en donna un à son invité, si tant est que ce dernier aime fumer. Le Seigneur Valeras, lui, s'adonnait parfois à cet autre plaisir et il tira avec plaisir, savourant le goût d'un bon tabac.

    « Qu'avez-vous retiré, personnellement, de l'expérience de Byss? »

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L'inquisition était proche du clergé Sith, ce qui se rapprochait le plus d'une religion. Comme on pouvait s'y attendre, les membres les plus éminents de cet ordre étaient des traditionalistes des plus chevronnés. Ils possédaient une connaissance encyclopédique des plus anciens préceptes du côtés obscur. Mais certains étaient aussi des zélotes, des croyants qui tombaient dans l'extrême et frôlaient la folie, tout aussi relatif ce terme pouvait-il être dans une organisation aussi marginale que l'empire. Darth Odium ne s'était jamais considéré comme conservateur, mais traditionaliste tout au plus. Il n'était pas opposé aux changements mais se méfiait de ceux qui risquaient d'aboutir à des cassures dans la fragile cohésion de l'empire. C'était bien noble de part de Darth Valeras que de faire passer cette cohésion comme son premier souci, mais était-il bien honnête ?

Le chagrien attrapa une grosse crevette pour la décortiquer avec soin. La franchise de son interlocuteur n'avait sans doute aucun intérêt à ce moment précis. Il ignorait si Valeras était réellement taillé pour les ambitions qu'il affichait, que ce soit pour l'empire ou pour lui-même, mais il semblait y croire, pour l'instant. Il resta vague cependant, éludant le fait qu'une bonne partie de grosses huiles de l'empire devaient se méfier de lui, de son passé. Mais il n'avait pas tort. Son éducation de Sith sous l'égide de Jugal s'était terminée il y a bien longtemps. Ils avaient quelques années d'écart, et Odium n'oserait déclarer la moindre similarité avec son père, alors pourquoi reprocher à son hôte des liens sans doute fantasmés et invérifiable. Il goba la crevette, toujours pensif en écoutant le long monologue du seigneur Sith qui lui faisait face. Il déglutit difficilement.

- Je comprends votre position, rétorqua Odium. Et vos objectifs sont bien nobles. Du moins aussi nobles que cet adjectif puisse qualifier correctement nos actes, naturellement. Mais quelles seraient vos mesures concrètes pour renforcer notre empire ? Poursuivre fidèlement l’œuvre de notre impératrice ? S'en écarter pour choisir une vois que vous jugez plus efficace ?

C'était là une question plus épineuse. Il était beau d'afficher des ambitions élevées, encore fallait-il s'en donner les moyens, et énoncer des actions concrètes en sus des promesses qui s’amoncelaient, éclatantes comme un tas de pièces d'or, et peut-être tout aussi vaine. Ynnitach avait déjà su faire de groupuscules épars un empire reconnu qui gagnait en importance, mais qui s'était également pleinement révélée comme une menace face aux jedi et à la République. Sortir de l'ombre impliquait d'être à découvert et en danger, et de changer de tactiques. Comment négocier ce tournant. Odium quant à lui voyait mal l'empire attaquer de front les jedi et la République. Avec des entités aussi puissantes, il fallait jouer subtilement s'insinuer dans les veines de ses ennemis comme un poison discret et insidieux…

Darth Odium avait énoncé très crûment ses projets. Mais n'était-ce pas là ce que Valeras attendait de lui ? Le procédé avait manqué de… Subtilité. Mais il supposait qu'il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. C'était aussi inutile que ses buts étaient prévisibles. L'impression du chagrien se confirma quand il vit un sourire s'étendre sur le visage agréable de l'humain, qui continuait à manger à pleine bouche. Naktis ne laissa rien paraître et attendit la suite. Darth Valeras reprit la parole d'un ton onctueux. Odium ne put s'empêcher de passer en revue ses nombreux collègues en entendant le mot d'ineptes avec un sourire acerbe sur sa large face écarlate.

- La déchéance de la main noire, répéta Odium, mi-pensif, mi-surpris.

Darth Riakath, fidèle parmi les fidèle, première et dernière suivante de dame Ynnitach, arrivait-elle à la fin de son règne incontesté. Improbable peut-être, mais tout aussi crédible. D'expérience, l'ascension d'un seigneur Sith était aussi lente que sa chute rapide, douloureuse et surprenante. Jugal pouvait en témoigner de la tombe où il moisissait, abattu par une simple apprentie. Une mort dans le déshonneur. Qu'est-ce que la redoutable zeltronne avait pu faire pour déplaire à sa maîtresse ?

- Une rumeur, des bruits de couloir… Si j'étais darth Riakath je serais inquiet, fit Odium sans aucune compassion. Il y encore personne n'aurait osé penser ou proférer même à voix basse une telle chose. On la craint moins. Mais il n'y a pas de fumée sans feu, n'est-ce pas ? Je suppose que la question que l'on devrait se poser est pourquoi maintenant ? Et quel crédit peut-on accorder aux rumeurs ?

S'était-il développé une communauté sycophante au plein cœur de Dromund Kaas ? Peu crédible.

- Darth Deinos… Il cultivait le mystère comme d'autres les bégonias. Comme le reste de l'empire je ne le connaissais que peu, avec son masque à l'ancienne mode Sith, tel un Revan revenu d'entre les morts. Mais c'était un jeu très fin, bien que dangereux.

Et qui confirmait ses théories sur la rapidité éclatante de la déchéance des seigneur Sith.

- Il aurait sans doute été notre meilleure chance dans la République. Vraiment, arriver à ce point à jouer un double-jeu… Il devait devenir schizophrène à un certain point. Penser être réellement lord Janos à une certaine heure pour revenir Deinos l'originel à l'heure d'après. Vraiment, il était notre meilleure chance. Quel dommage qu'il est joué de manière aussi indépendante. Je pense qu'il était un cachottier solitaire dans l'âme. Il ne me semble pas que la République l'ait tué pour le moment. Elle devrait cependant, ne serait-ce que pour sa propre sécurité… Un mauvais collègue mais un travailleur efficace, c'est toujours ainsi que je l'ai considéré.

La table fut rapidement débarrassée par de zélés serviteurs qui surgirent de nulle part. Odium n'y prêta qu'une attention discrète. Odium saisit un cigare, laissa l'esclave le lui allumer et le savoura silencieusement. Il devait ressembler à l'un de ses démons tels que certaines planètes humaines représentaient dans leurs jours anciens. Cramoisi, énorme et menaçant.

- Byss… Vous n'y êtes pas allé je crois ? J'étais très intéressé par les rakata et la planète était très difficile à atteindre habituellement. Et qui n'a jamais rêvé de travailler main dans la main avec nos frères niais, les jedi ? Ajouta-il, sarcastique. Ça vous aurait plu je pense. Du moins si vous aimez risquer la mort ou l'amputation quand vous approchez trop près d'un bâtiment. La planète respire le côté Obscur antique et puissant, ça revigore. Les petits padawans tremblaient et faisaient dans leur bure… Mais leurs goûts et choix architecturaux sont assez laids.

Byss était exceptionnelle, il fallait l'admettre, mais les bâtiments ressemblaient plus à de gros monolithes noirs sans ornements placés dans le paysage comme de grosses montagnes rectangulaires tristes à pleurer. À l'intérieur la technologie réagissait au côté obscur qu'émettaient les êtres vivants.

- Je me suis battu contre un soldat unijambiste bien trop qualifié pour en être un. J'ai même gardé sa prothèse comme trophée. Elle est accroché au-dessus d'une de mes bibliothèques, un vrai petit bijou de technologie, j'aimerais remplacer sur le même modèle. Connaîtriez-vous un unijambiste talentueux au sein de la République par hasard ? J'aimerais le recroiser. J'ai rencontré la main brisée comme vous le savez, je vous l'ai dit plus tôt. Je suis aussi sûrement l'une des dernières personnes à avoir vu Darth Araya, paix à son âme, vivant.

Odium aspira longuement son cigare et lâcha un volute de fumée grisâtre.

- Beaucoup doivent être persuadés que j'ai pris part à sa mort, mais il n'en est rien ou disparition. Quel aurait été mon intérêt ? Il l'aurait mérité ceci-dit. Je pense qu'il a cherché à se servir de moi comme bouclier et diversion vivante pour les maître-d'armes. C'est tentant, je le conçois, mais de là à réaliser ses désirs il y a un pas que la bienséance vous empêche habituellement de franchir. Bref, tout cela pour être nommé seigneur de guerre et avoir un nom craint dans la galaxie, n'est-ce pas magnifique ? Ah, j’oubliais d'évoquer un certain nombre de blessures qui témoignent de mon implication dans les batailles.

Darth Odium ne s'était pas départi d'un immense sourire ironique le long de son discours.
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Des serviteurs approchèrent, amenant de larges coupes remplies d'eau tiède. Un domestique vint près du maître de maison et ce dernier trempa ses doigts dans l'eau, prenant ensuite un serviette pour s'essuyer les mains. On proposa à l'invité de faire de même. Manger des fruits de mers c'était amusant mais également salissant. Du coup, pour éviter que les convives aient à quitter la table, les serviteurs apportaient de quoi se laver les mains.

Darth Odium était un individu méfiant, comme la plupart des Sith. Méfiant et plus subtil qu'il n'y paraissait, ce qui confirmait Darth Valeras dans sa volonté d'en faire un allié plutôt qu'un ennemi. Le Chagrien pouvait légitimement prétendre au poste de Gardien des Mystères. A priori, cela pouvait sembler être une ambition défavorable vis-à-vis de Laduim mais le nouveau Grand Inquisiteur était persuadé que les choses pouvaient se combiner habilement, pour autant qu'on s'en donne la peine. Le twi'lek aux manoeuvres sur Dubrillion n'avait rien d'un enseignant, tout d'un militaire, d'un homme de terrain et d'action. L'Impératrice pourrait toujours en faire son Castellan Noir. Vu la mollesse de Necrosis, cela ne ferait pas de mal d'avoir Darth Laduim à cette fonction.

    « Je pense que les agissements de Dame Calliope vont dans le bon sens. Je ne suis pas très friand de littérature propagandiste, mais c'est avec de telles méthodes que nous arriverons à instiller un véritable fanatisme impérial. Nous en avons besoin. »


Le Seigneur Sith prit son verre de vin blanc et but une gorgée, réfléchissant à la réponse à donner à son interlocuteur.

    « Je ne suis pas à la tête de l'Empire, l'Impératrice l'est. Il me serait donc difficile de vous dire ce qu'il faudrait faire, dans le détail... Mes compétences sont limitées à certains domaines, Seigneur Odium. Je n'ai qu'une connaissance superficielle des choses économiques, par exemple. Je ne peux m'exprimer que sur des points pour lesquels je suis compétent.

    La traque des Jedi et des sensibles à la Force est un domaine que je connais bien. Et c'est sur ce point que je pense que l'Empire doit être plus vigoureux que jamais. Jusqu'ici, les Sith vivaient dans l'ombre, inconnus de l'Ordre jedi. Aujourd'hui, nous sommes visibles et, par conséquent, plus vulnérables. Les Jedi ont sans doute déjà envoyé leurs espions dans nos territoires, ou à nos frontières. De même, les multiples sectes de sensibles à la Force qui se trouvent dans notre Empire doivent être éradiquées. Seuls les Sith peuvent manipuler la Force. Il en va de même avec tous les opposants à notre ordre impérial, que l'on trouve sur les mondes récemment conquis : ils doivent être éliminés. »


Rien de nouveau sous le soleil. Valeras n'inventait rien en disant cela, il ne faisait que répéter les prérogatives de l'Inquisition. Il fallait donc préciser, afin de répondre plus clairement aux interrogations de son interlocuteur.

    « Que devrait faire l'Empire? A mon avis, fortifier pour l'heure sa présence sur les mondes tout juste conquis, et améliorer l'exercice de son autorité dans tous nos territoires. Nous avons besoin d'unité, d'un Etat stable, durable, qui ne cède pas à la première menace venue. Nous devons purger nos rangs, les nettoyer de toute la vermine qu'ils peuvent contenir. Et dans un même temps, je pense que nous devons prendre possession de territoires neutres, comme Dubrillion. Les Sith sont ce qu'ils sont. Ils ont besoin de voir que leurs dirigeants ne restent pas mollement dans leurs palais. Ils ont besoin d'action, de sang et de conquête.

    Pour autant, une guerre avec la République ne me semble pas souhaitable. Et comme la République se refuse à déclarer toute hostilité, l'Empire est libre de faire à peu près tout ce qu'il veut... Sans oublier que faire la guerre pour faire la guerre n'a aucun sens... Il nous faut un but, une finalité, si nous voulons conquérir la République. Que ferions-nous d'une guerre? Et d'une victoire? »


Ce n'était pas une question rhétorique. Le problème se posait vraiment, et la position du Seigneur Odium pouvait être intéressante. A quoi servirait une guerre? Dans l'immédiat, le chef de l'Inquisition n'avait pas de réponse à cette question. Il ne voyait guère l'utilité d'un conflit armé à grande échelle. Aussi orgueilleux soient les Sith, ils ne pouvaient prétendre avoir une puissance de feu supérieure à celle de la République. Les flottes et armées républicaines étaient plus nombreuses que celles de l'Empire et disposaient d'une technologie plus raffinée. Des académies militaires venaient d'ouvrir dans toute la République, des vaisseaux nouveaux étaient en construction dans tous les chantiers nationalisés, le budget militaire avait quasi doublé... Il y avait fort à parier que l'Empire, en déclenchant la guerre, se prendrait une belle raclée, tout en renvoyant les Sith dans la division.

    « Les yeux et les oreilles de l'Inquisition sont partout, Seigneur Odium... Nul Moff, nul Sith, n'est à l'abri. Rien n'est à reprocher à Darth Riakath, pour l'instant. Mais son aura faiblit. Sa proximité avec l'Impératrice lui confiait une autorité naturelle. Il lui faudra bientôt d'autres alliés que la Dame Noire si elle veut continuer à jouer un rôle dans les couloirs de Kaas City. »


Achevant son cigare, le Seigneur Sith écouta le récit que faisait Darth Odium de son périple sur Byss. Cela n'avait pas été de tout repos, à l'évidence. Rencontrer la Jedi qui occupait aujourd'hui la chancellerie... Voilà qui était tout de même assez exceptionnel. Pour le coup, le Chagrien était sans doute l'un des rares Sith à avoir pu "discuter" avec Alyria Von, ce qui faisait de lui un individu précieux, sans doute à même d'identifier ses qualités et ses défauts.

    « Je n'ai pas vraiment connu le Seigneur Araya, et ce que vous me dites de lui ne me donne pas envie de le pleurer. Il a laissé derrière lui une apprentie, toutefois, et elle a retenu mon attention. Peut-être la prendrais-je sous mon aile. Je suis maître d'armes depuis plus de vingt ans mais, curieusement, je n'ai jamais eu d'apprenti à moi, un propre disciple. Je me suis toujours contenté de prodiguer mes leçons à des groupes d'étudiants, sans jamais prendre en charge le complet enseignement d'un apprenti. C'est une tâche à laquelle je devrais peut-être me consacrer. Votre expérience montre que ce n'est pas une chose facile. Pensez-vous encore prendre un apprenti à l'avenir? »


Un domestique fit son entrée, apportant un plateau rempli de fromages en tous genres. Fromages à pâte pressée, molle ou fraîche, distribuant des odeurs fortes et variées. Un vin rouge fut servi, tandis que le Seigneur Valeras coupait une tranche de parmesan et s'emparait d'un bout de pain. Il prit également quelques raisins, dispersés en grappes sur la table.

    « Je vous ai dit quelle route me semble la meilleure pour l'Empire. Vous devez bien avoir votre avis à ce sujet, n'est-ce pas? Mais avant que vous me répondiez, j'aimerais vous faire une proposition. »


Il avala son morceau de fromage, fit passer le tout avec une gorgée de vin puis reprit, tout en attaquant un fromage à pâte molle, dans lequel son couteau trancha aisément.

    « Si la prise de Dubrillion se confirme, je compte me rendre sur la planète. Les opposants au régime impérial ne vont guère manquer et je souhaite éteindre tous les feux naissants de rébellion. Mieux vaut s'y prendre le plus tôt possible. Ce ne sera pas un travail facile, et dans cette tâche votre aide me serait aussi précieuse qu'utile. Je vous propose donc de m'accompagner dans ce voyage, si apporter l'ordre sur Dubrillion vous intéresse. C'est l'occasion pour moi de reprendre en main l'Inquisition et de mettre en oeuvre ce en quoi je crois, quant à vous cela vous permettra d'augmenter encore votre aura après Byss. D'autant plus que je ne pourrai pas tout faire. Il faudra bien quelqu'un pour gérer la planète, ses infrastructures, organiser les travaux, et si un Moff est nommé ce n'est pas plus mal qu'un Seigneur Sith supervise tout cela. Si nous arrivons à nos fins, si nous arrivons à assurer une présence impériale stable, à trouver et éliminer les ennemis de l'Empire, alors nous bénéficierons largement de ce travail. »

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Darth Odium tira longuement sur son cigare qui rougeoya un bref instant. Il avait parfois l'impression que certaines discussions avec d'autres seigneurs Sith prenaient la forme de longues et épuisantes parties de pazaak. L'argumentation avec Darth Valeras était cependant plus agréable. Il s'agissait de toute évidence d'un homme cultivé et raffiné, capable de poser ses pions avec une subtilité telle que la négociation devenait un art délicat et plaisant, pas les échanges parfois violents qui pouvaient intervenir avec d'autres seigneurs. Le chagrien observa d'un œil distrait les serviteurs apporter de quoi se rincer les mains. Une telle prévenance, était-on mieux servi dans les palais d'Onderion ou de Naboo ?

- Un roman impérial est sans doute nécessaire pour solidifier nos légendes, approuva Odium d'une voix pensive. Mais illuminer certains d'une aura héroïque pour en laisser bien d'autres dans l'ombre. Voilà qui attise les jalousies, et Dieu sait que les jalousies peuvent être fatales dans notre ordre. Raconter des fables pour les naïfs est un art plus complexe qu'on se l'imagine.

Le seigneur Sith ne faisait pas référence à lui-même. Odium était persuadé que les ténèbres étaient bien plus intéressantes, c'était le meilleur moyen d’œuvrer en toute discrétion, de comploter, là où la pleine lumière vous rendait plus vulnérable. Comme ce qui arrivait à l'empire actuellement. Officiel, il devenait une menace terriblement concrète. Et combien de temps de simples bouts de papier pouvait sauver ou protéger les Sith d'une attaque de la République ?

Valeras resta bien vague dans son plan d'action. Certes il ne pouvait être compétent partout, mais la fausse modestie était étrange dans la bouche d'un Sith. Ce jeu rhétorique sonnait le plus souvent comme la langue de bois. Odium en conclut naturellement que soit sn interlocuteur ne désirait pas s'étaler plus en avant sur ses plans, ce qui était d'une prudence tout à fait compréhensible, soit un moyen habile de cacher que ses ambitions, concrètes de par leurs idées, manquaient de consistance au niveau de la mise en place. Gagner la confiance de Valeras permettrait de lui en apprendre plus sur le long terme, le chagrien demeura donc d'un calme olympien en effectuant des commentaires biens sentis sur les utilisateurs de la Force qui n'appartenaient pas à l'empire même.

- Il va de soi que les multiples sectes nous font de la concurrence déloyale, approuva le chagrien. Mais plutôt que de les éradiquer, ce qui me semble un peu sévère, j'imagine qu'il est possible de les assimiler d'une façon ou une autre au sein de l'empire. Ces utilisateurs autonomes peuvent être dotés de capacités uniques… Même si j'imagine que le clergé considère la plupart de ces tribus comme blasphématoires et donc les condamne à l'annihilation pure et simple… Quant à nos dissidents internes ou sur nos territoires nouvellement conquis, cela va de soi. La conversion des esprits trop rebelles prendrait un temps et une énergie beaucoup trop importants pour ce qui nous est imparti.

Les sorcières de Dathomir en était un exemple flamboyant. Des tribus ayant imposé leur pouvoir grâce à une maîtrise primitive de la Force. La planète était encore sauvage et peu connue. Il était compréhensible que l'église Sith et ses éminents membres recherchent l'hégémonie dans la maîtrise du côté Obscur. Ils ne pouvaient alors que passer pour les rares élus d'un ordre supérieur, poursuivre la mise en place de leur domination en s'axant sur la religion. En un sens, l'empire Sith commençait à ressembler de plus en plus à une théocratie, la Dame Noire ayant même cherché l'approbation quasi mystique des anciens seigneurs rayés de la galaxie depuis des temps immémoriaux. Mais Darth Odium pensait également en termes d'assets, de ressources, de pions. Malgré sa montée en puissance, il fallait rester réaliste. L'empire était jeune, encore en croissance et ne faisait qu'effleurer son potentiel, tout comme les apprentis que Valeras et lui-même s'acharnaient à tailler selon l'idéal des Sith. Face à une République en place depuis des centaines d'années, c'était encore la lutte du pot de terre contre le pot de fer. Sauf que la République avait commencé à s'engraisser, à s'alourdir à force de rester la seule force.

Il avait cependant un doute sur les jedi. Tout comme les Sith pratiquants avaient du mal à pénétrer secrètement les ordres de ces derniers, il voyait mal un jedi pouvoir s'infiltrer dans leurs rangs. La pourriture du côté « lumineux » était repérable des kilomètres à la ronde par ceux qui étaient sensibles, très sensibles à la Force. Le meilleur moyen de pénétrer le temple sacré des jedi était par la corruption, pas pécuniaire bien entendue, mais par le côté Obscur. Faire sombrer l'un de leurs vertueux membres dans les délices des ténèbres devait être terriblement jouissif. La perniciosité était le meilleur moyen de scléroser leurs rangs, Odium en restait persuadé.

- Il y a bien longtemps que je ne me suis pas rendu à Kaas City, avoua darth Odium. Mes principales informations viennent de Coruscant même. Je n'espionne que peu mes camarades Sith, ils ne me considèrent pas comme un danger réel. Pour l'instant. J'ai toujours pensé que l'impératrice était un soutien suffisant

Le clergé Sith avait toujours été un organe nimbé de mystère au sein de l'empire, dès sa création-même. Il n'était donc pas étonnant de le voir prendre le rôle d'espionnage interne/externe. Mais il n'échappait cependant pas au contrôle de l'impératrice, il n'y avait qu'à voir la fin de Darth Jugal. Naktis posa le cigare fini et éteint dans un lourd cendrier de marbre. La question des apprentis était toujours épineuse dans son cas. Il passa mentalement en revue tous les apprentis qu'il connaissait, qu'il les connaisse de vue ou par dossier car tous ne passait pas forcément par Korriban.

- La jeune Ysanne, n'est-ce-pas ? Un métissage intéressant. Elle n'était pas encore totalement son apprentie bien que le serment ait été conclu. Manifeste-t-elle de bonnes aptitudes au combat ? Darth Araya était absolument redoutable en la matière. Pour ma part j'ai déjà deux apprentis à terme (ce qui est un bon score, vous en conviendrez) et perdu deux autres en chemin de manière plus ou moins dramatique, ce qui commence à en faire beaucoup. Je vieillis, mine de rien. Mais si je rencontre un ou une apprentie délaissée qui possède un réel potentiel, il est possible que j'accepte un dernier élève.

Darth Odium était un seigneur assez prudent pour ne jamais dire jamais. Les aléas de l'existence étaient bien trop mystérieuses pour se permettre un tel luxe. Il préféra jeter un regard intéressé vers les petits fromages blancs et ronds qui peuplaient la table comme de petits moutons luisants dans une prairie. (hrp : mon dieu ce sens de l'image, c'est divin) Le fromage était un met peu commun dans la galaxie et seules quelques planètes appréciaient les saveurs. Pas Champala, pour répondre à la question muette qui commence à hanter vos esprits. Odium goba un petit fromage de chèvre avant de se concentrer sur la proposition de Valeras.

- Voilà une proposition alléchante, seigneur.

Asseoir l'Empire sur Dubrillion était une mission d'une importance centrale. Il était crucial que l'ordre Sith s'installe et trouve le plus rapidement possible une certaine stabilité et durabilité parmi les autochtones. Odium désirait-il s'éloigner de Korriban après Byss ? Celui lui semblait être une idée tentante après sa renommée acquise sur la planète des rakata. Il ne pouvait pas se terrer éternellement dans des tombeaux alors que son existence reprenait du poil de la bête.

- Dubrillion aura certainement besoin de personnes d'expérience pour la guider dans cette nouvelle ère qui s'offre à elle. J'approuve vos paroles. Soit, j'accepte votre proposition. Vous êtes un homme habile, Valeras.
Invité
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Darth Valeras écouta avec contentement le Seigneur Odium manifester son accord pour l'accompagner sur Dubrillion. Voilà qui allait être très utile! Le maître d'armes se savait bon dans certaines matières, mais également moins habiles pour d'autres. Il n'y avait pas de honte à être conscient de ses propres faiblesses. Certains Sith s'estimaient capables de tout faire : combat au sabre laser, maîtrise du Côté Obscur, magie Sith, politique, économie, informatique, médecine, enseignement... Tout cela faisait bien rire Darth Valeras. Aussi puissant que soit un Seigneur Sith, ou un Maître Jedi, il n'en restait pas un moins un individu aux ressources limitées. Nul n'était immortel, et nul n'était parfait. Penser être capable de maîtriser toutes les disciplines possibles, c'était simplement faire preuve d'un excès de confiance en soi.

Il n'avait jamais réellement compris ces Sith prétendant se dédier à la maîtrise du sabre laser et, pourtant, s'ennuyant rapidement de cet art exigeant, de telle sorte qu'ils se consacraient à d'autres choses. La cour de Dromund Kaas était pleine de Sith suffisants, croyant être de grands bretteurs. Bêtise que tout cela. Darth Valeras avait consacré la majeure partie de sa vie à l'usage du sabre laser, et lorsqu'il entendait un individu prétexter maîtriser trois formes de combat, il ne cachait pas son scepticisme et son mépris. Après toutes ses années de pratique, le Seigneur Sith pouvait prétendre maîtriser pleinement sa forme de prédilection, le Makashi. L'Ataru, il l'avait utilisé régulièrement lorsqu'il était plus jeune, lui conférant une connaissance correcte de la Forme IV. La deuxième forme dans laquelle il était réellement bon, c'était le Djem So. Là, effectivement, il était excellent. Mais pas au point de la Forme II, ceci dit. Un Maître d'Armes ne pouvait donc prétendre dominer pleinement que dans deux formes. Étaient donc bien prétentieux les jeunots se vantant d'utiliser parfaitement de trois systèmes de techniques différents.

Le Grand Inquisiteur était donc satisfait de voir que le Seigneur Odium prendrait en charge un domaine de compétences dans lequel il n'aurait pas brillé. Odium et Valeras se compléteraient utilement, pour le bien de l'Empire, et de leurs carrières respectives évidemment. La tâche allait être difficile, certes, mais c'est ce qui faisait la force des Sith : cette capacité à relever des défis.

    « Je suis ravi que vous soyez favorable à ma proposition, Odium. Pour être franc, je préfère nous savoir alliés. Un Sith, surtout lorsqu'il occupe ou convoite des fonctions importantes, ne peut se passer de soutiens solides. Oh, vous allez me dire que la traîtrise est monnaie courante chez les Sith... Et vous auriez raison! Mais c'est mon travail que de débusquer les traîtres, n'est-ce pas? A la différence de certains Sith, ma parole est d'or. »



Cela pouvait paraître curieux mais il était individu assez fidèle. Ses rares amis, Darth Sindra et Darth Nohl, savaient pouvoir compter sur son soutien. Son épouse, Elisabeth Kane, n'avait jamais eu à se plaindre de lui et n'aurait pas à le faire. Il ne l'avait jamais trompée avec une autre femme et ne comptait pas le faire. Il l'aimait réellement, ce qu'il savait être une force autant qu'une faiblesse. Il pourrait toujours être attaqué sur ce point. C'était un risque à prendre et Elisabeth le connaissait, il fallait donc vivre avec. Ce n'était pas toujours facile pour autant.

Les Jedi avaient une appréciation bornée des Sith. Ils les voyaient comme d'affreux méchants, tueurs sanguinaires s'amusant à semer la destruction. Il fallait bien avouer que certaines personnalités correspondaient à cette image. Mais les Sith, malgré leurs pouvoirs et leurs désirs, restaient des êtres humains, traversés de sentiments. L'amour n'avait pas de raison d'être absent de leur vie. Bien entendu, il en allait de même pour les Jedi. Certains d'entre eux devaient fatalement nouer des relations, éprouver tantôt de la colère et de la haine. La distinction Jedi et Sith revenait trop souvent à une différence blanc noir. Elle était inévitable et compréhensible mais parfois injustifiée. Une telle vision des rapports entre les deux ordres était assez atypiques pour un Seigneur Sith. Il savait que ce n'était d'ailleurs pas une conception acceptable pour le Clergé Sith et l'Inquisition. A bien des égards, Darth Valeras semblait n'être qu'un Sith parmi d'autres. Mais sur bien des points, sa façon d'appréhender les événements et les individus le rendait différent de ses coreligionnaires. Il n'était probablement pas aussi ancré dans le Côté Obscur que d'autres Sith. Ce qui lui convenait parfaitement. A un certain point, Valeras avait l'impression que s'abîmer dans le Côté Obscur pouvait rendre fou, irrationnel et inutilement dangereux. Il avait toujours veillé à être mesuré dans son usage des pouvoirs sombres. L'exemple de son maître, Darth Jugal, justifiait une utilisation raisonnée et prudente du Côté Obscur. A plusieurs reprises, il avait eu l'impression que le cardinal se perdait dans des bizarreries, des rites et des croyances le rendant dément. Le Darth Jugal de la fin avait été beaucoup moins intéressant que le maître stupéfiant. Après tout, sa mort était logique. Le Sith restait toutefois fidèle à la mémoire de son mentor. Conscient, aussi, qu'il était sans doute l'un des rares Seigneurs Sith à ne pas avoir tué son propre maître.

    « Je pourrais peut-être bénéficier de conseils de votre part sur l'attitude à adopter avec ma potentielle apprentie. Deux élèves à votre compteur, cela donne une solide expérience, dont vous pourriez partager les leçons. »



Valeras acheva son fromage et lorsque son invité en eut fait de même, il fit un geste précis que les domestiques comprirent. La table fut débarrassée et la bouteille de vin, vide, fut emportée. Ils avaient assez bu pour ce soir.

    « Difficile de savoir ce que donnera la jeune Ysanne... J'ai l'impression que Darth Araya n'a pas eu beaucoup de temps pour ma part. Je compte bien m'occuper d'elle attentivement. Il faudra que je lui enseigne sérieusement ce que je sais, malgré mes nouvelles obligations. »



Il but un verre d'eau, tandis qu'un serviteur venait enlever les miettes de pain réparties sur la nappe. L'atmosphère de la salle à manger était agréable. Certes, c'était un manoir, mais il s'agissait en réalité plus d'une maison de maître. Bon, troglodyte évidemment... Quoi qu'il en soit, la pièce était chaleureuse, avec ses tapis, ses cadres aux murs et ses plafonds hauts sans être trop imposants. Un feu avait été allumé dans la cheminée, laissant l'odeur des bûches de bois se répandre dans la demeure.

    « Rassurez-vous, je ne suis pas un de ces fanatiques, remplis de dogme. Je sers le Clergé et la vision qu'il promeut. Ça ne veut pas dire que je suis bêtement ses préceptes. La religion Sith a une utilité sociale. A mes yeux, elle est un moyen de contrôle des populations, un outil de manipulation des esprits, de contrôle social. En cela, le Clergé s'avère certainement fondamental pour la mise en œuvre d'un État durable. Est-ce que je suis personnellement convaincu que les Seigneurs Sith sont des sortes de demi-dieux et que notre Impératrice est une sorte de divinité? Allons, vous n'êtes pas pas plus dupe que je ne le suis. Il y a ce que les sujets doivent penser, et il y a ce que les maîtres pensent. »



A peine avait-il fini de répondre aux questions de son interlocuteur que le dessert fut apporté. Deux magnifiques parts de tiramisu arrivèrent sur leur petite assiette respective et présentées aux convives. Deux cafés serrés vinrent accompagnés ce qui marquait la fin du plantureux repas. Après l'apéritif, le plat de fruits de mers et les fromages, le dessert s'avérait tout juste à faire passer. Mais le maître de maison y arriverait, et ne doutait pas que son massif invité y parviendrait également.

    « Dès qu'il sera possible de convertir plutôt que d'éradiquer, je m'y emploierai. »



Le Sith s'apprêtait à entamer le dessert, lorsqu'un domestique fit irruption. Ce n'était pas un de ceux préposés à la table du maître des lieux, mais le secrétaire personnel de Darth Valeras. Ce dernier fronça les sourcils et prit la lettre que vint lui remettre le fidèle assistant. Il l'ouvrit sans ménagements et lut son contenu. Lorsqu'il reprit la parole, son visage était souriant.

    « Dubrillion est prise. Nous partons demain. Je vous conseille de savourer ce dessert, Odium, je doute que vous ne trouviez quelque chose d'aussi bon là où nous allons! »








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