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Coruscant, Temple Jedi.

Le soleil avait encore du mal à percer la couche nuageuse matinale que j’étais déjà debout. Je m’étais levé bien plus tôt, quittant la chambre qui m’avait été prêté au Temple de Coruscant depuis déjà plusieurs semaines. Je m’étais habitué à la vie dans ce lieu appartenant à l’Ordre et délaissé il y a bien longtemps pour Ondéron. Les couloirs étaient bien moins peuplés, certes, mais le Temple semblait bien plus vivant que lors de mon dernier passage il y a de ça plus de deux ans. Cale n’était peut-être plus là pour venir s’exercer à mes côtés en salle d’entrainement, mais je m’étais fait à la chose. Après tout, lui aussi avait le droit d’explorer la galaxie, de devenir Chevalier Jedi ! Il le méritait, il était toujours resté sérieux et discipliné. Nos chemins s’étaient séparés lorsqu’il avait rejoint Coruscant pour suivre sa formation de Consulaire, de diplomate, auprès du Sénat. Non, j’avais dû trouver un remplaçant à Cale. Je fus d’abord heureux d’apprendre que Maitre Von puisse se libérer pour s’exercer avec moi. S’entrainer au côté d’un Maitre d’Armes était toujours bénéfique. Puis, il y avait eu les événements qui propulsèrent Maitre Von à la Chancellerie, et nos entraînements communs furent plus espacés dans le temps. Mais je savais m’adapté. J’avais toujours su le faire.

Comme tous les matins, et cela depuis mon arrivée –ou presque-, j’avais pris l’habitude de débuter la journée par un footing dans les allées du Temple mais aussi sur ses grandes terrasses. Il m’arrivait parfois de courir avec Maitre Von, quand c’était possible. Je préférais profiter de l’air frais du matin, et du calme ambiant qui entourait le Temple malgré que ce dernier soit implanté en plein cœur du monde-capitale. Étrangement, le bruit de la cité semblait éloigné mais rien ne pouvait égaler le calme d’Ondéron.

Après ce footing matinal je me permettais don, comme aujourd’hui, de réserver une des salles d’entrainement pour entretenir mes capacités. En l’absence de Maitre Von, de Maitre Vocklan ou d’un quelconque intéressé, je finissais par m’entrainer seul. Après moult exercices, j’avais finis par m’avancer au centre de la pièce, déposant au sol un projecteur holographique d’entrainement que j’avais expérimenté à de nombreuses reprises pendant mon initiation, sur Ondéron. J’avais décidé de ne pas faire de dulon, comme j’avais l’habitude de le faire. Combattre un ennemi imaginaire, façonné par la méditation des sens et de l’esprit était intéressant, car il permettait de créer des adversaires uniques, à l’image de l’exécuteur. Cette fois-ci, j’avais décidé de me soulager de cette nécessité de concentration. Je voulais expérimenter le programme que j’avais développé et implanté dans cette interface holographique d’entrainement au combat. J’avais cherché à fidéliser au mieux nos adversaires avec l’expérience que j’avais pu tirer de mes affrontements contre les Sith.

Calmement, je m’étais débarrassé de ma longue bure, restant dans ma tunique légère et très caractéristique des membres de l’Ordre Jedi pour finalement activer l’appareil. Je m’étais à nouveau éloigné du projecteur alors qu’apparaissait un hologramme humanoïde des plus classiques. Je n’avais en effet pas cherché une personnalité particulière. L’esthétique n’était que superflu. Je regardais un instant mon adversaire, alors que je me laissais entrer en contact avec la Force. J’avais pris l’habitude de faire appel à une méditation mobile plutôt efficace lorsque je me lançais dans un duel au sabre laser, ou lorsque j’avais besoin de faire usage de mon arme dans un cas plus général. Certains affirmaient avec certitude que mes capacités précoces au maniement de l’arme Jedi étaient la conséquence de cette forme de méditation. Ils avaient possiblement raison.

Je fixais un moment l’hologramme, avant de me saisir de mon arme. Mon action déclencha le programme, et l’adversaire holographique dégaina ses deux armes, en activant d’abord qu’une seule avant de s’élancer dans ma direction. Fléchissant légèrement ma position, écartant quelque peu les jambes je me mettais en garde et le recevais, sonnant le début de ce combat d’entrainement. Rapidement, je me mettais en mouvement pour faire usage de mon Ataru. En face ce mit presque automatiquement en place un Makashi destiné à me bloquer, bien que diriger presque uniquement sur l’offensive. Je me retrouvais à me protéger, bondissant de gauche à droite pour chercher l’ouverture et la possibilité d’une contre-attaque. Mes coups étaient vifs et précis, je ne cherchais à frapper sans m’épuiser, à m’infiltrer dans les défenses de mon adversaire. Finalement, ma tactique paya et je parvins presque à atteindre le poignet de mon adversaire dans un mouvement bien plus digne de la Forme II que de la Voie du Chauve-Faucon. Immédiatement, le deuxième sabre s’active pour me parer avant de nous lancer dans une danse tournoyante où ma facilité à faire usage de la Forme IV me redonnait l’avantage. Je me laissais volontairement repoussé, frappant le combattant adverse ici et là plus pour le harceler. Finalement, je prenais appui sur le mur qui se profila dans mon dos, appelant la Force pour m’aider à sauter au-delà de mon adversaire et retomber dans son dos. Mon sabre s’abattit aussitôt dans son dos mais fut parer de justesse. Dès lors, je me mis à attaquer, frappant habilement mais fortement pour tenter de briser sa garde. Tournoyant, je me retrouvais de nouveau contre le mur et je le forais à reculer. Je n’avais pas fait attention à mon environnement lointain et concentré sur le combat, je n’avais pas entendu les bruits dans le couloir ni même aperçu les silhouettes qui avaient fait leurs apparitions. Non. Je repoussais mon adversaire, portant un coup aérien qui fut bloqué, me stoppant dans mon élan. L’adversaire holographique reparti aussitôt à l’attaque et je me désistais, m’élançant sur le côté pour prendre appui sur le mur et repartir une nouvelle fois dans son dos. Nos sabres s’entrechoquèrent une nouvelle fois, néanmoins sans bruit, et je sentis presque aussitôt l’ouverture. Je tournoyais sur moi-même et me laissais légèrement glisser sur le sol pour passer sous les sabres de mon adversaire. Et prenant appui, je me redressais alors qu’il pivotait, mon sabre venant presque aussitôt trancher en fente diagonale son torse. L’hologramme disparût immédiatement, signalant un coup direct.

Presque aussitôt, je rétractais la lame de mon arme, alors que je soufflais lentement. Je n’étais pas fatigué, mais je devais retrouver mon souffle. Les derniers mouvements avaient demandé une concentration plus importante, et je reprenais calmement mes esprits. Je coup direct que j’avais offert à l’hologramme était destiné à donner la mort et je n’étais pas totalement satisfait du dénouement. Je pestais tout bas, à moi-même : j’aurais préféré le désarmer plutôt que de le « tuer ».

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Dans un sursaut, Alyria se réveilla. Elle mit quelques instants à s’habituer à la pénombre, et à reconnaître l’endroit où elle se trouvait, à savoir une chambre du Temple jedi de Coruscant, dans le quartier plus que tranquille des maîtres, et ce pour une raison simple : il était quasiment déserté. En effet, rares étaient les maîtres de l’Ordre affectés au quotidien sur la capitale de la République, et avec les événements récents, ceux qui l’étaient avaient été dispersés aux quatre coins de la galaxie pour soutenir les troupes envoyées par la nouvelle Chancelière Suprême… Elle-même donc.

Par conséquent, avec Maître Berryl qui était parti pour les frontières nord, à la bordure avec l’Empire et les autres mobilisés sur Aargau ou ailleurs, les derniers maîtres restant au Temple étaient Lorn et elle-même, le reste étant peuplé de Chevaliers et de padawans, qui disposaient de leurs propres ailes pour se loger. Une situation inhabituelle, mais une aubaine pour les deux amants, qui avaient pu passer quelques moments ensemble en toute intimité, et surtout en toute discrétion. Au milieu du chaos ambiant, Alyria appréciait profondément de pouvoir passer une nuit à ne plus penser à la Chancellerie, à la République, à l’Ordre… Bref, elle profitait de quelques heures arrachées à son existence de chef d’Etat parvenue au sommet par un coup du sort, et chérissait la rareté de ces instants, consciente qu’ils se feraient de plus en plus rares.

Cependant, dès que l’étreinte ardente des corps cessait, que la fatigue venait chercher son dû et que le sommeil l’emportait, la maîtresse d’armes dérivait vers des rivages cauchemardesques, où elle revoyait sans cesse les pires images de ces derniers jours : les visages sans vie déchiquetés par les impacts de tir de blaster de Valérion Scalia et d’Ion Keyien lui apparaissaient dans toute leur sanglante gloire, lui souriant de façon hideuse, semblant murmurer à son oreille qu’elle serait la prochaine.

Une nouvelle fois, ces visions atroces l’avaient hantée toute la nuit, et elle avait revu pour la millième fois le pantoran se suicider. Elle n’arrivait pas à se défaire de cette image gravée dans sa mémoire, et comme d’habitude, s’était réveillée au moment de l’impact. Manifestement, les puissants n’avaient pas le droit à un peu de répit.

Passant une main dans ses cheveux roux en bataille, trempés de sueur, Alyria tenta de les discipliner en un chignon grossier, pour finir par abandonner. Elle tourna la tête vers son amant, qui dormait paisiblement, ce qui, au vu de l’heure plus que matinale, n’était pas surprenant. Un sourire attendri se peignit sur son visage à mesure qu’elle observait les traits détendus de l’épicanthix, qui paraissait bien tranquille, à reposer ainsi, dans toute la splendeur de la nudité matinale. Elle déposa alors un baiser aérien sur le sommet de son crâne, faisant attention à ne pas le réveiller, puis, incapable de se rendormir, se leva et entreprit passer sous la douche, comme si elle avait envie de noyer ses soucis sous l’eau délassante.

Une bonne heure plus tard, elle émergea enfin de la modeste salle de bain, fraîche et dispose, pour constater que Lorn avait à son tour fini par vaincre les brumes du sommeil. Tous les deux avaient en commun d’être des personnes plutôt matinales, et en l’occurrence ce jour-là, très, très en avance sur les horaires habituels des personnes normales. Mais sans doute que les méthodes d’entraînements rudes des maîtres d’armes avaient la vie dure : entre la méditation, les étirements, les préparations pour les cours, les entraînements… Un maître d’armes était rarement debout après sept heures du matin, pour les plus tardifs. Couchés tard, levés tôt, telle était la devise de ces forçats de l’exercice physique, et encore s’adonnaient-ils à de telles contraintes avec plaisir.

Après un rapide baiser en guise de salutations, Alyria murmura :

« Désolée si je t’ai réveillée, je n’arrivais pas à me rendormir. Je te laisse te préparer, je vais chercher quelques affaires dans ma chambre, on se retrouve dans une demi-heure au bout du couloir pour aller en salle d’entraînement, comme promis ? Cela fait tellement longtemps que nous n’avons pas eu l’occasion de croiser le sabre… Je t’avoue que ça me manque un peu. »

Là-dessus, elle sortit à pas de loup, traversant le couloir désert avec rapidité, et s’engouffra dans sa propre chambre. Le délai écoulé, elle ressortit, munie de vêtements propres cette fois-ci, sa plus belle paire de gants immaculés au bout des doigts. Fidèle au poste, Lorn l’attendait, et avec un sourire, tous deux se dirigèrent vers la salle d’entraînement, devisant tranquillement des mérites de telle ou telle forme, de telle ou telle parade, comme deux maîtres d’armes tout à fait normaux.

Cependant, à mesure qu’ils avançaient, la discussion devint plus sérieuse, comme d’habitude :

« Au fait… Je ne sais pas pourquoi, mais parler de Niman m’y a fait penser…. Tu sais quand exactement arrivera la navette de Maître Tianesli ? Il faudrait que je m’entretienne avec lui pour Aargau… »

Alyria n’avait pas fait attention à moduler sa voix, consciente qu’il y avait peu de risque d’être espionnés au Temple, et du reste, la venue du Maître du Conseil n’était pas un secret. Quelques Chevaliers traversaient eux aussi les couloirs, et saluèrent respectueusement le duo, appuyant celui lancé à la Chancelière en exercice, avant de partir vaquer à leurs occupations.

A cet instant, elle remarqua qu’ils étaient arrivés à destination. Devant eux se tenait la nouvelle salle d’entraînement du Temple, récemment rénovée… Et manifestement, quelqu’un avait décidé de se lever aussi tôt qu’eux pour s’adonner à quelque entraînement matinal. Curieuse de connaître l’identité de ce courageux ou de cette courageuse, Alyria s’approcha… Pour découvrir une figure bien familière.

Son cousin éloigné, le Chevalier Draayi, s’entraînait face à un hologramme, et la maîtresse d’armes l’observa un moment sans faire remarquer leur présence, attentive aux gestes faits, avec l’œil critique du professeur exigeant. Finalement, elle murmura discrètement à son compagnon :

« Il semblerait que tout le monde se lève tôt dans ma famille… J’avais proposé à Joclad de venir s’entraîner ici régulièrement pour ne pas perdre le rythme… Et décompresser avec tout ce qui se passe avec la Chancellerie.

Il t’a contacté ? J’avais mentionné ton nom pour d’éventuels perfectionnements. »


Cela dit, elle continua son observation, et quand finalement, le jeune homme vint à bout de son adversaire holographique, et Alyria sut que c’était le moment de faire leur entrée. Frappant élégamment de ses mains, le choc du tissu soyeux offrant un son doux à l’oreille, elle se mit à applaudir afin d’attirer l’attention du Chevalier, et déclara rapidement :

« Bel enchaînement final quoique sans doute un peu précipité sur la fin. Je crois que ce coup n’était pas exactement ce à quoi tu désirais parvenir, je me trompe ? En relevant ton sabre plus tôt, de façon sèche, je pense qu’un Shiak plus propre aurait amplement suffit.

Qu’est-ce que tu en dis Lorn ? »


Elle attendit sa réponse, puis se rendit compte qu’elle ne les avait pas encore présentés formellement, aussi elle ajouta :

« Ah, tout à notre amour du sabre, voilà que j’en oublie la politesse élémentaire. Chevalier Draayi, voici Maître Vocklan, dont je vous ai parlé il y a peu.

Maître Vocklan, je vous présente le Chevalier Draayi, l’ancien padawan de Maître Tianesli, actuellement détaché auprès des services de la Chancellerie par le Conseil en tant que conseiller spécial, un de mes anciens élèves adeptes de la forme IV… »

Et accessoirement son cousin éloigné, mais cela, Lorn le savait, Alyria le lui avait dit quand elle l’avait appris des années auparavant, sous le choc de cette révélation surprenante. Achevant les présentations, elle expliqua au jeune homme :

« Maître Vocklan et moi-même nous étions donné rendez-vous pour échanger quelques passes d’armes au petit matin, avant les cours de la journée et pour éviter de déranger les padawans et les chevaliers dans leurs entraînements.

Je préfère éviter de causer des problèmes face à une armée de jeunes gens excités à l’idée de voir la Chancelière en personne s’exercer… »


A ces mots, une légère grimace tordit ses traits. Elle détestait devoir prendre toutes ces précautions à cause de son nouveau statut, mais préférait éviter toute perturbation malvenue, et la jedi savait d’expérience combien la jeunesse pouvait se montrer impressionnable… Et difficilement contenable dans son enthousiasme. Se reprenant, elle continua chaleureusement :

« Mais apparemment, tu as eu la même idée à ce que je vois… Apparemment, tu as pris mes conseils au pied de la lettre. »

Ladite phrase avait été dite sur un ton taquin mais néanmoins satisfait. Se tournant vers son confrère, elle conclut :

« Je ne sais pas ce que Maître Vocklan en pense… Mais puisque nous sommes là, pourquoi ne pas élargir notre cercle d’entraînement au Chevalier Draayi ? Après tout, il y a quelques détails à corriger dans les mouvements que tu nous a montré Joclad… Et deux maîtres d’armes pour toi tout seul, voilà le rêve de bien des jeunes duellistes. »

Sa dernière saillie avait été dite sur un ton amusé, détaché, et Joclad comme Lorn pouvait voir la différence entre la figure de la Chancelière froide et plongée dans ses dossiers…. Et cette femme à l’esprit en alerte qui, l’espace d’un instant, faisait presque moins que ses trente-quatre ans, presque trente-cinq, tant elle paraissait apprécier la situation.

Alyria croisa les bras devant elle, attendant la réponse, sans nulle doute positive de Lorn, un sourire au coin des lèvres. Exceptionnellement, pour une fois, sa journée commençait parfaitement.
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Comme à son habitude le jeune homme était levé depuis plusieurs heures déjà lorsque sa chère et tendre émergea enfin du pays des songes, il avait passé les dernières heures à fixer le plafond et à se demander quand est-ce que ce serait finalement son tour de partir d’ici pour se diriger vers Aargau. Il savait qu’il allait faire son trajet jusqu’à cette planète avec maître Tianesli, un membre du conseil, mais il n’avait aucune idée de la date dudit départ. Oh non cela ne le dérangeait pas d’être le dernier maître présent à Coruscant, cela ne rendait son agenda que bien plus rempli puisqu’il devait assurer à lui seul les entraînements au sabre laser de tous les padawans encore présents ici, cela lui rappelait ses précédentes années au temple d’Ondéron, mais il aurait aimé pouvoir aider davantage. N’était-ce pas normal ? Tous ses pairs étaient en mission, que ce soit dans les mondes du noyau ou dans la bordure extérieure, et lui restait ici à jouer les baby-sitters pour ainsi dire. Pour quelqu’un aux origines guerrières comme ce maître d’armes, c’était assez frustrant il fallait bien l’avouer.
Mais toutes ces petites frustrations étaient aisément oubliées lorsque le jeune maître avait l’occasion de poser son regard sur la créature de rêve avec qui il avait l’occasion de partager sa nuit. Ne seriez-vous pas heureux à sa place ? Fermant les yeux un instant il sentit la perturbation de sa moitié à travers la Force avant de l’entendre se lever. Il était vrai que les derniers jours avaient été éprouvants pour elle et ce n’était pas étonnant de la voir se réveiller en trombe de la sorte, trempée de sueur, la respiration rapide comme si elle sortait d’un mauvais rêve.
La demoiselle s’éclipsa dans la salle de bain et en ressortit parfaite comme à son habitude, saluant son amant qui, s’extirpant du lit dans le plus simple appareil, répondit d’un ton encore un peu groggy :

« Ne t’inquiète pas pour ça, j’étais éveillé depuis un moment, déjà. Laisse-moi juste le temps de me réveiller correctement. Si on doit s’entraîner, j’aime autant avoir les yeux en face des trous. »

Contrairement à sa camarade dont le sommeil n’avait été que récemment perturbé, le jeune homme n’avait pas dormit du sommeil du juste depuis des années voire des décennies, il avait simplement appris à apprivoiser le manque de sommeil en s’aidant de la sorte et s’était accommodé des visions qui empêchaient son esprit de trouver le repos qu’il méritait. Il n’en parlait jamais, bien entendu, ne désirant pas attirer la pitié de qui que ce soit, car cela ne l’empêchait pas de faire son travail pour autant.
Laissant sa moitié aller prendre des vêtements dans ses quartiers, le jeune homme se décrassa et enfila sa bure grise traditionnelle avant de se diriger vers la salle d’entraînement en charmante compagnie. En chemin Alyria l’interrogea sur l’arrivée de maître Tianesli, avec qui il irait sur Aargau, mais ne connaissant pas la réponse à sa question il se contenta de répondre :

« Aucune idée, j’imagine que je le croiserai le jour-même. »

Bientôt le duo arriva devant la salle d’entraînement et aperçut un chevalier qui s’exerçait de très bon matin, pour le plus grand plaisir de Lorn qui appréciait de voir les plus jeunes faire preuve d’autant de persévérance et d’efforts que lui-même à son jeune âge. Se tournant vers sa camarade qui lui demandait si ce chevalier l’avait contacté auparavant, Lorn répondit simplement :

« Pas du tout, peut-être qu’il n’a pas osé ou qu’il me pensait trop occupé pour ça. »

Ce n’était pas totalement faux, tous les chevaliers savaient que Lorn était un des rares maîtres encore présent au Temple et que, de ce fait, il était plus demandé que jamais et occupé par les interminables leçons qui s’enchaînaient sans fin. La demoiselle décida enfin de briser le silence et de féliciter le jeune homme pour sa performance, supposant que la fin de son mouvement n’était pas celle prévue. Ce à quoi Lorn répondit :

« Peut-être pas la fin prévue, en effet, mais l’improvisation fait aussi partie du jeu. »

C’était bien beau d’apprendre par cœur les enchaînements des katas au sabre laser mais un combat avait toujours sa part d’imprévisibilité à laquelle il fallait forcément faire face un jour où l’autre : ce jour-là il faudrait savoir s’adapter à la situation, improviser.
S’approchant du chevalier pour aller le saluer comme il se devait, Lorn se tourna vers sa camarade qui lui présenta le chevalier, croyant que ces deux-là ne s’étaient jamais croisé auparavant. Saluant le chevalier d’un signe de tête, le maître d’armes répondit alors :

« Nous nous connaissons déjà, lui et moi. Nous nous sommes déjà croisé et avons partagé plusieurs sessions d’entraînement ensemble. J’ai rarement vu un élève si assidu et persévérant, c’est un plaisir de voir nos chemins se croiser de nouveau. »

Et bientôt la créature à la crinière de feu proposa que le chevalier vienne s’entraîner avec eux ce qui lui serait plus bénéfique que tous les entraînements en solitaire du monde. Hochant la tête en guise d’acceptation, Lorn ajouta :

« Pourquoi pas. Tu préfères croiser le fer avec ton ancien élève, ou veux-tu que je le fasse ? »

Lorsqu’il y avait une situation comme celle-ci la composition était finalement assez simple : l’un des maîtres s’entrainait avec le padawan, ou le chevalier dans le cas présent, et le second était chargé d’observer les mouvements du jeune jedi et de lui procurer conseils et remarques sur les erreurs commises ou les points qui pouvaient encore être améliorés. Compte tenu du nombre de maîtres et de padawan les élèves étaient généralement en surnombre par rapport aux professeurs, ce qui faisait que ce genre de situation ne se présentait qu’assez rarement, mais Lorn n’avait pourtant pas oublié comment les choses fonctionnaient dans ces cas-là.
Le jeune maître d’armes ne connaissait pas le chevalier aussi bien que sa camarade à la crinière de feu, c’était l’évidence même, mais il avait été à ses côtés assez de fois pour savoir qu’il avait un style tout en précisions, en fluidité et en agilité un peu à la manière de son amante, il ne serait donc pas plus étonné que ça si elle décidait de se frotter à son ancien élève afin d’évaluer ses progrès depuis leur toute dernière rencontre. Lorn en aurait fait de même si cela avait été l’un de ses anciens élèves qui s’était tenu devant lui au lieu de ce chevalier.
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Le coup n’était peut-être pas parfait, mais j’avais su me détacher des katas traditionnels et faire usage d’un style entremêlant de nombreux aspects des formes bien opposées que sont l’Ataru et le Soresu. Une chose bien délicate qui ne m’était facilite en fusant usage de maigres mouvements, parfois à peine discernable, des dormes d’Opposition et de Détermination. Comme de nombreux chevaliers adeptes des Arts Jedi, j’avais passé de très longues années à développer mes connaissances dans la philosophie de différentes formes pour pouvoir forger ce qui devenait un style pur, une forme propre à ma personnalité. Entremêlant agressivité et passivité, il m’était possible d’inverser le déroulement d’un duel –comme je l’avais déjà fait face à Shaar-lâ, ou bien de m’adapter à de nombreuses situations que je pouvais rencontrer lors de mes péripéties au travers de la galaxie. L’arme la plus répandue dans la galaxie n’étant pas le sabre mais bien le blaster, ma prédilection pour le Soresu était évidente alors que l’Ataru m’avait presque été proposé par défaut par feu Maitre Herambra comme un moyen de parvenir à structurer mon esprit avec la rigueur et la discipline qui lui manquait. De choix par défaut, la Forme IV était rapidement devenu mon style de combat préféré pour sa rigueur et sa consistance qui semblait inexistante pour un regard non avisé mais pourtant conséquente pour l’utilisateur que j’étais. Elle me permettait de faire le vide, de méditer en mouvement, d’être plus performant et efficace tout en étant serein de par la nécessité de saisir et de juguler mes émotions pour ne pas me laisser distraire. Les exemples les plus probants étaient sans doute mes affrontements contre les Sith, et plus exactement mes duels sur Flydon Maxima et l’Atramentar, où j’avais finalement su résister aux assauts de l’obscurité grâce à un esprit épuré de toutes mauvaises pensées émotionnelles. Mon style pouvait souvent paraître agressif, il n’en restait pas moins habile et maîtrisé.

Il y avait évidemment des défauts. En tant que jeune chevalier, je n’avais pas l’expertise ni même l’expérience des plus expérimentés. J’espérais évidemment le devenir, mais ce n’est qu’en écoutant leurs remarques avisées et m’exerçant que je pourrais progresser pour atteindre ce but. Je me savais capable de tenir la route face à certains Sith adoptant une stylistique que j’étais capable de contrer sans faillir. Mais qu’en était-il des autres ? C’est le souffle retrouvé que je me saisissais de l’objet que j’avais posé sur le sol, alors que mes sens revenaient à la réalité, alerté par des bruits extérieurs à la bulle que je venais de rompre. C’est avec le projecteur dans les mains que pivotais pour accueillir avec une demi-surprise non feinte l’entrée des Maitres Von et Vocklan. Je ne restais pas indifférent aux applaudissements de la première, car ce n’était pas souvent que l’on était applaudit par un Maitre d’Armes, mais je ne prenais pas la grosse tête pour autant. Ils étaient des modèles, et en tant que jeune chevalier d’à peine vingt-et-un an, je n’étais encore qu’un élève cherchant son chemin dans l’apprentissage et la maitrise des Arts Jedi.

Les laissant s’approcher, je refermais ma prise sur le dispositif de projection avant de m’incliner avec le respect qui leur était dû, que ce soit en tant que Jedi, Maitre ou Chancelière. Je restais néanmoins d’abord silencieux quant aux questions d’Alyria, jusqu’à ce que les présentations soient faites. Evidemment, je connaissais à la fois les deux Maitres d’Armes qui se tenaient devant moi pour avoir déjà discuter et croiser le fer à de nombreuses reprises avec eux, ou bien tout simplement parce que je côtoyais régulièrement la Chancelière du fait de mon affectation actuelle. Les laissant poursuivre, n’osant pas réellement les interrompre, je me contentais de faire léviter l’objet qui encombrait mes mains vers un coin de la pièce où il ne risquait pas de déranger sans pour autant perdre l’attention que je tenais sur les deux autres Jedi. Je ne pouvais qu’être du même avis que Maitre Vocklan quant au fait qu’il fallait savoir se détacher des katas traditionnels lors d’un duel, car il n’était pas du bon sens de l’adversaire que de se montrer aussi prévisible. Cherchant cependant une accroche pour prendre la parole à mon tour, je me saisis de l’opportunité qui m’était offerte suite aux explications de Lorn pour finalement m’exprimer avec respect :

« En effet. Nous avons déjà pratiqué ensemble, sur Ondéron. Je vous remercie, Maitre Vocklan. Le plaisir est partagé. Mais je n’aurais pas pu progresser efficacement sans conseils avisés. » Mon regard glissa vers Alyria, pour poursuivre. « Effectivement, mon mouvement précédant n’était pas destiné à mettre un terme au combat de la sorte. Abattre l’adversaire et lui ôter la vie, avec un Shiak par exemple, ne doit être fait que si c’est nécessaire. Je voulais simplement le désarmer avec un Cho Mai, mais j’ai commis une faute d’écart.

Mais… je ne veux pas vous déranger. Si vous aviez prévu quelque chose, je ne vais pas occuper cette salle plus longtemps, Maitre. »


Visiblement, c’était une tout autre idée qu’avaient les deux Maitres, et c’est avec le sourire que je recevais leur proposition. J’étais néanmoins intimider. Déjà que je me dépassais pour tenter de satisfaire un seul d’entre eux, alors deux… cela relevait presque du défi. Cela me donnerait également l’occasion de voir ce que donnait un entrainement entre deux maitres d’armes, que demander de plus ? Mais quand à savoir qui devait commencer, je me souvenais de la proposition de Maitre Von, à mon arrivée à Coruscant. C’est pourquoi je proposais simplement :

« Maitre Von m’avait proposé de m’exercer avec vous, durant mon séjour ici, à Coruscant. Ce serait sans doute un bon moyen de débuter, non ? »

Le regard déviant vers Alyria, cette dernière acquiesça. Elle voulait sans aucuns doutes voir comment je me débrouillais avec quelqu’un d’autre qu’elle, face à un autre Maitre d’Armes. Peut-être y avait-il autre chose, mais cela ne me concernait pas. Un dernier coup d’œil vers l’Epicanthix et tout fut rapidement décidé. Je m’écartais donc calmement vers une place plus centrale, faisant lentement à nouveau le vide dans mon esprit pour me raccrocher calmement à une tonalité, une note propre à moi-même qui me permettait de me mouvoir avec grâce avec un regard centré uniquement sur l’affrontement. La lame de mon sabre fit de nouveau son apparition, d’un bleu semblable à ceux formé par les cristaux d’Ilum, mais dont l’origine était bien plus secrète et spirituelle. Une lame dont j’étais fier. Saluant mon adversaire suivant les traditions, la lame à la verticale devant moi, j’adoptais rapidement une posture moins droite et reposant plus sur mes appuis, légèrement décalés l’un et l’autre. La lame en avant, toujours à la verticale, j’observais Maitre Vocklan posté à quelques mètres seulement. Encore à chaud, je me sentais prêt à bondir. Jouant sur mes appuis pour en assurer la prise, il ne fallut pas longtemps pour que le duel commence. Je m’élançais subitement dans sa direction, pour que nos armes viennent s’entrechoquer après seulement quelques pas. Mon premier coup visant à rabattre sa lame vers le bas pour en me montrant oppressant, l’idée était de le faire reculer, lui qui me dépassait de plus d’une tête et dont la carrure était toujours aussi imposante. Mes pieds d’appuis dansant allègrement sur le sol, je restais concentré alors que nos sabres semblaient jouer, les nombreux claquements laissant juger du nombre de collisions. Évitant sa lame en me baissant, je me décalais aussitôt de côté pour frapper à nouveau à plat, pour finalement me retrouver à nouveau face à lui dans un léger tournoiement tandis que je me mettais à présent à reculer. Faisant usage d’un Ataru épuré, nos multiples coups proches de nos gardes laissaient transparaître la rigueur du Soresu et de ses coups vifs et habiles.

Après seulement quelques pas, nos lames s’entrechoquèrent presque jusqu’à l’immobilisme, avant que je rompe le contact d’un Su Ma visant à me faire glisser de deux bon mètres en arrière. Finissant sur mes appuis, je pus rebondir dans sa direction. Nos lames flirtèrent à nouveau l’espace d’un instant, le temps que je bondisse par-delà le Maitre d’Armes pour finir dans son dos non sans parer avec vivacité le coup suivant. Virevoltant tous les deux, je restais toujours agressif. Je devais pourtant faire attention à ne pas relâcher la pression, pour éviter de me retrouver pris à mon propre jeu, à suivre des mouvements calculés visant à briser ma garde. Les lames s’écrasèrent et glissèrent à nouveau à de nombreuses reprises alors que nous échangions, l’un avançant tandis que l’autre reculait. Tournoyant sur moi-même, les rôles s’inversait et je me retrouvais à parer et à glisser sur les côtés pour chercher une ouverture qui me permettrait d’inverser à nouveau le sens du duel. Les frappes aériennes descendirent à même le sol et je dû sauter pour éviter un coup que je n’avais pu bloquer, pour que ma lame bleutée retrouve le contact de celle de l’Epicanthix. Je pivotais aussitôt pour revenir frapper avec force cette dernière, sans pour autant réussir à percer sa garde sous les yeux sans doute plus qu’attentifs de la Chancelière elle-même.


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L’improvisation… Alyria reconnaissait bien là son amant, et son amour d’une escrime plus brute, plus épurée que son propre style maniéré et adepte d’une rigueur presque monomaniaque. Cela ne voulait pas dire que la maîtresse d’armes ne reconnaissait pas l’intérêt de savoir de temps en temps trouver une astuce pour parvenir à ses fins. A vrai dire, c’était même sa spécialité. Non, elle était simplement partisane de ce que l’on aurait pu appeler avec un brin d’humour l’imprévisibilité prévisible, soit la capacité à maîtriser parfaitement les règles du combat pour savoir s’en jouer, les adapter, les tordre à son propre avantage. Mais pour parvenir à un tel résultat, il fallait que cela vienne d’un mouvement calculé… Et non d’un rattrapage à la dernière seconde qui offrait bien souvent une prise évidente à un adversaire ou n’avait pas la capacité de percussion qu’une botte savamment préparée pouvait obtenir.

Au fond, la gardienne aimait l’excellence en toute chose, y compris dans le domaine de l’improvisation. Et cette amour de la discipline, de l’intransigeance, de l’ambition pour soi-même, elle avait toujours eu à cœur de le transmettre à ses disciples, même si elle savait d’expérience que beaucoup restaient imperméables à cette manière de faire particulière, s’arrêtant à l’aspect purement technique pour écarter la partie plus philosophique, ce qui était bien dommage à son humble avis. Mais elle reconnaissait bien volontiers que ce genre de considérations lui serait sans doute passé au-dessus de la tête au même âge.

En tout cas, voir que les deux hommes se connaissaient la réjouit secrètement. Voilà qui allait éviter les présentations relativement longues et ennuyeuses ainsi que les silences un peu gênants. Autant rentrer directement dans le vif du sujet, à savoir : l’escrime !

Conformément à l’habitude chez les maîtres d’armes, il fallait d’abord tester l’élève, ce qui recquérait que l’un d’entre eux l’affronte pendant que l’autre se contenterait d’observer le combat avant de faire ses remarques et aide ensuite le cadet à progresser. L’exercice était bien rôdé, chacun d’eux en avait l’habitude, et si Lorn avait une préférence pour l’action immédiate, Alyria ne rechignait pas à prendre dans un premier temps le poste un peu ingrat d’observatrice silencieuse. C’était un bon moyen d’analyser les styles et d’aider les autres à progresser, et elle appréciait ce travail discret mais essentiel à effectuer en amont pour saisir les forces et faiblesses d’un bretteur dans toutes leur subtilité.

Aussi, avec un léger sourire, elle répondit calmement à son acolyte, son regard ne quittant pas son cousin :

« Laissons le choix. Tu sais qu’aucun des deux ne me gêne vraiment. »

Elle s’était attendue, de fait, à ce que Joclad préfère l’épicanthix. Après tout, elle lui avait vanté ses mérites, autant le vérifier non ? Et puis, la confrontation avec un professeur moins connu qu’elle-même ne pouvait être que stimulant. Elle acquiesça donc, et laissa les deux duellistes se faire face, rejoignant l’un des bancs positionnés sur le côté, attendant silencieusement que les choses sérieuses commencent. Cependant, un brin d’espièglerie la saisit, et Alyria ne put s’empêcher de lancer un léger :

« Messieurs, faites-moi rêver ! »

Tout en disant cela, elle fixa quelques secondes son amant avec une lueur taquine dans le regard, que lui seul pourrait comprendre, et pour cause : elle avait dit la même chose, au singulier évidemment, la nuit d’avant… Manière de le déconcentrer ? Peut-être aussi, c’était le genre de défis qui l’amusait. Et aujourd’hui, la Chancelière se sentait d’humeur joyeuse. Autant en profiter.

Cependant, son expression redevint bien vite sérieuse quand le combat commença, et elle s’ouvrit à la Force pour augmenter sa perception de ce dernier, ses yeux seuls n’allant pas suffire. Il était important de traquer les imperfections, les changements d’humeur à travers cette dernière pour compléter son analyse, et à force, la jedi était devenue plutôt douée à ce petit jeu de la détection.

Comme elle s’y était attendue, Joclad entama les hostilités par un assaut à l’aide de la Forme IV foudroyant. C’était bien là le style de son ancien élève, mais elle savait que cela ne serait pas suffisant pour surprendre un guerrier de la trempe de Lorn. Sa défense était bien trop aguerrie pour que le premier coup vienne la briser. Cela ne serait sans doute possible qu’avec un coup d’éclat au Makashi, et encore, elle avait de plus en plus de mal à y arriver, leurs échanges augmentant dans le temps avec l’âge et l’expérience, ce qui commençait à profiter à l’épicanthix, en fait.

Avec attention elle regarda ce dernier écarta l’attaque de Joclad, et répliquer à son tour, faisant montre de toute sa puissance. Les deux bretteurs dansaient littéralement l’un autour de l’autre, et ce ballet excitant ravissait l’esthète en elle. C’était la conjonction de deux styles tour à tour si différents… Et si semblables. Joclad possédait le côté aérien dont son amant manquait, ce dernier compensant par une force largement supérieure et une précision diabolique dans ses coups de boutoir. Pourtant chacun préférait se reposer sur une garde de fer quand les choses tournaient mal, comme le jeune chevalier en fit la démonstration éclatante en basculant dans un Soresu de haute volée lorsque Lorn décida de passer à son tour à l’offensive. Les rôles s’inversaient, et se rapprochaient.

Pour autant, Alyria ne se perdait pas dans une simple contemplation silencieuse, et observait chaque feinte, chaque parade avec minutie, son œil expert sondant la Force pour compléter les données récoltées jusque-là. Elle avait le sentiment que malgré le haut niveau de cette entame, les deux combattants ne faisaient que réviser leur gamme, l’un plus que l’autre, mais il y avait encore de la place pour muscler un peu le jeu, et les faire véritablement sortir de leurs zones de confort.

« Eh bien, maintenant que vous avez fini les préliminaires, messieurs, autant rentrer dans le vif du sujet, qu’en dites-vous ? »

Légèrement provocatrice, la remarque avait évidemment pour but de fouetter les ardeurs des deux duellistes et de les pousser à donner leur maximum. Et pour le double sens contenu dans cette phrase… Alyria attendait avec impatience la réaction de Lorn…

Quoi ? Elle pouvait rester sur le banc de touche, cela n’allait pas l’empêcher de s’amuser un peu !
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Chaque enseignant avait sa propre méthode d’apprentissage ainsi que son propre style de combat qu’il essayait de transmettre à son élève dans la mesure du possible, seuls les maîtres d’armes avaient toute la latitude d’enseigner aux élèves des styles qui n’étaient leurs styles de prédilection. Étudier toutes ces formes de combat permettait à ces maîtres d’armes de fournir à ces jeunes âmes les bases nécessaires à la maîtrise du sabre-laser. La suite ? C’était à chaque élève de la découvrir jusqu’à trouver leur style de prédilection et de persévérer dans cette voie comme le faisait ce jeune chevalier présent dans cette salle ce matin-là. Une fois qu’un domaine ou une forme de combat de prédilection parvenait à se détacher du lot, il était bien plus simple pour le padawan et son maître d’organiser leur emploi du temps et leurs leçons afin de se focaliser sur ce qui était important et de gommer les défauts dans le style du padawan, un par un.
Il ne s’agissait pas de faire du padawan un parfait combattant en quelques mois, il s’agissait tout d’abord de gommer toutes les erreurs, même les plus minimes, dans les bases apprises par ce jeune esprit afin que ce dernier puisse débuter son apprentissage sur des bases aussi solides que durables. Ensuite, une fois ces solides bases installées, le maître pouvait passer à la vitesse supérieure et durcir l’entraînement à mesure que son élève progresserait et maîtriseraient les leçons enseignées, les unes après les autres : c’était un processus qui demandait des années et des années d’une pratique régulière mais les résultaient finissaient toujours par payer au bout du monde. Il suffisait que l’élève s’accroche, soit attentif, assidu et, surtout, qu’il croit en lui et en sa capacité à se perfectionner avec le temps. Ne dit-on pas que le moral fait 50% du boulot ? Cela n’était jamais aussi vrai que dans ce domaine.
Aussi, lorsque le jeune chevalier donna bien trop de crédit aux conseils prodigués par les deux maîtres d’armes, Lorn ne put s’empêcher de sourire, légèrement amusé par cette remarque, avant de ten
ter d’y apporter une légère nuance.

« Les conseils que nous prodiguons ne sont guère plus qu’un aiguillage pour remettre quelqu’un sur les rails, quand le besoin s’en fait sentir. Le perfectionnement, la constance des efforts fournis et la persévérance : tout cela vous revient, Chevalier Draayi. »

Qu’y avait-il à ajouter de plus ? C’était l’expérience qui parlait et Lorn savait mieux que personne que si un jedi pouvait bénéficier de l’aide de ses pairs, au bout du compte il se forgeait lui-même pour devenir le jedi qu’il voulait autre plutôt que celui qu’il devait être. Chaque individu de cette galaxie finissait par se forger lui-même.
Si chaque jedi avait son propre style de combat ce n’était pas par soucis de variété mais bien d’individualisme : Lorn avait opté pour un style agressif associé à la solide défense du Soresu et ce n’était pas par hasard, c’était bien pour profiter de la puissance conférée par sa carrure tout en limitant les mouvements au minimum à l’inverse de certaines formes comme l’Ataru qui ne lui conviendrait pas vraiment. Mais certaines personnes, plus agiles et moins fortes physiquement, voyaient en l’Ataru un style de combat qui permettrait de noyer son adversaire sous une pluie de coups venant de directions différentes.
Enfin bref, je ne vais pas vous faire la liste de toutes les formes disponibles mais chaque jedi finissait par trouvait le ou les style(s) lui convenant le mieux et, de ce que Lorn pouvait en voir, le chevalier face à lui avait déjà trouvé un style qui le convenait. Curieux de pouvoir croiser le fer avec lui, le maître d’armes fut soulagé quand Joclad accepta d’être son adversaire.

« Ça me va, faisons ça. »

Combattre en solo était une chose, cela forçait l’étudiant à s’imaginer un adversaire fictif et à le combattre dans sa tête, pour ainsi dire, mais rien ne pourrait préparer un étudiant aussi bien que l’imprévisibilité d’un véritable adversaire en chair et en os.
Sans plus attendre le jeune maître se mit en position et extirpa de sa ceinture son sabre laser, un simple tube aux tons sombres et sans une once de fioriture : il aimait la simplicité de cette instrument et ne voulait pas la gâcher en rajoutant des détails qui, à ses yeux, n’étaient pas nécessaires. Être conscient de ses atouts était une chose importante, bien entendu, mais faire face à un opposant demandait de prendre milles précautions afin d’apprendre à connaître les forces de la personne se trouvant en face de lui, et c’est avec cet objectif en tête que Lorn fit jaillir sa lame violacée du néant et débutant cette petite…entrevue.

Les premiers échanges furent l’occasion pour Lorn de s’échauffer et l’opportunité pour son adversaire de tenter de faire reculer son partenaire en enchaînant les assauts sans trop de ménagement, le maître observa bien vite son camarade comme étant un opposant agile et avec un jeu de jambe très bon pour quelqu’un de son âge : et il parlait d’expérience ! Quoi ? Comment pensez-vous que quelqu’un aussi massif que Lorn pouvait tenir tête à des adversaires rapides et sveltes ? Il avait entraîné la partie inférieur de son corps – ses jambes, son bassin et ses hanches – encore et encore afin qu’il soit capable de pivoter dans n’importe quelle direction en un instant pour ne jamais être pris au dépourvu. Ainsi les enchaînements qui suivirent furent une succession d’échanges, de parades, d’esquives, de bonds en avant et de bonds en arrière.
Lorn avait sa force, son expérience et ses réflexes presque bestiaux pour lui tandis que son opposant avait la fougue de la jeunesse associée à une agilité et une vivacité plus que rafraichissantes. Les deux forces s’entrechoquèrent dans une danse aussi véloce que féroce jusqu’à ce que les deux participants s’écartent finalement, sous le regard expert d’Alyria qui attendait d’eux qu’ils passent à la vitesse supérieure.
Jetant un regard amusé et complice à sa camarade, Lorn se tourna vers Joclad et, hochant de la tête, lui lança :

« Vous avez entendu la dame. »

Si son opposant avait eu quelques temps pour s’échauffer, les muscles du maître d’armes avaient maintenant été suffisamment réchauffés pour permettre au colosse de fondre sur son partenaire sans ménagement. Bougeant ses épaules et sa tête une dernière fois avant de se préparer, Lorn se mit en position et, une fois son adversaire prêt, bondit sur lui sans plus attendre. Il ne s’agissait pas ici de donner une correction à son opposant, il fallait que l’échange soit bénéfique et ludique pour le jeune chevalier qui lui faisait face, il fallait qu’il fasse preuve d’assez de retenue pour que son adversaire se rende compte de ce qu’il se passait et des erreurs qu’il pourrait éventuellement faire.
Tel un fauve sortant de sa cage pour la première fois depuis une décennie, Lorn bondit sur son opposant et abattit avec force son sabre sur la garde du chevalier dressée au-dessus de sa tête ? Bien sûr la différence de force était suffisamment évidente pour forcer le chevalier à se décaler plutôt que d’encaisser le coup de plein fouet, mais bientôt l’échange reprit et ce fut au tour de Lorn de forcer le jeune chevalier à reculer encore et encore afin de voir ce qu’il avait dans le ventre.
Si le colosse n’hésita pas un seul instant à lancer des frappes obliques vives et appuyées vers Joclad, afin de tester sa défense et sa capacité à résister à des assauts solides – car les utilisateurs de l’Ataru résistaient généralement assez mal à la force brute – le jeune chevalier prouva être à la hauteur des attentes du maître d’armes. Les frappes les plus appuyées – et donc plus lentes – étaient efficacement esquivées par le chevalier mais il fallait tout de même noter un point impressionnant. Malgré la force brutale des assauts du maître d’armes, il était bluffant de remarquer que chaque frappe était expédiée avec une dextérité et une précision presque chirurgicale : avoir de la force signifiait pas toujours compter uniquement sur elle, sans une once de précision ou de rapidité.
Les deux lions allaient donc pouvoir poursuivre leur assaut sous le regard expert d’une demoiselle qui n’en perdait pas une miette :: il s’agissait ici pour Lorn d’apprendre à son partenaire à combattre contre un adversaire plus expérimenté et plus puissant que lui…contre quelqu’un qui ne se laisserait pas submerger par son agilité, aussi impressionnante fusse-t-elle.
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Nos lames continuèrent de s’entrechoquer quelques secondes de plus, avant que je finisse par m’éloigner du Maitre d’Armes à l’aide d’une rotation. Retombant sur mes appuis, je ramenais mon sabre devant moi, les pieds en léger écart, pour repositionner ma garde de façon bien plus défensive. Je soufflais doucement, profitant de cet instant de répit offert par Alyria pour étudier plus en détail l’Epicanthix toujours aussi habile et agile. C’était d’ailleurs toujours aussi surprenant de voir un roc comme Maitre Vocklan être capable de telles prouesses, avec un jeu de jambes parfait et une facilité inédite à ses mouvoir. Grâce à cela, il avait été capable de résister à mes assauts les plus vifs et les plus habiles, prouvant de fait sa dominance dans notre échange. J’acceptais sa supériorité, car il était Maitre d’Armes. Je savais que malgré mes talents, je n’étais pas du tout à sa hauteur. Je n’avais pas non plus son expérience, bien que j’ai vécu pas mal de situations plutôt inédites pour le jeune chevalier que j’étais. Je me souvenais encore de mes affrontements contre Shaar-lâ, sur Mon Calamari, l’Atramentar et Corellia. Mais ces pauvres duels n’avaient pas l’égal de celui qui m’avait opposé à ce sorcier sur Flydon Maxima. Là où j’avais pu compter sur mon agilité et ma vivacité supérieure contre l’Humaine, j’avais sur la station dû faire appel à mon imagination pour venir à bout d’un adversaire qui m’était clairement supérieure. Faisant preuve d’astuces, je l’avais forcé à fuir. Des astuces qui m’auraient été bien utile dans ce duel avec l’Epicanthix. Je pouvais très bien faire appel à la surtension pour couper la lame de son arme le temps suffisant pour porter un coup. Mais ce serait là un mouvement inopportun dans ce duel d’entrainement qui se voulait loyal.

C’est ainsi que, jetant un vif coup d’œil à la Chancelière, je me préparais à ce qui allait suivre. Je laissais la Force m’envelopper et me transcender une nouvelle fois et je raffermissais ma prise sur mon arme. J’acquiesçais dans doux et léger signe de tête alors que je me concentrais, si bien que la Force me prévînt de l’attaque soudaine de l’Epicanthix un laps de temps avant qu’il n’agisse. Le voyant bondir, sabre prêt à fondre sur moi, je me laissais pencher en arrière pour ramener mon sabre à l’horizontal au-dessus de ma tête dans l’idée de le contrer, chose impossible vu la rapidité et la violence du coup. C’est pourquoi je préférais accompagner la lame dans sa chute que de m’y opposer, appuyant sur mon pied le plus en appui pour pivoter avec une certaine grâce sur le côté pour tenter une frappe d’opportunité dans le dos du Maitre dans l’espoir qu’il continuerait dans son élan. Chose qu’il ne fit pas, et qui lui offrit l’opportunité de parer mon coup avec plus d’aisance tout en repassant à l’attaque. J’abandonnais donc une nouvelle fois mon Ataru pour me repositionner dans une posture que je maitrisais mieux dans ce genre d’affrontement trop rapproché : le Soresu et ses mouvements proches du corps, dépourvus de mouvements trop amples. Je me retrouvais donc sur la défensive, à reculer pour éviter de me retrouver prisonnier des mouvements d’ l’Epicanthix. Ses frappes étaient trop brutales pour que je puisse opposer ma propre force brute dans sa totalité, c’est pourquoi je préférais accompagner chaque coup de ce dernier tout en me décalant de côté. Ces mouvements me forçaient évidemment à reculer sans cesse, et à tenter de tournoyer pour ne pas me retrouver acculé. Chacun des coups de Lorn se révélaient extrêmement précis et rapides, si bien que je me voyais tout de même contraint de me laisser entrainer. Mes parades se faisaient donc plus hasardeuses à chaque frappe, et je devais donc me démener pour ne pas abaisser de trop ma garde. Je devais immédiatement trouver un moyen de contrecarrer sa force brute pour l’amener à la faire jouer contre lui. Il était bien trop grand pour que mes frappes aériennes ne l’atteignent avec efficacité, je devais donc chercher à frapper plus bas dès que j’en avais l’opportunité. Alors que l’Epicanthix préférait la force et la puissance, mes coups étaient souvent vifs, mous mais précis. Je visais uniquement les jambes pour le forcer à m’offrir plus d’espaces.

Je me décidais aussi à cesser de tourner autour du Maitre, préférant me laisser acculer pour mieux contre-attaquer. C’était là une action décisive, car le dénouement ne pouvait être que la défaite ou la fuite. Et c’était bien sur la seconde sortie que je comptais. Nos lames continuaient de s’entrechoquer, mais l’épuisement était clairement visible sur mes traits. Chaque coup était difficile à parer et demandait à chaque fois plus d’efforts de ma part. La Force, bien qu’elle vienne soulager mes actions, n’était pas d’une aide suffisante. Finalement, je posais un pied contre le mur qui se dressait dans mon dos et je venais faire appel à toute ma force brute pour m’opposer à la sienne, si bien que nos sabres venaient s’entrechoquer avec une violence toute nouvelle. Je ne cherchais plus à l’accompagner, mais bien à la stopper, à l’immobiliser.

« Huuf ! » lâchais-je aussitôt, alors que je forçais pour ne pas perdre une once de terrain.

Maitre Herambra m’avait toujours mis en garde sur le fait de ne pas subir l’échange, car il épuisait plus rapidement sans offrir la moindre opportunité de succès. Subir, je ne l’avais que trop fait dans ce duel. Cela devait cesser, et je forçai donc pour ne pas plier, mon regard restant non pas figé sur celui de l’Epicanthix mais bien sur ses appuis. Sans attendre, je venais profiter de l’appui nouvellement offert par son sabre, tel un mur, pour m’extirper de cette mauvaise situation. Mon pied d’appui sur le mur servit de pivot pour me dégager sur le côté, mon sabre se retirant aussitôt pour laisser Lorn là où il était. Pour ma part, je retombais sur mes appuis et sur son flanc, délaissant aussitôt le Soresu pour un Ataru plus appuyé et moins épuré, si bien que l’on pouvait y discerner des frappes plus dignes d’un Makashi ou d’un Djem So moyennement maitrisé. Je ne cherchais plus à chercher ou à contrer son sabre-laser, mais bien à l’esquiver en utilisant tout le panel des mouvements agiles et vifs de l’Ataru. J’utilisais l’environnement au mieux pour venir frapper mon adversaire tout en refusant d’une certaine manière de croiser le plasma de nos lames pour éviter de me retrouver une nouvelle fois bloqué par cette force physique toujours aussi étonnante et surprenante.
La technique fonctionna un temps, temps que je mis à profit pour tenter à plusieurs reprises de le toucher. Mais la garde de l’Epicanthix était bien trop solide pour que je puisse y passer au travers. Néanmoins, je ne subissais plus, et je me sentais presque aussitôt moins épuisé par chaque frappe. Je manquais cependant de chuter à plusieurs reprises, dès lors qu’il parvenait à opposer un peu trop de force contre mon sabre, force qui se répercutait presque aussitôt contre mon pied d’appui. Ce dernier finit par glisser sur le sol, et je me retrouvais propulsé en arrière, jusqu’à chuter sur le dos sans pour autant laisser mon arme m’échapper des mains. « Ooow.. »

Je me ressaisissais vite, roulant sur le côté et appuyant sur la pointe de mes pieds pour me redresser, évitant ainsi le coup qui aurait dû signaler la fin de ce duel. Je respirais déjà plus fortement, et je déglutissais alors que je repositionnais ma garde. J’étais de nouveau sur la défensive, prêt à résister un peu plus à la force brute de Maitre Vocklan, sachant très bien que si cela s’installait dans la durée, je finirais par lâcher prise.


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Semblant la prendre au mot, Lorn commença à appuyer beaucoup plus ses frappes, et en voyant Joclad contraint de se réfugier derrière un Soresu protecteur, Alyria sut de suite que le combat venait de prendre une toute autre tournure, et pas à l’avantage du jeune corellien. C’était toute la difficulté de croiser le fer avec un adversaire utilisant un style puissant et de surcroît largement avantagé par une génétique avantageuse : se retrouver sur la défensive était rarement une bonne idée, à moins d’être un véritable expert du contre.

Pour avoir affronté maintes fois l’épicanthix, la trentenaire savait d’expérience qu’il valait mieux compter sur la rapidité de l’Ataru pour se maintenir en mouvement et à l’offensive, ou alors, mais de façon plus risquée, tenter de prendre le colosse de vitesse quand il préparait ses frappes. En effet, telle était la faille principales des utilisateurs du Djem So : malgré toute la vivacité possible, plus les frappes étaient lourdes, plus elles demandaient à être appuyées, et une solution pour les déborder consistait généralement à les prendre de vitesse en les empêchant d’armer correctement leurs attaques. Cependant, cette technique exigeait un doigté et une rapidité qui ne s’obtenaient qu’après des années de pratique. Inutile de préciser que c’était là l’une de ses bottes préférées.

Mais Joclad avait fait son choix, et il perdait du terrain, reculant d’esquives en esquives vers le mur, tandis que Lorn le harassait de coups de plus en plus brutaux, comme à son habitude. Là encore, Alyria savait que dans ce genre de situation, se dégager au plus vite était une nécessité, car s’engager dans un pur duel de force n’était à la portée que de quelques personnes, et pas du tout possible pour le jeune chevalier. Non, il allait devoir trouver autre chose.

Pour cela, son ancien élève devait trouver dans toute sa panoplie d’escrimeur le mouvement précis qui lui permettrait de rebondir, ou alors la version adaptée à l’instant qui surprendrait Lorn et lui ferait gagner quelques précieuses secondes. C’était bien pour ce genre de cas que la demi-echanie avait coutume de répéter que l’ingéniosité dépendait avant tout des possibilités à la disposition du bretteur. En effet, plus ce dernier gagnait en technicité, en maîtrise, plus il avait en mémoire des combinaisons d’attaques et de défenses potentielles qu’il ne tenait qu’à lui d’exploiter. Aussi étrange que cela puisse paraître au premier abord, selon elle, l’inventivité ne pouvait découler que de la rigueur. On ne trouvait pas de solution miracle grâce à un quelconque génie. On trouvait une idée parce qu’on avait la capacité à sonder ses connaissances pour les sublimer et faire jaillir d’un enchaînement éprouvé une nouveauté. Le talent d’un duelliste ne se mesurait donc ni à sa force, ni à son potentiel brut, encore mois dans sa seule connaissance des bases, mais bel et bien dans la combinaison intelligente et précise de ce tout. Alors seulement, l’affrontement devenait un art où se confrontaient deux perceptions, deux façons d’appréhender l’espace.

Comme pour répondre par des actes à sa réflexion muette, Joclad usa alors d’un mouvement qu’Alyria, en fine connaisseuse, ne manqua pas d’apprécier. Prendre appui sur son environnement pour faire changer le cours de la bataille était un don certes rare, mais que beaucoup d’utilisateurs de l’Ataru avaient tendance à parfaire, ce qui débouchait souvent sur l’apprentissage à terme du Sokan. Peut-être était-ce une piste future pour son cadet ? En attendant, elle le nota dans un coin de son esprit pour lui en faire la remarque.

Mais tout emporté par la beauté de son geste, ou l’excitation de reprendre momentanément le dessus dans l’échange, l’humain commença à prendre des risques dans ses appuis, et la Chancelière savait là encore d’expérience que face à un adversaire de la trempe de Lorn, c’était un risque qui pouvait rapidement se révéler fatal. Et la chute arriva, mettant de nouveau le garçon en difficulté, bien que son ultime défense catastrophe permette au duel de durer encore un peu. Cependant, au vu de son souffle plus lourd, raccourci, Alyria ne doutait pas que les minutes précédentes venaient de prélever leur tribut sur l’organisme du garçon qui avait encore besoin de s’endurcir pour retrouver le plus rapidement ses pleines possibilités… Ou alors, il devrait faire appel à la Force. Mais y penserait-il seulement ?

Voyant que Lorn laissait le temps à son adversaire de reprendre son souffle, la maîtresse d’armes saisit l’occasion au vol pour essayer de faire durer encore un peu le spectacle, et projeta son esprit vers celui de Joclad, comme lors des temps lointains où elle essayait de l’aider à s’ouvrir à la Force… Sauf que cette fois-ci elle y entra pour prononcer ces quelques mots rapides :

* Utilise la Force pour regagner de l’énergie… *

Guérison, Amélioration de ses capacités… Peut-être autre chose ? Le choix lui appartenait, évidemment, mais Alyria était curieuse de voir ce qu’il essayerait. Ou s’il suivrait son conseil tout simplement, qui n’avait pour vocation qu’une seule chose : qu’il se surpasse.
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Pour tout professeur digne de nom, le tout n’était pas d’y aller comme une brute afin de préparer son élève aux pires situations, la petite touche pédagogique consistait à s’adapter au niveau de son élève et d’augmenter le seuil de difficulté graduellement, pas à pas en faisant bien attention de ne pas prendre l’élève de vitesse. Aussi, même si le jeune homme avait parfois l’impression de ne pas en mener large face au colosse à la lame violacée, il n’avait pour le moment aucun moyen de savoir à quel point son partenaire en gardait sous la pédale. Le combat reprit donc de plus belle et, après une énième danse de lames, les deux opposants s’écartèrent l’un de l’autre pour reprendre leur souffle.
Lorn le sentait, il sentait que le chevalier ne tiendrait plus très longtemps à ce rythme et, de ce fait, il trouva cela judicieux de finir en beauté. Désactivant subitement son arme, le maître d’armes resta immobile et ferma les yeux, reprenant son souffle et puisant dans la Force pour alléger le fardeau de cet effort que supportait son corps. Ouvrant les yeux quelques instants plus tard, il positionna le manche de son sabre horizontalement devant lui et, sans crier gare, activant les deux lames pour former son sabre à double-lame qu’il n’avait pas utilisé depuis un petit moment. Pourquoi cette décision ? Pour changer un peu la donne et permettre à son opposant de se frotter à un style un peu moins orthodoxe. Après tout, n’était-ce pas le but de cet entraînement que de le préparer un peu plus aux combats qui jalonneraient sa voie ?

Le faire de devoir faire attention à deux lames en même temps demandait une certaine coordination et permettait moins de mouvements qu’un sabre simple, bien évidemment, mais posséder deux lames permettait d’enchaîner des frappes bien plus facilement, comme une pluie qui s’abattrait sans fin sur l’opposant. Sans perte de temps, le jeune maître d’armes se rua donc sur son opposant et, alors qu’il abattit sur lui sa première lame de façon oblique, en visant l’épaule droite, il enchaîna directement en faisant remonter la lame de gauche vers le flanc droit de son adversaire, usant de sa force pour tenter de l’emporter avec ce mouvement et mettre à mal sa garde.
Faisant tournoyer le sabre laser entre ses mains, formant une roue violacée ne prenant jamais fin, le jeune homme revint ensuite à la charge avec une attaque d’estoc qui, bien que bloquée, fut aussitôt enchaînée par une attaque de l’autre lame puis encore une autre attaque visant à faucher les pieds de son opposant. Et ce petit manège durant pendant quelques courtes minutes jusqu’à ce que, à la suite d’un énième échange, Lorn s’écarte de son partenaire. Un air satisfait passant furtivement sur son visage, il déclara a lors :

« Je suis toujours impressionné par les progrès que vous faites, chevalier. Pour être franc vous me rappelez moi, il y a quelques années. »

Certains pourraient prendre cette remarque comme un compliment, d’être comparé à un maître d’armes, mais Lorn ne voyait cela que comme la simple vérité. Le jeune homme face à lui était plein de bonne volonté, d’acharnement et, par-dessus tout, il y avait une petite étincelle dans les yeux qui faisait dire au maître d’armes que rien ni personne ne lui ferait baisser les bras. Il avait plus de détermination que le maître d’armes en avait rencontrée chez beaucoup de novices ou de chevaliers et, de ce fait, il ne pouvait pas nier la ressemblance. Bien entendu leurs styles étaient presque diamétralement opposés, mais ce n’était qu’un détail.
Désactivant son sabre laser, le jeune maître conserva son attention en direction du jeune chevalier et lui lança :

« Je vais vous laisser reprendre votre souffle et après cela peut-être que maître Von voudra prendre ma place ? Je suis certain qu’elle meure d’envie de tester vos progrès par elle-même. »

Joignant les gestes à la parole, le sabre laser toujours lové dans le creux de sa main droite, Lorn vint s’assoir à côté de la demoiselle, sur le banc, avant de lui lancer à voix basse :

« Tu l’as bien entraîné en tout cas. »

Il aurait clairement pu s’attarder sur les points forts ou faibles de son opposant, sur sa très bonne mobilité qui l’avait mis à l’épreuve, mais l’heure n’était pas encore aux grandes explications. Si le jeune chevalier désirait des conseils alors il en aurait, c’était évident, mais les deux maîtres étaient bien trop expérimentés pour avoir besoin de discuter entre eux de ce qui allait ou n’allait pas avec la manière de combattre d’un jedi : un simple coup d’œil, durant le combat précédent, leur suffit amplement. Alyria l’avait bien entraîné, Lorn ne pouvait que le reconnaître, car ce jeune homme allait la solide défense du Soresu à l’agilité et la mobilité de l’Ataru. Bien entendu il pouvait encore se renforcer, physiquement parlant, afin de renforcer la puissance de ses coups, mais il avait un très bon style que seules les années et les efforts réguliers pourraient renforcer.
Posant son sabre laser sur le banc, à côté de lui, le jeune maître se saisit d’une bouteille d’eau spécialement amenée pour l’occasion et s’en servi une lampée, laissant le froid liquide le revigorer alors que l’adrénaline commençait à cesser de faire effets. Son corps tout entier – et spécialement ses muscles – commençait à le tirer à certains endroits, comme pour lui rappeler l’effort prolongé qu’il venait de réaliser, mais pour l’heure il allait avoir tout le loisir de laisser son corps se reposer et de ne faire travailler que ses yeux, ces yeux qui allaient pouvoir observer les mouvements du chevalier d’un point de vue un peu plus extérieur. Maître contre élève, cela promettait d’être intéressant.
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Je soufflais. Que dis-je, j’haletais tellement j’avais du bouger autour de cette masse monstrueuse que constituait le géant Epicanthix qui me faisait face. J’avais longtemps cherché le moindre espace pour intercaler ma lame, pour tenter de le piéger. Mais voilà, j’affrontais un Maitre d’Armes alors que je n’avais que vingt-deux années dont seulement quinze au maniement du sabre-laser. Le perfectionnement du Soresu était arrivé en premier, mais je me voyais mal m’opposer indéfiniment à parer ses frappes puissantes. Seuls les mouvements de l’Ataru offraient une solution pérenne dans cet affrontement. Je devais cependant admettre mon manque d’expérience. J’avais toujours su faire face, en utilisant ma capacité à reconnaître les avantages et les inconvénients de l’environnement dans lequel je croisais le fer, mais aujourd’hui c’était différent. Cette salle, identique aux autres salles d’entrainements, nous la connaissions tout les deux, et lui encore mieux que moi. Elle n’offrait pas beaucoup de possibilités aériennes, et je devais donc presque constamment faire usage d’un Ataru bidimensionnel, basé sur les axes offerts par le sol de la salle. Mais j’étais déterminé, peut-être par cette volonté tenace qui m’avait fait atterrir au clan Dragon, à donner le meilleur de moi-même et à montrer que j’étais capable de devenir un jour leur égal. Ce serait d’ailleurs un honneur immense pour moi qui avais toujours vu les Maitres d’Armes comme l’exemple à suivre. Car j’avais envie de faire partager ma soif d’apprentissage et mon appréciation des Arts Jedi.

Faisant tournoyer mon sabre devant moi dans des passes d’attentes, j’appliquais les conseils de Maitre Von et je m’ouvrais à la Force pour me ressourcer. J’aurais dû le faire plus tôt, de manière à conserver mon énergie de manière efficace. Mais j’étais aussi déterminé à ne pas baisser les bras tant que je n’aurais pas été mis dans une position ou le « solah » se révèlerait comme la seule issue possible à l’image de l’échec et mat d’une partie d’holoéchecs.
Redressant mon arme devant moi alors que je sentais Maite Vocklan se préparer pour une nouvelle passe, je ne pus que laisser échapper un « Oh bhesj… » de surprise en le voyant décidé à faire pleinement usage des capacités de son arme Jedi. Le sabre-laser à double lame, voilà un adversaire que je n’avais pas eu à affronter puis longtemps ; j’avais l’habitude des gens se battant avec deux sabres distincts, mes duels face à des Sith s’étant presque tout déroulés dans cette configuration. Mais un sabre-laser à double lame, cela remontait presque aussi loin que la pique-laser dont avait fait usage Maitre Vulnik. C’est ainsi que je maintenais une garde solide alors que l’Epicanthix fondit dans ma direction, pour offrir une meilleure opposition à sa première frappe et tournoyer d’un mouvement Su Ma pour venir repousser la seconde qui venait dans la foulée. C’était justement lors de ces affrontements que les rotations du Su Ma se montraient particulièrement utiles et efficaces. Aussi, lorsqu’il revint à la charge de front, j’avais mis mes pieds en décalés, dans le sens de son coup pour repousser sa lame au loin, avant d’aussitôt ramener la lame à l’horizontale dans mon dos, pointe vers le bas, pour bloquer le coup de revers qu’il m’envoya aussitôt. Je partais donc en sautant de côté, sautant pour éviter de finir fauché pour revenir opposer ma lame à la sienne. Cette danse des plus gracieuses, bien plus agréables pour les yeux que la précédente, se répéta inlassablement alors que je ne m’épuisais plus. Etrangement, l’adrénaline prenait aussitôt le pas sur la fatigue que je dissipais en même temps à l’aide de la Force. Empli d’une sérénité parfaite, je faisais preuve une aisance nouvelle, que je n’avais pas face à un adversaire faisant usage d’un style très puissant comme l’était le Djem So.

Finalement, nous nous écartâmes et je rétractais ma lame presque aussitôt que Maitre Vocklan l’eu fait. Ce premier duel était terminé, et je devais admettre que j’avais fais certaines erreurs qui auraient pu me coûter très cher. Je n’aurais jamais dû partir aussi léger sur mes appuis bien que ce fut la seule solution temporaire qui m’était apparue pour tenter de contrebalancer l’issue du combat. Il y avait aussi le fait que je n’avais pas su me libérer de ses assauts, que j’avais dû me résoudre à subir au lieu de chercher à toujours mener le combat. C’est notamment à cause de cette erreur simpliste que je me ressentais tiraillé par certaines de mes articulations, et que je ressentais une certaine fatigue accentuée.
Soufflant encore un peu fortement, j’accueillais les encouragements de Lorn avec une certaine satisfaction et une courbette des plus respectueuses, répondant aussitôt m’être redressé :

« Je vous remercie, Maitre Vocklan. C’est le fruit d’un travail continu, mais je suis encore loin de pouvoir me targuer de vous ressembler. J’espère seulement que vous ne m’ayez pas trop épuisé pour pouvoir affronter la suite du programme. »

Je souriais amicalement alors que je continuais de bouger calmement, me déplaçant de droite à gauche pour ne pas laisser la fatigue et les courbatures se loger dans mes jambes et mes bras. Avec la Force, je neutralisais les moindres noyaux qui tentaient de se former dans mes mollets, mes genoux et mes coudes. Je secouais lentement la tête pour faire le vide alors que mon regard déviait sur les deux Maitres d’Armes. Attirant ma propre bouteille d’eau, j’en vidais une bonne gorgée avant de laisser le liquide glisser dans mon cou. Je venais finalement me déplacer jusqu’à un coin de la salle pour déposer le récipient, mais aussi pour finir de détendre certaines douleurs qui venaient poindre au niveau de mes chevilles, en prenant appui sur le mur. Je venais dès lors me repositionner au centre de la pièce, dans le cercle posé au sol, qui désignait la position à tenir en début d’entrainement. Je fermais les yeux, laissant la Force couler en moi et autour de mon corps. Je retrouvais cette sérénité, cet état de méditation mobile qui m’avait toujours appuyé en combat, qui me permettait d’entrevoir certains coups à l’avance. Ma tête dévia alors vers le duo, alors que je lançais calmement à leur intention : « Je suis prêt, c’est quand vous voulez. »


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En voyant Lorn sortir son sabre à double lame, Alyria ne sut si elle devait trouver le changement intéressant, ou si elle devait redouter que l’échange ne se terminât trop tôt. En effet, face à la puissance et à la maîtrise d’un adversaire de la trempe du maître d’armes, elle doutait de la résistance d’un adversaire déjà fatigué. Aide de la Force ou pas.

Néanmoins, elle dut reconnaitre que faire plus confiance à Joclad et en ses capacités aurait été plus charitable. En effet, le jeune homme se défendit tant bien que mal, se dérobant pendant plusieurs minutes au déluge de lames qui l’accablait, jusqu’à ce que Lorn s’écarte, signifiant la fin des hostilités. Il n’y avait pas besoin de continuer et de presser davantage, la défaite viendrait fatalement mais mieux valait laisser les choses ainsi. Le Chevalier s’était battu vaillamment, l’illusion d’un match nul avait valeur de récompenses.

La trentenaire laissa son regard scanner le reste de la salle, laissant les deux hommes échanger courtoisement des compliments, leur laissant une certaine intimité de fin de duel, même si le léger sourire qui flottait sur ses lèvres montrait qu’elle n’avait pas perdu une miette de la conversation. Respect de l’enseignant envers un élève doué, respect de l’élève envers la sagesse du maître, les duellistes sur un pied d’égalité à la fin de leur passe d’armes… Alyria avait toujours aimé l’atmosphère qui régnait à la fin d’un affrontement amical, y voyant l’expression pure de la camaraderie prônée par l’Ordre. Malgré les difficultés, l’unité devait triompher, et tous devaient contribuer à la bonne marche de leur confrérie, en entraînant les plus jeunes et en respectant le savoir des aînés, tout en cherchant à l’approfondir sans cesse de générations en générations, pour le transmettre tonifié aux jedis qui viendraient après eux.

Chacun apportait sa pierre à l’édifice millénaire, et ces duels étaient l’expression d’une expérience magnifiée par le style propre de tout bretteur. Il y avait là une force artistique sublimée qu’elle ne se lassait pas d’admirer.

Cependant, il n’était plus temps de penser, mais d’agir. Tout du moins, c’était le sens des paroles de Lorn, et Joclad ne semblait pas opposé à continuer un peu sa matinée soudain bien animée. Ne résistant pas plus longtemps à l’appel du sabre, la demi-echanie se leva avec une grâce féline qui trahissait ses origines partielles, et souriant de toutes ses dents en entendant le commentaire que son amant lui glissa en prenant sa place, elle lui souffla sur un ton taquin :

« Tu en doutais ? »

S’étirant légèrement, sachant pertinemment qu’elle n’aurait sans doute pas d’échauffement, elle détendit ses muscles, laissant également le temps à leur cadet de récupérer. Quand il signifia qu’il était prêt pour la suite du programme, Alyria se dirigea vers le centre de la salle d’un pas lent, s’ouvrant à la Force, entièrement concentrée sur la prochaine échéance. Devait-elle commencer comme Lorn par sa forme préférée, puis enchaîner sur l’usage de deux sabres laser ? Ou bien était-il préférable de rentrer directement dans le vif du sujet et d’orienter la suite de cette leçon improvisée dans la continuité de son déroulé précédent ? Certes la première solution avait l’avantage de satisfaire son envie de se décrasser complètement, mais il fallait aussi songer à son jeune adversaire, et ne pas user ses forces dans un duel déjà vu et revu. Arrivée en face du garçon, la trentenaire sut quelle décision était la meilleure.

D’un mouvement ample, elle sortit simultanément ses deux sabres de leur port à sa ceinture, lame bleue et violette se croisant devant son visage, l’éclairant de deux faisceaux contrastés donnant un relief tout particulier à ses cheveux roux flamboyants et à ses yeux émeraude. Expliquant son geste, elle déclara simplement :

« Au vu de ce que j’ai observé précédemment, je pense que continuer cet entraînement avec un adversaire utilisant deux lames encore une fois, mais dans un style différent, ne pourra qu’être profitable. »

Surtout, cela permettrait à Joclad de se confronter à un Ataru porté à sa quintessence, allié avec la fluidité d’un Jar’Kai efficace, qui s’il avait perdu de son mordant après son amputation, restait à un niveau plus qu’honorable. Et Alyria devait admettre que se remettre sérieusement à cette forme pour effacer les derniers stigmates de sa blessure était une perspective motivante.
La maîtresse d’armes laissa le jeune homme se positionner, puis sans prévenir, d’un puissant bond en avant, porta la première estocade, fidèle à l’esprit agressif du style de combat qu’elle avait choisi. Ainsi, elle abattit avec force ses deux lames dans une parallèle parfaite devant, avant de s’écarter souplement sur le côté et, d’une torsion souple du poignet, héritage de sa maîtrise du Makashi, d’effectuer un mouvement gyroscopique pour achever sa botte.

Elle enchaîna immédiatement sur une série de sauts tourbillonnants, ses deux lames fouettant l’air et ne laissant aucun espace entre elle et le jeune homme en face. Roulades, esquives, contre-attaques, elle déployait une panoplie large de la Forme IV épicée par ses assauts typiques du Jar’Kai, pour offrir un spectacle féerique, une danse aérienne qui ne s’arrêtait plus, vrombissant et tournoyant, comme si ses pieds n’étaient tout simplement plus faits pour être en contact avec le sol.

Alyria revivait littéralement. Ses mains dansaient au rythme des mouvements giratoires de ses sabres, telle une jongleuse toujours sur le fil et qui pourtant jamais ne parait faillir, ses jambes se perdaient en entrechats et en sautillements, puis soudain s’arrachaient du sol pour y revenir quelques instants plus tard, dans une réception souple que n’auraient pas renié les meilleures étoiles de l’Opéra de Coruscant.

La maîtresse d’armes était dans l’expression la plus pure de sa personnalité, et le plaisir qu’elle ressentait dans l’échange se sentait. Elle rayonnait, chacun de ses muscles vibrant sous le tempo insatiable d’une musique intérieure qu’elle seule paraissait capable d’entendre, mais qui offrait immanquablement un spectacle tout en grâce et en férocité… Et qui pressait son adversaire sans forcément chercher la botte fatale. Non, l’essentiel n’était pas de vaincre, mais bel et bien de tester les défenses, de se faire aussi insaisissable que le vent, pour titiller le Chevalier sans le terrasser… Avant de trouver l’ouverture parfaite et la saisir dans un ultime élan.

Seulement la demi-echanie n’en était pas encore là, et se contentait de la jouissance sans entraves qu’elle ressentait à laisser parler ses instincts guerriers, son cœur de gardienne se rappelant à son bon souvenir. Jamais elle ne ressentirait cette adrénaline, ce goût du risque, cette envie d’irradier autant que ses sabres qui ondulaient dans ses mains.

Il n’y avait plus de Chancelière désormais, mais une maîtresse d’armes dévouée à son art et qui picorait, gourmande, les plaisirs simples d’un duel sans enjeu, où la beauté des mouvements ne servait qu’à rehausser l’intérêt de l’entraînement, et cette simplicité du but, alliée à la complexité de l’exercice, la ravissait.

Il ne lui restait plus qu’à rencontrer une résistance à la hauteur de ses attentes pour combler la bretteuse.
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Il était généralement de coutume que les jedis, après avoir étudié et maîtrise les formes de base du combat au sabre laser, finissent par se créer leur propre style de combat en mixant plusieurs formes en fonction de leurs préférences. Les plus agiles privilégiaient Ataru, certains préféraient un style plus agressif et épuisant en se plongeant à corps perdu dans le Djem-So mais au final il y avait autant de façons différentes de se battre qu’il y avait de pratiquant de cet art qu’était le combat au sabre laser. Mais parmi les adeptes de la Force existait une caste d’individus vouant leur entière existence à la maîtrise du sabre laser et de toutes ces formes, ces individus connaissaient toutes les formes sur le bout des doigts car ils devaient être à même d’entraîner des jeunes esprits tous biens différents les uns des autres.
Ce n’était pas à l’élève de s’adapter au professeur, ici, mais bien à l’enseignement d’adapter ses leçons en fonction des élèves à qui il avait affaire. Ainsi Alyria et Lorn étaient capables de passer d’un style à l’autre avec une aisance qui était devenue naturelle au fil du temps et, bien que les styles plus agiles et rapides ne soient pas forcément le domaine de prédilection du colosse, ce dernier les maîtrisait suffisamment pour tenir tête à tout padawan ou chevalier digne de ce nom. Par contre, si son adversaire était un maître, alors là c’était une toute autre paire de manches.
Aussi, fort de cette nécessité d’ajouter plusieurs cordes à son corps, une fois que le jeune homme eut créé et maîtrise le style à un sabre qui était aujourd’hui le sien, style formé de l’agressivité du Djem-So et de la solide défense du Soresu avec quelques mouvements d’autres formes, il comprit qu’il devait passer à la maîtrise d’autres styles un peu moins utilisés. Lesquels ? Les formes 10 et 11, aussi connues comme les formes du maniement de deux sabres et du double sabre…et bien entendu c’est avec une certaine préférence personnelle qu’il commença par la maîtrise du double sabre.

Je ne vais donc pas rentrer dans les détails, cela n’étant ni le lieu ni le moment approprié pour une telle explication, mais vous devez bien vous douter que le jeune maître ne faisait pas étalage de ce style si particulier tous les jours. Face à plusieurs adversaire ou à un opposant usant de ce même style il lui arrivait de dévoiler sa maîtrise de cette forme, bien entendu, mais quand il savait le combat bien trop serré il ne prenait pas le risque de sortir une forme qu’il maîtrisait bien que son style de prédilection. Jouer la sécurité, faire ce qu’il savait faire de mieux, ce genre de choses : vous voyez ?

Aussi, lorsque le jeune maître décida de pimenter un peu cet échange en montrant à son partenaire une autre forme qu’il savait maîtriser, ce n’était pas du tout dans un but sadique ou punitif mais bien une volonté de sortir des sentiers battus en lui montrer que tous les opposants qui croiseraient sa route ne se battaient pas toujours avec des styles « traditionnels ». Mais à sa grande surprise, si Joclad eut quelques difficultés à encaisser sa pluie d’attaques, le jeune homme parvint très rapidement à reprendre du poil de la bête et devint bien plus serein. Par quel prodige ? La communion avec la Force sans doute, mais le résultat était là : il ne se laissait plus impressionner par ce style auquel il n’était pas habitué et, fort de ses précédentes expériences, il puisa dans ses ressources pour faire front et s’en sortit très bien jusqu’à ce que Lorn décide que cela suffisait pour aujourd’hui.

Laissant son partenaire se reposer alors qu’il approchait de sa camarade, il ne put s’empêcher de répondre à la boutade de la demoiselle par quelque chose du même ton.

« Juste un peu. »

Un peu de taquinerie entre deux collègues ne faisait jamais de mal, cela permettait de détendre l’atmosphère et de rendre cette session d’entraînement plus agréable. Laissant sa camarade dégainer ses deux sabres, chose assez rare pour être appréciée, le jeune maître comprenait la volonté de la demoiselle de mettre le chevalier à l’épreuve face à une autre forme aussi répandue que celle du double sabre. S’enfonçant légèrement dans son dossier pour récupérer, c’est avec un œil expert que Lorn observa le début des festivités qui ne tardèrent pas.
Après avoir fait face à un adversaire solide comme un roc et dont les coups étaient incroyablement lourds, Joclad devait désormais faire face à une opposante qui se la jouait bien plus en finisse avec un style de combat mêlant Makashi et Ataru, ou du moins était-ce ce que Lorn savait du style de combat de sa partenaire de toujours. Affichant un sourire en coin discret en observant sa camarade se battre, le jeune maître réalisa que cela faisait une éternité qu’il n’avait pas observé le style de sa camarade d’un point de vue externe et, aujourd’hui, il se remémorait à quel point son style pouvait être aussi gracieux et fluide qu’une danse.
Elle prenait du plaisir à s’exprimer ainsi dans un affrontement amical, à laisser libre cours à son imagination et cela Lorn ne pouvait que le comprendre. Il ne lui restait plus qu’à observer comment Joclad allait s’en sortir face à cela.
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Mon regard originellement fixé sur le duo de maîtres d’armes ne tarda pas à suivre la demi-Echanie qui se déplaçait pour prendre position face à moi sur l’aire d’entrainement. Soufflant doucement, je continuais à maintenir un rythme de respiration régulier mais parfaitement maîtrisé. Je laissais également le flot de la Force m’entourer une fois de plus pour venir glisser avec légèreté le long de mes bras encore un peu lourds des efforts effectués pour bloquer les lames de l’Epicanthix. Mon esprit ouvert, je pouvais aisément ressentir Maitre Von s’ouvrir à son tour à la Force. Je pouvais même voir cette dernière être attirée par la chancelière tel un morceau de fer se voyait attirer par un puissant aimant. A l’inverse, je pouvais paraître ridicule face à une pareille maîtrise mais je savais que mon niveau à ce sujet était plutôt louable.

Pourtant, après avoir fait face au double sabre de l’Epicanthix pendant de longues minutes, j’aurais pensé que la Jedi se montrerait clémente et n’arborerait pas ses deux armes directement, pour me laisser le temps de souffler et de récupérer. Mon appréhension à ce sujet put immédiatement se lire sur mon visage alors que je ressentais une certaine pointe de tension et d’inquiétude. J’avais peut-être confiance en mes capacités, mais je savais ce qui m’attendait à a la fin de ce duel à blanc. Le tout à présent était de se montrer à la hauteur et digne des enseignements qui m’avaient été dispensés depuis dix-sept ans maintenant.

« Je ne suis pas… convaincu par cette idée, Maitre Von. » lâchais-je tout de même à son égard pour répondre à sa justification. Sans doute avait-elle déjà senti mon hésitation mais je trouvais légitime de le faire savoir clairement.

Je savais néanmoins qu’elle ne changerait pas ‘avis. Du moins pas tout de suite et je me positionnais donc. Fermant les yeux, je venais placer un pied en avant et l’autre en arrière, décalé tandis que j’amenais mon sabre à l’horizontale au-dessus de mon épaule, l’extrémité de la lame pointée vers la maîtresse d’armes ainsi que dans le prolongement de mon bras opposé. J’étais fin prêt, en pleine état de méditation. Mon esprit était serein et je serais prompt à réagir.

C’est pourquoi en voyant la Maitre d’Armes s’élancer dans ma direction, je me laissais guider par les avertissements et les conseils de la puissance entité mystique. Pliant ma jambe gauche en avant, je ramenais ma lame à l’horizontale au dessus de mon crâne pour offrir l’opposition suffisante de la Forme III aux deux lames scintillantes de mon adversaire, avant de tournoyer sur mon pied droit, vers la droite, pour venir recueillir le point final de sa première offensive. Sans attendre, je me laissais partir en avant pour chercher le contact et chercher à ouvrir sa garde mais je dû me résoudre à reculer face aux assauts tourbillonnants grâce à de multiples mouvement gyroscopique opposés à ceux de la puissante Jedi qui me faisait face. L’affrontement se transformait en une superbe valse des lames alors que nos jeux de jambes s’opposaient parfaitement, signe que je maîtrisais parfaitement une défense éprouvée. Répondant à ses assauts répétés par des contre-attaques d’opportunité rapide et précise, je la forçais à esquiver, m’offrant ainsi quelques moments d’offensives que j’interrompais aussitôt que la menace refaisait surface à l’aide de glissades sauts et autres roulades.

Ce n’est qu’une fois à l’abri d’une riposte immédiate de la Maitre d’Armes que je repassais à l’attaque dans un style plus terre à terre mais pourtant bien typique de l’Ataru. Là où Alyria avait l’impression de se voir revivre, j’atteignais une certaine quintessence dans mes mouvements, envoûté dans une spirale agréable et entraînante qui venaient renforcer ma détermination. Réalisant bien vite que la chancelière ne faisait que me titiller, je décidais d’accélérer le pas pour tenter de renverser le dérouler de la situation. Profitant d’une ouverture, je contre-attaquais pour m’élancer dans un saut périlleux au dessus de la Jedi, frappant ses sabres durant l’ascension et retombant dans son dos en venant parer le revers immédiat possible uniquement par la possession de ses deux armes distinctes.

Grâce à Shaar-lâ –s’il m’est réellement possible de dire cela-, j’avais réussi à parfaire ma maitrise du sabre et du combat face à un adversaire appréciant l’Ataru et le Jar’kai, ce qui m’offrait toute une panoplie d’attaque et de contre-attaque que la plupart des non-initiés ne disposaient pas. Tout comme elle, je maintenais donc mes mouvements tournoyants qui reflétaient à merveille ma personnalité et mes facilités à me mouvoir dans les trois dimensions de l’espace. Hélas, Maitre Von ne connaissait que trop bien mon style et mes katas puisqu’elle avait elle-même participé à leur élaboration. C’est pourquoi elle parvenait aussi aisément à bloquer mes attaques et à s’avancer avec facilité dans mes défenses. Avec deux sabres, le simple fait de tournoyer dans la grâce de l’Ataru suffisait à me faire reculer.

C’est pourquoi je passais soudainement à un style différent. Retombant sur mes appuis après un énième Su Ma typique, je me laissais glisser en arrière dans un mouvement de translation typique du Makashi. Le changement de style se voulait brutal et inattendu, car Alyria savait parfaitement que la Forme II n’était pas ma forme privilégiée –loin de là, d’ailleurs. Pourtant, les mouvements rendus possibles par la Voie de l’Ysalamir me permettait une meilleure marge de manœuvre voir même de m’offrir le luxe de stopper l’avancée de la chancelière voir de contre-attaquer dans un style puissant qui était clairement plus adapté dans un tel rapport de force que le style acrobatique de l’Ataru qui, s’il permettait de s’échapper et de frapper plus facilement, avait tendance à laisser trop d’ouverture à la seconde lame dans son style aérien –ce qui expliquait que j’eu utilisé que le style terrestre jusqu’alors.

Je prenais un réel plaisir et je découvrais une aise toute particulière à danser de la sorte avant de finalement plié devant mon incapacité à maintenir une Forme II sur le long terme et je venais me protéger d’un coup fuyant à l’aide d’une légère pression de la Force, pour contrer la lame qui devait venir mordre mon bras. Une manifestation appliquée, maîtrisée et localisée de la faculté du bouclier que j’avais appris à utiliser en plein affrontement en cas d’imprévu. Même si j’avais une mine froide et concentrée, je finis par me détendre et arborer un sourire sincère qui traduisait ma satisfaction et ma réjouissance à l’idée de pouvoir croiser les lames de la sorte avec une adversaire de la trempe d’une maîtresse d’armes dont je savais qu’elle était toujours capable de me mette en déroute en m’exposant à des successions enchatonnements qu’elle ne m’avait encore jamais réellement exposé.

Avec l’idée de me montrer plus fin encore, bien qu’il s’agissait là d’un simple duel d’entrainement, je comptais bien profiter de l’expérience des deux Jedi présents pour tenter de mettre en œuvre de nouvelles perspectives de combat, à l’image de ce que j’avais réussi à faire à l’aide d’une application localisée du bouclier. Et c’est d’ailleurs à ce même bouclier que je faisais référence pour la suite. Alors que nos lames continuaient de s’écraser et de claquer, je me laissais volontairement partir en arrière alors que la demi-Echanie s’élançait dans ma direction pour frapper une nouvelle fois de ses deux lames dans une attaque aérienne. Faisant appel à la Force, je cherchais aussitôt à former une bulle autour de moi alors que je me penchais légèrement de côté pour offrir mon dos dans une réaction instinctive de protection. Sabre éteint, ce n’est que lorsque ses deux lames s’écrasèrent sur mon bouclier vacillant que je bondis dans sa direction, dans l’idée de passer sous sa garde en réactivant mon arme pour une tentative de frappe appuyée au niveau des genoux qui devait se terminer en un parfait Mou Kei.

Je savais Alyria pleine de ressources et ce n’était sans doute pas la première fois qu’elle se voyait confrontée à une manœuvre de ce genre. Mais je comptais bien sur un effet de surprise de ma part pour tenter de donner un peu plus de piment à ce combat que je trouvais enivrant et délicieux.

Et le plus étonnant dans tout ça ? Sans doute le fait que j’avais gardé les yeux clos.

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Si la différence de niveau entre Lorn et Joclad s’était vue assez rapidement, force était de constater que le Chevalier résistait admirablement aux assauts de la Chancelière, réussissant même à placer quelques contre-attaques cinglantes du plus bel effets, que la maîtresse d’armes sut apprécier et jauger à leur justes valeurs.

Ce n’était pas étonnant, dans le sens où le style de Joclad était semblable au sien, et qu’il avait suffisamment effectué d’entraînement à ses côtés pour connaître ses techniques de bases et savoir les anticiper. Cependant, à l’époque, Alyria utilisait encore rarement ses deux lames lors des exercices qu’elle lui faisait faire, aussi sa résistance à l’art du Jar’Kai piqua son intérêt. Un tel degré d’anticipation, très affiné pour son jeune âge et un non-pratiquant de la forme X, ne pouvait venir que d’une connaissance fine de ce type de pratiques, et d’un apprentissage des contres adaptés. Le jeune homme avait-il combattu des adversaires adeptes de cette forme de combat ? Sans doute, après tout, il avait traversé des événements dont la gardienne n’avait pas connaissance au cours des années passées, et si toutes ces aventures étaient aussi admirables que la découverte d’une planète oubliée, il n’y avait pas à s’étonner de tels progrès.

Oh oui, il avait bien changé, le Joclad presque incapable d’utiliser la Force en plein combat, qu’elle avait connu à ses débuts en tant que maîtresse d’armes. Désormais, il la maniait sans se forcer pour accélérer ses déplacements ou atténuer un coup, dans un mouvement fluctuant entre l’Ataru et le Soresu, entre l’Amélioration fluide des capacités et le célèbre Bouclier des jedis. Mais son sourire s’agrandit encore en voyant l’apparition de quelques mouvements du Makashi, n’ayant besoin que de quelques instants pour reconnaître sans coup férir les bases de sa forme préférée.

Evidemment, sa maîtrise de la forme II rendait un contre réussi en l’employant contre elle hautement improbable. Tout bretteur spécialisé se devait de savoir comment frapper… Et comment contrer, encore plus dans une discipline de duel pur comme la voie de l’Opposition, où toute botte avait sa parade, et ainsi de suite. Cependant, Alyria appréciait véritablement les variations qui s’offraient à elle sans pour autant changer elle-même de forme pour l’instant. Elle n’en avait pas réellement besoin, et préférait continuer dans la pratique d’un art exigeant physiquement et mentalement, surtout qu’elle sentait les réflexes de sa main gauche se faire plus vifs, plus tranchants, comme si ses nerfs enfin mis à l’épreuve se réveillaient peu à peu de leur lente hibernation.

Se propulsant à nouveau en avant, la maîtresse d’armes décida d’avoir recours à une attaque frontale, inhabituellement lourde, afin de tester un peu plus les défenses de Joclad, de les presser pour le contraindre à sortir de son champ de parade habituel et voir quelque chose de plus… inventif que les passes d’armes échangées jusqu’à alors. Non pas que l’ensemble soit décevant, au contraire, mais pour le moment, ils s’étaient tous deux contentés d’une revue appliquée de leurs techniques simples, sans chercher à mettre une pointe de piment dans l’ensemble. En bref, il était temps de quitter ses acquis pour chercher un peu d’excitation dans l’improvisation, et à ce petit jeu, Alyria excellait autant dans la provocation que dans l’invention, condition sine qua non pour être à la fois un bon bretteur… et un bon enseignant.

La réaction adverse ne se fit pas attendre, à son plus grand plaisir. Son cadet décida d’utiliser la Force pour parer son attaque, s’engouffrant dans la brèche ouverte de son propre chef. Exécuté avec précision et force, cette attaque se devait d’être esquivée, un bloquage étant de son point de vue une erreur stratégique. Il fallait donc que la maîtresse d’armes compte sur ses réflexes… Et quelques tours qu’elle avait dans son sac.

Certains pensaient que seule la force, la puissance brute, comptait pour remporter un duel, et cette erreur d’importance se retrouvait souvent dans les discours des jeunes padawans de l’Ordre. Pourtant, dès son plus jeune âge, Alyria s’était illustrée dans l’art complexe du duel, sans pour autant faire preuve d’une musculature extrêmement développée, même si elle était loin d’être ridicule, la trentenaire pouvant aisément en remontrer à la plupart des autres jedis, y compris ses confrères masculins, grâce à des muscles déliés, secs et nerveux, sculptés par des années d’entraînement. Mais ce ne serait jamais son principal atout. Non, l’avantage inné qu’elle possédait, et qu’elle avait considérablement travaillé avec le temps était son agilité, presque naturelle. On eut dit une contorsionniste, et dans son jeune âge, certaines de ses poses de méditation pouvaient y ressembler.

En tout cas, un tel don de la Force avait toujours été un atout, car il lui permettait d’effectuer des mouvements inaccessibles au commun des mortels sans forcément puiser dans sa connexion avec l’entité mystique qui les entourait. Quand elle se décidait à le faire, le résultat était d’autant plus spectaculaire. Ainsi, ce qu’elle allait tenter aurait facilement eu sa place dans une démonstration d’acrobatie, et le plus doué des forains n’aurait pas manqué d’être impressionné. Mais on ne devenait pas maître d’armes par hasard.

Ainsi, elle sauta, repliant ses jambes pour éviter le sabre de Joclad, sentant la morsure de la lame bleue la frôler de peu. Cependant, de sa main gauche puissante, sa lame bleue disparue d’une simple pression, elle s’appuya sur l’épaule de son opposant, afin d’effectuer tout simplement un basculement au-dessus de ce dernier, son dos s’arquant harmonieusement à la limite de l’endurance humaine normale, pour retomber quelques millièmes de seconde derrière le Chevalier, sans dommage, la lame bleue refaisant son apparition. Le tout avait exécuté en un battement de cil, grâce notamment à l’assise proposée par une main métallique difficilement délogeable et à ses talents d’acrobates.

Avec un mince sourire Alyria se retourna, fière de son petit tour de passe-passe, comme une gamine découvrant au monde entier un nouveau tour. Elle adorait ce sentiment de s’être donnée à fond pour réaliser un enchaînement, surtout risqué, et son esprit de compétition demandait plus. Elle devait se libérer totalement, oublier qu’elle était la Chancelière, même un maître d’armes. Retrouver la sensation d’extase de son adolescence, alors qu’elle effectuait une de ses bottes fétiches, voilà quel était son objectif personnel dans ce combat.

Saisissant sa chance, elle repartit donc dans une contre-attaque fulgurante, ses poignets échauffés devenant des armes à eux-seuls, profitant de son expertise du Makashi, et elle pressa davantage encore les défenses de Joclad. Pourtant peu à peu, elle changeait subtilement l’inclinaison de son sabre bleu, pour l’incliner presque à l’horizontale, comme un shoto de combat, dans une volonté délibérée.

Au moment où le degré d’inclination fut suffisamment précis à son goût, elle laissa libre cours à sa créativité, dans une position qui n’était pas sans rappeler celle du Niman, défendant avec son bras gauche pour enchaîner les contre-attaques vicieuses de sa main principale, dans un style se rapprochant de son Makashi adoré, mais de façon plus concentrée. Surtout, l’énergie dégagée était bien plus importante qu’en faisant usage de la forme II simple, et cela lui permettait de tisser au fur et à mesure une nouvelle connexion dans la Force.

Soudain, sans prévenir, elle rabattit en arrière son bras gauche, relevant son sabre et ouvrant sa paume pour lancer une Vague de Force concentrée, destinée à éloigner Joclad d’elle-même. Dans le même temps, elle s’élança en l’air, d’une roulade maîtrisée arriva pile devant lui pour asséner une contre-attaque au sabre fulgurante, avant de s’écarter brusquement, son mouvement à peine achevée.

L’observateur attentif pourrait alors remarquer qu’elle n’avait plus qu’un sabre dans sa main, et que le second filait à toute allure vers le Chevalier. C’était son coup fétiche, décliné de toutes les manières possibles, et infiniment plus dangereux avec deux sabres qu’avec un. Le Lancer de sabre caché, combiné à un assaut normal, pour un maximum de surprise. Le reste n’avait été qu’une improvisation du moment.

Lentement, elle atteignait la quintessence de son art… Et espérait que Joclad ferait de même.
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Maîtriser l’art du sabre laser n’était rien de plus qu’un exercice, un entraînement régulier qui demandait de la concentration, du dévouement de la persévérance. En ce sens cela n’avait rien de plus compliqué que de suivre les autres leçons des professeurs du Temple car il s’agissait d’écouter, d’observer, de comprendre et de répéter les gestes enseignés jusqu’à ce que ceux-ci deviennent plus fluides et soient maîtrisés un peu plus naturellement au fil du temps. Malheureusement la vie étant ce qu’elle était, deux personnes ne seraient jamais vraiment égales devant une difficulté et il arrivait donc que certains jeunes élèves aient plus de facilité avec certains aspects de leur formation.
Certains étaient plus pratiques et l’entraînement au sabre se faisait assez aisément, d’autres encore étaient mordus de connaissances et passaient leur temps dans la bibliothèque à engranger autant de savoir que leur petit cerveau le leur permettait et, enfin, d’autres avaient une connexion avec la Force telle que la voie de consulaire s’offrait assez rapidement à eux. Vous voyez où je veux en venir ? Chaque jedi avait forcément des préférences ou des facilités dans un domaine précis, et il était assez évident d’identifier ces trois individus présents dans cette salle comme des mordus du maniement du sabre laser.
Chacun avait ses raisons pour poursuivre cette voie plus intensément que les autres, ses raisons d’apprécier ces sessions d’entraînements mais, dans un sens, les deux maîtres d’armes étaient des cas à part. Pour eux il ne s’agissait pas simplement d’un domaine qu’ils appréciaient et pour lequel ils étaient très doués, il ne s’agissait pas uniquement d’un talent mais d’une véritable vocation.

Outre le talent plus qu’évident que possédaient ces deux individus – car rares étaient les maîtres assez doués pour prétendre au titre de maître d’armes – il était logique que ces maîtres d’armes ait un petit truc en plus qui les différenciait du reste des maîtres. Le maniement du sabre et la diffusion de son apprentissage était une vocation pour eux, ou du moins était-ce comme ça que l’épicanthix voyait la chose, si bien qu’il ne concevait plus de se voir comme un maître traditionnel. Après tout, il n’avait attendu que deux petites années après sa promotion en tant que maître pour que l’on reconnaisse son talent et sa dévotion envers cet art. Oui, c’était bien un art, un art guerrier mais un art tout de même.

Qui d’autre d’aussi déterminé qu’eux passerait autant de temps en salle d’entraînement, à répéter inlassablement les mêmes mouvements encore et encore ? Il fallait plus qu’un brin de motivation pour ça.
C’est donc assis sur son banc, laissant ses muscles se reposer, que le jeune colosse observa ses deux partenaires échanger des coups dans une valse de toute beauté. De prime abord Lorn aurait cru que le chevalier serait resté sur la défensive face au style peu orthodoxe de la demoiselle à la crinière de feu, mais apparemment le jeune homme ne désirait pas baisser les bras et alterna entre attaque et défense avec une certaine aisance.

Face à un adversaire expérimenté, bon nombre d’adversaires auraient la fâcheuse tendance à rester sur la défensive afin d’étudier le style de l’autre, le rythme de ses attaques afin de déceler d’éventuelles failles, ou simplement par volonté de ne pas prendre de risque en passant à l’offensive, mais Joclad avait depuis longtemps dépassé ce stade. La perspective d’affrontement plus fort que lui ne le dérangeait pas le moins du monde, bien au contraire il semblait assez à l’aise et tenta même quelques mouvements audacieux face à la demoiselle.

Une bulle de protection et forcer son adversaire à l’attaquer pour lancer une contre-attaque directe ? C’était osé, surtout face à un maître expérimenté, mais il avait au moins le mérite d’oser sortir ce mouvement et Lorn gageait que sa camarade ne resterait pas de marbre. C’était toujours une expérience plaisante que de voir un oisillon devenir un aigle, pour ainsi dire, et voir son élève devenir un combattant accompli était une expérience touchante autant que satisfaisante. Le colosse n’avait même pas besoin de plonger dans la Force pour savoir ce que sa camarade pensait ou ressentait en cet instant.

À quand remontait la dernière fois où Lorn avait croisé le fer avec un de ses anciens élèves ? Il ne savait même plus…bien trop longtemps de toute évidence. Silencieusement, le jeune maître observa sa camarade repousser son élève avec une vague de Force et foncer sur lui ensuite, non sans avoir préalablement lancé son second sabre.
Joclad allait devoir s’occuper du sabre virevoltant et la demoiselle allait arriver directement derrière, c’était un de ses coups fétiches, Lorn le reconnaîtrait entre milles. Comment est-ce que le chevalier allait donc s’en tirer ?
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Il était toujours appréciable de constater que l’on pouvait parvenir à surprendre un adversaire, même lorsque ce dernier se révèle être bien plus puissant tout en possédant un bagage technique et des connaissances bien plus vaste que soit. Il était bien rare de voir des utilisateurs de la Force faire usage du Bouclier de Force de la sorte, c'est-à-dire de manière localisée et non généralisée, et j’étais assez fier d’être parmi ceux capable de faire une telle chose. Cela me donnait un avantage non négligeable car il me permettait d’accepter d’encaisser un coup sans parer pour porter une contre-attaque cinglante et parfois fatale pour la garde de l’adversaire d’abord, puis éventuellement pour sa vie ensuite. Une telle action faisait partit de mes bottes favorites car elle ne s’incluait dans aucun des katas traditionnels mais s’inscrivait plutôt comme le fruit du perfectionnement de mon propre style de combat, de ma propre forme forgée au fil des années d’apprentissage des différentes formes de combat. Centrée sur la vivacité de l’Ataru et la précision du Soresu, elle me permettait d’enchainer les phases d’attaque et de défense avec une simplicité qui n’était pas donnée à tout le monde. Ainsi, d’une posture d’immobilisme, j’étais capable de soudainement laisser libre cour à ma créativité pour bondir et voltiger au gré de mes envies.

C’est de cette capacité dont j’avais fais preuve pour contre-attaquer avec la ferme intention de compenser le niveau qui me séparait de mon adversaire en faisant l’usage de feintes et autres contre-attaques surprises. Avec un peu de volonté, j’étais certain de pouvoir me hisser, ne serait-ce que quelques instants, à son niveau pour atteindre la quintessence de mon art.

Même si j’avais espéré un bref instant la surprendre, je savais que la demi-Echanie esquiverait mon coup avec une aisance incroyable. Il était peu probable qu’elle ne cherche à attraper ma lame, car cela la placerait en défaut et je n’aurais plus qu’à pivoter pour la cueillir d’un gracieux revers. Je ne fus donc pas étonné de la voir sauter dans les airs pour esquiver ma riposte. Je ne m’attendais néanmoins pas à ce que la Maitresse d’Armes se décide à utiliser mon propre corps comme appui, mais plutôt qu’elle ne vienne sauter de côté. Cette solution était en effet la moins éprouvante et la plus simple à mettre en application. En lieu et place, j’eus droit à l’illustration magnifique et parfaite de l’En Su Ma, mouvement de rotation frontal en corps tendu qui permettait à ma partenaire d’exécuter une roue parfaite en appui sur mon épaule dominante pour retomber avec félinité dans mon dos. Pour ma part, devoir soutenir le poids de la Chancelière me força à m’affaisser et le repliais mes jambes pour me laisser glisser sur le sol. Dès lors que sa main quitta mon épaule, je laissais mes jambes chasser sur le côté pour prendre appui sur mes talons et me relever face à l’adversité.

De la volonté de ne pas me ridiculiser, j’en étais venu à ressentir un amusement profond alors que je voltigeais merveilleusement aux côtés de la métisse ou de l’Epicanthix. Plus encore, un sourire avait finit par percer le visage froid et sérieux que j’arborais en écho à celui de la Maitresse d’Armes. C’est pourquoi, jambes tendues et bras en opposition, je bondissais d’une impulsion légère de la Force en direction d’Alyria pour venir laisser nos lames s’entrechoquer sans réelle violence.

ZWAAK!!

Face à un Makashi oppressant et depuis longtemps éprouvé, je me laissais naturellement glisser dans la posture attentiste et quasi immobiliste du Soresu. Je laissais mes poignets aller et venir au gré des mouvements alors que j’ouvrais enfin les yeux pour fixer et soutenir le regard de Maitre Von. Reculant que très légèrement, j’établissais une position retranchée et solide sur mes deux pieds. Ma connaissance du Makashi et de ses mouvements répétés me permettaient d’anticiper certaines frappes et d’improviser certaines ripostes d’apparence hasardeuses mais pourtant précises et pernicieuses. Ramenant lentement mon sabre à la verticale alors que le sien revenait dans une position horizontale, je sentais déjà la très légère différence dans le positionnement et la pression exercée sur la lame de mon arme et donc, par extension, sur mes poignets. Bien que j’identifie là certaines caractéristiques d’un Niman que je ne maîtrisais pas, l’utilisation combinée de deux sabres-lasers laissait apparaître une étrange variante de la Forme VI.

Me sachant en léger avantage à cette distance face aux katas traditionnels de la Voie du Rancor, j’osais enfin passer à l’assaut de la garde d’Alyria d’une frappe décalée et oblique venant du sol sur son flanc gauche pour venir m’y glisser aussitôt et relancer une certaine dynamique dans le duel. En retour, je venais subir de violentes contre-attaques inattendues qui me forçaient à tournoyer entre chaque frappe pour venir me repositionner dans une position de frappe-et-parade jusqu’à l’instant fatidique où elle rompit le contact.

L’alerte se fit immédiate et se répercuta dans la Force avec une rapidité foudroyante alors que mon regard glissa instantanément vers le bas. Presque aussitôt, je senti comme un appel d’air, un léger tourbillon qui vînt me saisir au niveau de mes pieds et de mes jambes pour me soulever et me propulser au loin. Prenant une trajectoire courbe, je venais heurter le sol de mon dos quelques mètres plus loin, me faisant très légèrement rebondir et glisser sur quelques dizaines de centimètres non sans que j’omette un hoquet de douleur tandis que mon sabre roulait, éteint, sur ma droite. « HUMPF ! »

Ayant malgré tout bien vu la Jedi bondir dans ma direction pour m’asséner ce qui aurait pu être le coup de grâce, je réagissais sur l’instinct tout en ignorant la douleur : Repliant les jambes pour obtenir un appui, je me courbais en arrière avant de donner une puissante impulsion qui me fit basculer avant sur mes deux pieds et, à l’aide d’un simple mouvement de côté, le buste incliné en arrière, j’évitais in-extremis que la lame de la Maitresse d’Armes ne vienne mordre mon corps tandis que sur son passage elle dessinait une large entaille dans la manche ample de ma tunique. Au même moment, j’avais fais revenir mon sabre dans ma main forte pour relancer l’offensive malgré la douleur lancinante qui parcourait mon dos.

ZWOOSH !

Je n’en eus pas le temps, et une fois de plus par instinct et grâce à l’aide de la Force, je prenais une nouvelle impulsion, de côté cette fois-ci, pour m’élancer dans un tournoiement horizontal qui vit mon torse survoler de justesse la lame bleutée qui filait presque horizontalement dans les airs. Retombant une nouvelle fois sur mes appuis suite à ce multiple enchaînement d’esquives plus épuisantes les unes que les autres, je me penchais aussitôt en avant pour encaisser l’attaque supposée surprise de la Maitresse d’Armes avec un certain entrain. Au moment où nos deux lames s’entrechoquèrent à nouveau, je faisais volontairement pression pour finalement me dégager en arrière et revenir aussitôt dans un mouvement offensif tournoyant et horizontal où je frappais obliquement de bas en haut pour tenter d’écarter la lame et me glisser en avant si bien qu’arrivant au plus près de mon adversaire, je cassais mon mouvement pour une frappe feintée dont l’unique but était d’offrir une ouverture au coup de pied balayant que j’offrais aux deux chevilles de la Chancelière. Et finissant ce dernier mouvement de rotation, j’avais déjà armé mon coude pour frapper la cage thoracique de la demi-Echani pour un enchaînement qui se voulait des plus osés et qui signalait clairement, avec l’éclatement de ma garde, mon envie d’en finir avant que mon douloureux ne se décide à se mettre en grève pour une durée indéterminée.


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La rupture approchait. Alyria le sentait, le voyait même, dans la lourdeur de la respiration de son cadet, dans ses mouvements plus lents. C'était prévisible, attendu : elle n'avait pas cherché à le ménager, estimant qu'il n'était plus à l'âge où on préserve les jeunes gens lors d'entraînement. Là, elle avait envisagé l'affrontement comme un combat véritable, certes sans enjeu, mais où le but était la recherche de l'esthétique, de la combinaison audacieuse et artistique qui lui siérait le mieux. Le confort de Joclad n'était pas entré en ligne de compte : maintenant, il devait apprendre à composer avec des entraînements qui s'apparenteraient de plus en plus à des duels réels, où le maître se battrait à pleine puissance.

Evidemment, dans ce cas, la question n'était pas de vaincre. Les dés étaient pipés d'avance, pour ainsi dire. Pour autant, c'était une excellente chose que d'être confronté à un maître plus avancé que soit dans une discipline, peu importe son contenu d'ailleurs. D'abord, parce que les ennemis du dehors, les vrais, étaient rarement exactement du même niveau que soit. Parfois ils étaient plus forts, parfois plus faibles. Mais si se retrouver à croiser le plasma avec un adversaire de moindre importance était rarement problématique, le contraire lui, le devenait rarement. Dans ce cas, il fallait fuir... Ou tenir. C'était aussi précisément à cela que servaient les stances d'entraînement dispensées aux Chevaliers. Un padawan devait savoir se débrouiller seul, combattre un opposant de même niveau et ne pas se laisser aveugler par une éventuelle supériorité pour parvenir à soumettre les moins doués. Un Chevalier serait la plupart du temps seul en mission, ou responsable d'un plus jeune. Personne ne lui viendrait en aide. Il devrait s'aider lui-même, aussi, il n'était plus temps de ménager ces membres adoubés, mais bel et bien de les faire travailler dur pour que, le moment venu, ils soient suffisamment aguerris et puissent s'en sortir par l'observation et la ruse.

Ainsi, déjà, Alyria était prête à reconnaître que le jeune homme était un bretteur qui était capable de lui donner du fil à retordre. Avec l'entraînement adéquat, dans quelques années, il pourrait se revendiquer comme l'un des meilleurs de l'Ordre. Elle l'avait bien formé. En un sens, c'était bon de voir que la prochaine génération marchait déjà la tête haute et le bras leste, prête à reprendre le flambeau. C'était le cycle de l'Ordre : les uns grandissaient, les autres vieillissaient, et quand elle et Lorn commenceraient à sentir leurs muscles crier sous la pression maintenue trop forte pendant toutes ces années, d'autres seraient là pour prendre leur place et les surpasser. Même si elle comptait conserver son poste de maîtresse d'armes encore un bon moment. Les jedis vivaient plus longtemps que la moyenne, et la Force venait souvent suppléer les muscles quand le poids des années était trop grand. Après tout, malgré son âge avancé, les murmures allaient bon train sur les prouesses du maître Sai Don, qui avait été capable, à quatre-vingt ans passés, de défaire un seigneur sith redoutable au pied du Sénat. Ce simple fait était révélateur de la résilience des corps d'utilisateurs de Force.

De fait, Joclad ne manquait ni de ruse, ni d'adaptabilité, et avait même commencé à travailler quelques combinaisons de son cru, dont elle venait d'avoir un aperçu. Pour autant, il manquait de résistance physique, et sa maîtrise de la Force devait encore être peaufinée, s'il désirait se focaliser sur l'Ataru et le Soresu dans les années qui viendraient. Oui, Lorn avait raison : il leur ressemblait. Pourtant, le chemin était encore long, et le seul talent au sabre ne pouvait suffire. Elle-même avait dû le comprendre dans son jeune temps, et avait donc adapté son panel de techniques en conséquences, pour combler son manque d'appétence défensive et augmenter son potentiel destructeur, comblant les failles de son style agressif tout en consolidant ses forces. Le tout était que le garçon trouve à son tour sa façon de faire, ce qui lui conviendrait le mieux.

Pour autant, le duel n'était pas encore conclu, et selon son pronostic, l'humain allait tenter de jeter ses dernières forces dans la bataille, de tenter un ultime coup inattendu. Techniquement, c'est ce qu'elle aurait fait. En vérité, c'était même ce qu'elle faisait toujours arrivée au même instant critique lors des duels avec son ancien maître. Jamais, même du temps où elle était padawan, Ranek Lond ne l'avait ménagée, et les premiers temps de leur collaboration avaient été une source inépuisable de plaies et de bosses pour l'adolescente qu'elle était alors. C'était là une différence entre elle et son mentor, mais ce qui faisait aussi que le twi'lek avait toujours été un solitaire peu présents dans les couloirs du Temple, alors qu'elle s'était connaître d'abord comme instructrice, puis comme maîtresse d'armes. Sans dorloter ses élèves, elle veillait à ne pas les pousser trop loin dans leurs retranchements, du moins les premiers temps. En revanche, quand ils mûrissaient, elle reproduisait à la lettre les enseignements de l'Ombre qui lui avait tout appris. Comme celui qui voulait que le mouvement le plus instinctif soit parfois le meilleur choix.

Ainsi en voyant la charge désespérée de Joclad, et son coup de coude filant vers sa poitrine, Alyria ne réfléchit pas. Sa main gauche s'ouvrit et laissa tomber son second sabre à terre, tandis que les doigts de métal cachés sous le gant blanc s'enroulaient autour de son bras, dans une prise ferme. C'était l'un des rares avantages qu'elle avait trouvé à sa prothèse : sa force. Impossible de se soustraire à cette prise affirmée et aussi solide que du fer forgé.

Ils restèrent ainsi quelques instants, la trentenaire jaugeant son jeune adversaire de ses yeux verts profonds, puis finit par le relâcher et alors que son second sabre revenait dans sa main et que ses deux armes s'éteignaient soudainement, elle finit par déclarer :

« Je crois que ce sera tout. Je reconnais que nos entraînements d'antan paraissent bien loin maintenant. Je serais presque nostalgique, à l'idée que bientôt, je n'aurais plus rien à t'apprendre. »
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Si le jeune maître d’armes devrait être parfaitement honnête avec vous, il vous dirait qu’en ce moment même il s’ennuyait un tout petit peu car son caractère actif et énergique ne lui permettait qu’assez peu d’apprécier les instants qui le forçaient à être passif, comme c’était le cas maintenant. Mais s’en plaignait-il pour autant ? Bien sûr que non, et pourtant ce n’était pas l’envie qui manquait…avez-vous oublié qu’il était côté pour ses manières déplorables et son honnêteté trop brusque ? Mais malgré le fait qu’il s’ennuyait ferme sur son banc le jeune maître n’en laissait rien paraître et pour cause, il s’était engagé à observer comme sa partenaire l’avait fait avant lui et il ne plaisantait jamais quand il s’agissait du boulot, encore moins que ce boulot avait attrait au maniement du sabre laser. Quoi ? On est professionnel jusqu’au bout ou on ne l’est pas ? Bien.
Si la pratique était une partie fondamentale de l’apprentissage, celle qui parachevait tout le processus, la base d’un apprentissage commençait inévitablement par la théorie et celle-ci contenait généralement des phases d’observation. Observer les mouvements du professeur afin de pouvoir les analyser, les comprendre, les répéter et enfin se les approprier : voilà comment cela fonctionnait de manière générale. Lorsque venait le temps de la pratique, la présence d’un observateur extérieur était toujours une bonne chose car cela permettait de prendre du recul et d’observer des détails dont les protagonistes de l’affrontement ne faisaient pas toujours attention, cela permettait de mettre en exergue certaines mauvaises manies ou plus simplement certains axes d’amélioration afin de perfectionner le style de combat de l’un ou l’autre des participants.
Alors ? Toujours pas convaincu de la nécessité d’un observateur extérieur ?

La demoiselle avait fait sa part du boulot tout à l’heure, patiemment et assidument, c’était donc au tour de l’épicanthix de focaliser son attention sur la façon dont ce jeune chevalier arrivait à tenir tête à sa partenaire de toujours. Oh bien sûr que le combat était inégal, surtout que le chevalier devait être fatigué de son précédent combat, mais il ne s’agissait pas tant d’équité que de persévérance et d’acquisition d’expérience par la pratique. Même si Joclad devait déjà le savoir, au cours de sa carrière il serait rarement mêlés à des affrontements équitables car rares étaient les individus, dans cette galaxie, à avoir le même sens moral que les jedis. La plupart des individus tenteraient toujours de renverser la vapeur, de tricher pour augmenter leurs chances de succès : comment ferait-il à ce moment-là ? Ferait-il appel au sens moral inexistant de son opposant pour demander une égalité des chances, ou bien déciderait-il de se sortir les doigts et de compenser cette inégalité par de l’acharnement et de la détermination ? Sortir tout ce qu’il avait du plus profond de ses tripes restait bien la meilleure et plus honorable des solutions.

Chaque utilisateur de la Force, qu’il soit sith ou jedi, se créait son propre style à force de temps et d’expérience en prenant en compte ses atouts naturels afin de combler ses éventuelles lacunes. Ceux qui manquaient de force physique partaient sur des styles un peu plus agiles et rapides à base d’Ataru ou de Makashi par exemple, d’autres encore employaient des styles un peu plus statiques ou agressifs en fonction de leurs préférences personnelles. En vérité il n’y avait pas de bon ou de mauvais style, il n’y avait pas une forme du combat au sabre laser qui soit supérieure aux autres, le tout était de trouver et de maîtriser des formes qui soient complémentaires au caractère et au physique du jedi. Imagineriez-vous un colosse massif comme Lorn développer un style à base d’Ataru, en misant tout sur l’agilité ? Pourriez-vous concevoir qu’un jeune et frêle padawan devienne adepte du Djem-So avec la ferme intention de mettre l’accent sur une force physique qu’il ne possédait pas ? Non, bien sûr que non, la tâche de guider l’étudiant sur les bons rails revenait à son maître qui devait lui conseiller des formes appropriées à sa condition et le laisser ensuite voler de ses propres ailes.

Je pourrais vous bombarder d’autres exemples toute la journée mais je pense que vous avez compris où je veux en venir, il y avait autant de styles que de gens qui maniaient le sabre laser à travers cette galaxie, et le jeune chevalier ici présent ne faisait pas exception à la règle. Il était grand et svelte mais manquait clairement de force physique et d’endurance, voilà pourquoi il s’essoufflait rapidement et même le fait de s’ouvrir à la Force ne lui permettait pas de juguler totalement cet épuisement, il avait opté pour un style tout en rapidité et en agilité qu’il accompagnait d’une défense solide au Soresu : un choix comme un autre.

Assis sur son bas, les mains jointes sur ses jambes, le jeune maître observait chaque mouvement du jeune chevalier de ses yeux couleur cyan, ignorant les mouvements de sa camarade sur lesquels il n’avait rien à redire. Malgré le manque de force physique du chevalier, ce dernier avait une bonne capacité d’analyse et surtout de bons réflexes qui lui permettaient de prendre les bonnes décisions au bon moment. Il évitait de bloquer les attaques à tout va et optait pour des esquives quand la situation s’y prêtait, limitant au strict minimum les échanges physiques qui n’étaient pas nécessairement à son avantage.
Bien entendu il y avait encore des petites lacunes dans son style, il devait prendre un peu plus confiance en lui et oser faire des choses mais compte tenu de la nature de son opposant actuel une telle retenue était plus que compréhensible. Bientôt, voyant son adversaire s’épuiser à vue d’œil, la demoiselle à la crinière de feu attrapant le bras de ce dernier dans une poigne de fer et lui annonça la fin de cet affrontement. Enfin le chevalier allait pouvoir souffler un peu, il ne serait surement pas contre.

Attendant que la demoiselle s’écarte de son partenaire de combat, le colosse lui tendit une serviette afin qu’elle puisse essuyer les quelques gouttes de sueur qui devaient perler sur son front et son cœur, preuve de l’intensité de l’échange malgré la faible durée de celui-ci. Reportant son attention vers le jeune chevalier, l’observant une dernière fois, Lorn lâcha finalement :

« Sur le plan technique tu te défends, tu as de bons réflexes et une certaine souplesse dans tes mouvements. Mais si j’avais un conseil à te donner ce serait de prendre un peu plus confiance en toi et en tes capacités, d’être un peu moins sur la défensive et d’oser un peu plus. Je sais que le fait d’affronter un maître d’armes peut réfréner ces ardeurs, mais nous sommes aussi ici pour servir de cobayes si jamais tu veux tester de nouveaux mouvements. »

En effet si le fait de tester les capacités du chevalier faisait partie du lot, il fallait profiter d’être face à un adversaire avec du répondant pour tester de nouveaux mouvements. Pourrait-il être certain de l’efficacité de ses idées contre un mannequin qui ne rendrait pas les coups ? Bien sûr que non.
Laissant au jeune homme le temps d’enregistrer les informations, Lorn se leva du banc et l’invita à s’y assoir d’un discret mouvement de la main, avant de conclure par un :

« Et il faudra également que tu entraînes un peu plus ton corps, afin de gagner en force physique et surtout en endurance. Tu t’essouffleras, ainsi, moins vite. »

Bien entendu le jeune maître savait de quoi il parlait car il était aussi passé par là, il avait poussé son corps dans ses derniers retranchements plus d’une fois afin d’améliorer ses capacités musculaires et respiratoires. Quand son cerveau et son corps seraient mieux oxygénés alors il serait plus à l’aise et son corps se fatiguerait moins vite. Lui aussi devrait passer par-là.
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Là où beaucoup auraient tenté de s’écarter pour éviter le coup ou bien se seraient contenté de contempler avec crainte l’attaque qui allait les frapper, Maitre Von vînt agir d’une façon que je n’avais pas du tout prévue, ni même imaginée. En effet, la force de mon coup de codue aurait normalement dû enfoncer toute tentative de résistance de la part de mon adversaire, mais celui-ci n’était pas vraiment ordinaire. En plus d’être un maitre d’armes, Alyria disposait de certaines capacités qui lui offrait certaines possibilités que d’autres ne pouvaient disposer.

Je n’avais pas du tout imaginé qu’elle puisse venir se saisir de mon bras et encore moins qu’elle parvienne à l’immobiliser dans son élan pour finir par le maitriser. La douleur inattendue couplée à la force incroyable de la prise me fit lâcher mon arme, qui s’étala sur le sol en s’éteignant alors qu’une grimace venait s’étirer sur mon visage. Je tentais de résister quelques secondes avant de me relâcher mes muscles face à l’échec inévitable de ce dernier assaut. Acceptant la douleur, je laissais mon regard légèrement hagard mais réaliste fixer celui profond de ma cousine éloignée. Je connaissais l’issue de ce combat avant même qu’il n’ait débuté mais je n’avais pas imaginé qu’il puisse tenir sur une telle durée, surtout face à un Jar’kai que je ne lui connaissais pas.

Attendant qu’elle lâche prise, je restais debout pour ne pas perdre totalement la face malgré une position qui n’était clairement pas stable. Lorsque ce fut fait, je reculais de quelques pas, rappelant mon sabre éteint dans ma main forte avant de m’incline respectueusement, plus par réflexe désormais que par volonté de respecter une tradition ancestrale.

En réalité, je n’avais pas cherché à remporté un affrontement que je savais perdu d’avance. Non, j’avais simplement voulu me montrer à la hauteur de la situation. Je les avaient quelque peu forcé à ré-agencer leur ordre du jour en me greffant à leur entrainement tel un élément étranger qu’ils n’avaient pas prévu de trouver en ce lieu. Au final, ils avaient accepté l’idée de m’affronter pour me jauger et m’aider à me perfectionner alors qu’ils avaient sans doute prévu de s’affronter amicalement. Portant de fait de nouveau mon regard vers l’Epicanthix puis vers la demi-Echanie, je venais simplement et modestement répondre :

« C’est vrai que beaucoup de choses ont changées, Maitre, mais je reste réaliste : vous aurez toujours quelque chose à m’apprendre. Je ne fais que débuter dans ma voie en sachant qu’en arrivant au bout de celle-ci, il y aura beaucoup de choses que je n’aurais pu découvrir. »

Reportant mon attention vers l’être qui me dépassait facilement de plusieurs têtes, je relevais mon regard pour croiser le sien et écouter ses remarques. Certaines étaient d’ailleurs particulièrement justes car le fait d’avoir à affronter deux maitres d’armes m’avaient quelque peu perturbé et contraint à rester particulièrement sur la défensive pour ne pas me laisser surprendre. A cela venait s’ajouter l’effet de surprise qui m’avait à plusieurs fois contraint à réagir sur l’instant et à improviser des mouvements particulièrement éprouvants. Enfin, il y avait ma volonté d’offrir un spectacle dans lequel je pouvais dévoiler tout mon panel de connaissances. En effet, j’aurais pu très simplement « foncer dans le tas », mais les deux affrontements se seraient montré guère riches et se seraient surtout terminés en quelques passes d’armes avec deux échecs sans retours exploitables pour simple résultat. Finalement, je trouvais quelques mots à répondre à tout ceci :

« Merci, Maitre Vocklan, ce sont des choses que je cherche à corriger depuis longtemps déjà. Mais… j’aurais peut-être pu m’exprimer un peu plus et quitter la défensive si mes adversaires m’en avaient laissé l’opportunité, ce qui n’a pas été le cas. De fait, j’ai dû m’adapter.. »

Etait-ce un reproche ? Non, pas vraiment. Je voulais seulement mettre en évidence que dès le début, les deux maitres avaient mis la barre très haute, pour ne pas dire trop. Evidemment, un adversaire expérimenté ne se montrerait pas délicat et chercherait à se débarrasser de moi aussi vite que possible. C’est une chose que j’avais notamment expérimenté sur Flydon Maxima, mais la situation était bien différente. En ce lieu, je n’étais pas confronté à l’idée que mon existence pouvait se terminer sur l’instant, et nous n’étions pas là pour chercher à vaincre l’autre mais plutôt pour apprendre et se perfectionner. Hélas, c’était là deux choses que je n’avais guère pu faire, car ma concentration fut telle que je n’avais pas réellement été capable observer les points à corriger ou à approfondir sans risquer de me faire couper en deux ou encore projeté contre un mur.

C’est d’ailleurs pour cela que j’attendais les retours des deux maitres d’armes, pour connaître où j’avais pu pêcher car j’étais incapable de le dire moi-même.
Rangeant finalement mon sabre le long de ma cuisse gauche, j’admettais cependant sans discuter mon manque d’endurance et de constitution. C’était une chose que j’avais développé sur la durée, et Maitre Von pouvait aisément confirmer qu’il fut un temps où je n’aurais pas pu tenir ne serait-ce que les premiers échanges que j’avais eu avec l’Epicanthix. Ses premiers coups m’auraient facilement terrassé et je n’aurais pu profiter des deux affrontements pour démarrer la longue journée qui m’attendait.

« … C’est là quelque chose que j’ai du mal à développer, bien que j’ai fais d’immenses progrès depuis mon Initiation, Maitre. Je connais les limites de mon corps, et les pousser plus encore me semble difficile à envisager à court terme. »

Je baissais finalement le regard en sachant que mes propos risquaient de ne pas vraiment plaire aux deux maitres d’armes. Néanmoins, je préférais être franc plutôt que de cacher mes appréciations et mes appréhensions. Et à ce sujet, je me demandais toujours comment Alyria avait pu enchainer aussi rapidement ses dernières attaques contre ma personne, qui m’avaient forcé à décoller pour éviter un sabre voltigeur dont j’avais encore du mal à comprendre la technique. C’était d’ailleurs la première fois que j’étais confronté à cette technique, et je devais bien admettre que ça aurait aisément pu être la dernière si la Force ne m’avait pas alerté sur le danger que j’encourrais à cet instant. C’est de cette façon que je me saisissais de mon sabre, prenant le temps de l’observer alors que je pivotais de nouveau vers la demi-Echanie. Je faisais appel à la Force au même instant, alors que je demandais simplement :

« Maitre Von ? Je me demandais… comment faites-vous pour lancer votre arme de cette manière, avec une telle précision ? Pour ma part, à chaque fois que je tente l’expérience, cette dernière se termine… enfin… »

Je m’écartais un peu, pensant que la démonstration serait plus explicite que les mots. Et tandis que je guidais la Force, je finissais par activer mon arme avant de la lancer à l’horizontale vers le fond de la pièce. Si l’arme se comporta parfaitement sur les premiers mètres, fendant l’air sans le moindre accroc et sans tournoyer, tout s’emballa bien vite : la lame s’éteignit et le sabre virevolta sur lui-même avant de rebondir pour finalement s’échouer sur le sol. Grimaçant doucement face à ce nouvel échec, je secouais la tête avant d’énoncer simplement, dans un profond soupir de désespoir :

« Et bien… voilà ce que ça donne… »

Lamentable, tout simplement...


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Attrapant la serviette que lui tendait Lorn, Alyria le remercia avec un sourire discret, les mots se formant naturellement sur ses lèvres sans qu’elle ne les prononce. C’était le genre de petites attentions qui faisait qu’elle adorait son compagnon, bien avant que ce dernier ne devienne son amant d’ailleurs. Sous son apparence bourrue se cachait un véritable cœur d’or, soucieux du bien-être de ses pairs et de ses amis, et qui n’hésiterait pas à donner sa vie pour se défendre. Elle savait donc apprécier à sa juste valeur ces démonstrations d’attention discrètes pour ce qu’elles étaient, et les conservaient dans un coin de sa tête comme autant de souvenirs précieux. Parfois, la beauté d’une relation n’était pas dans les grandes déclarations emportées, mais dans les choses du quotidien, dans leur douce familiarité.

Tout en écoutant les conseils prodigués par son compagnon, la maîtresse d’armes entreprit d’enlever son gant gauche et passa la serviette sur son avant-bras pour empêcher la sueur de venir salir le métal, avant de le remettre en place avec une lenteur méthodique, un doigt après l’autre, dans une sorte de rituel d’après-combat qu’elle avait adopté depuis son amputation, lui permettant de vérifier l’état de sa prothèse tout en assurant son entretien. La technologie ne faisait pas tout, et la trentenaire espérait éviter d’avoir à changer encore une fois de modèle, tant chaque phase de test était un véritable calvaire pour elle. Elle avait déjà dû se faire fixer une nouvelle main après Umbara, et elle espérait vivement que ce serait la dernière fois qu’elle devrait endurer ça avant un bon moment. Sans compter que son côté maniaque ressortait aussi par ce soin maladif du détail, il fallait être honnête là-dessus.

Les réponses de Joclad ne se firent pas attendre, aussi Alyria reposa la serviette sur le banc de bois tout en se rapprochant de Lorn, se positionnant à son côté face à leur élève du matin. En un sens elle comprenait le garçon, mais il devait appréhender le fait que désormais, tout combat serait un moyen de montrer l’étendue de son talent tout en se testant dans des conditions proches de la réalité, à savoir contre des adversaires qui ne lui ferait plus aucun cadeau. Et encore, l’épicanthix comme la demi-echanie n’avaient pas cherché à placer une botte fatale dès le départ pour faire durer l’échange.

« Aucun adversaire ne te donnera l’occasion de t’exprimer réellement s’il peut trouver un moyen d’étouffer ta créativité, Joclad. Devoir improviser en situation de stress et de contrainte maximale fait partie des attentes que nous avons pour les Chevaliers désireux de se perfectionner.

Les padawans apprennent à se défendre contre un ennemi de leur niveau, à développer leurs talents en situation de confiance. Le challenge imposé aux jedis aguerris est donc relevé en conséquence.

Cela dit, pour une première fois… C’était pas mal du tout. Je ne sais pas si au même âge, Maître Vocklan ou moi-même aurions tenu aussi longtemps deux maîtres d’armes expérimentés en échec. »


La suite concernait le sujet épineux de l’endurance. Pendant un bref instant, Alyria eut l’image fugace d’une autre salle d’entraînement, des années auparavant, avec deux silhouettes plus jeunes qu’aujourd’hui, l’une d’un tout jeune adolescent brun et l’autre d’une jeune femme ayant encore ses deux mains et au sommet de son art : elle et Joclad, lors de ce fameux moment où elle avait appris qu’il était son cousin éloigné, et où elle avait essayé de l’aider à progresser sur la voie de l’Ataru grâce à la focalisation de la Force. Elle le revoyait dire presque les mêmes mots. Qui avait dit que l’histoire était un éternellement recommencement ? Apparemment ce sage avait aussi raison en ce qui concernait la petit histoire, celle vécue par les individus au hasard de leur existence et qui ne faisait jamais le bonheur des livres sur la galaxie.

Un bref échange de regard avec Lorn pour lui indiquer qu’elle se chargeait de prendre le relais, et la demi-echanie posa la question dont elle savait que la réponse était immédiate :

« Tu te souviens de quand tu n’arrivais pas à progresser dans les dulons de l’Ataru ? Quand tu es venu me trouver pour surmonter ce qui te semblait être un défi à tes limites physiques ? »

Elle laissa planer un léger silence, puis enchaîna :

« C’est exactement la même chose ici. Que ce soit pour développer encore plus loin ton Soresu ou ton Ataru, tu auras besoin de pousser davantage encore tes capacités, et là où les individus lambdas sont arrêtés à un moment par leur corps, la sensibilité à la Force offre un palliatif à la puissance virtuellement illimitées.

En la canalisant à travers tes muscles en permanence, en affinant ta connexion avec elle, tu vas augmenter ton endurance, et avec les exercices adaptés, ce qui sera au départ une ponction d’énergie deviendra un réflexe, puis une capacité presque innée. »


Se tournant vers Lorn, son regard vert se fit soudain pétillant de malice, et un léger sourire en coin se peignit sur son visage alors qu’elle ajouta avec une pointe d’humour :

« Après tout, je ne fais pas deux têtes de plus que tout le monde comme certains ici présents, mais je ne pense pas avoir grand-chose à envier en termes d’endurance au Maître Vocklan. Il pourra en témoigner, nos duels ne se sont jamais gagnés sur le physique. »

De quels duels parlait-elle ? De ceux sabre en main, ou de leurs jeux amoureux dans le secret de l’alcôve ? Ça, seul son amant pouvait le dire, et le sous-entendu que contenait sa phrase, impossible à deviner pour le reste du monde, n’en était que plus amusant.

Reprenant son sérieux, elle conclut avec aplomb :

« Déjà, un peu de musculation pourrait t’être bénéfique, au moins pour solidifier tes muscles. Personne n’a besoin d’avoir un set de biceps aussi dur que du béton, mais il est nécessaire de s’entretenir et de développer un minimum sa condition physique. Je sais que ce n’est pas forcément très agréable, mais ce genre d’exercice est bénéfique sur le long terme.

Même si j’étais loin d’être enthousiaste quand Maître Vandreen m’a fait cette remarque il y a de cela bien des années. Pourtant, force est de constater qu’il avait parfaitement raison. »


Dotée d’une musculature sèche et nerveuse, la gardienne avait développé une endurance et une force supérieure à la moyenne avec un entraînement draconien et une connexion à la Force poussée à son paroxysme lors des combats. Voilà pourquoi, même parvenue au sommet du pouvoir républicain et passant ses journées ordinairement derrière un bureau, elle tenait à entretenir sa condition physique acquise de haute lutte. Si elle n’avait pas les avantages que la nature avait offert à l’épicanthix, elle estimait n’avoir pas à rougir de ses propres capacités. Elle avait la force nécessaire pour résister aux amateurs de Djem So, le reste dépendant de son agilité. Combler ses faiblesses et améliorer ses forces, là était la clé, mais à terme, on ne pouvait progresser dans faire l’un et l’autre.

L’ultime question lui arracha un léger rire. Comment faisait-elle pour réussir ses lancers de sabre ?

« La force de l’habitude sans doute. Et des années de lancers ratés, aussi. »

Attentive néanmoins à la démonstration de Joclad, elle l’observa d’un œil critique, avant de dire :

« Sans entrer dans les ressorts de la technique pure… A mon sens, la réussite vient tout d’abord de la capacité du jedi à considérer son sabre non pas comme son arme, mais bien comme une extension de son esprit. Le fait de les construire nous-mêmes, de choisir les cristaux à l’intérieur n’est pas anodin. C’est une force, une connexion unique, dont nous devons nous servir à travers la Force pour lui permettre d’accompagner nos mouvements, qu’ils viennent du corps, ou de notre sensibilité à cette dernière. »

Evidemment, entre les paroles et les actes, il y avait un fossé à franchir, et elle savait que beaucoup considéraient ce genre de discours comme inutiles. Pour autant, elle n’avait pas d’autres explications primaires à fournir. Quand elle lançait son sabre, c’était son esprit qu’elle projetait à travers la Force, c’était une part d’elle-même qu’elle guidait instinctivement, comme un troisième bras invisible.

« C’est la différence entre la télékinésie et le lancer de sabre. La première n’est finalement qu’un moyen de ton esprit pour interagir avec son environnement, le plier à sa vision de ce qu’il devrait être, et la Force répond en conséquence.

Le lancer de sabre, lui, se base non pas sur une simple projection, mais sur une possession absolue du jedi avec un objet qu’il ne cherche pas à attirer, à déformer, mais à contrôler complètement entièrement à l’unisson de son esprit et de son corps.

Si tu pratiques le lancer de sabre comme la télékinésie, ton contrôle sera imparfait, et donc la technique sera instable, et finira par échouer.

Exactement comme précédemment. »
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Si vous connaissez un tantinet le personne ici présent vous ne serez guère étonné si je vous fais part de sa lassitude à devoir rester sur le banc de touche, il était avant tout un homme d’action et la passivité ainsi que la contemplation ne faisaient clairement pas partie de ses habitudes. Alors oui il avait grandi et n’était plus le gamin turbulent et colérique de jadis, il savait désormais que l’on ne pouvait pas toujours avoir ou faire ce que l’on voulait dans cette vie, mais cette maturité acquise ne l’empêchait pas pour autant de ne pas se sentir à l’aise dans son rôle de simple spectateur. L’observation était la base de tout bon apprentissage et précédait généralement la répétition de ce qui avait été observé, tout jeune apprenti avait été forcé d’observer son professeur avant d’essayer de répéter et appliquer ce qu’il venait de montrer, mais au fur et à mesure de sa formation un jedi se faisait de plus en plus autonome et finissait par s’entraîner de son côté sans avoir besoin de l’aide d’un mentor.
C’était à partir de cette première prise d’autonomie que le jedi commençait à se créer sa propre voie qui le mènerait jusqu’au stade de chevalier, puis éventuellement de maître pour les plus doués et déterminés d’entre eux, mais au bout du compte chaque jedi finissait par se rendre compte qu’il aurait toujours besoin de ses camarades. Que ce soit pour le soutenir, pour le remettre sur la bonne voie ou simplement pour lui prodiguer quelques judicieux conseils, qu’il soit jeune padawan fraîchement moulu ou un vieux maître grabataire, un jedi aurait toujours besoin de ses collègues au cours de son existence. Ce n’était pas toujours simple de l’admettre, car certains voyaient cette dépendance comme une faiblesse, mais cette solidarité était ce qui faisait la force de ces adeptes du côté lumineux.
Seraient-ils aussi efficaces s’ils étaient livrés à eux-mêmes ? Ils seraient forcés de se prendre en main beaucoup plus tôt mais, en faisant cela, ils ne deviendraient pas si différents des siths et c’était ce que l’Ordre cherchait à éviter en encadrant ses plus jeunes éléments jusqu’à ce qu’ils soient en âge de se former eux-mêmes. Lorn et Alyria étaient passés par là depuis plusieurs années déjà, ils étaient désormais des maîtres accomplis qui formaient les plus jeunes à leur tour, et aujourd’hui leur attention s’était reportée sur ce jeune chevalier.

Le jeune colosse avait donc laissé son désir d’action de côté pour se concentrer sur ce qui était le mieux pour ce jeune chevalier, il avait à sa disposition deux maîtres aux styles bien différents et bon nombre de jeunes jedis auraient fait des pieds et des mains pour avoir la chance d’avoir deux maîtres d’armes renommés à leur disposition. Enfin non, si les plus jeunes idéalisaient les maîtres et voyaient leur présence comme une chance ou un honneur, les maîtres concernés ne faisaient que répéter le cycle d’apprentissage qu’ils avaient eux-mêmes vécu dans leur jeunesse. Les élèves devenaient enseignants et ainsi de suite, c’était le cycle qui permettait à l’Ordre jedi de perdurer.

La première partie de l’entraînement avait consisté en un affrontement entre le jeune chevalier et le maître d’armes Vocklan, ce dernier possédait un style assez puissant et sec où les mouvements étaient minimisés pour aller à l’essentiel et éviter de se fatiguer en bondissant partout comme ce pouvait être le cas dans d’autres formes de combat. Cette partie de l’entraînement poussa donc le jeune chevalier à esquiver les puissants coups de Lorn mais aussi à faire preuve d’agressivité et de répondant afin de ne pas rester en permanence sur la défensive. Se défendre était une chose indispensable, certes, mais elle ne permettait pas de remporter un combat….enfin je ne vous apprends rien.
Au bout de quelques minutes l’affrontement pris fin et les deux maîtres inversèrent leur position, laissant quelques instants au jeune chevalier pour reprendre son souffle suite à l’effort fourni face à l’épicanthix. Le style de la demoiselle à la crinière de feu était tout aussi mortel que celui de son camarade de toujours mais autrement plus souple et précis, autant dire qu’il allait solliciter l’agilité et les réflexes de Joclad plus intensément que face à Lorn. Hein ? Oh non il ne fallait pas espérer observer immédiatement les résultats d’un tel entraînement, il faudrait du temps et du recul pour analyser ces deux affrontements et en tirer les leçons qui s’imposaient, mais le jeune chevalier ne manquait pas de volonté de bien faire et n’aurait aucune difficulté à appliquer les conseils des deux maîtres.

Le jeune chevalier finit lui-même par admettre qu’il avait encore beaucoup à apprendre et que la jedi à la crinière de feu aurait toujours quelque chose à apprendre. Ce n’était pas faux en soi, mais Lorn prit tout de même la parole pour y apporter une petite nuance :

« La vie est un éternel apprentissage, maître Von et moi-même continuons également notre apprentissage chaque jour. Soit curieux de tout, adapte-toi à la situation, improvise avec les cartes que tu as en main, sort des sentiers battus. En ouvrant ton esprit tu verras que la voie sur laquelle tu débutes est bien plus large et vaste qu’il n’y paraît. »

Lorn savait bien qu’il n’avait pas vraiment laissé à Joclad la possibilité de vraiment s’exprimer lors de leur affrontement, mais c’était également son objectif car, comme sa camarade venait de le préciser, les opposants qui lui barreront la route ne seront jamais complaisants et chercheront toujours à limiter ses possibilités pour remporter la victoire. Un affrontement ne se passera jamais comme prévu sur le papier, il y avait une part d’imprévisibilité qui forçait tout un chacun à revoir ses méthodes et à improviser.
Le chevalier et la demoiselle poursuivirent donc leur petite discussion sur les limites physiques du chevalier ainsi que sur la technique du lancer du sabre qui posait quelques difficultés au jeune homme. Si Lorn arqua un sourcil d’intérêt et de surprise lorsque la demoiselle fit mention de leurs duels, ne sachant pas vraiment si elle faisait référence à leurs références ou à leurs retrouvailles nocturnes, le colosse reporta son attention sur trois jeunes padawans qui le regardaient timidement à l’entrée de la salle d’entraînement sans oser rentrer.

Ils n’osaient pas rentrer par peur d’interrompre la session d’entraînement des plus grands, leur timidité amusante fit naître un sourire au coin des lèvres de Lorn qui, du coup, se leva de son banc. Attrapant ses affaires en prenant soin de bien attacher son sabre à sa ceinture, il se tourna vers son amante et le jeune chevalier et leur lança :

« Maître Von, je vous laisse terminer de conseiller notre jeune élève, le devoir m’appelle. Au plaisir de vous revoir pour une prochaine session, chevalier. »

Et ce fut sans un mot que le roc se dirigea vers ses trois petits élèves qu’il allait amener dans une autre salle pour débuter leur leçon, évidemment il ne serait pas aussi exigeant qu’il le fut face à Joclad mais ces leçons n’en restaient pas moins importantes pour la progression de ces trois jeunes jedis en devenir. D’ici quelques années, eux-aussi deviendraient peut-être enseignants à leur tour. Peut-être.
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