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Kao Cen marchait à grand pas le long des couloirs. Sur son passage, les padawans et les jeunes chevaliers qui ne l'avaient jamais croisé ne pouvaient guère feindre l'indifférence et plus d'un se retournait pour essayer de comprendre. Il faut dire que dans son armure de combat, qui avait déjà eu son lot de combats -il n'avait toujours pas pu faire réparer l'une des épaulières qu'un vornskr avait mordu suffisamment fort pour la tordre complètement-, son visage balafré et son blaster à la hanche, il avait plus l'air d'un gros bras que l'on trouvait aux côtés d'un hutt ventripotent pour exécuter les basses œuvres que d'un jedi. Ce qui était parfaitement le but recherché. Ce n'était juste pas exactement le lieu habituel.

Il ralenti en reconnaissant l'une des personnes sur son chemin, confortablement adossé à un pilier pour regarder les jardins. Il frottait doucement son bras droit. La bure de jedi le masquait mais le zabrak savait qu'il avait du mal à se faire à son membre cybernétique. La jambe lui posait moins de problème, moins endommagée. Il s'arrêta à son côté et contempla un instant la vue.

« Tu as eu les dernières informations je suppose ?
-Ce serait difficile de faire autrement, tout le temple ne parle que de ça.
-Tu fonces sur Artorias ?
-Même pas.
-Oh, la prudence se serait-elle frayée un chemin à travers ton épais cerveau pour que tu temporises de la sorte ? Je ne puis le croire, ça ne serait plus vraiment toi. »
Kao Cen ne put retenir un léger sourire en répondant :
« Non, en vérité le Conseil m'a donné des ordres. Ils ont déjà prévu une partie de la suite des opérations avec la chancelière. »

C'était étrange de nommer ainsi un confrère. Il n'avait jamais été très présent au temple mais avait croisé de loin une ou deux fois Alyria. Généralement en train d'entraîner des padawans ou des chevaliers. L'imaginer dans un bureau à la chancellerie face à des sénateurs rabougris et séniles -dans son esprit tous les sénateurs étaient rabougris et séniles- avait quelque chose de presque comique.

« Pour le moment, je n'ai qu'un point de rendez-vous.
-Et tu comptes t'y tenir ?
-Si les informations du suspect sont vraies, je serais fou de ne pas le faire.
-Assurément. Ta nouvelle padawan t'accompagne je suppose ? »
Bref regard étonné auquel l'humain répondit par un mystérieux sourire :
« En effet. Ça sera une mise dans le bain particulièrement violente, mais j'ai dans l'idée qu'elle peut y arriver. J'en suis convaincu.
-Je suis tout prêt à laisser ton jugement décider. Tant que c'est bien le tien. »

Hochement de tête sévère en réponse, suivit d'un silence qui n'avait rien de pesant mais dans lequel transparaissait une amitié sincère et profonde. Finalement Kao Cen posa une main sur l'épaule de Lennik en guise de salut et reprit sa marche en direction des dortoirs. Il arriva bientôt à la chambre de Saphira. Il lui avait fait passer un message le matin même l'informant qu'elle était désormais officiellement sa padawan et lui demandant de se préparer au départ, avant qu'il ne reçoive ses ordres du conseil et lorsqu'il pensait encore partir enquêter selon ses propres règles. Il frappa à la porte et attendit qu'elle lui ouvre.
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Pour la première fois depuis un long moment, Saphira sentait l'excitation lui parcourir le corps. Elle savait qu'un Jedi ne devait pas chercher l'aventure mais, la paix mais, elle ne pouvait pas s'empêcher d'être fébrile. Le matin même, elle avait reçu un message lui signifiant qu'elle avait été nommée comme Padawan de Maître Kao Cen Darach, un Sentinelle. C'était ce qu'elle avait toujours voulu faire et voilà que ses rêves se rapprochaient. Bien sûr, quitter l'égide de Arkel lui faisait un peu de peine mais, elle espérait qu'il comprendrait. Elle l'aimait bien et elle espérait qu'un jour, ils puissent faire une mission commune. Elle espérait juste qu'il n'y ait pas de rancune entre eux. En même temps que le message du Conseil, un autre message de son nouveau maître l'informait de ce fait et aussi du fait qu'elle devait se préparer au départ.

Elle avait donc fait ses préparatifs. Elle avait donc un sac de voyage léger comportant tout ce dont elle aurait besoin. Des vêtements civils de rechange, des recharges pour un blaster, des médicaments et une trousse de premier soin, des rations, etc. Elle n'avait qu'un seul sac, ayant l'habitude de voyager léger. Inutile d'emmener trois ou quatre sacs. Elle ne pourrait qu'en porter un. Une fois ses préparatifs achevés, elle attendit patiemment en méditant. Elle ne portait pas ses vêtements de Jedi mais, de simples vêtements civils. Ainsi qu'une armure légère. Son sabre pendait à sa taille fine et elle avait aussi un blaster dans son sac. Elle préférait le sabre mais, elle avait apprise à tirer aussi au cas où la présence de son sabre pouvait être problématique et qu'ils avaient besoin de discrétion.

Elle poursuivait sa méditation quand on frappa à sa porte. Ce devait sûrement être son nouveau maître. Elle se leva et utilisa la Force pour ouvrir la porte. Comme de fait, ce fut maître Darach qui se trouvait derrière. Elle l'invita à entrer et le laissa l'examiner pour voir si elle n'avait rien oubliée.

-Je suis prête quand vous l'êtes, maître. Nous pouvons partir dès que vous le voudrez.

Elle laissa ensuite son maître lui faire savoir dans quelle mission ils allaient embarquer. Elle se doutait bien que ce ne serait pas facile. Brutale, même. Mais, elle était prête à faire ses preuves. Elle espérait juste être à la hauteur.
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Kao Cen posa son regard sur Saphira qui visiblement l'attendait déjà, apprêtée. Elle avait revêtu une tenue assez passe partout ce qui était le mieux selon lui. Elle portait son sabre ostensiblement, contrairement à lui-même, mais pour le moment il n'y avait rien de gênant, il n'avait camouflé le sien que par habitude. Il ne s'attarda pas plus sur son équipement, il n'allait pas la materner si ce n'était pas nécessaire. Et puisque pour l'heure il n'allait pas quitter les frontières de la République, un oubli ne serait pas trop gênant.

« Parfait. Alors nous y allons. »

Il quitta la chambre, sa padawan suivit bientôt et ils prirent à son initiative la direction des hangars où était stationné son vaisseau depuis beaucoup trop longtemps à son goût. Il l'informa de leur mission sur le chemin, tout en marchant :

« Tu es au courant des déclarations surprises du sénateur Janos ? »

Il tourna légèrement sa tête vers elle, attendant qu'elle lui dise ce qu'elle en savait. Depuis que c'était passé sur les holo-écrans, tout le monde ici ne parlait que de ça, donc qu'elle ne le soit pas aurait été particulièrement surprenant et pour tout dire un peu regrettable : il ne s'intéressait pas à la politique, mais il fallait toujours faire attention aux rumeurs. Lorsqu'elle eut finit de s'exprimer, il reprit la parole.

« Le Conseil et la Chancelière Von ont planifiés les opérations pour vérifier la véracité de ces affirmations. Les jedis sont donc appelés en nombre pour enquêter sur cette fameuse base. On fait partie des mobilisés, on doit se rendre aussitôt que possible sur le point de rendez-vous fixé avec les formes armées de la République.
Si tu as des questions, n'hésites surtout pas. »


Il termina tandis qu'ils pénétraient dans le hangar et qu'il les guidait vers un petit cargo personnel qu'on voyait plus souvent dans les mains des contrebandiers que des jedi.
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Saphira se tenait tranquillement près de son nouveau maître quand il examina sommairement son équipement. De toute évidence, il ne trouvait rien à redire. Il lui dit alors qu'il était temps d'y aller. La jeune femme prit son sac et le suivit. En chemin, il lui expliqua la mission qu'ils allaient effectuer. Il lui demanda d'abord si elle était au courant des déclarations surprises du sénateur Janos.

-Dure de faire autrement. Tout le monde ne parle que de ça en ce moment. Mais, j'ignore si je dois être surprise ou pas. J'ai brièvement croisé ce sénateur et il ne m'a pas paru très net. Du moins, pas autant que les autres sénateurs que j'aie pu voir. Je suis assez adepte dans le langage non-verbal et j'arrive assez bien à comprendre les gestes des autres. Cependant, quand je le regardais, je ne captais rien. Ce qui est très dérangeant.

Son ancien maître, le Chevalier Arkel Valholl, était un Lorrdien. Et, pour eux, le langage non-verbal est une tradition très ancrée dans leur culture. Alors, il n'était guère étonnant que Arkel aie formé Saphira à comprendre et interpréter ce code complexe. En ce moment, elle pouvait voir que son nouveau maître, Kao Cen, était à la fois intéressé par l'information et un peu sceptique. Il ne devait pas savoir s'il devait se fier à cette information ou pas. Pourtant, les membres du Conseil avait bien dû lui faire son pedigree avant de lui confier sa formation, non?

-Inutile d'être aussi sceptique, maître. Je n'ai pas la profondeur de compréhension d'un Lorrdien mais, j'ai atteint un niveau très acceptable. Et, mon enfance dans les rues de Ryloth m'avait quand même donné une bonne base dans ce domaine. Maître Arkel n'a fait que continuer à la suite de ce que je savais déjà. Pour en revenir au sénateur Janos, il semblait être un point blanc dans un océan. Donc, quelque chose de curieux.

Kao Cen revint ensuite sur la mission. Somme toute, il allait vérifier certains des dires du sénateur. En tout, la mission était relativement simple mais, elle n'en demeurait pas moins dangereuse. Après tout, les déclarations avaient été faites devant la galaxie alors, les gens de la base, à supposée qu'elle existait, savaient que, tôt ou tard, ils auraient de la visite. Donc, deux solutions s'imposaient. Soit ils tomberaient sur une base abandonnée, soit, ils tomberaient sur une base prête à répondre à une attaque. Une autre option serait qu'il n'y avait jamais eu de base à cet endroit donc, la mission aurait été inutile. Des trois options, Saphira préférait largement la première et la troisième.

-Si cette base est réelle, nous risquons de faire face à deux options. Soit elle aura été abandonnée, soit elle sera prête à une attaque. Je préfère largement la première option. Cela dit, ils savent que nous risquons de venir dû aux faits que les déclarations ont été faites devant une large audience. Ce qui n'est pas très discret.

Ils arrivèrent rapidement au hangar où les attendait un vaisseau pour les emmener à leur point de rendez-vous. Le vaisseau ne payait pas vraiment de mine mais, Saphira préférait largement un vaisseau qui ne disait pas à la galaxie que leur passager était un Jedi. Ça attirait moins les coups de blaster selon elle. Ils embarquèrent rapidement.

-J'ai juste une question, maître. Est-ce que je peux piloter?
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Le regard de Kao Cen n'était pas tant du scepticisme que de l'étonnement, la plupart des padawans n'étaient pas très au fait de ce genre de choses. Mais il oubliait un peu vite que Saphira avait déjà eu une assez longue expérience et avait participé à plus qu'on ne pouvait en demander à quelqu'un de son âge.

« Je ne suis pas sceptique, seulement étonné. En bien. Continue de te poser ce genre de questions sur les gens, ça t'aidera toujours. Du reste, l'impression qu'il t'a laissé n'a rien d'étonnant s'il est bien ce qu'il prétend être, il doit avoir une grande habitude à se dissimuler. Enfin, de toutes façons nous n'allons pas avoir affaire à lui, il est enfermé sur Coruscant sous ultra haute sécurité. »

L'on pouvait sentir dans le ton de sa voix ce qu'il pensait : un maître sith avoué, aussi puissant, ne devait pas être autorisé à vivre plus longtemps. Mais la République ne pouvait exécuter des gens comme ça, elle avait pour but de respecter les lois. Comme l'Ordre d'ailleurs. Lui, au contraire, s'en moquait. Pour autant il n'allait pas tenter d'exécuter un prisonnier aussi bien gardé. Si la garde venait à se relâcher, en revanche...

« Ou bien il se peut que ce soit des mensonges, destinés à nous tromper, nous distraire, nous faire tomber dans un piège... N'exclue pas toutes les possibilités aussi vite. Même si un piège en plein cœur de la République est peu probable, je suis bien d'accord. » A moins que les siths ne soient devenus amateur d'attaques suicides : « La flotte va mettre en place le blocus de la planète, ou l'a déjà fait. S'il y avait effectivement des siths sur place, ils y seront toujours, j'en suis convaincu. Mais nous serons en supériorité soutenus par la flotte et l'armée, si nous allons assez vite nous pourrons les frapper avant qu'ils n'aient eu le temps de mettre au point une stratégie. » Il conclut avec un sourire sans joie : « Au contraire, j'espère qu'ils seront le plus nombreux possibles. »

De son point de vue c'était une excellente occasion de frapper les forces siths avec des risques minimes : ils étaient en plein cœur de la République, soutenu par des dizaines de systèmes proches, l'Empire n'avait aucun moyen d'emmener des renforts rapidement... la victoire était pour ainsi dire assurée. Ce qui ne l'empêchait pas de rester prudent.

« Tu peux piloter si tu veux, je m'occuperais des coordonnées de navigation. » lui répondit-il tandis qu'ils montaient à bord du vaisseau et allaient s'installer dans le poste de pilotage.

Après qu'ils eurent décollés et qu'ils s'élevaient à travers l'atmosphère, il posa une question sur un ton qui semblait parfaitement anodin :

« Qu'est-ce qui s'est passé sur Flydon Maxima ? »
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