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Anonymous
N.B. que ce texte est de la perspective de Chi Keyiën, épouse d’Ion Keyiën.

~ Thème musical ~

À peine quelques jours plus tôt, elle était épouse du Vice-Chancelier.

Mais à présent, qu’était-elle ? La femme d’un traître ? La femme d’un Sénateur ? Il n’était même plus ministre. Même plus membre du gouvernement. Les membres de ce dernier l’avaient abandonné, lâché, jeté en pâture aux médias. Ils ne l’avaient qu’à peine défendu. Et cette Jedi – la nouvelle Chancelière – qui parlait de probité, de droiture, pour au final ne le défendre qu’à demi-mots ! Une lâche, comme tous les autres.

Mais la question qui l’obsédait, qui la terrorisait, était la suivante : était-il coupable ?

Elle-même peinait à y fournir une réponse. Il n’était pas dans son caractère de l’allier avec un Sith, de trahir la République de cette manière – elle le savait. Mais en était-elle certaine ? La réponse, aussi tragique soit-elle, allait de soi, dans les derniers évènements avaient jeté la confusion dans son univers.

Non, elle n’était sûre de rien.

*

Leur fille avait été dévastée. Oblitérée.

Aurait-elle pu réagir autrement, alors que son père était soupçonné de trahison ? Elle avait beau avoir seize ans, elle demeurait toujours, innocemment, l’admiratrice de ce géniteur pourtant distant. Oh, elle prétendait bien le mépriser, se « foutre » de lui. Mais ce n’était que mensonges, histoires destinées à attirer son attention et à se rendre intéressante. D’être rebelle. Typique des crises d’adolescentes, donc.

Mais elle avait pleuré. Avait protesté.

Comment son père aurait-il pu trahir la République ?

*

La soirée tirait à sa fin. Ion était toujours dans son bureau, au Sénat, contrairement à son habitude. Il préparait, avec sa kyrielle d’avocats, sa défense. Il semblait prêt à l’emporter, prêt à se battre pour vaincre. Comme toujours. Chi ? Elle, elle demeurait dans leurs appartements, claquemurée, protégeant leur enfant de la présence oppressante des médias. Elle avait fait fermer tous les rideaux, bloqué toutes les fenêtres, afin d’éluder les journalistes, les rapaces, qui tentaient de filmer les Keyiën. Leur présence, à l’extérieur du bâtiment, sur les tours voisines, était harcelante. S’il passait plus de temps dans leurs appartements, sans doute son époux aurait-il piqué une crise. Sans doute aurait-il appelé les propriétaires des chaînes médiatiques, les patrons, pour qu’ils les laissent tranquilles.

Auparavant, leur vie était pleine de gardes du corps. Des gardes corelliens, des gardes bleus… Mais depuis les derniers jours, tant le chaos était grand, les services de sécurité ne savaient plus comment les protéger, quels effectifs déployer. De sorte qu’en l’absence d’Ion, sa fille et elle se retrouvaient, bizarrement, presque sans protection. Elles étaient les grandes oubliées.
Une bonne chose ?

*

Les journalistes de ce réseau étaient massés sur le toit d’un édifice voisin. Ils étaient peu nombreux, à cette heure. À peine un cameraman et un reporter, les deux attendant patiemment un scoop – un scoop qui tardait à se présenter. La nuit était froide, désagréable. Ils s’imaginaient la famille Keyiën, au chaud, et devenaient légèrement rancuniers.

Ne pouvaient-ils pas ouvrir légèrement les rideaux ? Ne serait-ce que pour qu’ils puissent voir les culottes de l’héritière ?

*

Chi ouvrit partiellement les rideaux de la salle à dîner, jetant un simple coup d’œil à l’extérieur. Des reporters étaient toujours sur les toits. Bien entendu. Ils ne pouvaient les laisser tranquilles. Ils devaient se gausser d’eux, à ce moment-là. Rire de leur mauvaise fortune. Les vautours. Elle allait protéger sa fille et aucun d’entre eux n’allaient être capables de l’en empêcher. Ils n’auront pas de scoop, foi de Keyiën. De l’entrée de l’appartement, elle pouvait entendre un garde ronfler. Sinistre incompétent. Ne devait-il pas faire des rondes ? Mais non, il préférait dormir.

Saletés de gardes privés. Au moins, avec les gardes bleus, on pouvait être certain de leur compétence.

Elle allait quitter la pièce lorsqu’elle entendit un curieux son, provenant… de derrière la porte d’entrée. Un sifflement. Le bruit d’un objet poussé sur le sol. L’équipe du ménage ? Puis, soudain, plus rien, sauf les pas précipités causés par la course d’individus.

Mais que se passait-il ? Sans s’en être rendu compte, elle s’était approchée de la porte. Inquiète, pour ne pas dire paniquée – peut-être dramatisait-elle ? – elle s’empara d’un comlink, afin de contacter son époux.

« Ion, je… »

*

La déflagration transperça l’air, illuminant d’un halo rouge, orange, les environs de la tour. Creusant un trou béant dans l’édifice, elle ne laissa aucun doute sur la survie des individus l’habitant, un nuage de fumée s’élevant déjà vers le ciel, la charpente semblant être la proie des flammes. Divers débris avaient été projetés dans le ciel et tombaient aléatoirement à contrebas, percutant la rue, les passants, les vaisseaux.

Réveillés en sursaut, les journalistes sacrèrent, criant leur incompréhension, heureux, toutefois, que leurs caméras filmaient automatiquement.
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