Grendo S'orn
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Corellia - Coronet - Quartier des Affaires - Coronet Plaza Hôtel - 101e étage - 10:03am

Corellia,
Figurant parmi les mondes les plus connus de toute la galaxie, cette planète est pour beaucoup synonyme de technologie et de voyage spatial.
Vue de l'espace, c'est une planète tranquille, recouverte de collines, de forêts immenses, de plaines verdoyantes et de vastes océans. Rien à voir avec la plupart des planètes industrialisées de la galaxie. Et pourtant, Corellia n'a rien à envier à tous ces mondes défigurés et pollués par des millénaires d'exploitation intensive. Tous les chantiers navals se trouvent en orbite de la planète, permettant ainsi à Corellia de rester agréable à vivre tout en ayant une capacité de production parmi les plus importantes des mondes civilisés. La majorité de la population, excepté ceux de Tyrenna et de Coronet, vit dans des fermes ou dans de petites villes, éparpillées sur les trois continents.

Située sur les côtes du continent sud, Coronet est la capitale de la planète. La ville possède toutes les infrastructures que le voyageur est en droit d'attendre d'une cité moderne. Métro sur répulseurs, monorails, grands boulevards, rues commerçantes, complexes d'holo-cinéma, et bien d'autres. Réputée pour son architecture si caractéristique et tournée vers l'écologie, Corellia n'est en rien comparable à Coruscant. Ici les Autorités ont toujours veillé à conserver leurs infrastructures tout en rendant le paysage plus vert et plus agréable pour les citoyens.

Passant devant le célèbre Musée de l'Espace Corellien où chaque jour se rendent des milliers de touristes dans l'espoir de se plonger dans l'histoire spatiale corellienne, Grendo S'orn, lui, ne prit même pas la peine de tourner la tête en direction du fameux Bâtiment. A bord d'une limousine de luxe en compagnie de ses plus fidèles lieutenants, il n'avait de cesse de penser à la Réunion Patronale qui aurait lieu d'ici deux heures. Tous les membres du Patronat avaient été chaleureusement invités à y participer.
Dès sa nomination au titre de Ministre du Trésor et de l'Economie, Grendo S'orn avait pris soin d'aider au mieux le Gouvernement actuel, notamment en acceptant d'accompagner la Chancelière Von sur Aargau d'ici quelques jours. Le Blocus était sur toutes les lèvres, une situation qui pouvait très bien devenir dramatique si elle n'était pas gérée à temps. Mais ce n'était pas la seule préoccupation du Neimoidien. Les récentes réformes votées dernièrement au Sénat avaient eu pour conséquence premièrement d'effrayer le patronat face aux nombreuses nationalisations. Où cela allait-il s'arrêter ? D'autres entreprises étaient-elles sur le point d'être nationalisées ? Ensuite le Pacte Social, comme son nom l'indique les libéraux n'avaient pas vu d'un très bon oeil les nombreuses réformes qui défendaient plus les intérêts des employés et des ouvriers que ceux des entrepreneurs. Aujourd'hui aucune contrepartie n'avait encore été prévue pour satisfaire le patronat qui commençait légèrement à s'impatienter face à ce manque d'écoute de la part du Gouvernement. Et même si la nomination d'un Libéral au poste de Ministre du Trésor et de l'Economie avait été bien perçue par la plupart, son vote positif au Pacte Social n'avait fait que décevoir les attentes du Patronat. Et c'est la raison pour laquelle il était là aujourd'hui, d'une part rassurer l'assemblée sur la politique de Nationalisation, d'autre part réfléchir ensemble à des réformes économiques avantageuses pour les acteurs économique, et enfin s'expliquer personnellement sur les raisons de son vote. Un programme bien huilé qu'il avait pris soin de préparer à l'avance.

« N'oubliez pas de leurs signaler que c'est une situation temporaire. Cette crise économique aura une fin, ce blocus sera levé, rassurez les, soyez flou pas trop de détails ... »

« Vous me prenez pour un idiot ?! Je sais exactement quoi dire devant cette assemblée je n'ai pas besoin de vos conseils Ozmac. De plus c'est à moi de prendre mes responsabilités. J'ai voté en faveur du Pacte Social et si c'était à refaire je le referais sans hésiter ! C'était nécessaire en cette période de crise. Il ne manquerait plus qu'une guerre civile au lot et nous pourrions tous retourner sur Neimoidia aussi vite. »

« Euh .. oui excusez moi monsieur le Ministre. »

Le politicien tourna négligemment la tête en direction de son assistante occupé à taper des informations sur son datapad personnel.

« Quee, je vous laisse vous occuper de réserver une suite au Coronet Plaza Hotel pour ce soir. Je n'aurai probablement pas le courage de retourner sur Coruscant dès que cette entrevue sera terminée. »

« Bien Monsieur. »

« N'oubliez pas de leur dire de remplir le minibar. »

« Non Monsieur. »

« Et une corbeille de fruit. »

« Bien Monsieur. »

« Et .. »

« Oui Monsieur ? »

« Non rien ce sera tout, » dit-il alors que la limousine s'arrêtait enfin devant un large bâtiment construit dans le plus pur style architectural corellien. Un véritable gratte-ciel paré de larges et nombreuses baies vitrées surplombant la ville de Coronet. Situé à proximité de la côte maritime, l'imposant édifice jouissait d'une vue imprenable en pleine cité et dominait d'ailleurs les plus hauts immeubles des alentours. Un portier se hâta de venir ouvrir la porte du véhicule.

« Monsieur le Ministre, c'est un plaisir de vous revoir au Coronet Plaza Hotel. »

« Epargnez moi vos formules de politesse toutes faites, je n'ai pas le temps pour ces choses là, menez moi immédiatement à la salle prévue pour la Réunion. J'aimerais aussi me rafraîchir avant si c'est possible, ce voyage a été quelque peu éprouvant. »

« Oui Monsieur, veuillez me suivre. »

.:. .:.

Aussitôt rafraichis, le Neimoidien enfila une tunique qu'il avait coutume de porter lors d'événements importants et déposa une mitre sur son front. Un accoutrement qui pouvait paraître ridicule si il n'était pas convaincu que cela lui donnait une réelle importance. De plus les Neimoidiens, pas plus que les Hutt d'ailleurs étaient réputés pour leur meilleur gout vestimentaire. Il observa un instant son reflet dans un miroir, souria largement pour vérifier que rien n'était coincé entre ces petites dents, non parfait. Il était prêt à entrer en jeu.
La réunion allait débuter dans une vingtaine de minutes, juste le temps de se rendre dans la salle prévue à cet effet et de saluer quelques représentants déjà présent. Sa porte aussitôt franchie, il prit soin de parcourir les larges couloirs de l'hôtel en direction du turboascenseur où l'attendait Loohy Quee, son assistante.

« Pas trop stressé ? » lui demanda-t-elle.

« Non pas vraiment, j'ai bon espoir que la réunion se déroule bien. Les financiers sont des gens intelligents, ils comprendront j'en suis sûr. »

Son assistante ne répondit pas, était-elle du même avis que le Ministre ?
Voyl Clawback
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Coruscant – Quartier des Finances – Annexes du CBI – 11e étage – 7:17am

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Ce matin-là avait vu un brouillard à couper au couteau envahir la surface de Coruscant. Si bien que par les fenêtres des bureaux, sur les paserelles, dans les rues, tout le monde avait l'incroyable impression d'avoir été transporté sur Bespin. Il fallait s'élever à plus de cinq cent mètres pour enfin sortir de la masse nuageuse humide. On assitait alors à une transistion étrange entre deux couches de nuages radicalement différentes, le soleil en sandwich entre les deux. Une sorte de couloir à l'horizontale menant à la lumière, lointaine, diffuse. Une subtile allégorie de leur situation actuelle.

C'était la réflexion que Voyl s'était faite en passant dans le corridor menant au services de gestion des transports, quelques minutes plus tôt. Une rêverie très vite balayée par des pensées autrement plus pragmatiques. Dans trois jours, il devrait être sur Corellia, et le voyage était programmé depuis plus d'une semaine. Seulement, rien n'étant jamais comme tout devrait être, le chef du service de gestion avait informé son secrétaire la veille qu'il y avait eu un incident technique sur la navette récemment arrivée de Mygeeto, et que cela allait nécessiter une immobilisation temporaire. N'étant jamais mieux servi que par lui-même, Clawback avait donc décidé de se rendre en personne dans les bureaux du chef de service, pour régler au plus vite le problème. Hors de question de se retrouver en panne au dernier moment ! Il fallait donc une autre navette, et pas plus tard qu'aujourd'hui. Ce qui expliquait sa présence dans les locaux des annexes, perdus au milieu du brouillard, à une heure aussi matinale.

Salués par plusieurs de ses subalternes, surpris de le voir si loin de son antre si tôt, le vice-directeur traversa les longs couloirs clairs au pas de course, Maxime Holst, du service comptable, essayant vainement de le suivre avec une allonge deux fois moindre. L'Humain tentait de se maintenir à la hauteur du muun tout en cherchant frénétiquement un document dans sa base de données. Un exercice loin d'être évident.

« Je l'ai, s'exclama-t-il alors qu'ils n'étaient plus qu'à un embranchement de leur terminus, voilà, la dernière facture de révision date d'il y a deux années standards, effectuée sur Kuat.

-Deux ans ? répéta Clawback, une note de surprise dans la voix, cela me paraît bien peu. Depuis quand nos navettes tombent-elles en panne au bout de deux ans ? Vous avez le nom de cette entreprise ? La fiabilité de cette révision me paraît suspecte.

-Oui, mais pourtant, nous avions déjà confier plusieurs vaisseaux en réparation, et nous n'avions jamais eu à nous plaindre jusqu'alors. Pas que je sache en tout cas... Peut-être une défaillance due à un défaut de fabrication ? J'y connais rien en navette, de toute façon, grommela-t-il entre ses dents. »

Ils arrivèrent au bureau, une pièce sans porte dont la large ouverture donnait directement sur les open-space à proximité, permettant une circulation optimale des personnes. Ils étaient attendus : tout le monde ici savait pertinemment que pour Clawback, sept heure trente, c'était sept heure trente, et non trente-et-une. Il était donc sept-heure trente à une poignée de seconde près quand le vice-directeur mis le pied dans le bureau de Yusan Dusme, un Nimbanel chargé de toute la logistique de leur parc de vaisseaux, entre autre. Le tout en coordination avec les autres offices du CBI au travers de la galaxie.

« Monsieur le vice-directeur, s'empressa de le saluer ce dernier, c'est un plaisir de vous recevoir ! Je me suis permis de prendre un peu d'avance en vous téléchargeant les fiches de suivis de la navette défectueuse, en toute transparence.

-Une initiative qui vous honore. »

Il proposa un siège à Clawback, qui déclina l'offre d'un bref et poli geste de la main. Il ne comptait pas rester bien plus d'un quart d'heure, le temps de mettre les choses au clair.

« Donc, euh, comme il vous a été notifié par nos services, nous sommes contraints de laisser cette navette en réparation. Nous ignorons combien de temps, hélas. Nous avons cependant à quai des navettes de classe Ministry. Certes, elles ne valent pas les BC-700, mais c'est une solution envisageable.

-Il s'agit d'une mission de représentation, nota Clawback, qui plus est envers le gouvernement, nous avons une image à entretenir. Vous n'êtes pas sans le savoir ? Faire stationner un vaisseau en mauvais état aux yeux de tous serait très préjudiciable.

-Bien sûr ! approuva Dusme, je comprends tout à fait votre inquiétude. Nous avons réagi dès la réception des résultats des contrôles effectués, malheureusement il s'avère que le problème est d'importance. Les équipes techniques sont sur le coup, mais elles ne peuvent pas aller plus vite...

-C'est donc la raison de ma venue, continua Clawback en fixant Dusme d'un œil sévère, qu'il soit trouvé un vaisseau de remplacement sur l'heure. Je sais qu'il n'est pas facile pour vous de gérer ce imprévu en plus, mais je sais également que notre réseau de transport est bien assez vaste pour compter un vaisseau capable d'être sur Coruscant demain. Voyons donc cela, je vous prie. »

Ils épluchèrent donc à trois la carte du réseau des navettes en circulation, affichée en temps réel. Au bour d'une dizaine de minutes, ils trouvèrent une possibilité : Clawback fit contacter l'antenne de Ralltiir, qui leur confirma que l'une des navettes diplomatiques avait quitté leur astroport quelques heures avant. Elle rentrait sur Muunilinst... à vide. Elle fut donc détournée sans plus attendre, et Dusme put respirer avec plus d'aisance, alors que le vice-directeur déclarait en partant :

« N'oubliez pas de contacter l'équipage d'ici ce soir. M.Reshord vous communiquera les horaires.

-Ce sera fait dans l'heure ! N'ayez crainte. »

Enfin, après qu'il se soit octroyé une petite pause café...

Clawback et Holst repartirent d'où ils étaient venus, non sans faire un léger détour par l'une des longues terrasses couvertes où les employés pouvaient venir prendre l'air. Là, Voyl s'avança vers le bord où soufflait une brise légère, balayant peu à peu le brouillard matinal.

« Dites-moi, Holst, demanda Clawback d'un ton vague, vous est-il déjà arrivé de penser que vous étiez un imbécile ? »

La question transforma le comptable en statue de sel. Il leva les yeux vers le muun, incapable de savoir s'il devait répondre à une question aussi... inattendue et dérangeante.

« Euh... Ma foi... oui. Oui, j'ai déjà pensé ça... Comme beaucoup de personnes, je suppose... »

Un court silence s'installa alors que Holst cherchait à comprendre le pourquoi de cette courte pause philosophique.

« Eh bien je vous le confirme : vous en êtes bel et bien un. »

La réponse fut suivie d'un geste vif, qui lui vit tendre le datapad sur lequel le document que Holst lui avait donné avant l'entretien figurait.

« Ce document... date d'il y a huit ans. Huit, ce qui fait remonter le dernier entretien... à dix ans, et non deux. Triez-moi vos fichiers, plutôt que de bailler aux corneilles, cela vous évitera de passer pour un négligeant. Et moi, pour un crédule trop confiant, par la même occasion.»

Et il planta là l'humain et sa honte, faisant volte-face vers l'entrée la plus proche.

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Espace Intersidéral – Navette – cadran horaire non-spécifié




Ils étaient finalement partis à l'heure, comme convenus, et Voyl était plutôt satisfait, bien que son visage n'en laissa rien paraître. Aucun incident majeur n'était à déplorer, et toute la délégation avait embarqué sans faire d'histoire dans le vaisseau qui traversait désormais l'espace en direction de Corellia. Suivi d'une petite escorte de sécurité, la navette du CBI était de ces vaisseaux de luxe dont l'extérieur laissait présager de l'intérieur. Massive et d'apparence soignée, elle cachait dans ses entrailles un véritable palace volant. De quoi satisfaire les plus exigeants, dont Desh Key faisaient parti.

« C'est à peine tiède, fit-il remarquer d'un ton sec au droïde qui lui avait servi sa soupe, comment voulez-vous que je boive ça ?!

-Toutes nos excuses, répondit la voix artificielle en reprenant le bol, nous corrigeons cela tout de suite ! »

Le muun grommela un juron tout en activant un holoécran, où s'afficha le visage maquillé d'une présentatrice de Galactic Holonews, et en fond des images du blocus d'Aargau. Plus loin dans le salon, Clawback, enfoncé à moitié dans un fauteuil, manipulait de concert son datapad et l'écran holographique que projetait la table devant lui. A ses côtés, Reshord s'affairait avec sa préparation de réunion, fruit d'un minutieux travail de près d'une semaine, dont il savait pertinemment que les trois quarts ne serviraient à rien – sauf que tout servait toujours à quelque chose selon lui – puisque jamais ils n'auraient le temps de discuter autant dans une réunion de ce genre.

« Du sucre ? Proposa le droïde serviteur qui amenait sa tasse de café au représentant. »

Clawback, occupé à consulter les derniers résultats de la bourse, ne s'aperçut pas de la présence de la machine à ses côtés.

« Trente pourcent, lut-il d'un ton maussade,

-...euh, trente pourcent de sucre ? s'étonna le droïde, c'est un peu beaucoup pour une tasse...!

-Mais non, voyons ! souffla Reshord en levant les yeux au ciel, mettez-en deux, ce sera très bien ! »

A l'étage en dessous, le service de sécurité, lui aussi, usait du confort mis à sa disposition. La tête massive de Droomos apparut dans l'encadrement de la porte de la salle de bain.

« Combien de temps avant l'atterrissage ? beugla-t-il à l'agent qui se trouvait à l'autre bout du couloir. L'autre consulta sa montre et lui répondit avec le même niveau sonore :

« Une heure et demi ! »

Le karkarodon soupira en refermant la porte. Bénéficier des installations de ses employeurs était de ces petits plaisirs dont il ne se privait pas.

« Booooh, on est large, ronronna-t-il avant de replonger dans la masse de mousse qui s'était accumulée dans l'immense jacuzzi. »

En effet, les temps de trajet étaient toujours calculés avec un gros coefficient de sécurité, comprenant une foule de paramètres dont les ennuis les plus improbables. Histoire de ne jamais, ô grand jamais, avoir à pâtir d'un retard préjudiciable. De telle sorte qu'il arrivait fréquemment d'être en avance sur l'horaire.

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Corellia – Quartier des Affaires - Coronet Plaza Hotel – RC – 10:15 am



La navette fut en avance, oui. De près d'une heure au cadran de l'astroport de Coronet. Pourtant, la délégation du CBI ne se présenta qu'avec une petite dizaine de minutes d'avance aux portes du Coronet Plaza Hotel. Clawback était strict : être en avance était aussi malpoli que d'être en retard. On pouvait rattracher cela à de l'impatience, ou une volonté de mettre autrui en défaut. Ils avaient donc fait décoller leur transport privé après une demi-heure passée à quai, les uns en profitant pour parfaire leurs tenues, les autres pour mettre en place les derniers détails.
Ensuite, le petit vaisseau fuselé avait filé au travers de la circulation, bien moins dense que celle de Coruscant, jusqu'à l'adresse indiquée.

Le Coronet Plaza était l'un des établissements les plus fameux de Corellia, connu dans toute la république. Bien évidemment, le ministère ne l'avait pas choisi au hasard. Pas plus qu'il n'avait négligé les moindres détails, comme l'accueil réservé aux invités, ni l'endroit où se tenait la rencontre.

Le petit vaisseau floqué aux couleurs du CBI ralentit jusqu'à s'arrêter sur l'immense devanture pavée de marbre de l'hôtel. Les portières s'ouvrirent et la délégation, menée par Clawback, en descendit en ordre de bataille. Le représentant était vêtu de l'un de ses ensembles de plus belle facture, d'un indigo très sombre rehaussé d'un liserai platine, le tout assorti à son couvre-chef de représentant, dont le voile lui descendait jusqu'aux épaules. Reshord avait choisi une tenue légèrement plus colorée, d'un ocre doré, et Key avait définitivement abandonné ses chaussures vertes, les troquant contre une paire grenat assortie à sa robe.

« Messieurs, bienvenus au Coronet Plaza Hotel ! Les salua le portier en uniforme, dois-je annoncer votre arrivée ?

-Ce ne sera pas nécessaire, affirma Clawback en consultant l'heure sur son datapad, nous avons encore dix minutes d'avance ! Aillez donc l’obligeance de nous conduire, nous attendrons le reste des invités.

-Très bien. Si vous voulez bien me suivre, nous montons. La réunion est au 101e. »


Ragda Rejliidic
Ragda Rejliidic
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« Contrôle Spatial à Agonie d'Ardos. Vecteur d'approche dégagé. Veuillez suivre le cap indiqué. Terminé. »

« Bien reçu Contrôle Spatial, nous amorçons notre approche... »

Tout en se prélassant dans son bain, Ragda écoutait distraitement l'échange entre son pilote et les autorités de Corellia. Bientôt une heure qu'ils orbitaient autour de la planète, attendant les autorisations d'approche. Bien sûr, le Hutt aurait pu user de ses privilèges officiels pour demander un vecteur prioritaire... Mais cette solution de facilité aurait eu pour conséquence d'écourter son petit moment de détente : un bon bain d'acide bouillonnant. Dans ce que les races proche-humaines auraient qualifiées de salle-de-bain, les vapeurs corrosives saturaient l'air, picotant agréablement les énormes narines du non moins énorme gastéropode. Mais celles-ci ne pouvaient rivaliser avec la sensation divine produite par la dissolution lente des graisses et autres impuretés nauséabondes entassées entre les bourrelets du Hutt depuis plus de neuf mois. Ragda aurait voulu que cet instant dure une éternité... Mais malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. Comprenant qu'il ne lui restait plus qu'une poignée de minutes pour se préparer, il vida, à contre-cœur, la baignoire. Malgré la puissance des acides employés, une mélasse visqueuse boucha rapidement le siphon... Il ne fit comme s'il n'avait rien remarqué. D'autres nettoieraient derrière lui.

Depuis sa cure de désintoxication, il n'avait su trouver le temps de prendre soin de lui. Trop de sujets brûlants en cours... Et puis le décès « accidentel » de son secrétaire et assistant n'arrangeait en rien son emploi du temps chargé. Son appartement de service ne disposait pas des installations nécessaires pour un tel décrassage. Non, seul son yacht spatial, l'Agonie d'Ardos, offrait un tel confort. Ce fut donc un Hutt frais, vigoureux, bien dans ses bourrelets, qui glissa hors de sa baignoire. Un Hutt neuf, prêt à aborder cette journée qui s'annonçait mouvementée, sinon explosive ! Quelques manipulations plus tard, la salle-de-bain fut décontaminée, l'air purgé et recyclé. La soufflerie acheva de sécher le cuir épais du gastéropode ventripotent...

Il ne lui restait plus qu'à choisir le poncho qu'il porterait, parmi tous ceux qu'il venait d'acheter ! Son couturier Wookie s'était réellement surpassé cette fois-ci ! Tant de toilettes multicolores, aux broderies fines et précieuses... Après moult hésitations, finalement, Ragda fit son choix : un poncho moulant jaune fluo, qui soulignait ses formes généreuses. A l'arrière, une collerette de dentelles noires et rouges rehaussait son port de tête altier, donnant à son faciès des dimensions encore plus disproportionnées. Afin, pour compléter ce tableau presque parfait, Ragda fit main basse sur l'une de ses cannes préférées : une canne noire surmontée d'un énorme rubis servant de pommeau. Voilà : il était prêt. Comme d'habitude, certains trouveraient futile, voire ridicule, l'excentricité de ses tenues... Mais Ragda n'en avait cure ! Pour être remarqué, écouté... Pour convaincre, être charismatique... Il fallait avant tout être bien dans sa peau ! Et, en cet instant, il se sentait particulièrement à l'aise, prêt à tout affronter.

« Monsieur... » l'avertit le pilote, par l'intermédiaire du comlink « Nous arrivons dans cinq minutes. »

« Avons-nous des nouvelles des autres ? » demanda le Hutt, en retour.

« Affirmatif Monsieur. Ils vous attendent au carré VIP du spatioport de Coronet. »

Parfait.

*****

Dix minutes plus tard, carré VIP du spatioport de Coronet,

« Sénateur Kev'lann... M. Rackbarr... » lança Ragda, en guise de salutation, tout en approchant du duo, juché sur son chariot répulseur. « J'espère que vos voyages se sont déroulés sans encombres ! » Face à lui, le Sénateur de Christophsis, un humain d'age plutôt avancé, tempes grisonnantes et barbe blanche, teint très mat sillonné d'une multitude de rides. Sur son front, au dessus de ses yeux bleu cristallins, il portait une série de trois losanges verts, tatoués symétriquement. Un homme difficile à confondre avec un autre, bien que tous les humains se ressemblaient pour le Hutt. A coté du politicien, droit comme un « i », l'air visiblement très tendu, se tenait Termek Rackbarr, le Président Directeur Général des Chantiers de Construction Navals de Mon Calamari. Les C.C.N.M.C, dans le jargon. Un acronyme barbare que personne n'utilisait.

« Nous ne sommes pas là pour échanger des amabilités... » répondit-il, sèchement. Ragda lui rendit un sourire franc, loin de s'offusquer du manque de politesse de son interlocuteur. Après tout, ce dernier venait de voir ses chantiers se faire nationalisés... Son amertume était plus que justifiée. « Et je ne suis toujours pas convaincu par les subtilités de vos manœuvres... Qu'est-ce que va m'apporter le fait de me présenter à cette réunion en votre compagnie ? »

« Calmez-vous M. Rackbarr. » lui répondit le Sénateur Kev'lann, de son habituel ton diplomate, paternaliste diraient les mauvaises langues, « M. Rejliidic espère seulement que nous présenter en groupe ne fera que renforcer le poids de nos propos. Il ne s'agit pas seulement de vous, de lui ou de moi, mais bien de la Ligue des Mondes Périphériques, et toutes les entreprises qui gravitent autour. »

« Parfaitement ! » reprit le Hutt, profitant d'un blanc pour en placer une. « N'oubliez pas que grâce aux fonds apportés par la LMP, vos chantiers spatiaux ont pratiquement doublés leur capacité de production. Nous sommes tous dans le même vaisseau... Cette réforme risque sérieusement de torpiller nos initiatives communes, et il va certainement falloir montrer des crocs pour obtenir des compensations acceptab... »

« Rien à faire des vos compensations ! » le coupa le Mon Calamarien. « Si la République croit qu'elle peut m'acheter à coup de crédit, elle se fou le doigt dans l’œil jusqu'au coude ! Ce qui m'importe, c'est la pérennité de mes chantiers, leur rentabilité, la qualité de nos productions, le traitement de ma main d’œuvre... »

« Et nous avons exactement les mêmes priorités ! Excepté que M. Kev'lann et moi même, en tant que représentants de la LMP, nous avons à cœur la sauvegarde de l'économie locale de notre Bordure dans son ensemble. Une dizaine de mondes a contribué à l'extension de vos chantiers, et ils vont nous demander des comptes très prochainement... »

« Nous devrions y aller Messieurs. Arriver en retard ne nous aidera en rien. Mieux vaut garder votre salive pour ce qui nous attend... »


Trente minutes plus tard, le trio improbable passa les lourdes portes de la salle de réception, au 101ème étage du Coronet Plaza Hotel. Ils avaient exactement cinq minutes d'avance... Et déjà, les lieux grouillaient de beau monde. Une atmosphère lourde pesait sur leurs épaules : un enterrement n'aurait été plus gai...
Invité
Anonymous
Le vaisseau se posa sur l'aire d'atterrissage privée de l'hôtel au sein duquel allait se dérouler la réception organisée par le Ministre du Trésor. A bord de l'engin se trouvait Ben Doyle. Ce dernier avait reçu quelques jours plus tôt une invitation le conviant à la petite sauterie organisée par le sénateur de Neimodia, et désormais ministre, Grendo S'orn. Sans doute, vu le libéralisme débridé qu'affectionnait Ben, c'était-on dit qu'il serait le journaliste parfait pour combler cette réception de louanges. Et si le chef de rédaction du Coruscant Post voyait cette réunion patronale d'un bon œil, il ne comptait pas bêler stupidement avec le troupeau.

Ben n'aimait guère les voyages. Depuis son entrée dans le journalisme, il quittait rarement Coruscant. Il prenait des vacances de temps à autre sur Telerath, ou un week-end. Histoire de décompresser, de profiter du calme et de la beauté de la planète, ainsi que vérifier le bon fonctionnement des Établissements bancaires. Mis à part ces quelques escapades, Ben restait la plupart du temps sur Coruscant, qu'il adorait.

Venir sur Corellia ne l'enthousiasmait donc pas. En posant le pied sur la planète, il fut tout de suite pris en charge par un groom ridiculement habillé. Il n'eut même pas le courage de se foutre de sa gueule, trop crevé pour ça. Les voyages en hyperespace lui donnaient de désagréables maux de ventre.

Il se retrouva finalement dans sa chambre, accompagné de Karl Trent, qui le suivait où qu'il aille. Ben arracha sa cravate, défit le premier bouton de sa chemise et se laissa tomber sur le double-lit qui l'attendait, faisant souffrir les ressorts. Il étendit les bras, se mettant en croix, et bailla.

    « Oh djû, j'suis crevé... »


Il aurait bien voulu faire un petit somme mais il ignorait l'heure.

    « Quand a lieu cette réception à la con? »

    « Dix-huit heures. On a encore le temps, il est huit heures, vingt-deux minutes et... quarante secondes! »

    « Et combien t'as de poils de cul? J'tai juste demandé l'heure. »

    « C'est ce que j'ai fait. »


Ben eut un geste de dépit, l'air de dire : "ferme ta gueule". Ce à quoi se tint Karl.

Une heure et demi plus tard, Ben se trouvait au bar, après une sieste reposante et avoir fini la moitié du mini bar. Le reste serait pour la fin de soirée... Les mondanités provoquaient chez Ben un sentiment d'amour-haine. Il se débrouillait à merveille dans ce milieu guindé et suffisant, mais trouvait aussi ces réceptions bien emmerdantes. Ainsi, avant même que quoi ce soit ait commencé, Ben se trouvait au bar.

    « Un rhum. D'Alderaan. »


Le barman posa un regard sévère sur le client.

    « Nous n'avons que du corellien, ici, monsieur. »

    « Alors un cooler coruscanti. »


Le barman s'exécuta, offusqué. "Toujours faire chier" aurait pu être la devise de Ben. Lui qui buvait constamment du rhum corellien et en foutait dans son café tous les jours, voilà que sur Corellia il fallait qu'il ne boive absolument pas ça. L'emmerdeur par excellence.

Il se barra avec son verre, les glaçons teintant, flânant dans le lobby. Une main dans la poche gauche, prête à se gratter les couilles, la cravate mal nouée, son cocktail dans l'autre main, Ben se baladait en regardant tout ce qu'il voyait d'un air supérieur et moqueur. Le monde commença doucement à arriver, les plus avisés arrivant en avance pour se faire servir un verre, et voir qui avait répondu présent à l'invitation du ministre.

Le gros journaliste finit par tomber sur un type qu'il connaissait bien et s'avança vers ce dernier, qui l'accueillit chaleureusement. Enfin, dans la mesure du possible pour un Umbaran.

    « Aaah Trevor Makeyl, ça fait longtemps dites donc! Comment ça va? » asséna-t-il en lui serrant vigoureusement la main.

    « Ma foi, pas trop mal, monsieur Doyle, pas trop mal. »

    « Ben. Appelez-moi Ben. Tout le monde m'appelle Ben. »


Il adorait dire ça, c'était son mantra, et de temps en temps il agrémentait le show d'un clin d'œil entendu.

    « Ben, bien sûr. »

    « Alors comme ça Arakyd Industries a été invitée? Pas étonnant, faut dire. Avec le merdier qu'y a sur Aargau, les Sith qui font joujou à la frontière nord... Vous d'vez espérer de bons gros contrats bien juteux. Enfin, à moins que le ministre vienne vous annoncer que vous soyez nationalisé ahahahah! »


Ben acheva sa boisson et posa le verre sur une table haute, fier de sa blague pourrie.

    « Le ministre So'orn semble plus attentif aux desiderata du patronat que ne l'était le précédent Chancelier. Après tout, le gouvernement ne peut pas tout nationaliser. »

    « Mais il peut se passer de vous. L'entreprise publique qu'est l'Arsenal Fédéral de la République vous passera devant sur la plupart des commandes, vous le savez. A moins qu'ici et là vous obteniez quelque chose... »

    « C'est bien mon intention. Le gouvernement ne peut pas se passer indéfiniment du patronat. Le Rassemblement Républicain est en train de mourir. L'aile Rejliidic de la LMP est pro-business... »

    « Ouep, et vous oubliez Bresancion, l'aile gauche. Un estropié à la tête du gouvernement. Ouais, pourquoi pas un gungan tant qu'on y est. »

    « Je connais un gungan diplômé de sciences économiques. Par contre, depuis Scalia... Beaucoup de leçons de morale mais peu de compétences avérées. »


Un groupe de trois personnes s'approcha alors de Ben et de Makoyl. Les poignées de main furent fermes et chaleureuses. Hector Vianco, actionnaire de la Corporation Technique Corellienne, Toïd Lavron du groupe BiscuitBaron, Gavor Tarlon, représentant de Chiewab. C'était une frange respectable de l'élite capitaliste gouvernant cette galaxie qui venait gober des petits fours autour d'une table haute.

    « On m'a signalé que le Vice-chancelier allait venir à cette réunion... » souffla Lavron.

    « J'confirme » répondit Ben, goguenard.


Tous les regards se tournèrent vers lui, avides.

    « Est-il devenu fou? Sa place est parmi les médiocres de son espèce, à quémander une alloc de sa création. Je ne tolérerai pas sa présence. »

    « Peut-être que la chancellerie estime que le Ministre du Trésor a besoin d'un chaperon. » ironisa Gavor Tarlon, un humain aux yeux bleus et aux cheveux blonds gominés.

    « Ce mec a tellement enculé le patronat que j'l'appelle Anal Bresanfion ahahahah! » rugit Ben, provoquant une hilarité graveleuse dans le groupe.


Il fallut un moment à l'élite libérale pour reprendre son sérieux. La vulgarité et la richesse faisaient bon ménage.

    « Il a intérêt à revenir sur cette loi... »

    « Ne soyez pas con, Hector. Les nationalisations, le pacte social, y reviendra pas dessus. Avant les prochaines élections, y a peu d'chance pour qu'y ait un changement. Nan, vous rêvez, Hector. Et puis, on remet difficilement en cause l'héritage d'un mort. Par contre, Bresancion a tout intérêt à se montrer plus ouvert, maint'nant. »

    « Il faudra des compensations. »

    « Cha va d'choi. » répondit Ben en mastiquant un délicieux petit four, plus intéressant que les jérémiades de ce geignard de Vianco.


Le rédacteur en chef du Post sortit de sa veste un petit fourreau, contenant de beaux cigares.

    « Messieurs? »


Il en proposa à ses camarades et fit ensuite passer son zippo. Ben tira sur son cigare puis relâcha de la fumée, formant de beaux cercles. Un employé de l'hôtel s'approcha alors, et s'adressa à Ben Doyle.

    « Monsieur, veuillez m'excuser, mais il est formellement interdit de fumer dans les parties communes de l'hôtel. »


Ben se tourna vers le jeune homme et posa sur lui un regard d'absolu mépris. Il tira à nouveau sur son cigare puis souffla la fumée dans le museau de l'inconvenant.

    « Mon gars, si tu veux garder tes parties privées, suis mon conseil et va faire chier ailleurs. »


L'employé voulut répondre, ahuri, mais avant qu'il pût dire quoi que ce soit Ben lui ferma son clapet définitivement.

    « Allez, dégage, ouste. »


Il poussa le type, qui s'écarta docilement. Puis, Ben se retourna vers ses complices.

    « J'aime bouffer, j'aime boire, j'aime fumer. J'vais pas m'faire chier! Vous savez, rien n'm'énerve plus que ces Jedi et leur pseudo ascèse à la con. Qui n'a jamais aimé baiser? Qui n'a jamais aimé se mettre une murge telle qu'il faut vous raconter le lendemain c'que vous avez fait? Allons... Ces mecs avec leurs capes miteuses se prennent pour des philosophes supérieurs au reste de la galaxie parce qu'ils "se contrôlent". C'est un luxe de nanti que d'jouer au plus pauvre. J'aime boire jusqu'à perdre tous repères, ça m'empêche pas d'apprécier la littérature et autres conneries... J'emmerde les Jedi et leurs leçons de morale! Ce monde n'a pas de morale. Il n'a que le fric, le sexe, la bouffe, l'alcool, les plaisirs et l'Art. Et l'Art peut pas se passer de tout c'que j'ai cité avant. »

    « Vous devenez philosophe, Ben. » dit l'Umbaran avec amusement.

    « Ahahaha, si vous le dites! »


Ben fit un signe à un serveur de venir. Ce dernier arriva et composa un sourire mielleux au possible.

    « Monsieur desire-t-il quelque chose? »

    « Non, j'vous appelé parce que ça m'fait marrer. Ramenez-moi un tatoo blanc. »

    « Un... quoi? » fit le type, dépité.

    « Du lait de bantha, du whisky, de la liqueur de café, du sucre... Vous voulez pas que j'le fasse moi-même tant qu'on y est? Grouillez-vous, j'ai soif. »


Le serveur s'empressa de s'en aller chercher le verre de monsieur, content de s'éloigner de cette boule nerveuse et agressive.

    « Vous vous adressez durement au personnel... »

    « Ahahahah vous n'm'avez jamais vu avec mes employés, dites! C't'aut'chose. »

    « Le petit personnel n'est plus ce qu'il était. Ces minables viennent nous donner des leçons maintenant. »

    « Si vous croyez que je vais tolérer ces idées de négociation collective... Mon service juridique m'a signalé que le pacte social ne prévoyait aucune sanction en cas de non-respect de la législation. Rira bien qui fera chier le dernier. »

    « Je like! »


Et dans un même élan, les cinq personnages firent tinter leurs verres, fêtant les délices du libre-marché.

    « Tiens... mais c'est Clawback, là, du CBI! »

    « Mais oui. D'ailleurs on m'a dit que le sénateur de Muuninlinst serait là aussi. Il paraît qu'il parle de quitter la Ligue des Mondes Périphériques. Après le coup de pute fait par Bresancion, beaucoup se demandent si la LMP soutient les entreprises ou les crétins qu'elles emploient. »

    « Ouais, le sénateur s'ra dans ma matinale, après-demain.

    Oh, hé, Clawback! »


Ben fit signe au Muun de les rejoindre, suivi dans son mouvement par ses quatre compagnons. Pour l'heure, la réunion était plus marrante que chiante, fallait espérer que ça continue.
Invité
Anonymous

En tant que représentant du gouvernement, je me devais d’être à l’heure, et même en avance. Eh oui. Le respect des formes, tout ça.. Et chaque seconde passées dans cet hôtel de luxe corellien me donnait encore d’appeler l’Amiral Danton pour programmer une attaque orbitale pour transformer cet hôtel en poussière.
Pourquoi ? Parce que j’ai une jambe en moins, mais mes deux oreilles, et qu’il était impossible de faire deux pas sans entendre une insulte qui me concernait. Parce que oui, JE SUIS LA ! Avec un beau manteau gris au bouton de cuivre, le genre de veste sobre et chic qui se contente d’être élégante mais sans la moindre ostentation. Le gris était la couleur terne du devoir, et le devoir était la seule raison de ma présence ici..

Jagon me suivait, comme à son habitude, avec ses airs de domestique flegmatique, portant sur lui l’ensemble du matériel nécessaire à mon travail ici. Il m’indiqua une table ou je pouvais m’asseoir et profiter de l’œil des prémices de la réunion.

« Jagon, faites savoir au ministre S’orn que je suis ici. Ne demandez pas pourquoi, Jagon, c’est une simple question de courtoisie, lui et moi sommes dans le même gouvernement, et donc dans le même camp. »

Enfin, ça, c’est en théorie. En pratique, j’étais curieux de voir comment il allait jongler avec cette bande de dirigeants assis sur des tas d’or qu’ils ne comprenaient pas, et son appartenance à un Gouvernement aux visées sociales. Pour l’heure néanmoins nous avions lui et moi le même objectif, et c’était l’aspect rassurant : rassurer.
Ce pensant certaines conversations s’étaient tuent, et comme il est de bon aloi pour un homme riches et puissant, nombreux furent ceux à retourner leurs vestes et venir me manger dans la main en me demandant des garanties ou des infos. La bravoure du monde des puissants est réellement quelque chose de surprenant, et ce serait amusant si ce n’était pas aussi méprisable. Mais avec un devoir de conciliance, je fus calme et courtois en signalant que la réunion débutait d’ici peu, et qu’il serait plus juste et plus efficace de faire ces déclaration à l’attention de tous. Puis je précisais l’air de rien que je n’étais pas le président de l’assemblée, ce qui, déjà, provoqua quelques discours discret.

« Venez Jagon, il est temps de nourrir les requins.. »

Dis-je discrètement, une fois que furent ouvertes les portes de la salle de conférence. Saisissant ma canne, j’emboitais le pas aux différents acteurs économiques, me fondant dans la foule.. Jusqu’à ce que mon aide de camp ne passe devant moi levant une main.

« Ecartez-vous, je vous prie, on s’écarte, s’il vous plait messieurs dame. »

Sa voix était grave et forte, aussi donc audible de tous. Jagon parlait peu, mais il avait réellement l’autorité du majordome parfait, c’est-à-dire qu’il était systématiquement discret, et il ne parlait en public que pour formuler des évidences face auxquels tous s’inclinent. En l’occurrence : votre Vice-Chancelier a une jambe en moins, et on laisse toujours passer le handicapé dans la foule. Oui, c’était remarqué comme entré. Mais disons que je préférai marcher sur leurs égo plutôt que de me faire marcher dessus au sens propre de l’expression..

C’était hallucinant l’hostilité que je ressentais ici. Par toutes les étoiles, mais à quoi pensent-ils ? Ont-ils à ce point un complexe d’infériorité pour être sur les dents ? D’un coin de vue, je captais Grendo, le saluant de loin avec courtoisie. J’avais eu l’occasion de voir avec lui les visées de cette réunion, et nous savions l’un et l’autres que même si les faits semblaient durs, nous avions suffisamment d’argument pour exprimer notre volonté d’assumer une politique sociale qui nuirait que très peu aux entreprise, la présence de Grendo comme président aurait du suffire à fixer ça.. Ni l’un ni l’autre ne pensions avoir affaire à des abrutis tellement attachés à leur argent qu’une haine idiote allait surement poussé à geindre contre leurs propres intérêts.. Non, au fond la seule personne dangereuse du lot c'était Ragda, mais s'il demandait plus que les garanties qu'il pouvait être en droit de demander au nom de la LMP, je serai en mesure de lui rappeler ce qu'était la LMP..

Bah, au pire, cette réunion n’était pas décisionnelle, et c’était Alyria qui avait le pouvoir du dernier mot. Ils comprendraient vite que Grendo et moi savions être conciliant, mais que les nationalisations donnaient à la République le pouvoir de continuer à vivre sans eux..

Grendo S'orn
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Cinq secondes dans le turboascenseur qui lui avaient paru des heures. Une attente longue et lente qui le séparait du 101ème étage, celui où allait se dérouler la réunion patronale prévue dans quelques minutes. Aussitôt la porte ouverte, l'assistante du Neimoidien ouvrit la marche en direction de la salle prévue à cet effet. Un long couloir où les derniers retardataires pressaient le pas pour rejoindre rapidement le lieu de rendez-vous, Grendo se joint à eux en prenant soin de saluer les nombreuses têtes connues. D'une poignée de main à l'autre il s'avança d'un pas sûr et motivé jusqu'à retrouver son chef de la sécurité, posté à l'entrée de la salle de réunion.

« Il semblerait que le Patronat ai répondu positivement à votre invitation monsieur le Ministre. La salle est quasi-pleine. Les Ministres Zari, Santhe et Golmarr sont déjà là. Le Vice-Chancelier Bresancion est également déjà présent. »

Le Neimoidien acquiesça, tout semblait se passer comme prévu à sa grande satisfaction. Encore faudrait-il rassurer les financiers sur la politique actuelle et ça c'était une autre affaire. Mais il ne doutait pas de pouvoir y arriver. La présence de ses confrères et même du Vice-Chancelier permettrait de clarifier certaines situations et de répondre aux questions les plus pertinentes.

« Très bien, je compte sur vous pour sécurisez le périmètre. Il ne s'agit pas de mettre la vie de nos proches collaborateurs en danger. »

« Ne craignez rien, tout est sous contrôle. La réunion se déroulera sans incident. »

Satisfait de la réponse de son chef de la sécurité, il entra enfin dans la fosse aux lions. De nombreux individus étaient déjà installés, la plupart occupés à discuter ensemble. Marchant rapidement en direction de l'estrade, il pu entendre par ci par là quelques ragots qui laissèrent apparaître un léger sourire sur le visage du Neimoidien. Entre le Pacte Sociale, les nationalisations et le Vice-Chancelier Bresancion, les sujets de conversations de manquaient pas. Il était vraiment temps de mettre un terme à toutes ces messes basses.
Saluant respectueusement les différents Ministres ainsi que le Vice-Chancelier, Grendo S'orn s'installa sur le siège central afin de présider la réunion. Il resta un instant debout et fit un léger signe de tête à son assistante.

« Mesdames, Messieurs, si vous voulez bien vous asseoir, la réunion va commencer. » dit-elle en haussant la voix pour se faire entendre.

Grendo se servit un verre d'eau qu'il s'empressa de boire d'une gorgée avant de re-déposer son récipient désormais vide. Après quoi il se racla la gorge discrètement pour faire comprendre à tous qu'il souhaitait débuter.

« Bien, je pense que nous sommes tous présent, je vous souhaite donc à toutes et tous la Bienvenue au Coronet Plaza Hôtel pour cette Réunion Patronale organisée par mes services. Je suis ravis de vous rencontrer, vous qui représentez, faut-il le souligner, les acteurs les plus importants de toute notre économie galactique. » un compliment pour apaiser l'atmosphère avant d'entamer le vif du sujet « Malheureusement les récentes réformes, les Nationalisations ou le Pacte Sociale ont eu pour fâcheuse conséquence d'alimenter un sentiment d'injustice et d'incompréhension au près du Patronat. Aussi nous sommes ici aujourd'hui pour clarifier des intentions du Gouvernement, rassurer les actionnaires et discuter avec vous de potentielles contreparties pour une politique économique plus juste ! »

Il s'installa confortablement au fond de son siège et reprit aussitôt la parole :

« Avant que quelqu'un ne me pose la question je souhaite personnellement clarifier des intentions du Gouvernement. » il haussa un instant la voix « Il n'y aura plus aucune nationalisation d'entreprise à l'avenir ! » c'était dit « C'est un sujet auquel je m'y engage et j'en ai moi-même discuté avec la Chancelière Von pas plus tard qu'il y a deux semaines, sur ce point vous pouvez être rassurés. En revanche, et bien que certains le désirent probablement, nous ne toucherons PAS aux nationalisations déjà effectuées. Celles-ci ont été proposées par le Gouvernement précédent, votée au Sénat et acceptée par une grosse majorité des membres. Si quelqu'un a une question à ce sujet, une réflexion, qu'il se manifeste et nous nous ferons un plaisir de lui répondre. »

Le début de son discours était bref mais clair. La République ne toucherait pas à ses récentes nationalisations. Et bien qu'il s'était longtemps battu contre celles-ci, il avait finit par rejoindre la position des autres membres du Gouvernement. Mais pas sans quelques contreparties, l'occasion pour l'un ou l'autre membre de poser ses questions ou d'intervenir ce propos
Voyl Clawback
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Parfait. Le timing était parfait : ils n'étaient pas les premiers, et il y avait suffisamment peu de monde dans la salle de réception pour que leur entrée soit comptabilisée parmi les premières. Le trio laissa les portes derrière lui et s'avança sans empressement parmi les convives déjà présents, qui vinrent rapidement les saluer : le milieu était suffisamment restreint pour que tous, plus ou moins, se connaissent de vue.

On avait disposé des buffets largement remplis sur tout le bord du hall, puis de nombreuses tables hautes sans sièges, autour desquelles s'étaient rapidement agglutinés des groupes très occupés à deviser gaiement sur des sujets parfois à des années lumières de ce pourquoi ils étaient là. Au fond se situait les rangées de sièges et l'estrade destinée à la réunion à proprement parlé. Mais ce coin là était désert, pour une bonne raison : les invités n'étaient pas pressés de s'y rendre, préférant largement s'attaquer aux buffets et bavasser de tout et de rien en attendant l'horaire.

Par formalisme, Voyl se fit un devoir de venir saluer le représentant des Banques du Noyau, qui lui rendit la politesse. Les rivaux n'étaient pas, et de loin, les ennemis les plus dangereux. Le vice-directeur l'avait appris depuis fort longtemps. En ces temps même, ils se trouvaient être des alliés de circonstance précieux, tous embarqués sur le même bateau.

« Nationalisations, lui glissa le coruscanti avec une expression de consternation amusée, je crois que je n'ai jamais autant entendu ce mot de toute ma carrière ! C'est épuisant.

-A qui le dites-vous, ricana Clawback, j'ai hésité à en faire le code de déverrouillage de mon datapad, pour le symbole. »

Ils échangèrent rapidement leurs points de vue sur la situation actuelle des établissements bancaires républicains, et furent tous deux bien aise de constater que nombre d'entre eux convergeaient.

« On a tôt fait d'oublier que la République est endettée, souligna Voyl d'un geste agacé, tout ce remue-ménage n'arrange pas ses finances, et je serais curieux de voir en quoi toutes ces nouvelles réformes sont sensées remettre l'économie à flot.

-Oh, ce 'est pas leur but et de loin, rit l'homme, tout juste essaie-t-on de ne pas agrandir le gouffre. Pour les politiques la priorité reste de satisfaire le peuple : le Pacte social, et d'assurer la sécurité : la Loi patriote. Mais enfin, on ne peut pas le leur reprocher : ils ont été élus pour ça, à la base... Nous verrons bien ce que ces sires ont à proposer à ceux qui financent leurs tours de passe-passe législatifs. »

Le ton de sa phrase laissait entendre qu'il portait un intérêt tout particulier à la chose, et Clawback lui servit un regard complice. Sous ces échanges banals se cachait en réalité un accord tacite que seuls les attitudes et les gestes permettaient de déceler : les banques feraient front commun.

« Votre enthousiasme vous honore, mais veillez tout de même à ce qu'il ne vous emporte pas. J'ai vu l'une de vos intervention télévisée. Rondement menée, mais... j'aurais tendance à dire que vous en faites trop.

-J'ai toujours eu un petit côté... 'taquin', ne m'en voulez pas. C'est dans ma nature. Vous devriez vous aussi jouer plus souvent les extravertis, cela vous irait bien. Votre voix porte bien.

-Je ne pense pas, non. Je suis mathématicien et cryptologue, à l'origine, pas chanteur d'opérettes politiques... Sachons où se trouvent nos places, tout de même.»

Tandis qu'ils discutaient, des serveurs circulaient de-ci de-là avec des plateaux, sur lesquels étaient disposés des flûtes et des coupes remplies de breuvages aux couleurs pastels ou ambrées, scintillant à la lueur du jour. L’atmosphère était détendue, l'éclairage naturel et agréable. Son interlocuteur prit congé, et Voyl en profita pour répondre à l'invite de l'un des serveurs lui proposant ce qui lui semblait être un whisky corellien.

A peine avait-il jeté son dévolu sur l'un des verres qu'une personnalité fort empressée s'écarta de son groupe pour lui foncer dessus toutes voiles dehors.

« Mon cher ami, déclara K'aaris Klark avec un sourire dont seuls les politiciens ont le secret, j'escomptais justement sur votre venue ! »

Voyl se retourna et gratifia le muun d'un rictus qui se voulait poli. Voilà plusieurs années qu'il n'avait pas croisé cet ancien avocat, désormais sénateur, pour qui il avait une certaine sympathie, ne serait-ce pour l'efficacité avec laquelle il avait gravi l'échelle sociale de Muunilinst.

« Ah, Klark... fit-il sans cacher une pointe d'amusement, quel plaisir de vous voir. Et mes félicitations pour votre nomination au passage, je n'ai pas encore eu la possibilité de vous les donner de vive voix.

-Merci, je les prends à leur juste valeur. Bien sûr, ce n'est ni l'endroit ni le moment pour discuter de la chose, mais sachez que le Haut-Officier et moi-même sommes toujours intéressés... pour ce fameux projet dont nous avions discuté l'été dernier.

-Je suppose que nous trouverons le temps d'en reparler après la réunion, dit Clawback en jetant un regard circulaire aux alentours pour détecter d'éventuelles oreilles indiscrètes, mais je prends note de votre soutien. Après tout, par les temps qui courent, nous serions bien sots de délaisser la sphère politique. Et la politique, c'est votre affaire, n'est-ce pas ?

-Tout à fait, acquiesça Klark en se redressant avec une certaine fierté, à chacun ses moutons. Ainsi va le monde. D'ailleurs, vous n'êtes pas sans savoir que des tensions vives sont apparues au sein de la LMP, dont notre cher pays fait partie ? »

Il désigna du menton une silhouette qui se taillait un chemin au travers de la foule qui s'était densifiée. Alan Bresancion, précédé par son domestique attitré, faisait son entrée en scène, avec un style tout à lui.

« Nous venons défendre nos intérêts nationaux, précisa Klark, mais aussi rappeler si cela s'avère nécessaire qu'un parti politique tel que la LMP ne peut pas se passer de fonds... si vous voyez ce que je veux dire.

-Vous l'envisagez donc sérieusement ? fit Clawback avec un haussement de sourcil, moi qui pensait que ce n'était qu'un bruit de couloir.

-Bien sûr que nous l'envisageons, affirma Klark avec une mine soudain aussi sinistre que celle de son vis à vis, ce n'est pas moi qui vais vous apprendre que là où il n'y a plus rien à tirer, rien ne sert d'attendre que les vautours se disputent les charognes ! Si la LMP ne démontre pas rapidement des signes de vigueur, elle sera morte avant le nouvel an. Et Muunilinst n'a pas à s'encombrer de cadavres politiques. »

L'image tira un rictus dédaigneux à Voyl.

« Il est vrai que les positions successives de la LMP connotent un certain... flou artistique, dit-il avec un geste évocateur, et le Clan s'est toujours demandé comment interpréter tout cela.

-Vous n'êtes pas les seuls. Le problème d'un tel rassemblement reste l'hétérogénéité de ses membres et de leurs intérêts respectifs.

-Je vous fais confiance pour savoir tirer profit de la situation. On vous a nommé pour cela, non ? »

Une façon comme une autre de rappeler que chez eux, politique et finance n'était qu'une hydre à deux têtes, et qu'aussi démocratique puisse être la République, les vieilles familles du Clan n'étaient jamais bien loin des tractations du gouvernement muun - pour ne pas dire cachées dans leurs placards. Klark eut un sourire pincé et se raidit quelque peu sous le regard inquisiteur de son aîné.

« Cela va de soi... »

Autour d'eux, les serviteurs allaient et venaient, sous l'œil méfiant de ceux qui les considéraient volontiers comme des espions potentiels. Le niveau de sécurité avait beau être à son maximum, on ne pouvait pas grand chose quant aux menaces venues de l'intérieur, surtout au sein d'un tel panier de crabes. Et bien que l'espace soit bien assez large pour eux tous, la promiscuité des groupes rendaient les tentatives de grappillage plus aisées. Une initiative très simple avait été pour Voyl de placer un petit brouilleur de sa fabrication dans la poche intérieure de sa veste. Du reste, ne pas aborder les sujets sensibles restait le meilleur moyen de les préserver, même si une telle réunion était plus que tentante pour les magouilleurs de tous poils.

A peine Klark avait-il tourné les talons pour rejoindre son groupe que les deux ombres de Clawback revenaient à lui. Certes, il n'était pas dupe : leurs oreilles étaient au moins aussi longues que les siennes, mais il escomptait que Key saurait tenir sa langue bien pendue. Ils progressèrent vers les vitres, marchant lentement en marmonnant à voix basse.

« Je dois avouer que je suis perplexe, murmura Reshord en fixant le dos de Klark,  je...

-En parhant euh LMP, rigola Key la bouche pleine, pointant la grande porte du doigt, on en voit le Hutt...! »

Les portes s'ouvrirent pour laisser passer un trio suffisamment insolite pour être remarqué : Ragda Rejliidic, flanqué de deux de ses plus proches collaborateurs, fit son entrée dans le hall, attirant à lui nombre de regards. La tenue du sénateur de Bakura était, comme il l'avait été parié en sous-main, des plus extravagantes.

« J'aurais pensé à du vert salade, plaisanta Reshord, j'aurais perdu ! J'ai bien fait de m'abstenir. »

Clawback s'abstint de tout commentaire, portant son verre à ses lèvres sans quitter le trio des yeux. Dire que le mastodonte vert restait la figure de proue de l'aile libérale de la LMP... Ce constat le laissa rêveur.

« Oh hé, Clawback ! »

La voix qui l'interpellait avec si peu de formalisme était reconnaissable entre mille, ne serait-ce que par sa puissance. Ben Doyle, rédacteur en chef du Coruscant Post, de toute son opulence corporelle, se taillait la part du lion en bonne compagnie. Autour d'eux, les invités se retournèrent brièvement, jetant des coups d'œil intrigués au responsable de ce charivari. Reshord fusilla l'humain ventripotent du regard, outré. Le sous-directeur, lui, se contenta d'un haussement de sourcil dédaigneux, tout en se resservant sur un plateau à proximité.

« Qui est cet hurluberlu ? glissa Key entre ses dents,

-Ben Doyle, répondit Voyl en terminant son verre, magnifique spécimen de la gente journalistique coruscanti. Une pointure dans son domaine, si l'on excepte sa … conception du « savoir-vivre ». Le Coruscant Post, ce nom ne vous est pas étranger, tout de même ?

-Non, répondit le sous-directeur avec un mouvement de tête agacé, mais je ne me souvenais pas de ce... Monsieur Doyle... Autant pour moi ! fit-il avec un sourire qui aurait paru sincère même à un Jedi, je ne suis pas près de l'oublier, cette fois.

-Sauf votre respect, lâcha Reshord en faisant mine de retenir son supérieur avec quelque sujet d'importance, vous tenez vraiment à tenir compagnie à cet oiseau-là ? Je ne tiens pas à endurer ses... frasques d'une bienséance douteuse.

- Laissez, coupa Voyl d'un ton impérieux en se détournant de ses interlocuteurs, inutile de s'appesantir sur le sujet. Nous ne sommes pas là pour débattre des mœurs des uns et des autres, mais pour défendre nos intérêts. Alors faisons ce que nous avons à faire. Je connais monsieur Doyle à titre personnel, ajouta-t-il à l'adresse de Reshord, de plus en plus surpris, si c'est la question que vous vous posiez. »

Leur dialogue, murmuré plus que parlé, dans leur dialecte obscur, n'avait duré qu'une poignée de secondes. Hex lâcha l'affaire, interrogatif quant au lien qui pouvait bien unir deux personnalités aussi antagoniste, et regarda partir Clawback avec un air stupéfait.
Répondant à l'invite du petit groupe occupé à se gaver, Clawback s'avança, son verre vide dans une main, l'autre dans le dos. Il n'aimait pas les voyages. Il n'aimait pas les réceptions. Il n'aimait pas discuter de la pluie et du beau temps. Il n'aimait pas l'impolitesse. Il n'aimait pas la promiscuité. Il n'aimait ni l'alcool ni le tabac. Bref, il n'aimait rien, et pourtant, il était là. Il était là parce qu'il le fallait, parce que tel était son rôle et que ce pourquoi il vivait était à ce prix-là. Sa volonté surpassait largement tout ces « désagréments », qui, au final, n'était que du vent pour tout le bénéfice qu'il pouvait en tirer. Tel un martyr silencieux, Clawback laissait couler sur lui les offenses diverses et nombreuses que le quotidien lui infligeait, avec cette impassibilité qui faisait depuis longtemps passer les siens pour des sans-cœur. Et c'est avec toute l'indifférence du monde, altier et légèrement rêveur, sous quelques regards interloqués de spectateurs surpris de le voir répondre sans broncher à cet appel digne d'un ouvrier sur un chantier, qu'il vint à la rencontre du petit cercle.

Les saluant d'une courte révérence, il fit glisser un court instant son regard d'améthyste sur les visages des fiers représentants du capitalisme galactique qui se trouvaient là. Avec l'air d'un autour se posant sur une branche en surplomb d'une confrérie de mulots en train de faire bombance, il sourit à son interpellateur ventripotent, de ces sourires rapaces accentués par sa mine naturellement lugubre.

« Monsieur Ben Doyle, du Coruscant Post... Ravi de vous savoir parmi nous aujourd'hui, le salua-t-il de sa voix posée et polie, mettant autant de bienséance dans ce salut que l'autre n'avait mis d'absence de forme dans le sien. »

Outre l'imposant Ben, le vice-directeur reconnut les figures de Trevor Makoyl, Hector Vianco et Gavor Tarlon. Le quatrième ne lui disait trop rien, jusqu'à ce qu'il aperçoive le logo discret gravé sur la broche qui maintenait le rabat de son par-dessus brodé en place.

« Messieurs. »

Il se retourna alors machinalement vers Doyle, lui qui l'avait appelé à travers la pièce, une vague interrogation dans le regard. Il dissipa d'un geste nonchalant la fumée qui le gênait, sans se départir de son amabilité de circonstance.

« J'imagine que le Coruscant Post se fait un devoir de couvrir cet évènement... historique, dit-il avec une pointe ironique. »

Derrière la douce moquerie se cachait un fond de vérité : avait-on déjà vu des auteurs de lois sociales se retrouver en face d'autant de leurs détracteurs ultralibéraux depuis près de vingt-cinq mille ans...? Voyl en doutait, bien qu'il ne soit pas historien.


--


« Mesdames, Messieurs, si vous voulez bien vous asseoir, la réunion va commencer. »

La voix, féminine et flûtée, avait couvert un temps le bruit de fond des conciliabules. Telle une institutrice sonnant la fin de la récréation, l'assistante personnelle de S'orn invita les personnalités présentes à rejoindre les rangs des sièges alignés devant l'estrade.

« Mes amis, rigola Makoyl en faisant cul-sec du cocktail qu'il lui restait, il est l'heure de notre petite dose de S'ornettes ! Bon courage à tous ! »

Le groupe éclata de rire, et Clawback parvint à sourire en ricanant quelques notes sans grande conviction.

Rejoint sur-le-champ par un Reshord resté en embuscade avec son datapad sous le coude, Clawback s'installa dans les derniers rangs, sa taille dépassant largement celles de beaucoup d'aliens et d'humains, qui se placèrent plus volontiers devant. Il ne prêta pas tout de suite attention à son entourage, occupé à dévisager S'orn qui entamait son discours avec tout le charisme d'un politicien aguerri. Ce constat lui tira un sourire en coin. Il était décidément bien loin, le temps où le neimoidien faisait la tournée des bars branchés avec sa bande d'étudiants. Lui-même avait pris un sacré coup de vieux, bien que son caractère n'ait pas beaucoup évolué avec le temps.

« Bien, je pense que nous sommes tous présent, je vous souhaite donc à toutes et tous la Bienvenue au Coronet Plaza Hôtel pour cette Réunion Patronale organisée par mes services. Je suis ravis de vous rencontrer, vous qui représentez, faut-il le souligner, les acteurs les plus importants de toute notre économie galactique. »

*Les compliments n'ont jamais fait de mal à personne, pensa ironiquement Voyl, et n'ont jamais coûté bien cher à ceux qui en abusent...*

« ...En revanche, et bien que certains le désirent probablement, nous ne toucherons PAS aux nationalisations déjà effectuées...»

Une tête se retourna, quelques rangs plus loin. Voyl ne remarqua pas immédiatement que le regard de cette personne lui était destiné. Le représentant des Banques du Noyau - dont il n'avait toujours pas retrouvé le nom - lui adressa un geste du menton éloquent, doublé d'un regard acéré. Voyl lui répondit du regard, lui signifiant qu'il n'était pas temps de mener croisade. Il ne sut pas si l'autre l'avait compris, mais se reconcentra sur Grendo et son discours.

« Si Père entendait ça... ricana Voyl à voix basse. »

Sur sa gauche, Reshord sourit en silence. Toutes les têtes tournées vers l'estrade écoutait attentivement.

« Remarquez, ce n'est pas tous les jours que l'on peut admirer une escadrille aussi extraordinaire ! C'est assez unique, comme tableau, dans le genre... dit-il en parlant des têtes dirigeantes en représentation sur scène. »

Voyl avait parlé machinalement à voix basse en se penchant à droite, la place habituelle du sous-directeur Key. Mais la silhouette, à l'extrémité de son champ de vision actuel, ne collait pas. Il eut un moment de flottement avant de se tourner vivement sur sa droite : si ce n'était pas Key, qui était donc...?

A cet instant, une voix s'éleva des rangs, une voix que Clawback reconnut avant d'avoir tourné la tête. Il ferma les yeux une seconde, consterné. Non, pas maintenant ! Imbécile ! Pas maintenant !
Son collègue des établissements du Noyau s'était levé, droit comme un i, et l'on devait avouer qu'il ne manquait pas de classe, dans son costume à la mode coruscanti.

« Mesdames et messieurs les ministres, entama-t-il avec panache, je me présente : Jameson Halister, représentant délégué des Banques du Noyau. Je me propose pour ouvrir le bal ! Et, bien que j'admire l'image d'inébranlable unicité qui se dégage de notre gouvernement en temps de crise, nul ici n'est dupe de la réalité, nous ne sommes pas entre idiots du village, c'est pourquoi je laisse volontiers la langue de bois à d'autres. Vous ne reviendrez pas sur les nationalisations ? Soit, nous aurions été bien naïfs de le penser. Les lois dictant ces nationalisations ont été prises par le Sénat qui – comme nous tenons tout de même à le rappeler, est constitué par les représentants de systèmes stellaires et de leurs habitants, et non de corporations ou grands groupes, qui eux s'étendent à une toute autre échelle et possèdent des problématiques toutes autres. Et le fait est de constater que partout, les principaux concernés par ces... nationalisations, ont été, à différents niveaux, tenus à l'écart des pourparlers ayant donné naissance à de telles mesures. Non pas que nous réfutions qu'en de telles circonstances, la République ne doive être servie par ses entreprises, mais dans les faits, le nombre d'acteurs ci-présents ayant été consulté et impliqué dans cette affaire doit tendre vers zéro ! Or, au risque de créer la polémique – il se tourna avec un grand sourire sarcastique vers le reste de la salle – je tiens à rappeler que les opinions politiques des sénateurs ne sont pas nécessairement celles des dirigeants des entreprises de leur secteur ! Ainsi, certains se sont vus contraints de céder leurs parts à la République - perdant ainsi un attrait considérable pour ceux qui, quoi que l'on en pense, représente le poumon financier d'une entreprise à l'instar de ses salariés : leurs actionnaires - là où d'autres n'ont pas eu à changer d'un iota leurs lignes de conduite. Voilà le sentiment qui étreint bien des cœurs aujourd'hui : une injustice ! Un coup de poker politique ! Et... ! Initié, soufflé au gouvernement Scalia... par qui...? »

Son regard passa successivement sur toutes les silhouettes postées sur l'estrade. Sa mine de présentateur holotélévisé propre sur lui donnait un air inquiétant à ses propos. Au fond de la salle, Clawback fixait le dos de son collègue avec un mélange de stupeur et de colère. Oh, il avait très bien deviné où il souhaitait en venir. Lui-même s'était fait la réflexion bien des semaines plus tôt...

« Par Lord Côme Janos ! Si tant est que l'on puisse encore le désigner ainsi ! »

Instantanément, le religieux silence qui avait accompagné la prise de parole de S'orn et du représentant vola en éclat, le bruit des conversations à voix basse donnant ce bourdonnement caractéristique d'une foule inquiète et en proie au doute. Le coruscanti leva brièvement les bras avant de les laisser retomber sur ses flancs, fataliste.

« Je tenais à ce que tous ici soient bien conscients de la chose ! Je n'ai plus rien à dire. »

Cette fois, le ton était ferme et glacial. A vous les studios, terminé : sa phrase avait des airs de chant du cygne.

« A quoi joue-t-il ? siffla Clawback entre ses dents, contrarié.»

En réalité, il songeait seulement que le coup était parti bien trop tôt : Halister lui sembla soudain jeune et emporté, trop sûr de lui. Même si en l’occurrence, il n'avait fait que donner un coup de pied dans la fourmilière, de rage et de dépit. Une voix un peu plus haut perchée que les autres marmonna quelque part :

« Je savais bien que ces siths y étaient pour quelque chose... J'vous dis que c'est une machination. »

Clawback se tint immobile et impassible sur son siège, une main devant la bouche, le regard noir. Il ne pouvait présentement rien faire sans désavouer celui sur qui il comptait. Mieux valait encore le silence.
Évidemment, l'homme n'avait fait que remuer la boue, mais l'effet était plutôt réussi. Dur de ramener un semblant de calme auprès des espèces les plus crédules ou superstitieuses. A trop traiter les banquiers comme des fauteurs de troubles, on finissait par réaliser la prophétie.

Ragda Rejliidic
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« Epargnez-nous les promesses que vous ne pourrez pas tenir ! » lança le Hutt en guise d'introduction, ignorant volontairement les parole toutes justes prononcées. Juché sur son chariot Répulseur, il dominait la foule. Grâce à l'électronique embarquée de celui-ci, il n'eut aucun mal à amplifier sa voix caverneuse pour supplanter les discussions causées par l'allocution du précédent intervenant. « Je veux bien croire en votre bonne foi, mais malheureusement, vous n'êtes pas le seul à décider de la politique économique du gouvernement. Il y a un Chancelier et un Vice-Chancelier au dessus de vous qui dictent la politique gouvernementale... »

*****

Quelques minutes plus tôt, autour du buffet,

« Regardez qui ose pointer le bout de son nez ! » fit soudain Termek, à demi-voix, pointant du menton le nouvel arrivant. Ragda suivi le geste... Et manqua de s’étouffer en avalant de travers une poignée de cubes apéritifs à base de poulpe cru. Alan Bresançion ! Le Vice-Chancelier en personne ! Le Hutt soupira, à la fois dépité et énervé. Il avait toujours du mal à se l'avouer... Mais il gardait une terrible rancœur envers son ancien acolyte depuis son éviction du précédent gouvernement. Maintenant que le Nubite chuchotait à l'oreille de la Chancelière, beaucoup au sein du leur regroupement hétéroclite préféraient passer directement par lui... Qu'il aille au diable ! La LMP, son bébé, semblait lui échapper lentement mais sûrement. Rien que d'y penser, il bouillonnait intérieurement. Pourtant, politicien avisé, il gardait la tête parfaitement froide. Il fit signe au Sénateur de Christophsis de s'approcher, alors qu'il se trouvait en pleine conversation avec une belle blonde à forte poitrine. Celui-ci s'excusa poliment, puis approcha.

« Vous avez vu... » Il hocha de la tête. « Il va falloir la jouer fine. Nous ne sommes pas ici pour lancer des polémiques, pour donner l'impression aux personnes les plus influentes de cette galaxie que la LMP est en proie à des crises internes. Faites bien attention à ce que vous allez dire... On ne critique que ce qui a été fait avant qu'Alan ne devienne Vice-Chancelier. Sommes-nous OK ? » Réponses affirmatives. Ragda se demandait alors pourquoi Alan s'était déplacé en personne. Apparemment Kev'lan se fit la même réflexion :

« Vous croyez qu'il est venu seulement pour mesurer le mécontentement général des grands patrons ? » Ragda secoua la tête.

« En tout cas, vu d'ici, ça donne plutôt l'impression qu'il est venu surveiller de près son Ministre. Assistons nous à une crise de confiance entre l'aile gauche et l'aide droite de l'union sacrée ? Je me demande s'il prendra la parole, au risque de saper l'autorité de son Ministre en matière économique, et de créer la polémique... »

*****


Après son entrée en matière, tous les visages se tournèrent vers lui. Bien sur, en tant que propriétaire d'un grand casino sur Bakura, le Hutt d'affaires avait tout à fait sa place dans l'assemblée... Mais chacun savaient qu'il ne se contenterait pas de représenter sa petite entreprise. Et comme pour faire échos à ces pensées qu'il devinait, il enchaîna, très critique vis à vis de la précédente allocution :

« Moi qui pensait que nous étions ici entre personnes intelligentes... Ces théories du complots sont grotesques. Des fantasmes qui nous détournent de nos vrais préoccupations ! Nous voulons des garanties, et non des promesses volatiles ! Je représente les intérêts des associés de la LMP malmenés par cette réforme. Ces nationalisations n'ont pas seulement attaquées des entreprises privées, elles ont aussi sapées, déstabilisées, des initiatives inter-gouvernementales. Je pense plus particulièrement aux moyens colossaux déployés pour moderniser et agrandir les chantiers orbitaux de Mon Calamari, dont M. Rackbarr est le Président Directeur Général... » Celui-ci reprit immédiatement la parole, comme convenu :

« Parfaitement. La Ligue des Mondes Périphérique a investi prêt d'une centaine de millions de crédits dans nos chantiers navals en orbite. » commença-t-il, d'une voix de baryton, très calme. « En échange de ces sommes, notre gouvernement, et mon entreprise, s'étaient engagés à vendre à prix préférentiels nos productions, principalement constituées de navires miniers. Capacité de production accrue, carnet de commande plein sur cinq ans... Tarifs préférentiels pour ceux ayant investis... Voilà qui devait assurer à cette entreprise une réelle utilité, une excellente rentabilité... »

« Et de son coté... » continua le Hutt. « Les mondes associés à cette initiative pouvaient user de ces vaisseaux flambant neufs pour accroître leur capacité de production minière, et faire profiter Mon Calamari de matières premières à tarif préférentiels pour ses chantiers spatiaux... Je vous parle là d'un cercle vertueux qui a été brisé par cette réforme ! Cela représente des millions de crédits de manque à gagner ! Qu'allez-vous faire pour les compenser ?! J'aimerai l'entendre ! »
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    « Disons surtout que c'est l'occasion de se taper des petits fours et du bon vin aux frais de l'Etat, aaaaahahahah! »


Ben prit le Muun par le bras et le conduisit plus avant, lui présentant rapidement Makoyl, Vianco, Tarlon et Lavron. Les quatre bonshommes saluèrent le nouveau venu, avec un brin de suspicion. Bien que l'hostilité des Muuns à l'égard des récentes nationalisations n'ait été un secret pour personne, il n'en restait pas moins que Voyl Clawback travaillait désormais pour une entreprise majoritairement détenue par l'Etat. Hector Vianco, actionnaire de la Corporation Technique Correlienne, eut un sourire mauvais.

    « C'est la République qui paye et croyez bien que je vais me gaver. Je vais leur faire payer l'équivalent de ce qu'ils nous ont pris en petits gâteaux... »


Toïd Lavron, de BiscuitBaron, pouffa.

    « Ne vous gênez pas, Hector, c'est BiscuitBaron qui a contracté avec le Coronet Plaza. »


La discussion continua sur des bêtises en tout genre. Clawback n'avait décidément pas changé. Il gardait en permanence cette tête de croque-mort morbide, et la blague de Makoyl provoqua chez lui un rire particulièrement désagréable à voir. Ca ne devait pas être drôle tous les jours d'être un Muun.

Quelques instants plus tard, l'assistante du ministre S'orn vint avertir que les hostilités allaient bientôt être lancées.

    « Il faudra que je vous reparle tout à l'heure, Clawback. En attendant, profitez bien du spectacle. »


Accompagné de Makoyl, Vianco et Lavron, le gros Coruscanti s'avança vers les places situées en première rangée. Il vit de loin son camarade Karl, en train de taper la causette à un beau brin de femme, au comptoir. Malgré sa cinquantaine d'années, Karl conservait une belle allure, contrastant avec son ami et patron. Tous deux sortis de la Financial School of Coruscant, Ben avait toujours été les méninges et Karl le beau gosse. Oh, Ben n'avait pas à se plaindre. Il s'en était tiré, des gonzesses, et s'il le fallait y restait toujours les putes. Mais Karl, lui, avait un charme singulier qui, toujours, faisait frissonner les femmes. Une belle crinière de cheveux, une barbe et une moustache poivre et sel... Ca faisait mouiller les poulettes, apparemment. Ben lui fit signe et Karl dut abandonner sa proie. Le petit groupe de six personnes vint se placer en première ligne, prêt pour la bataille. Le rédacteur en chef du Post posa son gros cul sur un siège. Deux minutes plus tard, le ministre S'orn prenait la parole devant un auditoire qui ne cachait guère son scepticisme et sa mauvaise humeur. L'arrivée du vice-chancelier Bresancion dans cette réunion avait été plutôt mal perçue. Responsable du pacte social, il semblait vouloir jeter de l'essence sur les braises. Avait-il vraiment besoin de problèmes supplémentaires? En tout cas, cela donnait l'impression qu'il fallait chaperonner le Neimodien, ce qui était finalement assez insultant envers ce dernier. La présence du chef de gouvernement en ce lieu pouvait être l'occasion pour lui de faire des promesses au patronat, afin de le calmer et le satisfaire. Mais ce pouvait être aussi le moment de déclencher des polémiques quant aux divergences politiques internes à l'exécutif. Le Vice-Chancelier Bresancion allait devoir accepter le compromis, étant à la tête d'un gouvernement de coalition. S'il voulait l'unité idéologique, il allait devoir tôt ou tard demander à la Chancellerie un remaniement, faisant voler en éclat cette fumisterie d'union nationale... Nationale... Rien que le mot faisait bondir Ben.

    « Regarde-les, Karl, mais regarde-les. Ce monde est une putain de jungle, et ce soir on saura lesquels sont les lions et lesquels sont les gazelles. »

    « Et nous on est quoi? »

    « Des hyènes, mon pote, des hyènes... Et tôt ou tard, on bouffe la carcasse du lion, comme celle de la gazelle. »


A peine le ministre eut-il fini son introduction que Jameson Halister prenait la parole. Ben le connaissait, pour avoir eu à faire plusieurs fois avec les Banques du Noyau lorsqu'il dirigeait directement les Etablissements bancaires de Telerath. C'était un con. Pour autant, son discours de parano avait le mérite d'insuffler des idées dégueulasses dans l'esprit des gens... Mais avant même qu'une réplique provienne de la petite estrade où se trouvait le Ministre du Trésor, le sénateur Rejliidic vint fermer son clapet à Halister. Bon, voilà qui était fait, et fort bien. Ceci dit, l'accusation pernicieuse du banquier restait dans les esprits. Ouais, Janos était un Sith, et un partisan des nationalisations. Le sophisme était facile à faire et, en plus, percutant. "Les nationalisations du Traître Janos" pouvaient devenir une rengaine trouble.

En tout cas, les interventions de Rejliidic et Rackbarr étaient bien huilées. Ces deux-là se connaissaient bien et avaient certainement préparé leur intervention. C'était efficace. Ben fit, ensuite, signe à l'assistante du ministre... qui vint lui apporter un micro. Ouais, valait mieux un machin pareil pour se faire entendre jusque dans le fond.

    « Vous m'connaissez, Ben Doyle, du Coruscant Post. Mais aussi actionnaire majorité des Etablissements bancaires de Telerath. »


Ouais, fallait pas l'oublier quand même. Une banque en lambeaux qu'il avait relevée tout seul, à la sueur de son front. Un pied dans les médias, un pied dans le secteur bancaire.

    « Les promesses n'ont jamais coûté grand-chose à personne. Comment pouvons-nous être sûrs que le gouvernement n'entreprendra plus de nationalisations? Le Clan Bancaire Intergalactique a été spolié, le travail séculaire des Muuns volé. Qu'est-ce qui peut m'assurer que le gouvernement n'aura pas un jour envie de bénéficier des fruits d'mon boulot? »

    « Bien vrai! » cria Makoyl.

    « Les marchés financiers n'ont pas confiance. Les indicateurs sont dans le rouge. L'inflation augmente dangereusement. Les risques de guerre sont plus grands que jamais. Les entreprises n'osent plus investir et les ménages restreignent leur consommation. Une clarification de la position diplomatique de la République est nécessaire, afin de rassurer les acteurs du monde économique. Dans le flou actuel, la machine économique tourne au ralenti et les premiers qui en souffrent sont les Citoyens que ce gouvernement prétend défendre. Les banques ont été nationalisées et tous les observateurs se demandent aujourd'hui : pourquoi? L'Etat veut-il maintenant contrôler l'épargne des Citoyens? Quant au pacte social, nous savons tous qu'il va entraîner une baisse de la compétitivité et une hausse du chômage. Etait-ce bien raisonnable d'imposer de nouvelles charges aux entreprises alors même que la situation politique globale est instable? Comment allez-vous concrètement regagner la confiance des entreprises de la République?

    Ce sont ces interrogations que j'ajoute à celles exprimées par le sénateur de Bakura... »


Comme quoi, Ben Doyle pouvait être plus acerbe que fonceur. Il savait que les dirigeants de la galaxie n'aimaient pas qu'on s'adresse à eux comme à des serveurs, quand bien même ces derniers étaient sans doute plus efficaces. Politesse, voilà ce que ces petites réunions mondaines impliquaient, mais ça n'empêcherait jamais Ben Doyle d'exprimer tout le mal qu'il pouvait penser de politiques dépassées et inefficaces, tout en posant des questions précises, en journaliste chevronné.
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Je me levais, m’appuyant sur ma canne, laquelle ne quittait jamais mon fauteuil. Je frappais deux fois le sol marbré avec force, produisant un bruit suffisamment fort pour attirer l’attention. Moi, bien sûr, un micro j’en avais déjà un, mais je ne m’exprimais quand dans le silence.
Bientôt, on entendit « Shhht, le vice Chancelier ! »

« Je vous présente mes excuses, Ministres S’orn, mais je vais devoir chausser ma casquette de Vice-Chancelier, car les questions qui sont soulevées ici dépassent de loin le cadre strictement économique… »

Je repris mon souffle, secouant la tête d’un air désolé, ou presque.

« Mes amis, grands patrons, nous avons tous beaucoup de choses à gérer, et personne n’a la capacité d’être parfait ans tous les domaines, aussi peut-être dois-je revenir sur certains points qui nous semblaient évident, tout comme vous tenez aujourd’hui à revenir sur certaines décisions que nous avons pris sur vos domaines.
Lorsque feu Valerion était en vie, nous étions dans une situation critique, relevés à peine de diverses crises, la tête dans de nouvelles. La guerre avec l’Empire battait son plein de la manière la plus négative possible : une guerre indirecte, face à un adversaire inconnu qui avait l’avantage et l’initiative.
Les décisions prises alors s’inscrivent, certes, dans une politique sociale, mais également dans l’urgence : la République avait besoin d’une production et de fonds, et ce de manière rapide, sans que cela ne puisse être sujet à questions : Artorias nous avait enseigné que nous n’étions pas prêts, et je vous l’annonce tout aussi net : nous ne le sommes pas encore.
Néanmoins le voile mystérieux qui couvrait notre adversaire et le rendait plus dangereux se lève lentement, et nous arrivons de plus en plus à estimer notre ennemi et ce dont nous avons besoin pour le vaincre.
Qu’est-ce à dire ? Que les mesures capitales d’urgence que nous avons prises ne pourront que devenir de moins en moins nécessaires, et, en conséquence, s’allègeront.
»

Il y eut quelques soupirs de soulagement, et des « Aaah ! » satisfaits.

« Je ne vous mentirais pas, je n’ai pas de dates à donner. Mais je vais vous répondre, camarades de la LMP, en vous disant que la nationalisation n’a JAMAIS été et ne sera JAMAIS une réquisition patriote. Le fait que nous soyons devenus actionnaires majoritaires nous permet de réguler la monnaie et de faire entendre les besoin de notre effort de guerre. Mais l'argent qui a été investi ne sera pas rendu, non : il portera les fruits que vous espériez lui faire porter, vous aurez les retours et les interêts, ce n’est que justice. La République doit survivre, elle ne survivra pas si elle vampirise et spolie ses citoyens.

Comme vous pouvez voir, ces mesures d’urgences doivent sauver la République, pas la couler. Et ceux qui voient là une manigance de Janos doivent avoir des informations que nous n’avons pas, et seront priés de se présenter au plus vite aux autorités compétentes pour se faire entendre. Janos a joué un rôle, mais en aucun cas il ne fut l’instigateur de la refonte militaire et économique qui préparera la République à résister.
Et je vous assure que ces mesures, nous les savons DRASTIQUES et nous les voulons TEMPORAIRES. Mais qui, ici, osera me dire que nous pouvons repousser l’Empire avec un bâton et des insultes, sans production ? Ma réponse est la suivante : nous comptons nous adresser aux chantiers de Mon Calimari pour faire construire des bâtiments en plus de nos chantiers classiques. Nous ferons marcher l’industrie, certes oui, et vous pouvez donc être rassurés pour vos fonds, il seront utilisés et porteront leurs fruits !
»

Un sourire se dessina sur mes lèvres, d’ailleurs.

« Car c’est bien de production dont il s’agit. La guerre, soyons précis, n’a rien d’enchanteur. Néanmoins, la République, en plus d’être votre principale actionnaire, sera votre principale cliente, avec une demande qui sera plus que prolifique. Tous ici savent que maintenir un front demande beaucoup de logistique, et vous savez tous que c’est auprès de vous que l’on passera ces commandes. Ce que j’ai à faire pour regagner la confiance des entreprises ? Si elles voient aux longs termes, elles sauront aussi bien que je le sais que l’ingérence républicaine ira décroissante alors que les intérêts, eux, ne cesseront de grimper. Vous vouliez des garanties ? Je vous offre l’Empire ! »

Cette funeste vérité fit agiter des séants mal à l’aise. Il était idiot de penser que cette guerre, tant qu’elle durerait, allait produire des demandes, et donc des offres, colossales, tout comme il était idiot de croire que la République voulait devenir un état totalitaire : seul un imbécile pouvait croire que c’était notre volonté, et il fallait bien être terminé au chalumeau pour craindre que ce soit même possible.

« Nous avons été forcé de prendre des garanties, ces garantie sont les nationalisation, et ces nationalisations nous permettent d’avoir une gestion quasi parfaite de notre monnaie et des grands axes de production de guerre. Vous pouvez croire que je suis issu d’une conspiration Sith, et que je m’échine à saborder ma propre patrie. Ou vous pouvez vous rendre compte que les mesures que nous avons prises détruisent tous les risques de sur-réaction des marchés. L'inflation est une fable locale, qui est éphémère, Mr Doyle. Notre système, grâce à cela, nivelle vers le bas vos rentes, mais face à cette menace qui était sibylline, notre système est surtout en béton. Mais je maintiens que chaque investissement sera pris en compte : nous sommes en droit de vous demander, comme à tout citoyen, de vous serrer un peu la ceinture, pas de vous spolier. »

Je levais une main, indiquant que je n’avais pas terminé. De fait, par sa complexité, la République ne pouvait PAS subir une inflation à un niveau fédéral, et quand même se fut le cas, il était impossible que cette inflation soit dangereuse au vu de ces nationalisations, justement.

« J’espère que vous aurez compris qu’en plus de vous couter peu, au final, la défense de la République vous rapportera, au final. Je suis navré d’avoir à insister sur ce point, mais cette solution représente un devoir civique, garant des droits dont vous jouissez et dont, pour ceux qui seront sourd à cet argument, vous jouirez bientôt à nouveau. Pour ce qui est de notre politique.. Vous aurez compris que nous sommes à dominante sociale. Mais l’âme même de ce symposium est bien de signifier que nous ne sommes ni sourds, ni aveugles. Nous avons conscience que le Pacte s’ajoute à une politique dure et sèche, c’est pourquoi nous sommes parfaitement disposés à rediscuter ce Pacte qui, sans perdre les fondements même de son essence, peut-être remanié dans beaucoup d’endroit à nos avantages collectifs. »

Grendo S'orn
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Il le savait, il s'en doutait, il l'avait même prédis, l'indignation des patrons était grande. A peine leurs avait-il donné la parole que plusieurs d'entre eux s'étaient empressés d'exprimer leur mécontentement par rapport aux dernières réformes du Gouvernement. Les Nationalisations, voilà le premier sujet de discorde. Pourquoi avait-il débuté la réunion par un tel sujet si il connaissait les réactions virulentes de certains ? Peut-être un moyen efficace de semer la zizanie dès l'introduction ...

« Messieurs, calmez-vous ! Je vous demande de vous calmer, s'il vous plait ! SILENCE ! » cria Grendo sans réel succès face à ces nombreux représentants d'entreprise. Comment pouvait-il leurs en vouloir ? Ils avaient tous raison, il le savait, si il n'avait pas rejoint le Gouvernement récemment, il aurait été parmi eux à crier au scandale face à cette politique décadente qui bafouait les fondements même du libéralisme. Comment lui pouvait-il l'accepter ou même le tolérer ?

« Monsieur le Vice-Chancelier souhaite s'exprimer, s'il vous plait un peu de calme ! » ajouta-t-il avant de se rassoir aux côtés des différents Ministres. Ses mains jointes sous la table dans une ultime tentative pour empêcher ses doigts de trembler, le Neimoidien resta silencieux écoutant attentivement l'intervention de son supérieur. Il aborda point par point les différentes positions du Gouvernement, des Nationalisations évidemment en passant par le Pacte Social qui pouvait être modifier dans une certaine mesure, sans oublier la présence d'un ennemi terrifiant que certains oubliaient trop facilement et dont il fallait se défendre en cas d'attaque : les sith.

Grendo resta là, silencieux, les yeux braqué vers l'assemblée. Certains semblaient soulagés par l'intervention du Vice-Chancelier, d'autres au contraire ne l'étaient pas du tout le fusillant du regard. Il n'avait qu'une envie c'était d'aller trouver refuge dans la chambre de gestation de sa mère et en refermer soigneusement derrière lui le rideau d'occultation. Surtout aujourd'hui ! L'issue de cette réunion patronale risquait de se faire entendre à l'autre bout de la galaxie, il devait à présent choisir quel était son camp. Celui des Patrons auquel il faisait partie depuis de nombreuses années ou celui du Gouvernement Républicain dont il était si fier d'être le nouveau Ministre du Trésor et de l'Economie ? Les deux possibilités se plaçaient sur un pied d'égalité et présentaient les mêmes dangers. Le pire cauchemar pour un Neimoidien, une situation de laquelle il était quasiment impossible de s'extirper. Grendo baissa les yeux et constata qu'il était en train de se tordre les mains nerveusement quand le discours du Vice-chancelier prit fin.

« Chers amis libéraux, l'heure n'est pas au conflit. Je conçois parfaitement que nombreux d'entre vous soient en colère face aux récentes réformes sociales de ce Gouvernement. Mais la Galaxie a les yeux tournés vers vous aujourd'hui, nous sommes tous ici pour trouver des solutions aux différents problèmes qui se sont posés. Alor ... » dit-il avant d'être interrompu soudainement par un humanoïde à la peau bleu apparemment en colère.

« De belles paroles ne remplaceront jamais de vrais actes Ministre S'orn. Malgré tout le respect que je vous dois, j'aimerais vraiment savoir ce que le Gouvernement vous a offert en contrepartie de votre soutien, vous un libéral de pure souche ! Un homme qui a voté en son âme et conscience en faveur du pacte social qui risque de tous nous mettre sur la paille. Alors Monsieur le Ministre je vous le demande, êtes-vous corrompu ou tout simplement inconscient ?! »

Attaqué personnellement, le Neimoidien venait d'être touché directement dans sa fierté. Impossible pour lui de ne pas répliquer à de telles critiques mais il devait rester sur ses gardes et surtout garder son sang froid.

« Lorsqu'on désire prendre la parole au sein d'une réunion, il est de coutume de se présenter devant toute l'assemblée, qui êtes-vous cher monsieur ? » demanda-t-il en essayant d'apercevoir distinctement l'humanoïde dans le fond de la salle qui se leva lentement.

« Dardo Vrat, président de la Guilde Duros monsieur le Ministre. » et soudain il l'aperçu, lui, son principal et unique rival de la planète Duro. Le seul qui risquait de faire de l'ombre à S'ornPharma Corp dans cette partie de la Galaxie. Les deux hommes se toisaient mutuellement du regard.

« Vous êtes bien placé pour le savoir Ministre S'orn, la concurrence entre entreprises est de plus en plus présente au sein de la galaxie. Chaque jour des millions de sociétés voient le jour tandis que d'autres disparaissent peu à peu avant de sombrer définitivement dans l'oubli. La faillite, voilà ce qui risque d'arriver à de nombreuses petites et moyennes entreprises devant se mettre aux normes du Pacte Social. Les grandes entreprises ont largement les moyens de financer de telles mesures malgré leurs dires mais quand est-il des autres ? » de tout son être, S'orn le détestait, lui ce misérable Duros accompagné de deux de ses congénères. Dardo Vrat avait oeuvré toute sa vie pour relever l'économie de sa planète en tentant de financer l'installation de fermes et d'industries sur le sol de Duro. Un pari risqué lorsqu'on sait que la plupart des habitants préféraient habiter au sein des stations orbitales aux alentours.

« Monsieur Vrat, nous sommes ici, je le répète, pour trouver des solutions. Et je ... »

« Une déréglementation entourant le temps de prestation du travail ! » plusieurs personnes dans la salle appuyèrent la proposition tandis que d'autres chuchotaient à leurs voisins. Grendo observa un instant l'assemblée avant de répliquer.

« Première proposition, prenez note Mademoiselle Ornfray ! » répéta-t-il à son assistante à ses côtés.

Voyl Clawback
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Alors qu'ils se séparaient pour rejoindre leurs places, Doyle retint Clawback quelques secondes, et lui dit d'un air conspirateur :

« Il faudra que je vous reparle tout à l'heure, Clawback. En attendant, profitez bien du spectacle. »

L'intéressé haussa légèrement les sourcils, mais acquiesça silencieusement, confirmant ainsi qu'il acceptait la proposition. Il ne savait pas ce que lui valait cette petite demande, mais Ben Doyle restait un vieil ami... Fantasque, mal dégrossi et particulier, mais un ami tout de même, ce qui était fort rare.

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La réunion se poursuivait et les esprits s'étaient échauffés, prêts à débattre. L'intervention du Hutt sur son chariot avait détourné l'attention portée au coruscanti, qui avait observé le gastéropode avec une moue sarcastique. A côté de son oreille, le petit bruit des doigts de Reshord qui tapaient à toute allure sur son datapad pour prendre note le berçait presque. Mais son esprit était clair malgré la fatigue et fonctionnait à plein régime.

" ...Le fait que nous soyons devenus actionnaires majoritaires nous permet de réguler la monnaie et de faire entendre les besoin de notre effort de guerre. Mais l'argent qui a été investi ne sera pas rendu, non : il portera les fruits que vous espériez lui faire porter, vous aurez les retours et les intérêts, ce n’est que justice. La République doit survivre, elle ne survivra pas si elle vampirise et spolie ses citoyens. "

Clawback renifla d'un air légèrement méprisant : il n'y croyait pas le moins du monde. Bresancion était une figure atypique du monde politique, une figure qu'il connaissait très mal au demeurant, ayant toujours eut affaire à Rejliidic, de l'aile droite. Mais le mouton noir de la LMP avait visiblement très vite appris les codes du monde dans lequel il avait mis les pieds. Voyl n'aimait pas la politique, et il savait bien pourquoi : de beaux parleurs, de fieffés menteurs - dont le neimoidien n'était pas non plus en reste, à ses heures perdues - et d'incorrigibles passeurs de brosse à reluire. Tout ça pour ne rien faire de ce qu'ils promettaient à qui voulait l'entendre. Les banques avaient été nationalisées, et si l'union sacré voulait chanter le contraire sur tous les tons, les nationalisés avaient vite compris que le gouvernement avait la ferme intention de détourner tout leur travail au profit des réformes en toute légalité. Les muuns, pas plus que les coruscanti, ne verraient la lueur du moindre crédit.

"... J’espère que vous aurez compris qu’en plus de vous couter peu, au final, la défense de la République vous rapportera, au final. Je suis navré d’avoir à insister sur ce point, mais cette solution représente un devoir civique, garant des droits dont vous jouissez et dont, pour ceux qui seront sourd à cet argument, vous jouirez bientôt à nouveau..."

Tout cela était bien joli, dégoulinant de bonnes intentions et mièvre à souhait, mais tous ces mignons oubliaient un léger détail. Comme toujours, un détail qui arrangeait bien du monde, mais que lui et tous ses pairs ne pouvaient tolérer.

« Chers amis libéraux, l'heure n'est pas au conflit. Je conçois parfaitement que nombreux d'entre vous soient en colère face aux récentes réformes sociales de ce Gouvernement...»

Grendo S'orn avait quelque chose de pitoyable à cet instant : l'image d'un capitaine de navire en perdition face aux vagues traitresses. Une image dérangeante pour Voyl, de voir cette vieille connaissance libérale dans l'âme s'adonner à un tel exercice... Et pourquoi, au juste ? Quel intérêt méraitait que l'on renie ainsi ce en quoi l'on croyait ? C'était absurde.
L'heure n'est pas au conflit ? Alors que devaient-ils faire ? S'aplatir ? Courber docilement l'échine ? C'était mal les connaître.
Les entrepreneurs étaient traités de profiteurs, et les banquiers de voleurs sans scrupules. Mais c'était oublier que derrière le CBI, se tenait toute une planète qui, depuis plus de vingt-mille ans, garantissait avec zèle la continuité et la stabilité monétaire de tout l'espace républicain ! Une chose que Clawback avait le devoir de rappeler. Et pour cela, il allait se mouiller, une fois n'était pas coutume. Il s'était décidé lorsque Doyle eut fini de parler. Cependant, une nouvelle intervention lui fit reporter sa prise de parole au tour suivant.

Lorsque le duro finit d'interpeller le ministre dans sa tirade agressive, le muun attendit quelques secondes, durant lesquelles la petite neimoidienne prit note de ce qui venait d'être dit. Puis, attirant les regards de ceux près de lui, il se leva lentement, en prenant soin de ne pas se coincer les vertèbres dans cet exercice périlleux. Debout, il toisait les représentants d'état droit dans les yeux malgré le fait que ces derniers aient été surélevés sur leur estrade.

"Ah, les grands prêtres de la finance vont nous donner leur sermon du jour, fit quelqu'un à mi-voix d'un ton moqueur,

-On enterre qui aujourd'hui ?

-Les banques, faut croire !

-Héhé."

Clawback ignora les gloussements dans les derniers rangs pour se tourner vers l'estrade avec un léger raclement de gorge, l'air grave.

"Mesdames et Messieurs les ministres, membres du gouvernement, chers concitoyens."

Pour ne pas manquer à la règle immuable des présentations néanmoins, il inclina légèrement la tête :

"Voyl Clawback, en sa qualité de représentant du Clan Bancaire Intergalactique. Je souhaite revenir sur un point qui selon moi n'a été que très succinctement évoqué et mérite que l'on s'y attarde. "

Sa voix était claire malgré son nasillement prononcé, il détachait les syllabes en une élocution lente et métronome, d'une voix monocorde qui achevait de le rendre sinistre. Sa main droite soutenait son propos tandis que l'autre, invisible depuis l'estrade, soutenait son dos douloureux.

Il jeta un rapide regard à Grendo derrière son pupitre, puis passa successivement les visages des acteurs présents.

"La République est endettée. La République est endettée à hauteur estimée de la modeste somme de quatre-cent milliards de dataries pour la nouvelle année standard... Une broutille, fit-il, ironique et pince-sans-rire. "

La voix de Rejliidic avant roulé comme le tonnerre tant sa puissance pouvait être grande, celle de Ben avait sonné comme un coup de clairon dans le micro, celles de Grendo et d'Alan s'étaient octroyées le silence de par leur position et leur charisme.
La sienne, grave et terriblement calme, presque détachée, serpentait dans les basses comme un reptile au gré de ses intonations.

" Et vous souhaitez des solutions ? Laissez-moi simplement vous rappeler à tous le sens premier de ce dont nous parlons. Une solution au sens mathématique du terme est un objet ou un corps d'objets permettant par leur valeur associée dans chaque dimension d'équilibrer les deux côtés d'une équation. Au sens commun du terme, on peut ramener cela à "toute action permettant de surmonter un problème établi." "

Trivial... les prenait-il pour des simplets ? Son index se leva pour interdire les rigolos d'y croire : la démonstration n'était pas terminée, loin s'en fallait.

"Les coûts engendrés par les réformes souhaitées par la Chancellerie et le Sénat sont conséquents, pour ne pas dire énormes. Ce que l'exécutif a voulu contrebalancer par des nationalisations Des nationalisations qui vont nous coûter également ! On ne remplit pas une caisse vide avec des dépenses supplémentaires. C'est une aberration. "

Il balaya l'assemblée devant lui d'un revers de bras expressif.

"Les chiffres annoncés récemment par le gouvernement galactique ne vont pas dans le sens d'un rééquilibrage budgétaire. Il est demandé aux entreprises, aux institutions financières et économiques de l'espace républicain de "faire des économies" ? Commençons donc par vider les ministères et les administrations de tous ceux qui n'ont rien à y faire ! Nous éviterions très certainement des déficits aussi monstrueux ! Dérèglementez donc le temps de travail, cela fera très certainement le plus grand bien aux PME croulant sous les charges- il désigna vaguement le duros de la main - dérèglementez ou règlementez qui ou quoi que vous voudrez ! Cette équation n'a aucune solution. Parce que la trésorerie ne peut pas suivre. C'est aussi simple que cela. On ne fabrique pas de l'argent avec une planche à crédits, comme certains aimeraient à le croire. Sauf si l'on désire faire s'écrouler l'économie. Or, je suis au regret de vous annoncer que mon peuple, pas plus que les autres, ne permettra que cela advienne, aussi longtemps les mondes seront-ils souverains sur leur propre sol. "

Il n'avait pas haussé le ton, mais ses consonnes s'étaient durcies, laissant transparaitre la colère qui était présentement la sienne. Le défaut de beaucoup de politiques, y compris de grands managers faisant sous-traiter leur comptabilité, était de penser que les banques pouvaient créer des fonds à partir de rien, dès que cela leur chantait ou presque. Mais les mécanismes de l'économie reposaient avant tout sur des principes d'équilibres très stricts, au niveau des flux monétaires mais aussi de valeur : il fallait que l'équation soit équilibrée. Or, à trop tirer d'un côté, on faisait fatalement s'écrouler l'édifice. Renflouer à coup de monnaie fraîche était courir droit dans un mur, car dès lors, c'était la valeur qui s'effondrait. Rien que d'y penser, Clawback faisait des bonds.

"Vos paroles sont justes, monsieur Bresancion, et je ne pense pas trop m'avancer en disant que nous avons ici tous conscience que tout est toujours affaire de compromis. Cependant, qui dit compromis, dit tentative de trouver le juste équilibre : ce qui est jusque-là timidement évoqué en demi-teintes dans tout ce qui nous a été présenté. Belle initiative ! Mais ce ne sont, justement, que des paroles. Le Pacte Social, lui, est une chose concrète mise sur le papier. L'Empire, à moins que nos militaires en sachent bien plus que nous, est toujours une menace bien présente, et non un nouveau marché prometteur, à l'heure actuelle. Vous jouez un jeu bien dangereux à vendre la peau du rancor avant de l'avoir tué... "

Il détacha son regard du naboo pour le reporter sur Grendo, puis sur le reste de l'estrade.

"Aucun gouvernement n'a jamais été avare en promesses, non. Mais ce que nous voulons tous aujourd'hui, ce sont des faits. Des actes. Et non seulement nous n'en avons pas, mais les décisions prises dans l'urgence pour palier à une crise majeure restent bancales et précaires. "

La dernière syllabe, heurtée, presque agressive, tomba dans un silence qui se fit hanter bien vite par de nouvelles rumeurs diverses et nombreuses. Voyl reprit son souffle pour éviter une sale quinte de toux. Il reprit avec un nouveau geste de la main.

"Nous ne pouvons pas tolérer d'être tenu garant d'une dette impayée, par ce qui s'apparente à une mise sous tutelle du débiteur justement concerné ! Tant l'organisme que je représente, que n'importe quelle banque de cette galaxie, digne de ce nom ! Cela est contraire à nos règles ! Sinon, qui pourra se targuer de demander au citoyen lambda de rembourser ses emprunts, si la République elle-même ne le fait pas ?! Les autorités compétentes ne sont-elles pas sensé donner l'exemple ?"

Un signal terrible pour une population civile qui aurait tôt fait de mélanger les évaporateurs et les turbines à gaz. Voyl tendit sa main gauche vers Reshord et se dernier y déposa son datapad.

"Cependant, bien que nous critiquions vivement la façon dont ces négociations sénatoriales se soient faites, nous ne sommes pas une joyeuse compagnie d'empêcheurs de tourner en rond qui ne fait que ronchonner sans agir. Des solutions, il y en a oui, sous les conditions des hypothèses formulées précédemment. A commencer par celles que nous avons pris soin de décrire dans le présent document, issu des calculs réels et prévisionnels de nos services, faits à partir des données de nos établissements, de celles des autres établissements républicains et des chiffres officiels communiqués par le gouvernement. "

Déjà, quelques grimaces apparurent sur les visages : tout le monde s'attendait à un long et pénible exposé tel qu'il savait en faire, pour démontrer par a plus b au carré que la solution en question était la bonne. Clawback pianota une seconde, avant de garder l'objet bien en évidence devant lui et de reprendre pour conclure, au soulagement général :

"Si certains d'entre vous souhaitent les consulter, nous les laissons à votre entière disposition. Nous ne tenons pas à monopoliser le temps de parole. Mais pour ce qui est des grandes lignes, l'indépendance de la Banque Centrale Républicaine serait un gage de régulation des flux au niveau gouvernemental, et nous la réclamons ! Une garantie de transparence quant à l'utilisation de l'argent public n'est pas de trop dans le contexte actuel. Ensuite, une réévaluation substantielle des taux d'intérêts sur les prêts à long terme et une renégociation de la règlementation de ces derniers, visant notamment à garantir les fonds de nos clients en cas de trop forte demande des organismes publics. Si la République veut pourvoir à ses chantiers, elle doit s'en assurer la possibilité. Voilà pour les deux grandes lignes que nous souhaitions tracer. "

Quelques regards surpris le dévisagèrent, d'autres ne cachèrent pas un certain mécontentement suite à la dernière proposition. Il attendit une seconde, fermant les yeux pour reprendre son souffle, alors que ses lèvres se desséchaient d'avoir parlé d'une seule traite.

"Merci de votre attention. "

Et, se courbant pour se rasseoir au dernier rang, Clawback remarqua que l'un des sièges sur le côté était vide. Mais impossible de mettre une tête sur la personne manquante. Étrange. Il se rassit, et instantanément, Reshord y alla de son commentaire à mi-voix :

"Vous pensez que cela sera suffisant ?

-Non, répondit Voyl du tac au tac, bien sûr que non. Mais il faut bien commencer quelque part, vous ne croyez pas ? Et on ne gagne pas une bataille en lançant toutes ses troupes lors d'une première escarmouche. Laissons ces messieurs discuter leur affaire "

Il se passa une main lasse sur le visage.

"Faites-moi penser à décaler le rendez-vous de trois heures dix. Je pense qu'il serait présomptueux de ma part de me croire capable de négocier dans un tel état de fatigue. "

Voyl croisa les bras et suivit les réactions et les nouvelles interventions avec un détachement total, autant par lassitude que par flegme très naturel. Après tout, personne n'était dupe, non ?
Ragda Rejliidic
Ragda Rejliidic
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Une terrible envie d'étrangler Alan de ses petites mains ridicules étreignit soudain l'énorme Hutt.

Une pulsion morbide née de la sensation de se trouver dans une situation impossible, inextricable. Alan pouvait bien penser ce qu'il voulait, Ragda s'en foutait royalement... Mais que les convictions de l'unijambiste le place face un dilemme aussi douloureux le rendait irascible. Car tel était le dilemme : critiquer Alan et plonger la LMP dans une crise interne... Ou bien se taire et laisser cet homme insulter ses convictions personnelles, pourtant admirablement défendues par les quelques intervenant ayant osés prendre la parole. Devait-il se taire et laisser les autres parler à sa place ? Rah, ça l'agaçait ! Que faire ? Que dire ? D'autant plus que l'ancien chirurgien n'était autre que le dernier représentant de la LMP au sein de l’exécutif... Ce qui le rendait terriblement influent au sein de son propre parti. Influent, et donc dangereux.

Pour toutes ces raison le Hutt s'intima l'ordre de garder de ne pas intervenir, alors que toutes les cellules de son corps criaient au scandale, intimement convaincu que les réformes entreprises par le gouvernement ne pouvaient qu'être sources d'instabilités et de conflit. Il rejoignait le chroniqueur Doyle sur l'état déplorable des indicateurs économiques ! Comment en aurait-il pu être autrement ? L'économie, la bonne santé des marchés financiers, reposait sur une seule ressource devenue rare ces derniers temps : la confiance. Sans confiance pas d'échanges, pas d'investissements, pas d'accords commerciaux. Il fallait soit être stupide soit être honteusement malhonnête pour ne pas reconnaître la situation dramatique dans laquelle se trouvait la République depuis la résurgence de l'Empire Sith :

Débâcle d'Artorias, capture du chancelier Arnor, rétrocession de mondes républicains à l'Empire, échec cuisant des négociations sur Flydon Maxima... Les événements sur Byss n'avaient été qu'une insulte de plus... Puis il y avait eu les révélations incroyables du Lord Janos, l'assassinat du Chancelier Suprême Scalia, le suicide de Keyïen... A croire que la République était abonnée à l'échec dès qu'un conflit l'opposait à son terrible adversaire.

Comment, dans ces conditions, pouvait-on encore penser que l'économie n'était pas au bord du gouffre ?! Il fallait regarder la vérité en face ! La République s'effondrait de jours en jours, tout comme le moral et la confiance des citoyens. Pourtant, pour avoir tenu les rênes des finances pendant ces années sombres, Ragda savait très bien que les équipes expérimentées du Ministère de l’Économie travaillaient s’arrache-pied pour trouver des solutions palliatives. Des solutions à court terme qui avaient évités jusqu'à présent une banqueroute totale, tels des pansements sur une plaie ouverte qui évitaient de perdre trop de sang en attendant les sutures... Sauf que ces sutures n’arrivaient que trop tardivement, adoptant la forme surprenante d'un pacte social et de nationalisations... Des choix discutables, presque expérimentaux, qui ne manquaient certes pas d'audace, mais dont les retombées à moyen et long terme lui paraissaient floues. Totalement floues. Même une calculatrice sur patte comme Voyl ne pouvait prédire les conséquences de tels changements avec certitude. Pour dire.

Un pari. Voilà comment le Hutt considérait les choix de l’exécutif : un pari. Quitte ou double. Autant le concept excitait le Hutt lorsqu'il s'agissait de jouer au sabaac... Mais lorsqu'il était question de l'économie Républicaine dans son ensemble, il frissonnait d'inquiétude.

« Le mot clé, c'est confiance. » lança-t-il finalement à la cantonade, usant de sa voix puissance pour reprendre la parole. Le Muun venait de terminer son discours technique, offrant un silence méditatif dans lequel la limace s'engouffra immédiatement. « Sans confiance, jamais notre économie de recouvra un réel second souffle. Soyons franc et honnête entre nous, quelque soient nos étiquettes : l'économie galactique est sous perfusion depuis plusieurs années... Et je sais de quoi je parle. » Voilà qu'il s'essayait à un nouveau rôle  : celui du médiateur. Puisqu'il ne pouvait ni critiquer les paroles d'Alan, ni contredire celles des autres intervenants sans aller contre ses propres convictions, il ne lui restait plus que l'option du compromis. Calmer les esprits, faire appel au bon sens, et se placer comme un acteur qu'aucun des deux « camp » ne prendrait pour son ennemi.

« Quoi que l'on puisse penser du pacte social ou des nationalisations, ces réformes ont le mérite de tenter de remédier à une situation d'instabilité qui dure depuis déjà trop longtemps, faute d'un exécutif fort et volontaire. Maintenant, et je pense que mes confrères chef d'entreprise ici présents me rejoindront, il faut aller plus loin que les promesses et les discours. Je le répète : la clé, c'est la confiance. Il faut que la Chancellerie s'engage, qu'elle écrive noire sur blanc tout ce qui vient d'être dit aujourd'hui. Il faut que l’exécutif fasse preuve de transparence, qu'il nous présente ses projets à plus long terme puisque ces mesures sont présentées comme temporaires. Il faut nous montrer des prévisions réalistes, qu'on nous présente les plans « B » au cas où les réformes entreprises n'apporteraient pas les résultats escomptés. »

Parmi l'assemblée ne se trouvait aucun idiot, aucun simple d'esprit. Ces hommes et femmes avaient parfaitement compris que le gouvernement ne ferait pas marche arrière pour leurs beaux yeux. Là n'était pas la question... Il demandaient naturellement des garantis, à partager une vision de l'avenir qu'ils puissent confronter à la leur. C'était parfaitement compréhensible.

« M. Clawback a aussi relevé un point qui me semble important. La confiance n’exclue par le contrôle. Même nationalisées, les banques ne doivent pas devenir des boites noires aux mains des seules institutions. Qui sait quelles dérives pourraient naître d'une telle situation ? Non, il faut qu'une commission de contrôle, extérieure au gouvernement, indépendante, soit en mesure de suivre l'usage dont fait l’exécutif de ses nouvelles acquisitions. Nous avons le droit de savoir, chaque citoyen a le droit de savoir. Je pense que cela rassurera tout le monde, et ira donc dans le sens de cette confiance qui nous manque tant aujourd'hui... Confiance qui une fois recouvrée, sera le ciment de nos relations à venir. »

Et même s'il ne l'avait pas dit ouvertement, une telle commission aurait un rôle de donneur d'alerte en cas d'échec ou d'abus. A vouloir jouer avec les économies des citoyens, le gouvernement risquait gros en cas de loupé. Alors autant s'assurer que cela n'arrive pas à l'insu du plus grand nombre. Sur ces belles paroles, le Hutt referma son énorme gueule, toisant du haut de son chariot répulseur les dizaines de paires, ou triplettes, d'yeux tournés vers lui. Il était assez satisfait de sa prestation... Sans contredire Alan ou les réformes portées par son gouvernement, il venait de donner raison aux craintes de Clawback, tout marchant dans les pas de Doyle et de ses questionnements. Un exercice de funambule finalement des plus stimulants.

Son regard se reporta ensuite sur le Neimoidien, en haut de l'estrade. Ragda se souvenait pratiquement de chaque mot échangé lors de leur dernière rencontre au restaurant du Sénat. Alors, il l'avait « taquiné » sur les raisons qui avaient pu pousser un libéral convaincu à accepter une place parmi un gouvernement tourné vers une forme moderne d'humanisme. A cet instant, alors que son regard croisait le sien, le Hutt pu lire ce qu'il pris pour de la frustration. Tel était son fardeau : fourmiller d'idées et d'envies qui seraient inévitablement bridées par ses supérieurs, au nom d'une cohérence idéologique. A cet instant, il n'enviait pas sa place...

Finalement, vu la conjoncteur, ce n'était pas une si mauvaise chose d'avoir été viré du Ministère de l'Economie et du Trésor... A coté de lui, ses deux accolytes restèrent silencieux. Peut-être avaient-ils était impressionnés par les paroles du Hutt... A moins qu'ils ne redoutaient l'inévitable réaction des autres participants. A vouloir jouer sur plusieurs tableaux, on pouvait tout aussi bien devenir l'ennemi de tous...
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Le spectacle qui s'offrait à Ben ainsi qu'à tous les invités de cette réunion était assez navrant. La venue du Vice-Chancelier Bresancion avait jeté une ombre sur cette conférence et, rapidement, les craintes du rédacteur en chef du Post s'étaient confirmées. Le sénateur de Naboo ne s'était pas présenté sur Corellia pour apporter des garanties concrètes aux patrons. Certes, il ne les insultait pas non plus. Mais il élevait au rang d'art la langue de bois, peu appréciée d'un patronat préférant le tangible à l'abstrait.

Et puis, malgré l'absence d'agressivité dans le ton utilisé par le Chef du gouvernement, l'usage de certains termes laissaient entendre une forme de mépris ironique à l'encontre des invités, et une forme peu justifiée de contentement de soi. Commencer par "mes amis, grands patrons", venant d'un promoteur des syndicats, c'était sans doute la meilleure manière d'hérisser le poil de l'élite économique peuplant cette belle salle du Coronet Plaza Hotel.

Pour Ben, le problème majeur n'était pas tant le recours à des termes inadéquats, que l'argumentation en elle-même du Vice-Chancelier. Soutenir que le pacte social et les nationalisations avaient été prises sous prétexte d'urgence, c'était assurément faux. L'arrêté de la chancellerie suprême avait été pris suite au premier conseil des ministres de la chancellerie Scalia, dans une situation géopolitique incertaine, mais dans une situation politique interne stabilisée. La restructuration des entreprises en grands pôles d'entreprises publiques montrait bien que le but politique portait sur le long terme. Quant au pacte social, il avait certes été voté à la suite de la mort du Chancelier, mais il ne s'agissait que d'inscrire dans le marbre ce qui avait déjà été approuvé en conseil des ministres. Et toutes les personnes réunies ici ne le savaient que trop bien : maintenant que le pacte social avait été voté, il serait quasi impossible de revenir dessus. Même si un gouvernement libéral arrivait au pouvoir, il pourrait difficilement attaquer de front une législation soutenue par les syndicats de toute la République. Seuls les libéraux les plus extrémistes soutenaient l'abrogation de la loi. Les réalistes entendaient avant tout obtenir des compensations, une position plus raisonnable et dont la mise en oeuvre était crédible.

Surtout, le Vice-Chancelier se positionnait de façon ambigüe vis-à-vis de la guerre. Quelques jours plus tôt, la Chancelière avait affirmé son désir de maintenir la paix avec l'Empire. Le sénateur Bresancion n'avait jamais tenu une autre ligne que celle-là. Or, le voilà qui venait "offrir l'Empire" au patronat, ce dont ce dernier n'était aucunement demandeur. Trevor Makeyl, actionnaire d'Arakyd Industries, avait bien souri de plaisir en entendant une éventuelle guerre avec l'Empire. Son entreprise y avait tout intérêt, mais pour le reste... L'idée de Bresancion était incertaine et contradictoire avec ses précédentes déclarations.

Toïd Lavron, de BiscuitBaron, à la gauche de Ben, se pencha vers lui et murmura.

    « Se serrer la ceinture.... Il en a de bonnes, lui. Le secteur bancaire a été spolié, la production navale nationalisée... Et en plus de ça ils nous taxent comme jamais. »


Référence à l'impôt sur les grandes fortunes, qui amenait désormais 450 milliards de crédits dans les caisses de la République. Ce qui n'empêchait pas un déficit annuel de 400 milliards...

    « Mmm... Vous êtes riche, Toïd. Ce qui vous rend coupable d'un crime, pour nos braves dirigeants. Ils n'ont jamais entendu parler de la théorie du ruissellement. »


Le gros journaliste prit une cigarette et l'alluma, exaspéré et peu soucieux du règlement. De toute manière, il n'était pas le seul à qui les paroles du Vice-Chancelier avaient donné envie de nicotine. Une moue sceptique fut la seule réponse aux propos du Naboo sur l'inflation. Ce n'était pas en niant ce problème criant que celui-ci allait disparaître. Le phénomène ne touchait pas l'ensemble du territoire républicain de la même façon, mais il était évident qu'aux frontières avec l'Empire le prix des biens de consommation avait augmenté sensiblement. Dans le Noyau aussi, la menace planait. Et le fameux "contrôle de la monnaie" dont parlait le Chef du gouvernement était sans rapport aucun avec les nationalisations.

Le plus triste dans tout ça, c'était peut-être la position délicate de Grendo S'orn, vieux camarade du journaliste. Le Neimodien avait sans doute rejoint en toute bonne foi le gouvernement formé par les voeux de la Chancelière Von. On lui avait proposé le ministère du Trésor, mais enjoint pour cela de voter la loi Scalia. Voilà que le ministre prenait une initiative pour calmer le jeu avec le patronat, rien d'inattendu vu ses positions libérales, et on lui envoyait comme chaperon Bresancion. Ben doutait que Grendo puisse encore supporter longtemps ces insultes. Tôt ou tard, à continuer ainsi, la Chancelière finirait par détruire sa fragile coalition. Ben n'hésiterait pas à faire part de son scepticisme tout à l'heure, lorsqu'il mangerait un bout avec Grendo et Voyl.

Un duro prit la parole, parlant avec justesse. Ce fut ensuite au tour de Clawback de manifester ses doutes quant à la politique monétaire républicaine, pour proposer en définitive l'indépendance de la Banque Centrale de la République. Cette institution, n'ayant rien à voir avec une banque privée, était chargée de l'émission de monnaie. Aujourd'hui, elle obéissait aux décisions politiques prises en Conseil des Ministres. Bref, la BCR suivait la politique étatiste du gouvernement. Garantir l'indépendance de la BCR était une vieille demande libérale, ayant pour but d'écarter les questions de politique monétaire du cadre de délibération démocratique. En confiant la BCR à des experts indépendants, non désignés par le pouvoir politique, on pouvait espérer que soient mis au premier plan la lutte contre l'inflation, et la stabilité des prix et des taux d'intérêts. La proposition faisait sens, dans un contexte de méfiance généralisée du secteur bancaire.

La grosse limace qu'était Rejliidic reprit la parole. D'une certaine manière, le Hutt était coincé comme Grendo S'orn. Il ne pouvait pas se permettre de taper sur Bresancion, qui appartenait à son parti et y avait pris en importance. La lutte de pouvoir interne à la LMP allait être intéressante à suivre. Qui sortirait gagnant de la confrontation? Ben aurait eu tendance à parier sur le Hutt, ce dernier ayant montré sa capacité à se sortir des pires situations. Pour autant, la position du sénateur de Bakura n'avait jamais été aussi précaire. Englué dans un procès depuis des mois, écarté du gouvernement, affaibli dans son propre parti... Si Ragda Rejliidic voulait reprendre la main sur la LMP, il n'avait guère le choix : il allait devoir éliminer Bresancion, d'une manière ou d'une autre. Car tant que la Ligue restait tiraillée entre deux positions inconciliables, son existence serait en sursis.

Le sénateur de Bakura y allait également de sa petite proposition, que Ben jugeait tout à fait intéressante. Surtout, il rejoignait le Bakurien sur la nécessité de mettre par écrit les propositions émises au cours de cette réunion. D'une certaine manière, c'était placer le Vice-Chancelier dans une situation-piège. Soit celui-ci signait le document, ce qui ne l'engagerait pas juridiquement mais bien politiquement et médiatiquement, soit il refusait ou éludait, de sorte que la grogne patronale ne cesserait pas. Au contraire, elle prendrait sans doute de l'ampleur. A nouveau, le Hutt montrait toute son intelligence politique.

Ben commençait à être fatigué. Les interlocuteurs s'étaient succédés à la suite de Rejliidic, désireux de se faire entendre, parfois pour ne rien dire. On tournait un peu en rond. Gavor Tarlon, le représentant de Chiewab, terminait son exposé.

    « ... les marchés ont besoin d'un signal d'encouragement, et c'est pourquoi je propose une exonération de fiscalité sur les plus-values boursières. »


Finalement, Ben fit un signe discret au sénateur de Neimodia, qui fit comprendre à son assistante que le rédacteur en chef du Post souhaitait avoir la parole. A nouveau, il se retrouva avec le micro en mains.

    « Parlons peu mais parlons bien. Diverses idées ont été mentionnées : la dérégulation du temps de travail, une banque centrale indépendante, la création d'une commission indépendante de contrôle des entreprises publiques et l'exonération fiscale des plus-values boursières. La première proposition permettrait aux entreprises d'adapter la production aux besoins d'une économie d'échelle galactique, la seconde d'assurer la stabilité des prix et des taux d'intérêts, la troisième de vérifier l'efficacité supposée des politiques de nationalisations et la quatrième de relancer le marché des actions.

    Il semble que toutes les personnes ici invitées soient d'accord pour soutenir ces idées, qui permettraient d'initier une sortie du marasme économique que nous connaissons. La seule question qui se pose encore est donc de savoir si vous, monsieur Bresancion, être prêt à engager votre parole dans le cadre d'un gentlemen's agreement? Comme l'a proposé votre collègue de la Ligue des Mondes Périphériques monsieur Rejliidic. »

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Il avait tant désiré organiser personnellement cette réunion patronale pourtant celle-ci devenait peu à peu une véritable vindicte populaire. La cacophonie qui en découlait donna soudain un terrible mal de crâne à Grendo qui se massa machinalement les tempes tout en plissant les yeux. Qu'est ce qui lui avait pris de vouloir rassembler patronat et membres du Gouvernement un jour comme aujourd'hui ? Au fond on ne pouvait pas lui reprocher d'assumer le rôle de Ministre du Trésor et de l'Economie, être l'intermédiaire entre acteurs économique et Etat Républicain voilà ce qu'on attendait de lui. Pourtant si il avait espéré durant des semaines qu'un accord soit possible entre ces deux entités, la situation actuelle dévoilait toute la difficulté de la tâche. La complexité du problème était bien au delà de ses espérances. Et la position du Neimoidien était des plus inconfortable. Lui cet ultra libéral de naissance, obligé de pactiser avec ses humanistes, avec ses misérables insectes puants prônant l'effet positif du pacte social récemment voté au nez et à la barbe des siens, il était devenu une véritable marionnette au service d'une Chancelière Jedi et d'un Unijambiste Vice-Chancelier ...

« Messieurs, un peu de calme je vous prie, ne parlez pas tous en même temps ! Vous aurez l'occasion de vous exprimer personnellement, chacun à son tour ! » cria Grendo tandis que de nombreux chefs d'entreprise hurlèrent au scandal voyant que les débats tournaient en rond.

Observant la situation devenir peu à peu hors de contrôle, il failli ordonner le report de la réunion à une date ultérieure lorsque soudain, un groupe d'individu entra subitement dans la salle, n'hésitant pas à bousculer plusieurs personnes au passage. Tous semblaient férocement en colère.

« Qu'est ce que ... Veuillez quitter cette salle ! Ceci est une réunion privée ! »

« Extrémistes !! Esclavagistes !! » crièrent-ils tous en coeur avant de lancer l'un ou l'autre objet en direction de l'estrade. Grendo évita de justesse une bouteille d'ergesh qui vint éclater en milles morceaux sur le mur derrière lui. Xiao Katarn, son agent de sécurité se jeta devant le politicien pour le couvrir et lui chuchota discrètement : « Nous devrions quitter les lieux monsieur le Sénateur, tout de suite ! »

« Non aux inégalités ! Oui au changement ! Oui au Pacte Social ! Oui aux nationalisations ! » hurlèrent-ils à nouveau mais cette fois-ci en direction du patronat dont certains d'entre eux s'écartaient déjà pour rejoindre une porte de sortie accessible, d'autres levaient leurs poing en guise de menace.

« Le patronat un véritable fléau à la démocratie ! Cette réunion est illégale ! Menteurs ! Crapules ! » et les représailles ne tardèrent pas, le premier coup fut donné par l'un des membres de la sécurité associé à l'événement, ceux-ci s'étaient immédiatement amassé vers les syndicalistes pour les empêcher de s'en prendre au patronat et aux Ministres.

« Je ne vous félicite pas pour la sécurité Katarn. Nous règlerons cette affaire une fois rentré sur Neimoidia, croyez-moi. » lui répondit-il tout en le foudroyant du regard. Le Neimoidien était en colère, cette réunion venait d'être interrompue brusquement par des syndicalistes querelleurs. Qu'elle était belle cette démocratie ...

Grendo prit une dernière fois la parole tandis que de nombreux chefs d'entreprises avaient déjà quittés les lieux ou étaient en train de le faire ...

« Au vu des événements je propose de reporter cette réunion à une date ultérieure. Vos propositions ont bien été enregistrées et je me ferai un plaisir d'en faire part à la Chancelière dès mon retour sur Coruscant. Je vous remercie de votre présence. » avant de quitter lui-même les lieux, précédé de son chef de la sécurité et suivit par sa fidèle collaboratrice Lynn Ornfray encore sous le choc. La réunion avait été un échec cuisant ...
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