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Alyria regarda l’heure, nerveuse. Normalement, son « invitée spéciale » ne devrait plus tarder. Mais viendrait-elle ? Elle en avait l’intime conviction, elle le sentait dans la Force. Toute la matinée, la maîtresse d’armes avait échafaudé plan et théorie en prévision de ce moment. Que dire ? Que faire ? Que proposer ? Ces questions la taraudaient.

A vrai dire, depuis cette rencontre étrange sur Dantooine, elle n’avait jamais cessé de se demander si la sith la recontacterait. Les semaines passant, elle avait douté, se demandant si son instinct ne l’avait pas trompé, et les événements qui s’enchaînaient lui avaient fait quelque peu oubliés cet événement. Quelle n’avait donc pas été sa surprise en voyant son communicateur s’allumer peu de temps après sa nomination. Non, elle avait vu juste. Cela dit, la jedi n’avait pas changé d’avis sur le fait qu’elle ne pouvait prendre de décision seule, qui plus maintenant eu égard à sa nouvelle position.

Alors la maîtresse d’armes s’était décidée à envoyer une communication sécurisée discrète à Maître Sai Don, le doyen des maîtres du Conseil, figure immuable du Temple d’Ondéron. Elle savait que la femme mystérieuse n’accepterait jamais de dire quoi que ce soit face au Conseil, et pour être honnête, elle se voyait mal l’introduire dans le sanctuaire de l’Ordre sans de plus amples informations. C’est pourquoi après discussion avec le vénérable maître, un plan avait été mis au point : une rencontre se tiendrait dans son appartement privé, celui qu’elle avait hérité de son père, afin de garantir un maximum de discrétion et le secret sur cette entrevue. Restait à savoir ce qui sortirait de cette rencontre tripartite au caractère inédit.

Se tournant vers l’autre maître jedi dans la pièce, elle déclara, brisant le silence qui régnait jusqu’à présent :

« Je pense que notre invitée arrivera d’une minute à l’autre. Merci d’avoir répondu à ma demande, Maître Don, et de vous être déplacé aussi vite. Je vous suis reconnaissante de cette marque de confiance, malgré mes informations parcellaires. »

Le tout avait été dit sur un ton très respectueux. Comme pratiquement tous les jedis de l’Ordre, Alyria avait grandi avec la figure du vieil homme. Elle le voyait comme le symbole immuable de leur confrérie, et admirait sa capacité à avoir fait face aux heures les plus sombres sans trembler. Elle espérait être capable de faire de même le temps venu.

Enfin, dès qu’elle entendit des pas dans le couloir et une présence dans la Force qu’elle connaissait, la trentenaire franchit en deux enjambées l’espace qui la séparait de la porte d’entrée, et accueillit l’arrivante avec un signe de reconnaissance de la tête, afin de montrer à son autre hôte qu’ils avaient affaire à la bonne personne. Refermant la porte, elle laissa l’invitée pénétrer dans ce salon décoré simplement, fait qui reflétait la carrière militaire de son défunt propriétaire que l’austérité de son héritière, qui ne s’était guère occupé de ce bien, le laissant à la disposition de l’Ordre pendant toute sa vie, puisqu’elle n’en avait obtenu l’usage qu’à son accession au grade de maître, et même après, elle n’y avait quasiment pas séjourné. C’était uniquement depuis sa nomination qu’elle y passait plus de temps, appréciant le caractère discret et sécurisé de l’endroit.

Pendant un instant, Alyria se demanda ce qu’elle devait dire pour débuter cette réunion, à défaut d’un autre terme. « Comment allez-vous ? » aurait franchement paru incongru à ses yeux, mais pouvait-elle entrer directement dans le vif du sujet ? Sans doute, car elle ne voyait guère à quoi cela servirait d’échanger des amabilités vides de sens. Les trois protagonistes savaient pourquoi ils étaient là. Autant ne pas faire traîner les choses.

Cela dit, tout d’abord, la maîtresse d’armes devait d’abord régler une question préalable et primordiale, qui conditionnerait d’emblée l’issue de cette rencontre : obtenir l’identité de sa mystérieuse inconnue. Il allait falloir mettre cette femme en confiance, mais elle serait ferme sur ce point : rien ne se ferait sans cette révélation nécessaire, elle s’était mis d’accord avec Maître Don.

Se raclant la gorge, la trentenaire finit par déclarer de son habituelle voix grave :

« Bien, je crois qu’il est inutile d’attendre plus longtemps… Commençons. »

Alyria se tourna donc vers la femme mystère et amorça le début de sa requête :

« Quand je vous ai rencontré sur Dantooine, vous m’avez fait part de votre souhait de trouver la lumière. Et vous m’avez finalement recontacté maintenant. 

C’est par respect pour votre demande de discrétion que j’ai demandé à Maître Don de venir ici, sur Coruscant. Vous pouvez parler en toute sécurité dans cet appartement.

Mais vous vous doutez bien que pour avancer sereinement dans cette voie… Nous avons besoin de connaître votre véritable identité. C’est un impératif. La quête de la lumière nécessite la confiance. Alors, si vous avez décidé de venir vers les jedis en me recontactant, c’est que vous avez pesé le pour et le contre, et mesurer ce que cela signifiait. »

Le ton était neutre, mais ferme. Alyria voulait clairement appuyer ses dires, en montrer l’absolue nécessité. Après seulement, tous pourraient aviser et deviser sereinement. Mais cette ombre de mystère qui planait devait être éclaircie.

La maîtresse d’armes ne savait pas ce que cette rencontre allait donner, ce qui en ressortira, mais son intuition lui soufflait que peu importait la conclusion, le déroulé en lui-même allait être une de ces aventures feutrées aussi déterminantes qu’imprévisibles. 

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La foule immense des Coruscanti se déployait, allait et venait, de droite et de gauche. Incohérente. À l'ombre des géants de verre, partout des néons palliaient le manque de lumière. La première heure de l'après-midi venait de sonner et déjà le soleil pâle de la Capitale peinait à jouer son rôle d'astre du jour. Se cacher dans les Bas-Fonds était apparu comme une évidence. Quel meilleur endroit pur un spectre qu'un tombeau à ciel ouvert ? Un appartement abandonné avait été rapidement trouvé et habité. Personne n'avait remarqué le changement de locataire. Du moins personne ne s'en souvenait. Il y avait bien eu ce Weequay, venu réclamer sa « subvention à la milice de protection des résidents » locale mais il était reparti, persuadé de s'être trompé d'adresse et soudainement convaincu qu'il lui fallait à présent songer à une reconversion professionnelle. Deux jours s'étaient écoulés depuis la réactivation du com'link. Le rendez-vous avait été pris. L'heure était venue. Les lieux furent vidés du peu qu'ils avaient contenu pour redevenir ce qu'ils étaient avant : un refuge pour drogués en quête d'un endroit tranquille pour finir ce qu'ils avaient entamé avec une prostitué ramassée au hasard.

Lorsqu'un individu était à l'aise dans les fondations de la ville-monde, il n'y avait de différence entre lui et un alligator que les écailles. Capable de se déplacer sous la surface, de ne faire ondoyer l'eau qu'insensiblement, et de surgir, sans crier gare, afin d'éventrer la proie imprudente qui passait là ou de s'allonger simplement, de tout son long, sur le sable, au soleil et attendre. Aucune surveillance. Nulle part. En temps de guerre froide, une vaste mascarade. Le laxisme était tel qu'aucun obstacle ne se présentât si ce n'est un turbo-élévateur un tantinet capricieux qui obligeait les locataires à user des escaliers sur plusieurs étages.

Devant la porte, aucune angoisse. Seulement le vide. Ce néant absolu qui s'était imposé au moment d'entrer dans l'anonymat et qui n'avait su être comblé malgré la pensée. La porte s'ouvrit sur un visage familier cerné de roux. Le salut fut rendu à l'identique tandis que l'entrée de l'appartement était examinée et, après elle, le salon. Quelques décorations de bon goût, un peu avant-gardiste, le minimum vitale du point de vue de l'ameublement quoique confortable. Tout ce à quoi on pourrait s'attendre pour le peu que l'on connût la femme qui résidait ici. Au milieu du salon, un vieil homme attendait. C'était aisé que de l'identifier. D'abord, c'était toute la déférence que dénotait l'attitude de la Maître d'Armes vis-à-vis de son homologue. Ensuite, c'était ce visage qui avait le plus recherché de toute la galaxie durant un temps, injustement accusé du crime de sang. Le Maître Jedi Saï Don. Un être sur lequel il était possible de mettre un nom. Des milliers de sillon creusaient son visage et dans ses yeux, au moins autant de vies vécues. Deux jours n'eurent pas été suffisants à conter l'histoire de cet homme. Du haut de ses presque quatre-vingt ans, il regarda avec bienveillance l'arrivée de ce qui était pour lui une inconnue au visage d'acier. Dans le néant naquit l'intérêt. Une curiosité vive pour cette sérénité, pour ce calme, cette ardeur tranquille qui émanait du Maître Jedi le plus connu de l'Ordre et le plus respecté. Un diptyque harmonieux s'était dessiné, l'équanimité dans sa jeunesse aux côtés de son incarnation future.


« Bien, je crois qu’il est inutile d’attendre plus longtemps… Commençons. Quand je vous ai rencontré sur Dantooine, vous m’avez fait part de votre souhait de trouver la lumière. Et vous m’avez finalement recontacté maintenant. C’est par respect pour votre demande de discrétion que j’ai demandé à Maître Don de venir ici, sur Coruscant. Vous pouvez parler en toute sécurité dans cet appartement. Mais vous vous doutez bien que pour avancer sereinement dans cette voie… Nous avons besoin de connaître votre véritable identité. C’est un impératif. La quête de la lumière nécessite la confiance. Alors, si vous avez décidé de venir vers les jedis en me recontactant, c’est que vous avez pesé le pour et le contre, et mesurer ce que cela signifiait. »

La curiosité céda spontanément le pas à l'amusement.

« - Vous dévoiler une identité ? Encore faut-il avoir autre chose qu'un esprit désincarné à vous présenter, Maître Von. Croyez bien que la chose est pénible et qu'une ouverture aimable eût été largement préférée, mais il est nécessaire de commencer par vous annoncer la mort de deux femmes, sacrifiées dans l'espoir qu'une troisième puisse naître des cendres du bûcher de celles-là. »

Tout le temps de la parole, la capuche d'un brun profond avait été rejetée en arrière, libérant une natte unique faite de cheveux sombres. Une fois la nuque libérée, les mains délivrèrent le visage qui sourit, sans trop savoir pourquoi, comme invité à le faire par la bienveillance sévère que dégageaient l'étrange tribunal qui s'était réuni dans cette étrange cour de justice.

« - Ce visage vous est-il connu ? Faut-il qu'il vous soit donner un nom ? »

Le silence retomba, la bête avait tendu le cou pour que l'on procédât au sacrifice ou qu'une vierge divine ne la transformât en oiseau, lui accordant par là la grâce d'une autre vie.
Saï Don
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Coruscant, monde-capitale, cœur de la galaxie. Bien des mois s’étaient écoulés depuis qu’il était venu prendre son pouls, et plusieurs années déjà depuis que la planète l’avait abrité, Maître Jedi en guenilles et en cavale. Ici, il repensait à Mat’aenna, à Solstice, à Luke. A Darth Ritter et à Jacen Loran. Rien d’autre que des pions fous sur un échiquier, songeait-il. Non, Coruscant ne lui avait pas manqué.

Le vieillard leva le regard en écoutant le ton déférent de Maître Von, et se contenta de lui sourire avec politesse avant de reprendre son examen des lieux, silencieux. Ils se tenaient dans un appartement à la décoration impersonnelle depuis quelques minutes. Malgré l’insonorisation des murs, leur parvenaient depuis l’extérieur les sons des navettes décollant de l’astroport et des speeders passant à plein régime sur la voie aérienne la plus proche. En-dehors de ce bruit de fond constant, la pièce était silencieuse, les meubles rangés au millimètre près et d’une propreté irréprochable, qui laissait deviner le passage très récent d’un droïde ménager.
Le vieillard alla lentement s’asseoir au bord d’un siège de plastacier aux courbes modernes, à quelques mètres de l’humaine.

S’il était venu, c’était d’abord parce qu’il avait confiance en elle. Alyria l’avait toujours impressionné par son professionnalisme et sa droiture d’esprit. Elle n’était pas la seule, bien sûr, parmi les Jedi, mais on la sentait pleine d’assurance dans ce rôle, l’on ressentait sa confiance en ses propres certitudes, et elle renvoyait l’image d’un Ordre noble et séculaire, comme si ces dernières années de conflit avec le Sénat et de massacres au contact des Sith n’avaient jamais eu lieu. Voir de tels comportements, bien sûr, apaisait le vieux Jedi.
Il n’avait plus que quelques années à vivre, il le sentait. Ses rides s’étaient creusées au coin de ses yeux pâles et son corps rompu par les efforts que ses articulations avaient fournis pendant des décennies le faisait souffrir chaque matin. Il avait pris soin de dissimuler cela, bien sûr. Il avait encore un jeune padawan dont la formation devait être terminée, et il ne voulait pas miner le moral de ses confrères en se montrant tremblant et geignard. Il n’empêchait qu’avoir des preuves que les générations suivantes seraient assez fortes apaisaient son esprit, sinon son cœur.

Le vieillard se releva prestement dès que les pas se firent entendre, pour accueillir l’âme qui souhaitait se repentir. L’ouverture dévoila une femme au visage dissimulé dans une capuche. Une fois la porte refermée derrière elle, le vieil homme salua l’inconnue d’un simple mouvement de tête. Ses yeux azur semblaient étinceler d’une curiosité bienveillante… mais y figurait aussi l’alerte attentive du juge impartial.
La conversation s’engagea très vite – Maître Von était-elle nerveuse ? – et la femme mystérieuse dévoila enfin son visage.

Les traits sulfureux lui revinrent immédiatement en mémoire. Aargau. La femme était apparue aux côtés du Sénateur du temps où celui-ci clamait pouvoir accueillir les rescapés d’Artorias. Son nom ? Impossible de s’en souvenir. Une Sith… ou plutôt, une ex-Sith en politique. Quoi d’étonnant ? Son aura pourtant n’était pas le serpent sombre que le vieillard avait l’habitude de rencontrer chez les utilisateurs du côté obscur de la Force. C’était plutôt une masse froide, à vrai dire. Il n’y avait pas la fureur de la passion, ni la jubilation de celui qui trompe son monde. L’aura était pour lui fantomatique.

Au bout de longues secondes d’observation, le vieil homme détacha néanmoins ses yeux de l’inconnue. Son regard vagabonda vers les fenêtres – ou plutôt, les écrans qui diffusaient artificiellement une lumière blanche censée imiter les nuances d’un après-midi ensoleillé.

- Votre nom m’intéresse moins, à dire vrai, que les motivations qui vous ont conduite ici.

Il eut un sourire énigmatique. Une identité n’était rien d’autre qu’un vêtement qui s’usait… Et que les Sith avaient l’habitude de remplacer. Rien de moins aisé pour eux que d’en enterrer une et d’en faire naître une nouvelle, et de tromper allègrement les Jedi inexpérimentés. Mais cette femme marquait la pièce d’une aura qu’il n’oublierait pas de sitôt.

- Asseyons-nous, voulez-vous ?

Il joignit le geste à la parole et retourna s’asseoir dans le siège de métal. De nouveau, ses yeux affutés se mirent à étudier assidûment les traits de celle qui cherchait à se repentir – ou du moins à échapper aux ombres. Elle faisait preuve d’une assurance étonnante qui n’avait guère l’air de n’être qu’une contenance. Ses pensées emmenèrent le vieillard dans une direction saugrenue : en bien des points, cette femme ressemblait à Alyria. La certitude de ses choix, l’aura d’une stabilité de marbre, le port droit et le regard franc… Un brin plus provocateur. Mais il n’avait pas affaire à une Maître Jedi, loin de là. Cette femme avait suivi sa propre voie, un cheminement visiblement unique dans la Force… Et dont les conclusions demeuraient mystérieuses.

- Maître Von ne m’a donné que les grandes lignes des raisons qui vous ont poussée à nous contacter. J’aimerais entendre l’histoire de votre voix. Comprendre vos motivations profondes.

Au-delà des précautions à prendre, le vieux Maître exprimait une réelle curiosité à l’égard de ce cas inédit. Il croisa ses doigts en dôme, accoudé sur ses genoux, se penchant imperceptiblement vers celle qui faisait l’objet aujourd’hui d’un examen attentif. Parviendrait-il aux mêmes conclusions qu’Alyria ? Deux perceptions intellectuelles valaient mieux qu’une pour statuer sur une telle menace. Voire… Sur une telle opportunité.


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En voyant la femme découvrir finalement son visage, Alyria fut partagée entre le choc de la surprise… et un sentiment étrange, comme si elle s’y était presque attendue. Oui, cette face lui était familière, ou du moins, il suffisait d’avoir quelque peu suivi l’actualité galactique pour la reconnaître. Et il fallait reconnaître que si ce n’était pas une sénatrice, ou une grande cheffe d’entreprise, les deux maîtres jedis avaient en face d’eux un rouage tout à fait intéressant et important de la mécanique politique de ces dernières années.
En effet, plus le Côme Janos, le Sénateur d’Aargau, était monté en grade dans la Rotonde, plus les faciès l’entourant étaient devenus familiers à ceux prenant garde à l’actualité de la République, et Alyria était de ces personnes. A vrai dire ces derniers jours elle était même devenue involontairement une des figures publiques autour desquelles les journalistes adoraient gloser pendant des heures.

Des biographies forcément partielles de sa personne avaient été diffusées, ajoutant force détails romanesques à son existence aventureuse, même si dans l’ensemble, elle devait reconnaître que le tableau peint avait été assez fidèle. A vrai dire, elle n’était pas franchement un très bon sujet de reportage : pas d’histoire douteuse, pas de grand scandale… Plus des faits d’armes, bref, pas de quoi s’appesantir bien longtemps ni faire les choux gras de la presse.
A vrai dire, on eut pu dire la même chose de la personne qui se tenait à présent en face d’elle. Une figure de l’ombre, aperçue derrière son fidèle sénateur, la parfaite secrétaire… Evans de son nom de famille. Elle ne se souvenait plus exactement du prénom, mais revoyait Côme Janos parler de « Mademoiselle Evans » en s’adressant à elle dans un reportage. Aussi à la question de la femme, elle répondit :

« Je peux au moins en compléter une partie… Mademoiselle Evans. »

Le reste en effet, n’avait sans doute pas une importance capitale. Certes, Alyria était un peu curieuse, mais préférait laisser Maître Don mener l’échange. Son calme avait quelque chose d’apaisant, comme une sorte de présence lumineuse et éthérée, tranquille et douce, qui vous enveloppait sans forcer, mais qui en même temps, avait cette force suffisante pour vous convaincre de parler, de tout raconter. Du moins, c’était ainsi qu’elle le ressentait.

Suivant l’invitation de Maître Don, Alyria commença à se diriger vers un des fauteuils… Avant de se raviser, et elle préféra laisser à leur inconnue désormais plus si inconnue le soin de répondre aux questions du vieil homme, afin de chercher quelques rafraîchissements. La discussion promettait d’être longue, autant être aussi à l’aise que possible. Et au vu de son identité ainsi dévoilée, elle ne doutait pas que la dénommée Evans allait avoir beaucoup à dire.
Elle revint et déposa donc les boissons sur une table entre eux, et s’assit donc aux côtés de Maître Don, en face de leur invitée. La question de son identité soulevait cela dit une foule d’autres interrogations. Elle avait résumé au mieux l’affaire au maître du Conseil, mais n’avait pas forcément tout dire, et un nouveau récit pourrait permettre de comparer les versions, et d’avoir deux appréciations différentes de la situation, un plus considérable en pareille occasion.
Cependant, sa nature impitoyablement pragmatique la poussait à envisager déjà des questions d’ordre purement pratique. Dont deux principalement la taraudait. La première avait un lien direct avec leur conversation sur Dantooine. Là, Gabryelle Evans lui avait parlé d’un maître, d’un seigneur. Etant donné sa position de secrétaire de sénateur… Disons que certaines conclusions pouvaient s’imposer d’emblée. Restait à savoir si elles étaient fondées.

A vrai dire, cette révélation de son identité ne la surprenait qu’à moitié. Déjà, en discutant avec elle, Alyria avait eu cette impression qu’elle était le genre de personne à retrouver au sommet de la société galactique, peut-être pas comme dirigeante… Mais ombre fidèle, oui voilà qui allait autant à la personnalité entraperçue à travers les grands mots philosophiques qu’à sa façon de s’exprimer. Oui, évidemment, en y repensant a posteriori, la chose faisait sens. Comme souvent dans ce genre de cas.

La seconde de ses questions avait un lien direct avec les premières paroles prononcées par la femme en arrivant dans cet appartement. L’une de ses métaphores l’avait interpellé, et elle aurait apprécié en connaître la signification, quitte à paraître bien terre-à-terre. Mais tant pis, parfois, tant de fioritures orales n’arrivaient qu’à mieux vous perdre dans des méandres incompréhensibles. Mieux valait mettre des mots simples sur les choses.

Cela dit, en y réfléchissant un peu, peut-être valait-il mieux ne pas la bombarder de questions et poser les interrogations fâcheuses une à une. En un sens Maître Don jouerait la partie compréhensive, elle-même rajouterait au moment opportun les problèmes à résoudre avant d’avancer sur la résolution de ce cas pour le moins épineux.

Alyria pondéra un instant mentalement la chose, puis finit par choisir la deuxième question pour bâtir sa première salve. Aussi, elle demanda finalement :

« Pardonnez ma curiosité, mais un détail de vos propos précédents a attiré mon attention. Vous avez parlé de deux femmes mortes pour vous donner, métaphoriquement la vie. Autant la signification de la première me semble évidente… Autant je reconnais avoir du mal à pleinement comprendre la seconde. Pourriez-vous nous l’expliquer plus avant ?

J’avoue que j’attends le contenu de cette annonce avec intérêt. »

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 « Votre nom m’intéresse moins, à dire vrai, que les motivations qui vous ont conduite ici.

– Je peux au moins en compléter une partie… Mademoiselle Evans.

– « Mademoiselle Evans » est en effet l'une des identités qu'il nous a été donnée. Elle n'était pas la seule.

– Asseyons-nous, voulez-vous ? »

L'urbanité des hôtes ne faisaient plus aucun doute et, devant une invitation si douce à raconter le grave dans un cadre si courtois, si harmonieux. La manière Jedi de se confronter à l'altérité était infiniment moins déplaisante que la façon Sith d'accueillir l'étranger. La menace se présentait à eux, dans toute son inconsistance, dans toute son évanescence et pourtant, elle était cordialement invitée à s'asseoir et déjà on s'empressait de pourvoir à ses besoins les plus simples. Répondant à l'invitation, nous nous installâmes face à Maître Don, croisant les jambes, liant nos mains sur le genou, droite, ayant pris soin de déposer au passage le masque sur la table proche. Autours d'elle s'était formée une symétrie, la transformant en épicentre moral, où se trouvait d'un côté des agents de vie, de l'autre la mort. Toujours légèrement souriante, nous ne fuîmes pas l'ancrage bleuté des yeux du sage. Nous étions venues ici trouver des réponses et en donner autant que nous allions en recevoir.

« Maître Von ne m’a donné que les grandes lignes des raisons qui vous ont poussée à nous contacter. J’aimerais entendre l’histoire de votre voix. Comprendre vos motivations profondes.

– Nos motivations profondes ? Faut-il qu'elles viennent de nous ? »

Les propos étaient sibyllins ils semblaient, de notre point de vue, bien plus évident que ce nouvel état dans lequel nous nous trouvions perdues.

« Notre Seigneur nous façonna selon quatre principes : Ordre, Paix, Harmonie, Cosmos. De ces quatre principes doit advenir une société juste, organisée, sans trouble, où chacun trouve sa place, une place préparée pour son épanouissement. L'individu n'y importe que peu, le système doit être premier et préservée pour que, ignorant les passions de chacun, il se montre inaccessible à tous et s'en trouve alors préservé. Par cette préservation, nous sauvegardons la possibilité à chacun d'être heureux pourvu qu'il ne fasse pas preuve d'Orgueil et ne cherche pas à s'octroyer plus de bien aux dépends d'un autre qu'il chercherait à soumettre.

Nous… »


L'hésitation entraîna notre regard vers le spectacle de la ville qui s'activait silencieusement non loin de nous, derrière le verre.

« Nous gardons Foi en ces principes. Quand bien même, l'évidence s'est imposée à nous. Notre Seigneur les a, depuis un trop long moment maintenant, perdu de vue. C'est pour cette raison que je viens à vous. Car nous avons besoin de participer à la réalisation de cet Idéal. Nous avons besoin d'apprendre à guérir le Corps malade de la société, là où nous avions jusqu'à présent été formé à le cautériser par la suppression des cancers les plus nuisibles.

Nous avons conscience que la Lumière, telle que nous la concevons, est bien différente de celle qui nous a été présentée par notre Seigneur comme étant vôtre mais… Si son jugement a été à ce point altérée, peut-être nous a-t-il présenté une version biaisée de vos fins, de votre savoir. Nous...


Maître Von revint dans le salon, un plateau chargé de boissons dans les mains. Elle le déposa sur la table qui nous séparait et s'installa aux côtés de Maître Don. Profitant de notre silence, elle nous emmena à quelques digressions:

« Pardonnez ma curiosité, mais un détail de vos propos précédents a attiré mon attention. Vous avez parlé de deux femmes mortes pour vous donner, métaphoriquement la vie. Autant la signification de la première me semble évidente… Autant je reconnais avoir du mal à pleinement comprendre la seconde. Pourriez-vous nous l’expliquer plus avant ?

J’avoue que j’attends le contenu de cette annonce avec intérêt.


– Ces deux femmes que nous avons assassinées ne sont autres que nos deux identités : Gabrÿelle Evans, secrétaire du Sénateur Janos d'Aargau et Darth Sicaë, Main Noire du Seigneur Sith Darth Deinos. Si notre Idéal voulût que nous nous mêlions aux Siths afin d'en tirer le pouvoir nécessaire à sa réalisation, nous n'avons jamais partagé avec eux leur code, que nous jugeons mortifère et dénuée de toute raison. »

Souriante, nous attendions la prochaine question, confiante, ne voulant pas nous perdre dans des méandres qui auraient été jugés inutiles par les Maîtres, il était plus courtois et plus efficients de les laisser diriger la conversation.


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