Emalia Kira
Emalia Kira
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La souveraine et sénatrice prit une longue inspiration, ainsi que le lui avait appris son conseiller en communication durant sa campagne. En expirant, elle ferma les yeux, tentant d’oublier tout ce qu’il y avait autour d’elle : sa chambre spacieuse et luxueuse, un brin ringard surtout quand on prenait garde au portrait immense qui représentait l’aïeule d’Emalia. Toujours ce visage émacié, dur, qui semblait la juger. Plus que jamais, Emalia avait envie de lui hurler à la figure, lui dire que les échecs arrivaient – elle-même avait connu bien des déboires avant d’avoir un enfant pour monter sur le trône. Pourquoi alors n’aurait-elle pas droit à griller une chance, une fois ?
Oui, elle avait échoué à la Chancellerie. Se pardonnerait-elle jamais ? Ce n’était pas entièrement de sa faute : Scalia avait mis les bouchées doubles, tout comme elle, mais il avait utilisé des moyens malhonnêtes. Cette astuce avec Lord Janos, bien sûr… Et comment ne pas songer qu’il pût n’y être pour rien dans la tentative d’enlèvement de sa fille héritière du trône ? Rien n’avait jamais été tenté contre Mylésia sur Ondéron. Puisque c’était sur Coruscant qu’on avait attenté à la vie de sa fille, alors même que la sécurité y était beaucoup plus importante, c’était donc que cela avait un lien avec sa candidature à la Chancellerie. Et Scalia avait été son seul opposant sérieux. Mais il était aussi très malin, et il serait certainement très difficile de remonter la piste jusqu’à lui…

Difficile, mais pas impossible. Emalia avait rouvert les yeux, les traits de la détermination farouche peints sur son visage pâle. Elle promena son regard encore une fois sur ces meubles. Elle avait pourtant vécu de merveilleux moments ici. Les nuits avec Jake, et celle à caresser son ventre rond en attendant Ethan. Mais désormais, cette chambre appartenait au passé. Elle appartenait à l’Emalia naïve, celle dont le Sénat s’était moquée, celle que les Jedi méprisaient sans la craindre, celle dont les Sith ne se souciaient même pas alors qu’ils désiraient lui prendre sa planète. Cette Emalia-là, elle n’existerait plus. Désormais, la colère l’avait fait sortir de ses gonds chaque soir en lui causant des insomnies, et le désespoir l’avait clouée au lit chaque matin. Un jour, cependant, elle s’était levée et avait laissé dans les draps de satin son ancienne âme, la stupide et prétentieuse Emalia était comme évanouie pour toujours dans ce lit. Son esprit se trouvait dans le corps de la nouvelle Emalia. Calmement, ce matin-là, elle avait passé des appels holographiques. Comme un robot, elle avait annoncé d’une voix sans émotion qu’elle souhaitait rencontrer la personne qui avait tenté l’enlèvement de sa fille. Il y avait bien sûr un méli-mélo d’appels et de paperasses, car il n’était pas possible de rencontrer une prisonnière hautement gardée sans l’aval de la justice Républicaine, qui devait elle-même se concerter avec les Jedi, mais dont la logistique était compliquée puisque la prisonnière était transférée sur Ondéron et que…
Une ministre avait mis fin à tout cela, avant même qu’Emalia ait perdu son calme. Une ministre Jedi avait joué de sa double autorité et pour que la souveraine d’Ondéron puisse parler avec la fameuse prisonnière. Non sans bon escorte, bien entendu.

Les jours suivants, Emalia s’était attelée aux affaires du royaume, ne parlant guère. Heureusement, Jake avait pris le relai sur l’éducation des enfants, comprenant certainement son besoin de se remettre de son échec. De son côté, la Reine avait promis à Mylésia qu’elle allait prendre sa revanche sur la personne qui avait tenté de faire du mal à sa fille bien-aimée.

Et enfin, le fameux jour était arrivé, et Emalia avait revêtu une robe longue et sobre. Elle avait hésité entre plusieurs bijoux, puis les enlevé tous. Finalement, seules deux perles pendraient à ses oreilles sous sa chevelure ramenée en un chignon serré. Mira, qui l’avait coiffée, avait été renvoyée après l’avoir également maquillée, mais sans surplus : un rouge à lèvres sombre qui accentuait ses traits sévères et un peu de poudre pour uniformiser son teint de porcelaine. En se regardant dans le miroir, la jeune femme se reconnaissait à peine. Etait-elle présentable pour deux ministres ? C’était la question qu’elle se serait posée un an auparavant. Aujourd’hui, cela n’importait plus. Elle aurait pourtant dû être étonnée d’être si bien escortée, mais l’annonce était tombée dans son cerveau dans l’indifférence la plus totale. Et puis, il lui vint l’idée que peut-être, Scalia envoyait de quoi la surveiller de près, et Emalia tapa brusquement du poing sur la coiffeuse, le poids grinçant désagréablement et deux petits flacons de parfum tintant l’un contre l’autre à cause du choc.

- S’ils pensent m’avoir ainsi… murmura-t-elle entre ses dents.

Mais aussi tôt, elle se recomposa un visage neutre qu’elle vérifia dans le miroir. Cela irait très bien. Tout ce qu’elle voulait, c’était poser ses questions à la prisonnière. Et ce n’était pas ce ventru de Keyiën qui allait l’en empêcher, foi de souveraine !


***

Le rendez-vous avait été fixé en début d’après-midi. Emalia avait traversé la ville incognito – ou presque, car une navette rasant le sol accompagnée de plusieurs speeders de sécurité ne pouvaient que faire soupçonner la présence d’un personnage important – pour éviter les regards des Iziziens. Elle ne supportait pas de voir la déception dans leurs yeux. Et la peur, aussi, celle que la guerre se déclenchât à cause du nouveau Chancelier et que l’Empire ne vînt s’en prendre à Ondéron à cause de la présence des Jedi.

Mais dans la prison, gardée uniquement par un corps militaire, les visages étaient entraînés à rester neutres et déférents sur son passage. Aussi incroyable que cela pût paraître, c’était la première fois qu’Emalia y mettait les pieds. C’était beaucoup plus propre que ce qu’elle s’était imaginée, quoique les murs gris donnassent une atmosphère glauque. Des néons blancs et bleus agressaient ses yeux qu’elle plissa jusqu’à ce qu’on la fasse enfin entrer dans ce qui ressemblait à une vaste salle de réunion un peu plus agréable : l’éclairage était ici la lumière naturelle du jour grâce à de hautes fenêtres, et une longue table ovale trônait en son centre, des fauteuils de cuir noir l’entourant de manière régulière. Emalia entra avec soulagement dans la pièce, mais qu’elle constata vide. Elle jeta un coup d’œil interrogateur au militaire qui l’accompagnait.

- Votre Majesté, les Ministres Von et Keyiën ont atterri à l’Astroport d’Iziz il y a quelques minutes. Ils seront escortés dans cette pièce également d’ici moins d’un quart d’heure. Vous trouverez des rafraîchissements dans le bar situé à votre...

Emalia le coupa avec un geste de la main qui lui signifiait de décamper. L’homme en uniforme salua poliment avant de disparaître. La Reine soupira, bien décidée à se maîtriser. Elle s’assit à un fauteuil, se releva, fit le tour de la table et contempla le ciel bleu depuis les fenêtres.
Qu’allait-elle leur dire ? Etre désagréable pour leur signifier que leur présence n’était pour elle qu’un fardeau supplémentaire serait peut-être honnête, mais non très stratégique. Il fallait s’attendre à ce que ce Keyiën la provoquât en évoquant les élections. Quant à l’autre Ministre, il y avait fort à parier qu’elle soit comme tous les autres Jedi : une espèce de mystique qui lui ferait la morale à tous bouts de champs. Autrement dit, elle allait devoir passer un calvaire juste pour pouvoir interroger la prisonnière. Mais elle s’en fichait, tant qu’elle parviendrait à ses fins.

Elle était encore face aux baies vitrées quand soudain, la porte s’ouvrit de nouveau pour laisser entrer les visiteurs de haute marque. Emalia ferma les yeux un instant, se remémora toutes ses bonnes résolutions et surtout les raisons pour lesquelles elle avait décidé de les suivre coûte que coûte. Puis elle les rouvrit et fit volte-face, sa robe tourbillonnant autour de ses talons tandis qu’elle affichait un sourire un peu trop convivial pour être tout à fait sincère.

- Bienvenue sur Ondéron, madame et monsieur les Ministres !

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« Voyons, ils ne peuvent tout de même pas envisager une telle mesure !? » Ion ferma rapidement les yeux, ennuyé, l’espace d’une brève seconde, avant de les rouvrir. Son mouvement, imperceptible, ne fut guère remarqué par son interlocuteur qui continuait sa diatribe. À sa droite, une haute fenêtre laissait entrer la lumière de Coruscant, alors qu’il avançait dans les couloirs de l’édifice gouvernemental, deux gardes sénatoriaux sur ses talons, un troisième ouvrant la marche. Eron Mosvani – Sénateur de Fondor, celui qui accablait Ion sous ses plaintes – marchait à sa droite, tandis qu’en retrait suivait l’un de ses assistants, qui semblait absorbé dans les données qui s’affichaient sur son datapad.

Un naïf aurait pu penser qu’il s’agissait d’une rencontre fortuite entre deux sénateurs influents – précisément ce qu’ils tentaient de simuler. Mais en vérité, l’averti y décèlerait facilement les marques et contours du complot, de la machination – d’une discussion politique entre deux êtres aux intérêts convergents. L’esprit d’Ion s’égara, endormis par les paroles de l’autre sénateur, à un tel point que lorsque ce dernier cessa de s’exprimer, attendant une réponse de sa part, il ne s’en rendit même pas compte. Une minute s’écoula. Puis une autre – jusqu’à ce que, enfin, Ion sorte de sa torpeur. Il sursauta, frustré de s’être ainsi égaré, avant d’improviser, remarquant la mine légèrement vexée d’Eron Mosvani. « J’ai bien peur qu’il en soit rendus à considérer cette option. Bien entendu, soyez certain que Corellia se rangera du côté de Fondor – tout comme le feront sans doute nos amis de Rendili. Bien que ce ne soit pas encore annoncé, je vous conseille de bien préparer votre gouvernement… Certains articles de la constitution devraient nous permettre de bien retarder les procédures, si d’aventure l’opposition qu’ils rencontreront ne les déstabiliserait pas. » Il pausa un instant, comme songeur, avant de continuer sur le ton de la confidence : « D’ailleurs, au passage, j’ai l’impression que le Hutt pourrait se ranger de votre – notre côté. »

« Oh, même lui ? Soit, je préviendrai d’autres de nos camarades – Sluis Van sera probablement touchée… Avez-vous songé à contacter les..? » Ion l’interrompit : « Les Santhe ? Oui, je m’en charge. Ou du moins, si je n’ai pas le temps, un autre Corellien le fera. » Quelques mètres devant lui, après un tournant, il put enfin voir la fin du couloir. « Bon, maintenant que nous nous sommes entendus, je vous souhaite une bonne journée, Sénateur Mosvani… » « Bonne journée, monsieur le Ministre… Je ne peux m’empêcher de me demander, toutefois : pourquoi devez-vous vous rendre sur Ondéron ? »

Ion sourit, comme amusé, mais continua d’avancer tandis que le Sénateur de Fondor s’arrêtait, ne se tournant vers lui que pour dire : « Affaire d’état, mon cher. »

Aah, qu'il était satisfaisant d'enfin pouvoir recourir à cette excuse.

***

Alors qu’il descendait dans l’atmosphère d’Ondéron, le Ministre de l’Intérieur ne leva pas ses yeux de son datapad, y lisant quelque dossier. Doucement, à voix basse, il donnait des instructions à son assistant – parce qu’ils n’étaient plus vraiment seuls. Dans la même pièce du vaisseau – un vaisseau diplomatique, de conception corellienne, donc de conception excellente – sa collègue, la Ministre de la Défense, semblait elle aussi absorbée par ses dossiers tandis qu’ils voyageaient ensemble. Il ne savait trop que penser de cette nomination, aussi surprenante que déconcertante. Il devait avouer avoir pendant un temps convoité la Défense, avant de s’en désintéressé – mais y nommer une Jedi ? Alors qu’ils se plaignaient durant la campagne de l’ingérence de l’Ordre chez les militaires ? Curieux. Et assez enrageant.

Mais c’était la décision de Valerion. Alors advienne que pourra.

Rapidement, ils se posèrent dans la cour de la prison et sortirent du vaisseau. Immédiatement, alors que les gardes sénatoriaux lui emboîtaient le pas, la chaleur d’Iziz l’assaillit… Ah, les planètes tropicales, aux jungles luxuriantes, aux bestioles effrayantes… Tellement… Détestable. Ils furent escortés par d’autres gardes – et un ou deux Jedis ? – vers l’entrée du bâtiment. Se tournant vers sa collègue, lui adressant la parole pour la première fois, si l’on excepte les salutations lors de leur rencontre à bord du vaisseau, il lui glissa : « La Reine doit probablement nous attendre à l’intérieur, Maître Von, et je suis prêt à parier qu’elle ne sera pas de bonne humeur – elle simulera cependant l'être, sans doute. » Les portes s’ouvrant devant eux, les gardiens les emmenèrent dans une pièce illuminée par une baie vitrée, meublée comme pour accueillir des réunions. Curieux. Il y avait même un bar… Dès leur entrée, la Reine Emalia se retourna vers eux, les accueillant avec une chaleur visiblement feinte.

Ion était presque désolé pour elle. Emalia avait tenté de monter au sommet mais, tel l’oiseau qui vole trop haut elle s’était brûlées les ailes. Une erreur qu’il avait lui-même déjà commise. Dans un autre monde, sans doute aurait-il supporté Emalia. Mais il était déjà compromis avec Côme – son nouvel ennemi – et que le chef d’un parti n'appuie pas le candidat dudit parti aurait semblé… étrange. Mais maintenant, il se trouvait sur la planète de celle qu’il avait vilipendée avec ardeur, avec son allié de jadis comme nouvel adversaire, même si ses critiques étaient relativement véridiques. Qu’était-elle, sinon une pimbêche écervelée, qui n’avait su plaire aux gens que grâce à des discours moralisateurs et grâce aux conseils de ses assistants ? Une enfant gâtée, oui. Et il se devait de le lui rappeler. Retourner le couteau dans la plaie.

« Merci, votre Majesté ! Comme toujours, vous rencontrer est un rare plaisir. Si je puis me permettre, vous êtes radieuse… Vous semblez si bien accepter la défaite ! » Diplomate ? Certainement pas. Après tout, elle venait de perdre et le ministre, c’était lui. C’était grâce à lui – enfin, aussi grâce à la Jedi – qu’elle allait pouvoir parler à la criminelle, alors elle pouvait bien supporter ses remarques comme la bonne noble bien éduquée qu’elle était, non ?

« Sachez que comme tous nos collègues, j’ai été horrifié par l’attentat commis contre votre fille, la princesse. Le sort s’est vraiment acharné sur vous, cette soirée-là… D’abord, l’humiliation, ensuite, ça… Soyez assurée que les ministères de l’Intérieur et de la Justice feront tout ce qui est en leur pouvoir pour punir les coupables. » Enfin, il était prêt à négocier avec lesdits coupables s’ils pouvaient lui fournir certains détails concernant une certaine Sénatrice… « À ce sujet. J’aimerais que nous entendions sur quelques détails, avant de procéder… Si aucun de nous ne promette la moindre chose à la prisonnière sans consulter avant les… autorités compétentes, cela nous éviterait bien des problèmes. Je compte bien voir cette criminelle traduite devant la justice et je ne suis pas d’humeur à négocier une libération… » Il se tourna alors vers son assistant, feignant une perte de mémoire. « D’ailleurs… Quel est le nom de la criminelle en question, déjà ? »
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Assise dans le vaisseau corellien qui l’emmenait sur Ondéron, Alyria contemplait avec application le datapad de données qu’elle tenait. Cependant, ce n’était qu’un leurre destiné à donner le change. En réalité, son cerveau réfléchissait à bien d’autres choses que ces dossiers habituels. Il fallait reconnaître que la présence dans la Force des deux autres individus qui occupaient cette pièce, enfin un en particulier, n’aidait pas à sa concentration : l’énergie autour du sénateur de Corellia se faisait grise, étrange… Difficile à cerner. Peut-être comme la personnalité du pantoran, finalement.

En effet, Alyria avait tenté de se faire un avis neutre sur son nouveau collègue, en mettant de côté les préjugés qu’elle avait du fait de l’antagonisme entre le désormais Ministre de l’Intérieur et l’Ordre jedi. Et elle devait avouer qu’il n’était pas ressorti grand-chose de cette étude des récents discours de l’homme. Patriote corellien farouche, et pourtant, membre d’un gouvernement qui prônait un Etat fort, ploutocrate au milieu d’un chancelier et d’un vice-chancelier pro-nationalisations… Les sujets de discorde ne semblaient pas manquer, et l’affrontement entre Ion Keyien et Côme Janos au sein de la Rotonde lors des élections n’avaient pas manqué de le confirmer.

Cela dit, la même chose pouvait être dite envers sa propre personne, et le choix de Valérion Scalia de la nommer à la Défense après avoir critiquer la prétendue ingérence des jedis au sein de l’armée… Voilà qu’elle se retrouvait, très ironiquement à sa tête, et au même rang que l’un des détracteurs de l’Ordre les plus virulents de ces dernières années au sein du Sénat. La Force avait un certain sens de l’humour, il fallait l’avouer.

Cependant, un point était en faveur du pantoran : il paraissait au moins honnête, et farouchement opposé à l’Empire sith. C’était déjà ça, et la maîtresse d’armes tenait à entretenir des rapports à peu près cordiaux avec son collègue de l’Intérieur, eu égard à la frontière souvent étroite entre leurs deux ministères. Sans compter la prochaine réorganisation des services secrets à mettre en œuvre, et qui toucherait les deux entités.

Un détail perturbait un peu Alyria tout de même : pourquoi avoir emmené un assistant pour interroger une suspecte d’attentat ? Ils allaient dans une prison, pas dans une commission parlementaire ! Elle-même avait ses deux sabres accrochés à sa ceinture, comme souvent, mais cette fois-ci bien en vue. En effet, dans cette étrange équipée qui s’annonçait, elle tenait à la fois le rôle de gardienne, au sens propre du terme, et de ministre : l’art du double-emploi à son maximum.

Pourtant, c’était bien cette double casquette de jedi et de ministre qui avait permis l’aboutissement de ce qui allait se dérouler : l’interrogatoire par une reine et deux ministres de la femme ayant tenté d’enlever Milésya Kira le soir des élections, et ce en plein cœur du Sénat, qui, décidément, avait sévèrement besoin qu’on relève drastiquement ses conditions de sécurité.

Dès que la souveraine d’Ondéron et candidate malheureuse à l’élection précédemment évoquée avait su que celle ayant tenté de perpétré ce kidnapping sur son héritière avait été conduite à la prison d’Iziz, dans son secteur jedi, elle avait aussitôt fait savoir qu’elle désirait la voir en en personne. Ordinairement, une telle demande aurait été refusée : on parlait d’une prisonnière de très haute sécurité, qui plus est sous l’autorité des jedis, ce qui faisait au moins deux entités à convaincre… Bref, un casse-tête, et, sentant que la situation risquait à la fois de s’envenimer et de s’enliser, deux faits pour le moins ennuyeux, Alyria avait insisté auprès de l’Ordre et du gouvernement pour permettre une telle entrevue. De toute façon, il fallait que cette femme soit interrogée, Ion Keyien avait fait savoir qu’il tenait à le faire, elle-même le désirait... Autant faire d’une pierre trois coups, pour ainsi dire.

En voyant Ondéron en vue, Alyria ne put s’empêcher de ressentir une bouffée de joie et de mélancolie mêlées : cette planète avait été son foyer pendant des années, et son atmosphère lui manquait. Certes, les jedis restaient principalement dans la jungle, entre les murs de leur Temple, mais au fur et à mesure, ils finissaient par connaître les différents recoins de cette planète, et particulièrement d’Iziz. Après tout, quel padawan ou jeune chevalier n’y avait pas traîné avec des amis pendant une belle journée ? Quelques souvenirs nostalgiques de ses jeunes années lui revinrent en mémoire : voilà qui ne la rajeunissait pas… Et comme ce temps d’amusements juvéniles paraissait loin.

Après un atterrissage sans aucune difficulté, Alyria et son collègue descendit, et un mince sourire se dessina sur son visage en posant le pied sur ce sol familier. Elle respira l’air lourd et moite d’Ondéron, et se sentit immédiatement chez elle. En paix. Mais son petit instant de bonheur fut interrompu par la voix de son collègue. Manifestement, l’approche de la confrontation avec Emalia Kira, prélude nécessaire à celle avec la prisonnière, l’avait incitée à briser le silence qui s’était installé entre les deux ministres depuis le début de leur voyage commun, après bien entendu les échanges normaux de politesse.

Evidemment qu’Emalia Kira ne serait pas contente de les voir : au milieu d’une épreuve politique et personnelle, elle devait supporter la présence de deux ministres de celui qui l’avait battu pour espérer voir la femme ayant tenté d’enlever son héritière. On faisait difficilement moins réjouissant comme perspective. Aussi Alyria hocha la tête en guise d’assentiment et répondit d’une voix neutre :

« Ce serait compréhensible. Traverser une épreuve dans sa vie publique est une chose… Y ajouter une atteinte à sa fille, c’en est une autre. Il sera nécessaire de faire preuve de tact. Autant ne pas complexifier une entreprise qui s’annonce déjà délicate. »

Traduction : pitié, pas de petites piques politiciennes…

Ils furent introduits dans une pièce assez agréable, surtout au vu du lieu. L’antichambre de l’enfer avait une atmosphère encore respirable, semblait-il. La reine d’Ondéron les y attendait, vêtu d’une belle robe dans les teintes sombres. A vrai dire, Emalia Kira faisait preuve dans l’ensemble de sa personne d’une certaine sobriété. Pourtant, on la disait habituée d’un certain faste… Mais les épreuves changeaient profondément les gens, la gardienne le savait. Peut-être que cette nouvelle apparence correspondait à son état actuel.

Répondant aux salutations de la souveraine, Alyria déclara simplement :

« Merci Votre Majesté, c’est un plaisir de revenir sur votre planète, même si j’aurais préféré le faire dans d’autres circonstances… »

Ce fut alors qu’Ion Keyien se décida à parler. Et à mesure qu’elle l’entendait, Alyria se demandait franchement si ce dernier avait une once de bon sens en lui. Non vraiment, quelle intelligence, quel tact de rappeler si élégamment d’entrée de jeu sa défaite à la femme qui se tenait devant eux ! Pour un peu, la trentenaire se serait cogné la tête contre le mur de désespoir. Elle s’attendait à tout… Mais pas à ça. Comment allait-elle rattraper une telle idiotie ? Ah ça, c’est sûr, en commençant comme ça, Emalia Kira n’allait sûrement pas être de bonne humeur !

Et il continuait le bougre ! Allez, rajoutons l’humiliation au panier des horreurs verbales, histoire de faire monter les enchères ! Après tout, ce n’était pas comme s’ils risquaient l’incident diplomatique majeur là… Alyria contint à grand peine le soupir qui lui venait : soudain elle comprenait avec une acuité nouvelle pourquoi autant de ses confrères jedis détestaient la politique. Quel intérêt à remuer le couteau dans la plaie ainsi, si ce n’est la basse vengeance personnelle, la satisfaction de voir l’adversaire à terre… Et elle ne pouvait comprendre cela. On pouvait apprécier ou ne pas apprécier une personnalité publique. Mais enfin, la question n’était pas là : ils s’adressaient à une femme ayant vu son enfant subir une tentative d’enlèvement. Depuis quand le respect était-il devenu un si vain mot dans le langage courant ? Pour quelqu’un d’aussi soucieux des convenances qu’Alyria, de telles sorties étaient aussi offensantes que ridicules. Pire, elle constituait une faute de goût, car elle révélait trop bien à une personne tierce, non partisane, elle-même en l’occurrence, une personnalité peu agréable.

Il convenait donc de rattraper ça… Comment d’ailleurs ? La sang-mêlée savait qu’elle aurait beau mettre toute sa science de la parole dans ses mots, jamais elle ne pourrait effacer ce qui venait d’être dit. Restait à s’en désolidariser, ou au moins à montrer un autre visage à Emalia Kira que celui-là…

Prenant une profonde inspiration, Alyria commença sur un ton plus avenant, tout en foudroyant du regard le Ministre de la Sécurité Intérieure :

« Ce que mon collègue veut dire, c’est que nous sommes tous conscients de la terrible épreuve que votre fille a subi, et qui dois vous affecter grandement. Je suis heureuse que Maître Tianesli soit parvenu à appréhender la coupable rapidement, et je souhaite à la princesse héritière mes vœux de prompt rétablissement. »

Bon, voilà qui était dit… C’était déjà un début. Autant tenter de repartir du bon pied, même si Alyria savait pertinemment que quelques paroles de consolation ne suffiraient pas. Mais elle n’avait pas franchement mieux à offrir.

« Soyez assurée que tous les moyens sont mis en œuvre pour découvrir les ramifications possibles de cet attentat. L’interrogatoire de la suspecte apportera néanmoins de nouveaux éléments, à n’en pas douter. »

Tiens l’interrogatoire, d’ailleurs… Décidée à se trouver sur un terrain enfin favorable, Alyria répondit à la place de l’assistant d’Ion Keyien, jugeant que c’était le moment où jamais pour reprendre les reines de cette discussion mal engagée.

« Elle n’a pas révélé son identité et aucun élément n’a permis de l’identifier : pas d’informations dans les effets qu’elle portait sur elle ni dans les débris du vaisseau, et elle n’est pas connue des services de renseignements. 

Nous savons seulement qu’elle est dans la vingtaine, humaine ou proche-humaine, en excellente condition physique, preuve d’un entraînement certain. Au moment de son arrestation, elle était en possession de deux sabre-lasers.

Bien que nous n’en ayons pas confirmation de sa part, le témoignage de Maître Tianesli permet d’établir une maîtrise des arcanes du côté obscur. On peut donc l’assimiler à une sith. »

Résumé rapide, bien que complet. Reprenant, elle ajouta d’une voix tranquille à l’attention de son collègue :

« N’ayez guère de craintes à ce sujet, je suis persuadée que personne dans cette pièce n’a l’intention de demander la remise en liberté d’une femme dangereuse et poursuivie pour crime. »

Comme si la mère de la victime allait demander la libération de la coupable… Ou une jedi celle d’une utilisatrice du côté obscur…

Et maintenant, il était temps d’en venir aux choses sérieuses.

« Cependant, puisque vous abordez l’interrogatoire qui va avoir lieu dans quelques minutes… Comme vous le savez, nous allons pénétrer dans la partie de la prison réservée aux utilisateurs de Force, sous haute-sécurité et gardée en permanence par un détachement important de jedis.
Je nous ferais passer le sas de sécurité. D’ailleurs, il me semble que votre assistant ne verra pas d’inconvénient à rester ici. »

Manière de polie de dire qu’il allait rester ici et qu’elle ne s’encombrerait pas de ce dernier, merci bien, elle aurait déjà fort à faire afin d’empêcher les deux politiciens de s’entretuer sans rajouter un troisième protagoniste.

« Et ensuite, nous entrerons dans le quartier de sécurité proprement dit, afin de parler à notre coupable. Je pense que Sa Majesté désirera parler en premier pour demander des informations sur les circonstances de l’enlèvement de sa fille. Cela fera une bonne entrée en matière. Puis le Ministre Keyien et moi-même prendrons la relève. Si cette façon de procéder convient à tout le monde, je propose que nous y allions. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Tout au long de cette petite marche, Alyria salua les jedis en faction par des signes de la main ou quelques sourires, parfois une parole quand elle les reconnaissait. Si les saluts qui s’adressaient à sa personne étaient indubitablement chaleureux, ceux envers la souveraine oscillaient entre protocolaires et aimables. Quant au Ministre de l’Intérieur, beaucoup s’en tinrent au strict minimum.

En tant qu’être sensible à la Force, cette prison présentait un aspect singulier. Elle semblait étonnamment, au vu du lieu, baignée par le côté lumineux, comme une source pure. Alyria ignorait les ressorts derrière un tel fait, mais nul doute que les prisons jedis recelaient ce genre de secrets de construction et d’entretien qui expliquait leur efficacité pour contenir les prisonniers. Impossible d’utiliser un seul pouvoir du côté obscur en ces lieux. Cela avait un effet apaisant d’ailleurs.

Et enfin, devant l’entrée de la cellule ornée de barreaux-laser du plus bel effet, et à l’efficacité prouvée maintes fois. Dedans, leur suspecte.

« Madame. »

Alyria venait de lui signaler leur arrivée. 
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Désespoir, chaos, défaite, telles avaient été les pensées occupant l'esprit de la guerrière. Elle se remémorait encore les conditions de sa capture. A genou, les bras tombant sur le sol et les mains serrant à peine ses sabres, elle avait fait peine à voir. L'on aurait pensé voir un corps sans âme, une marionnette attendant désespérément qu'on l'articule, un jouet prêt à être manipulé. Qui l'avait finalement été, la vermine ayant tiré sur les ficelles pour l'amener à se rendre. Car aujourd'hui, son esprit avait récupéré des séquelles de la manipulation du Jedi. Elle avait eu tout le temps de se rendre compte des sévices mentaux qu'elle avait subi...

Mais revenons-en à sa capture. Elle avait ensuite été emmenée dans un vaisseau sous bonne garde, docile, incapable de se rebeller.  Puis le long voyage vers Ondéron, qui s’était achevé devant cette imposante structure gardée par des Jedi. Une atmosphère lumineuse, partout, pensante. Puis des couloirs, des couloirs et encore des couloirs jusqu'à une cellule blanche où on l'invita à entrer, avant qu'un champ de force n'en condamne l'accès. Plusieurs jours passèrent, la Dathomirienne se terrant dans un mutisme total dû à la manipulation mentale dont elle avait fait l’œuvre. Un esprit en conflit, ayant perdu tous ses repères. Ce n'est finalement qu'au bout d'une semaine que la guerrière se réveilla enfin, les blessures infligées à son mental s'étant refermées sans pour autant avoir guéries. L'environnement lumineux l'entourant neutralisant ses pouvoirs obscures, la Dathomirienne avait tenté de faire appel à la Force pour s'échapper... en vain.
 
Partiellement remise, la guerrière avait reçu la visite de Jedi souhaitant l'interroger. Ces derniers étaient restés de l'autre côté du champ de force par précaution après avoir croisé le regard assassin de leur prisonnière. Consciente de sa défaite mais très mauvaise perdante, la demoiselle les avaient très courtoisement invité à se trancher la gorge sur le champ si ces derniers pensaient pouvoir lui soutirer la moindre informations. Les accusant d'avoir voulu détruire son esprit en usant des mêmes méthodes que les pires seigneurs Sith, la Dathomirienne avait mis un terme à leurs échanges en retournant à son occupation favorite : se luxer les doigts avant de les remettre en place. Cet exercice l’apaisait et la douleur engendrée lui rappelait son amère défaite.

Deux autres semaine s'étaient écoulées et la Dathomirienne avait pratiquement récupéré la maitrise totale de son esprit. Grâce à des exercices de méditation rendus difficile par les effluves constantes de Force lumineuse, la guerrière avait pansé ses blessures mentales. Après tout ce temps, elle était enfin redevenue elle-même : obscure. Aujourd'hui commença donc comme tous les autres jours : une méditation intense afin de rétablir le lien avec le côté Obscur. Un nouvel échec plus tard, le repas du midi avait été servi, manquant une nouvelle fois de l'essentiel : une bonne ration de viande bien saignante. Malgré toutes les réclamations émises par la guerrière, son menu n'avait connu aucun changement. Pas de traitement pour les criminelles malgré ses évidentes habitudes alimentaires...

La manœuvre sembla d'ailleurs mal avisée du point de vue de la Dathomirienne. Au cours de sa méditation matinale, la guerrière avait senti que la journée allait être différente. Elle en était persuadée, elle avait recevoir de la visite. Un nouvel interrogatoire sans doute ? Pas de viande, pas de réponses. Donner sans recevoir n'était pas dans sa nature. Qu'avait donc t-elle à gagner en apportant des réponses à leurs questions ? Après l’échec de sa mission, sa tête avait probablement été mise à prix par son employeur. Si elle parlait et obtenait une libération - ce dont elle doutait beaucoup - elle serait probablement assassinée dans les jours suivants au pire, traquée à jamais au mieux. Actuellement, son silence était la clé de sa survie.

Afin de facilité sa digestion après son repas frugal, Venas avait débuté une série d'exercices d'assouplissement et de musculation. Elle se devait d'être au top de sa forme physique malgré sa captivité. Si l’opportunité d'une évasion se présentait, elle devrait être capable de la saisir. Des pompes, des abdominaux, des grand-écarts et enfin des combinaisons de ses exercices comme des pompes en poirier sur un bras en grand-écart. C'est durant ses exercices nécessitant une grande concentration que la demoiselle fut interrompue :

- Madame.

Fronçant ses sourcils les yeux toujours clos, la guerrière peina à maintenir son équilibre parfait et vacilla, l'obligeant à reposer sa deuxième main sur le sol. Ouvrant finalement les yeux en soupirant tout en conservant sa posture, la Dathomirienne chercha du regard la responsable. Ce dernier se posa sur une jeune femme rousse, élégamment habillée selon les critères de la guerrière. Cette dernière portaient deux sabres à sa ceinture, trahissant son rang et ses cicatrices de son expérience. Une maitre Jedi, sans aucun doute. Puis, son regard se posa sur une poupée blanche. C'est l'impression que Venas eu en observant l'accoutrement et la peau blanche de cette femme. Une robe longue, des perles aux oreilles, une posture parfaite : une noble ou plutôt une servante de bonne maison. Elle servait probablement l'épouvantail qui se trouvait juste à côté d'elle. Un accoutrement ridicule de politicien, des cheveux blancs, une peau trop jeune pour être naturelle : un ministre ou un sénateur, assurément. Ce trio apparaissait très hétéroclite, ce que la Dathomirienne ne manquerait pas de faire remarquer. Il y avait maintenant des semaines qu'elle ne s'était pas servie de sa langue fourchue...

- On ne peut plus être tranquille, même ici ? Il va falloir que je demande un transfert. dit-elle en souriant sarcastiquement.
 
Interrompant définitivement son exercice en se remettant sur ses deux jambes, Venas fit face à ces visiteurs.

- Entre nous, quitte à m'envoyer de la visite, vous pourriez au moins faire l'effort qu'elle soit agréable à regarder. cracha-t-elle en fixant le politicien.

- Enfin, que me vaut le déplaisir de cette visite ? dit-elle d'un ton plus avenant en allant s'asseoir sur la plateforme qui faisait office de couchette.

Fronçant subitement les sourcils car n’obtenant pas une réponse en moins de trois secondes, la guerrière se sentit obligée de traduire sur un ton moins courtois :

- Qui êtes vous vermines et qu'est-ce que vous fichez là ?!!


Emalia Kira
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- Vous m’avez plutôt l’air plein d’entrain et d’embonpoint, pour quelqu’un d’horrifié, rétorqua la Reine.

Si ses yeux étaient glacials, elle gardait un sourire impeccable. Non, elle ne gaspillerait ni son temps, ni son énergie pour ce crétin qui, bien sûr, ne pouvait s’empêcher de la provoquer. Un vrai gamin, et c’étaient ces hommes-là qui nous gouvernaient !
De surcroît, le ventru ministre tentait déjà de lui faire faire des promesses sur son comportement. Oubliait-il qu’elle était ici sur le sol de son royaume ?

Elle s’approcha du trio – l’assistant était-il là pour noter les meilleurs traits d’humour irrespectueux de son patron ? – d’un pas vif qui traduisait son impatience.

- Au vu de cette entrée en matière pleine de tact, Monsieur le Ministre, permettez-moi de vous dire que je ferai comme bon me semble, répliqua-t-elle sur un ton bas qui laissait présager du contrôle qu’elle exerçait sur ses émotions assassines. Que cherchez-vous à apprendre d’elle, de votre côté ? Vous n’êtes certainement pas venus seulement pour vous pavaner… J’imagine que votre agenda de ministre ne vous permet plus de vous adonner à ce passe-temps, non ?

Elle toisait le ministre avec toute la froideur dont elle était capable, quand bien même elle faisait au moins une tête de moins que lui, avant de décider qu’elle lui avait déjà donné beaucoup trop d’importance. Mieux valait l’ignorer pour le reste de la journée, désormais, et s’intéresser à la seconde ministre présente.

La Jedi prit justement la parole, interrompant à la volée la joute qui ouvrait leur rencontre. Mais ses propos la déçurent quelque peu. Emalia adressa à la Ministre un regard exaspéré, songeant en son for intérieur : ‘vous voulez vraiment me faire croire que ce type en a quelque chose à foutre de ma fille ?!’
Mais, serrant les dents devant l’hypocrisie de ces deux odieux politiciens, elle se retint d’émettre le moindre son supplémentaire. Car ce qui l’intéressait, ce qui faisait qu’elle avait souhaité s’exposer ainsi à cet imbécile de pantoran, c’était cet interrogatoire. Avec, à la clé, la possibilité éventuelle de comprendre qui avait commandité l’enlèvement de sa fille. Et si la République n’était pas capable de délivrer justice, elle lui donnerait un petit coup de pouce. Voilà tout ce qui l’intéressait.

Emalia écouta sans un mot la synthèse avant d’emboîter vivement le pas à la Jedi, passant sans politesse sous le nez du corellien. Hors de sa vue, le bougre ! Il fallait qu’elle se concentrât sur l’entretien qui allait suivre.
Pendant quelques instants, son cœur fut étreint d’une peur étrange : une Sith. On disait que les Sith pouvaient prendre le contrôle de votre esprit. Pouvait-elle entrer dans sa tête ? Qu’avait-elle pu faire à Milésya ?

Le trajet qui les conduisit jusqu’à la cellule lui parut étrangement court. Des Jedi étaient postés en faction à des intervalles réguliers, que la Reine saluait en opinant discrètement du chef, par pure correction. Son esprit était complètement ailleurs, car déjà elle alignait dans sa tête les questions qu’elle allait poser.

Mais lorsqu’ils arrivèrent devant la cellule, à l’intérieur de laquelle s’exerçait étrangement une créature longiligne et sans couleur, toute son excitation et sa peur s’envolèrent brusquement, comme si quelqu’un avait déconnecté ses réactions corporelles. Ne restait plus que son cerveau qui faisait un constat déplaisant : toutes les questions qu’elle avait préparées resteraient sans réponse : qu’allait-elle faire de sa fille, qui avait commandité l’enlèvement… Il n’y avait tout simplement aucun moyen de pression sur cette prisonnière, c’était évident. Et quelque peu décevant.

Pour autant, cette créature avait quelque chose de fascinant. Dans ses positions lascives, dans ses propos insolents. Emalia fit un pas silencieux pour s’approcher plus près des lasers, à tel point qu’elle en sentait la chaleur picoter ses joues. Mais ainsi, elle pouvait mieux voir la prisonnière, son visage étrange entre ses longs cheveux noirs. Après quelques secondes de silence, mal vécues par la Sith, la souveraine prit finalement son inspiration, mais pour parler d’une voix blanche, qui ne lui ressemblait guère.

- Je suis la mère de l’enfant que vous avez tenté d’enlever au Sénat.


Elle ne s’était pas présentée comme la Reine d’Ondéron. A quoi bon ? Son statut ne comptait guère dans cette entrevue. Ce qui l’avait conduite ici, c’était son cœur de mère à qui on avait fait du mal en souhaitant toucher à sa fille.
Emalia plissa les yeux comme pour mieux voir et mieux comprendre.

- De quelle espèce êtes-vous ? souffla-t-elle finalement de but en blanc.
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Anonymous
Alyria avait l’impression d’être coincée dans une valse à quatre temps, où seulement deux temps permettaient de faire un mouvement. Ainsi, après avoir lancé son venin dans ce qui constituait une dernière bravade, à n’en pas douter, la prisonnière se mura dans un silence complet et pas une des questions que les trois arrivants posèrent ne trouva une réponse. Impossible de la faire parler.

D’ailleurs, étonnamment, Ion Keyien semblait se désintéresser de l’interrogatoire, ne posant que quelques questions circonstancielles sans grande importance à ses yeux, et bientôt, la maîtresse d’armes dut se rendre à l’évidence : tout cela ne mènerait à rien, hormis à un ennui ou une frustration grandissante, selon les participants présents. Aussi après trois heures à s’escrimer en vain, la trentenaire mit fin à la mascarade en disant :

« Cela ne sert à rien, elle ne dira pas un mot de plus, hormis des insultes. Madame, vous venez de gâchez vos chances d’une éventuelle remise de peine. »

N’ayant plus rien à faire là, le trio hétéroclite quitta la prison, laissant la prisonnière ruminer derrière elle. Une fois cela fait, Alyria se tourna vers son collègue pantoran et suggéra :

« Je présume qu’il est temps de contacter Madame la Ministre de la Justice pour déferrer cette personne devant un tribunal pour kidnapping, intrusion dans un espace sécurisé non-autorisé, coups et blessures, et après un examen par une miraluka… Infraction aux lois anti-sith. »

La femme était sensible à la Force et utilisait le côté obscur. Point. C’était suffisant à ses yeux, et ses actes ne plaideraient pas en sa faveur. En la matière, il ne fallait pas trop demander à une gardienne et maîtresse d’armes de clémence. La justice trancherait, tout simplement. Après quelques instants de conciliabules et un bref salut envers la reine d’Ondéron, Ion Keyien quitta les lieux afin d’appeler la Sénatrice de Sélonia … et sans doute regagner Coruscant au plus vite.

Alyria se retrouva donc très inconfortablement avec Emalia Kira et finit par dire d’une voix douce, sincère :

« Je suis vraiment désolée pour le comportement de mon collègue… Certains ont la victoire peu élégante, pour parler poliment. J’aurais vraiment préféré que les choses se passent autrement, que vous ayez des réponses de la part de cette femme. »

Cela n’avait pas été le cas, et la jedi en était vraiment marrie. Mais elle tint à ajouter avec conviction :

« Cependant, je puis vous assurer que je mettrais personnellement tout en œuvre pour tenter de remonter la piste des commanditaires éventuels de cet enlèvement…

Et que la coupable recevra le châtiment qu’elle mérite. »


Les jedis aimaient rarement les fauteurs de trouble. Alyria n’avait que peu de pitié pour ceux s’en prenant à des enfants. Justice serait rendue, et cette femme s’en mordrait les doigts, il n’y avait rien de plus à ajouter. La maîtresse d’armes aimait l’ordre et sa conception de la justice ne dérogeait pas à cette règle.

Elle salua poliment la reine d’Ondéron, et conclut :

« Bien, à moins que je ne me trompe, je pense que vous n’avez plus besoin de moi, je vais vous laisser et prendre la direction du Temple.

Au revoir, Votre Majesté. Ce fut un plaisir, malgré les circonstances fâcheuses et un dénouement guère à la hauteur de vos attentes, je m’en doute.

Je réitère à titre personnel mes plus sincères vœux de rétablissement à votre fille. Qu’une fillette puisse être enlevée dans les couloirs du Sénat prouve qu’il est nécessaire de revoir nos mesures de sécurité. Je m’y emploierais, c’est le moins que je puisse faire. »


Sur ce, elle s’inclina légèrement, et s’avança vers la sortie, profondément désolée que les choses se soient déroulées ainsi, chagrinée pour Emalia Kira, car elle n’osait imaginer ce qu’une mère pouvait ressentir à cet instant, et agacée par le manque de coopération de la détenue. Au moins pourrait-elle passer au Temple pour prendre quelques affaires supplémentaires et saluer ses connaissances.

C’était une bien maigre consolation.
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