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«Mademoiselle Evans, pouvez-vous me communiquer l'heure à laquelle je dois me ren...»

«Je vous en prie, Monsieur le Vice-Chancelier... Je suis Mademoiselle Barns. Pas Evans. Barns. Ça fait la septième fois, aujourd'hui...»

Lord Janos redressa la tête et dévisagea la jeune rousse qui se trouvait assise à l'entrée de la pièce, derrière un bureau en demi-lune. Ce choc... Déjà, la salle qu'on lui avait attribué, ce "bureau du Vice-Chancelier" ne lui inspirait que dégoût et mal-être... Il avait pourtant insisté pour demeurer dans sa suite, le fief où avait commencé sa carrière coruscanti ; mais la bureaucratie républicaine lui avait refusé cette faveur, "dans un souci d'efficacité et de respect protocolaire", lui avait-on cordialement communiqué. Ce décor rouge foncé, ce marbre de mauvais goût, ces surfaces rectangulaires... Le Lord aimait la lumière, la pâleur, la rotondité : son ancien bureau, son chez lui, était le seul endroit où il se sentait à l'aise. Ici, tout était exigu, pesant : on s'y sentait comme enfermé dans une boîte. Et c'était sans parler de la nouvelle secrétaire qu'on lui avait délégué, anciennement dévouée au précédent Vice-Chancelier. Une personne très compétente, lui avait-on communiqué.

«Oui. Excusez-moi.», reprit Janos en se frottant les yeux, affligé. «Mademoiselle Barns... Pouvez-vous me dire l'heure à laquelle je dois rejoindre Kal Nomos, s'il-vous-plaît ?»

La secrétaire croisa les jambes et se redressa, les lèvres en cul de poule, un sourcil un peu trop redressé par rapport à l'autre, l'air niais - cet air niais, diable ! dès les premières secondes, dès la première poignée de main, cette niaiserie si viscéralement explicite avait exaspéré le Vice-Chancelier !

«Euh... Je vois pas trop de quoi vous parlez, Monsieur le Vice-Chancelier. C'était indiqué dans l'emploi du temps ?»

Janos soupira, rectifiant en pensées : «Je NE vois pas de quoi vous parlez...».

«Non, c'est indiqué sur mon front.», répondit-il, d'une voix où s'excitait une colère mal contenue. Et quand il vit le regard de cette secrétaire de pacotille bifurquer sur son front, il se leva et posa les poings sur son bureau : «Mais bien sûr, dans l'emploi du temps !»

Persuadée de s'être laissée duper par un tour de langage fallacieux, la nouvelle assistante du Lord consulta son écran holographique quelques instants.

«Euh... C'était ce soir, Monsieur le Vice-Chancelier ?»

«Oui.»

«Ah ben euh... Non... J'ai rien, moi. Vous êtes sûr que c'est pas vous qui a oublié de... ?»

«Non, ce n'est pas moi. Tentez de le recontacter, dans ce cas.»

«D'accord.»

Cette posture, cette mise, même ce «d'accord» l'exaspéraient. Et ce manque d'organisation, surtout. Mademoiselle Evans, elle, n'oubliait rien, ne laissait rien échapper, pas un horaire, pas une faute d'orthographe dans les missives officielles, rien. Le scrupule, l'ordre et la rigueur, mécaniquement appliqués aux exigences d'un travail de secrétariat. Janos se rassit en rêvassant quelques instants. Mademoiselle Evans faisait son travail à la manière d'un démiurge qui fabriquerait de toute pièce un cosmos fait d'archives, de données et de rubriques : à ce stade, ce n'était même plus un travail, c'était de l'art, l'Essence de l'Ordre incarnée dans l'administration. Les yeux du Lord quittèrent l'immonde couleur rouge de son bureau, pour s'enliser dans un passé qui lui semblait si lointain, maintenant, ce temps où il pouvait appeler son apôtre :

«Mademoiselle Evans.»

«Non, Mademoiselle Barns. Huit fois aujourd'hui, hein !»

Frappé de plein fouet par la voix criarde de cette petite incompétente, Janos redescendit d'un coup sur terre.

«Bon. Vous avez contacté Kal Nomos ?»

«Il ne répond pas. J'essaie encore ?»

Janos s'enfonça dans son fauteuil de cuir, un fauteuil franchement inconfortable par rapport au sien - le budget de la République était-il si gravement touché par la crise ?

«Faites ce que vous avez à faire. J'ai dit.»

Mademoiselle Barns lorgna son supérieur d'un œil interrogateur, mais ce dernier était retourné aux documents qu'il consultait.

«Mais... Qu'est-ce que... ?»

«Un problème ?»

Janos se releva, furibond.

«"Veuillez agréer"... Le -z se met sur "veuillez" et le -r sur "agréer" ! Mais enfin ! Vous avez de la bouillie dans le crâne, ou quoi ? La forme "veuiller" avec un -r n'existe même pas !»

«Oh, mais vous savez, ces choses-là, c'est quand même assez compliqué. D'abord, il faut penser à tout. Le -er, les -ez, les -és... Avouez qu'il y a de quoi s'emmêler les pinceaux facilement. Et puis...»

«Ras le bol.»

Janos venait de contourner son bureau et se dirigeait désormais vers la porte.

«Euh... Mais... Monsieur le Vice-Chancelier...»

«Vous êtes capable de le comprendre, ça, oui ou merde ? Ras le bol, je vous dis ! Vous n'êtes qu'une incompétente ! Une ratée ! Avec un -ée !»

Quand Mademoiselle Barns demanda d'une voix frêle : «Et pour Monsieur Nomos, alors ?», Lord Janos était déjà parti. La porte venait de se refermer, et l'on entendait son pas militaire s'éloigner lentement dans le couloir...
* * *

Le barman du Diamant Vert avait vaguement cru reconnaître la tête de l'homme mystérieux qui était venu s'accouder à son bar, en cette heure reculée de la nuit. Des types louches, ça affluait en permanence : il n'y voyait pas trop de problème, d'autant que c'est ce qui constituait l'essentiel de sa clientèle. Mais celui-là, à tous les coups, il en était sûr : il l'avait déjà vu. Oh, pas dans son bar, non, mais ailleurs, peut-être aux holo-infos. Enfin, ça restait à vérifier. Et puis tant qu'il payait...

«J'vous sers quoi, chef ?»

«Ce que vous avez de plus fort.»

«Euh... Ce que j'ai d'plus fort du point d'vue d'un humain, ou ce qu'il y a de plus fort tout court ?»

«Ce que vous avez de plus fort tout court.»

«Euh... Z'êtes vraiment sûr ? Parce qu'y vous faudrait un estomac d'acier pour avaler ça...»

«Je n'y vois pas d'objection.»

«Ok-ok. Comme vous voudrez. Mais allez pas tout me dégueulasser après, hein ?»

Janos regarda le patron du bar, un Besalisk pour le peu répugnant, se retirer quelques instants pour lui servir à boire. Il avait marché toute la soirée dans les ruelles les plus obscures de Coruscant, mû par le vague espoir qu'il pourrait retrouver sa Main dans les différents repères où ils agissaient dans l'ombre, autrefois. Mais en vain : elle n'était nulle part. Nulle part, absolument nulle part. Alors il avait continué cette course absurde à travers les ruelles, à la recherche désespérée d'une ombre qu'il n'attraperait jamais plus. Il avait erré, erré encore et encore, s'enivrant de cette course-poursuite sans but, jusqu'à s'arrêter au hasard dans cette cantina crasseuse et mal fâmée où des individus sans gloire tentaient de noyer anonymement leurs malheurs dans l'alcool. Après tout, il fallait s'imaginer qu'ils n'avaient pas tout à fait tort...

«Elshandruu pica thundercloud ! On appelle aussi ça un "nuage orange", et j'vous l'ai stimulé avec des micros chocs électrique. L'un des pires trucs qui existent dans c'te Galaxie ! Ça s'appelle comme ça parce que ça fait l'même effet qu'une explosion d'vaisseau sur l'cerveau, pour tout vous dire !»

«Je vous remercie.»

Janos ne prit même pas le temps de regarder les vapeurs orangées et les volutes tourbillonnant autour du verre à pied que lui avait servi le patron. Il le prit mécaniquement, se dit : «Je dois l'oublier», se répéta encore : «Je dois l'oublier», puis but. D'un coup. Cul sec. Le barman, toujours accoudé, poussa un long sifflement.

«Oh, putain ! Oh, le mec ! Non, mais il me l'a bu d'un coup, cet enfoiré !»

«Encore.»

Était-ce son corps mécanique qui tenait bien l'alcool pour d'inexplicables raisons chimiques ? ou à force de siroter des whisky et autres brandys, ce qui lui restait d'organique dans l'estomac lui avait-il permis de développer une résistance hors du commun et proprement surhumaine - pour ne pas dire inhumaine ? Quoi qu'il en fût, quand le patron revint en lui apportant un nouveau verre, Janos l'avala avec aussi peu de prévenance que le premier.

«Merde, mec ! Dis-moi que tu vas tomber dans les vap, allez !»

Mais le Lord, plus ou moins égal à lui-même, répondit d'une voix ferme :

«Non. J'en désire un autre.»

«Non, mais merde, quoi ! T'es sérieux, là ?»

«Un autre. J'ai dit.»

Si le deuxième verre n'eut pas un effet tonitruant sur le cerveau de Janos, celui-ci sentit tout de même que l'alcool lui montait progressivement à la tête. Mais ce fut le troisième cul sec qui commença vraiment à dérégler sa représentation de l'espace. En sentant le sol tanguer et les musiques de bar se dilater, le Lord constata soudain qu'il n'avait été saoul de toute son existence : légèrement atteint par les apéritifs, mais toujours dans la limite du raisonnable. La première fois, donc... Comme un jeune puceau tout excité par sa première virée nocturne... Franchement... N'était-ce pas pathétique ? Peut-être, mais au moins, le visage de son apprentie se dilatait, lui aussi...

En tout cas, pour l'une des rares fois dans sa vie, Janos venait de se faire un ami. Le patron décida de s'asseoir à ses côtés, lui donna une tape dans le dos, et but lui aussi un Elshandruu pica thundercloud.

«Même si t'as une tête d'aristo, t'es un bon, toi ! J'comprends tes soucis, mon gars. Moi, avant, j'étais dans l'armée républicaine, et pis j'suis parti pour un vaisseau corsaire, enfin une histoire pas possible. Et v'là maint'nant que l'projet a été abandonné, faute de sous et d'équipage, alors ben, j'me r'trouve là, comme serveur. Enfin bon...»

«Hum... Oui, j... je compatis...»

Un silence enivré.

«Et toi, qu'est-ce tu cherches à oublier ? Une femme, j'imagine ?»

Lord Janos acquiesça gravement.

«On peut dire ça comme ça, oui...»
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« Pardon ? »

Fenter se tortilla devant elle, visiblement très mal à l’aise et continua d’une voix peu assurée :

« Je sais que c’est… Difficile à imaginer, moi-même je reconnais j’ai… »

« Difficile à imaginer ? Le Vice-chancelier parti en goguette dans une cantina mal famée ? LE Lord Janos ? Non mais annoncez-moi tout de suite que le Chancelier est en ce moment-même en train de conter fleurette à la Dame Noire, ce serait presque aussi crédible…»

En voyant l’absence de réaction de son directeur de cabinet, elle ajouta avec une grimace :

« A la réflexion, évitez de me l’annoncer Fenter… L’image qui me vient en tête est pour le moins dérangeante. »

Avec un soupir particulièrement agacé, Alyria ferma les yeux, se massant les tempes de frustration. Mais pourquoi il avait fallu qu’une telle histoire tombe sur elle ? A croire qu’elle attirait les situations rocambolesques, mais il fallait reconnaître que celle-là… Enfin, le Vice-chancelier quand même ! Rouvrant les yeux, et prenant pitié du malheureux amiral qui ne savait plus trop où se mettre, elle finit par lâcher :

« Pardonnez-moi Fenter, c’est juste que… Enfin, vous serez quand même d’accord pour dire qu’imaginer le Vice-chancelier dans un tel endroit, eu égard à sa réputation, est tout de même franchement improbable. »

« Ça, je vous l’accorde. Pourtant, le soldat qui était présent dans cette cantina pour euh… rendre visite à une connaissance est formel, et l’agent dépêché sur place confirme ses dires. Imaginez les conséquences si quelqu’un le reconnaissait en pleine ivresse… Ou tentait de… euh… »

« Profitez de sa vertu ? Je crois qu’il n’y a pas de risque de ce côté-là Fenter… »

Oui, les moments de ce genre avaient tendance à réveiller son côté sarcastique. Surtout quand elle avait vraiment autre chose à faire que de s’occuper des beuveries nocturnes des uns et des autres. Non mais franchement, ce n’était pas parce qu’elle la seule jedi dans le gouvernement qu’elle était censée jouer les nounous pour tous les autres membres ! Se reprenant, elle ajouta, tentant de se montrer un peu plus charitable :

« Navrée, c’est… sorti tout seul, la fatigue et l’agacement, à n’en pas douter. Bien… Il ne reste plus qu’à dépêcher quelques membres des forces spéciales pour exfiltrer notre adorateur nouveau des bacchanales et le ramener à bon port pour cuver son vin dans ses appartements. »

Voyant que Fenter ne bougeait pas d’un pouce, elle ajouta, maintenant franchement de mauvaise humeur et pressée de partir enfin de ce maudit bureau :

« Oui ? Un autre ministre saoul à m’occuper ? Drogué peut-être ? Après tout, on n’est plus à ça près… »

D’une toute petite voix :

« C’est-à-dire que… Hum… Envoyer une troupe risquerait de faire les gros titres des journaux… Les services secrets et le secrétariat de la Chancellerie recommandent la plus grande discrétion… Alors, nous nous sommes dit que… »

Voyant soudain où il venait en venir, Alyria agita une main immédiatement en signe de dénégation et dit d’une voix forte :

« Ce n’est même pas la peine d’y penser ! Il est hors de question que je mette les pieds dans une gargote infâme pour soigner l’alcoolisme soudain de Lord Janos. »

N’obtenant aucune réponse, elle ajouta :

« Et par pitié, ne me dites pas que c’est une idée qui vient de la Chancellerie… »

« Du secrétariat en fait mais… »

Passant ses mains sur son visage, Alyria laissa échapper un soupir particulièrement sonore et lâcha finalement d’une voix contrite :

« C’est que… J’avais un rendez-vous important ce soir au Temple… Une réunion… »

Ce qui en langage normal signifiait : un moment galant en compagnie d’un certain maître d’armes, mais il valait mieux ne pas expliciter de la sorte, c’eut été quelque peu… gênant. Et elle ajouta histoire de marquer le coup :

« Et je tenais beaucoup à être présente… Vraiment beaucoup. »

Avec un pauvre sourire, l’echani répondit :

« Je suis vraiment désolé Madame la Ministre… Si vous voulez, je vais y aller moi-même. »

« Non, non, vous avez raison Fenter… Bon, trouvez-moi une bure sombre et des gants noirs, que je sois moins reconnaissable. Plus vite j’aurais fini cette… euh… mission d’exfiltration si j’ose dire, plus vite je serais de retour. »

Et plus vite elle pourrait s’adonner à des activités autrement plus réjouissantes. Ce qu’il n’était absolument pas nécessaire de préciser à voix haute !

Voyant Fenter sortir, Alyria poussa un énième soupir puis alluma son holo-communicateur, désormais ultra-sécurisé, fonction ministérielle oblige, et envoya un message à Lorn pour le prévenir qu’elle aurait beaucoup de retard à cause d’un… imprévu à forte teneur en alcool.

Une fois cela fait, elle attendit le retour de son directeur de cabinet, tournant en rond dans son bureau comme un lion en cage. Mais enfin, pourquoi est-ce qu’une telle tuile était tombée sur elle, par la Force ! Enfin, Fenter revint avec les affaires demandées, et elle entreprit d’enfiler les gants noirs et la longue bure d’un marron foncé. Elle était fin prête…

« Je n’aurais jamais cru dire ça un jour mais… Allons donc faire la tournée des cantinas. »

Après un voyage en navette et un peu de marche, elle arriva finalement à l’endroit indiqué, dont l’extérieur fleurait bon l’odeur d’urine rance et de vomi d’alcool fort… Bref, un coin charmant à n’en pas douter, vraiment, le Vice-chancelier avait des goûts délicieux. Apercevant l’agent des services secrets en faction devant la porte grâce à la description fournie au moment du départ, elle se dirigea vers lui et lui dit :

« Bien… Un rapport de la situation ? »

L’homme sursauta, puis la reconnut et lui expliqua à voix basse :

« Le Vice-chancelier est à l’intérieur, et manifestement déjà bien imbibé… Euh pardon, Madame la Ministre, je veux dire, euh… »

« Je crois que j’ai parfaitement compris… D’autres renseignements ? »

« Pas vraiment, le Diamant Vert est assez connu parmi la faune locale pour sa cave d’alcool fort et ses euh… enfin, vous voyez, sa… euh… compagnie galante ? »

« Ses prostituées, soldat, appelons un chat un chat, je ne suis pas en sucre. Normalement, je crois qu’on peut tabler sur le fait que ce n’est pas pour cela que Lord Janos est venu. »

Enfin elle l’espérait très fortement. L’image d’un Janos ivre avec une twi’lek dansant lascivement sur ses genoux métalliques avait quand même de quoi refroidir n’importe qui… Et pas question d’intervenir, il ne fallait quand même pas trop lui en demander !

Prenant une profonde inspiration, Alyria souffla :

« Bien, allons sortir le Vice-chancelier de la douceur des paradis artificiels… »

Elle entra et dut réprimer une grimace de dégoût devant la crasse de l’endroit et l’odeur infecte qui s’en dégageait. Au moins, elle ne mit que quelques instants à apercevoir le cyborg, qui tanguait dangereusement près du bar. Bon, eh bien, autant y aller directement, la jedi n’était pas franchement d’humeur à user de la finesse diplomatique. Mais alors, pas du tout.

S’accoudant au bar à côté du Vice-chancelier, enfin de ce qu’il en restait après les verres ingurgités, elle secoua vigoureusement son épaule, et siffla à son oreille suffisamment fort pour qu’il comprenne sans alerter la salle entière :

« Eh bien, vous savez surprendre votre monde, Lord Janos… J’ignorais que vous aviez une appétence particulière pour les cantinas sordides et les danseuses faméliques. Non pas que la découverte de cet endroit charmant me gêne, mais j’apprécierais beaucoup si vous pouviez reposer gentiment reposer ce verre et me suivre pour que je vous reconduise dans vos appartements…

Les conséquences de cette petite virée risquent d’être pour le moins fâcheuses… Allons, je ne sais pas pourquoi vous êtes là, mais une chose est sure : les conversations de comptoir à teneur forte en alcool ont rarement des effets foudroyants… »
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Thème musical

Il... l'avait... déj... déjà vue, cette... cette femme !

«B'jour ! On se c-co... connait... Non ?»

Quiconque ouvrirait l'holo-page de la Grande Encyclopédie Galactique des Alcools qui y est dédiée - GEGA pour les connaisseurs - y découvrirait que l'Elshandruu pica thundercloud est l'une des pires concoctions que l'on eût jamais fait fermenter de tout l'Univers. Cette boisson avait sur un organisme normalement constitué l'effet d'une bombe à retardement sur un bataillon bien ordonné : l'armée continue de progresser en rangs serrés, mais la bombe a déjà amorcé l'impitoyable mécanique qui lui permettra de liquider les malheureux se trouvant en son emplacement, et de laisser se disperser les survivants. À vrai dire, les neurones de Janos étaient plutôt tenaces, et même sur ce terrain-là, notre homme pouvait se montrer combatif : les derniers survivants ne tournèrent pas le dos, mais s'acharnèrent à faire fonctionner d'ultimes et désespérées connections synaptiques qui leur offriraient encore prise sur le réel.

«Ah... Mais... Maître V-Von ! B-Bienvenue, oui, bienvenue. Vous joindrez-vous à... à nous ? C'est que... nous sommes seuls, en ce m-moment, et une c-compagnie aus... aussi p-plaisante que la v-vôtre ne nous f-ferait guère de... mal !»

Le Besalisk qui lui avait servi la boisson fatale s'en était retourné à son service, et depuis déjà une bonne vingtaine de minutes, le Lord tanguait insensiblement sur son tabouret, pris d'un mal de mer qui, tragiquement, n'était pas pour lui déplaire... Il se redressa tant bien que mal, tituba, invita sa collègue à prendre place à ses côtés.

«Mais j-je vous en prie. Ass...eyez vous... Nous n-ne vous ferons aucun mal...»

Les informations dont disposait sa mémoire artificielle sur Alyria Von lui apparurent immédiatement dans le creux de son œil artificiel. Il tenta de chasser cette nuisance visuelle, n'y parvint pas et ouvrit à la place un autre fichier constitué d'une liste complète des Maîtres du Temple. Il aurait voulu effacer tous ces noms, mais en vain : ils restèrent là, dans les tressaillements imbibés de son iris artificielle , se superposant à l'image déjà brouillée qu'il avait de la jeune femme.

«P-Pour tout vous... avouer, n-nous sommes surpris... N-Nous nous attendions à ce... qu'une t-troupe de soldats se charge de nous, mais pas... pas qu'un ministre vienne en p-personne s'occuper de nous. S-Sommes nous si... si importants p-pour vous ? Nous... Nous sommes flattés... Vraiment...»

Un fourmillement se fit sentir, sous sa peau artificielle. Il se gratta ostensiblement, et, du peu de conscience qui lui restait, comprit qu'elle n'en aurait plus pour très longtemps à tenir. Mais il s'en moquait. Sa Main avait disparu, et il était seul, et plus rien n'avait d'importance, désormais, et puis merde. Voilà. Merde. Ce fut la seule pensée qui lui traversa l'esprit. Merde. Merde, merde, merde.

«Allons, allons, Maître Von...», reprit-il avec plus d'assurance. «Désirez-vous... assister à la soirée la plus inédite que... qu'il vous sera donné de passer en compagnie du grand et de l'impitoyable Lord Janos ?»

Avant même qu'elle n'eût le temps de répondre, il claqua des doigts en direction du gros Besalisk.

«Patron ! La même chose... pour ma partenaire ! Et... un autre pour moi !»
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Lord Janos était bourré. Oui, oui, le Lord Côme Janos, l’impitoyable homme politique pourfendeur de la corruption et de l’inaction sénatoriale, le redoutable orateur sénatorial, l’homme des retournements d’alliances et des plans aux multiples ramifications électorales, comme l’avait prouvé son échange avec Emalia Kira le soir des élections, était fin saoul. Et pas joyeusement pompette, oh que non, mais parfaitement raide, désespérément aviné, en un mot : totalement fumé.

Et c’était Alyria qui allait devoir ramener ce nouvel adhérent à la Société des cavistes coruscantis, charmante coopérative de beuveries de luxe… Même si niveau luxe, vu l’endroit, il faudrait repasser maintenant qu’elle y repensait. En voyant qu’il avait du mal à la reconnaître, Alyria réprima un soupir, imaginant  l’espace d’instant toute l’horreur que cela allait être d’essayer de parvenir un message cohérent jusqu’à ces neurones mécanisés et à l’heure actuelle passablement imbibés. Qui avait dit qu’alcool et ingénierie ne faisaient pas bon ménage ? Certainement pas Janos, vu son état.

Quoique, à la réflexion, elle préférait sans doute mieux cette phase quand elle l’entendit son titre jedi. Bah voyons, pourquoi ne pas prendre un porte-voix pendant qu’il y était ? Histoire que tout le monde soit au courant dans un rayon de quelques kilomètres…  Inspirant profondément pour tenter de retrouver son calme habituel, tant sa patience était déjà entamée avant même d’avoir vraiment engagé sa tentative d’exfiltration, Alyria ne put néanmoins de tiquer à l’emploi du « nous » par le Vice-chancelier… ou ce qu’il en restait. Elle avait entendu parler de l’alcool mauvais, de l’alcool joyeux, et de quelques autres variétés, mais l’alcool monarchique, ça c’était une grande première… Quant à la remarque sur sa « compagnie plaisante », elle osait espérer que la boisson n’avait pas tourné la tête au cyborg au point de donner une connotation toute particulière à cette phrase…

Observant d’un air désolé l’homme tanguer sur son tabouret comme un bateau ivre, ce qui était le cas de le dire, Alyria finit par s’asseoir néanmoins, ses sourcils se levant en l’entendant lui dire qu’il ne lui ferait pas de mal… Sans rire ? Voilà qui était une assurance tout à fait intéressante.

Aussi elle ne put s’empêcher de persifler :

« Nous ? Vous vous associez avec votre verre ? »

Beau couple, très bien assorti… Quoi, Alyria, sarcastique ? Pensez-vous… Mieux valait éviter de la déranger tard le soir pour une sombre histoire de saoulerie nocturne, en lui faisant rater un rendez-vous au passage, une maîtresse d’armes agacée et un peu frustrée n’était pas forcément exempte de quelques piques bien senties… Surtout quand on lui donnait l’occasion.
Attendant patiemment que l’ancien sénateur finisse de cuver, la jedi laissa son regard se perdre dans la salle. Un jeu de pazaak prenait place, et si elle en croyait son intuition, la chance insolente d’un des joueurs, un balosar à en juger par les antennes, devait sans doute plus à une combine quelconque qu’à une faveur soudaine du hasard… Mais elle était peut-être mauvaise langue… Ou pas.

Et voilà que le Vice-chancelier repartait à parler de lui à la première personne du pluriel… Décidément, ce nouveau tic de langage était quelque peu… Etrange à écouter. Même si elle se chargea de doucher ses espoirs d’une soudaine affection un brin ironique.

« Si cela n’avait tenu, ladite escouade serait déjà là. Mais voyez-vous, il se pourrait que vous voir faire les gros titres des journaux à scandale demain ne fasse pas les affaires de certaines personnes… 

Cela dit, si vous y tenez absolument, je peux toujours me rabattre sur la troupe de soldat, ou laisser votre ami Ion Keyien se charger avec sa Garde républicaine de vous ramener. Je suis sûre qu’il s’en chargera très bien. »

Imaginer le pantoran en train de se frotter les mains à l’idée d’appréhender son meilleur ennemi dans un tel état d’ébriété lui donna soudain une furieuse envie de rire, et elle se retint à grand peine. Cependant, son sérieux lui revint vite, et elle dit d’un ton légèrement compatissant tout de même :

« Allons, il vaut sans doute mieux pour vous que ce soit moi qui me charge de cette affaire, je pense que vous en conviendrez. »

Bon en même temps, si ce n’était pas le cas, il lui faudrait faire avec.

Observant la peau synthétique se décoller sous l’action des doigts du Lord, Alyria se dit que décidément, rien ne lui serait épargné cette nuit-là, même si maugréer mentalement n’aidait pas beaucoup à la tirer de là. La proposition du cyborg lui arracha un sourire malgré elle et la trentenaire répondit avec une pointe d’amusement clairement perceptible :

« Oh, je crois que cette soirée est déjà inédite, n’en doutez pas. Même si le grand et impitoyable Lord Janos me semble pour le moment grandement en danger de tomber de son tabouret à force de chavirer et impitoyablement saoul. »

Elle ajouta :

« De toute façon, vous n’êtes pas transportables en l’état… Enfin du moins, j’ai quelques doutes… »

En voyant le Besalik amener la commande, et rien qu’à l’odeur, Alyria manqua tourner de l’œil. Pas étonnant que le cyborg soit bien éméché : il y avait de quoi tuer un bantha là-dedans ! Pas question de boire ce poison à effet immédiat.

« Je crois qu’il n’y a plus à chercher… La République tient sa nouvelle arme de destruction massive… Un alcool pareil doit pouvoir ronger les blindages de vaisseaux… »

Le tout avait été avec une ironie consommée, qui ne semblait pas vouloir la quitter. Mais cependant, à force de parler ministère et maître, ils allaient vraiment finir par se faire reconnaître par quelqu’un. Aussi Alyria demanda au besalik :

« Vous n’auriez pas un coin tranquille pour… euh… savourer cette… euh… rareté ? »

Au bout d’un moment, le barman lui indiqua un petit recoin de la salle, sans doute destiné aux couples souhaitant boire un verre avant de passer aux choses sérieuses, si l’on pouvait dire, à en juger par sa position en retrait et légèrement protégée des regards. Bon, ça ferait l’affaire.
« Allons, nous serons mieux là-bas. Venez donc, et appuyez-vous sur moi pour marcher si besoin. »
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L'ivresse s'exerce habituellement sur la totalité d'un organisme normal. Attaqués par les effluves de l'alcool, les neurones perdent toute relation cohérente avec le corps qu'ils sont censés gérer, et, à mesure que se brouille la perception du temps et de l'espace, les membres de l'enivré vacillent, s'affaissent, avant de soudain subir le coup de grâce, l'ultime élan vers ce sol tanguant dont on ne se relèvera que le lendemain, avec une bonne gueule de bois.

En revanche, si vous cherchez à enivrer un droïde, vous ne parviendrez à rien : il demeura égal à lui-même, ne perdra rien de la cohérence de ses gestes, et continuera à assumer sa fonction, conformément à ce que lui dictent ses programmes.

Il faut croire que la proportion de cyborgs demeure assez réduite, dans la Galaxie, car très peu de monde a en tête l'effet produit par l'alcool sur un organisme mi-naturel, mi-artificiel.

Lorsque Lord Janos se releva pour tenter de suivre la ministre Von, son esprit ne parvint pas à analyser correctement la distance qu'il lui fallait traverser depuis le bar jusqu'à la petite cellule réclamée par le Maître Jedi. Mais dans les profondeurs de son corps, un système d'alarme se déclencha : le programme chargé de la gestion de l'espace identifia un problème, analysa le tracé oblique que dessinait le Lord en faisant les premiers pas, et, à une prise en charge neurologique de ses mouvements, substitua automatiquement un contrôle cybernétique. Il y eut alors cette image piteuse et grotesque d'un ivrogne au tronc brinquebalant, monté sur deux jambes capables de s'auto-déplacer. Jamais la rupture entre la part artificielle et la moitié naturelle de Janos n'avait été aussi marquée.

Accompagnées de son torse et de sa tête, ses jambes suivirent donc la ministre jusque dans la petite cellule. Elles prirent place en face d'elle, tandis qu'un coude alla se caler contre la table, et que le menton alla se bloquer contre la paume de la main.

«Main... Maintenant que nous sommes... en tête à tête... très chère Alyria - je... je peux vous appeler par votre pré... prénom, ma chère ?»

Il s'interrompit, tentant de déchiffrer l'image floue de la ministre que sa rétine abîmée par l'alcool superposait sur celle, claire, nette et informatique, que lui offrait son œil artificiel. La phrase qu'il avait entamée demeura en suspens. Il en ouvrit une autre.

«Vous... aimez faire de l'humour, hein ? Nous... Non. Nous n'aimons pas l'humour... Ni le rire... Ni la fête...»

Il éclata alors d'un grand rire dément, de ce rire qu'il avait déjà livré à Halussius Arnor, quelques semaines avant les élections, lors de cette fameuse rencontre où l'ancien Chancelier avait supposé son adhésion au Côté Obscur.

«Oui ! ...», s'écria-t-il en levant la main, manquant de se cogner la tête contre la paroi incurvée du mur. «Janos le psychorigide ! ... Janos l'intransigeant ! ... Janos le...» Il s'interrompit, laissa retomber la main sur la table. «Janos... le... tout ça, quoi...»

Piteux, c'était piteux, oui, mais tragique, surtout. La presse et les opposants politiques du Lord aimaient à stigmatiser son absence totale d'auto-critique, mais voilà qu'à travers l'Elshandruu pica thundercloud, s'exprimait une vérité brute, nue, vagues remous d'une lucidité exercée au quotidien, et qui ne refaisait surface qu'au moment même où l'alcool était venue l'entamer.

«Nous... Nous savons ce que vous... pensez. Votre... Votre air supérieur... narquois... il ne ment pas... Et nous savons que ça vous amuse, de voir le grand Lord Janos dans cet état, hein ? Oh, oui, ça vous fait marrer.»

Ces derniers mots avaient été prononcés d'une voix rauque, critique, ténébreuse et perçante.

«Ah ! C'est vous, qui êtes piteuse... avec votre supériorité ! ... Piteuse, oui ! ... Vous qui... voyez Lord Janos comme un psy... psychorigide... avez-vous seulement conscience de ce que je suis ? ... De ce que j'ai subi ? ... De tout ce que j'ai subi ? Je ne le pense pas, non.»

Il adressa à la ministre un regard noir, sinistre, et pitoyable. Un regard vif et vrai, parcouru de ce désespoir auquel se réduisait son existence, désormais.
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Anonymous
En tant que jedi, Alyria avait vu un certain nombre de choses pour le moins étrange au cours de sa vie : espèces surprenantes, situations inédites, mystères insolubles… Quelques temps auparavant à peine, sur Byss, elle avait été confontée à des statues rakata géantes animées et à un vortex de l’obscur, ce qui occupait une place très élevée dans sa liste personnelles des phénomènes les plus bizarres qu’elle ait pu observer au cours de ses trente-quatre années d’existence. Mais elle devait reconnaître que la vision d’un cyborg ivre se classait aisément dans son top dix. Qui contenant pourtant de sacrées anomalies…

Elle avait donc sous les yeux deux jambes qui avançaient de manière parfaitement normale, et un torse à la dérive qui se balançait au rythme dicté par l’alcool. Face à ce spectacle inhabituel, c’était le moins que l’on pouvait dire, les conversations se turent peu à peu dans la cantina, même les joueurs de pazaac avaient arrêté de s’écharper. Tous observaient la scène, et bientôt, ricanements et exclamations emplirent la salle.

Un des clients, déjà passablement éméché, lança même à la maîtresse d’armes un charmant :

« Eh, il risque pas de te faire grand-chose celui-là ! Si tu veux une vraie nuit de folie, viens par là… »

Alyria lâcha un long soupir exaspéré et suivit le cyborg brinquebalant jusqu’à la table désignées. Elle s’assit en face de lui, et attendit qu’il se remette de sa traversée de la salle.  A sa question, elle répondit d’une voix velouté, presque comme s’ils étaient dans un café cossu et non dans un bouge sordide et passablement odorant :

« Je vous en prie, mon cher Côme. »

Un partout, la balle au centre.

La suite fut assez… Etrange. Lord Janos semblait avoir complètement perdu son flegme habituel, comme si les vapeurs de l’alcool lui avait soudain causé un brutal changement de personnalité, ou plus exactement, une découverte assez douloureuse de sa propre intériorité. C’était comme s’il lui balançait toutes les rumeurs qui couraient sur lui, toutes les médisances, à la figure, pour mieux se dédouaner. Il y avait quelque chose de terriblement pathétique à voir un homme ordinairement si composé, avançant sans jamais se retourner, sans tenir compte des bruits de couloir craquer soudainement et reconnaître aussi farouchement certains choses sur son compte.

Or, quand un être était dans un tel état de délabrement psychique, il en venait souvent à accuser les autres, et ce fut précisément ce qui arriva. Alyria se résigna à encaisser sans broncher la remontrance, sachant pertinemment qu’il valait mieux ne pas envenimer la situation. Et puis en effet, sa compréhension avait été clairement limitée. En un sens, son intuition avait vu juste : elle sentait bien que le cyborg venait de lui avouer à demi-mot qu’il avait été affecté par quelque chose de bouleversant, une sorte de blessure intime, presque narcissique, dont elle ne savait rien, hormis qu’elle avait dû l’affecter très sérieusement.

Qu’est-ce qui pouvait bien pousser un homme de la tempe de Côme Janos à se saouler dans une cantina? Elle n’en savait rien, et préférait presque que cela reste ainsi. Cependant, la maîtresse d’armes était aussi une jedi, et se résolut tout de même à tenter de dialoguer, de l’écouter.

« Je ne vois pas ce qu’il y a de réjouissant à vous voir ainsi, Lord Janos. Je ne me réjouis jamais de la peine d’autrui… Mais je ne vais pas vous rappelez des préceptes que l’on vous a appris bien avant moi… »

Non, elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’il subissait à l’heure actuelle, et si elle connaissait, comme beaucoup de monde, le récit tragique de l’attentat qui l’avait frappé de nombreuses années auparavant, le condamnant à vivre dans une enveloppe corporelle pour la majeure partie métallisée, elle ne pouvait évidemment comprendre dans son intégralité cette épreuve, seulement l’appréhender au mieux. Elle n’avait que sa main de robotique… Qu’est-ce que cela faisait de perdre tout son corps ? Elle ne pouvait qu’imaginer la dureté d’une telle réalité… et avoir de la compassion pour l’homme.

Aussi elle lui dit finalement d’une voix douce :

« Non, je ne pourrais sans doute jamais comprendre dans leur totalité ce qui vous est arrivé. Mais je peux essayer de l’imaginer. Et ce que j’y vois en faisant cela n’a, là encore, rien de réjouissant. 

Après, je ne sais pas ce qui vous arrive maintenant. Mais quoi que ce soit, je ne pense pas que vous noyer dans l’alcool va résoudre votre problème. »

Elle soutint le regard du Vice-Chancelier, et un long silence commença, qu’aucun d’eux ne désirait briser. Elle dardait son regard vert dans celui de l’ancien sénateur d’Aargau, et le temps sembla s’arrêter.

Ils restèrent là, assis à cette table crasseuse, sans rien dire, le Lord cuvant son vin ou las de parler, elle ne savait. Mais Alyria resta là à attendre, et quand elle vit que l’alcool commençait à s’évacuer lentement mais sûrement de son organisme, suffisamment en tout cas pour déplacer le cyborg, elle se leva et l’aida tant bien que mal à rejoindre la sortie.

Une heure plus tard, elle était de retour à la Chancellerie, pour signifier au Secrétaire général que le Vice-Chancelier avait bien été reconduit jusqu’à ses appartements, sans incident notable. Enfin, elle pouvait terminer sa journée, et lui trouver une conclusion un peu plus agréable que cette confrontation aussi brève que dérangeante avec Lord Janos…
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