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Oui, j’avais vraiment envie d’encourager Ysanne, et j’ignorais toujours autant pour quelles raisons une telle pensée venait me motiver. Certes, la métisse méritait des félicitations, mais j’avais l’impression que les miennes n’étaient qu’à demi sincères, ou plus exactement, exagérées. Pourtant, la réponse était sous mes yeux, et je la connaissais que trop bien : elle avait réussi à faire usage de ses phéromones et, sans doute à cause de mon scepticisme sur ses chances de réussir, elle était parvenue à se glisser au travers de ma garde abaissée. Ou alors, je n’avais tout simplement aucune idée de la manière dont je pouvais repoussait son action sur ma personne.
Dans tout les cas, bien que je savais qu’elle contrôlait en partie mes ressentis, je me retrouvais bloquée, comme si face à l’évidence, mon esprit refusait de réagir et je me retrouvais donc à l’encourager un peu bêtement.
Les propos de Yana ne firent qu’un simple écho dans mon esprit, et bien que j’en saisissais le sens, je ne savais pas réellement quoi répondre. En quoi cela devait-il changer quelque chose ? Etait-ce plus simple dans un cas plutôt que dans l’autre ? Il était vrai que j’avais toujours voulu encourager Ysanne, et peut-être que c’était pour cela que son action avait été plus simple, et que j’avais donc laissé mon esprit s’exprimer.
Dans tout les cas de figure, je devais admettre mon ignorance et ma faiblesse. Elle était bien visible, et j’avais désormais peur que les deux apprenties ne viennent profiter de ce trou béant dans mes défenses mentales pour prendre une forme d’ascendance sur ma personne en sachant que je ne pourrais de toute manière guère y résister !
« Oui et ? Comment je fais pour bloquer ça, moi ? »
Je me faisais plus pressante tandis que la Zeltronne demandait à Ysanne d’agir différemment, en tentant d’influencer mon caractère pour me faire agir d’une manière qui me serait fort inhabituelle ! Ma peur précédente revenait aussitôt à la charge, sans doute influencée par une très légère paranoïa. Qu’est-ce que Ysanne allait me demander de faire, à présent ? Serais-je tout simplement capable de bloquer ses prochaines envies ? Je l’ignorais, et rien que cette idée me terrorisait.
L’idée de dégainer mon sabre pour mettre un terme à toute cette histoire m’était venu à l’esprit, mais j’avais besoin d’Ysanne. Et Yana pourrait toujours être une alliée sur qui compter. Encore qu’il faudrait pour cela qu’elles ne tentent rien contre moi à l’aide de leurs satanées phéromones ! Aussi, lorsque la métisse affirma avoir trouvé une idée, je me crispais quelque peu. Je tentais d’éclaircir mon esprit, de trouver quelle était la faille qu’elle exploitait pour pouvoir m’influencer. Mais là encore, mon esprit était en retard et se retrouvait à nager dans un océan sans fin, sans parvenir à toucher la côté qui paraissait pourtant si proche.
Je respire doucement tandis que mon regard reste sur la jeune métisse et je ne tarde pas à ressentir un tourbillon étrange, une nouvelle envie émergé. Désormais à l’affût de ses tentatives, l’exercice était en partie biaisé et je tentais aussitôt de m’interposer à cette requête qui semble pourtant émerger du fin fond de mon propre esprit, de mes envies. Et instinctivement, je me détends, prête à m’élancer dans une danse charmeuse que je ne connaissais même pas !
Débutant quelques pas dans la direction de l’Arkanienne, je réalisais que j’étais en train de succomber une fois de plus, et cela malgré ma volonté de m’y interposer. Fort heureusement, après quelques pas supplémentaires, mon esprit commença à reprendre le dessus, appuyé par mon caractère fort et buté.
« … Non ! »
Presque aussitôt, je m’immobilise en portant une main à mon crâne. Ayant fait usage de toute ma concentration, je venais repousser les invitations de la métisse seulement grâce à son inexpérience. Face à une adepte expérimentée comme Riakath –et peut-être même Yana-, je n’aurais sans doute rien pu y faire. Mon regard ne tarde d’ailleurs pas à se poser sur la Zeltronne, puis vers Ysanne alors que j’énonce sur un ton presque enjoué :
« Je… j’ai réussi ! »
Et cela, avant de secouer la tête pour me ressaisir.
« Désolée Ysanne.. »
« Il n’y a pas de solution miracle Eerhia, il faut que tu trouves la méthode par toi-même. C’est pour ça que j’ai demandé à Ysanne de te faire faire quelque chose que tu ne souhaites pas faire, afin que tu puisses détecter l’influence, et essayer de la contrer. »
Simple dans la théorie, mais un peu plus complexe dans la pratique. Ainsi, lorsqu’Ysanne indiqua avoir trouvé une solution, Yana haussa un sourcil. Ça pouvait être intéressant à voir. Elle repéra immédiatement les phéromones dans l’air. Un mélange servant à augmenter l’énergie des personnes, à les mettre en joie et à augmenter légèrement leur créativité. Plutôt complexe, et subtilement dosé. Comme quoi, une fois qu’on savait utiliser les phéromones, le reste était plutôt instinctif… Bref, elle comptait sans doute la faire danser, tout comme elle-même avait envie de danser. Ecrasant ce léger désir avec habitude, utilisant comme prétexte que ses habits n’étaient vraiment pas faits pour la danse, Yana reporta son attention vers les deux jeunes femmes, et l’espace d’un instant, la jeune Zeltronne crut qu’Eerhia n’arriverait pas à résister à la compulsion.
Puis, le mot s’élança dans les airs, sec, cassant, et final. Non, voilà le premier pas afin de s’affranchir du contrôle phéromonal des Zeltrons et Faleen. En soi, ça pourrait être inquiétant, mais l’adolescente savait parfaitement qu’il y avait bien plus dans les techniques Zeltronnes qu’une simple utilisation des phéromones. Non, Eerhia avait pas mal de plain sur la planche si elle souhaitait être parfaitement résistante, et même dans ce cas-là ce n’était pas final. Il suffisait d’un moment d’inattention afin de plonger.
« Félicitation à vous deux. Ysanne, le mélange que tu as émis était assez complexe, et subtil. Tu souhaitais faire danser Eerhia n’est-ce pas ? Et Eerhia, bien joué. Je ne savais pas si tu allais y parvenir, mais tu as surmonté la compulsion d’Ysanne. Et une qui n’était pas si facile à résister en plus. Habituellement, lorsqu’on nous apprend à résister aux phéromones, on utilise quelque chose de simple comme donner l’envie à l’autre de se blesser. Très facile à résister, puis on passe à la suite. »
Elle regarda les deux jeunes femmes avant de continuer.
« Une danse est plus complexe, mais tu as réussi à surmonter ça, donc tu sais reconnaître l’action des phéromones. Ce sont les bases. Le reste est entre vos mains. Entrainement, entrainement, entrainement. Personnellement, pour résister je m’invente des excuses afin de ne pas réaliser l’action, mais je ne suis pas sûre que ce soit suffisant pour vous. Et faites attention, des utilisateurs confirmés peuvent facilement utiliser plus que leurs phéromones afin de convaincre leurs… victimes de faire quelque chose qu’elles ne souhaitent pas faire. »
Comme elle l’avait dit, Yana ne pouvait rien leur enseigner de plus. A la limite, elle pourrait leur montrer sa propre technique d’utilisation des phéromones, mais au-delà de ça, pas grand-chose. Elle n’avait pas suivi la formation sur Zeltros pour enseigner l’utilisation ou la résistance aux phéromones. Elle savait juste bien s’en servir…
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J’avais réussi ! C’était tout ce qui m’importait. Evidemment, j’étais un peu désolée pour Ysanne mais mon côté égocentrique avait une certaine tendance à ressortir. Je m’étais simplement concentrée pour rechercher ce qui pouvait bien clocher dans mon esprit et j’étis parvenu à identifier les actions d’Ysanne ! Yana avait eu parfaitement raison de me demander de trouver la solution par moi-même. A dire vrai, je n’avais pas été moi-même certaine de parvenir à bloquer les actions de ma comparse Arkanienne croisée Falleen. Quelle heureuse surprise fut-est-ce d’y parvenir !
Je ne perdais cependant pas le Nord : Ysanne ne contrôlait pas encore très biens es phéromones. Même pas du tout. De mon côté, j’avais peiné à la stopper. Le jour où je pourrais bloquer les phéromones de Riakath était donc encore loin. Très loin. Trop loin, même. Elle restait capable de me plier à sa volonté sans trop d’efforts, et cela malgré que j’aie beaucoup œuvré pour renforcer la cohésion et l’imperméabilité de mon esprit. Elle était simplement trop forte pour moi, je devais l’admettre. Cependant, je désirais sincèrement me perfectionner, pour lui montrait que j’aspirais sans cesse à grandir, à progresser.
« Merci, Yana. Je n’étais pas loin de me faire avoir ! Je crois que j’ai compris comment Ysanne fait. Mais je suppose qu’il y a bien des manières différentes d’agir sur les gens, non ? »
C’était effectivement une crainte que j’avais. Riakath était une Zeltronne qui maitrisait parfaitement son don racial. Elle était capable de s’accaparer l’attention de groupes entiers et de les plier à ses désirs. Pour l’instant, je restais donc vulnérable. En fait, peut-être le serais-je à jamais ? Je me devais tout de même d’essayer pour m’assurer de l’existence ou non d’une échappatoire à ce genre de « pouvoirs »…
« De l’entrainement, oui. Bien sûr. Mais ce n’est pas aussi simple pour moi. Tu sais clairement identifier l’action des phéromones. Tu as grandi avec. Ce n’est pas mon cas. Je ne peux pas les contrer aussi aisément et sortir de simples excuses. Quand je résiste, ça se voit, non ? »
N’avais-je pas raison ? J’avais dû faire appel à toute ma concentration pour repousser Ysanne. Cela avait dû se ressentir ou s’apercevoir. De fait, n’était-il pas simple pour mon potentiel adversaire de le remarquer et donc d’adopter une stratégie pour me contrer ? En accentuant les phéromones, par exemple ? Enfin bref, je ne faisais que débuter dans le domaine. J’avais encore beaucoup de choses à apprendre.
Je rendais donc son sourire à Ysanne avant d’écouter son explication. Elle touchait une chose qui semblait évidente pour nous mais qui ne l’était visiblement pas pour Yana. Il était vrai que nous avions une certaine aisance, mais cela était sans doute dû à notre capacité empathique plus faible. Pourtant, il était surprenant que Yana ne dispose pas de capacités proportionnellement inversées à celles qui lui offraient la possibilité d’attiser l’intérêt.
« Ysanne n’a pas tort. Je pense que tu devrais vraiment essayer de méditer pour structurer ta pensée, ton esprit. C’est peut-être ce qu’il te manque. »
Peut-être avais-je trouvé son problème ? Peut-être n’avait-elle jamais cherché à structurer son esprit de manière à pouvoir plus facilement l’agencer ou bien encore le parcourir et le protéger des agressions extérieures. C’était une chose que j’avais apprise au Temple Jedi et peut-être qu’il n’en était pas de même à l’Académie, même sous une autre forme. Et en soi, l’idée d’Ysanne est une forme d’illustration de ma pensée. L’exercice pouvait en effet se révéler intéressant : Ysanne et moi, projetant notre colère contre les garde-fous de Yana. Et cette dernière tentant de nous contrer de plusieurs manières. En fait, le plan n’était pas parfait… Je n’étais pas très à l’aise avec l’idée que Yana puisse utiliser ses phéromones sur nous. C’était une Zeltronne et elle semblait tout de même expérimentée avec l’usage de son don. Je n’étais pas certaine d’être capable d’identifier son action sur ma personne. Mais Ysanne semblait enthousiaste et je ne voulais pas la contredire. Elle avait une bonne idée et je voulais lui laisser la chance de pouvoir se mettre en valeur d’une façon ou d’une autre.
« C’est… une bonne idée, oui. Yana, c’est quand tu veux. Ysanne, à nous. »
Je souriais, fixant Ysanne de mes yeux laiteux avant de porter mon regard vers Yana. Lentement, je faisais appel à mes souvenirs comme à mes ressentis. A partir de là, je cherchais à déclencher et à accentuer mon sentiment de colère avant de le projeter, à l’aide de la Force, vers Yana. Je commençais volontairement faiblement, attendant qu’Ysanne ne parvienne à faire de même. Je ne voulais pas que Yana soit immédiatement contrainte de cesser un exercice qui ne faisait que débuter…
« En effet, mais je vais être honnête avec toi, ce n’est pas aujourd’hui que tu arriveras à parfaitement y résister, ni même demain, ni même cette semaine. C’est quelque chose qui se construit avec le temps et avec une exposition régulière, prévue et imprévue. Je t’ai indiqué comment résister, maintenant il faudra t’entraîner régulièrement afin de pouvoir résister de plus en plus facilement. Au final, cela tombe bien que vous soyez amies, vous pourrez vous entrainer l’une sur l’autre, et progresserez rapidement ainsi. »
Après avoir parlé ainsi à Eerhia, la jeune apprentie se tourna vers Ysanne qui semblait réfléchir à son problème maintenant. Le conseil que donna Ysanne à Yana semblait un peu inutile. Faire abstraction des autres ? Comme si elle ne l’avait pas essayé avant. Cela en revenait à essayer de chanter une chanson juste alors qu’on avait une autre musique dans les oreilles. Horriblement complexe en termes de concentration. Oh, il lui était déjà arrivé de parvenir à ignorer les émotions pour arriver à parvenir à ses fins, mais ce n’était pas toujours le cas.
Quant à son incompréhension face à son utilisation des phéromones, le problème était que même si la jeune apprentie avait un bon contrôle sur ses phéromones, ce contrôle se trouvait parfois perturbé lui aussi ce qui pouvait entraîner des ratés qui pouvaient se révéler catastrophiques. Oui, lorsqu’elle arrivait à garder le contrôle sur ses émotions, elle parvenait à toujours obtenir le mélange parfait qu’il lui fallait pour parvenir au résultat souhaité mais…
« C’est justement ça le problème Ysanne, mes émotions jouent également sur le contrôle de mes phéromones. Si j’ai un aussi bon contrôle de ces dernières, c’est justement parce qu’elles sont aussi souvent perturbées par mon empathie incontrôlée. Lorsque je peux enfin me contrôler assez pour pouvoir les utiliser, il faut qu’à chaque fois le résultat soit parfait, où je pourrais en souffrir. Je ne compte pas les heures que j’ai passées, au calme, isolée, à maîtriser au mieux mes phéromones, à utiliser mon propre nez afin d’analyser le mélange que je produisais pour arriver au résultat parfait. »
En tant qu’espèce utilisatrice de phéromones, les Faleen et les Zeltrons avaient des portions de leur nez capables de les percevoir et de les analyser. Cela relevait simplement d’une capacité indispensable à la défense de l’individu.
« Pour les émotions extérieures, je ne sais pas vraiment comment l’expliquer. J’ai bien essayer d’endiguer ces émotions, mais sans instruction formelle de la part de quelqu’un souffrant de cette affliction… Enfin, cela ne sert à rien de ressasser le passé. Autant essayer la technique qu’Ysanne a proposé »
La Zeltronne s’agenouilla sur la terre rougeâtre de Korriban et se concentra, sentant rapidement la colère l’envahir provenant de ses camarades. C’était une sensation étrange, sentir ses propres émotions sous son contrôle, mais toujours sentir des émotions qui l’assaillaient, qui mettaient son contrôle à rude épreuve.
La colère était plutôt faible pour l’instant donc elle essaya de faire ce que la jeune apprentie, Ysanne, lui avait conseillé de faire, d’utiliser ses phéromones sans les libérer. C’était… difficile de pouvoir se calmer ainsi mais elle y parvint, respirant lentement et maitrisant la légère colère l’envahissant pour avoir l’émotion nécessaire afin de maîtriser ses émotions. C’est à ce moment-là qu’elle comprit que cette solution ne marcherait pas. Pour pouvoir utiliser au mieux ses phéromones, il lui faudrait avoir le contrôle de ses émotions. Or ici c’était justement pour conserver ce contrôle qu’elle souhaitait utiliser ses phéromones. C’était un cercle vicieux.
Comment contrôler cette colère alors, puisqu’elle ne pouvait contrôler que ses émotions ? La réponse qui lui vint rapidement à l’esprit fut une solution qui était si dangereuse qu’elle n’avait jamais osé le tenter auparavant. Trop de risques de perdre l’esprit. Elle allait complètement ouvrir son esprit aux émotions qui l’assaillaient, les faire siennes. Et ensuite seulement elle allait les contrôler. Cela était risqué puisqu’elle s’ouvrait complètement à une influence adverse pour un instant. Elle osait le tenter à ce moment précis puisqu’elle était en relative sécurité, auprès d’apprenties qui n’en abuserait pas, mais elle risquait de se perdre pour quelques instants dans des émotions violentes et contradictoires. Autant prévenir ses camarades tout d’abord.
« Ça ne va pas marcher, je n’arriverai pas à rester assez calme pour produire le sentiment nécessaire pour les phéromones si vous augmentez encore la colère que vous m’envoyez. Je vais essayer de faire autre chose, de m’ouvrir pleinement à mon empathie afin de faire mienne chacune des émotions que je reçois. Je devrais pouvoir les calmer de par la suite puisque j’ai un assez bon contrôle sur mes propres émotions, mais il y a des risques, comme vous pouvez vous en douter. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je ne l’ai jamais testé auparavant. Je vous fais confiance pour ne pas profiter de cette vulnérabilité temporaire, ça n’est jamais arrivé précédemment. »
Après avoir prévenu ses camarades, Yana se concentra une fois de plus, atteignant ses défenses mentales et les abaissant temporairement. Eerhia avait raison, il lui fallait construire de solides défenses, mais ces défenses n’était pas un bunker, repoussant tout attaquant. Non, elle allait construire un labyrinthe, piégeant les émotions étrangères dans un contrôle sans faille après les avoir invitées dans son esprit.
Sauf qu’à ce moment précis, ses défenses mentales n’étaient pas prêtes, et elle sentit rapidement une colère brutale l’envahir, sans raison apparente. Ses mains se crispèrent, ses lèvres se retroussèrent légèrement, laissant apparaitre un rictus et ses yeux devaient désormais briller d’un jaune malsain.
Si c’était ce que les apprentis ressentaient lorsqu’ils utilisaient le côté obscur, la jeune Zeltronne comprenait qu’ils ne parviennent pas à se contenir. La sensation de puissance était bien plus importante que d’habitude pour elle, mais elle redoutait grandement cette perte de contrôle. Elle n’était plus la seule et unique personne à diriger son esprit, et c’était une sensation anathème pour elle.
Lentement, surement, elle appliqua le contrôle qu’elle avait développé durant ces dernières années sur Korriban, maitrisant ses émotions jusqu’à ce qu’elles deviennent supportables, maitrisées. La colère ainsi contenue, toujours présente mais étouffée dans son esprit, à peine perceptible, elle sourit vers Eerhia et Ysanne. Puis, elle prit la parole d'une voix légèrement tremblante à cause de l'effort qui avait été réalisé.
« C’est bien mieux ainsi… C’est peut-être trop vous demander, mais j’aimerais essayer ensuite avec votre colère au maximum, et si j’y parviens j’aimerais m’entrainer à maîtriser la haine ressentie. En contrepartie, bien entendu, je vous aiderai plus précisément à atteindre vos objectifs. Peut-être une analyse plus précise de tes cocktails de phéromones Ysanne, et je te montrerai l’utilisation qu’une Zeltronne expérimentée peut faire des phéromones tu risques d’avoir du mal au début, mais ça pourra t’aider à la longue. »
A elles de voir si elles souhaitaient continuer. Elles étaient toutes les trois parties pour progresser, pour arriver à leurs fins, mais Yana en voulait plus, et de ce fait souhaitait toutes les faire progresser plus vite. Égoïste ? Sans aucun doute. Pratique ? Egalement.
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Déchainer ma colère m’était plus simple avec les années d’expérience. Je n’avais jamais été contre faire usage de ce genre d’émotions pour développer mes capacités, et faire appel à ma colère était quelque chose de désormais naturel. Cependant, je faisais attention à me pas aller trop loin, c'est-à-dire à déployer toute mon aura contre celle de Yana. Elle n’était pas mon ennemie, je n’avais pas à la déstabiliser de trop sachant qu’elle ouvrait volontairement son esprit au mien. Les conséquences pouvaient être dévastateurs pour un esprit impréparé et incapable de se défendre. Souvent, la victime se retrouvait pétrifiée ou tétanisée si elle ne pouvait pas offrir une résistance mentale efficace, car ce qu’avait demandé Yana était certes de déployer ma colère, mais la méthode employée faisait que j’avais souvent tendance à la combiner avec une volonté de contrôle de l’esprit. C’était là un petit effet secondaire connu que je ne voulais pas lui faire subir.
J’y allais donc lentement, après avoir offert un regard entendu à ma comparse Arkanienne. Avec tact, je me plongeais dans une forme de méditation agressive où je ne faisais que développer ma colère envers la Zeltronne. Une colère factice, évidemment, mais nécessaire pour qu’elle puisse se révéler efficace. Je me montais toute la scène nécessaire à déployer ma haine pour la transformer en des effluves utilisables. Et lorsque tout fut prêt, je m’attelais à projeter mon état irascible.
Cependant, la Zeltronne nous interrompit bien assez tôt, signe qu’elle ne parvenait pas à contenir nos assauts. Je n’avais pas besoin qu’elle ne me l’exprima pour m’en rendre compte. La Force était la meilleure des alliées pour nous indiquer ce que ressentait l’autre. Le don d’empathie était d’une utilité inégalable. Je n’osais pas imaginer ce que Yana pouvait bien ressentir pour demander notre aide sur ce sujet.
J’étais étonné qu’elle m’offre pareille confiance et elle avait de la chance que j’aie besoin de son aide pour corriger mes propres défauts. Si ça n’avait pas été le cas, je n’aurais pas hésité à frapper son esprit de toute ma puissance mentale. Au lieu de cela, j’acquiesçais simplement alors que je refoulais mes tentations malsaines car il était hors de question que je puisse perdre l’aide de la Zeltronne. Lentement, je me mettais de nouveau à déployer ma colère en cherchant à la mêler à celle d’Ysanne pour former quelque chose de plus hétéroclite et donc quelque peu plus imprévisible.
Je sentis Yana s’interposer avec lenteur mais assurance, repoussant calmement nos effluves assaillants son esprit. Je la sentais contrôler ses émotions et contenir celles extérieures au-delà de ses limites, signe qu’elle parvenait à atteindre son but. J’eus l’envie d’accentuer ma pression petit à petit mais je n’étais pas certaine que Yana et Ysanne fut prête à me suivre sur ce chemin, c’est pourquoi je n’osai pas m’y aventurer. Au lieu de cela, j’attendis que Yana fasse tomber ses défenses pour faire taire mes propres armes et ainsi écouter son analyse et sa proposition.
Cette dernière était très alléchante et lancée avec l’idée que je l’on ne serait pas capable de résister à l’offre. Sauf que je n’étais pas aussi gourmande et que j’avais suffisamment de jugeote pour savoir que déployer ma colère à pleine puissance était extrêmement dangereux pour elle mais aussi pour moi. Elle pourrait connaître mes limites, et même si je la considérais comme une alliée potentielle, je n’allais pas griller mes cartouches pour ses beaux yeux. C’est pourquoi j’emboitais le pas de ma consœur Arkanienne, me redressant et m’époussetant :
« Je suis d’accord avec Ysanne. La précipitation n’est pas la bonne solution. Tu devrais d’abord travailler petit à petit ta résistance de ton côté, et lorsque tu te sentiras suffisamment prête, alors je viendrais volontiers tester tes défenses. De mon côté, j’ai moi-même pas mal de choses à m’assurer avant de tenter d’augmenter la dose, si tu vois ce que je veux dire… »
Sans plus de politesse, je la remerciais d’un signe de la main et je venais suivre Ysanne qui s’éloignait déjà en direction de l’académie. J’étais satisfaite de ma rencontre et de ce que j’avais pu apprendre aux côtés de la Zeltronne et de l’Arkanienne. Il me fallait désormais les mettre à profit pour tenter de dépasser mes limites. Et lorsque je me sentirais prête, alors je reviendrais vers Yana. Pas avant.