Mes doigts glissaient avec lenteur le long de la tresse qui se balançait le long de mon cou depuis maintenant près de trois ans. L’air pensif, mon regard était rivé sur le datapad qui s’était glissé sous mes yeux une heure auparavant. Bien installé, je laissais mon regard dévier du petit objet vers la grande console plate qui se trouvait entre Johun et moi. Lui aussi semblait fortement impliqué dans une lecture qui était identique à la mienne. Nous travaillons en binôme, cherchant à résoudre un problème que nous avait posé Maitre Ob’tu. Nous étions longtemps resté sur un point d’hésitation, ne sachant comment agir pour parvenir à un résultat acceptable.
- Je pense vraiment que l’on devrait vraiment contourner les montagnes. C’est un bon moyen de les surprendre.
Je regardais Johun quitter son datapad pour m’écouter. Lentement, il se leva, se déplaçant vers la console près de laquelle je me trouvais. Il l’activait, laissant apparaître une projection holographique, un plan de bataille sommaire représentant une contrée d’Aldéraan. C’était une simulation, un exercice pratique d’un cours sur les arts de la guerre, sur les méthodes classiques à entreprendre pour remporter les grandes batailles. Les Jedi étant souvent amené à aider la République lorsqu’elle entre en guerre, à mener ses troupes au combat. Il était donc normal que les Padawans reçoivent des cours sur le sujet dès le début de leur formation qualifiante. Johun regardait la carte, le positionnement des forces et désigna les montagnes.
- Par-là ? Vraiment ? Tu ne crois pas que l’on devrait au contraire faire front, se positionner sur les hauts plateaux pour surplomber l’ennemi ? remarqua-t-il, désignant les petits contreforts qui surplombaient la vallée. Je regardais avec attention la manœuvre proposée, mon camarade et meilleur ami déplaçant les forces holographiquement projetées vers les positions qu’il souhaitait. Et finalement, je levais mon regard dans sa direction.
- Essayons. Mais je suis guère convaincu. Il pourrait se contenter d’attendre et pilonner nos forces avec de l’artillerie…
Finalement, nous lancions la simulation. Nous regardions les combats débuter et nous nous en désintéressions rapidement. Nous passerions de toute manière le temps nécessaire à l’analyser dans les moindres détails. SI bien que le sujet de discussion dévia rapidement. Johun, plus récemment devenue Padawan que moi, ne tarda pas à me demander de conter mes derniers voyages hors du Temple. En quoi consistaient généralement mes journées. Je lui expliquais que cela dépendait à la fois du Padawan et du Maitre ; qu’il aurait autant à apprendre de son mentor que ce dernier de son Padawan. Ainsi, je lui faisais comprendre que je ne pouvais être objectif sur la question.
- Je vois… Et tes entrainements avec Maitre Vulnik ? Tu les poursuis ? Ou tu ne t’entraines désormais qu’avec Maitre Herambra ? questionna-t-il finalement. Une bonne question. J’avais moi-même pensé que je ne m’entrainerais désormais qu’avec mon mentor. Mais elle avait insisté pour que je poursuive mon apprentissage en parallèle avec des maitres d’armes confirmés. « Non, je continue mes entrainements avec Maitre Vulnik. J’améliore mon Soresu à ses côtés. Il est vraiment strict et ne laisse pas de cadeaux. J’ai l’impression qu’il veut que je me surpasse, que je dépasse mes limites. Il ne se met clairement pas à mon niveau Nos affrontements sont toujours très brefs. C’est frustrant.
- Bof, Maitre Vulnik ne me ménageais pas non plus. C’est sa façon d’apprendre. Et elle est plutôt efficace ! C’est quand ton prochain entrainement, d’ailleurs ? Que je vienne te voir, j’aimerais trop voir ça !
J’esquissais un sourire, repensant à la dernière fois où Johun et moi nous étions affronté. Habitué à mon Soresu, j’avais alors déployé le tout nouveau panel que m’ouvrait l’Ataru. J’en avais débuté l’apprentissage aux côtés d’Ilia, mais il était encore basique. Ilia m’avait demandé de prendre des cours à côté, pendant ses absences. Absences qui se faisaient de plus en plus nombreuses ces derniers temps. Je profitais de ce temps libre pour perfectionner mes capacités, tel était ce que l’on attendait de moi.
- Le prochain ? Ce n’est pas avec Maitre Vulnik. Ce n’est pas du Soresu mais du… oh petchuk ! lançais-je subitement, alors que mon regard s’était glissé vers l’heure inscrite sur mon comlink. Je bondissais de ma chaise, attrapant mon sabre que j’avais posé sur le bord de la console. « Guerfel ! Je te laisses Johun, je suis en retard ! Tu me diras les conclusions de la simulation plus tard ! » lui lançais-je alors que je passais l’embrasure de la porte. Lui, surpris, était resté bêtement assis à me regarder filer à toute vitesse. Il s’essaya tout de même à un « Hé, où tu vas ? » mais il n’obtint que le silence ; j’étais déjà parti, fonçant à toute allure entre les chevaliers et maitres, me répandant en excuses dès que j’en bousculais un. Pire encore, je manquais de renverser Lant sur mon chemin. Je m’arrêtais cependant le temps de lui passer le bonjour, moi qui ne l’avait pas encore croisé depuis le début de la journée. Cela me faisait prendre un peu plus de retard. Il fallut même que le turbolift soit occupé, me forçant à prendre les escaliers sur deux étages pour en attraper un autre au vol. Finalement, je débarquais dans la salle d’entrainement qui m’avait été attitrée, comlink en main pour regarder l’heure. En retard, définitivement. Cela ne m’était pas arrivé depuis des lustres. D’habitude pointilleux, je prenais ça comme une forme d’échec. Mais bref…
Elle était déjà là. Sans doute m’attendait-elle, se demandant pourquoi je n’étais pas là. Suffoquant presque, je toussais. Je finissais finalement par faire halte, prêt à recracher mes poumons. Je cherchais à souffler, calmant ma respiration pour finalement me redresser. Je ne tardais pas à me courber en avant avec politesse et respect, encore quelque peu haletant.
- Maitre… Bonjour, je… Je vous prie de bien vouloir m’excuser pour mon retard. J’étais obnubilé par une autre tâche. J’espère ne pas vous avoir trop fait attendre. C’est des choses qui ne m’arrivent pas d’ordinaire, ça ne se reproduira pas…. J’espère d’ailleurs que je ne vous dérange pas en vous faisant déplacer… lâchais-je bêtement, sans vraiment prendre le temps de reformuler les choses. Les discours, ce n’était pas pour moi…
- Spoiler:
- Alyria à 27 ans ressemble évidemment beaucoup à Alyria maintenant, donc pas d'images pour l'illustre, deux précisions néanmoins: elle ne porte pas de gants blancs puisqu'elle a encore ses deux mains et n'a pas de cicatrice sur le visage.
Le stress.
Pouvant être à la fois positif comme négatif, il se trouvait être profondément déstabilisant en ce qui me concerne. Bien qu'ayant d'ores-et-déjà soufflé mes quatorze bougies et obtenu le titre de Padawan depuis trois ans, j'avais toujours du mal à gérer cet élément parfois perfide qui venait pointer le bout de son nez au moment où j'en avais le moins besoin. C'était le cas actuellement: le stress d'être en retard, la gêne de déranger un Maître D'armes pour quelque chose qui pouvait s'avérer des plus complexes à mes yeux et pourtant des plus simples et basiques aux siens. Si bien qu'à présent que nous étions tout deux réunis dans l'une des salles d'entraînement du Temple, je ne savais quoi lui répondre. Lorsque vous coupez cet élément au fait que j'ai toujours eu un malaise à m'exprimer devant une assemblée ou même devant un Maître, vous obtenez tout simplement quelqu'un d'hésitant sur ses paroles, ses propos et la façon de formuler les choses: moi. En réalité, j'étais simplement timide. Je l'ai toujours été et je le resterais dans une certaine mesure.
C'est ainsi que je venais buter sur les mots, laissant négligemment glisser mon index le long de cette tresse que j'entretenais avec attention telle une reconnaissance obtenue après des années d'efforts, de compromis et de sacrifices. Mine de rien, la chevalier qui se tenait en face de moi avait une certaine aura. Maître D'armes, elle était d'une certaine manière l'incarnation, à l'instar de Maître Vulnik, de ce que je souhaite atteindre plus tard. Entre nous, Maître D'armes Draayi, ça en jetterait, non ? Dans mes rêves, il m'arrivait souvent de m'imaginer explorer les mondes de la bordure à la poursuite de mercenaires ou même dans des combats épiques au sabre-laser qui ne sont en réalité que des projections de combat d'entraînement réalisés dans cette même salle. Il m'arrivait même, lorsque je parvenais à toucher de l'esprit la Force Unification, d'entrevoir des possibilités extrêmement fugace de mon avenir. Mais comme le disait souvent Maître Herambra: "Concentre-toi sur l'instant présent, Joclad. Ne laisses pas ton esprit s'égarer sur le chemin imprévisible qu'est l'avenir."
Bref... je divaguais depuis un certain temps lorsque je réalisais enfin qu'elle m'avait adressé la parole, me demandant la raison de notre raison de notre présence en ces lieux. Et ma réponse, elle, fut des plus hésitantes tant ma pensée fut chamboulée par cette course effrénée dans les couloirs du Temple en plus de ce sentiment de culpabilité pour être arrivé en retard. Ce n’a jamais été mon genre…
- Bah heu… enfin… je pensais que… En fait, j’ai quelques soucis avec certaines vélocités de l’Ataru. Enfin… ce n’est pas un souci avec les mouvements classiques. C’est plus un problème de… disons que j’ai du mal avec les frappes aériennes. J’arrive pas à frapper à hauteur d’épaules comme il se doit.
Je commençais à retrouver une certaine aisance alors que j’énonçais mes problèmes. Ma voix se faisait moins hésitante et plus fluide bien que je cherchais encore mes mots. J’espérais qu’elle comprendrait. Mais souvent, les gestes sont bien plus parlant que les mots. C’est pourquoi je prenais l’initiative, laissant glisser mes doigts sur mon arme pour m’en saisir, la retirant avec une certaine grâce du ceinturon qui enserrait ma taille. « Je vais vous montrer, ce sera plus simple. C’est quand je me retrouve en situation de frappe aérienne, en fait… »
Je laissais la lame jaillir devant moi, la portant à hauteur du visage alors que mes pieds glissaient sur le sol pour m’offrir une position de garde stable typique de la Voie du Chauve-Faucon. Finalement, j’exécutais lentement les quelques mouvements, pivotant sur moi-même à plusieurs reprises pour m’élancer dans les airs. Et comme à l’accoutumée, je me retrouvais dans une position où je ne pouvais pas ramener mon sabre pour frapper. Résultat, je me voyais contraint de me réceptionner en roulant au sol pour finalement retomber sur mes appuis. La lame de mon sabre, elle, venait se rétracter alors que j’expirais lentement.
- J’ai l’impression de ne pas être assez flu- … heu… rapide. Et ça bloque ma progression, je ne peux pas passer aux vélocités supérieures. C’est frustrant, Maitre Von ! J’ai déjà demandé à Maitre Ob’tu mais il m’a dit que ce n’était pas sa spécialité. Et Maitre Vulnik… il n’explique pas vraiment. Il veut surtout que l’on apprenne de nous-même. Mais j’ai atteint la limite, j’arrive pas à agir comme il faut…
Je comprenais aujourd’hui les avertissements de Maitre Vulnik, quand je lui avais dit que je souhaitais développer l’Ataru pour diversifier mes capacités réactives au sabre-laser. Le Soresu, déjà complexe à apprendre de part a concentration qu’il demandait de la part de son utilisateur, me semblait pourtant si simple lorsque je prends le temps de le comparer à la Forme IV. Elle me demandait plus, beaucoup plus. Beaucoup de temps me fut nécessaire pour parvenir à maitriser les bases de l’Ataru de manière suffisante pour surclasser mes adversaires après un affrontement souvent éreintant. J’ai toujours eu de l’aisance avec le combat au sabre. Bon bretteur, je surpassais facilement au sabre la plupart des jeunes Jedi de mon âge. Pourtant, je n’étais pas capable d’aller plus loin. Je connaissais mes capacités physiques, et je savais parfaitement qu’aller plus loin ne me ferait que du mal. Combattre un adversaire demande déjà beaucoup. Mais dépasser mes limites serait comparable au fait de me battre avec une jambe en moins. C’était bien trop risqué pour être tenté. Et donc, avant de prendre le risque de commettre une erreur, je préférais prendre conseil auprès d’une experte en la matière.
« D’accord, Maitre Von. » lançais-je simplement pour réponse à sa proposition. Je l’observais avec attention, mon sabre éteint en main. Je m’écartais pour lui faire place alors qu’elle venait se stopper au centre de la pièce. Je fis d’abord la grimace, ne me pensant pas capable de faire mieux. Puis au fur et à mesure des enchainements, j’entrouvrais la possibilité d’agir différemment. Mais de là à dire que je pourrais reproduire avec succès un tel mouvement, je préférais rester prudent. « Je ne pense pas que reproduire à l’identique les vélocités puisse apporter quelque chose de viable, en effet. Je m’efforce toujours à les adapter et à créer quelque chose de nouveau. »
C’était sans doute ma capacité à innover qui me permettait de surclasser la majorité des Jedi de mon âge et de mon expérience. Pouvoir agir d’une façon précise à un moment quelconque sans qu’il n’y ait réellement de logique précise et connue de tous était à la base du style que j’essayais de développer avec maitre Herambra. Il n’était évidemment pas question d‘abandonner les enchainements de vélocités classiques, bien au contraire ! Mais s’il on devait comparer ma maitrise avec celle de Maitre Von, alors je ne serais que la petite pousse au pied de l’arbre. La regarder se déplacer de manière gracile, virevoltant de façon coordonnée dans les airs, était tout simplement splendide. Beaucoup disait que l’Ataru semblait archaïque, mais en cet instant, ces même personnes n’auraient pu dire la même chose. « Je vois… »
Répondant à son invitation, je prenais à mon tour place au centre de la pièce, laissant de nouveau jaillir cette lame que je trouvais des plus étincelantes. Je prenais le temps de jauger mes mouvements, les répétant lentement à plusieurs reprises, brièvement, avant de me placer de laisser mes pieds glisser jusqu’à une position d’attente, les jambes à peine fléchies. Je respirais calmement et soufflais lentement. Enfin, je m’élançais, me décalant avant d’effectuer plusieurs légers bonds avant de finalement sauter, usant de l’élan offert et de l’impulsion donnée pour m’élancer vers l’avant, dans les airs. Je tournoyais, m’offrant ainsi une capacité de frappe plus importante. Mais là encore, je me sentais déjà retomber avant d’avoir totalement terminé le mouvement. J’étais une nouvelle fois en retard, si bien que je ne fus en état de donner ma frappe que lorsque ma lame se retrouva à hauteur du flanc d’un adversaire imaginaire.
Grimaçant pour la seconde fois, je tentais de réitérer. Persévérant, et peut-être un peu têtu qui plus est, je ne pus que constater un nouvel échec bien que je me rapprochais un peu plus du but. Mais je me sentais forcer mon corps et tenter de repousser la barrière physique. Finalement, je me laissais tenter vers la seconde option, celle qui me semblait des plus invraisemblables. Déjà que je n’arrivais pas à terminer à temps mon demi-tournoiement, je me voyais mal terminer la vrille sans faire usage d’un appui secondaire à mi-hauteur tel un mur, par exemple. Je faisais tournoyer mon arme avant de réitérer, m’élançant à nouveau. Et alors que je tournoyais, je finissais par toucher le sol, perdant l’équilibre pour y rebondir et finir sur le dos. Je clignais lentement des yeux alors que je considérais mon erreur. Voulant me concentrer sur l’exécution, j’en avais oublié l’environnement. Il manquait un élément. Un élément que j’avais tendance à ne pas faire appel du fait de son habituelle distance à mon égard : la Force.
« … Je suis désolé, Maitre Von… » lançais-je calmement, alors que je me redressais dans une position assise, tendant la main pour faire revenir à moi le sabre qui m’avait échappé des mains. Je repensais à la Force, l’entité qui m’avait mené au Temple et dont le lien que je partageais avec elle se renforçait lentement avec l’expérience. « Je ne pense pas être en mesure d’aller plus loin sans me mettre en danger physiquement. »
Je me relevais calmement, sans chercher à me précipiter. Il était inutile d'aller trop vite et de prendre le risque de me froisser un muscle ou quelque chose de la sorte. En tentant d'effectuer cette ville, j'avais franchi la ligne rouge. Je devais ménager mon corps unissant, lui laisser le temps de souffler pour pouvoir recommencer, si nécessaire, dans la foulée. Je ne voulais pas baisser les bras. De toute manière, ce n'était pas dans ma nature. Je ne pouvais pas accepter le fait de ne pas être capable d'accéder au stade suivant, d'avoir déboursé tant d'énergie pour rien. Je me complaisant dans le style de l'Ataru plus encore que dans le Soresu. Et pourtant, ma maîtrise de la Voie du Mynock était des plus inattendues pour mon âge, si l'on se référençait à ce que disait Maître Vulnik. Mes bases en Makashi étaient suffisantes et je comprenais la philosophie qui se cachait derrière. Alors pourquoi n'arrivais-je pas à faire usage de L'Ataru à un niveau supérieur ?!
Mais si j'écoutais attentivement mon professeur du jour -et pas que de ce jour-là en particulier, en fait-, tout ceci était normal. Comment pouvait-il être normal que je ne n'arrive pas à aller plus loin alors que je possédais tant de facilités ?
Plus je l'écoutais, et plus je commençais à saisir la complexité de la Voie du Chauve-Faucon. On m'avait pourtant avertit à de nombreuses reprises mais je n'avais jamais imaginé que toute la machinerie qui se trouvait derrière l'élégance de la Forme IV soit aussi vaste. Mon regard vînt à nouveau se fixer sur Maître Von, mes mains glissant sur ma bure pour en retirer la poussière quasi inexistante.
"- Autre chose ?" répétais-je pour moi même, tout bas, alors que mon esprit venait de se mettre en marche pour analyser cette information des plus importantes. Et entre-nous, la réponse fut presque immédiate. A vrai dire, je la connaissais depuis longtemps mais je n'y avais jamais cru. Mais à présent, de quoi pouvait-il bien s'agir d'autre ? Je baissais le regard, observant un instant le sol comme si j'avais soudainement quelque chose à me reprocher. La Force m'avait fais rejoindre le Temple, mais depuis, j'ai toujours eu l'impression qu'elle me fuyait. Ou bien, j'étais encore trop timide pour venir la déranger plus que d'accoutumée. Je me sentais coupable, d'une certaine manière, à chaque fois que j'y faisais appel alors que je me pouvais faire la chose sans son aide. Je croyais que je pouvais effectuer toutes les vélocités de L'Ataru en en faisant abstraction. Je me trompais."La Force..."
"- C'est la Force, n'est-ce pas ? Ce ne peut être que ça, de toute manière..." lançais-je finalement à destination de Maître Von, venant de nouveau porter mon regard vers le sien, le cherchant pour finalement le fixer. Il était peut-être temps pour moi de changer d'attitude avec cette alliée précieuse qui m'accompagnait partout, où que j'aille. Et j'espérais sincèrement que Maître Von, ainsi que mon mentor personnel, m'y aiderais. "J'ai entendu dire que bon nombre de Jedi utilisent la Force comme base et comme appui au cours des combats. Pour effectuer des mouvements plus précis, par exemple. Je ne suis pas certain d'être apte à m'en servir pour effectuer des choses de la sorte. La Force, bien qu'elle se soit révélée à moi quand j'ai approché mes cinq ans, n'a jamais, été très rayonnante en ce qui me concerne. Je la sens grandissante à chaque instant mais elle est toujours resté... fuyante."
"Cependant, si vous le voulez bien Maître, j'aimerais essayer avant de partir. Qui sait, peut-être que ça viendra lors d'un exercice ou d'un entraînement. J'ai plus de facilité à développer ce genre de chose dans la pratique que dans le dulon." finissais-je par dire sur un ton plus enjoué, proposant ainsi clairement un duel d'entraînement à la maître d'armes qui se tenait devant moi.
Alors qu'Alyria prenait une posture de garde souple que j'identifiais immédiatement tant je l'avais vu faire et même utilisée. Je réalisais alors combien il allait m'être difficile de porter des coups efficaces à mon adversaire. C'était même mission impossible, pour être sincère. Déjà que l'Ataru perdait de son efficacité face au Makashi, le fait que mon adversaire soit une Maître d'Armes des deux dites formes faisait que si elle décidait de contre-attaque, je me ferais balayer en moins de deux passes. Du haut de mes quatorze ans, et des mes neuf années passées à apprendre l'art du sabre, je ne pouvais de facto pas rivaliser face à un tel adversaire. Ayant acceptée ma demande en duel, je répondais en plaçant un pied d'appui devant l'autre, relevant alors mon arme à la lame cyan devant moi. Souple sur mes appuis, je la saluais donc comme se devait de faire l'adepte du Makashi lors de n'importe quel affrontement. Non, je ne comptais pas faire usage longtemps de la Voie de l'Ysalamir. Je n'étais premièrement pas là pour ça et de toute manière, je serais rapidement dépassé par la philosophie et le style d'une forme que je ne maitrisais pas particulièrement.
Adepte confirmé de la Forme III, je n’appréciais guère de devoir ouvrir les hostilités. Je n'y étais clairement pas habitué et devoir faire usage de la Voie du Chauve Faucon d'entrée de jeu me semblait point intéressant. Je ne voulais pas paraître comme un Jedi formaté, borné aux vélocités de telle ou telle forme. Je voulais montrer mon ingéniosité, ma capacité à migrer vers telle ou telle posture sans le moindre accroc et surtout sans dévoiler ma garde. Cependant, je me demandais encore si Maître Von agirait comme simple punching-ball ou bien évoluerait-elle au gré de mes actions comme le faisait Maître Vulnik. Ce dernier était peut-être plus brutal et direct en combat mais au moins, je visualisais plus directement mes erreurs. En réalité, mon mentor attribué selon la volonté de la Force était le parfait équilibre entre ces deux extrêmes. Maître Herambra savait évoluer entre statisme et dynamisme extrême qui me poussait toujours sur le chemin du progrès et de l'amélioration constante de mes capacités.
Mon regard rivé dans celui de mon adversaire, je laissais transparaître une concentration croissante tant j'avais l'habitude d'essayer de synchroniser mon Soresu avec mes séances de méditation, tentant ainsi d'atteindre la quintessence de ce que l'on nomme la Méditation en Mouvement, ou mobile. Je me demandais d'ailleurs s'il était possible d'établir un lien similaire avec la Voie de l'Agression. D'une certaine manière, c'était faire usage de cette précieuse alliée qu'était la Force, et j'en venais à présent à me demander si ce n'était pas là une des facettes de cette "autre chose" que nous avions évoqué tout à l'heure. Et prenant plus d'appui sur mes jambes légèrement fléchies, je cherchais cette apaisante sérénité qui transparaissait dès lors que je parvenais à me retrouver au centre de cette tempête qui n'allait pas tarder à se déchaîner. Tandis que je cherchais cette aura de calme, je parvenais à discerner une pointe de malice dans ce regard adverse qui semblait chercher à me transpercer de part en part. Je comprenais qu'elle trouve cela amusant. Je n'en pensait pas moins, mais avec la différence de vouloir retirer quelque chose de prolifique et d'exploitable des échanges à venir.
Ce n'est que lorsque je me sentais prêt à entrer dans la danse, quelques instants plus tard, que je me mis en mouvement pour ouvrir le bal. Avançant mes appuis dans sa direction, tenant mon sabre de ma main forte, je venais croiser le fer dans un pur Makashi qui en aurait étonné plus d'un d'en mon entourage tant je n'utilisais presque jamais ce style en combat si ce n'est pour me soustraire d'une pression accablante ou pour retomber sur des acquis me permettant de rebondir sur un style différent, et donc, d'être polyvalent. Enfin, rompant soudainement l'échange frontal, je rompais avec la Forme de Contention en décalant mes appuis sur ma droite et ainsi frapper la lame de Maître Von de côté. Ce mouvement m'offrant la possibilité de prendre impulsion sur mon pied droit, j'effectuais un Jung-Ma typique de la Forme IV pour venir frapper avec volonté le côté opposé de mon adversaire qui, je n'en doutais pas, était déjà en train de faire ce qu'il devait être fait pour me contrer.
Me contentant de danser autour de mon adversaire, je ne faisais pas encore usage de cette chère Force et me contentais des simples rotations de l'Ataru. Mais je ne comptais pas en rester là, et je cherchais déjà le moyen de faire appel comme il se devait à l'entité mystique qui nous transcendait, pour pouvoir utiliser non pas deux dimensions mais bien la totalité de cette espace qui nous entourait. C'est dans cette optique que, continuant de danser sans pour autant m'épuiser, je cherchais à déplacer Maître Von vers un point de l'espace plus favorable que le centre de la salle.
Avec une grâce particulière, je laissais mes pieds glisser sur le sol dans une danse des plus entraînantes. Plus je tournoyais autour de la Maître d'Armes, plus j'avais l'impression de me faire guider dans mes mouvements vers un point de non-retour où mon adversaire n'aurait qu'a répliquer pour me désarmer. Cette impression, je la connaissais très bien. C'était ce que je ressentais lorsque Maître Vulnik et moi nous entrainions à la maîtrise du Makashi et du Soresu alors que je n'étais qu'un initié. Me concernant, la Forme I ne fut qu'une formalité. Je me complaisais tant dans le maniement du sabre que les mouvements basiques du Shii-cho furent presque instinctifs. A l'inverse par contre, je n'arrivais pas à apprécier le Makashi à sa juste valeur. C'est pourquoi j'avais embrassé la philosophie du Soresu, bien plus entraînante et enrichissante tant mentalement que physiquement. Et plus encore, la Forme III me permettait de méditer, de me placer au calme centre d'un ouragan déchaîné. Et c'était ce que j'essayais de réitérer avec la Voie du Chauve-Faucon. Je voulais expérimenter la possibilité d'appliquer la méditation mobile aux mouvements de la Forme IV. Lentement et calmement, je faisais appel à mon alliée la plus précieuse sans pour autant mettre un frein au rythme de la danse. Rapide, je me devais de faire attention à la fatigue et l'épuisement alors que j'essayais toujours, sans succès, de déplacer l'affrontement vers un lieu plus propice à l'expression totale de l'Ataru.
Et alors que je commençais à ressentir les bienfaits de cet état méditatif, laissant peu à peu la Force se saisir de mes sens pour les accompagner dans leur tâche, je considérais la possibilité immédiate d'une riposte soudaine de mon adversaire du jour. Il s'agissait là sans doute d'un appel de la Force, un signal d'alerte de l'entité mystique qui m'accompagnait activement depuis que j'y avais fais appel en début d'affrontement.
L'attaque adverse ne se fit pas prier, et qui plus est, sous la forme d'une riposte directe. Encore dans la finition dun énième pivot caractéristique de mon style de combat agile et tournoyant, je réagissais par instinct sur mon unique pied d'appui. Plaçant ma lame en opposition, lame vers le bas, m'obligeant à exécuter un semblant de salto appuyé par delà la lame assaillante violette pour ne pas perdre ma prise délicate sur mon arme et ainsi terminer ce bref entrainement sur un échec cuisant. Évidemment, il m'aurait été compliqué d'agir aussi rapidement, sur un coup aussi vif, sans l'aide précieuse de la Force, que ce soit sur le plan de la méditation ou non.
Sur l'instant, cela m'importait peu. Mon esprit était centré sur l'affrontement et la meilleure façon de me réceptionner étant donné la perte d'équilibre causée par mon atterrissage à la suite de ma parade. Retombant sur mes pieds, je me sentais partir en arrière. Et c'est donc à l'aide d'une simple roulade sur le côté.
Je découvrais alors cet air malicieux qui occupait le regard de Maître Von alors que j'avais échoué à mettre en œuvre ma tactique contre elle. Profondément frustré par ce lamentable échec, je n'esquissais qu'une grimace plus ou moins explicite en réponse. Bien que moins impulsif que par le passé, je ressentais cette envie soudaine de prouver ma valeur dans l’art du duel quel qu'en soit le moyen. C'était là un sentiment que j'avais toujours proscrit comme s'il s'agissait d'une vieille relique malfaisante d'un passé sombre et lointain dont on ne veut plus rien avoir à faire avec. Je soufflais longuement, essayant d'évacuer cette pression et cette tentation. Je n'étais plus ce Joclad là, impatient, impulsif et parfois violent. Je me devais de montrer ce que j'étais maintenant.
Transformant comme je le pouvais cette frustration en détermination, je me relançais avec force et volonté dans cet entraînement dont je commençais à en perdre l'aspect formateur pour mon Ataru. Car c'est bien avec un Soresu étonnamment offensif que je venais assaillir mon adversaire. A la différence de l'Ataru, qui demandait de l'espace, je venais me coller à la lame adverse pour en restreindre au mieux les mouvements. Sabrant de gauche à droite, de bas en haut et inversement, je cherchais d'abord à faire face et à étaler tout le panel -qui se révélait bien plus large que la normale pour mon âge- de mes connaissances en Soresu. Puis, au fur et à mesure des frappes épuisantes, je devais le reconnaître, je me préparais à retenter l'expérience. Profitant d'un mouvement de recul soudain de ma part, j'abattais alors ma lame de façon plus circulaire et large pour frapper le flanc de ma grande-cousine. Je venais en réalité frapper en deux temps. En effet, je profitais de la parade de mon adversaire pour pivoter et, faisant instinctivement appel à la Force pour faciliter mon mouvement, je pivotais à 360 degrés dans un Su Ma quasi parfait. Mais au lieu de venir frapper de manière classique côté opposé, je me laissais tomber à genoux pour profiter au mieux de l'élan et donc briser la garde de Maître Von en frappant au niveau du genou, sous la garde habituelle. Le but: glisser sur son flanc pour me redresser et frapper dans le dos dans un nouveau mouvement Su Ma.
Voyant Alyria rester sur une posture d’attentisme, je me demandais ce que je pouvais bien faire pour pouvoir me montrer à la hauteur de la tâche qu’elle me demandait. User de la Force pour appuyer activement mes mouvements m’était parfaitement inconnu. Autant je savais faire passivement usage de mon alliée au travers de la méditation mobile, mais là, je ne disposais d’aucune base ni connaissance pour progresser. J’avais l’impression d’agir inutilement mais mu d’une détermination quasi sans faille, je ne voulais pas baisser les bras. J’attendais clairement un conseil ou une aide de la Maitre d’Armes. Un conseil qui ne venait pas. Alors oui, j’étais frustré, oui, j’avais l’impression de perdre mon temps et oui, je pensais que tout cela devenait inutile. Je ne pouvais pas progresser sans un petit coup de pouce, sans qu’elle ne me donne ne serait-ce qu’un maigre indice sur la manière dont je devais faire usage de la Force pour appuyer mes mouvements.
Oui, j’avais compris l’intérêt de la chose, ce que je devais faire pour parvenir à évoluer. Mais à présent, bien que j’avais encore énormément besoin de base théoriques pour comprendre toute la quintessence de la Forme IV, c’était bien une base pratique qui m’était nécessaire pour pouvoir poursuivre ma formation sur la Voie du Chauve-Faucon. Mais au lieu de toute ça, je me confrontais à un mur. Ou plus exactement à un pilier. Désormais, j’avais l’impression que Maitre Von n’était pas différente de Maitre Vulnik. Bon sang, les Maitres d’Armes étaient-ils donc tous logés à la même enseigne ? Oh, loin de moi la pensée que Maitre Vulnik ne m’avait rien appris. Au contraire, je lui devais une grande partie de mon Soresu. Mais je l’avais développé dans un duel à double sens, et non à sens unique comme maintenant. Alors oui, au début je ne faisais pas long feu. J’étais à terre en deux frappes. Mais à force de l’affronter, les mouvements m’étaient venus naturellement. Mais en ce jour, je ne pouvais que tourner autour de ce roc auquel semblait s’apparenter celle qui était en réalité ma grande cousine, du côté de ma mère. Mais bon, la famille n’est pas à l’ordre de l’affrontement de ce jour !
Prenant donc l’habitude de pouvoir frapper avec aisance, rapidité et surtout tranquillité, je fus quand même quelque peu déçu que ma frappe glissée n’ait eu aucun effet. Alyria méritait vraiment le titre qu’elle portait, et je la respectais pour ce qu’elle était. Plus qu’une Jedi, elle était l’avenir que j’espérais me dessiner en accord avec la Force. Comme je l’avais dit à Johun il y a quelque temps, « Maitre d’Armes Draayi, ça en jetterait, non ?! »
Voyant ma frappe parée, je me redressais rapidement à l’aide d’un nouveau pivot, fléchissant la jambe gauche et tendant la droite pour retrouver mon équilibre et ainsi pouvoir repasser à l’attaque. Me redressant, je revenais au contact dans une frappe tournoyante qui se voulait clairement plus de l’Ataru que du Soresu. Pourtant, après à peine deux frappes, j’écarquillais les yeux de surprise en voyant la mi-Hapienne, mi-Echanie passer sur une posture offensive qui ne me laissa hélas guère de chance. Une frappe. Une seule frappe atrocement précise vînt riper le long de la lame de mon arme pour atteindre ma garde, que je lâchais presque immédiatement pour ne pas retrouver ma main brûlée par la chaleur de la lame violette d’Alyria. Perdant l’équilibre, je tombais en arrière et finissais sur les fesses. Je retombais sur la terre ferme alors que mon regard emplit d’incompréhension venait croiser celui à présent fermé et dur de Maitre Von. Pire encore, j’encaissais ses paroles sans y trouver le moindre signe positif. Je me renfermais sur moi-même, mettant en veilleuse l’impulsivité qui sommeillait en moi.
Je me relevais, époussetant ma tunique sans même chercher à récupérer mon arme. Je cherchais comment me justifier, comment expliquer mes précédentes actions. Mais autant être honnête, je ne voyais pas où j’avais failli. Et écartant les bras, j’exprimais pleinement mon incompréhension sur le sujet avant de finalement prendre la parole d’un ton point assuré.
- Mais… Je…. Comment voulez-vous que j’apprenne si je ne reçois aucun réel enseignement ! A part frapper encore et encore, je ne vois pas ce que… ce que je peux faire, ce que je dois faire pour pouvoir agir aux côtés de la Force. Je n’ai pas la moindre idée de la manière d’agir ! Je n’ai pas reçu la moindre formation à ce sujet ! A part la méditation mobile, qui m’aide à me concentrer et à analyser l’environnement pour améliorer ma rapidité d’exécution, je ne peux…. Je ne peux pas faire des choses qui me sont inconnues, grande cous-… Maitre Von ! Je suis désolé si je ne suis pas à la hauteur, si je vous ai déçu parce que vous pensiez que j’étais capable de mieux ! Mais si vous ne me montrez pas, je ne vais pas le deviner tout seul !
Et ça y est, je me laissé emporter par ma frustration, sans être capable de la stopper. J’avais l’impression de retomber dans les tréfonds des fardeaux que j’avais porté il y a de ça quelques années, lorsque l’on m’avait refusé à plusieurs reprises le titre de Padawan à cause de mon impulsivité, de mon manque de contrôle de soi.
- J’ai bien compris le fait que la Force est une partie intégrante de l’Ataru. Que sans elle, la Forme IV perd toute sa philosophie. Je sais bien que je dois y faire appel pour pouvoir réussir mes mouvements ! Mais j’ignore comment faire ! Je pensais que vous l’auriez compris en me voyant peiner à agir. Je suis vraiment navré de vous avoir déçu de la sorte… Peut-être que je n’aurais pas dû demander une entrevue pour vous faire perdre votre temps…
Je déglutissais péniblement, tentant de retenir des larmes de déception et peut-être même de désespoir signes qu’à mon âge, je n’étais pas encore parvenu à bétonner mon esprit comme était capable de le faire certains Jedi au point de pouvoir se soustraire à leurs émotions. Qu’allait-elle répondre ? Je l’ignorais. J’espérais juste ne pas l’avoir brusquée avec des paroles que j’avais du mal à formuler comme il se devrait…
Je n’étais pas à la hauteur, c’était désormais une évidence. Je n’étais tout simplement pas prêt, et je me mettais à penser si j’allais seulement parvenir à l’être un jour en ce qui concerne l’Ataru. Je ne pouvais que constater l’amplitude de mon échec en ce jour. A cela venait s’ajouter mon comportement indigne de ma condition de Padawan mais avant tout de Jedi. J’avais remporté à plusieurs reprises le Tournoi des Apprentis, et j’étais parvenu à atteindre les objectifs fixés pour finalement tisser un lien étroit dans la Force avec mon mentor. Je valais bien que la démonstration dont je faisais l’étalage ! Qui plus est, les propos de Maitre Von venaient frapper directement ma fierté d’être Jedi, et j’avais l’impression qu’elle remettait en cause ma capacité à réfléchir et à agir en tant que défenseur de la paix et de la justice dans la galaxie. Je me sentais peut-être ridicule, mais je ne détournais pas le regard. Je ne voulais pas paraître plus irrespectueux en me détournant et ainsi laisser croire que ses propos ne m’atteignaient pas. Bon sang, je me devais d’assumer ! Allez, que diable Joclad ! Ressaisis-toi, tu vaux mieux que ça !
Je me relevais péniblement, m’aidant de ma main forte pour me relever. Même si je n’avais pas réellement ressenti la fatigue durant nos échanges, je me retrouvais à constater que j’avais sous-estimé l’intensité de notre affrontement. Je me sentais presque épuisé alors que je venais récupérer mon sabre au sol pour la seconde fois depuis le début de notre entrainement. Enfin… si on pouvait encore appeler cela un entrainement à la vue de son déroulé.
« - Oui Maitre Von. Je vous prie de bien vouloir accepter mes excuses. Je me suis emporté, je n’aurais pas dû. » lançais-je futilement à son intention pour lui faire comprendre que j’avais compris le message et que je ferais en sorte de ne plus laisser mon impulsivité guider mes propos. A peine fut-elle sortit que je laissais échapper un profond soupir de désespoir devant mon incapacité à aller de l’avant dans ce domaine. J’étais tout simplement bloqué et je continuais à penser qu’il était naturel de ma part de demander après plusieurs tentatives infructueuses à ce que l’on m’expose la solution. C’est vrai, comment pouvait-elle affirmer que je ne ferais pas usage de la Force à bon escient, c’est-à-dire dans l’accord mutuel de nos deux êtres ? Je n’avais jamais, ô grand jamais plié la Force à ma volonté. Nous avions toujours avancé d’un commun accord et j’avais toujours été très attentif à ses suggestions et à ses indications. Je la respectais et en échange, elle prenait soin de moi et venais me porter assistance lorsque je le nécessitais.
Je faisais cependant le vide en moi, comme me l’avait demandé Alyria avant de s’absenter. Je le faisais également par nécessité. Je me sentais agité et je devais me calmer pour retrouver l’équilibre. Je soufflais calment et fermais les yeux jusqu’à ce qu’elle revienne. C’est alors que je la suivais, remontant les couloirs jusqu’à la salle de méditation. Je me demandais bien qu’elle idée lui avait traversé l’esprit pour décider de poursuivre son enseignement dans cette salle. A part méditer sur la Force, c’était évident… Je déglutissais à cette idée, moi qui avais des lacunes à ce sujet par rapport aux autres apprentis de mon âge. Ah je pouvais me vanter d’être très bon au sabre face à eux, mais autant je préférais m’écraser dans ce domaine qui m’était encore flou.
Finalement, je prenais la pose, assis en tailleur. Je fermais de nouveau les yeux et j’inspirais profondément avant d’expirer lentement. J’apposais avec délicatesse les paumes de mes mains sur mes genoux et je redressais mon dos, de manière à être dans une position détendue mais disciplinée. J’avais déjà réussi auparavant, non sans difficulté, à atteindre l’état de « transe » de la méditation classique mais j’avais toujours été plus à l’aise dans la méditation dite mobile et je devais donc pouvoir réitérer une énième fois l’expérience. Je laissais ma tête dodeliner légèrement, cherchant cet état où le réel n’est, d’une certaine façon, plus. Mon esprit cherchait à toucher la Force. Je la savais là. Je pouvais la sentir, et il me suffisait d’un rien pour l’atteindre.
Soupirant lentement une nouvelle fois, je secouais doucement la tête alors avant de prendre la parole pour répondre à cette question des plus classiques mais aussi des plus générale et vaste. « C’est une manière d’approcher la Force dans l’instant présent. La Force n’est pas qu’autour de nous, mais elle est partout. Elle nous transcende et nous lie tous. En somme, apprécier la Force dans l’instant présent permet d’en apprendre beaucoup sur notre environnement proche comme lointain, mais aussi d’en apprendre sur soi-même du fait qu’elle est partout, et cela sans exception. »
Que dire de plus sans tourner en rond ? Je l’ignorais. La Force Vivante était essentielle du fait de son universalité. Mais j’avais dû la confronter à la vision Unificatrice, qui s’oppose en certains points à la Force Vivante, alors que l’ensemble devrait au contraire être complémentaire. J’ignorais si c’était là ce que souhaitais Alyria, ni même où elle voulait en venir. Comme souvent, mes difficultés appréhender certaines facettes de la Force me revenait en plein visage…
J’expirais lentement, faisant doucement et timidement appel à la Force pour entrer en connivence avec elle. Je n’étais pas un surdoué et je savais que cela me prenait trop de temps. Il faut rappeler que mon lien avec la Force s’est renforcé vers mes cinq ans. Lorsque je suis né, on avait estimé que je n’avais pas les qualités minimales requises et qu’il était inutile de me former. C’est pour ces raisons que j’étais resté avec mon père sur Corellia et que je n’avais presque jamais vu ma mère. Il est rare que le lien étroit qui lie la Force et l’individu vient à se renforcer avec le temps, mais c’est bien ce qui se produit avec moi. Certains ont même affirmé que ce dernier irait en s’accentuant et qu’un entrainement adapté pourrait me permettre d’être encore plus en lien avec l’entité mystique jusqu’à atteindre un niveau où la progression me serait difficile. Sans doute lorsque je serais Chevalier, si je le deviens un jour.
Restant concentré, j’évitais de prendre la parole et je me contentais d’écouter Maitre Von avec une attention toute particulière. Je ressentais déjà mon esprit se joindre à la Force et je ne voulais pas briser cet élan. Enfin, je commençais à comprendre ce que je devais faire. Il était bien question de s’appuyer sur la Force pour accélérer et améliorer mes mouvements pour me permettre de dépasser mes limites physiques. Le tout était à présent de comprendre comment faire et dans quelle mesure. Il ne fallait pas brusquer ou contraindre la Force, mais bien y faire appel et s’en servir comme alliée dans l’action à mener. Je restais cependant sceptique sur la volonté de Maitre Von à lier nos esprits de manière si intime. Je ne l’avais jamais pratiqué et je me demandais ce qu’il pourrait bien en retourner. Mais les paroles de la Jedi ne me semblaient guère rassurantes, comme si cette expérience pouvait être douloureuse ou stressante. Etant donné que j’avais encore beaucoup de mal à gérer mon esprit et à calmer certaines pulsions latentes à mon impulsivité, j’étais loin de maitriser comme il se doit ce que l’on appelle le troisième pilier : l’Autodiscipline. Encore trop émotif, j’avais par exemple encore du mal à accepter le mode de vie inégalitaire que j’avais rencontré sur les mondes de la République que j’avais visité avec Maitre Herambra. Ou bien encore lorsque l’on était la cible de certaines idées reçues sur les Jedi. Enfin bref, je m’égare…
Je commençais rapidement à ressentir la présence des autres Jedi dans la Force. Tout d’abord le cercle proche, c’est-à-dire Alyria et les Jedi situés dans les salles adjacentes. Je pouvais aisément ressentir leurs auras dans la Force. Sans doute étaient-ils eux aussi en pleine méditation. Enfin, je parvenais à discerner les autres, puis l’intégralité des personnes présentes au Temple. Je pouvais discerner la masse, mais il m’était compliqué de pouvoir discerner une personne en particulier si ce n’est Alyria. Sans doute était-ce du fait de notre proximité actuelle couplée au fait qu’elle s’apprêtait à agir. Je ressentais soudainement sa présence m’envelopper et je ressentais un certain stress à l’idée d’être aussi oppressé. C’était là une réaction automatique et soudaine de mon esprit face à l’encerclement et l’enfermement. Je tentais de rester calme, soufflant plus profondément. Je me sentais trembler légèrement et je craignais pendant quelques instants de craquer. Mais finalement, je parvenais à me calmer pour atteindre une certaine forme d’apaisement dès lors qu’elle s’immisça en lisière de mon esprit. Sa présence était étonnamment bienfaisante et je sentais ma respiration reprendre un rythme plus en adéquation avec une méditation saine et sereine. Alors que nos esprits étaient intiment lié par cet instant de méditation commun, je réalisais que la révélation faite par ma mère il y a quelques années au sujet de Maitre Von était fondée. Il y avait quelque chose, un lien plus profond que celui apparent. Sinon comment expliquer la facilité avec laquelle elle avait glissé dans mon esprit et le semblant d’aisance avec laquelle elle était parvenue à rester en équilibre à la frontière tout en agissant sur mon corps.
C’était une sensation des plus étonnantes et je mis du temps avant de m’atteler à la tâche d’analyser ce que Maitre Von faisait. J’essayais de comprendre de quelle manière elle parvenait à faire cela et je cherchais un moyen de le reproduire sans contraindre la Force à faire ce que je souhaite. J’avais l’impression de disposer de plus de capacité que d’ordinaire, et ainsi plongée en pleine méditation, je me sentais capable d’agir plus rapidement et avec plus de précision. Je comprenais. Et lorsqu’elle se retira, j’essayais de poursuivre et de maintenir le plus longtemps possible cet état. J’avais besoin d’étudier, d’apprendre. Mais finalement, je voyais la Force quitter mes muscles et je patientais un instant avant de sortir calmement de mon état de méditation. Je clignais lentement des yeux avant de revenir pleinement au monde réel. Je raclais alors ma gorge, pour finalement reprendre sur un ton calme et plutôt doux :
« - Je crois bien, Maitre Von. Je pense avoir compris le principe mais il va me falloir du temps pour mettre en œuvre cela avec efficacité. J’ai des difficultés à me joindre à la Force durant mes méditations vide, j’ai plus d’aisance avec la méditation mobile car je l’utilise beaucoup lorsque je perfectionne mon Soresu. »
Je souriais légèrement mais sérieusement pour appuyer mes propos. Perturbé par l’expérience précédente, je me sentais obligé de rajouter :
« - J’ai ressenti quelque chose d’étrange lorsque vous avez touché mon esprit. Je ne sais pas comment décrire cela mais… on aurait dit une certaine proximité que je ne saurais décrire. Je ne sais pas si c’est lié à ce que m’avais raconté ma mère peu de temps après ma nomination comme Padawan de Maitre Herambra ou si c’était simplement de votre fait mais c’était… perturbant. »
Pour tout dire, je pensais que Maitre Von était au courant de ce lien familial lointain dont m’avait parlé ma mère. Il faut dire qu’il n’était pas anodin que j’ai préféré demander directement à la Jedi de m’aider dans mon enseignement au lieu d’un autre. Il y avait une certaine volonté de ma part d’en savoir plus. J’étais resté trop longtemps en retrait de ma famille et même de ma mère d’un commun accord. Il restait à savoir ce qui en découlerait…
Tout comme le maniement du sabre-laser, la méditation se révélait être un art des plus complexes. La nécessité de devoir faire appel à la Force et entrer en communion avec elles, les rendaient guère accessibles pour les non-initiés. Bien que je disposais d’une aisance naturelle pour les Arts Jedi, je péchais grandement dans la maitrise de l’Autodiscipline. Cela me jouait parfois des tours en affrontement, où je perdais quelques fois ma concentration alors que j’appliquais mon Soresu. Mon impulsivité latente était connue de toutes les personnes qui me côtoyaient et il m’avait toujours semblé qu’Alyria était l’une d’entre-elles. Mais ses précédentes réactions me laissaient à présent perplexe. Je n’irais pas affirmer que c’étaient aux mentors de s’adapter à mon caractère. Ce serait d’ailleurs inacceptable et au contraire, c’était à moi de changer et de m’améliorer pour dépasser ces problèmes récurrents que je cherchais à effacer. Je pensais cependant que la Jedi se montrerait plus compréhensive au lieu de venir m’assaillir comme elle avait pu le faire dans la salle d’entrainement. Je le sais, mon comportement n’était pas acceptable et je lui avait sans doute manqué de respect en lui répondant comme je l’avais fait. Il faut cependant comprendre que cette impulsivité qui me caractérise a manqué de me faire rater les Epreuves des Initiés et cela malgré plusieurs victoires au Tournoi des Apprentis. Ma manière de combattre ne plaisait pas et c’est seulement parce que j’ai tapé dans l’œil d’Ilia que j’ai pu atteindre ce statut aussi désiré par les Initiés que l’est celui de Padawan. Il me restait donc beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre un parfait équilibre et maitriser l’Autodiscipline tant prônée par les Jedi. Combien de fois avais-je eu envie de régler le compte à un criminel pour lui retirer toute envie de recommencer ? Oh, bien évidemment j’ai toujours su me contenir. Certains diront là que c’est une preuve d’autodiscipline que le fait de ne pas être intervenu de la sorte mais à mes yeux la simple idée d’avoir pensé à lui « faire sa fête » était inacceptable pour un Jedi qui prône un code moral et éthique bien précis. La violence gratuite est l’apanage des Sith.
Cependant, la voir confirmer mes propos avait quelque chose de confortant et prouvait que j’allais effectivement sur la bonne voie. Le temps me permettrait de mieux appréhender les mouvements plus complexes de l’Ataru mais aussi et surtout, la Force en elle-même. Mieux encore, peut-être pourrais-je utiliser ces connaissances pour perfectionner plus encore mon Soresu ou pour améliorer ma maitrise ridicule du Makashi. La Jedi avait sans aucuns doutes remarqué cette faiblesse lorsque j’avais fait l’usage de la Forme II il y a peu. Et sachant qu’il s’agissait là de sa forme d’excellence, je me sentais vraiment ridicule. La Forme II ne plaisait clairement pas et j’avais vraiment du mal à me l’approprier. Elle ne me ressemblait tout simplement pas alors que concernant le Soresu et l’Ataru, c’était complètement l’inverse. Mais qui sait, peut-être décidera-t-elle d’essayer de me faire comprendre pourquoi le Makashi était si important pour elle ?
« Je vous remercie de bien avoir voulu prendre le temps de me faire entrevoir cette possibilité, Maitre Von. Je pensais que vous auriez simplement mit fin à notre séance après ma réaction en salle d’entrainement… »
C’était vrai, mais je fus bien heureux de la voir rebondir sur mes propos concernant les sensations que j’avais pu ressentir lorsque nous avions fusionné nos esprits le temps d’une méditation. Je fus tout d’abord intéressé par son explication, que je retenais dans un coin de ma tête. Qui plus est, c’était la première fois que je tentais ce genre de chose et les résultats étaient des plus étonnants. Et en parlant de surprise, je fus vraiment étonné de constater qu’elle n’était pas consciente du lien dont m’avait parlé ma mère. Aussi, j’avais la soudaine impression d’avoir fait une gaffe. Qui sait, peut-être était-ce volontaire de la part de ma mère de ne pas en avoir parlé à Maitre Von ? Ou bien même du Conseil Jedi, qui sait ? Dans tous les cas, j’avais jeté la ligne dans le lac et le poisson s’y était directement accroché. Je me voyais obligé de parler de tout cela à la Jedi en face de moi, sinon quoi je me sentirais coupable de lui avoir menti. Et il est bien connu que le mensonge n’est pas envisageable pour un Jedi envers un confrère. C’est ainsi que je repris sur un ton gêné, raclant ma gorge une dernière fois pour m’élancer :
« Eh bien, on m’a expliqué que… qu’il existait un lien familial entre nous Maitre Von... » expliquais-je, faisant volontairement une pause pour observer sa réaction avant de rajouter : « Un lien lointain à ce que j’ai compris. Que vous seriez en quelque sorte une cousine éloignée. En réalité, si je vous ai demandé à vous de m’aider plutôt qu’à un autre, c’était du fait de vous êtes un excellent professeur mais aussi parce que je voulais vérifier ces dires… Enfin… j’ignorais que vous ne le saviez pas… »
J’étais quelque peu soulagé de l’entendre dire qu’elle n’aurait de toute manière pas mit un terme à notre entrainement malgré mon impulsivité. C’était là mon plus grand défaut, un point faible d’une envergure non négligeable que j’essayais de supprimer. Ilia m’avait clairement expliqué que cela ne se ferait pas en un jour et qu’il faudrait sans doute de nombreuses années pour totalement m’en défaire. Et que c’est bien parce que j’étais capable de corriger ce problème sur le long terme qu’elle m’avait proposé de devenir son Padawan. Evidemment, le lien s’était accentué entre elle et moi. Mais rien à la base, si ce n’est une légère impression que je ne saurais expliquer, n’avais laissé présager que nous nous unirons dans un duo Maitre-Apprenti pour de longues années. J’étais fier de ce que j’avais accompli et je me sentais désormais sur une pente ascendante vers le jour où je serais adoubé Chevalier. Je restais cependant conscient que le chemin à parcourir était encore très long et qu’il me restait énormément à apprendre. Il était donc naturel que je sois heureux de l’entendre dire que mon comportement quelque peu déplacé ne la brusquait pas tant que ça bien que ce ne fut pas la sensation que j’avais ressenti en salle d’entrainement. C’est ainsi que je venais soutenir son regard tout en esquissant un léger sourire avant de simplement répondre :
« Je vous remercie, Maitre. C’est juste que… mon comportement en tant qu’Initié avait grandement remis en cause mes capacités à l’époque. Et peu de gens voulaient s’exercer avec moi. »
C’était vrai. Mon premier échec aux Epreuves d’Initiés malgré ma victoire au Tournoi des Apprentis en était la preuve la plus flagrante. Gruu en avait pris pour son grade et évidemment, il était partit pleurer dans les jupons des guérisseurs en affirmant que je le harcelais à longueur de journée alors qu’il s’agissait évidemment de l’inverse. Ah ma formation d’Initié, ce fut tout une histoire !
Mon regard perdit se pendant en intensité et j’écarquillais légèrement les yeux en réalisant qu’Alyria n’était au courant de rien. Sa réaction en était la preuve directe et irréfutable. Je me sentais de suite gêné de m’être lancer sur ce sujet et je craignais que Maitre Von ne se bloque totalement dans une volonté de respecter à la lettre le Code Jedi à propos du non-attachement et de la rupture familiale. C’était un point que je ne respectais pas pour ma part depuis mon arrivée au Temple. Car c’était bien de par ma famille que je m’étais retrouvé sur Ondéron, ma mère étant un Maitre de l’Ordre.
Je grimaçais légèrement en sentant clairement la gêne qui émanait de nos deux êtres en cet instant présent. Et je me disais que la prochaine fois, j’y réfléchirais à deux fois avant de l’ouvrir. « Je vous prie de bien vouloir m’excuser, dans ce cas… » lachais-je timidement, déglutissant péniblement avant d’oser relever mon regard dans sa direction, me sentant toujours aussi fautif et responsable de la situation. Je fus cependant surpris de la voir rebondir avec autant d’aisance pour tenter de fournir une explication logique au fait que nous étions unis par un lien familial tout en étant d’origines bien différentes. Je souriais légèrement, acquiesçant à chaque détail. Elle avait sans doute raison. Les cours que j’avais suivis sur le sujet semblaient aller en ce sens bien que je n’étais pas du tout un intéressé du domaine. « A vrai dire, je ne cherchais pas vraiment des informations à ce sujet, Maitre Von. Je cherchais juste à mieux vous connaitre. A découvrir si cela était bien vrai. Non pas que je remette en question les propos de mère… »
J’attrapais distraitement la mèche qui descendait le long de mon cou, alors que les maigres souvenirs de mon enfance précédant le Temple refaisaient surface le temps d’un instant. Je souriais légèrement en conséquence et détournait un instant mon regard vers la baie vitrée donnant sur le parc. Je comprenais que l’explication du lien familial lointain n’était pas forcément la raison de cette facilité à lier nos esprits lors de nos méditations. Mais je fus totalement pris au dépourvu par sa dernière question. Le conseil était-il au courant ? Quelle importance ? Ils étaient bien conscients que je pouvais côtoyer ma mère à certains moments. Alors une cousine éloignée ? Les risques étaient minimes en comparaison, non ? Je répondais aussitôt, avec une certaine pointe d’inquiétude. Et si elle décidais de mettre fin à tout ceci ?
« Heu… C’est possible, Maitre. Mais qu’elle importance ? Je veux dire… je peux croiser mère aux archives. Je ne vois pas ce qu’un lien aussi éloigné que le nôtre pourrait causer. A moins que vous ne craignez quelque chose à propos du Code ? Ou bien du regard de certains ? J’ai déjà vécu ça, et je ne voudrais pas le faire partager ou le subir à nouveau vous savez… Je veux dire, si vous voulez prendre vos distances, je comprends. Mais vous m’avez tellement appris. Je serais déçu de devoir stopper nos échanges pour ça… » lâchais-je finalement, finissant timidement mes paroles. J’étais désormais craintif et j’avais du mal à le masquer. Je m’en voudrais de perdre un aussi bon professeur, de revivre ce que j’avais subis durant mes dernières années d’initiation. Je considérais Maitre Von comme celle qui m’avait aidé à développer mon Ataru. Et j’espérais bien qu’elle m’aiderait pour mon Makashi….