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Sans savoir pourquoi, Venezia était revenue à elle après sa méditation avec une folle envie de cookies. Pour quelqu'un comme elle, ce genre de désir soudain, d'une intensité rare s'approchant de l'avidité, restait presque un pêché. Elle avait toujours appris à se contenter de ce qu'elle avait, essentiellement parce le besoin pouvait conduire à la jalousie ou l'ambition. Ceci dit, une envie de cookies, ça n'allait tuer personne. Même pas des poussins. Puisque cette soudaine pulsion était née d'une méditation, Venezia ne pouvait que s'y soumettre. La jeune fille marcha donc de son pas presque aérien jusqu'à la cuisine du Temple où, après avoir farfouillé dans les placards, elle s'attaqua à la préparation de ce délice typiquement wookie – c'était bien connu, les cookies, c'est wookie. Comment sinon en expliquer ce nom ?
Les fours chauffaient les deux plaques de boulettes, alors qu'elle faisait la vaisselle et rangeait la pièce. Déjà, une bonne odeur montait, et Venezia revoyait les quelques fois où Mekledos lui avait préparé des cookies avec les mets locaux, expériences culinaires toujours hasardeuses et pas forcément réussies. La blonde s'était toutefois attachée à suivre une recette plus traditionnelle, et en attendant que la cuisson fut parfaite, elle avait bien l'intention de lécher le plat, armée d'une petite cuiller. Quitte à céder à la tentation, autant ne pas faire de demi-mesure! Mais quelle tentation!
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C'était l'un de ses jours où Dalla sentait qu'elle aurait mieux fait de rester couchée -quoique l'on n'aurait vraisemblablement pas permis à une initiée de rester tout la journée au fond de son lit sans une très, très bonne raison...
Ses ennuis avaient commencé bien avant le lever du soleil. Cette nuit-là, elle avait encore rêvé du sith. Pas d'un sith particulier en fait, mais d'une sorte d'amalgame de tout ce qui l'avait le plus effrayée chez les siths qu'elle avait vus deux ans plus tôt -trois ans plus tôt, maintenant, lors de l'attaque du vaisseau où étaient rassemblés beaucoup de padawans et initiés. Dans son rêve, le sith lui parlait, la provoquait, se moquait d'elle, et l'attaquait. Elle restait complètement impuissante, incapable de répondre ou de se défendre.

Ensuite, il y avait eu le cours de mathématiques. C'était d'ordinaire un cours où Dalla n'était pas trop mauvaise. Mais bien évidemment, ce jour-là, elle avait fait une erreur de calcul qui avait faussé tout son travail personnel.
Et bien sûr, cerise sur le gâteau, était venue la séance d'entraînement au sabre laser. Dalla n'avait jamais été bien forte dans ce domaine, mais ce jour-là elle s'était surpassée dans la maladresse et le manque d'agilité. Le point culminant de cette merveilleuse journée avait sûrement été celui où elle avait reçu sur les orteils du pied droit son propre bâton d'entraînement. Malgré l'épaisseur de la botte, elle s'était fait un bel hématome, et elle boitillerait vraisemblablement pendant une bonne semaine.
Elle avait tenté de se calmer un peu les nerfs en méditant, mais ses orteils se rappelaient toujours à son attention. Elle sortit de sa séance de méditation presque aussi tendue qu'auparavant. Et quand elle était tendue et que la méditation ne pouvait pas l'aider, la seule chose à faire, c'était de trouver quelque chose à grignoter.
À peine arrivée aux cuisines, une délicieuse odeur vint flotter jusqu'à son nez. Elle suivit l'odeur jusqu'à un coin des cuisines où une humaine toute maigrichonne semblait très occupée avec une petite cuiller et un grand saladier. L'odeur alléchante venait visiblement des fours derrière l'humaine.

Dalla hésita quelques instants, n'osant pas déranger la padawan, puis finalement se décida :

-Euh, bonjour. C'est toi qui utilises les fours, là ?

Dalla n'osa pas faire un compliment sur l'odeur, de peur de sembler réclamer une part sans en avoir l'air...

-Je sais que ce n'est pas vraiment l'heure du repas, mais j'ai eu une journée un peu... un peu dure. Je me suis dit qu'un biscuit et un thé jeru ne pourrait pas me faire de mal...

Elle avait aggripé la pointe de son lekku qu'elle tortillait machinalement.

-Au fait, je m'appelle Dalla Tellura. Et toi ?

L'humaine était idéniablement plus âgée que Dalla, pourtant, il y avait chez elle quelque chose qui semblait rendre grotesque l'idée de la vouvoyer...
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S'il y avait bien une personne pour qui le protocole et la politesse restait un monde à part, c'était bien Venezia. Elle aurait été capable – et le restait – de tutoyer le Grand Chancellier, sans la moindre trace d'irrespect. Mais s'il y avait bien une personne pour qui le respect des protocole voulait tout dire, c'était bien Venezia. Jamais elle ne chercherait volontaire à blesser, aussi se pliait-elle de très bonne volonté à toutes les conventions sociales, même les plus étranges, mêmes celles qui faisaient un peu reculer les plus aguerris des diplomates. Enfin, c'était en théorie, mais c'était la théorie de Mekledos et le Maître Wookie se trompait rarement sur ce genre de chose.
Aussi, être tutoyée par une jeune Twilek ne la choqua pas du tout. Bien au contraire ! La blonde accueillit la jeune Initiée avec un sourire lumineux, comme si elle était la meilleure chose qu'elle avait vu de sa journée.

- « Bonjour à toi aussi, bien qu'il semble que les heures n'ont pas été si bonnes que ça avec toi. » salua Venezia avec sa voix d'une douceur égale à elle-même. « J'utilise les deux fours oui. J'ai bientôt fini... peut-être quelques minutes de cuisson puis je dois faire refroidir les cookies, et après, ils seront à toi si tu en a besoin. » Le problème avec Venezia, c'était son manque de sens des nuances. Elle n'avait absolument pas perçu le message caché derrière ces remarques toutes anodines.

- « En effet, faire une petite pause plaisir est toujours bénéfique, tant qu'on n'en abuse pas. Je t'en prie... » Elle désigna la cuisine d'un geste universel ''fais comme chez toi.'' Puis elle réfléchit un petit peu, la tête penchée sur le côté. « Peut-être as-tu besoin de mon aide ? » Les Initiés les plus jeunes n'avaient pas forcément le droit d'utiliser la cuisine. Vous imaginez le basard si tous se mettaient à faire de la cuisine ? « Je suis Venezia. Venezia d'Ambrelune. » répondit-elle se mettant de côté son bol et sa cuiller pour vérifier la cuisson de ses précieux cookies.  « Enchantée de faire ta connaissance. … Je vais sortir la plaque, ça va être chaud. » prévint-elle en s'exécutant. Les petites boules avaient fondues en des galettes plus ou moins épaisses, de taille et de forme irrégulières.  « Je ne sais pas quel genre de biscuits tu aimes, mais je peux te proposer des cookies dans quelques minutes... » invita-t-elle avec un autre sourire. Venezia avait fait plusieurs plaques, dans le but précis de les distribuer. Autant commencer tout de suite.
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La jeune humaine avait l'air d'être vraiment adorable. Peut-être que la perspective de pouvoir goûter les cookies qui sentaient si bon la rendait un peu partiale. Mais peut-être pas...

-Oh, des cookies ! Je crois que j'ai bien besoin d'un petit quelque chose de sucré...

Cela dit, Venezia avait l'air d'en avoir besoin aussi, ne serait-ce que pour se remplumer un peu. Dalla se demanda vaguement si ses propres bras n'étaient pas plus épais que ceux de l'humaine... Elle avait l'air si fragile, que Dalla hésitait presque à lui demander de l'aide pour le thé. Mais vue la maladresse dont elle avait preuve toute la journée, c'était peut-être plus prudent...

-Est-ce que tu crois que tu pourrais me faire chauffer un peu d'eau pour mon thé ? Je... enfin les initiés ne sont pas trop censés utiliser les plaques chauffantes tous seuls... Je sais où est rangé le thé... Tu en veux ?

Quand elle revint auprès de l'humaine, la boîte de thé dans les mains, les cookies tout chauds reposaient de façon tentante sur leurs plaques de cuisson. Elle avait bien envie d'en goûter un tout de suite, mais Venezia avait dit d'attendre qu'ils refroidissent... Dalla réprima un petit soupir ; après tout, elle était une future jedi, elle pouvait bien attendre encore un peu... Venezia vérifiait la cuisson des cookies. En la voyant s'affairer, Dalla fut subitement prise d'un gros doute : est-ce que les humains n'avaient pas cinq doigts, d'ordinaire ? Elle n'était plus du tout sûre. Les kyuzo avaient quatre doigts, les twi'leks cinq (ça, aucun doute là-dessus, elle en avait la preuve sous les yeux), mais les humains ? Sa curiosité était piquée, mais ce n’était sûrement pas très délicat de demander...

-Je crois que j'aime bien un peu tous les biscuits... murmura-t-elle en s'asseyant sur un haut tabouret. Elle agita lentement dans le vide son pied encore engourdi par le coup de bâton. Je suis plutôt gourmande, en fait... Ça ne fait pas très jedi... Mais parfois, je me dis que je ne suis pas encore vraiment prête à devenir une padawan...  Pas tellement à cause de la nourriture, mais plutôt, enfin...

Elle se tut quelques instants, le menton appuyé sur la main.

-Tu n'as jamais eu l'impression, quand tu étais plus jeune, que les standards de l'Ordre ne te correspondaient pas toujours ?


Parfois elle avait l'impression qu'elle n'arriverait jamais à se servir correctement de son sabre laser... Certains jours, cela ne la dérangeait pas beaucoup. Elle n'avait jamais considéré, contrairement à beaucoup de ses petits camarades, que le maniement du sabre laser soit réellement au cœur de la voie du jedi. La compréhension des autres, la compassion et la sagesse lui semblaient bien plus importantes, et elle ne voyait pas bien en quoi un sabre pourrait l'aider à s'améliorer dans ces domaines... Néanmoins, il était indéniable que beaucoup de Maîtres, y compris parmi ceux qu'elle respectait le plus, accordaient une grande importance à l'apprentissage des formes de combat. Même si cela allait à l'encontre de son intuition première, de vieux sages comme eux devaient savoir ce qu'ils faisaient et ce qu'ils recommandaient aux plus jeunes, non ?

Elle secoua tristement la tête, et reporta son attention sur Venezia. Elle ne voulait pas l'embêter avec ses problèmes, mais elle savait aussi, d’expérience, que garder trop de choses pour soi n'était jamais très sain.
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Venezia accepta de grand cœur de faire chauffer de l'eau, et répondit donc par un trille musical. Surveillant la casserole d'eau du coin de l'oeil, elle prépara deux grandes tasses, après avoir humé l'odeur de la boite de feuilles séchées sélectionnées par Dalla. Elle ne connaissait pas encore ce goût, mais c'était justement ça qui était palpitant. Pas besoin d'aller se perdre sur une planète au fin fond de l'univers pour vivre une aventure.
- « La gourmandise en soi n'est pas si mauvaise que ça, je crois. » commenta-t-elle en s'affairant. « C'est plutôt une qualité, que d'aimer manger, de goûter les produits de la terre et des hommes. Il n'y a pas de mal à se faire plaisir, bien au contraire. Se restreindre est comme un ordre forcé, ça peut mener à l'insatisfaction, au regret, à se donner mauvaise conscience pour... pour quoi ? Un simple biscuit ? Risquer de frôler le côté Obscur juste pour un biscuit ? » Venezia réfléchissait à haute voix, et finit sa phrase en haussant les épaules.  « Personnellement, je pense que ce qui pose problème c'est quand on laisse cours à sa gourmandise sans contrôle. L'excès de gourmandise, quand on mange non par plaisir, mais par habitude, ou juste parce qu'on peut. Ou par un besoin malsain. L'avidité... En fait, tout est une question d'équilibre. Ne pas abuser des bonnes choses. Si tous les jours, on mange un gâteau, alors, ce n'est plus quelque chose d'exceptionnel qu'on doit mériter et/ou savourer, mais juste quelque chose d'ordinaire, qui nous est dû. Oui, ne pas abuser, et se contenter de peu, pour toujours garder intacte « la magie » des choses. »

Avec des gestes précis, la blonde posa sur la table les deux mugs et une assiette de cookies. Le goûter était prêt !
- « Et voilà. Je ne sais pas si les Twileks sont sensibles ou pas au trop chaud ? » prévint-elle en désignant les biscuits qui fumaient encore un peu. « Quant à ta question, la réponse est évidement « oui ». Tout le monde, y compris les Maîtres actuels, ont tous trouvés quelque chose dans les enseignements qui ne collait pas avec leurs pensées propres. Après tout, la seule chose qui soit universelle, c'est la mort. Chacun pense et ressent à sa manière. Mais puisque la Philosophie de l'Ordre n'est pas d'imposer, nos différences nous permettent en fait de progresser en tant que Jedi. En confrontant nos pensées à LA pensée, on réalise souvent que nous n'avons qu'une vision partielle d'un problème. Après tout, la philosophie Jedi n'a pas été construite en un jour. Si nous en sommes arrivés là où nous en sommes, c'est bien parce que pendant des siècles, des maîtres ont réfléchi et vécu, et ont décidés que ça ou ça serait mieux que ça ou ça. Tu sais, ça existe toujours, les différences de points de vue, surtout entre Chevaliers et Maîtres. »
Venezia parlait doucement, tout en tournant une cuiller dans son thé pour faire refroidir le liquide. Elle avançait ses arguments d'une voix qui n'avait rien de professorale. Elle ne faisait que parler de son point de vue à elle.
- « Et c'est parce que nous sommes des Jedi que nous sommes capables de discuter calmement et même d'accepter qu'un autre ne partage pas son opinion. Je pense qu'il n'y pas une Vérité Absolue quand on en vient aux nuances. … Bref, ne sois pas étonnée si une leçon ne te paraît pas logique ou semble contraignante. Au contraire. Empare-toi de ce sentiment pour réfléchir à pourquoi tu penses ou réagis comme ça, et ce qu'il faudrait que te convaincre de changer d'avis. »

La jeune femme était bien entendu curieuse de savoir à quoi Dalla faisait référence. Mais tout comme elle n'avait pas évoqué ce qui aurait pu pousser la jeune initiée à avoir besoin d'un remontant, elle n'allait pas mettre son nez là où elle avait appris que c'était impoli de le faire. Et puis, faudrait-il encore qu'elle comprenne vraiment que Dalla était « embêtée ». Pour elle, se poser des questions encore et toujours, remettre en question les choses, c'était... c'était son ordinaire, c'était ainsi qu'elle se voyait en tant que Jedi...
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Dalla ne put retenir un sourire en entendant Venezia parler des "produits de la terre et des hommes". Les humains avaient souvent des expressions propres à leur espèce qu'ils utilisaient même quand il ne s'agissait pas, ou pas seulement de leur espèce... Mais on ne pouvait pas trop leur en vouloir, non seulement ils étaient l'une des espèces les plus présentes dans la galaxie, mais ils étaient sûrement l'une des espèces qui avaient le plus contribué au développement de la galaxie... Normal que leurs expressions dépassent le cadre de leurs interactions intra-espèces. En fait, Dalla s'était elle-même surprise à utiliser ce genre d'expression...

D'ailleurs, ce que dit Venezia était très juste. Un jedi doit être tempérant, pas ascétique. Surtout quand il est en pleine croissance. Mais Dalla savait aussi que si elle n'avait guère de mal à résister à la tentation de la nourriture, une fois lancée, elle avait beaucoup de mal à s'arrêter, même rassasiée...
Dalla regarda son interlocutrice poser les deux mugs de thé sur la table. Elle aimait beaucoup le thé jeru depuis que son frère lui en avait rapporté un petit sachet d'un de ses voyages, bien avant qu'elle ne parte pour le Temple. Elle se rappelait encore de la première tasse qu'elle avait bue, émerveillée. Elle se rappelait aussi de sa tristesse quand le sachet avait été fini. Et de son émerveillement, arrivée au Temple, d'en avoir retrouvé. La première tasse qu'elle avait bue au Temple était peut-être la meilleure qu'elle ait jamais goûtée. Venezia avait entièrement raison, le caractère exceptionnel d'une chose ne devait jamais être négligé... Et c'était peut-être au quotidien, dans des choses apparemment insignifiantes, que les jedi devaient exercer leur patience et leur maîtrise d'eux-mêmes...

Dalla hésita quelques secondes avant de prendre un cookie. De toute façon, maintenant, ne pas en prendre aurait été malpoli. et puis elle l'avait bien mérité ce cookie !

-Je crois que les twi'leks sont assez proches des humains pour le chaud et le froid... C'est-à-dire qu'ils ont des goûts très différents entre eux ! ajouta-t-elle avec un sourire. Ma sœur et moi, par exemple, avions des préférences très éloignées pour la température de l'eau du bain...

Venezia était une interlocutrice très agréable. Non seulement elle avait une voix apaisante, mais elle avait une façon de s'exprimer qui mettait Dalla très à l'aise, tout en lui ouvrant des perspectives de réflexion très intéressantes. Les chevaliers et les apprentis plus âgés avaient souvent, même sans s'en rendre compte, une façon de parler aux plus jeunes avec une forme de condescendance, comme si n'avoir que dix ans empêchait de réfléchir sérieusement et de se poser de bonnes questions.
Elle posa son cookie à demi mangé sur la table (elle n'avait pris à chaque fois que de petites bouchées pour bien savourer ce qu'elle mangeait).

-Je sais bien que les différences de point de vues existent même entre les jedi, et que tous n'ont pas la même façon d'envisager les différents aspects d'un problème. La discussion et l'échange, c'est ce qui fait la force des jedi, c'est le pilier même de la formation des initiés. Mais...

Elle ne savait pas vraiment comment exprimer ce dilemme qu'elle ressentait souvent, sans paraître présomptueuse, ou arrogante. Elle avala une gorgée de thé, pour se donner le temps de réfléchir.

-Parfois, les chevaliers et les maîtres nous disent de faire des choses, ou nous donne des conseils, parce qu'ils ont plus d'expérience que nous, et ça, je trouve ça normal, hein ! J'ai encore beaucoup à apprendre, et eux font tout cela pour m'aider, pour me permettre d'aller plus vite. Mais je me dis aussi qu'il leur arrive aussi de se tromper. Je ne veux pas dire que je sais mieux qu'eux certaines choses ! s'exclama-t-elle soudain, les deux mains tendues devant elle comme pour se protéger des reproches. Quoique si, en fait. Je veux dire parfois... Pour moi, par exemple, ma propre personne. Je crois quand même que je me connais mieux qu'eux. Enfin, bien sûr, ils peuvent ressentir ce que je ressens, mais moi je sais ce que je pense. Et parfois, ils ne comprennent pas ce que je pense vraiment. Et ils croient que je ne comprends pas moi-même. Alors que... si. Je crois.

Elle s'interrompit pour manger un peu. Comme elle avait oublié ses nouvelles résolutions, elle croqua un gros morceau.

-C'est comme ça avec le sabre laser, par exemple. Quand je ne m'entraîne pas assez, ou que je ne mets pas assez de bonne volonté à comprendre un nouveau mouvement, j'essaye d'expliquer que de toute façon je ne veux pas devenir maître d'arme, mais je cois que tout le monde pense que c'est simplement que je ne veux pas progresser...

Elle repensa à ce que Venezia venait de dire.

-C'est vrai que je trouve ça un peu paradoxal que l'Ordre pousse tous les apprentis à savoir à se battre, à apprendre des techniques d'attaque, alors que les jedi sont censés maintenir la paix... Bien sûr, parfois, il est nécessaire qu'un jedi se batte, pour protéger des gens par exemple, mais c'est quand même l'exception... Le Conseil devrait mettre l'accent sur la philosophie plutôt que sur le combat, je trouve. D'autant que certains initiés ont l'air de ne pas très bien avoir compris que les jedi ne sont pas des guerriers... ajouta-t-elle en grommelant, le nez à moitié enfoui dans sa tasse.
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Si Venezia avait entendu les pensées de Dalla, elle aurait sûrement été peinée et chagrinée. Peut-être même en colère, ce qui était pour la Padawan quelque chose d'assez extraordinaire. Car si elle était peu encline à s'abandonner au vice de la colère, celui de la discrimination lui était complètement étranger. Elle qui n'était plus vraiment humaine, bien qu'elle fut encore classée comme telle – humanoïde étant le terme exact pour désigner une race qui n'avait pas encore totalement dérivée de sa base génétique – elle qui ne pouvait se résoudre à la haine et au combat, comment pourrait-elle, elle, être accusée de parler en terme de distinction. Homme et humain étaient deux choses différentes. Homme et femme, faisaient référence à un sexe. Elle n'allait tout de même pas utiliser mâle et femelle, comme pour les animaux, non ?

Mais Venezia ne savait pas lire les pensées, aussi elle se contenta d'écouter, avec attention, les confidences de Dalla.
- « Je vois ce que tu veux dire. J'ai un peu éprouvé la même chose à un moment donné. Je pense que chacun a eut ce sentiment. Y compris nos Maîtres. Eux-aussi ont été jeunes, mais ils l'ont oublié. Ce n'est pas une question d'âge ou de mentalité uniquement. C'est une question que certaines chosent ne peuvent se comprendre qu'une fois qu'on a vécu la leçon, et qu'une fois que c'est compris, ça devient tellement évident qu'on n'imagine pas que cela soit autrement. Après tout, les Initiés, et même les Padawans, vivent une existence confortable ici au Temple. Il y a des choses qu'il faut voir, sentir... Pas parce qu'on est incréduble... mais parce que tant que nous, en tant personne, ne l'avons pas expérimenté. C'est un peu comme les biscuits. On peut parler d'un cookie, même sans en avoir manger un mais rien ne vaudra le fait d'en avoir mangé et une fois que c'est, sauf grave problème, on se souviendra toujours qu'on a mangé un cookie. Et revenir à un état où l'on en n'avait jamais mangé est impossible. Alors que tu penses A ou B... quelque part ça n'importe peu, parce que tu ne penseras plus jamais comme ça à un moment donné.  »

Venezia regarda la Twileck, espérant que ses paroles ne l'avaient pas plus perdue qu'elle ne l'était auparavant. Mais c'était difficile d'expliquer que justement accepter cet état faisait partie du processus d'entraînement. Les maîtres ne voulaient que le bien des élèves, et si, au bout du compte, les choses ne se passaient toujours pas bien, c'était à l'élève d'apprendre à se détacher des mots, à accepter l'opinion et le conseil, de n'y voir que le côté positif...

- « Pour le combat... es-tu sûre d'y mettre toutes tes forces, toute ta concentration ? Je note que tu ne veux pas devenir une guerrière, mais es-tu sûre de ne pas inconsciemment te bloquer, justement parce que tu ne veux pas devenir une guerrière ? Et donc la justification devient aussi la source du problème ? » La blonde eut un sourire doux.  « Je ne te critique pas. Je refuse moi-même d'apprendre les arts du combat. Mais contrairement à toi, je n'ai même pas essayé. J'aime faire les choses bien. Si je décide de participer à une classe, alors je participe. Or, je n'ai absolument pas envie d'apprendre à me battre, ou à me défendre avec violence. Donc, j'ai passé des heures entières assise sur un banc. » finit-elle en croquant dans son gâteau. Avant de réaliser que si un Maître devait apprendre qu'elle avait dit ça... « Bien entendu, mon cas est exceptionnel. Il me semble que toi, tu veuilles apprendre le sabre ou le combat autrement, pour autre chose. Que tu as compris les conséquences de tes actes. C'est bien. Tu ne devrais pas avoir honte de tes questions, c'est au contraire ce qui te différencie des soldats ou des mercenaires. La violence n'est pas la solution à tout. Pour certains, elle est ceci dit la solution à quelques situations... Je suppose que c'est à toi de voir.... »
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Dalla étouffa un rire en imaginant un mini-Maître Don -ou pire, un mini-Maître Waray-, mais elle se reprit, pour hocher lentement et gravement la tête. Les paroles de Venezia faisaient clairement écho à quelque chose qu'elle avait elle-même ressenti. Elle eut un léger sourire en songeant que le fait qu'elle ait déjà expérimenté ce genre de situation où l'on prend conscience que de l'autre côté d'une épreuve subie, c'est un autre soi-même, déjà un peu différent, que nous regardons, l'aidait sûrement à comprendre ce que Venezia voulait dire.

-Je me rappelle, le première fois que je suis rentrée sur... chez moi, chez mes parents, sur Ryloth... Tout le monde voyait l'ancienne Dalla, celle d'avant mon départ pour le Temple. Mais moi, je n'étais même plus sûre de reconnaître cette Dalla-là...

Elle regarda tristement sa tasse de thé.

-La nuit, dans la chambre que je partageais avec Nassa -Nassa c'est ma sœur-, j'ai repensé à tout ce que j'avais vécu, mon arrivée au Temple, toutes les espèces différentes que je n’avais jamais vues avant, la jungle alentour, les étoiles et le vide autour du vaisseau...

Cette nuit là, elle avait réalisé que tout cela, tout ce qu'elle avait vécu et qui maintenant faisait partie d'elle aussi intimement que son cœur ou ses lekkus, tout cela la séparait de sa famille plus sûrement que tout l'espace intersidéral qui séparait Onderon de Ryloth.

-Le Conseil n'était pas très favorable à ce que je retourne là-bas. Mais, je ne sais pas, je crois que la famille de mon père a insisté pour que je vienne... Je n'aurais peut-être pas dû venir. Mais...

Bien sûr, le Conseil faisait de son mieux pour le bien des initiés. Mais même à eux, il arrivait de se tromper, ou de n'avoir pas entièrement raison.

-La douleur aussi, c'est une expérience, non ?

Si elle n'était pas retournée chez ses parents, elle n'aurait pas compris pourquoi son père disait que les jedi n'avaient pas de famille. Ni pourquoi il avait raison. Ni pourquoi il avait tort.

-Parfois, je me dis que, même si je suis contente d'avoir une vie tranquille et confortable au Temple, il y a des enfants qui vivent des choses terribles et... c'est injuste... enfin... pour eux, bien sûr... mais aussi pour nous... On est protégés ici, comment peut-on comprendre le monde, la souffrance et la misère si on nous en protège ? Si on n'en fait pas l'expérience ? Comment pourrons nous y résister, plus tard, si on n'y a pas été préparés ?

Quand Venezia reprit la parole, Dalla sentit le sang affluer à ses joues. Faire de la source du problème une justification. C'était un reproche que les maîtres d'armes lui faisaient souvent ; et à vrai dire qu'elle se faisait souvent, aussi. Mais la suite des paroles de son interlocutrice la fit s'étrangler avec la gorgée de thé qu'elle venait d'avaler.

-Tu refuses d'apprendre les arts du combat ? C'est possible ?

Il y avait indéniablement dans sa voix une note d'espoir. Pourtant, une voix dans sa tête lui murmurait que ce n'était pas une bonne idée de négliger cette discipline.

-Le Conseil ne t'a pas forcée ?

"Un cas exceptionnel". Bien sûr, quand on voyait la carrure de Venezia, on pouvait penser que cela valait peut-être mieux pour elle ! Les bras de Dalla semblaient plus épais que les cuisses de la jeune jedi...
Ai-je choisi ? Ai-je voulu apprendre le maniement du sabre ? Une part d'elle voulait crier "Non ! Jamais, au grand jamais !" Mais une autre, la même que tout à l'heure, se contenta de murmurer "Et les sith ?"
Enhardie par la remarque de Venezia sur le fait de poser de questions, elle formula celle-ci :

-Tu n'as pas peur de regretter un jour de ne pas avoir appris ? De ne pas savoir te défendre contre un combattant ? De na pas savoir défendre les innocents ? Ou les moins innocents ?
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Discuter avec cette Initiée était plaisant. Venezia ne comprenait pas pourquoi, même chez les Jedis – surtout chez les Jedis, en fait – les plus jeunes étaient regardés comme n'ayant aucun intérêt. Juste des récipients à idées et entraînements. Ça ne voulait pas dire qu'ils avaient la sagesse infuse ou absolue. Bien au contraire. Mais leurs vues sur le monde étaient toujours déconcertantes, et pourtant, emplies d'une certaine plénitude, d'une certaine maturité.

- « La douleur est un sentiment que tout le monde éprouve. C'est aussi la marque nette d'un changement. Certains changements sont plus subtils, on ne s'en rend pas compte. La douleur, elle, nous apprend qu'on a changé. Ce n'est pas forcément une mauvaise chose. Il ne faut pas craindre la douleur. Par exemple, quand tu as bien travaillé ton agilité ou ton endurance, et que tes muscles te font mal. Ça, c'est une bonne douleur, qui t'apprend que tu as bien travaillé. Souffrir, c'est être encore en vie, quelque part. Je ne vais pas dire que j'aime souffrir. Mais j'aime la vie, et souffrir fait partir de la vie. Donc non, je ne crains pas plus la douleur que les orages la nuit. Ça ne veut pas dire que j'en suis fan... »
Venezia confia ce petit secret d'une voix chuchotée, pleine de confidence.

- « Ah, mais la vie ici n'est pas forcément douce et belle. Au début, ta famille te manquait, n'est-ce pas ? Et il y a des leçons qui t'ennuient ? Des maîtres qui cherchent à te faire faire des choses que tu ne comprends pas, ou n'aime pas. Nous avons une expérience de la vie différente, mais ne pense pas que nous vivions autrement que les autres. Nous sommes toujours comme les autres. Et c'est parce que nous avons une éducation spécifique que nous sommes si bons à aider les autres. Sinon, tu imagines bien que seul un réparateur d'hyperdrive pourrait parler et comprendre un autre réparateur d'hyperdrive. » Venezia s'arrêta pour grignoter un cookie, le temps de chercher ses mots. « Tu connaîtras suffisamment rapidement le monde extérieur. Ton maître – ou Maîtresse – te fera découvrir d'autres mondes, d'autres peuples, et rapidement, tu réaliseras que tout le monde se ressemble un peu. Pas physiquement, hein, mais là, au fond de l'âme. » Et la blonde avait tapoté sa poitrine gauche, au niveau du cœur chez les humains.

- « J'ai refusé d'apprendre, et cela m'a été permis, parce que j'avais de bonnes raisons pour ne pas vouloir. Ce n'est pas juste une question de simple préférence. Ce n'est pas juste que je n'aime pas le professeur ou l'enseignement, de la même façon qu'on aime ou pas les choux de Bruxelles. Quelque part, je suis... comme allergique au combat. Si je combat, je risque de mourir. Ce... comme j'ai dit, c'est une question faire les choses, ou de ne pas les faire, pour les bonnes raisons, en ayant conscience de ce que cela veut dire.
Oui, je sais parfaitement que je risque d'être frappée ou même tuée si je devais faire face à un ennemi désireux de se battre. Mais tel que je conçois un Jedi... un jedi doit être capable de se sortir d'une situation autrement que par la violence. Je sais qu'on dit que parfois, c'est obligatoire. Manger ou être mangé. Tout ce que je sais, c'est que je ne peux pas, en mon âme et conscience, lever une arme. J'ai déjà du mal à utiliser des méchants mots, alors une arme... Quant à la possibilité d'être au mauvais endroit. Ce n'est pas impossible, car la vie ne se prévoit pas. Mais avec mes capacités... cela serait idiot de m'envoyer sur un champ de bataille. J'ai d'autres forces, d'autres compétences, et je suis bien plus efficace en protégeant les innnocents depuis un bureau qu'un champ de bataille.
Comme j'ai dit, tout est question de bonnes raisons, et non pas juste un manque d'entrain ou d'envie. Après tout, c'est ça, notre malheur en tant que Jedi. »

Venezia sourit à l'Initiée avant de se remettre debout, rassemblant ses affaires.

- « Je dois y aller, j'ai un emploi du temps à respecter. Prends autant de cookies que tu veux, je les laisse ici à disposition de qui en voudra. Ce fut un plaisir de te rencontrer, et n'hésite pas à m'appeler en cas de besoin. » Elle salua la jeune twilek avant de quitter la salle, comme flottant sur un nuage...
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La bonne douleur, Dalla voyait bien ce que Venezia avait voulu dire. Elle la ressentait quelques fois après un entraînement, mais plus souvent le soir, dans son lit, quand elle sentait sa colonne vertébrale soupirer de soulagement au contact du matelas, après une longue séance de travail en bibliothèque… Bien sûr, si elle avait adopté une meilleure position pour travailler, elle n'aurait sûrement pas eu mal au dos, mais elle n'aurait pas non plus connu cette satisfaction du travail accompli…
Elle hocha doucement la tête pendant que Venezia continuait à parler. Oui, sa famille lui avait manqué, et même lui manquait encore, oui certaines leçons la fatiguaient et l'ennuyaient… Pour la première fois, Dalla se demanda si Nassa ressentait elle aussi ce genre de chose. Si elle lui manquait parfois, si elle s'ennuyait dans sa nouvelle formation de danseuse…

Dalla regarda Venezia poser une main sur son cœur -enfin, elle était pratiquement sûre que le cœur des humains se trouvait là-, et eut une pensée fugitive pour tous ces autres cœurs qui battaient en cet instant dans la galaxie, portant chacun l'oxygène, l'azote, ou quelque soit la molécule dont les organes de leur possesseur avaient besoin dans leurs membres. Elle ressentait à la fois un grand vertige et un grand bien être.
Pour la première fois de la journée, elle se sentait en paix avec elle-même et avec le reste du monde. Un sourire étira ses lèvres alors que Venezia reprenait la parole.
« Faire les choses pour les bonnes raisons, en ayant conscience de ce que cela veut dire ». Elle comprenait parfaitement cette phrase, elle faisait parfaitement écho avec ce qu'elle avait maintes fois ressenti quand la petite voix de sa conscience, celle qui flottait du côté de son lekku droit, lui demandait des comptes de certaines actions. En revanche, elle ne comprenait pas cette incapacité de la violence qu'exprimait Venezia.
À vrai dire, une part d'elle-même était choquée de d'entendre défendre la violence. Elle avait toujours détesté cela… Mais une autre part d'elle-même revoyait en boucle une lame laser rouge, effectuant un arc de cercle parfait, et son esprit portait presque par réflexe une lame bleue à sa rencontre, dans un mouvement de… violence ? De protection, bien sûr, mais était-ce donc une protection violente ?

Dalla regarda Venezia se lever.

-Merci pour les cookies, Venezia… Et pour tout… Je ne sais pas si je suis d'accord avec toi, mais tes arguments m'ont… intéressée…

Elle répondit d'un petit signe de tête au salut de son aînée, et la regarda quitter la pièce de son étrange pas aérien.

-Je n'arriverai jamais à manger tous ces cookies toute seule…

Vue l'heure, personne ne passerait par ici avant quelques temps, et d'ici là, les cookies seraient devenus tout secs. La meilleure des solutions était sans doute de les amener avec elle dans les quartiers des apprentis. Là-bas, ils feraient sûrement des heureux…
Dalla finit sa tasse, resta quelques instants pensives puis se leva à son tour. Elle atterrit un peu brutalement sur sa cheville, dont elle avait oublié l'état. Avec une grimace elle repassa son poids sur l'autre jambe.
Son dernier combat lui revint en mémoire. Aux quartiers des apprentis, elle risquait de tomber sur Bergar Miin, qui l'avait désarmée si facilement et avait paru ravi de la voir au bord des larmes… Elle ne pourrait pas lui refuser un cookie s'il le lui demandait. Mais c'était sûrement mieux ainsi… La satisfaction de Bergar devant sa détresse n'était peut-être qu'un fruit de son imagination. Et de toute façon, un jedi ne devait pas être rancunier… Et puis si Bergar lui demandait un cookie, elle pourrait lui montrer que leur combat ne lui importait pas plus que cela, qu'elle était bien au-dessus de cela…

Elle rassembla les cookies restants dans une assiette et prit la direction des quartiers des apprentis.
En chemin, elle se dit que la violence ne pouvait peut-être pas être appelée violence quand elle était uniquement appliquée à la défense de la vie. Le mot « urgence » lui venait, mais il était loin d'être satisfaisant…
Ce n'est peut-être pas si urgent que cela de trouver ce mot, songea-t-elle. Ce qui compte, c'est de me rappeler que je ne l'ai pas encore trouvé...
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