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Lana s'était absenté de la scène politique depuis bien trop longtemps à son goût... Elle avait bien sûr assisté à plusieurs séances du Sénat, mais plus par volonté de se montrer que de réellement participer. La vie sur Kuat lui avait posé quelques problèmes. L’apparition soudaine de l'Empire Sith avait provoqué un trouble inattendu et d'une ampleur inquiétante sur Kuat. Pour la princesse, qui avait l'habitude que tout le monde la suive sans trop poser de questions, la situation avait paru virer à la révolution. Les grèves massives, les pseudo-referendums, et les manifestations des classes moyennes et basses avaient complétement déréglés le système. Le petit peuple était inquiet, et voulait s'exprimer sur une question aussi grave... Pire, l'aristocratie c'était mis à manigancer. Chacun voulait la part du gros gâteau du réarmement provoqué par la guerre imminente. Certains y voyaient même une époque de changements radicaux, tel le remplacement de l'actuelle princesse par quelqu'un de plus malléable...

Il avait fallu du temps à Lana pour remettre tout le monde dans les rangs. La populace avait été facile à convaincre. Quelques discours et apparitions en public, ponctué d'arguments concrets, avait rapidement calmé le jeu. La populace avait peur ? Kuat disposait de la plus importante flotte des planètes républicaines (héritage de feu le prince Hallan), et ne constituerait jamais une cible facile. Ils avaient peur d'une diminution du niveau de vie, d'une baisse du travail et autre problème économique ? Kuat était auto-suffisante d'un point de vue alimentaire, et les chantiers orbitaux n'avaient jamais aussi bien tourné, promettant du travail pour tous. Pour convaincre le peuple, Lana pouvait en plus compter sur son image de princesse, qui n'avait jusqu'ici jamais été mise à mal. Elle s'était toujours arrangée pour être appréciée de son peuple. Ceci n'avait pas été bien difficile, surtout qu'elle était bien plus avenante et aimable que son prédécesseur... Tout du moins en public !

Les nobles avaient été plus difficiles à remettre à leur juste place. Par un habile jeu de promesses, de menaces et de charme, elle parvint à rééquilibrer l'équilibre des alliances politiques. Pour une fois, elle n'eut pas recours à l'assassinat, même sous la forme "d'accidents", de peur d'embraser la poudrière sur laquelle elle était assise, et se contenta de la diplomatie. Ou plutôt de la légendaire capacité de manipulation des Umbarans, peuple naturellement doué pour les manigances et autres intrigues. Le pouvoir restait donc entre ses mains, et même si cela lui avait coûté pas mal de temps, Kuat était de nouveau rangée derrière elle. Elle savait pertinemment qu'elle se devait d'avoir une base solide pour poursuivre ses projets, et cette base n'était autre que Kuat, avec l'ensemble de ses habitants.

Elle revenait donc à présent sur l’échiquier de la politique galactique. Un peu plus, et ces affaires internes lui auraient fait louper les élections du chancelier suprême ! Heureusement, elle avait encore le temps de choisir son camp soigneusement... Sa voix ne pesait peut-être pas autant que certains autre poids lourds de la politique, mais elle était tout de même reconnue et écoutée, et elle doutait qu'un des candidats puisse rejeter son aide dans la course politique. Son choix s'était dévolu sur Emalia, souveraine d'Ondéron et nouvelle entrante sur la scène politique. Elle souhaitait rencontrer la personne avant d'arrêter son choix, mais son programme semblait beaucoup plus prometteurs pour Lana, et pour ses idéaux... Le fait qu'elles soient semblables, à savoir deux politiciennes, aux responsabilités royales (ou princières), avait peut-être aussi joué, car Lana se sentait instinctivement plus proche de la reine que d'un sénateur qu'elle ne connaissait que de vue.

Elle avait donc étudié en détails Emalia ces derniers jours, tirant quelques cordes pour obtenir des informations diverses : son histoire passé, ses caractéristiques, son expérience en politique ainsi que sa candeur. La dernière chose qu'elle voulait était tombée sur une sénatrice fantoche, un pantin dont quelqu'un d'autre tirerait les ficelles... Faisant jouer ses relations, elle avait obtenu un bilan global qui lui convenait suffisamment pour organiser une entrevue. Elle avait régulièrement croisé la reine dans les couloirs, et l'avait sentie tendue. Le stress des campagnes pour la chancellerie ne devait pas être facile à supporter, surtout pour quelqu'un n'ayant presque pas fait de politique, aussi Lana ne demanda pas de réunion officielle dans son bureau, mais une simple entrevue informelle dans ses appartements personnels.

Emalia devait venir le soir même, Lana allait être son dernier rendez-vous de la journée...
Emalia Kira
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La vie d'Emalia avait changé avec brutalité. A peine avait-elle annoncé sa candidature à la Chancellerie que le Sénat lui avait prêté des locaux plus spacieux qu'ultérieurement, que les appels n'avaient cessé de faire résonner son bureau et qu'une foule d'étranges personnages s'étaient présentés à elle, beaucoup trop mielleux pour que la souveraine ne se doute pas qu'ils cherchaient à profiter du rayon lumineux momentanément braqué sur elle dans la politique.
Du coup, elle avait dû redoubler d'efforts et de travail, ne serait-ce que parce qu'elle s'était vite rendue compte qu'on l'interrogeait sur à peu près tous les sujets pour connaître son positionnement. Si l'exercice la préparait bien aux débats qui la feraient affronter son principal adversaire, le Sénateur Scalia, elle insinuait également une angoisse pronfonde. Serait-elle à la hauteur ? En tout cas, elle s'était jetée corps et âme dans la bataille, et elle avait décidé de se battre jusqu'au bout. Après leur mésaventure, elle avait demandée à Jake de se reposer dans leurs quartiers tout en gardant un oeil sur les enfants. Elle n'avait plus guère de temps à passer avec eux, désormais.

Une nouvelle longue journée touchait d'ailleurs à sa fin. Avec son lot de rencontres improbables, de questions pièges de journalistes et de longs messages incongrus où on lui demandait de parler publiquement de la cause de telle ou telle problématique afin de récolter un vote de Sénateur. Mais la nuit déjà étendait son ombre sur la ville-monde et il ne restait plus que quelques heures avant qu'Emalia put défaire sa coiffure en chignon qui lui faisait mal à la tête. Elle essayait malgré tout de ne pas négliger son sommeil, afin de garder un visage pimpant, mais des cernes couraient néanmoins entre ses yeux et ses joues, trahissant l'état physique dans lequel cette course électorale la menait.

- Votre Majesté, la Princesse et Sénatrice de Kuat, Lana Anthana.


Emalia releva son nez blanc du datapad sur lequel elle surlignait avec un stylo tactile un document compliqué sur les conflits avec l'Espace Hutt. Elle reposa vite tout cela et défroissa sa robe avant de se lever.

- Ah, oui, oui. Faites-la donc entrer.


Il lui avait fallu du temps pour ne pas parler au personnel de son bureau comme à ses domestiques. Toute la culture de Coruscant était différent de chez elle, et elle surveillait rudement son langage comme son allure. Exit les tenues débridées, d'ailleurs ; elle avait opté aujourd'hui pour une longue robe couleur crème très classique, dont les broderies dorées qui couraient sur les courtes manches bouffantes étaient le seul luxe.

Malgré la fatigue, Emalia ressentait une certaine impatience. Lana Anthana avait fait parler d'elle quelques années auparavant, alors qu'elle était entrée en conflit ouvert avec les Jedi, et la souveraine avait admiré son courage dans la rotonde lorsqu'elle les avait affronté, eux et leurs alliés. Elle n'avait que peu entendu parler d'elle depuis, mais le fait que la sénatrice demande un rendez-vous avait réveillé sa curiosité à son égard. Aussi se montra-t-elle courtoise et souriante dès l'entrée de la jeune femme, qu'elle trouva élégante et sérieuse, comme lorsqu'elle l'avait croisée dans les couloirs du Sénat.

- Sénatrice Anthana,
déclara-t-elle en lui faisant signe d'entrer tandis qu'elle-même quittait son bureau pour aller à sa rencontre et lui tendre une main fraîche. C'est un plaisir de vous recevoir.

Elle se tourna ensuite vivement vers la jeune femme qui avait fait entrer Lana pour lui indiquer de leur apporter quelques boissons. Elle ne connaissait pas l'objet de cette entrevue exactement, mais il n'était pas question de faire un mauvais accueil à la Sénatrice. Etait-elle une alliée potentielle ? Cela se pouvait, même si Emalia devinait que Kuat, avec son industrie navale et militaire, devait tirer grand profit de tous les conflits de la République...

- Venez donc vous asseoir et prendre quelque chose à boire,
fit-elle en rejoignant elle-même le petit salon composé de trois fauteuils autour d'une table basse. Que me vaut l'honneur de votre visite ?
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Lana arriva en fin d'après-midi devant la porte des appartements d'Emalia. Elle sortait elle-même d'une longue journée au Sénat, et était donc tirée à quatre épingles. Le princesse portait une magnifique robe sombre d'une soie fine et élégante, légèrement bouffante avec de cacher sa maigreur, qui était suffisamment longue pour trainer de quelques centimètres sur le sol derrière elle. Sa taille était ceinte par une ceinture en grosses mailles d'argent posée sur ses hanches, et dont la boucle de ceinture était ornée d'un gros rubis pourpre. Ses bras tout comme ses épaules étaient laissés nus, dévoilant leur blancheur presque maladive. Ses cheveux, rehaussés dans un chignon strict, laissaient son front dégagé, laissant voir à tous la tiare princière de Kuat, symbole de son rang. L'effet était toutefois quelque peu gâché par une imposante paire de lunettes noires, protégeant ses yeux délicats des lumières auxquelles semblaient s'être habitués les autres espèces.

Ce n'était pas très confortable, il fallait bien l'avouer. Bien que la robe soit à la dernière mode Kuati, elle n'arrêtait pas de se prendre les pieds dedans, manquant d'y perdre l'équilibre. Et cette coupe de cheveux absurde... Certe, cela lui donnait un air professionnel, mais elle avait l'impression d'y perdre des mèches à chaque fois qu'elle tournait la tête. Mais elle espérait bien en être débarrassée d'ici peu de temps... Car elle avait un plan !

Elle s'arrêta devant les appartements d'Emalia, et frappa à la porte. Entendant quelqu'un qui venait lui ouvrir, elle congédia ses assistants d'un signe de tête. Elle ne tenait pas à ce que cette petite entrevue tourne en réunion formelle... Elle se voyait plus en tête à tête avec la jeune reine. Bientôt, on l'introduisit dans les appartements de la souveraine, qui étaient aussi vastes et luxueux que ce que l'on pouvait attendre pour une candidate à la chancellerie. Cette dernière vint l'accueillir en personne, quittant son bureau dans une pièce adjacente où elle avait surement travaillé une bonne partie de la journée sans pouvoir bouger. Elle lui offrit directement une poignée de main digne d'une politicienne. Elle semblait avoir rapidement quitté ses habitudes royales pour s'habituer à sa nouvelle condition.

Lana rendit sa poignée de main à Emalia, et la détailla rapidement à travers ses verres sans teint. Elle eut brusquement une montée de jalousie, qui disparut bien vite. Emalia était une jeune femme magnifique, et elle avait pour elle la beauté qui avait toujours fait défaut à la sith. Certes, dans ses accoutrements de sénatrice, elle pouvait dégager une certaine élégance, mais jamais elle ne pourrait égaler la prestance de la souveraine d'Ondéron. Cependant, elle notait les larges poches sombres qui cernaient les yeux de la jeune femme, la fatigue apparente qui tirait imperceptiblement les traits de son visage, et sa robe légèrement froissée qui dénotaient d'une journée qui avait été trop longue. Elles étaient deux dans ce cas.


- Tout le plaisir est pour moi, répondit-elle d'un ton aimable.

Emalia lui indiqua un petit salon où elles pourraient discuter. Cela convenait parfaitement pour la rencontre. Elle suivit son hôte sur quelques pas, puis intercepta la domestique qui apportait des rafraichissements. Elle lui ôta le plateau des mains, en prenant soin de ne rien renverser, et lui pria de les laisser seules. La servante sembla hésiter un instant, puis se retira. Lui avait-elle obéit sans poser de questions, ou avait-elle reçu le consentement d'Emalia ? Vu que cette dernière était dans son dos, Lana ne le saurait probablement jamais. Elle souhaitait être seule avec son hôte, car elle ne pouvait pas faire confiance à des domestiques, encore moins s'ils n'étaient pas de son propre personnel... Et puis elle souhaitait aussi quelque chose de plus intime, de plus convivial.

Elle rejoignit la souveraine, et s'installa non pas dans le fauteuil qui faisait face à Emalia, mais celui qui était le plus proche, à tel point qu'elle aurait pu la toucher. Elle posa le plateau sur la table basse, et commença sans qu'on lui ait demandé à verser une tasse de thé à son interlocutrice. Le fait qu'elle le fasse elle-même était assez révélateur... Elle tendit sa tasse à Emalia, et la gratifia d'un grand sourire. C'était étrange que de la voir sourire, et surtout tellement rare...


- Je vais peut-être vous surprendre, mais j'étais simplement venu m'assurer de votre santé,
fit-elle d'une voix chaleureuse. Ça, et aussi le fait que personne ne pourrait ainsi venir troubler notre soirée, poursuivit-elle d'un ton complice.

Elle avait parié ici sur une approche directe et franchement amicale. C'était un peu osé, et loin des habitudes de l'Umbaranne, mais elle s'était dit que Emalia apprécierait surement plus ce qui pouvait se rapprocher d'une soirée entre fille, plutôt qu'un bête diner formel. Restait à savoir si elle avait vu juste...


- Écoutez, je sais ce que ça fait que d'être une nouvelle dans la rotonde. J'ai été dans la même position que vous il y a seulement quelques années. Je peux vous assurer que je m'en souviens encore, ça a été une rude épreuve. D'autant plus que, malgré leurs grands airs chevaleresques, les sénateurs sont des requins. Je n'ose même pas imaginer le stress supplémentaire que vous apporte votre candidature à la chancellerie. Voilà une chose que je n'avais pas à supporter, dieu soit loué !

Elle s'arrêta quelque instants, prenant une gorgée de thé d'un geste fatigué.

- Aussi ai-je pris sur moi de nous offrir à toutes deux une soirée de repos, loin des intrigues de la rotonde ! Un petit moment de répit, rien qu'entre femmes...

Ce n'était pas entièrement vrai, car la soirée allait fatalement les amener sur des discussions politiques. Au moins, ces discussions seraient moins formelles que de beaux mais froids discours entre sénateurs.

Maintenant, il lui fallait quelque chose pour briser la glace, et pour tisser un lien de complicité avec Emalia. Elle nota que toutes deux portaient le strict chignon qui semblaient être à la mode chez les sénatrices (et certains sénateurs, mais là n'était pas la question), et comprenait parfaitement les problèmes qu'il devait lui poser. Aussi se saisit-elle de l'attache qui maintenait sa propre coiffure dans une position convenable, et tira dessus doucement. Ses longs cheveux d'un noir de jais tombèrent aussitôt de toutes parts, en partie sur son visage, en partie sur ses épaules pâles. Elle n'en avait que faire, puisque c'était là le but de négligence recherché. Puis cette cochonnerie de coiffure l'avait emmerdée une bonne partie de la journée ! Et, après tout, seule Emalia pouvait la voir ainsi...


- On est bien mieux comme ça, n'est-ce pas ? fit-elle d'un ton rayonnant à la reine, l'invitant implicitement à faire de même.
Emalia Kira
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La Sénatrice Anthana était vêtue avec goût. Hormis ces lunettes noires un peu déstabilisantes, Emalia appréciait le choix de la robe, mélange de sobriété par la couleur et de témérité par la coupe. Comme la souveraine d’Ondéron, la princesse arborait une coiffure sévère, reflétant probablement le même désir d’être prises au sérieux, ici, dans le monde de la politique. Les apparences y comptaient beaucoup, et ni l’une ni l’autre ne semblait l’oublier. Emalia distinguait en Lana tant de similitudes avec sa propre personne qu’elle était forcée de lui reconnaître une certaine sympathie. Le vague sentiment de rivalité s’était vite estompé à son arrivée au Sénat : Lana Anthana ne briguait ni le poste de Chancelière, ni ne pouvait lui faire de l’ombre avec sa beauté. Il fallait dire que son visage, dur, était singulier, et attirait au premier abord peu la sympathie. Mais puisqu’elle ne lui faisait pas d’ombre, Emalia avait finalement décidé de l’apprécier après l’avoir entendue s’exprimer quelques fois dans la rotonde.

Toutefois, il y avait quelque chose qu’Emalia ne souhaitait pas oublier : Lana Anthana jouait depuis longtemps dans la cour des grands. Malgré son apparente spontanéité, qui fit sourire la souveraine lorsqu’elle prit le plateau des mains de la domestique, il y avait fort à parier qu’elle savait beaucoup mieux qu’Ellana déjouer les pièges du Sénat. Aussi, plutôt que de s’épancher lorsque la Sénatrice s’assit près d’elle et s’enquit de sa santé, la souveraine répondit-elle par un éclat de rire.

- Allons bon !
plaisanta-t-elle avec un soupir surjoué, ai-je donc la mine si déconfite que je fais pitié aux autres Sénateurs ?

Elle rendit à Lana son sourire, comme pour la rassurer : Emalia n’avait pas l’intention d’en vouloir réellement à sa consœur. Et puis, il fallait avouer que ses journées étaient éprouvantes et que son maquillage n’était plus suffisant pour dissimuler les traces de fatigue. Lana n’avait guère dû être la seule à deviner que le corps de la souveraine avait du mal à suivre le rythme qu’elle lui imposait.

- Je vous avoue, je m’attendais à ce que pareil changement de vie soit exténuant… mais pas à ce point-là,
confirma-t-elle en prenant la tasse qui venait de lui être servie, l’enserrant dans ses deux mains pour se réchauffer les doigts. Je me demande même si l’on en vient à s’habituer un jour !

Ce n’était même pas les heures de travail qui la minait le plus, et la séparation nécessaire avec sa petite famille confiée à Jake, mais plutôt, comme l’avait dit Lana, le fait que les autres Sénateurs soient presque tous des requins. Elle qui n’avait pas l’habitude de cette ambiance devait être doublement vigilante pour ne pas tomber dans les pièges, qu’ils soient politiques ou verbaux, de ses interlocuteurs et de ses partenaires. On ne pouvait faire confiance à personne, et sa candeur naturelle en prenait un coup. Elle avait pourtant envie de faire confiance à Lana, comme elle avait envie de faire confiance à Janos. Ils étaient des personnages controversés selon les médias et pourtant, leur parler lui faisait l’effet de connaître des humains, sertis de défauts, au même titre qu’elle-même. Les holonews criaient toujours au scandale, de toute manière. Ils pouvaient tellement déformer la moindre réalité juste pour faire de l’audience…

Emalia imita aisément Lana et se détachant les cheveux également. Ils tombèrent en une cascade sombre et volumineuse sur ses épaules. Son cuir chevelu était douloureux à force de porter cette coiffure tous les jours.

- Vous avez raison. Je n’ai plus d’autres rendez-vous aujourd’hui,
décréta la Reine, plaçant malgré tout délicatement ses cheveux sur ses épaules pour qu’ils gardent leur vertu d’élégance – une habitude qui ne se perdait pas facilement, lorsque l’on avait été éduquée ainsi.

Emalia était légèrement désarmée, toutefois, face à l’attitude fort amicale de Lana. Lorsqu’elle l’avait croisée dans les couloirs ou écoutée à la rotonde, cette femme lui avait paru sévère, intraitable. Elle l’aurait difficilement imaginée si sympathique, une fois le masque professionnel tombé. Mais n’était-elle pas elle-même comme cela ?

La souveraine s’installa un peu plus profondément dans son siège, pour y prendre ses aises.

- Je davais vous dire, Princesse Anthana, que je suis bien contente que vous ayez pris la liberté de me demander un rendez-vous. J’ai beaucoup entendu parler de vous – même avant de devenir Sénatrice – et j’ai souvent admiré votre courage dans la rotonde. Je projetais moi-même de vous rencontrer en tête à tête, mais cette campagne ne me laisse guère de temps pour réaliser toutes les idées qui me traversent l’esprit.


Elle avala doucement une gorgée de thé. Bien sûr, ce qu’elle disait était flatteur, mais n’en était pas moins honnête. Emalia avait tendance à admirer les personnages qui réussissaient, sans perdre de vue l’intérêt d’avoir des alliés dans cette jungle politique. Pourtant, elle ne connaissait pas encore très bien les positionnements politiques de sa consœur. Mais il était encore trop tôt pour parler politique. Emalia avait plutôt envie de connaître mieux la personne qui se cachait derrière la fonction de sénatrice.

- Kuat ne vous manque-t-elle jamais ?
lui demanda-t-elle, Voilà à peine quelques mois que je suis ici, et que je me surprends à rêver des forêts verdoyantes d’Ondéron, et des jardins de mon palais pour m’y prélasser !

Et surtout, ses immenses salles d’eau, ses dîners qui duraient des heures, ses soirées amusantes dans la salle des jeux, et toute sa palanquée de domestiques à son service jour et nuit, qu’elle n’avait pu emmener pour que le palais puisse continuer de vivre sans elle. Mais le temps de l’oisiveté était passée, maintenant que l’heure était grave.
Emalia haussa les épaules, avec un sourire nostalgique.

- Mais bon, le devoir passe avant tout,
conclut-elle. Vous devez savoir ce que c’est.
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Lana écouta la reine d'Ondéron avec attention, tentant de lire entre les lignes. Mauvais réflexe de sa part, elle qui cherchait à installer un dialogue de franchise et de détente avec son interlocutrice... Elle eut la bonne grâce de légèrement rougir lorsque Emalia la flatta. C'était étrange que de voir l'umbaranne rougir. Un léger voile rose, à peine perceptible, apparaissait alors sur ses joues, alors même que toute couleur semblait absente de son corps, excepté le blanc. Elle gratifia la rein d'un petit sourire en coin.

- Vile flatteuse, fit-elle d'un ton taquin.

Elle continua d'écouter cependant avec un grand sérieux, soufflant doucement sur sa propre tasse de thé brûlant. Elle évaluait Emalia, bien à l'abri derrière ses lunettes sans teint. Elle ne s'était pas trompée, elle semblait bien épuisée, et son air nostalgique indiquait qu'elle aurait sans doute préféré être dans une toute autre position. Si elle était déjà épuisée, alors même que les élections n'étaient pas arrivées, qu'adviendrait-il si elle était élue ? Ne tenterait-elle pas de rejoindre Ondéron le plus souvent possible ? Le prochain chancelier se devait d'être le plus parfait possible, afin de montrer que c'était parfaitement possible, et prouver ainsi qu'un chancelier jedi était une mauvaise idée depuis le début.

En même temps, le fait qu'elle soit là en montrait long sur sa détermination. Ce n'était pas une politicienne, et elle ne semblait donc jamais avoir désiré la chancellerie. Ce qui était une bonne chose. D'expérience, Lana savait qu'il valait mieux ne pas confier le pouvoir à ceux qui le désirait. Peut être qu'Emalia pourrait faire l'affaire après tout ? Il fallait qu'elle rencontre le sénateur Scalia, son adversaire, pour se faire une réelle idée. Emalia, en tant que femme et pronant la paix, partait cependant avec une bonne tête d'avance dans le petit échiquier imaginaire que se faisait la sith.

Elle s'arracha à ses pensées. Malgré sa profonde réflexion, elle avait parfaitement suivie le fil de la discussion, et savait que c'était à elle de parler. La tasse toujours dans les mains, elle répondit d'un ton doux :


- Non, Kuat ne me manque pas vraiment.

Elle reposa sa tasse, puis se justifia :


- Ne vous méprenez pas, j'adore Kuat. J'aime sa population, et je crois bien que c'est réciproque...

Elle avait fait des pieds et des mains pour que ce soit le cas ! Lana n'était pas précisément le genre de personne qu'on appréciait au premier coup d’œil, et ce malgré un certain charisme.

- ... Mais je ne suis qu'une adoptée. Et je me le rappelle à chaque fois que je sors, à chaque fois que je suis obligée de mettre ses lunettes de protection, à chaque fois que je fois me badigeonner de crème solaire pour ne pas me sentir brulée par la simple lumière du soleil... Ce n'est pas mon foyer, malgré tout mes efforts, finit-elle dans un murmure.

Elle se leva brusquement, et alla vers l'interrupteur le plus proche. Elle baissa alors la lumière progressivement, pour baigner la pièce d'une lueur tamisée, comme si la moitié des ampoules venaient de sauter. C'était encore un peu trop éclairée au goût de Lana, mais il fallait quand même qu'Emalia puisse y voir quelque chose. Elle retourna alors sur son fauteuil, proche de la reine, et retira ses grosses lunettes d'un geste mécanique avant de les jeter sur la table la plus proche.

- J'espère que la faible luminosité ne vous dérange pas, mais je n'en peux vraiment plus de ces lunettes...

Elle se frotta légèrement autour des yeux, comme pour lisser la peau trop longtemps comprimée par le verre sombre. Dans la semi obscurité, on voyait ses yeux comme deux billes qui luisaient à peine, sans pupilles. On aurait presque pu la prendre pour une aveugle, si son regard n'avait pas été aussi alerte. Au moins maintenant, les deux jeunes femmes pouvaient se regarder dans les yeux.

Comme si le sujet de ses yeux la gênait un peu, elle décida de changer de sujet, rebondissant sur la nostalgie de la reine.


- Je comprends cependant que votre planète puisse vous manquer. J'ai déjà vu des holopix d'Ondéron, et c'est vraiment magnifique. J'aimerai réellement la visiter en votre compagnie...

Enfaites, c'était surtout la compagnie d'Emalia qui l’intéressait. Une oreille attentive plus exactement.

- Cependant Emalia - Je peux vous appeler Emalia ? - vous devez consciente que si vous remportez la chancellerie, votre emploi du temps ne s'allégera aucunement, bien au contraire...
Emalia Kira
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Peu à peu, Emalia découvrait, sous le masque de la Sénatrice qui menait son monde d’une main de fer, une personnalité plus touchante que celle à laquelle elle s’était attendue. Non seulement Lana faisait rire la souveraine par ses mimiques taquines, mais ensuite l’émut-elle en évoquant son « adoption » par le monde qu’était Kuat. Il était vrai que ça n’avait pas dû être une mince affaire de se faire accepter comme dirigeante quand on n’était pas de la même race que sa population. Emalia imaginait aisément que les ondéroniens put remettre en cause son règne si elle se révélait être d’une autre espèce que celles des humains. Heureusement, les umbarans étaient des humanoïdes et cela devait aider à ce que le peuple se sentit en accord avec la personnalité qui la gouvernait.
Enfin, Lana alla baisser la lumière et Emalia put finalement découvrir les yeux qui se cachaient derrière ces lunettes noires. Des yeux… Pour le moins déstabilisants. Sans pupille, mais d’un bleu profond et… Plus séduisants que le reste de son visage. Emalia eut la vague impression, en contemplant ce spectacle, d’avoir obtenu comme un privilège. Qu’il devait être harassant de devoir se cacher chaque jour pour exercer son métier, en particulier quand on était une femme de la noblesse et, par conséquent éduquée pour séduire ! Tous ces petits obstacles que Lana avait surmontés soulignaient encore l’exploit qu’elle avait réalisé en se hissant au rang de princesse de Kuat et au poste de Sénatrice. Impressionnant…

- Cela ne me dérange pas le moins du monde,
répondit simplement Emalia avant de reprendre une gorgée de thé fumant.

L’esprit distrait d’Emalia revint assez soudain à la réalité, quand elle entendit l’avertissement de Lana. Si la remarque était pleine de bon sens, la monarque n’avait pas l’intention de laisser son interlocutrice se méprendre sur son compte. Elle reposa donc la tasse sur la petite table afin d’avoir les mains libres, et replongea son regard dans ces yeux intrigants. Elle se pencha légèrement vers la Sénatrice.

- Ne vous méprenez pas, Lana,
répondit-elle en utilisant elle aussi le prénom de son interlocutrice, ce qui répondait déjà implicitement à l’une des questions posées. Ondéron est magnifique, et sera toujours mon unique foyer dans mon cœur. Mais vous savez ce qu’il s’est produit pour mon monde, ces dernières années. Ondéron est vouée à être « donnée » à l’Empire Sith au terme de vingt-huit années.

Déjà plus de deux ans s’étaient écoulés depuis qu’Arnor avait ratifié ce stupide traité. Et dire qu’elle avait cru en lui, alors même qu’il était un Jedi, elle lui avait accordé sa confiance ! C’était une erreur, se répéta-t-elle intérieurement, que de croire un Jedi…

- A quoi me servira de chérir une planète dont le sort m’échappera ?
interrogea-t-elle de façon rhétorique. Je me fiche des idéologies des êtres sensibles à la Force. Veuillez me pardonner si cela paraît abrupt, mais c’est de politique, qu’il s’agit aujourd’hui. Les querelles des uns et des autres ne m’importent guère, mais Ondéron ne sera pas annexée à un gouvernement.

Elle parlait d’un ton calme, mais il était clair que l’émotion avait longuement animée cette décision, quelques mois auparavant. Il en restait comme une chanson emplie de détermination et de vérité. Sa vérité à elle.

- Et Ondéron n’est pas la seule concernée. Ce n’est pas l’aspect militaire, qui m’importe, mais le fait que les planètes doivent rester souveraines en leurs territoires. Toutes ces autres planètes à défendre, contre l’Empire mais aussi contre une République emplie de corruption, ne sont qu’un rempart qui tombe peu à peu et qui, un jour, ne protègera plus le Noyau.


Emalia se redressa, récupéra sa tasse de thé fumante avant de reprendre une position confortable dans son siège, le dos reposé contre le velours. Elle avait retrouvé un sourire engageant.

- Pensez-vous que la nostalgie l’emportera ? Au-delà du devoir, j’ai quelques petites choses à régler dans cette République. Je me reposerai plus tard. J’aurais bien assez de temps pour cela quand j’aurais terminé ce que j’ai à faire ici.


N’en déplaise à ces mastodontes de la politique, ils n’allaient pas se débarrasser d’elle aussi facilement. Peu à peu, elle était devenue insensible à leurs commentaires déplaisants, puis à leurs injures lorsqu’ils avaient compris qu’elle représentait une réelle menace. Elle songea quelques instants à cette larve immonde qu’était le Ministre Rejliidic, et comment il l’avait traitée d’ « arriviste » sans expérience et bonne à porter des belles robes et diriger des serviteurs ! Rien qu’à cette pensée, son cœur s’emplissait de haine. Le Hutt n’avait rien compris ! Elle lui avait tendu la main et lui…

Emalia soupira, désireuse de retrouver le calme et la bonne humeur qui l’avaient vue accueillir sa consœur en ses quartiers. Il fallait profiter de cet instant privilégié plutôt que gaspiller son énergie à ruminer contre des imbéciles. Elle se recomposa un visage avenant, et s’extirpa de ses pensées pour mieux rebondir sur des propos plus agréables.

- D’ici là, ou ensuite, nous trouverons bien le temps de vous faire visiter Ondéron ! Ce sera un plaisir pour moi, même si la luminosité n’y sera probablement pas plus adaptée pour vous qu’ici. Mais le palais et ses jardins abritent des nuits de plaisirs et de jeux qui vous amuseraient certainement beaucoup.


Ce ne serait pas demain la veille, cependant, qu’elles auraient l’occasion de s’amuser. Et puis, cela sous-entendait qu’elles resteraient dans cette relation qui débutait de manière amicale. Or, avec les élections prochaines, ce début d’affinité ne résisterait peut-être pas. Si jamais elle perdait les élections, Emalia s’attendait de toute façon à perdre beaucoup des relations qu’elle avait tissées ici. Elle savait bien qu’au Sénat, les liens étaient rarement sincères.

- Et vous, Lana, quels sont vos projets pour les années à venir ? J’aurais du mal à croire qu’une femme telle que vous ne puisse pas avoir des ambitions intéressantes.

Sur le plan personnel, Emalia savait que la Sénatrice n’avait pas d’enfant. Projetait-elle de fonder une famille ? C’était une question un peu trop personnelle pour être posée, surtout qu’elle ne connaissait finalement pas spécialement la culture umbarane. Mais la vie de Lana, même uniquement professionnelle, attisait la curiosité de la Reine… Après tout, n’était-elle pas un peu un modèle à suivre, après avoir su pendant tant d’années mener sa barque au Sénat ?
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Lana s'enfonça un peu plus dans son sofa, imitant la souveraine d'Ondéron. Un peu plus, et elle allait se retrouver encastrée dans le meuble. Elle était même à la limite d'une position avachie, qui aurait été fort peu convenable pour une dame de son rang... Pourtant, malgré son apparente détente, elle écoutait attentivement son interlocutrice, ne rompant le contact visuel que pour prendre une gorgée de thé. Ses yeux ne cillaient presque pas, dénotant une concentration sur les paroles d'Emalia. Car la jeune sith analysait tout, décortiquant mot après mot. Elle voulait qu'Emalia se détende, mais elle-même ne le pouvait pas vraiment. Pas en compagnie de quelqu'un, en tout cas. Que ce soit des sith instables, des jedi déterminés qui ne souhaitaient que sa mort, ou encore des politiciens aux dents longues, elle n'avait jamais connu quelqu'un en qui elle puisse avoir confiance. Au moins n'avait-elle jamais été déçue des autres...

Elle nota le mépris sous-jacent à l'encontre des jedi. Ce qui était parfaitement normal après tout... Ce cher Halussius, secondé par la grosse limace qui lui tenait lieu de ministre, avait littéralement vendues des planètes républicaines en échange de la paix. Même Lana, qui était pourtant une sith, trouvait cela honteux. Honteux, et réjouissant à la fois. Elle n'avait même pas eu besoin de mettre des bâtons dans les roues des jedi, ils avaient sabotés leur mandat tout seul, comme des grands ! Elle aurait presque pu les apprécier pour cela. Presque.

Lana savait donc trouver un allié de plus le jour où elle devrait se lever à nouveau contre l'Ordre Jedi. Et non des moindres, puisque la reine d'Ondéron était leur voisin le plus proche, et donc probablement la personne la plus à même de témoigner pour ou contre les jedi. Les idiots, ils auraient dû faire tout leur possible pour garder Emalia de leur côté... Mais, après tout, il n'avait jamais rien compris à la politique. Halussius en était la preuve incarnée, pauvre petit être qui s'était brûlé les ailes au Sénat. Elle voulut alors dire un petit quelque chose, pour signifier à Emalia qu'elle partageait son point de vue. Elle posa sa tasse presque vide sur le plateau près d'elle.


- Le chancelier Arnor n'aurait jamais dû être élu, grommela-t-elle. Je m'y suis opposée depuis le début. Voilà où ça nous a menés... Ils ont vendu une partie de la République comme un marchand vend une côté de Bantha. Tout ça pour une paix qui n'a aucun sens.

Son visage restait neutre, mais le ton contenait un lourd mépris. Pas très étonnant... Les jedi l'avaient déjà trainée en procès, emprisonnée et même blessée à plusieurs reprises. Ils s'en étaient mordus les doigts à chaque fois, et Lana en était ressortis plus blanche (sans mauvais jeux de mots) que jamais aux yeux de l'opinion publique. Il fallait cependant avouer que les jedi semblaient avoir une vraie dent contre elle, même en considérant le fait qu'elle était une sith.

Elle reprit d'un ton plus doux, à l'adresse d'Emalia :


- Je crains devoir vous décevoir, mais je n'ai pas vraiment de grosses ambitions... Vous remarquerez que c'est d'ailleurs pour cela que j'ai soigneusement évité la chancellerie, ou un quelconque poste de ministre.


Et puis quoi encore ? Ce genre de gens se faisait critiquer en permanence, quoiqu'ils fassent. Lana n'était vraiment pas du genre à supporter la critique, même constructive. Elle était plutôt du genre à opérer dans l'ombre, glissant quelques mots soigneusement choisis dans une oreille attentive. Celle d'Emalia pourrait faire l'affaire...


- Je ne tiens qu'à conserver mon poste actuel, et à m'assurer du bien de mon peuple. Ainsi que de celui de la République. Dans cet ordre, même si j'ai un peu honte de l'admettre...

Et son bien personnel avant tout le reste, bien sûr. Dans le cas de Lana, il n'était même pas imaginable de le remettre en doute, mais ce trait de caractère ferait mieux de rester privé.

Elle s'avança sur son siège, s'approchant ainsi d'Emalia, et prit doucement les mains de la reine dans les siennes. C'était peut-être un peu familier pour une personne de son rang, mais Lana avait décidé de tenir une ligne de conduite dans ce style, malgré que cela ne lui ressemble pas du tout, et cela semblait fonctionner. Elle voulait lui communiquer son soutien, une petite partie de sa force.


- Je ne peux qu'imaginer ce que vous ressentez à cause de la perte de votre planète. Cela n'aurait jamais dû arriver. C'est tout bonnement ignoble, inqualifiable... Elle se figea, comme cherchant ses mots, mais préféra s'arrêter là. Emalia avait parfaitement compris.

Les mains de Lana tremblaient légèrement, comme si elle partageait un peu les sentiments de la reine. Il y avait même un peu de vrai dans cette mimique. Si la République avait seulement osé proposer de laisser Kuat aux Sith... Il y aurait eu beaucoup de grabuge dans l'air. Lana n'aimait pas qu'on touche à ses affaires.


- Je voulais seulement que vous sachiez que, quoiqu'il arrive, je vous aiderai à vous battre pour Ondéron. Que vous soyez élue ou non, cela n'a pas d'importance pour moi. Par nos efforts conjugués, nous corrigerons cette aberration. Ensemble.
Emalia Kira
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Emalia se vit rapidement rassurée : en ayant formulé quelques points de vue radicaux, concernant notamment l’importance primordiale qu’elle donnait à son monde ainsi que son mépris des membres actuels du gouvernement, elle avait craint de manière passagère que Lana soit choquée, ou bien exprimât des avis contraires aux siens, ce qui aurait tôt fait de l’éloigner. Mais cela tenait aussi lieu d’une sorte de test : mieux valait que les Sénatrices sachent dès maintenant à quoi s’en tenir vis-à-vis des opinions de chacune d’elle. Autant elles pouvaient être en désaccord sur certains détails, autant dans leurs idées générales devaient-elles être plus ou moins d’accord pour pouvoir bavarder tranquillement autour d’un thé chaud un soir de campagne électorale. Immédiatement, donc, son interlocutrice avait manifesté son propre mépris envers le Chancelier actuel et le ministre Rejliidic, et la Reine se réjouit intérieurement de ce dédain partagé : Lana avait des affinités similaires aux siennes.

- Et quelle paix ? C’était une manœuvre grossière, car cette paix-là n’est pas viable. Il sera nécessaire de la renégocier au plus vite…

Emalia soupira, puis balaya ces problèmes dans son esprit : elle pensait déjà tant à tout cela dans la journée, pourquoi ne pas plutôt profiter de ce rare moment de détente ? Elle reporta son attention sur Lana, qui enfin parlait un peu d’elle. Mais pour ne guère dévoiler grand-chose. La souveraine ne montra en tout cas aucune déception. Surtout qu’elle était occupée à ne pas paraître mal à l’aise devant ce nouveau geste d’affection de Lana : elle avait pris ses mains dans les siennes. Des longs doigts blancs et un peu tremblant. D’apparence si fragile, et pourtant, Emalia l’avait bien vu dans la rotonde du Sénat, Lana était loin d’être une brebis égarée et sans défense. C’était d’autant plus déstabilisant que les seules personnes qui avaient jamais touché Emalia de manière si intime en dehors de ses amants étaient… sa grand-mère alors qu’elle était encore en vie et ses enfants. Soient un cercle très restreint. Mais elle ne doutait pas le moins du monde que la Sénatrice puisse avoir de mauvaises intentions. Et puis, l’admiration dosée mais certaine qu’elle éprouvait pour l’umbarane l’empêchait de se dégager d’une manière grotesque. Elle se laissa donc faire, les mains molles, la joue rouge et l’œil pétillant, entre émotion et doute.

- C’est…
bredouilla-t-elle avant de s’éclaircir la voix, je suis vraiment très touchée de votre sollicitude, Lana. Vraiment.

Il fallait être honnête : si Kuat s’était trouvée menacée par les Sith et qu’Ondéron n’avait rien eu à voir avec tout cela, Emalia n’aurait pas manifesté le quart de l’attention que Lana lui portait aujourd’hui. Assurément, cette femme qu’elle avait cru similaire à elle-même était bien différente. La Reine essayait pourtant de nuancer, depuis son arrivée au Sénat, son image de jeune souveraine égoïste, mais il fallait reconnaître que dans ce domaine, Lana maîtrisait beaucoup mieux qu’elle son image. Ou alors, elle était réellement dotée de sentiments pour les évènements survenus autour de la débâcle d’Artorias et le traité de paix qui avait suivi.

Emalia prit le parti de serrer à son tour les mains de Lana dans les siennes, comme pour la rassurer, affichant un sourire convaincu. Elle supposait que Lana se mettait peut-être tant à sa place qu’imaginer que son sort put lui arriver également devait la bouleverser. C’était tout de même touchant !

- Ne vous inquiétez pas tant, Lana,
dit-elle avec optimisme. Je suis certaine que nous trouverons des solutions. Et comme vous le dites, que je sois élue ou non. Non que cela n’ait pas d’importance, mais je ne suis pas prête de quitter le Sénat, croyez-moi !

Elle termina sa déclaration par un rire amusé. De toutes les manières, il fallait bien voir que les deux favoris pour la Chancellerie était elle-même et Valerion Scalia. Or, le Sénateur d’Artorias était tout sauf en accord avec le traité de paix. Dans tous les cas, la situation pour Ondéron elle allait beaucoup évoluer, et Emalia serait là pour y veiller : en tant que Chancellière ou en tant que Sénatrice. Sa candidature à la chancellerie, même si elle se terminerait peut-être par un échec, aurait au moins eu le mérite d’exposer son discours à la galaxie entière ! De mémoire d’homme, jamais Ondéron n’avait tant été sous les feux de la rampe… Et son sort ne laissait plus indifférent des tas de gens. La preuve, même une Sénatrice d’un monde du Noyau lui exprimait sa sympathie ! Emalia tâchait ainsi de se convaincre que même en cas d’échec, elle avait réussi son coup. Il était pourtant difficile de ne pas songer à une défaite avec une pointe d’amertume. Et dire qu’elle s’était engagée seulement pour attirer un peu l’attention sur Ondéron, et que maintenant elle y croyait réellement !

Emalia dégagea finalement ses mains, d’une manière aussi douce que possible. Elle gratifia néanmoins Lana d’un nouveau sourire attendri.

- Ma chère, vous me paraissez bien tendue vous-même. Quel monde, n’est-ce pas, que celui du Sénat ! Avez-vous eu affaire à mon principal concurrent, Valerion Scalia ?

Il était bien sûr impossible que Lana n’en ait pas entendu parler, mais cela lui permettait de réorienter subtilement la conversation sur un terrain où Eamlia se sentait plus à l’aise.

- Je dois reconnaître que c’est un homme admirable, quoiqu’un peu tempétueux. Mais peut-on vraiment le lui reprocher ? Le sort de son monde a été bien pire que celui du mien.


Elle pensait tout à fait ce qu’elle disait : elle aurait bien aimé détester Scalia, mais il s’était révélé à elle comme un homme de goût lorsqu’elle avait été invitée chez lui et ensuite, il était devenu un rival de grande valeur. S’il remportait la bataille… Alors elle le détesterait à ce moment-là. Si en revanche elle la gagnait, alors elle conserverait pour lui cette affection teintée d’un soupçon de condescendance…

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Lana sut qu'elle avait touché au but devant la réaction d'Emalia. Le simple contact avait été une tactique payante finalement. La reine se sentait en confiance, à tel point qu'elle se mit à serrer les mains de l'umbaranne en retour, tout en lui souriant. Un sourire franc et convaincu. il n'y avait aucun doute possible là-dessus... Par la Force, depuis quand Lana n'avait pas vu de sourire aussi sincère ? Cette simple découverte la frappa, comme si elle découvrait ce monde fait uniquement de façades. Le monde du Sénat. Et dire qu'elle appréciait ça. Qu'elle même était en train d'afficher une apparence extérieure soigneusement travaillée de sénatrice et de princesse... En voyant la réaction de la reine d'Ondéron, Lana se dit qu'il y avait peut-être un peu de bon dans la franchise. Enfin, ce n'était pas pour ça qu'elle allait s'y mettre.

Emalia retira alors doucement ses mains des siennes, dans un geste très doux, comme si elle avait peur de brusquer la sith, avant de réorienter la conversation sur un autre sujet. Elle voulait en revenir à la chancellerie. Elle voulait parler des autres candidats. Ou plutôt de l'autre candidat, l'élection ne se jouant réellement qu'entre deux personnes en fin de compte. Emalia, et Valérion. La reine, et le sénateur. La douce et le ferme. La belle et la bête. Ou peut-être pas...

Le regard de Lana se mit à vagabonder, ses yeux brillants fixant le vide.


- Le sénateur Scalia, oui...
dit-elle doucement, pour elle-même.

Elle réfléchissait soigneusement à ses prochaines paroles se sachant sur un terrain glissant. Elle devait lire entre les lignes, et tenter d'adapter la même ligne de conduite d'Emalia. Un mot de travers, et elle risquait de la voir se retourner contre elle.


- Je n'ai pas eu la chance encore de le rencontrer. J'aurai pourtant apprécié lui parler quelques instants, ne serait-ce que pour me faire une idée du personnage. Je n'ai fait que l’entrapercevoir dans les couloirs du Sénat, et écouter ses discours de campagne...

Le regard de Lana se braqua brusquement sur Emalia. Elle espérait avoir lu correctement entre les lignes.


- Sans vouloir vous vexer Emalia, je n'ai trouvé finalement que peu de différences dans vos promesses de campagne. Le traité de paix, le réarmement, quelques réformes éclairées... Le sénateur Scalia semble simplement apporter ses arguments de façon un peu trop enflammée. Vous avez raison sur un point, le sort de sa planète natale a été horrible, et je crains que cela lui ait donné un tempérament assez belliqueux.

Lana sembla hésiter un moment, avant de poursuivre.

- Je conçois que l'on ait besoin d'une politique ferme en temps de crise, mais si le sénateur Scalia devient chancelier, il risque de refuser des termes plus que raisonnables d'un nouveau traité de paix. Et je ne souhaite vraiment pas la guerre.

Et pour cause, la guerre n'était vraiment pas le terrain propice à son jeu préféré : la politique. Entre les sessions d'urgence au Sénat, la stupide ferveur républicaine de certains politiciens et du peuple, ou encore les pleins pouvoirs, il y avait beaucoup trop de choses qui parasiterait les activités de la Sith.


- Cependant... continua-t-elle, je sais ce que vous pensez. Vous souhaiteriez que je vous accorde mon soutien pour la chancellerie.

Elle en arrivait à la partie délicate. Il allait falloir la jouer finement...


- Je ne peux pas vous accorder ma voix. Pas encore,
reprit-elle précipitamment, sentant Emalia se braquer. Je veux dire... Je n'ai pas encore rencontré en personne le sénateur Scalia. Tout juste ai-je une vague idée de ce qu'il pourrait être, idée fondée sur les ragots et les discours de campagne qui, admettons-le, enjolivent toujours un peu les choses. Comment pourrais-je m'élever contre lui en toute honnêteté, alors que je ne le connais pas ? Ce ne serait pas... Juste.

Que venait faire la justice dans tout ça ? C'était de la politique après tout ! Mais Lana jouait sur une fausse image de franchise, et surtout sur une fausse image d'une personne croyant dans les idéaux de justice et d'impartialité républicaine. Tous les sénateurs avaient dû passer par ce stade de candeur, à croire dans la République. Heureusement, Lana n'avait jamais été aussi naïve, elle.

- Je... Je suis désolée, fit-elle, l'air honteuse, le regard rivé sur ses pieds.

Bien sûr, c'était de la comédie, mais Lana devait être suffisamment douée en la matière pour que cela passe inaperçue. D'autant plus que ce mensonge ne lui profitait pas à elle, tout du moins pas en apparence, aussi la reine ne se douterait probablement de rien. Puis, relevant le regard, elle plongea ses yeux sans pupilles dans ceux d'Emalia avec une nouvelle détermination.


- Je vous appréciais déjà en tant que sénatrice, pour la force que vous avez montrée depuis que vous êtes arrivé en politique. A présent, je vous apprécie également en tant que personne. J'ai pu voir à quel point vous croyez en vos idées, en votre cause... C'est une qualité rare, même dans le milieu de la politique. Surtout dans le milieu de la politique, reprit-elle amèrement. J'espère que, quoiqu'il advienne, je conserverai votre estime. Cela me peinerait réellement de la perdre je dois dire...

C'était un premier test de confiance, afin de voir si Lana avait suffisamment consolidé sa tête de pont. Elle décida de reprendre d'un ton plus taquin, ne voulant pas trop risquer sa chance :

- Consolons-nous, très chère. Après tout, je doute que monsieur Scalia puisse me faire une meilleure impression que vous !
Emalia Kira
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Emalia était suspendue aux lèvres de Lana, mais faisait bien sûr tout son possible pour ne pas en avoir l'air. Elle passa une main dans ses cheveux, séparant des boucles rebelles entre ses doigts délicats. Cela la détendait, et calmait son impatience intérieure. Car, oui, Emalia avait envie de savoir si son interlocutrice serait de ses alliés, ou bien de ses rivaux. A moins qu'elle ne prenne aucun parti pris, ce qui serait peut-être sage pour son propre futur... Et si elle donnait son avis sur son principal concurrent, la souveraine était prête à parier qu'elle devinerait facilement qu'elle était son réel candidat préféré.

Sauf que la réponse de Lana était tout sauf ce à quoi elle s'était attendue. Mais les yeux de l'Umbarane exprimait une franchise qu'Emalia respectait, et elle devait reconnaître qu'elle comprenait parfaitement son avis.

- Vous avez raison, très chère,
formula-t-elle en reprenant sa tasse, presque pour occuper ses mains pendant son explication. Le Sénateur Scalia et moi sommes tous deux issus de mondes menacés ou attaqués par l'Empire. ll est logique que nous souhaitions tous deux revoir le traité de paix établi par le Chancelier Arnor. Et tous deux, nous formulons l'image d'une République ferme, forte, parce que c'est ce que les gens ont besoin d'entendre en ce moment. C'est l'espoir qu'ils attendent : celui d'une République qui se redresse.

Elle n'avait pas envie de rejouer une fois encore ses discours de campagne, qu'elle avait déjà rabâchés mille fois aux holonews et dans la Rotonde du Sénat. Non, ces explications-là étaient sincères.

- Mais nous sommes différents sur la façon de s'y prendre. Scalia...
poursuivit-elle, mais avec un bref instant d'hésitation avant de reprendre pensivement, Scalia cherche la guerre. Il a soif de vengeance, cela peut se comprendre. Mais je pense que ce n'est pas la bonne solution. Cela ne fera qu'attiser encore l'esprit de concurrence de l'Empire, qui se vengera à son tour... Bref, vous connaissez la chanson.

Elles s'approchaient là d'un point délicat, se rappela-t-elle, car Lana avait été accusée d'être une Sith quelques années auparavant, et Emalia ne souhaitait pas amener la conversation sur ce sujet. Mais au moins avait-elle éclairci ce qui la différenciait de Scalia. Car, oui, pour elle la différence était de taille.
Et puis la Sénatrice se révéla d'elle-même. Elle n'accorderait pas sa voix à la Chancelière. Si elle ne souhaitait pas non plus voter pour Scalia, alors qu'ils étaient les deux candidats favoris... La reine se sentit un bref instant mal à l'aise avant de reprendre contenance. Alors quoi ? S'était-elle attendue à ce que Lana lui accorde sa voix ? Oui, il fallait avouer qu'elle avait eu cet espoir, lorsque la Sénatrice avait demandé à la voir. Mais la date du vote était maintenant très proche et Emalia n'avait plus grand chose à proposer pour convaincre les réticents. Elle se contenta donc d'un simple soupir attristé, mais accompagné d'un sourire compréhensif.

Les explications de la Sénatrice, néanmoins, la laissèrent insatisfaite. Juste ? Ce n'était pas une question de justice, mais une question de politique. Lana ne savait-elle donc pas ce qui était le meilleur pour son monde ? Kuat était un monde industriel et Emalia s'était attendue à ce qu'elle préfère la guerre, mais si elle voulait refuser cette option alors... A quoi donc lui servirait de rencontrer Scalia ? Le sourire de la reine s'était évanoui, et elle but le reste de sa tasse, le regard vagabond.
Comment ne pas s'attendrir, pourtant, devant cette bonne volonté que représentait la Sénatrice ? Elle était désolée... Emalia n'aimait pas les gens désolés. Mais elle était flattée par ce qu'un si grand personnage, si expérimenté comparé à elle-même, soit si prompte à s'excuser devant sa personne, à formuler ce genre de compliments...
C'est donc ainsi qu'elle se retrouva, à sa surprise, à rassurer la Sénatrice.

- Mais non, ne vous excusez pas,
fit-elle avec un nouveau sourire, peut-être un peu moins sincère toutefois. Vous faites preuve d'une grande noblesse d'esprit. Je ne connais pas d'autres Sénateurs qui ont pris le soin d'aller peser le pour et le contre chez l'un et l'autre des candidats. Les rares qui sont venus me voir, figurez-vous qu'ils sont entrés en réclamant un poste si j'étais élue, ou bien un laissez-passer pour leur enfant au Sénat ou que sais-je... Sauf que je ne m'abaisse pas à cela pour convaincre !

Quel monde corrompu ! Et pourtant, c'était le jeu auquel tout le monde s'adonnait ici. La vérité, pourtant, était qu'elle n'avait rien à offrir à Lana, sinon de pouvoir s'apparenter à une sorte... de compagnie amicale. Ce que Lana faisait déjà pour elle ce soir, en quelques sortes. C'était comme si la Sénatrice avait su lire dans ses pensées en improvisant un rendez-vous détendu, et Emalia se sentait presque coupable de l'avoir transformé en débat politique. Ce n'était pourtant pas son intention initiale. Ou peut-être que si ? Cela n'avait plus d'importance, maintenant qu'elle avait sa réponse : peut-être Lana serait-elle de son côté, si Valerion ne la persuadait pas de voter pour lui. Peut-être aurait-il quelque chose de tangible à lui proposer... Mais si Lana avait joué la carte de l'honneur et de la justice, alors elle en ferait de même, c'était plus sûr. Mieux valait se concentrer sur un peu de plaisir partagé, maintenant.

- Ecoutez, ne parlons plus de toutes ces choses, je n'arrête pas de ressasser ces sujets à longueur de journée, et cela m'épuise. Que diriez-vous de m'accompagner dîner ? Je n'ai rien avalé depuis des heures, et une petite sortie privée ne me ferait pas de mal avant de rejoindre mes quartiers.

Elle s'imaginait déjà les mets raffinés d'un grand restaurant, un peu d'alcool leur monter à la tête tandis qu'elles pourraient se raconter les derniers potins du Sénat. Après tout, Emalia manquait cruellement d'une simple amie dans l'univers corrompu du Sénat...
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La révélation sembla plonger la reine dans une profonde méditation. Avait-elle pensé que Lana lui accorderait directement son soutien ? Au moins, maintenant, cela était clair... La sith attendit en silence, cachant son anxiété. Elle n'avait pas eu le temps de cerner convenablement Emalia, et une telle annonce pourrait lui enlever toute chance de rentrer de le cercle de ses intimes. Elle saurait d'ici quelques secondes, d'ici quelques minutes...

Un certain nombre d'émotions traversèrent le visage de la reine d'Ondéron. Peut être était-ce la fatigue, ou le fait qu'elle ait baisser sa garde, mais Lana parvint à en intercepter une partie. De l'inquiétude, de l'incompréhension. Une certaine déception... C'était à attendre. Malgré une perte d'influence certaine dans la politique après sa longue absence, perte qu'elle s'efforçait de combler, elle restait une personne écoutée, à défaut d'être totalement respectée.

Son argument sur la justice était, quand à lui, totalement infondé. Un bon gros mensonge bien ficelé, chose pour laquelle Lana était extrêmement douée. Si elle avait décidé de ne pas soutenir Emalia, tout du moins pour l'instant, c'était uniquement pour avoir le temps de la jauger, de comparer ses chances face à son principal concurrent. Lana n'aimait pas être dans le camps des perdants lorsqu'elle pouvait l'éviter ! Il lui fallait parier sur le bon cheval, ou alors faire profil bas, chose qui serait très difficile pour elle. Si elle ne rejoignait aucun camp, elle était sûr de ne pas être dans celui des vainqueurs !

Pour l'instant, Emalia semblait être une personne juste et conciliante. Selon Lana, elle se serait faites manger toute crûe par l'ensemble des autres sénateurs... Une telle candeur n'avait pas du tout ça place dans l'univers des requins politiques. Pourtant, le passé récent avait prouvé le contraire. La reine d'Ondéron était là, bien présente sur la scène médiatique, et faisait un concurrent tout à fait sérieux à la chancellerie. Son innocence et sa fraicheur jouait en sa faveur, même s'ils auraient dû avoir l'effet inverse. Probablement à cause du peuple, qui aimait bien ce genre de caractère. Lana était bien placée pour le savoir, vu la comédie qu'elle devait jouer pour maintenir son statut et sa popularité sur Kuat.

Lorsque la reine reprit la parole, la sith sentit bien que son plan ne s'était pas déroulé parfaitement. Peut être était-ce simplement la déception qui transparaissait dans sa voix, mais Lana sentait bien qu'elle avait raté sa cible. Emalia se doutait peut être même se sa supercherie... La suite lui indiqua le contraire. elle avait dû faire un minimum de bonne impression pour être qualifiée d'un être plein de noblesse... Cela semblait même sincère. Bien. Son plan n'était pas totalement à l'eau, et même s'il aurait pu fonctionner un peu mieux, l'umbaranne venait de faire un premier pas, même si celui-ci était chancelant, pour rentrer dans le cercle très privé des amis de la jeune reine... Cette dernière ne voulait plus parler de politique, ce qui convenait très bien à Lana, qui avait de toute manière fait passer son message.

Revenant sur un registre plus trivial, elle lui proposa d'aller dîner. Dans la semi-obscurité, Lana esquissa l'ombre d'un sourire, ces yeux pâles brillant doucement.


- Pourquoi ne pas simplement appeler le service d'étage pour qu'il nous amène un repas ? Certes, celui-ci sera peut être un peu moins raffiné que dans un restaurant, mais nous y gagnerons en discrétion...

En effet, Lana était bien placée pour le savoir, mais avec Emalia sous les feux des projecteurs, elles ne pourraient pas sortir sans se faire agresser par les paparazzis, la foule, ou les autres politiques. Ce serait presque un enfer médiatique, et Lana ne se sentait clairement pas d'humeur mondaine ce soir.

- C'est atrocement égoïste que de dire ça, mais j'aimerai vous garder pour moi seule ce soir. Loin de la foule, de journalistes. Rester entre nous. J'aimerai même dire rester entre amies... termina-t-elle d'un ton plein d'espoir.
Emalia Kira
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Le service d’étage serait donc appelé pour servir à la souveraine et à la visiteuse un repas presque aussi fin que ceux des plus grands hôtels de la capitale. Emalia admettait facilement que cette solution lui convenait : marcher dans des talons pour rehausser sa taille et rendre sa silhouette plus élégante était un exercice auquel elle était habituée ; il n’empêchait qu’en fin de journée elle s’écroulait de fatigue tant physique que psychologique. Et puis, à quoi bon emmener la Sénatrice dans un restaurant huppé si c’était pour ne pas même avoir son soutien dans la course à la Chancellerie ? Si l’intimité convenait à Lana, la Reine s’y pliait sans poser de problème.

Cette dernière avait évoqué une nouvelle « amitié », mot dont Emalia ne se formalisa guère : elle savait bien, l’ayant appris même à la Cour d’Ondéron, que personne ne devenait ami avec une reine dans le sens premier du terme. Elle avait l’habitude de s’entendre être l’ « amie » d’untel et d’utiliser elle-même le mot pour qualifier quelqu’un qu’elle avait rencontré à quelques soirées et qu’elle avait trouvé charmant – et potentiellement utile. Elle comprit donc le terme de Lana comme une politesse à laquelle, habituée à l’étiquette, elle répondit avec naturel.

- Comme vous êtes flatteuse ! Mais vous avez raison, nous sommes aussi bien ici au calme. Nous ne pourrions jamais parler tranquillement à la table d’un grand restaurant. Et j’ai bien l’intention que vous me racontiez votre expérience au Sénat.

Il ne fallut guère plus de quelques minutes pour que toutes deux fussent servies dans le petit salon cosy de la Sénatrice d’Ondéron. Cette dernière renvoya de nouveau ses domestiques afin de conserver l’intimité que Lana et elle-même avait bâtie entre elle.

Rapidement, la discussion s’orienta sur les histoires passées du Sénat, qu’Emalia avait suivies avec plus ou moins d’intérêt depuis Ondéron à l’époque. La réforme fiscale menée par le Chancelier Arnor, le démantèlement d’une filière de contrebande près de Ryloth ou encore les nouvelles alliances qui s’étaient formées au Sénat autour de la Ligue des Mondes Périphériques… Autant de sujets qui ne passionnaient guère la reine mais qui avaient le mérité d’entretenir un peu la conversation. Emalia aurait aimé avoir le sentiment de Lana sur la question du conflit qui avait eu lieu entre le Sénat et les Jedi mais elle n’osa évoquer le sujet, tant le souvenir de la Sénatrice de Kuat prise au milieu du conflit était vif dans son esprit et devait l’être plus encore dans celui de sa consœur. Les questions ne franchirent donc pas les lèvres prudentes de la jeune femme.
Après quelques verres d’un bon vin alderaanien, néanmoins, l’atmosphère se détendit quelque peu et la souveraine se prit à évoquer son enfance sur sa douce planète, mais aussi ses études sur Alderaan et la cohorte de soupirants qu’elle avait connus alors. Assaisonné de quelques anecdotes croustillantes, le repas devint joyeux bien que l’Umbarane se dévoilait trop peu au goût d’Emalia. Il ne faisait pourtant nul doute à ses yeux que Lana était tout simplement un peu plus prudente et méfiante qu’elle, que dans un lieu comme le Sénat, ce devait être tout à fait normal et qu’avec le temps, elles pourraient peut-être devenir véritablement « amies ».
La déception de la neutralité de la Sénatrice de Kuat, bien sûr, n’avait pas si facilement quitté son esprit, mais elle appréciait l’Umbarane et nourrissait l’espoir indistinct que Lana pour être une alliée « pour plus tard », éventuellement… Et puis, elle passait finalement une si bonne soirée, pourquoi s’inquiéter ?

La nuit était profonde quand la Sénatrice de Kuat annonça qu’elle se retirait. Emalia avait les jambes un peu lourdes et la tête légèrement embrumée à cause de l’alcool et demanda à ce que sa garde la raccompagnât aux quartiers où Jake et les enfants devaient déjà dormir. Mais avant de se quitter, Emalia souhaitait néanmoins se séparer de Lana sur une dernière bonne note ; aussi saisit-elle le moment des au revoir pour s’exprimer pour une dernière fois dans l’intimité avant qu’elles ne se retrouvassent, formellement, l’une en face de l’autre dans la Rotonde, où leur « amitié », elle n’en doutait pas, ne serait plus qu’un échange de sourires cordiaux. Elles se trouvaient devant la porte de sortie du bureau d’Emalia quand cette dernière posa délicate une maine sur le poignet de l’Umbarane.

- Lana, voulez-vous que j’appelle quelqu’un pour vous raccompagner à vos quartiers ? J’ai le personnel nécessaire pour cela, vous pouvez faire la demande auprès du droïde de protocole posté dès que vous aurez passé la porte. Et avant que vous ne partiez, laissez-moi vous dire qu’il y avait fort longtemps que je n’avais passé une soirée aussi plaisante… Ce n’était pas arrivé depuis le début de ma campagne pour être honnête.

La souveraine lui offrit un sourire sincère, candide, quoiqu’un peu fatigué de sa journée et de l’alcool ingéré.

- Me ferez-vous le plaisir de réitérer cette petite folie en ma compagnie lorsque tout ce chambardement sera terminé ? Je suis sûre que vous m’éclairerez de bien des manières sur la façon dont les choses se jouent au Sénat… Allons, je vous laisse rentrer maintenant. Faites attention à vous.

Sur ce, elle lui ouvrit la porte de son bureau poliment. Une petite voix dans sa tête lui susurra que l’alcool la faisait parler trop, qu’elle se dévoilait peut-être en demandant de manière aussi peu discrète les conseils de sa consœur. Mais elle balaya ses doutes, se convaincant qu’avec la fatigue elle voyait toujours tout en noir et qu’elle avait sûrement bien agi en tentant d’avoir une alliée même non officielle dans cette cage aux maalraas qu’était le Sénat.

Emalia salua une dernière fois la Sénatrice avant de verrouiller son bureau et de rejoindre ses quartiers, escortée par deux mastodontes mornes et silencieux.
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