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La navigation spatiale était devenue difficile dans le ciel de Korriban. Depuis que l'Empire Sith s'était dévoilé au grand jour, l'activité était frénétique. D'énormes cargos allaient et venaient, encadrés par des navettes plus modestes. Matières premières, technologie de pointe, armement, troupes... Capitale d'une nouvelle puissance, la planète n'était pas habituée à un tel trafic, et peinait à réguler la circulation aérienne. Évitant de peu deux accrochages avec des véhicules plus gros, il avait fallu trois fois plus de temps que d'habitude à la navette Kuati pour se poser à une des rampes de stationnement de l'Académie Sith. Trois fois plus de temps, et beaucoup de secousses malvenues. Sans plus d'encombre, l'élégante navette se posa sur son train d'atterrissage dans un chuintement feutré, et une porte destinée aux passagers s'ouvrit. Une seule personne en sortit, silhouette toute frêle malgré l'épaisse cape qui lui servait à couper le vent agressif de la planète inhospitalière.

Lana ne venait pas souvent sur la planète des Sith. Elle pouvait probablement compter ses visites sur les doigts des mains, si seulement elle s'en était souciée... La planète était pratiquement invivable de l'avis de la sénatrice. Un climat aride et sec, qui agressait la peau dans des claquements de vent épouvantable, accompagné d'une luminosité ambiante trop forte pour ses yeux délicats. Tous les umbarans disposaient d'une vue dans l'ultraviolet, capable de percer les ténèbres les plus insondables, mais pouvant être aveuglés par une vulgaire lampe de poche. Protégeant ses yeux du soleil et du vent, Lana portait une épaisse paire de lunettes noires de pilote. Si encore il n'y avait eu que le climat, elle aurait peut-être pu difficilement s'en accommoder... Mais en plus de ses autres tares, la planète abritait un nombre non négligeable de Sith, des êtres sociopathes et dangereux, dont le moindre membre pouvait faire passer un hutt pour un être doux et sensible.

La sénatrice n'aimait pas les sith, aussi évitait-elle les contacts trop fréquent. Pourtant, il fallait bien se montrer de temps à autre, afin de rappeler à tous qu'elle faisait bien partie du groupe. Ceci était l'unique raison de cette visite. Lana allait passer la journée ici, se montrer aux gens, parler à quelques seigneurs sith, avant de décamper en vitesse. Inutile de s'attarder trop longtemps dans le coin. Elle s'attendait déjà à passer une journée frustrante, à être critiquée par les maitres pour son manque d'entrainement et sa vie au Sénat, à être provoquée par tous les guerriers qui n'attendaient que de se battre pour faire leur preuve. Elle s'attendait également à être harcelée par tous les apprentis qui voulaient un cours ou un conseil quelconque, voire, pour les plus ambitieux, un maitre...

Arrivée à l'abri, dans l'encadrement des lourdes portes marquant l'entrée dans l'académie, elle se débarrassa de ses lunettes. L'intérieur de l'Académie était plongé dans une pénombre perpétuelle, tout du moins dans sa grande majorité. Comme si les sith pensaient être des créatures de l'ombre... Qu'importait à Lana, cette semi-obscurité lui convenait parfaitement. Avec un petit soupir de résignation, elle pénétra dans le hall d'entrée. Comme dans toutes ses précédentes visites, il y avait du monde dans cette vaste salle. Il y avait cependant beaucoup plus d'apprentis que dans son souvenir... L'officialisation des sith avaient probablement entrainé une très grosse hausse du nombre de jeunes recrues.

Sans trop se faire remarquer, Lana glissa à travers la foule, enveloppée dans sa lourde cape noire. On pouvait seulement voir ses longs cheveux noirs, impeccablement brossés et tressés en une longue natte ainsi que son visage, dont le seul caractère particulier était sa pâleur inquiétante, qu'aucun humain n'aurait pu imiter. Aucun humain vivant en tout cas... Seuls ses yeux ressortaient clairement. On aurait dit deux petits phares qui brillaient faiblement dans la brume. Deux lueurs scintillantes et inquiétantes, qui rendaient le visage pâle de la jeune umbarane étrangement inexpressif. Enfin, sur son front, elle portait la tiare caractéristique de la famille princière de Kuat, un bijou simple en argent ornée d'une unique mais inestimable pierre précieuse. Après tout, elle était ici pour qu'on la remarque, aussi avait-elle sortit une bonne partie de son habituelle panoplie de sénatrice...

Très vite, elle fut prise à partie par plusieurs apprentis, et bombardée de questions. Ils savaient très bien ce qu'ils risquaient en harcelant un guerrier... Peut-être ne savaient-ils pas qui elle était, ou peut être considéraient-ils que le jeu en valait la chandelle. La plupart ne rêvaient que de se dénicher un maitre, apprendre rapidement et accéder à la gloire et la puissance. Elle ne répondit à personne. Ces moustiques n'avaient pas d'importance pour elle. Elle n'était que de passage, et ne comptait pas accorder son temps précieux à des mollusques de leur acabit... Elle poursuivit son chemin, silencieuse, un pâle fantôme.

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- C’est Anthana ! La princesse de Kuat !

Dans le coin sombre où elle s’était installée pour étudier, Tess releva immédiatement le nez de son datapad. Celui qui s’exprimait ainsi devait avoir un ou deux ans de plus qu’elle. Un dévaronien légèrement grassouillet, avec la langue trop bien pendue pour faire long feu à l’Académie. Le pauvre ne devait probablement sa notoriété qu’aux infos qu’il balançait sans réfléchir à ses deux confrères. Ces derniers se penchaient avidement par-dessus le parapet d’un balconnet du premier étage, depuis lequel on pouvait voir les navettes se poser dans la poussière de Korriban.

Tess éteignit son appareil électronique, et se leva lentement, comme si elle n’écoutait rien de leur conversation bruyante et prenait juste tout son temps pour rassembler ses affaires.

- Il paraît qu’elle est dans la République, et que ces bâtards la craignent tellement qu’ils font rien pour l’arrêter,
expliqua le dévaronien rondouillard, fier de captiver son auditoire qui s’esclaffait.
- Pas étonnant, ils auraient peur d’un bébé bantha, ces crétins !

- En plus, je la trouve pas si effrayante, déclara le troisième avec nonchalance. Elle a l’air toute fragile !

La jeune Lorrdienne avait doucement enfilé sa veste, un discret sourire aux lèvres : c’était ça qui les ferait se planter tous les trois, songea-t-elle. Ils se représentaient toujours le danger par des montagnes de muscles et des armes rutilantes. C’était bien mal connaître les femmes Sith que la jeune apprentie estimait comme les plus brillantes.
Or, en l’occurrence, Tess savait qu’il ne fallait pas se fier aux apparences en ce qui concernait la princesse de Kuat. Le souvenir de ce qu’elle avait lu à son sujet était encore tout frais : grâce aux propos du Maître des Forges, qui l’avaient fait réfléchir pendant bien des nuits, elle s’était intéressée de plus près à la République et à son fonctionnement. Notamment le Sénat et ses déboires récents. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour entendre parler de cette Sénatrice que les Jedi avaient accusé d’être une Sith, et qui assurait pourtant toujours ses fonctions dans la rotonde légendaire. Tess estimait cependant que le dévaronien avait un peu exagéré sa description : que la République ne fît rien prouvait surtout qu’ils n’avaient jamais pu mettre la main sur des preuves qui l’incriminaient. Or, en se rendant sur Korriban, Anthana prouvait donc qu’elle était bel et bien affiliée à l’Empire Sith.

Après avoir rangé ses affaires et envoyé son sac à dos sur les épaules, Tess quitta la pièce et dévala les escaliers d’un pas léger, laissant derrière elle la petite troupe qui commentaient toujours l’apparition assez exceptionnelle. Ils essaieraient sûrement de se faire remarquer en redoublant d’efforts en duel au sabre quand elle visiterait les salles d’entraînement, songea-t-elle, mais pas Tess. La Lorrdienne était plus intéressée quant au pourquoi la Sénatrice était ici. Un lien avec les précédentes affaires du Maître des Forges ? Peut-être bien… Mais malgré sa discrétion, elle doutait de pouvoir impunément filer une femme telle que celle-ci. Il allait falloir être un poil plus ingénieuse cette fois-ci…

Sur le chemin qui la menait au hall d’entrée, elle fut bousculée puis dépassée en trombe par deux zabraks au pas de course. L'un d'eux avait la peau rouge comme la braise et l'autre tirait sur un autre orange plus doux. Si ce n'était la couleur, on n'aurait presque dit des jumeaux. Mais qu’est-ce qu’ils croyaient faire, les imbéciles ? Cette race-là tapait toujours avant de réfléchir, se dit-elle avant de repenser à l’apprenti de Darth Tarmon, qui avait trouvé la mort dans les collines de la Vallée des Seigneurs Noirs. Il ne l’avait pas volé, certes… Ces deux-là allaient certainement importuner la Sénatrice juste pour se faire remarquer. Qu’ils fassent donc, cela donnerait à Tess le temps de réfléchir.
Elle les rattrapa dans le hall d’entrée, où ils s’étaient immobilisés, haletant, pour discuter à voix basse. Tess s’approcha d’eux, et se tordit le cou pour distinguer la silhouette légère qui faisait son chemin sous les yeux scrutateurs de presque tous les apprentis dans le hall. Qu’il devait être agaçant d’être constamment sous les feux de la rampe, songea la jeune Lorrdienne en se félicitant de son invisibilité habituelle. Qu’on la prît pour un nabot sans intérêt avait au moins cet avantage.

- Il paraît qu’elle cherche un apprenti,
s’entendit-elle soudain lâcher à voix haute une fois qu’elle se fût faufilée entre les deux zabraks. Quelqu’un qui puisse la protéger. C’est dommage, je voulais aller la voir…

Tess agrémenta son mensonge éhonté d’un air abattu, le nez levé vers ses aînés. Ils ne lui accordèrent qu’un bref regard de mépris.

- Ben voyons, et à quoi lui servirait un microbe comme toi !

Tess resta de marbre. L’insulte ne la touchait pas le moins du monde, et elle était prête à parier qu’ils avaient déjà mordu à l’hameçon sans le savoir. Elle le voyait dans leurs yeux pensifs, maintenant qu’ils avaient cessé de ricaner. Elle trouva qu’elle les avait bien choisis, pour le coup. Il lui suffirait maintenant de les suivre à distance.

Ils ne soucièrent même pas de regarder en arrière, de toute façon, lorsqu’ils quittèrent le hall. D’un pas léger, la Lorrdienne marcha dans leurs traces à quelque vingtaine de mètres de distance, prenant soin de rallumer son datapad pour pouvoir plonger son regard dedans si quelqu’un suspectait qu’elle suivait quelqu’un. Plusieurs fois, néanmoins, elle dut allonger le pas pour ne pas les perdre de vue. Heureusement pour elle, ils n’étaient pas spécialement prudents. Il fallait dire qu’ils ne s’attendaient à rien, pourquoi auraient-ils été suivis ? Au bout de quelques minutes, néanmoins, ils prirent tous deux des chemins différents. Tess ne s’en souciât guère et continua à suivre celui qui semblait emprunter un couloir parallèle à la trajectoire supposée d’Anthana.

Le Zabrak se débrouilla plutôt bien. En prenant de vitesse la Sénatrice dans les couloirs, il s’était arrangé pour se retrouver sur son chemin après un petit détour improvisé. Tess se ratatina un peu plus loin dans un coin sombre, prête à contempler le spectacle. Lorsque le Sénatrice arriva à la hauteur de l’apprenti, elle se mordit la lèvre inférieure pour ne pas rire : le zabrak avait vaillamment gonflé le torse avant de prendre la parole, d’une voix un peu trop puissante pour être tout à fait naturelle.

- Madame Anthana, clama-t-il. Mon confrère et moi avons tous deux été dépêchés pour assurer votre sécurité en ces murs.

Quoi ? Mais non enfin ! Tess avait voulu qu’ils entament un duel devant la Sénatrice, ou bien se précipitent pour se vanter bêtement, n’importe quoi de stupide, comme ils savaient si bien le faire d’habitude ! Là, elle avait peut-être mal évalué leur degré d’intelligence. Les menteurs, en plus ! Et dire qu’elle avait escompté qu’énervée, la Sénatrice les renvoyât brutalement et se dirigeât droit vers son objectif dans l’Académie plutôt que de se promener !

Heureusement, elle était bien placée lorsque le second Zabrak surgit à pas de loup. A l’embranchement près de la rencontre entre son comparse et la Sénatrice, il se dissimulait en les approchant, longeant un mur sombre. Ce ne fut que lorsqu’elle aperçut l’éclat du métal dans sa main que tout leur jeu se mit en place dans l’esprit de la jeune fille. Il allait attaquer la Sénatrice ! Ah non, elle ne leur donnerait pas satisfaction ! Si elle se sentait attaquée, Tess ne pourrait plus du tout filer la Sénatrice en toute tranquillité !

Mais le zabrak agît trop vite pour qu’elle pût trouver une solution. Il se jeta sur la Sénatrice et croisa instantanément le fer avec l’autre Zabrak, qui s’était interposé avec grâce. Ils avaient bien préparé leur coup, les malins ! Mais l’on sentait tout de même qu’il y avait quelque chose de pas très naturel…
Ils n’échangèrent que deux passes d’armes avant que Tess ne sortît brusquement de l’ombre. D’un pas calme et déterminé, elle vint à quelques pas des zabraks, les contourna ensuite prudemment pour arriver à la hauteur de la Sénatrice. Tess planta son regard noir et assuré sur le visage pâle de la femme. Bien qu’elle tînt toujours son datapad, elle plaça ses deux mains derrière son dos pour avoir une position sérieuse malgré son apparence menue qui pouvait la faire paraître enfantine.

- Madame, veuillez excuser cette mise en scène. Ces jeunes gens ignorent que la clarté de leurs lames peut agresser vos yeux, tout comme le fait que vous êtes parfaitement capable de vous défendre vous-même. Si vous le désirez, je peux vous conduire par le chemin le plus court à l’endroit de votre choix dans l’Académie, et faire en sorte qu’on vous y laisse tranquille ensuite. Vous n’êtes pas ici pour prendre un apprenti sous votre aile, aussi ne doivent-ils pas vous importuner et vous retarder de la sorte.


Voilà qui était dit. C'était plus un coup de poker qu'un choix assuré : Tess ne savait rien du tout de la raison de la présence de la Sénatrice, mais elle n’avait encore jamais vu de guerriers ni de seigneurs venir « à la pêche aux apprentis » en en choisissant un dans un couloir. Mais en affirmant que trouver un apprenti n’était pas l’intérêt de la Sénatrice, elle ne pouvait pas passer elle-même pour une apprentie intéressée. En revanche, savoir où se rendait la Sénatrice exactement pouvait lui en apprendre beaucoup sur les raisons de sa présence ici. Et voilà précisément le genre d’informations que Tess amassait.

Les deux zabraks avaient suspendu leur duel, interloqués, tandis que la Lorrdienne se tenait devant la Sénatrice, droite comme un i. Elle tâchait de ne pas transpirer, et décida de dégager le passage en vitesse si la Sénatrice ne répondait pas rapidement. Elle tenait à sa vie, et se demanda brusquement si elle ne venait pas de faire un acte complètement inconsidéré. Mais il était trop tard pour revenir en arrière !
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Lana continuait son chemin, toujours plus profond dans l'Académie Sith. Les couloirs étaient devenus presque désert... Les personnes qu'elles croisaient étaient rares, et tout juste lui accordaient-elles un regard avant de vaquer à leurs occupations. Au moins la laissait-on tranquille ici. Non pas qu'elle n'appréciait pas d'attirer toutes les attentions de la foule. D'aucun dirait même que c'était là sa spécialité. Seulement, elle était habituée aux foules qui l’adulaient, ou tout du moins respectait son statut de sénatrice. Ici, elle sentait braqué sur elle des dizaines de paires d'yeux, la moitié la considérant comme une rivale, et l'autre ne cherchant qu'à lui soutirer des enseignements avant de tenter de l'assassiner... Et dire qu'elle devrait probablement subir le même cirque au retour ! Peut-être devrait-elle se faire accompagner de quelques-uns de ses gardes du corps la prochaine fois. Non, c'était une erreur. Cela passerait probablement comme une preuve de faiblesse aux yeux des sith.

Elle fut interceptée par un jeune zabrak au détour d'un couloir. Un apprenti, sans aucun doute, qui lui parla en bombant le torse. Comme si un tel stratagème avait la moindre chance de marcher. Était-ce les mâles qui étaient tous idiots, ou bien simplement la jeunesse ? Elle s'apprêta à le rembarrer sèchement, lorsqu'elle ressentit un brusque avertissement. Et pour une fois, cela ne venait pas d'elle. Quelqu'un tout proche comptait-il la tuer ? Elle dégagea d'un geste la cape de ses épaules, qui tomba sur le sol en un petit tas informe, révélant une longue robe noire en tissu précieux et scintillant, qui couvrait Lana des pieds jusqu'aux aisselles, laissant ses épaules et ses bras pâles découverts. Elle ne sortit pas immédiatement son sabre laser. Elle avait peut-être une chance d'éviter le combat...

Mais ce combat ne la concernait pas. Elle vit un second apprenti se jeter sur elle, et engager le combat avec le premier. Elle comprit bien vite qu'il ne s'agissait que d'une ridicule démonstration de force... L'éclat des sabres laser qui s'allumait lui tira une grimace, et elle détourna la tête un instant pour tenter de se soustraire à cette lumière vive. Une telle inattention aurait pu lui coûter la vie en combat réel, mais elle ne se sentait pas en danger ici. Elle se força donc à regarder le combat, les yeux plissés pour atténuer le désagrément des flashs provoqués par le choc des sabres. Ces idiots lui faisait perdre son temps. Comme si quelques moulinets de sabre allaient changer quoi que ce soit à leur vie misérable. D'autant plus qu'elle-même n'avait jamais privilégié l'adresse au sabre laser.

Elle était en train de se demander si elle devait en tuer un pour l'exemple, exemple qui pourrait lui provoquer une paix durable durant le reste de la journée, lorsqu'elle sentit une troisième personne. Elle attirait les foules aujourd'hui... Ce fut une jeune fille, à peine une adolescente, qui sortit de l'ombre et qui, après avoir contourné le combat, vint se planter devant elle dans une posture quasi-militaire, les mains croisées dans le dos. Lana cru d'abord qu'il s'agissait d'une umbarane, tout comme elle. Sa peau était si pâle... Mais un examen plus détaillé l’amena sur deux yeux noirs qui éliminèrent cette supposition de leur sérieux enfantin. L'apprentie, bien que petite, n'avait pas à lever le regard pour la regarder droit dans les yeux grâce à des grosses bottes dotées de semelles ridiculement épaisses. Habillée de ce que Lana, dans ses habits princiers, considérait comme des haillons, tout comme la majorité des sith par ailleurs, la jeune femme avait une partie du crâne rasée. Sans doute une mauvaise blague des autres apprentis se dit la sénatrice. Elle ne pouvait concevoir qu'une femme inflige ce genre de traitement à ses propres cheveux.

Elle parlait d'une voix déterminée, et eu un discours étonnamment censé pour un sith, et encore plus pour quelqu'un de son âge. La nouvelle fournée d'apprentis, recrutés en masse pour l'expansion de l'Empire, n'était donc pas uniquement constituée de mollusques décérébrés ? Ses yeux se braquèrent se Tess, et Lana plissa de nouveaux les yeux, mais cette fois ci pour une tout autre raison que la lumière. Ses yeux sans iris, deux globes légèrement brillants et inexpressifs, examinèrent l'apprentie comme s'ils cherchaient à en extraire tous les secrets. de leur côté, les deux hurluberlus zabraks avaient cessé leur combat, un peu étonné par la tournure des évènements.


- Partez, déclara la princesse d'une voix glaciale.

Les deux apprentis se regardèrent, se demandant si elle voulait parler de Tess, d'eux, ou bien de tout le monde...

Dans un clac sonore, un couteau se planta dans le sol, entre les pieds des deux zabraks. La lame, comme apparue de nulle part, vibra encore un instant de l'impact avant de s'arrêter, telle une scintillante promesse de mort. Ils ne se le firent pas répéter deux fois, et décampèrent sans demander leur reste. D'une impulsion de force, Lana dégagea la dague du sol. C'était une lame d'un acier sombre qui ne reflétait pas la lumière, et qui ne semblait pas avoir de manche. Il se semblait pas avoir été prévu pour être tenu à la main en tout cas... D'une façon indolente, l'arme vint se ranger en flottant dans les replis de la robe de la sénatrice, disparaissant dans une petite poche secrète.

Son regard était resté braqué sur Tess durant toute l'action, et son visage ne trahissait aucune émotion, en tout bonne politicienne qu'elle était. Elle ne pouvait pas en dire autant de la jeune apprentie. Même sans recourir à la Force, elle la sentait mal à l'aise. Son langage corporel subtil, trahissait son apparence à la race des Lorrdiens. Lana les connaissaient bien, elle en avait déjà rencontrés au Sénat. Ils faisaient en général d'excellents politiciens, grâce à leur capacité naturelle à percer à jour les gens par leur simple langage corporel. Dommage que celle-ci ait décidé de gâcher son avenir à l'académie sith.


- Tu sembles mal à l'aise apprentie... Aurais-tu peur de moi ? Saurais-tu qui je suis par un quelconque hasard ? Glissa-t-elle d'une voix douce.

Elle avait volontairement ignoré la proposition de Tess qui, n'aimant pas être le centre d'attention, se retrouvait néanmoins sous le regard insondable de Lana.
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De près, la Sénatrice était plus effrayante que sur les images des archives. Ces yeux, en particulier, deux billes brillantes dans l'obscurité du couloir, la mettaient mal à l'aise. Surtout maintenant qu'ils étaient braqués sur elle.

Minute. Comment j'en suis arrivée là ?!

Tess eut du mal à ne pas froncer les sourcils en constatant sa propre bêtise. A présent, elle devait précisément passer pour tous ces apprentis qu'elle méprisait cordialement : elle avait interrompu la trajectoire de la Sénatrice et avait attiré l'attention sur elle. Elle avait beau soutenir le regard de la Sith, plus par sens de la dignité que par une réelle fierté, elle n'était plus du tout sûr que les choses se déroulaient sous son contrôle à elle. Qui manipulerait qui, maintenant qu'elles se trouvaient l'une en face de l'autre ? Tess ne ferait pas le poids à ce jeu-là, elle le devinait bien.

La lame brusquement plantée dans le sol acheva de la convaincre. Elle ne put, pour sa part, s'empêcher de couler un regard vers l'arme qui retournait vers son propriétaire avant de replonger son regard dans les lueurs inquiétantes de la Sénatrice. Cette dernière était restée de marbre. Comment avait-elle fait pour si bien viser sans même un regard pour les deux idiots musclés ? Si elle n'avait pas été transie par sa soudaine inquiétude, Tess aurait particulièrement apprécié la démonstration qui venait d'être faite aux sacs à muscles.

Quant aux deux zabraks, justement, ils semblaient passablement dépités que leur combat n'intéressât plus guère quiconque. Le couteau les avait néanmoins dissuadé de tenter quoique ce soit d'autre. Prudemment, ils éteignirent leurs lames et s'éloignèrent mais, dans le dos de la Sénatrice, restèrent à portée de vue... Probablement dans l'attente de savourer la correction qui allait être faite à Tess. Cette dernière se demandait si elle y échapperait. Elle ne risquait pas la mort, quand même. Si ?

La Lorrdienne déglutit lorsque la Sith lui parla, juste après qu'elle ait entendu le très léger sifflement d'une lame se ranger dans son fourreau. Elle avait vaguement l'impression que si elle détournait une deuxième fois son regard, cela équivaudrait à un échec. Pourquoi cette certitude brusquement ?

Peur ? Comment ne pas avoir peur ? Et pourtant, avouer sa peur était vu comme une faiblesse à l'Académie. Les Sith ne devaient pas connaître la peur ! Mais Tess se considérait comme bien trop intelligente pour exclure la peur de son esprit. Il était celle qui lui avait permis, et lui permettrait peut-être encore, de survivre aux dangers. Si elle n'était pas si paranoïaque, serait-elle encore en compétition à l'Académie ? Certainement pas.

- Je ne crains pas pour ma vie, choisit-elle de répondre après que quelques secondes de silence se furent écoulées entre elles deux. Cependant, oui, je sais qui vous êtes.

Au moins ne mentait-elle pas. Pas trop. Elle ne pensait pas que la Sénatrice eût intérêt à prendre le temps de l'exécuter, en réalité. Pourquoi se fatiguerait-elle à ça ? En revanche, Tess craignait légèrement la douleur et l'humiliation qui pourraient potentiellement lui être infligées par la Sith. Ce serait terriblement désagréable, mais elle s'en relèverait. Elle en avait vu d'autres, des sévices. Ils alimentaient sa haine des autres, mais avaient généralement été commis par des hommes. Hormis la Togruta qui l'avait pêchée dans le programme de réinsertion sociale, bien sûr... Et loin de la faire haïr cette femme, la gifle avait insufflé en elle une admiration plus grande encore. Elle ne se l'expliquait pas.

Toujours dans sa position rigide, Tess releva imperceptiblement le menton.

- Vous êtes Lana Anthana, Sénatrice et princesse de Kuat, un monde industrialisé du Noyau.

Elle n'allait pas non plus lui déballer tout ce qu'elle avait lu, mais le fait de répondre plutôt précisément à la question lui redonna brièvement du courage. Et au moins avait-elle eu le bon sens de ne pas bégayer et baisser les yeux.

Remarquant qu'elle était en travers du passage de la Sénatrice, Tess s'écarta d'un pas. Peut-être la Sénatrice s'en irait-elle comme elle était venue et tout s'arrêterait là. Elle avait ignoré sa proposition. Tess oserait-elle encore tenter sa filature par d'autres moyens ? Sûrement pas. Elle tâcherait de connaître la raison de la venue de la Sénatrice ultérieurement : si Anthana la retrouvait sur son chemin dans la journée, elle serait probablement pitoyablement agacée.

Elle tâcha de se convaincre que si elle échappait à une vengeance physique de la Sénatrice, elle devrait se considérer chanceuse. Mais elle ne pouvait s'empêcher de sentir dans sa bouche le goût amer de l'échec. Elle détestait quand les choses ne se passaient pas comme elle l'avait prévu.
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Lana pouvait lire dans l'esprit de l'apprentie comme dans un livre ouvert. Les jeunes avaient des émotions à fleur de peau, des émotions tellement intenses... D'autant plus que Tess ne semblait pas avoir les capacités psychiques pour protéger son esprit. Comme si cela ne suffisait pas, malgré ses capacités à paraitre calme et ne rien laisser transparaitre, qui était très bonne pour enfant de son âge, elle ne faisait clairement pas de poids face à une sith, doublée d'une politicienne de la trempe de Lana. Pourtant, c'est avec un aplomb admirable qu'elle lui mentit. Peut-être que mentir était un mot un peu exagéré... C'était plus un demi-mensonge, nuancé d'une bonne part de vérité. Un peu de poudre aux yeux, qui pouvait peut être fonctionné avec les autres, mais pas avec Lana. Et pour cause, c'était une de ses techniques favorites. Tromper ses adversaires en cachant ou en altérant légèrement la vérité était un passe-temps commun pour les politiciens.

Sa curiosité piquée, la sénatrice garda son regard braqué sur le visage émacié de Tess, qui semblait pourtant vouloir s'écarter. Elle ne ressemblait pas aux habituels fanatiques sith. Enfaites, Lana avait l'impression de se voir dans un miroir, une dizaine d'année plus tôt, forcée de compenser son manque de qualité physique, que ce soit la force ou la beauté, par l'intelligence et la ruse. L'analogie était d'autant plus frappante qu'elle ressemblait énormément à la Lorrdienne : petite, pâle et maigrichonne... Elle décida de la tester plus profondément. Dans un chuintement feutré, la lame de l'umbaranne revint flotter paresseusement dans les airs, tournoyant lentement entre le visage des deux sith. Lana ne cilla pas un instant.


- Tu ne crains pas la mort ? Tu n'as pas peur ? Peut-être serais-tu ravie de donner ta vie pour notre cause, c'est bien cela... ? fit-elle d'un ton calme.

Elle laissa le silence s'installer pendant de longues secondes, laissant monter la pression. Qu'il était agréable de laisser quelqu'un mariner dans son jus...

- Si tu sais qui je suis, tu devrais aussi savoir qu'on ne ment pas à une menteuse. Pas même par des demi-vérités... Tu transpires la peur et je le sens,
finit-elle d'un ton semblable à un reproche.

Le couteau vint lentement se poser sur la gorge, et glissa lentement sur la peau blanche de Tess, tout juste assez pour que la gamine sente le métal lui effleurer l'épiderme. Sans doute un éveil des sens assez brutal pour Tess, mais délectable pour la sénatrice ! Elle ne tenait pas spécialement à blesser l'apprentie, mais simplement à lui faire passer un message : qu'il ne fallait pas lui mentir, à elle en particulier, sinon elle le saurait, et prendrait les mesures appropriées...

L'arme disparut brusquement, et la princesse poursuivit
:

- Je ne sais pas quelle bêtise on vous apprend ici...
débuta-t-elle.

Et pour cause, elle n'avait jamais été ni élève, ni enseignante dans ce lugubre établissement. Elle avait eu la chance de tomber sur son maitre très tôt, et celui-ci avait été son seul professeur. Il lui avait notamment transmis sa méfiance envers l'ordre sith, et sa capacité à faire cavalier seul.


- ... mais tu serais bien sotte de ne pas avoir peur. C'est une émotion qui peut être tout aussi forte que la colère, et la plus à même de te sauver la vie.

Son ton ne souffrait d'aucune réplique, mais la sénatrice avait l'intuition que Tess était du même avis qu'elle. Sur ce point, et probablement beaucoup d'autres concernant l'enseignement de la voie des sith ! Elle avait du potentiel brut pour devenir une bonne sith, et surtout une bonne menteuse, ce qui était du goût de l'umbaranne. Mais ce n'était pas ici qu'elle obtiendrait l'enseignement adaptée à sa nature, cela ne faisait aucun doute. Lana aurait pu lui enseigner tout ce qu'elle avait à savoir. Mais le désirait-elle vraiment ? Elle avait déjà eu plusieurs apprentis, et tous l'avaient profondément déçue. Avait-elle le temps, et surtout l'envie de recommencer tout ce cirque encore une fois ?


- Suis-moi, fit-elle d'un ton péremptoire.

Elle reprit son chemin, accompagnant son départ d'une légère poussée de force dans le dos de Tess pour la forcer à faire de même sous peine de se vautrer par terre. Elle se laissait le temps de réfléchir sur le destin de Tess, mais tenait à l'avoir sous la main lorsqu'elle prendrait sa décision finale.
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Tess sentit les paroles de la Sénatrice lui glacer le sang, mais toute la peau de son corps semblait s'être embrasée. Elle regardait sans la voir la lame qui flottait entre leurs quatre yeux. Sa gorge était terriblement sèche lorsqu'elle déglutit.
La Sith n'avait pas mâché ses mots. En un sens, la jeune Lorrdienne ne pouvait qu'être d'accord avec son aînée, mais ne pouvait s'empêcher de se fustiger intérieurement pour avoir été si facile à démasquer. Mais il était trop tard, maintenant. Peut-être qu'effectivement, elle risquait la mort, finalement.

- Non, je ne souhaite pas donner ma vie,
s'entendit-elle déclarer d'une voix blanche.

Si elle ne pouvait déformer la vérité, elle ne le ferait pas. C'était peut-être finalement sa seule chance de rester en vie.

- Je pensais simplement ne pas courir le risque de la mort, aujourd'hui. Je me suis trompée.


Inutile de mettre au défi la Sénatrice juste pour savoir si elle en était capable ou non ! De toute façon, cette dernière s'était déjà engagée à prouver l'apprentie ce qu'elle risquait : la lame flottante était venue délicatement se poser dans le cou de Tess. Celle-ci réprima un tremblement violent, tout en soutenant le regard de la Sénatrice, mais mal à l'aise. Elle ne la supplierait pas, car cela lui déplairait certainement. Elle lui montrerait simplement qu'elle avait compris. Ne venait-elle pas d'exprimer uniquement la vérité ? Si la lame était restée plus longtemps, Tess aurait senti les larmes lui monter aux yeux. Déjà sa gorge était nouée et sa mâchoire serrée comme si cela pouvait la protéger d'être égorgée ici et maintenant.

Mais la lame disparut subitement, épargnant à Tess l'humiliation de perdre ses moyens. Elle n'osa pourtant bouger, écoutant la Sénatrice avec attention, s'attendant à tout instant à ce que le danger ne la menaçât de nouveau.

Oui, elle avait peur, bien sûr. Comme ce n'était pas une question, Tess ne prononça aucune réponse. Elle se contenta d'acquiescer du chef, très lentement, et sans quitter des yeux les deux lueurs blafardes qui l'observaient. Un bref instant, elle crut que son calvaire était terminé. Elle se trompait.

Une poussée dans le dos accompagna l'injonction de la Sénatrice, et Tess se retrouva à marcher d'un pas vif à ses côtés. La Lorrdienne jugea de fort mauvaise augure le fait de se retrouver prisonnière d'Anthana. L'avait-elle froissée à ce point qu'il lui faudrait se donner tant de peine pour la punir ? A moins qu'elle ne voulût se servir d'elle pour montrer l'exemple à tout le reste... Tout en marchant, la jeune Lorrdienne sentit un frisson lui faire trembler l'échine et elle se mordit la lèvre. Qu'avait-elle fait, mais dans quel pétrin s'était-elle fourrée !

Evidemment, au fond, Tess était on ne peut plus d'accord avec la Sénatrice, désormais : ce qui était en train de se produire était la preuve que ce qu'on lui apprenait n'était pas ce qu'il fallait apprendre pour survivre dans le monde extérieur. Mais si elle mourrait pour l'avoir appris, cela ne lui servirait absolument à rien.

Tandis qu'elles marchaient toutes deux d'un pas vif, Tess n'osa pas jeter de coup d'oeil derrière son épaule pour voir si les zabraks s'esclaffaient de la correction qu'elle allait recevoir. Elle n'avait pas envie, de toute façon, de voir les étincelles de jubilation dans leurs yeux, mais elle leur cracherait au visage si elle les recroisait à l'Académie. Après tout, c'était à cause d'eux que tout ceci était arrivé !

Chaque pas qui claquait sur la pierre ancienne résonnait comme un glas, et leur destination lui sembla bien loin. Le plus inquiétant, surtout, c'était de ne savoir où l'emmenait ainsi la Sénatrice... Et il était hors de question, désormais, de l'interroger directement. Comme si cela pouvait aider Tess à se faire oublier...
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Tess dû suivre Lana une grande partie de la journée, le tout en silence. La sénatrice était concentrée sur sa tâche, et l'apprentie semblait trop terrorisée pour parler. Ce qui était sage, en soit, car elle n'aurait rien gagné à la harceler. La présence discrète de Tess était presque agréable, dans le sens où elle semblait éloigner les autres apprentis de l'académie de son chemin. Que pouvaient-ils bien penser ? Considéraient-ils Tess comme la suivante de Lana, son apprentie ou sa future victime ? Peut-être même un savant mélange des trois... Au final, la sith n'en avait que faire, et se contentait de s'estimer heureuse du répit qu'on lui laissait. Sondant l'esprit de l'adolescente de temps à autre, pour surveiller qu'elle ne songe pas à la poignarder dans le dos, elle la surprit à analyser la situation avec un esprit étonnamment critique pour son âge. Bien sûr, elle sentait de la panique en elle, mais celle-ci était contrôlée et canalisée. L'apprentie, loin d'être résignée ou terrassée par sa situation présente, tentait de comprendre tout ce qui se passait.

Tess la suivant comme son sombre, appliquant à la lettre le dernier ordre de la princesse, Lana vaqua à ses occupations sans trop s'en préoccuper. Elle ordonnait simplement à la jeune Lorrdienne de l'attendre devant chaque salle qu'elle visitait. Quelques appartements de maitres, une salle d'entrainement, la salle d'armes (bien que, selon toute vraisemblance, elle était déjà suffisamment armée) ainsi qu'une salle de torture. Lors de ce dernier arrêt, Lana crû bien que Tess allait mourir d'une attaque tant son anxiété grimpa en flèche, mais contre toute attente, la gamine resta stoïque. L'umbaranne s'était pourtant presque attendue à ce qu'elle fui à toutes jambes, mais elle devait avoir plus de self-control que ce qu'elle avait pu imaginer. Ou bien était-elle plus folle...

Elle planta Tess à l'entrée du mess, la laissant gargouiller sur place. La journée avait été longue, et cela faisait de très longues heures que l'apprentie la suivait dans ses pérégrinations. Toutefois, l'attente ne fut pas très longue pour l'adolescente, car Lana ressortit à peine quelques minutes après son entrée. Malgré sa faim, elle avait été incapable de prendre quoi que ce soit tant la nourriture lui paraissait infecte... C'était là le genre de problème typique d'une personne ayant vécue trop longtemps dans le luxe ! Repassant devant Tess qui lui emboîta le pas mécaniquement, elle lui lança au passage une barre nutritive. La gamine devait être habituée à ce type de nourriture, aussi fade soit-il, et Lana n'avait pas le courage de l'essayer... La sénatrice guida son ombre dans un couloir désert, et s'arrêta devant une porte coulissante.


- Entrons, fit-elle d'une voix calme.

Elle pénétra la première dans ce qui semblait être une salle d'entrainement, quasiment vide exception faites des équipements de combat alignés le long des murs. Le sol, dur, était creusée à même la roche, et ressemblait plus à une punition destinée aux apprentis qui se faisait plaquer dessus... La lumière vive de la salle s'estompa aussitôt que Lana entra, et cette dernière vint s'asseoir au centre, en tailleur, à moitié invisible dans la pénombre. Elle invita Tess à faire de même d'un simple geste de tête, ses yeux brillants la jugeant silencieusement.


- Maintenant, je vais te poser quelques questions. dit-elle d'une voix tranquille.

Cette gamine, presque une adolescente, avait un énorme potentiel. Lana se devait de savoir si elle valait le coup du mal qu'elle allait se donner... Elle se rappelait encore trop de ces précédents apprentis. Elle ne voulait pas revivre la même chose. Ce qu'elle voulait, c'était quelqu'un sur qui compter, qui pensait comme elle. Quelqu'un pour la soutenir, et quelqu'un pour lui hériter. Se pouvait-il que Tess soit la bonne ? Ce n'était pas l'envie qui lui en manquait, mais elle devait en avoir le cœur net. Quelques questions, accompagnés d'un simple petit voyage mental dans l'esprit de l'apprentie suffirait sans doute à la fixer...


- Tu pourras répondre par des mots, ou de simples pensées, car je vais m'insinuer dans ton esprit. Ne tente pas de résister, je risquerais de causer des dégâts irréparables, et je suppose que tu tiens à conserver ta santé mentale. Je ne te cache pas que, quoiqu'il arrive, l'expérience pourra s'avéra éprouvante, voire désagréable.

Lana lança la force telle une sonde chirurgicale dans l'esprit de la Lorrdienne, tentant de se faire le moins intrusive possible pour rendre l'expérience supportable. Elle était après tout habituée à lire dans l'esprit des gens, avec ou sans la Force, car c'était une partie intégrante de son métier de sénatrice. Cependant, elle ne le faisait que rarement avec autant de d'intensité, si ce n'est presque jamais.

La question, qui n'avait jamais été aussi simple ni aussi cruciale, résonna directement dans l'esprit de Tess :

** Qu'attends-tu de la vie ? Qu'attends-tu de la Force ? **


Elle piqua alors l'esprit de l'enfant, la forçant à réagir instinctivement...
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La journée fut terriblement longue. Au début, Tess pensait que la sénatrice l'emmenait quelque part, mais elle la fit attendre devant la porte, son cœur battant la chamade. Elle avait bien pensé à prendre ses jambes à son cou, mais même cela elle n'osait pas. La Sith aurait de toute façon tôt fait de la retrouver. Et puis, il y avait cette étrange attirance, cette curiosité et cette sorte d'admiration fébrile qu'elle ressentait face à une femme qui avait tant de pouvoir... Une sorte de modèle, la preuve vivante des possibilités de réussite de Tess.

Aux côté de la troisième porte devant laquelle on l'avait laissée, la Lorrdienne s'était jurée de tâcher d'en apprendre plus sur l'histoire d'Anthana : combien d'échelon la sénatrice avait-elle gravi ? Était-elle née moins que rien, comme elle, ou bien avait-elle des prédispositions ? Tess s'était souvent demandée si son anonymat n'était pas une faiblesse, avant qu'elle n'eût appris à en faire une force.

Mais peu à peu, la fébrilité et la peur vivace qu'elle ressentait avait fait place à une lassitude anxieuse. Ses jambes lui faisaient mal à force de rester debout et d'attendre. Elle ne se permettait pas même de tenter d'écouter ce qui se tramait derrière les portes comme à son habitude, car elle n'osait plus prendre le risque de déplaire à Anthana. La curiosité qui l'aurait rongée un autre jour avait fait place à une prudence guidée par la peur. Même s'asseoir quand l'attente se faisait longue dans le couloir, elle ne se le permit pas. Des apprentis lui jetèrent parfois d'étranges regards interrogateurs : qui était cette fillette qu'on n'avait jamais remarqué jusqu'ici et qui se retrouvait à suivre Anthana comme un minable gizka apprivoisé ? D'autres regards traduisaient plutôt une satisfaction et une pitié, et Tess priait intérieurement pour que leurs pronostics à eux ne se révèlent pas vrais : Anthana ne la gardait pas juste pour la tuer à la fin de la journée, non ? Ça n'aurait aucun sens ! Peut-être était simplement pour dissuader les autres apprentis de s'intéresser à elle...

La fin de l'après-midi avait vu les deux Sith se promener une énième fois, Tess conservant un silence religieux et calquant son pas sur celui, rapide et déterminé, d'Anthana. Les bottes de la Lorrdienne claquèrent sur le sol lorsqu'elles s'arrêtèrent en trombe devant les salles de torture. Tess sentit les tremblements la reprendre tandis qu'un cri effroyable provenait de l'intérieur. C'était la fin de la journée, et Anthana avait peut-être gardé le meilleur pour la fin. Mais cette dernière, une fois encore, la fit patienter et pénétra dans la pièce sans elle. Une fois seule, Tess sentit des larmes brûlantes lui monter aux yeux. Elle s'en voulait tellement d'être autant sous l'emprise de la peur, alors qu'elle n'avait fait que mériter ce qui lui arrivait : elle si discrète, qui se faufilait partout, s'était faite remarquer. Elle avait dérogé à la première loi qui régissait toute sa vie !
Il lui fallut de longues minutes pour reprendre son sang froid. Seules quelques larmes avaient coulé, qu'elle avait essuyé rageusement du revers de sa manche. Elle se força à cesser de renifler lorsque son visage fut plus sec et moins rouge. Quand Anthana ressortit, elle avait repris parfaitement la contenance qu'elle avait eue depuis leur rencontre. Impassible, elle ne croisait pas même son regard, qu'elle gardait dardée droit devant elle.

Par moments, Tess se demandait même si Anthana n'avait tout simplement pas oublié sa présence. Mais au sortir du mess, devant lequel la Lorrdienne divertissait son esprit pour ne pas penser à son estomac qui se contractait douloureusement, la sénatrice eut la seule attention de toute une journée éprouvante : elle lui balança une barre protéinée que Tess, surprise, attrapa avant de se remettre à la suivre d'un pas vif. En silence, elle dévora l'aliment en se félicitant d'avoir toujours fait en sorte d'avoir des provisions dans sa petite cellule : après une journée pareille, elle allait taper dans sa réserve avec un sacré appétit. Si elle était en état de remonter jusqu'à sa cellule, s'entendait.

La nuit était tombée. Les rayons poussiéreux de l'astre de Korriban ne traversait plus les rares fenêtres, et des lueurs rouges et oranges illuminaient désormais certains couloirs, mélanges de néons électriques et de torches enflammées. Tess nourrissait l'espoir qu'Anthana serait trop fatiguée et qu'elle la renverrait, tout simplement. Mais finalement, elle sembla vouloir s'occuper d'elle. Le cœur de la Lorrdienne battit de nouveau la chamade, mais son corps était trop épuisé pour reprendre la panique qui l'avait agitée plusieurs fois dans la journée. Peut-être était-ce cela qu'avait souhaité la sénatrice, justement ?

Interdite, Tess observa la Sith se placer au centre d'une salle d'entraînement. Elle détestait cet endroit, et pour cause : c'était là que se déroulaient les cours de combat, où elle finissait systématiquement matée par quelque brute. Mais Anthana avait l'air bien trop calme pour souhaiter se battre.
Lentement, Tess obéit et s'installa en silence, face à la Sith, et en tailleur comme elle. Elle se sentait toute molle. Elle n'avait plus la force, en réalité, de résister à une intrustion mentale, et se laissa faire. Qu'est-ce que la Sith pourrait y trouver, de toute manière, si ce n'était l'histoire dérisoire d'une âme égarée et puérile ?

Ce n'était pas la première intrusion mentale qu'elle vivait. Certains entraînements à l'Académie consistait en la résistance à des assauts tels que celui-ci. Elle n'était pas très douée dans ce domaine, bien qu'elle en maîtrisât les rudiments, par nécessité. mais elle aurait été loin de pouvoir endiguer cette intrusion-ci. Insinueuse, comme un serpent lui serait entré par les narines, Tess tressaillit lorsqu'elle perçut subitement une présence dans son esprit. Elle déglutit et ferma les yeux, tentant vainement de rassembler ses esprits et ne pas paniquer devant une sensation si unique et désagréable. Au bout de quelques secondes, pourtant, elle s'y accoutuma légèrement. C'était comme une cohabitation.

La question et la pique la prit au dépourvu. Qu'attendre de la vie ? Quelle question difficile ! Elle ne se l'était jamais posée, mais poussée par l'injonction de la Sith, débita une réponse spontanée.

*Survivre, survivre. Survivre.*


Le fait qu'elle n'ait qu'à penser pour répondre la déroutait totalement. Cela signifiait qu'Anthana devait suivre ses réflexions jusqu'à ce qu'elle formulât une réponse. Elle n'avait donc besoin de rien répondre ? Si, paradoxe insolvable. Il fallait atteindre une réponse, et Anthana avait juste un droit de visu sur toute la logique. Le mensonge, masquer des vérités, tout cela n'était même plus une option.

*Je suis un insecte,*
expliqua-t-elle.

C'était la manière la plus simple pour elle d'expliquer ce qu'elle était et ses buts dans la vie, aussi étrange que cela pût paraître.

*On a essayé de m'attraper, de me chasser, de m'écraser. Mais je suis toujours là. Je survis en rusant. Je ne suis pas forte, pas physiquement, ni même mentalement. Mais je ruse, je passe entre les mailles du filet, je m'insinue dans les interstices des murs. On ne m'entend pas, on ne me voit pas et ainsi, je survis.*

Jamais, en réalité, elle n'avait su si clairement la façon dont elle se représentait elle-même. C'était un exercice inédit, et révélateur à la fois. Mais elle n'avait pas tout à fait répondu à la question. Elle n'avait donné à la Sith que le socle qui permettrait d'atteindre les réponses aux questions.

*J'ai appris comme ça que l'information et la stratégie étaient mes armes premières. Qu'elles me permettaient de manipuler les autres selon mes volontés. J'ai commencé par glaner quelques petits secrets, et ça n'a pas été suffisant. Alors j'ai stocké toutes les données dont j'étais capable. Je continue. C'est ce que je fais, c'est le but de mes journées, d'amasser des informations et de les combiner pour avoir des réponses intelligentes.*

Quel était le but, au-delà ? Pourquoi faisait-elle cela ? Une étrange boulimie mentale que Tess ne s'expliquait que difficilement.

*C'est que j'ai une revanche à prendre. Sur la vie. J'ai toujours été considérée en trop. Par l'usine, par la République. Ils se sont trompés, je pouvais être utile. Je prouverai cela. Si je survis.*

Voilà pourquoi tant de peur. Elle tenait tant à la vie, malgré tout. Il y avait là-dedans une valeur inestimable. Trouver un sens à sa vie n'était que secondaire : avec toutes les informations dont elle tâchait de disposer, il ne serait guère difficile de se donner des buts, et un sens à sa vie.

Quant à la Force... Voilà bien un sujet qui faisait naître un sentiment d'insatisfaction.

*Je veux que la Force m'aide. A faire tout ça. Je veux prouver que je n'ai pas besoin d'être la copie conforme de ces apprentis pour savoir m'en servir. Et plus habilement qu'eux. Pour manipuler, dans l'ombre. Pour obtenir des informations, en insinuer d'autres. Mais...*


Elle s'interrompit, mal à l'aise dans ce déroulé mental. Elle qui ne parlait que peu, le fait qu'Anthana accède à tous ces déroulements logiques la faisait se sentir mise à nue. C'était un peu comme si un long serpent se lovait doucement sur votre ventre nu. Il y avait une sorte de grâce, mais tant de frayeur devenue angoisse passive à force de temps.

*... Je ne maîtrise pas bien la Force. Elle ne se plie pas comme je le voudrais. C'est comme de posséder une technologie de pointe mais de ne savoir s'en servir. Cela me frustre, mais je garde mon objectif de maîtriser la Force. Pour continuer ma quête d'information et pour m'élever. Pour survivre.*


Ses émotions bouillonnaient en elle, mais elle tâcha de faire taire la petite voix qui se questionnait. La fatigue ne l'aidait guère, et se nerfs étaient à bout. Elle s'ordonna de se maîtriser, néanmoins. Il le fallait. Pour survivre, justement...
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Lana avait poussé une inspection mentale aussi loin. Fascinée, elle s'était retrouvée plongée bien plus profondément dans l'esprit de Tess que ce qu'elle avait initialement voulu. A la moindre inattention, elle pouvait endommager l'esprit de l'apprentie, ainsi que le sien, aussi se força-t-elle à rester concentrée sur la petite voix d'adolescente qui résonnait dans sa tête. En quelques instants, Tess s'était mise à nue, volontairement ou non, et toute sa vie, son processus de pensée, ses peines et ses envies avaient sauté au visage de Lana, qui l'avait rudement encaissé. Mais tout ceci en valait tellement la peine... Elle avait bien deviné avoir trouvé un diamant brut, tout du moins elle le supposait assez pour faire tester la Lorrdienne. Mais ceci... C'était juste extraordinaire. Elle ne s'était pas attendue à trouver un processus de pensée si complexe, et pourtant si clair à la fois. Elle connaissait même certains sénateurs qui étaient bien moins brillants, malgré leurs âges avancés !

Elle sentit à travers la Force que Tess venait de s'effondrer par terre, en un petit tas informe. Elle avait perdu la maitrise de son corps pendant un bref instant. Lana était même étonnée qu'elle ait tenu si longtemps, alors qu'elle l'avait sentie épuisée un peu plus tôt. Pourtant, son esprit continuait de fonctionner, déroulant cet incroyable esprit que la princesse admirait déjà. A son âge, être si mature et si réfléchi... C’était très impressionnant. Lentement, avec de gestes maladroits, Lana se leva, maintenant sa connexion avec l'apprentie. Elle vint s'agenouiller près de la gamine, et posa doucement la tête de l'enfant dans son giron. Elle tenait à voir jusqu'où elle pouvait aller, jusqu'où Tess pouvait se pousser elle-même, et elle avait plus de chance d'y parvenir si elle pouvait ignorer son existence physique...

Ainsi, elle put suivre ses pensées jusqu'à la fin. Un esprit brillant, doublé d’une grande manipulatrice. Sans aucun doute, cette apprentie avait un énorme potentiel. Impressionnée, Lana prit alors sa décision. Elle attendit que Tess rouvre les yeux, les caressant les cheveux d’un geste presque maternel, en lui adressant sourire en coin. Elle patienta quelques instants de plus, le temps qu’elle puisse reprendre ses esprits après cette éprouvante expérience, puis lui dit d’une voix douce, telle un murmure :


- Je suppose que personne ne te l’a dit jusqu’ici, mais tu as un un esprit merveilleux, Tess.


Elle avait utilisé son nom, sans jamais qu’on lui ai dit. Cependant, après une telle expérience, restait-il une chose que Lana ignorait sur son interlocutrice ?

La tête de l’apprentie toujours sur ses genoux, l’umbaranne poursuivit.


- Nous savons toutes deux que tes talents seraient gâchés ici. A supposer d'ailleurs qu'une brute ne prenne pas ta vie parce que tu étais sur le passage.

Ça c'était déjà vu après tout, et une bonne partie des apprentis n'étaient que des sociopathes violents et gonflés d'orgueil. Remarquez, les maitres l'étaient tout autant, mais ils avaient également acquis la fourberie sur le chemin.

- Je pourrais probablement t'enseigner tout ce que tu as à savoir, ou te le procurer d'une manière ou d'une autre. En échange, je pense que tes services pourraient m'être utiles. Les enfants passent assez inaperçus au Sénat...

Et pour cause, la majorité des gosses courant dans les couloirs du Sénat n'étaient que les enfants pourris gâtés des sénateurs, tout juste bon à la décoration. Les gens s'amusaient à les regarder quelques minutes, puis retournaient à leurs affaires sans plus s'en soucier.

En tout cas, la proposition de Lana était claire : elle proposait à Tess de devenir son apprentie !

Elle aida la jeune Lorrdienne à se relever et à tenir sur ses jambes, puis la regarda d'un air neutre, tout sentiment ayant quitté son visage.


- Le choix est tiens à présent. Réfléchis bien cependant, car tu sembles être à un tournant de ta vie, Tess... Je te laisse jusqu'au coucher du soleil pour te décider. Si tu acceptes, tu n'auras qu'à me rejoindre sur mon vaisseau.

Et elle la planta là, sans plus d'explications, retournant elle-même dans sa navette. Elle ne tenta pas de la convaincre plus, car elle ne voulait pas d'un apprenti récalcitrant. Tess devait faire son choix seule.

Mais une petite voix lui disait que la gamine était bien trop intelligente pour refuser.
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Un instant, Tess était assise en tailleur. Celui d'après, alors qu'elle rouvrait les yeux, elle était allongée, le visage de la Sénatrice penchée sur elle. Et ses mains blanches, une peau douce qui lui caressait tendrement les cheveux. Tess se laissait dériver paresseusement, dans ce qui lui semblait être une douce brume après une nuit trop épuisante. Mais le brouillard se dissipa peu à peu, et au bout de quelques minutes, tandis que la Sénatrice lui parlait doucement, elle réalisa ce qu'elle était en train de vivre : elle était plus ou moins bercée par Anthana. Cette même Sith dont elle avait eu si peur toute cette terrible journée. Elle fut saisie d'un bref sursaut avant de se rendre compte qu'elle était en sécurité : si Anthana avait voulu la tuer, il y a longtemps qu'elle l'aurait fait, maintenant.

Que disait-elle... Un esprit merveilleux. Tess avait bien du mal à croire qu'il pût s'agir d'elle-même. Lui apprendre tout ce dont elle aurait besoin... Les paroles douces, si contrastées avec l'attitude précédente d'Anthana, dégageaient un séduisant parfum d'avenir, de succès... Une sortie, tout simplement. Mais sur le moment, Tess ne répondit pas. Tout son corps était endolori, jusqu'à sa mâchoire douloureuse. L'avait-elle serrée au point de se faire mal pendant l'expérience ?

Tremblante, la jeune Lorrdienne se releva avec l'aide d'Anthana. Elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine gêne dans cet acte, comme si elle se montrait trop faible. Mais d'un autre côté, elle était vivante, et c'était cela qui comptait par-dessus tout.

Et puis, Anthana s'en alla.

Tess resta quelques instants plantée là, debout dans la pièce sombre. Quelle journée. Quelle folle journée. Sa couchette dans sa cellule l'appelait, et à pas lents, elle se dirigea vers la sortie.

Les couloirs défilèrent tandis que sa petite tête tournait et retournait les dernières paroles de la Sénatrice. Elle avait parlé du Sénat, d'utiliser ses services en échange d'une formation... Était-ce bien réel, ou bien avait-elle rêvé ?

Tess déverrouilla machinalement sa cellule, vérifiant à peine, contrairement à son habitude, que personne ne guettait le mouvement de ses doigts sur le pavé chiffré. Comme dans un songe, elle se glissa à l'intérieur et s'assit lentement sur son lit.

Anthana avait raison. Ici, elle risquait à tout instant d'être sur le passage de quelque ambitieux ou colérique et d'en mourir. Stupidement. Elle n'avait pas d'avenir, ici, et quelque part, elle se dit qu'elle l'avait toujours su. L'Académie avait-elle jamais été autre chose qu'une étape avant qu'elle pût voler de ses propres ailes ? Cela arrivait seulement beaucoup plus tôt que ce à quoi elle s'était attendue.
Elle resta longuement assise, à y réfléchir, une étrange stupeur lui maintenant toujours les membres lourds. Un mal de tête l'élançait. Ce ne fut que l'heure, tardive, qui la fit réagir. Déjà ? Mais Anthana allait bientôt partir, qu'avait-elle fait tout ce temps !

Avec les derniers restes d'énergie que son corps était capable de fournir, elle sauta sur ses pieds et tira de sous son lit une besace large avant d'y entasser à peu près tout et n'importe quoi. Ça ne rentrerait jamais, merde ! Ne prendre que l'essentiel, bon. Et ce qu'elle avait faim ! Elle ouvrit son casier à côté de sa couchette et avala en vitesse quelque purée de fruits exotiques. Elle remplit ses poches des dernières barres protéinées qui lui restait et jeta au fond de son sac deux bouteilles fraîches de boisson énergisante. L'espace restant vacant de la besace se trouva ensuite bien vite comblé : son sabre, son datapad, quelques fichiers sur des disques supplémentaires, des vêtements de rechange, son couteau - non, finalement, elle le récupérait et le glissait dans sa botte. Elle ne savait pas du tout à quoi s'attendre ni à bord du vaisseau d'Anthana, ni au Sénat. Et si tout cela n'était qu'un piège ? Et si Anthana l'attendait pour la saigner à blanc ?
Non, non, non, impossible. Pourquoi faire ? Elle ne se serait pas donné tant de mal, et il fallait se rendre à l'évidence : avec ce connard d'Athalith qui avait fait croire à Darth Tarmon qu'elle avait essayé de chiper un holocron, ses jours devaient être comptés ici. Cette proposition était une aubaine qu'il fallait saisir avant qu'il ne soit trop tard.

Un dernier regard sur cette pièce qui l'avait accueillie depuis trois ans. Il y avait des gribouillages au mur. Des calculs, des codes à retenir, des dessins pour faire passer le temps. Ses couvertures étaient en vrac, et il y avait quelques vêtements trop petits qu'elle avait décidé de laisser derrière elle. Ainsi donc, toute sa vie tenait dans cette fichue besace, désormais.

Elle attrapa le sac et le balança sur son épaule avant de sortir d'un pas vif. Pour la première fois, elle laissait la porte grande ouverte derrière elle, et elle ne se retourna pas pour y jeter un dernier regard.

Elle marcha à vive allure dans toute l'Académie. Malgré ses affaires rassemblées sur son flanc, elle ne voulait pas avoir l'air de s'enfuir. Personne ne lui prêta aucune attention, en réalité. L'Académie était calme. Lorsqu'elle fut sortie, et que l'air du soir la frappa en plein visage, elle s'arrêta un bref instant pour regarder une dernière fois le paysage rouge et dévasté de Korriban. Cette chaleur, cette lumière, cette sécheresse ! Tout cela ne lui manquerait jamais. Un dernier coup d’œil vers l'astre couleur de sang, qui, touchant de son cercle parfait la Vallée des Seigneurs Noirs, y semblait trôner prétentieusement. Le coucher du soleil !

Tess dévala les escaliers quatre à quatre. Il n'y avait plus d'apparence qui tenait, Anthana pouvait à tout instant partir sans elle maintenant ! Elle atterrit sur les quais quelques minutes plus tard, zigzagua entre les speeders garés là, et dès que possible se dirigea droit vers le vaisseau d'Anthana. Une chance qu'elle l'avait vue arriver en début de journée ! De toute façon, c'était un des vaisseaux les plus prestigieux stationnés ici, il était difficile de se tromper.

Lorsqu'elle remarqua que les feux de la navette étaient déjà allumés, et qu'elle devina les moteurs tourner, elle tâcha de redoubler de vitesse. Comme elle serait déçue si elle manquait le coche !

Mais elle remarqua vite que la passerelle était encore posée à terre. Comme une flèche, elle y grimpa, jetant dans un cri un "Je suis attendue par la Sénatrice !" au garde qui la toisa méchamment sur son passage, mais ne l'empêcha pas de monter.
Un instant plus tard, il actionnait la manette qui fit se fermer la passerelle, puis le sas. Juste au-delà, dans la coursive, Tess jeta à terre son sac et s'adossa à la paroi de métal pour reprendre sa respiration.

- Wahou, c'était moins une...

Tess se laissa glisser contre le métal froid, tombant assise, le souffle court. Elle eut envie de rire mais se contenta d'avoir un sourire nerveux pour l'homme d'équipage d'Anthana, qui n'avait guère l'air d'humeur à plaisanter.

Elle s'en fichait.

Elle était en vie.

Elle était l'apprentie d'Anthana !
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