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- « Ceci est une partie d'un document historique écrit par le Jedi Odan-Uur il y a de cela 1500 ans. Il raconte le Second Grand Schisme. C'est un des rares documents que nous ayons retrouvé intact depuis la destruction du Temple de Coruscant.

Leto Vorkosigan était en train de donner un cours d'histoire à un groupement d'initiés de dix à treize ans. Les enfants étaient réunis en demi-cercle sur des coussins de tissu tandis que le Maître avait disposé sur un petit meuble en forme de colonne en bois noble un cube de verre protégeant de l'extérieur un vieux papier grisé et chiffonné. Le Falleen avait accepté, une heure plus tôt de remplacer au pied levé un historien du Temple venu assuré une leçon sur l'existence de l'Ordre Jedi.

- La naissance du Second Grand Schisme de l'Ordre Jedi s'inscrivit dans une période de découvertes. L'Ordre venait de démocratiser l'usage du sabre-laser, alimenté par une batterie énergétique externe attachée à la ceinture du Jedi. Nos katanas et sabres exposés à l'étage supérieur de la bibliothèques étaient devenus obsolètes. Malheureusement, toutes les découvertes de ce temps ne furent pas bénéfiques aux Jedi ou au reste de la Galaxie. De nouvelles arcanes obscures furent créés afin de pervertir l'alchimie des Jedi, leur pouvoir était de modifier les formes de vie, donnant naissance à de véritables monstruosités. Les Jedi à l'origine de ces découvertes conservèrent leur savoir secrètement car ils savaient que leurs pairs iraient à leur encontre. Son timbre changea imperceptiblement, comme pour souligner la gravité de ce qui allait suivre. Ils s'adonnèrent à des expériences génétiques occultes. Lorsque l'Ordre Jedi eut vent de cette dérive, il exila les coupables en dehors des territoires de la République, considérant que leurs activités étaient une grave approche vers le Coté Obscur de la Force. Sa voix était subjuguante, son intonation et le rythme de son récit avait quelques chose de mystérieusement exaltant et fascinant pour l'esprit de ces jeunes novices qui, pour la plupart, n'avaient même pas encore de Maître assigné. Lui qui avait l'habitude de parlementer avec les politiciens et négocier les positions de l'Ordre auprès des différentes figures publiques de la République n'avait guère de mal à faire jouer son charisme et sa prestance pour obtenir l'attention qu'il désirait.

- Cependant, les Jedi Noirs, bien qu'exilés, continuèrent leurs expériences et créèrent de nouvelles formes de vies abominables, jusqu'à monter une véritable armée animale. Leur meneur était Ajunta Pall. Face à cette menace, l'Ordre Jedi se mit à la recherche de ces créatures et de leurs géniteurs. Au bout d'un siècle de conflit, appelé le Siècle d'Obscurité, les Jedi Noirs se retrouvèrent pris au piège sur Corbos. Ainsi, se déroula la bataille de Corbos. Au cours de cette ultime bataille, les Jedi Noirs furent pour la plupart vaincus. Quelques survivants s'enfuirent néanmoins vers la Bordure Extérieure, échappant à la vigilance Jedi. Leto faisait minutieusement attention aux termes qu'il employait. Pour s'adresser à ces jeunes novices et leur raconter la sombre histoire du Second Schisme Jedi, il avait décidé de bannir de son vocabulaire les mots comme ''chasse'', ''massacre'' ou encore ''tuerie''. Car beaucoup de Jedi et de Jedi Noirs avaient été tués dans la bataille, mais il ne voulait pas donner l'impression que les Jedi avaient opté pour la guerre et la brutalité pour résoudre la situation. L'Histoire était beaucoup plus complexe que cela, mais ce n'était pas de bon aloi de débattre de cela avec de jeunes enfants.

- C'est après ce conflit que la Prophétie de l’Élu fut édictée. À la suite de cette tragédie, les bases de l'Ordre Jedi restèrent relativement stables pendant des milliers d'années. L'Ordre renoua avec son devoir premier qui était la protection de la paix et de la République. C'est lors de cette période que l'érudit Odan-Uur rédigea le nouveau Code Jedi, qui allait devenir le fondement de l'enseignement de l'Ordre pendant des millénaires : Il n'y a pas d'émotion, il y a la paix, il n'y a pas d'ignorance, il y a la connaissance Il n'y a pas de passion, il y a la sérénité Il n'y a pas de mort, il y a la Force. » Leto en avait presque finit avec sa leçon du jour. Il avait choisit de ne pas en dévoiler plus pour le moment pour plusieurs raisons. La principale étant que la suite de l'Histoire pouvait être largement sujette à controverse au sein même du corps enseignant Jedi. En effet, la suite des évènements décrivait les incessantes traques que les Jedi auraient perpétrés contre les Exilés au point de chasser ces derniers en dehors des frontières galactiques connues. Ce faisant, les Jedi Noirs auraient découvert les Sith ancestraux et de part leur maitrise de la Force auraient prit le contrôle de tout un Empire de guerriers voués corps et âmes au Côté Obscur. Par voie de conséquence, c'est l'acharnement grossier des Jedi à chasser les Exilés à travers la Galaxie qui aurait fait se développer la caste tristement célèbre des Seigneurs Noirs des Sith, encore pointé du doigts de nos jours pour leurs innommables méfaits...

- « Mais, Maître, pourquoi les Jedi n'ont pas sut prévenir les Schismes ? Demanda un jeune Bothan.

- Qui sait, peut-être que les Jedi étaient trop insouciants, trop sur d'eux-même, pas assez à l'écoute de la Force. Répondit Leto en accompagnant ses paroles d'un geste de la paume de la main vers son interlocuteur. Peut-être que c'est ce que la Force voulait par ailleurs, et que rien n'aurait put se passer autrement ? Les erreurs d'hier sont nos erreurs d'aujourd'hui, il faut tous en tirer des leçons. Rester humble et persévérant sont deux point d'honneur de la vie d'un Jedi.

À l'instant où Leto terminait sa réflexion, une petite coupole de verre fixée au mur s'illumina d'une douce lueur bleutée, sans bruit, sans sonnerie ni tintamarre. Cela signifiait la fin du cours, les élèves avaient pour devoir de rejoindre la salle suivante pour continuer leur journée d'apprentissage. Le Falleen leur signala d'un vague geste de la main qu'ils pouvaient disposer. Il ajouta, tandis que les cadets s'ébrouèrent tous d'un seul tenant :

- J'ai téléchargé des documents sur le réseau du Temple Jedi afin de compléter le cours d'aujourd'hui, vous pourrez y accéder via vos data-pad personnels ou avec les ordinateurs de la bibliothèque. Le mot de passe pour y accéder est ''Sentinelle''. Bonne fin de journée, jeunes gens. »

Une fois l'assemblée hors de la petite pièce dont le marbre couleur de lin des murs et du sol brillait de mille éclat sous l'astre diurne naissant du matin, le Jedi prit grand soin de porter le cube de verre contenant le précieux document historique. Il alla sans détour le remettre aux Maîtres Jedi Consulaires de la bibliothèque et ne manqua pas de les remercier de leur confiance. Puis, franchissant le seuil de l'entrée de l'immense salle au mille et une connaissances, il fut tiré de ses pensées par le bip de son communicateur. En descendant la volée majestueuse de marche qui le séparait du hall central, il porta l'appareil à hauteur de son visage avant de répondre à l'appel.

- « Vorkosigan.

- Maître Leto, ici Nada-Ma.

- Bonjour, ami, que puis-je pour toi ? Répondit le Falleen, sa voix avait instantanément changée du tout au tout, il devint manifestement plus amical à l'écoute de la voix de son vieux camarade Céréen.

- On m'a fait savoir que tu étais réclamé par le Maître Von, j'ai cru comprendre qu'elle t'attendais séance tenante dans la salle des armes de l'aile Est du Temple.

- Là où on stock les sabre-laser pour novices ?

- Tout à fait.

- Pourquoi elle ? Que me veut-elle ?

- Si je le savais, Leto, peut-être bien que … j'en aurais rien dis ! Répondit avec un brin d'amusement dans la voix le Céréen, à l'autre bout de l'appareil.

- Toujours la même chose, que de mystère … souffla Vorkosigan avant d'enchérir. Merci de m'avoir prévenu, je vais voir de quoi il retourne. Vorkosigan, terminé. »

Le Jedi prit alors la direction du lieu de rendez-vous que lui avait communiqué Nada-Ma Kendi. À son arrivé, il découvrit un petit vestibule séparant les deux salles d'arme de la coursive qui y menait. La première salle était celle où étaient entreposés les sabres-laser pour novices ainsi que certains sabres-laser lambdas fournit aux Jedi qui en avaient besoin après la perte ou la casse de leur propre arme. Ici, on pouvait aussi y entretenir son sabre-laser à l'aide de machines sophistiquées mais aussi d'ordinateurs contenant des manuels et des documents d'archive. La seconde salle, inondée de lumière était celle où les Maître d'armes et les Chevaliers les plus émérites à l'escrime venaient s'entretenir et se défier pour échanger savoirs, philosophies de combat et techniques d'entrainement. Leto pénétra dans cette dernière, le silence ne fut point perturbé par le bruit de ses pas. Pas même le bruissement de sa bure ne put faire vibrer la moindre parcelle d'air de cette pièce à l'apparence de monastère.

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Alyria soupira en regardant sa main métallique. Depuis son retour très récent d’Umbara, elle avait dû se faire poser une nouvelle prothèse en urgence, après s’être fait trancher la main gauche… Une fois de plus. Des années à s’habituer à cette excroissance sans âme pour devoir tout recommencer… Il y avait de quoi être un peu découragé. Cependant, vaille que vaille, la gardienne devait continuer à avancer, car sa convalescence n’avait que trop duré… Alors qu’elle n’avait duré que quelques jours. Mais on avait besoin d’elle sur Coruscant, les événements récents nécessitant sa présence en urgence. Le soir-même, elle prendrait une navette pour rejoindre la capitale républicaine, mais avec un invité pour le moins… inattendu.

Elle avait reçu la nouvelle à peine une heure auparavant, par le secrétaire général de la chancellerie. Valérion Scalia avait décidé de frapper un grand coup, et la maîtresse d’armes se doutait que d’ici quelques minutes, toute la sphère politico-médiatique allait s’emballer. Nul doute qu’une des décisions corollaires de cette révocation du Vice-chancelier Janos, car elle ne trouvait pas de mots plus adaptés, allait également faire parler parmi les jedis. Et en plus, elle devait annoncer la nouvelle à l’intéressé. Non vraiment, il n’y avait pas à dire, sa vie avait pris un tournant presque frénétique cette année-là. Qui avait dit qu’un ministère était une planque de bureau idéale ? Sûrement pas elle.

Soupirant une deuxième fois, Alyria passa sa main dans ses cheveux roux, tic qu’elle avait quand elle était un peu nerveuse. Ce n’était pas que son futur interlocuteur l’impressionnait, non, c’était plutôt la conversation qui allait se dérouler qu’elle appréhendait. Au moins se disait-elle, il n’aurait pas à apprendre un tel bouleversement au sortir d’un champ de bataille, comme cela avait été son cas… Ce qui n’effaçait pas le caractère brutal que pouvait revêtir un changement de vie de cette ampleur. Enfin, mieux valait l’entendre de la bouche d’une consœur plutôt que par la rumeur de l’Holonet... Ou par une conversation surprise entre deux padawans surexcités.

Mais peut-être se faisait-elle du souci pour rien. Après tout, lors des élections, Leto Vorkosigan n’avait pas fait mystère de son soutien pour Valérion Scalia. Peut-être était-il déjà au courant de la possibilité d’une entrée au gouvernement ? Mais alors, pourquoi Telkhar Melk'an avait-il eu l’air de s’inquiéter autant lors de leur conversation ? Bon, de toute façon, elle le découvrirait bien assez tôt dans la soirée.

A vrai dire, elle devait voir le Fallen de toute façon, donc autant se servir d’un prétexte qui n’en était pas un pour le faire venir et lui révéler la nouvelle de son accession au poste de Ministre de la Justice avant d’embrayer sur une affaire uniquement jedi. Le mélange des genres n’était guère heureux, mais elle n’avait ni le choix ni le temps de faire autrement, donc aux grands maux les grands remèdes !
En effet, si Alyria était accaparée par son travail de ministre la plupart du temps, elle n’en oubliait pas pour autant ses obligations en tant que jedi, et encore moins en tant que maître d’armes, comme son passage sur Umbara l’avait amplement prouvé. Or, Maître Vandreen avait profité de sa présence temporaire sur Ondéron pour lui confier une mission dont elle devait s’acquitter, par égard pour le malheureux maître qui devait assurer l’ensemble de ses classes depuis son départ pour Coruscant. Et c’était au fond un moyen de rappeler qu’elle était encore capable de s’occuper des petites tâches administratives de la vie de l’Ordre, comme en des temps pas si lointains.

Avec un brin de nostalgie, la demi-echanie parcourut du regard la salle d’entraînement. Elle adorait cette pièce, et en connaissait chaque recoin par cœur, pour y avoir passé un nombre d’heures presque inégalé. Tant de souvenirs y étaient associés : ses premiers duels, enfant, ses nombreux, et douloureux, échanges avec son maître… Pendant un bref instant, elle se demanda ce que l’Ombre faisait au même moment. Sans doute Maître Lond était-il occupé à quelque enquête dans les tréfonds de la Bordure Extérieure. Puis elle continua à parcourir le fil de sa mémoire : elle se revoyait lutter aussi farouchement qu’amicalement pour l’emporter sur un certain épicanthix, admirer les maîtres d’armes… Et en devenir un elle-même, bien entendu. Ce jour-là, elle avait eu l’impression de s’accomplir enfin, de se transformer en ce à quoi elle était destinée. Comme cette façon de penser lui semblait loin désormais. Elle l’avait dit à Lorn après son amputation : rien ne serait plus jamais comme avant. Dans à peu près tous les champs de son existence, cette prédiction s’était révélée exacte. Elle demeurait maîtresse d’armes, mais ne se réduisait plus à cela. La vie avait changé ses buts, par la force des évènements et les contraintes des blessures.

Sa main droite enserrant son poignet métallique pour s’assurer futilement que la prothèse était bien en place, la tête reposant sur son poing factice serré, dans une pose pensive, Alyria attendit en silence, de dos à l’entrée, l’arrivée de son visiteur, perdue dans mille et une pensées qui se bousculaient dans son esprit, mêlant passé et présent dans un entrelacement permanent. Après, il faudrait partir, faire face au tohu-bohu coruscanti, et sans doute aider son désormais collègue à prendre ses marques… Elle en était presque fatiguée d’avance.

Enfin elle sentit une présence dans la Force entrer dans la pièce, et sut que l’entretien pouvait commencer. Elle se retourna et un sourire amical se dessina sur son visage aux traits aussi fins que sévères, la cicatrice balafrant la partie gauche de sa face se tordant sous l’effet de la contraction des muscles. La gardienne plongea son regard émeraude dans les yeux du Falleen et déclara de son habituelle voix grave :

« Bonsoir Maître Vorkosigan. Vous devez vous demander pourquoi je vous ai fait demander ici d’urgence. A vrai dire, la raison originelle était purement une affaire en lien avec ma fonction de maître d’armes, mais… Hum, disons que j’ai reçu une communication qui a quelque peu… changé les choses.

Bien, commençons donc par la partie officielle … »

Alyria prit une profonde inspiration et finit par dire doucement :

« Je ne sais pas si vous avez été contacté à ce propos auparavant, mais si ce n’est pas le cas, eh bien… La surprise risque d’être assez forte. »

Manière délicate de le préparer en douceur à la révélation. Mais il était temps de lâcher la bombe.

« En raison d’une accusation de haute-trahison, le Chancelier a révoqué Lord Janos de son poste de chef du gouvernement et a nommé Ion Keyien comme nouveau Vice-Chancelier. »

Puis, enfin, elle arriva au cœur du sujet :

« Maître Vorkosigan, vous êtes le nouveau Ministre de la Justice de la République. »
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Alyria Von était presque une inconnue pour Leto. Bien évidemment, un tel élément d'exception au sein d'un ordre, même vaste et fourmillant de variétés comme celui des Jedi ne passait pas inaperçu. Tous connaissait Von de visu, de réputation, ses faits d'armes et ses capacités tous plus incroyables les un que les autres, mais rares étaient ceux qui la connaissait réellement. Le Falleen, lui, ne l'avait jamais côtoyer plus que cela. Il l'avait croisé au lendemain de son accession au rang de Maître Jedi, et bien avant encore l'avait-il remarqué pour son maniement impressionnant du sabre-laser lors d'un tournoi amical de Padawan. Mais elle restait un mystère pour lui, une génération les séparait et pendant prêts de treize ans, tandis qu'elle montait en puissance et se faisait un nom en lettre d'or au sein du Temple, Vorkosigan était un traqueur de Sith aux confins de la Galaxie. Il avait eu l'impression que le temps était passé trop vite. Même si il ne se souvenait qu'assez peu du moment où il l'avait aperçut pour la première fois, tout juste sortie de l'enfance, une lame éclatante immaculée à la main, il n'était pas surprit de la revoir au poste qu'elle occupée désormais. Au fond, vingt années s'étaient écoulées à travers les étoiles, mais c'était comme si il avait la certitude qu'elle serait toujours là, qu'il aurait l'occasion de la fréquenter, de pouvoir un jour l'appeler par son prénom. Les Jedi qui bénéficiait d'une telle aura, qui dès qu'on croisait leur regard nous faisait comprendre qu'ils avaient quelque chose d'immuable, d’éternel et de quasiment mystique étaient bien rares. Leto aurait put en compter quelques un sur les doigts de sa main, mais d'une seule, sur toute la période où il avait vécu parmi ses confrères. Alyria faisait désormais partie de ses êtres illuminés de la Force qui faisaient, et qui feraient encore date dans l'histoire de l'Ordre.

L'astre diurne dispensait ses larmes rougeoyantes à travers les larges baies vitrées en obus de la salle d'entrainement, détonnant avec l'ocre du marbre des murs et du sol. Les reflets avaient de quoi fasciner, tandis que la chevelure de feu de la jeune femme prenait vie sous le contraste des rayons du soir. Si de psychologie, Alyria était une femme d'une complexité extrême car intelligente et engagée, elle pouvait l'être tout autant physiquement pour qui savait observer. Ses petites lentigos auraient put lui donner un air candide, soutenu par des yeux profondément malicieux et vivaces, si seulement son visage harmonieux, affichant sans cesse une expression de détermination ne portait pas une fine balafre sur sa face gauche. C'était une personne qui avait eu la chance de passer de l'état de jeune fille à celui de femme de façon délicate et progressive, conservant quelques traits caractéristiques de l'un et l'autre de ses statuts. Une douce alchimie entre beauté presque juvénile et marque de grande sagesse et de maturité évidente, particulièrement soulignée par les affres des batailles qu'elle avait dut courageusement mener. Si Evengellyne Belluma envoyé un reflet aveuglant d'une beauté réelle et troublante eu égard à son rang de Chevalier, l'apparence Alyria était plus en contraste, la faute à un passif beaucoup plus chargé et plus bouleversant que celui de la Zabrak.
Ce n'est qu'en se tournant sous un certain angle que Leto constata ce que les combats lui avait causé au visage, il ne put s'empêcher de faire l'analogie avec sa propre marque, situé du même côté de son faciès.

Pourtant, les difficultés qui avaient jalonnés sont parcours n'avait pas altéré la détermination qui régnait en elle, sa voix en fit l'admirable démonstration. Pour être tout à fait honnête, Leto ne savait même plus si c'était les autres qui semblaient baisser d'un ton face à son charisme écrasant, ou si c'était Alyria qui parlait de façon abusivement démonstrative, la dernière fois qu'il avait eu à faire à quelqu'un d'aussi confiant et d'aussi naturellement imposant était lointain. Mais au moins, il se dit que l'allure adoptée par Alyria allait de paire avec l'annonce fracassante qui lui fut faite. Il n'avait strictement jamais pensé à une telle éventualité, et la manière sans concession de la Jedi de lui exposer la nouvelle dissimulé la crainte probable que le Falleen ne réagisse très mal. Une sorte de façon de se dire ''quand faut y aller, faut y aller'' pour Alyria. Mais rien ne déclencha grondements, tempêtes, haussements de voix et gestes agités. Quelques secondes passèrent, comme si Leto avait eu besoin de tant de temps pour enregistrer et analyser ce qui avait été dit. Il avait instantanément comprit ce qui se jouait, toute la portée de ce qui venait d'être décidé, et son silence ainsi que son temps de latence lui fut inexplicable. Mais le comportement qui s'en suivi ne pouvait laisser aucun doute à Alyria. Leto joint ses mains dans son dos et fit les cents pas tout autour de la pièce, laissant Aly dans l'expectative. Il savait quoi penser, comment réagir face à tout cela, il cherchait juste comment s'exprimer de façon adéquate. Non pas qu'il se soit douté qu'un jour il atteindrait un tel poste, voir même qu'on le sollicite pour cela, mais il se sentait étrangement serein. Son goûts pour les échanges, les débats d'idées et son naturel stoïque aidant. Déjà se posait-il bon nombre de question. "Pourquoi ?", car il y avait toujours un pourquoi, avec le vécu et l'expérience qu'il avait, jamais il n'aurait toléré d'envisager l'existence de la moindre notion de hasard. Ensuite, il se demandait si par le plus grand des hasards, justement, ses contacts au Sénat avaient eu vent de cela, si ils avaient eut un rôle à jouer. Si il n'avait pas affiché clairement son soutient à la politique de Scalia, n'y aurait-il pas eu des conséquences différentes? Mais cela, il aurait tout loisir de l'apprendre plus tard, ce à quoi il devait songer avant tout c'était de faire preuve d'unité, comme l'un des préceptes de l'Ordre le réclamait. Voilà qu'il allait appliquer cela à la politique désormais.

En effet, Alyria aussi était Ministre. Et aussi brutalement que lui fut annoncé la nouvelle, Leto avait saisi toute l'étendue de ses responsabilités. Les priorités se définirent assez clairement et tout aussi vite dans son esprit. Même si il mourait de curiosité de savoir tout à propos de cette fameuse accusation de haute-trahison envers Lord Janos, il fallait surtout s'accorder avec la jeune Maître Jedi. Une fois ceci fait, et à l'occasion peut-être pourrait-il débattre de manière philosophique sur la légitimité d'un Jedi à faire de la politique, surtout avec une toile de fond aussi chaotique et sombre que l'est celle de la République à l'heure actuelle. Il ne doutait pas, par ailleurs, que si Alyria prenne la peine d'ouvrir le sujet, que le Conseil Jedi avait donné son aval. Dans l'immédiat, il n'y avait donc aucun état d'âme à avoir ni aucun cas de conscience. Et si quiconque s'opposait à lui et sa fonction politique qu'il voulait bien entendu temporaire, il aurait des arguments à rétorquer.

Il se dirigea dès lors vers son interlocutrice, patiente. Sa foi dans sa réponse fut palpable :

- « Très bien, je répondrais favorablement à l'appel du Chancelier.

Il esquissa une sorte de moue de réflexion.

- Ce qui veut dire que nous devons dés lors accorder notre vision des choses, afin de mener une politique cohérente pour le respect des principes que nous servons. Il se décala sur le côté. Certains se demandaient si dans une telle situation, je cautionnerai une guerre ouverte avec les Sith. Voilà qu'il m'est offert l'occasion de répondre de façon ferme et définitive : non, évidemment. Si je suis pour plus de fermeté et d'exigence dans le dialogue entre la République et l'Empire, en aucun cas je ne soutiendrai quiconque désirant la guerre. En expliquant sa pensée, il accompagnait les mots par quelques gestes de la main. Il tenait à être précis dans les termes employés, certaines phrases étaient entrecoupées de courts silences aussi bien pour permettre à Von d'assimiler correctement ses paroles, mais aussi pour lui permettre de sous-peser tout le sens de ses propos. Cependant, je ne suis pas de ceux qui tendent l'autre joue lorsqu'ils sont giflés. Tout n'est question que de point de vue et la nuance est de mise. Si la guerre est menée par d'autre jusqu'à nos portes, alors je n'hésiterai pas à prendre les armes pour protéger les innocents de la République. Il se planta devant Alyria. Conscient que son discours pouvait être contradictoire avec la fonction de Sentinelle qu'il avait occupé pendant tant d'années et qui lui confiait le rôle de traquer et frapper les Sith au cœur, il précisa : Je ne sais pas ce que vous en penser, mais je préfère croire que l'opposition millénaire qui existe entre les Jedi et les Sith ne regardent qu'eux. Les Jedi ont formés des combattants capables de lutter contre les Sith car cela fut nécessaire en concordance avec leur principes, mais cela ne veut pas dire qu'un Jedi doit obligatoirement considéré un Sith comme un ennemi à travers le prisme distordant de la politique. Aujourd'hui, la situation à changé pour nous deux, qu'on le veuille ou non, et c'est avant tout en pensant aux milliards de vies qui sont entre nos mains que nous devant prendre des décisions. Il ne s'agit plus de faire vaincre les Jedi face aux Sith comme bien trop de Chevaliers et Padawan téméraires le pense, mais de servir le peuple. Il hocha la tête, son visage fut barré d'un timide sourire. Je suis sur que nous nous comprenons. »

Bien sur, il y avait de nombreux autres sens de lecture que Leto aurait put appliquer à la situation. Il aurait put évoqué le fait qu'il ne serait pas inintéressant de profiter de leurs nouvelles positions pour s'immiscer dans les fonctions décisionnelles du gouvernement afin de peu à peu resserrer l’étau et maitriser l'Empire. Il aurait put prétendre que les évènements qui se passaient été du pain béni pour les Jedi qui commençaient à, peu à peu voir leur côte de popularité remonter auprès du peuple. Mais il préférait mettre en avant leurs responsabilités désormais exacerbées à la hauteur de l'importance du rôle qu'on leur faisait tenir au sein de la Galaxie. Si de touts temps, les Jedi étaient reconnus comme des autorités morales, désormais, deux d'entre eux et non des moindres avaient une autorité directe, administrative, ou tout ce que vous voulez d'autre. En tant que Ministres, ils pouvaient non seulement conseiller et guider, mais aussi ordonner et décider. Et toute leur sagesse et leur clairvoyance ne serait pas de trop pour cela.

Mais avant même de songer à négocier, parlementer, politiser et débattre avec ceux qui maintenant constitués leurs opposants et leurs collègues politiciens, il fallait le faire avec Alyria elle-même afin de tomber d'accord et se comprendre. Il espérait que cela ne se fasse pas trop dans la difficulté, en vertu de leur respect mutuel et de leur communion supposée en tant que Jedi.

Il l'invita à marcher à ses côtés à travers la pièce d'un geste de la main avant d'ajouter :

- « Que pensez-vous de la politique de Valerion Scalia ? Êtes vous d'accord avec moi à propos du comportement à adopter envers l'Empire Sith ? Ou prônez-vous encore plus de rigorisme, quitte à être abusivement intransigeant, ou au contraire, pensez-vous que la solution est d'être plus conciliant et moins regardant sur les agissements de l'Empire ? »

Vorkosigan avait l'intention de construire la conversation de façon ascendante, comme dans un entonnoir. Plus cela irait, et plus les propos deviendraient ciblés. D'abord, la politique globale, ensuite, si Alyria le désirerait, il serait prêts à se justifier sur sa politique en matière de Justice, puisqu'il était désormais Ministre dans ce domaine. Il ne comptait rien cacher à la jeune femme, si tel était le prix pour une cordialité et une solide sincérité entre eux.

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Il était toujours amusant de voir et de comparer les réactions à des annonces pour le moins singulières suivant les personnalités des gens. Alyria avait eu l’impression de recevoir un saut d’eau glacée sur la tête quand on lui avait dit après Byss le poste qu’elle était censée occuper à présent, puis avait fait appel à toute sa force intérieure pour rester calme le temps de régler le problème de l’Etat-Major, tenir tout simplement, comme elle savait si bien le faire, puis avait passé un bon moment à expliquer vertement son mécontentement à Valérion Scalia.

Leto Vorkosigan, ne réagit pas immédiatement, puis se mit à faire les cents pas pendant un certain temps, avant de parler finalement et d’accepter rapidement. D’un côté voilà qui l’arrangeait fortement, de l’autre, elle se demandait du coup si elle n’avait pas réagi un peu trop vivement de son côté, a posteriori. Quoiqu’en y pensant, là où le Falleen n’avait pas fait mystère de son soutien au Chancelier actuel, ce n’avait pas du tout été son cas. Loin de là même. Ceci expliquait sans doute cela.

D’ailleurs, le nouveau Ministre de la Justice ne perdit pas de temps et attaque directement dans le vif du sujet. Il était évident qu’étant les deux seuls jedis du gouvernement, et à des postes, au vu des circonstances, tout sauf anodins, ils devraient forcément s’accorder afin de défendre au mieux les intérêts de l’Ordre et parler d’une voix commune. Alyria appréciait le fait d’aller au cœur du problème d’emblée, elle qui avait redouté de devoir gérer les décisions du Chancelier en aval.

Cependant il convenait de répondre maintenant aux dires du jedi en face d’elle. A cet instant, elle se rappela la réunion des maîtres qui avait eu plus d’un an auparavant, où les maîtres de l’Ordre s’étaient retrouvés pour discuter de la position des jedis quant au traité d’Artorias. Force était de constater qu’au fond, elle n’avait pas forcément beaucoup de positions, Byss n’ayant servi qu’à confirmer son sentiment que les siths finiraient tôt ou tard par rompre la paix… Et accessoirement, que leur historie de rebelles étaient suffisamment étranges pour lever quelques questions.

Elle décida, comme souvent, de commencer son début de réponse par une petite phrase teintée d’humour, en déclarant :

« Au moins, vous prenez votre nomination mieux que moi la mienne, Maître Vorkosigan. Bon pour ma défense, sans mauvais jeu de mot, je l’ai apprise en revenant du chaos qu’a été Byss, je n’étais sans doute dans les meilleures dispositions… Mais tout de même, je reconnais que vous m’ôtez une sacrée épine du pied. »

Voilà qui était dit. Quant au reste… Reprenant son sérieux habituel, sa face redevenant ce masque impavide qu’il était normalement, Alyria se gratta un instant le menton d’un air pensif, toc démontrant qu’elle était en pleine réflexion, puis finit par déclarer avec une voix songeuse :

« Vous savez, lorsque, il y a un an environ de cela, Maître Don a convoqué une réunion des maîtres jedis pouvant être présent pour discuter de notre positionnement vis-à-vis de la résurgence au grand jour des siths avec un appareil étatique organisé, et par rapport au fameux traité d’Artorias, j’ai pu constater qu’à quelques détails près, nous étions tous d’accord sur une chose : la paix ne tiendrait pas. A un moment, les siths feraient tout pour la briser, et l’utiliseraient volontiers pour affaiblir la République et l’Ordre jedi pas à pas.

Pourtant, nous étions aussi tous d’accord pour dire que la paix devait être signée et soutenue… Car nous n’avions pas le choix, les informations dont nous disposions alors étant fort maigres. Je me suis rangée à cet avis. Et je n’ai pas dévié de cette ligne depuis. »

Cette introduction offrait l’avantage d’un avis très large, qui recoupait de manière pratique le sien. En somme, elle donnait un début, et attendait de développer plus avant. C’était une de ses méthodes favorites d’organisation d’une argumentation. Au fond, de son père militaire et de sa mère diplomate, Alyria avait hérité le goût des mots et de la structure hiérarchisée des idées, ce qui se traduisait par cette manière très particulière de parler, d’exposer ses propos. Bref, elle avait fait son introduction, il convenait maintenant d’expliciter.

« La question n’est pas de savoir s’il y a une guerre… Mais quand. Il ne sert à rien de se voiler la face, je le crains.

Cependant, jamais je ne soutiendrais une guerre d’agression injustifiée, par principe, évidemment. Mais si l’Empire attaque, si des planètes sont menacées, alors oui, je soutiendrais une intervention. Tant que nous pouvons tenter de maintenir la paix, nous le ferons. Malheureusement, mon pragmatisme me dit que cela ne sera pas le cas éternellement. Mais peut-être suis-je pessimiste.

Je pense que nous avons donc peu ou prou même positionnement. »

Cela dit…

« Cela dit, j’apporterais une légère contradiction quand à vos propos. A titre personnel, je ne considère pas que les querelles entre Siths et Jedis devraient être circonscrites à ces derniers. Tout simplement parce que je n’ai jamais pensé à cette opposition dans les termes de futiles désaccords idéologiques sur tel ou tel vision de la Force, mais en quelque chose de bien plus profonds. 

J’ai vu les massacres de civils sur Artorias, les horreurs commises sur d’autres planètes… J’ai laissé ma main pour cela. C’est cela que je considère quand je lutte contre les siths. Pas ce qu’ils pensent de contraire à moi. Le danger qu’ils représentent pour des êtres qui n’ont pas la capacité de s’en défendre. 

La question n’est donc cependant pas en effet de supériorité des jedis sur les siths, ou l’inverse, mais de défendre des valeurs et des vies. En cela, nous sommes parfaitement d’accord.»

Eh oui, Alyria était avant tout une pragmatique, une femme de terrain, qui envisageait souvent les choses sous cet angle, pas celui de la querelle d’idées, qu’elle pouvait apprécier intellectuellement, mais qui selon elle n’était pas forcément le centre de son engagement. Elle vivait pour servir des valeurs, et protéger ceux qui n’étaient pas nés avec les pouvoirs que le destin, la chance, la sélection naturelle, au choix, lui avaient attribués par hasard. C’était sa manière dépassionnée de considérer les choses, froidement, avec logique, de façon presque militaire.

C’est pour cela qu’elle finit par dire à Leto Vorkosigan en guise de conclusion :

« Je pense que d’une façon, j’ai donc répondu à vos questions sur la politique à adopter vis-à-vis de l’Empire sith : prudence, pragmatisme et méfiance. Je n’ai pas oublié le sac du Temple il y a de cela plusieurs années et la mort de tant des nôtres. Je n’ai pas oublié les massacres d’Artorias. Je ne suis pas le genre à oublier… Ni à tout risquer pour une rancœur inutile.

La vigilance me semble nécessaire. Je crois donc que nous sommes d’accord. »

Quant à la politique de Valérion Scalia… Un rire involontaire s’échappa de sa gorge, qu’elle tut bien vite. Cependant, un éclair malicieux brillait maintenant dans ses yeux verts et elle expliqua son accès d’hilarité ainsi :

« Navrée de cette légère crise de fou rire, mais c’est que … En fait de façon tout à fait amusante je n’ai jamais soutenu particulièrement la campagne de Valérion Scalia. Quand je l’ai rencontré au milieu de cette dernière, d’ailleurs, à propos d’Artorias d’ailleurs, donc un tout autre sujet, j’ai passé une bonne partie de cette entretien à le contredire le plus poliment du monde. Notamment sur la question jedi…

Et pourtant, c’est pour cela qu’il m’a nommé ministre… Amusant n’est-ce pas ?
Donc je n’ai rien à proprement parler contre sa politique, tant qu’elle respecte les valeurs de la République et ne déclenche pas volontairement une guerre ouverte, ni ne remet en cause l’indépendance de l’Ordre jedi. »

Avec un léger sourire, elle demanda finalement :

« Ces réponses vous vont-elles, Maître Vorkosigan ? »
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Alyria n'avait pas été des plus enchantée de devenir Ministre, cela, Leto l'ignorait, ce qui s'était passé entre elle et le Chancelier Scalia ne regardait qu'eux. Mais force est de constater que la jeune femme avait la sensibilité et la subtilité d'esprit idoine pour remplir ce rôle à merveille. Peut-être même qu'elle pouvait aller bien au-delà si elle le désirait. Mais sa voie était celle des Jedi, et en général, on ne refuse pas son devoir lorsque l'ont vous dit que vous êtes destiné à apporter la paix et l'équilibre dans la Galaxie. C'est ce que tentent de faire les politiciens honnêtes et tournés vers le peuple, mais là où les Jedi se différencient, c'est qu'ils sont comme touchés par la grâce … divine. Si on pouvait qualifier la Force comme cela. L'avenir d'un Jedi prenait dés lors des allures de petite prophétie pour chacun d'entre eux, une histoire fabuleuse écrite dans les astres bien avant la naissance de toute chose, immuable et inévitable. On ne devient pas Jedi de son propre chef comme on peut devenir secrétaire d’État ou consultant politique, on est choisi, élu par la Force toute puissante. Alyria avait résumé en quelques mots ce qu'avait été l'opposition des Jedi face aux Sith depuis que cette caste de serviteurs du mal avait ressurgit de l'ombre éternelle au-delà des frontières connues de la Galaxie.

- « Malheureusement, nous ne disposons pas de beaucoup plus d'informations concrètes aujourd'hui qu'il y a un an. Tout le dilemme est là, les Jedi se refuseront toujours de porter le premier coup, ce n'est pas dans notre philosophie. Ce qui nous oblige à réagir plutôt qu'agir face aux agressions Sith, à chaque fois. Dit-il entre deux prises de paroles de la Maître d'arme. La guerre est inévitable, je le crains aussi. » Conclu-t-il avec une once de résignation dans la voix, ce qui ne lui ressemblait que trop peu.

C'est à cet instant qu'Alyria jugea bon d'affermir ses positions probablement en réponse à la remarque de Leto. Et ce dernier fut rassuré quoique pas surprit de savoir la jeune femme, tout comme lui parfaitement contre la prise d'initiative des Jedi face à la menace. Encore une fois, si l'avis d'Alyria reflétait celui d'ensemble de l'Ordre, il faudrait attendre l'assaut des Sith et de l'Empire pour voir les Jedi se rallier derrière la République et lutter. Autrement, ce serait la ''guerre froide'' encore longtemps. Et au fond, ça n'était peut-être pas plus mal. Évidemment que savoir les Sith en paix au sein de leurs territoires -volés à la République par la Force était-il besoin de le rappeler, était une pensée assez insupportable pour tout bon Jedi loyal au côté vertueux de la Force. Mais au fond, la guerre directe était évitée, des millions, des milliards de vies étaient épargnées, et cela représentaient probablement la plus glorieuse des victoires auxquelles les Jedi pouvaient prétendre. N'était-ce pas cela au final, l'équilibre ? Et si la Force elle-même désirait l'existence des Sith et de leur Empire maléfique pour contre-balancer l'influence galactique des Jedi et du système diplomatique républicain ? La réponse n'était jamais venue, pas tant parce que jamais aucun Jedi n'avait cherché, mais surtout parce que jamais aucun d'entre eux n'avait eu la force d'envisager cette possibilité. Cela serait probablement interprété comme une douloureuse traitrise de la Force même, si un jour les Jedi pouvaient êtres convaincus que cette dernière les met sciemment et en permanence en confrontation avec les serviteurs du Côté Obscur. Se forcer à ignorer pour se protéger. Est-ce que les Jedi vivaient dans le mensonge depuis tout ce temps ? Est-ce que la Force un jour se prononcera ?

Comme le Jedi l'avait deviné, Alyria était une jeune femme charismatique, forte et indépendante. Son caractère était intéressant, sa volonté était irradiante, c'était probablement la femme la plus déterminée et la plus forte que Leto ai jamais rencontrer au sein de l'Ordre Jedi. Et au-delà de cela, il fallait bien reconnaître qu'elle avait une présence sidérante, un charisme digne d'un Ministre. Ou plus encore. Mais le Falleen en revenait au même débat qui avait animé ses pensées quelques minutes plus tôt. Un Jedi ne choisit guère son destin lorsque la Force lui donne un peu de ses incroyables pouvoirs. Si Alyria est destinée à devenir bien plus que la Ministre de la Défense, alors soit. Mais c'est la Force qui aurait le dernier mot. Serait-ce un signe ? Est-ce que la Force avait des plans bien plus ambitieux pour guider le destin de son enfant prodigue qu'était Alyria ?

Après avoir vaguement entamé un tour de la salle en discutant, les deux Jedi cessèrent leur marche en face de la vaste baie vitrée qui continuait de laisser l'astre diurne prodiguer sa puissante lumière. La conversation semblait se terminer, les deux s'étaient mis d'accord. Leto avait obtenu d'aussi bonnes et précises réponses qu'il aurait put espérer et grâce à cet entretient avait fait d'une pierre deux coup. Non seulement il avait put s'aligner sur les idéaux politiques de Von, mais en plus il avait put mieux la connaître. Cela n'avait pas été très compliqué, suffisait de l'entendre parler, ou en tout cas de savoir l'écouter. Une ou deux questions adéquates, un sujet intéressant qui exigent d'y mettre un peu de son esprit et de ses croyances pour proposer une réflexion intéressante, comme la politique ou la religion, et le tour était joué. Voilà à quoi devait servir la politique. Échanger, parler, argumenter, mieux connaître et se lier aux autres. Pour la paix, l'ordre, l'égalité, le respect, la compréhension. Désormais plus que jamais, Leto était convaincu que la meilleure définition de la politique était cela.

- « Je penses que Scalia est sincère, il aimerait améliorer les relations entre la caste politique et les Jedi. Il est parfaitement conscient que sans l'appuie de notre Ordre, la République serait vouée à la destruction. Bien évidemment, c'est un politicien avant-tout, si jamais il peut en tirer un quelconque bénéfice personnel, je suppose qu'il n'hésiterait pas à se servir des Jedi. Il hocha la tête et ses sourcils s’arcboutèrent, conscient que des concessions devaient être faites. Cependant, il faut reconnaître que nous non plus, nous ne pouvons continuer à faire cavalier seul, au fond, nous visons tous la même chose, la paix dans la République. Il rebondit sur la toute fin de réplique d'Alyria. C'est d'ailleurs pour cela que nous devons garder une ouverture d'esprit adéquate, afin de se rapprocher des politiciens et du peuple républicain. Il n'y a que comme cela que nous seront capables de prévenir le pire. J'ose espérer qu'avec les Jedi à leurs côtés, les politiciens réfléchirons à deux fois avant de déclarer la guerre à quiconque. »

Voilà qui était dit. Leto ne manqua pas d'ajouter à son interlocutrice que ses arguments étaient fondés et que ses réponses étaient très satisfaisantes. Mais il faillit oublier la seconde raison qui avait poussée la rouquine à le demander. C'était un beau jour qui commençait. Une heure plus tôt, il avait enseigné l'Histoire des Jedi à des novices attentifs et intéressés, le lendemain de l'Ordre, puis il avait aimablement échangé avec une admirable consœur qu'il avait eu plaisir à découvrir, et au final, l'annonce de sa nomination au poste de Ministre de la Justice passait presque au second plan. Lui qui n'avait strictement aucun problème avec cela, et qui au contraire ressentait plutôt une nouvelle énergie l'envahir, prêts de nouveau à s'ouvrir à la Force et à faire du mieux possible pour rechercher l'équilibre et la paix.

Définitivement, cette journée commençait bien.

Il s'était préparé à demander si Von n'avait rien d'autre à rajouter lorsqu'il se ravisa.

- « Vous avez évoqué une affaire dont vous vouliez me parler... liée à votre statut de Maître d'arme, pour reprendre vos termes. Qu'en est-il ? »

La journée allait-elle continuer à se dérouler aussi brillamment bien ?

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Il n’était pas rare que dans un Ordre de philosophes, de penseurs, de combattants parfois, forgé autour de trois voies différentes, aux idéaux conjoints mais masquant certains nuances, des conflits plus ou moins forts se fassent entendre. Enfin, conflit, le mot était évidemment trop fort, généralement, c’était plus des divergences d’opinions et de croyances personnelles. Il n’y avait que les universitaires et les jedis pour pouvoir passer des heures à se quereller amicalement sur la signification de telle ou telle phrase obscure en ancien basic trouvé dans un vieux livre datant d’avant la fondation de la République.

Et pourtant, ces dernières années, d’épreuves en épreuves, puis de renouveau en reprise d’influence, les jedis avaient peu à peu resserrés les rangs, et les maîtres, s’ils pouvaient avoir certaines tendances philosophiques personnelles, étaient désormais tous plus ou moins sur la même longueur d’ondes. Pour autant, étonnamment, avec l’éclosion de cette génération de trentenaires dont Alyria faisait partie et qui accédait enfin pour partie aux plus haut-rangs de la hiérarchie de l’Ordre, les jedis ne perdaient guère en diversité. A son humble avis, c’était même tout le contraire. Qu’y avait-il de commun entre tous ces maîtres, hormis l’amour du devoir et de l’Ordre ? Ils avaient tous des caractères divers, et pourtant, peu importait, tous marchaient dans la même direction. De toute façon, ils n’avaient pas le choix, mais Alyria appréciait de voir que malgré leurs vingt ans de différences, elle et le Falleen pouvait tout à fait se comprendre. Là était la beauté de partager un idéal aussi immuable que fort.

Cependant, pour ce qu’il en était de ne pas prendre les devants… Certes, jamais ils ne tenteraient de provoquer une guerre. De là à rester passivement sans rien faire, il y avait un gouffre qu’elle ne franchirait sûrement pas. Déjà, les agents républicains sous son autorité s’agitaient à l’extérieur des frontières, tentant de grappiller des informations, au péril de leurs vies. Les manœuvres de renforcement des bordures de la République n’avaient pas comme but unique de combattre la piraterie, évidemment. Et elle était persuadée que de son côté, l’Ordre avait mobilisé ses Ombres aussi discrètement que d’habitude pour enquêter, et que de nombreux érudits et explorateurs travaillaient de concert pour trouver d’anciennes informations permettant de voyager vers les territoires siths, de les cartographier afin de compléter les données parcellaires fournies par la LMP et l’un de ses deux chefs, Ragda Rejiilic, dont elle avait discuté quelques semaines auparavant avec le Chancelier. Bref, chacun avançait ses pions, avec plus ou moins de dextérité, mais avec une égale détermination.

De toute façon, si elle était honnête, Alyria était persuadée que deux mastodontes aux idées tellement opposées ne pouvaient pas cohabiter. Tôt ou tard, le conflit éclaterait. Le tout était de savoir à l’avantage de qui il tournerait, et la maîtresse d’armes croisait les doigts pour que ce soit vers la République … et l’Ordre jedi.

Rapprocher les deux était en effet primordial. Elle s’y employait depuis ses premiers mois en tant que Ministre, comme bien d’autres avant elle. Les relations entre les deux entités s’étaient considérablement améliorées ces dernières années, surtout avec la réapparition des siths, qui avait eu pour seul effet positif de prouver une fois pour toute la véracité des affirmations de l’Ordre que la Rotonde s’efforçait de balayer auparavant d’un revers de la main ennuyé. Sauf que confrontés à la réalité, froide, sinistre, sanglante d’Artorias, plus question pour les sénateurs de faire le dos rond. En fait, parfois, Alyria se demandait si contrairement à ce qu’avaient pu penser certains de ses prédécesseurs, la clé ne résidait pas dans un rapprochement avec les populations, et non avec leurs dirigeants. Ou alors un savant mélange des deux… Mais c’était son idée en mettant en place notamment le centre de formation médical de Coruscant, affilié au grand hôpital de la capitale, avec une antenne du Medcorps officiellement détachée pour aider à la formation des médecins militaires, et donc au soin des blessés de tous horizons. D’une part, les médecines jedis, militairs et civiles avaient beaucoup à apprendre mutuellement les unes des autres, et cela pouvait amener à des transferts de savoirs et de technologies bénéfiques pour tous, sans compter une meilleure connaissance des capacités de chacun, bref, à une meilleure entente. Bien sûr, cela pouvait sembler minuscule, mais quand on savait le nombre de malades et de médecins qui passaient par là… Ce n’était pas du tout anodin, loin de là. Si Alyria en avait le temps, elle encouragerait le développement de ce genre de partenariat, convaincue que l’Ordre devait se montrer plus vocal quant à ses efforts pour aider les gens. Le silence et l’humilité étaient tout à l’honneur des jedis, mais parfois, faire reconnaître son travail ne faisait pas de mal.

Cependant, alors qu’elle en était là de ses réflexions, Maître Vorkosigan la sortit de ses pensées en revenant sur le sujet initial : pourquoi l’avait-elle fait venir en premier lieu. Evidemment, apprendre qu’elle devait en plus annoncer au Falleen sa nouvelle place de ministre lui avait un peu fait perdre le fil pourtant soigneusement organisé de son but de départ, mais Alyria se reprit immédiatement et fit :

« Oh oui, pardon. J’y viens de suite. »

Enfin débarrassée pour un temps de ses problèmes politiques, la trentenaire adressa à son confrère un franc sourire, et se mit à lui expliquer avec un amour vibrant pour la matière, s’illuminant littéralement à mesure qu’elle évoquait sa fonction de maîtresse d’armes, qui la comblait bien plus que n’importe quelle distinction républicaine. Sa véritable vocation était là, dans cette pièce, au milieu de ces sabres, et contrairement aux problèmes administratifs ministériels qui avaient une nette tendance à la barber, résoudre les petits tracas d’inventaire des maîtres d’armes ne la gênait pas la moins du monde : être passionné par ce que l’on faisait aidait à passer outre ce genre de désagrément.

« Comme vous le savez, les maîtres d’armes sont chargés, en plus de leurs diverses missions, de l’entretien et de l’inventaire des armes de l’Ordre, donc principalement des sabre-lasers même si certains optent parfois pour des instruments plus exotiques.

Quoi qu’il en soit, comme Maître Vocklan est en poste sur Coruscant et que je suis moi-même assignée à mon propre ministère, Maître Vandreen doit assurer à lui seul l’ensemble des fonctions que nous nous partagions jusqu’à alors. Autant dire que j’ai accepté de faire une partie de l’inventaire puisque je passais quelques jours au Temple en convalescence pour le soulager un peu.

Or, en parcourant les archives… J’ai vu qu’il y avait un sabre laser à lame jaune à votre nom dans nos coffres depuis huit ans, que vous n’avez jamais réclamé. Or, apparemment, vous en avez déjà un… Que vous utilisez pleinement.

Il y a une raison à cela ? »


La demande avait été formulée poliment, mais Alyria n’en attendait pas moins fermement une réponse satisfaisante. On ne plaisantait pas au Temple avec les sabres, et les maîtres d’armes encore moins.
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Un fort sentiment de mélancolie vint s'emparer de Leto Vorkosigan.

La simple énonciation de l'existence d'un sabre-laser à lame jaune provoqua en lui une vague de sentiment contradictoire explosive, aussi immanquable qu'un volcan qui crache sa lave en plein milieu d'une plaine paisible... Et le Jedi n'avait pas cherché à entraver cela, car il en était de toute façon incapable. Alyria devait probablement l'avoir senti, tout ce flot de détresse, de culpabilité, de doute et de ressentiment revenu brutalement à la surface. Il pensait ne plus jamais avoir à faire à cela. Il espérait que lui autant que les autres puissent oublier cette histoire, ce chapitre douloureux de son passé. Mais les choses étaient malheureusement immuables, les drames éternels et ils ne cesseraient de le poursuivre. Las, les épaules de Leto s'effondrèrent visiblement, c'était comme si soudainement sa carrure impressionnante était devenu celle d'un vieil homme fatigué. Son visage se voilà de gris, le dépit se lit dans ses yeux auparavant si vif et si intimidant. Leto devait donner une explication à Alyria, il ne devait pas lui en vouloir d'aborder ce sujet, après tout, c'était sa fonction au sein de l'Ordre. Et elle méritait désormais d'être dans la confidence.

Peu de gens l'était, les membres du Conseil, ceux de l'époque et ceux d'aujourd'hui, Maître Saï Don en premier lieux. Maître Vandreen l'était également, Nada-Ma Kendi, son fidèle ami et personnes d'autres. La rumeur s'était éventée, des versions biaisées de l'histoire avaient circulé, si bien que beaucoup de défiance naquit à l'égard de Vorkosigan. Des opposants s'étaient dressés face à l'éventualité qu'il puisse de nouveau prendre un Padawan sous son aile. Mais peu de gens connaissait la réelle histoire, au final. Il se forçat à esquisser un sourire, maladroit, fragile, fugace …

- « Il m'appartient... souffla-t-il. Connaissez vous l'histoire de Maître Ali-Ann Callista ? Devant l'abstention de réaction de son interlocutrice, il devina que non. C'est une de ces longues et dramatiques histoires, parmi des milliers d'autres qui relient les destinés des Jedi et des Sith entres-elles... dit-il fataliste.

■ ■ ■

Flash-back

An 21.558 de la République (-3495)
L'Empire n'existait pas à cette époque, mais les Sith étaient tapis dans l'ombre, sournois et déterminé à frapper la République pour l'affaiblir et la ruiner. Discrets, fourbes, désorganisés mais venimeux et imprévisibles, les groupuscules des adeptes du Côté Obscur multipliaient les escarmouches. Violentes, foudroyantes, leurs attaques étaient aussi brèves que destructrices et ciblées. Chandrila, Dilonexa, Marfa et Salliche avaient déjà été frappées par des attaques éclairs de mercenaires armés et d'individus qui selon les témoignages manipulaient des sabre-laser à lame rouge. Le but de tout ceci : endommager et entraver les centres de production agricoles afin de nuire aux Jedi et à la République. Puis vint le tour, la même années des centres du MedCorps de l'Ordre Jedi répartis à travers toute la Galaxie. Surtout pourvus en médecins et en jeunes novices, les instituts médicales n'étaient guère équipées pour lutter face à ce genre d'assauts aussi brutaux qu'inattendus. Des sites stratégiques furent alors placés sous la protection de l'armée républicaine. Rhinnal fut la dernière étape de cette vague d'attentat. Là où le destin de Leto Vorkosigan a basculé.

L'université de Rhinnal, de laquelle dépendait l'antenne locale du MedCorps était assiégée par un groupement de commandos dirigés par plusieurs guerriers de l'ombre. Une bataille de tranchée avait donné lieux à de longs jours de blocus, les réserves de l’ennemi ne semblaient pas s'amoindrir tandis que les soldats républicains se voyaient forcés d'être remplacés par des unités fraiches tant les combats étaient intenses. Un contingent de Jedi fut envoyé en renfort lorsque la République fut avertit que le bâtiment allait bientôt être détruit. Les analyses tactiques et les lectures topographiques faites depuis l'espace avaient mis en évidence la présence d'un très grand nombre d'explosif répartit sur toute la structure de l'université médicale. Ali-Ann Callista faisait parti de ceux-là, et Leto Vorkosigan, alors âgé de quarante six ans aussi.

Thème musical du flash-back

Infiltrés dans le complexe, les Jedi firent l'erreur de se séparer pour mieux quadriller le terrain. Ils tombèrent un à un, pris au piège par les assassins Sith tandis qu'à l’extérieur, une flotte de vaisseau était sorti de l'ombre. Rejoignant l’atmosphère de Rhinnal alors qu'ils étaient stationnés dans un cadran annexe, les soldats républicains essuyèrent des bombardements et les assauts de troupes supplémentaires. La situation était critique à l'extérieur comme à l'intérieur. Leto, chef de groupe nommé par ses pairs ne put prendre les bonnes décisions, coupé du reste du monde car n'ayant put préservé l'intégrité physique de son comlink. Il tenta de prendre contact avec ses soldats à partir du système de communication de l'université mais ce dernier était hors service. Il ressenti alors, comme des gigantesques coups de marteau glacé qu'on lui portait en plein cœur, le vide, le désespoir et la tristesse s'emparer de lui. Il senti ses compagnons chuter, mourir un à un. Piégé, acculé, seul encore vivant, il se rendit compte de la somme ahurissante d'erreur qu'il avait commit en cet instant. Comment n'avait-il pas prévu de faire surveiller les cadrans spatiaux annexes de Rhinnal pour prévenir d'une attaque surprise ? Comment avait-il laissé ses compagnons Jedi se séparer dans l'université à la recherche des Sith ? Comment avait-il put manquer de prudence et briser son comlink, le rendant inexorablement seul contre tous ? Et surtout, comment avait-il put ne pas ressentir à temps que son bien aimée Maître était à deux doigts de la mort... ?!

Le Falleen avait ressenti la perdition de l'Arkanienne, avait parcouru l'université en toute hâte, avec l'énergie du désespoir afin de lui venir en aide. Et à l'instant où il avait pénétré dans l’amphithéâtre en ruine de l'université, il vit l'éclat doré du sabre-laser de Callista illuminer une dernière fois son visage tordu par la douleur. Elle tenait encore son arme entre ses deux mains, blanches et fragiles mais guidées par une intarissable volonté de justice et de paix lorsque ses yeux, mélancoliques et résignés se posèrent sur Leto. Le temps s’arrêta, une seconde passa, tous auraient put jurer qu'il s'était en réalité écoulé un siècle. Les Sith frappèrent tour à tour de leurs lames de sang, les ombres encapuchonnées, réunis autour de leur ultime proie comme une meutes de prédateurs cruels et sanguinaires. Leto ressenti pour toute dernière preuve de vie d'Ali-Ann une profonde peur, un désespoir inqualifiable, la simple affliction de devoir quitter son ancien élève et ami de cette façon. L'être le plus cher au monde, son monde, gagna le sol lourdement et les Sith prirent la fuite. Ils n'avait aucunement peur de Leto, il le savait, mais ils avaient d'autre plan pour lui, et le moment de sa mort n'était pas encore venu. Le chef des assassins avait sciemment mis à découvert son visage pour que le Falleen goûte à l'horreur qui lui était réservée, pour qu'il puisse reconnaître son infernal bourreau, comme une punition divine qui lui était destinée depuis bien avant toute cette tragédie.

Rien n'aurait put se passer autrement. Comme une partition de musique incroyable de précision, un assemblage de faits, d’événements, de situations et d'êtres vivants s'étant reliés entre eux dans la Force, tout s'était passé avec une morbide exactitude. Un timing parfait, effrayant dans sa nature prévisible mais en même temps absolument impossible à détourner. Ce n'était pas le hasard. C'était la Force.
Celui qui dirigeait les opérations, général Jedi improvisé, l'homme sur qui tout reposait, brillant tacticien et orateur hors pair comme on le décrivait élogieusement, Leto Vorkosigan avait échoué et avait conduit des centaines de soldats à la mort. Quatre Jedi périrent également.

Fin du flash-back


■ ■ ■

Un instant de silence s'installa. Il fallut plusieurs secondes pour que Leto reprenne contenance après ce lourd et accablant récit. Puis il tira le sabre-laser à lame verte qu'il avait à sa ceinture. En le soupesant avec précaution, il dit :

- « Il s'agit du sabre-laser de Maître Callista, beaucoup de monde pense qu'il s'agit du mien car beaucoup ont oubliés ou ne connaissent pas la véritable histoire. Toujours face à l'incompréhension de la jeune femme, il expliqua. Peu avant Rhinnal, Maître Callista et moi avions accompli la Concordance de Féauté. C'est une ancienne coutume Jedi, vous devez probablement la connaître, elle consiste en l'échange du sabre-laser avec un Jedi qu'on estime tout particulièrement, qui représente beaucoup pour nous, pour qui nous avons un respect et une affection indéfinissable. Il soupira, comme si il s'était soulagé d'un poids, invisible mais pesant. Il lui restait une toute dernière précision à apporter pour justifier son choix de toujours porter le sabre de Callista sur lui plutôt qu'un autre. J'ai refusé de reprendre mon sabre-laser car … c'est avec lui dans les mains que Maître Callista est morte. Il détourna le regard, cherchant des yeux un point de fixation autre que le visage d'Alyria. Puis il laissa s'échapper son intention à travers les vitraux de la salle. C'est comme si je n'avais pas sut la garder de la mort, comme si c'était moi le responsable. Comme si mon sabre ne l'avait pas sauvé... Après quelques secondes supplémentaires que Alyria eu l'amabilité de lui concéder pour le laisser errer dans ses pensées, il demanda : pourrais-je le revoir, s'il vous plait ? »

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Immédiatement après avoir posé la question, Alyria sentit qu’elle était tombée sur quelque chose qui allait plus loin qu’un simple problème administratif. Le Falleen auparavant si calme, si serein, plein de maîtrise, venait littéralement de prendre dix ans sous ses yeux. C’était bien sa chance. D’habitude, Maître Vandreen avait tendance à s’occuper de l’armurerie de l’Ordre, tous connaissant son amour immodéré pour l’entretien des sabres, ses dons en mécanique faisant un certain nombre d’envieux. Après tout, sans ses précieux conseils, la trentenaire aurait sans doute eu du mal à construire un second sabre aussi pleinement adapté à son style, et qui comportait autant de fioritures techniques.

Mais qui plus est, Vandreen était un maître au Conseil depuis de nombreuses années, la voix des maîtres d’armes, et à ce titre, savait donc forcément plus de choses qu’elle-même sur le passé de tous les trésors entreposés dans les salles du Temple. Même quand elle pouvait assumer sa charge en permanence, Alyria n’avait que rarement mis le nez dans les imposants registres des maîtres d’armes, ces derniers étant jalousement gardés par son aîné, et ce avec de bonnes raisons apparemment.

Sauf que maintenant qu’elle avait posé la question, il n’était pas question de se décharger sur ce dernier, mais au contraire de prendre le problème à bras le corps et d’écouter l’explication de son désormais collègue ministériel, et qui n’allait sans doute pas être très légère. A la question posée, elle se contenta de répondre par la négative, le nom lui disant très vaguement quelque chose, mais n’appartenait ni à sa génération, ni aux professeurs qu’elle avait pu avoir.
Elle écouta donc sans l’interrompre le poignant récit, qui lui permettait évidemment de mieux comprendre son interlocuteur. Quelque part, à force d’entendre ce genre d’histoire qui se finissait dans le sang, la colère et les regrets, une bouffée de rage envers ceux qui accusaient les jedis de profiter de leurs positions et autres idioties la saisit brusquement. Pas un de ses pairs n’avait eu à connaître une vie sans perte douloureuse, sans carnage ni horreur, qu’elle soit secrète ou beaucoup plus dramatique.

Leurs vies étaient marquées du sceau de la souffrance, et du stoïcisme qui allait souvent de pair avec cette dernière. Pourquoi nombre de jedis âgés semblaient animés d’une sagesse détachée, un peu froide ? Enfant, Alyria s’était posé la question, pensant que cette aptitude était liée à leur noble sénescence, à leur expérience, et bien sûr à la maturité dans la Force. A présent, elle avait acquis la certitude que ces explications, bien que valides, n’étaient que la surface immergée de l’iceberg de Hoth. En fait, ce détachement venait surtout des épreuves, des morts, du souvenir de ceux qu’ils n’avaient pas pu sauver, et qui s’accumulaient, peu à peu.
A peine Chevalier, un jedi avait souvent vu la mort en face au moins une face, s’était fait sans doute conspué par quelques passants peu sympathiques, avait parfois, pour ne pas dire souvent, subi la perte d’amis… Arrivés au rang de maître, rares étaient ceux intacts physiquement, et psychologiquement, elle en était l’une des preuves les plus sinistres. Et pourtant, ils étaient les gardiens de l’ordre… C’en était presque ironique.

Alors, c’était la camaraderie, la foi dans un idéal, une passion pour telle ou telle discipline, et le respect de cette entité étrange appelée Force qui les faisaient encore avancer. Peut-être aussi, tout simplement, le choix conscient d’accepter et de porter le fardeau de ses erreurs aidait également. Cela marquait, brisait… Mais poussait également à devenir meilleur pour que de tels faits ne se reproduisent plus.

Sentant bien qu’il était inutile de dire quoi que ce soit, Alyria tendit silencieusement son sabre à Leto, et lui laissa quelques minutes pour se saisir de cet objet gorgé de souvenirs douloureux, préférant méditer sur ce qu’elle venait d’apprendre. La Concordance de la Féauté n’était pas un rituel inconnu de sa personne, bien qu’elle ne l’ai jamais pratiqué elle-même. En tout cas, il en disait long sur l’attachement des deux maîtres jedis en effet.

Tentant de trouver quelque chose à dire, la maîtresse d’armes ne trouva pas mieux qu’un plat :

« Navré pour votre perte. »

En même temps, elle ne connaissait pas forcément très bien Maître Vorkosigan, ni Maître Callista, et avait donc du mal à trouver un éloge funèbre plus personnel, surtout par rapport à un événement vieux d’une décennie. A l’époque, elle n’était finalement qu’une toute jeune chevalière, qui sortait de son abattement post-Chandrila… Peut-être finalement, qu’elle pouvait trouver les mots…

« Vous savez, Maître Vorkosigan…, commença la jedi d’un ton doux et mesuré, je connais peu de jedis qui n’ont pas connu une épreuve semblable… Moi y compris. C’est en quelque sorte notre fardeau. Un sabre ne peut rien faire, sans la main qui le dirige. C’est la main qui fait tout. Le sabre n’est qu’une extension du bras, rien de moins, rien de plus. »

A ces mots, un sourire amer se dessina sur ses lèvres, et ses yeux se posèrent par inadvertance sur sa main gauche, cachée sous ses éternels gants blancs. On ne l’appelait pas la Main brisée pour rien.

Se reprenant, elle finit par dire simplement :

« Je présume que vous et Maître Callista étiez… proches ? »

Tellement de significations possibles dans ce terme, sans qu’elle veuille pour autant lui donner une connotation particulière. Elle estimait simplement que Leto avait sans doute besoin de parler, d’évoquer le souvenir de cette femme qui avait marqué son existence, et tentait de lui permettre de le faire. Tout simplement.
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Leto sourit fugacement à l'écoute de ce qu'Alyria avait à dire. Elle disait vrai, en ces temps troublés, peu de Jedi pouvait se targuer de ne jamais avoir subit aucun drame ni en être témoins. Était-ce la volonté de la Force que de sans cesse mettre à l'épreuve les Jedi de la sorte ? C'était en tout cas de ce genre de situation -que même le temps ne parvenait pas à résoudre que les Jedi en avaient tirés des enseignements. Ainsi était né leur dogme qui disait que l'attachement était prohibé, tout comme l'étaient l'amour et les sentiments passionnels. Être détaché et neutre les aidaient à faire face aux drames, aux sentiments puissants qui les rendaient instables. La tristesse ne devait plus exister, la haine et la colère non plus pour ne pas être influencé par des évènements aussi brutaux qu'incontrôlables. Si seulement tout cela était aussi facile...

Lorsque la Jedi eu évoqué la fonction du sabre-laser, extension des mains de son manipulateur, le Falleen ne put empêcher un regard vers son interlocutrice. Il se souvint qu'il avait eu vent de son histoire et se rendit compte que si il n'avait pas fait attention, il n'aurait put deviner la présence de cette mécanique remplaçant la chair et les os couvert par ce gant d’albâtre.

- « Nous étions très proches, en effet. Peut-être moi plus d'elle que l'inverse, à vrai dire... lâchât-il dans un soupir. Bien sur, nous savions que ce genre de relation était prohibée au sein de l'Ordre, il n'y eu jamais plus que de la dévotion sincère et une grande confiance entre nous. Peut-être parfois mue en affection à la limite de ce que quiconque pouvait imaginer concernant les sentiments qu'un homme puisse porter à une femme... Je n'en sais trop rien à vrai dire. Je crois... que nous nous contentions de vivre l'instant présent, et de faire attention l'un à l'autre, tout simplement. Vivre l'instant présent, peut-être était-ce de là que venait la philosophie du Falleen qui l'avait guidé vers la Force Vivante ? Leto n'était pas un être particulièrement mystérieux ou secret, il n'était pas pour autant très volubile sur ses pensées et son passé. Il vécu pendant très longtemps persuadé qu'il ne serait pas nécessaire d'évoquer ses secrets pour tout un tas de raison, sans pour autant s’apitoyer sur son sort et se laisser victimiser. Peut-être fallait-il juste trouver les mots pour le rendre plus ouvert ? Ce qu'Alyria avait visiblement réussie à faire en partie. C'était une femme admirable, elle était douée d'une capacité d'analyse hors du commun, ce qui lui permettait de comprendre très rapidement les choses. Elle semblait connaître la véritable nature de toutes choses, on disait même qu'elle était capable de faire le lien entre toutes les choses qui composaient l'univers pour donner un sens à ce qui semblait en être dépourvu. Il se rapprocha de la jeune femme. Grâce à cette sorte de prééminence intellectuelle, elle pouvait adapter ses méthodes d'enseignements à presque touts types d'élèves, c'était une formidable pédagogue. Il soupira, au moins pour la cent quatorzième fois depuis le début de cette journée. Et c'était une fidèle amie, toujours à mon écoute... » Conclu-t-il.

L'éclat de ses yeux continuaient à porter la terne lueur de la mélancolie lorsqu'il reçu son sabre-laser jaune. Sa prise en main était parfaite, bien que celui qu'il avait actuellement était aussi relativement bien adapté à sa poigne. Le métal argenté ne portait aucune marque, la bague décorative couleur de l'or brillait d'un éclat discret et élégant. Il parcourra du bout de l'index et du pouce la longueur du manche, le bouton d'activation rouge était sous sécurité. Une astuce qu'il avait élaboré lui-même afin d'éviter un malheureux accident ou qu'un éventuel voleur puisse pleinement en profiter. En laissant glisser la paume de sa main vers le bout du manche, il fit activer un mécanisme à travers le système de verrouillage du sabre grâce à la Force. Un déclic se fit entendre. Et il put faire naitre une sublime lame laser de couleur jaune dans le creux de sa main. Le doux bourdonnement avait des allures de mélopée à note unique et constante, apaisant et familier aux oreilles du Jedi. Ce sabre-laser à la lame de couleur chaude et exaltante avait été son plus fidèle allié dans les moments les plus sombres et désespérés de sa vie.

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- « Je penses que ce n'est plus un secret pour vous, même si j'estime qu'on ne peut juger un Jedi à la couleur de sa lame. J'ai été une Ombre dans le passé. Il désactiva son sabre mais le garda en main. Ce sabre a une histoire, vous savez ... »

■ ■ ■

Flash-back

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An 21.528 de la République (-3525, Leto a 17 ans)
Leto avait trouvé le cristal qui donnait naissance à sa lame laser sur la lointaine planète Sernpidal, au sein du système Julevien, dans la Bordure Extérieure. À l'origine, cette planète n'était pas reconnue pour être une source de cristaux d'aucune sorte, et encore moins ceux qu'utilisaient les Jedi pour fabriquer leurs légendaires armes. Et après d'intensives recherches, les Jedi constatèrent que les ressources en cristaux de bonne qualité était très éparses et minimes sur cette planète, pourtant, quelques échantillons purent être exploités. La rareté de cristaux fiables et le fait que le Chancelier de l'époque eut désiré garder le secret de la présence de mine à cristaux pour lui et ses collaborateurs au sein de grandes firmes commerciales fit que peu de Jedi furent informés. Par corollaire, peu de Jedi encore vivant aujourd'hui pouvait se vanter de détenir un sabre-laser avec un cristal de Sernpidal. Les analystes de l'Ordre ayant étudiés les quelques milliers d'échantillons récoltés pendant une décennie avant que les sources ne soient définitivement taries purent établir que la constitution des cristaux de Sernpidal était sensiblement identique à ceux de Aeten II, les fameux Stygium. Ils présentaient aussi des similitudes structurelles et chimiques avec les cristaux de Dantooine.

Le secret ne pouvait être éternellement gardé car bien que la planète était très éloignée du Noyau, elle faisait partie intégrante d'une ancienne voie commerciale fréquemment parcourue par toutes sortes de vaisseaux. Ainsi, les rumeurs finirent par aller bon train, des marchands itinérants et des pérégrins rapportant ça et là ce qu'ils avaient vus ou entendus, jusqu'à faire remonter l'information au sein même du Sénat qui s'inquiéter de ne pas être au courant de l'existence d'une potentiel source de revenu supplémentaire. Lorsque le secret fut rompu, le Chancelier avoua que des équipes de recherches et de scientifiques avaient découvert des mines à cristaux sur Sernpidal. En accord avec la bonne entente qu'il y avait à ce moment entre les Jedi et la République, l'Ordre fut le premier à pouvoir se servir dans ces mines afin de fabriquer leur sabre-laser. Leto fut un des derniers Jedi à pouvoir bénéficier d'un cristal de Sernpidal avant que les mines ne soient jugées stériles.

Fin du flash-back


■ ■ ■

Après avoir conté sa petite histoire, Leto soupesa son sabre-laser désactivé.

- « Les cristaux de Sernpidal sont plus lourds que ceux de Dantooine ou Ilum, mais ils dégagent la même puissance pour la plupart. C'est probablement pour cela que ce type de matériaux ne fut pas très populaire au sein de l'Ordre lorsque nous l'avons découvert, l'inertie du sabre peut-être grandement perturbée dés lors qu'on augmente la masse de sa poignée de quelques grammes, cela demande un temps d'adaptation. J'ai placé la chambre du cristal au centre du manche pour une meilleure répartition du poids. Il leva le manche de son sabre à hauteur d'yeux en le tenant par le bout entre son pouce et son index. Deux cellules d'énergie Hemex, reliées à la lentille et la bague émettrice par des bobines supra-conductrices. C'est un système de recyclage de l'énergie perdue qui circule en circuit fermé, pour donner une autonomie quasi infinie, c'est Maître Callista qui m'a enseigné cela. Il posa son index sur le bout du sabre pour indiquer un élément précis de ce dernier. Émetteur de lame Tiamat qui rend la lame particulièrement dense mais qui malheureusement ne peut-être modulable dans ce genre de configuration. Il fit descendre son doigt jusqu'au centre du manche. Et enfin, une lentille de duel d'Ossus, adaptée à ma discipline de combat. Je vous épargne les détails. »

Le sabre-laser de Vorkosigan était indéniablement d'une confection soignée et étudiée pour répondre précisément à ses attentes. Nettement orienté pour le duel et le combat, la fabrication mélangeait des méthodes d'assemblage habiles et des matériaux de grande qualité, parfois rares, comme pour le cristal de Sernpidal afin de donner un sabre-laser d'exception. Le choix qu'il avait fait de parer son arme de plusieurs cellules d'énergie et d'un système de recyclage était motivé par le fait que ses missions en tant qu'Ombre Jedi le menait régulièrement au fin fond de la Galaxie connue, loin des siens et sans moyen d'entretenir correctement son sabre-laser. Ce dernier ayant servi un nombre incalculable de fois pour défendre son propriétaire, nul doute qu'un autre moins bien élaboré se serait déchargé. Leto n'avait pas du tout envie d'essayer quelle genre de sensation une panne de sabre-laser cela pouvait-il provoquer au moment d'affronter des gangsters en masse, ou pi encore, un Sith …

- « Et vous, quelle est l'histoire de votre sabre-laser ? » S'intéressa alors sincèrement le Falleen qui estima avoir monopolisé depuis bien trop longtemps la conversation.

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Alors que le Falleen répondait à sa question, ayant semble-t-il parfaitement compris le sous-entendu qu’elle contenait, et ne cherchant pas réellement à cacher la vérité, Alyria étudia son visage, cherchant dans les contours de sa face à lire dans le maître jedi différemment qu’à travers une écoute simple, ou même qu’en observant la Force onduler paresseusement autour d’eux.

Bien que plus âgé qu’elle d’une double décennie, l’homme n’avait pas les traits marqués par l’âge, ce qui pouvait s’expliquer par la longévité importante de son espèce. Il y avait quelque chose d’intéressant à observer cependant, dans cette allure reptilienne : l’harmonie d’ensemble était brisée soudainement par une cicatrice, estompée certes, mais qui ne pouvait échapper à un examen aussi minutieux que celui auquel procédait la jedi à cet instant précis, paraissant scanner son interlocuteur de ses yeux verts perçants. D’une certaine façon, c’était d’ailleurs un peu le cas : elle ne se contentait pas de l’écouter, ni à l’inverse de le juger : elle l’analysait, fidèle à son esprit impitoyablement rationnel et à sa manie d’observer, de comparer sans cesse les réactions de ses pairs.

Ainsi, alors qu’il parlait de son ancien maître, Alyria pensa pendant quelques secondes qu’elle devait avoir les mêmes expressions sur son visage quand elle-même devait évoquer son meilleur ami… et amant. Cet air d’admiration et de respect sincère, l’affection qui transpirait de son ton, de ses paroles, et de sa figure quand il s’exprimait… Ces signes ne pouvaient pas la tromper sur le lien profond et encore vivace qui avait existé entre les Maîtres Vorkosigan et Callista. Sa nature n’avait pas besoin d’être fixe. A vrai dire, cela ne concernait qu’eux, pas elle. La trentenaire n’avait pas à émettre un avis sur la question, encore moins à exprimer une opinion. De toute façon, elle n’était pas la mieux placée pour cela.

Finalement, n’ayant pratiquement pas cillé pendant tout le temps de cette confession au combien personnelle, la maîtresse d’armes plongea son regard émeraude dans les yeux du Falleen, laissant apparaître une compassion et surtout une compréhension sincère, elle finit par dire d’une voix infiniment douce, presque dans un murmure dont la suavité grave était portée par son timbre si particulier :

« Il n’est pas étonnant que vous l’ayez appréciée à ce point, si un quart de vos louanges seulement est vraie.

Le reste n’appartient qu’à vous et à son souvenir. »


Elle ajouta alors, presque comme une réflexion murmurée à elle-même :

« Parfois, certaines amitiés sont plus fortes, plus puissantes que des amours passionnelles.»

A son avis, le vrai mot était sans doute souvent d’ailleurs, mais elle avait préféré atténuer son jugement. Cependant, son regard se fit lointain, perdu dans un passé et un présent connus d’elle seule dans cette pièce, et elle ne pouvait nier sa croyance dans cette phrase. Peut-être était-ce également pour cela que la frontière entre les deux était aussi mince, et en même temps tellement douloureuse à franchir sans tout faire voler en éclat. C’était sans doute aussi pourquoi, une fois ce pas sauté, l’amitié devait rester le moteur principal du lien. Pour le reste, que ce soit de façon consciente ou non, avouée, partagée, ou à sens unique, peu importait selon elle. Personne ne devait pour autant oublier son devoir, ou se laisser consumer.

Quand Leto activa son sabre, Alyria ne put s’empêcher de se voir attirée par la lueur jaune pure qui s’en dégageait, observant avec un visage sincèrement fasciné l’expression des retrouvailles entre un sabre et son porteur originel. Cela n’avait rien d’extraordinaire pour une maîtresse d’armes, mais la gardienne éprouvait un intérêt passionné pour les armes jedis, ce dernier remontant à son enfance au Temple. A défaut d’être douée pour les construire ou les réparer, eu égard à son don plus que limité pour tout ce qui concernait la mécanique, la demi-echanie était une véritable encyclopédie sur les différents types de sabre et leur utilisation, ne se privant jamais pour renseigner ses confrères et consœurs sur un détail particulier quant à leur utilisation la plus effective possible. Chaque arme jedie avait son histoire, son propriétaire, ses particularités qui la rendaient unique.

Celui-là également, aussi elle écouta avec curiosité Leto raconter sa fabrication, et un détail retint son attention… Sernpidal… La planète faisait maintenant partie des territoires occupés par l’Empire sith. Immédiatement, son côté fouineur reprit le dessus, héritage de son Ombre de maître, et elle ne put s’empêcher de questionner d’un air songeur :

« Sernpidal… Par curiosité… Quand vous y êtes allés à ce moment… Y avait-il des signes… Disons avant-coureurs de sa future allégeance ? Etant donné que cette planète fait désormais partie des territoires siths… Je ne cache pas que cette information, et tout ce que vous pourriez vous rappeler, pourrait avoir un certain intérêt. »

Puis elle ajouta avec un léger sourire :

« Navrée, mais par moment, le travail a tendance à reprendre le dessus… Vous verrez, dans quelques semaines, je suis sûre que vous sursauterez à chaque manquement au troisième paragraphe alinéa cinq de je ne sais quel code civil. »

Comme quoi, la fonction finissait par vous habiter un peu… Beaucoup. Elle revint cependant au sujet premier en commentant sobrement, d’un œil expert légèrement brillant :

« En tout cas, c’est une belle pièce… A l’histoire passionnante, que vous tenez dans les mains. Je ne serais pas maître d’armes si ces petits bijoux ne m’intéressaient pas au plus haut point. »

La question de Leto lui arracha un nouveau sourire, presque espiègle, et un petit rire lui échappa :

« A vrai dire, je devrais plutôt vous raconter l’histoire de mes sabres… »

De sa main gauche, la métallique, elle sortit de son attache à sa ceinture son vieux sabre, celui de sa jeunesse, et l’alluma d’une simple pression. Une lame bleue, pure, surgit, et machinalement, Alyria fit quelques mouvements rapides du poignet, grimaçant en n’obtenant pas la vitesse qui seyait à son avis pour un tel extérieur. Elle changea de main, et refit exactement la même chose, en obtenant un résultat à la différence infime pour l’œil non averti, mais qu’une duelliste de sa qualité ne pouvait ignorer : chaque secousse de l’articulation était sèche, précise, aussi acérée qu’un scalpel. En un mot : parfaite.

Elle expliqua enfin :

« Ceci est le premier sabre que j’ai construit… D’une manière semblable à l’immense majorité des padawans de l’Ordre, soit dans une grotte à cristaux d’Illum. Je me suis immergée dans la Force et l’ai laissée me guider. A l’époque, mon maître ne m’avait donné qu’une seule consigne : ne pas chercher le banal. Etant donné que c’était sa devise, je n’y ai pas trop fait attention… J’avais tendance à l’entendre trois fois par jour. »

Elle fit une pause, se remémorant avec affection Ranek Lond et ses lubies aussi étranges que fascinantes.

« Après un long moment, j’ai fini par trouver ce que je cherchais… Ou plutôt, il m’a trouvé. J’ai glissé et ait atteri après une formidable chute dans une veine souterraine qui n’avait sans doute guère été explorée auparavant… Et devant moi, un cristal bleu d’une pureté sublime, qui semblait chanter vers moi à travers la Force… Je ne saurais exprimer la sensation que j’ai ressentie à cet instant… Mais quand ma main s’est refermée dessus, j’ai eu l’envie directe de protéger cet endroit, d’en devenir la gardienne… C’était très troublant. »

Il n’était pas étonnant qu’après cette expérience, Alyria ait définitivement arrêté son choix sur la voie des gardiens, après une longue hésitation et l’attente de bon nombre de maîtres du Temple.

« Pour le reste, à l’époque, je n’avais ni le talent mécanique ni la volonté de faire un sabre particulièrement personnalisé, et je considérais d’ailleurs qu’il me restait encore un long chemin avant de pouvoir arrêter une spécialisation particulière, notamment au niveau de la longueur de la lame et de la forme du manche. »

Elle contempla encore quelques instants son sabre avant de le ranger, et de préciser :

« Je savais dès cette époque quelle forme de combat m’attirait plus que les autres, mais mon maître tenait à ce que je me familiarise avec l’ensemble des autres techniques jedis. Evidemment, il avait raison. Cependant, quelques années ont passé et au moment où j’ai demandé à rentrer dans les rangs des maîtres d’armes, mon choix était fait… Et le sabre qu’il m’a fallu construire se devait d’en être le reflet, la quintessence. »

D’un geste ferme, elle dégaina son sabre habituel, et bientôt, une lueur violacée vint éclairer son visage. Instinctivement, ses doigts s’enroulèrent autour de la garde courbe, trouvant en un éclair leur place normale, et le rapide mouvement qu’elle fit avec aurait paru presque invisible pour l’œil non averti, tant sa maîtrise de ce fidèle instrument était quasiment parfaite. Avec un sourire satisfait, Alyria expliqua :

« Il est de tradition chez les maîtres d’armes de l’Ordre de construire un sabre exprimant leur appartenance à cette caste, et généralement, la spécialité de son porteur se voit rapidement. Ainsi, j’ai cette fois opté pour un manche courbe, afin d’assurer une efficacité maximale au maniement de la forme II.

Toutefois, j’ai préféré ne pas trop accentuer la courbure, afin de continuer à manier le rester des formes que j’apprécie sans difficulté. Certes, cela demande une maîtrise et une adaptation en continu de la position de duel, mais pour être honnête, comme c’est celle que j’adopte presque toujours… »


L’adaptation lui avait demandé des efforts, mais à présent, elle ne lui posait plus aucune difficulté.

« Pour le reste, évidemment, lentille d’Ossus, plusieurs cellules d’énergie, longueur modulable… Bref, le genre d’ajouts indispensables. »

Le manche en lui-même était d’une élégance rare, constellé d’inscriptions et motifs délicatement gravés, mais qu’Alyria préféra ne pas expliciter, leur signification lui étant extrêmement personnelle, puisqu’elle correspondait au souvenir d’événements marquants de son existence, ceux qui lui avaient fait emprunter la voie de jedi jusqu’à la fabrication de son sabre.

Restait enfin à expliquer la présence de la lame violette.

« Pour le cristal… C’est la couleur symbolique des maîtres d’armes. Et en obtenir un est une entreprise de très longue haleine, croyez-moi. J’ai mis un an avant d’obtenir des informations correctes sur un gisement potentiel sur Christophsis, sans compter le temps pour obtenir l’autorisation d’y aller et de chercher, et un bon moment pour le trouver. »

Elle ne s’étendit pas plus, consciente qu’elle avait soliloqué pendant un long moment. Elle finit par demander :

« Vous voulez vérifier son bon fonctionnement ? »
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Leto voulu dénoter la touche de mélancolie qui pointait dans la voix d'Alyria, il voulu la questionner sur la signification de ce qu'elle venait de murmurer. Mais il se renfrogna. Peut-être n'était-ce pas le moment idoine pour cela, des secrets avaient déjà été dévoilés aujourd'hui, et Alyria n'était peut-être pas aussi enclin que le grand Falleen pour suivre son exemple. De plus, son entrevu avec la maîtresse d'arme concernait le mystère entourant son sabre-laser. L'échange qu'il eut à propos de Maitre Callista n'était que du bonus. Leto n'en été pas forcément mécontent, quand bien même il n'avait jamais eu de contact direct avec Von, il savait qu'il pouvait lui faire confiance. Et il savait aussi que le début d'une relation tel qu'ils l'avaient construite ensemble ne pouvait qu'être bénéfique pour la suite de leur entente. Cela serait plus que nécessaire si les deux Jedi devaient occuper des postes clés comme ceux de Ministre dans un même gouvernement.

Il n'eut pas beaucoup le temps de continuer de s'inquiéter de la vibrante nostalgie de Von car elle souleva un autre sujet qui piqua son intérêt au vif. Décidément, c'était le jour où le passé remonté à la surface et où il fallait tout déballer sur la table. Leto invita Alyria à venir s'asseoir à ses côtés sur une estrade de pierre polie sur le côté de la surface d'entrainement de la pièce où ils se trouvaient.

- « Comme je vous l'ai dis, le Chancelier de l'époque avait cherché à cacher l'existence de mines à cristaux pour négocier leur exploitation avec plusieurs industriels. Cependant, Sernpidal est située sur une voie commerciale mineure, mais aussi mineure soit-elle, cette voie pouvait colporter un tas de on-dit jusqu'au cœur du Noyau. Le secret ne tarda pas à éclater au grand jour. Il accompagna ses explications de vagues gestes de la main et d’œillade vers son interlocutrice pour juger si elle arrivait à suivre tout ce qui été dit. Lorsque le Chancelier eut dévoilé la vérité, l'Ordre Jedi fut autorisé en priorité à se servir des cristaux pour les sabre-laser, mais peu de temps après cette déclaration, il subit une tentative d'assassinat que nous avions réussi à déjouer. Dés lors, une enquête fut ouverte, on s'est naturellement intéressé en premier lieux aux partenaires d'affaires du Chancelier, ceux avec qui il était censé tirer profit des mines de cristaux de Sernpidal. On pensait qu'il s'agissait d'une vengeance d'un de ceux là pour avoir fait s'écrouler ses rêves d'enrichissement. Mais nous avons eu tord, ou en tout cas, c'est ce dont je suis intimement persuadé. Car moi seul ayant soutenu une autre théorie, corroborée par le meurtre d'un des entrepreneurs peu de temps après l'attaque contre le Chancelier … Il reprit son souffle. L'investigation révéla que cet industriel, fondateur d'une grande société de forage et d'extraction minière avait convaincu le Chancelier d'entrer dans son jeu. Mais il y avait pire encore, je suis convaincu que cet homme avait des relations avec les Sith... Son visage se rembrunit, conscient des accusations qu'il venait de proférer sur le dos d'un mort. Mais il avait déjà tenu de tel propos et avait essayé, trente ans auparavant de faire part de ses doutes sans jamais avoir été écouté. Il ne changerait pas d'avis aujourd'hui, il était absolument convaincu que les Sith trempait dans cette histoire louche. L'enquête officielle fut close, et j'ai moi-même reprit cette affaire, en restant discret. Je savais que le Sénat serait contre que l'Ordre Jedi remue toute cette sombre histoire. J'ai découvert que cet industriel avait d'étranges contacts non répertoriés dans les archives républicaines, il communiquait avec ce que je soupçonne être des sociétés écrans et les études faites sur ses journaux de bord personnels montraient des déplacement répétés sur des planètes telles que Vjun... ou Dromund Kaas. Leto plongea son regard gris dans celui de sa consœur, on ne peut plus conscient qu'il venait subitement d'évoqué la planète capitale Sith, le cœur des ténèbres, le siège du Côté Obscur dans toute sa malfaisance. Il en vient à ses conclusions après avoir soupiré doucement. Ce sont mes conclusions et ce que je pense de tout cela, mais vous devez savoir que je n'ai pas été autorisé à poursuivre l'enquête une fois ceci apprit. Je penses que la manœuvre qui consistait à rendre secret l'emplacement des mines à cristaux de Sernpidal visait à priver peu à peu les Jedi de ces ressources pour fabriquer leurs sabre-laser. Ce n'était que la première étape. Les Sith s'en trouveraient forcément avantagés si la pénurie de cristaux à sabre-laser survenait. Le Chancelier n'était pas au courant du dessous de l'affaire, lui pensait simplement magouiller avec ses amis hommes d'affaire pour gagner quelques crédits...

Le soliloque fut enfin terminé. Leto eu un vague sourire et secoua légèrement la tête, à nouveau, il avait parlé longuement sans laisser la parole à son interlocutrice. Il commençait à croire que jamais il n'arriverait à faire autrement. Leto était quelqu'un de contradictoire. Il était capable de garder le silence même sous la torture, de rester discret pour infiltrer n'importe quelle organisation criminelle en tant qu'Ombre Jedi et ça lui arrivait parfois de paraître si stoïque et si froid qu'il en effrayait ses opposants. Mais il pouvait aussi se muer en véritable conteur, historien, esthète de la pensée, philosophe et négociateur, magicien des mots dés lors qu'il estimait le dialogue plus nécessaire que l'affrontement. Et en tant que Jedi, ce genre de conviction pouvait lui arriver bien souvent, à vrai dire. Leto ouvrit la paume de sa main pour y laisser libre le manche de son sabre-laser de Sentinelle, en le fixant vaguement, il conclut.

- « Plus j'y penses, et plus je trouve que cette théorie n'est pas à jeter … après tout, les Sith se fiche des cristaux, ils les fabriquent eux-même pour leur sabre-laser. »

Thème musical de la scène: Leto et Alyria se parlent

Il écouta ensuite attentivement Alyria conter son histoire. À nouveau, sa voix se fit étrangement sotto-voce, son timbre doucement chaleureux et son intonation modulée faisait qu'on arrivait sans peine à suivre son discours, Alyria était une belle oratrice. Elle n'avait pas tord lorsqu'elle prétendait être passionnée par ces bijoux de technologie aussi mortels que magnifiques qu'étaient les sabre-laser, l'histoire qu'elle contait à Leto avec beaucoup de tact et de ressentiment en était la preuve éclatante. Le Falleen nota par ailleurs de l'humilité dans ses paroles, lorsqu'elle expliqua ne pas avoir cherché à fabriquer un sabre-laser esthétiquement complexe car elle n'en avait pas encore la talent ; ou bien encore quand elle avait expliqué s'être plié à la volonté d'un cristal comme si c'était lui qui avait choisi son propriétaire, et non l'inverse. Elle devait être patiente aussi -son nouveau rôle allait la forcer à l'être quoiqu'il en soit, puisqu'elle avait de ses dires mis un temps conséquent avant d'atteindre son but. Plus Alyria s'ouvrait aux Falleen, et plus ce dernier la trouvait fascinante. Il ne s'était plus intéressé à quiconque de la sorte, si ce n'est Kalen lui-même, et accessoirement Evengellyne Belluma, depuis bientôt dix longues années...

La captivante lame violette de Von emplit instantanément les alentours d'une aura de mystère. Leto n'en avait que rarement vu de semblable, d'une part parce que les Jedi a en être digne étaient rares, mais aussi parce que les cristaux d'une telle couleur était extrêmement difficile à récolter et à exploiter dans la construction d'un sabre-laser. Dans certaine civilisation, notamment d'influence culturelle Humaine, le violet était le symbole du mystère, mais aussi de la tristesse, du rêve ou de la solitude. Certaines études en symbolisme et en histoire de la culture démontre aussi que les personnes aimant le violet étaient principalement des gens attachés à des valeurs morales et spirituelles fortes tandis que ces même gens n'accordaient que peu d'importance aux biens matériels. Le violet, dans la culture Jedi avait aussi de nombreux aspects symboliques, subtils et lourds de sens. Chromatiquement, et ceci pour la plupart des races de la Galaxie douées de la vision, c'était le mélange du rouge et du bleu. Probablement les deux symboles les plus forts opposant les Jedi aux Sith. Ainsi, certain érudits se plaisaient à croire que le violet, mélange des deux correspondait bien aux utilisateurs de la Force sans cesse sur le fil, celui qui séparait le Bien du Mal. D'après des études immémoriales, on avait constaté que les combattants manipulant des sabre-laser mauves étaient provocateurs, fougueux et cavaliers, cherchant le conflit et le danger pour mieux se sentir vivant et exacerber leurs réflexe de survie et leurs techniques de combat. Jonglant sans cesse avec le clair-obscur sans pourtant tomber complètement du mauvais côté de la frontière. Mais cela n'était pas toujours véridique. Dans d'autres cultures, avec d'autres races, il fut aussi prouvé que le violet pale, tirant sur le lavande comme on pouvait en trouver en abondance sur Naboo favoriserait l'apprentissage intellectuelle, d'où la raison que bon nombre d'école de jeune enfant dans la Galaxie était décorées de ce genre de couleur. En revanche, un violet trop profond et trop sombre avait des effet étouffant et pouvait alourdir la pensée.

- « Le Makashi est une forme des plus nobles, elle est esthétiquement ce qui a de plus proche de la perfection en terme de discipline martiale. Elle fut créée à une époque où l'esprit chevaleresque et l'Honneur signifiaient encore quelques choses pour les escrimeurs de tout horizon. Commenta le Jedi. Personnellement, je suis adepte de l'Ataru, son dynamisme extrême et sa polyvalence me fait penser que la Forme IV est, si elle est maitrisée, plus efficace que n'importe quelle autre discipline. L'Ataru vise à mettre hors de combat très rapidement n'importe quel type d'adversaire par des assauts foudroyants et surprenants. Il regarda un court instant la jeune femme en songeant à ce qu'ils s'étaient dit pendant toute cette mâtiné. Un lien était indéniablement né entre eux. Leto acquiesça d'un mouvement de la tête. Je serais honoré d'opposer mon Ataru à votre Makashi. Dit-il simplement avant que les deux combattants ne rejoignent le centre de la pièce.

S'étant dévêtu de sa bure et ayant choisit d'utiliser son sabre-laser jaune, peut-être pour tenter de renouer avec son glorieux passé et affronter sa culpabilité, le Maître fit face à la jeune femme.

Tout deux se saluèrent comme il était de coutume avant un duel au sabre-laser en bonne et dut forme, avec la lame du sabre devant le visage, pointée vers le ciel, puis rabattue souplement vers le sol.

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Les déductions du Maître Vorkosigan, couplée aux informations qu’il apporta, ne manquèrent pas d’inquiéter Alyria. En effet, couper les jedis d’un monde contenant des cristaux était une stratégie intelligente pour les contrer. Voilà qui pouvait expliquer la présence des siths sur Sernpidal, planète qui n’avait finalement guère d’autre intérêt que ses cavernes… Et opérer un travail de sape pendant des décennies, voir des siècles, était sans doute la raison pour laquelle ce monde appartenait désormais à l’Empire sith : il était finalement tombé dans les griffes de l’Obscur, succombant à son influence pernicieuse, et comme d’habitude, en exploitant les faiblesses politiques de la République. C’était aussi inquiétant que pathétique.
Cependant, si cette tactique avait été utilisée sur Sernpidal… Qu’est-ce qui empêchaient les siths de la reproduire, et cette fois à plus grande échelle, maintenant qu’ils s’étaient révélés au grand jour et bénéficiaient de toute une machinerie nouvelle derrière eux ? Rien. Et c’était bien cela qui la tracassait. En raison de ses devoirs ministériels, la maîtresse d’armes ne pouvait plus s’occuper des questions administratives liées au bon fonctionnement des armes jedis.

Généralement, faire la paperasse n’était pas l’occupation la plus prisée des maîtres d’armes, qui avaient plutôt tendance à préférer l’action. Cela dit, certains, comme Alyria, avaient conscience de la nécessité d’une telle tâche, voir même y trouvaient un certain plaisir, à l’idée de renouveler des accords de coopération, de s’enquérir de la réussite de tel ou tel padawan dans sa quête du cristal… Des petits plaisirs simples donc, qui lui convenaient parfaitement, et qui, à son grand étonnement, lui manquaient presque.

Or, si elle ne pouvait rien faire à l’heure actuelle, rien ne l’empêchait d’en toucher deux mots à Maître Vandreen, voir à Lorn si ce dernier avait un peu de temps à y consacrer depuis Coruscant. En tant que gardienne, elle avait tendance à préférer que ses pairs soient en mouvement, plutôt qu’ils ne subissent passivement les attaques de leurs ennemis, aussi, si les conclusions du Falleen s’avéraient exactes, ils devraient se préparer à envisager le pire… Et à l’anticiper. Après tout, elle l’avait dit : elle ne croyait pas dans la volonté de paix des siths avec la République… Et encore moins à une quelconque non-agressivité à l’égard des jedis. Au mieux, ils les méprisaient. Au pire, ils les haïssaient. Quelle trêve espérer de cela ?

Accordant à nouveau son attention à Leto, la trentenaire émergea de sa réflexion et finit par dire, l’air pensive :

« Si ce que vous dites est avéré, et je ne doute pas que ce soit le cas, hélas… Alors il y a fort à parier que fiers de ce succès, les siths vont tenter d’aller plus loin… Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? J’en toucherais deux mots aux autres maîtres d’armes, pour qu’ils surveillent plus attentitvement les nouvelles en provenance de nos sites d’extraction. Heureusement, les planètes possédant des cristaux nécessaires à la confection de nos sabres sont assez nombreuses en territoire républicain, même si aucune ne recèle la profusion d’Illum dans ses entrailles en matière de cristaux.

Peut-être pourrons-nous également profiter de nos positions au sein de l’appareil politique pour mettre en relation certains sénateurs avec le Temple pour trouver de nouveaux accords. Etant donné la situation, ils ont tout intérêt à ce que nous continuions à pouvoir les défendre… Ou à obtenir une rétribution économique, à tout le moins. »

Ce discours pouvait sembler bien calculateur et politicien dans la bouche d’une jedi. Mais comme elle l’avait souvent martelé, Alyria était avant tout une pragmatique. A son poste de Ministre de la Défense, elle n’avait aucune intention d’avantager son Ordre ou d’intriguer quoi que ce soit. Cependant, il ne fallait pas être idiot : être à des postes-clés était l’occasion, après des années de méfiance, pour renouer le contact avec la classe dirigeante républicaine, et lui montrer les avantages d’un partenariat mutuellement profitable. Trop souvent, nombre de sénateurs avaient tendance à considérer l’Ordre jedi comme une sorte d’Etat dans l’Etat. Il était temps de les faire souvenir qu’ils n’étaient pas des rivaux, mais bel et bien des alliés. Voilà pourquoi la jedi s’était pliée aux desideratas du Chancelier lors de leur visite sur Lianna, en profitant pour prendre contact avec de nombreux officiels, qui avaient finalement trouvés que parler à quelqu’un d’intéressée à l’idée de leur faire signer d’importants contrats d’armements n’était pas complètement inopportuns.

Si la guerre des armes n’avait pas encore commencée, celle de l’influence, elle, était toujours à mener, et Alyria s’employait avec les moyens mis à sa disposition pour augmenter celle de son propre camp. Les politiques servaient trois maîtres : eux-mêmes, leurs partisans, puis enfin, pour beaucoup quand ils avaient le temps, la République. Les jedis n’en avaient que deux : l’Ordre et la République. En voyant ce tableau, la gardienne ne pouvait s’empêcher de penser que si elle était une simple citoyenne, elle s’empresserait de privilégier ceux qui ne comptaient aucunement servir leur petit intérêt personnel et préféraient se consacrer à la République…

Enfin, il ne lui appartenait pas de juger, et du reste, il était plus que temps pour elle de refermer le volet politique de cette discussion. Maître Vorkosigan et elle-même auraient tout le temps de s’y atteler une fois sur la capitale républicaine, aussi elle préférait profiter du peu de temps qu’il lui restait sur Ondéron pour se consacrer à des activités qui lui étaient plus naturelles, et aussi bien plus agréables.

Comme elle s’y était attendue, son aîné accepta un entraînement, même si un sourire se dessina en l’entendant vanter les mérites de l’Ataru. Voilà qui ne tombait pas dans l’oreille d’une sourde, et pour cause : si la forme II était son style de cœur, la voie du Chauve-Faucon était la plus adaptée à ses capacités physiques largement au-dessus de la moyenne en termes d’agilité. Héritage de son sang echani et d’une génétique généreuse, ce n’était un secret pour aucun de ses anciens camarades de classe ou maîtres qu’Alyria était une acrobate douée, capable de se contorsionner dans tous les sens et d’enchaîner les figures aériennes de façon presque innée. C’était notamment pour cela que son Makashi avait atteint un tel degré de fluidité, son jeu de jambes étant très largement supérieur à ce dont étaient capables les combattants ordinaires. Dans la même veine d’idée, c’était également pour cela qu’avant son amputation, elle était particulièrement habile dans l’usage du Jar’Kai, même si depuis, elle répugnait à employer la Forme X.

Aussi elle se contenta finalement de répondre :

« Toute forme, maîtrisée au mieux par le jedi réussissant à en tirer toute sa quintessence, peut se révéler aussi polyvalente qu’efficace. Des plus appréciées, aux plus dangereuses. »

Eh oui, même un Shi-Cho élevé au rang d’art devenait une arme redoutable dans les mains d’un duelliste averti, tout comme les très rares jedis ayant décidé d’expérimenter les usages complexes du Juyo pouvaient devenir des bretteurs d’exception dès lors qu’ils réussissaient la synthèse entre puissance et contrôle parfait des émotions employées. Ainsi, selon Alyria, il n’y avait que des affinités stylistiques, et non des choix intéressés à effectuer. Mais là n’était pas, une fois de plus la question. Déjà, il convenait de définir les règles de ce duel amical, pour commencer, avant de faire parler le fracas des armes.

« Bien, en trois touches, cela vous convient ? »

Saluant le Falleen qui avait, à sa légère surprise, empoigné son sabre à lame jaune, elle rabattit la lame en arrière, selon la tradition des adeptes de la Forme II, dans un geste épuré, puis la ramena à l’avant, se mettant en position de duel, celle traditionnellement employée pour l’usage du Makashi, avec son arme tenue au bout du bras droit, parallèlement à sa jambe d’appui, la gauche restant en arrière, un peu en extension, pour permettre, le moment venu, de commencer le combat de façon foudroyante, comme elle en avait l’habitude. Une fois de plus, ce combat ne fit pas exception à la règle.

Avec la vivacité d’un Serpent-Cal, Alyria détendit son bras, avançant d’une enjambée rapide pour porter un coup d’ouverture destinée à tester la réactivité de son vis-à-vis, et surtout à l’empêcher de déployer d’emblée son propre jeu de jambes. Si nombre de jedis, souvent adeptes du Soresu, préféraient laisser le privilège de porter la première estocade à leurs adversaire, la maîtresse d’armes, en fière praticienne des formes de combat les plus agressives du répertoire enseigné au Temple, préférait nettement tenter de prendre l’ascendant dès le début.

Du reste, c’était avant tout une question de maîtrise et de style. Le Makashi était aussi efficace à très court terme qu’à long terme, et la mise sous pression de la garde adverse une nécessité, quitte à passer ensuite par une phase plus défensive pour se ressource et fatiguer le bretteur en face d’elle. Pour le moment, elle titillait donc la défense de Leto, enchaînant les passes d’armes simples, certes, mais surtout amples, afin d’imposer son propre rythme et de voir jusqu’où elle pouvait pousser avant de le contraindre à se fendre pour tenter de passer à l’attaque de son propre chef.

Lorsque ce moment viendrait, alors, elle saurait très exactement quoi faire, dans la plus pure tradition de la forme II.
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- « C'est parfait. » Lança Leto, qui ne feignait nullement l'enthousiasme de s'opposer à un adversaire aussi formidable que Alyria.

À dire vrai, il ne l'avait jamais vu procéder. Pas même un entrainement commun, il n'avait jamais effectué une mission ensemble, ni même vu son sabre-laser à l’œuvre. Si ce n'est lorsqu'elle était jeune où déjà à ce moment là, la jeune fille lui avait tapé dans l’œil tel un joyaux brut et ostentatoire qui attiserait la gourmandise de la quatrième amante du Sénateur Keyiën ... Tout ce qu'il savait des capacités actuelles de la maitresse d'arme, c'était par des on-dit, des folles rumeurs mues par une admiration sans limite et probablement, comme pour toute légende, distordues par une exagération irraisonnée. Encore que, en voyant la souplesse instantanée qu'Alyria dégagea, l'arme à la main, Leto pressenti que tout n'était pas forcément que loufoque racontar entre Chevalier Jedi un peu trop impressionnable.

Fidèle à son Ataru, Leto leva sa lame proche de son visage, sur le côté droit. La lueur dorée du laser venant clairsemer ses yeux tandis que dés les premiers échanges, la fluidité du Makashi vint immédiatement contraster avec la fougue de la quatrième discipline. Ce fut Alyria qui mena la première manche, déployant un panel de techniques et de moulinets loin d'être tout ce qu'avait le Makashi à offrir, mais suffisant pour placer Leto sur la défensive pendant un instant. Ce dernier, se laissant pénétrer par toute la philosophie et la nature de l'Ataru paraît chaque attaque avec un brin d'énergie supplémentaire à chaque seconde. Si bien qu'au bout de longues minutes à reculer, les parades qu'effectuait Leto semblaient se changer en attaques, le Falleen, peu à peu, ne se contentait plus de mettre sa propre lame laser en opposition de celle de son adversaire, mais repoussait cette dernière sans ménagement. Il usait de sa grande taille et de sa musculature pour désaxer les frappes d'Alyria et dévier son sabre violet. Même dans la défensive, l'Ataru demeurait agressif, et un bon Ataru, maitrisé pleinement était un Ataru ultra dynamique, vif et indomptable.

La façon qu'avait Leto de peu à peu faire parler sa force physique était très progressive, si bien qu'à la fin de la première vague d'assaut d'Alyria, celle-ci devait s'être rendu compte que même si le Maitre Falleen n'était pas un expert du Soresu, il lui faudrait bien plus pour être vaincu. Jusqu'à présent, Vorkosigan avait gardé le contrôle, rien de plus simple lorsque votre adversaire ne se contente que de jauger celui qu'il a en face de lui. Si cela continuait en ce sens, l'endurance exceptionnelle, condition sine qua none à une parfaite maitrise de l'Ataru de Leto ne serait pas mise à rude épreuve. Et quitte à voir jusqu'où le Falleen pouvait tenir avec une défense méthodique et sérieuse, autant lui-même lui montrer de quoi il est capable sans demander l'autorisation à la jeune femme à la chevelure de feu ! Après tout, si son rang n'était pas usurpé, Leto savait qu'elle saurait contenir et encaisser la fureur d'un Ataru.

Sa bure, semblable à une cape brune virevolta tandis que Leto allongea les pas, prenant des appuis solides et récitant quelques gammes simples d'attaques qu'il affectionnait tant. Les angles étaient variés, quoique pas si acrobatiques que cela, la vivacité du déplacement de sa lame était un brin intermittente tandis que l'exigence du bretteur Falleen pouvait sauter aux yeux même des plus novices. Puis la fluidité gagna en netteté à mesure que la souplesse de ses coudes, épaules, de ses genoux et de ses poignets s'affinaient. En temps normal, un Ataru puissant et implacable était fait pour mettre un terme de façon foudroyante à un combat. Cette fois-ci, Leto avait décidé de ne pas insulter la saine rivalité qu'il pouvait éventuellement y avoir entre lui et Alyria en agissant comme face à un ennemi. Il aurait put forcer son talent, faire appel à la Force pour pousser sa discipline à son paroxysme, puiser dans une énergie hors du commun pour tenter de faire plier instantanément son adversaire. Mais ce n'était pas cela qu'il désirait. Il se faisait tout simplement plaisir en exécutant des gestes techniques et des parades typiques de l'Ataru en sachant qu'il avait une partenaire assez habile à ses côtés pour pouvoir l'éprouver à loisir.

Pour autant, il ne fallait pas oublier que la joute était régie par une règle simple, la victoire en trois touches fictives, et qu'il n'y aurait que deux issues possibles pour les deux combattants. La victoire, ou la défaite.

Spoiler:
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Imaginer qu’une attaque aussi brute pourrait mettre un terme à ce duel à peine commencé aurait été insulter le talent et le rang de maître de l’adversaire d’Alyria, aussi cette dernière encaissa le premier contre de Leto sans broncher, les lames jaunes et violettes s’entrechoquant dans un concert d’étincelles plasmatiques qui colorèrent brièvement leurs visages. Puis les deux bretteurs s’éloignèrent l’un de l’autre, et la danse continua.

Reculant et avançant dans une suite ininterrompue de feintes et de parades, la maîtresse d’armes s’en tint dans un premier temps à une panoplie honorable d’attaques, de celle qu’aurait pu déployer un Chevalier ou un Maître correctement appliqué, mais sans réellement forcer son talent, se contentant de tester les défenses du falleen, de titiller sa garde sans chercher immédiatement la petite faille qui lui permettrait de le mettre en danger. Pour le moment, elle se contentait, comme lui, d’observer et de cartographier dans sa mémoire le style de son vis-à-vis.

La trentenaire avait toujours pensé que la clé d’un combat ne se trouvait pas dans la force pure, ni-même réellement dans le fait d’être plus doué, plus puissant que son rival. C’était une pensée qui ne lui correspondait pas, qui cherchait directement la fin au risque de ne pas se donner les moyens d’y arriver. Il était facile de s’en tenir à ses enchaînements préparés à l’avance sans varier d’un iota leur cadence, en comptant sur ses capacités naturelles pour prendre le dessus. Sauf qu’on finissait toujours par tomber sur plus musculeux, plus rapide que soi. Non, il fallait une autre manière de penser le duel.

Pour la demi-echanie, il fallait comprendre la façon de fonctionner de l’adversaire, puis en tirer profit. Bien sûr, cela supposait une endurance à toute épreuve et des méninges aiguisées, mais l’expérience avait tendance à rendre le décryptage des stances de combat aisées. Elle avait assisté à des centaines de duel, en comptait un certain nombre à son actif, avait appris et visionné dans cette même salle toutes les étapes des plus grands affrontements qui avaient émaillé l’histoire des jedis, et souvent des siths. Son cerveau avait emmagasiné une quantité phénoménale d’approches, d’attaques et de défense, et son amour de la combinaison, s’il lui servait pour mettre au point ses propres bottes, était aussi un atout hors du commun pour déchiffrer les habitudes d’autres sabreurs.

Ainsi, tout en enchaînant des frappes a priori sans importance, la sang-mêlée avançait en réalité soigneusement ses pions, attendant la réaction de Leto pour l’analyser, ne relâchant pas sa vigilance sans chercher forcément à étouffer les velléités de son aîné. Après plusieurs minutes sur la défensive, ce dernier décida enfin de répliquer, et le changement d’inclinaison de sa lame, pour adopter une posture de contre-attaque, et non plus uniquement de parade, n’échappa pas à son œil perçant. Pour autant, elle le laissa faire, curieuse de voir où cela la mènerait, la curiosité la poussant à se tester contre un adversaire usant de sa pleine puissance. Or, pour le moment, ni l’un ni l’autre ne montait réellement dans ses gammes. Peut-être que cela allait changer.

Bientôt, ce fut elle qui commença à se retrouver sur la défensive, et Alyria adapta immédiatement sa posture pour basculer dans un mode plus adapté à une garde aussi efficace qu’impénétrable. Le Makashi avait l’avantage de se pratiquer aussi bien dans l’attaque à outrance que dans la parade savamment calculée pour offrir une occasion de contre-attaque mortellement précise après. Certains auraient même argué que c’était là la quintessence de la voie de l’Ysalamir : se détendre au dernier moment pour cueillir sa proie, comme l’animal du même nom. Et ce n’était pas la gardienne qui irait contredire cette affirmation.

Écartant sans coup férir les assauts tourbillonnants de la lame jaune autour d’elle, ses yeux verts rivés en permanence sur le falleen, Alyria commença à remarquer les petits détails qui allaient faire la différence : quelles inclinaisons Leto préférait, sa vitesse d’enchaînement, ses enchaînements basiques qui servaient de liaison entre les différentes phases de combat… Tout cela formait un puzzle qui lui fallait résoudre au plus vite, pour profiter de cette phase d’assaut pour placer une première contre-attaque aussi fulgurante que possible.

Enfin, alors que l’aîné des deux maîtres s’avançait à nouveau, le déclic se fit dans son esprit. Elle avait trouvé la première faille. Fini de jouer. Subrepticement, la Main brisée commença à glisser de la parade pure à l’esquive, se servant aussi bien de son agilité que de son arme pour éviter les attaques, et ceci dans un but précis : se mettre en position de toucher directement au cœur, et ce, factuellement parlant, même si elle arrêterait son sabre avant l’impact fatal. Une telle manœuvre exigerait une coordination et un timing sans faille, et cette perspective l’excitait. Elle sentait l’adrénaline du combat couler en elle et répandre son feu brûlant dans son cœur de guerrier echanie. La véritable expression d’un lien ne se trouvait que dans l’affrontement amical, avait coutume de professer le peuple de son père. Quelle forme allait prendre celui qu’elle entretenait avec Leto à l’issue de ce combat ? A elle de le découvrir.

L’ombre d’un sourire passa sur son visage, et elle commença sa danse. Première attaque sur la gauche, esquivée d’un bond sur le côté, toujours à gauche. Deuxième frappe sur son flanc droit, exposé à dessein, évitée d’une leste roulade arrière. Troisième mouvement en plein sur elle, paré par un décalage sur la droite, en prenant la lame du falleen suffisamment haut pour accomplir ce qu’elle désirait. Elle était arrivée où elle le désirait.

D’une rapide torsion du poignet, elle écarta le sabre jaune de son chemin, se positionna d’un écart rapide en face du maître, et se détendit pour appuyer d’un coup vicieux vers ses jambes, afin de l’obliger à se reculer ou à défendre, puis profita de l’élan pour se lancer, implacable vers son but ultime. La lame violette fila dans un éclair vers le torse du maître dans un Shiak rendu aisé par sa parfaite maîtrise de la célèbre technique de la Riposte du Makashi, sa signature personnelle.

Arrêtant son sabre juste à temps, Alyria laissa passer quelques secondes pour que Leto constate sa victoire dans la première escarmouche de cette bataille sans enjeux avant de rétracter son bras et d’annoncer sans intonation particulière, dans une intention de statuer simplement l’évidence :

« 1-0. A vous, Maître Vorkosigan. »

Le premier acte de cette pièce qui en comptait au plus trois venait de se terminer. La maîtresse d’armes avait hâte de savoir ce que le suivant allait lui réserver, et il lui tardait de connaître la réaction d’orgueil de Leto qui ne manquerait pas d’intervenir, et de lui offrir un défi autrement plus relevé que nombre des duels qu’elle avait mené ces dernières années…
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À mesure que les échanges s'effectuaient, Leto plongeait dans la Force. Pas tant pour l'aider à affiner ses enchainements, gagner en précision et en vitesse que pour lui donner la lucidité nécessaire à l'analyse du comportement d'Alyria. Et il vit naitre dans la Force des filins de lumière qui jaillissaient d'elle, qui l'enveloppaient et tourbillonnaient alentours, tels des rubans sous une brise matinale. Son aura tout entière commençait à irradier, il vit ses mouvements devenir d'une fluidité effarante, comme si son sabre-laser devenait pinceau, sa cible une toile et ses émotions la couleur d'une peinture sublime et unique. Les vrombissements réguliers des armes laser cessèrent, les crissements suraiguës et les éclats de jaune contre le mauve disparurent pour ne laisser que deux êtres portés par la Force se faire face. Les yeux de Leto semblèrent se perdre dans le vide, ses pas et ses gestes, méthodiques suivirent une ordonnance mystérieuse, chaque fois contrecarrés et interceptés par les propres mouvements de son adversaire. Puis la victoire ne prit qu'une demi seconde pour se décider. L'éclat des yeux du Falleen se vit fugacement colorés de violet, trop tard, il avait raté la parade qu'il ne fallait pas raté. Il avait accompli le pas de trop en avant, il n'avait pas détourné suffisamment le coup de sabre qu'il aurait fallu, et désormais, la pointe du sabre-laser de la maitresse d'arme menaçait de lui passer au travers de la poitrine.

Un minuscule rictus vint faire tressauter la commissure de ses lèvres, son souffle se fit incroyablement lent eut égard aux efforts physiques qu'il avait déjà dut faire, et au moment où Alyria laissa choir la pointe de sa lame, la poitrine du maitre Jedi se leva avec l'inspiration qu'il venait de prendre. Il détestait devoir s'avouer vaincu, surtout dans ce genre de situation particulière où il n'y avait aucun plan B possible. Il n'hésitait pas à reculer pour mieux sauter, renoncer maintenant pour frapper plus fort demain, mais seulement quand cela était possible. Aujourd'hui, il n'y avait aucun moyen de se cacher, pas de possibilité de prétendre faire mieux plus tard, le verdict viendrait ici et maintenant. Cette détermination et cette pugnacité, Leto dut pendant toute son adolescence lutter pour qu'elle ne se transforme pas en colère, en vantardise, en impatience ou en fureur, ce qui l'aurait mené vers le Côté Obscur.

Mais maintenant qu'il avait suffisamment évalué le talent de son homologue, il savait dans quelle proportion il se devait de faire monter en intensité ses propres performances. En d'autre terme, il savait dés à présent qu'il devrait se surpasser pour vaincre. Faire mieux que jamais. Au Temple, parmi les dizaines de Jedi qu'il avait dut affronter, seul maître Don, Vandreen, Callista et Jivokka avait sut le vaincre. Il ne tenait pas à ce que Alyria Von, avec tout le respect qu'il lui devait, s'ajoute à la liste ! Cette joute s’annonçait terriblement plus fatigante que quiconque ne l'aurait crut.

Leto désactiva son sabre-laser avant de le raccrocher à sa ceinture. Tout en prenant de longues mais discrètes inspirations pour gorger ses poumons d'air frais et faire subtilement s’accélérer le flux sanguin dans ses veines, il se défit de sa lourde bure de Jedi. En la pliant avec soin, il alla la déposer sur le banc de pierre où Alyria et lui était précédemment assis avant de revenir au centre de la pièce. Il constata que, hasard ou vœux de la Force, son adversaire était précisément à l'endroit où il aurait voulu qu'elle soit, lui-même approcha d'un demi pas pour se situer où il le fallait dans la pièce. Bien loin encore de Maître Von, mais là où il le voulait pour continuer à lutter.

D'un geste de la main dans le vide, Leto activa un dispositif dont le panneau de commande était situé sur le mur opposé, la pièce toute entière se mit à trembler et un bruit résonnant s’éleva. Puis, un sifflement, comme si de l'air pressurisé se dégageait subitement survint et douze colonnes de pierres brunes sculptées sortirent du sol. Leto et Alyria en occupait chacun un des sommets à hauteur similaire. Seules les deux piliers sur lesquels se situaient les Jedi étaient de même taille, les dix autres colonnes variaient entre les quatre et les huit mètres, et le diamètre de la plate-forme sur lesquelles Leto et Alyria devraient jouer les équilibristes ne mesurait pas plus de quatre-vingt dix centimètres. Cette architecture particulière servait aux entrainements très avancés pour les grands manipulateurs de l'Ataru, mettant en exergue leurs capacités à s'adapter au terrain difficile d'accès, à jauger les distances et les angles et à parcourir les trois axes de déplacements lors d'un assaut. Puis, enfin, le Falleen reprit en main son arme et de nouveau, la lame dorée refit surface :

- « Seconde manche, Maître Von. » Indiqua-t-il sobrement.


> > Thème musical de la scène: la danse fatale des Jedi < <


Et il bondit, instantanément guidé par la Force bien plus qu'il ne l'avait jamais été lors de cette confrontation. Effectuant un habile saut périlleux au-dessus de la tête de son homologue, le Jedi fit s’abattre sa lame laser jaune lorsqu'il passa prêt de son visage. L'attaque avait été soudaine, impressionnante, mais la lame mauve de Maître Von s'était interposé de justesse. Se réceptionnant sur une colonne dans le dos de son adversaire, le Falleen bondit à nouveau de côté pour aller de piliers en piliers. Le Maître de l'Ataru ne semblait pas toucher la surface des colonnes de pierre plus d'une seconde à chaque fois, tourbillonnant et bondissant tel à prédateur, en moins d'une minute, il avait déjà effleurer du bout de sa botte l'intégralité des pilonnes qui s'étaient dressés dans la salle d'entrainement. Convaincue que rester au même endroit et subir les assauts répétés du Falleen n'était pas la bonne solution, Alyria avait entreprit de le suivre dans ses folles cabrioles. Les deux Jedi se croisaient à même les airs, leurs sabres s'entrechoquaient dans de furieux crépitement.

La lame jaune du Falleen fouettait l'air avec tant d’énergie que son tracé résiduel coloré était parfaitement visible à l’œil nu, son schéma d'attaque avait littéralement explosé, se servant de l'intégralité du potentiel de l'Ataru. Désormais, ce n'était plus des attaques frontales et quelques feintes de corps auxquelles Von devait répondre, mais à un véritable déchainement de coup, de moulinet, de fauchage et d'estoc. Devant, derrière, par dessus, sur les côtés, et même à travers des angles d'approche qu'il n'aurait été clairement pas envisageable d'emprunter si Leto avait eu les deux pieds au sol, la frénésie de l'Ataru se dévoilait dans toute sa splendeur. Plus d'un combattant aurait littéralement perdu la raison à force de se voir la tête en bas, les pieds en haut, voire pire encore en suivant les insensées cabrioles de Vorkosigan. Mais lui avait l'habitude, il gardait une lucidité sérieuse quand bien même il passait plus de temps en l'air que les pieds sur terre depuis plusieurs longues minutes maintenant. Son esprit était entrainé, sa concentration au paroxysme, sa précision décuplée, dans ce genre de situation où il était secoué comme sur le dos d'un Shaak, il voyait et percevait des choses que personnes d'autres ne pouvait voir. Comme les faux pas, discrets mais réels de son adversaire, ses hésitations, ses succincts coup d’œil de côté ou par dessus son épaule pour s'assurer qu'elle pouvait se déplacer sans danger. Elle était une combattante émérite, mais peut-être qu'elle n'avait pas autant l'habitude que Leto de se genre de galipettes effrénées. Ses réflexes étaient sensationnels, mais peut-être pas taillés pour ce genre d'exercice poussés à son plus haut degrés de difficulté pendant autant de temps.

L'Ataru était probablement, avec le Makashi, justement, la discipline de combat au sabre-laser la plus exigeante et la plus longue à maitriser. Véritable amante que l'ont doit choyer et avec qui ont doit se montrer extrêmement patient et attentif afin d'en tirer touts les avantages, l'Ataru maitrisé à cent pour cent comptait parmi ses pratiquants bon nombre de vieux maîtres Jedi qui avaient finit par connaître toutes ses arcanes alors même que leur énergie et leur forme physique déclinait avec l'âge. Il n'était pas rare de voir des Jedi parfaire leurs entrainements à l'Ataru durant toute une vie et ne pas en atteindre la quintessence absolue pour autant. Comme le Makashi, l'Ataru était complexe, intransigeant, bien trop pour la plupart des Jedi qui se contentaient d'en effleurer que la surface, sans en explorer toute la richesse et la puissance.

Enfin s'entama une séquence d'attaque qui verrait Leto victorieux. Il estimait largement suffisant le temps qu'il avait passé à serpenter autour de son adversaire et à la harasser de coup et de feinte plongeante de la sorte. Aussi, prétendre qu'il aurait voulu faire perdre la tête et l'équilibre à la jeune femme avec son incroyable panel de cascades aurait été des plus insultants pour ce qui demeure encore un des plus beaux Maître Jedi qu'ai vu le Temple depuis des lustres.

Le Falleen bondit d'une colonne situé en deçà de celle d'Alyria, le coup de sabre qu'il asséna de bas en haut à son adversaire fut si brutal qu'elle manqua de perdre l'équilibre. Mais dans la seconde où celle-ci recentrait son intention devant elle, son adversaire était déjà passé sur son flanc, sa lame levée vers sa carotide. Le poignet ferme, il s'assurait avec attention que le laser ne vienne pas embraser la magnifique chevelure rousse de son adversaire ni ne vienne lui bruler la chair de sa gorge. Il déclara, non cette fois-ci sans souffler intensément de fatigue :

- « Égalité, une touche partout. »

Mais quelque chose ne tournait pas rond, quelque chose l'embêtait. La joie d'avoir recollé au score n'était rien face à l'incertitude qui commençait à poindre dans son esprit. Plusieurs longues minutes d'échange, de parade et d'assaut abracadabrant s'étaient déjà écoulées, et Leto aurait juré qu'il était capable de voir la défaillance de la défense d'Alyria en bien moins de temps que ce qu'il avait dut prendre. En temps normal, un autre Jedi aurait craqué et aurait fait une grossière erreur bien plus rapidement, à tel point que tout les spectateurs, si tant est qu'il y en avait, aurait noté sa maladresse. Ici, cela avait prit plus de temps, et l'impair d'Alyria avait été presque indiscernable.

Même sur son propre terrain, Leto commençait à reconnaitre l'éventualité que la victoire ne serait pas aussi facilement acquise...

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Intéressant. Très intéressant. Et inattendu. Ordinairement, un adversaire défait une première fois changeait de style, tentait une nouvelle approche, à distance ou directement en pressant au corps-à-corps, mais Alyria avait rarement été confrontée à une transformation de l’aire de combat. Cela dit, ce genre de petites merveilles faisait partie de l’avantage d’avoir une salle d’entraînement bardée d’hologrammes divers et variés, qui servaient aussi bien pour faire apparaître des ennemis sur lesquels s’entraîner que de nouvelles configurations géographiques censées préparer aux réalités mouvantes du terrain de jeu de jedis : la galaxie.

Evidemment, l’intérêt était aussi de pouvoir tester les limites de telle ou telle forme de combat, sans conteste. Ainsi, celle qui venait d’apparaître était clairement pensée pour les utilisateurs de l’Ataru, à la rigueur du Sokan, et encore. Mais les autres spécialités étaient à leur désavantage. Le Soresu était trop statique, de même que le Djem So qui nécessitait des appuis solides pour donner toute la mesure de sa féroce puissance. Les amateurs du Niman pourraient s’en sortir en jouant de la Force pour expulser de son perchoir leur adversaire, mais une approche directe, et la réplique serait difficile à mettre en œuvre. Il restait donc le Makashi et le Juyo, le premier ne nécessitant pas une grande énergie pour être utilisé à pleine puissance, mais qui avait besoin en règle générale de stabilité pour tisser lentement sa toile de feintes et de bottes, ou alors d’une ouverture précise, ce qui constituait à cet instant sa seule possibilité. Quant à la forme VII, sa brutalité la rendait dangereuse sur un terrain aussi accidenté, car si son imprévisibilité était adaptée à ces poteaux mouvants, elle rendait aussi les appuis plus durs à trouver, et donc la défense encore plus hasardeuse que d’ordinaire.

En résumé, Alyria se trouvait avec un désavantage certain, mais pas non plus complètement impossible à surmonter. Il lui fallait seulement trouver comme faire pour parvenir à surmonter ce léger handicap et se livrer à une danse aussi dangereuse que précédemment. Ainsi, elle commença à se mouvoir autour du Falleen virevoltant, écartant sa lame jaune quand cette dernière s’avisait de venir la titiller trop près de sa garde, préférant rester sur la défensive, cherchant une faille dans le déluge d’attaques qui la harassait de toute part.

Cependant, alors qu’elle reculait légèrement sur son poteau pour se mettre dans une position tenable, afin de pouvoir facilement se mettre de profil pour apporter une esquive facile, sa main gauche repliée en arrière dans un mouvement traditionnel de l’escrime sous la forme II, la maîtresse d’armes se rendit compte de son erreur, et du fait qu’elle n’avait pas pris en compte un détail qui, dans un tel contexte, n’en était pas un : sa prothèse.

Pour parvenir à tenir un équilibre aussi longtemps et enchaîner sans coup férir attaques, esquives et parades, il fallait bénéficier d’un équilibre parfait, d’une symétrie corporelle impeccable, d’une confiance dans ses propres possibilités physiques illimitées. Cependant, un trait propre à la trentenaire venait bousculer ce tableau de conditions, qui, quelques années auparavant, eut pourtant été rempli sans mal. Il y avait une différence entre la partie droite et la gauche de son corps, en terme de texture, de nature, mais aussi et surtout de poids. Si sur la terre ferme, elle avait appris à faire de cette différence une force, en comptant sur cette dichotomie pour assurer son équilibre lors des stances propres au Makashi, ce qui lui avait permis de revenir à son niveau d’antan dans sa forme de combat favorite, dans les airs de cette façon, elle ne pouvait que constater un manque cruel d’équilibre, justement, et un déficit en la matière ne pouvait qu’être fatal.

Du reste, il ne fallait pas négliger la dimension psychologique de la chose. Soudainement consciente du poids au bout de son bras, de cet amas de métal mort qui bougeait sur commanda mais qu’elle ne sentait pas, elle devait ajouter une donnée apparue à l’insu de son plein gré dans l’équation de ses mouvements, et cette charge pesait sur ses réflexes. C’était dans ce genre de moment que son nom de Main Brisée prenait tout son sens. Il n’avait jamais été question réellement d’une blessure physique, sinon, elle aurait hérité d’un surnom plus parlant, comme l’Amputée ou quelque chose dans ce style. Mais non, les murmures du Temple avaient été plus révélateurs, car les autres jedis avaient cerné ce qui serait réellement sa plus grande plaie à refermer : l’aspect psychologique de la perte, qui continuait de la hanter.

Incapable de mener une contre-attaque, de trouver la balance nécessaire à la bonne tenue de son arme, le bon positionnement, elle sentait bien qu’elle perdait du terrain, et que tôt ou tard, sa garde ne ferait plus le poids. En effet, si elle comptait essentiellement sur l’esquive pour éviter les assauts du Falleen, la réalité était évidente : il faudrait à un moment cesser ce petit jeu pour aller à la confrontation, le terrain mouvant l’y obligeait. Et alors, il faudrait trouver la parade adéquate, ou s’avouer vaincue.

Enfin, après une ultime combinaison de haute-voltige, et ce au sens littéral du terme, Leto Vorkosigan parvint à la soumettre au duel physique, et inutile de préciser qu’elle n’était pas dans l’état mental de s’y opposer. Non pas que la force de l’homme soit outrageusement plus importante que la sienne : à force de faire de l’exercice, de s’entraîner et d’avoir affaire à des corps plus imposants que le sien, la jedi avait fini par se sculpter une musculature sèche et nerveuse qui n’avait pas grand-chose à envier en terme de puissance brute à bon nombre de ses confrères masculins. En la matière, seul Lorn était assuré de gagner un pur affrontement de force, et encore devrait-il insister pour la faire plier. Sauf qu’il fallait être complètement stupide pour engager un épicanthix de la sorte, donc la question ne se posait pas.

Non, il y avait simplement des moments où la défense ne tenait plus, où l’esprit, trop préparé à sa défaite, rendait les armes, où le bras se soumettait et se faisait moins vif. Alors, implacable, l’adversaire averti exploitait la faille ainsi trouvée, même la plus minime. Une seconde de retard dans un placement, et ce fut fini, Alyria se retrouvait dans la même position que son opposant quelques minutes auparavant.

Rares, très rares avaient été les bretteurs n’appartenant pas au cercle des maîtres d’armes à lui infliger une touche de la sorte. Non pas qu’il y ait une quelconque histoire d’orgueil mal placé, elle reconnaissait la maîtrise d’un combattant quand elle en avait l’occasion d’en voir un suffisamment doué pour la déstabiliser en action. Cela dit, la perte de cette manche échauffait sa fierté de maîtresse d’armes. Il ne serait pas dit qu’elle manquât à la réputation de cet ordre dans l’Ordre pour une vulgaire gêne psychologique. Il était temps de se comporter en bretteuse affirmée, et non plus en simple duelliste d’un jour.

Une résolution nouvelle s’empara de la demi-echanie. Elle devrait chercher la victoire sur le terrain du Falleen, et pour cela, il lui fallait élever son niveau d’une façon inattendue, et ce pour contrer son problème primaire d’équilibre qui rendait le Makashi partiellement inutilisable. Un jedi plus tatillon, trop spécialisé, aurait persévéré dans l’usage de la même forme. Pas elle. Elle adorait la forme II, ne ratait pas une occasion d’en vanter les mérites et l’esthétique. Pour autant, Alyria n’était pas fermée à l’utilisation d’autres manières de combattre, et elle en voulait pour preuve ses facilités… avec l’Ataru justement.

Cela dit, changer simplement de philosophie ne suffirait pas. Non, il fallait aussi régler le problème de la dichotomie d’équilibre. Et alors que sa main gauche pendait, indolente, à son côté, elle sentit son bras rentrer en contact avec la garde de son second sabre, attaché comme à son habitude à sa ceinture. Avec un mince sourire, elle referma sa prothèse sur la poignée, et sut immédiatement, comme si la Force elle-même venait de la traverser pour approuver sa décision, qu’elle venait de trouver la solution à son dilemme.

Une lueur bleue vint rejoindre la mauve, et elle croisa les deux sabres devant elle, les soupesant, testant son équilibre. L’ancien, plus vieux, moins sophistiqué, plus brut dans sa conception, avait cependant pour lui l’avantage de la familiarité, et surtout d’un design plus épuré, convenant à tout type de prise. Plus lourd, même si de façon infinitésimale, il était l’arme parfaite pour une jeune jedi avide d’apprendre diverses formes de combat, et ce malgré un penchant affirmé pour l’une. Voilà pourquoi Alyria l’avait construit ainsi : pour sa polyvalence.

Immédiatement, elle sentit la différence, comme si avoir un poids dans un chaque main suffisait à équilibrer sa personne, comme si son esprit avait besoin d’un marqueur pour lâcher prise. Alors, la flamboyante jedi releva sa tête, et avec une détermination brûlante dans le regard, elle fit, comme pour jeter le gant amical qui enserrait ses doigts :

« Terminons à votre façon, alors. »

Ou plus exactement, avec sa version, évidemment. Rares étaient les formes de combat plus propices au Jar’Kai que l’Ataru. Coupler les deux avait donc été une évidence pour la jedi, quand dans sa jeunesse de Chevalier en quête de perfectionnement, elle avait commencé à expérimenter le combat avec deux sabres. La vivacité du second se conjuguait aisément avec la puissance du premier, et les deux se mélangeaient pour déchaîner un déluge de coups sur l’adversaire. En contrepartie, évidemment, la défense en pâtissait légèrement, encore que, avec de l’entraînement, il était possible d’alterner entre phases d’offensives pures et moments plus calmes, ou un sabre menait l’assaut pendant que le second faisait office de rempart, le tout nécessitant une coordination presque surhumaine, que la gardienne avait su emprunter à sa maîtrise du Makashi.

Ainsi, elle s’élança en avant, les deux sabres allumés dardés vers sa cible mouvante, et ne put s’empêcher de sourire quand elle trouva presque instinctivement un appui impeccable sur le poteau sous ses pieds. Parfait. La vraie danse aérienne pouvait donc commencer, et cette fois-ci, elle ne reculerait pas. Désormais, toute entière concentrée sur l’offensive, elle conjuguait l’attaque à tous les temps et à la première personne du singulier, dans une orgie généreuse de coups tourbillonnants, vrombissants, qui éclairaient la salle de leurs tracés bleus et mauves, alternant leurs faisceaux à un rythme effréné.

Pour ne pas perdre pied et laisser ses démons la rattraper, Alyria veillait à garder sa main gauche constamment en mouvement, tournée vers l’avant, tandis que la droite surveillait les dommages collatéraux et ferraillait avec allégresse pour maintenir le Falleen à distance, bloquant ses tentatives de reprendre l’ascendant dans leur duel. Mais surtout, la trentenaire se reposait clairement sur sa prothèse pour mener la charge, ce qu’elle n’avait jamais fait auparavant, préférant la sécurité à l’avancée hasardeuse. Pourtant, les circonstances l’avaient contrainte à ce changement de stratégie, et force était de constater qu’il lui allait bien. Certes, la précision habituelle qu’elle désirait pour ses attaques n’était pas toujours au rendez-vous, mais en contrepartie, elle déchaînait toute sa science du combat, toute sa puissance dans cette démonstration de force qui gagnait en implacabilité ce qu’elle perdait en dosage.

Surtout, la maîtresse d’armes contraignait son adversaire à reculer, à fuir le contact par des esquives compliquées, acrobatiques, qui l’obligeait à se découvrir, et elle pressait son avantage en l’assommant d’assauts dès qu’il reposait un pied sur un poteau pour reprendre son équilibre et son souffle. C’était une technique proche du harcèlement, mais qui avait des atouts indéniables, si menée correctement. Ajoutée à un Jar’Kai déchaîné, c’était là un cocktail infernal.

Evidemment, elle se fit quelques frayeurs, plusieurs fois, la lame jaune parvint à se frayer un chemin à travers sa première garde, mais à chaque fois, une lame l’arrêtait de justesse, avant de laisser sa sœur contre-attaquer furieusement, comme si les armes elles-mêmes étaient déterminées à ne pas céder un pouce de terrain, autant que celle qui les maniait, en tout cas.
Puis, l’ouverture tant attendue se fit entrevoir, et cette fois-ci, plutôt que de travailler en finesse pour l’agrandir, Alyria misa sur la puissance pour asséner un coup qu’elle ne connaissait que trop bien : le Cho Mai, ou l’amputation de la main. Son premier sabre vint s’infiltrer dans la défense du Maître jedi, brisant sa garde d’une estocade pure, sans concession, tandis que le second s’abattait sur la main qui tentait d’écarter l’assaut, dans une botte aussi retorse qu’intraitable. Pendant un bref instant, la gardienne laissa la lame bleue au-dessus du poignet du jedi, comme en suspension, puis, s’éloigna d’un bond en arrière.

Deux à un.

Maintenant, la maîtresse d’armes était lancée, le rythme était donné, et elle ne ralentirait pas pour laisser une occasion à son concurrent de recoller au score. C’eut été une faveur en forme d’aveu de faiblesse, et elle savait que Leto ne désirait aucunement un traitement préférentiel. Autrement dit, elle allait pousser outrageusement son avantage, le pressant encore plus lors de cette reprise. Néanmoins, sportivement, elle laissa le Falleen porter le premier coup, de ce qui allait être le dernier assaut, ou le prélude à une manche décisive plus que serrée.

Ecartant la lame jaune qui fouettait l’air autour d’eux, Alyria veillait à ne surtout pas céder un pouce de terrain, calculant savamment ses déplacements, alternant entre esquives et parades pour ne pas rester sur la défensive et rompre l’enchaînement adverse quand elle le désirait. Cependant, consciente qu’elle n’acculerait pas aussi facilement le quinquagénaire que précédemment, la gardienne cherchait une solution élégante pour mettre fin à l’affrontement, qui conjuguerait efficacité et esthétisme, puissance et roublardise, soit les quatre qualités indispensables à tout bon bretteur, quelque que soit sa spécialité. L’art se devait de parler à tous, de se sublimer pour ne pas être qu’art, l’efficience ne devait pas se réduire à une définition simple, la puissance n’était rien sans l’ingéniosité, la force ne s’employait qu’au moment opportun en jouant de son aisance pour proposer un ballet délicieux, et la ruse n’était qu’un moyen parmi tant d’autres d’élever l’art au rang le plus haut, en brisant les codes attendus avec une efficacité redoutable, dans une pure démonstration d’ambition. Telle était la quadrature du cercle de duel.

Presque instinctivement, la sang-mêlée sut quelle technique elle emploierait. C’était une évidence, la botte des bottes, sa préférence évidente, à tel point que beaucoup commençait à considérer les variations de son enchaînement favori comme sa signature personnelle. Oui, le Lancer de sabre parlerait, et elle en révélerait la quintessence, la beauté, la force… et la ruse. Encore une fois, elle en revenait à ces quatre fondamentaux.

Chargeant rapidement son adversaire, elle commença à le soumettre à une danse effrénée d’assauts pour le contraindre à rester sur la défensive, attentive à contrer toute velléité de dégagement. Ce dernier viendrait par elle, et selon sa volonté. Ainsi, alors qu’elle s’apprêtait à abattre ses deux sabres, elle les rabattit soudain volontairement devant elle, et décollant du sol, les fit accompagner sa roue aérienne pour passer au-dessus de la tête de Leto, dans un mouvement exécuté au millimètre près. Puis, dans les airs, une fois le Falleen passé, elle se détendit, et rabattit son sabre gauche dans une rotation furieuse, obligeant à un contre tout en vivacité. Enfin, son pied toucha un poteau avec grâce. Entre temps, son autre sabre avait disparu.

Continuant à ferrailler, elle laissa même son opposant regagner du terrain, attendant le moment propice pour lancer la charge finale. Et un vrombissement caractéristique à ses oreilles lui fit comprendre qu’il était temps. Le sabre revenait vers eux à toute allure, et vu leur position, ils devraient tous les deux l’esquiver. Le tout était que cette dernière serve ses plans, ce qui serait le cas. Ainsi, elle sauta légèrement en avance, ce qui aurait pu être une erreur stratégique. Ce ne fut pas le cas. En réalité, ce mouvement avait pour but de préparer le suivant, et avec rapidité, elle profita de son allonge pour s’appuyer de toute la lourdeur de sa prothèse en métal sur l’épaule de l’ancien Ombre, avant de se laisse tomber juste derrière lui, le déséquilibrant au passage, et mettant fin en même temps au combat.

De son autre main, tenue en arrière, son sabre bleu surgissait, pointant dans le dos du Maître Vorkosigan à l’endroit exact où son cœur se trouvait. Un simple mouvement, et il finirait foudroyé par ce Shiak inversé. Soufflant lourdement, sans se retourner, car elle savait pertinemment que la Force, ces sens ne l’avaient pas trompé, elle calma les battements de son cœur, sa poitrine se soulevant à un rythme tranquille.

« Trois à un. »

La sentence était là. Pour autant… Se retournant vers son interlocuteur tout en rengainant ses sabres, elle finit par reconnaître :

« Cependant, sur un tel terrain, l’Ataru était véritablement la forme la plus efficace. Vous aviez donc raison, je m’avoue vaincue. »

Elle avait gagné. Mais Alyria savait admettre que la victoire était parfois porteuse de quelques défaites, aussi légères soient-elles.
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Leto eut un fugace sourire aux lèvres lorsqu'il vit le laser bleu chichement illuminer le visage de la Jedi. Voilà un challenge des plus enthousiasmant. Leto était un bretteur parfois passablement étrange. Il n'avait rien contre l'utilisation de deux sabres laser, et respectait profondément la discipline du Jar'Kai, au moins autant exigeante en énergie et en discipline que l'Ataru et le Makashi réunis. Mais quand bien même il s'y été déjà essayé, car en Maitre Jedi intransigeant qu'il été, il se devait de le faire, il avait étrangement toujours préféré manipuler qu'un seul sabre à la fois. Il avait suivi ses premiers entrainements au Jar'Kai pour ainsi dire au lendemain de son arrivé au rang de Chevalier Jedi, dans la seconde moitié de ses vingt-cinq ans. Et ce ne fut pas un problème de talent, de volonté ou de dextérité qui lui fit interrompre son apprentissage pour se tourner vers des formes plus ordinaires tel que le Djem So ou le Soresu, qu'il utilise encore aujourd'hui de façon ponctuelle. Non, c'était une question d'idéologie. Chaque discipline de combat au sabre-laser créée depuis des années par les Jedi ont leur propre philosophie, il ne s'agit pas d'enchainer les moulinets et les ronds de manivelle dans un sens ou dans l'autre en arguant être adepte du Makashi ou de l'Ataru. C'est un état d'esprit à avoir, un comportement dans la vie de touts les jours qui reflète la personnalité de l'escrimeur, le faisant épouser plus ou moins naturellement telle ou telle discipline de combat, les valeurs qu'elle peut véhiculer. Le combat et l'opposition avec un adversaire peut-être très révélateur de certaine facette de la personnalité de chacun.

Aussi, quand bien même Leto était maître des tourbillons et des impressionnants bonds de l'Ataru, reste qu'il a toujours préféré l'image plus traditionaliste d'un Chevalier Jedi luttant avec un sabre-laser, plutôt que deux, ou plutôt qu'avec un sabre-laser double lame. Si bon nombre de ses confrères lui avaient exposés foultitudes de commentaires et d'arguments pour tenter de lui prouver en quoi le Jar'Kai pouvait être plus avantageux que n'importe quelles autres disciplines à condition qu'on sache se l'approprier, rien n'avait sut le faire dévier de son avis. De façon très imagée, et peut-être, probablement désuète, l'utilisation d'un sabre à lame simple et unique représentait pour lui toute la quintessence de ce que pouvait être l'esprit combatif d'un Jedi : discipliné, simple mais dangereux à la fois, immuable et indestructible. L'utilisation de tout autre type d'arme pouvait traduire un comportement trop expansif, instable ou passionné. Mais là encore, il convenait de penser à cela avec justesse, car rien n'était jamais identique d'un cas à l'autre, il ne fallait pas généraliser. Un Jedi utilisant deux sabre-laser à la fois pouvait très bien être le plus méthodique et sérieux de tous, son efficacité au combat n'en serait que plus fantastique.

Et c'est avec le plus grand respect qui soit qu'il laissa Alyria choisir la façon dont elle allait continuer la joute.

- « Je me demandais quand est-ce que vous alliez avoir recourt à ceci, Maître Von. » Dit-il simplement.

Ce n'était aucunement une question de fairplay ou d'équilibre. Alyria Von était une escrimeuse redoutable, une artiste du maniement du sabre-laser, son entrainement draconien et la Force lui avait donné le droit d'user de ce genre d'astuce, alors elle n'avait pas à s'en priver. Reste à Vorkosigan de se monter à la hauteur du défi que s'apprêtait à lui lancer la sublime guerrière rousse.

Lorsque les premiers coups vinrent, les deux combattants poussaient enfin à leur paroxysmes ce que deux grands maîtres escrimeurs étaient capables de faire. Et il fallut moins de temps à Leto pour comprendre ce qui s'était passé qu'à un Jawa pour chaparder dans les poches d'un touriste perdu au fin fond d'Anchorhead. Il ne s'agissait pas là simplement de l'ajout d'une arme aussi meurtrière que magnifique dans la main libre d'Alyria, c'était autre chose. La maitresse d'arme prouvait que pour être un grand manieur de sabre-laser, il fallait plus que de l'habilité et de l'endurance, il fallait être en phase totale avec l'arme en question, connecté avec elle, qu'elle soit le prolongement du bras, de la main, de l'esprit et de l'âme de celui qui s'en servait. Ainsi, Leto vit dans la Force toute la soudaine et brûlante exaltation de sa consœur, comme si elle avait retrouvé un membre de sa famille perdu depuis de longues années. Elle avait gagné en assurance, en volonté, et en sérénité aussi, contrairement à ce qu'on aurait put croire en voyant son insensé et meurtrier ballet. Leto comprenait dés lors pourquoi Alyria Von était maitresse d'arme parmi les plus reconnue de ce siècle. Ce n'était plus une question de maitrise du Makashi, de l'Ataru ou du Jar'Kai, c'était une question de symbiose profonde et parfaite avec la Force, celle-là même qui fait accomplir de véritables miracles aux Jedi qui savent l'écouter. Elle brillait de mille feux dans la Force, épanouie, entière et comme qui dirait heureuse.

Pour autant, le Falleen ne s'avouer pas encore tout à fait vaincu, même si dés à présent il était prêt à accepter la défaite avec humilité. Aussi, il fit preuve de fourberie et perdu pour perdu se permit de tenter des choses folles, déviant légèrement de son fidèle Ataru pour lorgner du côté du Shien. Ses années d'étude où son cursus pour devenir Chevalier Jedi lui semblait loin, mais il se souvenait avoir été obligé d'apprendre les bases de toutes les disciplines de combat mis à part le Juyo et le Jar'Kai, ceci dans le but simple de faire déterminer aux instructeurs et aux Maître jedi l'ayant élevé quelle technique conviendrait le mieux au Padawan Vorkosigan. Ainsi avait-il dut manipuler un temps le Shien, comme le Soresu, le Makashi, le Djem So ou le Niman. Étrangement, Leto ressentait une certaine libération dans ses tentatives de coup, il ne craignait pas la touche fatale d'Alyria et n'avait aucune appréhension, le Shien le poussant à prendre certains risques et à se déplacer d'une façon dont il n'avait pas l'habitude lui faisait manquer de lucidité. Si l'Ataru prônait un dépassement physique et mental de soi hors du commun, avec un dynamisme exacerbé et une explosion de mouvement en tout sens, le Shien au contraire était plus lent, plus économe en ressource. Infliger un coup vif à l'adversaire, avec le minimum d'engagement physique ou de mouvements inutiles. Agir de façon surprenante, en un éclair, frapper, se mettre à couvert, à l'instar d'une mante-religieuse d'Anobis, telle était la philosophie du Shien. User un temps du Shien lui permettait de se concentrer sur des esquives audacieuses et reposer ses muscles tendus, puis brutalement revenir à l'assaut avec un Ataru foudroyant pouvait surprendre la jeune femme.

Mais il n'en fut rien, si parfois sa lame jaune était tout proche de lui trancher des mèches de cheveux, jamais elle n'avait la célérité nécessaire pour réellement la mettre en danger. Sa discipline était trop solide, l'équilibre parfait entre l'attaque et la défense, représentés par les lames bleu et mauve de son adversaire était trop millimétré. Était-il fatigué, était-ce là les limites de son Ataru ? Leto se refusait à le croire, il savait que ses limites physiques avaient été atteintes depuis quelques minutes, peu avant qu'il ai put porter sa première touche à Alyria, alors si son corps avait dut refuser tout effort supplémentaire, en toute logique il l'aurait fait bien avant cela. Non, il y avait un autre problème, et pour une raison qu'il ignore, il était déstabilisé. Sa connexion avec la Force se fanait à mesure que la confiance d'Alyria devenait envahissante. Il ne s'était rendu compte qu'à peine qu'on venait de lui porter une seconde marque. Il était ailleurs, son Shien se fit moins précis et fulminant, son Ataru moins conquérant. Son escrime, en l'état, aurait suffit pour vaincre bon nombre de Chevalier Jedi, mais en aucun cas cela aurait été en mesure d'inquiéter Alyria Von, ni Saï Don, ni Lorn Vocklan ou Raxle Vandreen.

Cependant, il ne put s'empêcher d'éprouver un grand respect et de la reconnaissance envers la jeune femme à la chevelure flamboyante car cette dernière ne semblait pas relâcher ses efforts d'un pouce. Toujours très dynamique, investie et consciencieuse, elle honorait son adversaire de la meilleure des manières.

Puis, c'est quand la main métallique de Von entra en contact avec sa tunique qu'il eut comme un électrochoc. La Force venait de hurler à ses oreilles de toutes ses forces, il sembla rester bloqué dans un espace-temps différent où il n'avait plus la maitrise de rien. Une demie-seconde s'écoula, pendant laquelle il avait l'impression de pouvoir lire l'avenir aussi clairement que si il avait été écrit en lettre de feu devant ses yeux. Il avait comprit en ce même temps ce qui s'était passé chez Alyria au moment où elle avait opté pour le Jar'Kai. Sa présence resplendissait dans la Force, elle avait sut redonner vie à sa main tranchée, comme si jamais elle ne l'avait été en réalité. Elle avait sut, en quelque sorte renier les évènements, revenir en arrière et croire si fort que sa main était toujours là, que cela était devenu effectif. Sa volonté et son lien avec la Force était si puissant que même Leto avait l'impression en son âme et conscience d'avoir été effleuré par les doux doigts féminins de sa consœur...

Mais lorsqu'il revint à la réalité, il était déjà trop tard. Il entendit Alyria souffler quelque chose dans sa nuque, et même si il n'avait pas clairement entendu, il devinait qu'il s'agissait d'une conclusion qui marquait la fin du combat, et sa défaite.


> > Thème musical de la scène: Remise en question. Alyria est infiniment lumineuse en la Force. < <


Leto laissa lourdement choir ses bras le long de son corps, sa lame dorée vrombissant encore tendrement à son oreille. Les colonnes de pierre revinrent tour à tour à leur emplacement initial si bien que la salle d'entrainement redevint aussi plane qu'une des immenses plaines agricoles de Chandrila. Alyria s'était un peu écartée tandis que Leto leva son sabre-laser presque à hauteur d'yeux, comme si il essayait d'entrer en communication mentale avec le cœur de son laser, son cristal. Une petite veine était apparut sur sa tempe droite, tandis que ses artères n'en finissaient plus d'injecter des hectolitres de sangs dans chacun de ses muscles pour lui permettre d'encaisser un tel effort physique et nerveux. Mais ses yeux étaient perdus dans le vide, incapable de se fixer quelque part, pas plus sur sa main que sur sa lame jaune ou sur Alyria. Puis enfin, le Jedi désactiva son arme en soupirant. Il regrettait de ne pas avoir été meilleur, de ne pas avoir montrer de façon plus significative sa progression. Était-ce encore une épreuve de la Force, ou une de ses extravagantes énigmes ? Il se sentait à nouveau impuissant, comme ce jour où il avait vu Maître Callista tomber. Et comble du hasard, à nouveau, ce sabre-laser à lame jaune était le dénominateur commun de cet échec.

En reprenant son calme, il se dirigea vers Alyria, il avait à peine entendu ce qu'elle avait dit, trop préoccupé par d'autre chose. Mais il ne faisait aucun doute que d'un point de vue pratique, il faudrait tôt ou tard tirer des leçons de cette défaite. Alyria, elle, semblait avoir déjà comprit ces menues erreurs, si tant est qu'il y en ai eu. Une fois revenu à sa hauteur, il dit :

- « Vous m'avez vaincu, mais je crains qu'il ne s'agisse pas là d'une simple histoire d'Ataru ou de Makashi, Maître Von. Doucement, il saisit la main gantée de son interlocutrice, celle qui sous ce voile de tissu illusoire cachait un membre mécanique froid et sans vie. Sans vie pour celui qui ne savait pas la voir, quand bien même elle pouvait lui éclater au visage de toute sa bonté et de toute sa splendeur. Délicatement, il fit lever son avant-bras à Alyria jusqu'à hauteur de torse, s'imprégnant timidement et humblement de cette étrange sensation de chaleur qui émanait de l'âme de la Jedi aux cheveux de feu. En tant que fervent adepte de la Force Vivante, rien n'était plus délectable et agréable à ressentir que la vie qui persistait à vouloir se déployer là où elle ne devrait pas. Je ne sais pas encore très bien ce qui a put se passer, mais une chose est certaine, c'est que la Force vous porte en son cœur comme une perle que l'ont cache dans un écrin de velours, et que l'ont garde à l'abri amoureusement. Leto regardait les doigts élancés de la jeune femme d'un air mélancolique. Votre main, bien que disparue, continue d'exister, je le sais, je l'ai vu. Affirma-t-il avant de déposer son sabre-laser jaune dans la paume d'Alyria.

- C'est Maître Von, c'est Maître Von !

- Haha, je te l'avais dis, Maître Von est trop forte, c'est elle qui devait gagner !

- Tais-toi, toi, Maître Vorkosigan s'est bien battu aussi !

Le soudain chahut non loin de là fit se détourner Leto d'Alyria. Là, il aperçu trois jeunes enfants à l'entrée de la salle d'entrainement, dissimulés dernière une grande colonne soutenant les voutes de l'aile Est du Temple. Deux d'entre eux étaient Humain, le troisième était Rodien. Lorsque les trois enfants comprirent que leur indiscrétion totale les avaient fait repérer, ils tentèrent de s'accroupir derrière la structure de pierre en étouffant des rires et des exclamations avec leurs mains. Leto fit quelques pas en avant mais n’alla pas plus loin. Sa voix se fit incroyablement amène et pédagogue.

- Depuis quand êtes-vous là, jeunes gens ? Le Rodien et un des deux Humains poussèrent dans le dos leur camarade qui hésita avant de se redresser et de sortir de sa cachette, intimidé par les deux Maîtres qu'il avait désormais en face de lui.

- Depuis le début de votre combat, Maître, je suis désolé si nous vous avons dérangé. Clément, Leto répondit.

- Ne devriez-vous pas vous trouver au réfectoire, à cette heure-ci ? Le tout jeune initié hocha la tête, l'incompréhension autant que la surprise pouvait se lire sur son visage blafard. Alors ne trainez pas, sinon vous n'aurez pas le temps de manger avant de reprendre les exercices de l'après-midi. » Conclut le Falleen.

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Les contes populaires décrivaient souvent les jedis comme des êtres froids partagés entre mysticisme et rationalisme exacerbé. En un sens, ce n’était pas entièrement faux, car sur le terrain, un membre de l’Ordre se devait de conserver un calme parfois trompeur, d’évacuer toute sensibilité malvenue pour effectuer le bon choix, ou tout du moins le moins mauvais, et ce genre de décisions ne pouvaient s’effectuer l’esprit embrumé par une foule de sentiments contradictoires.

Mais dans leur vie de tous les jours et même, à leur corps défendant, en mission, nombre de jedis savaient manier la compassion et l’empathie, aidés en cela par leurs extraordinaires capacités à cerner les atermoiements intimes de leurs interlocuteurs grâce à la Force. Surtout, une profonde communion d’esprit liait la plupart des jedis, en raison d’une vie partagée pendant des années au cours de leur formation, de valeurs collectives. Tous pouvaient deviner les lésions psychologiques provoquées par tel ou tel événement sur un confrère, car la chance d’avoir souffert du même traumatisme était grande.

Evidemment, certaines blessures étaient trop grandes pour que ce soit effectivement le cas, et alors le réconfort venait du cercle amical, des connaissances éprouvant de la sympathie, ou d’un maître suffisamment sage pour trouver les bons mots. Certains pensaient que la vie d’un jedi était terne et froide, vouée à la solitude affective et sociale. Combien ils étaient loin de la vérité, ceux professant de telles inepties. Oui, la plupart des leurs refusaient les attachements chers à la plupart des autres individus : l’amour, la famille, les enfants… Ou disons, les accueillaient avec détachement, veillant à conserver leur essence propre et à maintenir leur dévotion envers l’Ordre et le bien commun au-dessus des êtres chers. L’exercice était difficile, douloureux même parfois. Et bien souvent, Alyria avait eu une conscience nette du fait que ce précepte s’appliquait autant pour les amants que pour les amis.

Mais elle ne regrettait pas sa vie, ni ses réussites, ni ses erreurs, et espérait que ce sentiment continuerait encore longtemps. Elle avait aimé, pleuré, tempêté, rit avec tous ces visages de son enfance et de son adolescence, partagée des frasques qu’elle jugeait ridicule avec le recul de l’âge, tout en ayant une certaine nostalgie de ce temps béni ou la plus grosse bêtise pouvant être commise était de faire le mur pour aller avec des amis jusqu’à Izziz. Maintenant, les erreurs coûtaient plus chères, affectaient d’autres personnes… souvent celles qu’elle désirait protéger.

S’accrocher au souvenir de sa main en était une. Jamais elle ne reviendrait, jamais elle ne repousserait comme par miracle, et une greffe la révulsait encore plus que ses prothèses. Il fallait vivre avec cette souffrance, l’accepter, et la laisser s’en aller. Il était temps de s’en rendre compte, de faire le pas final vers le gouffre incertain devant elle, et d’embrasser un destin où la Main brisée serait la Main que l’on ne peut rompre.

Alors oui, ce que la trentenaire avait imaginé comme avenir serait sans doute remis en cause, chamboulé par cette nouvelle perspective, mais elle restait elle-même, tout en demeurant un peu différente, comme une personne mûrissant au gré des épreuves, tout simplement. Ses techniques de combat seraient différentes de ce qu’elle avait envisagé, cependant, elle devait arrêter de voir cela comme une fatalité, mais se convaincre de saisir cette opportunité pour travailler encore plus dur, sur des chemins non-explorés, chercher des solutions inconnues, et se réinventer.

Depuis toutes ces années, Alyria avait progressé sur le chemin de l’acceptation de son handicap et commencé doucement à le surmonter, grâce à de nombreuses personnes, la plus importante étant évidemment Lorn. Mais sans doute que le coup de grâce pour achever son mal-être persistant, ce vague à l’âme qui la prenait aussi souvent que secrètement devait venir d’un confrère différent de son cercle habituel, quelqu’un qui ne l’avait pas connu intimement avant, qui ne pourrait faire la comparaison, et voir le résultat brut, sans fard, afin de la guider sur la voie du consentement à sa propre infirmité, pour enfin la voir comme un atout, et non une perte. Oui, elle était là, entière, inchangée, ou plutôt si, transformée pour le meilleur.

Alors, quand Leto Vorkosigan remit son sabre dans sa paume, elle referma sa main sur celle du Falleen, et la serra brièvement, avec chaleur, le sabre entre le vert de la peau de l’un et le métal de l’autre, comme un pont entre eux, comme un cristal vivant et battant à l’unisson du sang de l’un et des fils conducteurs d’électricité de l’autre, avant d’ajouter doucement, par peur de voir sa voix se briser sous le coup de l’émotion :

« Je continue d’exister, ce que j’étais aussi, et ce que je suis toujours. Il était temps que je m’en rende compte. »

Avec un sourire serein, sincère, si rare ces derniers temps sur son visage, la gardienne conclut alors par le seul mot qui s’imposait :

« Merci. »

Pour ce combat, pour cette discussion, ces confidences… Pour tout. Rester au Temple avant de repartir dans l’arène politique avait été l’une de ses meilleures idées. Elle y avait retrouvé une vieille amie, forgée un nouveau lien aussi passionnant que complexe, et peut-être appris plus sur elle-même en deux combats amicaux qu’en plusieurs semaines dans un cabinet ministériel.
Finalement, leurs mains se détachèrent tandis que trois jeunes admirateurs cachés révélaient leur présence. Alyria laissa Leto s’en charger, et eut l’impression de se revoir des années auparavant remplis d’étoiles de ces garnements qui avaient préféré sauter leur déjeuner pour observer deux maîtres au sommet de leur art. Songeuse, elle murmura, plus pour elle-même :

« Peut-être que l’un de ces jeunes occupera notre place, dans quelques temps. Que le spectacle les aura inspirés, leur aura donné un but. Comme pour moi il y a bien longtemps. »

Un sourire espiègle s’imprima sur son visage, et se tournant vers le Falleen, elle lui révéla alors l’ultime secret qu’il recevrait d’elle en ce jour :

« Vous savez Maître Vorkosigan, il y a … oh sans doute près de vingt ans, j’étais exactement à la même place que ces garnements, à me cacher derrière un mur pour vous observer vous entraîner avec un de vos amis.

Pour être franche… Ne m’en veuillez pas, mais une part très enfantine de moi est assez satisfaite d’avoir tenu mon rang face à l’une de mes inspirations de l’époque.

Et j’espère que l’un de ces trois-là fera de même dans vingt ans. »


Un rire léger s’échappa de ses lèvres, et alors qu’elle quittait la salle, Alyria conclut :

« Pour ce que cela vaut… Vous êtes l’un des meilleurs combattants que j’ai eu à affronter. »
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