Ragda Rejliidic
Ragda Rejliidic
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Deux heures plus tard, Spatioport d'Iziz, Secteur A, emplacement 1,


« Tout est chargé Monsieur le Ministre » annonça le responsable de la logistique, un humain, un local, la cinquantaine, propre sur lui malgré un uniforme élimé qui indiquait qu'il n'avait pas toujours occupé un poste aussi important. Probablement un gars qui en voulait, motivé, compétent, qui avait gravit les échelons à la sueur de son front. Ragda respectait ces gars là, ceux qui ne partaient de rien, d'en bas. Tout comme lui qui avait débarqué sur Bakura, gravement blessé, sans rien ni personne à part son fidèle garde du corps. Et voilà où il en était aujourd'hui... Cette pensée le dérida, son faciès disgracieux affichant une fraction de secondes un sourire satisfait, que le type en face dû prendre pour lui. Mais aussitôt, sa moue redevint plus dure :

« Absolument tout ? Je n'aime pas les mauvaises surprises... » demanda-t-il, sur un ton quelque peu condescendant. Il voyageait beaucoup depuis qu'il était devenu Sénateur ET Ministre... Et il savait que tous les petits-employés des spatioports ne travaillaient pas avec le même acharnement et le même professionnalisme. Comme beaucoup d'ouvriers qui n'avaient pas le cœur à l'ouvrage et qui ne travaillaient sans aucune passion.

Les sourcils froncés, l'intéressé baissa les yeux sur le lourd datapad qu'il tenait à deux mains, le responsable passa en revue le matériel chargé dans le vaisseau du Hutt à haute voix :

« Le plein est OK. Le ravitaillement est OK. Nous avons respecté vos préconisations. Vous avez largement assez de vivre pour cinq personnes pour la durée de votre trajet. »

Ondéron n'était pas si éloignée que cela de Coruscant. Mais le Hutt comptait sur ce moment d'isolement, de quasi-intimité, pour interroger la petite princesse au sujet des opinions de sa mère. De ce fait, il avait prévu de suivre un parcours plus long que celui habituel, prétextant suivre les voies hyperspatiales les mieux sécurisées. Il leur faudrait prêt de vingt heures pour rejoindre Coruscant, si la météo spatiale, parfois capricieuse dans le noyau, ne leur jouait pas des tours. L'après-midi, déjà largement entamé, céderait bientôt place à la soirée. Ragda avait donc prévu ce qu'il fallait pour un copieux soupé, un gargantuesque petit-déjeuner ainsi qu'un somptueux déjeuner... Et aussi deux sandwichs pour son pilote. Il était hors de question de celui-ci viennent partager leurs repas, il resterait dans le cockpit et dans sa petite cabine attenante, comme d'habitude.

« Et le cadeau ? » s'inquiéta le Hutt, qui avait préparé une surprise pour la dauphine.

« Chargé également. Tout est OK. » répondit le responsable en relevant les yeux, le regard sombre. Il n'avait visiblement pas apprécié la remarque déplacé du Hutt au sujet du professionnalisme de son équipe. Mais il en avait vu d'autres. Les politiciens... Tous les mêmes devait-il penser, toujours à péter plus haut que leur cul, et à se prendre pour le nombre de cette galaxie. « Faites un bon voyage » lâcha-t-il tout de même, le visage fermé, avant de se retourner, dans un mouvement quasi-militaire, afin de vaquer à ses occupations. Le Hutt soupira, soulagé. Il n'avait pas l'habitude d'accueillir des invités à bord de son navire, qui considérait comme l'un de ses sanctuaires. Mais cette fois-ci, le jeu en valait la chandelle.

Il consulta l'heure sur l'écran tactile du tableau de bord de son chariot répulseur. Il hocha la tête, dépité : ils allaient former une bien étrange troupe. Le princesse, le bon Jedi, la le brute garde du corps et le truand politicien. Il n'avait aucune idée de ce que cette expédition allait bien pouvoir donner... Mais il était également trop tard pour reculer. D'un pression de l'index, il activa comlink, réglé sur la fréquence de celui de son pilote :

« Préparez le décollage, ils ne devraient pas tarder. » dit-il, avant, une dernière fois, d'embrasser du regard la coque rutilante, dorée, de son yacht. Celui-ci effilé comme une pointe de flèche, trahissait sa conception nubienne. Même si cela lui donnait un aspect un peu étrange, il ne regrettait pas d'avoir opté pour des moteurs survitaminés, qui lui permettait, en théorie, de surclasser en vitesse pure la majorité des vaisseaux de sa catégorie. Il avait biensur entendu certains employés de spatioport le surnommer « gros-cul »... Mais ces sobriquets lui passaient largement au dessus. Le plus important, c'était la sécurité, surtout pour une personnalité controversée comme lui.

Enfin, il embarqua à bord de l'Agonie d'Ardos, par la rampe latérale qu'il laissa ouverte derrière lui. Il devait s'habiller... C'est à dire passer l'un de ses fameux ponchos. Il savait déjà celui qu'il allait mettre : le violet à paillettes dorées, celui qui avait un col « mao » couvert de pierres semi-précieuses. Oui... Il serait parfait.



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Un peu abasourdie par les évènements qui s'étaient enchainés à toute vitesse, la petite princesse était rentrée au palais, accompagnée de Jake, laissant le jedi prendre ses affaires au Temple.
Tout allait vite, d'un coup ! Sa fuite peu calculée du palais, la rencontre inattendue avec le ministre Ragda, les conséquences dramatiques de son mensonge, finalement l'invitation à entreprendre le voyage sur Coruscant - elle était un peu dépassée, même si toujours déterminée. Tant que sa mère se reposait d'Ethan, elle était le seul rempart de la planète contre les méchants, surtout si le Sénat décidait des vilaines choses.

La main bien accrochée à celle de son garde du corps/beau-papa, elle l'avait laissé gronder sa nourrice, dans tous ses états de l'avoir perdu ; puis, le cœur battant très fort, l'enfant avait ordonné à cette dernière de préparer ses bagages pour des "vacances". A vrai dire, si le ministre avait été là, elle n'aurait jamais pensé à se prendre des affaires de rechange : mais les adultes savaient souvent quoi faire alors que l'idée ne l'effleurait même pas !
Ils finirent par ressortir du palais, avant de prendre la voiture blindée qui devait l'amener, enfin, au spatioport.

Il était si rassurant que les adultes recommencent à tout prendre en main - même si l'enfant sentait confusément qu'il était important de toujours garder la mainmise de la situation. Mère le disait souvent, et la petite princesse, qui était bien persuadée que sa mère avait toujours raison (c'était la Reine, tout de même, bien avant d'être sa génitrice !) ne savait pas comment faire pour "garder le contrôle".
Personne ne savait réellement la vérité sur ses intentions, enfin, pour le moment. Elle n'avait donné que peu de détails sur ce qu'elle comptait entreprendre. Peut-être est-ce qu'elle devait en faire une surprise, et même, ne rien dire tout à fait à Jake ? Est-ce que c'était mal de ne pas tout dire à Jake ? En réalité, l'enfant ne savait pas très bien comment s'y prenait Mère pour agir. Mais elle supposait une chose : plus il y aurait de monde au Sénat, plus ce qu'elle aurait à dire se répandrait dans la galaxie. Il y aurait forcément des gens qui seraient de son avis et soutiendrait Ondéron. Et elle aurait plus d'alliés pour faire face aux adultes. Oui, c'étaient des alliés dont elle avait besoin ! Des alliés pour sauver Ondéron des siths !

Toute à ses réflexions, Milésya Kira se montrait très silencieuse, pourtant si loquace d'ordinaire. Elle ne s'aperçut pas tout de suite qu'ils étaient déjà arrivés ; et sursautant légèrement, elle leva ses yeux noirs et surpris sur Jake.

- "Jake... tu ne te disputeras plus avec les autres, n'est-ce pas ? ils ne seront plus vilains. Toi non plus, tu ne lèveras pas le blaster ? Je te protègerais s'ils sont méchants !"

Avec beaucoup de conviction, l'enfant hocha la tête en prenant un air tout à fait royal - quoiqu'un peu ridicule. Mais peu importait : elle était convaincue elle-même qu'elle ne laisserait personne faire du mal à Jake. Elle était la princesse d'Ondéron. Cela suffirait !
Prenant la tête du cortège à petits pas, la petite silhouette habillée de jaune soleil se dirigea vers le Yatch de luxe qu'on lui indiqua, un sourire émerveillé aux lèvres. Il brillait de mille feux ; tandis que devant, se tenait messire Ragda, en poncho violet brodé de bijoux. Elle lui trouva fière allure, et, oubliant momentanément les convenances dans un élan de joie enfantine, courut pour le rejoindre, s'arrêtant cependant à quelques pas, sagement. On n'avait pas le droit de sauter dans les bras des gens en pleine entrevue officielle, et en public.

- "Je suis très contente de vous revoir, messire Ragda ! Votre vaisseau est très joli. Est-ce que nous pouvons partir ?"

Lui souriant avec naïveté, ses fossettes ressortant sur ses cheveux ondulés et coiffés avec soin, elle avait grande envie de sautiller d'excitation... bien que la perspective de toutes ses responsabilités mettait un sérieux frein à son enthousiaste.
Jake Darinson
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Jake était donc rentré au palais pour raccompagner la petite princesse. Ils n'avaient pas beaucoup de temps pour se préparer, et devaient se hâter de prendre quelques affaires pour partir en compagnie du Hutt et du jedi.
Ah enfin! Le mercenaire avait hâte de partir, de se dégourdir les pattes, et d'un autre côté cela ferait aussi une petite balade pour Milésya, certes elle avait déjà du voyager, mais il pouvaient partir tout les deux, et cela enchantait le jeune homme. D'une part parce que cela les rapprocherait un peu plus, de l'autre parce qu'il garderait un œil protecteur sur elle. Il était hors de question de faire confiance à un jedi et encore moins à un Hutt... aussi ministre soit il.
Jake avait l'habitude d'être méfiant. Derrière son air de je-m’en-foutiste invétéré se cachait une cervelle en ébullition et un instinct de survie aiguisé. Oui, la nonchalance de Jake le desservait en bien des points, mais il savait à quoi s'en tenir, et puis au moins ses interlocuteurs savaient également à quoi s'en tenir avec lui.

Après avoir laissé la petite princesse avec sa nourrisse l'espace d'un instant, le mercenaire alla préparer un sac à dos. En premier lieu une cartouche, il ne fallait pas partir sans munitions. Oui... qu'arriverait il s'il n'avait plus de cigarettes? Autant prendre les devants... puis il alla fourrer négligemment quelques chaussettes et sous vêtement, une chemise propre, quelques crédit si jamais l'occasion de se murger se présentait à lui, et... une grenade. Oui elle était toute seule dans l'armoire... elle allait probablement s'ennuyer ici.. et puis ça lui ferait prendre l'air, et d'un certain côté c'était presque une sorte de doudou pour lui... Un doudou qui avait certes un sacré mordant!

Jake vérifia l'état de ses deux blasters à présent glissés dans des holster le long de ses flancs. Ah les pistolets blasters... c'était pas grand choses à côté de son fusil lourd à répétition... mais Jake s'était dit que cela ferait probablement trop tâche. Mais celui là... il lui manquait grandement...
Posé dans le fond de l'armoire, le mercenaire le caressa du bout des doigts... un brin de nostalgie dans le regard.
On pouvait dire que tout les deux ils avaient fait un sacré duo pour les soirées animées! Oh ça oui! Mais tout ça, c'était du passé maintenant. Il était là avec Émalia, Milésya et Ethan, finit la vie de baroudeur intergalactique.
Jake était dans un sens nostalgique, mais il ne regrettait rien, la vie lui avait offert l'opportunité de faire quelque chose de bien, et il aurait été idiot de ne pas saisir cette chance. Et puis combien de temps aurait il survécu à ce train de vie là? Même si il était sacrément doué pour la survie, la chance tournait toujours en votre défaveur...
Refermant l'armoire laissant finalement son fusil blaster lourd à une retraite bien méritée. Jake se saisit de son sac et sortit de sa chambre.

Rejoignant la petite princesse le duo se mit rapidement en route pour le Yacht du ministre.
Finalement arrivé à destination, Mil' le regarda avant de lui demander de rester plus ou moins sage. Jake souriant un peu lui répondit simplement par un petit clin d’œil complice.
Un clin d’œil voulait tout dire et rien dire à la fois. Il tenterait de rester tranquille oui, mais qu'on ne vienne surtout pas lui chercher des noises. Le mercenaire était un grand garçon pas très... mature certes -bien que les derniers événement concernant sa paternité lui avait fait cependant prendre un soupçon de maturité- mais qu'importait en fin de compte ? Il était lui même, et puis il était là pour protéger la princesse, pas pour chercher l'embrouille, alors, tout se passerait forcement bien non ?

Regardant le Yacht, et son propriétaire accoutré selon lui comme un ''gros bonbon rose dégoulinant'', le genre de bonbon que l'on aimerait pas glisser dans sa bouche pour sucer, ou alors de l’acabit de ceux que l'on achetait dans les magasins de farces et attrapes pour offrir tel un cadeau empoisonné à ses petit camarades...
Non il fallait être honnête, le ministre était d'un ridicule navrant... mais bon... Jake avait promit d'être sage, et puis c'était à lui de montrer l'exemple... du moins... quelques fois.

''Msieur' le ministre. Nous voilà. Il ne manque plus que le barbu je crois, non?''

Lâcha le mercenaire s'allumant une cigarette. Finalement la petite promenade intersidérale n'allait peut être pas être aussi agréable que prévu.

Garde espoir Jake... garde espoir...
Ragda Rejliidic
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A l'apparition des deux silhouettes, Ragda oscilla entre des sentiments contradictoires... Tout à la fois excité par l'idée de se retrouver – presque – en tête à tête avec la dauphine, et terriblement agacé par la présence, à ses cotés, de ce garde du corps aux manières un peu trop... Brutes de décoffrage. Pour avoir voyagé au travers de toute la galaxie, principalement dans le cadre de ses fonctions officielles, le Hutt voyait en cet homme l’archétype du bourlingueur de l'espace, grande gueule, que l'on retrouvait à rafistoler en catastrophe son vieux tas de ferrailles en plein milieu d'un spatioport. Du genre à s'attirer irrémédiablement des ennuis...

Or, les ennuis, Ragda les esquivait comme la peste, lui qui s'évertuait à tout contrôler. Dans cet optique, il s'entourait usuellement de personnages sans charisme, sans ambitions... Des larbins prêt à accomplir la moindre de ses demandes, sans oser poser de questions, sans oser la moindre protestation. Autant dire que le profil psychologique du garde du corps s'y opposait en tous points. Mais avait-il le choix ? Bien sur que non. Pour espérer rester dans les bonnes grâces de la petite princesse, et par son intermédiaire, se rapprocher de sa mère, il lui faudrait faire avec. Il restait seulement à espérer que celui-ci ne ferait pas tout capoter...

« Princesse Kira ! Monsieur Jake... » lança-t-il, prenant sur lui pour prononcer ce dernier mot avec autant de joyeuseté que les précédents. « Vous êtes pile à l'heure !» continua-t-il, tournant son regard globuleux vers la fillette. « Savez-vous qu'il s'agit là d'une rare qualité, de celles qui font les grands de cette galaxie ? » A cet instant, le Hutt pensa au Sénateur Janos, son pire ennemi politique, lui aussi d'une ponctualité exemplaire. Les grands de cette galaxie, toujours à l'heure ? Oui... Enfin... Il fallait bien une exception pour confirmer la règle non ?

Il allait ouvrir la bouche pour répondre à la princesse, lorsque Jake lui souffla la réplique. Son visage se crispa, il n'appréciait pas qu'on lui coupe l'herbe sous le pied... Mais aussitôt ses traits se déridèrent...

Le barbu...

Cette remarque lui arrache même un sourire amusé.

« Hmm... Oui... Sans le barb... Le Jedi... » répondit-il, les yeux rond de surprise au lapsus involontaire qu'il manqua de faire. « M. Tialesni n'est pas encore arrivé. Mais ce n'est pas une raison pour l'attendre à l'extérieur ! Je vous en prie, suivez-moi... Si vous aimez l'extérieur, princesse, vous ne manquerez pas d'apprécier l'intérieur ! »

Pianotant sur les commandes tactiles de son chariot répulseur, le Hutt s'écarta de la passerelle d'embarquement, puis tendit le bras, les invitant à monter. Celle-ci, débouchait sur une coursive rectangulaire, assez haute et large pour permettre au Hutt d'y manœuvrer son énorme masse.

« Je vous en prie, avancez, là, en face » dit-il dans leur dos, leur indiquant du regard l’énorme porte en bois précieux qui séparait la coursive de ses propres quartiers. Celle-ci, automatisée, s'ouvrit, ses deux battants glissant silencieusement dans les cloisons, révélant aux visiteurs la démesure des lieux.

Même un amateur en aérospatiale l'aurait vite compris : ce vaisseau avait été dessiné pour répondre aux besoins atypiques de son propriétaire, bien avant tout autre considération. Habituellement, à bord des astronefs, tout était mis en œuvre pour sauvegarder et aménager le moindre cm³. Mais, dans l'Agonie d'Ardos, l'inverse s'appliquait ostensiblement.

Les quartiers de Ragda ressemblaient à une énorme bulle emprisonnée au cœur de la structure en flèche vaisseau. Cette pièce, à elle seule, devait occuper prêt de la moitié de la superficie habitable de l'appareil. A l'intérieur de celle-ci : écrans géants, canapés aux proportions démesurés, un large bureau... Des tableaux de maîtres sur les murs, un lustre de cristal au plafond... Et même, une fontaine à l'intérieur de laquelle des lasers multicolores donnaient vie aux filets d'eaux crachés par des créatures de la mythologie Hutt. La coupole, au dessus de leur tête, s'agrémentait d'une majestueuse fresque représentant l'un des points clés de l'histoire de cette espèce. Histoire devenue depuis bien longtemps légende : L'Agonie d'Ardos. Le monde natal des Hutt avait été ravagé par l'effondrement de son second soleil, Ardos, partiellement absorbé par un trou noir, il y avait cela des millions d'années. La peinture représentait une énorme boule rougeoyante auréolée de volutes ardentes qui dévoraient une petite planète verte : Varl. Le tout sur un fond de nébuleuses aux couleurs violacées.

Si l’œil de l'amateur avait donc vite compris que cette architecture ne ressemblait en rien aux standards en vigueur, celui de l'expert aurait peut-être remarqué d'autres détails. Notamment l’épaisseur suspecte du mur qui isolait cet énorme salon privé de la coursive, et par extension, du reste du vaisseau... Comme-ci celle bulle, sorte de vaisseau dans le vaisseau, pouvait s'isoler du reste de l'appareil.

En tout cas, expert ou non, Ragda laissa à son duo d'invités quelques minutes pour observer les lieux.

« Les armateurs nubites savent faire des merveilles... Ne trouvez-vous pas ? » lança-t-il, comme une question rhétorique, avant montrer une autre porte, à l'autre bout de la pièce. « Par ici, à la poupe, vous trouverez vos cabines. Je m'excuse d'avance... Elles ne sont ni particulièrement spacieuses, ni très confortables... Je n'ai pas tellement l'habitude de recevoir du monde à bord, surtout de votre qualité. Je vous laisse y déposer vos affaires. Revenez ensuite quand vous le souhaitez... Je vais faire préparer des rafraîchissements, que nous poussions attendre notre ami Jedi dans les meilleures des conditions. »

Volontairement, Ragda passa sous silence un léger détail : dans sa cabine, une surprise attendait la princesse, impeccablement emballée dans un papier doré. Elle découvrirait très vite ce que son hôte lui avait réservé : Un appareil que le Hutt jugeait indispensable à tout être destiné aux plus hautes sphères politiques ! Un enregistreur miniature. Aisément dissimulable, celui-ci permettait, en toute discrétion bien évidemment, d’enregistrer les conversations alentours. Quelle serait la réaction de la fillette ? Apprécierait-elle ? Aucune idée... En tout cas, le Hutt était convaincu que ce petit dispositif lui serait très utile... Surtout si elle continuait à espionner les conversations en jouant à cache-cache dans les passages secrets de son palais...

Et oui, quelques preuves audio évitaient bien souvent des explications interminables.
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Bien accompagnée par Jake qui restait à ses côtés, comme un un bouclier protecteur qui l'isolait de toute peur - après tout, elle n'avait pas vraiment l'assentiment de sa mère à ce voyage inopinée - l'enfant s'avança vers la passerelle sur l'invitation du Ministre Ragda.
En son for intérieur, elle était légèrement étonnée que tout se passe si bien. Mère et sa Conseillère lui avait parfois décrit les assauts politiques - mais cela n'avait pas vraiment ressemblé à cela... Ici, il avait suffit de sourire et de demander. C'était si facile qu'elle se demandait même pourquoi sa Mère la mettait en garde ! Oh bien sur, une onde de terreur l'avait bien traversé à l'idée de paralyser son monde à cause de son mensonge, mais elle avait su reculer à temps !

Tout allait bien désormais, et sa gaieté naturelle était revenue au galop. Pis encore, la petite princesse émit un petit rire enfantin lorsque Jake parla du "barbu" - avant de cacher son excès de bonne humeur derrière sa petite main blanche. Ses nourrices lui avaient répété qu'il n'était pas de bon ton qu'elle rit aux éclats devant tout le monde, surtout devant des personnalités politiques. Qu'elle devait se contrôler, que c'était la clé de la politique. Le contrôle absolu sur sa personne.
Mais comme tout ceci était dur ! A grand-peine, Milésya parvint à se calmer, en serrant bien fort la main de son papa-garde du corps.

D'un pas qu'elle espérait royal, un peu dansant, la petite fille s'avança sur la passerelle, tâchant d'offrir au Ministre son plus joli sourire, qui contenait mal son excitation de s'embarquer dans pareille aventure.
Avant de s'arrêter tout net devant l'intérieur atypique des appartements du Ministre Galactique, le souffle coupé. Jamais encore la royale enfant n'avait vu une architecture pareille, même si certains détails lui rappelèrent des éléments qu'elle avait déjà pu parcourir avec ses nombreux précepteurs. Oubliant toute bienséance, elle courut vers la fontaine, effleurant les lasers du bout de ses doigts, avant de lever des yeux enchantés vers la coupole.
Habituée au luxe depuis le tout début de son existence, la princesse héritière d'Ondéron n'avait cependant jamais vu une telle débauche dans un vaisseau. Même dans le Yatch de Mère, la priorité était donné à l'espace - mais ici, la notion même de clarté cédait à un foisonnement qui trouvait un écho dans son petit cœur encore naïf. Jetant un regard enchanté à Jake, elle s'avança en courant vers Ragda, les yeux brillants.

Bien sur, la priorité était aux bagages, et son éducation reprit brièvement le dessus. Il ne fallait pas se mettre en colère devant le Ministre, même si la frustration était presque insoutenable de ne pas céder à son désir manifeste de rester dans les quartiers de son nouvel ami !

Après un dernier sourire enthousiaste, la petite princesse disparut donc brièvement avec Jake dans les quartiers des invités qui leur était réservés. Ce n'était pas le même style de luxe auquel l'enfant était habituée, et cette dernière s'assit sur sa couchette en faisant la moue, sans remarquer tout de suite, dans son énervement, le cadeau qui trônait au milieu de la couverture.

- "Je préférais dormir dans les quartiers du Ministre. C'est tout petit ici... Pourquoi c'est si petit... Et puis... Mira n'est pas avec nous... Mais si elle était venu, nous n'aurions pas été à l'heure comme tous les Grands du monde. Ce n'est pas juste. Je ne comprends pas pourquoi on ne peut pas avoir tout ce que...."

Le regard sombre de l'enfant gâtée tomba sur le papier doré, qui, oubliant aussitôt sa puérile colère, s'illumina aussitôt d'un nouveau sourire enchanté. Elle aimait tellement les cadeaux !

- "Papa-Jake ! Regarde, le Ministre m'a offert un cadeau ! C'est mon meilleur ami. Il est si gentil, tu ne trouves pas ?"

Sans attendre la réponse de son garde du corps/beau-papa, l'enfant se mit à genoux pour déballer son présent, poussant un cri de joie en apercevant l'objet... dont elle ne reconnaissait pas vraiment la forme, pour tout dire. Peut-être étais-ce un mini-robot, comme au Palais ? Non...
Milésya jeta un coup d’œil interrogateur, regard un peu rond d'étonnement à l'adulte près d'elle.

- "Sais-tu ce que c'est ..? On dirait... un micro... Un micro, un micro ! C'est amusant !"

Elle n'avait jamais eu un cadeau aussi singulier, et elle se mit à l'examiner dans tous les sens, poussée par une curiosité infantile que rien ne venait jamais véritablement étancher.
Décidément, ce voyage n'était pas comme les autres. Et il lui devenait soudain urgent de décoller et de remplir enfin sa mission de Princesse, car jusque là, tout n'avait été qu'une tentative pour remplir son but. Maintenant, elle avait hâte de se battre. Comme une vraie Princesse qui devait sauver son monde !

D'un geste vif, l'enfant sortit son datapad rose dernière génération.

- "Dès que nous nous envolerons, nous nous mettrons au travail. Je vais montrer mon datapad au Ministre. Tu viens avec moi, papa-Jake ?"

Il ne lui vint pas à l'esprit qu'il était important qu'elle s'habille autrement. Même si Mère avait coutume de le faire, Milésya était trop jeune encore pour pouvoir penser à tout ; aussi avait-elle si hâte de rejoindre le politicien et nouvel ami dans ses quartiers qu'elle en oubliait la politesse élémentaire que la Reine n'aurait pas manqué de lui rappeler...
Heureusement, la présence de Jake lui donnait du courage et de la force, et ce fut d'un pas sautillant que la petite ondéronnienne fila à nouveau dans les coursives étroites, jusqu'à arriver au grand panneau de bois qui coulissa sans bruit devant elle. Son cadeau dans une main, son datapad dans l'autre, elle courut vers le Hutt, pour se planter avec enthousiasme devant lui.

- "J'ai vu votre cadeau ! Mère ne m'en avait jamais acheté un comme cela ! Je vous remercie beaucoup !"

Gracieusement, elle inclina sa tête, comme elle avait vu faire tant de fois sa souveraine et génitrice, devant les hôtes étrangers.

- "J'ai tant hâte de partir ! Nous avons beaucoup de travail avant de gagner Coruscant !"

Se retournant à demi, la fillette regarda Jake à nouveau, comme pour s'assurer qu'elle ne disait pas de bêtises. Puis lui offrit un sourire un peu angoissé. L'inconnu... l'inconnu dans lequel ce voyage la jetait était un peu effrayant. Mais sa présence effaçait ses doutes. Il fallait le sauver lui aussi. C'était son devoir de Princesse.
Invité
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J'avais rapidement filé au Temple, agacé d'un tel contre temps fâcheux auquel je ne pouvais néanmoins pas me dérober.. Que dire au Conseil.. ?
Je devais les mettre au courant, l'enjeu était trop important, le devoir le voulait. A présent, la situation n'était plus sous contrôle, et il fallait garder un œil dessus... Oui, gageons que le Conseil accepterait la présence d'un intermédiaire de leur ordre dans cette histoire.. Quant à savoir qui, il n'y avait qu'a laisser dire que l'urgence me pressait -ce qui n'était pas faux-. Pour le reste, à charge de nos doyens de prendre les mesures qui s'imposaient.

-Programme message pour le Conseil, ne le délivre que lorsque que je serai devant la navette du Sénateur.
Enregistre :
« Dauphine Kira part, prétexte accord de sa mère et de son garde du corps. Prétend posséder des secrets sur la tenue d'Ondéron, peut concerner l'Ordre Jedi. Impossible à arrêter : garde du corps soumis à sa cause, et le Ministre Rejlidiic l'aide également. Impossible d'arrêter l'action sans danger. Départ immédiat : je les accompagne, attend instructions. Nous nous rendons sur Coruscant. »
Stop.


Voilà... Il me fallait arrêter de la jouer cavalier seul, surtout lorsque ça touchait à la famille Kira. Il fallait me blanchir et obtenir les avis du Conseil. En attendant, j'étais tout indiqué pour agir.
Saisissant ma sacoche, ma canne dans laquelle j'incrustais mon sabre, ainsi qu'un nécessaire de vie et une bure de rechange, je me remis vite en route vers le spatioport.


Sacoche au coté et boitant légèrement de m'être dépêche, j'arrivais vers ce qui ne pouvait être autre chose que la barque du Ministre Sénateur. Un tas de technologie hurlant de débauche et de luxe posé là, comme s'il n'avait rien à y faire. Un peu comme une holopub flashy dans un bas quartier. Diantre.. J'aurai presque voulu rabattre mon capuchon sur ma tête pour éviter qu'on me voit entrer dans ce... Truc.
Dire que c'était sensé voler... Bah, le pire c'est que ça devait voler à merveille. Quelle illogisme : voilà que je cherchais une justice sociale qui contrebalancerait la débauche par inefficacité.. Non, la galaxie est injuste, et cela ne devait pas provoquer chez moi le moindre état d'âme.

-Léonard Tianesli. Oui, je suis attendu.. Si vous pouviez prévenir le ministre et m'excuser au passage de mon leger retard..

J'avais de la main amorcé un geste qui fit que le brave homme qui m'avait arrêté avait immédiatement accepté de m'aider. D'abord parce que j'étais en règle et que le scan de mon ID l'avait déjà confirmé, ensuite parce qu'il préférait m'aider de son plein gré que de me laisser terminer ce que tout le monde connaissait comme le geste légendaire des Jedi usant de leurs pouvoirs.
D'aucun verraient en cette méthode une honteuse manipulation.. Je remarque juste, moi, qu'il a choisis de m'aider et que je n'ai donc pas eu besoin de l'y forcer. Donc même la « moral » était de mon coté.
Bref, j'entrais.

J'arrivais et visiblement, tout le monde était là. La jeune Dauphine remerciait le Hutt d'un cadeau qui.. Tien donc... Un data-dictaphone. Une truc du genre. Un sourcil se leva, railleurs, tandis qu'a mon tour, j'entrais en silence dans la pièce. Mon œil, bien sur, avait été attiré par les murs.. Lorsqu'on a un esprit presque analytique, ce genre de détail saute évidement au regard.. Mais j'avais déjà fait une bourde du genre avec Kira Mère, je n'allais pas recoller mon nez dans les affaires d'un autre politicien. Surtout que ce Ragda était d'une espèce bien plus dangereuse : lui, il pouvait mordre.
Il fallait donc ne s'en prendre à lui, si nécessaire, que lorsqu'on serait en mesure de le faire tomber d'un seul coup sec et rapide... D'ici là, je note, j'enregistre, j'interprète.. Et bien sur, je m'incline.

-Dauphine, Messieurs.. Navré pour le retard, mais j'ai eu du mal à maquiller cette mission pour qu'elle fut acceptable et qu'on me laisse repartir..

Ce disant, j'avais posé l'acier gris de mes yeux dans ceux de Ragda, l'air de dire que je comptais bien me réserver des options de dégagement et que je ne laisserai pas la Dauphine entre ses pattes gluantes. Jake ? Jake ne comptait pas. Fine gâchette, brut de décoffrage.. Un brave type, peut-être. Mais pas forcément assez malin pour entre dans les sphères de manipulation politique. Une balle perdue dangereuse.. Mais la menace était la mainmise de Ragda sur cette histoire... Hors de question de le laisser seule avec la Dauphine.

-Je suis à présent totalement opérationnel et prêts à rendre service à sa Majesté Milésya Kira, et l'accompagner dans sa quête.

Ou comment tacler totalement l'autorité de Ragda. C'était la petite qui gérait l'affaire, et il était hors de question que ce soit ce ministre qui prenne les rênes. Et au moins, une gamine de son âge, lorsque ça déconne, ça se gronde, même si elle est princesse. Recadrer Milésya, c'est pas bien dur.. Profitons, avant qu'elle devienne comme sa mère..
Par ailleurs, j'avais tout intérêt à me montrer un peu pompeux pour entrer dans le scénario romanesque de l’enfant. Si je restais d'une attitude froide, ma voix avait été un peu plus vacillante, chantante : elle seule pouvait me mettre hors course.
Jake Darinson
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Jake toujours au cotés de Milésya, la suivait sans vraiment rien dire, se dirigeant dans le vaisseau luxueux du Hutt vers leur cabine. Même si le ministre prétendait que sont vaisseau n’était pas se qu'il se faisait de mieux en matière de luxe, cette grosse limace gluante ne se refusait rien... Ah richesse quand tu nous tient... Mais ce n’était pas pour autant que le mercenaire s’empêcherait de fumer à bord, ah ça non !

Finalement arrivés dans leur cabine, le jeune homme en costume trois pièces se rapprocha d'une bouche d’aération -oui autant ne pas intoxiquer la petite avec la fumée... - ou il s'alluma une cigarette comme à son habitude, regardant la petite fille piquer sa petite crise d'enfant gâté en se rendant compte que la pièce n’était pas tellement à sa convenance, ce qui fit sourire Jake.
Elle était bien comme sa mère, pas de doutes la dessus...

''Cette cabine est très bien... il y'a de quoi dormir et c'est propre. Si tu savais les endroits où j'ai du dormir des fois, tu verrais que cette cabine est tout ce qu'il y'a de plus confortable.''

Lui glissât-il lâchant un nuage de fumée qui disparut dans le système de renouvellement d'air, alors qu'elle s’arrêta pour découvrir son nouveau cadeau.
Le Hutt savait amadouer les gosses, mais Jake n’était pas dupe, il ne l'aimait pas, tout ça était beaucoup trop gros, comme le cul du Ministre en somme. Observant la petite princesse pensivement alors qu'il lâchait un nouveau nuage de fumé bleutée qui disparut presque instantanément dans la petite grille, le qualificatif de « Papa-Jake » le fit sortir de ses pensées.
Alors qu'elle lui tendait l'objet, qualifiant le ministre de son nouveau meilleur ami, le mercenaire se saisit de l'objet le tournant un peu dans ses mains pensif, avant de venir poser ses yeux sur la petite fille.

''C'est une sorte d'enregistreur miniature, tu vois si tu appuie ici, ça enregistre, si tu veux réécouter, c'est le petit bouton à coté, tu vois, comme ça :''

Le jeune homme appuya sur le bouton d'enregistrement alors qu'il dit a voix haute :

''Papa-Jake t'aime fort et sera toujours là pour toi.''

Sourit-il avant de venir couper l'enregistrement pour le sauvegarder en mémoire, lui rendant finalement son cadeau. Que pensait il du ministre ? Jake ne savait pas trop, mais il avait apprit à se méfier et pas à tort, dans la vie il fallait être malin pour survivre, et même si Émalia le savait plus que personne, le mercenaire habitué à la dur vie de la rue comptait bien le faire comprendre aussi à la petite princesse.

''Ce que je pense du Ministre ? Et... bien... J'imagine qu'offrir le voyage et un petit cadeau, ne devrait pas faire de lui ton meilleur ami. Tu sais, un cadeau reste un cadeau, on achète pas l'amitié de quelqu'un... Garde le en tête, et reste vigilante.

Jake tapota de son index sur le bout du nez de la petite fille alors qu'il redressa, allant jeter sa cigarette terminée dans les toilettes.
Le jeune mercenaire opinât alors que Milésya lui demandait s'il voulait bien l'accompagner pour qu'elle puisse montrer son datapad à leur hôte.
Le géant et la petite fille sortirent donc pour venir retrouver le ministre, la petite fille s’élança dans un excès d'enthousiasme à sa rencontre alors que l'humain, resta en retrait bras croisés, à regarder cette petite scène.

Mais finalement le quatrième larron de la bande des joyeux moniteur de sorties extra-scolaire galactique ne tarda pas à arriver.
Le jedi se présenta donc à eux, d'un air pompeux comme plutôt dans le parc, le genre de lèche cul que qui aurait mérité un bon pain sur le pif... Mais bon...ils étaient en fin prêt aussi à partir, alors que le mercenaire glissât du bout des lèvres et d'une voix faussement basse :

''Et ben voilà, le meilleur pour la fin j'imagine...on va ptêtre pouvoir partir maintenant...''
Ragda Rejliidic
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Papa-Jake ! Papa-Jake ?? Papa Jake ?!! Pa... Pa... Jake !

Si le Hutt n'avait pas été mollement avachi sur les coussins cramoisis de son large chariot répulseur, il serait certainement tombé à la renverse, s'écrasant au sol dans un « chplok » aux intonations poisseuses.

D'une main rendue tremblante par l'excitation d'avoir mis le doigt sur un terrible secret, Ragda coupa le son. Il avait besoin de toute son attention pour réfléchir aux conséquences de cette découverte. Et puis mieux valait être prudent. Si ses hôtes revenaient et découvraient qu'il s'amusait à les espionner, à l'aide d'un dispositif d'écoute dissimulé dans le conduit d'aération de leur cabine... Non, il devait absolument faire comme s'il n'avait jamais entendu la manière dont la petite Milésya appelait son garde du corps dans ces moments d'intimité. Il soupira. Elle était jeune et naïve.

Papa-Jake donc. Mais pourquoi ? Son père biologique ne ressemblait en rien à ce rustre tout droit sorti d'un spatioport de seconde zone. Il ne pouvait donc absolument pas lui rappeler son géniteur, de prêt ou de loin.. Il ne restait pas trois milles explications plausibles... Ce Jake partageait la couche de sa mère ! Son amant ? Et ce devait être sérieux vu l'attachement de la petite pour celui-ci... Hé ! Minute ! La Reine n'était pas enceinte d'après les rumeurs ? Et si ce Jake en était le père ? Oui... C'était plus que probable... Incroyable ! La reine Emalia Kira s'était donc prise d'affection pour un « bad boy » au grand cœur et à la gueule marquée par une vie d'aventure... Tellement cliché.

Dans un coin de sa tête, Ragda se nota d'user de son réseau pour fouiller la vie de ce type. Peut-être y avait-il quelques secrets à apprendre qui lui permettrait de faire pression sur Emalia le cas échéant ? Qui sait... Il le ferait, s'il trouvait néanmoins le temps nécessaire. Ce ne serait pas demain la veille compte tenu de l'actualité galactique.

Ragda respira profondément afin de se calmer. Inspiration... Expiration... Puis fit dériver son chariot vers le mini-bar afin de se servir un verre de Whishy Corellien de plusieurs milliers de crédits la bouteille. Le premier verre fut avalé cul-sec, le second également. Il s'en versa un troisième qu'il posa sur le tableau de bord de son chariot, le regard dans le vague... Lorsqu'une voix, dans le haut-parleur, le tira de ses rêveries.

« Monsieur ! » s'exclama le voix de son pilote probablement installé dans le cockpit à checker les fonctions du vaisseau avant le décollage. « La sécurité m'indique que votre dernier invité arrive. Il vient de passer le porche de notre emplacement, et se dirige d'un pas décidé vers la passerelle. »

« Très bien, je vais l’accueillir ! » répondit-il en se dirigeant vers la sortie. La rencontre fut brève mais efficace. Un simple « par ici, s'il vous plaît... » et toute leur petite troupe fut à nouveau réunie, Milésya et Jake étant revenu de leurs quartiers après y avoir déposé leurs affaires. Poli comme à son habitude lorsqu’il souhaitait faire bonne impression, le Hutt indiqua rapidement au Jedi où se trouvait sa couchette : une petite cabine juxtaposant celle, plus grande, occupée par les deux invités royaux. Enfin, l'invitée royale et l'invité royal par alliance. Nuance.

« Princesse ! » lança le Hutt, tentant de dissimuler son excitation. « Avez-vous aimé mon petit cadeau ? Voulez-vous que je vous explique comment cela fonctionne ? J'imagine que c'est un peu atypique d'offrir ceci à une dauphine... Mais compte tenu de vos récents récits, je me suis dit qu'un tel appareil vous serait très utile. Me serais-je trompé ? »

Il lui fit un large sourire voulu amical, malgré que son faciès disgracieux :

« En tout cas, maintenant que tout le monde est là... » dit-il, en appuyant de son gros doigt boudiné sur l'intercom de son chariot afin de rétablir la liaison avec le cockpit. « Tout est paré. Nous pouvons y aller ! »

« A vos ordres monsieur » lui répondit son pilote, seul membre d'équipage. « En attente des autorisations de décollage... » Privilège de membre du gouvernement : la demande fut traitée comme une priorité absolue. La Yatch décolla rapidement, s'arrachant sans perdre la moindre seconde de l'attraction planétaire.

Il paru tout à fait naturel pour le Hutt de prendre les rênes des opérations. Après tout, n'étaient-ils pas tous à bord de son vaisseau privé ? Milésya voulait aller sur Coruscant ? Il l'y conduirait. Même s'il ne croyait toujours pas en ses explications fantaisistes. La tempête émotionnelle à présent passée, peut-être pouvait-il tenter de lui tirer une bonne fois pour toutes les vers du nés ? Oui... Mais pas tout de suite... Il devait d'abord essayer quelque chose.

« M. Jake » déclara-t-il en considérant l'intéressé de ses deux grands yeux globuleux. « Je voulais vous remercier de vous être porté volontaire pour accompagner la princesse. Sans votre concours, j'ai bien peur que toute cette opération n'aurait pu devenir réalité. Imaginez si l'on apprenait qu'un Ministre s'amusait à soustraire la fille d'une souveraine influente à ses protecteurs ? » Puis il se tourna vers la petite. « Tu devrais remercier ton garde du corps !

Quant à vous »
enchaîna-t-il en faisant pivoter son chariot pour faire face au Jedi. « Je compte sur vous pour assurer notre sécurité. S'il y a vraiment des Sith mêlés à cette affaire, personne d'autre que vous sera capable d'y faire face. Quelle chance que vous n'ayez rien eu d'autre à faire au Temple ! »

Enfin, il désigna le mini-bar. « Faites comme chez vous. Nous avons une vingtaine d'heures devant nous avant d'arriver sur Coruscant, alors autant se détendre. » Comme pour donner substance à ses paroles, le Hutt attrapa le verre qui tronait toujours sur son tableau de bord et le leva bien haut : « A notre troupe insolite ! » lança-t-il. Il avala le liquide ambré d'une seule traite. Avant même d'avoir reposé le récipient, il reporta son attention sur la petite princesse :

« Princesse Kira. » déclara-t-il sur un ton sérieux, presque sévère. « Maintenant que nous sommes en route, et qu'il n'est plus question de faire demi-tour, il serait judicieux de nous dire ce que vous comptez réellement faire. Nous ne sommes pas vos ennemis. Si vous voulez atteindre vos objectifs, vous allez avoir de nous... Alors autant nous dire la vérité, que nous poussions vous apporter toute l'aide requise, ne croyez-vous pas ? »
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Son petit cœur tout remplit des recommandations de Jake, Milésya avait donc émergé dans le prestigieux salon du Ministre Ragda pour le remercier. Les yeux brillants et sans prêter grande attention au prestigieux décor qui l'entourait, elle avait trottiné jusqu'au Hutt pour lui présenter ses remerciements les plus officiels qu'elle avait à offrir.
Le jedi Léonard Tianesli était là également ; mais l'enfant ne put que lui accorder un sourire, alors la masse drôle et visqueuse de son hôte s'agitait un peu, s'approchant d'elle sur son répulseur, qui se régla peu ou prou à sa hauteur.

Les paroles mielleuses de ce dernier la fit sourire sans méfiance, un peu nuancé par les propos que Jake venait de lui murmurer dans la cabine. Se pouvait-il que Ragda ne soit pas son ami ? Il venait de lui offrir un beau cadeau tout de même. Et puis il y avait le Jedi aussi. Et surtout Jake. Alors elle était en sécurité.
Et comment quelqu'un pourrait lui vouloir du mal, alors qu'elle allait défendre sa planète ? Qu'elle était la princesse héritière ? C'était connu. Dans toutes les histoires, personne ne faisait jamais du mal aux princesses. Tout allait très bien.

D'une démarche qu'elle espérait royale, soigneusement copiée sur celle de sa mère, la fillette gagna son siège, avant de prendre la parole de sa voix fluette et mélodieuse.

- "Vous ne vous êtes pas trompé. C'est un cadeau très utile. Jake m'a montré comment l'utiliser."

Puis, en sautillant un peu puérilement sur sa chaise, l'enfant continua de palabrer, cette fois-ci en direction du jedi qui venait de la saluer. Il était décidément poli et très gentil. Tout comme Zelonion. Quel dommage qu'il n'ait pas pu venir ! Mais on ne pouvait pas l'impliquer, mais il ne pouvait pas conduire de vaisseau. Quel dommage !

- "Son Altesse Milésya Kira est très satisfaite. Nous partons donc pour notre quête !"


Avec un cri de joie purement enfantin, elle sentit le vaisseau décoller. Elle était une héroïne. C'était merveilleux ! Bientôt, sa mère serait si fière d'elle qu'elle l'emmènerait siéger à côté d'elle à la salle du Trône. Tout le monde serait heureux et son peuple se souviendrait d'elle dans les livres d'histoire.
Comme elle était heureuse finalement d'accomplir ce voyage !

La royale enfant fut rappelée à la réalité par la voix sonore de Ragda, à nouveau. Elle le regarda parler à Jake, puis lui demander de le remercier - quoi de plus normal, en effet !
Bien entendu, Milésya s'y plia de bonne grâce. Il était vrai qu'il avait toujours été là, depuis qu'il était apparu dans sa vie, il y avait quelques années maintenant.

- "Oui, Ragda a raison. Jake. Jake, aujourd'hui, tu es officiellement le Premier Capitaine et Premier Membre de ma Garde Royale !".

Jake d'amour. Il était trèèès important de garder le secret pour Ethan, mais c'était très difficile. Surtout en présence d'amis.
Joyeusement, elle demanda un jus de Juruna tiède au droïde qui l'approcha pour prendre sa commande, et ne perdit son sourire qu'une fois son verre de liquide sucré en main. Pourquoi les adultes réclamaient-ils toujours la vérité ? Ce n'était pas juste du tout. Si seulement sa poupée était là pour la réconforter...

Elle résista très fort à la tentation de se recroqueviller en boule et de refuser de parler, avant de se lever finalement, se dirigeant vers la fontaine pour s'y accouder.

- "J'ai entendu ma nourrice et la garde de faction dire que les Siths allaient arriver sur Ondéron. Et la Conseillère de Mère a confirmé. La République a voté qu'ils allaient prendre Ondéron dans ... euh... trente ans. Et moi je ne veux pas qu'ils me mangent. Ou en épouser un. Ils sont méchants, les siths. Et je dois préserver les jedis des siths. Et les padawans et ma planète. Mais peut-être qu'ils ont votés au Sénat sans savoir. Et que personne ne sait. Alors je dois mettre tout le monde au courant. Je dois parler au Sénat si Mère n'est pas là pour le faire, et contacter les journaux. Mais je ne connais pas tous les journaux. Je vais tout regarder sur l'holonet. E il faut écrire un discours."

Pensivement, l'enfant mit un doigt dans sa bouche.

- "Je ne sais pas bien quoi faire d'autre. Mon plan, c'est de contacter les journaux et de parler au Sénat. Il ne faut pas que les siths s'emparent d'Ondéron. Ils feront du mal aux Jedis, au palais et à moi, et aux gens dehors. Et comme je suis leur protectrice, c'est à moi d'agir. Si on agit tous, ce sera plus facile. Je sais pas quoi faire dans quel ordre."

Elle se frotta les yeux à nouveau. C'était bien difficile de jouer à l'héroïne ! Pour se donner du courage, la petite fille remit son nouveau jouet en marche, pour enregistrer la conversation. Et sourit, avec innocence, en entendant la voix de Jake se répercuter dans la pièce.

''Papa-Jake t'aime fort et sera toujours là pour toi.''

Oui, lui, il était toujours là !
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On me fit faire rapidement le tour du propriétaire, et l'on pu remarquer à cette occasion que le luxe me laissait parfaitement indifférent. En fait, Ragda pouvait avoir l'occasion de noter que "Sourire" était chez moi une chose rare, et qu'il n'y avait pas grand chose capable de modifier cette expression de vigilance constante et sévère qui caractérisait mon profil d'oiseau de proie.

-Je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir pour vous protéger, cela va de soit, Mr le Ministre. Mais le mieux reste de se tenir loin des comploteurs tant que nous ne savons pas à qui nous avons affaire. Je suis loyal et efficace, je ne suis pas invincible.

Disons que j'avais moyennement envie de toquer à une porte et de me trouver face à cinq, six ou sept Sith. Quant à la réflexion sur le fait que j'avais rien à faire au Temple.. Je me retenais d'être désagréable et de lui exprimer en mots acerbes ma façon de penser..

-La prudence sera notre meilleurs arme.

Mon petit doigt me disait que Ragda entendait tout autant que moi éviter des combats. Sa confiance en la capacité de Jake et moi-même à les protéger ne devait pas rivaliser avec l'amour qu'il devait porter à sa propre vive. D'autant que l'un comme l'autre plongerions pour intercepter avec les dents un tir qui aurait tuer la princesse. Alors que pour le Hutt.. Pas dis.

Puis j'eu le loisir d'entendre la princesse d'exprimer clairement sur ce qu'elle avait à dire. C'était... Touchant, et le genre d'initiative qui allait possiblement retourner l'opinion publique. Je veux dire : nous avions là réunis en une seule petite fille tout ce qu'il fallait pour arriver à un discours qui mettrais les larmes aux yeux de la moitié de la population. On allait taper en plein dans la démagogie : une enfant toutes innocente qui comprends pas grand chose au monde cruel et froid de la politique, mais qui parle à coeur ouvert de vertus et de conceptions humaines que tous comprennent..

Evidemment, je lâchais un regard Ragda.. Un regard sans aménité qui devint plus polaire encore lorsque je réalisais qu'on avait "20 heures de route". Dans mon oeil se lisait un avertissement clair : "Pas toucher à la princesse" et même "Essaie voir de la manipuler et je te décompresse."
Je me tournais vers la princesse avec un semblant de sourire. Il fallait dire que cette petite avait fait fort..

-En tant que Jedi, il est évident que je ne tiens pas plus que cela à perdre Ondéron, et que je vous aiderai autant que je le peux à faire ce discours Dauphine.

De toute façon je peux rien faire pour t'en empêcher, mais je peux trancher les doigts du Hutt s'il essaie de faire main basse sur cette entreprise.. Et je gardais pour moi le fait de pouvoir stopper tout cela en avertissant les autorités si ça allait trop loin. Mais bon.. Disons que l'idée de la gamine allait peut-être faire bouger les choses..
Je me reculais, sans avoir bu, pour m'adosser à une des paroi du vaisseau. Lorsque l'appareil prononça à nouveau un "Papa-Jake" je me tournais encore vers le Ministre... Diantre, combien de catastrophes allais-je devoir éviter ?

... Au moins cette saleté de Reine d'Ondéron avait eu un faible pour un barbu. Vengeance !

Jake Darinson
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Et voilà que le ministre le remerciait de sa participation à cette petite opération... Que dire ?
Glissant ses mains dans ses poches, observant la petite fille qui avait toujours son regard candide, Jake se contenta de répondre :

''Pas besoin de me remercier ministre, Milésya est comme sa mère, quand elle à quelque chose en tête impossible de l'en dissuader. Si je n'avais pas été là elle serait tout de même parti. Alors oui, autant que je sois là pour veiller sur elle, comme un...''

Le mercenaire écouta la petite princesse venant répéter le titre qu'elle venait de lui donner.

''Et bien comme un... premier capitaine et premier membre de sa garde royale.''

Dit-il dans un sourire qui n'en était pas vraiment un.
Puis après avoir écouté la petite fille leur expliquer les tenant et aboutissants de sa digne quête, celle ci activa l'enregistreur, faisant retentir la voix du mercenaire, à un volume plutôt... audible...

Bien bien bien... comment réagir maintenant ? Pour être franc le mercenaire ne savait fichtre rien sur l'attitude a adopter...
Jake se contenta de fermer les yeux un instant tout en soupirant légèrement. Comment allait-il justifier ce que tout le monde venant d'entendre , à savoir le petit message qu'il avait enregistré plus tôt sur le ptit gadget que le ministre avait donné à Milésya.

Oui, tout cela serait bien évidement difficile à justifier devant tout le monde... Mais n'était-il pas Jack Darinson ? L'homme qui se sortait de n'importe quel situations tordues ? Oh bien sur que si il allait y arriver, comme toujours... restait juste à savoir comment...

Regardant tour à tour les protagonistes de son regard émeraude perçant, le jeune homme se contentât de glisser sa main à l’intérieur de son veston et de deux doigts il alla ouvrir son paquet de cigarettes duquel il sortit la précieuse tige de tabac, venant la glisser à ses lèvres avant de l'allumer et de glisser d'une voix grave et fort ironique :

''Si c'est pas merveilleux la technologie... ?''

Ni plus ni moins.

Et si quelqu'un venait lui poser une question qui ne lui convenait pas, Jake ne s'encombrerait pas de fioritures, il couperait court à la discussion, c'est du moins ce que le regard qu'il envoya au autres voulait dire. Non mais il n'allait pas s'effondrer de honte face à un Jedi et à un ministre, Hutt qui plus est. Et un détail n’échappa cependant pas au mercenaire, le jedi semblait lui non plus ne pas trop apprécier leur hôte, enfin si Jake pouvait se fier au regard glacial que celui ci avait envoyé au Hutt. Même si ce Jedi n’était pas un allié à proprement dit, lui non plus ne semblait pas faire confiance au ministre. C’était pas grand chose mais c’était déjà ça...
Et puis bon, selon leur hôte, le voyage ne durerait pas plus de vingt heures, ce qui serait relativement court, ou bien relativement long, cela dépendait de quel coté l'on se plaçait pour regarder.

Répondant à la si gentille proposition du ministre, Jake marcha jusqu'au petit bar, venant se servir en whisky, corellien selon l’étiquette. Pas de doutes il devait être cher celui là, s'en versant un grand verre, le mercenaire grimaça après avoir bu une longue gorgée. A présent, il ne restait plus qu'à attendre que le voyage se passe, mais Jake avait déjà envie de retourner dans leur cabine, il n'avait pas franchement le cœur à faire connaissance. Mais se dirigeant vers la petite princesse, le jeune homme vint appuyer les dires du Jedi tout en posant le main sur sa frêle épaule.

''Oui ne t’inquiète pas, on va t'aider, c'est promis. Et maintenant, tu veux rester là ? Ou tu préfères retourner dans la cabine ?''

Mais sincèrement, Jake espérait bien qu'elle choisisse la deuxième option...


Ragda Rejliidic
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Ragda pouffa, avant de lâcher un rire tonitruant. Seul lui pouvait comprendre l'ironie de la situation. Il avait pris le risque d'espionner ses passagers... Pour que finalement la petite princesse vendent d'elle même la mèche !

« Ah.... Milésya.... » dit-il, alors que sa quinte de rire se calmait. Il s'essaya une larme qui pointait au coin de l'un de ses yeux globuleux. « Votre naïveté est si rafraîchissante... Si je le pouvais, je vous garderai auprès de moi toute la journée ! » Il pouffa à nouveau, d'une humeur bien plus légère et joyeuse. « Ne croyez surtout pas que je me moque de vous, princesse... C'est juste que vous avez encore tellement de choses à apprendre. Votre éducation fait de vous une personne très mature, ce qui fait que, parfois, j'en oublie votre age. Rangez ce jouet avant que nous ne nous révéliez d'autres secrets compromettants. » Il se racla la gorge, avant de lever son verre et d'en vider son contenu cul sec. « Personne ne veut boire quelque chose ? Ne soyez pas timides, nous sommes bloqués ensemble pour pas mal de temps, alors faites comme chez-vous... » Il jeta un regard au papa-garde-du-corps qui s'allumait une cigarette... Avant de plonger sa petite main dans la poche intérieur de son poncho, afin d'en sortir un étui qu'il ouvrit. A l'intérieur : un rangée de cirages d'un diamètre impressionnant. Tabac d'Aldérande, très réputé. Il en porta un à sa bouche tout en pianotant de l'autre main sur le tableau de bord tactile de son chariot répulseur. Une petite trappe s'ouvrit, de laquelle s'échappa une bras articulé équipé d'un allume-cigare.

« Si l'un de vous en veut un... Servez-vous... » dit-il, articulant péniblement, le barreau de chaise coincé entre ses lèvres si minuscules pour une bouche aussi énorme. L'atmosphère détendue, et chargée de nicotines brûlée, Ragda pouvait recouvrer son sérieux. Il baissa les yeux pour s'adresser à la princesse.

« Si vous me le permettez, j'aimerais vous proposer mes services pendant ce voyages, princesse Kira. Il est évident que l'art du mensonge et de la manipulation ne vous a pas encore été inculqué, alors laissez-moi vous en présenter les bases. Si certains moralistes... » dit-il en jetant des regards en coins au Jedi « pourraient trouver cet enseignement inapproprié, je leur rétorquerai qu'il est indispensable pour tout personne désireuse de survivre dans le milieu complexe et sans merci de la politique galactique, et que, comme tout enseignement, il doit être inculqué le plus tôt possible. » Il marqua une pause, pour tirer sur son cirage. Les poumons plein de fumée, il reprit :

«  Par exemple, tout à l'heure, si j'ai su que vous mentiez, ce n'est pas seulement à cause de vos paroles, même si je jugeais le prétexte pour laquelle votre mère vous aurait envoyé seule sur Coruscant un peu mince... Non, derrière chaque parole se cache des attitudes, un langage corporel, que tout bon politicien doit savoir lire et décrypter. » Il expira, relâchant une épaisse fumée aux relents parfumés de tabac. « Le langage corporel est quelque chose de naturel, d'extrêmement difficile à contrefaire. Par exemple, les menteurs inexpérimentés ont la fâcheuse tendance à détourner le regard lorsqu'ils parlent... A hésiter lorsqu'on leur pose des questions, ou bien au contraire, à répondre trop vite, sans réfléchir, parce qu'ils les ont préparées à l'avance.

Et l'inverse, les menteurs plus expérimentés tenteront de garder le regard fixe, droit dans les yeux... Et à trop vouloir le contrôler, ils en oublient le reste de leur corps, qui devient alors rigide, trop rigide. »
Nouvelle pause, nouvelle inspiration. « Même les plus expérimentés ne peuvent tout contrôler. Mentir provoque des variations du rythme cardiaque, qui entraîne dilatation des narines, des pupilles, augmentation des sécrétions, de la transpiration... Une sensation de malaise, des démangeaisons irresistibles... Autant d'indices qu'il faut lire et décrypter. Je peux vous enseigner tout ça, enfin... Les fondamentaux étant donné le temps dont nous disposons. » Il lui tendit un datapad. « J'ai préparé quelques notes, si vous voulez bien vous les consulter, le temps que je règle quelques détails d'adultes avec nos invités... »

Laissant la petite s'éloigner, Ragda reconsidéra le Jedi et le garde du corps. Cette fois, il s'exprima en chuchotant presque, pour que la princesse ne puisse l'entendre :

« Je ne sais pas si vous étiez au courant de tout ça... Vous, je suppose que non » dit-il en tournant son regard globuleux vers le Jedi, avant de le pointer sur le garde du corps. « Vous... Je ne sais pas... Mais là n'est pas la question.

Cette petite est sur le point de lâcher une véritable bombe, qui aura des répercutions dans toute la galaxie. Je lui ai donné ma parole, alors je l'aiderai... Mais ne comptez pas sur moi pour mouiller le poncho plus que nécessaire. Ce qu'elle s'apprête à dire est une attaque, une critique directe à l'encontre du gouvernement d'Halussius Arnor, gouvernement dont je fais partie pour rappel. Je ne peux donc m'exprimer publiquement pour la soutenir. Néanmoins, si vous êtes prêt à en assumer les conséquences, je ferai en sorte de vous ouvrir toutes les portes nécessaires pour qu'elle atteigne son but...

Parce que des conséquences, il y en aura. Des officielles, de la part du gouvernement, et d'autres, plus officieuses. Elle pourrait être prise à parti par des Sénateurs, en public... Et il est clair que ce qu'elle dira sera considéré comme le reflet des opinions de sa mère. Quelque soit sa maturité, beaucoup penseront qu'elle ne fera que retranscrire ce que sa mère, la Reine Kira, affirme dans le privé... Autant dire, que si la petite contredit les discours officiels de sa mère, la situation risque de devenir houleuse pour celle-ci... Mais ça, Jake, je vous laisse le soin de le lui expliquer en privé... »


Il se redressa ensuite, et alla rejoindre la princesse.
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Milésya étira un sourire sincère, alors que chacun des adultes avait semblé écouter son discours... et l'approuver, bien que d'une certaine manière, elle sentait confusément qu'ils redoutaient quelque chose... qu'elle était bien en peine d'identifier. C'est pourquoi elle refoula son bref sentiment de malaise, et offrit un immense sourire ravi aux trois hommes qui l'entouraient.
D'une voix gaie et enfantine, elle remercia Léonard de son soutien en essayant d'adopter une attitude aussi royale que possible, avant de se tourner vers Jake, les yeux brillants.

Il était sûr qu'entre rester au salon et retourner dans sa couchette... elle préférait infiniment rester au salon. Pour une fois, elle ne serait pas obligée de se coucher. Et elle allait agir politiquement pour Ondéron, comme disait souvent Mère. Et cela n'avait pas de prix ! C'était si excitant qu'elle secoua aussitôt ses boucles brunes.

- "Oh, non, papa-Jake ! Je veux rester ici avec vous tous, on va bien travailler et s'amuser après ! Et puis c'est trop petit là-bas. On pourrait ramener aussi les poupées que Mira a mis dans ma valise ? Tu veux bien aller les chercher, s'il te plait ?"

Mais à peine la royale fillette avait-elle prononcé ces mots que Ragda avait lui aussi pris la parole. Et ce qu'il raconta... la laissa sans voix, un peu éberluée. Tant et tant, qu'elle n'eut même pas le temps de se montrer vexée de ce qui semblait vaguement des moqueries de la part du hutt. Bien qu'il s'en était défendu la seconde d'après ! Après tout... elle était très mature...! Et si le Ministre le disait, c'était qu'on ne pouvait que le croire ; d'ailleurs son entourage le disait aussi très souvent.
Elle rangea sagement son jouet, un peu étonnée. Pensive aussi, aux vues des révélations de la personnalité politique qui lui servait d'interlocuteur. Puis, d'un pas alerte, sans un mot, elle trottina jusqu'à une petite table de bois précieux, aux moulures étranges et surchargées, que Milésya jugea parfaitement dignes d'elle.

L'art du mensonge. Les postures, les yeux pouvaient vous trahir, mais elle n'y avait jamais pensé - d'ailleurs, on avait toujours exigé d'elle une complète sincérité, même si la jeune princesse ne s'était pas forcément privée d'arranger la réalité à son avantage pour se sauver de la punition et du regard sévère de Mère. Après tout, elle allait devoir faire de la politique, comme sa génitrice, et Messire Ragda semblait tout savoir là-dessus. Peut-être qu'après avoir appris ça, elle serait sûre qu'Emalia serait fière d'elle, et qu'elle pourrait défendre et gouverner Ondéron avec toute l'habileté dont les précédentes membres de sa famille avait fait preuve.
L'héritière s'abima donc un instant dans les notes que le ministre avait rédigé pour elle, puis, voyant que les adultes étaient toujours en grande conversation, commença à rechercher les journaux à qui elle devrait envoyer son discours. Le problème était évidemment que l'enfant ne les connaissait pas - mais elle eut une idée. Sur l'holonet, c'était toujours assez simple : elle tapa donc dans l'onglet de recherche les mots "Top 10 des journaux les plus populaires de planètes du Noyau" .... avant de faire une brève moue.

Mais elle se ressaisit rapidement en voyant Ragda arriver ; aussi annonça t-elle d'une voix sérieuse, qu'elle s'appliqua à rendre la plus naturelle possible :

- "J'ai trouvé les journaux à qui nous allons envoyer le discours. Je pense que "Twilek en folie et humaines affolantes" et "Petits secrets cachés" seront parfaits."
L'enfant jubilait intérieurement. Elle avait beau être naïve, elle n'était tout de même pas sotte ! Mais faire marcher les adultes en tentant d'appliquer les leçons du hutt était si tentant !
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