Ragda Rejliidic
Ragda Rejliidic
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8h43 TSG (temps standard galactique), bureau du Ministre de l’Économie et du Trésor Républicain,

« Quand pourrais-je prendre rendez-vous avec M. Arnor enfin ? Il ne répond à aucun message... Ça fait trois semaines que j'attends ses retours sur mes propositions fiscales... A ce rythme, nous serons en faillite avant d'avoir présenté les chiffres au Sénat ! » pesta le Hutt, dans le communicateur intégré à son datapad, qu'il serrait fermement entre ses deux petites mains. Il s’interrompit quelques secondes, le temps d'écoute la réponse de son interlocuteur, dans son oreillette sans fil. « Non, Rasaak ! Non, ce n'est pas acceptable ! Je comprends bien votre position... Vous n'être « que » le secrétaire général à la Chancellerie... Mais c'est de votre devoir de sortir le Chancelier de son mutisme ! Ouvrez les yeux... Ce n'est plus le même homme depuis l'embuscade des rebelles Sith... Oui... Oui... Il médite... Vous me sortez la même excuse depuis trois jours déjà... » Il leva deux yeux au ciel « Ne venez pas me parler de trahison ou de traumatisme ! J'ai été contraint d'accoucher sur le pont de ce navire de guerre à cause de cette embuscade ! Et tout cela pour quoi ? Pour me faire remercier comme un mal propre par un abruti de Jedi ! Alors, stop ! Arrêtez avec vos excuses à deux crédits ! » hurla-t-il tout en se redressant. Il se tenait à présent bien droit, juché sur son chariot répulseur, le torse bombé, la tête haute. Bref, très agacé. « Non ! Non et non ! Je n'attendrais pas une seule journée de plus pour... Oh putain ! Le salaud vient de me raccrocher au nez ! »

Les yeux exorbités, la bave aux lèvres, Ragda ne trouva rien de mieux à faire, pour exorciser son humeur massacrante, que d'envoyer valser son datapad contre le mur le plus proche. Celui-ci, dans un choc sourd sur la paroi couverte de bois précieux, vola en éclat, répandant ses tripes électroniques aux quatre coins du bureau rectangulaire. Après ce déchaînement, le Hutt s'affala de plus belle dans les moelleux coussins rouge sang de son chariot.

Probablement alerté par ce bruit incongru, un toydarien à la carnation rosée passa sa minuscule tête par la porte à double battant. Ragda leva un regard assassin sur ce dernier, avant de soupirer, visiblement très las.

« Diménéon... Je vais finir par croire que j'ai fait un mauvais choix... » dit-il, presque dans un murmure, révélant cette crainte qui le tiraillait depuis l'élaboration du Traité de paix avec l'Empire Sith, celui qui venait tout juste d'être validé par le Sénat, après prêt d'une année de délibérations sans fin... « Je ne sais pas à quoi joue Halussius. Il est distant, s'isole, on ne le voit plus, il est impossible d'obtenir le moindre rendez-vous... Nous avons besoin de lui pour tenir la barre... En vérité, il n'y a qu'une seule chose de positive à cette situation... » Il marqua un silence, comme s'il attendait que son secrétaire lui pose la question. Mais celui-ci, habitué aux sautes d'humeur de son employeur gargantuesque préféra ne pas ouvrir la bouche, de peur de revoir surgir cette colère dissipée comme par magie. « Je ne manquerais pas de faire remarquer au Sénat que la réhabilitation du Chancelier, après sa capture, s'est faite bien trop rapidement... Et comme celle-ci est principalement le fruit du Sénateur Janos... J'espère que ça lui retombera sur le coin de la gueule. Ça nous ferait - enfin - une bonne nouvelle... » Après cette tirade sarcastique, le Hutt ne pipa plus mot, les yeux dans le vague, une longue minute durant. Toujours la tête entre les deux battants de la porte entrebâillée, le toydarien n'osait plus esquisser le moindre mouvement, craignant d'assister au calme avant la tempête.

Sous son crane glabre, le Hutt réfléchissait. Depuis le début il affichait un soutient sans faille au Chancelier Jedi Arnor. Si celui-ci devait être destitué, ou même simplement mis en défaut à cause de son comportement, les emmerdes retomberaient sur ses épaules. Être dans le camp des perdants, cela n'avait jamais rien de bon... Sauf si l'on n'avait rien à se reprocher. Bon évidemment, il avait beaucoup de choses à se reprocher... Depuis le début de ce conflit avec les Sith, il jouait double jeu, puisqu'il tentait s'attirer les bonnes grâce de la Reine Noire des Sith, tout en conservant ses privilèges gouvernementaux. Entre temps, il avait également fondé la Ligue des Mondes Périphériques, jouant sur la peur des habitants de la bordure afin de rallier à sa cause ces mondes éloignés et souvent bien frustré de la politique Républicaine de ces dernières années. Ses magouilles lui avaient valu quelques problèmes... Ceux-ci étaient loin d'être terminé. Très bientôt le Sénat se réunirait en commission spéciale pour l'interroger sur les soupçons pesant sur sa personne dans le rôle qu'il avait joué dans les négociations entre la République et l'Empire Sith... Il pouvait tout expliquer... Mais qui saurait écouter ? Il était tellement plus facile d'accuser, de trouver un bouc émissaire...

Il soupira.

Une seule chose pouvait le sauver : ses résultats. Les chiffres des deux premières années de mandat d'Halussius n'étaient pas bons. Mais ce n'était pas la faute du gouvernement... Personne n'avait pu voir venir l'Empire Sith, surgit des ombres... Ce qui comptait à présent, c'était de travailler sur des solutions réelles, concrètes. Quitte à court-circuiter le Chancelier absent de la scène politique. Si Ragda parvenait à maintenir l'économie de la République à flot, contre vents et marées, il gagnerait une forme de reconnaissance, et celle-ci lui serait des plus utiles. Ça et la Ligue... Mais c'était une autre histoire.

« Quel est mon prochain rendez-vous ? » demanda-t-il enfin, presque par dépit.

« C'est... Je.... » commença à bafouiller le Diménéon, tout en recherchant, avec précipitation, les informations sur l'agenda de son petit datapad. Face au stress de son secrétaire, le Hutt laissa échapper un sourire. Lui faisait-il si peur ? Craignait-il ses sautes d'humeur ? Il ne fallait pas exagérer ! Il n'était pas si terrible que ça, non ?

« Alors... Le prochain rendez-vous... Ah le voilà... Dans cinq minutes à neuf heure... C'est un entretien pour le stage d'assistante. Une certaine... Mlle Publius... Je vous transfert ses références... »

« Non, pas maintenant, ce n'est pas la peine. » le coupa Ragda. « Je n'aurais pas le temps de les lire. Laisse moi à présent, j'aimerais profiter de ces quelques minutes pour prendre un remontant bien mérité... »

Le toydarien referma prestement la porte. Le Hutt soupira à nouveau, cette fois simplement pour expulser le reliquat de tension qui le démangeait toujours sous son épaisse peau. D'un rapide mouvement de la main, il activa les commandes tactiles de son chariot afin de le faire léviter jusqu'à un meuble ancien, composé du même bois que celui qui recouvrait les murs de son bureau. Celui-ci datait de plusieurs centaines d'années, héritage de temps ancien ou les politiciens avaient encore du goût, et les moyens de dépenser des fortunes colossales pour aménager leur espace de travail. A l'inverse à la console holographique qui lui servait de bureau, au centre de la pièce... Gris métal, épurée, sans personnalité. Laide en somme. Le progrès n'avait visiblement pas que du bon. Sur ces sombre pensées, Ragda se pencha en avant pour passer sa main devant la commande et ouvrir le mini-bar. D'un geste expert, il s'empara d'un cigare aussi large qu'un barreau de chaise qu'il alluma aussitôt. Les vapeurs de tabac terminèrent de le détendre. Quelques instants, il lorgna, hésitant, sur la bouteille à peine entamée de cognac corallienne... Mais il se ravisa. Trop tôt.

Enfin, il récupéra un petit étui rectangulaire dans la poche ventrale de son poncho bleu aux zébrures argentées. De celui-ci, il extirpa une seringue qu'il chargea d'une dose de stimulant intellectuel. Pour ça, ce n'était jamais trop tôt ! Il en abusait de plus en plus... Pour être précis : moins il dormait, plus il en abusait.

Les secondes s'égrainaient à une vitesse affolante... A contrecœur, Ragda regagna sa position initiale, de l'autre coté de la console, face à l'entrée de la pièce. A peine eut-il écrasé son mégot dans le cendrier intégré à l'accoudoir de son chariot que la porte s'ouvrit...

Ainsi se terminait définitivement la pause du Ministre.

« Veuillez prendre place » déclara-t-il alors, la voix froide, le regard dur. Il désignait d'une main l'un des trois fauteils disposés devant sa console. Il pianota d'ailleurs sur celle-ci pour afficher le Curriculum vitae de la jeune femme « Et bien... Je vous laisse vous présenter... »
Evadné Publius
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    C'était avec précipitation qu'Evadné avait quitté son cours de chirurgie théorique dès l'annonce de son achèvement. Le professeur, un céréen aux traits sévères, dut la retenir.

    "-Mademoiselle Publius! Attendez! Vous n'étiez pas présente à la remise des droïdes médicaux?
    -Ahm eh bien...fit-elle, peu assurée en reculant discrètement vers la sortie."

    Non. Elle n'était pas présente. Un rendez-vous au Sénat ou une conférence sur la vie botanique ou la simple volonté de ne pas s'encombrer d'un droïde l'avaient tenue bien éloignée d'un tel honneur. Un sourire coupable fit frémit ses lèvres; elle savait si peu cacher ses sentiments parfois.

    "-Vous êtes obligée de vous occuper d'un droïde prêté par l'université, cela fait partie de votre formation. On vous a attribué FX67, faîtes en bon usage. Vous devez le récupérer à l'accueil des étudiants. Je veillerai personnellement au bon déroulement de votre collaboration.
    -Merci, professeur...
    -Evidemment, les modèles FX sont un peu difficiles à appréhender puisque leur langage est..."

    Evadné prit la poudre d'escampette, et le chirurgien ne se rendit compte du départ de sa pupille que de longues minutes de monologue plus tard. L'accueil des étudiants se situait à quatre bâtiments de là, et comme la plupart des étudiants, l'hapienne dut prendre un taxi afin d'y arriver dans un temps relativement raisonnable pour le but qu'elle s'était fixé. On lui fit remplir laborieusement des formulaires aux questions innombrables et souvent peu pertinentes. Une fois la partie administrative réglée, elle put posséder FX67. Non seulement, le robot était encombrant - comptons pas moins d'un mètre 83 (exactement), mais son langage était complètement différent des autres droïdes. Dans les salles d'opération, il s'accompagnait d'un droïde protocolaire capable de traduire ses sons. Dans le cas actuel, Evadné devra sérieusement songer à lire les informations qu'il afficherait dans son écran supérieur.

    "-J'espère qu'au moins, toi, tu me comprendras. Allez, dépêchons, je suis presque en retard!"


    ~~

    Elle se présenterait au rendez-vous accompagné de son charmant compagnon de ferraille, puisqu'elle n'avait guère d'autres alternatives. En réalité, regagner son logement principal aurait compromis toutes ses chances d'arriver à l'heure. Et quand on avait la possibilité d'être reçue par un ministre, on faisait bonne figure notamment en faisant monstre de ponctualité! D'avantage que se débarrasser du droïde, elle aurait apprécier se changer pour une tenue plus raffinée que celle habituellement portée pour aller en cours. A défaut de temps, elle garderait ce tissu pourpre qui drapait son corps virginal jusqu'aux pieds coupé. C'était une robe évasée sans manches d'où s'échappaient ses bras gracieux couverts de bijoux précieux. Heureusement que ce matin, elle avait fait l'effort de coiffer sa chevelure à la mode, en un chignon haut et volumineux que parcouraient des perles satinées et brillantes.

    Au Sénat ne tardèrent pas à résonner ses talons pressés alors qu'elle venait de s'annoncer pour son prestigieux rendez-vous.
    ~~

    "-Je suis désolée pour le droïde"
    souffla-t-elle en guise de salut, la mine rougie par la gêne. "-Je vous promets qu'il ne dérangera pas notre entrevue outre mesure, Monsieur le Ministre."

    Après seulement, elle put s'asseoir comme elle y était invitée, jetant son dévolu sur le dernier fauteuil, bien droite et le port altier de toutes les hautes naissances. FX67, quant à lui, se contenta d'une paresseuse mise en veille aux côtés de sa propriétaire temporaire.

    "-Merci. C'est un honneur pour moi. Je suis Evadné Publius. "

    Et j'espère que vous ne détestez pas mon père et qu'il ne vous a jamais fait de sales coups, sinon je risque de ne pas passer un bon stage du tout,
    pensa-t-elle sans oser l'exprimer, peu franche à l'idée.

    "-Je suis étudiante à l'université de Coruscant. Oh, en médecine polyvalente. Mon cursus sera assez long parce que j'étudie énormément d'espèces conscientes et je veux être capable de soigner un maximum de races possibles. J'ai enchaîné les travaux au Sénat, parce que j'ai également étudié un peu en Sciences politiques. Je crois que j'aimerais m'occuper de la santé un jour, et au même titre du droit des femmes. Je travaille la plupart du temps aux Archives et à la Bibliothèque du Sénat, il m'est arrivé de faire quelques visites guidées, de remplacer un assistant..."

    Sa voix était d'une rare douceur, assez mélodieuse et ses prunelles brillantes fixaient Ragda avec politesse.

    "-Je dois vous avouer que l'économie n'est pas ma tasse de thé, mais mon père étant président d'une grande compagnie, j'ai été initiée aux bases des chiffres et des finances."


Spoiler:
Ragda Rejliidic
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La migraine, tenace, tambourinait toujours entre ses tempes graisseuses. Pourtant, habité à jouer plus qu'à être franc, le Hutt présenta à la jeune femme venant d'entrer dans son antre, un faciès d'une neutralité glaciale. Seul le froncement des bourrelets lui servant de sourcils accompagna l'entrée du droïde accompagnateur. Ses lèvres se plissèrent dans une moue de désapprobation. Ragda exécrait les surprises. Surtout les mauvaises...

Par réflexe, il laissa un index boudiné glisser sur les commandes tactiles de son chariot. Le geste discret mais maîtrisé, eut pour effet d'activer, silencieusement, le système de brouillage du bureau tout entier. Dès lors, plus aucun appareil d'écoute ou d'enregistrement ne pouvait capturer ses attitudes ou ses propos. On n'était jamais trop prudent pensait-il, paranoïaque, réussissant enfin à lâcher de son regard globuleux de droïde. Par le passé, plusieurs journalistes avaient déjà tenté de le piéger ainsi avec de faux entretiens... Sans commentaires toutefois, il laissa candidate lui répondre, et se présenter.

« Evadné Publius... »
fit-il ensuite, se redressant pour la dominer de sa difforme masse corporelle. Une candidate qui commençait son entretien en s'excusant... Pas vraiment un signe positif... « Étudiante en médecine donc... » Il espaçait chacune de ses phrases d'interminables secondes de silence, comme s'il prenait un malin plaisir à disséquer les réactions de son interlocutrice. « Un peu de science politique » Sa langue prenait les allures d'un scalpel. « La Bibliothèque du Sénat... » Jusqu'au moment où le couperet, implacable, tomba : « Quel rapport avec l'économie galacique ? Pourquoi devrais-je vous prendre à ce poste puisque vous dites vous-même n'avoir aucune qualification ? » Avec la sévérité qui le caractérisait tant – tyrannie diraient même certains de ses subordonnés – il révéla le fond de sa pensée. Cette jeune femme pensait-elle que son patronyme lui ouvrirait toutes les portes ? Peut-être que certains s'y laisseraient prendre... Mais pas lui. Pour Ragda, seule la réussite, la personnalité et le caractère comptait. Lui-même, simple immigré sur Bakura s'était élevé en une dizaine d'années seulement au poste de Ministre de l’Économie, l'un des porte-feuilles les plus convoité par la classe politique. Pour cela, il avait travaillé jour et nuit, durement, inlassablement... Et il en demandait autant à ses sous-fifres.

« Regardez donc par-ici, approchez. »
reprit-il, après avoir dérivé sur son chariot répulseur pour se rapprocher de l'impressionnante baie panoramique offrant une vue imprenable sur le quartier du Sénat et des ambassades. Tendant le bras, il l'invitait à embrasser du regard l'un des secteurs les plus animé de la planète-capitale qui ne dormait jamais. « Toute cette animation, toutes ces vies qui ne comprennent rien aux mécanismes complexes qui régissent leur quotidien... L’Économie est comme un fluide vital, qui nourrit et nous fait évoluer. Chaque jour des milliards de milliards de nos concitoyens partent travailler, heureux de gagner leur vie, de pouvoir dépenser leurs crédits, de pouvoir les épargner pour leurs grands projets...

Il ne s'agit pas simplement d'un affaire de chiffres !

Ici, chaque jour, nous devons faire des choix, prendre des décisions lourdes de sens... Nous n'avons ni le droit aux approximations, ni le droit à l'erreur... Toutes ces vies dépendent directement de nous... Un faux-pas, et vous porterez sur la conscience le poids de centaines, voir de milliers de vies ruinées, détruites.

Comprenez-vous à présent les responsabilités qui pèsent sur les épaules de chaque personne travaillant au sein de mon Ministère ? De nous dépend la bonne santé financière de nos institutions, et par conséquent celle de chaque âme qui compose notre belle République... »


Un discours emprunt de convictions profondes que le Hutt n'eut nullement besoin de simuler. Oui, ici, il était convaincu de pouvoir changer les choses, de participer activement au florissant avenir d'une entité plusieurs fois millénaire... Et il se battrait bec et ongles pour rester à ce poste le plus longtemps possible, quitte à jouer avec des alliances douteuses.

Lentement, il tourna son énorme tête vaguement triangulaire en direction de la jeune femme, s'arrachant à la contemplation hypnotique du panorama. Ses deux yeux globuleux se pèsent sur elle. Un regard froid, dur, sévère.

« Alors laissez moi reformuler ma question » dit-il, toujours aussi impassible. « Pourquoi devrais-je vous engager vous, plutôt qu'une autre ? Vous avez une minute pour me convaincre. »
Evadné Publius
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    Evadné s'était promis de ne pas s'arrêter au physique, vraiment. Elle avait déjà entendu parler du Ministre de l'économie, avait lu quelques articles dans des revues très sérieuses concernant le personnage. C'était un Hutt, rien de bien surprenant à ce qu'il soit objectivement laid pour une humanoïde. Toutefois, à se heurter au fond exécrable du politicien, elle se surprenait à trouver la forme répulsive ET révulsante. Afin de masquer sa profonde déception, elle détourna son minois angélique pour plisser ses lèvres dans une moue offensée. Ragda lui étalait au visage toute l'impolitesse et le manque de diplomatie qu'elle haïssait profondément recevoir.

    Avec grâce, la jeune fille s'était dirigée vers la vue panoramique dont elle loua la beauté singulière. Et il fut difficile d'arracher le spectacle de cette fourmilière à ses yeux fascinés. On sentait que le jugement implacable du dirigeant avait hérissé sur sa peau laiteuse un frisson d'appréhension. Et si elle trouvait le questionnement du ministre cohérent, elle ne pouvait s'empêcher d'en faire un affront.

    Alors, puisqu'elle était polie, elle se tourna vers lui et força un contact visuel qu'elle se serait, en d'autres situations, bien volontiers épargné.


    "-Un ou une autre, plus expérimenté(e) que moi, avec des prédispositions pour les affaires économiques, pour la politique en général, aurait été un candidat parfait à la trahison. De telles personnes, qualifiées, ont toujours appris d'un mentor qui espère généralement faire tomber un adversaire qui pourrait être vous. Vous devriez m'engager parce que je suis la dernière personne sur Coruscant à pouvoir et vouloir vous planter un couteau dans le dos, ou préparer la voie pour.

    De plus, Monsieur. Je suis une scientifique. L'économie est une science, malgré le fait qu'elle régit des fluides humains et conscients. J'ai volontairement décidé de sortir de ma zone de confort, pour apprendre, Monsieur. Parce que je pense que vous pouvez m'enseigner et qu'en retour, le savoir que j'accumulerai pourrait vous servir. Qu'une autre personne, serait sans doute plus prétentieuse car elle s'enorgueillirait d'arriver dans votre ministère avec ses acquis et ses connaissances en économie et qu'elle chercherait à vous impressionner. C'est ce qui mène souvent à l'erreur. Monsieur, je ne cherche qu'à être juste dans mon apprentissage. Et que je vous rassure, vous ne perdrez pas votre temps que je sais précieux. J'ai le sens des priorités.

    Enfin, Monsieur. Retenez bien que si demain vous venez à vous étouffer avec un os, je serai l'unique personne au Sénat à plonger ma main dans votre - excusez-moi du terme purement biologique, gueule jusqu'à l'épaule pour aller chercher cet os. Et que je n'utiliserai pas de gants, parce qu'en qualité de médecin mon hygiène est irréprochable et que j'ai fait le serment de soigner tout le monde. D'ailleurs, j'ai appris le fonctionnement du système digestif Hutt en troisième année. Juste après la reproduction.

    Quel rapport? Mais, si demain j'ouvre un cabinet médical à Coruscant, je ferai partie intégrante de l'économie - comme vous dîtes, par mon activité libérale. Je paierai des impôts, je gagnerai des crédits que je dépenserai également soit en investissement, soit en consommation et que j'épargnerai. Mon activité toucherait l'immobilier puisque je devrais acheter ou louer un bâtiment, les sociétés de constructions de droïde puisque je devrais me fournir un droïde médical et un droïde d'usage capable de traduire le premier. J'engagerai un ou une secrétaire que je devrais payer et qui ira à son tour dépenser. Oh, croyez-moi, l'économie me tient à coeur. Je suis une farouche fervente de l'entrepreneuriat.
    "

    Elle avait rassemblé tout son courage et son flot de parole était porté par sa voix calme. La toute blonde croisait ses mains contre sa poitrine, pour se donner plus d'assurance et contenir sa nervosité en serrant ses doigts l'un contre l'autre (empêchant ainsi ses mains douces de trembler).

    "-Laissez-moi travailler Monsieur le ministre, s'il vous plaît. " ajouta-t-elle avec politesse.

    Fin de la minute. En réalité, la sincérité de Publius transparaissait à travers ses airs. On avait bien compris que son honnêteté était son point faible. Avait-on déjà vu un politicien réussir en disant la vérité? Mais mentir, c'était comme tout : ça s'apprenait. Elle espérait avoir donné une autre impression que celle d'une poupée blonde dont le père venait de retirer la cuillère en argent de la bouche. Au creux de ses veines brûlait la motivation de faire ses preuves. Il y avait cela dans ses grands yeux aux teintes naïves : un pic de détermination, au fond de ses pupilles.


    Elle en aurait eu des choses à rajouter à ce discours de bonne foi. Mais par nécessité de suivre les consignes, elle ne préféra pas étendre sa minute. Mieux valait ne pas donner le sentiment à son interlocuteur de broder. Ses mains se détendirent avant de retomber le long des plis précieux de sa robe. Elle voudrait les occuper, nerveusement et se fit violence pour rester bien droite.

Ragda Rejliidic
Ragda Rejliidic
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Silencieusement, religieusement presque, le Sénateur et Ministre écouta la réponse de la jeune femme. Il profita de cet instant pour mieux l’observer. Ses énormes yeux globuleux, aux iris jaune-orangées, glissèrent lentement sur les courbes de son corps, l’inspectant de la tête aux pieds. Ragda s’était toujours considéré comme un bon analyste, capable de capturer les détails pour les mettre en relation. Une qualité indispensable à ses « activités parallèles » lorsqu’il enfilait le « costume » de Fantôme pour jouer au trafiquant d’informations sensibles.

Il se dégageait de la jeune femme une aura typique des personnes bien nées. Propreté, classe, assurance, même si le ton pris par les premiers échanges avait de quoi déstabiliser. On voyait clairement qu’elle avait été bien éduquée, dans un milieu aisé… Elle ne sortait ni de la rue, ni d’un milieu modeste. Même si Ragda nota ces informations, il décida ne pas en tenir compte. Il n’en n’avait rien à faire de ses origines. Elle pouvait bien sortir d’une poubelle de Coruscant que son attitude aurait été la même… Le problème, avec les jeunes gens issus de milieux aisés, c’était que certains se croyaient de facto supérieurs au reste de la galaxie, ce qui poussait leurs esprits embrumés par ces fantasmes de grandeur à une paresse excessive. Il en résultat des gens souvent charismatiques, très sûr d’eux… Mais ô combien stupides quand on creusait un peu. Cette Evadné ferait-il mentir les préjugés ? Il l’espérait… Parce qu’ils avaient bien d’autres sujets plus brulants sur le feu qu’un petit entretien.

Le Hutt nota également que la jeune femme correspondait aux canons de beauté de la plupart des espèces humanoïdes, sans pour autant se prononcer sur le fait que ce fusse une qualité ou un défaut. La beauté physique pouvait se révéler un sérieux boulet, que lui, heureusement, n’aurait jamais à trainer. Les belles femmes parfois, par facilité, préféraient user de leur charme plutôt que de leur intellect, une pratique que Ragda trouvait stupide. Pour autant, le Hutt n’éprouvait aucune attirance pour l’humanoïde qu’il considérait de toute manière comme son inférieure compte tenu de sa ridicule bipédie. Les Hutt se croyaient réellement l’espèce la plus évoluée de l’univers, ce n’était pas une rumeur. A vrai dire, comme beaucoup de ses congénères, Ragda ne comprenait rien aux critères beauté humanoïdes. Certains pensaient, à tort, que les Hutt affectionnaient les courbes généreuses des danseuses Twi’lek, telles de grosses limaces perverses. Mais en réalité, bien peu d’entre eux éprouvaient une quelconque attirance pour les femelles proche-humaines. Il s’agissait plutôt d’un faire-valoir, d'une démonstration de puissance et de richesse. Et puis, avoir quelques danseuses sous le coude, c’était toujours utile pour perturber l’esprit des autres partis lors de négociations…

Il divaguait. Ces histoires de Hutt n’avaient rien à avoir avec l’entretien en cours. Il s’agissait là d’un effet secondaire de la prise régulière de stimulants intellectuels… Telle une fusée devenue folle, son esprit partait dans toutes les directions en même temps. Dans ces moments, Ragda avait la sensation de pouvoir penser à des dizaines de choses à la fois, tel un génie… Mais en contrepartie, il éprouvait parfois du mal à se concentrer.

Reportant ses énormes yeux sur le visage de la jeune femme, Ragda sut lire dans son regard une forme de désapprobation. De la déception peut-être ? A quoi s’attendait-elle ? Le Hutt n’avait que faire d’être aimé ou apprécié de ses collaborateurs. Seul comptait le résultat.

Datapad dans une main, stylet dans l’autre, toujours juché sur son chariot répulseur, le Ministre gargantuesques nota un mot en marge du CV toujours affiché sur l’écran tactile. Le mot « Résilience ». La plupart des candidats perdaient leurs moyens devant lui, lorsqu’il commençait par casser leurs parcours universitaires, ou leurs expériences passées. Elle non. Une qualité qu’il appréciait et dont elle aurait besoin si elle désirait travailler dans son sillage. Hors de question de bosser avec une demoiselle fondant en larmes à chaque remarque tranchante.

Un autre mot fut rapidement noté, à côté du premier : « Pragmatique ». Pour se justifier, elle aurait pu partir sur des grands concepts intellectuels, vides de sens, inutiles… Mais au lieu de cela, elle cherchait à démontrer, dans la pratique, les qualités qui faisaient d’elle la stagiaire parfaite à son sens. Et effectivement, elle touchait un point important : la confiance. Travailler dans un ministère de cette importance la mettrait en relation avec des informations sensibles… Impossible de travailler avec une personne dont on ne pouvait avoir confiance.

Enfin, un unique et troisième mot vint terminer cette séance de gribouillage de marge. « Non-conformiste ». Sa démonstration sur son intégration à l’économie galactique lui échappait quelque peu, ne comprenant pas tellement la logique de la jeune femme… Mais elle tentait quelque chose, elle cherchait à sortir des sentiers battus. En outre, personne ne lui avait jamais répondu en entretien en lui parlant subitement de sa gueule ou de son système digestif. L’idée le fit même sourire l’espace de quelques secondes. Où avait-elle été cherché une idée pareille ?!

« Intéressant »
répondit simplement le Hutt. Un mot qui voulait tout, et surtout, ne rien dire. Il se laissa quelques secondes pour méditer à ce qu’il allait lui répondre. Si dans les média il aimait en faire des tonnes, s’écouter parler, sortir de grandes phrases éloquentes… Dans le milieu professionnel il fonçait toujours droit au but, ne tournant jamais autour du pot. L’efficacité était généralement son leitmotiv.

« Pour ma part, j’ai toujours trouvé beaucoup de parallèles entre la médecine et l’économie. Du moins dans les méthodes de travail. La République est un organisme vivant, qui change, évolue, mute à chaque seconde qui passe. Nous, économistes, politiciens, ministres sommes à la fois des observateurs, des chercheurs, des analystes et des hommes de sciences. Nous cherchons à comprendre le fonctionnement de notre société, pour proposer des solutions appropriées. Lorsque j’écris un texte de loi, j’ai la sensation d’avoir la vie de patients entre les mains, comme si je pratiquais une opération risquée. Je sais que la moindre virgule de travers, la moindre erreur pourrait conduire à un désastre. »


Il ricana.

« Vous allez me trouver bien idéaliste j’imagine. Mais j’aime à croire que nous faisons ici plus que de la simple gestion ou des calculs mathématiques. D’ailleurs, vous seriez étonnée de lire certains modèles économiques basés sur le comportement des foules. Je pense sincèrement que pour se lancer en politique, et plus particulièrement dans l’économie politique, il faut savoir appréhender le vivant. » Il croisa ses petits bras sur un bourrelet énorme de son torse, le regard dans le vague. « Mon Ministère est l’un des plus critiqué. L’argent a quelque chose de… sacré, de tabou. La moindre décision, le moindre projet de loi déclenche immédiatement des réactions hostiles. Tantôt nous sommes trop conservateurs, tantôt trop avant-gardistes… Trop humanistes, trop libéral… Trop proches des classes moyennes, trop indulgent envers les plus riches… » Oui, c'était du vécu. Ses yeux globuleux se plantèrent dans ceux de son interlocutrice. « Il faut comprendre la foule pour anticiper ses réactions. L’Economie n’est pas qu’une question de chiffres… Même une excellente loi, si trop impopulaire, peut déclencher des catastrophes à l’échelle macroscopique… Comprenez-vous ? »

Il lui laissa l’opportunité de répondre, rapidement, en quelques mots. Ce faisant, il lui tourna le dos pour dériver jusqu’au mini bar, et se servir un fond de cognac hors de prix. Il conserva le verre en main, pour rapidement reprendre :

« Ainsi je suis convaincu que votre expérience médicale peut être un plus, à condition de savoir en faire usage. Avez-vous suivi des cours de la psychologie ? »
Demanda-t-il avant d’absorber, cul-sec, le liquide ambré, et de reposer le verre sur le tableau de bord de son chariot. « Un autre aspect du travail doit être abordé. » reprit-il, très sérieux. « La conjoncture actuelle est bien plus difficile que ce qu’annoncent les média. Mon Ministère temporise les mauvaises nouvelles pour éviter un sentiment de panique qui n’aurait pour conséquence que plus d’instabilité financière.

Autant dire que nous travaillons tous d’arrache-pied ces derniers temps. Je recherche une personne motivée, qui ne compte pas ses heures. Bien sûr vous serez payé au lance-pierre, bien que je dispose de quelques moyens exceptionnels : primes au mérite, pour vous récompenser si je juge que vous dépassez les objectifs fixés. Depuis l’apparition de l’Empire Sith, la capture du Chancelier Arnor, la perte de deux de nos flottes autour d’Artorias, les indicateurs économiques s’affolent. Et le récent bain de sang sur Flydon Maxima, l’échec des négociations avec l’Empire, et l’embuscade sur la flotte plénipotentiaire n’ont rien arrangé au sentiment d'insécurité qui plombe notre bilan... Barre que nous devons absolument redresser avant le prochain vote du budget au Sénat… »
Il soupira. Même si la conjoncture ne pouvait lui être directement imputée, il savait, au fond, qu’il était responsable d’une partie de ces évènements dramatiques. Il avait magouillé avec la Dame Noir des Sith, par deux fois : une fois avant Artorias, une fois après… Et c’était lui qui avait déclenché la bombe sur Flydon Maxima, l’incident qui avait conduit au bain de sang entre l’Empire et la République qui se rejetaient la faute. « De plus » continua-t-il, sur le même ton, comme s’il n’avait jamais pensé à tout cela, n'éprouvant pas l'ombre d'un remord « Le travail que j’attends d’une stagiaire peut s’avérer ingrat. Vous allez devoir compulser des tonnes de documents, vérifier des infos, des calculs, relire les projets de loi… Et bien entendu, votre nom n’apparaitra jamais sur un seul document… Est-ce que cela vous pose problème ? »

Il lui laissa une nouvelle fois le temps de répondre. Il l’observait attentivement. Enfin vint la dernière question, la plus importante :

« Que pensez-vous du mensonge ? Ne serait-ce que le mensonge par omission ? En intégrant les équipes de mon Ministère, vous allez être confronté à des données et des informations sensibles qui ne devront jamais sortir de ces murs. Le grand public, et encore moins l'holo-presse, ne doivent savoir ce qui se passe ici, quels sont nos projets, que disent les indicateurs avant d’être… retravaillés. Bref, plus que de la confidentialité, vous pourriez être amené à mentir, à nier. Vous sentez vous en phase avec cela ? »

Evadné Publius
Evadné Publius
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    "-Oui, je comprends." articula-t-elle de manière simple, le mouvement de ses lèvres amenant une réponse implacable. Elle faillit rajouter que le peuple ne sait pas toujours ce qui était bon pour lui, car toujours porté par un pathos inélégant. Il fallait néanmoins composer avec le risque du mécontentement. Après tout, Les politiques possédaient une anatomie spéciale leur permettant de faire le dos rond.

    "-J'ai suivi des cours de psychologie durant mes premières années. Un peu moins quand j'ai fait de l'internat et plus du tout aujourd'hui. C'est une discipline trop peu scientifique à mon goût. Et je ne suis guère douée avec les états d'âme, et les sentiments."

    A son tour, elle se déplaça pour rejoindre son fauteuil sans s'y installer. Sa jeunesse ne lui ferait pas l'affront d'avoir le besoin inlassable de rester assise. Ses beaux yeux dérivèrent jusqu'à la silhouette de fer imposante du droïde dont la ville n'avait pas cessé. D'autres préoccupations occultèrent un temps ses pensées : comment allait-elle se traîner cette grosse conserve dans un contexte non-médical? Ce fut avec un certain effroi qu'elle réalisa les tâches de rouille. Heureusement qu'Evadné était bien née, l'entretien de ce vieux machin risquait de lui coûter un bras, et un rein. A se demander s'il ne faudrait guère vendre ses cheveux avec.

    "-Faire des études, c'est ingrat. Vous savez, Monsieur...l'ingratitude fait partie intégrante de ma vie. J'exécuterai le travail que vous jugerez nécessaire que j'exécute. Je n'ai pas vraiment de..."

    Elle marqua une pause et décida d'interrompre abruptement sa phrase ici. Parce qu'elle souhaitait exprimer l'inexistence de vie sociale chez elle. A son âge, on s'entichait déjà de nombreux amis (ne serait-ce que des camarades de fac!), d'un fiancé - ou d'amants (pour les plus libertines), d'activités de détente - et mis à part le jardinage occasionnel, elle n'en avait pas souvent. Bref, Publius représentait la main-d'oeuvre idéalement exploitable. Le salaire n'avait que peu d'effet sur elle, étant donné que son père subvenait à tous ses besoins. De plus la charge et le temps de travail ne risquaient pas de nuire à sa vie privée.

    Ses doigts fins s'alignèrent doucement sur le dossier du siège, et elle baissa ses prunelles vers le sol pour marquer un temps de réflexion. Il émanait d'elle, un parfum frais et printanier, qui pouvait irriter des narines trop délicates ou peu habituées aux raffinements des effluves.

    "-Oui. Je crois que c'est un peu comme la médecine. Il y a parfois où...j'aurais dû mal à annoncer une tragédie à un patient. Je pense donc que je pourrais évidemment nier ce qui pourrait mener à la destruction de nos efforts conjoints. Je n'aimerais pas tromper sciemment des innocents, mais en cas il me semble que le mensonge est un moyen raisonnable d'atteindre une fin honnête."

    Une grande inspiration fit gonfler sa poitrine, et elle expira discrètement avant de redresser son regard sur le Hutt, souriante.

    "-Par où commençons-nous? Pas l'os planté en travers de votre œsophage j'espère ! Quoiqu'avec FX-67 je pourrais opérer n'importe qui en temps réel."


    Et comme si la prononciation du mot "opérer" avait appuyé sur un bouton, le droïde sortit brutalement de son coma volontaire. Deux de ses bras se déplièrent avec à leur extrémité en forme de pince, un scalpel et une seringue.

    "-Ca ira FX67, c'était juste un abus de langage. Il n'y a pas d'opération pour le moment."


    La machine gronda faiblement puis se replia de nouveau dans un étrange mutisme.

    "-Je suis prête."


    En fait, elle avait déjà menti. Par omission, mais sans en être véritablement consciente. Elle avait assuré exécuter n'importe quelle tâche sans comprendre que si le métier exigerait de mettre en exergue ses atouts physiques, elle serait réticente. Etre d'une telle beauté et refuser d'en faire un avantage, quel gâchis. Il ne s'agissait évidemment pas de vendre son corps, mais de séduire ou de rincer certains regards afin de rendre des signatures ou des consentements plus faciles. Etre un agent de corruption somme toute. Evadné ne pensait pas que cela puisse être possible ou envisageable. Dans son monde, tout s'obtenait par le mérite, pour tout le monde, chez tout le monde.
Ragda Rejliidic
Ragda Rejliidic
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« Et bien... Si vous désirez vraiment ce stage, il va falloir ressortir vos manuels de psychologie... » répondit rapidement l'énorme Hutt, secouant la tête face à un tel manque de lucidité. « Il est impossible de mettre les pieds dans l'économie galactique sans une approche psychologique du citoyen républicain ! » Il soupira. Comment expliquer de tels concepts à une néophyte ? Pour autant, il avait bien besoin d'un peu de sang neuf dans son équipe, justement pour prendre à rebrousse-poils tous ces stéréotypes. « Il y a un mot clé qui revient souvent en économie : le mot « confiance ». Les marchés, à l'échelle galactique, dépendent principalement de cette notion. Si le citoyen a confiance en son avenir, alors il n'épargne pas outre mesure et profitera de la vie, réinjectant ses crédits dans une économie réelle qui stimulera la croissance... Au contraire, s'il doute, s'il croit que notre système fonce droit dans le mur, soit il ne dépensera plus, préférant laisser son argent dormir sur des comptes ne profitant qu'à une économie spéculative échappant à tout contrôle, ou alors, pire encore, il retirera ses économies pour la planquer sous son oreiller...

De même, lorsqu'un climat de confiance plane autour des marchés financiers, les investisseurs investissent, les sociétés se développent, recrutent, dépensent en recherche et développement, cherchent à s'étendre, osent le risque ! Dans le cas contraire, les investissements s'effondrent, le risque n'est plus permis, l'emploi est le premier à en souffrir... Et tout chute avec. »


Toute ce laïus pour quoi ? Pour lui montrer l'importance de l'approche psychologique de l'économie Républicain ? Et oui...

« Le citoyen lambda ne comprend rien au fonctionnement de notre économie. Et il serait idiot de lui en vouloir : la République est une nébuleuse indéchiffrable. Si une loi, pourtant réellement utile, n'est pas correctement expliquée, présentée, traduite pour le grand public, alors l'effet de masse peut avoir des conséquences désastreuses. Par exemple ponctionner quelques ridicules crédits sur les comptes de nos concitoyens pour relancer l'économie de marché pourrait être si mal interprété que ceux-ci, désireux d'échapper à la mesure, retireraient leurs épargnes, causant la banqueroute de notre système bancaire... Une mesure utile, mais qui conséquences désastreuse.

Il est indispensable d'anticiper cela dans tout projet de loi... Ne serait-ce que pour influencer le vote des Sénateurs, qui ne sont pas tous, avouons-le clairement, des spécialistes dans ce domaine. »


Il décocha un sourire à la jeune femme.

« Mais c'est aussi en partie pour cette raison que je ne recherche pas un brillant étudiant en économie. J'ai besoin d'un regard neuf, naïf, idiot par moment. Même vos plus stupides questions, nées de votre ignorance, pourraient nous faire prendre conscience de l'impact psychologique des futurs projets de loi en cours de réaction. Comme j'ai pu vous le dire, la conjoncture est difficile : nous n'avons pas le droit à l'erreur. »

L'entretien, finalement, se passait plutôt bien. Cette jeune femme commençait tout doucement à épouser les formes du moule que Ragda s'était imaginé en diffusant le profil recherché. Malgré tout, il grimaça lorsque celle-ci, soudainement un peu trop excitée à son goût, se croyait déjà embauchée. Il a calma immédiatement, froidement, implacablement :

« Prête à quoi ? » fit-il, les mots devenus des lames de rasoirs. « Je n'ai encore rien décidé vous concernant... » Il la regardait, bourrelets froncés, d'un air sévère. « Et arrêtez immédiatement avec vos allusions concernant... mon œsophages. J'ai peut-être trouvé l'approche amusante la première fois... La seconde je la trouve inappropriée, inutile et complètement déplacée. Suis-je clair ? »

Hors de question de laisser ce genre de familiarité s'installer au cas où il déciderait de la retenir ! Ragda soupira, se forçant à se calmer. A force d'être constamment sous pression, la moindre contrariété avait tendance à le faire sortir de ses gonds. Une candidate enthousiaste... Était-ce si dramatique ? Le Hutt secoua la tête avant de se resservir un autre verre de cognac. Il dériva lentement vers son bureau... Pour appuyer de son petit index boudiné sur l'un des boutons de la console fixée dessus.

« Diménéon, ici, tout de suite. »
fit-il, sur un ton sec, comme parlant à un animal. Moins de quinze secondes plus tard l'intéressé entra. Ragda releva les yeux de ses écrans :

« Mlle Publius... Je vous présente Diménéon Gostalis, mon plus proche collaborateur. Il est le Directeur du Trésor Central... Le DTC. Il opère également en qualité de conseiller expert sur les questions monétaires. »

Le Toydarien s'avança de quelques mètres, torse bombé, yeux brillants. Sa peau vira au rose vif.

« Avant d'occuper ce poste, il était mon assistant personnel dans la délégation sénatoriale Bakurienne. Nous avons parcouru un long chemin ensemble... Il saura prendre le relais pour vous faire visiter le service, vous présenter les postes clés... Et répondre à vos questions. »
reprit-il, avant de poser ses yeux sur la jeune femme. On voyait à son regard qu'il pensait déjà à autre chose que cet entretien. « Je dois répondre à plusieurs holo-mails et faire du tri dans mon agenda. Je propose que l'on se retrouve dans une heure au restaurant du Sénat. Diménéon vous y conduira. Nous y mangerons en tête à tête. J'aurais pris ma décision vous concernant d'ici là... 

Autre chose à dire ? Vous voulez conclure cet entretien ? »
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