Ragda Rejliidic
Ragda Rejliidic
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Le Platinium... Le club le plus « sélect » de toute la galaxie.
 
Celui-ci occupait le dernier niveau de la plus haute tour de Coruscant, située prêt Monument Plaza, la tête quasiment dans les nuages artificiels. De la haut, la vue était imprenable, et sans comparaison. En effet, les quatre cotés de l'espace rectangulaires n'étaient composés que d'immenses baies vitrées en transparacier sans teint, assurant aux occupants une discrétion totale tandis que ceux-ci pouvaient se perdre dans la contemplation de l'horizon. A cette altitude, il ne convenait plus de parler de ligne d'horizon... Mais plutôt d'arc de cercle, puisque la courbure de la planète devenait visible lorsque le regard portait sur des dizaines de milliers de kilomètres à la ronde.
 
Une vision hypnotique, kaléidoscope aux millions de couleurs, aux formes changeantes, s'offrait au fortuné spectateur. Coruscant était plus qu'une ville, plus qu'une planète... Elle était un organe vivant, le cœur palpitant de la République, de la galaxie même. Il y avait là des forêts de tours, ici un océan de métal dont les reflets du soleil, amplifiés par les miroirs orbitaux, donnait l'illusion de vagues en perpétuelles déchaînement. Il y avait aussi les milliers de couloirs aériens, à toutes les altitudes, qui se croisaient en angle droit. Les plus lointains ne devenait que de simples lignes légèrement plus foncées que l'horizon, donnant l'impression qu'une immense toile d'araignée s'était refermée sur la planète, pour mieux l'étouffer. A cette altitude, les changements météorologiques devenait également visibles. A l'ouest l'ombre des tours s'étiraient, alors que la nuit tombait lentement... Tandis qu'à l'est, le soleil se tenait à son Zenith. Là bas il était possible d'observer les zébrures des éclairs, sous cet aggloméra de nuages couleur de cendre, tandis qu'ici, aucune nappe n'empêchait les timides rayons de l'astre solaire de réchauffer les carcasses métalliques des édifices.
 
Un panorama éblouissant mais distant, silencieux, qui faisait pâle figure à coté de l'activité débordante de l'intérieur du club.
 
Le Platinium se revendiquait comme étant le club réservé aux êtres les plus riches et les plus puissants de cette galaxie. L'entrée demeurait fermée aux illustres inconnus... De toute manière, la plupart d'entre eux n'auraient jamais pu se payer le million de crédit demandé pour devenir membre. Et même avec la somme en poche, la porte restait ostensiblement fermée tant qu'une personne de l'intérieur ne vous y invitait pas. Telle était la dure loi du club : un cercle fermé réservé à une élite bien au dessus de la masse des citoyens lambda.
 
Et Ragda faisait parti de ceux là... Il devait sa carte de membre à un surprenant coup du destin... Le club appartenait jadis à un certain Flydon Floyd, à l'époque presque inconnu, qui avait depuis longtemps revendu ses parts... Celui-ci avait fait fortune avec son concept de club « VIP », puis s'était acheté une station spatiale perdu au fin fond de l'espace, d'où il s'était créé un véritable empire du jeu et de la luxure. Ragda soupira. Et dire que les négociations futures entre l'Empire Sith et la République auraient lieu sur cette fameuse station : Flydon Maxima... Quelle ironie sordide.
 
Bref, à l'époque, presque une décennie déjà. Ce Zeltron avait mis les pieds dans son casino, sur Bakura. Et cet idiot avait tellement flambé lors d'une partie privée de Sabbaac, qu'il s'était retrouvé incapable de rembourser ses dettes... En échange, il avait proposé au Hutt une carte de membre, ainsi que le privilège de faire entrer qui il souhaitait. Ragda avait hésité, mais il s'était finalement laissé prendre au jeu...
 
Ce qui expliquait sa présence aujourd'hui en ces lieux. S'il l'avait souhaité, il aurait largement pu se payer le sésame à un million de crédit... Mais cela représentait tout de même une belle somme économisée. Son casino lui rapportait beaucoup d'argent certes, mais ce n'était pas une raison pour jeter les crédits par les fenêtres. La dernière fois qu'il avait regardé le classement sur l'Holonet, il était encore la trois cent trente deuxième fortune galactique... Pas si mal pour un Hutt parti de rien, dix ans plus tôt. Flydon Floyd, lui, frimait à présent en troisième position... Derrière les deux plus gros armateurs de navires de guerre de la République.
 
Peut-être aurait-il du suivre les conseils de Flydon : ouvrir d'autres casinos plutôt que de se lancer dans la politique... Après ce qui venait de se passer, il regrettait presque ses choix de carrière... Putain, il avait été si prêt du but... Et voila que le Sénat s'était retourné contre lui, qu'il lui avait retiré sans vergogne ses pouvoirs extraordinaires de Ministre Spécial... Ses véritables alliés se comptaient aujourd'hui sur les doigts d'une main...
 
Et dire que, quelques mois plus tôt, il avait passé un savon au Sénateur Janos, l'accusant d'être un gêne pour la popularité du Chancelier... Maintenant c'était à son tour de s'accrocher à Halussius, alors que sa côte de popularité parmi ses confrères frisait le ras des pâquerette. L'histoire de l'arroseur arrosé...
 
Cette triste vérité déprimait la grosse limace, même pire : elle le hantait, jour et nuit. Et c'était pour cette raison qu'il avait finalement décidé de passer une soirée au Platinium, histoire de se changer les idées.
 
« Un autre cigare Monsieur ? » demanda poliment le serveur. Un Zabrak à la peau rosée et aux tatouages étonnamment discrets. Tout en parlant, il s'était légèrement penché en avant, présentant au Hutt le contenu de son plateau, qu'il portait sur le plat de sa main droite. Sur celui-ci trônait une pyramide de cirages de luxe... C'était l'une des particularités qui avait rendu le club célèbre : ici les cirages étaient gratuits et à volonté. Ragda venait à peine d'en finir un... Mais il en pris un nouveau.
 
« Merci. » répondit-il, simplement, sans vraiment y penser. Les serveurs, très professionnels, étaient si discrets qu'on aurait pu les confondre avec le mobilier. Le Hutt porta son précieux barreau aux lèvres tandis que le Zabrak lui alluma d'un claquement de briquet. La première bouffée lui fit un bien fou... La première bouffée était toujours la meilleure. Il se sentait déjà plus... détendu. Tout en y pensant, il remua de l'arrière train afin de s'enfoncer encore un peu plus dans les coussins de l'énorme banquette destinées aux clients de son espèce. Ce club rivalisait d'ingéniosité pour permettre aux représentants toutes les espèces d'y passer du bon temps. Certains salons privés étaient climatisés et/ou pressurisés, afin de répondre aux exigences biologiques de chacun.
 
Raga lui avait opté pour l'immense salle de réception. Celle-ci occupait la majorité de la superficie du club. Un espace détente hors norme, où avaient été jetées comme au hasard des tables « design » d'un blanc éclatant entourées de confortables banquettes rouges en arc de cercle. Ces alcôves offraient une intimité rassurantes, tout en permettant d'observer l'estrade centrale sur laquelle dansaient en permanence trois danseuses exotiques. Ces créatures au corps parfait : des Twi'lek, des humaines, des Nautilanes, des Zeltrones aussi, se trémoussaient aux rythmes des musiques chaudes qui donnaient à cet espace une impression euphorisante de détente lascive. Elles roulaient du bassin, se tortillaient de la croupe, et tout cela en tournant autour de barres chromées. La lumière, tamisées au dessus des tables, brillait néanmoins de mille feu en direction des danseuses créant d'alléchants jeux de lumières sur leur peau légèrement huilée. Un spectacle sexy, érotique, mais tout sauf vulgaire... Le Platinium n'était pas une sordide boite de strip-tease ! Ces femmes, bien que vêtu de tenues minimalistes ne s'effeuillaient jamais. Seconde particularité du club.
 
« Vous semblez soucieux ce soir ? » lui demanda de sa voix chaude la jeune humaine assise à coté de lui, elle aussi lovée dans les larges coussins. Elle portait une tenu sombre mais très élégante. Bras nu, jambes dénudées jusqu'à mi cuisse. Un petit décolleté en « V » qui soulignait le galbe généreux de sa poitrine siliconée. Ragda tourna la tête pour planter son regard dans celui de la jeune femme. Un visage symétrique, parfaitement maquillé afin de mettre en valeur ses pommettes hautes, son petit menton arrondi, et ses yeux d'un vert émeraude. Le Hutt laissa échapper un petit grognement. Il n'aimait pas parler de lui... Mais ces hôtesses, troisième particularité du club, étaient justement là pour détendre les riches clients soucieux, afin de les délester des tracas de leur quotidien. Ces femmes, d'une grande beauté, étaient également sélectionnées pour leur intellect. Elle savaient mettre à l'aise, écouter, répondre avec intelligence, et surtout, trouver les mots justes. Elles devenaient l'espace d'une soirée des confidentes à qui on avait l'impression de pouvoir tout raconter.
 
« Belle... Ce n'est pas ma semaine diront nous... » grommela le Hutt, hésitant à entrer dans les détails. La dénommée Belle lui décocha un sourire compréhensif puis répondit :
 
« Je comprends Ragda. Il y a toujours des haut et des bas... Mais vous connaissant, je suis persuadée que vous saurez rapidement rebondir »
 
Ragda haussa les épaules, puis détourna le regard afin de se laisser hypnotiser par les danseuses : « Peut-être bien... Ou peut-être pas. Pour être franc et vulgaire : je suis dans la merde jusqu'au cou ! »
 
« Ne dites pas cela ! Il vous reste la santé, et puis, votre casino se porte bien si je ne m'abuse ? Essayez de vous détendre un peu... Passer une bonne soirée vous fera peut-être relativiser vos problèmes... Et, puis, vous le savez, vous pouvez tout me dire si cela peut vous soulager... »
 
« Je... » hésita Ragda. Elle n'avait pas tord. « Oui mon casino... Lui va bien au moins... Disons que ma carrière politique vient de prendre du plomb dans l'aile... Et tout cela à cause de quelques Sénateurs un peu trop zélés ! J'y crois pas ! Moi ! Me destituer de mes pouvoirs, m'accuser de trahison... Quelle ingratitude ! J'ai empêché la division... J'ai sauvé le Chancelier tout en évitant une guerre sanglante ! Et voilà comment je suis remercié... » Il grimaça : « Et puis... Il parait que je suis enceinte... ». Parler faisait du bien oui. L'autre qui s'était contentée de hocher jusqu'à présent la tête, porta sa main à la bouche, surprise par la dernière déclaration.
 
« Vous... »
 
Elle fut interrompu par un responsable en costume haute couture. Un type chauve, humain, grisonnant, mais à la stature impeccable. On aurait pu facilement le prendre pour un major d'homme d'une famille aristocratique.
 
« Monsieur Rejliidic... Votre invité est arrivé. Dois-je vous le conduire immédiatement à votre table, ou souhaitez-vous d'abord terminer cette conversation ? »
 
Ragda se redressa... Il avait presque oublié le Sénateur Scalia ! Il lui avait donné rendez-vous au club, afin de pouvoir échanger librement. Il ignorait tout de ce Sénateur fraîchement élu... Et comme, d'une certaine manière, celui-ci devait son poste à Ragda, le Hutt espérait trouver en cet Artorien une personne agréable, au dessus des rumeurs qui courraient sur sa prétendue trahison. Un allié potentiel en somme.
 
« Non non, vous pouvez le conduire ici. Belle ? Tu nous laisse seul un moment ? »
 
La femme s’exécuta sans un mot. Ragda pris une nouvelle bouffée. Ces cigares d'Aldéraan étaient plutôt bons... Et alors que la silhouette du Sénateur approchait, le Hutt lança :
 
« Sénateur Scalia ! Honoré de faire enfin votre connaissance. Vous désirez boire quelque chose ? Un cirage peut-être ? Dites moi, comment se passent vos premiers jours ? Quelles sont vos premières impressions ? »
 
Beaucoup de questions... Qui amèneraient beaucoup de réponses... Lui laissant ainsi le temps de terminer tranquillement son barreau.
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Luxure. Tout semblait n'être que luxure sur cette planète-ville de Coruscant.

Valerion avait quitté sa fille, laissant celle-ci dans les appartements sénatoriaux qui étaient désormais les siens. Il avait sauté dans un speeder où un chauffeur avait demandé la destination à prendre. Speeder et chauffeur... deux éléments mis à disposition de chaque sénateur républicain. A cela, il fallait ajouter le restaurant du Sénat entièrement gratuit pour les membres de la Rotonde... Valerion n'arrivait que difficilement à faire la liste des privilèges dont disposait la classe à laquelle il appartenait désormais. Tout semblait être fait pour pousser le sénateur à se maintenir à tout prix... car le salaire s'avérait également très intéressant!

Le Sénateur d'Artorias n'avait jamais beaucoup pratiqué les excès... Il était né dans une maison noble artorienne sur le déclin, où il avait vu sa mère vendre les meubles les uns après les autres. Une mère qui avait toutefois su rester belle et dont le charme avait séduit le roi Dariel V. A dix-huit ans, il avait du quitter la demeure familiale pour rejoindre avec sa mère la cour d'Artorias. Valerion avait connu le faste et l'avait vomi. Tout ce luxe pétaradant et sans originalité lui avait paru d'une vulgarité effrayante. Il se rappelait les orgies auxquelles il avait assisté, adressant toujours un air de suprême dédain au premier noble enivré qui lui adressait la parole. Les "dames de compagnie", terme plus consensuel que celui de prostituée, circulaient toutes les nuits dans les allées du palais artorien. Curieusement, la situation de débauche qui avait alors caractérisé la cour d'Artorias n'avait jamais été vue d'un mauvais oeil par le peuple. Dariel V avait été populaire jusqu'à sa mort, à un âge avancé qui ne lui avait pas enlevé de sa vigueur. Le vieux roi avait toujours été un homme charismatique, et la situation économique d'Artorias était particulièrement bonne, ce qui détournait l'attention populaire des délices du palais...

Valerion était finalement arrivé au bas de la tour du platinum. Il lui suffit de montrer l'invitation du ministre Rejliidic pour être amené par un majordome, visiblement très coincé, dans un des ascenseurs menant à la salle de réception. Entièrement transparent, l'ascenseur offrait une vue éblouissante et, à mesure qu'il montait, permettait d'observer une étendue du paysage toujours plus grande.

Certaines personnes appréciaient Coruscant. Son effervescence avait en effet quelque chose de grisant. Impossible de passer à côté de ces forces en perpétuel mouvement dans la capitale républicaine, des forces déterminant le sort de galaxie. Tout se déroulait avec une vitesse phénoménale : le trafic, les allocutions au sénat, les intrigues, les trahisons, les flux économiques, les contrebandiers...

Le prince artorien restait toutefois insensible aux charmes métalliques de Coruscant. Pour lui, ces tours aux dimensions prodigieuses ne présentaient que peu d'intérêt. Quels édifices coruscanti arboraient encore la marque d'une véritable recherche architecturale? Les bâtiments ne faisaient que défiler, serrés les uns contre les autres, dans une grisaille morne et bureaucratique. Coruscant était connue pour être un lieu de vie, Valerion ne pouvait y voir que la mort. C'était une planète exsangue, où rien ne poussait, atrocement polluée et totalement dépendante d'autres systèmes. La capitale républicaine donnait au sénateur l'impression d'un géant épouvantable vivant du travail de minuscules fourmis. En toutes choses, la situation coruscanti contrastait avec celle d’Artorias, petite planète de la bordure extérieure à la nature verdoyante. Des forêts intactes, voilà ce qui composait la majeure partie des terres artoriennes, où Valerion avait chassé à maintes reprises dans sa jeunesse. La Grande Mer, quant à elle, offrait à la capitale ainsi qu’à de nombreuses petites villes de délicieux poissons et fruits de mer, spécialité locale. Eloignée de tout, Artorias avait su concilier développement économique et respect de la faune et de la flore. L’écologie n’avait jamais été un vain mot pour les Artoriens. Loin de tout, la planète présentait une forte homogénéité raciale. La plupart des citoyens étaient des humains, venaient ensuite les Twi’leks puis des Gungans.

Mais tout cela, c’était du passé. La capitale avait brûlé, comme bien d’autres territoires habités. Le petit paradis de Valerion avait péri dans les flammes. Les Sith n’avaient pas tout détruit non… Quel intérêt de détruire des forêts entières ? Mais les villes n’étaient plus que des tas de ruines fumantes. L’Artorien fut alors saisi d’une pensée : pourrait-il un jour revivre là-bas ? La situation de ses concitoyens d’Aargau ne pouvait qu’être temporaire… mais quand bien même la guerre serait lancée, comme il l’espérait, sa planète natale serait-elle si vite reprise ? Serait-elle habitable ? Non. Lord Janos imaginait peut-être que la situation des Artoriens ne durerait que trois-quatre ans, mais Valerion espérait que l’Aargaun ait été plus perspicace. La situation artorienne ne trouverait pas une solution rapide… D’où la nécessité pour le Sénateur de la planète sinistrée de prendre la parole devant les Aargauns. Il faudrait rassurer, sans passer pour un misérable.

Et puis… et puis il y avait Neyo. Le Roi avait perdu le peu de crédibilité qui lui restait en montrant à la galaxie entière sa couardise. Mais Neyo n’avait rien d’un âne bâté. Il essayerait peut-être de se refaire une réputation et avait l’avantage de résider avec les exilés sur Aargau, alors que Valerion se voyait continuellement coincé dans cette boite de conserve géante qu’était Coruscant. En plus, des rumeurs couraient sur une possible grossesse de la reine, et ça il ne pouvait le supporter. Si Neyo disposait d’un héritier, Valerion se verrait définitivement écarter du trône artorien. Le sénateur artorien avait toujours jugé injuste sa situation : plus vieux que Neyo, il n’avait toutefois pas pu succéder à Dariel V pour la simple et bonne raison que Neyo était l’unique enfant issu de la semence du vieux roi… Valerion pouvait néanmoins espérer devenir un jour Roi d’Artorias… Il suffisait pour cela que le roi bien aimé décède… Seulement, si Neyo héritait avant cela d’un fils ou d’une fille… Valerion pouvait tout simplement dire adieu au trône artorien ! Il avait pensé plus d’une fois à un assassinat, sans jamais mettre ses idées en actions.

L’ascenseur atteignit l’étage souhaité et le nouveau sénateur estima qu’il était peut-être temps de repenser sérieusement à l’élimination de ce bon vieux Neyo… Coruscant ne devait tout de même pas manquer de chasseurs de primes !

Ces sombres pensées furent rapidement balayées par la vue qui s’offrait maintenant à Valerion. La salle de réception était immense. Des banquettes étaient installées un peu partout, où se prélassaient des pontes immondes portant des lubriques sur de jeunes femmes pour le moins… finement vêtues. L’endroit était certainement distingué et à l’évidence le service devait être exemplaire, n’empêche tout cela donnait l’impression à Valerion d’être le spectateur d’une ère décadente. La drogue, la boisson, le sexe… tout cela ne le choquait pas. Mais qu’était le Platinium sinon une cantina ? Une cantina pour riches, là était la seule différence. Comme Major de la République il avait réalisé bien des missions et fréquente bien des bars sordides… il préférait nettement ces derniers au verni doré de ce complexe d’empaffés. Mais bon… il était invité.

    « Sénateur Scalia, si vous voulez bien me suivre je vais vous conduire auprès de monsieur le ministre Rejliidic. »


Valerion suivit le domestique. Heureusement, les personnes travaillant ainsi étaient tenues de conserver le secret sur ce qui se déroulait et disait en ces murs… Valerion n’avait guère envie d’être trouvé en ces lieux, lui, le représentant des exilés artoriens. Tranchant avec les tenues chatoyantes et tape-à-l’œil de bien des habitués du club, le sénateur était habillé de sa tunique grise d’officier militaire. Le port de cet habit pouvait sembler bien étrange… mais Valerion n’était-il pas général des armées artoriennes ? Bon, ça c’était l’officiel. Dans les faits, cela ne voulait plus rien dire vu qu’il n’existait plus d’armée artorienne ! En plus, la planète avait rejoint la République… Si le titre de général n’avait donc rien à voir avec la réalité, le titre de major de la République n’avait lui rien de factice. Toutefois, l’élection au sénat devait avoir changé la donne… Officiellement, il ignorait qu’elle était vraiment sa position au sein de l’armée républicaine. A l’évidence, il devait sans doute être considéré comme suspendu de ses fonctions pour la durée de son mandat. Sans pour autant être viré de l’armée… Encore heureux après les années passées à son service ! Valerion y avait de nombreux contacts, et il savait que c’était sans doute, pour l’instant, son meilleur atout dans la jungle politique coruscanti.

    « Tout aussi ravi de vous rencontrer, sénateur Rejliidic. J’espère ne pas vous déranger, je crains d’être une compagnie moins attrayante que les demoiselles qui viennent de vous quitter… »

Un verre ? Pour sûr, c’était nécessaire. Valerion prit place dans un fauteuil, croisant les jambes. Sa tenue était un uniforme, certes, mais un uniforme gris élégant. La République disposait d’excellents couturiers… du moins pour ses hauts-officiers. De belles bottes noires cirées brillaient dans la lumière tamisée des lieux. Un serveur lui demanda ce qu’il souhaitait et le prince artorien commanda un rhum. Aussitôt dit, aussitôt fait. Et, il fallait le reconnaître, c’était l’un des meilleurs qu’il ait jamais bu. Si pas le meilleur.

    « Coruscant est éreintante ! Une ruche toujours en action, une véritable fourmilière. La planète ne m’est pas totalement étrangère, malgré tout. Mes études caridiennes m’ont amené à parcourir longuement le Noyau, et Coruscant est évidemment incontournable. Toutefois, c’est encore une toute autre chose que de s’y trouver désormais en qualité de représentant au Sénat. Et si les élections ont pu avoir lieu, c’est grâce au travail coordonné réalisé par vous, le Sénateur Janos et la Reine Kira. La preuve que, malgré les divergences politiques, la République sait privilégier l’intérêt de ses populations.
    Mais je parle de moi… et j’en oublie la plus évidente des politesses envers celui qui m’ouvre les portes de ce lieu splendide! Comment vous portez-vous, sénateur ? Les temps sont durs et la guerre qui s’annonce ne laissera personne indemne, moralement ou physiquement. »

Question insidieuse. La chute de Ragda était connue de tous. Toutefois, il n’y avait guère d’animosité dans la question de Valerion. Il l’avait posée dans la simple intention d’ouvrir la discussion, même s’il ne fallait pas être naïf…
Ragda Rejliidic
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« Oui... Artorias n'a épargné personne. » commença-t-il à répondre tout en observant de ses énormes yeux globuleux son interlocuteur. Le Sénateur Scallia. Malgré sa récente élection, il portait encore un uniforme militaire... Preuve que cet homme était fier de son parcours... Et qu'il se considérait déjà en guerre. Ragda continua, sans desserrer le cigare de la jointure pincée de son énorme gosier dépourvu de lèvres :
 
« Mais comparer ma situation à la votre serait vous manquer de respect... Vous insulter même. Les tracas politiques vont et viennent... Le Sénat est ainsi, les Sénateurs sont ce qu'ils sont. Tandis que vous... » Il marqua une pause afin de retirer le barreau de chaise de sa bouche. « Sénateur Scallia, avant toute chose, j'aimerais vous témoigner mes plus sincères condoléances, pour vos pertes. » Il parlait lentement, prenant bien soin d'articuler. Il faisait tout autant référence à feu sa femme, qu'au sort sordide de sa planète. « Il est des pertes qui sont difficiles à surmonter... Des pertes qui sont indélébiles. » Il secoua la tête, tout en posant son regard droit devant lui, pensif... « J'ai moi même perdu toute ma famille et fuit ma planète natale. Les circonstances n'ont évidemment rien à voir... Mais je sais très bien ce que vous pouvez ressentir. Mes paroles sont sincères. » En réalité toute sa famille s'était fait massacrée à cause de lui, parce qu'il s'était montré égoïste ambitieux et manipulateur... Poussant son géniteur et ses frères à s'entre-déchirer jusqu'à ce qu'un Kajiidic rival profite de la situation. Dans cette sale histoire, Ragda avait perdu sa main droite ainsi que la moité de son visage, tout deux pulvérisés par le tir de blaster d'un droïde assassin. La perte qui lui pesait au cœur était en vérité celle là, ainsi que l'humiliation d'avoir du fuir pendant une dizaine d'années. Pour les membres de sa famille il n'éprouvait aucun regret... Strictement aucun. Ils méritaient amplement leur sort.
 
Il ramena son cigare à sa bouche tout en reposant son regard sur le Sénateur.
 
« J'ai pris la liberté de commander deux whisky Corelliens. Cuvée Whyren, grande réserve, quarante ans d'age. Je me suis dis qu'un homme de votre... stature, apprécierait ce genre de breuvage. »
 
Alors qu'un serveur à l'allure très guindée leur apporta leurs consommations, le Hutt écrasa son mégot dans le cendrier posé sur l'accoudoir moelleux contre lequel il s'était avachi. La réputation du Platinium n'était pas feinte. Ce club disposait d'un mobilier adapté à toutes les morphologies, Hutt comprises. Ce soir là Ragda ne portait aucun poncho, sa peau huileuse reposait directement sur les délicats tissus. Ragda le Hutt : le cauchemar des femmes de ménage chuchotaient certains.
 
Il tourna sa grosse tête vers Valérion : « Je ne vois aucune raison joyeuse pour laquelle trinquer. » dit-il fataliste. « Bien-sur il y a votre élection... Mais étant donné ses circonstances... » Il ne termina pas sa phrase. Il se pencha légèrement en avant afin de tendre son tout petit bras en direction de son verre, qu'il porta immédiatement à sa bouche, cul sec. « Encore un autre. » lâcha-t-il simplement au serveur qui  n'avait pas bougé d'un pouce, sachant pertinemment que le Hutt était venu pour boire ce soir.
 
Même le moins observateur l'aurait vite compris : Ragda était déjà pompette. Ce n'était pas son premier verre. En réalité il avait déjà descendu dix-sept Whisky à cent cinquante crédit l'unité. Un chiffre qui pouvait sembler énorme... Mais compte tenu de sa tonne et demi, les effet de l'alcool n'était pas aussi spectaculaire que sur un être humain au même stade que lui.
 
« Sénateur Valérion ! » lança-t-il, d'une voix un peu plus forte. « J'ai bien peur que nous soyons condamnés à devenir des adversaires politiques... J'ai participé à l'élaboration du traité... Je voterai forcément pour sa ratification... Quant à vous... Vous voterez contre... Si ce ne sont pas vos envies de vengeance qui parleront, ce sera celles de votre peuple exilé... » Il soupira. « Dans d'autres circonstance, tout aurait pu être différent. » Il plongea son regard dans celui du Sénateur d'Artorias. « D'habitude je déteste les militaires. Je les trouves coincés, trop... rigides... Sans imaginations, englués dans des procédures et des modes de fonctionnement ne laissant aucune marge de manœuvre... » lâcha-t-il avec beaucoup de conviction. « Mais vous... Vous êtes différent de ces peigne-culs. Je le sens dans mes tripes. » Il hésita quelques secondes, comme s'il n'arrivait pas à trouver les mots justes. « A votre place je serai devenu fou. J'aurais interpellé les médias... J'aurais... J'aurais mis la République à feu et à sang pour obtenir vengeance. Mais vous, vous êtes là, ce soir, stoïque. C'est à peine si j'arrive à lire sur votre visage la fatigue et l'usure de ces derniers jours qui ont du être infernaux, autant sur le plan professionnel que personnel. Tu as un putain de caractère trempé dans le duracier Valérion, et ça je le respecte énormément. » Sans même s'en rendre compte il s'était mis à le tutoyer. Il leva un doigt accusateur dans sa direction. « Je m'opposerai à toi et à tes idées. Mais soit certain que c'est connards de Sith payeront un jour ou l'autre, d'une manière ou d'une autre... C'est aussi à cause de leurs conneries que je suis dans cette merde noire ! Et crois moi Valérion, il ne vaut mieux pas m'avoir dans la liste de ses ennemis... »
 
Le nouveau verre arriva. Cet interlude coupa la chique au Hutt, qui se rendit compte alors qu'il n'avait presque pas respiré pendant sa longue tirade. Il eut également pour effet de remettre ses idées en place, et de sortir de cercle vicieux dans lequel il s'était jeté tout seul. Il attrapa son verre et le tendit au dessus de sa tête.
 
« Trinquons quand même » dit-il d'une voix beaucoup plus calme et posée. « Félicitons nous d'avoir su trouver une terre d’accueil pour votre peuple ! Au peuple d'Artorias ! Puisse-t-il surmonter tous les obstacles ! » Puis il demanda : « Comment se passe votre installation ? Les promesses d'Aargau ont-elles été tenues ? Comment sont vos relations avec leur Sénateur ? »
 
Sa salve de questions s'acheva sur un nouveau cul sec... Dix-huit. Et une nouvelle commande.
Invité
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[Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]

Étrange personnage que ce Ragda Rejliidic... Dangereux aussi. Malgré ses airs débonnaires, le Ministre du Trésor était un politicien redoutable et ambitieux. Valerion doutait que les récentes affaires secouant le Hutt ne viennent mettre un terme à sa carrière. Toutes ces histoires le freineraient certainement, mais le ministre n'était pas au tapis.

Une Cuvée Whyren! Cela ne faisait que confirmer ce que pensait le sénateur d'Artorias. Un serveur vint leur apporter leur précieux liquide et Valerion fut presque choqué de la rapidité avec laquelle le ministre avait englouti le whisky... Un Whyren se devait d'être dégusté, le liquide devait rester en bouche pour en apprécier toute la finesse.

Valerion acheva son verre d'une traite. Pas mauvais. Très bon même. Fort, mais il était habitué maintenant.

    « Je vous remercie pour vos paroles, sénateur. Mais le combat ne fait que commencer. »


Combat militaire, combat politique... Il y avait un double-sens facile à repérer. Les musiciens présents dans le salon, eux, n'en avaient cure. Ils continuaient à faire circuler une mélodie douce et apaisante.

    « Un dicton dit que "ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort". Je préfère dire que ce qui ne nous tue pas permet de venir à bout de nos ennemis. L'animal blessé va lécher ses blessures dans sa tanière, il ne meurt pas. Sa faiblesse est temporaire et, lorsqu'il quitte son trou, c'est pour frapper une fois. Mortellement. »


La main de Valerion s'était refermé sur l'air en un geste violent. Qui était l'animal? Rejliidic? Les Sith? Arnor? Scalia?

Le Ministre du Trésor semblait être bien parti pour finir totalement saoul. Il n'avait sans doute pas attendu l'Artorien pour commencer à boire. Le Hutt devenait familier et était passé au tutoiement. Valerion trinqua et acheva à nouveau son verre d'une traite. Il savait toutefois qu'il ne pourrait continuer ainsi longtemps. Même ivre, Rejliidic restait un être au sens politique redoutable. Ses questions sur l'installation des Artoriens n'étaient pas anodines, malgré le ton employé par le ministre. Il fallait se méfier.

D'un geste, le sénateur d'Artorias fit venir un serveur.

    « Que pouvez-vous nous servir de bon ce soir? »

    « Le chef vous propose des côtes de Falumpaset de Naboo servi avec sa sauce aux baies, avec pommes de terre braisées et haricots frais arrivés ce matin même. »

    « Ce sera parfait pour nous! Si cela vous convient, sénateur Rejliidic... »


La commande réalisée, le serveur s'en alla prestement alors qu'un autre garçon venait de poser deux nouveaux whiskys. Valerion saisit son verre et le reposa vide sur la table. Il s'enfonça confortablement dans son fauteuil, étendant les bras sur les accoudoirs. Il commençait à sentir l'effet de l'alcool. C'était grisant. Presque autant que la politique.

    « Le Sénateur Janos et moi-même coopérons activement pour que la population artorienne s'intègre au mieux dans le paysage aargaun. Il n'est évidemment pas question de faire de mes concitoyens des Aargauns mais la coopération est une nécessité et nous tenons à éviter le plus possible d'éventuels conflits entre locaux et immigrés. Les gouvernements aargauns et artoriens œuvrent de concert dans ce but. »


Janos avait sous sa coupe le gouvernement d'Aargau et il en allait de même pour Valerion du côté artorien. La coopération n'était donc pas bien difficile à réaliser.

    « Nous n'avons peut-être pas les mêmes idées politiques, mon cher Ragda. Mais vous savez comme moi qu'en ce bas monde tout se négocie. Les idéologues peuvent se permettre la rigidité politique, mais ceux qui exercent le pouvoir savent que la capacité d'adaptation est l'unique norme devant être respectée. »


Deux verres pleins firent leur apparition sur la table, faisant par là disparaître deux verres vides. Cuvée Whyren... Décidément, Valerion n'avait jamais bu un whisky d'une telle qualité. Cette fois-ci, il en profita et ne but qu'une gorgée pleinement savourée. Opulent, le breuvage réchauffait de l'intérieur et présentait un caractère riche et profond. Un goût miellé se dégageait de ce whisky. Il fallait parfois savoir prendre son temps pour apprécier les bonnes choses.

    « Vous avez besoin d'amis, Ragda. Ce dont vous êtes soupçonné est suffisamment grave pour que le Sénat décide de mettre en place une commission spéciale chargée d'étudier votre cas... Vous devez avoir eu vent des rumeurs qui parcourent les couloirs du Sénat. »


A cet instant, le serveur revint accompagné de deux plats sous cloche. La découverte des mets fut des plus plaisantes pour Valerion, qui mourrait de faim et ne comptait pas boire une goutte de plus sans avoir auparavant tapissé son estomac.

    « Avez-vous entendu la nouvelle sur Galactic Holonews? Le sénateur de Mon Calamari a quitté la présidence de la Commission à la Sécurité Intérieure. Que la guerre ait lieu ou non, je ne doute pas que ce poste devienne important... »
Ragda Rejliidic
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« Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort... » lâcha à voix basse le Hutt, machinalement. Sa large face se déforma en un rictus amusé, alors que son esprit visiblement embrumé par les vapeurs d'alcool semblait s'égarer. « J'ai toujours trouvé ce dicton particulièrement stupide. » confia-t-il, sans même se soucier de la manière dont son interlocuteur pourrait interpréter cette franchise aux arrêtes coupantes. « Si vous survivez à un crash d'astronef, et que vous finissez sur un lit d’hôpital, paraplégique, pour le reste de votre vie, je doute que vous vous sentiez plus fort, ou plus... Mortel. Pour ma part, je préfère plutôt dire : Ce qui ne vous brise pas, vous rend plus fort. » Il avala le nouveau verre qui venait d'arriver, d'une traite, comme les autres. Dix-neuf. Son record personnel ? Quarante-deux. Mais à vrai dire, il n'en était pas tout à fait certain, un immense trou noir avait pour toujours remplacé les souvenirs de cette soirée plus qu'arrosée. Pour quelle occasion avait-il picolé autant ? Pour son élection au poste de Sénateur, évidemment ! Il avait écrasé, d'une main de fer, ses adversaires politiques, usant de son petit réseau pour faire remonter à la surface tous les cadavres qu'ils se trimbalaient dans leurs placards depuis des décennies ... Il soupira. C'était la bonne époque, tout semblait si simple alors. Après avoir secoué la tête, de gauche à droite, comme pour chasser ces pensées parasites, il repris, en reportant son regard, pupilles dilatées, sur le Sénateur du peuple Artorien :
 
« Vous trouvez peut-être que je joue sur les mots. Et pourtant, les nuances sont fondamentales en politique. Lorsque des millions de personnes peuvent suivre vos débats, vous avez intérêt à maîtriser chacun de vos mots, chacune de vos tournures de phrases... Ces petits détails ont bien plus d'importance que le croient les mauvais politiciens... Ne le croyez-vous pas ? » 
 
Ragda s'affala un peu plus dans le fauteuil aux dimensions XXL, designé pour épouser ses généreuses formes. Il posa les yeux sur le plat que le serveur leur avait apporté, quelques instants plus tôt... Et se félicita d'avoir choisi ce club. Alors que l'assiette de Valerion débordaient de légumes et autres essences végétales, celle du Hutt ne portait qu'une appétissante pièce de viande, seulement marinée dans son propre jus, dégoulinante de sang, la chair rosée, presque crue... Il salivait rien que de l'observer. Les cuisiniers du Platinium n'avaient rien d'amateurs. Les Hutt, ça ne mangeait ni fruits ni légumes... Seulement de la chair crue ou presque. Après l'avoir reluquée pendant de longues minutes, Ragda se pencha finalement en avant pour attraper l'assiette de ses petites mains ridicules. D'un geste vif et agile toutefois, il porta son contenu à sa large bouche... Et dévora la pièce de viande d'une seule bouchée. Un filet de bave dégoulina sur sa joue, aussitôt essuyé d'un coup de langue pustuleuse. Il tourna sa grosse tête vers le Sénateur Scallia :
 
« Je pense ne pas avoir besoin de vous expliquer que le Sénateur Janos et moi sommes... En froid. Cet homme, pour ce qu'il en reste d'humain, m'insupporte au plus haut point. Il est l'avatar de la psychorigidité ! » Après le laïus de Valérion sur les idéologues rigides, cette petite pique le fit sourire. « S'il y a une personne à qui ne pas faire confiance, c'est bien lui... Côme est tellement focalisé sur ses objectifs qu'il écraserait n'importe qui se trouverait en travers de son chemin. Vous avez de la chance aujourd'hui Sénateur Scallia : par je ne sais quel concours de circonstance vous servez ses intérêts... Mais si un jour, vous deviez devenir un boulet à sa cheville, il n'hésiterait pas une seule seconde à vous poignarder dans le dos...  A coté de lui, je suis d'une moralité irréprochable.» dit-il, d'une voix macabre, tout en transperçant son interlocuteur de son regard jaune-orangé.
 
Rapidement, il leva un bras pour que le serveur leur apporter un nouveau verre, qu'il vida comme le précédent. Vingt. Pour oublier cet emmerdeur de Janos, toute la production galactique d'alcool n'y suffirait pas. Celui-ci lui pourrissait déjà assez sa vie politique, alors autant ne pas trop l'évoquer dans sa sphère privée. Ragda changea immédiatement de sujet, rebondissant sur les dernières phrases du Sénateur, comme si, soudainement, le nuage embrumant son esprit s'était levé, révélant alors les doubles sens cachés derrières ces paroles faussement anodines.
 
« La commission à la Sécurité Intérieure ? » dit-il avant de laisser traîner un silence tout sauf innocent. « Encore des débats qui vont s'éterniser pendant des semaines » Un faux soupire mélancolique. « Si seulement Tarock avait proposé un nom pour son successeur, nous aurions probablement gagné du temps. Evidemment, il n'y aurait eu aucune certitude que celui-ci soit choisi... Mais l'expérience et l'empirisme politique montre pourtant que la voix du président sortant revêt souvent une importance toute particulière, surtout pour ceux qui hésitent... » Un nouveau silence, aussi long que le précédent. Cette fois, le Hutt se redresse, preuve que la suite de la conversation revêtait une important toute particulière. « Nous avons un point commun très cher Valérion » commença t'il, adoptant exactement le même ton que son interlocuteur. « Nous avons tous les deux besoin d'amis... Vous peut-être plus que moi, qui sait. »
 
Ragda, toujours aussi sérieux, continua, avec un éclat malicieux au fond de ses yeux globuleux :
 
« Il se trouve que je suis en très bons termes avec le Sénateur de Mon Calamari, Tarock L. Janeiro. Il s'avère que j'ai sorti son frère adoptif d'une ruine personnelle qui aurait pu très largement entacher la réputation de sa famille... Le petit Aramyss, travaille pour moi désormais: il administre ma société de construction Coruscanti. Il me doit un petit service en quelque sorte... La galaxie est petite, ne trouvez-vous pas ? » déclara-t-il avant de s'affaisser à nouveau dans les coussins rouges vif de son fauteuil.
 
Alcool à profusion, femmes dénudées qui se trémoussent, et intrigues politiques en gestation... Putain, l'ambiance de ce club n'avait jamais été aussi bonne que ce soir !
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Stupéfiant. La manière avec laquelle le Hutt avait littéralement englouti son morceau de viande méritait ce qualificatif. Valerion savait bien que cette race n'était pas connue pour son savoir-vivre légendaire mais tout de même... Qu'importait, finalement? L'éducation noble de Valerion trouvait ces manières dégoûtantes, mais l'enseignement caridien et le quotidien de l'armée faisaient que le sénateur artorien n'accordait plus beaucoup d'importance à ces détails. Ragda Rejliidic avait du pouvoir, pour l'instant, et cela excusait tout.

La fourchette de Valerion se planta dans un morceau de Falumpaset juteux. Saignant. Le goût était somptueux et la bouteille de vin rouge Renan qui venait d'arriver complétait parfaitement le souper. Ce vin était tellement fermenté qu'il fallait le couper soi-même à l'eau et une carafe en cristal avait donc été laissée à disposition des deux politiciens. Pas sûr que le Hutt use de la carafe mais Valerion ne s'en priva pas, désireux de conserver un minimum de neurones et de crédibilité au cours de l'entretien. Le prince artorien avait de plus en plus de mal à résister à l'appel de l'alcool. Chaque jour était une bataille nouvelle contre ce qui devenait petit à petit une véritable addiction. Son premier verre était avalé à midi, pour le dîner, puis l'après-midi il s'accordait un ou deux verres, un cocktail ou quelque chose dans le genre. Venait ensuite l'apéritif puis le souper copieusement arrosé de vin, pour finir la soirée avec du whisky ou du cognac.

Valerion eut un rire sincère, renforcé par la bonne humeur apportée par le vin.

    « Un dicton complètement crétin, Ragda, nous sommes sur la même longueur d'ondes! »


Le sénateur repartit à l'attaque. Son couteau trancha une pomme de terre, sa fourchette piqua dans un haricot, celui-ci fut trempé dans la sauce et le tout enfourné dans une bouche dont les dents blanches étaient soigneusement traitées. Le rouge fut aussitôt porté aux lèvres fines et carmins de Valerion. Délicieux. Le Renan avait ce goût épicé qui le rendait si particulier...

Ragda portait indubitablement une haine intense à Lord Janos. C'était compréhensible, la situation difficile dans laquelle se trouvait le Hutt était principalement due au sénateur aargaun. Perdre ses pouvoirs de Ministre Spécial, craindre maintenant pour son poste de Ministre du Trésor, les accusations de trahison... Rejliidic était dans une posture difficile. Valerion ne voyait pas la raison pour laquelle le Chancelier Arnor conservait encore un élément aussi perturbateur dans son gouvernement. Le Hutt tenait-il des informations compromettantes pour le Chancelier natif d'Artorias? C'était possible mais Valerion n'imaginait pas Halussius Arnor cacher quoi que ce soit. Évidemment, tout le monde a des secrets... Mais du côté du preux et noble Halussius Arnor il ne devait y avoir grand-chose à se mettre sous la dent.


    « Un poignard, dites-vous? Il est heureux que Carida m'ait fourni une excellente formation en armes blanches... »


Le sénateur artorien n'avait jamais douté de l'ambition qui dévorait Lord Janos. Le sénateur d'Aargau était un être redoutable qui n'hésitait certainement pas à éliminer les personnes inutiles. A preuve du contraire, Valerion était utile et pas moins ambitieux et dénué de scrupules que l'Aargaun...

Ragda Rejliidic réussit quelque chose de rare : surprendre Valerion. Le prince artorien s'était informé en détails sur Tarock L. Janeiro mais jamais il n'avait su ce que le Hutt venait de lui révéler... Le Ministre du Trésor venait de mettre sur la table une chose que Valerion n'avait pas eu l'intention de demander.

    « Sur bien des points, nous sommes sur la même longueur d'ondes et je m'en réjouis. »


Il retourna vers son assiette, achevant le contenu de celle-ci avec lenteur. Il lui fallait réfléchir un instant à ce qu'il allait dire. De toute manière, aucun d'eux n'était pressé et Rejliidic semblait avoir besoin de cuver un peu tout l'alcool qu'il s'était enfilé. Une telle résistance, c'était prodigieux! Valerion aurait donné beaucoup de choses pour pouvoir picoler aussi longtemps.

    « Il n'y a qu'un point sur lequel je ne peux vous suivre... »


Le militaire repoussa l'assiette vide, saisit son verre de vin, y versa un peu d'eau puis s'enfonça dans le moelleux fauteuil. Il avait bien mangé et il allait encore boire.

    « J'ai besoin de vous, sénateur Rejliidic. Ou plutôt : vous pouvez servir mon ambition. Oui, je brigue la présidence de la Commission à la Sécurité Intérieure. Mais quand bien même j'échouerais... ma carrière serait certes freinée mais pas arrêtée. »


Valerion but une gorgée de vin et ferma les yeux un instant, savourant le liquide.

    « Vous, par contre, c'est votre carrière que vous jouez. Vous n'êtes pas dupe, Rejliidic, le Sénat ne tardera pas à ouvrir une commission spéciale pour enquêter sur vos... agissements. Trouvez une majorité au sein de la commission ne sera pas un défi impossible à relever. Le Chancelier ne sera pas obligé de demander votre démission mais il est déjà suffisamment fragilisé. Il n'a pas besoin d'avoir l'opinion publique contre lui. Il suffira ensuite au Sénat de lever votre immunité et c'est devant la Cour Suprême que vous comparaîtrez. Peut-être les Bakuriens vous seront assez fidèles que pour vous pardonner tout cela... Mais votre carrière ministérielle sera à jamais achevée. »


Il n'y avait rien d'exagéré dans ce qu'avait énoncé l'Artorien. Si Ragda buvait autant, en cette belle soirée, ce n'était pas pour rien.

    « Loin de moi l'envie de vous mettre mal à l'aise en évoquant un futur désagréable. Mais entre vous et moi, nous savons tous deux qui a le plus besoin d'un ami. »


Valerion se pencha en avant, saisissant la bouteille de Renan et se resservant allégrement. Avec science, il versa l'eau jusqu'à ce que le vin n'ait plus cette consistance pâteuse originelle. Il s'empara du verre de Ragda et répéta l'opération. Il tendit le verre au ministre puis s'installa à nouveau confortablement.

    « Mais nous ne sommes pas ici pour jouer à "qui a besoin d'un ami". Peu importe, finalement. Nous pouvons être utile l'un à l'autre. Le soutien du sénateur Janeiro est évidemment une proposition alléchante. Toutefois, il y a quelque chose en plus que je cherche... Votre vote. Votez personnellement en ma faveur. »


Une majorité solide en sa faveur, voilà ce dont Valerion avait besoin. Être élu serait difficile mais si le Hutt lui offrait Janeiro et sa voix, une parmi une flopée, alors l'Artorien pouvait espérer remporter la bataille, se sachant soutenu par Lord Janos. Du côté des lobbyistes, Valerion se savait en odeur de sainteté. Sa position militariste lui accordait le soutien assuré de nombreux industriels de la galaxie... La guerre pouvait rapporter gros pour certaines grandes entreprises.

    « La question évidente est celle-ci : qu'ais-je à vous offrir? Le sénateur d'Artorias ne manquera pas d'être membre de la commission spéciale chargée d'enquêter sur votre cas. Votre histoire est en lien direct avec Artorias... »


Le serveur arriva, apportant un nouveau whisky pour Ragda et repartant avec les assiettes. Le sénateur aurait bien pris un dessert mais il avait encore tout son temps pour goûter les douceurs du Platinum. Ce luxe, cette richesse... Valerion Scalia trouvait tout ceci bien plaisant mais également fort décadent. Les êtres capables de se payer l'accès à un tel club perdaient leur temps en molles futilités. Le pouvoir que briguait Valerion ne pouvait se laisser distraire par autant d'indolence. Malgré tout, le prince artorien aurait fait preuve de beaucoup de mauvaise foi s'il avait déclaré ce lieu déplaisant.

    « Je vous offre ma voix. Vous ne m'entendrez jamais me prononcer en votre faveur. Idéologiquement, nous sommes des ennemis. Le vote à bulletins secrets m'offre toutefois le loisir de dire une chose et de faire son contraire. Un vote au sein d'une commission qui comprendra probablement dix membres... l'offre est honnête. »


Il se pencha en avant, un sourire en coin apparaissant sur son fin visage parfaitement rasé.

    « Il vous faut plus... Que puis-je vous offrir d'autre? Ce qu'un président de commission fait le mieux : faire passer des lois. »


Ce que proposait Valerion n'avait rien d'anodin. Rejliidic avait peut-être eu Janeiro dans sa poche - ou peut-être pas - mais rien ne pouvait l'assurer d'avoir encore un allié fidèle au sein de la Commission à la Sécurité Intérieure. Les temps n'étaient guère favorables au Hutt...

    « Pour autant que vous ne me demandiez pas de présenter une proposition d'armistice aux Sith, je n'aurai aucun ennui à faire passer les législations vous intéressant... La Commission à la Sécurité Intérieure va acquérir un rôle clé. Que la guerre soit déclarée ou non, la République devra enquêter sur cet "Empire" Sith et ses forces. Les fonds de la Sécurité Intérieure augmenteront fatalement, de même les contrats avec des entreprises privées... Les armes, les équipements, les infrastructures... il y a de quoi contenter quelques "amis". »


Valerion déposa son verre et celui-ci émit un tintement au contact de la table.

    « Je suis un individu plus franc qu'il n'y paraît. Je ne vous propose pas de me mettre à votre sevice. Ce que je vous présente c'est un partenariat mutuellement profitable. Votre voix parmi des centaines et une déclaration de Janeiro en ma faveur, en échange de quoi vous aurez ma voix parmi une quinzaine maximum et l'assurance d'avoir un "ami" prêt à vous rendre service dans ce qui va devenir l'une des plus importantes commissions du Sénat. Une proposition des plus honnêtes, me semble-t-il. »


Le reste de la bouteille de Renan transita par le verre de Valerion pour finalement rejoindre son estomac.
Ragda Rejliidic
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Affalé dans les confortables coussins de sa banquette démesurée, le Hutt fixait, d'un regard vide, le fond de son verre de whisky encore plein. Celui-ci ne devait sa survie miraculeuse qu'à l'exercice étrange auquel s'adonnait l'Artorien : dîner. Du coin de l’œil, Ragda l'observait, toujours aussi intrigué par cette stupide habitude, pourtant partagée par quantité d'espèces prétendues intelligentes. Mais comment pouvait-on perdre autant de temps, et dépenser tant d'énergie pour s'alimenter ? Et surtout, d'où venait cette affection pour ces végétaux ?

Oui, cette seconde question le turlupinait encore plus que la première. Autant il pouvait presque comprendre que l'on puisse trouver une forme de plaisir à couper et mastiquer longuement ses aliments... Autant... Bouffer des feuilles, racines, fruits et légumes... Non, inconcevable pour lui. Rien que d'en imaginer le goût, il sentait son estomac faire des bonds.

« J'sais pas comment vous faites Sénateur... » lâcha-t-il, perdu dans ses pensées. « Un animal, ça court, c'est vivant, ça se tue et ça se mange. C'est dans l'ordre naturel des choses. Mais les plantes... La plupart ne sont même pas comestibles, pour ne pas dire mortelles... Il n'y a rien de plus fourbe qu'un végétal ! Absolument rien ! »

Ragda soupira, puis chassa d'un cul-sec ses sombres pensées. Et de vingt ! Il reposa son verre devant lui, sur la table.

« Mais ce n'est pas le moment de tergiverser sur des concepts métaphysiques aussi flous » finit-il par conclure, pensant à voix haute. D'autant plus que l'Artorien, entre deux bouchées interminables, continuait de lui parler. Rah ! Ne pouvait-il pas simplement terminer son assiette plutôt que de lui imposer ce discours haché, entrecoupé de coups de fourchette ? Néanmoins, il l'écoutait, en silence.

En fait, s'il parvenait à tenir sa langue, c'était parce qu'un nouvel élément venait lui monopoliser l'esprit : ce vin rouge Renan. Hmm... Ragda adorait ce breuvage. Ça au moins ça avait du goût ! Il repris son verre à whisky, resté vide, et s'empara de la bouteille.

Vingt-et-un, vingt-deux. Cul-sec, vin pure. Le respect de l'étiquette ? Inconnu au bataillon. Il enchaîna les deux verres comme un sportif se réhydratait de gorgées d'eau.

Ah... Il se sentait bien... Très bien même... Comme plus léger...

Jusqu'au moment où le discours de Valérion lui fit vivement tourner la tête, surpris par la dureté de ses propos. Il plongea son regard exorbité dans ceux de l'humain. Une pointe de colère lui fit froncer les sourcils... Il eut successivement, en moins d'un centième de seconde l'envie de hurler, de nier, de pleurer et de l'étrangler. Fort heureusement ce cocktail d'émotions incontrôlables s'évapora lors qu'il éclata finalement de rire.

Un rire tonitruant qui surpassa sans difficulté le volume sonore du brouhaha ambiant, et de ses musiques lancinantes. Quelques têtes désapprobatrices se tournèrent vers le couple de politiciens... Mais fort heureusement, Ragda recouvra rapidement la maîtrise de ses cordes vocales.

« Sénateur Scalia » commença-t-il alors qu'une petite larme pointait le bout de son nez au coin de son oeil gauche, après ce fou rire. « Vous êtes... » Il hésita, comme cherchant le meilleur qualificatif « Un sacré spécimen ! » Il pouffa une nouvelle fois « Vous aimez les devinettes ? » demanda-t-il soudainement... Et sans attendre une réponse, il continua :

« Moi j'adore ! Les devinettes, c'est un peu comme des paris... Et j'adore les paris... Déformation professionnelle dirons nous... Et, maintenant, telle est la devinette que je me pose : Qui est le plus dangereux des deux ? Le Sénateur psychorigide ? Ou le Sénateur du peuple en exil qui le suit ? » Il porta ses deux mains à sa bouche pour étouffer un nouvel éclat de rire. Ses deux yeux dégoulinaient de larmes. « Et je suis en train de réaliser... que... que... Notre estimé Janos s'est lui même posé un couteau entre les omoplates en vous faisant les yeux doux... J'vous aime Valérion, vraiment ! Dommage que la galaxie fasse de nous des ennemis politiques ! Oui... Vraiment dommage... Vraiment très dommage... »

Ragda s'affaissa encore plus dans son fauteuil, laissant ses yeux dériver lentement en direction des danses hypnotiques des demoiselles du podium central, tout terminant son monologue inspiré par les vapeurs d'alcool. Il soupira alors que ses traits de Hutt changeaient du tout au tout. Après cette joie incontrôlée, son faciès disgracieux arborait une tristesse manifeste...

« Vous avez raison... Je... Hmmm... Disons que j'ai connu des jours meilleurs. Mais je ne... Il ne faut pas... » bafouilla-t-il avant de tourner sa large tête en direction du Sénateur, un sourire mélancolique aux lèvres, pour reprendre, sur un ton las et monocorde :

« J'apprécie votre franc-parlé Valérion, ça me change tellement des autres Sénateurs... Alors je vais être aussi direct que vous... » Il se redressa pour dominer son interlocuteur de toute sa masse : « Ne vendez pas la peau du Hutt avant de l'avoir terrassé, malheureux ! »

Poitrine gonflée et index accusateur dardant son interlocuteur, il continua, la voix soudain chargée d'une passion débridée :

« Oui ! vous avez raison ! je suis dans une très mauvaise posture ! Ces accusations grotesques, cette jalousie de beaucoup de parlementaires... Sans parler de ce racisme sous-jacent... Un Hutt est forcément un escroc si l'on devait écouter certains, n'est-ce pas ? En même temps je ne peux pas dire que les exemples donnés par ceux de mon espèce soient flatteurs ! Alors forcément, ma crédibilisé et mon honnêteté en prennent un coup...» Il tapa du poing sur l'un des coussins rembourrés de sa banquette. « Mais j'ai l'habitude ! Vous ne le savez peut-être pas, mais je ne suis Bakurien que depuis quatorze ans. Un immigré Hutt devenu Sénateur et représentant du peuple ! J'ai plus d'un tour dans mon sac. Alors ne misez pas trop de crédits sur ma perte. D'ailleurs, vous n'y croyez pas vraiment hein ? Sinon je ne me demanderiez pas ma voix, n'est-ce pas ? » dit-il en esquissant un petit sourire surnois. « Comprenez bien quelque chose : lorsque vous serez six pied sous terre, tout comme vos enfants, vos petits enfants, vos arrière-petits enfants et vos arrière-arrière-petits enfants, moi je serai toujours là... Sauf accident de la vie malencontreux, hein... Où exactement, qui pourrait le dire ? Mais ma carrière politique ne prendra pas fin avant plusieurs siècles, même si je dois me terrer dans un trou le temps que toute une génération oublie mon nom et ma réputation entachée ! » lâcha-t-il, triomphant. Avant de se jeter sur la bouteille de vin, qu'il descendit, au goulot.

Vingt-trois et vingt-quatre : ça compte double. D'un revers de manche, il s'essuya le gosier.

« En tout cas j'apprécie votre offre... Mais... Oui, y'a un mais... Qu'est-ce qui me garanti que vous allez effectivement voter en ma faveur lors de cette commission ? Les bulletins secrets sont pratiques dans les deux sens... Vous pourriez voter contre moi, et m'affirmer tout le contraire... Ce n'est pas parce que je reconnais votre franchise que je vous fais confiance. »

Le Hutt fit une pause pour réfléchir quelques instants, comme si l’exercice devenait de plus en plus pénible.

« Mais... D'un autre coté... Qu'est-ce qui vous garanti que j’appuierai votre nomination après m'avoir donné votre vote ? Hmmm... Je doute que vous me fassiez confiance non plus... »

Il se massa quelques instants les tempes.

« Situation inextricable... A moins que.... » Il hésita. « A moins que l'on trouve une solution qui assure nos arrières...» Ragda paraissait soudainement surexcité. « J'ai... Hmmm... Une connaissance dans le milieu informatique... Un certain Fantôme. Ce type est cher, mais il est bon. Il pourrait... hmmm... Installer un petit logiciel espion dans votre nacelle, pour le jour de la commission. Si vous me sauvez effectivement la mise, il diffusera le message que j'aurais pré-enregistré, et que vous aurez visionné, le moment venu lors des échanges autour du remplacement de Tarock... Oui, c'est un peu tiré... Hmmm... Par les cheveux... Bien que je n'ai jamais vraiment saisi le sens de cette expression » confessa-t-il, visiblement très sérieux.

« A moins que vous ayez une autre solution ? Une solution qui n'implique pas un tierce personne ? »



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Complètement saoul. Voilà dans quel état se présentait le Ministre du Trésor de la République devant le sénateur d'Artorias. Pas que cela ne choque Valerion, mais tout de même... Le prince artorien imaginait que le Platinum était suffisamment sélect pour que cela ne se retrouve pas en une d'un des nombreux torchons de Coruscant. Malgré tout, l'info circulerait rapidement... Mais après tout le Hutt n'était plus à un scandale près.

Valerion ne s'était guère attendu aux saccades bruyantes qui avaient fait trembler le corps du Hutt tel un vieux pudding dont une cuillère aurait testé la consistance. Visiblement, Ragda Rejliidic riait... Ça ne donnait pas vraiment envie d'être joyeux que de voir cette grosse limace se trémousser en tous sens en noyant les lieux sous des litres de postillons. Bon, c'était un peu exagéré, mais c'était ça l'idée.

Quoi qu'il en soit, le sénateur d'Artorias avait visé juste. Rejliidic paraissait blessé de la férocité contenue dans les propos de Valerion. Mais, après tout, n'avait-il rien fait d'autre qu'exposer ce qui pouvait le plus logiquement se produire? Les rebondissements caractérisaient la politique, mais personne ne se tirait seul d'un aussi mauvais guêpier. Il fallait toutefois reconnaître au Hutt une certaine classe... Certes, il mangeait comme un porc, buvait comme un porc, riait comme un porc... mais mine de rien sa tirade avait impressionné l'Artorien! Plein comme une outre, Ragda Rejliidic était prêt à en découdre et à batailler ferme. Valerion était simplement la mauvaise cible et le prince n'entendait pas se faire un ennemi du représentant bakurien.

    « Je ne remets aucunement en doute vos capacités à... rebondir. »


Un sourire narquois, cependant dépourvu de moquerie, était apparu sur les lèvres fines du délégué d'Artorias. Ragda croyait-il pouvoir le berner en utilisant ce mystérieux "Fantôme"?

    « Ah... la confiance. »


Valerion s'enfonça pour la énième fois dans le confortable fauteuil, fermant les yeux et humant son verre de Renan. Les épices évoquaient toutes sortes d'images agréables à son esprit. Danseuses finement vêtues, nuits de passion avec sa défunte épouse, journées ensoleillées dans la résidence d'été artorienne, camaraderie militaire, son élévation au rang de major...

Il rouvrit les yeux et rencontra aussitôt le regard de Ragda.

    « Pour vous assurer de mon honnêteté, je devrais accepter que vous placiez un mouchard? Pour qui me prenez-vous, sérieusement? Je vous propose un contrat mutuellement profitable, pas un élément pour me faire chanter par la suite... »


Il était utile de mettre les choses au clair. Si Ragda Rejliidic n'avait pour seul but que de faire de Valerion une marionnette supplémentaire, l'Artorien pouvait se passer du ministre.

    « Les raisons pour lesquelles je n'ai pas d'intérêt à vous trahir sont diverses et logiques. Peut-être ne les voyez-vous pas naturellement, je vais donc vous les exposer. Avant cela, laissez-moi tout de même vous dire que, si je ne vends pas votre peau, nous pouvons être d'accord sur un point : votre position est précaire. Nul plaisir chez moi à faire ce constat, et certainement un grand déplaisir dans votre chef. Mais la réalité est ce qu'elle est, jusqu'ici je ne vous ai exposé que des options qui vous favorisent. »


Il déposa son verre sur la table, vide. Le Hutt avait fini la bouteille, malheureusement. Tant qu'à faire, autant repasser au whisky... Un geste suffi pour se faire comprendre et de nouveaux verres firent leur apparition au bonheur de deux sénateurs ivres et machiavéliques.

    « Une première raison est assez simple : vous m'êtes utile là où vous vous trouvez. En effet, je peux cracher à loisible sur le gouvernement d'Arnor et son ministre du Trésor... Par vos idées politiques - quoique - et vos actes, vous êtes l'ennemi naturel. L'opposant idéal. En politique, il est bien pratique d'avoir un ennemi bien défini. En l’occurrence, mon ennemi c'est le gouvernement et ses hommes forts. Sans conteste vous en êtes un. »


Une gorgée vint réchauffer la gorge de Valerion, qui reprit tout guilleret.

    « Nous invectiver par médias interposés, voilà qui est bien pratique. Entendons-nous bien, et vous l'avez compris, cela ne nous empêche pas de nous mettre d'accord sur le côté. Je suis un homme de compromis, bien plus qu'on ne le croit. Je n'aurai jamais aucun problème à m'arranger avec les membres du bord politique opposé... »


Soudain, ce fut le rot. Après tant de verres, c'était étonnant que cela ne soit pas venu plus tôt! Saoul, Valerion éclata d'un rire clair et cassant!

    « Ahlala... Où en étais-je? Ah... oui! Ma capacité à parler malgré mon ivresse m'a toujours étonné. Ce n'est pas vraiment le sujet ceci dit... Vous avez donc compris que vous avoir comme ennemi "officiel" me facilite pas mal les choses.

    Mais vous pourriez me répliquer qu'il pourrait en être de même avec un autre ministre... et vous auriez raison!

    Mais voyez-vous, malgré de nombreux défauts vous présentez aussi certaines qualités que je sais apprécier à leur juste valeur. Votre querelle avec Janos ne me concerne en rien et ne m'intéresse guère. Disons simplement qu'elle offre, pour moi, l'assurance de voir le sénateur d'Aargau braqué sur vous. Les ambitions de l'Aargaun sont grandes et dangereuses, il est parfois bon de ne pas être trop extrémiste. »


La fidélité de Valerion n'était pas à remettre en cause. L'Artorien ne faisait preuve que de pragmatisme.

    « Lord Janos ne peut vous supporter et c'est réciproque. Pour autant, je trouve assez ridicule de s'opposer continuellement sans y trouver aucun intérêt. Le sénateur que vous haïssez appellerait cela du chaos. Pour moi, c'est du temps perdu en frivolités. Je vous l'ai déjà dit, je suis un homme du compromis. Vous n'aurez pas la majorité au Sénat, pas plus que Janos pour l'heure. Pardonnez ma brutalité, mais ce n'est pas la Ligue des Mondes Périphériques qui chamboulera la carte politique du Sénat. Du moins, pas tout de suite...

    Quoi qu'il en soit, il y a des perspectives que vous comme le sénateur aargaun fermez... Je représente un certain équilibre, si j'ose dire. Je réfléchis sur le long terme. Moquez-vous de moi pour l'heure, mais l'avenir me dira si ma vision des choses était cohérente. »


Second whisky. Enfin, pas vraiment... Le suivant d'une longue lignée.

    « Si quelqu'un vous remplace, ce sera quelqu'un de nouveau. Une personnalité dont j'ignore à l'heure actuelle le nom... Un homme d'Arnor, à n'en pas douter. Tandis qu'avec vous, je peux établir un partenariat, une relation. Oh ne parlons pas d'amitié ou de valeurs... pas de mièvrerie. Réfléchissons en termes d'intérêts et il apparaît évident que nous pouvons nous aider mutuellement. Si je suis président de la commission, je militerai pour une augmentation des moyens de la Sécurité Intérieure. Vous seul pouvez m'octroyer cela, comme moi seul je pourrai alors soutenir les législations que vous voudriez voir se réaliser. La présidence m'offrira également l'accès à certains documents... confidentiels. Votre appartenance au gouvernement ne vous permet pas l'accès à certaines informations qui ne regardent pas votre ministère. Avoir un "ami" à la Sécurité Intérieure... je n'ai pas besoin de détailler plus n'est-ce pas? »


D'une poche, Valerion sortit un paquet de cigarettes. Il en alluma une avec son briquet puis lança le paquet sur la table. Libre au Hutt de se servir mais l'Artorien doutait que ces petits tubes l'intéressent.

    « Vous avez voulu m'impressionner par vos tirades. Quel avantage tirerais-je à ce que vous votiez pour moi et à faire de vous mon ennemi par la suite? Que vous tombiez de votre ministère? Le Chancelier est dans une posture hasardeuse, faible. A cause de vous, en partie, et de votre nouveau mouvement politique. Ce gouvernement ne survivra plus très longtemps. Si je le voulais vraiment, je pourrais faire en sorte de présider la commission extraordinaire. Ce n'est pas Lord Janos qui m'en découragera et beaucoup d'autres me soutiendront. Mais soyons réalistes, il y a plus à gagner à se rencontrer qu'à se déchirer. Mon intérêt réside dans votre maintien au ministère du Trésor. Et l’après-Arnor suppose que nous ayons pu établir un lien de confiance… »


Était-ce aller trop vite en besogne que d’envisager la fin de l’actuel gouvernement ? Les évènements semblaient prouver que non. Un gouvernement d’Union Nationale serait l’unique option valable pour conduire la guerre. Qu’Arnor reste ou non Chancelier, il lui faudrait remanier. Et si la guerre n'était pas lancée par le Sénat, la République ne pouvait toutefois pas se permettre de continuer à remuer dans la fange.

    « Vous pouvez vous méfier de moi. A juste titre, je n’accorde pas ma confiance aisément. Mais où se situe notre intérêt ? Nous est-il plus profitable de se trahir aujourd’hui que d’établir une relation utile demain? Trahissez-moi et vous n’aurez pas même la certitude que je ne sois pas élu président… Quant à moi, quel plaisir trouverais-je à balayer un individu qui peut m’apporter ce dont j’ai besoin, aujourd’hui comme demain. Les trahisons ferment des portes, les négociations en ouvrent. »


De la bouche du prince artorien, une fumée âcre sortit pour se dissiper dans l'air moite du Platinum. Le tabac artorien n'avait pas d'équivalent, pour Valerion. Ce paquet était l'un des rares objets qu'il emporté avec lui en fuyant Artorias.

Un bruit l'avait réveillé. Il lui avait semblé que c'était une explosion mais avait trouvé cela tellement absurde qu'il avait balayé l'idée. Puis le chaos avait fondu sur eux. Le manoir familial avait tremblé, réveillant Helana. Valerion s'était levé pour se diriger vers la fenêtre. C'est ce qui l'avait sauvé, le tir de croiseur vaporisant le lit dans lequel se trouvait son épouse et emportant également la majeure partie de la demeure familiale. Il n'avait pas tout de suite pris conscience de la disparition d'Helena. Cela avait été si soudain, si brutal. Une seule chose avait alors compté : sa fille. Et, depuis, il n'y avait plus que cela qui importait pour le sénateur d'Artorias. Son élévation n'avait pour autre but que d'élever sa douce enfant : Agathe Scalia. Plus son pouvoir s'étendrait, plus il laisserait à Agathe d'importance et d'influence. Un jour, elle serait Reine d'Artorias. Mais pour cela, il lui fallait être roi... Cela viendrait. En son temps, mais cela viendrait.

    « Les candidats à la présidence de la commission se présenteront en séance plénière la semaine prochaine et le vote suivra. J'ignore quand les sénateurs se décideront à mettre sur pied la commission extraordinaire mais cela ne devrait guère tarder. Comment faire pour s'assurer que chacun respecte son engagement? »


La main de droite de Valerion alla se réfugier dans la poche de son pantalon, touchant un petit sachet en plastique.

    « Que Tarock se déclare en ma faveur dans ces jours-ci... Pour m'assurer de votre honnêteté vous prendrez à vos côtés dans la nacelle un individu que je vous aurai envoyé. Les conseillers d'un sénateur ou d'un ministre sont légions, ils vont et viennent et il n'est pas rare qu'ils se trouvent aux côtés de leur employeur dans la nacelle. Vous n'aurez qu'à envoyer un homme à vous auprès de moi lorsque j’œuvrerai au sein de la commission. Ainsi nul enregistrement mais un gage malgré tout de notre mutuelle utilité... Qu'en pensez-vous? »


A première vue, l'idée de Valerion pouvait sembler assez tordue. Malgré tout, elle s'avérait réalisable dans les faits. Cela n'attirerait pas l'attention, ne coûterait rien et ne laisserait pas de traces.

De sa poche, Valerion sortit un petit sachet contenant une poudre orangée. Le sénateur sourit à son homologue bakurien.

    « L'alcool est une chose mais ceci... Le Glitterstim. »


Le Glitterstim... une des drogues les plus chères de la galaxie, une épice produite sur Kessel. Avec délicatesse, Valerion répartit sur deux petites cartes sorties d'une de ses poches le contenu du sachet. Il avança vers le Hutt une dose, plus élevée que la sienne. Ragda Rejliidic était plus corpulent et s'il devait planer au même niveau que Valerion il lui fallait une dose un peu plus importante... mais pas de beaucoup.

    « Si mes belles paroles ne vous ont pas convaincues, j'espère que ce petit présent aura éventé tous vos doutes. Je ne doute pas que vous ayez déjà usé de cette délicieuse épice... Vous en connaissez le prix, ce n'est pas une chose que l'on partage aisément. Prenez cela comme l'assurance de ma bonne foi. Venons-nous de conclure un marché? »


Un sourire brillant avait illuminé le visage de Valerion. Malgré son âge et les douleurs qu'il avait subies, l'Artorien avait un côté séduisant. Le deal était sur la table, il suffisait de le conclure. Le prince n'entendait pas rompre l'engagement qu'il prendrait et espérait pouvoir bientôt planer. Loin, très loin au-dessus de Coruscant, là où Helena l'attendait.

Ragda Rejliidic
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Ragda ne bougeait plus, aussi fixe qu'une statue. Son regard, vide, observait l'horizon. Silence. Un silence qui dura de longues minutes... S'était-il endormi les yeux ouverts ?! Soudain, son corps tout entier fut parcouru de spasmes, qui se muèrent en ricanements gutturaux une fois arrivés à ses lèvres.

« Valérion... Valérion ! Vil intrigant ! » parvint-il à articuler, non sans efforts. « Tu es incroyable ! Si j'avais su que... » Le reste de la phrase devint parfaitement inaudible, tant les mots se pressaient à ses lèvres et sortaient en même temps, dans un commun transformé en une sorte de yahourt sonore.

Il pouffa. Puis se tut. Pouffa une nouvelle fois, puis se laissa complètement glisser en arrière sur la confortable banquette. Il porta de nouveau la bouteille à ses lèvres... Mais constatant que cette dernière était vide, il grimaça, avant d'ouvrir un large bec afin de la gober tout entière !

« Merde ! J'espère qu'elle était pas consignée ! » lâcha-t-il après un rot discret, mais pas trop. Il haussa ce qui lui servait d'épaule – c'est à dire deux poches de gras au dessus d'autres poches de gras – avant de reprendre, le regard absent : « Pfff, je crois que j'ai un peu abusé sur l'alcool ce soir... » Puis, comme s'il n'avait jamais prononcé ces aveux, il se tourna vers le Sénateur du peuple Artorien :

« Où j'en étais déjà ? Ah oui... J'ai qu'une chose à te répondre : n'oublie pas que t'es toi aussi dans une sacrée merde. » déclara-t-il sur un ton familier. « Ton peuple a été massacré... Et ce qu'il en reste est prisonnier soit des Sith, soit d'un monde dirigés par des financiers psychorigides. Et la République dans tout ça ? Elle se prostitue aux Sith en acceptant un traités aux termes complètement disproportionnés. J'sais pas ce qui est passé par la tête d'Halussius en fait. J'étais là pourtant, j'ai essayé de calmer le jeu... Mais rien n'y a fait... Il ne m'écoutait déjà plus... » Silence trois secondes « Qu'est-ce que je disais ? Ah oui... Toi aussi t'es quand même dans une sacrée merde, Valérion. Quoi qu'en dise notre bien aimé Janos... T'es juste un pion pour lui. Franchement, t'y crois à la charité d'Aargau ? Toi et ton peuple êtes juste un coup de pub, un coup de com... Et le jour où vous ne serez plus d'aucune utilité à leur yeux – à ses yeux – vous serez foutu à la porte, dans le meilleur des cas.

En réalité, nous avons tous les deux le couteau sur la gorge. Moi à court terme, toi à moyen terme. Ça crée une sorte de... solidarité non ? C'est pour ça que j'ai bien envie de te faire confiance, sur ce coup là Valérion. Ton discours et ta proposition ont le mérite d'être intelligents. Très intelligents même. Surtout pour un gars qui vient de picoler comme tu l'as fait ! »
Nouvelle barre de rire.

« Seulement, avant de répondre et de « trinquer » à notre alliance de circonstance... J'ai envie de te demander quelque chose :

Dis moi, sérieusement, sincèrement... Ça restera entre nous... Que penses-tu de ce fieffé Janos ? »


Mais au lieu de laisser répondre interlocuteur, le Hutt repris très rapidement, comme si cette nouvelle idée venait de lui traverser l'esprit en chassant toutes les autre :

« Attend... Attend... Avant de me répondre... J'ai envie d'augmenter les enchères. Tu vois, quitte à conclure notre arrangement avec du Glitterstim, autant que l'enjeu en vaille vraiment la chandelle, non ?

Donc, résumons. Tu as mon soutien et celui de Tarock. En échange, j'ai ton vote...

Mais que dirais-tu... de.... d'espionner discrètement Janos, pour moi. Par exemple, il prépare un projet, tu m'en informes... Il va se rendre sur un monde pour affaire, tu me rancardes... Tu vois ? Je ne te demande pas de fouiner dans ses affaires... Juste de laisser fuiter quelques informations, histoire de me laisser un coup d'avance ! Qu'en dis-tu ? Deal ou pas deal ? Tu sais qu'en échange de ce service, tu peux me demander beaucoup de choses... Vas-y, je t'écoute... »


Tout en parlant, le Hutt s'était penché en avant, rapprochant lentement son visage triangulaire de celui du Sénateur Scalia. Cette face hideuse arborait un large sourire amusé. Sacré Valérion pensa le Hutt. Ce Glitterstim prouvait qu'il batifolait avec certains milieux en marge de la législation. En soit, ce n'était pas grand chose : tous les grands de son monde avaient touché au moins une fois à cette drogue pour riche. Mais, quelque chose, peut-être cette noirceur dans son regard, indiquait au Hutt que l'humain était capable de bien pire. Oui, définitivement : derrière le politicien honnête, le militaire de carrière, se cachait un visage plus sombre, capable de bien des choses pour parvenir à ses fins... Qui sait... Peut-être serait-il amusant, un de ces jours, de l'approcher avec « Fantôme », histoire de voir ce qu'il avait vraiment dans le ventre...
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Avait-il en face de lui un individu de sexe masculin ou de sexe féminin? La question avait surgi brusquement dans l'esprit de Valerion. Cela n'avait pourtant rien à voir avec ce dont ils discutaient... Pourtant...

Un hermaphrodite, voilà ce qu'était un Hutt. L'Artorien avait toutefois des problèmes pour conceptualiser la chose. Mais quelle importance? Le prince se rendit compte qu'il était ivre, sans doute plus qu'il ne l'avait supposé. Les paroles de Ragda dégrisèrent toutefois le sénateur exilé, qui retrouva une plus grande lucidité en même temps qu'il allumait une nouvelle cigarette. Rares étaient les établissements dans lesquels il était encore autorisé de fumer... mais le Platinium était plutôt permissif envers ses riches clients. Dès lors, il n'était plus question pour l'artorien de se priver. Sa tendre épouse lui avait enjoint de cesser de téter du tabac roulé dans une feuille de papier mais un tir de croiseur avait vaporisé tout cela! Alors pourquoi se priver? Depuis sa prise de fonctions, le sénateur d'Artorias avait recommencé à s'encrasser les bronches, à croire que la pollution coruscanti ne lui suffisait pas. Qu'importait? Valerion savait que la mort ne le prendrait pas dans un lit, que ce soit le sien ou celui d'un hôpital. La destinée qui lui était promise était tout autre, bien plus violente et furieuse. Il était devenu un militaire par conviction, par amour de la discipline mais aussi par l'exaltation que lui apportait le feu. Le prince artorien n'était pas fait pour se terrer, pleurer, rester inactif. La politique lui apportait le souffle divin du pouvoir, l'effroi permanent et délicieux de l'incertitude du lendemain. Mais ce que Valerion cherchait dans l'alcool et la drogue il ne le trouvait réellement que dans l'affrontement des armes. Tenir dans ses mains une arme, viser et tirer, voir le sang de ses ennemis, de ses alliés et le sien, voilà ce qui excitait plus que tout le sénateur. Non, il ne mourrait pas d'un cancer, pas plus d'une overdose ou d'un accident. Ses entrailles brûleraient à lui en faire crépiter la cervelle, il sentirait la douleur du tir perdu happant son âme par hasard. Les explosions, voilà ce qui procurait un orgasme à Valerion Scalia.

Il se rappelait son service aux confins de la République, luttant contre des pirates bien mieux armés que n'avaient jamais pu le penser d’insignifiants politicards et fonctionnaires. D'abord, la peur. Il y avait deux façons de lui répondre : rester immobile, tétanisé, ou saisir son arme et ressentir la joie de conserver la vie en enlevant celle de ses adversaires. Il n'y avait rien de plus jouissif que bouger, tirer, éliminer l'ennemi, être en perpétuel mouvement, les nerfs tendus et tous les sens éveillés. C'était dans la folie d'un abordage mené par des flibustiers qu'il avait rencontré pour la première fois Helena... Il avait saisi sur son visage le même goût pour les brûlures et pour le sang qui gicle sur votre visage, le même goût pour la survie dans l'horreur de la réalité. L'adrénaline pure lui avait donné ses plus grands plaisirs et de connaître Helena. Les années passées avec elle à combattre des pirates dans des territoires lointains avaient été les plus belles de sa vie. Après le commandement, après la bataille, les deux époux se retrouvaient pour s'échanger dans des rapports brûlants. La flamme du combat entraînait un incendie de passion, incontrôlable.

Tout cela était loin derrière... Valerion savait qu'il ne retrouverait pas une âme semblable à celle de son épouse. Comme il en irait de même pour lui, Helena était morte dans la Bataille. Contrairement à elle, le sénateur d'Artorias souhaitait toutefois que la lutte dans laquelle il perdrait la vie amène la Victoire.

Valerion redescendit de ces sphères célestes dans lesquelles la consommation d'alcool l'avait plongé. Juste à temps pour s'esclaffer à la vue de ce Hutt gobant une bouteille vide. Quelle soirée...

    « Dans la merde... oui... »


Lord Janos le voyait comme un pion? Fort probablement. Mais croire que Ragda le voyait différemment aurait été encore plus naïf... Le tout, pour Valerion, consistait à tirer son épingle du jeu entre ces deux personnalités dangereuses. La proposition du sénateur de Bakura était dangereuse, fort dangereuse.

    « Trahir Lord Janos? Moi? Jamais! »


Le sénateur d'Artorias avait prononcé ces mots sur le ton de la fausse répugnance, un fin sourire amusé aux lèvres. Rictus qui s'évapora aussitôt, Valerion s'approchant de la table et parlant désormais à voix basse.

    « Mon cher Rejliidic, j'ai parié sur Lord Janos... Pour l'heure, je n'ai pas eu à me plaindre, loin s'en faut. Mais je ne suis pas niais... Lord Janos ne s'intéresse à moi que parce que je présente un intérêt pour lui. Et alors? Nous réfléchissons tous ainsi. Notre accord n'est mû que par l'intérêt. Rien de choquant à cela... Le double-jeu est tenant, mais qu’adviendrait-il de mieux si j’étais pris ? Suis-je un couard ? Je ne pense pas. Je préfère simplement la prudence à une témérité dont le profit serait finalement peu élevé pour moi… »


Pas question de trahir le Rassemblement Républicain. Tout l'avenir politique de Valerion Scalia allait dépendre de la réussite du mouvement politique. Pour autant, pouvait-il se passer d'une carte joker à pouvoir jouer à l'encontre de Janos en cas de besoin? Pas vraiment. Et puis... cela ne l'engageait finalement à rien. Il pourrait révéler ce qu'il souhaiterait, rien du tout ou son contraire. Mais si Lord Janos entendait, à un moment donné, se passer de ses services, alors Valerion aurait un moyen pour veiller à ne pas tomber. Une assurance, rien de plus.

    « Il est fort probable que nous nous voyions encore à l'avenir, afin de s'arranger sur certaines matières... A ce moment, il sera toujours possible que tu m'interroges sur ceci ou cela... mais ce ne sera pas gratuit. Ne me prends pas non plus pour un fou. Je ne vais pas brûler la maison dont j’ai participé à la construction. Simplement, il ne faudrait pas que mon copropriétaire décide de sortir d'indivision... »

Prudence est mère de sûreté. S’engager purement et simplement dans la proposition de Ragda était bien trop dangereux. C’était risquer de se compromettre grossièrement pour peu de choses, trahir ses alliés pour un individu qui ne pouvait lui offrir autant qu’eux. A l’inverse, refuser directement l’offre du Hutt aurait été fort mal perçu par ce dernier. D’autant que l’idée n’était pas à jeter entièrement… Lord Janos était dangereux, même pour ses alliés, il convenait donc d’être en mesure de lutter contre lui s’il entendait un jour trahir Artorias et son représentant. Ni plus, ni moins.
Valerion prit son rail de Glitterstim et l’approcha de son nez.
    « Aux jours heureux ! »

Et il s’abandonna à l’extase.



Ragda Rejliidic
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Un érudit avait dit un jour quelque chose comme : « Les mathématiques forment la trame de notre univers physique ».

Incapable de remettre un nom sur ces mots, Ragda se contentait de méditer dessus tout en écoutant son interlocuteur. Avec l'expérience, il avait acquis cette faculté d'enregistrer les informations tout en analysant d'autres faits. Un talent indispensable à tout bon orateur cherchant à préparer ses réponses tout en affûtant ses futurs arguments.

Il pensait donc. Oui, cet érudit n'avait probablement pas tord, l'arithmétique dirigeait tout, tel un dictateur implacable régnant sur les lois les plus fondamentales de cette galaxie. Finalement ne pouvait ton pas tout modéliser à coup de mathématiques, mêmes les comportements et le fonctionnement des êtres vivants ? Biensur que si. Un exemple ? Un exemple.

Par exemple : combien fallait-il qu'un humain, pesant une centaine de kilos, absorbe d'alcool pour être ivre au point de se mettre à déblatérer toute sorte d’âneries sans queue ni tête ? Une dizaine de Whisky ? Probablement un peu plus. Dès lors, combien en fallait-il à un Hutt pesant une tonne et demi pour arriver au même résultat ? Facile. Règle de trois. Cent cinquante... Cent cinquante !

Cent cinquante verres donc. Ragda lui, en était même pas à son trentième. Alors certes, il pouvait s'avérer douteux de comparer deux métabolismes aussi différents... Mais tout de même, entre cent cinquante et trente, la différence parlait d'elle même. Et soulevait des questions.

Tout mathématicien l'aurait donc compris : Ragda feignait son état d'ébriété. Il feignait d'oublier son bon sens, ses bonnes manières, les convenances et même la politesse. Il feignait tout. Absolument tout. Mais pourquoi ? Se demanda-t-il lui même, d'une pensée amusée. Simplement parce que c'était très drôle, et surtout instructif. Instructif parce que face à cet état supposé de faiblesse, les langues souvent se déliaient. En résumé, toute cette mascarade n'avait été qu'un test pour le Sénateur du peuple Artorien, un test orchestré par le cerveau machiavélique d'un Hutt en pleine crise de confiance. Et que dire de la prestation de son interlocuteur ? C'était tout l’intérêt de l'analyse.

Ragda en avait apprit beaucoup sur la personnalité de Valérion. Un militaire de carrière oui, mais qui cachait un être beaucoup plus sombre et torturé. Au lieu de créer une dualité, ces deux aspects de sa personnalité se complétaient dans une synergie assez étonnante. D'un coté il jouissait d'un instinct pour l'intrigue probablement cultivé par sa proximité avec la cour royale d'Artorias. De l'autre sa formation militaire l'avait doté d'une grande force de caractère, sorte d'implacabilité, qui lui donnait les moyens d'atteindre ses objectifs, et ce, quelque soient les obstacles. Un être qui ne reculait devant rien...

Devant absolument rien. Et pour cause : que lui restait-il aujourd'hui ? Pion d'une galaxie et de gouvernements qui se jouaient de lui. Une République qui avait abondé Artorias, un Empire qui lui avait pris sa femme, un Sénateur d'Aargau qui usait de ses malheureux concitoyens comme d'une vitrine promotionnelle. Manifestement, il n'avait plus grand chose à perdre. Et pour cette raison, il était tout à fait capable de mettre la moitié de cette galaxie à feu et à sang.

Combinaison étonnante donc, mais tout aussi détonante, capable d'exploser à tout moment. Le Hutt n'était pas dupe : le traumatisme subit sur Artorias avait laissé des traces bien plus profondes que Valérion ne voulait le montrer. Cette froideur n'était-elle pas feinte ? Probablement que si. Au fond de lui devait bouillir un véritable chaudron, une fournaise même. Ces penchants pour l'alcool et la drogue étaient plus que révélateurs : il cherchait à fuir ses fantômes, à oublier, l'espace d'un instant, ses pensées noires qui lui dévoraient les tripes. Ragda le comprenait parfaitement sur ce point d'ailleurs, étant donné l'enfer médiatique qu'il vivait depuis prêt d'un an, même s'il y avait eu des hauts et des bas, et débat. Si ces sombres émotions prenaient un jour le pas sur sa raison, alors Scalia deviendrait une sorte monstre politique que rien ne saurait stopper...

Toutefois, cette fausse loyauté envers Janos l'avait surpris. Le Hutt s'était attendu à une réponse toute autre. Oui, il s'était esquissé quelques instants l'image d'un Valérion plus retors, prompt au double jeu. Au lieu de cela, voilà qu'il jouait la carte de la prudence. Assez révélateur, finalement, de son self-control. Cette réaction prouvait qu'il préférait assurer une position qu'il lui semblait acceptable, plutôt que de se jeter dans un pari osé. Fallait-il y voir comme un manque d'assurance ou une crainte inconsciente de l'inconnu. Manque d'assurance sur une scène galactique qu'il ne fréquentait finalement que depuis peu ? Crainte de se retrouve dans une situation dont il ne maîtrisait pas tous les paramètres ? Comme ces militaires qui refusaient de passer à l'action sans les rapports complets de leurs éclaireurs. Venait-il de mettre le doigt sur l'une de ces faiblesses ?

C'était assez amusant. Un Ragda qui agissait tout en réfléchissant et en adaptant ses plans continuellement... Un Janos qui avançait, implacable, n'adaptant rien parce que persuadé de la supériorité de sa rigidité intellectuelle... Et maintenant voilà qu'un Scalia se retrouvait au milieu, prudent mais tout aussi déterminé à avancer. N'était-ce pas la tortue qui gagnait la course dans la fable ? Cette fois elle jouait contre deux lièvres. Mais comme l'un courait droit devant lui au risque de se jeter dans un précipice, et que l'autre serpentait au risque de perdre sa route... Elle avait toutes ses chances, et c'était justement ce qui motivait sa prudence. Oui, Ragda le comprenait mieux. Valérion n'attendait certainement qu'une chose : que les deux lièvres se perdent ou s'entre-dévorent pour remporter le premier prix... Ingénieux, mais dangereux. Il risquait d'être à tout moment d'emporté dans l'un des sillages... D'où, encore une fois, sa prudence.

En résumé, que penser de Scalia ? Tout l'un ou tout l'autre. Il était un atout majeur dans la manche de Janos... Tout comme il pouvait devenir celui qui le poignarderait dans le dos. Oui, le jour ou il déciderait de porter le coup de grâce à Janos, celui-ci serait sans aucun doute son meilleur allier. Et pour parvenir à le convaincre, il faudrait lui donner toutes les raisons de retourner sa veste. Voilà ce qu'attendait un homme comme lui : des garanties solides, et non des promesses évanescentes.

Ainsi Ragda décida ceci, juste avant de sniffer son rail de Glitterstim : A l'avenir, il aiderait Valérion, dans tout ce qu'il entreprendrait... Même si cela devait donner plus de pouvoirs à son ennemi juré. Parce qu'un jour, il aurait sans aucun doute son retour sur investissement... Oui, un jour : le jour de la chute de Côme Janos.

« A l'avenir » lâcha-t-il juste avant que les psychotropes ne parviennent à faire voler en éclats de fil de ses pensées prédatrices...

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