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Xemire tripota nerveusement la fermeture éclair de son sac et vérifia que sa capuche lui couvrait bien le visage. Installée dans une navette, elle s'efforçait d'avoir l'air naturel car le pilote, un vieil humain aux sourcils touffus, lui lançait constamment des regards intrigués par le biais d'un miroir installé sur son habitacle qui devait lui servir de rétroviseur pour garder un oeil sur les passagers… La fillette trouvait ça aussi très bizarre et songeait sérieusement à s'arracher à sa ceinture pour bondir hors de la navette quand la porte de celle-ci se referma soudain automatiquement, annonçant le départ imminent de la navette. Résignée, la novice senti son coeur s'ébranler dans sa poitrine sous l'effet de l'excitation, mais aussi (et surtout) de la peur. Enfin… Elle partait !

Mais pourquoi avait-elle fait ça ?

Après avoir jeté un regard de biais au deuxième passager (d'une race qui lui était inconnue), la fillette essaya de siffler pour se donner l'air détendu mais ne parvint qu'à émettre de vagues chuintement, ni convaincants, ni convaincus. Crispée, elle tenta de ranimer ses joues, paralysées par la trouille, pour sourire au pilote qui la fixait d'un air suspicieux dans son rétroviseur improvisé. Soudain, Xemire eut l'impression qu'une partie de son cerveau (jusque là inerte), se réveilla mollement et sonna l'alarme comme un garde champêtre fait son annonce avec une trompette : Oyé, ohé !… Qu'est ce qu'elle faisait là déjà ? Quelle était l'idée ? Y en avait-il seulement une, à la base ? Ah oui, c'est vrai : l'évasion, la grande aventure. La fugue, quoi. Xemire Zerr fuguait. Comme quoi, tout peut arriver dans la vie.
Elle-même n'en revenait pas. La fillette ne comprenait pas très bien comment elle en était arrivée… Là. Comment avait-elle pu quitter sa chambre si rassurante (sur la pointe des pieds, pour ne pas réveiller ses camarades de chambrée. S'ils n'avaient pas été réveillés quand elle avait dégringolé comme un boulet de son lit en manquant une marche de son échelle. Les joies du lit superposé.). pour en arriver… Là. Assise, ou plutôt cramponnée à son siège, avec l'expression de quelqu'un qui s'attend à être éjecté à n'importe quel moment. Ou encore celle de quelqu'un qui s'apprête à faire le grand-huit de ses cauchemars ! Mais certainement pas l'expression de quelqu'un qui va faire un tour de navette, tout ce qu'il y a de plus plan-plan. En vérité, si vous n'êtes pas encore au courant, Xemire avait horreur des voyages aériens ou spatiaux. Disons qu'elle préférait marcher, sentir la terre ferme sous ses pieds et ne pas dépendre d'un "tas de boulons volant", comme elle disait souvent avec désinvolture.
Et voilà qu'en un laps de temps trop restreint à son goût, elle se retrouvait à prendre la navette également trop souvent à son goût. La dernière fois, elle avait dû aller crapahuter au spacioport pour remettre un paquet surprise. L'Ordre, enfin, un Maître trop occupé pour se charger lui-même de son courrier, le lui avait demandé. Elle avait donc subi ces tours de navette parce qu'on ne lui avait pas vraiment laissé le choix. Mais cette fois-ci, c'était différent : elle montait dans cette navette fourbe de son plein gré. Elle prenait la poudre d'escampette ! Enfin, pour seulement une journée. Tout se passerait bien. Oui, oui, parce qu'elle avait tout prévu. Xemire Zerr ne fuguait pas n'importe comment, quand même. Elle avait d'ailleurs choisi le jour de sa fuite à l'avance, celui de la semaine où elle ne manquerait aucun cours : le samedi. Ainsi, ses professeurs ne se rendraient pas compte de son absence... Et elle n'aurait pas de devoirs en retard à rattraper.

Mais comment en était-elle arrivée à fuguer ? Cette question résonnait en écho dans son esprit confus. Disons que, ces derniers temps, elle avait été plus sensible aux remarques qu'on pouvait lui faire ; surtout aux moqueries des autres padawans. La fillette qui, d'ordinaire, les encaissait la tête haute avec un petit air supérieur qui dit cause-toujours-j't'entend-pas, les avait cette fois-ci reçues comme des flèches dont le fer aiguisé était allé se figer droit dans sa bulle et avait dégonflé sa dignité comme un ballon dénoué qui crache tout l'air de ses poumons. Elles étaient à plat et ils les piétinaient avec joie, elle et sa confiance bidon. Tous les padawans du Temple n'étaient pas après elle, bien sûr (et heureusement.). Seul petit groupe de cinq ou six novices l'avait pris en grippe depuis le premier cours qu'ils avaient eu en commun ; Ils la traitait depuis de miss-je-sais-tout, de chochotte, de fayotte… Enfin, de tous les grands classiques se terminant pour la plupart en "otte". Xemire espérait, qu'un jour, ils seraient tous punis pour l'avoir autant embêtée. Elle attendait avec impatience le moment où ils seraient surpris par un grand Maître du Temple qui passerait par là, à tout hasard, et serait terriblement outré de les entendre se moquer ainsi d'elle. En tout cas, il n'était pas question qu'elle aille pleurnicher devant ses professeurs : ça serait donner raison à tous ces abrutis en se comportant comme une fayotte !
Et elle n'en était pas une.

Au moins, quand elle leur raconterait son évasion, ils arrêteraient de la traiter de chair à bantha !

Et puis… Elle avait vraiment besoin de sortir hors du Temple.
Elle se sentait de plus en plus oppressée entre ces murs d'où elle ne sortait que rarement. La plupart des autres padawans de son âge avaient déjà des Maîtres attribués avec qui ils sortaient en mission. Quand l'un d'eux rentrait d'une sortie, quelques fois à l'autre bout de la galaxie, il avait toujours de fabuleuses histoires à raconter à la cantine qui provoquaient des attroupements d'oreilles attentives et fascinées autour d'eux. Quelques fois, Xemire avait laissé trainer une oreille discrète près de l'un des conteurs d'aventures, curieuse de savoir ce qui se passait à l'extérieur du Temple. Pas qu'elle avait envie de vivre ce qu'ils avaient vécu (certains des padawans avaient été au travers de situations épouvantables) mais elle aimait les écouter raconter leurs mésaventures. La fillette éprouvait souvent l'envie d'être assise à leur place : au centre d'une table, en agitant une cuillère autour d'elle d'un air théâtrale, mimant un duel contre un prédateur affamé, sous le regard de tant d'yeux captivés par son récit. Elle avait alors décidé de vivre sa propre aventure, sans prendre trop de risques toutefois (elle avait apporté dans son petit sac un plan d'Iziz ainsi que les horaires des navettes, et un casse-croûte, pour ne pas louper le goûter). Même si c'était mal… Et qu'elle risquait sûrement gros…. …. Xemire avait besoin de le faire. C'était un défi personnel.
Et puis, tout irait bien. En revenant, elle aurait sûrement des histoires à raconter à l'heure de dîner, elle aussi (parce qu'elle comptait rentrer avant l'heure de manger, quand même).

Tandis que la navette s'élevait doucement dans le ciel, laissant derrière elle la plateforme du Temple, Xemire s'agrippa à son siège comme un chat effrayé, les doigts enfoncés dans le coussin. TOUT irait bien. D'ici trois heures, elle serait sur le chemin du retour et personne n'aurait rien remarqué.

Pourtant, quand la nuit fut tombée sur Iziz, la petite novice manquait toujours à l'appel au Temple.
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- Allez, Nal', il y aurait bien une petite mission pour moi, non ? Même si c'est pour aller écouter parler les Bothans, je te jure.

Le Chevalier Nal'raim laissa échapper un soupir faussement exaspéré. Ce Twi'lek à la peau violacée était la personne à qui Myir parlait le plus, dans ce Temple : l'une de ses fonctions étaient de faire passer les ordres de mission disponibles et il ne manquait jamais de refiler les plus intéressantes à son « amie ». Même si parfois, il se disait que la vie de Myir était étrange : elle ne prenait jamais de vacances, et se jetait corps et âme dans ses missions. Elle en revenait généralement victorieuse mais ce soir, elle portait encore la trace, sur une joue, d'un hématome qui en disait long sur la façon dont s'était terminée son dernier voyage.

- Désolé Myir, le Conseil a fait passer la consigne de ne pas te redonner de mission tout de suite.

Il haussa les épaules avec presque un air coupable, mais il n'y était pour rien et Myir le savait bien. La Twi'lek avait beau eu faire ses yeux de chien kath battu, elle se souvenait parfaitement que le Conseil lui avait demandé de se reposer un peu, après son échec sur Nar Shaddaa. C'était vrai que cette mission l'avait malmenée, et qu'elle n'en dormait pas très bien. L'une de ses compatriotes avait disparu dans l'histoire. Une pauvre gamine, une adolescente... Prise au piège de bandits à cause d'elle. Myir ne cessait de se demander si la jeune fille était morte, et elle savait qu'il n'y aurait qu'une seule chose pour lui faire oublier ces idées noires : repartir en mission, comme d'habitude. Laisser l'action prendre la place de la réflexion... Mais ce n'était apparemment pas l'avis du Conseil. Ils voulaient qu'elle médite sur ce qui s'était produit, elle s'en doutait bien... Mais attendre que la paix vienne, assise dans une salle de méditation, ça n'était pas son truc.
Et de toutes façons, elle était nulle pour jouer la comédie, alors inutile de faire semblant. Myir laissa tomber son air contrit et soupira en s'appuyant contre le mur.

- Ok, concéda-t-elle. T'auras qu'à me faire signe quand les ordres auront changé, d'accord ?

De toutes façons, songea Nal'raim, elle reviendrait vérifier le lendemain, et le jour suivant. Pauvre Myir. Accro à son job.

- Mais oui, t'en fais pas. Et s'il y a une urgence, elle est pour toi. Promis.

Myir se sentit rassurée, offrit à son ami un bref sourire de reconnaissance et s'en alla rejoindre le quartier de repos. Le soleil se couchait, elle avait terminé ses entraînements quotidiens. Inutile de rester dans les couloirs du Temple à errer, alors qu'elle avait de la documentation à lire sur son datapad. Il ne lui restait donc plus qu'à rejoindre sa sobre pour une nouvelle nuit dans ce morne édifice.

Tout le monde aimait le Temple. C'était calme, et pourtant joyeux avec ces padawans qui riaient, et puis on avait le soutien du Conseil et la douceur d'une vie où tout était fourni : les draps propres, les repas copieux mais équilibrés, les conseils avisés des anciens, les archives riches où l'on trouvait des informations sur à peu près n'importe quel sujet. Myir appréciait tout cela à sa juste valeur. Mais ses séjours ici étaient courts, parce que l'on se trouvait trop aisément coincé dans la routine -certes confortable- que cette vie offrait. Myir voulait bouger, voir de nouvelles choses, sentir qu'elle était utile. Elle se sentait indispensable à son Ordre quand elle effectuait des missions dangereuses, et lourde comme un fardeau quand elle restait ici à se faire entretenir. Et puis, elle se doutait bien que si elle errait ici, l'air désoeuvrée, on lui collerait un padawan sur le dos. Et ça, c'était vraiment pas dans ses plans ! Un padawan, ça la retarderait dans ses missions, ça exigerait de la patience et de longues discussions. Elle n'avait pas le temps pour ça ! Elle n'avait donc qu'une seule idée en tête : repartir en mission.

Elle avait déjà atteint la porte métallique de sa chambre, et entra mécaniquement le code pour déverrouiller la pièce. Un « schouip » sonore se fit entendre quand le morceau de métal sophistiqué s'ouvrit et Myir s'engouffra dans son antre dénudée. Un petit tour par la salle de bain et elle se glisserait dans son lit avec son datapad sans autre forme de procès. Puis elle tâcherait d'étudier les domaines qu'elle ne connaissait pas bien -comme la biologie, par exemple- jusqu'à ce que ses paupières soient devenues trop lourdes pour poursuivre. Sa soirée était déjà toute tracée.

Le comlink posé sur les couvertures grésilla avant même qu'elle n'ait eu le temps de se laver le visage.

- Myir ? Myir, c'est Nal. Chose promise, chose due. Une urgence dans Iziz... Elle est pour toi.

La Twi'lek se jeta sur l'appareil : toute fatigue l'avait quittée. De l'action, enfin !

- Prête ! répondit-elle avec enthousiasme. Comment ça se présente ?
- Une disparition de padawan. Une petite Falleen, je t'envoie le dossier sur ton data.

Myir grimaça sur son lit, mais elle n'allait pas se désister. C'était bien les padawans, ça, de se perdre et d'embêter les grandes personnes. Quand elle disait qu'ils n'apportaient que des ennuis, elle avait bien raison ! Mais là, elle ne ferait pas la difficile. Une petite enquête était une superbe excuse pour sortir de ce fichu Temple où elle était assignée.

- Elle aurait quitté le Temple ce matin, a priori. Des padawans de son dortoir l'auraient vu quitter les lieux et l'un des chauffeurs de la navette qui mène à Iziz l'aurait peut-être aperçue dans son propre véhicule. Sa trace s'arrête là. Je te laisse le nom du type...
- Ok, je m'y mets tout de suite. Merci Nal'.

Ca tombait bien, elle n'avait pas eu le temps de se déshabiller. Ni une, ni deux, et la Twi'lek s'était élancée en direction du hangar. Premier programme : rejoindre Iziz avec un speeder du Temple et parler au gars de la compagnie de transport.
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Xemire donna un coup de pied dans un caillou qui s'envola brièvement avant d'aller cogner le pied d'un lampadaire proche. L'impact secoua celui-ci de haut en bas, faisant légèrement frémir son mât jusqu'à sa lampe, dont l'ampoule fatiguée se mit alors à clignoter péniblement avant de s'éteindre pour de bon, plongeant la ruelle et ses contours dans l'obscurité la plus inquiétante. Il n'y avait pas âme qui vive dans le coin, excepté la petite falleen qui, d'un air misérable, se laissa choir au bord d'un matelas abandonné, les coudes sur les genoux et le visage entre ses petites mains vertes. Elle avait vraiment envie de pleurer. L'ennui c'était que la peur, blottie au fond de sa gorge, paraissait avoir chassé toutes les larmes de son visage ; celles-ci se pressaient alors, au fond des yeux de la gamine, sans oser en déborder. Elles embuaient son regard flavescent, lui donnant l'air d'une lumière lointaine, perdue derrière une brume épaisse.
Reniflant bruyamment, Xemire leva la tête vers le ciel. Celui-ci s'éclairait petit à petit de la lueur blanchâtre des étoiles, quoiqu'atténuée par quelques nuages vadrouillant au dessus d'Iziz. La lune d'Ondéron, Dxun, suspendue au-dessus de l'horizon, projetait autour d'elle un halo verdoyant qui éclairait faiblement la surface de la ville. Une sorte de chien hurla au loin et son cri, qui avait quelque chose de sinistre, fit frissonner la fillette qui enroula aussitôt ses bras autour d'elle, pour réchauffer son maigre moral. Elle avait été si stupide. Siii Stupide ! Et malchanceuse aussi, cette journée ne s'était pas du tout passée comme elle l'avait prévu ! Depuis le moment où elle avait posé le pied hors de cette navette jusqu'à maintenant, ça avait été un vrai fiasco !

En fait… Tout avait commencé quand elle s'était fait voler son sac !
Xemire, n'ayant pas l'habitude de crapahuter seule dans les grandes villes et par conséquent de s'en méfier, avait fait preuve de beaucoup d'imprudence, plus tôt dans la journée. En effet, pendant qu'elle consultait sa carte d'Iziz, entièrement déployée sous son nez, la fillette avait laissé traîner son sac entre ses pieds afin de ne pas s'en encombrer les mains. Un doigt posé à la surface du papier, elle avait longuement planifié son trajet de retour jusqu'à la navette, très concentrée, sans se soucier de garder un oeil sur son bien. Et quand, finalement, elle avait replié sa carte pour la ranger dans son sac, celui-ci avait disparu !
D'abord abasourdie, Xemire avait pivoté sur elle-même, les poings sur les hanches, en fouillant des yeux les alentours. Que… Hein ? Il était là, juste là ! Sur le coup, elle avait été trop incrédule pour réagir. La jeune falleen n'y croyait pas. Hein ?! Mais qu'est ce que… Oh non ! Puis, elle s'était mise à courir ; d'abord doucement puis à toute vitesse et dans tous les sens à la recherche de son sac, l'air effaré. Elle n'en revenait pas (et toujours pas, d'ailleurs). Comment cela avait-il pu arriver ? Pourquoi est-ce que ça lui était arrivé à elle ? La fillette n'avait pourtant pas été longue à examiner sa carte… Enfin… Si peut être, un peu, mais, zut ! Elle avait fait attention à garder son sac auprès d'elle ! Ces voleurs étaient bien culottés de venir le lui prendre entre les pieds ! Ce n'était pas de sa faute s'ils étaient si téméraires !

Découragée, après avoir couru de gauche à droite pendant de longues minutes, Xemire s'était résolue à l'idée qu'elle ne retrouverait jamais son petit sac et toutes les affaires qu'il contenait… Notamment son sabre laser, mais aussi une bourse de crédits à moitié remplie, une gourde, un reste de déjeuner piqué à la cantine du Temple, bref, tout plein d'autres trucs plutôt utiles ! Il ne lui restait entre les mains qu'une carte… Ou plutôt un morceau de carte, puisqu'elle avait déchirée celle-ci pendant sa course précipitée, sans trop savoir comment. Il lui manquait, de ce fait, une bonne moitié d'iziz, qui s'avéra justement être celle dont la fillette avait besoin pour rentrer. Heureusement, heureusement oui ! Xemire l'avait examinée peu de temps auparavant et se souvenait plutôt bien du chemin à emprunter ; du moins, c'était ce qu'elle pensait.
Car, après avoir déambulé pendant une bonne heure dans les rues d'Iziz à la recherche de son chemin, la fillette se rendit à l'évidence : elle était complètement perdue.
Au lieu de quitter le centre ville pour rejoindre l'astroport en bordure d'Iziz, elle semblait s'être embourbée jusque dans les plus petites ruelles méconnues de la cité ; un véritable labyrinthe noueux et… Boueux, où quiconque connaissant son chemin aurait évité de s'aventurer. Peu de personnes traînaient d'ailleurs par-ici ; toutefois, les rares individus que Xemire croisa lui filèrent suffisamment la chair de poule pour qu'elle se presse de tirer le capuchon de son manteau sur son visage, redoutant d'attirer l'attention de l'un de ces affreux jojos. Comment avait-elle pu en arriver… Là?

Angoissée au plus haut degré, Xemire crapahuta un long moment parmi ces longues ruelles reculées, sortes de veines noires sinueuses s'enfonçant sous Iziz, probablement méconnues d'un bon nombre d'honnêtes gens. Au fur et à mesure qu'elle avançait, espérant émerger hors de ce cauchemar d'un moment à l'autre, la fillette se demandait si quelqu'un finirait par la retrouver dans ce qui semblait être "l'ombre de la cité". Les Jedi viendraient-ils la chercher… Ici ? Ils étaient peut être à sa recherche… A en voir la nuit tombante, il était l'heure de manger au Temple ; tous les padawans étant à la cantine, ils s'apercevraient sûrement de son absence.
La fillette songea, tandis qu'elle piétinait un tapis de graines provenant d'un tonneau renversé au bord du chemin, aux assiettes généreuses servies à la cantine en moment même. Ce qu'elle aurait donné pour tenir entre ses mains un bol de soupe chaude… Ou une assiette de ragoût réconfortant. De quoi lui réchauffer les mains et le coeur.

De puissants éclats de rire firent brutalement sursauter la fillette, tandis qu'elle passait en catimini devant un bar à la façade miteuse qui projetait sur la ruelle une faible lueur rougeâtre, due à l'unique lanterne éclairant son enseigne : le Cannok Mignard. Une odeur absolument répugnante d'alcool et de sueur imprégnait l'air devant le bar, et Xemire se passa volontiers de respirer en passant au travers. A l'intérieur du bar, un couple de gaillards vêtus de loques s'esclaffaient en fracassant leurs énormes chopes l'une contre l'autre avant d'en boire goulûment le contenu. Ils ne firent pas plus attention à Xemire que s'il s'agissait d'une mouche voletant au-dessus d'une poubelle dans le décor : elle était si petite, si insignifiante ! De plus, sa cape noire la rendait presque inexistante dans cette atmosphère lugubre. La petite falleen se pressa cependant de poursuivre son chemin, désireuse de mettre le plus de distance possible entre elle et ce bar immonde !

Peu de temps après, elle trouva ce matelas couvert de boue et percé de quelques ressorts, abandonné sur le côté de la ruelle et s'y laissa lourdement tomber, incapable de faire plus de chemin pour l'instant. Elle avait tellement mal aux pieds… Il lui semblait n'avoir jamais autant marché de sa vie ! La fillette était épuisée. Elle avait peur, mais à quoi bon continuer de marcher pour l'instant ? Où irait-elle ? Xemire savait qu'elle devait faire une pause, ou bien elle finirait par s'écrouler dans la boue et, quitte à choisir, elle préférait autant se reposer sur un matelas troué, même s'il était sûrement infesté de poux… Beurk…
La jeune falleen rassembla un couvercle de poubelle et un morceau de bâche qu'elle trouva abandonnés aux bords de la ruelle, s'installa sur le matelas grinçant et dissimula son petit corps grelottant sous ses trouvailles. Lovée en boule dans sa cape noire, elle était invisible aux yeux des curieux. C'est rassurée par cette idée que la fillette ferma finalement les yeux et, presque aussitôt, sombra dans un sommeil peu profond.

Xemire ignorait combien de temps elle avait dormi lorsqu'une sorte de beuglement la sortit brutalement de son semi-sommeil et la pétrifia de peur. Tous les sens en alerte, la petite ne bougea pas, même lorsqu'elle entendit des bruits de pas s'approcher de sa cachette improvisée...
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Myir ne se retenait qu'à grand-peine de pousser un long soupir d'exaspération. Le chauffeur, un monsieur bourru, sentant fortement la sueur et qui lançait des coups d’œil nerveux autour de lui, semblait s'évertuer à ne pas être clair dans ses propos. Oui, il avait vu une petite Falleen dans sa navette partir du Temple. Non, il ne pouvait pas être sûre qu'il s'agissait d'une Jedi, il n'était pas sûr pour la tenue vestimentaire. Oui, il l'avait déposé en ville mais non, il ne savait plus très bien à quel arrêt.
La Twi'lek avait noté les bribes d'informations sur son datapad avant de récapituler dans sa tête : la padawan avait sûrement rejoint la ville. Elle avait avec elle un sac-à-dos, selon le chauffeur, mais il ne savait pas s'il était gros ou pas, ni à quelle heure environ il l'avait déposée. Iziz était grande, ça pouvait être n'importe où ! Mais elle détenait tout de même le trajet réalisé par la navette. Elle n'avait plus qu'à se rendre aux différents arrêts avec son propre speeder et accorda un bref « merci » au chauffeur visiblement soulagé de pouvoir rentrer chez lui.

Il n'avait pas dû aimer être ainsi retenu à cause des Jedi, songeait Myir alors qu'elle démarrait son speeder. Les gens avaient peur des Jedi... Plus qu'autrefois, du moins. Cet homme s'était-il attendu à ce qu'elle le torture pour avoir des réponses ? Elle n'avait peut-être pas été très sympa, plutôt autoritaire, comme à son habitude, mais elle ne lui avait pas fait de mal. Alors pourquoi diable cette nervosité ! Les gens l'agaçaient. Un peu comme ces padawans égarés au milieu de la nuit. Et si la petite Falleen avait décidé de se rendre à l'astroport et de s'enfuir ? Si elle avait l'argent pour prendre un billet, rien n'aurait pu l'empêcher de s'en aller loin d'ici... Et on ne la retrouverait peut-être jamais.
Mais la Twi'lek chassa ces pensées de son esprit en secouant la tête : même si elle n'avait que très peu d'indice, il était inutile pour le moment d'élaborer ce genre d'hypothèse extrême. Pas tant que la ville n'ait été passée au peigne fin par ses propres soins.

Les rues défilèrent, éclairées par de longs réverbères diffusant une lumière blanche, froide, et Myir déplaçait son appareil à faible allure, le regard détaillant les trottoirs autour d'elle. Dès qu'une silhouette plus petite que les autres se détachait dans l'obscurité, elle donnait un brusque coup de frein avec l'espoir du coup de chance, mais elle avait été déçue à chaque fois. Elle n'était jamais tombée sur une jeune Falleen.
Bientôt, elle avait retracé tous les arrêts desservis par la navette qui avait emmenée la padawan loin du Temple, sans aucun indice supplémentaire. Ça ne lui laissait que peu d'options pour poursuivre son enquête...

Le speeder se gara doucement devant le poste principal des militaires d'Iziz. Les Jedi ne les aimait pas tous beaucoup, mais Myir avait toujours eu un bon feeling avec les militaires. Ils allaient droit au but, dans leurs actes comme dans leurs paroles, et cela lui convenait parfaitement pour travailler. Ils seraient peut-être d'une quelconque aide... En tout cas, Myir avait bon espoir.
Une « zwouip » soudain accompagna l'ouverture de la porte automatisée du département militaire. Un homme en uniforme, le soldat de garde probablement, la toisa d'un regard froid et attendit que la Twi'lek s'approche pour savoir ce qu'elle voulait.

- Bonsoir. Myir Alshain, Chevalier Jedi en mission, énonça-t-elle mécaniquement, tandis que le soldat acquiesçait. L'une de nos padawans semble avoir fugué ce matin, nous n'avons de nouvelles. Nous avons perdu sa trace une fois arrivée dans Iziz... Il s'agit d'une Falleen d'une dizaine d'années. Ça vous parle ?
- 'bsolument pas, désolé.

La voix du soldat était morne. Myir songea aussitôt qu'il devait intérieurement soupirer qu'on vienne le voir pour une simple fugue d'enfant, et la Jedi eut envie de partager avec lui ce sentiment de désespoir... Mais son dévouement pour l'Ordre était de loin le plus fort.

- Avec l'affection actuellle de la population pour les Jedi, expliqua-t-elle, nous avons des raisons de penser qu'elle court un danger. Surtout vu son âge. Je ne vous demande pas de la retrouver, mais si je pouvais jeter un œil aux incidents de la journée...

Le soldat se contenta de hausser les épaules. Il ne semblait pas y voir d'inconvénient puisqu'il tapota sur un écran tactile. Puis il lui tendit un datapad par dessus le comptoir sur lequel il s'accouda de nouveau négligemment. Myir le remercia du regard avant de se plonger dans la morne lecture des incidents civils de la journée : accidents de speeder, plainte de tapage pour voisinage, bagarres dans les cantinas... Les événements étaient résumés en quelques mots clés et rivalisaient par leur absence d'intérêt. La Twi'lek était sur le point de renoncer, lorsque...

- Ah ?! laissa-t-elle échapper, un sourire de triomphe s'étalant sur ses lèvres bleues. Vous êtes intervenus parce que des enfants de rue jouaient avec un sabre laser blanc !

Le soldat haussa encore une fois les épaules. A l'évidence, il ne voyait pas le rapport.

- Y'a une liste des visuels d'individus concernés. C'étaient des petits humains. Pas des falleens, à ce que je sache.

- Non, mais...

Fallait-il lui faire un dessin, à cette limace ? La Twi'lek abandonna son explication, et se contenta de mémoriser le lieu où s'était produit l'incident.

- Le sabre laser, vous l'avez gardé ? Il va être retourné à l'Ordre Jedi de toutes façons, non ?
- S'il n'a rien de particulier, et après examen, oui.

Autrement dit, elle pouvait toujours courir pour le voir. De toutes façons, ce n'était pas un sabre personnel. Les sabres blancs de padawans leur étaient prêtés par le Temple en attendant que les jeunes gens s'en construisent un eux-mêmes : ils se ressemblaient beaucoup, et il y avait fort à parier que le voir ne lui aurait pas apporté grand chose.

- Merci, décréta-t-elle en grimaçant un sourire de politesse qu'elle ne pensait pas.

Finalement, elle n'aimait pas les militaires, décida-t-elle intérieurement. Elle n'aimait que les vrais militaires, les militaires consciencieux ! Mais si le soldat n'avait pu vraiment l'aider, il lui restait tout de même une piste avec ce sabre-laser. Cela lui donnait une idée de l'endroit par où la padawan avait pu passer, surtout. Iziz était une grande capitale... Se rapprocher, ne serait-ce qu'un peu, du chemin emprunté par la fillette ne serait pas de trop. Peut-être les gamins des rues qui avaient été mentionnés seraient-ils toujours sur place pour l'aider ? Elle aurait préféré des adultes, mais elle ferait avec ce qu'elle trouverait. Avaient-ils volé le sabre ou l'avait-elle tout simplement perdu ? Dans tous les cas, la petite avait gagné le gros lot... Perdre son arme, songea Myir, c'était vraiment un truc de padawan étourdi !
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Prudente, Xemire souleva un peu la bâche pour jeter un coup d'oeil à ce qui se passait en dehors de sa cachette. Les deux gaillards, qu'elle avait précédemment aperçus dans le bar, étaient là, titubants maladroitement dans la boue, avec chacun une bouteille d'alcool à la main. Tous deux étaient issus d'espèces différentes, et l'un ressemblait à une sorte de gros lézard campé sur deux pattes arrières musclées, avec de longues griffes acérées au bout des doigts.

Les deux gaillards parlaient une langue grossière, faite de râles et de grognements peu distingués, et, considérant la façon qu'ils avaient de tanguer dangereusement sur leurs jambes, étaient fort probablement ivres mort.

Le grand lézard se mit à beugler ce qui devait être les paroles d'un chant obscène, provoquant le rire gras de son camarade, puis se laissa choir contre le mur le plus proche en soupirant lourdement. Là, il amena le goulot de sa bouteille jusqu'à sa grande gueule et attendit, sa longue langue en forme de fourche sortie, dans l'attente d'être abreuvée du fameux liquide ocre.

Il attendit ainsi un long moment, sans qu'aucune goûte ne pointe le bout de son nez.

Avec un râle frustré, le lézard tapa gauchement le fond de sa bouteille, avec l'espoir d'en décoller ne serait-ce que quelques gouttelettes récalcitrantes. Sans succès. La bouteille était complètement vide.
Lorsque le colosse s'en rendit finalement compte, après quelques minutes d'acharnement, une bouffée de colère lui colora les joues et il balança avec force sa bouteille contre le mur d'en face, où celle-ci s'écrasa en mille morceaux aiguisés qui s'éparpillèrent sur la cachette de Xemire.

Surprise par la réaction du reptile, la fillette avait brusquement sursauté et provoqué un couinement terrifié de son matelas, qui n'échappa pas au deuxième ivrogne dont la tête se tourna alors lentement dans sa direction, l'oeil morne.

Sa tête dodelinant au bout de son large cou, il s'avança avec des gestes mal coordonnés vers Xemire qui s'immobilisa aussitôt, terrorisée. Ce gaillard-ci ressemblait à un gorille au visage ayant été sévèrement écrasé, avec des narines dilatées et une bouche semblant avoir été ouverte au couteau. Les yeux à moitié fermés, il se laissa finalement choir sur le matelas avec un fracas de ressors outrés et, presque instantanément, se mit à ronfler plus fort qu'un wookie enrhumé. Xemire, recroquevillée en boule juste à côté de lui, fut alors submergée par un sentiment nauséeux, tandis que l'odeur pestilentielle de ses aisselles poilues (et humides) lui montait à la tête. Beurk ! Quelle horreur ! Elle battit l'air d'une main devant son nez, le visage tordu d'une grimace dégoûtée.

Le lézard, partit se soulager plus loin, revint d'un pas chancelant en fermant la braguette de son pantalon et appela son compère d'un grognement bref. Voyant que ce dernier ne réagissait pas, il s'avança et le tira brutalement hors du matelas - avec trop de force cependant, car il manqua dans son élan de tomber à la renverse avec lui. Le gorille, réveillé, poussa une exclamation de surprise et se dégagea brusquement de l'étreinte de son compagnon en grommelant d'un air bourru. Après une brève dispute, tous deux se remirent finalement en chemin, entamant un nouveau chant tonitruant dont l'écho se répercuta partout dans les rues environnantes.

Xemire attendit qu'ils aient disparus au coin d'une rue pour s'empresser de sortir de sa cachette et courir dans le sens inverse de la route empruntée par les joyeux lurons. Elle devait partir le plus loin possible de cet endroit ! Mettre le plus de distance possible entre elle et ce lézard effrayant !

Soudain, Xemire, dont les jambes n'étaient plus très stables à cause de la peur et de la fatigue, glissa dans une flaque de boue et se retrouva, avec un splash ! mémorable, à plat ventre dans une grande flaque de boue.

Se redressant péniblement, elle entendit un alors un petit rire à sa gauche et tourna la tête dans sa direction. La fillette découvrit alors deux petits garçons, tous deux humains, qui l'observaient en ricanant, à l'ombre d'une ruelle très étroite. Âgés d'une dizaine d'années tout au plus, ils étaient vêtus de haillons et leurs joues étaient brunies par la saleté. L'un d'eux avait des cheveux roux sombre et l'autre, beaucoup plus petit, portait une ceinture à sa taille où pendait une grosse bourse en cuir teinté.

Xemire détourna son regard, la mâchoire crispée et... Les joues bleues.

Au moment où elle se relevait avec grand-peine, les poings sur les genoux, une ampoule s'alluma soudainement au-dessus de sa tête : "Mais…." C'était…. Sa bourse ?! Etait-ce possible ? Alarmée, elle fit volte-face vers les enfants, mais - évidemment ! - ceux-là avaient disparus. Pourquoi fallait-il qu'elle courre sans arrêt à gauche et à droite aujourd'hui ? Songea la fillette en s'élançant à leur poursuite, haletant comme un boeuf, mais avec la ferme intention de récupérer son bien.

La ruelle dans laquelle elle s'engagea était plus plus étriquée qu'elle ne l'avait imaginé ! On aurait difficilement pu s'engouffrer à deux côte-à-côte là-dedans - pas même en étant du médiocre gabarit de Xemire. Cette ruelle ressemblait à une sorte tranchée, creusée au milieu des bâtiments, où avait été amassé un nombre remarquable de déchets en tous genres... Beuuurk ! Songea Xemire en évitant sur la pointe des pieds ce qui semblait être la carcasse fraîche d'une énorme volaille, grouillante de vers noueux et blanchâtres.

A la fin du chemin, la fillette déboula, complètement échevelée, dans une sorte de petite cour bordée d'entrepôts sinistres. Brrrr.... Un frisson parcourut son échine, tandis qu'elle contemplait les façades délabrées, aux allures menaçantes, des bâtiments alentours. Il n'y avait pas une trace d'enfant dans le coin.
Peu rassurée par ce nouveau décor, Xemire songeait sérieusement à faire demi-tour lorsque, soudain, un large filet lui tomba dessus !

"On l'a eue ! Venez ! Venez voir !" s'écria une voix fluette - une voix d'enfant. De nombreuses exclamations réjouies retentirent alors autour de Xemire. Celle-ci se démena furieusement au milieu de toutes ces mailles serrées : qu'est ce que c'était que ce… "Allez, ramenez-la à l'intérieur !" Oh non ! Hors de question, elle ne se ferait pas avoir comme ça ! Pas par une bande d'enfants !

Poussant des cris et s'agitant comme une sauvage, Xemire essaya de décocher des coups de pied dans les visages de ceux qui s'approchaient prudemment pour la soulever. Finalement, voyant qu'ils n'arriveraient à rien de cette façon, les enfants se résolurent à cramponner de leurs petites mains le filet pour tirer la fillette à même le sol, sur le béton sale et rocailleux de la cour. Xemire senti des larmes douloureuses perler aux coins de ses yeux tandis qu'on la traînait sans ménage jusque dans un grand entrepôt, se fichant pas mal qu'elle racle au passage des bouts de verre ou des canettes oubliées.

Xemire avait tout le corps endoloris lorsque finalement les enfants l'abandonnèrent au centre d'un entrepôt gigantesque, face aux larges bottes noires de leur chef.

"Qu'est-ce qu'une fille comme toi fiche dans nos quartiers ? Tu ne devrais pas plutôt être dans ton lit douillet chez maman et papa ?" dit celui-ci, d'une voix traînante.

"Libérez-moi de ce… Machin ! " s'époumona Xemire, incapable de bouger d'un poil tant elle était empêtrée dans le filet. Seuls ses yeux s'agitaient dans leurs orbites, détaillant frénétiquement le présumé chef de ses ravisseurs de bas-en-haut : plutôt grand, il portait cependant un manteau pour adulte beaucoup trop large pour lui, retroussé au bout de ses bras en épais ourlets, et un pantalon boutonné jusqu'au son torse qui tombait tout droit sur sa paire de bottes étonnement brillantes.

Plus vieux que les autres enfants, ce n'était pourtant qu'un adolescent.

Les mains derrière le dos, il fixait Xemire d'un air narquois tout en lui tournant autour, traînant des pieds de la plus irritante des manières. Son visage, remarqua Xemire, était sale : couvert d'un voile de poussière collant et luisant de sueur à certains endroits. Chacun de ses sourires goguenards révélait deux rangées de dents jaunes, incroyablement désordonnées.

A la plus grande répugnance de Xemire, il se contenta de lui cracher dessus en réponse à sa demande.

"Ici, c'est moi qui commande, alors tu obéis et tu réponds aux questions qu'on te pose. Ok ?"

Un mollard dégoulinant en travers de la figure, Xemire se contenta de lui lancer le regard le plus mauvais dont elle était capable. C'est à ce moment là que le tout petit garçon qui portait sa bourse à sa ceinture s'avança timidement vers son chef et lui chuchota quelque chose à l'oreille. L'autre l'écouta et Xemire vit soudain ses yeux s'agrandir de stupeur et se poser de nouveau sur elle, furieux. Elle déglutit et se recroquevilla davantage en boule, redoutant de recevoir pour une raison qu'elle ignorait le bout de l'une de ses bottes dans les côtes.

D'un air préoccupé, le grand garçon se mit cependant à faire les cent pas devant le tas que Xemire formait, en vrac dans le filet.

"Zut…" l'entendit-elle marmonner "Quelle situation merdique !"

Il se tourna brusquement vers le groupe de jeunes enfants, restés en retrait et qui fixaient leur aîné avec appréhension.

"Qui l'a conduite jusqu'ici ?"

Lentement, le petit garçon à la bourse - après avoir jeté un coup d'oeil autour de lui et constaté que personne ne se dénonçait - leva une main tremblante et s'empressa de se justifier d'une voix suraiguë voyant le grand froncer les sourcils d'un air menaçant.

"C'est elle qui nous a suivit ! C'est elle ! Nous on savait pas ! Nous on voulait pas la ramener ! Non non !"

Il se tourna vers son compère, celui aux cheveux roux, qui acquiesçait vigoureusement ses propos. Celui-ci dit alors :

"C'est elle ! Celle à qui on a piqué le truc, tout à l'heure !"

Quelques hooooooo de compréhension se firent alors entendre parmi le groupe des enfants. Certains d'entre eux fixaient à présent Xemire comme si elle était une bombe à retardement sur le point d'exploser. La fillette en vit quelques-un reculer dans l'ombre de leurs camarades, visiblement apeurés.

Xemire resta bouche-bée : était-ce elle qui leur fichait la frousse ? Pourtant, la situation n'était pas vraiment à son avantage... Elle ne devait pas avoir l'air très intimidant, les membres ainsi emmêlés parmi les mailles et le visage souillé de bave.

L'aîné des enfants s'avança vers Xemire et s'accroupit prudemment à côté d'elle. Il hésita un instant puis se lança finalement, au moment même où tous les autres enfants retenaient leur souffle :

"Est-ce que t'es vraiment…. Une Jedi ?"

Une petite quinzaine d'yeux braqués sur elle, Xemire sentit soudain les rouages de son esprit fatigué se mettre de nouveau en marche : Ils avaient peur d'elle parce qu'elle était une Jedi ? Voilà qui expliquait cette drôle de situation. Cette bande d'enfants crasseux redoutait ses pouvoirs de Jedi ? Et ils avaient raison, après tout ! Voilà qui était plutôt avantageux... Oh que oui ! Mais, enfin... Comment savaient-ils qu'elle était en était une... ? Oh... bien sûr ! Son sabre ! Ils l'avaient volé en même temps que son sac et sa bourse ! Et il était sûrement encore ici, quelque part dans cet entrepôt ! Peut être réussirait-elle a le récupérer, en même temps que le reste de ses affaires ? C'était une occasion en or.

La situation n'était pas si "merdique" que ça, en fin de compte. Xemire pouvait presque y voir une échappatoire ! Il suffisait que ces enfants soient suffisamment naïfs, ce dont elle ne doutait pas, et elle serait libre !

Avec son plus bel air énigmatique, car elle devait être théâtrale pour impressionner son public, Xemire dit alors :

"ça se pourrait que... Oui."

La fillette savoura le frisson qui parcourut un instant l'assemblée d'enfants, étroitement regroupés derrière leur chef. Celui-ci ne se laissa cependant pas impressionné et déclara d'une voix forte : "Prouves-le ! Prouves-nous que tu es une Jedi dans ce cas !"

"Pour ça, il faut que tu me laisses sortir de ce filet." répondit la fillette, qu'une sale démangeaison au niveau du pied commençait à sérieusement incommoder.

"Oui, bien sûr ! Tu ne voudrais pas non plus que je t'accompagnes jusqu'à la sortie pour t'indiquer le poste de police le plus proche ? Et si tu es vraiment une Jedi, qu'est ce qui me dit que tu ne vas pas nous attaquer, une fois libérée ?"

"Si je voulais vous faire du mal, je l'aurais déjà fait, et depuis longtemps. J'ai de très grands pouvoirs, vois-tu."

"Eh bien dans ce cas, je ne vois pas en quoi un simple filet t'empêcherait de nous faire la démonstration de ces très grands pouvoirs. Débrouilles-toi toute seule !"

"Oh, ça c'est très intelligent… Très bien ! Tu l'auras voulu ! Je vais te montrer ce que c'est, de me contrarier !"

Qu'allait-elle faire ? Vite, vite ! Elle devait trouver une solution ! Un petit tour de Jedi devrait faire l'affaire, la plupart des enfants étant déjà conquis par la simple idée qu'elle puisse en être une. Seul leur chef était suspicieux… Et il continuait de la fixer d'un oeil noir, aiguisé comme la lame d'un poignard qu'il aurait collé sous sa gorge. Aaah ! Comment allait-elle réussir avec cette pression ? Et si elle n'y arrivait pas ? Qu'allait-il se passer ? Est-ce qu'ils seraient capable de la laisser pourrir dans ce filet jusqu'à la fin de ses jours ?

Olàààà…. Bon, du calme. S'affoler de la sorte était certainement la dernière chose à faire dans cette situation. Paix. Elle devait trouver la paix. Ne faire qu'un avec la Force. Oui. Comme lors du cours de Mike Koin. Elle devait…. Trouver la sérénité. Ouf… Voilà. Sérénité.... Séréniiiité….

Avec un léger froncement de sourcils, Xemire ferma ses paupières verdâtres sur ses grands yeux dorés et se mit en quête d'un lien avec la Force. Elle sentit bientôt son aura se décoller de son être pour aller se promener autour d'elle et rencontrer celle - plus effacée - de l'aîné des enfants, toujours assis à ses côtés. Xemire concentra alors son pouvoir autour de sa propre silhouette, puis, tout d'un coup, le propulsa avec toute la puissance dont elle était capable vers le garçon. Une exclamation de surprise retentit instantanément juste à côté d'elle, presque aussitôt suivie d'un bruit de chute, plus éloigné.

La fillette rouvrit les yeux et contempla le travail, non sans une certaine satisfaction. Le garçon aîné, après avoir effectué un superbe vol plané de quelques mètres, était parti se planter dans le décor : seules ses jambes sortaient du carton dans lequel il avait atterri la tête la première - et elles battaient l'air avec fureur, ses jolies gambettes !

"Sortez-moi de là !" fulminait-il en gesticulant comme un beau diable.

Tandis que trois enfants accouraient pour aider leur chef, le garçon à la bourse et le rouquin s'avancèrent d'un air craintif vers Xemire et coupèrent les mailles du filet à l'aide de petits couteaux. Quelle liberté ce fut pour Xemire de ne plus avoir bras et jambes douloureusement contorsionnés là-dedans !

Tandis qu'elle se redressait puis entreprenait de se masser les mains et les poignets, les deux enfants fixèrent Xemire en se trémoussant inconfortablement, visiblement peu rassurés : "Vous n'allez pas nous livrer à la police, hein ? Vu qu'on vous a libérée ?" demanda timidement le garçon roux.

La fillette arrêta ses gestes et sembla considérer l'option avec intérêt, se frottant pensivement la tempe d'une main. Du coin de l'oeil, elle vit le petit blêmir sévèrement et son camarade déglutir.

Finalement, la Falleen arrêta son petit manège et déclara d'une voix solennelle :

"Vous avez de la chance, j'ai décidé... D'être clémente avec vous et de ne pas vous dénoncer aux autorités. A condition, bien sûr, que vous me rendiez tous mes biens et tout de suite. Sinon, je serai obligée d'utiliser une ruse Jedi qui vous téléporterait directement en prison, comme ça !" fit-elle en accompagnant ses dires d'un sec claquement de doigts.

Le garçon ne se fit pas prier et décrocha immédiatement la bourse de sa ceinture pour la tendre vivement à Xemire, comme si son contact lui brûlait le bout des doigts : "tenez, tenez !" dit-il avec empressement en l'agitant juste sous son nez.
Le rouquin, lui, avait décampé au fond de l'entrepôt où se trouvait en fragile équilibre un immense tas de trouvailles, dans lequel il fouilla à la manière d'un chien qui creuse son trou, jetant des objets à gauche à droite sans y faire attention. Un instant après, il revenait avec le sac de Xemire en main, qu'il se pressa de lui fourrer dans les bras :

"voilà, tout est là ! C'est bon ! Au revoir !".

C'était si beau que Xemire n'y croyait qu'à moitié : elle avait retrouvé ses affaires ! Toutes ses affaires ! Finalement, elle ne débrouillait pas si mal que ça en solo. Bon, il manquait quelques crédits dans sa bourse, mais c'était à prévoir et le casse-croûte de la cantine avait été englouti. Dommage, son estomac criait famine. Enfin bon, elle pourrait s'acheter quelque chose à manger avec ses sous fraîchement récupérés. Par contre, où était passé son… Oh non… Non, non, non, non, non !

"Mon sabre ! Où est mon sabre ?!" s'écria la fillette en retournant son sac dans tous les sens possibles et imaginables.

Les deux petits garçons échangèrent un regard chargé de sens, puis le rouquin osa enfin un regard coupable vers Xemire et marmonna, tout bas, de façon inaudible : "Euh… On l'a perdu…"
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Le speeder se faufilait dans la nuit, avec un vrombissement discret, son pilote aux lekkus bleus sombres tapi avec détermination derrière les commandes.
Myir connaissait un peu Iziz depuis le temps qu’elle était arrivée sur Ondéron, mais pas aussi bien que les fugueurs de sa génération : lorsqu’elle n’était qu’une padawan, jamais elle n’aurait eu le courage de désobéir aux Maîtres du Temple comme certains de ses petits camarades qui, ni vus ni connus, avaient parcourus pendant leur adolescence rebelle certaines de ces ruelles à l’insu de leurs professeurs. A l’époque, rien ne l’agaçait plus que ces escapades qu’elle ne dénonçait pourtant pas… Et elle n’avait toujours pas changé son avis sévère sur la question. Le pire dans l’histoire, songeait-elle, c’était que ces padawans fugueurs auraient bien été le genre à égarer leur sabre laser au beau milieu de la ville… Et pire : à ne pas oser revenir sans leur arme sacrée au Temple, de peur de la remontrance de leurs aînés. Qu’ils étaient sots ! Elle aurait mis sa main sous un laser que la petite Xémire était du même acabit !

La Twi’lek fit néanmoins taire ses ruminations intérieures à l’approche du quartier qui l’intéressait : ce n’était pas tout à fait un coin désert –un humain sans abri dormait dans un carton, chahuté par deux ivrognes qui faillirent se mettre sur le chemin de son speeder- mais l’heure était maintenant suffisamment tardive pour que le gros de la population soit douillettement endormi. L’avantage, c’était que Myir pourrait désormais se servir de ses oreilles pour retrouver les enfants qu’elle cherchait, et elle choisit au bout de quelques minutes d’éteindre le moteur de son appareil, trop bruyant. Le speeder resta garé sur le bord de la route, près d’une ruelle, et la Jedi vérifia que rien ne manquait à sa ceinture avant de s’en éloigner sans bruit.

Mais le silence persistait –ou plutôt, aucun bruit n’intéressait Myir. Un léger écoulement provenant d’une gouttière, un lointain chant entonné dans une cantina encore ouverte, le moteur d’une moto-speeder qui pétaradait un peu trop bruyamment pour être légale… Mais pas de cris d’enfants. Ca paraissait logique, les petits, à cette heure-ci, ça dormait ! La Twi’lek serra les poings en continuant sa route malgré tout. Elle n’était pas du genre à abandonner comme ça, sûrement pas !
Elle grimaça en passant devant une ruelle remplies de déchets odorants, et tourna à l’angle suivant. Les réverbères, pour certains abimés, éclairaient mal la voie dans laquelle elle s’engageait et elle attendit silencieusement que ses yeux s’accoutument à l’obscurité.

Et puis soudain, alors même qu’elle allait se remettre à marcher au hasard, elle entendit un bouquet de voix plus ou moins aiguës –des femmes ou des enfants ?- et elle resta figée, interdite. Impossible de comprendre ce qui s’était dit, mais les voix s’étaient tus quelques secondes plus tard. Alors Myir s’élança dans la direction qui lui semblait avoir porté ces cris, et ses pas résonnèrent sur le bitume.
Plusieurs foulées plus tard, elle bifurqua dans une rue, puis une autre. Revint sur ses pas, essaya une autre intersection, s’enfonça un peu plus loin dans une nouvelle rue bordée de déchets désagréables, mais les voix n’avaient pas réapparut. Est-ce que ça avait pu être « la » piste qu’elle n’avait pas réussi à suivre ? Devait-elle retourner à son point de départ ou continuer à fouiller ces lieux, même si elle prenait le risque de ne tomber que sur une bande de prostituées ivres qui ne lui apprendraient rien ? Elle n’avait pas d’autre choix, finalement, que de tenter le coup… Et puis, ce quelqu’un, quel qu’il fût, pourrait peut-être la renseigner sur des enfants qui traînaient dans le coin la journée.

Myir se concentra de nouveau sur ses sens, persuadée de n’être pas très loin de l’endroit où avaient dû être produits les cris quelques minutes plus tôt, mais il n’y avait plus aucune présence autour d’elle. S’étaient-ils enfuis ?
Les ruelles se succédèrent, plus ou moins sombres, et Myir finit par passer devant un sans-abri écroulé sur le trottoir, adossé à une caisse en métal. C’était un humain aux cheveux longs et noirs, à l’odeur persistante d’alcool, qui ne leva même pas le nez des tissus dans lesquels il était emmitouflé lorsque le Chevalier s’approcha précautionneusement. Un goulot de bouteille dépassait d’une de ses mains poisseuses, et Myir dut réprimer une grimace de dégoût pour s’adresser poliment à lui :

- Excusez-moi… ?

Dans un premier temps, aucune réaction. Et puis, alors que la Jedi allait faire demi-tour en pensant que le malheureux avait trop bu pour se réveiller et qu’il n’avait pas dû être en état de savoir ce qu’il s’était produit ce soit dans le quartier, l’humain grommela avant de redresser son visage. A la lueur d’un lointain réverbère, Myir distingua ses deux yeux étrécis par la fatigue –et la méfiance.

- Vous n’auriez pas vu… Des enfants ? Une Falleen aux cheveux longs, par exemple…

La voix de Myir lui avait semblé bien portante à elle-même, mais l’homme l’avait bien entendu puisque les deux fentes qui lui servaient de yeux s’élargirent un peu, par la surprise peut-être que l’on s’adresse à lui avec autant de politesse. Mais il n’avait pas l’air d’avoir envie de répondre, et il grimaça comme si remuer ses lèvres étaient un calvaire.

- Les gamins ! cracha-t-il alors d’une voix rauque, et la Jedi entrevit deux rangées de dents d’une étrange teinte verdâtre. ‘sont plus loin, ces chiens kath. Les entrepôts.

Et il secoua la tête de bas en haut, comme si Myir devait comprendre une évidence tragique qu’elle ne saisissait pourtant pas.

- Ah… merci, se contenta-t-elle de répondre maladroitement, mais elle n’avait pas le temps pour une conversation superflue. Par où ?

L’homme pointa son menton dans la direction du sud-est, estima la Twi’lek, et elle acquiesça avant de se détourner du sans-abri, un frisson lui parcourant l’échine. Peu à peu, elle commençait à s’inquiéter réellement pour la petite fugueuse : elle qui la pensait cachée en se croyant maline, la Falleen avait dû croiser des êtres aussi peu sympathiques que celui-ci dans la nuit d’Iziz. Un sentiment d’urgence éclos dans son esprit, elle se mit soudain à courir dans les ruelles, faisant résonner ses pas sur le bitume…

- Ah ! Mais s’il n’y avait eu qu’un seul et unique entrepôt, bien sûr, cela aurait été trop facile ! haleta-t-elle rageusement en arrivant devant les grands hangars sombres.

Heureusement, les trois quarts de ces grands édifices étaient plongés dans une obscurité qui, à moins que les enfants d’Iziz ne soient miraculeusement tous nyctalopes, ne devaient pas être occupés cette nuit. Soupirant, la Jedi commença à s’approcher de la plus proche fenêtre illuminée et se dressa sur la pointe des pieds pour que le bout de son nez atteigne le carré jaune et crasseux. Au-delà, une série de caisses étaient entassés par de volumineux droïdes, dont les moteurs crachotaient bruyamment.

Pas un endroit super pour des enfants… La Jedi retomba sur ses talons et se dirigea vers l’entrepôt suivant.

Et avant même d’atteindre une fenêtre pour essayer de distinguer ce qu’il y avait à l’intérieur, Myir entendit des éclats de voix aigus. Elle s’approcha doucement d’une porte, espérant distinguer les bribes d'une conversation…
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« Vous l’avez perdu ? »

Frénétiques, les yeux de Xemire volèrent d’un garçon à l’autre, en quête d’explications. Les enfants, qui semblaient trouver un tout nouvel intérêt à leurs chaussures trouées, gardaient leurs yeux baissés et affichaient tous les deux la mine contrite du garnement qui s’apprête à recevoir un sacré savon. Autour d’eux, un silence anxieux s’était posé sur la petite assemblée : seul l’égouttement d’un bidon percé, renversé au fond de l’entrepôt, ponctuait régulièrement le silence de « plic » et de « ploc ».

« Comment est-ce arrivé ? » demanda finalement Xemire, la gorge sèche, comme aucun enfant ne semblait désireux de prendre la parole. Quelques gouttes résonnèrent encore avant qu’une voix fluette, et légèrement tremblante, ne s’élève de l’assemblée pour lui répondre.

« C’est la bande au Touffu qui l’a. Touffu voulait qu’on lui donne le truc brillant, mais on n’a pas voulu. On lui a dit qu’on l’avait trouvé et que c’était le nôtre, et que s’il en voulait un, il devait en trouver un lui-même ! Mais Touffu, il n’était pas d’accord, et il a dit à Stoltz, Roth et Harvey de nous le prendre. Stoltz, Roth et Harvey, ils sont plus grands que nous, alors ils nous on vite attrapé. On aurait pu les battre, si on avait été aussi grands et forts qu’eux ! Ils nous ont jeté dans une benne et sont partis avec le butin. Heureusement, Uma avait caché les pièces dans son pantalon. Grâce à lui, ils ne les ont pas pris ! »

Quelque part dans la foule, un petit garçon crasseux, qui n’avait rien d’humain, bomba le torse avec fierté. Xemire avisa tout d’un coup d'un oeil nouveau sa bourse qui avait manifestement été traîner dans la culotte du garçon. Avec une grimace, la fillette rangea celle-ci dans son sac, prenant garde à ne pas la toucher avec autre chose que la manche de sa bure.

Face à elle, le garçon roux s’anima soudainement.

« Si vous voulez, on peut vous amener à leur cachette ! Vous pourrez aller récupérer votre sabre là-bas. Ils ne feront pas le poids face à vos supers-pouvoirs de jedi. Vous allez les écraser à plate couture ! » S’exclama t-il, enthousiaste, en brandissant un poing en l’air.

Un murmure appréciateur se répandit dans la petite foule autour d’eux et quelques enfants contemplèrent Xemire avec une nouvelle lueur d’espoir dans le fond de leurs yeux hagards.

Reculant inconsciemment vers la sortie, Xemire parvint à crisper ses joues en une sorte de sourire confiant : « Euh… Oui, bonne idée. Combien sont-ils dans cette bande… Exactement ? » A l’autre bout de la salle, le chef des enfants, qu’on avait finalement réussi à extraire des cartons, ricana brièvement puis s’avança vers la fillette. Sur son chemin, les autres enfants se poussèrent précipitamment pour lui faire de la place. Le rouquin et l’autre garçon se pressèrent également de retourner parmi les rangs de leurs camarades, les yeux toujours braqués au sol.

Leur chef se planta face à Xemire, qu’il dominait largement d’une tête maintenant que tous les deux étaient debout. L’œil narquois et les commissures de la bouche tressaillant d’un ravissement qu’il peinait à masquer, l’adolescent sorti une cigarette tordue ainsi qu’un briquet doré de l’une des poches de son trop grand manteau.

« Disons que tu auras largement de quoi t’occuper en matière de gorilles stupides là-bas. Ils n’acceptent que les gars taillés comme des armoires chez Touffu. Ne t’attends pas à un groupe de gamins pathétiques comme ici. » Il la jaugea d’un coup d’œil rapide avant de sourire à nouveau « Oui, je suis sûr que tu sauras trouver des adversaires à ta taille, là-bas. » Conclut-il après avoir allumé sa cigarette dont il tira alors une grande bouffée, sans lâcher Xemire des yeux.

La fillette qui sentait pourtant ses maigres jambes sur le point de céder, à cause de la fatigue et de la peur, s’obstina pourtant à n’en rien montrer à son adversaire et soutint le regard de celui-ci, plissant d’un air de défi ses grands yeux jaunes. Elle se savait coincée et ne voyait pas comment se tirer de cette situation. Si elle se dégonflait, les enfants douteraient alors certainement de ses « supers-pouvoirs » de jedi, et, à n’en pas douter, l’enfermerait dans une benne à ordures jusqu’à la fin de ses jours. D’un autre côté, c’était un sort plutôt enviable face à l’alternative d’être mise en morceaux par une bande de colosses, non ?

Le sourire de l’adolescent s’élargit lorsqu’il la vit hésiter : « Alors, on fait sa chaire à bantha ? » dit-il de sa voix traînante qui hérissa les poils sur la nuque de Xemire. Comme sous l’effet d’une claque, celle-ci se ressaisit alors aussitôt et bomba le torse, sa fierté l’emportant sur la raison.

« Pas du tout. Montrez-moi leur cachette. »

Dans le pire des cas, elle pourrait toujours leur faire faux-bond plus tard.
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Perchée sur un baril de métal rouillé, sur la pointe des pieds, la Jedi fit dépasser doucement son ses lekkus puis son visage devant l’une des vitres de l’entrepôt d’où provenaient les voix, histoire d’essayer discrètement de vérifier que c’étaient bien les enfants mentionnés par le rapport des autorités locales. Les carreaux étaient crasseux, et elle ne distinguait au début qu’une poignée de silhouettes éclairées par des néons instables.

- … pables !
criait une voix. Pour une fois… - à la police !

Myir se doutait que ce devait être le plus grand, celui qui gesticulait, qui beuglait ainsi. Mais la voix était parfois aiguë, parfois rauque. Une voix… D’adolescent qui mue ! La Jedi pinça les lèvres, pas ému pour un sou de la jeunesse de ceux qu’elle espionnait, mais fort agacée de n’y rien voir. Alors, doucement, elle poussa la vitre devant elle.
Elle se baissa vivement pour ne pas être aperçue lorsqu’un clonk ! marqua l’ouverture de la fenêtre encrassée, mais il y avait trop de raffut dans l’entrepôt pour que quiconque l’ait entendue de toutes façons.

- Et vous êtes sûrs qu’on peut pas le récupérer ?

- Naaaan… C’est les poulets en uniforme qui l’ont, on sait pas où c’est qu’ils l’ont planqué nous. Ils vont leur rendre !
- Ou le garder pour eux ! Moi, j’étais eux, je l’aura gardé pour moi.
- Tu dis n’import’quoi Stoltz, ils peuvent pas l’garder ! Et va t’apprendre à parler l’basic !
- Raaaah ! beugla la première voix adolescente. J’aurais fait un carton avec ça ! Ils auraient tous fui, les saligauds, comme des p’tits gizkas terrifiés !
- Mais Touffu, tu fais d’jà peur à tout le monde, t’inquiète ! fit pour la première fois une voix féminine.

L’adolescent en question sembla se satisfaire de cette réponse, puisqu’il arrêta de gesticuler. Maintenant, elle pouvait les voir en détail. Celui qui se faisait appeler « Touffu » n’était autre qu’un jeune Bothan qui caressait maintenant une barbichette toute naissante. Ceux qui l’entouraient étaient pour la plupart humanoïde, mais Myir repéra également deux jumeaux Bith et une Togruta trop aguicheusement vêtue pour son âge –elle avait à peine des formes, mais on imaginait facilement qu’elle essayait de paraître plus vieille en s’habillant ainsi. En tout cas, aucun d’entre eux n’étaient adultes -et même si certains avaient des carrures impressionnantes, elle aurait parié que le plus âgé d’entre eux n’aurait pas plus de quinze ans.

Bref, pas de Falleen à l’horizon. Myir soupira, se disant qu’elle n’avait pas dû tomber sur la bonne bande et qu’il n’était peut-être pas avisé de les interrompre dans un climat si tendu de toute façon… Jusqu’à ce qu’elle comprenne de quoi ils parlaient depuis le début et se fige, le crâne dans l’embrasure de la fenêtre pour les garder à l’œil.

- Bon, Stoltz et Roth et Harvey, j’veux qu’vous vous débrouilliez pour m’en trouver un autre, de sable-laser !

- Sabre-laser, Touffu.
- Hein ? Mais attends, on va pas braquer les Jedi, tu pètes un câble, Touffu !
- J’m’en fous ! Tu l’as perdu, t’assumes ! hurla le Bothan dont les poils s’étaient hérissés, signe de sa colère.

L’un des Bith soupira bruyamment puis se retourna pour partir en traînant des pieds. L’autre Bith l’imita à la perfection, et un humain leur emboîta le pas avec une mauvaise volonté évidente. Par chance, ils se dirigeaient vers la sortie de l’entrepôt du côté opposé duquel Myir les observait. Mince, dommage qu’elle n’ait pas entendu le début de l’histoire… Apparemment, ils étaient bien les gamins qui avaient mis la main sur l’arme de la padawan. Qui était-il plus judicieux d’interroger ? Le chef évident de la bande ou les petits larbins ? Qui avait rencontré la Falleen ?

- Touffu, t’es trop fort. Comme ils t’obéissent trop bien,
gloussa la Togruta, et Myir leva les yeux au ciel d’exaspération.
- Je sais, Shu', je sais…

Le Bothan adolescent bombait le torse tandis que Myir se demandait toujours par lesquels elle commençait. L’ennui, c’était que si elle perdait la trace des trois qui avaient perdu le sabre, elle ne saurait pas les retrouver… Alors que Miss Shui et son fier Touffu, eux, avaient de bonnes chances pour rester dans cet entrepôt qui semblait être leur QG.
La Jedi descendit de son baril et entreprit de faire le tour de l’entrepôt pour intercepter les dénommés Roth, Stoltz et Harvey à leur sortie… Mais elle s’arrêta net à l’angle du mur lorsque ses sens l’alertèrent : ils n’étaient pas sortis… Par contre, quelqu’un essayait de s’introduire dans l’entrepôt ! Par automatisme, Myir plongea derrière une rangée de caisse pour ne pas se faire repérer des nouveaux venus, avant de se demander pourquoi elle prenait autant de précautions : au pire, c’étaient un autre bout de la bande de gamins… Elle n’avait pas peur d’une bande de mômes quand même ! Non, mais il ne fallait pas les effrayer : ils étaient leur seule piste ; s’ils s’enfuyaient dans tous les sens… Mission échouée, probablement.

La Jedi tendit l’oreille et se redressa doucement pour essayer d’entrevoir qui se présentait à l’entrée de l’entrepôt.
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Encadrée par quelques enfants surexcités, Xemire et sa petite escorte traversaient le décor sinistre, à peine éclairé par la lune, des rangées d’entrepôts pour la plupart abandonnées. Un silence de plomb s’était installé aux alentours. Seul le frottement de leurs pieds à la surface du chemin de terre – chaque pas soulevait un petit nuage de poussière, pouvait être entendu si l’on tendait l’oreille.

Xemire était étonnée par la capacité de son escorte à marcher aussi silencieusement : là était sans doute le résultat d’une enfance passée à approcher sur la pointe des pieds les passants pour leur tirer leur mouchoir de la poche et s’en aller avec en catimini.

La petite falleen, pour sa part, marchait la tête rentrée dans les épaules et les bras étroitement croisés contre sa poitrine, tout en observant d’un air craintif les silhouettes menaçantes des entrepôts qui défilaient devant ses yeux écarquillés. Chaque fois qu’ils longeaient la façade effritée de l’un d’entre eux, la fillette se demandait si c’était dans celui-ci que se cachaient Touffu et sa bande. Un bref soulagement la submergeait chaque fois que non.

Autour d’elle trottinait une petite dizaine de gamins, tous visiblement plus impatients les uns que les autres de la voir mettre une raclée au fameux Touffu. Le garçon roux, qui avait insisté pour la mener jusqu’au chef du gang adverse, marchait d’un air digne à côté d’elle. A voix basse, il lui parlait en détails des adversaires qu’elle devrait « pulvériser » pour pouvoir récupérer son bien : il y avait donc Roth et Stoltz, les frères Biths, aussi stupides l’un que l’autre – ce qui était plutôt inédit pour des Biths. Tous deux étaient cependant d’une grande utilité à Touffu en raison des sens acérés de leur race.
Harvey, lui, était un humain dont les gros bras avaient jetés nombre d’enfants au fond des bennes du coin. Il était la principale source des soucis de Xemire.
Venait ensuite Shui, la togruta tape-à-l’œil et lécheuse officielle des bottes de Touffu. Bien plus intelligente qu’elle ne s’en donnait l’air, on la soupçonnait être à l’origine de tous les plans du groupe. Légèrement vêtue, elle se chargeait la plupart du temps de distraire les cibles potentielles tandis que Stoltz et Roth dépouillaient les poches de celles-ci.

Et puis, il y avait bien évidemment Touffu.

« Outch ! » haleta Xemire en manqua de trébucher contre un bidon abandonné au milieu du chemin.

Le rouquin s’arrêta dans ses explications et la couvrit d’un regard anxieux : « Alors… Combien de gens est-ce que vous avez déjà… Enfin, vous savez… Tués ? » Demanda t-il dans un souffle à peine perceptible.

Surprise, Xemire tourna brusquement la tête vers lui, les yeux ronds comme ceux d’un hibou : « Quoi ? » S’étrangla-t-elle avant d’aussitôt se redonner de la contenance, comme tous les regards des enfants se braquaient vers elle.

« Ben oui, si vous êtes une jedi, ça veut dire que vous avez dû refroidir beaucoup de gens, non ? » fit une voix fluette – et si naïve - dans son dos « Tout le monde par ici dit qu’même les poulets ont les chocottes de vous. Et est-ce que c’est vrai qu’vous pouvez faire rentrer les yeux d’une personne dans son cerveau rien qu’en clignant d’un œil ?! »

« Heu… »

« Chut chut ! On arrive, c’est juste là ! »

Le silence retomba sur le petit groupe tandis qu’il s’avançait à pas feutrés vers les portes d’un entrepôt gigantesque dont la plupart des murs avaient été tagués de dessins et mots obsèdes. Le verre de quelques fenêtres brisées était répandu au sol et Xemire prit garde à éviter les plus gros morceaux, aussi coupant que des lames de couteau, sur la pointe des pieds.

Le rouquin l’entraina alors contre le mur de l’entrepôt, juste à côté des portes branlantes de celui-ci - retenues par le peu de gonds qu’ils leur restaient. Un à un, les autres enfants leur emboitèrent le pas et se collèrent derrière eux contre la paroi.

« Ils sont là-dedans ! » confirma un enfant minuscule dont l’une des longues oreilles tombantes était collée au mur « Tous les cinq ! » Il se tut et écouta avec attention ce que le béton voulait bien lui dire « J’entend Touffu ! Oh… Et il n’a pas l’air content du tout… »

Xemire contempla l’étrange gamin avec stupéfaction avant de coller à son tour son oreille contre la paroi granuleuse… Et n’y rencontrer que le silence d’un bloc de béton ordinaire. Les sourcils froncés, elle se tourna vers l’enfant d’un air soupçonneux et ouvrait la bouche lorsque le rouquin lui tapa soudain sur l’épaule – la faisait ainsi légèrement sursauter - pour avoir son attention.

« Tu peux y aller ! » Couina t-il, les yeux brillants d’excitation « Nous on va rester ici. Mais t’inquiètes, on surveille tes arrières ! On sera juste derrière les fenêtres, pour rien louper. Surtout, pas de pitié ! Fais leur mordre la poussière ! Allez, allez ! »

Avec l’aide des autres enfants, il entreprit alors de la pousser vers les portes de l’entrepôt, sans prêter attention à ses faibles protestations : « Heu… Non, en fait… Je ne suis pas si sûre que ça… C’est peut être pas une bonne id-… ».

En moins de temps qu’il en faut pour dire « wookie », Xemire se retrouva projetée par une dizaine de petites mains dans l’ouverture sombre des portes bancales de l’entrepôt. Il faisait si noir dans ce nouvel environnement qu’il fallut un instant à ses yeux pour s’habituer à la pénombre ambiante et en discerner les formes : Çà-et-là, gisaient des meubles solitaires, pour la plupart en sale état : une télévision, dont l’écran avait été mis en morceaux, était couchée dans un coin de la pièce sur son ventre, au milieu de nombreux débris malodorants ; non loin de là, une chaise à laquelle il manquait un pied se tenait en fragile équilibre, posée au bord d’une table renversée. Sa silhouette, dans le noir, évoquait celle d’un funambule à deux doigts de glisser de son fils. Un trou dans le plafond projetait une faible lumière dans la pièce, soulignant le profil luisant de chaque cannette abandonnée au sol.

Xemire prit une grande inspiration et ferma les poings. Dans son dos, elle entendit vaguement les chuchotements étouffés des enfants, encore massés à l’entrée de l’entrepôt. Visiblement, il n’y avait pas moyen de faire demi-tour pour partir en courant. Peut être s’en iraient-ils une fois qu’elle se serait avancée à l’intérieur ?
La fillette croisa les doigts (un geste qu’elle avait vu les humains faire, lorsqu’ils souhaitaient très fort quelque chose) : oh, s’il vous plait, faites qu’ils s’en aillent ! Pria t-elle.

Les jambes tremblantes, elle avança alors mécaniquement parmi les décombres de cet endroit lugubre. Tandis qu’un frisson rampait le long de son échine, la petite falleen sentit les écailles de son visage chauffer, signe d’un violent changement de couleur : sans doute était-elle devenue complètement bleue. Ou jaune.

La silhouette éclairée d’une porte brillait faiblement à l’autre bout de la pièce. Et plus elle s’en rapprochait, plus Xemire commençait à percevoir le son de voix se chamaillant de l’autre côté de celle-ci.

La fillette s’arrêta soudain et regarda discrètement par-dessus son épaule : le groupe d’enfants semblait avoir déserté l’entrée de l’entrepôt. Sans doute étaient-ils parti se planter derrière les fenêtres de la pièce d’à côté et attendaient impatiemment de l’y voir débouler, prête à faire rentrer la tête de Touffu et de ses sbires dans le plafond. Qu’ils attendent ! Elle se ferait la malle en attenda-

Vlan ! La porte au bout de la salle s’ouvrit violemment et projeta une large bande de lumière jusqu’à l’emplacement de Xemire qui s’immobilisa aussitôt. Dans l’embrasure de la porte, se tenaient trois monstrueuses silhouettes. Une exclamation étonnée échappa à l’une d’entre elles qui pointa alors un doigt en direction de la fillette : « qu’est-ce qu’elle fiche là… ? »

Ni une, ni deux, Xemire pivota sur ses talons et se mit à courir dans la direction opposée, vers la sortie de l’entrepôt ! Elle entendit vaguement les trois colosses se lancer à sa poursuite, leurs grands pieds martelant le sol après elle.
La course fut brève : en effet, alors qu’elle était sur le point d’atteindre la sortie, l’un des pieds de Xemire rencontra un obstacle au sol qui lui fit perdre l’équilibre et violemment s’étaler au sol. Par chance, sa chute fut quelque peu amortie par un sac poubelle bien rempli qui vomissait la moitié de son contenu sur le sol.

Une arrête de poisson dans les cheveux, Xemire se redressa lentement, quelque peu sonnée. Elle ne se rendit pas tout de suite bien compte de ce qui se passait autour d’elle…

(petite relecture nécessaire)
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Concert de petites voix mi-enthousiastes, mi-terrifiées. Etait-ce la suite de la bande du Bothan ou bien une autre horde de petits teigneux venus se venger ? La Chevalier Jedi accroupie essaya de distinguer ce qui se passait à quelques mètres d’elle. Elle ne vit qu’un petit groupe qui poussa une petite silhouette à l’intérieur de l’entrepôt sans ménagement. Le petit groupe sembla ensuite se concerter… Et comme un essaim d’insectes volants déterminés, ils se ruèrent brusquement vers elle et contournèrent les caisses pour découvrir sa cachette. Pendant un bref instant, Myir eu le réflexe idiot de porter la main à son arme, pensant une seconde que les enfants l’avaient découverte… Mais le premier d’entre eux lui rentra dedans de plein fouet et les petits corps à sa suite s’entassèrent maladroitement dans un concert de « ho ! », « vous faites quoi là ? », « humpf ! », « hé mais ! », « chut ! », « poussez-vous ! » et finalement un « tu m’écrases le pied ! » pleurnichard qui acheva la patience de Myir.

- Mais taisez-vous !
fit-elle sèchement en repoussant sans douceur le garçon qui lui était tombé dessus.

Une vague glaciale de silence terrifié parcourut les enfants et tous s’immobilisèrent sans comprendre. Tombée sur les fesses, Myir parvint tout de même à extirper une petite lampe torche de sa ceinture et l’alluma pour s’éclairer.

- Pas de panique, mais pas un bruit,
déclara-t-elle. Myir Alshain, Chevalier Jedi.

Sa présentation était toute mécanique, professionnelle, l’habitude de la solennité probablement. Puis elle éclaira les gamins pour voir à qui elle avait à faire. Des paires et des paires d’yeux ronds la fixaient à différentes hauteurs. Certains avaient aussi la bouche ouverte en « o » et la Twi’lek évalua qu’aucun d’entre eux n’avait plus de treize ou quatorze ans. Elle les regarda chacun attentivement… Jusqu’à se rendre compte qu’aucun d’entre eux n’était une fillette Falleen. Elle soupira bruyamment en éteignant sa lampe torche.

- Bon,
reprit-elle en chuchotant dans le noir. Qu’est-ce que vous fichez là ?

Elle entendit qu’un enfant en bousculait un autre, que l’un d’entre eux prenait une inspiration et finalement, une voix aiguë s’éleva.

- Heu, ben, madame la Jedi, on est venus là pour se cacher. On savait pas que c’était votre cachette, déjà. Alors on va s’en trouver une autre, on va…
- Pas si vite. Vous connaissez les énergumènes de l’intérieur de l’entrepôt ?

Souffles retenus.

- Oui, fit une petite voix tandis que l’assemblée était parcourue d’un frisson. C’est Touffu et sa bande.
- C’est ce qu’il m’a semblé avoir compris. Et donc, vous êtes venus le voir pour quoi ?
- Le voir ! Hanf ! fit un petit effrayé.
- Le voir crever ! renchérit un gamin plus aguerri, plus âgé aussi. Parce qu’il est pas sympa. Il nous fait toujours tabasser ! Dès qu'y peut !
- Oui ! Pis y’a une Jedi comme vous qui… AÏE !

Visiblement, le petit effrayé s’était pris une baffe d’avoir évoqué la question. Mais trop tard, Myir était déjà sur ses jambes et avait rallumé sa lampe torche pour la braquer sur celui qui avait parlé. Ses compagnons s’écartèrent de lui et il recula d’un pas.

- Une Jedi ? Une padawan tu veux dire ?
- Une pas-de quoi ?
- La Jedi. Elle est jeune et c’est une Falleen ?
- Ouais, c’est elle, mais c’est pas nous ! On lui a rien fait hein ! cria l’un de ceux qui s’était caché derrière un grand dégingandé qui essayait tant bien que mal de faire office de costaud de la bande.

Le cœur de Myir se mit à battre plus fort et plus vite – elle approchait du but ! Voilà le meilleur moment d’une mission, celui où vous vous sentiez progresser, que vous pouvez caresser votre objectif tellement celui-ci est devenu proche grâce à vos efforts…

- Bien. Où est-elle ?
interrogea la Jedi en profitant de son autorité qui délivrait les langues.
- Heu… hésita le petit qui avait avoué la présence d’une padawan. C’est que…
- Partie mettre son compte à Touffu, pardi, refit la voix belliqueuse. Elle va lui retourner la fourrure du crâne !
- Et récupérer son arme de la mort qui tue !

La fille qui avait parlé de Touffu lui indiqua l’entrepôt d’un index péremptoire.
Ainsi donc, se dit la Twi’lek, c’était la petite silhouette qu’elle avait vue poussée à l’intérieur… Myir quitta sa cachette sur le champ, tandis que le petit groupe d’enfants s’étaient mis à escalader les caisses qui l’avaient masquée quelques instants auparavant. Ils atteignirent ainsi les fenêtres les plus proches de l’entrepôt et une nouvel épisode de piétinement et de bousculade eut lieu pour occuper les meilleures places. La Jedi fut un instant tentée d’ouvrir sans plus attendre la porte de l’entrepôt… Mais comme elle ne sentait pas de danger immédiat, elle se contenta de s’en approcher et de tendre l’oreille.

Des éclats de rire gras entremêlés… Et une vague odeur désagréable filtrait à travers les pans de la double porte. Doucement, avec précaution pour ne pas que les gonds grincent, Myir entrouvrit la porte pour voir ce qui était en train de se passer : au moins, on allait voir si la padawan avait l’intention de récupérer son sabre dignement… Mais la Jedi ne vit que les deux Biths qui se tordaient de rire et l’humain qui essuyait des larmes au coin de ses yeux joyeux. Par leurs cris alertés, le Bothan et sa traînée – oui, Myir n’avait guère d’estime pour ce genre de filles dévergondées – accoururent pour observer le spectacle. La Falleen était étalée de tout son long au milieu de la pièce, des ordures étalées autour d’elle.

- T’as vu Touffu, comme on a fait vite ! C’est elle, c’est une du Temple !
plaisanta l’un des jumeaux Bith en gonflant fièrement la poitrine.
- Ouais, j’vois ça. C’est vraiment des nullards les Jedi !

Voilà qui en fut trop pour Myir : non seulement on insultait les Jedi, mais en plus une padawan qui avait déjà pris soin de perdre sa possession la plus précieuse s’évertuait visiblement à se ridiculiser.

- Plus un geste !
cria-t-elle en entrant furieusement dans l’entrepôt, la porte claquant derrière elle à cause de la force rageuse qu’elle avait mis à la repousser. Myir Alshain, Chevalier Jedi.

Elle se planta devant les quatre éberlués, sa torche braquée sur eux.

- Padawan Zerr, debout,
ajouta-t-elle froidement.

Et là, tout aurait dû se passer le plus simplement du monde : Xémire et elle aurait tourné les talons fièrement pour s’en retourner au speeder, puis elle aurait fait le petit voyage durant lequel Myir aurait fait part de sa désapprobation et elle l’aurait ensuite remise au Temple avec les remerciements de ses collègues.

Mais le sort en avait décidé autrement : le Bothan cria de les attaquer, les deux Bith se jetèrent sur elle, la Togruta la mordit, la petite Falleen en vint aux mains avec l’humain et elle fut bientôt aidée par une horde de petits gamins qui avaient finalement décidé que c’était bien sympa tout ça mais que ce serait encore mieux s’ils avaient leur rôle à jouer dans l’histoire.

S’en suivit un long méli-mélo – car Myir ne voulait blesser personne, ce n’était que des enfants ! – au terme duquel, exaspérée, elle finit par attraper la Falleen par le bras et l’extirper au-dehors. De toute façon, les petits étaient plus nombreux que les grands, ils se débrouilleraient.

- ON-S’EN-VA,
décréta-t-elle avec un brin d’hystérie. Tu te rends compte de la perte de temps et d’énergie de ce soir ?! Tout le Temple était en alerte parce que tu manquais à l’appel, et voilà que tu perds ton sabre – la chose la plus PRÉCIEUSE et sur laquelle tu d… C’est quoi ça ?

Myir s’interrompit pour tirer sur l’arête de poisson qui dépassait de la chevelure de la Falleen avant de soupirer longuement, plus calmement mais ô combien désespérément.

- Bon, fais-moi le plaisir de t’arranger un peu avant que je te ramène au Temple, on dirait que je t’ai repêchée des égouts.

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- Plus un geste !

Les rires moqueurs des adolescents s’interrompirent brusquement, tandis que tous braquaient leur regard méfiant vers la nouvelle arrivante - dont l’écho de la voix autoritaire résonna un instant au fond de l’entrepôt. Se dévissant le cou pour pouvoir l’observer elle aussi, Xemire découvrit une paire de longues jambes bleues qui se dirigeaient droit vers elle, au pas militaire. La fillette déglutit malgré elle lorsque l’étrange femme – à qui appartenaient les jambes - déclara d’un ton bouillonnant être un Chevalier Jedi et se planta, en faisant claquer sèchement ses talons au sol, juste devant le petit tas d’ordures où était vautrée Xemire.
D’un ordre froid, semblable à une gifle, Le chevalier lui ordonna de se lever sans cérémonie - ce que Xemire s’empressa de faire, quoiqu’un peu péniblement, car tous les os de son corps gémissaient au moindre mouvement. Une fois sur ses quilles vacillantes, la jeune falleen cacha ses joues bleues derrière une frange de cheveux sales, parsemée de boue et de déchets de toutes les couleurs.

La lampe torche que tenait le Chevalier était braquée vers les cinq adolescents et illuminait pleinement le visage furieux de Touffu. La fourrure de celui-ci se hérissa soudain et il pointa un doigt tremblant vers elles, hurlant à pleins poumons : « ATTRAPEZ-LEEEES ! » D’un même mouvement, les trois colosses et la togruta se jetèrent alors sur elles, toutes dents dehors, en poussant des cris sauvages qui hérissèrent les poils des bras de Xemire.

Comme si la peur lui donnait des ailes, la petite falleen évita avec une agilité surprenante les mains aux ongles aiguisés – et décorés d’un vernis jaune foudroyant - de Shui qui tentait en vain de lui griffer vicieusement le visage ou de lui tirer les cheveux. La togruta la laissa cependant rapidement tranquille et préféra plutôt se ruer sur le Chevalier Jedi, déjà aux prises avec les deux biths.
Alors qu’elle pensait pouvoir souffler, Xemire se retrouva tout d’un coup nez à nez avec Harvey – ou du moins avec ses gros genoux noueux. Elle recula alors lentement, bredouillant des mises en garde inaudibles, tout en levant haut la tête pour avoir une chance d’apercevoir les petits yeux méchants du colosse. Celui-ci fit soudain un pas en avant et la poussa brutalement en arrière à l’aide de ses grandes mains.

La bouche de l’adolescent se tordit d’un rire guttural lorsque Xemire, qui avait été repoussée quelques pas plus loin, fit de grands moulinets avec ses bras pour garder l’équilibre tandis que ses petites jambes flageolaient dangereusement. Une fois sa stabilité retrouvée, la minuscule falleen lança un regard féroce à son adversaire qui continuait de rire à gorge déployée d’elle, les mains posées sur son ventre.

Un rapide coup d’oeil vers le Chevalier informa Xemire que celle-ci était toujours tenue occupée par les trois autres adolescents (la togruta lui mordait férocement une main et semblait ne pas vouloir lâcher prise). Soit, songea la fillette en se retournant, mi résolue, mi terrifiée, face à son impressionnant adversaire : elle devrait se débrouiller seule dans ce cas.

Le voilà qui s’avançait à nouveau vers elle, les mains en avant, prêt à la pousser violemment, encore et encore, jusqu’à ce qu’elle ne perde l’équilibre et ne finisse les fesses dans la poussière.
Serrant les poings, Xemire évalua rapidement ses chances face à cette masse de muscles et de graisse qui faisait probablement quatre fois sa propre taille. Bien qu’elles fussent très minces, elles existaient probablement. Du moins, c’est ce que pensa la fillette pour se donner du courage lorsqu’elle s’élança avec un cri de guerre, les poings en l’air, à la rencontre de son colosse d’adversaire. Bizarrement, elle entendit son cri se répercuter plusieurs fois dans son dos et, quand elle atteignit de plein fouet les jambes de Harvey, ce ne furent pas seulement ses mains, mais celles d’une dizaine d’enfants qui poussèrent le colosse de toutes leurs forces pour le faire tomber à la renverse. Avec un cri de surprise, Harvey s’effondra lourdement par terre. Xemire l’entendit vaguement pleurnicher tandis que quelques enfants grimpaient sur son corps massif pour le piétiner sans pitié.

Bousculée de toutes parts et complètement déboussolée, Xemire contemplait le retournement de situation d’un air ébahi quand elle sentit soudain une main lui agripper le bras et l’arracher à la folie du lieu.   

Brusquement, elle se retrouva à nouveau dans la fraicheur nocturne, à quelques pas de l’entrée de l’entrepôt - d’où provenaient encore de nombreux cris d’enfants déchainés – et face à un Chevalier Jedi dont la patience avait été mise à mal. Encore un peu euphorique, Xemire sentit l’élan de courage qu’il lui avait fallu pour foncer sur Harvey se dégonfler rapidement face au regard dur de Myir. Tandis que fusaient les reproches de la bouche de sa supérieure, Xemire rentra petit à petit la tête entre les épaules en se tassant sur elle même. Elle s’immobilisa, tendue, lorsque le Chevalier s’interrompit pour lui enlever une arête des cheveux et soupira longuement.
 
- Bon, fais-moi le plaisir de t’arranger un peu avant que je te ramène au Temple, on dirait que je t’ai repêchée des égouts.
 
Les joues de Xemire n’avaient jamais été aussi colorées.
 
« Oui, Chevalier. » répondit-elle aussitôt, d’une toute petite voix, puis commença par retirer de ses cheveux emmêlés quelques déchets, comme des bouts de verre ou des pelures de fruits pourris, qui s’y étaient pris. Ce faisant, elle jeta un coup d’œil à ses vêtements : dire que sa tenue était sale relevait de l’euphémisme. Ses bottes, après avoir été traînées dans la boue et les nuages de poussière, étaient entièrement couvertes d’une nouvelle couche granuleuse, résultant d’un mixte des deux. Ses vêtements, également tâchés à bien des endroits, étaient froissés, et même déchirés, notamment au niveau de son genou gauche qui, Xemire le remarqua pour la première fois, saignait légèrement.
Lissant d’une main les plis de sa tenue, Xemire retira avec un violent frisson un petit insecte doté de nombreuses pattes qui s’était confortablement installé dans un des ourlets de sa bure. Enfin, elle passa une de ses manches sur son visage pour tenter – plutôt vainement - de retirer un peu de l’épaisse couche de poussière s’y étant collé.
 
Xemire osa alors un regard intimidé vers Myir. La raison de sa propre présence dans l’entrepôt lui revint soudain en mémoire - jusque là éclipsée par la fièvre ayant engourdi son esprit après l’attaque de l’entrepôt.
 
« Chevalier Alshain ! S’exclama t-elle tout d’un coup. Il faut retourner à l’intérieur ! Les enfants, ils ont mon sabre ! Ils me l’ont volé ! C’est pour ça que je suis venue, il faut que je le récupère ! »
 
Des rugissements de triomphe retentirent soudain à l’intérieur de l’entrepôt, rapidement suivit d’une huée d’acclamations et de rires enfantins suraigus. Xemire eut tout d’un coup l’impression d’avoir avalé quelque chose d'énorme qui essayait par tous les moyens de sortir de son estomac. Elle n’était pas si sûre que ça de vouloir retourner là-dedans finalement…

Spoiler:
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- Non, répliqua-t-elle d’une voix sans émotion. Ton sabre a été récupéré par les autorités d’Iziz. Ces enfants ne l’ont plus.

Mais le corps de Myir passa d’un pied sur l’autre tandis qu’elle hésitait. Les cris qui retentissaient dans l’entrepôt avaient complètement changé de ton – les beuglements de guerre étaient devenus des éclats de rire et un « youuuhouuu » triomphant sembla se rapprocher de la porte. Par prudence, Myir s’écarta de la porte de l’entrepôt. Belle intuition, car quelques secondes plus tard, l’entrée s’ouvrit brusquement pour vomir une nuée de petits gamins transportant à bout de bras une espèce de couverture roulée sur…

- Nooon !
laissa échapper la Twi’lek sous l’effet de la surprise.
- On va le jeter dans les égouuuts ! claironna un tout petit en courant devant elles.

Ce n’était pas une couverture, c’était Touffu qu’ils avaient réussi à saucissonner !

- Bon, fit Myir en se tournant vers la jeune Falleen. Voilà l’occasion de terminer ta journée sur une bonne action de vraie padawan : ce Touffu ne t’a peut-être pas été très clément mais on ne peut pas les laisser lui faire ça. On arrête tout, et on le laisse filer. Je pense qu’il a eu sa leçon !

Et les petits leur revanche. Tout allait rentrer dans l’ordre. Du moins, c’était ce que se disait le Chevalier en respirant profondément pour garder son calme. Affronter encore ces enfants lui donnait presque la nausée… Mais c’était l’occasion pour la petite de s’éviter un sermon, et de voir si elle avait vraiment l’âme d’un Jedi.

- A toi de jouer,
déclara Myir en haussant les épaules.

Heureusement, le poids de Touffu les empêchait de le transporter trop vite. Une chance pour le Bothan qui se contorsionnait de terreur au milieu des mioches surexcités. Myir se mit à la suite de la parade en attendant que Xémire agisse, histoire d’être là si les deux Bith et leur copain humain à l’intérieur de l’entrepôt décideraient soudain de rappliquer à la rescousse de leur chef. Il y avait peu de chance que cela se produise, estima-t-elle, car elle avait vu Miss Togruta disparaître au coin de l’entrepôt sans se faire plus de souci pour l’alien qu’elle séduisait encore quelques minutes plus tôt.

Écoutant d’une oreille distraite les agissements de la Falleen, Myir riva ses yeux sur son datapad. Elle envoyait un message type à la base de données du Temple histoire que l’enquête soit clôturée et que d’autres moyens, s’ils avaient été déployés, soient rapatriés pour ne pas qu’on leur fasse perdre le temps. Elle suivait le protocole à la lettre, comme toujours.

Par chance, la petite obtempérait sans broncher. Finalement, cela était fort utile de n’être pas tout mielleux avec les padawans comme l’étaient certains de ses confrères qui ne savaient pas se faire respecter de la nouvelle génération. Enfin, nouvelle génération… Tous n’en feraient pas parti. Seuls les plus méritants auraient l’honneur de devenir des Jedi, bien sûr. Et seulement alors qu’ils seraient adoubés, ils auraient gagné l’estime de la Twi’lek. Avant cela, ce n’était pas gagné…

Mais Xémire avait devant elle une petite occasion de se distinguer. Bien sûr, elle resterait une Falleen fugueuse qui avait égaré son bien le plus précieux. On ne les refaisait pas, ces padawans. Seul l’âge en faisait progresser certains. Mais tout de même, elle devrait probablement faire un rapport au Conseil tôt ou tard et alors, on lui demanderait son avis sur la petite. Autant se faire une idée précise tout de suite – Myir n’avait pas besoin d’une discussion au bord d’un lac avec des petites fleurs pour voir dans quel bois Xémire était taillée.


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- A toi de jouer. »

Xemire regarda Myir d’un air décontenancé. Elle avait fortement espéré que cette dernière lui donnerait un coup de main pour sortir Touffu de sa misère, mais il semblait à présent qu’elle ne pourrait pas y compter ; elle devrait une fois encore se débrouiller seule. Mais comment ? Ces enfants étaient si nombreux et elle si minuscule, si menue. Et tellement maladroite.

Avec beaucoup d’appréhension, Xemire réfléchit rapidement à la manière dont elle allait s’y prendre pour tirer Touffu des mains de ses impitoyables ravisseurs. Ce faisant, elle tripota anxieusement la bourse contenant quelques crédits qui pendait à sa ceinture. Le tintement des pièces illumina soudain le visage de la fillette comme une idée lui était venue à l’esprit.

Hâtivement, Xemire détacha la bourse pour la soupeser d’une main puis la contempler avec regret, le cœur pincé. Il s’agissait de ses toutes dernières économies : combien de fois avait-elle dû passer le balais dans les couloirs du Temple pour amasser ce petit butin ? Combien de fois s’était-elle imaginée le dépenser pour s’offrir la boîte de bonbons de ses rêves ? Avec un soupir, ses yeux se détachèrent de la bourse pour se focaliser à nouveau sur le groupe d’enfants hystériques qui s’éloignait petit à petit. Le Chevalier Alshain avait raison, songea Xemire. Toute cette cohue était de sa faute. Il était de son devoir d’y mettre un terme. Enfin, du moins d’essayer.

La jeune falleen lança un regard inquiet en direction de Myir, mais celle-ci ne la regardait plus comme elle s’affairait à taper activement un message sur son datapad. Son air sévère dissuada Xemire de lui demander quoi que ce soit. Le message était clair : elle se débrouillerait seule.

Pas bien fière, la petite ferma donc son poing sur sa bourse et s’élança sans un mot après le groupe d’enfants, peu convaincue par son propre plan.

Arrivée au niveau des derniers gamins, la fillette s’arrêta et ouvrit la bourse, posée à plat dans sa main. Elle ferma les yeux et se concentra, faisant tant que possible abstraction des cris et des rires d’enfants autour d’elle. Il lui fallut un petit moment pour atteindre le stade de méditation qu’elle recherchait. Pour ce faire, Xemire se rappela des conseils du Chevalier Koin, et s’imagina chez elle, assise sur le toit de sa maison en compagnie de son père. Elle se souvint de la fraicheur de la nuit sur ses bras nus, et du vent soulevant timidement la dentelle de sa robe de nuit. Elle se rappela la voix de son père, suave et intellectuelle, tandis qu’il lui parlait de lointaines planètes sauvages. Ce souvenir, sans doute des plus simples aux yeux d’autrui, était pourtant ce qu’il y avait de plus cher au cœur de Xemire.

Les yeux clos, à présent calme, Xemire sentit à travers la Force les quelques pièces dorées contenues dans sa bourse lentement s’élever dans les airs ; dociles, celles-ci flottèrent jusqu’au niveau de son visage. C'est alors que, d’un geste de la main, la fillette les envoya simultanément valdinguer à sa gauche et sa droite : de concert, certaines allèrent rebondir contre la paroi en acier d’un proche entrepôt, tandis que les autres tombèrent comme une volée de projectiles dorés sur des poubelles alignées le long de la route. En résultat un formidable boucan qui ne manqua pas d’attirer l’attention de tous les enfants, aussitôt figés tels des prédateurs aux aguets. Alertes, il ne leur fallut pas plus de quelques secondes pour reconnaître le faible éclat doré des crédits dispersés au sol. D’un seul mouvement, la masse des enfants se rua sur les pièces, abandonnant au passage le pauvre Touffu qui, relâché, s’écrasa péniblement par terre avec un bruit sourd. Profitant la frénésie qui s’était emparée de ses geôliers, occupés à se chamailler pour récupérer les précieux crédits, Xemire se précipita aux côtés du Bothan, quelque peu sonné, pour tenter de défaire ses liens à mains nues. Mais les cordes qui saucissonnaient Touffu étaient bien trop étroitement liées, et la fillette finit par s’entailler la main à force de tirer dessus. Un peu paniquée, Xemire regarda frénétiquement tout autour d’elle, dans l’espoir de trouver quelque chose qui puisse l’aider à libérer le Bothan. Par chance ! Oui, par chance ! La fillette aperçut une bouteille de verre brisée qui gisait au sol non loin de là : tendant le bras, elle s’empara rapidement d’un gros morceau coupant et entreprit gauchement de couper avec les cordes de Touffu.

Autour d’eux, les enfants se disputaient de plus belle et aucun d’entre eux ne sembla prêter attention à la manœuvre de sauvetage de Xemire. Et heureusement, car il fallut à celle-ci quelques interminables minutes de découpe laborieuse pour finalement réussir à extraire le Bothan de ses liens. Triomphante, la fillette se redressa d’un bond et aida Touffu, encore un peu hébété, à en faire de même. C’est à ce moment précis qu’un cri suraigu retenti à ses oreilles ; un cri d’enfant qui la glaça instantanément d’effroi :

« REGARDEZ ! Touffu ! Il s’échappe avec la fille verte ! »

Sa fatigue aussitôt oubliée, Xemire saisi fermement le bras de Touffu, pétrifié par la peur d’être à nouveau saucissonné, et le tira derrière elle sans ménagement, tandis qu’elle fonçait s’engouffrer dans la ruelle la plus proche. Malgré l’adrénaline qui bourdonnait à ses oreilles, la fillette entendit les cris furieux et outragés qui s’élevèrent soudain dans son dos, immédiatement suivis par un tonnerre de piétinements qui firent trembler le sol : une huée d’enfants déchainés s’était lancée à leur poursuite. Cette fois-ci, Xemire n’avait plus le droit de trébucher !

Son cœur affolé cognant de toutes ses forces contre sa poitrine, Xemire entraîna Touffu à toute allure dans une série de ruelles étroites, bifurquant à la moindre occasion, dans l’espoir de distancer leurs infatigables poursuivants. C’est à l’angle d’une de ces ruelles que la fillette aperçut finalement une énorme benne à ordures fumante, dans laquelle, une fois n’est pas coutume, elle n’hésita pas une seconde à se jeter, la tête la première ! Touffu, qui avait saisi l’idée, la suivi sans broncher à l’intérieur puis se hâta de refermer le couvercle sur eux. Ils retinrent tous deux leur respiration lorsque le groupe d’enfants hystériques passa en criant devant la benne. Fort heureusement pour eux, celui-ci ne s’arrêta pas et continua son chemin, s’engouffrant avec frénésie dans la ruelle suivante, et ainsi de suite ; et très vite, les cris des enfants ne furent plus qu’une rumeur étouffée au loin.

Xemire attendit un petit moment, l’oreille tendue, puis se décida finalement à soulever du bout du doigt le couvercle de la benne pour s’assurer que la voie était libre. Ses yeux dorés balayèrent avec beaucoup d’attention la ruelle de long en large afin d’être certaine qu’aucun enfant ne se cachait recroquevillé dans un de ses recoins. Personne. Parfait.
Avec un soupir de soulagement, Xemire ouvrit complètement la benne et en sortit avec beaucoup de précaution, comme si le simple fait de donner un coup dans celle-ci alerterait à nouveau tous les enfants du quartier. Elle entendit Touffu déglutir dans son dos et l’imiter ; les poils du jeune Bothan étaient encore tout hérissés et il y avait une espèce de lueur hystérique au fond de ses petits yeux noirs.

Un silence gênant s’installa entre les deux enfants qui se guettèrent du coin de l’œil pendant un instant, chacun cherchant quoi dire à l’autre. Finalement, Touffu se tourna vers Xemire et ouvrit la bouche, mais ce qu’il s’apprêtait à lui dire demeura un mystère car, tout d'un coup, ses yeux fixèrent un point dans le dos de la fillette et s’arrondirent de frayeur. Bafouillant une mise en garde à l’égard de Xemire, il ne perdit pas de temps et prit ses jambes à son cou pour déguerpir dans la direction opposée. D'un bond, Xemire se retourna et découvrit, non sans stupeur, le Chevalier Alshain juste derrière elle.
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Myir remit son datapad en veille et le fourra dans une poche intérieure de sa bure. Elle avait bien sûr prévenu le Temple que la petite Falleen avait été retrouvée et qu'il suffirait de clore le dossier. Le Conseil déciderait de voir la padawan s'il le jugeait utile... Pour sa part, le Chevalier ferait le récit de leurs aventures et ses préconisations dans un rapport dès qu'elles seraient toutes deux arrivées au Temple. Mettrait-elle le Conseil en garde sur la nature instable de Xemire, ou bien se contenterait-elle de consigner une petite aventure en ville qui avait mal tourné, et dont la padawan tirerait une saine leçon ? Elle ne le savait encore.

La Twi'lek releva les yeux et chercha du regard la petite Falleen à travers la légère bruine qui s'était mise à tomber dans la ruelle. La clameur des enfants avaient réveillé quelques voisins qui, du fond de leur lit, beuglaient à travers leur fenêtre pour que le vacarme cessât enfin. Myir, quant à elle, fut soudain intriguée par les pièces qui volaient deci delà, au-dessus des enfants dont les voix cessèrent quelques instants. Un répit bien court, car déjà ils se ruaient en jouant des coudes vers les crédits qui crépitaient sur le pavé de la ruelle. Myir ne put empêche un petit sourire de courber le coin de ses lèvres, car l'idée était originale et utile à la fois. La Force elle-même savait combien ces pauvres mômes - aussi insupportables qu'ils soient - sauraient faire bon usage de ces maigres ressources. Voilà qui jouait plutôt en la faveur de la petite Falleen...
D'ailleurs, où était-elle passée ?

Quelqu'un d'autre l'avait repérée avant elle. La padawan s'enfuyait avec le dénommé Touffu dans une course maladroite à travers le labyrinthe que constituait cette partie de la ville. Au contraire des enfants outrés, Myir ne suivit pas les deux jeunes gens et se contenta de garder une certaine distance. Aucune de petites teignes ne fit attention à elle en la doublant, et elle en profita pour rabattre son capuchon sur sa tête et se fondre dans la nuit.

De toutes façons, Xemire ne pouvait guère plus lui échapper : la Falleen avait une aura toute particulière dans la Force, et le Chevalier la suivait ainsi à distance, en se guidant de cette présence dont elle s'était imprégnée. Les enfants s'éparpillèrent, se séparèrent en tentant d'augmenter leurs chances de retrouver leur proie. Au bout d'un certain temps, certains revenaient déjà sur leur pas : pendant qu'on courait après Touffu, certains petits malins s'étaient dit qu'il serait peut-être plus utile d'aller vérifier qu'il ne restait pas quelques crédits à cueillir devant l'entrepôt...

C'est ainsi qu'à pas lents, humant l'air frais de la ville humide, Myir suivit de loin la padawan. Cette ballade lui fit l'effet d'une promenade apaisante. Elle repensa aux évènements terribles survenus avec Mat', la Twi'lek qui avait mal tourné sur Coruscant. Cela l'avait tant empêché de dormir et... Elle n'y pouvait rien. Finalement, voilà ce qu'il fallait reconnaître : elle avait fait de son mieux pour l'aider, mais les bas-fonds de Coruscant étaient un nid de vipères qu'elle ne pouvait nettoyer à elle seule. Cette nuit, elle avait au moins prouvé qu'elle était encore capable d'effectuer une mission efficacement, comme à son habitude. Le Conseil serait certainement ravi d'apprendre que tout s'était parfaitement déroulé.

Quant à Xemire, elle était un tout petit peu remontée dans son estime.

Elle la retrouva en compagnie du Bothan devant une benne à ordures, et le Chevalier se demanda comment la Falleen réussissait si souvent à se retrouver dans des situations si désirables. Mais, ma foi, peu importe sa méthode, elle avait sauvé le dénommé Touffu de la horde d'enfants sauvages.
En la voyant apparaître derrière Xemire, néanmoins, il baragouina deux petites phrases que Myir ne comprit pas avant de prendre ses jambes à son cou, ses poils hérissés de crainte sur le haut de son crâne.

- Voilà qui est fait, déclara calmement Myir, comme Xemire ne disait rien. Mission accomplie, padawan, il est temps de rentrer.

La voix du Chevalier n'était plus si stricte que lorsqu'elles s'étaient rencontrées quelques minutes plus tôt. La Falleen avait fait ses preuves et probablement avait-elle eu son compte de frayeur pour le moment. Cela suffirait bien assez pour lui servir de leçon, pour le moment.

- Nous allons récupérer mon speeder, un peu plus loin.


La Jedi rebroussa chemin vers l'entrée des entrepôts. Même s'ils les apercevaient, les enfants n'oseraient certainement pas intervenir avec la Twi'lek aux côtés de la Falleen. Quant au Chevalier Alshain, elle profita de ces instants de tête pour éclaicir quelques points qui lui étaient restés mystérieux jusque là :

- Peut-on savoir la raison de ta fuite ? demanda-t-elle sans détour. Iziz est une ville risquée, surtout la nuit. N'as-tu pas suffisamment des journées bien remplies au Temple ?

Si c'était de l'aventure que Xemire cherchait, elle l'aurait bien assez tôt ! La vie d'un Jedi n'était pas de tout repos, et dès lors qu'elle serait prise sous l'aile de l'un de ses aînés, elle se trouverait vite ballottée d'un bout à l'autre de la galaxie.

Avant de grimper à bord du speeder qui les ramènerait dans l'enceinte sécurisante du Temple, la Twi'lek finit par daigner informer Xemire de la suite des évènements. Ou plutôt, de la probable non suite...

- Sache que ton sabre te sera rendu d'ici quelques jours, Xemire. Etant donné que ta fugue m'a plutôt l'air d'être une étourderie qu'autre chose, je n'insisterai pas pour que le Conseil t'examine. Néanmoins, je n'ai pas le dernier mot... Et ils sont déjà au courant que quelque chose ne tournait pas rond. Un conseil : fais-toi donc oublier des surveillants quelques temps, ils risquent de l'avoir un peu verte de ne pas t'avoir vue filer !

Myir finit par adresser un sourire à la Falleen. La petite avait peut-être fait une grosse bêtise, elle s'en était finalement sortie avec beaucoup de courage. C'était l'une des rares qualités que la Twi'lek reconnaissait réellement.
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Xemire marchait en silence à côté de Myir, le menton baissé et les bras collés le long du corps, toujours autant intimidée par la figure autoritaire de son aînée. Son cœur était pourtant plus léger que jamais depuis le début de cette longue journée et papillonnait joyeusement dans sa poitrine. Secrètement ravie, fière même, de sa réussite, la fillette cachait aussi bien qu’elle le pouvait un maigre sourire derrière une rangée d’épais cheveux noirs – et plutôt sales en l’occurrence.

La jeune falleen leva soudain des yeux ronds vers le Chevalier lorsque celle-ci lui demanda sans préalable la raison de sa fugue. Dans l’obscurité, car les lampadaires des environs avaient été brisés, l’expression de Xemire passa brièvement par la panique avant de se rembrunir presque aussitôt. Redoutant les yeux accusateurs de Myir, elle chercha alors un point quelconque dans le décor environnant où planter résolument son regard, tout en réfléchissant rapidement à l’histoire qu’elle présenterait au Chevalier. Devait-elle lui avouer ses complexes ridicules ? Son absurde envie de faire ses preuves afin de montrer aux autres padawans qu’elle n’était pas de « la chair à bantha » ? Tout cela lui semblait à présent bien puéril. Alors comment l’avouer à un Chevalier Jedi de la trempe de Myir ? Ou bien encore… Au Conseil ? Xemire sentit le rouge d’une honte naissante lui grignoter doucement les joues tandis qu’elle prenait enfin conscience des répercussions de ses actes. Serait-elle expulsée du Temple à cause de cette promenade nocturne ?

La boule au ventre, Xemire réalisa qu’un court instant s’était déjà écoulé depuis la question du Chevalier Alshain. Sans doute cette dernière finirait-elle par trouver ce long silence agaçant, aussi la fillette se décida enfin à lui répondre, d’une petite voix et tout en gardant les yeux accrochés quelque part dans la froideur du décor alentour.

« … Je, je, j’voulais… C’était… En fait … » Bafouilla-t-elle en vain, sans parvenir à aligner ne serait-ce une phase correctement. Quelle idiote ! Songea Xemire en essayant de rassembler ses esprits et d’oublier l’hypothèse d’une expulsion prochaine qui la tourmentait tant. C’était précisément cette facette de sa personnalité dont elle souhaitait venir à bout. Pourquoi était-elle toujours aussi timide ? Aussi craintive ? Aussi bête ? Aucun Jedi ne se dégonflerait ainsi face à une quelconque question, ni même face à un adversaire faisant cinq fois sa propre taille, avec des antennes partout sur la figure et même des rangées de dents jaunes et pointues !

Xemire serra les poings et regarda face à elle, les traits froncés de son visage indiquant clairement le conflit intérieur dont elle était victime. Enfin, elle ravala la boule d’anxiété qu’elle avait au travers de la gorge et se lança une seconde fois d’une voix lente, mais moins hésitante.

« Je voulais seulement prouv-, me prouver ce dont je suis capable. Je pensais pouvoir réussir à m’en sortir seule, mais c’était bête de ma part. » Xemire regarda Myir du coin de l’œil et ajouta plus doucement encore : « Je suis désolée pour tous les ennuis que j’ai pu causer. Et je… Je vous remercie. D’être venue me chercher. »

Embarrassée, la fillette se mit à contempler ses bottes dégoûtantes avec beaucoup d’attention tandis que Myir et elle s’arrêtaient enfin devant le speeder. Lorsque le Chevalier Alshain se tourna vers Xemire, la jeune falleen s’attendit à une dernière réprimande de la part de son aînée, mais fut surprise par le ton considérablement radouci de cette dernière. Stupéfaite, la fillette écouta avec attention les recommandations de Myir et son visage exprima une sincère gratitude quand elle comprit que celle-ci ne comptait pas donner de suite à sa fugue. Elle ne serait peut-être pas expulsée du Temple finalement ! Songea soudain Xemire et son visage s’illumina. Vraiment. Dans l’obscurité, ce ne fut peut-être pas flagrant, mais les écailles de ses joues prirent en un claquement de doigt une jolie teinte bleuté. De quoi rivaliser avec la peau du Chevalier en face d’elle.

Muette, elle répondit par un hochement de tête à Myir et ne manqua pas de lui retourner son sourire, quoique le sien fût plus réservé, mais tout autant spontané.
Ses jambes flageolaient lorsque Xemire enjamba le speeder à la suite du Chevalier, sans doute était-ce dû au soulagement qui lui engourdissait tout d’un coup l’esprit. A présent que la peur avait disparu, la fatigue de cette interminable nuit, passée à courir dans les ruelles d’Iziz - tout d’abord pour retrouver des affaires perdues, puis pour rattraper les voleurs des dites affaires et enfin pour sauver sa propre peau des dits voleurs – bref, la fatigue qu’elle avait accumulée jusque là et que l’excitation lui avait permis d’ignorer reprenait pleinement possession de son corps.

Lorsque le moteur du speeder gronda, Xemire attrapa avec réticence la taille du Chevalier Alshain, mais s’empressa vite de resserrer sa grippe autour de celle-ci quand le véhicule s’élança brusquement dans la nuit et la propulsa en arrière. Collée au dos de Myir, telle une huître à son rocher, la jeune falleen garda les yeux fermés durant tout le trajet du retour et ne relâcha pas une fois son étreinte. Vraiment, elle ne s’y ferait jamais, à ces satanés véhicules.
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