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Un Musée. Un gigantesque Musée des Arts et Cultures. L'une des plus belles réalisations de l'Ordre, appliquée sur la beauté de la Galaxie.

Alors que la République s'apprêtait à sombrer dans la guerre, Janos tenta tant bien que mal de se réfugier dans ce noble projet qui consistait à rassembler en un seul lieu les richesses inépuisables de la Galaxie. La seule idée de réunir, de classer, d'organiser, suffisait à procurer au sénateur un sentiment de calme et d'harmonie : l'Ordre trouvait un pis-aller au cœur-même du chaos, et ce pis-aller prenait la forme d'une promotion systématique des arts et cultures.

Ce n'était pas faute de s'impliquer dans l'imminence d'un conflit, pourtant. La harangue belliciste qu'il avait tenue malgré lui au Sénat lui avait valu les sympathies de quelques politiciens des plus traditionalistes, dont Valérion Scalia. De même, les accords passés avec la L.M.P. lui permettraient incessamment sous peu de favoriser le transport d'armements et de matériel militaire depuis le cœur de la République jusque dans ses périphéries. Et surtout, sa secrétaire, Mademoiselle Evans, s'était assurée qu'il pût participer aux prochaines négociations sur Flydon Maxima - le clou de sa carrière, jusqu'à présent : voilà qu'il se retrouverait aux côtés d'Arnor et de Rejliidic pour figurer la République face à la Dame Noire.

Nonobstant, Janos avait besoin de bifurquer de temps à autre de ces voies tortueuses pour se concentrer sur ce Musée des Arts et Cultures qu'il ouvrirait un jour au grand public, la quintessence de l'Harmonie appliquée sur les perles de la Galaxie. Le Lord s'imaginait déjà le lieu : une architecture noble et dépouillée, de longs couloirs silencieux où de larges projecteurs éclaireraient des œuvres de tout bord, minutieusement cataloguées par des spécialistes en la matière. Pour l'instant, ce n'était qu'un chantier empli de droïdes et de machines en mouvement, mais le jour viendrait où ce lieu rivaliserait avec le Temple Jedi pour l'Ordre et l'Harmonie qui ne manqueraient pas d'y régner, le Cosmos rendu à sa pure dimension esthétique.

Afin de mettre en œuvre la construction et la réalisation de cet édifice appelé à devenir l'une de ses plus belles réalisations de son existence, Janos s'était entouré d'un cénacle de conservateurs, d'esthètes et d'ethnologues de tout type. Ce projet et les rencontres qu'il suscita furent l'occasion de découvrir des cultures nouvelles et inconnues. L'intérêt du sénateur avait notamment été sollicité par les peuplades les plus primitives qui pussent composer la Galaxie, celles-là même qui, par miracle, avaient survécu à la corruption suscitée par l'élan technologique et la course effrénée du progrès. Ces ethnies avaient su échapper aux sévices de la civilisation, et elles n'en étaient que plus admirables.

L'objectif était de se lancer dans une coopération active avec le Temple pour alimenter de telles recherches. Quelques efforts avaient été réalisés en ce sens, mais Janos se rendit assez vite compte que, depuis l'accident qu'il avait subi trente ans plus tôt, il avait totalement coupé les ponts avec l'Ordre Jedi, tant pour des raisons idéologiques que pour le manque de temps dont il souffrait constamment. Aussi ne savait-il pas vers qui se tourner.


«Pourquoi ne pas vous adresser à Harn Carnock, sénateur ?»

Janos fronça les sourcils. Il était rentré en communication avec Jalen Fël'Jedel, un Twi'lek spécialisé dans l'ethnologie comparée des peuples primitifs, précieux collaborateur du futur Musée des Arts et Cultures.

«Harn Carnock, vous dites ?»

«C'est un chevalier Jedi de la race des Ewoks. Pour information, il s'agit d'un peuple méconnu de la lune d'Endor. J'ai un collègue qui comptait travailler sur cette ethnie, mais il n'a pas reçu les subventions nécessaires pour mener à bien son projet. Vous pourriez passer pour révolutionnaires si vous étiez le tout premier à vous y intéresser. Cela ne pourrait que renforcer la réputation du Musée.»

Janos acquiesça, songeur.

«Merci du conseil. Je vais me renseigner et vous tiendrai au courant.»

Il était tout de même étrange qu'à l'ère de l'industrialisation à outrance, de la technologie sur-développée et du mass media sans frein ni mesure, des centaines, des milliers de systèmes et d'êtres vivants pussent demeurer totalement inconnus. Une fois de plus, les lois de la rentabilité et de la productivité surplombaient de toute leur puissance les activités de la Galaxie, sans qu'aucune instance n'eût le pourvoir de les contrebalancer. Ces instants de sinistre lucidité inscrivaient dans l'esprit du Lord un désir de domination totale sur l'Univers : si le cours de l'Histoire pouvait être dirigé par un seul et même individu, ce genre de problème ne se poserait plus.

Quoi qu'il en fût, Janos invita le Chevalier Jedi en question dans son luxueux bureau, au cœur de Coruscant. Il lui envoya un message holographique des plus courtois.


«Harn Carnock, je vous souhaite le bonjour.

Commençons par les présentations : je suis Lord Côme Janos, sénateur d'Aargau au sein de la République Galactique. Je fus jadis un Jedi consulaire, avant qu'un accident ne me retranche une partie de mon corps et me force à quitter l'Ordre.

Si je vous contacte aujourd'hui, c'est dans le cadre d'un projet qui m'occupe depuis bientôt une année. Je m'attelle à faire bâtir un Musée des Arts et Cultures sur Coruscant, un édifice multiculturel où les citoyens pourront admirer les bijoux artistiques de la Galaxie sous des formes variées : expositions, bibliothèque, holo-film, espace de loisir, etc. Pour mettre en œuvre ce projet, je compte faire appel au Temple dans l'objectif de réconcilier la République avec les Jedis et de promouvoir une interaction entre les deux instances.

En l'occurrence, l'un de mes collaborateurs m'a évoqué l'existence des Ewoks, une espèce intelligente dont, pour tout vous avouer, je n'avais jamais entendu parler jusqu'à présent. Attendu que vous êtes à la fois membre de cette race et de l'Ordre Jedi, je me tourne vers vous pour que vous m'éclairiez, autant que faire se peut, sur la culture de votre peuple et la manière dont je pourrai la réinvestir lors des expositions qui seront organisées dans ce Musée.

Je vous demande un rendez-vous afin que nous puissions en discuter, si vous êtes partant pour une coopération.

Veuillez ci-joint trouver un document retraçant mes disponibilités et indiquant mon adresse.

Bien cordialement,

Lord Janos, sénateur d'Aargau. Terminé.»


Il ne fut guère compliqué de trouver un créneau pour organiser ladite rencontre. Mademoiselle Evans parvint à arranger les choses avec une efficacité qui surprit agréablement le Lord. Comme d'habitude, tout avait été programmé à l'avance. Le Chevalier Jedi serait accueilli par la secrétaire sur la plate-forme d'atterrissage qui s'étalait au devant de la suite luxueuse où Janos officiait comme sénateur. De là, il serait conduit à travers une série de salons spacieux jusqu'au bureau du Lord. Il s'agirait alors de faire connaissance, puis, une fois la fonction sociale remplie, de s'envoler dans la limousine du sénateur jusqu'au chantier du Musée lui-même, pour enfin en présenter les plans.

Aussi, le jour J, quand le petit être pénétra dans le bureau du Lord aux côtés de la charmante secrétaire, Janos avait son programme en tête, prêt à l'appliquer scrupuleusement sur la suite des opérations. Sans se laisser le moins du monde décontenancer par l'apparence de l'Ewok, le sénateur esquissa un petit sourire courtois :


«Bien le bonjour. Je suis ravi de vous rencontrer.»
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Dire qu’Harn avait été surpris par l’invitation aurait été un doux euphémisme. Il n’était qu’un Jedi de seconde zone et, jusqu’à présent, les seules personnes importantes qu’il avait approchées étaient les maîtres de son ordre. Voilà qu’un sénateur le contactait personnellement... un grand individu de la galaxie... Que d’honneur ! Passé cette surprise, et le brin de fierté que le message suscita chez lui, ce fut l’inquiétude qui l’assaillit. De ses origines, de son peuple, de son monde, il ne lui restait guère que des songes, de lointaines impressions. Tout cela était aussi consistant que de la fumée. Il lui restait aussi Ajasim, son arbre, le pilier de ses pensées. Mais Lord Côme Janos ne faisait pas appel à ses services pour qu’il lui expose ses chimères. Qu’avait-il en somme à lui apprendre ? Si peu. Il envisagea de refuser. Or il y avait dans cette invitation une dimension politique. Rapprocher la république et le temple... Non, cela ne pouvait se refuser. Même l’Ewok s’en rendit compte tout seul. Il devait faire face... Le rendez-vous fut prit et il devint une échéance redoutée pour le jeune chevalier.

Dès lors, Carnock s’efforça de raviver ses souvenirs. Il essaya même de préparer son intervention. Se présenter avec un plan en tête ne pouvait que l’aider. Il réalisa qu’il en savait légèrement plus qu’il ne se l’était imaginé au départ. Sa mère adoptive, celle-là même qui l’avait arraché à Andor, lui avait raconté certaines choses. Pourtant, ses efforts ne le rassurèrent pas. Au contraire. Remuer son passé lui était désagréable. La source de son mal être récurant s’y cachait. La date approchait et ses nuits redoublaient d’agitation. Jamais son arbre n’avait eu mine si mauvaise. Il le voyait prit dans la tourmente, ses feuilles jaunissantes étaient arrachées par les bourrasques implacables. Des cauchemars... rien que des cauchemars... Il fallait se raisonner. On pouvait aisément imaginer mission plus périlleuse que d’aller dans un luxueux bureau de Coruscant afin de parler d’un musée, d’art et de culture. Non, vraiment, Harn faisait d’une montagne ce qui n’était, tout au plus, qu’une petite bosse. Il eut honte et récupéra un semblant de sérénité.

Le voyage se déroula sans fait notable. Sitôt atterri, l’Ewok n’eut qu’à suivre la secrétaire qui vint à sa rencontre. L’opulence du bâtiment lui mit un peu la pression, toutefois il conserva le calme qui le caractérisait. Souvent un calme de façade, peu importait. Et le voilà maintenant face à Lord Janos. Il le salua respectueusement.


« Sénateur... »

Sa voix manquait peut-être un peu de chaleur. Néanmoins Harn n’avait jamais été jovial. Se forcer aurait rendu son attitude artificielle. Pour un être primitif, il était très civilisé. Vêtu d’un grand manteau beige qui le couvrait des épaules aux chevilles, bottés de cuire, il émanait de lui une certaine sobriété.

« C’est un honneur pour moi que de vous apporter mon aide dans votre prometteuse entreprise. J’espère convenir aux exigences de la tâche. »
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L'Ordre naturel était parfois capable de composer les créatures les plus étranges et les plus incongrues qui fussent. Comment imaginer que ce petit être, semblable à un ourson en peluche, pût non seulement disposer de capacités cérébrales comparables à celles de tout humanoïde, mais de surcroît, se montrer sensible à la Force et devenir membre du Temple ? Janos ne jugeait pas ; il se contentait seulement de constater - il avait toujours eu horreur du racisme qu'il considérait comme un attitude de repli sur soi, à l'origine de la discorde et du chaos dans les sociétés organisées. Mais oui, décidément, la richesse de la Galaxie dépassait infiniment l'entendement.

Quoi qu'il en fût, Janos se leva en direction de son hôte, se garda bien de lui serrer la main - dans ce cas, les exigences de la courtoisie auraient donné lieu à une impolitesse des plus étranges - et l'invita à s'asseoir dans l'un des fauteuils moelleux qui composaient un petit salon, bordant une baie vitrée d'où la furie de Coruscant s'étalait au grand jour.


«Je suis content que vous ayez répondu favorablement à mon invitation, Chevalier. Mais je vous en prie, mettez-vous à votre aise. Désirez-vous boire quelque chose ?»

Sur ces mots, il lui présenta un vaste buffet assorti des collations de tout bord. Une fois qu'il eut satisfait aux convenances et qu'il se fut lui-même servi un leena - bien trop nuisible à son système digestif artificiel, l'alcool lui était, hélas, prohibé -, il alla s'asseoir en face de l'Ewok.

«Si j'ai fait appel à votre aide, c'est dans le cadre d'un projet colossal consistant à ouvrir un Musée des Arts et Cultures sur Coruscant. J'ambitionne en fait de rassembler des informations de toute nature - texte, documents iconographiques, épigraphiques, œuvres d'art - qui soient représentatives de chaque culture existante dans la Galaxie.»

Le verre toujours à la main, Janos croisa les jambes et inclina légèrement la tête sur le côté.

«Vous imaginez bien qu'il est assez aisé de collecter des renseignements sur les espèces intelligentes les plus répandues. En revanche, certaines sont restées à l'état aborigène et ne communiquent absolument pas avec le reste de la Galaxie. C'est notamment le cas de la race dont vous êtes issu, les Ewoks. Mais rassurez-vous, il en est des centaines dans ce cas.»

Cette dernière formule avait été prononcée en toute cordialité, sans condescendance déplacée.

«C'est la raison pour laquelle j'ai fait appel à vous. J'aimerais que vous m'en expliquiez davantage sur votre culture, ses croyances, son patrimoine, sa production littéraire et artistique s'il en est, ou tout au moins, sur son artisanat.»

Le Lord savait pertinemment que de telles exigences étaient démesurées. Aussi se hâta-t-il de relativiser la chose.

«Bien entendu, j'ai conscience que cette demande soulève énormément de points et de problèmes en tout genre. C'est pourquoi j'aimerais tout d'abord vous présenter le chantier de ce Musée, avant que nous n'en venions à la suite.»

Il termina son verre, laissa son invité en faire autant et se leva.

«Si vous voulez bien me suivre dans mon véhicule, ma secrétaire va nous conduire jusqu'au chantier. Il sera bien plus aisé pour vous d'imaginer le produit fini en en ayant une ébauche sous les yeux.»

Sans plus attendre, ils sortirent tous deux de la vaste pièce et passèrent devant l'élégant bureau de Mademoiselle Evans. En les voyant franchir la lourde porte, celle-ci quitta son fauteuil de cuir et emmena son supérieur et le Chevalier sur la plate-forme de décollage. Là, les attendait un speeder oblong, pourvu d'une cabine de pilotage séparée par une vitre d'un petit salon intérieur. Janos et son hôte prirent place de part et d'autre de la table arrondie qui en séparait deux canapés de couleur bleu sombre. Une fois que chacun fut en place, la limousine décolla.

Il fallait entre vingt minutes trente-trois secondes et vingt deux minutes quarante-six secondes pour se rendre du bureau du Lord jusqu'au chantier de son Musée - tout dépendait de l'état de la circulation. Janos avait prévu d'occuper ce temps à aborder la dimension politique de son projet. Il en allait des relations entre la politique culturelle de la République et le Temple Jedi : à lui seul, ce sujet aurait pu susciter des heures de débat acharné au Sénat. Aussi fallait-il y aller avec des pincettes et tâter peu à peu le terrain pour cerner les représentations du Chevalier.


«Permettez-moi de vous poser une question épineuse, bien que primordiale pour le projet qui m'occupe, Chevalier : que pensez-vous des relations entre l'Ordre Jedi et le régime républicain ? Et tout particulièrement dans la conjoncture actuelle, qui risque tout de même de plonger la Galaxie dans une guerre désastreuse ?»
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Harn ne pipa mot, se contentant d’hocher la tête pour manifester son attention. Et il était attentif, effectivement. Ce n’était pas le moment de commettre une maladresse ou de comprendre quelque chose de travers. Au début, il éprouva quelques difficultés à ne pas fixer l’étrange œil gauche de son interlocuteur. Mais assez vite, il y parvint. Le Lord lui-même ne témoignait pas à son égard de curiosité déplacé. Il le trouvait aimable et imposant et il supposait que pour quelqu’un de son rang ce devait être une nécessité. Il avait accepté un verre, par politesse, son choix s’étant porté sur un alcool léger. Peu après, il suivait Janos jusque dans sa limousine.

A présent, il observait les monumentaux édifices de la planèteopole qui défilaient par-delà la fenêtre. Lorsque se fut à lui de répondre, il prit le temps de chercher ses mots, tout en ramenant son sombre regard sur le constructeur de musée. La question n’était pas des plus aisées. Quoi que s’il n’avait pas eu peur de passer pour un simple d’esprit ou pour un rustre, il aurait volontiers expédié une réponse lapidaire.


« Sénateur... Disons que je n’ai pas vraiment l’étoffe d’un politicien. Le monde me paraît incroyablement compliqué, surtout en des domaines qui devraient être si simples. Je suppose que c’est le résultat de la lute entre des intérêts divergeant. Ne m’en voulez donc pas si je manque de subtilité en ce domaine. »

Ce préambule était une aimable façon de dire qu’il se fichait de la politique, qu’il n’avait pas envie de s’en mêler, voir qu’elle ne servait pas à grand-chose. Elle créait des problèmes et peu de solutions. Pire, l’Ewok avait l’impression qu’elle récompensait la ruse plus que la sagesse et que si elle avait autant de règles, c’était pour maquiller l’anarchie qui la gouvernait. En quelques sortes, c’était la jungle de la civilisation.

« Quoi qu’il en soit, il me semble que l’ordre Jedi se doit d’œuvrer pour la paix. Et que pour remplir efficacement cette mission, il ne doit pas y avoir de conflit avec la république. On doit agir de concert pour le bien de tous. »

Harn se garda bien de préciser qu’il n’avait pas très bien suivi l’actualité, que son temps il le passait à méditer et à se débattre dans sa propre conscience.
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Janos esquissa un petit sourire poli.

Tous les Jedi n'étaient pas tous sensibles à la dimension politique que l'Ordre pouvait endosser. De mémoire, il lui été déjà arrivé lui-même, lorsqu'il suivait un enseignement au Temple, de se confronter à d'autres membres sur cette question : être issu d'une famille impliquée dans les affaires de la République avait probablement dû l'influencer dans ce sens. Mais quel qu'ait pu être le rôle de son éducation dans ces considérations, le Lord restait intimement persuadé que l'Ordre Jedi devait incarner une force politique majeure, plutôt que de s'enliser dans une spiritualité illusoire. En l'occurrence, l'avis d'un membre l'intéressait grandement.


«Je peux comprendre que ma question soulève de lourds problèmes. Ceci dit, j'ai moi-même passé les vingt premières années de ma vie au sein du Temple avant qu'un... accident ne m'arrache une partie de mon corps. C'est alors que j'ai décidé de me lancer dans une carrière politique "civile", attendu que je désirais devenir Jedi consulaire.»

Le sénateur s'interrompit un instant. Il n'aimait pas s'étaler sur les douleurs de son passé. Bien sûr, l'attentat dont il avait été la victime lui avait permis d'entamer des campagnes audacieuses, de remporter la compassion de ses électeurs, de jouer la carte médiatique jusqu'au bout. Mais maintenant que son poste lui était assuré, Janos n'avait plus aucune raison de revenir sempiternellement sur le sinistre destin qui fut jadis le sien. Aussi ne s'attarda-t-il pas davantage sur ce point, quitte à demeurer quelque peu ambigu.

«Mais je dois vous avouer que j'aurais pu rester membre de l'Ordre, si j'en avais exprimé le désir, et que je m'étais escrimé à maintenir un entraînement physique et spirituel adéquat. Plusieurs Jedi avant moi ont fait carrière avec un corps cybernétique, et ils ont su satisfaire à leur fonction admirablement. J'imagine d'ailleurs que l'avenir en apportera d'autres. Cependant, le fait est que...»

Le Lord hésita quelques secondes.

«Voyez-vous, nombre de personnes me taxent de traditionalisme. Il est vrai que j'ai un léger penchant pour l'Ordre, mais contrairement à ce que croit la multitude, défendre l'Ordre, ce n'est pas s'enliser dans un passéisme borné. Non, défendre l'Ordre, c'est exiger de chacun qu'il remplisse au mieux sa fonction. En l'occurrence, je trouve depuis bien longtemps que les Jedi ont tendance à ne pas respecter leurs propres préceptes, ce qui les décrédibilise totalement. Que pensez-vous par exemple de ce Chevalier, Luuna Shein, qui a récemment accouché d'un enfant ? Ce type de pratique devrait être prohibé, ne trouvez-vous pas ?»

La question était sincère. Quand Janos avait eu vent de cette affaire, il en avait été tout simplement outré. Voilà quelques temps que la question le perturbait, et l'avis d'un membre de l'Ordre Jedi ne laissait pas de l'intéresser...
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Cette fois, Harn ne put cacher son embarras. Il s’était préparé à parler d’Andor et d’Ewok, pas à débattre des bienfaits de l’ordre ou des préceptes des Jedi, encore moins à donner son avis sur les agissements d’un confrère précis. Forcément, il ne put qu’avoir envie de clore brutalement le sujet, ce qui aurait été terriblement inconvenant. Il était là, avant tout, pour promouvoir la relation avec la république. Que dirait-on de lui si cela se passait mal ? Que dirait-on du temple ? La chose serait médiatisée. Son échec aurait peut-être des conséquences significatives. Impossible de fuir. Pour autant, que répondre ? N’était-il pas pris entre le marteau et l’enclume ? D’un côté, défendre les siens, sa famille. Instinctivement, il en avait envie. Mais, ne serait-ce pas endosser leur erreurs ? Ne serait-il pas forcé de les nier ou de les justifier ? De l’autre côté, s’il critiquait Luuna Shein, n’allait-on pas lui en faire la reproche ? Dénigrer le temple ferait-il avancer les choses ?

Ho, tant de question ! Et déjà, Carnock s’y perdait. Pourquoi diable avait-il accepté ce rendez-vous ? Voilà une interrogation inutile. Il y était et devait faire de son mieux. Cela, au moins, c’était une certitude. Il se trémoussa sur son siège. Chaque seconde de silence qui passait lui rendait la tâche plus difficile.


« Sénateur... je... »

Il loucha sur l’œil cybernétique et se mordilla la lèvre. Conscient qu’il perdait pied, noyé par quelques malheureux mots, il se fit violence pour sortir de se marasme. Si tout était si compliqué, c’était aussi peut-être parce qu’il se compliquait la vie. Il n’avait qu’à donner son opinion et puis c’est tout. Car il en avait une. Comme toutes les autres affaires, il ne connaissait cette histoire d’enfant que partiellement. N’en demeurait pas moins que sur ce point, les règles étaient claires.

« ... Je ne peux cautionner l’acte de Luuna Shein. Notre doctrine prohibe l’attachement. C’est une transgression évidente. Je suppose que le conseil aurait dû le démettre de ses fonctions. Nous nous devons d’être exemplaire. »

Déjà que d’ordinaire Harn avait un caractère difficile, lorsqu’il était ainsi bousculé, il n’en semblait que plus dur encore. En cela naissait un contraste entre sa bouille attachante et son ton revêche. Il rajusta sa position et enchaina sur une question. Il était désireux d’effacer Luuna Shein et de converser convenablement. S’il se contentait de répondre, cela finirait par se remarquer.

« Est-ce à cause des entorses aux préceptes que vous avez quitté l’ordre ? Si vous aviez pu obtenir une place au conseil, vous auriez eu peut-être d’avantage de moyens de faire évoluer les choses. »

Vivement l’arrivée au chantier du musée. Carnock n’aurait jamais cru souhaiter cela et pourtant c’était désormais le cas.
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La question était pertinente, mais Janos savait comment y répondre.

«Ma foi, c'est la République que j'ai pour désir de transformer, pas l'Ordre Jedi. Et voilà qui remonte à loin : c'était déjà le cas lorsque je n'étais guère plus qu'un padawan. En réalité, dans ce grand projet que j'aimerais appliquer au système actuel, je souhaiterais véritablement que l'Ordre trouve sa place. Voyez-vous, je n'ai jamais cessé de défendre la Paix et l'Harmonie. À ce titre, le bellicisme qui est le mien en cette conjoncture désastreuse n'est qu'un bellicisme sécuritaire, un élan vers l'Union Sacrée, afin de ne laisser aucune chance à la guerre de ronger la République comme le ferait un nid de termites dans un plancher moisi.»

L'image ne manquait pas d'audace, mais il fallait bien avouer qu'elle était à propos.

«Ce faisant, si l'Ordre Jedi désire s'intégrer dans les nouvelles dynamiques politiques, il lui faut se muer de fond en comble : des réformes morales lui feraient le plus grand bien.

Janos décroisa les jambes et s'accouda à son fauteuil d'un air nonchalant.

«Ce n'est que mon humble avis, bien entendu, mais pour être familier aux sphères républicaines aussi bien que Jedi, je pense disposer d'une vue synoptique sur le sujet.»

Son regard se déporta sur les rues chaotiques de Coruscant. Le va-et-vient incessant des speeders et autres vaisseaux l'exaspérait au plus haut point. Ah, s'il pouvait devenir chancelier, il réformerait la circulation de la capitale, lui imposerait des quotas, restructurerait les axes, exactement comme il l'avait fait une dizaine d'année plus tôt sur Aargau lorsqu'il avait intégré le Directoire Exécutif de la planète. Oui, Coruscant deviendrait une ville où les véhicules voleraient en ligne, où l'Ordre et l'Harmonie régneraient de toute leur splendeur.

«Et pour tout vous avouer, je n'ai pas confiance en l'avenir du Temple. Soyons franc : je ferai tout, absolument tout pour que celui-ci trouve sa place dans notre chère République. Et comme vous le savez, ce Musée est destiné à remplir cette fonction. Mais je crois très sincèrement que ces efforts désespérés sont vains : trop de sénateurs sont hostiles aux Jedi, trop de Jedi sont hostiles à la politique, et l'Ordre lui-même se discrédite à ne pas respecter ses propres valeurs. Bref, le chaos se glisse peu à peu dans notre monde, les hommes sont sourds les uns aux autres, et il y a fort à craindre que l'Empire n'ait à terme le dernier mot.»

Janos s'interrompit de nouveau pour chercher la formule la plus adéquate à sa pensée.

«La Galaxie vacille, Chevalier, la Galaxie vacille... Et si les Sith venaient à remporter la victoire ? Et si, malgré tout, l'Empire n'était-il pas la forme la plus à même de mettre fin à cette conjoncture infecte ?»

Terrible question... D'autant plus terrible qu'elle était sincère, et d'autant plus insoutenable que Janos eût désiré n'en jamais aboutir à une telle extrémité. Là encore, l'avis d'un membre de l'Ordre pouvait s'avérer utile.

«Entendez-moi. Je suis Jedi de formation et républicain dans l'âme. Mais faut-il rester enfermé dans ses considérations d'antan sans jamais en remettre en cause le bien fondé ? Faut-il rejeter un système antagoniste pour le simple prétexte qu'il est antagoniste ? Et si, somme toute, l'erreur se trouvait dans notre camp ? Qu'en pensez-vous, Chevalier Carnock ?»
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« L’Empire ? Les Sith ? »

Par la Force, c’était de pire en pire ! Harn avait déjà l’impression d’être sur un sol glissant, mais là, il se cassait carrément la figure. Cela se vit aisément qu’il perdait le fil de la discussion. A nouveau, il se mâchouillait la lèvre. L’effort mental qu’il fournit dans l’espoir d’encore une fois se désembourber lui arracha presque une grimace. Espoir vain... Comment pouvait-il suivre le politicien alors qu’il ne s’était jamais intéressé à ces choses ? Terrible lacune, il le réalisait désormais. Son petit univers s’arrêtait à sa propre activité de Jedi et à ses états de conscience. Il ne s’était pas amusé à remettre en cause la vocation ou les méthodes du temple. Il n’avait pas clairement réfléchi à la place de l’ordre dans l’univers. Et de surcroit, aborder le sujet des Sith comme ça, sous entendre qu’ils pourraient avoir raison en fin de compte... C’était trop ! Carnock n’était pas scandalisé, juste submergé, dépassé.

« Sénateur... Je... Il ne me semble pas que le temple ait tant de tort. Je... heu... » fit-il en perdant même l’assurance de son ton.

Il n’en savait rien. Rongé depuis toujours par les doutes, par le mal être, il n’eut pas le réflexe de se mettre à défendre les siens mordicus, comme l’aurait sans doute fait un autre chevalier à sa place. Il avait juste peur de mal accomplir sa mission. Et sa mission était de nouer de bonne relation, n’est-ce pas ? Réalisant qu’il ne pouvait plus s’en sortir, car il n’avait strictement plus d’argument, le voilà contraint d’avouer son ignorance.


« ... Je suis navré. Je ne sais pas quoi vous répondre. Je vous l’ai dis, je suis peu familier de ces questions... Très peu... Trop peu... Je vous pris de m’excuser mais un autre membre de l’ordre serait assurément plus à même de vous éclairer sur ces points. »

Il ne pouvait pas s’arrêter là, sinon il allait passer pour un abruti. Il devait se justifier. Une justification qui, ô miracle, pouvait ramener au musée. Etait-ce l’échappatoire tant désiré ? Dès qu’il l’eut formulé en son esprit, il s’y agrippa comme à une bouée de sauvetage.

« Il me faut vous avouer que j’ai quelques soucis... disons, existentiels. Je dois beaucoup travailler sur moi-même ce qui, à mon grand dam, me détourne des problématiques de la galaxie. J’essaie d’accomplir mon devoir au mieux, mais je n’ai pas le loisir de me poser toutes les questions qu’il faudrait. Comme vous le savez, je suis originaire de la lune forestière d’Andor. C’est d’ailleurs pour cette raison que je suis face à vous présentement. La manière dont j’ai quitté mon monde natale a été brutale. J’en conserve quelques séquelles... »


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Manifestement, la question de Janos avait fait mouche. Le sénateur haussa les sourcils : il la tenait, là, sous les yeux, la preuve que le Temple n'était pas aussi uni qu'il le prétendait ; mais surtout, à la seule réaction de ce Chevalier, il ne faisait plus aucun doute que les conceptions défendues par l'ancien Jedi pourraient trouver bien des adeptes. Peut-être même que cet Harn Carnock en ferait partie un jour... Qui savait ?

Cependant, mieux valait ne pas trop en rajouter. La prudence et la modération étaient mères d'une victoire progressive et durable, quand le zèle et l'impétuosité ne garantissaient qu'un triomphe brutal et éphémère. Pris d'une gêne qu'il ne parvenait pas à contenir, le Chevalier Carnock avait reporté la conversation sur le peuple Ewok ; autant suivre le cours de cet entretien sur sa pente naturelle plutôt que de le brutaliser. L'Ordre ne pourrait advenir qu'en empruntant des voies insidieuses.


«Justement, avant de discuter de vos origines, parlons du Musée en lui-même.»

L'œil artificiel de Janos projeta au dessus de la petite table ovale une structure holographique pyramidale. Le sénateur récita le programme qu'il avait répété mille et une fois.

«Ce sera un centre culturel où je compte rassembler des expositions, une bibliothèque, une holothèque... En un mot, il s'agira d'un centre culturel novateur... et révolutionnaire !»

Certaines parties de l'hologramme se teintèrent de bleu, de vert et de rouge.

«Le bâtiment que je vous présente est une récente acquisition à mes propres frais. En toute humilité, bien sûr : il s'agit d'un ancien cabaret qui vient de faire faillite et que son ancien tenancier a vendu une bouchet de pain. Au sommet sera installée la bibliothèque, une immense salle bordée de baies vitrées qui offriront une vue panoramique sur Coruscant. Dans les étages inférieurs, se trouveront les salles d'exposition. L'une d'entre elles sera spécifiquement dédiée aux vingt plus belles merveilles de la Galaxie, merveilles que l'on pourra contempler en trois dimensions à l'aide d'un équipement holographique dernier cri. D'autres salles, plus traditionnelles dans la médiatisation, présenteront au public un grand nombre d'objets, que nous sommes en train de classer par système et par époque. Je suis parvenu à en réunir un grand nombre venus du Noyau, dont certains sont directement issus de ma collection personnelle - voyez-vous, mon bisaïeul Clark Janos était un esthète, et son fils, Khan Janos, mon grand-père, l'a largement agrémentée. Du reste, j'ai envoyé des conservateurs à travers la Galaxie pour qu'ils partent à recherche d'autres objets : je désire que chaque monde puisse se trouver représenté. Ensuite, ici, sur la partie verte, vous avez une salle de concert. Et là, des holocinémas. Ici, des magasins, des restaurants et autres installations portés sur le loisir, ainsi qu'un gymnase...»

Chaque fois qu'il présentait son projet, Janos s'interrompait précisément à cet instant de son discours, afin que son interlocuteur pût assimiler les diverses informations, et disposer d'une vue synoptique sur le bâtiment.

«Dans mon ambition, ce lieu garantira un brassage culturel. Hélas, comme vous le savez, nombre de musées s'embourbent dans un élitisme déplorable : seules les gens éduqués ont les moyens intellectuels de s'y rendre, et si vous n'avez pas la culture ou l'éducation nécessaires pour saisir le contenu des expositions, aucune chance que votre curiosité se trouve aiguillonnée. Ce concept novateur attirera bien plus qu'un public d'érudits et de lettrés : les spectacles seront destinés à plaire à tous, de toute espèce, de tout âge et surtout, de toute classe sociale. À ce titre, j'ai entamé une étroite coopération avec Rastka Kae - vous savez ? cette actrice extrêmement célèbre qui tourne dans des holofilms d'action.»

Le sénateur adressa un sourire bienveillant au petit être qu'il avait sous les yeux.

«Voilà le projet dans ses grandes lignes. Ceci étant dit, avez-vous des propositions à me soumettre quant à la valorisation de votre culture ?»
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Harn se serait attendu à ce que le chancelier s’engouffre dans la brèche. Les politiciens, généralement, n’avait pas de scrupule lorsqu’il désirait justifier leur point de vue. Le moindre détail, la moindre parole, tout pouvait être mis à profit. Mais non. Lord Janos n’était pas de ceux-ci. Il avait été Jedi, songea l’Ewok. Il avait d’avantage de tact et de sagesse. Quoi qu’il en soit, le chevalier ne put que lui en être reconnaissant. Le soulagement qu’il éprouva lorsqu’il compris que le pire était passé se vit tout aussi bien que l’embarras dont il avait été victime.

Libéré de ce stress, il ne fut que plus attentif à l’exposé qui suivit. Il considérait avoir grillé son joker. Désormais, il se devait d’être parfait. Le sujet du musée, qui initialement nourrissait son inquiétude, allait se révéler être l’occasion de se reprendre en main. Bizarre comme les choses se déroulaient. Parfois, mieux valait ne rien prévoir. Plan tridimensionnel à l’appui, le sénateur présenta un peu plus en profondeur son projet. Et le moins qu’on pouvait dire, c’était qu’il avait du potentiel. Mieux encore, Harn appréciait le concept qui était à sa base. Rendre l’art et la culture accessible à tous, une noble mission. Décidément, Lord Janos ne cessait de surprendre positivement l’Ewok. Ce dernier releva la tête, détachant son regard du plan pour les porter sur le visage de son interlocuteur.


« Je mesure avec plus de précision l’ampleur du chantier que vous avez entrepris. Coruscant ne pourra que se féliciter de cet ouvrage. Ce musée devrait mettre en valeur la diversité et la beauté de notre univers et peut-être, qui sait, démonter quelques préjugés. De l’ignorance nait tant de problèmes, je suis bien placé pour le savoir. Tout comme je sais à quel point les accès à la culture sont peu intuitifs. »

Carnock avait épluché quelques encyclopédies afin de mieux appréhender son environnement. Ce dont il se souvenait surtout, c’était des maux de tête qu’il avait au terme des consultations un peu trop intensives. Il poursuivit avec son ton pausé qu’il avait retrouvé.

« D’abord, avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut que vous sachiez que cela fait fort longtemps que j’ai quitté Andore. La plupart des informations que je connais sur les miens et mon monde natal me vient d’un tiers, tiers aujourd’hui décédé. C’était une personne proche et de confiance. »

C’était Aldaha, une mercenaire, celle-là même qui avait enlevé Harn de la lune forestière et qui, par la suite, était devenue sa mère adoptive. Une drôle d’histoire... Ses magouilles avaient eu raison d’elle. S’il en avait été autrement, il y aurait fort à parier que Carnock aurait suivi ses traces, devenant lui-aussi un mercenaire. En tout cas, l’Ewok, par son seul comportement, montrait à quel point il n’était plus un sauvage. Il parlait le basique à la perfection sans le moindre accent. Son vocabulaire soutenu surpassait celui d’une bonne parties des gens nés au cœur de la civilisation. Il avait le sens de la politesse et des convenances, des choses qu’on ne pouvait assimiler qu’après des années d’immersion. En fait, peut-être même était-il trop acclimaté à la modernité et il étouffait.

« Je ne parle plus la langue des miens. Je ne porte pas mon nom d’origine, j’ai oublié ce dernier. Bref, je n’ai d’Ewok que mon apparence. Cela dit, la façon de présenter ma civilisation me parait assez évidente. La lune forestière est, vous le devinez, couverte de forêt. Celle-ci occupe une place centrale chez les Ewok. Ils vivent dans les arbres, ils prient les arbres et chacun d’eux est lié à un arbre. A chaque naissance, il plante l’arbre du nouveau né. »

Ajasim... la clé de voute de l’esprit d’Harn, son arbre d’Andor devenu symbole spirituel... Ajasim, le tout dernier mot qui lui restait de son monde...

« C’est un peuple qui vit de chasse et de cueillette. Ils savent construire des armes en bois ou en os. Ils ne s’habillent pas ou alors juste de capuche. La musique et la dense sont également importante pour eux. L’un de mes derniers souvenirs est justement cette danse et cette musique. Le bruit du tambour qui bat la mesure... »

Tam, tam, tam... et voilà le regard d’Harn qui se fit lointain...
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Manifestement, le peuple Ewok de la lune forestière d'Endor n'aurait rien de spectaculaire à offrir aux visiteurs. Tout au moins, aucun monument hors du commun qui méritât une place dans la Salle des Merveilles. Pour autant, Janos ne considérait pas le développement technologique comme une quelconque marque de supériorité ; nombre d'utopistes croyaient encore aux bienfaits du progrès et de la civilisation, mais il suffisait de se promener dans une ruelle sordide de Coruscant pour comprendre que la technique avait amené les êtres intelligents à devenir complètement fous et irrespectueux.

«La musique, oui...», répéta le sénateur d'un air songeur. «Croyez-vous que l'on pourrait obtenir des enregistrements ? Je suis intimement persuadé que les airs ewok pourraient en intéresser plus d'un.»

L'une des parties de la structure pyramidale se colora de jaune.

«L'espace du Musée que vous voyez ici sera utilisé comme une médiathèque, où le public pourra écouter gratuitement des milliers de morceaux issus des quatre coins de la Galaxie. Un lieu exceptionnel aux résonances infinies. Croyez-vous que le peuple dont vous êtes originaires serait favorable à ce que nous les rencontrions pour procéder à un enregistrement ?»

Janos réfléchit quelques instants.

«Quant à ce goût pour les arbres, il pourrait susciter l'intérêt des foules... Voyez-vous, certains Coruscanti sont tellement habitués à leur train de vie artificiel qu'ils ne savent même plus ce qu'est une plante.»

Le sénateur s'imagina un instant la Salle de l'Autochtonie, peuplée d'objets artisanaux en tout genre, de cithares de bois, de tam-tam sonores, d'icônes à l'image de déités archaïques...

«Bien entendu, il sera hors de question d'offrir au public un discours simpliste. Je ne suis pas de ces écologistes idéalistes qui jugent bon d'enfermer toute manifestation culturelle dans des élucubrations sans fin sur de prétendues règles naturelles. Ce que je désire inspirer, c'est une forme de... de relativisme, peut-être... Un relativisme assorti d'un respect pour l'altérité... Je veux mettre en branle les petites représentations galaxo-centrées des Coruscanti ; je veux attaquer leur sotte croyance en un prétendu Progrès ; je veux questionner les tenants de la Civilisation.»

Janos s'était enflammé en prononçant ces derniers mots. Pour cause, il s'était laissé aller, une fois de plus, à ces fameuses structures ternaires dont sa rhétorique était emplie. À force d'y avoir recours, ce type de phrase en trois temps était devenu presque naturel pour le sénateur.

«Et, pour sûr, ce goût pour les arbres me paraît vraiment intéressant...»

Comme il parlait encore, une gigantesque pyramide surgit d'entre les gratte-ciel de la Capitale. L'architecture de l'édifice se distinguait nettement des autres bâtiments ; un spécialiste en histoire des Arts se serait aperçu de la proximité entre cette structure et celle qui avait droit de cité sur Aargau, elle-même héritée des anciens temples de la planète. Tout autour s'agitaient des centaines de milliers de droïdes, occupés à bâtir, ériger, transformer, composer. Le dynamisme mécanique rendu à sa fonction créatrice : quand Janos admirait son chantier, il se sentait traversé de ce sentiment de toute puissance qui habite les dieux-démiurges, au moment de sortir un monde de son chaos originel.

«Nous y voici», dit-il.
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« Les Ewok sont sociables. Je suppose qu’une approche courtoise permettrait d’obtenir ces enregistrements et de récolter par la même occasion des objets culturels ainsi que bon nombre d’informations complémentaires sur ce peuple. »

Ce peuple... et pas mon peuple... Harn était-il à ce point déraciné pour opérer cette dissociation ? En tout cas, ce choix de langage n’était pas voulu. Et puis, très lucide, il l’avait déjà reconnu : il n’avait d’Ewok plus que l’apparence... et les rêves aussi.

« Demeure la barrière du dialecte, rien d’insurmontable si l’expédition est composée des bonnes personnes. Attention par contre. Le secteur expose à des forces gravitationnelles plutôt traitresses, de quoi surprendre un pilote et provoquer un crash sur la lune. »

A mesure qu’il parlait, une question s’imposait à lui. Devait-il retourner sur Andor ? Dans le cadre du musée ou non, peu importait. Devait-il revoir son monde natal pratiquement oublié ? Il le savait déjà, la lune forestière était cartographiée. Il avait fait des recherches en ce sens et quand il l’avait découvert, il avait été à deux doigts d’entreprendre le voyage. Pèlerinage ne serait-il pas un terme plus indiqué ? Pourtant, quelque chose l’en avait dissuadé. La peur, l’appréhension peut-être. En fait, il n’aurait su exactement dire pourquoi, mais il avait renoncé à ce projet. Voilà qu’il revenait d’actualité. Ça lui faisait bizarre.

Les yeux de Carnock glissèrent de la maquette holographique au chantier grandeur nature, celui-ci venant d’immerger d’entre les immeubles de la planètopole. La myriade de robots en plein travail inspirait à cette distance une colonie de fourmis. Des travaux d’une telle envergure, il y avait de quoi impressionner. Le temple de l’art et de la culture prenait forme, petit à petit. Bien sûr, construire l’édifice était la partie facile du projet. Le chalenge était de le remplir de son contenu venu des quatre coins de la galaxie.


« Superbe entreprise, vraiment... »

Harn refit face à Janos.

« Si nous pouvions reconstituer une fête Ewok, c’est-à-dire unir les arbres, la musique, l’architecture et la coutume, l’immersion ne manquerait pas de dépayser le visiteur. Plus généralement, vous avez les moyens d’importer dans cette pyramide un peu de chaque monde. Offrir un voyage en quelques pas... Isoler certains éléments pourraient les sortir de leur contexte, leur faire perdre de l’intérêt. La mise en situation concrète est le vecteur de l’immersion, de la sensation. Qui plus est, pareille mise en scène demande peu d’explications pour fonctionner. Le simple fait de devoir lire ou écouter plus de quelques lignes est rebutant pour le public que vous ciblez. Rebutant s’il n’a pas au préalable été motivé pour s’informer plus en détail. Ainsi, ces mises en scène seraient... comme la vitrine d’un peuple, d’un monde. Une invitation à la curiosité. »
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Janos esquissa un petit sourire satisfait.

«Je constate que vous avez saisi le concept... Et en effet, immerger un visiteur dans une culture, voilà qui me paraît le plus à même d'assurer une transmission en bonne et due forme. Je consulterai les scénographes que j'ai engagés pour décider de la salle dans laquelle une telle exposition serait envisageable, et dans quelles circonstances nous pourrions l'optimiser. Ceci étant dit, je retiens votre idée : elle me semble excellente.»

Comme il parlait encore, le vaisseau s'immobilisa dans les airs et descendit lentement vers l'une des nombreuses plates-formes d'atterrissage qui tapissaient l'édifice. Une fois posé, les deux portes s'ouvrirent de chaque côté de la limousine, décrivant une élégante courbe en direction du ciel.

Le Lord sortit de l'appareil en laissant sa cape s'élancer dans le vent, le contourna prestement et se retrouva aux côtés de son hôte d'un jour. Devant eux se dressait la pyramide, noble et altière, la pointe vaguement embrumée par le moutonnement des nuages coruscanti.


«Chevalier Carnock, j'ai l'honneur de vous présenter l'une des œuvres les plus grandioses de toute mon existence. Et probablement la plus durable.»

Janos n'avait pas pu s'empêcher de lever la main droite vers le bâtiment en prononçant cette dernière phrase. Être l'initiateur d'un tel projet procurait en lui un sentiment de puissance qu'il ne parvenait pas à refréner, malgré les réticences qu'il éprouvait naturellement envers toute forme d'orgueil.

Il entama la marche vers l'édifice à la manière d'un général menant ses troupes vers la victoire.


«Je vous en prie, suivez-moi. Ce n'est encore qu'un chantier, mais certaines parties peuvent être visitées. Dont l'entrée, justement.»

Tous deux pénétrèrent à l'intérieur de la pyramide, dans une gigantesque allée aux murs d'un acier blanc et parsemé d'éclats bleutés. Le sénateur avait fait appel aux usines de traitement des métaux installées sur Aargau pour leur commander un alliage nouveau, fier, sobre et élégant. À son image. Entre les parties métalliques, se dressaient de hautes colonnes d'électrum, mi-encastrées dans les parois ; au niveau de leur chapiteau, des volutes tournoyaient sur elle-même, savant mélange architectural dont la rotondité parfaite évoquait aussi bien le style coruscanti que les canons en vigueur sur Aargau.

Janos se tourna vers le Jedi.



«Eh bien, qu'en pensez-vous, Chevalier Carnock ?»
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Harn laissa ses yeux se promener sur le déroutant décor. Dit vulgairement, ce musée avait de la gueule et ce n’était encore qu’un chantier, une ébauche. Quand Lord Janos faisait quelque chose, visiblement ce n’était pas à moitié. L’aspect extérieur de la pyramide suffisait à le prouver. Et le hall le confirmait. Qu’en serait-il des salles d’expositions ? L’univers dans toute sa beauté, dans toute sa diversité. Quel argument plus fort pour le respect de chaque origine ? N’était-ce pas là, en somme, une matérialisation de l’harmonie tant prôné par l’ordre Jedi ? Toute personne sensé se devait de soutenir un projet de cet envergure. Certes, tant de choses semblaient si belles et se révélaient tout autres. Toutefois, aussi pragmatique qu’il puisse être, l’Ewok ne voyait pas une seule ombre au tableau, mis à part la quantité de travail astronomique qu’il restait à accomplir avant l’aboutissement de cette entreprise.

« Que du bien, sénateur. Effectivement, ceci risque fort d’immortaliser votre nom. Et pour une raison louable. Je serais presque tenté de dire que votre projet est d’utilité public. De l’ignorance nait la crainte, le racisme. Vous allez porter un coup rude à l’ignorance. Coruscant est une planète peuplée et beaucoup y transitent. Enormément de personnes devraient pouvoir profiter de ce travail. Je suis fier d’apporter ma pierre à l’édifice. »

Carnock, un court instant, revit les arbres, les visages, autant d’ombres tournoyantes. Il réentendit le tambour, le tempo tribal et fiévreux. Danse folle, obsédante. Est-ce qu’il pourrait reconstituer cette scène ? Une chimère vague d’un passé en lambeaux... ce n’était pas Andor. C’était lui, ses pensées, son imaginaire. Il rejeta cette idée grotesque, presque malsaine. Quel besoin avait-il de donner corps à cette démence ? Quel intérêt ? S’il revenait sur la lune forestière, il chasserait ses rêves difformes par du concret. Rien que pour ça, il devrait entreprendre ce voyage. Peut-être ne se sentirait-il pas mieux. Mais au moins, il cesserait de divaguer.

« Si vous financez une expédition sur Andor afin, comme évoqué dans votre vaisseau, d’obtenir la matière nécessaire à l’exposition, j’aimerais bien y participer. Ma présence devrait faciliter la relation. »
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Envoyer ce Chevalier sur Endor... L'idée était excellente. Oui, excellente.

Non seulement, voilà qui simplifierait énormément les échanges, avec le mérite de ne pas dénaturer l'environnement – car c'était là un vice propre à l'ethnologie que d'investir une culture et de lui faire perdre tout son charme – ; mais surtout, il serait possible d'exploiter la chose médiatiquement : Lord Côme Janos, sénateur d'Aargau et ancien Jedi consulaire, prêt à coopérer avec l'Ordre Jedi pour mettre en valeur la diversité culturelle de la Galaxie. Qu'attendait un citoyen lambda d'un politicien ? Une telle attitude, bien évidemment. Ni plus, ni moins. Et au delà des apparats, le projet s'harmonisait parfaitement avec l'idéal politique et métaphysique que défendait Janos : non content de respecter ses propres engagements, il prouvait à tout un chacun qu'il n'avait rien d'un menteur. Contrairement à ce scélérat de Rejliidic, notamment...


«Effectivement, votre présence serait la bienvenue. Elle aurait l'avantage de faciliter le contact entre mes hommes et votre peuple d'origine.»

Le sénateur avait horreur de mettre en exergue les intérêts qu'il pouvait tirer d'un accord passé avec un tiers. Aussi s'empressait-il toujours de faire un petit laïus sur la réciprocité des bénéfices.

«Par ailleurs, j'imagine que vous aurez un certain plaisir à revoir la culture qui a bercé votre enfance, n'est-ce pas ?»

Il esquissa un petit sourire bienveillant.

«Même si d'expérience, je sais que les membres de l'Ordre savent se montrer assez sévères à ce sujet. Ne pas faire resurgir le passé, afin d'instaurer dans notre conscience un calme plat, entièrement tourné vers la maîtrise de la Force. Ne pas réveiller ses anciens tourments, ses anciennes peurs, car la peur mène à la haine, la haine mène à la colère, et la colère...»

La colère... Quand il avait perdu la moitié de son corps dans ce maudit attentat, il était devenu le serviteur de la colère, son adorateur, même. Et c'est à ce moment-là qu'il avait franchi le cap, qu'il s'était introduit sur le chemin tortueux du Côté Obscur de la Force...

«Quoi qu'il en soit, mon équipe vous préviendra en temps et en heure de son départ pour la lune forestière d'Endor. Une fois encore, je vous remercie infiniment de votre présence et de l'investissement que vous promettez dans l'élaboration de ce magnifique projet. Notre coopération me réjouit grandement.»

Le sourire qu'affichait le Lord ne fléchit pas un instant.


«Je suis certain qu'ensemble, nous pourrons aller très loin, Chevalier Carnock. Très, très loin...»
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Alors l’affaire était conclut, le chevalier Harn Carnock allait retourner sur Andor. Des années qu’il aurait pu entreprendre ce voyage, sans autre raison que de reconstituer les pièces du puzzle qu’était son enfance. Mais ce n’était que maintenant qu’il allait le faire, pour une autre raison. Réel motif ou simple prétexte ? Lui-même n’aurait su le dire. Mais à cette seconde précise, il avait oublié le musée.

« Ho, sénateur, je pense que ce petit retour au source ne pourra que me faire du bien. Et puis, il est de notoriété public que la nature apporte paix et sérénité », déclara-t-il.

Rien de moins sûr dans son cas. Il en avait la conviction, quelque chose l’attendait sur la lune forestière, mais quoi ? Ajasim ? Il était enthousiaste tout autant qu’il avait peur. Précaire était sa prise sur l’arbre spirituel. Allait-il enfin parvenir à grimper jusqu’à la cime ? Ou allait-il lâcher ses racines et tomber dans la brume ? Pour le meilleur ou le pire, son monde natal ne pouvait le laisser indifférent. Toujours était-il qu’il n’allait pas mettre en avant la quête intérieur lorsqu’il déclarerait au conseil Jedi ce voyage. Non, il présenterait les choses dans le cadre du projet de Lord Janos. Il ne voulait pas essuyer de refus.


« En tout cas, c’est réciproque, cette collaboration m’enthousiasme réellement. Il est heureux que la république compte des politiciens telles que vous. Les entreprises d’envergures dans des buts louables sont si rares. »

Andor, Andor, Andor, Andor, Andor... Il allait avoir du mal à penser à autre chose. Andor, Andor, Andor, Andor, Andor... S’il continuait comme ça, son interlocuteur allait remarquer qu’il était ailleurs. Andor, Andor, Andor... Oublié le débat sur les fautes des Jedi, oublié la remarque sur les Sith, l’Ewok était obnubilé par son futur voyage. Tant bien que mal, il allait poursuivre la visite avec cet homme décidément très charismatique. Jamais, ô grand jamais il n’aurait cru aboutir à ce résultat. Il pouvait être fier, il avait pour l’instant fait ce qu’on attendait de lui. Cet entrevu si redouté se passait très bien malgré une entrée en matière un peu laborieuse. Une mission dont il n’aurait pas à rougir. Luke serait sans doute heureux de l’apprendre.
Invité
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Manifestement, l'idée de partir sur Endor enchantait le Chevalier Carnock. Janos fut même surpris de l'entrain avec lequel le Jedi lui avait répondu. Une telle expressivité ne correspondait guère à la tempérance souhaitée par le Code, et à vrai dire, pour un Jedi, l'Ewok semblait particulièrement inapte à maîtriser ses propres sentiments. La manière dont il s'était troublé face à sa question sur la légitimité Sith le prouvait bien.

Qu'en conclure ? Le Lord sentait que l'adhésion du Chevalier à l'Ordre était bien loin d'être acquise. Peut-être serait-ce l'occasion de convertir ce petit être à un autre Ordre, non pas l'Ordre comme institution Jedi, mais comme idéal métaphysique à poursuivre moralement. Avec le temps, le besoin de multiplier ses disciples se faisait de plus en plus pressant. Somme toute, Janos n'avait pour tout apôtre que son ancienne apprentie et actuelle partenaire. Voilà qui était bien peu. La question lui était venue lors de son dernier anniversaire : il avait cinquante-et-un ans ; il ne lui en restait qu'une bonne trentaine à vivre, peut-être moins. S'il ne multipliait pas les adeptes à sa philosophie, celle-ci disparaîtrait avec lui, et tout ceci n'aurait servi à rien. Bien sûr, l'idée de composer un traité sur l'Ordre lui tenaillait de plus en plus l'esprit, mais un simple livre ne suffirait jamais à faire survivre son idéal. Encore fallait-il qu'on saisît comment en appliquer les préceptes.

Pour l'heure actuelle, mieux valait ne pas enfoncer le couteau plus profondément dans la plaie, mais Janos se jura d'évoquer une nouvelle fois la question du Côté Obscur auprès de son interlocuteur lors de leur prochaine entrevue. Il verrait alors si ses idées feraient mouche ; et si tel était le cas, son enseignement pourrait trouver un nouvel adepte... L'Ordre l'exigeait.


«Je suis heureux que nous y trouvions chacun notre compte.», déclara le Lord en tâchant de camoufler cette pensée qui le traversait au moment où il parlait.

Sur ces mots, il reconduisit son hôte sur la plate-forme d'atterrissage. Un vaisseau en possession du sénateur attendait le Jedi pour le conduire là où il le désirerait. Devant la rampe d'accès, tous deux s'adonnèrent à un nouvel échange de courtoisie, puis se quittèrent non moins cordialement.

Droit comme un amiral, la cape toujours au vent, Lord Janos regarda silencieusement le vaisseau disparaître dans les cieux embrumés de Coruscant. L'idée de convertir Harn Carnock avait réanimé son désir d'écrire un livre destiné à transmettre ses préceptes.

Le Traité de l'Ordre... Non, trop évident. De l'Ordre appliqué comme idéal sur le monde... Trop élaboré. Ou tout simplement De l'Ordre... Hum... Trop ambigu. Et pourquoi pas : Métaphysique de l'Ordre ? Oui ! La Métaphysique de l'Ordre, de Lord Côme Janos. Un titre prometteur... Mais restait encore à en écrire le contenu. Et surtout, à trouver des adeptes pour le mettre en pratique...
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