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Lana avait repris sa vie routinière au Sénat depuis peu. Elle avait été absente, ou tout du moins peu présente, depuis quelques mois à présent. L'apparition de l'Empire Sith avait plongé non seulement le Sénat dans le chaos, ce qui n'arrangeait déjà pas les affaires de la sénatrice, mais aussi sa planète, Kuat. Des troubles importants avaient éclatés dans toutes les couches de la société Kuati. Il lui avait fallu un certain moment pour calmer le peuple, qui n'avait pourtant rien à craindre des sith vu qu'ils soutenaient déjà Lana. Il lui avait fallu encore plus longtemps pour calmer le jeu des intrigues de l'aristocratie. Pour poursuivre son travail, elle avait besoin d'une planète unie derrière elle, telles de solides fondations pour un bâtiment plus grand.

A présent que tous étaient rentrés dans le rang, elle pouvait poursuivre son œuvre au Sénat. Il s'en était fallu de peu pour qu'elle loupe les élections de la chancellerie ! Ce genre d'évènement avait besoin de toute son attention, d'autant plus qu'elle devait faire ses préparatifs dans l'urgence. Elle n'avait aucunement eu le temps de nouer une quelconque alliance, que ce soit avec l'un ou l'autre des candidats. Et ceux-ci étaient devenus si inaccessibles à présent, dans l'effervescence des préparatifs... Elle devait se contenter de sénateurs de seconde main afin d'avoir des contacts. Elle ne comprenait encore pas pourquoi aucun des partis en lice n'était venu la voir directement... Elle savait qu'elle avait été longtemps absente, mais sa voix comptait-elle si peu que ça maintenant ? Elle avait encore des appuis, des gens qui l'écoutaient. Elle représentait Kuat quand même ! La situation était presque vexante...

Aujourd'hui encore, elle n'avait que des rencontres informelles avec de petits acteurs du milieu politique. Comme si ça l'amusait de perdre son temps avec les pantins d'autres politiciens... Elle savait pertinemment que cela ne servait à rien, mais cela lui donnait au moins l'impression de faire quelque chose. En vue d'une journée par avance gâchée, elle n'était vêtue que très simplement. Elle portait une longue robe d'un vert émeraude aux manches courtes, qui la couvrait du cou jusqu'aux chevilles. La partie inférieure de la robe était légèrement bouffante, cachant quelque peu la maigreur de ses jambes. Elle avait laissé au placard ceinture, bagues et colliers. Elle n'avait vraiment pas à s'afficher avec des politiciens de faible envergure. Tout juste portait-elle la tiare princière de Kuat, et encore uniquement parce que son rang l'exigeait. Ce qu'elle pouvait haïr les conventions sociales parfois.

Elle marchait dans les couloirs de Sénat, entre une séance dans la rotonde et une autre rencontre inutile. Au moins pourrait-elle prendre le temps de manger un morceau ce midi... D'épaisses lunettes noires protégeant ses yeux délicats des lumières vives des couloirs, elle avançait d'un pas décidé, prenant une volée de marche pour descendre au niveau inférieur. Il ne lui restait plus qu'une demi-douzaine de marches lorsque quelqu'un la bouscula assez rudement. Elle ne sut pas si cela était complètement accidentel ou volontaire. Elle se retrouva brusquement propulsée en avant. Elle tenta bien de se rattraper en prenant appui sur une marche, mais elle ne réussit qu'à accélérer sa chute. D'autant plus que ses petites mules de soirée à talons n'étaient pas spécialement adaptées à la situation. Fort heureusement, quelqu'un se trouvait plus bas pour amortir sa chute, volontairement ou non...

Elle dégringola sur Valérion Scalia, et le heurta brutalement. Tout du moins brutalement pour elle, ce qui était normal au vu de sa frêle constitution. L'impact jeta les deux sénateurs au sol. Lorsque Lana ouvrit les yeux, elle fut immédiatement agressée par une lumière vive. Ses lunettes ! Ses lunettes avaient glissées de son nez, et devaient être quelque part par terre. Complètement déboussolée, aveuglée par cette lumière horriblement claire, elle tâtonna maladroitement autour d'elle pour trouver ses lunettes. En même temps, elle sentait la panique monter en elle. Non, cela ne pouvait pas lui arriver maintenant ! Elle peinait déjà à maintenir la tête hors de l'eau sur le plan politique, elle n'avait vraiment pas besoin d'une scène pareille ! Car les sénateurs pouvaient bien se prétendre matures, elle n'avait aucun doute qu'elle ferait bientôt la risée de la rotonde pour ce qui avait finalement commencé comme une vulgaire bousculade...


- Mes lunettes, mes lunettes... murmurait-elle d'un ton un peu plus aigüe qu'à l'ordinaire.

Elle ne savait pas qui elle avait heurté, et même si elle s'en souciait, elle n'avait aucun moyen de le vérifier. Se sentant malgré elle cible de tous les regards, elle contrôla les larmes qui lui montaient aux yeux. Non pas que la honte allait la faire pleurer, mais la lumière semblait lui transpercer les rétines comme une dague et la douleur, bien que supportable, était des plus désagréable. Sa situation n'avait rien d'enviable, vautrée par terre à tâtonner comme une aveugle à la recherche de ses lunettes. Que ne donnerait-elle pas pour se soustraire à la foule...

Décidément, c'était vraiment une journée de gâchée !
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    « Je vous remercie pour votre soutien, sénateur Trevor. Soyez assuré que votre apport ne sera pas oublié ! »


Valerion venait de répéter pour la énième fois une des nombreuses formules creuses qu’il avait en stock. Le sénateur de Pantora venait de lui assurer son appui pour la campagne. Un petit sénateur minable mais ayant un réseau intéressant… Au moins, cela ferait un peu plus d’argent dans les caisses de la campagne. La présence dans les médias était une des clés du scrutin. Les sénateurs votaient mais le sentiment populaire avait son importance. Un sénateur pouvait difficilement voter pour un candidat si les sondages indiquaient que ses électeurs privilégiaient l’autre prétendant. Le système restait toutefois très fermé… La campagne reposait moins sur la séduction des citoyens que des sénateurs. Le peuple ne pouvait, malgré tout, être totalement ignoré. Pour l’instant, Valerion était plus confiant dans le soutien populaire que sénatorial. Le parti arrivait à vendre une image séduisante du sénateur d’Artorias : jeune recrue à Carida, militaire brillant dirigeant des opérations dans la bordure, comportement héroïque lors de la bataille d’Artorias, élection récente comme sénateur des exilés artoriens, fondateur avec Lord Janos et Ion Keyiën d’un nouveau parti… Le parcours de l’Artorien était exemplaire et séduisant, sans doute bien plus que celui d’Emalia Kira, reine héréditaire d’un monde éloigné, totalement inconnue du public. Sans être une star comparable à la chanteuse Shaegkïrä, Valerion avait su faire parler de lui dans l’exercice de ses fonctions sénatoriales. Il n’était pas un inconnu du grand public et les sénateurs avaient affaire à lui depuis plusieurs mois en tant que chef de groupe au Sénat du Rassemblement Républicain.

L’élection allait toutefois s’avérer particulièrement difficile. Tout le monde ne rêvait pas des changements institutionnels prévu par le programme du Rassemblement, et l’intransigeance de Valerion à l’égard des Sith pouvait effrayer les sénateurs les plus couards. Emalia Kira avait promis la fermeté, mais ne précisait rien. Tout cela restait bien creux, de nombreux sénateurs en étaient conscients et tablaient là-dessus.

    « Je meurs de faim, Telkhar. Allons manger un morceau. »


Rapidement, l’attaché parlementaire remit un peu d’ordre dans le bureau puis les deux individus quittèrent les lieux, bien décidés à manger un bon repas au restaurant du Sénat.

    « Quel est le programme de cet après-midi ? »


    « Une rencontre est prévue avec la délégation nubienne. Du fait des séances en commissions, la journée va être calme. Ce n’est peut-être pas plus mal, vous ne cessez de travailler depuis des jours et vous ne dormez guère… Vous aurez besoin de toutes vos forces pour affrontez Emalia Kira dans la rotonde ! »


    « Et de suffisamment de sénateurs pour applaudir lorsque je prendrai la parole, Telkhar ! Cela fait des mois que je noue des relations et que je parlemente avec mes chers collègues… il faut que tout cela ait servi à quelque chose ! Certains parlementaires ont été bien satisfaits de compter sur les sénateurs du Rassemblement pour faire passer leurs textes de loi… A eux de me rendre la pareille, désormais. Mais un sénateur oublie vite, et il faut se rappeler à son bon souvenir pour qu’il vote dans le sens voulu. »


Toutefois, Telkhar n’avait pas tort. Valerion était épuisé, s’il voulait avoir une chance de l’emporter face à l’Onderonienne il lui faudrait se reposer suffisamment. Quel stress que cette campagne incessante ! Chaque instant était dépensé dans un but précis : devenir Chancelier de la République. Pourtant, Valerion n’osait s’imaginer remportant la victoire. Une telle hypothèse lui paraissait démente, irréelle, et l’Artorien l’évacuait par un travail intense et perpétuel. Il se rassurait sur un point : sa connaissance, relative, du Sénat et de ses membres. Depuis trois ans, le sénateur Scalia arpentait les lieux de pouvoir de Coruscant, tissant un réseau croissant de relations. Trois années, cela restait une expérience ridicule comparée à celle d’autres sénateurs… Le représentant de Duro était à son poste depuis plus de quarante ans ! Ce qui faisait la différence de Valerion ? L’audace ! Tous ces vieux briscards du Sénat n’osaient plus… Ils ne tenaient qu’à une chose : leur siège sénatorial, usé et confortable. La chancellerie ? La crainte de perdre, la honte succédant à l’échec, ces éléments leur paraissaient autrement plus terribles qu’une possible victoire. Valerion craignait également la défaite, mais encore fallait-il tenter de vaincre !

Valerion fut tiré de ses pensées par un contact soudain et violent. Il fut projeté en arrière, s’effondrant au bas de l’escalier, une femme à la peau diaphane sur lui. La sénatrice de Kuat, Lana Anthana ! Une Umbarane, comme son physique fragile et délicat le montrait. Elle s’était aussitôt dégagée de Valerion, s’excusant péniblement et cherchant à tâtons ses lunettes, la lumière l’aveuglant totalement.

Compréhensif, Valerion regarda autour de lui et vit la paire lunettes, s’en saisit et la donna à la princesse de Kuat. Il se releva et aida la dame en détresse à en faire de même, lançant un regard noir et méprisant à l’égard du sénateur de Mykr, qui ricanait dans un coin. Telkhar, quant à lui, avait ramassé consciencieusement la tiare de la Kuati.

    « Dame Anthana ? J’espère que vous n’êtes pas blessée. Je vous en prie, permettez-moi de vous offrir un instant de repos dans les appartements de la délégation artorienne. »


Spoiler:
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Paniquée, Lana tâtonnait sur le sol, terriblement sensible aux murmures autour d'elle, sans toutefois pouvoir en saisir la teneur. Heureusement, sa panique fut de courte durée. Une main se posa sur son épaule, et on lui fourra ses lunettes dans les mains. Avec des gestes fébriles et malhabiles, elle tâcha de les remettre sur son nez. Aussitôt, son univers redevint sombre et accueillant. Pourtant, elle ne voyait toujours rien. Le mal avait été fait, et la persistance rétinienne lui faisait garder une vision douloureusement lumineuse. Cela passerait en quelques minutes. Ses lunettes lui permettraient entre temps de gâcher ses yeux rouges et larmoyants. Sa planète natale ne lui manquait jamais, sauf dans ce genre de situation...

Quelqu'un l'aida à se relever péniblement. Elle aurait bien été en peine de le faire seule... Perdue dans un flou lumineux, elle ne savait même pas à qui elle avait à faire, envers qui elle devait être reconnaissante. La voix d'homme lui proposa de l'emmener dans ses quartiers pour se reposer. Une excellente excuse pour se soustraire au regard de la foule...


- Merci
, bredouilla-t-elle, désemparée.

Complètement déboussolée, elle ne fit même pas le lien avec la délégation d'Artorias, et le candidat à la chancellerie qu'elle souhaitait tant rencontrer... Elle se laissa prendre le bras, et se fit escorter sans résistance par Valérion aux travers des couloirs du Sénat. Elle se rendit compte au bout de quelques mètres qu'elle boitait. Pourtant elle ne s'était pas blessée... Elle découvrit bien vite que le talon droit de ses petites mules de soirées s'était brisé lorsqu'elle avait tenté de se rattraper. Encore la chance... Aveugle, elle sentait aussi ses cheveux défaits lui tomber sur le visage en pagaille.

L'air plus misérable que jamais, elle se débarrassa de ses chaussures, les laissant sur place faute de pouvoir voir où était la plus proche poubelle, et dû se résoudre à terminer le chemin pieds nus. Peut être personne ne le remarquerait-il... Nerveuse, sentant le poids des regards moqueurs qu'elle ne pouvait voir, elle restait accrochée au bras droit de Valérion qui la guidait. Le trajet, bien qu'il ne dût pas durer plus de quelques minutes, lui parut durer des heures. Au moins, sa vision revenait petit à petit. Des formes humaines sombre commençait à se dessiner devant elle. Elle commençait à recouvrer aussi ses esprits, et se rendait compte que la journée était décidément complètement foutue.

Elle se retrouva rapidement dans la suite de Valérion. Elle devina la forme d'un sofa, et alla s'y écrouler. S'installant confortablement, elle regarda l'homme qui lui faisait face. Sa vision presque totalement revenue, elle put alors reconnaître celui qui l'avait tirée de ce guêpier. Elle remercia ses grosses lunettes noires de cacher son regard, car elle avait dû écarquiller les yeux outre commune mesure... Elle espérait que son visage ait été moins expressif, mais elle n'en était pas sûre. Cette journée se révélait pleine de surprises. De mauvaises surprises. Elle venait de percuter un des deux candidats à la chancellerie.

- Sénateur Scalia... commença-t-elle.

Pieds nus, sa robe froissée, ses longs cheveux noirs en pagaille, elle tenta de reprendre contenance. Peut être pourrait-elle jouer sur son apparence pour apitoyer le sénateur... Non. Elle valait mieux que cela. De plus, l'homme était un ancien militaire. Il devait préférer la force, le caractère. Elle ramena ses longs cheveux noirs plus ou moins dans son dos, comme si ce simple geste aurait pu arranger son allure.


- Je vous remercie d'être venue à mon secours. Je me sentais bien seule, dans ce couloir… débuta-t-elle.

Valérion avait pris sur lui d'aider Lana, là où tout les autres calculaient les possibles retombées politiques de sa chute, et s'ils devaient ainsi l'aider ou non. Soit l'artorien était altruiste, soit il était remarquablement vif d'esprit et avait terminé ses calculs plus vites que les autres.

- Cependant, il est bien mesquin de votre part d'utiliser cette excuse pour attirer une jeune dame dans vos quartiers privés, poursuivit-elle d'un ton espiègle, signe qu'elle n'en pensait pas un mot. Je serais venue sur une simple invitation, vous savez.

Il y avait presque un ton de reproche, dans sa voix. Avec son orgueil démesuré, elle avait toujours un peu de mal à avaler qu'aucun des candidats ne l'aient invitée pour s'assurer de son soutien. Signe que sa popularité était tombée très bas...

Assise dans le sofa, elle croisa les jambes et se mit à agiter ses orteils. Elle se rendit vite compte que, pieds nus, tout le monde pouvait le voir, aussi s'efforça-t-elle de bloquer ce petit signe de tension, affichant l'esquisse d'un sourire d'excuse.
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Décidément, la sénatrice de Kuat était réellement aveugle en l'absence de ses lunettes. Valerion n'avait pas pensé à révéler son identité, sentant s'accrocher à son bras une véritable écrevisse! Il fallut s'arrêter en chemin pour permettre à l'Umbarane d'enlever ses chaussures, un talon étant complètement brisé. On continua à pied, loin des regards, fort heureusement... Telkhar avait ramassé la paire fichue, grommelant contre le geste chevaleresque de Valerion : cela ne passerait pas inaperçu. On en dirait du bien comme du mal. Le Snivvien devait également se l'avouer, il n'appréciait guère le regard que portait le sénateur d'Artorias à la Kuati. Telkhar aimait les femmes à groin ou à lekkus... il ne comprenait donc pas l'attrait que pouvait susciter une femme frêle, à la peau diaphane et aux cheveux couleur charbon. Il y avait chez Lana Anthana une attitude typiquement aristocrate que le Snnivvien supportait difficilement. Et depuis quand était-il un porteur de chaussures foutues en l'air? En règle générale, il se méfiait des femmes portant des chaussures à talon.

Valerion n'avait visiblement pas les mêmes réticences que son assistant parlementaire. Il avait offert un bras secourable sur lequel s'appuyer, perdant le soutien du sénateur de Mykr qu'il avait sèchement rabroué. Ce n'était peut-être pas très malin... Cependant, le mal était fait et, calculateur, l'Artorien se dit qu'il compenserait peut-être la voix de Mykr par celle de Kuat, autrement plus intéressante.

On arriva dans les appartements de la délégation artorienne et Valerion aida la sénatrice de Kuat à s'installer dans un confortable canapé. Le salon avait été décoré de façon à être chaleureux. Sans être bariolée, la pièce était colorée. La table basse en bois était entourée de deux fauteuils et du canapé dans lequel l'Umbarane s'était affalée, visiblement exténuée. La décoration des lieux était agréable et apaisante, sans rien avoir de particulier. Artorias n'avait pas les moyens de se payer du luxe tapageur, comme ce pouvait être le cas d'Alderaan ou Kuat. La situation des exilés artoriens sur Aargau était stabilisée mais pas enviable pour autant.

D'une certaine façon, la sénatrice Anthana était très séduisante, Valerion s'en rendit compte avec acuité en la voyant rejeter ses cheveux en arrière, dans un geste très aristocrate. Sa peau était de la couleur du lait, donnant à la kuati une fragilité que son maintien contrebalançait. Le sénateur demanda à Telkhar de s'approcher, lui souffla un mot à l'oreille puis le Snivvien quitta les lieux d'un air réprobateur.

    «C'est tout naturel, dame Anthana. »


Il ne put retenir un sourire, au doux reproche que lui faisait la sénatrice. L’Umbarane avait une attitude typique de la noblesse. Qu’elle soit de Kuat ou d’Artorias, celle-ci ne différait jamais par la certitude de son bon goût. Et ces orteils qui s'agitaient devant lui... La situation semblait pour le moins surréaliste. Il se leva, s'avançant vers un plateau où miroitaient des liquides colorés dans des bouteilles aux noms aguicheurs... Le set parfait du sénateur accueillant. Valerion fit son choix et servit deux verres. Revenant vers Lana Anthana, il lui tendit sa boisson. Elle était bleue, attrayante, pleine de promesses fluides.

    « Du Johrian. Un whisky obtenu à partir de graines colorées... Cela vous remettra de vos émotions. Ne buvez pas tout d'un coup. »


Il trinqua, faisant tinter son verre contre celui de l'Umbarane, et savoura la première lampée. Un alcool froid mais brûlant la gorge, diffusant ensuite une sensation de bien-être dans tout l'abdomen. A cet instant, Telkhar fit son apparition et s'avança vers Valerion, lui donnant une boîte. Le Snivvien hésita mais, sur un geste de l'Artorien, il s'éclipsa. Une fois seul avec son invitée, Valerion ouvrit la boîte, présentant à Lana Anthana une paire de magnifiques chaussures à talon, noires. Elles avaient été à Helena, qui ne les avait presque jamais portées. La défunte épouse du sénateur n’avait jamais pris plaisir à mettre des souliers peu pratiques.

Posant un genou à terre, Valerion sourit et dit avec élégance.

    « Vous permettez? »


Il n'attendit pas la réponse et saisit la cheville de la kuati. La peau diaphane était douce et fraîche. Il saisit une chaussure et d'un geste précis et délicat fit rentrer le pied dans celle-ci. Il pratiqua ensuite la même opération une seconde fois. Ceci fait, Valerion se rassit, contemplant son œuvre, tout en savourant son breuvage.

    « Il semblerait qu'ils vous aillent à merveille, ma chère... A l'évidence, j'aurais du vous inviter plus tôt. Toutefois, reconnaissez que vous n'avez pas brillé par votre présence au Sénat depuis que je suis sénateur... je n'aurais pas manquer de voir dans la Rotonde la lueur que vous apportez aujourd'hui dans ce modeste appartement. »


Ces quelques paroles doucereuses avaient été prononcées sur un ton amusé, séduisant et moqueur. Curieusement, le sénateur Scalia éprouvait une certaine attirance pour cette sénatrice qui lui était subitement tombée dans les bras. Calculatrice aguerrie ou naïve aristocrate, Valerion n'avait pas encore cerné Lana Anthana et entendait bien profiter de cette entrevue pour en défeuiller les différents aspects…
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Un simple mot à l'oreille de son conseiller, et Lana se retrouva bientôt seule avec le sénateur. La jeune femme n'aimait pas le snivvien. Délit de faciès probablement, car il n'avait pas une allure particulièrement avenante... Ou bien était-ce plutôt ce regard méfiant, à la limite du mépris qu'il lui adressait. Certes, il le cachait bien sous un masque de circonstance, mais on ne trompait pas si facilement une umbaranne ! Nerveuse, elle se prit une nouvelle fois à agiter les orteils dans le vide, à la vue de tous. C'était terriblement déconcertant, et Lana se rendit compte qu'elle n'échappait pas aux tics nerveux qui trahissaient les gens en politique. Il faudrait qu'elle travaille sur son self-control, car ceci était juste inacceptable pour une personne dans sa position.

Son attention se concentra à nouveau sur Valérion, alors que celui-ci lui tendait un verre sortit d'une desserte à alcool. Lana considéra un instant le liquide dans son verre, incertaine de ce qu'il pouvait y avoir dedans. Sa vision en ultra-violet l'avait toujours gênée lorsqu'il s'agissait de différencier les couleurs vives qu'affectionnaient tant les humains. Était-ce un simple petit vin inoffensif, ou bien un alcool bien plus fort ? Lana, avec sa frêle constitution et son manque de pratique, ne buvait presque jamais, de crainte de devenir saoule et de perdre ses moyens. Aussi, lorsque Valérion trinqua et porta le verre à ses lèvres, elle en fit de même, sans pour autant laisser le liquide passer ses lèvres closes.


- Merci, c'est très tonifiant,
mentit-elle avec un l'ombre d'un sourire aux lèvres.

Afin que cela passe inaperçu, elle profita de l'interruption du retour du conseiller pour vider une partie de son verre dans le pot de la plante verte la plus proche, sur la petite table basse à côté du son sofa. Si elle faisait mine de boire mais que son verre restait toujours aussi plein, son astuce serait rapidement éventée... Ses deux interlocuteurs ne semblaient rien avoir remarqué. Elle trouvait de toutes manières qu'il était bien tôt pour commencer à boire, surtout pour une petite réunion fortuite comme celle-ci. Cependant, des rumeurs couraient sur le compte de Valérion. De sombres histoires de drogues et d'excès d'alcool. Un possible point faible à exploiter ? Ces histoires étaient-elles seulement vraies ? L'homme semblait particulièrement droit dans ses actions...

De nouveau, ils furent seuls. Il s'agenouilla près d'elle, lui présentant une paire de talons aiguilles. Ceux-ci étaient magnifiques. En satin noir, ils avaient des fines incrustations de nacre sur le talon, dessinant des motifs complexes qui devaient certainement représenter quelque chose. Peut être était-ce les armoiries de la noblesse d'Aargau, ou bien celles plus personnelles de Valérion ? Lana se mit à réfléchir à toute vitesse. Comment cet homme, célibataire aux dernières nouvelles, pouvait avoir une paire de talons aiguilles à fournir ainsi, en quelques minutes seulement ? Bien qu'il soit souriant, la sénatrice pouvait lire une certaine émotion dans les traits de Valérion. Il s'agissait de quelque chose de personnel visiblement.

Il avait une fille. Non, ce ne pouvait être cela. Elle voyait mal Valérion prendre les affaires de sa propre fille pour les donner à la première sénatrice de passage. De plus, Agathe - si ces souvenirs étaient bons - était peut être un peu jeune pour porter des talons aussi hauts. C'étaient des chaussures de dame, pas de demoiselle. Ne restait plus que la défunte femme du sénateur. Ce geste était donc chargé d'une certaine symbolique...

Perdue dans ses pensées, elle n'eut pas le temps de répondre à Valérion que celui-ci passait à l'acte. Qu'aurait-elle pu répondre de toutes façons ? Son premier réflexe aurait été de dire non simple "non", chose qu'elle aurait été tout à fait en droit de répondre. Seulement, cela semblait tenir à cœur au sénateur. Quoiqu'il en soit, un tel geste était bien inhabituel... Au contact des mains chaudes de Valérion, le corps tout entier de la jeune femme se tendit dans un mouvement involontaire. Elle n'était pas habituée à ce qu'on la touche, et encore moins à ce que ce soit un homme. Cela remontait à des années maintenant...

Un peu décontenancée, elle reprit néanmoins ses esprits assez vite pour entendre la dernière tirade du sénateur, qu'on eut put croire tout droit sortit d'une chanson tant elle paraissait ridiculement romanesque. C'en était presque étonnant de la part de quelqu'un réputé pour son caractère direct !


- Flatteur, répliqua-t-elle sur le même ton amusé. Si vous mettiez autant de passion dans vos discussions avec les autres sénateurs, vous auriez déjà remporté cette élection les mains dans les poches, très cher... Quoique certains sénateurs mâles prendraient ce genre de remarques avec un œil dubitatif !

Une nouvelle fois, elle fit mine de boire une gorgée, sans pour autant avaler une seule goutte d'alcool.

- Cependant, vous avez raison, je n'ai guère été présente depuis votre arrivée... Depuis l’avènement des Sith enfaites. cet événement à provoqué un certain tumulte sur Kuat. On avait alors plus besoin de moi là-bas qu'au Sénat, où ma voix se serait perdue dans le tumulte des autres.


Elle fit une pause, faisant tourner l'alcool dans son verre.


- Je ne sais pas comment cela se passe sur Aargau, mais la noblesse Kuati n'a qu'un rôle figuratif. Quand les troubles ont éclatés, j'ai quand même insisté pour avoir ma part de responsabilité, pour faire tout ce que je pouvais afin de rétablir le calme...

Et surtout d'asseoir son pouvoir, avant que d'autres petits nobles ne se liguent et ne tentent de la renverser... Son travail au Sénat nécessitait d'avoir la planète entière qui la soutenait d'un seul bloc, elle devait donc bien se montrer de temps à autre pour rassurer le petit peuple, bien qu'elle ait des choses mille fois plus intéressantes à faire ailleurs !

- Et me voilà ! J'ai suivi du coin de l’œil le début de votre duel contre la sénatrice Kira, et je suis arrivée pour le grand final, comme vous pouvez le voir...

Profitant que Valérion tourne la tête un moment, elle en profita pour vider un peu plus son verre dans le pot de la plante à côté d'elle, telle une enfant se débarrassant de ses légumes discrètement.

- Avant de poursuivre, je tenais à vous remercier pour le sauvetage dans les couloirs et... et pour les chaussures. Je... Peut être ne devrais-je pas vous le demander mais... Elles ont appartenu à votre femme, n'est-ce pas ? Sachez que je comprends toute la portée de votre geste, fit-elle d'une voix douce.

Pour ce dernier point, elle n'en était pas sûr, mais c'était plus ou moins une formulation d'usage. Au moins, sa formation de politicienne lui permettait d'être convaincante
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Décidément... la sénatrice de Kuat tenait étonnamment bien l'alcool. Pourtant, ce n'était pas faute de lui avoir un verre d'une boisson peu corsée. Ce corps si chétif pouvait-il être plus résistant que ce qu'il semblait être en apparence? Quoi qu'il en soit, la liqueur n'avait été présentée à la sénatrice que pour lui permettre de se remettre de la situation scandaleuse dans laquelle elle était tombée. Valerion s'approcha d'un lecteur musical, appuya sur l'écran tactile et une agréable musique vint bercer les oreilles des deux politiciens.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]

Valerion Scalia était un individu aux passions diverses, aimant autant la musique que le sport. La noblesse artorienne dans laquelle il était né avait toujours méprisé les activités sportives. Artorias n'était pas un monde militaire, l'armée y avait toujours été particulièrement réduite et particulièrement passive. Les nobles artoriens n'avaient jamais été particulièrement belliqueux et l'histoire de la planète était assez calme, les guerres avaient été fort rares. L'aristocratie locale avait toujours privilégié les arts et le développement économique de la planète sur toute autre considération. Le pacifisme artorien n'avait rien d'un militantisme, comme sur Alderaan, c'était simplement un état d'esprit développé par la force de l'habitude, de la tranquillité. Après plusieurs siècles de despotisme monarchique, les institutions s'étaient finalement démocratisées. La planète avait conservé une monarchie héréditaire mais dont le pouvoir était principalement de façade. Certes, le Roi - ou la Reine - conservait l'autorité sur les forces militaires, toutefois la quasi-inutilité de ces dernières ne laissant au souverain qu'une action bien limitée. Le Roi agissait avant tout comme un conciliateur, un pacificateur entre les différents partis politiques oeuvrant au sein de la Chambre des Représentants, afin de permettre la mise en place d'un gouvernement. A côté de cette assemblée, se trouvait la Chambre des Pairs, composée de membres éminents de la noblesse et dépourvue de réel pouvoir.

La démocratie artorienne avait bien fonctionné. Dans le nord-ouest de la Bordure Extérieure, Artorias avait été une exception méconnue, une petite planète composée de courants politiques différents, le suffrage universel, une économie robuste, un développement des arts encouragés par une aristocratie ayant perdu son pouvoir... Artorias était autonome du point de vue alimentaire et exportait ses denrées auprès des systèmes planétaires les plus proches. De temps à autre, des touristes venaient profiter du bon climat, des magnifiques et immenses forêts, de l'architecture et des musées, des plages de sable et de l'eau scintillante... Les humains vivaient en harmonie avec les autres races intelligentes de la planète, les Gungans et les Twi'leks principalement.

Evidemment, tout cela n'était plus que souvenir pour le sénateur d'Artorias. La capitale avait été détruite par les flammes, des prestigieux bâtiments il ne restait plus que des murs. Dans leur folie destructrice, les Sith avaient même mis le feu aux forêts, pourtant inoffensives. Des milliers d'hectares étaient partis en fumée. Seul le domaine aquatique avait été épargné.

    « Comment se déroule la politique sur Kuat, ma chère? J'avoue ne pas vraiment connaître la structure politique de la planète que vous représentez. Vos chantiers navals sont, eux, éminemment célèbres! »


Valerion Scalia acheva son verre. Pour lui, ce n'était pas grand-chose. Il avait une bonne descente et surtout un corps autrement plus imposant que celui de son interlocutrice. Le physique ne faisait pas tout, ceci dit.

    « D'ailleurs, peut-être avez-vous eu le temps d'examiner mon programme? Mais la question navale est au coeur de mes préoccupations économiques... Nous devons mettre en branle la machine républicaine pour faire construire, et surtout moderniser et réparer, des vaisseaux dans tous les docks planétaires à notre disposition. Dans cette optique, Kuat a une place stratégique à occuper. »


Une remarque en passant... pas anodine puisqu'elle avait pour but d'attirer l'abeille Anthana vers le pot de miel que lui tendait Valerion.

    « Que pensez-vous donc de la campagne qui se joue maintenant entre ma personne et celle de la Reine d'Onderon? Peut-être avez-vous rencontré dame Kira? Une personne charmante, arrivée depuis peu sur la scène sénatoriale. »


Et voilà, la petite pique toujours bien sympathique... Avec une question directe en plus. Décidément, Valerion Scalia n'était pas du genre à contourner durant des plombes les questions importantes! En réalité, le sénateur d'Artorias était curieux de cerner la position politique de l'umbaranne, pas très claire à ce jour sans mauvais jeu de mots. Mais l'Artorien savait également être plus fin...

    « Ces chaussures ont effectivement appartenu à quelqu'un qui m'était cher... Je vous demanderai de bien vouloir me les restituer, d'ailleurs, une fois que vous n'en aurez plus besoin. Excusez ce ton peut-être un peu cavalier, mais que voulez-vous les sentiments s'attachent parfois à de simples choses... Quant à l'aide que je vous ai apportée, elle est toute naturelle. Il n'aurait guère été galant de vous laisser à la vue ricanante du sénateur de Mykr. »
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