Saphira avait enfin finit par entendre raison. C’était là une bonne nouvelle, et j’étais au final assez satisfait de moi. Je l’avais empêché de foncer droit vers une mort certaine au mieux, la torture infernale au pire. Et à cela venait s’ajouter le fait que j’avais déjoué une attaque à la bombe par la même occasion puisque c’était là le but de ma camarade Jedi. Et pourtant, au fond, la victoire était quelque peu amère. J’avais, au début, pensé pouvoir éviter un conflit entre République et Empire en l’empêchant de perpétrer son forfait. Mais cela avait été sans compter cette explosion qui avait violemment secouée la station quelques temps plus tôt.
 
La situation ne se prêtait plus à la paix, clairement. Et laissant Saphira reprendre ses esprits, je m’étais saisi de mon pad pour envoyer un message à Léonard, que je savais sur la flotte de Chancelier. Un message cours, concis, et plus ou moins précis. « Attaque à Flydon Maxima. Affrontements opposants Républicains et Sith en cours. Situation hors de contrôle. »
Il n’y avait là aucun sentiment, juste un constat. Ce serait à lui de prendre les décisions qu’il adviendrait. Et à ce moment-là, j’ignorais tout de l’attaque sur la flotte du Chancelier.
 
Je m’étais retourné vers Saphira, lui faisant signe de passer devant après lui avoir amicalement montré le chemin. Je ne devais cependant pas la laisser seule, même si je ne remettais nullement en compte sa bonne foi. Il me fallait de nouvelles instructions, savoir où aller. Il me fallait aider, pour tenter de ramener le calme sur la station. Mais ce n’était pas gagné. Des Sith étaient mêlés à cela.. Des Sith. Il me fallait les éviter. Malgré mon retour au Temple et l’aide de Léonard, je n’étais pas encore totalement certain de pouvoir contenir parfaitement le mal qui ne voulait que ronger mon aura de lumière.

Mon pad finit par biper. C’était Léonard. « Bonne chance, padawan, que la Force soit avec toi. »
Quelque chose de simple, comme à son habitude. Cela m’arracha un léger sourire, fugace, alors que je lui répondais à mon tour. « Que la Force soit avec vous également, Maitre. »
 
J’avais finis par relever la tête, voyant Saphira déjà loin devant. Je devais la suivre, et je faisais un pas. Puis un autre. Soudainement, je m’arrêtais, comme si on m’en avait intimé l’ordre. Regarder autour, écouter l’appel soudain de la Force. Ce que nous Jedi définissons comme un pressentiment. Je reculais, oubliant Saphira, me concentrant. Je regardais avec attention le couloir à gauche, avant de finalement entendre un tir de blaster sur ma droite, ainsi qu’un grésillement bien trop particulier.

Je pivotais finalement, pour découvrir ce que je ne voulais point voir : Un Sith. Un Sith en plein affrontement. L’opposante, elle, ne devait être qu’une alliée. La Force me l’intimait. Je devais l’aider.
 
Mon sabre vint de lui-même dans ma main, attiré par cette dernière grâce à l’aide de celle que je considérais comme une amie : la Force.  Je respirais calmement, inspirant et expirant. Je devais rester serein, calme. Ne pas me laisser dominer et ne surtout pas me précipiter. Mon regard se perdit un instant sur un des murs, histoire de voir où je me trouvais et je me saisissais de mon comlink pour alerter le pc sécurité.
 
- Ici le padawan Draayi. Affrontement dans le couloir A24, bloc 11. J’ai besoin de renforts. Immédiatement. Terminé.
 
Je laissais glisser le comlink dans une des poches de ma tunique couleur crème, typique de mon rang, laissant glisser ma  bure sur le sol, pour plus d’aisance. Et sans hésiter, je finis par marcher, accélérant le rythme pour finalement courir, parcourant les cinquante mètres rapidement. Il était là, s’approchant de la Républicaine, visiblement. Sans attendre, arrivant dans les cinq derniers mètres, je faisais un écart en direction d’un des murs, tendant une main en direction du bras armé de mon adversaire pour lui empêcher toute frappe en direction de son opposante.
 
Pour ma part, je faisais un premier saut, léger, pour venir prendre appui sur le mur, afin de me propulser dans les airs en direction du Sith. L’Ataru dans sa forme non pas la plus parfaite mais plutôt bien appliquée. L’attaque, en soi, était typique de l’Ataru. Frappant à hauteur du visage, dans une attaque aérienne, je laissais mon sabre plonger dans sa direction, lui laissant le choix de se faire embrocher ou de se pencher. Je terminais le Swoop du Chauve-Faucon comme il se devait, finissant ma chute côté opposé d’un coup de botte pour finalement me réceptionner entre lui et la républicaine, faisant tournoyer mon sabre avant de me remettre dans la garde typique du Soresu, jambe gauche légèrement en avant, jambe droite de même en arrière, bras gauche plié alors que mon bras armé lui était tendu vers l’arrière, dans le prolongement de mon corps, mon sabre venant dans le sens opposé, plongeant vers l’avant.
 
- Vous êtes en infériorité numérique, Sith. Rebroussez chemin, ou nous nous verrons malencontreusement contraint de vous flanquer en cellule le temps que la situation ne se tasse. Déposez votre arme et rendez-vous. Aucun mauvais traitement ne vous sera apporté le temps de votre incarcération.
 
J'étais on ne peu plus sérieux, même si je me doutais qu'il allait me rire au nez. D'ailleurs, pourquoi ont-ils toujours cela... Mon regard glissa furtivement vers ma nouvelle partenaire, pour constater son état.
 

- Rien de cassé ?

Bizarrement, il n’avait pas ri à ma tirade. J’en fus assez surpris, pour tout dire. C’était, en fait, presque blasant. Cependant, je restais parfaitement droit, froid, et imperturbable. Enfin, en quelque sorte, sa réaction suivante restait prévisible. Quel meilleur moyen que de feinter sa reddition pour frapper ensuite. C’était une technique connue depuis des siècles. Et finalement, je voyais encore une fois l’utilité des cours de Maitre Korphane sur la stratégie militaire. Si bien que, peut-être un peu bêtement, j’avais décidé d’entrer dans le jeu de la feinte, et de baisser, très légèrement, ma garde.

Et bien évidemment, il fit exactement ce que je pensais. Enfin, pas tout à fait. J’avais pressenti l’attaque vicieuse, mais certainement pas sous cette forme. La décharge gicla des mains du Sith et vint heurter ma nouvelle coéquipière, frappant simultanément contre la partie supérieure de mon sabre, qui s‘écarta juste suffisamment pour que le rayon électrique vienne s’écraser sur le bouclier de Force qui désormais m’entourait.

Mais même si le bouclier avait su bloquer la décharge, il ne stoppa pas l’onde de choc causée par la Force, qui nous repoussa la Chiss et moi bien plus en arrière. Et me laissant glisser sur le sol, j’attendais le bon moment pour, d’une impulsion sur mes deux pieds et mon bras gauche, me redresser sur mes pieds d’une pirouette digne d’un acrobate.

Ce fut juste suffisant pour voir débouler le Sith et son coude droit dans ma direction. Pas d’hésitation, pas de précipitation, je laissais la Force me guider, usant de mes appuis solides pour m’incliner sur le côté et ramener ma lame contre la sienne dans un vrombissement suivit d’un crépitement intense. Et le temps de nous retrouver dos à dos, ayant bien évidement pivoter par la suite pour rompre le contact des lames, j’eu juste le temps d’entendre sa remarque à mon sujet, puis de répondre dans la foulée avant de rompre le dos à dos :

- Vous feriez mieux de trouver autre chose… Sith. L’obscurité.. n’est pas la solution pour vous vaincre….

Je reculais d’un pas pour éviter toute contre-attaque de sa part, mais aussi pour juger de ma prochaine action.
Il avait parlé de ma noirceur. Etait-ce du bluff, le traditionnel monologue Sith visant à nous déstabiliser, nous Jedi ? Ou bien avait-il vraiment ressenti les effets que ce poison avait sur moi ? Sacrée Shaar-lâ, même aujourd’hui encore tu continuais à me hanter. Pourtant, j’avais réussi à repousser cette noirceur dans une sorte de zone de quarantaine, pour autant que je médite régulièrement. Léonard, mon maitre, avait grandement aidé en apaisant l’obscur. Et du coup, malgré les dires de l’apprentie de la Dame Noire, j’étais sur la bonne pente pour peut-être un jour m’en débarrasser à jamais.

Mais je n’avais point le temps de partir dans une réflexion sur ma personne. Et une fois de plus, mon alliée la Force me rappelait où j’étais. Dans un couloir jonché de cadavres au beau milieu d’une station assiégée, à combattre un Sith bien plus expérimenté que moi. Si le Conseil avait ne serait-ce qu’une seconde songé à faire de cette mission une de mes Epreuves, il ne devait surement pas avoir prévu que la situation dégénère à ce point pour la République, l’Ordre, et du coup pour moi.

Et alors que mon nouvel « ami » fondait sur ma coéquipière Chiss qui semblait un peu perdue au milieu de tout ça, je profitais de la plus grosse erreur qu’il aurait pu faire : me tourner le dos. Et sans attendre, j’arrivais derrière lui, le frappant d’un coup de botte pour l’écarter de la Chiss. Suffisamment pour attraper cette dernière par la main, je laissais glisser mon comlink dans cette dernière avant de finir par lui désigner un endroit mieux protégé.

- Restez à l’abri, une équipe de sécurité ne devrait plus tarder. Utilisez ma fréquence pour connaitre leur position !

De tout ce temps, une dizaine de secondes tout au plus, je n’avais pas quitté le Sith des yeux. Mieux encore, j’étais revenu au contact. La première passe m’avait prouvé, à juste titre peut-être, que j’étais plus agile et vif que lui. A moi de mener le combat donc, pour espérer m’en sortir victorieux. Ainsi donc, nous échangeâmes plusieurs coups, entre attaques et parades, me fiant à la Force pour m’aider dans ma tâche.

Je n’étais pas fou. Dans un combat, que mon adversaire soit un Sith, un autre Padawan ou tout simplement un dulon –c‘est à dire un adversaire imaginaire créé de toute pièce par mon esprit- je n’allais certainement pas faire usage du Makashi ou du Shien. Car c’était là des techniques de combat au sabre que je ne maîtrisais pas du tout. Et puis, je n’étais pas quelqu’un disposant d’une force et d’une condition physique impressionnante.
Non. Lorsque j’étais parti à l’offensive, j’étais parti d’une posture offensive pour mener notre danse au travers de la Voie de l’Agression.

Mon premier coup, s’il fut porté en hauteur, dans une volonté d’abattre ma lame sur son crâne, pouvait être troublant. Mais immédiatement après sa parade, je pivotais avec grâce sur le côté, me courbant en avant pour ramener ma lame à l’horizontale, de haut en bas pour chasser son sabre et me permettre de me frayer un chemin dans son dos. Je basais tous mes mouvements sur le jeu de jambes Su Ma de l’Ataru. J’esquivais ainsi sa parade d’un léger saut en arrière, avant de ramener ma lame dans un crépitement caractéristique contre la sienne. Le temps pour moi de me décaler sur le côté et d’user légèrement de la Force pour prendre appui sur un mur et m’élancer par-dessus sa tête à l’aide d’un En Su Ma, pour retomber de l’autre côté, ne manquant pas de sabrer au passage pour le forcer à parer. Mes coups n’étaient pas violents, mais simplement vifs et légers. Face à un tel adversaire, combattre à l’aide de la force brute était inefficace. Il fallait se montrer astucieux pour passer sa garde. Retombant sur mes pieds, j’inclinais mon buste en arrière pour parer sa riposte, me laissant partir dans un Ton Su Ma pour garder une distance respectable entre lui et moi, pour revenir à l’attaque à l’aide du troisième mouvement Su Ma, le Jung. Je me laissais tournoyer, l’incitant à faire de même pour pouvoir parer habilement. C’était là une danse agréable à voir pour des regards extérieurs, mais qui pouvait se révéler meurtrière pour tous les deux. Adieu pour lui le Soresu et le Djem So. Je le forçais à bouger.

C’était peut-être là une erreur en plus d’être un avantage. Cela m’ouvrait plus d’ouverture, mais venait de transformer un adversaire qui semblait dépassé en un combattant redoutable. J’avais pu discerner de nombreuses failles chez le Sith. Des erreurs de jugement et de garde que j’aurais pu exploiter si cet être trompeur ne s’était pas joué de moi en se montrant moins doué et habile qu’il ne l’était réellement.

En fait, on aurait dit que j’avais à faire à une vielle connaissance, mais bien plus âgée : Gruu, celui qui s’était désigné comme mon rival alors que je n’étais qu’un initié de onze ans. À l’époque, j’étais bien plus impulsif que maintenant. Et le combat d’entrainement se faisait avec des lames non létales, les yeux bandés, dans une salle circulaire avec un sol jonché d’objets pour nous forcer à nous plonger dans la Force pour nous déplacer, frapper, et désarmer notre adversaire. Et Gruu était doué lorsqu’il s‘agissait de tromper son adversaire, de se montrer en déca de ce qu’il était réellement. Sans parler de ses piques assassines visant à me déstabiliser, à m’agacer. Il m’avait même avoué qu’il ferait tout pour m’empêcher de devenir Padawan. Et au final, j’étais proche de devenir Chevalier, et lui passait ses journées à arracher des patates sur Bandomeer.

Mais ce temps-là, le temps de l’impulsivité et de l’agacement était révolu. Maintenant, j’étais quelqu’un de bien différent. Gruu n’aurait eu aucune chance s’il se retrouvait face à moi avec le désir de me vaincre. Ce n’était pas là de l’arrogance, mais une simple question de données. Il n’avait su me vaincre que grâce à mon côté impulsif. Mais à présent, j’étais serein. Ses paroles ne m’atteignaient plus, et malgré cette obscurité qui traînait en moi, je semblais et j’étais bien loin de me laisser submerger. Mieux, imperturbable, je restais concentré sur mon adversaire, son jeu de bras et de jambes, sur mon environnement. Et s’il devait m’arriver de perdre, ce serait parce que l’ennemi était tout simplement plus fort.

Les minutes s’étaient égrenées, et aucun de nous deux ne semblait prêt à flancher. C’est alors que le Sith prit l’initiative de l’attaque, dans le style acrobatique de l’Ataru, me forçant à rester dans le même style, mais moins acrobatique. Il tournoyait, et je tournoyais aussi, reculant, puis avançant. Puis reculant à nouveau. Je ne devais surtout pas utiliser le Soresu pour dresser une garde impénétrable, car je me retrouverais dépasser devant tant d’attaques aériennes, vives et rapides. Au final, je me devais de reculer, le Sith dévoilant un style de combat assez original et archaïque qui dérogeait à toutes les formes, ou plutôt, qui s’appuyait sur toutes ces formes. De telles attaques, répétées, finissaient par entraver mes mouvements, me forçant presque à utiliser toutes mes réserves concernant le Soresu, qui était tout de même le style que j’appréhendais le mieux, devant la Voie de l’Agression elle-même. Le Sith frappait vivement, et avec force, ce qui me forçait à reculer malgré une garde plutôt habile. Mais lorsqu’il coupla cela à la Force, je me retrouvai vite à devoir subir les coups, à la recherche d’une faille me permettant de reprendre le dessus. Mais en attendant, l’adversaire s’épuisait, exactement comme me l’avait expliqué Maitre Vulnik à une époque.
Il te faut attendre en attendant que l’ennemi s’épuise m’avait-il dit. Mais hélas, cela ne semblait pas suffisant. Il ne tomberait pas éreinté dans l’immédiat.

Et finalement, après plusieurs coups qui semblèrent hésitants, et un coup plus brutal de mon adversaire, je vis mon sabre de glisser des mains, la lame se dérobant. Pour ma part, je me laissais tomber en arrière pour ne pas recevoir un retour de lame qui me serait fatal. Je me réceptionnais ainsi sur le dos, la lame de mon adversaire venant me tenir en respect alors que je reculais légèrement en rampant sur le dos, avant de m’immobiliser. Il était inutile de courir contre le sort. Pas de cette façon en tout cas. Et puis, il n’allait pas me tuer et ainsi plonger l’Empire et la République dans la guerre ?

Ses paroles me firent vite comprendre que c’était la fin, si je ne trouvais pas une solution immédiate. Mon sabre n’était pas loin, et mine de rien, j’étais pris d’un haut-le-cœur à l’idée de devoir rejoindre la Force.


La Force ne te délaissera pas. Elle est constante. Elle ne peut disparaître et sera toujours là pour toi, Joclad.


Les paroles de Maitre Herambra me vinrent soudainement à l’esprit, alors que le Sith allait abattre sa lame pour en finir. La Force... Pourquoi n’y avais-je pas songé plus tôt ?

Sans hésiter, je tendais un bras dans sa direction. Un tel geste aurait pu s’apparenter à une certaine demande de pitié de la part du Sith. Mais il n’en était rien. Le courant mystique vint me transcender immédiatement, s’immisçant autour de mon bras. Et le résultat fut immédiat. La lame de l’adversaire se rétracta soudainement, suite à mon action du Surtension visant à griller sa cellule énergétique. Yeux clos, à la fois pour me concentrer et pour m’apaiser, je donnais un violent double coup de pied dans les tibias du Sith avant de profiter de l’impulsion pour rouler en arrière et attirer mon sabre, dont la lame d’un bleu turquoise jaillit presque immédiatement au contact de la garde avec ma main.

- Je ne crois pas que ce temps soit venu, Sith.

Jambe droite tendue, l’autre pliée, je partais d’une position d’écart unilatéral pour fondre sur le Sith, sabre devant, balançant une vague télékinétique pour déstabiliser l’adversaire alors que j’entendais au loin les bruits de pas d’un escadron de sécurité de la République. Le but n’était pas de le tuer, mais de le neutraliser. À condition qu’il se laisse faire...

Spoiler:

J’avais gardé ma lame tendue dans sa direction, pointée juste sous son menton. Je ne devais surtout pas baisser ma garde, et encore moins le sous-estimer. Car un être sensible à la Force, entrainé à s’en servir, n’était jamais désarmé tant qu’il n’en était pas séparé. Aussi, je ne prêtais d’abord pas attention aux soldats, qui n’avaient pas tardé à former un cercle autour de nous, ces derniers mettant en joue le Sith. Et même là, je n’avais pas esquissé le moindre mouvement.

Pour tout dire, je ne savais pas quoi faire à présent. Je l’avais à ma merci, et malgré ce que les Sith m’avaient fait subir, je ne ressentais rien. Aucune haine, aucune colère. Absolument rien. Pour être sûr qu’il n’essaye pas de profiter de mon point faible, j’avais cloisonné et verrouillé cette partie-là de mon esprit, mes émotions. C’était assez, drastique comme solution, mais c’était la seule que j’avais trouvé à cet instant.

J’avais ensuite écouté le chef de section ordonné au Sith de se mettre à genoux. Ce devait être là la procédure standard au sein des forces armées. Mais je n’étais pas un militaire. Donc je ne fis rien pour le contredire, suivant du bout de ma lame le mouvement du Sith qui s’exécutait. C’était assez étonnant. Sans doute avait-il réalisé que c’était terminé. Ou alors…

La Force… Son appel soudain m’avait alors fait écarter ma lame, alors qu’une de mes mains était venue jusqu’à ma tempe pour la masser. La douleur fut brève, et je fus alors soudainement pris par un mauvais pressentiment. Si bien que je n’avais pas tout de suite remarqué le manège du Sith.
Mais les vibrations brutales vinrent vite éclairer cette alerte de la Force. Le Sith se jouait de nous. Il n’y avait plus de temps à discuter. Je devais faire ce qui était à faire pour protéger la vie de toutes ces personnes. Et la mienne par la même occasion.

- Mettez-vous à l’abri !

Sans attendre alors que le Sith se relevait, les soldats obtempérèrent ; Pour ma part, je m’apprêtais à mettre un terme à une vie, celle du Sith. Mais il était trop tard. Je sentais son appel à la Force, et la Force qui lui répondait. Et sans attendre, je fis de même, dressant une intense barrière invisible qui fut presque instantanément frappé par une puissante onde de choc. Si bien que je fus écarté à l’autre bout de la pièce, au milieu des soldats qui se faisaient déchiqueter jusqu’à heurter avec violence le sol. Si loin que le Sith m’oublia sans doute bien vite, trop occupé à déchaîner toute sa puissance. Le choc, à ma retombée, fut suffisamment brutal pour me sonner quelques instants. Le temps que le Sith finisse son office…

« Alerte ! Dépressurisation détectée ! …. Alerte ! Fermeture des sas de sécurité ! »

Je me relevais péniblement alors que des gerbes d’étincelles jaillissaient de presque toutes les conduites de puissance. Les murs étaient calcinés, comme si un puissant champ d’énergie avait échauffé toute la pièce. Le sol était jonché de débris en tout genre, mais aussi des restes de cadavres des militaires du commando. Quel gâchis… J’aurais dû prévoir le coup et neutraliser le Sith d’un coup de garde de mon sabre. De quoi le tenir tranquille. Et alors que je grimaçais, je constatais alors une fente dans la baie vitrée. Elle n’était pas large et donc l’air s’y échappait certes, mais pas à une vitesse effrénée. On devait sortir de là, vite..

« Alerte ! Personnels biologiques détectés ! … Ouverture automatique des portes, activation des champs de force de sécurité. »

Cette voix métallique s’échappait des haut-parleurs de la pièce. Surement le système de gestion automatique de la station, qui devait s’activer dans ce genre d’urgence. Mais immédiatement, les portes s’ouvrirent à nouveau et un champ de force vint recouvrir la brèche, mettant un terme à la fuite d’air.
Mon regard se dirigea alors vers l’autre extrémité… Le Sith était là. Mon sabre revint immédiatement dans ma main, et la lame bleutée en émergea un vrombissement si particulier, qui lui était propre. Mais on n’était plus seule. Et celle que j’avais identifiée comme une Républicaine, engoncée dans son armure, sembler avoir repris du poil de la bête et se tenait dans le dos du Sith.

Quant à la suite… Cela semblait assez surréaliste. Je pouvais ressentir l’odeur de brûlé qui flottait dans l’air alors que je m’approchais. La soldate, elle, se saisit d’un militaire mort et… non, c’était juste inimaginable. Comment pouvait-on faire preuve de tant d’indifférence devant des morts… Je pensais qu’ils méritaient le respect et elle.. Elle l’avait simplement démembrée pour le lancer sur notre adversaire commun à la manière d’un poids. Et maintenant, elle voulait le battre à mort…

Non. Cela devenait n’importe quoi. Je devais intervenir. Et finissant ma « course », j’arrivais à leur portée à tout deux. Sans attendre, je tirais la soldate à l’écart du Sith, avant de faire tournoyer mon sabre pour me mettre en garde, me méfiant de l'adepte de l'obscurité et ne le quittant pas des yeux. J’étais très proche de lui, à moins de deux mètres. Il était temps que cela finisse. Et mes premières paroles furent adressées à la militaire, le reste au Sith, sur un ton détaché :

- Restez derrière-moi, et surtout, plus de choses dans ce genre, d’accord ? Quand à vous, Sith, rendez-vous. La flotte de la République est en route et ne devrait plus tarder à présent ; Votre tentative à échouée, c’est terminé.

Se croyait-il assez puissant pour nous annihiler tous les deux, la Chiss et moi ? Pensait-il pouvoir encore l’emporter alors qu’il ne pouvait compter que sur la Force ? Bien évidemment qu’il le pouvait, mais sa façon d’agir allait le mener à sa perte. J’en avais le pressentiment, et les faits semblaient aller dans le sens de ma pensée. Je lui avais neutralisé son sabre via la Surtension de Force, le rendant inopérant pour une durée qui m’était incapable de préciser. Peut-être devrait-il changer la cellule d’énergie ? Peut-être l’avais-je complètement grillée ?
Personnellement, je n’y croyais pas. Ma connaissance de ce pouvoir était assez avancée, certes, mais je ne pensais pas détenir la capacité de rendre inopérant un objet que j’avais à peine sondé au préalable, que je ne connaissais ni la structure interne, ni l’organisation des différents composants. Certes les sabres sont en général conçus sur le même schéma : la cellule énergétique située à la base inférieure du cristal, lui-même situé en dessous du radiateur –dont le but est de dissiper l’énergie- qui, à son tour, se trouve sous l’émetteur dont jaillit la lame.

Et c’est ainsi que je gardais cette dite lame tendue en direction du menton de mon adversaire, le tenant en respect, empêchant ainsi tout mouvement dans notre direction. S’il voulait attaquer, la charge serait synonyme d’une mise à mort rapide. Un acte que j’étais prêt à effectuer, pour préserver la vie des innocents présents sur cette station. Je n’en tirerais aucun plaisir, aucun bénéfice personnel à l’éliminer. Mais si c’était là la seule solution pour neutraliser la menace, alors j’agirais de la sorte.
Mais les Sith sont certes en général arrogants, égocentriques, impatient et surtout violent, ce n’est pas pour autant qu’ils sont stupides. En réalité, ils sont même plutôt malins et fins dans leurs raisonnements. C’est ainsi que l’adepte de l’Obscur ne chargea pas.

Au lieu de cela, je sentis l’appel de la Force. Le Sith était haineux à notre égard, et surement plus envers moi que contre la Sith. Et je pouvais ressentir cette puissance qui happait la Force pour l’utiliser à sa guise. Des arcs électriques ne tardèrent pas à courir le long des avant-bras et des mains de notre adversaire. Ma réaction fut donc rapide. Ainsi tendue, ma lame était incapable de porter un coup sans qu’il l’esquive. Donc, d’un mouvement ample du bras, je l’écartais sur le côté, avant de la rabattre avec vivacité de manière oblique, avançant simultanément d’un pas pour être sûr de l’atteindre.
Enfin ça, c’était ce que j’avais prévu. Mais c’était sans compter sur l’intervention de la Chiss qui, mine de rien, m’avait peut-être épargné une longue souffrance causée par le flot électrique qui s’échappa des mains du Sith. Je sentis une force m’éjecter sur le côté, ma lame frappant donc dans le vide. Et alors que mon dos touchait le sol, et que mon corps commençait sa glissade le long d’un petit mètre, je regardais avec une certaine angoisse le flot de pure énergie frapper ma coéquipière, puis l’entourer. Ainsi engoncée dans son armure, elle était protégée. Ce n’était que temporaire, c’était évident. Mais cela devait surement suffire pour qu’elle mette à exécution un plan d’urgence qui venait sans doute de germer dans son esprit.

Secouant la tête, me redressant pour venir apporter mon soutien à la Chiss, je la regardais fuser tel une roquette en direction du Chiss, qu’elle heurta sans ménagement, le propulsant contre la porte semi-blindée qui séparait la salle du couloir adjacent. Le reste se passa tellement vite qu’il fut compliqué pour moi de tout comprendre. Il y eut juste une légère détonation, puis ma coéquipière se transforma soudainement en brasier. Et pourtant elle continuait de frapper alors que je me saisissais de mon comlink qu’elle avait manqué d’écraser sous le poids de son armure.
Un rapide coup d’œil donné au coin supérieur de la porte suffit à me repérer alors que je me dirigeais déjà à grande foulée vers l’affrontement.

- Ici le Padawan Draayi, faites verrouiller les accès menant au sous-secteur D-7 !

Y-a-t-il eu une réponse ? Je l’ignorais. J’avais déjà rivé mon esprit sur l’affrontement, et la manière à laquelle j’allais tenter de le régler. Mon comlink glissait dans ma poche alors que je devais choisir entre bondir sur le Sith, ou agir différemment. La Chiss était à genoux, ayant entrainé notre adversaire avec elle dans sa chute tandis que le système anti-incendie de la station se déclenchait subitement, nous inondant sous un flot du précieux liquide qu’est l’eau.

- Alerte ! Incendie détecté dans le secteur D-7 ! Personnels détectés, mise en alerte des unités de sécurité !

Bon, au moins, si mon message n’avait pas atteint sa destination, celui du système automatique de la station devait surement déjà s’affiché sur toutes les consoles des bureaux de sécurités. Ma collègue était clairement mal en point, et le Sith devait être dans un état équivalent. Entre les flammes et les éclairs qui les avaient cerclés durant ces quelques minutes, leurs corps devaient être essoufflés, voir meurtris. D’ailleurs, l’armure de la Chiss était en morceaux, et l’être engoncé dedans à bout de souffle. Je devais mettre un terme au combat, maintenant. Et cela sans tuer froidement le Sith qui pouvait très bien être sans défense.
Et alors que le flot d’éclairs s’estompait et que les flammes étaient étouffées par le système anti-incendie, j’agissais. Une simple pression sur le bouton d’ouverture fit coulisser la porte donnant dans ce que je pensais être un couloir mais qui était en réalité une autre salle, avec plusieurs issues qui semblaient condamnées. L’était-elle vraiment ? Je l’ignorais. Et sans attendre, je poussais avec force, du pied, le Sith à l’intérieur, avant qu’il ne reprenne ses esprits pour se jeter sur moi. Et aussi rapidement, je refermais la porte.

Ignorant pendant quelques secondes encore la Chiss, j’usais de mon sabre pour détruire les contrôles de commande de notre côté, afin de ralentir notre adversaire, si ce dernier avait eu l’idée de s’attaquer à nouveau à nous. Et personnellement, je pensais qu’il chercherait à fuir. Toute la sécurité de la zone qui n’était pas occupée devait converger vers nous. Il serait bien vite encerclé et forcé de se rendre. A condition qu’ils aient reçus mon message et qu’ils aient condamnés les issues. Mais ça, rien n’était certain.

- Voilà qui devrait au mieux l’enfermer le temps qu’on le neutralise, et au pire, qui devrait le retenir suffisamment longtemps.

Pas une seconde j’avais pensé au fait que son sabre pouvait de nouveau fonctionner. A aucun moment j’avais pensé qu’il lui suffirait de faire un trou dans la porte pour nous attaquer ou s’enfuir.
Et finalement, je venais me poster à côté de la Chiss. Elle semblait mal en point. Son armure était en morceaux et elle était clairement allée au-delà de ses capacités. Forçant un peu, je la tirais avec peine contre le mur adjacent. Puis, calmement, sans gestes brusques, je lui retirais son casque. Mon sabre, lui, était retourné s’accrocher à la ceinture qui maintenait ma tunique quelque peu déchirée en place.

- Vous m’entendez ? Si oui, restez calme, c’est terminé. Enfin je crois. « Ne bougez pas, je vais essayer de soulager votre douleur. »

Je n’avais pas de médipack. Et mes connaissances sommaires dans la Guérison de Force, étaient adaptées pour le corps humain. Mon mentor, Léonard, m’avait éclairé sur son usage. Mais auparavant, je e m’en était quasiment jamais servis, si ce n’est pour guérir une coupure ou quelque chose de très léger. Il était donc évident que je ne soignerais pas toutes ses blessures d’un claquement de doigt. Me concentrant, fermant les yeux, j’apposais une main sur le front de la Chiss. Je ne cherchais pas à soigner les blessures, juste à calmer la douleur. Je sentais la Force au bout de mes mains, mais est-ce que cela fonctionnait ? Bonne question, je n’en étais pas tout à fait sûr. Et puis, j’étais également concentré sur nos alentours. Le Sith, lui, pouvait revenir à la charge…