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La carrière politique de Thelenys Avaïane avait pour le moins démarré du mauvais pied. Arrivée en grande pompe sur Coruscant, il y avait maintenant près de sept mois, elle y avait passé en tout et pour tout 3 jours avant de devoir repartir précipitamment sur Wroona. Une séance d'accueil avec le Ministre Rejliidic, sa présentation au Sénat et une rencontre rapide avec le Chancelier étaient les seuls faits d'arme de sa fraîche carrière. 




Ces sept mois, elle les avait plutôt employés à  désamorcé une crise politique majeure sur Wroona. Les Selesnya, toujours eux, famille la plus influente de la guilde centro-médiane de Wroona et principaux soutiens de Thelenys, gargariser par le succès du départ de leur protégée pour Coruscant, s'étaient piqués de prendre l'ascendant sur le Conseil des Guildes en montant contre le Grand Marchand une cabale destinée à amener sa démission pour ensuite manipuler les autres marchands, soit par achat, soit par pression, soit par chantage pour faire du chef de famille des Selesnya le nouveau Grand Marchand. Afin de s'assurer une impunité totale et garder leurs actions à l'échelle planétaire, les Selesnya s'employèrent à couper les canaux de communication entre Wroona et les autres planètes de la République. Intriguée par l'isolement étrange du nouveau système membre de la République, le Sénat intima à Thelenys de rentrer sur Wroona pour régler le problème. 




Furieuse d'être déjà pointée du doigt par le Sénat pour un manquement aux conditions de la République, Thelenys repartit pour Wroona et dut faire face à un véritable blocus. Tous les astroports de Wroona étaient fermés. Heureusement, sa fonction de sénatrice lui permit de rejoindre Orhzov sans encombre. Là, elle fut confrontée à une véritable guerre civile. Les guildes de Simic, Rakdos et Boros avaient en partie déjoué les intentions de la guilde centro-médiane et, s'ils n'avaient pas pu empêcher la démission du Grand Marchand, ils avaient cependant pu contrer les aspiration des Selesnya. 




Persuadés que Thelenys leur apporteraient tout son soutien, les Selesnya l'accueillirent à bras ouvert et insistèrent pour qu'elle rencontre les guildes rebelles pour les convaincre de se plier aux volontés de la guilde centro-médiane. Peu envieuse de bouleverser l'équilibre de sa planète, Thelenys n'en était pas moins soumise à la pression des Selesnya et surtout de son père qui se sentait très redevable envers eux. Aussi accepta-t-elle de rencontrer les guildes dites rebelles. Mais Thelenys avait son plan. Elle avait compris que Wroona devait retrouver une paix ou du moins une stabilité relative pour pouvoir reprendre au plus vite son rôle de sénatrice sur Coruscant. Mais bouleverser l'équilibre pluri-séculaire du Conseil des Guildes au profit des Selesnya risquait de créer une période de troubles profonds qui pourrait durer des années voir même des décennies. Thelenys décida donc de rétablir au plus vite, et sans mécontenter les Selesnya, la situation initiale qui avait toujours satisfait la population wroonienne. 




Malgré la grande détresse des guildes rebelles et la position avantageuse des Selesnya, Thelenys qui servit de messagère entre les deux camps, masqua délibérément la situation auprès des Selesnya en leur prétendant que les guildes rebelles avaient bien plus de ressources que ce qu'ils s'imaginaient et qu'une confrontation directe serait d'une issue très indécise. Échaudés par ces nouvelles et craignant de perdre tout ce qu'ils possédaient, les Selesnya acceptèrent de traiter avec les guildes opposantes et le Conseil des Guildes fut maintenu dans son fonctionnement, avec interdiction pour un Selesnya d'accéder à la fonction de Grand Marchand pendant 10 ans. 


Après ces négociations épineuses, Thelenys obtint la levée du blocus ainsi que le rétablissement des communications avec le reste de la galaxie. Les nouvelle des sept derniers mois lui arrivèrent de plein fouet, comme une immense gifle. Artorias, une planète de la bordure extérieure avait été attaquée par une flotte Sith, confrontant la galaxie entière à la réapparition du plus puissant danger qu'elle avait jamais rencontré. Thelenys apprit aussi la défaite des troupes républicaines ainsi que la capture du Chancelier Arnor. Alarmée par la situation et préoccupée par le fait qu'e temps de guerre, le commerce et surtout le commerce aussi futile que celui des produits de luxe et d'oeuvres d'art pâtissait affreusement de la situation, elle reprit sans plus perdre de temps le chemin de Coruscant pour assister aux séances du Sénat et tenter de protéger les routes commerciales vers Wroona en rétablissant une situation de paix relative. 


Désormais dans les couloirs du Sénat galactique, Thelenys était anxieuse et ne savait trop comment faire pour prendre les débats en cours et y avoir assez de poids, ignorante qu'elle étit de nombreux aspects de la situation. Elle aurait bien cherché à s'informer auprès de Ragda Rejliidic, son unique contact parmi les sénateurs mais ce dernier ne pouvait la recevoir dans l'immédiat et à dire vrai, Thelenys ne savait pas s'il serait de bon ton pour elle de le rencontrer compte tenu des rumeurs qui courraient à son sujet sur son rôle lors de l'attaque d'Artorias et de la capitulation de la République.


Aussi, par réflexe futile, elle s'était employée à faire bonne impression et avait revêtu, pour son retour au Sénat, sa plus belle (et aussi sa plus sulfureuse) robe de drap de dentelle d'or dont les reflets métalliques s'accordaient si bien à ses yeux safrans. Des rubis et des émeraudes incrustaient son corsage et soulignaient le décolleté provoquant qui mourrait dans sa ceinture, dévoilant son ventre et le creux de sa poitrine aux regards avides de certaines créatures de sexe masculin. Fendue jusqu'à la ceinture, dévoilant tout de sa jambe droite, sa robe ondulait derrière elle en une courte traîne gracieuse tandis que son visage à la coiffure savamment incrustée d'améthyste et d'héliodore était cerné d'une immense collerette de dentelle d'or également. 


Alors qu'elle s’apprêtait à rejoindre sa tribune, sa délégation composée d'elle même et de deux gardes du corps Wrooniens croisèrent celle de Lord Côme Janos, le sénateur d'Aargau. Machinalement, Thelenys s'arrêta pour le laisser passer, Aargau étant au Sénat depuis plus longtemps que Wroona et étant une planète plus importante. De plus, Lord Janos avait un aspect intimidant et une réputation redoutable. Une mécanisation des deux tiers de son corps en avait fait un cyborg et on prétendait que l'un de ses yeux, robotisé, lui servait fort judicieusement pour quantité de choses mais Thelenys ne savait pas vraiment ou se situait le vrai du faux dans tous les bruits de palais qui bruissaient à son sujet. Lorsqu'il passa devant elle, il lui jeta un regard que Thelenys jugea vide d'expression mais que d'autres auraient juger comme un exploit. Elle avait réussi à détourner le regard du sénateur cyborg. Lorsque son regard croisa le sien, Thelenys inclina légèrement la tête dans un salut qu'elle voulut respectueux mais pas reconnaissant d'une certaine soumission. 
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«Alors, mon cher Shadley ? Qu'en pensez-vous ?»

La voix du Lord avait résonné à travers la Rotonde déserte, l'avait empli de toutes ses forces, parcouru les nacelles une à une pour laisser derrière elle un écho terrifiant.

«Il n'y a pas à dire, sénateur : c'est bien mieux en vrai. Plus grand, plus impressionnant. Ce n'est pas rien, que de parler devant une assemblée aussi grande, non ?»

Lord Janos était installé dans son siège de cuir rouge, au cœur de la nacelle d'Aargau. À ses côtés, se tenait Shadley, son tout nouveau suppléant. Cet homme avait largement montré ses compétences en tant que directeur de la Commission de rédaction et de diffusion des discours politiques, textes et programme du Parti. Son idée de s'associer avec Rastka Kae avait fait ses preuves : d'après les sondages livrés par Galactic Holonews et le Nieb Numb Show, l'adhésion de la classe populaire à Cosmos montait progressivement. Un bon présage pour les affaires à venir, donc. Le sénateur avait par conséquent décidé de récompenser le jeune Shadley en le faisant nommer suppléant au sein de sa délégation sénatoriale. L'homme saurait se montrer à la hauteur : c'était un habile politicien, toujours en proie à des idées neuves et des programmes ambitieux... tout ce que Janos aimait.

Aussi avait-il invité son nouveau suppléant au Sénat pour lui faire découvrir les lieux, alors que ceux-ci étaient déserts.

«En effet, seuls les plus charismatiques peuvent se permettre de prendre la parole...»

Il trouva soudain une certaine délectation dans le calme qui régnait sur l'assemblée déserte. Il se leva, s'étira, emplit ses poumons artificiels de cette fraîcheur non moins artificielle que projetaient les gigantesques ventilateurs sur le lieu.

«Mais cessez de me parler de discours politiques et autres tribulations, voulez-vous ! Appréciez plutôt ce silence. Cet incomparable silence. Si la Rotonde pouvait toujours être ainsi, immobile et harmonieuse, sans politicien zélé, sans propos enflammés, sans querelle d'intérêts... Oui... Cet endroit retrouverait peut-être de la valeur à mes yeux...»

Shadley esquissa un petit sourire qui, bien que teinté d'une légère touche d'ironie, demeurait courtois.

«Si vous désirez diriger, sénateur, ce sera sur des hommes que vous dirigerez, par sur des meubles.»

La remarque frisait l'impertinence, mais Janos ne pouvait décemment réfuter une remarque qui, hélas, cent fois hélas, avait le mérite d'être juste.

«Certes...», se contenta-t-il de répondre. «Mais foin de contemplation ! Repartons plutôt dans nos quartiers : je vais vous montrer le bureau que je vous ai fait aménager.»

Tout en se levant, le suppléant plissa malicieusement les yeux.

«Un bureau, sénateur ? Dans votre suite privée ?»

Janos quitta sa nacelle en empruntant la porte métallique située en retrait, suivi de près par Shadley.

«Vous m'avez bien compris : un bureau. J'ai profité de votre nomination pour décider que, désormais, tout suppléant prendra part aux décisions du sénateur. Ceci étant dit, vous savez que cette suite n'a rien de privé : toute la vie publique de Cosmos s'y concentre.»

Les deux hommes se retrouvèrent dans le luxueux couloir de la Rotonde, bordé de baies vitrées d'où la fixité du regard était sans cesse perturbée par les nuées chaotiques de vaisseaux qui fourmillaient entre les immenses gratte-ciel de la Capitale.

«Eh beh... J'en suis honoré, sénateur. Sincèrement...»

Tout en discutant, ils croisèrent la route d'une élégante jeune femme à la peau de couleur bleue, suivie de deux gardes du corps. Janos tourna la tête en sa direction. Il fut surpris de constater qu'elle se rangea sur le côté pour le laisser passer : était-ce une forme de courtoisie propre à un peuple lointain, ou la preuve que de plus en plus de personnes respectaient le Lord ? Pour tenter d'en savoir plus, l'œil artificiel s'adonna à une identification physiognomique de la demoiselle, et en livra diverses informations qui s'inscrivirent sur la face interne de sa rétine, à l'insu de tous.


• NOM : Avaïane.

• PRÉNOM : Thelenys.

• RACE : Wroonian.

• ÂGE : 58 ans.

• FONCTION : Sénatrice de Wroonia.

• STATUT : Aucun.


Puis défilèrent une série d'informations sur les récents évènements politiques de sa planète, que Janos ne lut pas, car il en avait déjà eu connaissance par le biais de la presse. Une bien drôle de carrière que celle-ci, d'ailleurs : à peine arrivée sur Coruscant, cette sénatrice avait dû retourner sur son monde natal pour régler les prémisses d'une véritable guerre civile ; de là, elle s'était retrouvée privée de tout contact.

Malgré sa posture d'humilité, cette femme - qui n'était pas si jeune finalement ; question de race - soutint le regard du sénateur, avec une sorte d'effronterie étrangement sereine. Une personne de caractère, donc... Une qualité que Janos appréciait, en réalité, pourvu que cette disposition ne se muât pas en un manque de respect et ne laissât pas le chaos s'immiscer dans les relations individuelles.

En revanche, il critiqua intérieurement l'aspect hybristique de sa tenue : cette personne exhibait beaucoup trop la grâce que l'Ordre naturel lui avait offert. Bien sûr, ce charme ne troubla nullement Lord Janos, qui avait toujours vécu dans l'abstinence, autant dans sa vie de Jedi que de politicien. Mais il était clair que toutes les créatures de sexe masculin ne fonctionnaient pas ainsi : combien s'abandonnaient au chaos de leurs appétits bas ? D'ailleurs, Shadley lui-même ne savait y résister, vu la ligne de mire que poursuivait son regard.


«Mademoiselle Avaïane, bonjour.», déclara-t-il, soucieux de respecter le protocole et de lier de nouvelles relations. «Je vous souhaite une bienvenue sur Coruscant, sénatrice. J'ai eu vent des problèmes politiques qui ont fait souffler un vent chaotique sur Wroonia, et je me réjouis que vous ayez su avec succès remettre les choses en ordre.»

Le Lord prit avec tendresse la main droite de Mademoiselle Avaïane et s'adonna à un élégant baise-main, de ces pratiques que son ascendance aristocratique lui avaient transmises et dont il s'était imprégné jusque dans ses gènes.

«Et voici mon suppléant, Lars Shadley.

«Sénatrice, c'est un honneur...»

Janos fut soudain intrigué par une nouvelle information qui défila sous ses yeux - ou plutôt dans son œil.


... A rencontré R. R. lors de son arrivée sur Corusc. R. R. = seul sénateur qu'elle connaît, à part H. A.

Diable ! Ce malfrat de Rejliidic ! Le seul politicien qu'elle eût fréquenté ! Il était temps de corriger la piètre image qu'elle devait avoir de la République, dans ce cas. Et au plus vite !

«Mais j'imagine que vous devez à peine revenir sur Coruscant, Mademoiselle Avaïane. Puis-je par hasard vous être utile en quelque chose ?»

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Mieux que la simple attention du Lord Sénateur, Thelenys attira carrément sa parole. Après un coup d'oeil assez appuyé sur sa personne comme s'il la scannait des pieds à la tête, ce qui lui déplut légèrement, il adopta une mine affable, ou du moins le plus affable que pouvait l'être ce visage dur et partiellement robotisé. Il s'adressa elle d'un ton gracieux et policé : 

- Mademoiselle Avaïane, bonjour.

Et lui prenant délicatement la main, il y fait un baise-main, geste de haute courtoisie humaine que Thelenys avait consciencieusement étudié lors de sa jeunesse sur Wroona et de sa formation de Sénatrice. Thelenys crut bon lui être agréable en lui répondant par un élément de protocole humain. Aussi lui fit-elle une gracieuce et impeccable révérence. 

- Lord Sénateur  , ajouta-t-elle dans un souffle en inclinant la tête. 

Ceci tira un sourire au Lord Sénateur. 

- Je vous souhaite une bienvenue sur Coruscant, sénatrice.

- Je vous en remercie beaucoup, Excellence, rétorqua Thelenys après s'être redressée, ce qui du haut de son mètre 92 agrémenté d'une haute coiffure et d'une collerette, la faisait imposante. 

Le Lord Sénateur poursuivi, toujours sur le même ton affable. 

- J'ai eu vent des problèmes politiques qui ont fait souffler un vent chaotique sur Wroona, et je me réjouis que vous ayez su avec succès remettre les choses en ordre.
Thelenys eut un petit sourire pincé, comme le sont ceux des personnes gênées qu'on les flatte de leur succès. En réalité, c'était surtout parce qu'elle aurait préféré éviter ce sujet qu'elle considérait comme humiliant car elle avait peur qu'aux yeux de la République, ces luttes intestines, capitales pour Wroona, paraissent absolument insignifiante à l'échelle galactique et ne soient vues que comme une perte de temps et une marque de faiblesse dans la capacité de gouvernement de Wroona. Heureusement, bien présenté, cet épisode pouvoit la mettre en valeur comme celle qui avait désamorcé une crise planétaire majeure et rétabli l'ordre. Elle se tira de ce sujet de conversation par une petite galipette de conversation dont elle avait le secret. 
- Il est normal que les systèmes nouvellement accueillis au sein de la République prouvent leur volonté de bien faire. Wroona ne fait pas exception et somme toute, ce problème n'était qu'une futilité bien triviale à l'échelle de la République. 

Thelenys savait surtout que de manière très pragmatique, c'était Wroona qui avait quelque chose à attendre de la République et non pas l'inverse et que Wroona ne gagnait pas à se laisser aller à des crises internes. La République n'intervenait que sur les planètes qui avaient un intérêt important pour elle. Mais pour celle comme Wroona, spécialisée dans un commerce aussi futile que celui des objets d'art et de luxe, il faudrait attendre longtemps avant que la République ressente le manque de robes de haute couture, d'instruments de musique et de bijoux. On s'en passe aisément quand on le veut et un plan B est toujours très commodément trouvé... Thelenys s'était donc attachée à étouffer le plus vite possible cette crise afin que Wroona n'en pâtisse pas. 


Le Lord Sénateur s'écarta ensuite et présenta l'homme qui l'accompagnait, avec un large geste du bras.

- Et voici mon suppléant, Lars Shadley.

Thelenys inclina à nouveau la tête mais sans révérence pour marquer la différence hiérarchique et ainsi mettre en abîme la politesse particulière dont elle avait fait preuve envers Lord Janos. 

- Sénatrice, c'est un honneur...

- Monsieur Shadley...

Mais Lord Janos devait penser lui aussi que son suppléant était, pour le moment du moins, quantité négligeable car il repris la parole sans plus se soucier de lui. 

- Mais j'imagine que vous devez à peine revenir sur Coruscant, Mademoiselle Avaïane. Puis-je par hasard vous être utile en quelque chose ?

Thelenys se senti flattée d'avoir retenu l'attention d'un sénateur aussi influent que Lord Jamos mais elle savait aussi que le monde de la politique était un vrai vivier de requins et qu'une main n'était jamais tendue sans que cela soit payer de retour, vos amis de la veille devenant facilement vos ennemis du lendemain. Toutefois, trop de prudence tuait les opportunités et Lord Janos lui en offrait une qui ne risquait pas de se faire payer de retour, si ce n'est par une franche courtoisie. Avec un charmant sourire, elle lui demanda : 

- Je ne voudrais pas abuser de votre temps, Excellence. Mais si toutefois vous aviez quelques minutes à m'accorder, j'apprécierais grandement que vous me fassiez part de ce qui s'est dit et décidé au cours des dernières séances du Sénat galactique. Je ne voudrais pas que mon absence soit synonyme d'ignorance des affaires en cours.

Elle croisa sagement ses mains sur le devant de sa robe, attendant la réponse du Lord Sénateur. 
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À cette requête, Janos s'inclina respectueusement.

«Je vous en prie, Mademoiselle Avaïane, ne discutons pas de tout ceci dans un couloir. Laissez-moi plutôt vous inviter au restaurant du Sénat. Nous converserons humblement autour d'une tasse de thé.»

Aussitôt dit, aussitôt fait. Tous se rendirent dans ledit restaurant, un espace luxueux qui offrait une vue imprenable sur la capitale. Pour une fois, Janos s'en tint à sa propre promesse : il ne but aucune goutte de whisky ou autre liqueur. De fait, ses derniers contrôles médicaux avaient été désastreux : il avait dû faire l'objet d'une nouvelle greffe de foie artificiel, le précédent étant trop endommagé par l'alcool. Non seulement cet incident avait bouleversé son emploi du temps pour 76 heures 12 minutes - ce qui en soit est intolérable -, mais surtout, la chose lui avait mis la puce à l'oreille : il était temps d'ordonner davantage ses mœurs, et d'en évacuer les dernières traces de plaisir et de mondanité qui avaient réussi à survivre jusque là à son impitoyable philosophie. Ce fut donc une tasse de naris bud à la main qu'il s'adressa à son interlocutrice :

«Pour parler franchement, la conjoncture n'est pas très bonne. Le traité de paix proposé par l'Empire a semé en vent de discorde dans la Rotonde : au nom d'un repli stratégique, les uns jugent qu'il faut l'accepter ; mais les autres s'y refusent, dans l'idée qu'il est intolérable que l'on ampute la République de trente systèmes. Même si Aargau se trouve au cœur du Noyau, je fais partie de ces derniers : de quoi aurons-nous l'air si nous acceptons d'offrir sur un plateau trente planètes qui nous sont fidèles, dans la seule intention de préserver le centre ? Mais ce n'est que mon opinion, bien entendu. Je vous laisse en juger...»

Il s'interrompit, adressant un léger coup d'œil aux gardes du corps. Voilà qui avait du style, tout de même ! Se présenter au Sénat encadré par deux militaires ! Oui, le Lord aurait volontiers imité sa collègue, s'il n'était pas certain que ses opposants auraient utilisé ce prétexte pour le taxer de fascisme. Preuve qu'accolé à deux entités politiques différentes, le même symbole peut prendre aux yeux d'autrui des connotations littéralement différentes...

«Du reste, la répartition de l'échiquier est en pleine évolution. Les soutiens traditionnels d'Halussius Arnor ont marqué leur loyauté à ce dernier lors des négociations, mais depuis, la Rotonde connaît d'importants bouleversements. D'une part, Ragda Rejliidic a fondé la Ligue des Mondes Périphériques, un rassemblement de systèmes aux frontières de la République. Il y a fort à croire que la réputation du Ministre du Trésor soit encore assez vivace pour qu'il se permette de fonder des partis politiques. Enfin... Ce que je crains surtout, c'est que ce mouvement ne dessine une césure au Sénat. Bientôt, j'en suis certain, les mondes du Noyau se coaliseront à leur tour, et aucun problème ne sera résolu.»

Pour être le principal acteur du discrédit jeté sur le Hutt, Janos avait préféré demeurer allusif sur le sujet, sans pour autant manquer de l'évoquer. Quoi qu'il en fût, ce diagnostic assez pessimiste paraissait le plus apte à décrire brièvement la situation.

«Pour ma part, je suis désireux de tisser une Harmonie entre le centre et les périphéries. J'ai, comme qui dirait, une certaine idée de la République. Je considère que celle-ci est un tout indissociable et indivisible : aussi ai-je d'emblée proposée à la L.M.P. des accords économiques visant à renforcer les contacts entre le Noyau et la Bordure Extérieure. Dans la même dynamique, j'ai accepté de faire d'Aargau le monde-hôte des réfugiés artoriens. Ces derniers mois ont été occupés à faire construire des logements et à accueillir des millions de personnes sur mon sol.»

Le sénateur avait prononcé ces mots sans complaisance ni auto-glorification : le ton adopté était celui d'un exposé purement mécanique des faits.

«Je vous parle de tout ceci, car l'accueil des Artoriens sur Aargau a fait l'objet d'un important coup médiatique. Lisez tous les holo-journaux : vous y retrouverez ces mêmes informations. Je n'ai rien fait pour, d'ailleurs ; mais vous connaissez la presse...»
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La politesse très étudiée de Thelenys fit apparemment son petit effet sur le Lord Sénateur qui s'inclina respectueusement en lui répondant. 

-Je vous en prie, Mademoiselle Avaïane, ne discutons pas de tout ceci dans un couloir. Laissez-moi plutôt vous inviter au restaurant du Sénat. Nous converserons humblement autour d'une tasse de thé.

Et fort galamment, il lui proposa son bras pour l'emmener eu restaurant galactique. Avec un sourire, Thelenys posa sa main baguée de pierres précieuses sur le bras de Lord Janos et, sa traîne ondulant derrière elle, elle rejoignit le restaurant où le Lord et elle-même s'attablèrent à une petite table à l'écart des autres, juste devant une immense baie vitrée qui donnait une vue imprenable sur Coruscant. Lord Janos commanda une théière de Naris Bud et en servit une tasse à sa comparse. Tandis que Lord Janos versait le thé, Thelenys fit signe à ses gardes du corps de s'attabler discrètement à l'écart pour ne pas attirer l'attention. Après avoir jeté un rapide coup d'oeil aux deux wrooniens, Lord Janos avala une gorgée de sa tasse avec satisfaction puis pris la parole. 

- Pour parler franchement, la conjoncture n'est pas très bonne. Le traité de paix proposé par l'Empire a semé un vent de discorde dans la Rotonde : au nom d'un repli stratégique, les uns jugent qu'il faut l'accepter ; mais les autres s'y refusent, dans l'idée qu'il est intolérable que l'on ampute la République de trente systèmes. Même si Aargau se trouve au cœur du Noyau, je fais partie de ces derniers : de quoi aurons-nous l'air si nous acceptons d'offrir sur un plateau trente planètes qui nous sont fidèles, dans la seule intention de préserver le centre ? Mais ce n'est que mon opinion, bien entendu. Je vous laisse en juger...

Thelenys reposa sa tasse. Janos cherchait déjà à sonder ses intentions. Elle devait être prudente dans sa réponse. 

- Une situation de guerre n'est jamais profitable à quiconque car elle bouleverse l'équilibre parfois fragile des choses, des relations diplomatiques comme du commerce. 

Thelenys ne mentait ainsi pas mais répondait d'une manière on ne peut plus évasive. Partisane de la paix, elle l'était, et elle l'était à n'importe quel prix ou de préférence à celui qui la rétablirait au plus vite car personne ne faisait prospérer le commerce de luxe en temps de guerre quoi que dans ce cas présent, il faudrait voir si la cession des trente planètes aux Siths allait modifier l'aire d'influence commerciale de Wroona ou si au contraire, ces derniers seraient ouverts au maintient des routes commerciales... Elle en était là de ses réflexions lorsque Lord Janos reprit. 

- Du reste, la répartition de l'échiquier est en pleine évolution. Les soutiens traditionnels d'Halussius Arnor ont marqué leur loyauté à ce dernier lors des négociations, mais depuis, la Rotonde connaît d'importants bouleversements. D'une part, Ragda Rejliidic a fondé la Ligue des Mondes Périphériques, un rassemblement de systèmes aux frontières de la République. Il y a fort à croire que la réputation du Ministre du Trésor soit encore assez vivace pour qu'il se permette de fonder des partis politiques. Enfin... 

Ah oui, la fameuse Ligue des Mondes Périphériques... Thelenys en avait entendu parlé, encore un nouveau pion sur l'échiquier qu'elle devait analyser afin de savoir si de ce côté aussi, Wroona avait des intérêts à tirer ou au contraire des dommages à attendre. Elle en parlerait avec Rejliidic lors de leur rendez-vous le soir-même. 

- Ce que je crains surtout, c'est que ce mouvement ne dessine une césure au Sénat. Bientôt, j'en suis certain, les mondes du Noyau se coaliseront à leur tour, et aucun problème ne sera résolu.

Thelenys ne partageait pas entièrement l'avis de lord Janos à cet égard. Elle savait, en bonne commerciale, qu'une multiplication des interlocuteurs officiels pouvait créer une situation de concurrence fort opportune à qui savait y louvoyer. Mais il était effectivement bien plus commode de revenir à une situation onnue plutôt que de se lancer au hasard de nouvelles tractations, avec tous les risques que cela comportait. Lord Janos poursuivit.  

- Pour ma part, je suis désireux de tisser une Harmonie entre le centre et les périphéries. J'ai, comme qui dirait, une certaine idée de la République. Je considère que celle-ci est un tout indissociable et indivisible : aussi ai-je d'emblée proposée à la L.M.P. des accords économiques visant à renforcer les contacts entre le Noyau et la Bordure Extérieure. 

Ah, voila qui était intéressant. Thelenys aurait peut-être l'occasion de tirer son épingle du jeu dans les négociations en question. Il serait peut-être intéressant de proposer ses services dans la signature de ces accords commerciaux. 

- Dans la même dynamique, j'ai accepté de faire d'Aargau le monde-hôte des réfugiés artoriens. Ces derniers mois ont été occupés à faire construire des logements et à accueillir des millions de personnes sur mon sol.

Lord Janos marqua un temps d'arrêt puis comme s'il justifiait ses propos, il ajouta : 

- Je vous parle de tout ceci, car l'accueil des Artoriens sur Aargau a fait l'objet d'un important coup médiatique. Lisez tous les holo-journaux : vous y retrouverez ces mêmes informations. Je n'ai rien fait pour, d'ailleurs ; mais vous connaissez la presse...

Thelenys avait effectivement eu vent de cet accueil providentiel des Artoriens exilés fuyant les Siths et accueillis sur Aargau. Et même si il se défendait d'avoir fait quelque chose pour, Lord Janos n'en était pas moins devenu le sauveur miséricordieux de centaines d'Artoriens trouvant refuge sur la planète du Lord cyborg. Un coup de maître puisque sa réputation grimpait en flèche tant parmi les partisans d'un conflit ouvert avec les Siths que parmi les plus complaisants. L'humanitaire séduit toujours. Thelenys prit le parti d'essayer de se rendre agréable au Sénateur pour tirer son épingle du jeu. Mais Thelenys était bien décidée à tirer son épingle du jeu et à essayer d'entrer dans la danse. Elle flairait de bonnes affaires potentielles pour sa planète et si Lord Janos arrivait à jouer la carte d l'altruisme de manière suffisamment convaincante, il n'y avait pas de raison qu'elle n'y arrive pas non plus...

- C'est très noble de votre part Excellence. Et je dois avouer que cette situation me peine et m'afflige tout autant que vous. Peut-être pourrais-je vous proposer mes services afin de vous aider dans vos négociations économiques avec la L.M.P? Mon système n'est peut-être pas directement concerné puisqu'il se situe dans la bordure intérieure mais il n'en sera que plus désintéressé et impartial pour appuyer les décisions les plus à même de favoriser les liens entre les planètes su noyau et celles de la bordure extérieure, qu'en pensez-vous? 
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Janos fut pour le peu intrigué par la proposition de la sénatrice. À quoi jouait-elle vraiment ? Tout semblait indiquer qu'elle désirait incarner les arbitres entre le Noyau et la Ligue des Mondes Périphériques. Fondamentalement, le Lord n'y voyait aucune objection : la position de Wroona dans la cartographie justifiait tout à fait une telle posture. Mais le rôle de l'intermédiaire n'était pas évident à assumer : ce devait être la meilleure manière de se brûler les ailes et, sous prétexte de rassembler des alliés autour de soi, de ne s'attirer que des ennemis. Bien sûr, il était hors de question de tenir un tel discours à son interlocutrice.

«Ma foi, j'accepterais volontiers votre présence à ces accords.», déclara-t-il poliment en portant la tasse brûlante à ses lèvres. «Ce pourrait en effet constituer un symbole fort : une parfaite cohésion entre les différents membres de la République... Voilà qui ne donnera que plus de poids à la philosophie sous-jacente à ces accords économique. D'autant que Wroona est spécialisée dans le commerce d'objets de luxe, si je ne m'abuse...»

Cette information, il la tirait encore des données que lui affichait son œil artificiel. À vrai dire, Janos ne connaissait que peu de choses sur cette planète. Mais en politique, il faut savoir ruser.

«Bien sûr, il faudra négocier votre présence auprès de la L.M.P. Aargau n'est qu'un simple investisseur, rien de plus. Les systèmes à vraiment bénéficier de tout ceci sont ceux de la Bordure Extérieure ; et il n'est pas impossible qu'ils aient des objections...»

Tout en parlant, une idée surgit dans l'esprit de Janos. Des objets de luxe... Mais oui ! Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ?

«Soit dit en passant, il est un autre point sur lequel nous pourrions nous entendre, tous deux...», dit-il d'un air moins détaché et avec une complicité toute nouvelle dans la conversation. «En ce moment, je m'attache à mettre au point un projet d'une certaine ampleur : je compte inaugurer bientôt un Musée des Arts et Cultures ici-même, sur Coruscant. C'est d'ailleurs dans ce cadre que je me suis associé à Rastka Kae - vous savez ? la célèbre actrice. Quoi qu'en prétendent les mauvaises langues, tout ceci fait partie d'un programme culturel à vaste échelle. En l'occurrence, l'équipe que j'ai engagée à ces fins a déjà réussi à rassembler un immense nombre d'œuvres, mais malheureusement, la plupart sont issues du Noyau. Seriez-vous intéressée par me prêter des joyaux de la civilisation wroonienne pour certaines expositions temporaires ? À bien y songer, il serait même possible d'organiser une exposition spécialement consacrée à votre culture, avec votre accord, bien entendu. Politiquement, ce geste montrerai à tous les sceptiques l'intégration de votre monde dans la République. Et plus largement, je suis certain que votre peuple pourrait en intéresser plus d'un, n'est-ce pas ?»

Décidément, Janos ne regrettait pas d'avoir un jour eu l'idée de ce Musée, en contemplant par hasard les objets d'art que lui avait légué son bisaïeul. Voilà qui pourrait s'avérer utile, à l'avenir. Très utile...
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