Saï Don
Saï Don
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Ce ne fut qu’à la vue de cette sphère verte que Saï réalisa. Le masque de torture Sith lui avait des jours durant ôté tout souffle d’espoir, toute connexion avec les siens autant qu’avec ses idéaux. Le retirer aurait dû être une bouffée d’air frais, mais cela ne l’avait conduit qu’à étouffer sous une avalanche d’informations contradictoires. Comme si après avoir fermé les yeux pendant des semaines, il s’était attendu à être capable de revoir le monde tel qu’il l’avait quitté, mais que son cerveau n’était plus capable de faire la mise au point, de transformer ce flot de couleurs diffus en une image précise… ni y donner du sens.

Mais cette sphère couleur de jade… C’était Ondéron. Voilà une chose qu’il reconnaissait et tout à coup, à l’approche de la planète, il savait qu’il allait pouvoir reprendre le contrôle de sa vie. Il était temps.



***


Avant même de pénétrer dans la salle du Conseil, Saï avait demandé au Chevalier qui faisait l’intendance de réunir tous les Maîtres Jedi présents au Temple, et de les faire venir à la Chambre. Les autres pourraient peut-être être contactés en holo pour assister à cette séance spéciale à distance.
Cette fois, pas de retour en fanfare, et encore moins de retrouvailles heureuses telles qu’ils les avaient connues après sa précédente absence. Le teint pâle et fatigué, les yeux enfoncés dans leurs orbites, il était entré parmi les sages avec, il l’espérait, toute la dignité qu’il lui restait. Ils avaient peu discuté. Saï avait pourtant beaucoup de choses à raconter, mais il ne souhaitait pas recommencer son récit plusieurs fois. Les autres membres du Conseil avaient approuvé sa décision de réunir les Maîtres Jedi du Temple, car l’heure était délicate, et l’on ne pouvait ni laisser les Jedi dans l’ignorance, ni ne pas prendre en compte un risque terrifiant : les choix du Chancelier Arnor pouvaient diviser l’Ordre : fallait-il ou non faire la paix avec des Sith ?

Lorsque les premiers Maîtres accoururent à la Chambre du Conseil, le vieillard s’était assis dans le siège qui était le sien, et il était redevenu Maître Don, membre du Conseil… Bien que la lueur de ses yeux bleus, auparavant pétillante, se fut éteinte dans un masque de plâtre usé pour seul visage.

- Maîtres, toutes les personnes que j’ai pu contacter sont présentes.


Le vieillard acquiesça pour répondre au Chevalier, qui se retira ensuite en silence.
Une quinzaine de Maîtres étaient présents en plus des membres du Conseil. Une petite poignée n’était présente que sous forme holographique, mais tous étaient attentifs. Il manquait des personnes importantes, bien sûr. Trop occupés en mission, probablement… Ou au centre médical. Ou disparus depuis Artorias, tout simplement. Le vieil homme se leva enfin doucement, et embrassa l’Assemblée du regard. Il avait réfléchi à ce qu’il allait leur dire, mais soudain tous les mots s’échappaient. Il allait falloir laisser tomber ses talents d’orateur, et parler comme il le pouvait.

- Chers Maîtres,
commença-t-il, mais sa voix était enrouée, et il dut déglutir avant de poursuivre. Les Sith ont relâché leurs prisonniers Jedi, comme vous le savez. J’étais parmi eux. Nos padawans et certains de nos Chevaliers ont été torturés, mais ils sont en vie. Nous sommes en vie, parce que le Chancelier Halussius Arnor, notre confrère, est parvenu à un accord avec Darth Ynnitach.

Enfin, ils étaient sûrs de pouvoir avancer un nom. Cela semblait prouver que cet Empire Sith existait bien. Il échappait à Saï comment ils avaient pu laisser faire ça, ne pas même se rendre compte de sa lente ascension. Avaient-ils été si obsédés par leur légitimation auprès de la République ? S’étaient-ils oubliés dans la contemplation de leurs problèmes internes ? Il était trop tard pour se fustiger, de toute façon. Il fallait aller de l’avant.

- Je ne connais pas encore le détail de ce qu’a dû concéder le Chancelier pour obtenir notre libération et l’arrêt des hostilités. J’ai l’intime conviction que cela n’a pas dû être gratuit, comme vous vous en doutez. Mais je ne vous ai pas réuni ici pour vous parler de ce qui s’est passé, mais plutôt de ce que nous allons devoir faire.


Maître Don les regarda tour à tour, conscient que tout ceci n’était pas habituel : le Conseil prenait ses décisions à huis clos, généralement. Mais la situation était un peu particulière, et l’unité de l’Ordre comptait énormément pour lui. C’était le passeport pour la survie de leur institution.

- Je crains qu’au-delà des souffrances infligées par ce combat, il ne résulte en bien des désaccords au sein de notre Ordre. Je sais que certains d’entre vous ne sont pas prêts à faire la paix avec un Empire Sith, tout autant que je sais que certains ne sont pas prêts à sacrifier de nouvelles vies alors qu’une solution pacifique est sur le point d’être trouvées. La stratégie des Sith est pourtant très fine : en jouant les pacifistes, ils mettent à mal notre rôle dans cette galaxie, en posant la question de notre légitimité en dehors de la République galactique.

De nouveau, le vieillard laissa aux Maîtres le temps de réfléchir, de formuler en pensée leurs craintes, leurs désirs et leurs opinions.

- C’est pourquoi il va nous falloir tomber d’accord sur la conduite à tenir ces prochains mois : devons-nous ou non soutenir la République, devons-nous ou non continuer à combattre les Sith de cet Empire… C’est votre avis que je demande, et la raison pour laquelle j’ai pris l’initiative de vous faire venir à une séance spéciale du Conseil. Quant à mon opinion à moi…

Hé bien, elle était compliquée. Et confuse en raison des derniers évènements qui avaient touché les Jedi faits prisonniers par Darth Ynnitach. Les humiliations, la souffrance.

- Sous leurs apparences et les discours pacifistes de l’Impératrice, je voudrais que nous n’oubliions pas les actes barbares commis. Au-delà de l’idéologie de servir le côté obscur, la violence qu’ils ont infligé au peuple Artorien se répètera probablement. Nous n’avons pas à décider des gouvernements, mais je pense qu’il est notre rôle d’empêcher les injustices sanglantes et les mondes dévastés. Pour autant, je pense également qu’il nous faudra respecter les décisions de la République, même si elles ne nous plaisent pas. Car nous devons rester unis avec elle… Pour les idéaux communs que nous défendons. Ce que je vous propose… Serait donc d’agir sur les deux fronts. Nous dédoubler. Soutenir la République, mais surveiller de près les Sith malgré la paix demandée. Respecter les engagements du Chancelier Arnor, mais défendre les frontières.


Et peut-être même agir de manière insidieuse à l’intérieur du territoire Sith. Mais ceci était autre chose. Il y aurait les Ombres pour cela…

- En apparence désuni, l’Ordre Jedi passera pour faible aux yeux de l’Empire. Mais ils se tromperont, car nous serons unis dans notre combat… le combat de la justice pour les uns, celui de la paix pour les autres. Pour la même finalité.  


Il leur faudrait passer au-dessus de leurs différends. Ceux entre les Jedi et leur Conseil, ceux entre les Jedi et la République, parfois même ceux avec les Sith. Était-il toujours légitime de les éliminer ? Saï retenait son jugement, malgré sa conviction que Darth Ynnitach n’existait pas pour le meilleur de cette galaxie. Mais elle révèlera sa vraie nature à la République, un jour ou un autre. Et là, les Jedi seraient préparés pour se battre enfin. En attendant, puisqu’elle jouait les pacifistes, ils seraient bien obligés de faire semblant eux aussi.

Maître Don, le regard dur mais attentif, attendait les avis de chacun. Et surtout, il souhaitait savoir qui était en faveur de la paix et qui était en faveur du combat.

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Alycius accueilli le retour de maître Don avec un simple hochement de tête. Un coin de ses lèvres se plissa en un léger sourire, à peine visible mais qui voulait tout dire. Le maître Jedi était heureux de revoir ce vieil humain qu'il respectait malgré sa race différente. De toutes manières, Alycius avait fini par l'apprendre, dans ce monde sans Nazzar c'était lui l'étranger, et vu qu'il n'aimait pas les siens non plus, il lui fallait bien s'assoir sur sa Xénophobie, peu prononcée par chance. Maître Don était un excellent chef de Conseil, l'équidé n'était pas déçu en le voyant présentement reprendre le flambeau malgré les tortures subies. Lui-même revenait d'une mission éprouvante après avoir tenté en vain de libérer un autre chevalier. Si la première avait échoué, le maître revenait victorieux de la seconde qui lui avait pourtant volé ses forces. Pour autant il avait mis un point d'honneur à répondre à l'appel de Saï, vêtu de son éternelle tenue traditionnelle, propre et tirée à quatre épingles. 

-Maître Don -Fit-il en inclinant gracieusement la tête face au vétéran, restant ainsi quelques secondes pour mieux marquer son respect et sa joie de le retrouver parmi eux malgré son air rigide voir carrément distant. Cela fait il salua également tous les autres présents, veillant à respecter le protocole à la perfection.- Maîtres

Peu de fois, le maître avait eu l'occasion de se retrouver en chambre du conseil, ne siégeant pas en ces lieux. Aussi était-il un peu impressionné bien qu'il n'en laisse rien paraître alors qu'il se dirigeait vers la place qu'on lui avait assigné. Ce que l'on pouvait remarquer en revanche, c'était ses deux oreilles pointées vers le vétéran, son cou légèrement arqué sur lequel reposait sa longue crinière blanche et ses yeux sombres plus perçants que jamais. Pas un seul frémissement de trop n'osait agiter sa puissante encolure et ses mains demeuraient immobiles, épousant le siège qui lui avait été gracieusement prêté pour une fois. Aucun doute, le jeune équidé n'écoutait pas les paroles de Saï, il les buvait. Lorsque vint son tour de s'exprimer, le Nazzar réfléchit un long moment, il détestait s'exprimer, autant économiser sa salive et surtout se préserver d'une quelconque ânerie -sans mauvais jeu de mots- devant les autres maîtres du Conseil.

-Je suis d'accord avec maître Don pour surveiller les Siths tout en paraissant bien neutres. Cela dit je proposerai s'il est possible d'aller encore plus loin... Et de déposer ses mandats contre certains d'entre eux. Non pas en tant que Siths, mais citoyens criminels, en prenant des faits isolés limpides. Si nous avons plusieurs témoignages ainsi que des preuves, pourquoi laisser un meurtrier en liberté sous couvert de la paix ? Leur "vocation" ne doit pas excuser leur défiance envers la loi. Quant aux autres Siths, comme preuve de bonne foi dans leur désir d'intégrer une société en paix devraient accepter de coopérer. Leur masque devra être maintenu, et cela nous permet de continuer notre travail de gardiens de la paix. Nous ne pouvons laisser ces crimes impunis, ce serait la porte ouverte à une recrudescence de délinquance de toutes parts et le sentiment d'une injustice croissante pour les citoyens qui, eux, doivent assumer les conséquences de leurs actes. Pour ma part, je pense qu'il faut pousser les Siths dans leur retranchement, et s'il s'offusquent, alors tout le monde verra que leur volonté de paix n'est qu'un masque.

Pousser autrui à la faute tout en restant dans son bon droit, voilà ce que souhaitait l'équidé prêt à en découdre. S'il avait mit tant de temps à vaincre ses préjugés sur les autres races, ce n'était certainement pas pour se montrer tolérant dès le prime abord avec des criminels. Les Siths mentaient clairement à ses yeux, raison de plus pour ne ne pas les laisser en paix sous prétexte qu'ils se disaient pacifistes. Il devait y avoir des exemples, et la République devrait bien suivre, ce serait comme la mise aux arrêts de criminels isolés. Bien sûr, tout cela paraissait trop simple et le maître Jedi s'attendait à bien des oppositions, pour autant cela ne l'empêcherait pas de se taire, car s'il parlait peu, Alycius n'avait pas pour habitude de voiler ses pensées profondes. L'ordre devait régner en phase avec la justice. Confiant, Alycius attendit l'intervention des personnes présentes. On pouvait le contredire qu'il écouterait les propos de chacun-non sans ponctuer mentalement leurs dires d'un "ahhh ces twi''lek"- et y songerait fermement. La situation dépassait le contentement d'un individu à avoir raison, il fallait voir au-delà et demeurer unis.
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    Coruscant, quartier industriel 19-57, plateforme d’atterissage couverte 24.

    Sosltice sortait de son vaisseau, quand le droide d'intendance l'arrêta. Elle avait profité d'un "jour de congé" pour rendre ses rapports et faire en sorte que ses propres fiches soient à jour. Il était parfois délicat d'interprêter un rôle comme le sien, et valait mieux parfois savoir où l'on mettait les pieds. Les bases de données des Jedi, et surtout celles des Ombres, étaient alors bien souvent utiles. Mais quand son fidèle compagnon mécanique lui expliqua le motif de tous ses bips frénétiques, l'Ombre déclara :

    -"Va ouvrir la communication. Et affiche une console tactile holographique dans la pièce ayant accès à la base de données centrale."

    Et sans un mot de plus, elle s'engouffra à nouveau dans son vaisseau, remontant la rampe et se dirigeant vers le centre névralgique du vaisseau.

    Onderon, Chambre du Conseil

    C'est un hologramme qui apparut dans la salle du Conseil, un hologramme qui serait semblable en tout presque à d'autres, si d'autres Ombres venaient à répondre à l'appel. C'était l'un des nombreux protocoles de sécurité que cette branche de l'Ordre avait un jour mis en place. Une forme commune, au visage assombri, afin de protéger l'identité de l'Ombre un maximum. Seul moyen de vérification, autant que pour reconnaitre qui est qui dans ce genre de situation exceptionnelle, chaque Ombre avait un signe distinctif. Un signe qui permettrait à leur "dirigeant" de les reconnaître. Pour Solstice, c'était une plume. Ou plutôt une boucle d'oreille en forme de plume qui, malgré la forme de l'hologramme par défaut, s'avérait visible à son oreille.

    A l'époque où ce protocole de sécurité lui avait été expliquée, elle se souvenait avoir choisit cette plume, afin de faire en sorte que Karva Waray ne soit pas la seule à pouvoir la reconnaître. Ceux qui l'aurait connu -mais très bien connu- lui aurait aussi reconnu ce signe distinctif. Une décision qui n'était pas pour plaire à sa deuxième mentor, mais qui rassérener d'une certaine manière l'Ombre qu'était Solstice.

    L'hologramme en lui-même était aussi de type statique, affichant une posture par défaut de personne assise ou debout -comme c'était le cas cette fois-ci- afin de ne pas non plus trahir son origine, et encore moins l'être se cachant derrière par des tic, ou de petites manies trop "personnels". Et pour la première fois, Solstice maudissait cet état de fait, car quand elle vit cet homme assis dans son fauteuil, le teint si fatigué, même ses émotions tressaillir et l'envie de le serrer dans ses bras, de l'étreindre dans une accollade fraternelle demeurait forte en elle. Saï Don avait toujours été à ses yeux un père bienveillant, et en cet instant, Solstice toucha presque l'émotion que ça lui ferait que de le perdre. Elle espérait qu'il saurait, malgré les milliers de kilomètres les séparant, ce qu'elle éprouvait, et qu'il serait heureux de voir son hologramme. La Force les réunirait bien un jour, afin que Maitre et Elève se retrouvent, et alors Solstice enleverait son masque, elle se le jurait.

    Mais alors que Saï parlait, les yeux de son ancienne padawan se plissèrent. Et alors que ses doigts frôlait la commande tactile, elle pianotait pour faire apparaitre devant elle, loin des yeux du Conseil, les informations relatives à ce qu'elle entendait. Très vite, un visage orné d'un point d'interrogation apparaissait, au centre d'un tableau où Empire Sith était le titre. Le visage prit le nom de Darth Ynnitach, Empereur ou Impératrice là n'était pas l'important. Autour, c'était divers, diffus ... Tant d'Empire, ou de tentative avaient vu le jour, tant de données scabreuses même pour la base de données des Ombres... Un autre écran apparut, une fiche cette fois tout ce qu'il y avait de personnel. Des informations, glanées ça et là au Sénat. Il y avait parfois du bon à être une Ombre, et Solstice pouvait elle parfaitement imaginer ce qui avait été concédé en guise de paiement, tant les bruits circulaient vite. Bien sur, il fallait encore faire le tri dans l'amalgame des informations, afin de faire la part des choses entre ce qui étaient potentiellement véridique et les fantasmes de certains, mais elle rejoignait le vieux Maitre sur un point : ça n'avait pas été gratuit. Et ce fut à ce moment que le regard de Solstice se plissa, sa tête revenant sur l'orateur en présence, fixant Saï. Sa main s'était arrêté alors que le Maitre expliquait son plan, son idée pour répondre aux actes Sith.

    Et elle avait peine à y croire. L'espace d'un instant, bref, son esprit en vint presque à ne plus voir la différence entre ses deux mentors. L'espace d'un instant, ce fut son masque qui se reconstruisit, comme si elle voulait se protéger de ce qu'elle entendait, paraitre impassible bien que protégée par ses protocoles de sécurité. S'asseyant, le bras un peu tremblant, elle s'adossa alors dans son siège, s'enfonçant et laissant ses bras se joindre aux accoudoirs. L'image d'une Vigrania se dessina dans son esprit, et le souvenir de la tenir, ensanglanté dans ses bras ressurgit tel un cauchemar éveillé. Elle entendait le Nazzar parler, mais ne pouvait s'empêcher de retirer cette "vision" de ses yeux. Pour elle, ce choix ... c'était l'obscurité.

    -"C'est ... Ce serait faire leur jeu."

    Elle ne s'attendait pas à réellement prendre part à ce débat. Mais elle n'avait pu s'en empêcher. Et alors qu'un moment de silence s'installa, Solstice prit finalement bien place dans son siège, ses mains se refermant sur les pommeaux de ses accoudoirs pour revenir à l'hologramme de la chambre du Conseil. Respirant profondément, elle continua alors, disant :

    -"Le Maitre Don a raison quand il dit que le prix a été élevé. Les décisions du Chancelier à cet effet font l'objet de bon nombre de rumeurs au Sénat, et s'il n'est pas aisé de faire la différence entre le vrai du faux, il est clair que les réactions de certaines déléguations Sénatoriales indiquent que tous ne seront pas d'accord avec ces mêmes décisions. Mais au-delà de cela ..."

    Un mot, ou plutôt groupe de mot, frappait la Jedi : Empire Sith. Et ce qui était en passe d'être signé, c'était bien un traité. La proposition de paix indiquait clairement une autre chose : l'état de guerre. Mais si l'on juge les acteurs des guerres, ce n'est jamais sur l'issue de celle-ci, mais bien sur la façon de la faire.

    -"La proposition de paix de l'Empire est troublante, tant la paix n'est pas un appanage Sith. Mais c'est aussi une manoeuvre astucieuse. Les Sith savent que nous allons réagir, et la question demeure : A quel point ont-ils prévu notre réaction ? L'état de Guerre présent, même si le Chancelier a su mettre une trève au moyen de négociations, est bien réel. Chaque acte que nous ferons alors sera considéré comme un acte de guerre."

    L'action autant que la réaction. Et un acte de guerre est différent d'un crime. Les lois sur un même acte deviennent alors différentes. Car l'on arrête pas un soldat qui tue un opposant. La notion même de crime en période de guerre devient diffuse.

    -"Montrer un état d'esprit divisé ... L'idée serait comme ... dévoiler l'existence des Ombres. Comment sait-on le résultat que cela donnera ? Comment être sur que nous resterons unis dans cet état d'esprit. Car tous les Jedi devront avoir cette différence. Nos Padawans sont-ils prêts ? Saurons-nous les guider ? Pouvons-nous avoir l'arrogance de le croire quand l'existence de cet Empire nous a échappé."

    Car il leur avait échappé, rien ne servait de le nier. Le cas opposé n'aurait pas demandé telle séance extraordinaire réunissant les Maitres. Tous les Maitres.

    -"Si nous déclarons des mandats contre certains, l'Empire leur accordera l'immunité, le statut de réfugiés politiques et alors aura facile à retourner nos actes contre nous. De plus ..."

    Faisant une brève pause, Solstice craignait déjà ce qu'elle allait dire, tant cela lui pesait sur le coeur d'avoir à le faire. Mais même la distance les séparant, même les années passées loin l'un de l'autre ne pouvait effacer cette connaissance qu'elle avait de l'homme en face d'elle, qui semblait plus confus que jamais.

    -"Je m'inquiétes de vous, Maitre Don. De votre... de la crédibilité de vos propos. Est-ce vos attentes, ou la conséquence d'un séjour chez les Sith ?"

    Elle ne remettait bien sur pas en question son intégrité physique ou mentale, ni même sa loyauté envers l'Ordre, mais le pouvoir des Sith leur échappaient à tous. L'étendue de ceux-ci, jusqu'où allait-elle ? Les propos de Saï, n'y avait-il pas une chance, même infime, qu'il soit liés à un quelconque dessin sombre, à un plan tissé à l'avance. Le vieil homme, sans ce séjour carcéral, aurait-il proposé pareille chose ?

    -"J'ai l'impression que c'est là ce qu'attendent les Sith : que nous réagissions au lieu d'agir simplement. Jouer un pareil ... double-jeu... divisera notre Ordre bien plus que jamais. Car tous ne sont pas Maitres."

    Une vie. Voila ce qu'elle n'était plus prête à payer depuis la mort de sa Padawan.

    -"Je préconise ... que nous agissions comme nous l'avons toujours fait. Notre mandat nous fait devoir de protéger la République et la démocratie, dans ses frontières. Si nous répondons aux Sith de cette façon, en suivant ce qui a toujours été notre Code, alors nous resterons unis."

    Depuis combien de temps ce n'était pas arrivé ? Une éternité, il lui semblait. Et même, elle avait l'impression de ne jamais l'avoir fait, bien qu'elle savait que cette impression était fausse, mais... Solstice était en désaccord avec le Maitre Don.


Spoiler:
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(HRP : je suis en retard, c'est vrai, mais le sujet n'est pas encore verrouillé donc je tente ma chance. Au pire j'effacerai mon post :p )

Le Corellien pénétra dans la salle du conseil, déjà remplie de monde. De chair ou d'hologramme, nombre de maîtres étaient présents et tous s'en demandaient la raison. Bien sûr, comme toujours, certains s'en doutaient déjà. Berryl se plaça dans le fond de la pièce, d'où il pouvait englober la totalité de la salle - une habitude qui avait fait ses preuves. Chacun extrapola avec ses voisins pendant un moment, à voix basse, jusqu'à ce que la réponse apparaisse par le biais de maître Don.

Ah ! Maître Don. Déjà vieux lorsque le Corellien était parti du Temple, et toujours là. Le savoir libéré avait grandement soulagé Berryl, comme tout les Jedis. Et comme tous les Jedis, il espérait contre toute raison que le Don qui leur revenait était celui qu'on leur avait arraché.
Le résultat n'était guère probant pour ses espoirs : loin de sa malice et de son énergie habituelle, maître Don semblait... brisé. Rien d'étonnant à cela, et le Corellien savait parfaitement que ce qui avait brisé le vieux maître aurait réduit à néant quiconque dans cette pièce. Ce qui ne faisait qu'accroître l'horreur de la chose, et les inquiétudes des maîtres.

Le vieil homme exposa alors l'objet de cette étrange réunion. Les Siths, bien entendu, quoi d'autre ? La situation n'était pas compliquée, loin de là. Trouver la sortie d'un temple en train de s'effondrer, en pleine jungle, sachant parfaitement qu'une bande de pillard attend dehors et qu'un animal local de la taille d'un speeder courait derrière soi, le tout sans lâcher ce que l'on était venu chercher, voilà qui était compliqué. L'émergence de l'empire Sith - puisque telle était la situation - et son magnifique tour de passe-passe militaire et politique était au-delà du compliqué, au-delà des mots. Il n'existait pas de mots pour qualifier le sentiment et l'opinion des Jedis, qui avaient tous été manipulés comme des marionnettes.

Agir sur deux fronts, d'après maître Don. Jouer les malins en pourchassant les Siths pour d'autres raisons, d'après un Nazzar que Berryl pensait reconnaître comme maître El'dor. Rester sur les acquis, d'après l'une des maîtres qui n'avait pu venir que via hologramme, et que le Corellien trouvait un peu trop figé - ce qui, paradoxalement, amenait des questions et des suppositions qui donnaient un peu plus de poids aux paroles de... disons, de la personne derrière l'hologramme.

La représentation parfaite de l'état de l'Ordre. Confusion. Volontés contraires. Visions différentes du même objectif et des moyens d'y parvenir. Cela avait fait leur richesse, autrefois, aujourd'hui cela les menait, le Corellien en était intimement convaincu, à leur perte. Aucun n'avait tort, et du même coup aucun n'avait raison. Certains maîtres finiraient invariablement par teinter les paroles qui s'échangeaient avec leur propre vision, faisait dire à chacun ce qu'il n'avait pas sous-entendu. C'était toujours comme ça, et l'inquiétude générale n'allait rien arranger.

"Je rejoins notre confrère holographique, lança finalement le Corellien. Pas sur le bien-fondé de l'opinion de maître Don, mais sur l'inutilité de mandats. Ce que nous avons tous oublié, ce que nous refusons encore de voir, ce sont les moyens sans limites de l'empire Sith. Maîtres, nous ne pouvons plus nous voiler la face, nous sommes tels des nerfs que les Siths ont mené droit à l'abattoir, avec un succès dont maître Don peut témoigner !"

S'il conservait son calme, le Corellien détestait tout autant que le reste de la salle les paroles qu'il venait de prononcer. Mais il fallait absolument ouvrir les yeux des derniers maîtres qui se retranchaient encore derrière leur certitude que l'Empire n'était au fond qu'un écueil que l'Ordre actuel finirait par corriger. Un vœu pieux, il le savait, mais il devait essayer.

"Non, maître El'dor, notre amie a raison, nous ne battrons pas les Siths sur leur terrain. Les moyens légaux et politiques de contrer de telles attaques sont nombreux, et ils retourneront cela contre nous pour nous dénigrer un peu plus et jouer les victimes."

Berryl ne doutait pas que les Siths n'attendaient d'ailleurs que cela. Provoquer frustration, colère et sentiment d'échec et d'impuissance chez leurs ennemis, puis les détruire de mille et une façons brutales ou raffinées. Voilà ce que les Jedis affrontaient, un mal pervers et sournois que la galaxie entière avait oublié depuis longtemps... mais les Siths, eux, n'oubliaient jamais la galaxie, ne se reposaient jamais sur leurs lauriers. Jamais.

"Je sais parfaitement que mes opinions sur divers sujets ne sont pas bien vues de tous, et je l'assume. Cependant agir comme nous le faisons d'habitude est exclu, car c'est ce qui nous a conduit à cette impasse. Le prix sera lourd à payer, et avant de penser à repousser l'Empire, je suggère de nous préparer au choc que ce tribut sera pour nous. Nous devons fortifier notre position actuelle..."

Le Corellien inspira lentement, sachant pertinemment que l'idée semblait absurde et hors de propos. Mais à situation extrême...

"... et quitter Ondéron. Ou du moins ne pas nous y enfermer, mais nous étendre à travers la République. Peut-être même serait-il utile de songer à établir des académies sur d'autres planètes républicaines : cela rassemblerait les Jedis autour de notre devoir d'agir pour le bien de tous, tout en rendant plus difficile à l'Empire de nous couper de la République ou de nous isoler sur Ondéron."

Joignant ses mains dans ses amples manches, le Corellien se tenait avec toute la droiture et le sérieux que cette proposition n'inspirait pas. Il ne fallait pas par-dessus le marché qu'on se mette à croire qu'il tournait l'assemblée en dérision.

"Les Siths s'attendent à ce que nous nous retranchions ici ou que nous les affrontions de face : ne leur donnons pas ce plaisir. Forçons-les à choisir à leur tour : refuser publiquement notre aide spontanée, ou bien nous laisser infiltrer "leur" territoire. Ne leur laissons plus la main, harassons-les de notre bienveillance et montrons-nous inflexible chaque fois que les lois nous soutiennent fermement. Soyons irréprochables, regagnons le soutien des habitants de la République.  Les Siths agissent dans l'ombre ; sortons de nos ténèbres et réfugions-nous en pleine lumière au point d'en baigner leur empire. Alors seulement nous pourrons les repousser."

Berryl pouvait déjà sentir le mécontentement de certains maîtres - et à raison, l'idée saugrenue n'était pas dénuée de risques, loin de là. Mais le consulaire savait qu'un conflit ouvert ferait le jeu des Siths. Aider l'ennemi pour mieux l'abattre, faire bonne figure malgré les provocations, attendre son heure... beaucoup y verraient les méthodes Siths - qui par ailleurs avaient fonctionné à merveille - mais à la vérité c'était tout le contraire : aucun Sith n'aurait aidé un Jedi ouvertement ni laissé une provocation impunie.
Par la Force, c'était une guerre d'image qui se jouait désormais, et les Jedis partaient avec de gros handicaps...
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L'heure aurait du être à la fête ; les retrouvailles, le repos mérité de nombre de maîtres, le temps pour panser ses blessures, etc.

Mais au lieu de cela, le pied de guerre était en réalité toujours levé : certes, les conflits armés connaissaient une trêve. Certes, Ynnitach proposait la paix. Mais tout cela n'était que choses officielles, positions diplomatiques d’apparat, aucunement le sincère apaisement des différents. Et ce n'était qu'un leurre, une manœuvre belliqueuse pour attaquer plus fort et plus efficacement encore, Maître Mi le savait. Oui, maintenant, elle voyait enfin clair dans le jeu de la dame noire, malgré la confusion que cette dernière avait pu distiller en la togruta.

En membre du conseil jedi, Laksh'Mi s'était présenté peu avant la plus part des maîtres. Voir maître Don, de nouveau dans cette pièce si vide depuis sa disparition, la laissant elle si seule malgré les autres membres du conseil fidèles au poste, aurait du être un soulagement. Au lieu de cela, la mine vieillie, abattue, fatiguée, presque à l'agonie, il faisait figure de gracié de dernière minute. Comme si Ynnitach, imaginait elle, s'était amusée à aspirer toute la vie encore combative du vieillard, ne lui laissant que de quoi ne pas mourir complètement. Une torture affreuse, qu'elle avait évité de justesse à sa padawan, prise entre les griffes de l'apprentie d'Ynnitach, justement !

Dès cette rencontre, elle aurait dû deviner e qui se tramait, car dès cette rencontre, l'impératrice sith avait parlé de paix... Dès cette rencontre, le piège se révélait, et si elle avait été plus alerte, elle aurait pu éviter cette tragique situation aujourd'hui.
Au lieu de cela... Elle avait préféré méditer sur cette évocation, sans en parler au conseil encore. Cette fois là. Car le sujet revint sur le tapis, et alors, elle en parla à ses semblables, ses pairs. Une idée bizarre qui n'était pas vraiment à l'ordre du jour, qui se faisait attendre. On attendait de voir quel pas les siths feraient en ce sens. Et puis, le conflit. Artorias. Rien qui ne laissait penser que cette proposition de paix de la part des siths se ferait de nouveau entendre, cette option n’était même plus dans leurs esprits. Pourtant, s'ils l'avaient gardé en mémoire... si ELLE, avait réunis les pièces du puzzle...
Humfff, à quoi bon ruminer, il fallait se focaliser sur le présent,et l'avenir. Quelle réponse apporter ?

Et c'était bien l'objet de cette réunion extraordinaire des maîtres. L'attitude à suivre. Usé, fatigué, sur la fin, maître Don tenait encore son rôle de guide de l'ordre, de leader incontesté et vaillant. Remplissant son devoir, mais, pour la dernière fois, craignait maître Mi. Elle voyait là les derniers soubresauts, le dernier souffle, le dernier tour pendable au siths donné par le vieux grigou. Elle espérait se tromper, mais, cela lui semblait difficile d'imaginer autre chose, à le voir ainsi. Il disparaitrait dans la dignité, cela dit, ce cher maître, en mettant sa dernière carte dans une voie qui sauverait à nouveau l'ordre jedi. C'est bien ce qu'il tentait de faire, semblait il.


La quadragénaire écoutait attentivement les différents points de vue, les approuvant tous plus ou moins. Il fallait cependant trouver un juste milieu ; entre la prudence et retrancher ce qui devait à tout prix être préserver, et passer à l’offensive tactique – sans que cela n'en prenne la forme belliqueuse pour autant – reprendre l'avantage, agir autrement que comme ils y étaient acculés...

Elle prit alors la parole à son tour.

- Avant d'aller plus loin dans la recherche d'une attitude adéquate, il me faut témoigner de mon expérience auprès de cette impératrice...
A plusieurs reprises, Darth Ynnitach et moi avons été réunies. A plusieurs reprises, j'ai été à sa merci. J'ai été sa prisonnière. Et déjà, à chaque fois, elle me rendait redevable, me parlant de son rêve d'une paix entre nos deux ordres. A chaque fois, elle s'est arrangée pour que je sois son obligée, pour que l'ordre ait une dette envers elle, qu'il reçoive d'elle l'image d'une femme aux bonnes intentions... La manipulation est son arme la plus redoutable, bien que ce dont elle est capable avec la Force soit également effroyable. Tout comme maître Don, j'assure que cette femme est dangereuse et que cette paix n'en est pas une. Et que d'autres actes irréparables se produiront de la main de cet empire. Nous sommes acculés à la paix. Soit. A la paix apparente qu'elle nous impose. L'idéal jedi reste la paix réelle. Avant cette dernière exaction de sa part, je pensais que l'équilibre entre l'obscur et la lumière était le but à atteindre, que l'un ne pouvait de toute façon pas exister sans l'autre. Et que si Darth Ynnitach pensait la même chose, alors, la coexistence pouvait être atteinte. Mais soyons maintenant réalistes : elle ne pense pas la même chose. Ce n'est qu'une manœuvre pour nous détruire, ou nous mettre à l'écart de ses ambitions meurtrières.

Je ne porte pas rancune à cette psychopathe. Pas même après ce qu'elle a fait subir à maître Don. Gardons nous de vouloir prendre une revanche. Mais interdisons nous de la laisser commettre ces choses à d'autres, de reproduire les tragédies qui se sont passées, sans rien faire. Nous voilà donc revenus à l'attitude à choisir. Voici ce que je penses :

Oui, nous devons jouer le jeu d'un traité de paix, pour la République. Mais oublions un moment la transparence de nos tactiques. Ils nous manipulent pour nous vaincre, laissons les croire qu'ils y parviennent. Et manipulons les à notre tour. Sans rancœur, sans vengeance, mais pour neutraliser leurs plans mortels. Il y aura de l'infiltration. Il y aura de belles paroles. Il y aura de la vigilance, et des escarmouches. Partout où ils iront frapper, nous devrons être là avant eux, pour leur couper l'herbe sous le pied. Et pour ce faire, c'est nous qui devrons les amener à se déplacer où nous le souhaitons. Ynnitach a la malchance d'être paranoïaque. Cela rend son humeur changeante et ses actions imprévisibles, mais ses réactions, elles, peuvent être dirigées à desseins avec de la psychologie. Conduisons là où elle sera à son tour piégée et acculée. Cela la rendra en furie, et dangereuse, mais annulera son apparat de paix. Et ses réactions se retourneront contre elle.

Le but que j'entrevois alors n'est pas, cependant, la destruction de l'empire sith ; de même nous avons un traité qui nous contraint, alors nous devons leur faire écrire, ou leur imposer par leur retranchement, un traité qui les contraindra eux. Nous bloquerons ainsi l'expansion de cet empire et le maintiendrons sous contrôle tant que nous le pourrons. Car, je crois toujours que la Lumière ne peux hélas exister sans l'Ombre. Et qu'espérer annihiler les siths est illusoire.



Bien sur, tout ceci n'était que théorique. Aucune manœuvre concrète à avancer pour le moment ne lui venait, mais c'était le principe d'action qu'elle venait de développer. Aux stratèges qu'ils étaient d'ensuite convertir l'idée en actes.
Saï Don
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Maître Don était resté levé. Il ressentait une étrange fatigue s’appesantir sur ses épaules, ses paupières et ses jambes. Les effets de sa ré-acclimatation, probablement. Rester debout ainsi, ne pas se laisser abattre au fond de son siège, c’était une manière pour lui de se prouver qu’il résistait malgré tout à la pression que les Sith leur imposaient à tous. Aussi vieux qu’il était, se disait-il, son esprit, lui, ne devait pas faiblir. Ne serait-ce que pour montrer l’exemple jusqu’au jour où, effectivement, la Force le rappellerait à elle.

En attendant, il essayait de focaliser toute son attention sur les Maîtres qui, tour à tour, prenaient la parole. Leur simple présence le rassurait déjà sur la mobilisation des Jedi autour du problème. Rien que cela, les Sith en étaient incapables. C’était grâce à cette solidarité, et grâce à elle uniquement, que Maître Don pensait pouvoir résister aux Sith. Ces derniers réussissaient donc un coup de maître encore jamais vu s’ils parvenaient effectivement à les diviser.

Maître El’Dor était un Nazzar imposant et impressionnant. Maître Don avait confiance en la force de son jugement. Son appui était d’ailleurs un soulagement – le Maître avait compris où il voulait en venir. Il proposait jusqu’à aller à poursuivre les Sith qu’ils savaient être criminels, et c’était une astuce intelligente : si l’on se déclarait en paix avec les Sith, alors ils devraient respecter les lois de chacun des territoires. Le meurtre, la torture et la manipulation des esprits seraient d’ailleurs probablement punies, elles aussi, dans l’Empire Sith… Mais jusqu’à présent, ils ne seraient en mesure de poursuivre ces Sith criminels que sur leur territoire. C’était toutefois un premier pas. Le vieil homme hocha la tête à ses dires.

- Effectivement, nous devrons être vigilants quant aux agissements des Sith sur le territoire de la République et les poursuivre en justice chaque fois que nous aurons des preuves de leurs crimes. L’Empire ne pourra s’opposer à cela, mais je doute que nous puissions accéder à ceux qui se réfugieront sur le territoire Sith… Ce sera à la justice républicaine de négocier leur transfert…

Sur le territoire de la République donc, la proposition de Maître El’Dor était valide. Au-delà, rien ne serait sûr pendant des années encore… Les Jedi devraient être deux fois plus efficaces dans leurs arrestations de Sith criminels pour avoir une chance d’aider la République à appliquer la justice sans que tous les criminels ne se réfugient aisément sur le territoire Sith… pour y disparaître plus facilement encore que dans les méandres de Nar Shaddaa.

Maître Don eut un frisson lorsque le Maître suivant prit la parole : non que l’hologramme fut surprenant, mais… la voix de Solstice, détachée de l’aura de Force qu’il avait l’habitude de sentir en complément, déstabilisait ses sens déjà désorientés par le masque de torture Sith. Elle avait l’air détachée, d’ailleurs, et Maître Don ne montra aucun signe de surprise. Il tourna simplement son regard vers l’hologramme.

- Je suis d’accord avec le fait, Maître, que les Sith tentent de prévoir notre réaction. Leur proposition de paix avec la République est provocante, et ils espèrent nous provoquer ainsi à la faute. Mais je ne comprends pas, j’en suis désolé, en quoi cela dévoilerait l’existence des Ombres. Par ailleurs, malheureusement… Les Sith connaissent leur existence. Certains d’entre eux ont été des Ombres Jedi, il y a certes bien longtemps.


Et peut-être même y avait-il de nouveaux Sith parmi les Ombres qu’il croyait encore de leur côté. Et puis, soudain, Solstice lâcha des mots qui ne purent que faire s’arrondir les yeux fatigués de Maître Don. Allons bon, elle doutait de lui ? Alors qu’il proposait une stratégie, sans la leur imposer, et qu’il écoutait leurs avis pour prendre ses décisions ? Venant de son ancienne padawan, le vieil homme était quelque peu choqué.

- Mon séjour chez les Sith m’a effectivement bien fait réfléchir, Maître. Mais si je vous ai réunis aujourd’hui, c’est justement pour que nous choisissions tous ensemble la conduite à tenir, pas pour imposer mes idées. Je suis bien en peine si vous ne trouvez pas cette démarche crédible et si vous doutez de mes intentions, mais ce n’est pas ici le sujet de cette rencontre. Je me soumettrai, si vous le souhaitez, à des examens ultérieurement.


Il n’avait pas prononcé ces mots sur un ton aussi indifférent qu’il l’aurait souhaité. Mais il n’en était pas capable : ce n’était ni dans sa nature, ni dans son cœur de pouvoir ainsi s’opposer – pire, devoir prouver sa bonne foi… - à Solstice. Pour autant, il ne pouvait pas la laisser orienter la discussion sur sa santé mentale. Si les Maîtres Jedi doutaient de leur Conseil, alors les Sith avaient déjà gagné.

- Néanmoins, j’entends vos propos. Il n’a jamais été question d’impliquer dans ce choix les Chevaliers et les padawans, à qui nous demanderons bien sûr de respecter la paix que souhaite la République. Mais nous ne pouvons pas non plus ignorer l’amertume que cela va provoquer chez eux : ils s’entraînent et luttent chaque jour pour repousser la violence des Sith, et soudain nous allons leur demander de laisser tomber ? Les Sith n’auront qu’à se réfugier de l’autre côté de la frontière après leurs crimes, nous le savons bien. Nos Chevaliers vont se sentir désemparés face à cette situation. Il faudra, je pense, leur assurer que la lutte continue. Mais autrement. C’est de cet autrement qu’il va falloir décider…


Maître Don ne s’exprima pas quant à l’inquiétude qu’à son tour, Solstice provoquait chez lui : refuser d’aller lutter contre les Sith de l’autre côté de la frontière, dans l’Ombre… n’était-ce pas, au fond, ce pourquoi elle s’était engagée en tant qu’Ombre ? Pourquoi s’être soudain distancié de ses objectifs d’origine ? Et comment avaient-ils pu devenir si distants l’un de l’autre, au moins dans leurs idées, en quelques mois à peine ? La mort de Vigrania y était peut-être pour quelque chose…
Mais en attendant, il fallait laisser ses inquiétudes personnelles de côté. La voix profonde de Maître Berryl aida le vieil homme à se reconcentrer. Il exposait ses idées avec un charisme que Maître Don ne lui connaissait pas. Avec son discours, en tout cas, il percevait mieux le risque dont Maître Berryl et l’Ombre parlaient : les Sith étaient devenus plus forts qu’eux sur le plan politique. D’ailleurs, ils avaient déjà prouvé cette qualité en instaurant une méfiance maligne entre eux et la République… Avec un soupir, le vieil homme dut admettre que sur ce point, ils avaient raison.

- Nous étendre est indispensable, en effet. Le Temple de Coruscant a été rénové grâce au Chancelier Arnor. S’il y a des volontaires pour aller y œuvrer, d’ailleurs, je vous invite à en prendre l’initiative. Cela sera un premier pas vers cette expansion que propose Maître Berryl.

Enfin, ce fut Maître Mi qui prit la parole. Son intervention, savait le vieux Maître, serait bénéfique à tous, car la Togruta avait le don d’apaiser les esprits échauffés et de rassurer les cœurs. Une fois encore, d’ailleurs, elle avait trouvé de bons mots pour tenter de réunir les Jedi. Son expérience à propos de Darth Ynnitach était précieuse, et son discours parvenait à réunir les arguments, à peu près du moins lui semblait-il, de tous les Maîtres présents ici. Le vieil homme acquiesça.

- Leur faire signer un traité pour les contraindre… Un traité entre les Jedi et les Sith ? Cela est une idée fort astucieuse, fit le vieil homme en réfléchissant. Ainsi, nous prenons la main pendant que nous étendons notre présence au sein du territoire républicain. Ceci vous paraît-il être un bon plan, Maîtres ?


Visiblement le vieil homme, lui, était pour. Maître Mi avait mis le doigt sur un fil bien utile dans la toile que les Sith avaient tissée autour d’eux…

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[HJ: Logiquement le rp se passe au retour de la mission avec Myir, Ylm, Ynni et Aneth. Si je me trompe... Dites-le moi^^]

L'image holographique ne s'anima pas, en revanche, elle anima bel et bien le débat. Le Nazzar fronça les sourcils lorsque ses paroles touchèrent Saï. Le vieil homme avait beau être un "faible" humain, il avait tout le respect de l'équidé. Son Aura lui semblait plus forte que jamais et il ne se serait pas risqué à sous-entendre que le plus vénérable des vénérables ait un jugement altéré. En guise de réponse envers la dite inconnue, le jeune maître se contenta donc d'un ronflement des naseaux, sans charge émotionnelle abusive mais sachant montrer son désaccord tout de même. En réalité, l'idée de Pendragon couplée à celle de Laksh'Mi lui plaisaient bien. Cela semblait aussi être le cas du vétéran de l'assemblée qui enjoint tout le monde à donner son avis à nouveau. Le Nazzar ferma à demi ses yeux sombres, laissant quelques mèches blanches chatouiller la son museau sans tiquer, signe d'une grande concentration. Sa puissante encolure s'arqua légèrement puis se détendit lorsqu'il redressa sa tête nerveuse, rouvrant totalement ses paupières. Chez lui aussi, la fatigue se faisait sentir.

-Je suis d'accord avec vous Maître Berryl et Maître Mi, tout en prenant en considération les avertissements de notre collègue également. J'étais sur Korriban avec ma Padawan et le chevalier Alshain, nous avons été attaqués après une mission d'infiltration annulée à cause des accords en phase d'être signés. Ils n'ont sûrement aucune intention de respecter le traité vu le mal qu'ils ont eu à nous "laisser partir"... Ainsi, tout en leur proposant notre "aide" pour s'intégrer d'un côté, en les poussant à la faute de l'autre, sans oublier d'implanter quelques lieux de replis -surtout pour la sécurité de nos Padawans- et en mettant en place des stratégies d'évacuation d'urgence, nous saurions peut-être les contenir. La moindre erreur de la part de nos "amis" sur notre territoire serait punie comme un fait isolé, autrement dit, comme n'importe quel criminel jugé au sein de la République. Quant au traité, il devrait normalement supposer que les Siths veillent au respect des lois sur leur territoire. Ils se surveilleront entre eux, et bien entendu, la République ayant le droit de circuler librement chez eux, comme c'est le cas dans les territoires allié, nous pourrions leur faire quelques visites de courtoisie. Invitons-les comme le propose Maître Mi -pardonnez-moi si je me trompe dans l'interprétation- à s'implanter où nous le souhaitons. Montrons notre désir de les voir chez nous, mais où nous, nous le souhaitons. Le défaut de ce plan résidant dans le fait qu'il faudra clairement être sur trois fronts à la fois... Surveiller notre Temple -en effet pourquoi ne pas accepter un ou deux émissaires Siths pour faire bonne figure?-, nous disperser pour ne pas former une seule et même grosse cible, et infiltrer à nouveau leur territoire. Je terminerai par dire que de toutes manières, les Siths en viendront à visiter Ondéron, dans leur bon droit d'ailleurs. Alors autant choisir qui viendrait et ce qu'ils doivent y voir. Nous rendre visite impliquant qu'ils doivent aussi nous laisser passer.


Alycius se tut, son idée était osée, culottée même ! Pourtant, il pensait fermement inviter un Sith chez eux si les relations se tendaient et qu'il y avait de l'espionnage dans l'air. Le tout était de protéger les Padawans et de ne pas y mêler les chevaliers, mais cela s'était normalement entendu de manière implicite dans son discours. Les Siths devaient être tenté de faire une erreur, se sentir à l'aise et essayer de commettre l'irréparable pour casser le traité en faveur des Jedis. Mieux valait que la colère du côté obscur explose entre des murailles contenues contre des gens qui savent la gérer -plus ou moins- qu'en pleine ville avec un taux de criminalité montant sournoisement un peu plus chaque jour.

-Utilisons leur passion et leur colère en leur opposant une bienveillance parfois étouffante comme l'a proposé Maître Berryl. Les Siths s'emportent, même les plus sages probablement, si le traité doit être brisé, ce sera Darth Ynnitach qui le fera, montrant son vrai visage. Le fait de leur imposer de faire respecter les lois républicaines-comme tout territoire ayant des accords avec nous- chez eux les mènera à l'erreur ou diminuera réellement les crimes qui y sont commis. En attendant, tout ceci reste théorique, nous ne pourrons certainement pas vraiment agir en dehors de nos frontières, pour autant commencer par protéger efficacement l'intérieur de leurs attaques est un bon début. S'ils sont déclarés alliés de la République, aucune raison de se cacher, forçons les subtilement à s'identifier, au moins autant que possible, et nous verrons une partie de la population obscure qui se promène en Ombre sur le territoire républicain se révéler.

Le Nazzar cessa de parler pour de bon cette fois, il avait déjà trop déblatéré à son goût, peinant à trouver les mots justes. Le maître savait parfaitement que son idée était vraiment osée, et un peu confuse également. Pourtant il avait essayé de réunir les trois idées principales. Posant son regard sur l'Ombre au moment où il avait parlé de celles "obscures" qui se promenaient sur Coruscant et autres territoires, il avait voulu lui insister-avec respect tout de même, essayant de comprendre sa situation bien particulière.- sur le fait que si celles "lumineuses" en venaient à être découvertes, celles obscures aussi. C'était comme une partie d'échecs, il fallait juste essayer de perdre ses pions moins rapidement. Or si les Jedis avaient bien un avantage, c'était leur solidarité. Le but n'était pas de sacrifier des personnes pour gagner une guerre qui ne finirait jamais comme l'avait dit la Togruta, ils ne pourraient que l'amenuiser. En cherchant des solutions de replis tandis que les Siths sacrifiaient à tour de bras, les Jedis prendraient peut-être de l'avance. Malheureusement ils ne pouvaient pas non plus recevoir sans donner, tout comme les Siths qui devraient se révéler pour découvrir. En tout cas le Nazzar était prêt à aller en première ligne, il ne croyait pas en cette paix mais était prêt à faire comme si, à aller au front et se sacrifier en première ligne. Et cela, l'équidé le fit savoir en projetant une onde de Force qui se voulait unificatrice et régénératrice au sein du groupe, surtout dirigée envers Saï Don pour tenter de le soutenir, démontrant au vieil homme que ce dernier avait toute sa considération ainsi que son admiration.
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[HRP: Comme me l'a proposé Saï, je m'incruste dans le sujet, en espérant que ce pavé conviendra :) ]

L'inconvénient d'arriver en retard à une réunion, c'est qu'il convient de se faire discret dans un premier temps et de rattraper les faits ayant déjà été évoqué. Retenue à l'infirmerie après la blessure d'un padawan à l'entraînement et ayant évidemment dû s'assurer que l'enfant se remettrait sans séquelles, Alyria était donc arrivée à la réunion extraordinaire des maîtres Jedis convoquée pour le retour de Maître Don, et s'était installée près de la porte de manière la plus discrète possible, le haut de son corps légèrement appuyé contre le mur et les bras croisés, dans une attitude d'écoute et de concentration.

Revoir celui qui dirigeait l'Ordre depuis tant d'années réchauffa le cœur de la maître d'armes, même s'il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre, comme tout ceux qui étaient présents à en juger par les expressions inquiètes que peinaient à dissimuler nombre de ses confrères, que Maître Don n'était pas ressorti indemne de sa captivité. Cependant, il fallait avouer que le contraire l'eut étonné : la trentenaire savait à quel point le contact avec le côté obscur marquait l'âme et le corps des gens, et l'âge avancé de leur chef n'avait pas dû jouer en sa faveur. En fait, au vu des épreuves subies, la sang-mêlée trouvait que le vieil homme s'en sortait admirablement, toujours à tenter de mettre l'Ordre sur la bonne voie. Et étant donné le sujet de la discussion, il n'allait pas chômer pour y parvenir.

L'Empire Sith. La paix. Deux termes qui semblaient être de parfaits antonymes, mais qui aujourd'hui adoptaient une toute nouvelle consonance, mais malheureusement, Alyria n'était pas sûre que ce soit pour le bien de la galaxie. La résurgence des Siths au grand jour avait porté un coup inattendu à l'Ordre Jedi et à la République. La jeune femme avait été témoin de l'attaque sur Artorias, et des ravages provoqués par cet assaut brutal. Soldats et adeptes de la Force avait payé un lourd tribut, elle-même avait vu son visage marqué à vie, aussi la simple perspective d'accepter la proposition de paix ne pouvait que lui arracher une grimace de dégoût. Tant de vies sacrifiées, tant de jeunes prometteurs morts, et tout cela pour voir ce pourquoi ils avaient combattu réduit à néant. Cependant, l'heure n'était pas à la vengeance, et les années avaient appris à la guerrière à accepter de renoncer quand la situation l'exigeait. Alors oui, même si cela lui fendait le cœur, elle savait que l'Ordre devait se rallier à la proposition du Chancelier, pour le bien du plus grand nombre. Mais ce dont la maître d'armes ne doutait pas, c'était que ce ralliement ne devait pas se faire à n'importe quel prix, ni dans n'importe quelles conditions. En d'autres termes, plus politiques, il allait falloir jouer serré.

Alyria écouta donc les autres maîtres exposer leurs idées, et si certaines ne manquaient pas d'ingéniosité, ou de sel pour les plus... audacieuses, si elle devait trouver un terme adéquat pour les qualifier, la jeune femme sentait qu'il manquait un élément pourtant important : un côté plus pratique, et moins théorique. Lentement mais sûrement, au fur et à mesure que les débats avançaient, elle commençait à élaborer quelques idées dans sa tête, tout en suivant attentivement les interventions des différentes maîtres qui s'exprimaient.

La gardienne ne pouvait que saluer l'idée d'un traité. Quoi de mieux que de contraindre l'ennemi pour mieux le piéger ? Cependant, les propos du Maître nazzar la firent tiquer, et une fois que Maître El'Dor se fut exprimé, Alyria sentit qu'elle se devait d'intervenir, aussi, quittant son appui mural, la maître d'armes s'avança légèrement pour que tous puissent la voir, et fit un signe montrant qu'elle désirait prendre la parole. Une fois sûre d'avoir capté l'attention du plus grand nombre, celle que l'on surnommait la Main brisée commença à parler de sa voix grave et profonde :

« Maîtres, l'idée d'un traité me semble très intéressante, et surtout, cette proposition a l'avantage de s'accorder parfaitement avec la situation actuelle. Ce n'est pas de gaieté de cœur que je soutiens la paix avec l'Empire. J'ai vu les massacres perpétués sur Artorias, le tribut que nombre d'entre nous, et moi y compris, avons payé, déclara Alyria en guise d'introduction et en montrant sa cicatrice faciale d'un très léger mouvement de la main afin d'appuyer ses dires, mais il faut être réaliste. D'une part, nous devons reconstituer nos forces face à un ennemi dont nous ignorons tout. D'autre part, l'Ordre ne peut se permettre d'être en porte à faux avec la République. Soutenir le principe de la motion du Chancelier est donc inévitable. Cependant, il convient de s'interroger sur le contenu de cette motion, et sur celui de l'organisation de notre soutien.


En ce qui concerne le premier point, certains de nos contacts au Sénat, comme l'a souligné notre camarade holographique, confirment le fait que les débats sur l'adoption du traité de paix risquent d'être agités. Mais tabler sur leur échec serait un pari hasardeux, c'est pourquoi avancer nos propos pions sur l'échiquier qu'est devenu la galaxie est primordial. L'avantage d'un traité entre Siths et Jedis serait double : nous assurer un répit salutaire, et sonder les intentions immédiates de leur dirigeante.


Il convient maintenant d'examiner plus en détail cette idée. Et à ce propos, je suis au regret de devoir m'opposer à vous, Maître El'Dor. Vous avez parlé d'alliance, et là, je ne puis le concevoir. Pas par simple détestation des Siths, ni par méfiance butée et primaire, croyez le bien. Songez que si un pareil accord est passé, l'Ordre perdra une grande partie de ses soutiens parmi les populations, sans compter que notre positionnement s’avérerait soudainement bien précaires. Comment justifier notre lutte, si nous acceptons une alliance avec les Siths ? Alors certes, une petite élite pourra se réjouir, mais l'immense majorité des citoyens verront cela comme un renoncement, voir une trahison, ou même, et ce serait sans doute plus terrible encore, comme la preuve que nous ne serions que deux mouvements interchangeables dont l'affrontement serait parfaitement inutile. Mettre en danger notre crédibilité de cette manière est inconcevable, sans même entrer sur le terrain de l'éthique. Sans compter qu'une alliance nous contraindrait trop.


En revanche, un traité de non-agression serait une entreprise efficace, à condition de s'y prendre de manière suffisamment habile pour contraindre les Siths à le respecter... ou à le violer, et alors la vérité sur leurs agissements éclatera aux yeux de tous. Une alliance est difficile à remettre en question, contient des clauses multiples et délicates. Un traité de non-agression est suffisamment consistant pour s'assurer une saine tranquillité, et suffisamment fragile pour conduire l'adversaire à un faux pas. Et au vu de l’instabilité du côté obscur et de la soif de pouvoir des Siths, tôt ou tard, ils en feront un.


En ce qui concerne l'aspect purement technique d'un tel traité, il est évident que ce dernier devrait s'articuler sur deux axes fondamentaux : en premier lieu, toute attaque contre la République se solderait par la dissolution du pacte de non-agression. En second lieu, toute action propre au côté obscur sur l'un des nôtres, et je n'utilise pas le terme attaque à dessein, se soldera de la même manière que précédemment.


Je ne fais pas partie des diplomates de notre Ordre, c'est évident, et la rédaction d'un tel traité relèverait sans doute de compétences qui ne m'appartiennent pas. Mais je crois fermement qu'un tel pacte est la meilleure des solutions, sans compter qu'il donnera du poids à la position républicaine. Enfin, la proposition de Maître Berryl de ne pas nous enfermer sur Ondéron est évidemment à reprendre, et servira nos intérêts, car de cette manière, si nous nous dispersons dans la galaxie, nous offrirons aux Siths plus de chances de faire un faux pas... Et d'être repérés. Sans compter qu'avec une base sur Coruscant, l'Ordre sera au cœur des événements, afin de rappeler à tous sa présence, et d'assurer un contrôle lointain sur les décisions prises en ce qui concerne l'Empire. Je suis d'ailleurs tout à fait volontaire pour me rendre sur Coruscant.


Je vous remercie. »


Il était rare, très rare qu'Alyria s'exprime aussi longtemps, et avec autant de rigueur dans l'analyse et l'argumentation. Mais la situation était grave, et elle avait mis toute sa science du discours rhétorique, appris patiemment pendant son enfance, dans cette longue allocution, sans doute l'une des plus longues qu'un Jedi gardien, a fortiori un maître d'armes, ait sans doute fait sur un sujet diplomatique depuis longtemps. Elle espérait seulement avoir convaincu les autres maîtres du bien-fondé de sa proposition.
Saï Don
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Spoiler:


Personne ne releva le conflit subtil mais peu anodin qui s'était produit entre l'Ombre dont la capuche masquait le visage holographique et le vieillard dont les idées étaient supposées altérées. Certains, peut-être tous, avaient pourtant remarqué l'allusion peu délicate, mais le Maître sut gré à ses confrères de ne pas s'attarder sur un tel détail.
Une once de doute traversa l'esprit du vieil homme - et si les Sith avaient effectivement pu manipuler son esprit pendant qu'il était coupé de la Force ? Non, non, impossible. Le Masque Sith devait certainement avoir rendu son esprit inaccessible. Il ferait des recherches à ce sujet, histoire de se rassurer sur la question. Il ne se pardonnerait jamais d'avoir été manipulé à son insu... Mais le Conseil semblait lui faire confiance et cela au moins réinstaura la paix dans ses pensées.

Chacun semblait en accord avec cette nouvelle idée de traité avec les Sith, et Maître Don fut soulagé de voir qu'ils pouvaient, malgré leurs avis divergents, trouver un compromis qui permettrait la prudence des uns et le courage des autres. L'image qu'ils allaient donner suite aux décisions prises ce jour serait critique, selon lui, car ce serait elle qui donnerait aux Sith la base de leur défense et de leur attaque envers eux. Car si le vieil homme était sûr d'une seule chose, c'était que le côté obscur n'était pas prêt de faire une paix sincère avec eux...

Maître Don tourna son regard d'un bleu perçant vers l'imposant Nazzar, dont le discours recentrait la position des Sith vis à vis de la République. Lui aussi, visiblement, s'attendait à ce que ces derniers fassent le premier faux-pas...

- Je suis de votre avis sur le fait qu'il nous faudra guetter les erreurs de Darth Ynnitach, approuva le vieillard, mais je suis tout à fait certain que jamais elle n'acceptera que les lois républicaines soient appliquées à l'intérieur de l'Empire Sith. J'ai bien peur qu'ils instaurent leurs propres règles et si les droits fondamentaux des espèces intelligentes n'y sont pas respectés, au moins pourrons-nous compter sur la rancoeur des peuples dominés pour en faire nos alliés.

Mais il était trop tôt pour une réelle infiltration. Une guerre froide serait instaurée pendant un long moment avant que l'Empire Sith ou la République ne commette le faux-pas qui déclencherait de nouveaux affrontements... ou avant que le jeu ne se calme et qu'ils deviennent voisins. Sauf que le vieillard était prêt à parier qu'une fois les Sith bien installés, ils désireraient étendre leur pouvoir.

Sur ces mots, une jeune femme prit la parole. Maître Don ne la connaissait que de réputation ou presque : Maître Von était dotée de talents de bretteur qui faisaient d'elle un exemple pour les Chevaliers Jedi et un professeur hors pair pour les padawans d'Ondéron. Pour autant, le vieil homme n'avait eu que peu à faire à elle en dehors des réunions au Conseil pour des missions ou autres discussions importantes.
Force était de constater que la jeune femme n'était pas seulement douée de ses mains. Maître Don fut agréablement surpris de la ressource intellectuelle et stratégique dont elle fit preuve en prenant la parole. Sa jeunesse se retrouvait dans la droiture de son comportement comme de ses mots, mais cela n'altérait en rien la sagesse dont elle faisait preuve.
Maître Don acquiesça doucement.

- Il vous a fallu peu de temps pour dégager les axes critiques d'un tel traité, Maître Von,
remarqua-t-il sur un ton grave en dépit du caractère élogieux de sa réflexion. Je pense au contraire que vous associer à la rédaction d'un traité de non-agression serait loin d'être une faute de notre part. Nous avons certes besoin de nos talents de diplomate, mais il ne s'agit pas que de paix, ici. Il s'agit aussi de stratégie guerrière... Ce en quoi vous êtes douée. Accepteriez-vous de travailler à ce traité, Maître Von ?

Il n'y avait aucune obligation, bien sûr, mais Maître Don comptait bien s'appuyer sur les meilleurs éléments de l'Ordre pour faire face à la menace des Sith. Et il faudrait jouer sur bien des fronts pour ne pas échouer. Le traité n'était pas qu'une affaire politique, c'était aussi le moyen de prévenir une prochaine guerre - ou la provoquer de la manière qu'ils souhaitaient, si l'on pouvait parler ainsi.

- Nous étendre en dehors d'Ondéron me semble également être une condition de notre survie, même s'il ne nous est pas possible à ce jour de quitter cette planète. Maître Berryl, penseriez-vous pouvoir vos occuper de ce déplacement des Jedi vers de nouveaux lieux ? Le Temple de Coruscant a été agrandi et réhabilité grâce aux décisions du Chancelier Arnor et il serait bon de profiter rapidement de la proximité que cela nous permettra avec le Sénat. Ensuite, il nous faudra trouver de nouveaux espaces stratégiques...

Maître Berryl n'était peut-être pas approuvé de tous, Maître Don ne doutait pas qu'il prendrait à coeur sa mission, tout du moins s'il l'acceptait. Par ailleurs, travailler sur sa propre suggestion d'extension des Jedi aurait dû lui apporter un supplément de motivation... Tout du moins le vieillard l'espérait-il.

Réfléchir à un traité, varier la position des Jedi en renforçant leur proximité avec la politique Républicaine... Que leur restait-il à faire ? S'occuper de surveiller les Sith et éventuellement s'infiltrer sur leur territoire était hautement délicat. Le travail des Ombres, en réalité. Maître Waray s'occuperait nécessairement de ce pan de leur action, et ils en discuteraient les détails en privé. Il faudrait aussi que le vieil homme évoque les paroles de Solstice...
Il repoussa à plus tard cette réflexion désagréable.

- Maître El'dor, la justice semble vous tenir à coeur et sur le territoire de la République, il est évident que les Sith devront se plier aux lois habituelles... Ce qu'ils ne feront pas. Pourrais-je vous demander d'identifier les noyaux Sith à l'intérieur des territoires de la République ? Il nous faudra déterminer lesquels sont effectivement dans le camp de Darth Ynnitach et, lorsque nécessaire, les contraindre à respecter les lois de leur territoire... Cela les poussera à se positionner. Avec un peu de chance, nombreux seront ceux qui ne seront pas des alliés du nouvel Empire... Ceci pourra nous servir ultérieurement.

Le Nazzar, lui aussi, pourrait peut-être refuser la responsabilité qui lui était donné. Au vu de ses compétences et de son implication, il semblait pourtant être le meilleur choix pour continuer à faire des Jedi les gardiens de la paix à l'intérieur de leur fragile République. Au moins, leur image serait préservée, car il ne fallait pas oublier qu'en concentrant tous leurs efforts sur cet Empire, ils risquaient d'en oublier les peuples qui subissaient les Sith sur le territoire de la République...

Maître Don regarda les uns et les autres, tour à tour. Accepter des responsabilités signifierait beaucoup de travail pour les uns et pour les autres. Le vieil homme serait bien sûr présent pour les assister et les orienter, mais il ne fallait pas non plus qu'ils acceptent par pure soumission s'ils ne pensaient pas être capables de bons résultats. Confier de telles missions à des Maîtres était toutefois la garantie d'obtenir une unité parmi les Chevaliers Jedi qu'ils feraient travailler. Une action coordonnée était leur seule chance de vaincre le jeu subtil des Sith...

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La Togruta offrit à l'assemblée un témoignage riche en renseignements des plus intéressants. Un aperçu de l'esprit sinueux de l'impératrice de facto et qui confirmait la roublardise de la Sith. Une opportunité de prédire ses mouvements, de la pousser là où l'on pouvait lui tendre un piège, elle qui avait à la seule force de son ambition fait renaître l'Empire de ses cendres de manière pour le moins spectaculaire... le jeu le plus dangereux que la galaxie puisse offrir avec pour enjeux des millions de vies de chaque côté, et les Jedis se devaient d'en relever le défi.

Le Corellien resta songeur encore un moment après que maître Don reprenne la parole. Il y avait comme une légère dissonance dans son écho dans la Force, un doute, peut-être une crainte, qui lui tournait autour tel un corbeau. Cette remise en cause de ses capacités de réflexion semblait le toucher un peu plus qu'il ne le montrait, ce qui dénotait sans doute un certain manque de conviction ou de confiance qui ne faisait que donner du crédit à cette suggestion.
Maître Don, agent impérial. Par la Force, lutter plus avant serait dès lors inutile. Si jamais la Dame Noire avait d'une manière ou d'une autre accès à l'esprit du vieil homme... mais on en venait alors à douter de n'importe qui, car si le plus puissant Jedi de cette époque était susceptible d'être ainsi espionné, personne ne serait plus en sécurité. Et puis, au sein du Temple, avec tous ces maîtres, comment la moindre once d'Obscurité pourrait s'infiltrer sans qu'on ne la remarque rapidement ?

La terreur épidémique des Siths : quand il s'agissait de ces démons, tout ce qu'on pouvait imaginer était possible et sans doute au-dessous de la vérité... mais impossible d'en être certain jusqu'au moment où ils frappaient.
A la réflexion, mieux valait ne pas baisser sa garde et rester attentif aux alentours, même ici. On ne savait jamais.

Espionnés ou pas, les maîtres semblaient se mettre d'accord sur les points importants à régler d'urgence. Loin de chercher à renchérir et renforcer sa position, maître El'dor affirmait suivre les idées proposées tout en y apportant sa propre touche. L'un dans l'autre, c'était une réaction rassurante comparée à certaines sessions houleuses du Sénat que le Corellien avait visionnées après son retour au Temple. Les dissonances entre ces personnalités fortes et plus imprégnées de Force que quiconque dans la galaxie - Berryl excluait les Siths et les Jedis gris car il n'était pas l'heure de chipoter sur ce genre de détail - semblaient se lisser peu à peu tandis que chacun se mettait à chercher sa place dans le plan d'action qui s'établissait petit à petit. Chose surprenante, même son idée de s'étendre hors d'Ondéron ne rencontrait pas la franche résistance de certains que Berryl avait prévue. Une bonne chose, évidemment, mais également un indice de la gravité de la situation, en un sens.

Une confrère dont le maître avait vaguement ressenti l'arrivée tardive un peu avant sans y prêter plus d'attention ajouta sa pierre à l'édifice. Il était difficile de la reconnaître, car elle faisait partie de ces nouveaux visages importants que l'humain n'avait que peu rencontré pour l'instant. Nul doute sur son terrain de compétence au vu de ses paroles, et maître Don le confirma lui-même : maître Von était une guerrière expérimentée.
Il était surprenant mais également amusant qu'une Jedi consciente de son manque de diplomatie pointe le manque de pratique des belles idées politiques qui s'échangeaient. Parler était bien, mais agir devait suivre à un moment, après tout. L'inclure dans la rédaction du traité était un geste qui sauverait peut-être la mise de la République. Un point en défaveur du prétendu manque de lucidité du vieux !

Les autres maîtres trouvaient peu à peu leur propre place, Berryl le sentait aussi bien que ses confrères. Les remous de Force fluctuaient mais commençaient à suivre des motifs qui se répétaient. Délimiter clairement la frontière império-républicaine, surveiller étroitement le territoire de la République et infiltrer celui de l'Empire. La ligne de front, l'arrière-garde et le terrain ennemi dans cette guerre politique et médiatique qui était en train d'exploser alors même qu'ils parlaient. Maître El'dor, par exemple, était clairement concerné par la défense de l'arrière-garde. Maître Mi et maître Von allaient sans doute rejoindre la lutte au front, chacune à leur manière. Et il était inutile, voire préférable, de ne pas se demander où allaient se retrouver ceux qui se cachaient si parfaitement derrière certains des hologrammes.

Et lui-même, alors ? Où allait-il bien pouvoir se retrouver ? Le terrain ennemi n'était pas sa spécialité, la ligne de front politique une agression dont nombre d'autres maîtres pouvaient se charger et l'arrière-garde trop éloignée pour faire autre chose que combattre les symptômes sans soigner le mal.
Son sourire s'étira en entendant la proposition que lui faisait le vieux maître. Bien entendu, c'était évident : le Corellien prendrait toujours la même place que celle qui avait été la sienne. "Marcher en premier dans l'inconnu, et éclairer le chemin pour ceux qui suivront." Cartographier à nouveau ce terrain inexploré qu'était redevenue la République. Instaurer la dernière ligne de défense, celle que l'on prenait toujours à la légère. A tort, car la dernière ligne de défense intégrait également la première ligne d'attaque, celle qu'on envoyait au combat et sur laquelle tout reposait.

En un mot, il allait redevenir enseignant. La classe.

"Ce serait un immense honneur que de me charger de cette responsabilité, maître Don, répondit le Jedi en bleu en s'inclinant respectueusement. Je ferai de mon mieux pour m'acquitter de cette tâche."

Voyons, que manquait-il encore ? Ah ! oui. Le gros problème de l'Empire imposant ses propres règles aux planètes désormais sous sa botte... Les Siths allaient infiltrer la République, c'était inévitable, et tout aussi inévitable allait être l'afflux de réfugiés en provenance de l'Empire.

"Il sera d'autant plus vital pour l'Ordre de montrer ainsi son soutien à la République lorsqu'elle sera confrontée aux exilés impériaux qui émergeront des Ombres. Notre mission, après tout, a de tous temps été la protection de la République et de ceux qui s'y trouvent."

Quand il s'agissait des agents secrets Jedis, mieux valait rester vague. Le pire qui puisse arriver était d'en savoir plus sur eux, après tout. Ce n'était pas pour rien que les Ombres prenaient des allures de rumeur même parmi les padawans... mais que seraient les Jedis s'ils n'aidaient pas les innocents dans le besoin, y compris là où la République peinait à les atteindre ?
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Alyria Von s'opposa d'entrée de jeu au Nazzar, ce dernier ne s'en offusqua guère, il savait que ses idées souvent culottées déplaisaient ou tout simplement qu'il ne s'exprimait pas bien. Peu habitué à être loquace, le maître manquait sérieusement d'entraînement à ce niveau. Heureusement ses pairs savaient souvent le décrypter et dans chacune de ses paroles parfois très acerbes, se cachait un fond de vérité. L'équidé savait aussi, malgré les apparences qu'il donnait, écouter autrui et il hocha doucement la tête pour signifier que la parole de la Togruta et de Maître Von étaient enregistrées. Les deux femmes savaient parfaitement s'adresser à l'assemblée et à lui. Sans le réfuter totalement elles avaient simplement adouci les courbes, ajouté leurs idées, bref, discutées avec courtoisie. De ce fait Alycius ne pouvait qu'être ouvert à la diplomatie qui n'était normalement pas son domaine. Maître Von d'ailleurs attisait en lui une certaine admiration. Bretteuse de talent, elle avait su conjuguer l'art de la parole avec son rang de gardienne, une combinaison rare parmi les Jedis dont lui-même était dépourvu, bien plus doué pour parler avec son sabre-laser que les mots. Quant au "cas" Pendragon Beryl, Alycius savait que ce dernier était plus ou moins récrié au sein du Temple, ses méthodes ne lui semblaient pourtant pas mauvaises. Le Nazzar avait décidément toujours du mal à comprendre le manque d'union entre les membres de cet Ordre, les rumeurs et autres potins avaient tendance à l'agacer. Ils perdaient une précieuse énergie à discutailler dans le vent, sans parler de leur crédibilité mis à mal.

Pour autant, aujourd'hui, sous le commandement de Saï Don, tous semblaient s'unir, une chose qui plaisait grandement à l'Equidé. Démontrant qu'il avait toute sa tête, le vénérable chef du Conseil, si humain soit-il, montra encore une fois qu'il méritait tout le respect d'Alycius. Classant l'affaire, il répartit les tâches équitablement, proposant sans imposer. Le Nazzar lui aurait été moins diplomate, mais c'était sans doute mieux ainsi, les maîtres effectueraient leur tâche de manière plus sérieuse et enthousiaste en ayant eu ce droit au choix. D'ailleurs, malgré le travail que cela leur coûterait en plus de leurs obligations habituelles, la majorité décida d'accepter la mission que Saï leur proposait. Alycius se sentit apaisé, comme baigné dans une ambiance unificatrice. Pour une fois le Temple se montrait sous un jour efficace, tranchant nettement avec toutes les divergences qui avaient pu avoir lieu jusque là. De l'Ordre, du sérieux, enfin ! Maître El'Dor se sentait entouré de personnes compétentes, et ce moment lui semblait si important qu'il en parvenait même à oublier de regarder de quelle race était son voisin ou sa voisine. Ils avaient une chance, maigre certes, mais une chance tout de même d'en finir avec toute cette obscurité qui les étouffaient peu à peu depuis que Saï Don était revenu. Quoiqu'en pense l'Ombre présente avec eux par hologramme, le vétéran était de loin celui qui avait la tête la plus solide dans cette chambre.

-J'accepte, comme l'a signifié Maître Beryl, ce sera un honneur pour moi d'accomplir la part qui m'incombe.

L'Equidé inclina son encolure dans une profonde révérence, signe de respect total envers le grand Maître du Conseil. Il prolongea les salutations quelques infimes instants, juste suffisamment pour que ses voisins comprennent qu'il leur réservait également son respect. Eux aussi avaient le droit à ce sentiment que le Nazzar distribuait pourtant peu. La seule envers qui Alycius était légèrement plus réservée était cette Ombre qui avait tenu des propos limites selon lui envers leur chef. Certes il était normal de s'enquérir de la santé de ce dernier avant de le suivre aveuglément mais pas de la sorte. Plus subtilement, à huit clos. Et oui ! Le roi de la provocation et des sabots dans le plat estimait que cette fois, la subtilité aurait dû être de mise. Enfin, décidé à ne pas épiloguer là-dessus, surtout que ça ne regardait que Saï Don, le maître se contenta de passer outre.

-Je me mettrai en quête de ces noyaux obscurs dès la fin de cette réunion.

Déjà sur le partir, Alycius songeait à ce qu'il devrait emporter, pas grand chose en fait. Un peu de nourriture, sa carte d'identité, son pass en tant que Maître Jedi et des interrogatoires à improviser dans les rues. Avec un peu de chance, le Nazzar pourrait également se renseigner discrètement sur une certaine Miraluka retenue bien trop loin de lui. Son apprentie qu'en aucun cas Alycius n'oubliait, cherchant jour et nuit un moyen de la sortir de ce guêpier en priant il ne savait quel Dieu auquel il ne croyait pourtant pas qu'elle tienne bon. Tout cela sans se l'avouer bien entendu, sous couvert qu'Ylm était une grande fille bien entraînée et qu'en devenant Jedi, elle savait les risques encourrus. Pour autant, Saï et peut-être les autres maîtres présents le savaient sans doute, Alycius était beaucoup moins dur que ce qu'il y paraissait.

En attendant, le Nazzar tourna la tête vers ses compagnons, il n'avait aucune question à poser, aucune remarque à faire, tout lui convenait mais ce n'est pas pour autant qu'il partirait sans qu'on le lui dise. Les autres pouvaient encore dire quelque chose d'intéressant que ce soit en s'opposant, en refusant la mission confiée ou en l'acceptant. Malheureusement pour le moment, avant leurs enquêtes respectives, difficile d'établir un plan plus précis. Ce serait au petit bonheur la chance que leur mission commencerait, une chose qu'Alycius détestait mais il faudrait bien faire avec. Laissant donc la parole à autrui, retrouvant son débit de paroles faible qui lui était si caractéristique, Alycius posa ses yeux sombres sur l'assemblée, ses deux oreilles pointées en avant prouvant combien il était attentif au moindre mot.
Saï Don
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Ce fut avec soulagement que Maître Don accueillit les réponses des Maîtres Jedi. La dévotion dont ils faisaient chacun preuve rassurait le vieil homme quant à la capacité des Jedi à se réadapter aux nouvelles situations, même dans des environnements hostiles. Se démultiplier, se disperser dans le territoire Républicain était plus que nécessaire, et le vieillard pourrait avoir l'esprit tranquille de ce côté si Maître Berryl se chargeait de ce plan. Néanmoins, cela prendrait beaucoup de temps : la réhabilitation du Temple de Coruscant, déjà bien avancée, ne suffirait pas. Il faudrait consolider les territoires existants des Jedi et pourquoi pas, construire des bases armées à proximité de l'Empire Sith... Ceci dans un secret total, si cela était possible. Maître Don réfléchirait en privé avec Maître Berryl pour positionner ces bases potentielles.
Quant à traquer les Sith sur le territoire républicain, le Nazzar reconnut pour sa ténacité acceptait lui aussi de s'occuper de cette tâche difficile. Le vieil homme acquiesça avec la certitude que Maître El'Dor était non seulement compétent pour ce travail, mais qu'en plus il allait s'arranger pour être le plus efficace possible. Le seul doute qui subsistait chez le vieil homme était le nombre de forces disponibles qui permettraient de réellement empêcher les Sith de s'infiltrer trop facilement sur le territoire républicain... De nombreux Chevaliers allaient devoir être mis à contribution.

- Je vous remercie pour votre dévotion, répondit Maître Don avec sincérité. Le Conseil vous transfère officiellement toute l'autorité nécessaire pour accomplir vos missions. Pourvoyez-vous des chevaliers qui vous sembleront les plus appropriés pour atteindre vos objectifs, et n'hésitez pas à faire appel à un membre du Conseil en cas de difficulté ou de doute.

Le vieillard ponctua cette déclaration d'un silence qui lui permit d'observer les Maîtres Jedi présents, tour à tour. Nombre de chevaliers allaient être mobilisés pour ces missions, mais ils n'attendaient probablement que d'être actifs dans cette lutte contre les Sith.

La dernière tâche qui incombait aux Jedi était de s'assurer que le Sénat resterait leur allié durant cette période difficile. Mais les Maîtres étaient déjà suffisamment chargés comme cela, le Conseil ne pouvait leur demander d'en faire plus avec un effectif aussi réduit. Maître Don en discuterait à huis clos avec ses confrères, mais il ferait du Sénat l'affaire du Conseil. Maître Mi connaissait assez bien les rouages de la politique - elle était une diplomate hors pair - quant à lui-même, il lui faudrait recontacter le chancelier Arnor pour s'assurer qu'il marchait toujours dans les sentiers lumineux de la Force, et donc main dans la main avec ses frères Jedi.

La réunion touchait à sa fin. Chacun allait bientôt s'en retourner vaquer à ses occupations, et commencer les difficiles tâches qui leur incombaient.

- Chers Maîtres, chers confrères, reprit le vieil homme en guise de conclusion. Dans cet avenir dangereux dans lequel nous évoluerons, seule l'union des Jedi permettra à l'Ordre de subsister en accomplissant ses missions. Notre Force est notre solidarité.

Il n'avait pas regardé Solstice lors de cette annonce, mais il savait qu'elle entendrait que la prudence ne devait pas non plus les conduire à des suspicions dévastatrices. Sinon, les Sith auraient d'ores et déjà vaincu.

- Le Conseil vous fait confiance ; et cette confiance, loin d'être imprudente, est la condition sine qua non de la résistance aux Sith : si nous nous divisons, ils auront atteint leur objectif.

Tel qu'ils l'avaient toujours fait, les Sith chercheraient à semer le trouble parmi eux. Ils y parviendraient peut-être... Mais tant que Maître Don serait vivant, il lutterait pour que les Maîtres de l'Ordre veuillent croire en leurs chemins lumineux, et qu'ils acceptent de compter les uns sur les autres avec les risques que cela supposerait. Mais il n'y aurait pas de victoire sans risque...

- La séance est levée. Maîtres, que la Force soit avec vous.




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