Invité
Anonymous
Y avait des jours où être corsaire, c'était franchement contraignant. Sûr qu'on pouvait bien s'marrer : les p'tites missions qui virent au carnage, les négociations avec des types pas très-très nets, les dégommages au gros calibre... c'était la vraie vie ! Ouais, mais ça arrivait aussi que Moktarr en ait vraiment, vraiment ras-le-bol ! Pas d'intimité, en fait. C'était ça, l'gros problème : pas d'intimité. Bon, à titre de Besalisk glaireux, il surpassait tous les autres en ronflements, dans les dortoirs : pour ça, pas d'souci ! Il ronflait tellement qu'il aurait été bien incapable d'entendre un marteau-pilon lui trouer l'oreiller. Mais pas pouvoir s'envoyer en l'air parce que l'cap'taine voulait jouer les moinillons coincés d'la biloute (alors que bon, c'était pas l'dernier non plus à c'niveau-là, hein !), c'était franchement pas drôle ! Et pis, s'branler dans les toilettes en étant constamment surveillé par l'I.A. du vaisseau, y avait rien d'moins bandant - ce qui s'avère un peu problématique en matière de masturbation, faut bien l'avouer.

C'est probablement pour ça qu'Moktarr passait le clair de ses permissions dans les cantinas à faire un p'tit coucou aux putes du coin - et même plus qu'un p'tit coucou, d'ailleurs. Ce qui est sûr, c'est que Nar Shaddaa s'prêtait plutôt bien à ces p'tites excursions nocturnes. Une sacrée ville, celle-là ! Un peu comme les bas-fonds d'Coruscant, mais des entrailles d'la planète jusqu'aux nuages dans l'ciel. Cette cité puait la débauche, le crime et la baisaille à plein nez, et fallait dire que ça plaisait bien à Moktarr, ouais ! ça avait même tendance à l'mettre d'humeur à une p'tite saut'rie dans le coin reculé d'une cantina nauséabonde. Un truc que les aristos d'cette galaxie comprendront jamais - les pauvres !

Cette soirée commença donc comme plein d'autres. Scénario tout l'temps répété, mais dont on s'lasserait pour rien au monde : Moktarr Mac Cload, officier-artilleur du Séléné et homme du main du capitaine Ventarë (c'est son titre officiel), Besalisk bourrin, primaire, lubrique, cochon et porté sur la bibine (ça, c'est sa réputation), mais au cœur aussi tendre qu'un gros nounours en p'luche (ça, personne n'doit l'savoir), euh... Moktarr, donc, rentre dans un bar de Nar Shaddaa en s'disant qu'il va tirer un coup, les neurones embrumées par les vapeurs d'l'alcool. Ouais, une soirée comme les autres, quoi.

Enfin, pas tout-à-fait comme les autres, en fait. Et vous allez savoir pourquoi.

Au moment d'entrer dans la cantina ("À la pucelle vérolée" : le patron devait s'être pris une cuite monumentale quand il a pondu ce nom), Moktarr s'aperçut d'emblée que la jolie Twi'lek qu'il avait... hum... "fréquentée" la dernière fois, était pas là. Le genre de truc à mettre un Besalisk en rogne.


«Mac Cload ! Mon ami ! Comment ça va d'puis l'temps ?»

Ou-la-la ! C'était plutôt mauvais signe, ça ! Trop sympa pour être honnête, le patron.

«Humph ! Ça peut aller... Dis-moi, Gleurgl...»

«Glørgl.»

«Oui, euh... Glœrgl...»

«Glørgl.»

«Glõrgl...»

«Glørgl. C'est pas bien compliqué à prononcer, pourtant. J'comprends pas pourquoi les gens ont tant d'mal avec mon nom...»

Non mais... Faut être taré pour s'appeler comme ça ! Bon, en même temps, quand on voit la tête du Glôrgl ? ... non... Glörgl ? ... Glòrgl ? ... enfin bref du type en question, c'était pas si étonnant que ça, à bien y réfléchir.

«Bon... Dis-moi, Machin, la dernière fois que j'étais passé dans ton bar, y avait une jolie p'tite Twi'lek, là, toute verte...»

«Sin'waeh ?»

«Ouais ! C'est ça ! Sacrément bien foutue, d'ailleurs ! Pulpeuse et tout et tout, avec des gros nénés, et puis...»

«Vendue.»

Sur l'moment, Moktarr crut que l'patron v'enait d'le traiter d'vendu. Ses joues devinrent toute rouges, son sang fit plein d'gros bloub-bloub et la fumée sortit presque d'ses oreilles.

«Traite-moi encore une fois d'vendu et j'te...»

«Non, non ! La Twi'lek ! C'est elle que j'ai vendue !»

À vrai dire, cette réponse n'empêcha pas les joues d'Moktarr de devenir toutes rouges, son sang d'faire des gros bloub-bloub et la fumée de sortir presque d'ses oreilles. Au contraire, même...

«Que... ? Vendu !»

Là, c'était une insulte. Mais l'patron y fit pas gaffe.

«Oui, oui : vendue. J'ai eu des p'tits problèmes d'argent, ces derniers temps, et du coup, j'me suis endetté, alors pour rembourser tout ça, j'ai dû vendre cette esclave. Elle valait beaucoup, et ça a quand même renfloué mes...»

Deux nuages de vapeur sortirent des nasaux du Besalisk. Ne pas lui éclater sa p'tite gueule de... Ne pas lui éclater sa p'tite gueule de... Ne pas lui...

«Bon, sers-moi une bière. Un boga-noga.»

C'est tout ce que Moktarr put lui sortir. Y avait des jours, comme ça, où il avait envie de s'montrer violent. Très, très violent. Mais bon, pas question d's'engueuler avec tous les patrons qu'ils connaissaient dans cette foutue galaxie : après, l'cap'taine risquerait de râler. Glœrgl (ou Glòrgl, enfin bref...) lui versa une bonne pinte de sa boisson préférée. Au moins, il avait pas vendu son stock de bière, c'était déjà ça...

«Hum... Mac Cload... Si t'aimes vraiment les Twi'leks, j'en ai une autre qui pourrait p'têt bien te plaire...»

Moktarr engloutit la moitié de sa chope, rota un bon coup, et s'retourna vers le patron.

«Ah ouais ? Fais-moi voir la marchandise, alors ! Qu'est-ce t'attends ?»

«Elle est là, au fond... Elle est pas encore prise pour la nuit, si tu vois ce que j'veux dire...»

Moktarr voyait bien c'qu'il voulait dire. Mais... à la place de la jolie Twi'lek qu'il s'attendait à trouver, son regard tomba sur un boudin. Mais un bon gros boudin, pour le coup ! Alors là, monstrueux, le boudin ! Tellement monstrueux que ça dépassait d'partout, graisse, bourrelets et tout l'reste. Un flan r'bondirait moins bien que cette horreur !

«Non mais tu me prends pour quoi, Glœrgl de mes deux ?!»

«Hum... Glørgl. J'm'appelle Glørgl.»

Là, c'était trop !

«Corrige-moi encore une fois sur ton nom, et j'te fais bouffer les couilles par les trous d'nez, crétin !»

De dépit, Moktarr avala la deuxième moitié d'sa chope, quand soudain, ce qu'il vit à l'entrée du bar fit qu'il s'étrangla à la manière d'un puceau qui s'enfile une liqueur pour la première fois de sa vie...

«Glørgl !»

«Ah, tu vois que tu peux prononcer mon nom, quand tu veux...»

Ce n'était pas son nom. C'était le cri que pousse un Besalisk quand il s'étrangle avec sa bière. Enfin bon, si ça pouvait lui faire plaisir, à cet attardé...

«Keuf ! Keuf ! Keuf ! La... Keuf ! La fille, qui vient d'rentrer, avec ses ch'veux violets, tu la connais ?»

«Euh, non, mais...»

«C'est elle !»

«De quoi : c'est elle ?»

«C'est elle que j'veux... Ouais ! C'est elle !»
Invité
Anonymous
Il y a de ces fois où Jayleen se demandait si elle était vachement malchanceuse, pas bien considérée en tant que Jedi ou que la Force s'acharnait sur elle. Pourquoi? Parce qu'elle récoltait souvent les pires missions qui soit. Pas les plus difficiles, mais les plus ennuyantes et insignifiantes, comme celle qui la retenait depuis une semaine déjà, sur Nar Shaddaa. De tout les endroits possibles dans la galaxie, il avait fallut qu'elle doive se rendre sur cette planète puante infestée de la pire vermine galactique. Elle devait trouver un pirate Rodien qui avait fait elle ne sait trop quelle connerie. Non mais il faut être barjo pour envoyer une Jedi à la poursuite d'un truand banal...

*Je dis pas si ça aurait été un Sith, mais quand-même...*

Quoi qu'il en soit, elle cherchait dans le vent depuis une semaine, avait fait le tour de tout les gens susceptibles de connaître le Rodien, mais rien. Elle rentrait à sa petite chambre de motel miteuse à chaque soir, bredouille et fatiguée. Elle se laissait tomber sur le lit en soupirant, se disant que le lendemain... Non, le lendemain, elle voulait pas y penser. Une autre journée qui s’avérerait infructueuse. Qu'aurait-elle donné pour un petit quelque chose de relaxant, ou même, moins routinier? N'importe quoi! Seulement une semaine de ce petit cirque et elle en avait déjà marre.
Elle se levait ce matin-ci avec la ferme intention de faire quelque chose de sa journée. Asuna la regardait de travers.


«Quoi? J'ai le droit à un peu d'optimisme.»
«Miaou...»
«Abandonner? Pfff, tu me prends pour qui?»


Elle enfila son leggins en jeans gris foncé, un débardeur long de couleur saumon avec un décolleté en accord avec l'image qu'elle s'était construite de riche femme anonyme, de longues bottes à talon brun très foncé, son sabre laser à sa ceinture, mais caché par une petite cachotterie de sa part, qui faisait passer l'arme pour un blaster grâce à un simple étuis et pour compléter l'ensemble, une cape en tissus soyeux gris clair. Asuna, elle devait porter un collier, chose qu'elle détestait car elle disait que ça abîmait son poil. Elle sortit donc avec Asuna et déambula plusieurs heures dans les rues. Elle devenait de plus en plus frustrée, mais ne le montrait pas. De plus, elle commençait à croire que les gens évitaient de lui parler car elle était moche...

*Tu es une Jedi, Jayleen. L'apparence n'a pas d'importance autre que d'envoyer un message précis aux autres. Quoique... Est-ce que j'ai pris du poids dernièrement*

Asuna dormait sur ses épaules comme un col en fourrure. Jayleen, elle était un peu fatiguée déjà, mais n'avait aucunement envie de se rendre à sa chambre. Elle allait s’asseoir, lorsqu'elle aperçut une cantina fort quelconque dans ce décor trop répétitif. Mais ça allait lui faire du bien. Avant d'entrer, elle dut éviter une bouteille vide lancée par un vieil homme ivre. En rentrant, l'odeur lui sembla assez infecte, mais supportable à la toute limite. Elle n'eut pas même le temps de faire le tour de la place du regard, qu'on sembla l'avoir remarquée.

*Mais que veut-il ce type? Je ne cherche ni la bagarre, ni les engueulades, même si ça me dégourdirais un peu...*

Elle leva les yeux, l'ignorant avec une élégance toute calculée et partit s’asseoir en soupirant. Restait à espérer qu'il ne lui collerait pas aux semelles comme une vieille gomme à mâcher. Elle était ici pour se reposer, pas pour entendre les railleries des saoulons. Et elle était bien décidée à ce que personne ne gâche ce bon moment de semblant de calme. Mais elle ne pouvait pas prévoir que sa petite pause tournerait bien vite à tout autre chose...
Invité
Anonymous
Du temps où Mac Cload était à l'école de l'armée républicaine (et ça r'monte, faut l'dire), y avait un cours qu'il aimait pas trop-trop : initiation à la stratégie militaire, que ça s'appelait. Pfff ! Stratégie militaire : un truc de p'tites tapettes, juste pour qu'les généraux, amiraux et autres huiles du même genre se sentent pas trop lâches à rester en arrière avec leurs cartes, tandis que les soldats - les vrais ! - se faisaient zigouiller sur l'champ d'bataille. Ouais ! La stratégie, c'était bon pour les tafioles ! T'façons, la vraie réalité d'un combat se résume à deux mots : bute ou crève (bon, trois mots si on compte le "ou"). D'ailleurs, Mac Cload se sentait plus artilleur qu'officier, mais comme il était les deux à la fois, ça lui permettait d'appliquer sa stratégie à lui, rien qu'à lui : on fonce et on bourine !

Y avait des poètes qui s'amusaient à comparer l'amour à la guerre. À c'niveau-là, Moktarr avait un brin d'culture : il avait vu ça dans les bouquins du cap'taine Ventarë. Ou plutôt : Ventarë lui en avait d'jà parlé, parce que Mac Cload a jamais lu une ligne dans sa vie (enfin si : la carte des boissons, une saine littérature). Mais fallait bien avouer que c'était pas con, comme truc : l'amour, ça se faisait effectivement de la même manière que la guerre. Côté conquête amoureuse, le gros Momo adoptait la même stratégie que sur l'champ d'bataille : on fonce et on bourine ! Une bien belle stratégie...

C'est ce genre d'idées qui lui tournicotaient dans les neurones quand Mac Cload s'approcha de la jolie donzelle. Fidèle à sa théorie militaire singulièrement sophistiquée, il fonça droit vers la nana qui s'était assise dans un coin, bourina au passage un rodien qui avait rien à faire là (c'est c'qu'un stratège digne de ce nom appellerait un dommage collatéral), et alla poser son énooorme fessier gélatineux sur la chaise en face de la fille.

Un bon soldat doit analyser l'terrain avant d'se lancer. Ça aussi, d'ailleurs, ça valait pour les conquêtes amoureuses. Et fallait dire qu'en voyant les choses de plus près, Mac Cload s'rendit compte qu'il avait affaire à une aristo. Comme toutes les aristos, quoi : délicatesse, raffinement et chichis - un certain nombre de mots qui échappaient un peu au Besalisk. Ouais : décolleté assez profond pour qu'on en devine le contenu, mais pas trop non plus, histoire que l'imagination fasse le reste (raaah ! et Moktarr avait une imagination débordante, quand il voulait !) ; bottes bonnes à s'donner un côté aérien, du genre Madame-je-suis-au-dessus-d'tout-le-monde-embrassez-moi-les-semelles-bande-de-pouilleux ; une cape en mode impératrice à qui on la fait pas ; et évidemment, évidemment, un blaster tenant lieu de garde-fou, petit avertissement accroché à la ceinture, et qui vous hurle à la gueule : «Pas touche au matos !» D'un côté, c'était sacrément vicieux, comme truc : une pute prend pas tant d'précautions ; elle s'emmerde pas à suggérer, à exciter l'désir, et à s'déclarer propriété privée avec ça !

Hum... Fallait adopter un plan B, là. Et pas un plan B comme sur un champ d'bataille, pour le coup. Y était pas question de passer d'un p'tit calibre à un plus gros. Non, non, non ! Fallait carrément changer d'attitude de combat, pour le coup. L'gros calibre viendrait après - si tout s'passait bien.

Plan B, plan B, plan B... Bon, déjà, faire son bien élevé. Important, avec les aristos. Y sont les plus gros enfoirés d'la galaxie, et y s'paient encore le culot de jouer les éduqués... J'vous jure !


«Permettez que j'm'assoille ici, mam'zelle ?»

Euh... C'est pas correct, ça... On dit quoi, d'jà ? Que j'm'assis ? Non... Que j'm'assieds ? Non, sûr que non ! Moktarr avait un mot bizarre au fond d'son p'tit crane : le sujbonctif, que ça s'appelait. Ou un truc du genre, enfin bref ! Mais à bien y réfléchir (quoique l'expression "bien réfléchir" s'avérât oxymorique d'un point de vue moktarrien), ça se disait pas, «permettez que j'm'assoille» ; ça y r'ssemblait, mais ça s'disait pas. Et d'ailleurs, il était d'jà assis ; alors pourquoi il s'emmerdait à d'mander la permission ? Oh-la-la, la politesse, qu'est-ce que ça peut être tordu, j'vous jure !

Bon, puisque ses deux fesses étaient bien posées sur cette foutue chaise (ou plutôt : puisque cette foutue chaise était bien encastrée entre ses deux fesses), inutile de s'étaler là-d'ssus plus longtemps, hein !

Deuxième truc : avec les aristos, fallait faire semblant d'être riche. Important, ça. Évidemment, quand on est un tantinet logique, on s'rend vite compte qu'ils sont vachement forts pour plumer les gens, ces gars-là : c'est eux qu'ont toutes les thunes, et y veulent encore que ce soient les autres qui paient pour eux ! Non, mais ! Enfin bon, quand on veut, on peut, et Moktarr voulait, donc il se donna les moyens.


«Allez, j'vous sers à boire ! Vous aimez quoi ? Un p'tit boga noga ? C'est c'que j'préfère, moi, l'boga noga. D'ailleurs, c'est assez efficace pour nettoyer l'moteur d'un speeder, preuve que c'est un bon lubri...»

Euh, merde ! Remontant, pas lubrifiant ! Pourquoi les mots s'emberlificotent comme ça, parfois ?

«... un bon remontant. Ouais ! Un très bon remontant.»

Comment passer pour un type qui a les moyens d'offrir c'qu'il veut à une nana... Eh-eh ! Subtil, le Moktarr ! Subtil... Comme quoi, y savait faire dans la douceur, quand il voulait !

Super important, de montrer que sa bourse - sans mauvais jeu d'mot, bien sûr - était tellement remplie que ça débordait de partout, à tel point qu'elle pouvait bien s'mettre un p'tit peu au service des jolies filles.


«Oooooh... Z'avez un p'tit chat. Ah, j'adore les p'tites bébêtes dans l'genre, moi ! Il est mignon tout plein. Eh ! C'est que ça donnerait des envies d'câlin, ces machins-là. J'l'ai toujours dit : les types capables de tuer ça sont vraiment des monstres, ouais ! Les pires ! Paraît que les Siths, y z'aiment ça, zigouiller pour le fun. Bon, j'dis pas, massacrer un gars qu'y a une sale gueule et qui cherche la merde, ça s'justifie, mais par contre un pitit animal tout mimi comme celui-là...»

Vous êtes sûrement en train d'vous imaginer que ça faisait partie du plan B conçu par le génial esprit de Moktarr Mac Cload. Eh ben non ! Pour le coup, ça v'nait droit du cœur. Ouais-ouais : y savait pas trop pourquoi, mais les p'tites bestioles, ça lui faisait des guili-guili dans les tripes. Évidemment, c'était pas l'genre de truc à avouer quand on est officier-artilleur, mais y avait des fois où Moktarr faisait pas gaffe à c'qu'y pouvait bien raconter, et ça donnait lieu à ce genre de scène de tendresse plutôt suspecte.

«Mais j'cause, j'cause, et j'oublie d'me présenter, moi ! Moktarr Mac Cload, officier-artilleur dans l'Séléné, un vaisseau corsaire qui s'promène un peu partout dans la galaxie ! Pour vous servir, mam'zelle... Mam'zelle ?»
Invité
Anonymous
Jayleen fixait le vide devant elle en réfléchissant à pourquoi elle était entrée ici.  Ça grouillait de types pas très propres et/ou peu recommandables.  Pas son style de fréquentations, mais cette planète les regroupaient tous, alors ce n'était pas vraiment une surprise...  Elle soupira, lorsque son attention fut attirée par un Rodien qui s'était fait ramasser...  C'était pas de ses oignons... Ou peut-être que si...
Un grand gaillard, un Besalisk, pour précision, venait de s’asseoir devant elle.  Mais qu'est-ce qu'il pouvait bien lui vouloir.  Elle se cala sur sa chaise en soupirant, légèrement agacée, surtout qu'il semblait la détailler du regard.
Si Jayleen détestait le regard des autres sur sa personne, elle ne laissa paraître qu'un léger agacement, tout juste de quoi montrer qu'elle n'était pas un étalage de steak.  Et s'il insistait à l'importuner...


*Je dois me calmer, sinon je pourrais commettre des fautes dans mon rôle.*

Elle rangea les idées de l'assomer avec un coup bien placé dans un coin reculé de son esprit.

«Permettez que j'm'assoille ici, mam'zelle ?»

Comment décrire ce genre de question et de manières...  Forcé?  Un tantinet ridicule?  Jayleen avait bien trop souvent joué des rôles divers pour ne pas remarquer un comédien, surtout un mauvais...

«Allez, j'vous sers à boire ! Vous aimez quoi ? Un p'tit boga noga ? C'est c'que j'préfère, moi, l'boga noga. D'ailleurs, c'est assez efficace pour nettoyer l'moteur d'un speeder, preuve que c'est un bon lubri... un bon remontant. Ouais ! Un très bon remontant.»

Par la Force...  De quoi effrayer bien des femmes, surtout avec la taille qu'il fait...  Il ne devait pas avoir les pensées très claires...  Aussi, Jayleen lui afficha un petit air perplexe.  Elle ne devait pas lui montrer qu'elle voyait clair dans son p'tit jeu, car jusqu'ici, ses fautes étaient assez subtiles.  S'il commettait une grosse erreur, là elle changerait bien d'attitude.  On verra ce qu'on verra...

«Oooooh... Z'avez un p'tit chat. Ah, j'adore les p'tites bébêtes dans l'genre, moi ! Il est mignon tout plein. Eh ! C'est que ça donnerait des envies d'câlin, ces machins-là. J'l'ai toujours dit : les types capables de tuer ça sont vraiment des monstres, ouais ! Les pires ! Paraît que les Siths, y z'aiment ça, zigouiller pour le fun. Bon, j'dis pas, massacrer un gars qu'y a une sale gueule et qui cherche la merde, ça s'justifie, mais par contre un pitit animal tout mimi comme celui-là...»

Asuna leva la tête, se sentant concernée.  Mais Jayleen la sentait outrée de s'être fait appelée "machin".  Jayleen était surtout un peu surprise de ce changement brusque de discours.  Un instant il lui offrait à boire avec un langage douteux et l'instant d'après, il se mettait à fabuler sur la mignoneté des petits animaux...  On dira ce qu'on veut du fait que les femmes sont compliquées, Jayleen appuyait plutôt que c'était les hommes...  
Quoi qu'il en soit, elle laissa échapper, bien malgré elle, un petit rire accompagné d'un sourire.  Quand elle réalisa son erreur, elle se referma comme une huître.


«Mais j'cause, j'cause, et j'oublie d'me présenter, moi ! Moktarr Mac Cload, officier-artilleur dans l'Séléné, un vaisseau corsaire qui s'promène un peu partout dans la galaxie ! Pour vous servir, mam'zelle... Mam'zelle ?»
«Mademoiselle Novers, Ilian Novers.» répondit Jayleen avec ce petit ton de "mêle-toi de tes affaires" «Et elle (désignant la chatte bien installée) ce n'est pas "machin", mais Asuna.»

Jayleen prit un léger temps de pause.

«Aussi, pour vous répondre, Môsieur, je ne bois rien, à moins que ce soit très doux...  Ou raffiné.»

Elle se racla la gorge et poursuivit.

«Sinon, pourquoi venez-vous m'importuner de la sorte?  Il va vous falloir un argument béton pour que je vous laisse garder votre, eurh-hum, gros popotin planté là.»

Ton supérieur, mouvements brefs qui signifiaient que peu et surtout, comportement un peu "vache" avec l'emploi du Môsieur bien appuyé pour lui faire comprendre qu'il était rien à coté d'elle.  Se camoufler dans un monde de la sorte était un peu une libération pour Jayleen, enfin, elle pouvait se montrer chiante sans que ce soit mal vu.
Invité
Anonymous
Raffiné... Et bim ! Moktarr l'avait vu v'nir à quinze années lumières. Ah, là, pour le coup, c'était gros comme un bantha. Ouais, les aristos, y z'aimaient les trucs raffinés, et pas les bons gros alcools comme du boga noga. Huuuuum... Doux et raffiné... Doux et raffiné... Ce genre de machin s'trouvait en haut d'la carte des boissons, une partie pas très très connue de Mac Cload, pour tout vous dire. Mais avec le Séléné, il avait eu l'occasion d'rencontrer des tas et des tas d'gens aux visages assez différents, aux goûts assez différentes, de races assez différentes, et même à l'haleine assez différente, et parmi la foule de tous ces collaborateurs, y en avait, quelques uns, hein, qui appréciaient les trucs doux et raffinés. Ça existait, ces aliens-là, si-si !

«Enchanté, mam'zelle Novers ! 'Savez, j'm'y connais en boissons, moi, et pas qu'en machins alcoolisés. C'est que j'suis un gaillard honnête, hein !»

L'un d'ses sourcils s'abaissa jusqu'à la moitié d'sa pupille, tandis que l'autre se recourba pour aller s'loger au milieu d'son front. Une mimique de Besalisk, ça.

«Patron !», qu'il gueula à travers le bar. «Un p'tit verre de leena pour la d'moiselle ! Et qu'ça saute !» Puis, se r'tournant de nouveau vers sa cible, «Z'allez voir : c'est un p'tit jus d'fruit pas du tout alcoolisé, un truc qui vient de Meirm, j'crois, avec un p'tit goût d'cannelle et d'orange. Plutôt sympa, en fait. Vous trouv'rez pas plus raffiné et pas plus doux à travers toute la galaxie, ça, j'peux vous l'assurer !»

Les sourcils de Moktarr se r'mirent à leur place, tandis que ses deux yeux r'commencèrent à zoomer sur la bestiole que caressait allègrement la jolie p'tite d'moiselle. Et, à vrai dire, ils bifurquèrent un instant sur les deux... Enfin, non, ils s'concentrèrent sur la bébête, et c'est tout. Allons ! Qu'est-ce vous allez imaginer, encore ?

«Asuna... C'est une chatte, alors... Eh ben, permettez-moi d'vous dire que vous avez une jolie p'tite chatte qui donne vraiment envie d'être caressée, avec des poils tout mignons, et qui...»

Euh... Une chatte... C'est bizarre, mais en disant ça, c'était comme si...

Oh, putain, le con !

Les rouages qui tentaient tant bien qu'mal de tourner sur eux-mêmes dans l'petit crane de Moktarr identifièrent une bévue dans c'qu'il était en train d'raconter. Une bonne grosse bévue ! Vraiment, la bévue du siècle ! Du millénaire même ! Ah, meeeeeeeeeerde ! Alors là, pour le coup, y avait rien d'moins raffiné (bon, doux, à la rigueur...) que de dire à une d'moiselle qu'elle avait une jolie p'tite chatte !

Rattraper l'coup ! Rattraper l'coup !


«Et... Vous l'avez trouvée comment, votre ch... votre animal ? Parce que moi, savez, j'ai un gizka... un p'tit caméléon, ou kek'chose dans l'genre, un... un retpile, qu'on appelle ça... et son nom à lui, c'est Noga. Ouais, comme le boga noga, mais avec "boga" en moins, quoi ! J'suis sûr que lui et vot' ch... vot' animal, y s'entendraient bien. Ouais, c'est sûr ! Y s'entendraient vachement bien, non ?»

Et là, pour la première fois d'puis longtemps, bien longtemps, Moktarr rougit un peu sur le bord d'ses grosses joues. Bon, un tout p'tit peu, hein. Pourtant, pour c'qui était des blagues bien grasses dans l'genre, c'était pas l'dernier ! Ah ça, non ! Faut même dire que, dans une autre situation, il aurait sauté sur l'occasion pour rigoler un bon coup avec cette histoire de chatte. Sauf que là, c'était un peu comme quand on nettoyait un blaster, qu'un gars s'ram'nait, et que - pan ! - le gars : le coup était parti tout seul. Tout seul, ouais ! Et c'était plutôt gênant, en fait...

Heureusement, l'patron arriva au bon moment avec le verre de leena. Ça permit à Moktarr de r'prendre ses esprits et de se désempêtrer de cette fichue bévue.


«Z'allez voir, c'est super bon ! Goûteux, raffiné, doux, et tout ça...»

Et hop ! Grand sourire charmeur, d'un air de dire : «J'suis beau gosse, pas vrai ?»
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
skin made by
© jawn