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Ô cruelle galaxie ! Ô infâmes magiciens armés de sabres fluorescents ! Artorias coupée du monde, une partie des voies galactiques distordues pour éviter les interfaces avec l’ « empire », et voilà que le business s’effondrait. La crise, qu’ils disaient dans les holonews, et cela voulait surtout dire qu’on ne savait plus très bien à quel saint se vouer, ni à qui faire confiance. A croire qu’il pariait toujours sur le mauvais bantha.

Neb Neb plongea le bout de sa longue mâchoire dans le large verre. A moitié vide, déjà. L’alcool était devenu cher, lui aussi, et ses maigres économies ne pourraient bientôt plus couvrir ses petites virées nocturnes dans le centre de Corellia s’il voulait manger les soirs suivants. Il frotta ses yeux globuleux avec ses deux poings, puis attrapa ses longues oreilles pour les plaquer contre son visage.

- Missa ne veut plus entendre les discours,
expliqua-t-il à son voisin dévaronien visiblement peu en l’état de comprendre la complainte d’un Gungan déprimé. Parler apporte à eussi pleiiin de crédits, pendant que missa trime !

Sa phrase s’était terminée dans les aigus, et Neb Neb préféra se taire plutôt que de passer pour un pleurnichard. Il compta sur ses doigts pour se remémorer : voilà six années qu’il avait quitté Naboo – et sa famille – avec des rêves d’avenir brillant plein la tête. Et il était là, six ans plus tard, accoudé à une cantina sans un sou en poche. S’il avait su, il ne serait jamais parti ! Il avait pourtant essayé beaucoup : travaillé comme pilote, comme coursier, comme homme à tout faire pour un homme qui s’était révélé être un allié des Sith. Il s’était retrouvé au Temple Jedi, il avait commencé à boire, puis avait repris le business et avait réussi à alimenter sa bourse qu’il vidait aussi sec dans de l’alcool bon marché. Il avait pourtant essayé fort…

- … Mais le monde veut pas des Gungans ! s’écria-t-il à voix haute en s’attirant le regard noir du barman aux muscles saillants.
- Hé l’pleurnichard, ici c’est bonne ambiance sinon tu dégages !
- Missa pleurniche même pas ! rétorqua Neb Neb, vexé.

Ce grand type barbu qui lui servait pourtant volontiers à boire était la preuve même de ce qu’il avançait : dans ce monde, on était un prédateur, un séducteur, ou on n’était pas. Or, il n’était ni l’un, ni l’autre.
Le Gungan balaya la salle du regard : un holo représentant une Twi’lek qui dansait avec des gestes suggestifs au milieu de tables rondes. La moitié d’entre elles étaient plongées dans l’ombre, donnant à ses occupants l’air de comploteurs invétérés. Il y avait surtout des humains, ici, sur Corellia, mais on pouvait aussi apercevoir un Twi’lek mâle ainsi qu’un zélosien mélangés à la masse de buveurs. Ah tiens, il y avait aussi…
Neb Neb attrapa son verre et pencha la tête en plissant les yeux. Comme si cela pouvait l’aider à réfléchir.
… Un bébé wookie ? Le Gungan s’éclaircit la gorge avant de se diriger, d’une démarche titubante, de la petite boule de poils. Arrivée à moins d’un mètre, il se pencha pour le regarder de plus près. Ce que ce gamin pouvait avoir l’air sérieux, c’en était bouleversant !

- Missa n’est pas sûr qu’une cantina est un endroit pour toi,
décréta-t-il en levant un doigt vaguement donneur de leçon. Et puis les humains n’aiment ni les poilus, ni les amphibiens.

Mais Neb Neb se laissa tout de même glisser à côté de l’enfant pour s’assoir, l’air sympathique – mais en fait, il n’arrivait plus très bien à tenir sur ses jambes.

- Missa voudrait bien que le monde soit autrement mais… C’en est ainsi. Missa a appris la langue, missa a travaillé dur, missa a été honnête, missa a fait tout ce qu’eussi ont dit. Eussi , les politiques, le Jedi aussi ! Et missa n’a pas l’argent ni la paix !

Le Gungan laissa échapper un long et bruyant soupir en se disant qu’un gamin ne devait pas comprendre toutes ces choses compliquées. Il devait juste être là pour boire un verre comme les grands. Ou parce qu’il avait fugué. Ou encore parce que ses parents l’avaient abandonné pour qu’il échappe à l’esclavagisme wookie parce que ses parents pensaient comme Neb Neb que la République allait faire toutes les gentilles choses qu’elle avait dites. Mensonges ! Trahison !

- Tissa voit, il faut choisir son camp, dans la vie, missa se demande s’il a pas choisi le mauvais. Des gens ont dit à missa qu’il y a du travail, à l’empire… Que certes il y a moins de droits, mais qu’il y a de l’argent pour eussi qui travaillent, comme missa.

Neb Neb tourna brusquement la tête vers la peluche. S’il n’avait pas eu un verre à la main, il se serait frappé le front à cause de cette révélation : la vérité sortait de la bouche des enfants.

- Tissa choisirait quoi, hein ?


Voilà, c’était peut-être un envoyé de la Force qui lui dirait que faire, après tout.


Spoiler:
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Un Jedi, ça voyage... Depuis longtemps déjà, j’ai perdu le compte des mondes explorés ou simplement entrevus lors d’un bref passage. Combien d’années lumières parcourues ? Combien d’heures passées en pilote ou passager ? Dans l’immensité stellaire, tout se mélange. Je me souviens avoir trouvé très bizarre qu’on exprime temps et distance avec les mêmes unités. Ha, Ajasim, on s’est embarqué dans une vie bien étrange... Orphelin d’une planète absente de toutes les cartes spatiales... je dois bien m’avouer avoir perdu l’espoir de retrouver un jour la route d’Endor. C’est mieux ainsi. La lune forestière n’est plus ma maison. Qu’elle demeure en mes souvenirs, idéalisée, symbolisée. Il y a des choses que la vérité brise, des choses qui doivent rester des rêves.
 
Et bien, l’alcool me rend décidément très pensif. Je suis dans une cantina de Corellia. Mes affaires m’ont conduit ici. Mais je ne peux cependant pas encore les accomplir. Alors j’attends, un verre en main, au chaud, bercé par l’ambiance et, comme vous le constatez, l’esprit errant. Un Gungan bien imbibé pleurniche au comptoir. Il partage mon attention avec la sexy danseuse holographique. Les gestes de cette dernière on un côté hypnotique. C’est voulu, je suppose. Et voilà que le Gungan rapplique dans ma direction et m’aborde d’une façon, disons, singulière. Mes yeux, deux billes d’obsidienne, se fixe sur lui. En silence, je le considère, j’écoute. Un type en galère, assurément. Est-ce pour cela qu’il picole ? Peut-être... Il me questionne, c’est à moi de répondre. Je ne me presse pas. Avant, paisible, je m’accorde quelques gorgées supplémentaires. Je réfléchis aussi. Quand je parle, c’est de cette voix grave, un peu monotone. Il me prend pour un enfant, j’en mets ma main à couper, il va sans doute être surpris.

 
« Je choisirais ce qui me permet d’avoir l’âme en paix. L’argent est une motivation légitime, car nécessaire pour vivre, mais il ne faut pas se laisser aveugler par lui. »
 
Je dépose mon verre sur la table sans lâcher le Gungan du regard. Après une brève pause, je reprends d’un ton égal :
 
« Je suis en âge d’être ici. Mais c’est aimable à vous de vous soucier de ma sécurité. »
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Les yeux du Gungan s’étaient agrandis, puis étrécis, miroir des méninges qui s’activaient drôlement pour déterminer ce qu’il était possible d’imaginer sur ce drôle de petit individu. D’abord, le bébé Wookie était rudement… Calme. Ses gestes étaient lents, mesurés, et lorsqu’il répondit enfin, ce fut avec une voix grave qui construisait des phrases dans un Basic élaboré. Neb Neb resta interdit quelques secondes – était-ce sa vue qui le trompait, à cause de l’alcool ? A y regarder de plus près, il était pourtant réellement petit. Peut-être était-ce donc un Wookie nain. Cela existait chez les Gungans et les humains, pourquoi pas chez le peuple de Kashyyyk…

Bref, Neb Neb ne savait trop comment reprendre la conversation. Il n’avait pas très bien compris la réponse de la petite créature à sa question, pour être honnête. Vaguement gêné, le Gungan rassemble les doigts de ses deux mains autour de son verre avant d’ajuster sa position assise de manière à avoir l’air moins éméché. Tentative maladroite peu concluante, puisqu’il avait désormais l’air d’avoir avalé un canon de blaster.
Ses yeux se baladèrent sur le corps de la Twi’lek sans la voir. Avant, il aurait bavé d’envie. Aujourd’hui, tout était différent ; les femmes n’étaient plus que des créatures divines, elles pouvaient aussi se montrer dangereuses – à l’image de Jinn – et il ne croyait plus vraiment en la moitié qu’il rencontrerait un jour. Ou plutôt qu’il ne rencontrerait pas, cela dépendait du point de vue.

- Missa vous croyait plus jeune,
avoua-t-il finalement du bout des lèvres, faisant lui aussi l'effort de passer au vouvoiement.

Il se sentait légèrement benêt. Comme souvent avec ce genre de personnes. Ce genre, ça lui rappelait des gens, mais il ne savait plus très bien qui. Des gens mystérieux. Enfin bref, le genre avec lequel il se sentait mal à l’aise parce qu’il passait pour l’imbécile qu’il était peut-être réellement. Impossible de faire illusion.

- Voussi vivez sans argent ?
demanda-t-il à haute voix, se rappelant la réponse alambiquée du petit Wookie. Comment missa peut vivre sans finalité de l’argent, si seul l’argent apporte ce dont missa a besoin pour vivre ?

Neb Neb avait dû faire un effort pour formuler sa question correctement. Déjà pour améliorer son basic, mais aussi pour ne pas laisser l’alcool s’emparer de sa bouche pâteuse qui avait envie de ne pas faire d’effort de prononciation.
Autour d’eux, la musique avait un peu changé. Les mouvements de la Twi’lek aussi ; elle s’était adaptée au nouveau rythme. Cela sembla au Gungan être une jolie métaphore de sa propre vie : il avait changé de rythme en quittant sa planète natale et essayer de danser en conséquence. Et puis, au bout de longues années, il se rendait aujourd’hui compte qu’il n’y arrivait tout simplement pas. Pourtant, il aurait dû être entraîné. Habitué. Ou au moins être parvenu à faire le minimum… Mais non. Il était toujours largué.

- Missa se demande si missa devrait pas tout simplement rentrer sur sa planète, fit-il pensivement. Papa et maman seraient tristes que missa n’ait pas trouvé d’argent ou de femme ou d’enfant. Eussi doivent imaginer missa dans une vie de réussite, mais missa n’a que l’alcool pour lui tenir compagnie.

Une grosse larme se forma au coin de l’œil du Gungan, mais il l’essuya d’un revers de la main avant de renverser le verre près de sa bouche pour en vider le contenu sur sa langue. Il déglutit bruyamment et posa le verre sur la table la plus proche sans douceur.

- Missa vous ennuie avec ses histoires, hein ?

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HRP : excuse-moi pour le retard. Depuis vendredi midi, Internet m’a lâché. Je viens juste de le retrouver.
 
J’observe le Gungan. A travers lui, c’est la misère d’une société sans doute à jamais inégalitaire que je pense voir. Il dit vrai : tout ce qui s’écarte de l’humanité éprouve des difficultés à trouver sa place. Quelle ironie car de la place, dans la galaxie, il y en a à revendre. Je n’éprouve pas trop de difficulté à me mettre à sa place. La nostalgie du monde natal, je connais. Les difficultés financières, j’ai connu. Et trouver sa place, c’est le but de chacun. On est tous dans le même vaisseau mais, encore une fois, on n’a pas tous les mêmes chances. Je me demande ce que je serais devenu si mon mentor n’avait pas senti en moi la Force. Et bien, je serais sans doute resté sur cette planète lugubre à me débattre dans la détresse. A ce jour, je serais à coup sûr déjà du passé. Et que serais-je devenu si ma mère adoptive n’avait pas péri ? J’imagine que je serais désormais comme elle, un mercenaire. Drôle que la mienne. Le Gungan a la sienne et à le regarder, elle n’a pas bien tournée. Peut-être n’est-ce qu’une question de temps ?
 
Mon verre est vide et je me demande s’il est sage d’y remédier. Je remets la question à plus tard, car c’est à moi de répondre à mon alcoolisé interlocuteur. Je le fais sans me presser. Je préfère peser mes mots. Parler, ce n’est pas mon fort. Je suis plus prompte à réagir dans le feu de l’action.

 
« L’argent n’est pas une finalité. Ce n’est qu’un moyen pour atteindre une finalité. A la limite, devenir riche est une finalité, même si elle est bien triste. Mais vous avez raison, il est difficile d’en faire abstraction quand on est dans le besoin. Pour ma part, j’ai un travail, j’ai un salaire. »
 
Je marque une pause et jette un regard circulaire dans la cantina. Puis, je reviens au Gungan.
 
« Si je peux me permettre un conseil, je devine votre situation difficile. Mais ce n’est pas en usant vos maigres ressources dans l’alcool que vous allez vous en sortir. Imaginez qu’une opportunité se présente, là, maintenant, vous ne pourriez la saisir dans votre état. Vous avez trop besoin de votre argent et de votre clarté d’esprit pour aller de l’avant. Les bonnes décisions ne se prennent pas ivre. »
 
Suis-je en position de donner des conseils ? Je l’ignore mais je le fais quand même. Au mieux j’aide, au pire, je vexe.
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Neb Neb se serait bien levé pour se faire resservir, mais ses jambes semblaient s’être changées en ce plastacier blindé qui recouvraient les nouveaux vaisseaux de la République : elles refusaient de bouger. Il comprenait pourquoi ce genre de cantina était toujours bondé, maintenant qu’il était confortablement installé sur ce siège moelleux. Et pour rester, il fallait consommer, et pour consommer, il fallait payer. L’argent n’était peut-être pas une finalité, ce n’était pas une donnée que l’on pouvait ignorer longtemps, si on était seul dans cette galaxie.
Missa aurait besoin d’un partenaire, se disait le Gungan avait la sensation fugace de tenir là une solution fort intelligente. Mais qui donc voudrait faire équipe avec quelqu’un comme lui ? Et dire qu’avant, il aurait été persuadé d’être un bon parti… Son ego en avait pris un coup, un vrai.
Pour autant, les propos du Wookie nain n’étaient pas complètement absurdes. Au fond, Neb Neb le savait, il y avait même une grande part de vérité.

- Missa sait pas spécialement quelle finalité,
commenta-t-il tristement en haussant les épaules. Missa devrait choisir.

Mais choisir quoi ? Devenir riche, était-ce vraiment ce qu’il voulait ? Non, il voulait être suffisamment riche pour subvenir à ses besoins sans trop de soucis, c’était tout. Mais ce n’était pas là la finalité de sa vie. Heureusement, non ! Mais alors laquelle était-elle ?

Neb Neb remarquait le langage réfléchi de l’être velu et se l’imaginait professeur dans une école. Ah, non, il était trop petit, comment pourrait-il enseigner si on ne le voyait pas ? Il était peut-être érudit. Ou peut-être qu’il travaillait au gouvernement corellien. Nooon les gens du gouvernement ne serait pas dans une cantina comme celle-ci. En fait, le petit être détonait complètement avec l’atmosphère. Surtout lorsqu’il parlait.
Le Gungan observa son interlocuteur avec des pupilles agrandies par l’alcool.

- Missa sait bien,
fit-il simplement.

A force, oui, il avait compris. Il avait compris qu’il perdait du temps, de l’argent, de l’énergie. Et pourtant, ce n’était pas si facile que cela de s’en séparer. Son épisode sur Iziz l’avait un peu remué, avec cette padawan si sûre d’elle, pour qui il était un voleur. Alors qu’il était simplement un bon vivant ! Mais la société n’était pas tout à fait d’accord avoir. La société aimait ceux qui avaient des horaires de bureau, qui s’installait dans un petit appartement de Coruscant ou d’ailleurs, qui faisaient des enfants pour les faire travailler de la même manière à leur tour. Neb Neb avait toujours détesté cet avenir, et pourtant aujourd’hui il en avait envie. Peut-être pourrait-il faire le même travail que le Wookie nain. Et il apprendrait à parler bien, comme ça.

- Voussi faire quoi, comme travail ?
interrogea-t-il avec une lueur d’intérêt dans le regard.

Neb Neb se voyait déjà embauché par le gouvernement corellien, ou bien par une école de pilotage. Il avait des compétences, après tout, pourquoi ne serait-ce pas possible ?

Finalement, il ne se ferait pas resservir. Pas seulement par fainéantise, c’était aussi une bonne résolution. Son porte-monnaie n’en pouvait plus, de toute façon, il était bien obligé de passer à l’action. Et réfléchir à sa finalité. Il aurait bien demandé au petit Wookie qu’elle était la finalité d’un être comme lui, mais cela aurait juste été trop bizarre. Qu’avaient dit les Jedi, déjà ? Il ne se souvenait plus. Ils avaient l’air si calmes. Ce devait être leur version de la finalité, du bonheur.

Neb Neb écarta son verre en le poussant sur la table la plus proche. Autant éviter les tentations.
Il resta là un moment, à contempler les allées et venues des clients de la cantina. Combien se trouvaient dans la même situation que lui, nul ne saurait le dire. En tout cas, le Gungan les observaient comme si c’était la première fois qu’il se rendait compte de leur existence : ils étaient ses propres sosies, des zombies qui ne marchaient chaque jour que dans l’attente de leur dose d’alcool…

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