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"Très bien, ce sera tout pour aujourd'hui. Vous pouvez disposer, et que la Force soit avec vous tous." fit Berryl à sa classe, qui commença à se disperser. Certains élèves lui lancèrent des salutations auxquelles il répondit en souriant, et en quelques minutes la salle était de nouveau vide et silencieuse. Enseigner à des padawans, voilà bien l'une des rares choses qui lui avaient vraiment manqué ! Le Jedi se promena pour remettre un peu d'ordre, ramassant un livre ici, empilant quelques coussins épars là, fredonnant une chanson qui lui tournait dans la tête depuis quelques jours. Puis il aperçu quelque chose à moitié caché sous un meuble bas et le ramassa : un datapad, assez classique, probablement oublié là par un élève.

L'humain se redressa en se frottant le bouc, intrigué. Pas de nom inscrit sur l'appareil lui-même, évidemment. Se disant qu'il aurait tout le temps pour décider quoi en faire plus tard, il le glissa dans l'une de ses poches et quitta la salle. Les couloirs du Temple bourdonnaient de leur activité habituelle avec les cris des padawans en train de s'entraîner au sabre, les allées et venues des élèves se rendant à tel ou tel cours, les chevaliers venus jeter un oeil sur de potentiels disciples. La jungle, c'était bien, et bien plus vivante qu'on ne le croirait à première vue, mais Berryl préférait encore cet environnement-ci.
Laissant l'aile d'entraînement derrière lui, le Corellien déambula dans le reste du Temple en direction de son bureau. Une mission diplomatique se préparait à partir du côté de l'entrée, Berryl souhaitant bonne chance à son collègue consulaire fraîchement élevé au rang de chevalier et visiblement nerveux pour sa première mission. Les assistants des bibliothécaires courraient en tous sens pour aller récupérer des ouvrages laissés dans diverses salles par des padawans facétieux, sport officieux aussi ancien que la bibliothèque auquel l'humain s'était livré plus d'une fois au cours de son apprentissage, et avait continué par la suite - pour autant qu'il sache, on n'avait pas encore retrouvé l'exemplaire du Guide des Champignons de Kashyyyk qu'il avait caché dans la cuisine la semaine précédente.

Enfin Berryl atteignit les quartiers de vie et son "bureau". Les Jedis n'en avaient habituellement pas, mais un enseignant fut-il Jedi avait besoin d'un endroit où stocker divers matériels pour ses cours. Aussi le Corellien avait-il obtenu il y avait bien des années le droit d'utiliser une petite chambre inutilisée du côté des quartiers des maîtres. N'en était-il pas un, après tout ? Il pénétra dans la pièce et posa le datapad sur un bureau, seul meuble encore visible ; l'un des murs était bien couvert d'étagères, mais elles disparaissaient sous le nombre de datacrons qui formaient ses archives privées. Oui, bon, "datacron" était un terme un peu fort : il s'agissait essentiellement de banques de données avec un hologramme interactif, et non des souvenirs infusés dans un cristal sous forme d'apparition holographique sentiente. Mais l'effet y ressemblait, et Berryl s'en contentait largement. Et puis il usait bien assez de la Force durant la création, pour l'aider à modeler et programmer l'hologramme, pour qu'il les appelle des datacrons.

Quelques-uns le saluèrent brièvement - du moins, les hologrammes miniatures flottant devant les cubes - et là encore le Jedi leur rendit la politesse. Qu'ils ne soient que des tas de données numériques n'empêchait pas de se montrer aimable avec eux. Puis le Corellien s'installa derrière son bureau pour examiner le datapad d'un air songeur.
Oh, il pouvait simplement le garder jusqu'au prochain cours, mais rien n'indiquait qu'il appartenait à l'un de ses élèves - après tout, caché comme il l'était, Berryl avait facilement pu passer à côté de l'objet en arrivant dans la salle.
A ce moment-là, sans doute pouvait-il confier le datapad à l'un des padawans considérés officieusement comme les délégués de leurs camarades, mais n'importe qui pourrait le réclamer. Non, décidément, il devait voir à qui il appartenait, c'était vraiment le moyen le plus simple et le plus efficace.
Berryl alluma donc le datapad. Son sourire s'élargit en lisant la phrase de bienvenue, un au-revoir corellien. L'enquête démarrait très bien.

"Parfait, monsieur ou mademoiselle Arapaima, voyons qui vous êtes." fit-il en allumant son propre datapad pour faire une recherche dans la liste des padawans du Temple. Sans résultat, bien entendu, prouvant qu'il s'agissait sans doute d'un pseudonyme, un surnom peut-être. Ah ! les jeunes et leur goût pour la personnalisation...

Un message non lu clignotait à l'écran. Pas question d'abandonner aussi vite, aussi le Jedi fit apparaître ledit message. Lequel, en retour, fit apparaître un haussement de sourcil surpris sur la figure de l'humain. Ce genre- de publicités n'était pas censé arriver chez une jeune personne, encore moins un padawan Jedi censé faire abstraction des désirs charnels. Mais entre dire et faire...
Toutefois, et aussi étrange que cela paraisse, le message indésirable se révéla d'une aide précieuse : le nom du destinataire donna cette fois un résultat dans la liste des padawans.

"Ah. Bonjour, Arapaima." sourit Berryl à la photo affichée sur son écran. Cet élève-là, il s'en souvenait. Difficile de faire autrement.

Bon, mystère résolu, enquête bouclée. Berryl pouvait fermer le datapad et le rendre à son propriétaire demain. Il aurait été inconvenant qu'un maître fouille plus avant les possessions d'un padawan, encore moins s'il ne s'agissait pas de son padawan à lui. Non, vraiment, le maître Jedi ne pouvait faire autrement que s'arrêter là.
Mais le Corellien, lui, tenait par le plus grand des hasards le datapad de manière à ce que son pouce se retrouve juste sur le lien vers le dossier Oblivyn. Amusant nom, par ailleurs, puisqu'il signifiait "Rien". C'est donc totalement indépendamment de sa volonté et sans l'avoir envisagé une seule seconde que Berryl se retrouva à l'intérieur du dossier.
Plusieurs messages n'avaient pas encore été effacés ni archivés, permettant à l'humain - et toujours par accident, bien entendu - de les lire. Arapaima avait très visiblement un caractère prononcé et agressif, et pourtant derrière son langage pour le moins fleuri pointait une sorte de protectionnisme envers des padawans "opprimés". Ou emprisonnés. Tianesli et Draayi... Berryl ne les connaissait pas personnellement, mais ils faisaient partie des prisonniers Siths après la débâcle d'Artorias. Des padawans prisonniers des Siths, voilà qui suffisait à attrister le Jedi et à le faire frissonner d'horreur.

"Il devrait être interdit de s'en prendre aux padawans et aux apprentis." maugréa-t-il, choquant certaines de ses archives qui auraient de loin préféré écarteler et dépecer le premier apprenti passant à leur portée.

Voilà qui était hautement intéressant : un aperçu des sentiments d'Arapaima, de sa frustration, de sa colère, de son inquiétude. Un mélange dangereux si l'on écoutait la majorité des Jedis, d'où l'intérêt selon Berryl d'être un maître : il pouvait en toute liberté ignorer la majorité et faire ce qui lui chantait. Et puis, Arapaima était un être des plus facétieux, c'était peu de le dire.

"Se faire passer pour une cellule terroriste, franchement..." lança le Corellien en secouant la tête, un léger sourire amusé au coin des lèvres.

Le dernier message, le seul dont Arapaima était le destinataire et non l'expéditeur, était effacé. Ledit expéditeur titilla d'ailleurs la curiosité de Berryl, rendant l'effacement d'autant plus suspect. Il allait falloir se renseigner un peu pour éviter de se retrouver avec un quelconque agent infiltré dans le Temple. L'Ordre n'avait vraiment pas besoin de cela, surtout maintenant... et trouver un dossier d'images nommé "Plans du Temple" n'aidait pas à dissiper le doute. Le dossier "Schémas", lui contenait des plans que Berryl fut incapable de lire. Il n'avait jamais eu l'âme d'un ingénieur en aéronautique ; pour ce qu'il en savait, il regardait peut-être les plans d'un grille-pain bothan avec des ailerons.

Le dossier personnel, en revanche, était très personnel, et là Berryl se sentit vraiment un intrus. Quelques images aussi disparates qu'énigmatiques, réveillant encore une fois la curiosité du Corellien. Mais il ne creuserait pas par là, il y avait des endroits dans l'âme d'une personne où même un Jedi ne pouvait fouiner impunément.
Sa visite du datapad se termina sur une musique tirée aléatoirement par le lecteur intégré à l'appareil : un air étrange, calme, très éloigné de la vision qu'on pouvait se faire d'Arapaima. Un air qui semblait importer de manière ambigüe au padawan.

Berryl monta le son et joignit les mains en cloches devant son visage, fermant les yeux. Plus tard, il irait se renseigner et consulter le dossier officiel d'Arapaima. Il demanderait aux bibliothécaires des informations sur les Mibaris. Il irait discuter avec un ou deux padawans ayant visiblement maille à partir avec Arapaima, pour en apprendre plus - pas les sermonner ou les punir, certaines choses se réglaient entre camarades et sans recours à l'autorité supérieure.
Mais pour l'instant, Berryl devait se mettre dans la tête d'Arapaima.

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"... et voilà qui conclue la partie sur les Wookies. Quelqu'un peut-il me dire quelle leçon l'on peut tirer de cette révolte ?
- Ne jamais réduire en esclavage un Wookie si on veut garder ses bras ? lança un Twi'Lek en levant la main.
- Etrangement dit, mais c'est tout à fait ça, bravo Mensis ! approuva Berryl.
- Mon nom, c'est Mansit, maître, répliqua l'élève d'un ton un peu bougon - il était du genre à aimer attirer l'attention des enseignants.
- Oh, et qu'ai-je dit ? Pardon, jeune Mansit, je suis confus, s'excusa aussitôt le Jedi qui fit mine de farfouiller dans son datapad. Pour me faire pardonner, mettons à l'épreuve vos connaissances avec... oui, avec ceci."

L'image de Wookie armé de pied en cap changea pour celle, bien moins impressionnante, d'une créature reptilienne presque chétive dans sa nudité comparée aux pics rocheux se dessinant à l'arrière-plan sur fond de ciel turquoise. Mansit, pour sa part, regardait l'image d'un air intrigué en réfléchissant. Mais le Twi'Lek n'allait pas abandonner aussi facilement, il trouverait la solution ! Berryl pouvait presque entendre les pensées du padawan se mettre en place sous son crâne.

"C'est, euh... c'est un Clawdite, non ? tenta le Twi'Lek, incertain.
- Félicitations, je suis impressionné ! répondit Berryl qui avait bien espéré que Mansit trouverait vite. C'est en effet un Clawdite dans sa forme d'origine. D'origine seulement, car cette espèce a trouvé un moyen tout-à-fait original de se camoufler : changer totalement d'apparence pour copier une autre espèce jusque dans la démarche, la voix ou le sexe. Ainsi, s'ils n'ont pas la force des Wookies, ils n'en restent pas moins capable de parfaitement se débrouiller hors de leur monde natal."

Voilà, ainsi l'élève avide de reconnaissance rayonnait d'une fierté bien méritée en jetant négligemment un lekku autour de son cou, et le message était passé. Du moins, le Corellien l'espérait. Mais aussi impulsif qu'Arapaima soit, il n'allait tout de même pas rater ça, tout de même !

"Très bien, il me semble que c'est l'heure, les propriétés métamorphes des espèces sont donc reportées à un prochain cours. Que la Force soit avec vous tous."

Puis le Jedi observa patiemment les élèves sortir l'un après l'autre, l'air de rien, guettant la réaction d'Arapaima. Le moment était venu de voir si le maître avait correctement jugé sa cible...
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"Très bien, ce sera tout pour aujourd'hui. Vous pouvez disposer, et que la Force soit avec vous tous."

Ouuuuf, pas trop tôt. Les cours de Berryl avaient beau être parmi les moins ennuyeux, c'était dur pour Dakin de rester plus ou moins immobile sur son pouf pendant tout... ce... temps... à écouter ses camarades étaler leur science, à les regarder lever bras (ou autres appendices) à s'en déboîter le coude (ou autre élément structurant), à les voir épancher leur fierté d'avoir eu raison ou tenter de dissimuler leur honte d'avoir eu tort. Pour passer le temps, Dak s'amusait comme il pouvait, mais ça nuisait un peu à sa concentration. Heureusement, Berryl était plutôt sympa : il laissait tranquilles ceux qui ne participaient pas et, tant que son cours n'était pas TROP perturbé, il s'abstenait de faire des remarques aux rares éléments nocifs. Pas facile à déranger, trop malin dans ses réactions pour que ce soit drôle, Maître Pendragon avait jusque-là réussi à museler les velléités chaotiques du jeune novice. Sauf que...

Sauf que Dak avait eu une idée de génie - du moins le pensait-il - pour mettre un peu d'ambiance cette fois-là : programmer son datapad pour envoyer au même moment et à tous ses camarades le son d'un cannok en rut, un son qu'il avait trouvé la semaine d'avant dans les Archives Jedi. Tout était fin prêt : l'envoi était programmé pour la fin du cours, il était venu en avance dans la salle pour dissimuler son datapad sous un meuble... il ne restait plus qu'à attendre et, surtout, à ne pas trop rire une fois la classe envahie par une meute de cannoks surexcités. Sauf que...

Sauf qu'il ne s'était rien passé. Dak était resté assis, à faire semblant de rassembler ses maigres affaires, les autres padawans s'étaient levés pour filer au prochain cours, et ne résonnaient contre les murs que les différents pas, quelques murmures et la voix posée de Berryl qui répondait calmement aux plus flatteurs. Il attendit encore un peu et, voyant qu'il était presque le dernier encore là, fila dare-dare pour éviter que Maître Pendragon se pose des questions. Dans le vaste couloir incurvé l'attendait Ruffat, son acolyte aux lekkus bleus.

"Ah, t'es là. Qu'est-ce qu'il y a ?" Perceptif, le twi'lek avait remarqué que quelque-chose clochait chez son cobaye préféré. Dakin déserra les dents et tapa amicalement l'épaule de son ami. "Rien. Tu me fileras tes notes ?" Ruffat haussa les épaules. "Comme d'habitude. Dépêche-toi, on va être en retard au cours de Philosophie du Code."

Un profond soupir s'échappa de la bouche de Dakin. C'était le cours qu'il détestait le plus. Ca lui rappelait trop les séances d'initiation que son Père l'avait forcé à suivre au Temple de l'Illumination sur Chalacta. "Nous vivons ici, maintenant. Tu dois comprendre ce à quoi ils croient, comment ils croient", lui avait-il maintes fois répété. Tout ce qu'il voulait retenir de ces croyances, c'est qu'elles les avaient éloignés de son ami sur Chalacta. D'autres croyances lui avaient enlevé son meilleur ami sur Zolan. Tout comme ce cours de Philosophie du Code, qui l'éloignait de ses amis de maintenant.

Pas grave ! se dit-il en ouvrant la marche. Il en profiterait pour réfléchir à ce qui avait foiré avec le datapad. Il était pourtant cer-tain d'avoir tout bien programmé ! Quant au datapad lui-même, il le récupérerait plus tard, une fois la salle de cours vidée de toute présence potentiellement intrusive et avant que les équipes de nettoyage ne passent. Sauf que...


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Non, il n'avait pas bien regardé, c'était tout. Il était forcément sous ce meuble-là. Où alors, sous celui-là ? Non plus. Dak se gratta les cheveux, parcourant la salle du regard. Aucune trace du datapad. A chaque coussin, pouf, meuble soulevé, son cœur battait un peu plus vite. Rien ! C'était incroyable ! Par dépit, il colla mains et front contre un des quatre murs en pierre. Réfléchir, se calmer, reconstruire dans sa tête la chaîne des évènements. Il l'avait bien mis là. Il ne l'avait pas récupéré. Quelqu'un d'autre l'avait fait. Il se retourna, plaquant brutalement son dos au mur. La salle avait l'air plutôt rangée... les horaires de nettoyage avaient peut-être changé ?

Oui, c'était sûrement ça. Ils étaient passés plus tôt, avaient trouvé le datapad et l'avaient récupéré. Il suffisait d'aller leur demander, et ils le lui rendraient. C'est à ce moment que la faille de sa petite farce lui apparut. Ses yeux s'ouvrirent en grand, sa main gauche scella sa bouche et il se laissa tomber assis au sol.

"Oh non... Oh non ! Oh guerfel..."

Pour que son datapad envoie le son à la bonne heure, il avait fallu le laisser ouvert et... dévérouillé. Celui qui l'avait prit pouvait le lire. TOUT lire : les messages pour Zel et Joclaad, le faux message pour Maître Ob'tu, les schémas, les images, le message du Mibari... Il resta prostré un court moment à fixer le vide et imaginer les conséquences, puis, dans une poussée d'adrénaline, se releva et courut comme un dératé à un endroit qu'il connaissait bien pour y avoir effectué de nombreuses corvées : le centre d'entretien. Il n'avait pas l'habitude d'avoir le ventre noué, c'était très désagréable. Il fallait que ça s'arrête, et vite !

Sauf que...


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Dakin ne savait pas de quel animal provenaient les minuscules plumes qu'il enlevait du coussin sur lequel il était assis, mais c'était vraiment une sale bête. Ses doigts étaient rouges et il avait une horrible envie d'éternuer, ce qui n'arrangeait rien à son état global. Même ses amis l'évitaient depuis quelques jours, conscients qu'il ne valait mieux pas l'approcher. De toute manière, il ne voulait voir personne. Il voulait juste retrouver son datapad, et il n'était pas question de mettre sa bande sur le coup : une personne au Temple avait lu, une personne savait bien trop de choses sur lui, c'était déjà une de trop. Mais QUI était-ce ???

Tout à ses réflexions, il n'écoutait même pas ce que disait Berryl. D'ordinaire, il se passionnait pour les histoires de soulèvement, de révolution contre l’oppression, de révolte contre l'esclavage, mais là, la liberté des Wookies était bien moins importante que récupérer son DATAPAD. Par contre, impossible de rater la fierté mal placée de ce lèche-cul de Mansit ! Elle irradiait tant la pièce au travers de la Force que même Dak, avec sa sensibilité moindre, pouvait la percevoir. Maître Pendragon et le jeune twilek semblaient engagés dans un jeu de questions-réponses auquel les autres padawans étaient forcés d'assister. S'il avait été en forme et si ça n'avait pas été Berryl, le demi-corellien se serait levé pour s'exclamer : "On vous laisse si vous voulez.. On veut pas déranger !" Au lieu de ça, il leva juste le bras pour tenter d'enserrer le lekku du jeune prétentieux contre son cou. Comme d'habitude, la Force ne voulait pas.

Et ça continuait... nouvelle question... c'est quoi dans l'image là... comme s'ils étaient encore des gamins... un clawdite, bravoooo Mansit... manquait plus que les applaudissements...

Un froid pressentiment naquit dans le dos de Dakin, le poussant à arrêter de dépecer l'oreiller et à relever la tête. En à peine deux secondes, ses yeux s'étaient écarquillés, sa bouche s'était ouverte et son teint avait blanchi de trois teintes. Une nuée d'émotions contradictoires s'étaient ruées sur son petit corps, chacune bataillant pour dominer. C'était lui. Sur l'image, c'était SON ami devant le Lac d'Huile. C'était lui. C'était Berryl qui avait son datapad, et qui le servait en pâture à ses camarades.

Les poings du novice se serrèrent et ses lèvres se mirent à trembler. Il n'avait pas voulu y croire, mais sa pire hypothèse s'était avérée vraie... Sa première envie fût de fuir, là, tout de suite, et loin, dans les ruelles d'Iziz, dans le hangar, décoller, vitesse-lumière direction la Bordure Extérieure. Non seulement c'était impossible, mais c'était contraire à sa nature. Si LE jour était arrivé, comme il le pressentait depuis quelques temps, alors il l'affronterait bille en tête, comme toujours... mais pas en public ! Les derniers instants du cours parurent une éternité, autant de secondes où il crut que son cœur allait exploser. Il fallait attendre que les autres aient déguerpi. Instinctivement, il fit appel à la Force, ses vagues chaudes et caressantes, pour contenir sa détresse.

Berryl avait lancé sa formule habituelle, signe que le cours était terminé. Tous sauf Dakin se levèrent pour poursuivre leur journée. Ruffat s'arrêta près de lui, visiblement inquiet de voir ainsi son ami : "Dak ?" Le mi-hapien releva la tête et tenta un sourire rassurant, mais ses lèvres refusaient d'obéir. "M'attends pas, Ruff." Du coin de l’œil, il voyait Berryl, raide comme un piquet d'exécution, qui les observait. Ruffat optembéra, comme toujours, et les portes coulissèrent, les laissant seuls.

Comme ses jambes tremblaient un peu, Dakin préféra rester assis. Dans sa tête dominaient maintenant la tristesse du souvenir, la tristesse de ce qui allait venir, la colère d'un trahi, la peur que Berryl sache, et il mit quelques secondes avant d'ouvrir la bouche. Il voulait bondir, rugir, vociférer à la tête de ce "Maître" qu'il n'avait pas le droit de faire ça ! Que ce datapad, c'était lui, sa vie, que ça ne regardait personne d'autre ! Mais qu'est-ce que ça changerait ?

La résignation, il ne maîtrisait pas bien. Mais elle était tellement plus puissante que tout le reste, pressait sur ses épaules pour le courber, pressait sur son crâne pour le rapetisser. C'était très désagréable. Il fallait que ça s'arrête, et vite ! Agrippant le coussin sous lui, les yeux moites, il leva juste assez la tête pour pouvoir croiser en diagonale le regard de Berryl. Il ne s'attendait à aucune clémence. Une seule personne adulte au Temple en avait eu pour lui. Berryl n'était pas simple chevalier, encore moins une fille aux yeux bleus et au beau teint vert.

"Vous allez m'exclure du Temple, c'est ça ?"

Sa voix était inhabituellement terne, mais rien que le dire le libérait un peu.
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La porte coulissa en silence derrière Ruffat, visiblement inquiet pour son ami mais lui obéissant tout de même. Quel changement avec la lettre du datapad, où le jeune Corellien se plaignait de subir les idées de son camarade... difficile de dire lequel des deux influençait l'autre. Intéressante relation.
Dakin, pour sa part, semblait au bord du "craquage" nerveux. Qu'avait-il bien pu imaginer pour se mettre dans un tel état à la simple idée qu'on ait trouvé son datapad ? C'était à la fois typique et étonnant de la part de l'adolescent.

"Vous allez m'exclure du Temple, c'est ça ?"

Berryl cilla de surprise. Puis il rit à la question, posée avec d'autant plus de sérieux qu'elle était infondée. Voilà bien une réaction qu'il n'avait pas prévu !

"Pour avoir égaré votre datapad ? Les règles du Temple sont certes strictes, mais tout de même pas au point de sanctionner aussi durement une maladresse aussi triviale."

Le Jedi s'approcha et sortit l'appareil incriminé de sa manche, le tendant à son propriétaire légitime. Puis il tapa du pied un pouf avant de s'y asseoir pour faire face à son interlocuteur, souriant d'amusement.

"Quand aux facéties que j'y ai trouvé, elles ne méritent pas non plus une sanction aussi lourde. Même celle dont l'un de mes confrères semble être la cible. Le Bha'lir Noir ? Sérieusement ?"

Berryl s'assit en tailleur, bras sur les genoux, pour observer le padawan. L'aspect frustré et inquiet des messages ressortait un peu dans cet adolescent persuadé, par sa propre connaissance des tours qu'il avait préparés et sa certitude que le Jedi les avait découvertes, d'être bon pour la radiation pure et simple de l'Ordre. Une saine réaction, toutefois : un être tourné vers le mal n'aurait pas cette culpabilité, uniquement la frustration d'avoir été attrapé.

"Dakin Gett. "L'un des problèmes majeurs du Temple à lui seul", si l'on en croit un certain maître - dont je comprends la réaction, s'il est régulièrement la cible de ce genre de farces. Un enfant impulsif, laxiste, indiscipliné et têtu, et pourtant inexplicablement sensible, craintif et loyal à ses amis même récents. Un Corellien typique, en somme."

Le Jedi ajusta légèrement sa position, ôtant négligemment quelques plumes qui perçaient à travers l'étoffe pour les regarder un instant voleter dans l'air.

"L'Ordre essaie de vous modeler, mais n'y arrive pas. Ces tentatives vous exaspèrent, tandis que votre entêtement agace les maîtres. Ce que vous ignorez, mon jeune ami, est que ces "défauts" que l'on vous reproche seront vos qualités les plus appréciées au sein de l'Ordre. Sans cela, nul Corellien ne pourrait prétendre au titre de Jedi."

Tandis que l'humain jouait délicatement avec une plume pour la maintenir en l'air du bout des doigts, concentré sur cette tâche, il enveloppa son élève dans sa bulle de tranquillité. Passé maître en la matière, l'aura d'apaisement de Berryl lui semblait depuis bien des années aussi naturelle que respirer. Après tout, c'était précisément cette affinité avec la Force qui avait fait de lui un Jedi.

"Vous connaissez cette sensation, n'est-ce pas ? Vous en usiez il y a quelques minutes, lorsque vous tentiez de débrouiller vos réflexions." La plume s'envola sous un souffle bref du Jedi. "Je vous avoue mon étonnement, les caractères tels que le vôtre ont souvent grand mal à se concentrer assez longtemps sur cet aspect de la Force. Ce qui exacerbe encore plus mon intérêt pour vous, je dois dire. Vous êtes un padawan plein de contradictions s'équilibrant à grand-peine."

La plume se posa délicatement sur l'extrémité de l'index gauche de Berryl, guidée et maintenue par la Force. Une sorte de flux de Force coulant précisément à l'endroit et au débit souhaité par le maître, absorbé par la contemplation de la petite plume blanche et duveteuse.

"Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi toute vie dans cet univers semble se concentrer sur des tâches inutiles qui accaparent des ressources qui seraient mieux exploitées ailleurs, mon jeune ami ? Pourquoi tout peuple a son art propre, indépendamment de son histoire et de son évolution ? Pourquoi l'oiseau dépense tant d'énergie à voler quand il pourrait se contenter de gratter les vers dans l'herbe, pourquoi l'araignée perd des jours à tisser une toile éphémère là où un appât serait bien plus efficace ?"

A mesure que Berryl parlait, la plume se redressait sur son doigt, se levant toujours plus jusqu'à tenir sur sa pointe d'une manière tout sauf naturelle.

"L'inutilité n'existe pas dans ce monde, en vérité. Ce qui nous semble parfois sans intérêt relève simplement d'une spécialisation poussée dont nous ne voyons pas les enjeux ni les contraintes. Observant de trop près, se focalisant trop sur sa propre vision des choses, même un maître peut rater ce qui semblera évident à un autre."

La plume s'envola pour de bon vers d'autres aventures acrobatiques du côté du plafond, le regard de Berryl se fixant sur l'adolescent en face de lui. Il n'y avait aucune sévérité ni menace dans ce regard ; uniquement un grand sérieux.

"Ainsi, si j'ai attiré votre attention aujourd'hui, ce n'est certes pas pour vous renvoyer du Temple mais bien pour vous poser une simple question : quel genre de Jedi espérez-vous devenir avec le comportement qui est le vôtre, Dakin Gett ? Vous qui semblez chercher le renvoi, et pourtant le craindre une fois arrivé, que comptez-vous faire une fois armé de votre titre de chevalier ?"
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Les poings et le visage crispé, Dakin attendait l'irrémédiable sentence. Mais la bougresse tardait à venir, comme pour prolonger sa torture. Les secondes paraissaient des minutes pendant lesquelles il s'imaginait des tas de vies, mais elles avaient toutes le goût âcre. Il ne vit pas Berryl ciller mais entendit son rire, un rire qui emplissait la salle et lui nouait les intestins. Puis il entendit l'explication de ce rire et, presque instantanément, une vague de chaleur reflua de ses pieds à sa tête.

Il remonta la tête, l'air incrédule, les yeux ronds. Berryl lui tendait son datapad. Il le prit machinalement et le posa entre ses jambes. Berryl l'avait pourtant lu, ce datapad. Il avait lu ses sautes d'humeur et ses manigances. Ce n'était pas juste des "facéties", d'autres Maîtres auraient employé un langage beaucoup moins léger. Celle sur le Bha'Lir noir fit replonger le regard du novice au sol. Même si le ton du professeur suintait l'amusement, l'élève n'avait pas du tout envie de sourire : il se rappelait trop bien dans quel état il était lorsqu'il avait eu cette idée.

Toujours courbé, le garçon se sentait observé par des flèches acérées. C'était comme si elles pouvaient sonder son âme, en raclant dans les recoins les plus étroits. Cette longue liste de défauts qu'on lui attribuait, il l'avait déjà entendue dans d'autres bouches. Mais pour une fois, elle n'avait ni l'odeur du jugement autoritaire ni celle de l'affection biaisée. Et jamais, jamais de sa vie on ne l'avait qualifié de typique.

Typique. Dingue comme un mot pouvait réveiller tant de sensations. Il était un peu déçu, oui, parce-que c'était fringant d'être "un problème à lui seul". Être typique, c'était moins glorieux, mais bon sang, ce que ça soulageait. A moins que ce ne soit le cocon de Force dans lequel il se trouvait maintenant. Ses poings cessèrent d'empoigner fermement le pouf, son dos se redressa et ses yeux purent enfin se fixer dans ceux, tranquilles, de son interlocuteur. Ce n'était pas des flèches. La plume s'envola et il la suivit du regard.

Ainsi ses défauts se mueraient en qualités... sans qu'il change quoi que ce soit à sa manière d'être ? C'était dûr à croire mais Berryl avait l'air si sûr de lui... mieux que ça, Berryl lui manifestait de l'intérêt. Dakin était parfois obtus, mais il n'était pas dupe. Il savait très bien les promesses que l'intérêt d'un Maître Jedi pour un novice pouvait signifier... mais depuis Chalacta, il ne croyait plus aux promesses des autres. Et depuis Zolan, il émettait de sérieuses réserves sur ses promesses à lui. La plume se posa délicatement sur l'index de Berryl, mais Dakin ne la regardait déjà plus.

Les questions qu'on lui posait, il ne se les était pas vraiment posées. Vivre inutilement, la belle affaire. L'important, c'était quand même de vivre ! D'après Berryl, il n'y avait rien d'inutile, même dans l'Ordre. Peut-être même y avait-il sa place, laissait sous-entendre le Maître. Restait à savoir s'il le voulait vraiment. Et c'était à peu près cette question que posait maintenant Berryl.

C'était un piège : la bulle de Force, leur tête à tête, l'intérêt de Berryl, tout était fait pour qu'il se sente obliger de répondre. Il ne détourna pas le regard, déglutit seulement. Puis il avoua, de sa voix encore juvénile : "J'ai pas demandé à sentir la Force. J'étais bien avec mes parents." Il ne détailla pas les évènements qui l'avaient amené au Temple, car Berryl devait déjà tout savoir : qu'il avait caché son ami clawdite, qu'un mibari l'avait découvert et tué sous ses yeux... qu'il avait immédiatement attaqué le mibari sans réfléchir et qu'un Jedi s'était interposé, lui sauvant certainement la vie.

Il ne voulait pas non plus lui dire qu'il aurait déjà fugué du Temple s'il 'y avait pas rencontré de nouveaux amis. Qu'il s'inquiétait tellement pour ceux qui étaient prisonniers des Siths, qu'il avait peur des les perdre eux aussi. Qu'il pensait toutes les nuits à eux et à tous les innocents d'Artorias. Et qu'il n'avait pas le ronron réconfortant du Tisseur de Rêves dans sa chambre pour l'aider à s'endormir. Que pour oublier, il s'entraînait au sabre dès qu'il avait du temps libre, ou embêtait certains Maîtres, ou coursait certains padawans (surtout les filles).

Il ne voulait pas lui parler de la guerre avec les Siths. Surtout, surtout pas !

"Si je deviens chevalier, j'aurai pas le choix, pas vrai ? J'irai combattre les Siths. Donc je serai capturé ou tué, comme Joclad et Zelonion, et les Jedi m'oublieront vite." Par réflexe, il se mordilla fugacement la lèvre, mais ça ne l'empêcha pas d'ajouter avec une certaine passion : "Ils seront trop occupés à apprendre le code, ou a se demander ce qu'il faut retenir de l'esclavage des wookiees. Et Artorias, on doit en retenir quoi, "Maitre" ? Que les Siths sont plus forts que nous ? Qu'on a aucune chance ?" La bouche entrouverte, les narines dilatées, il attendait les réponses à ses provocations matinées d'inquiétude. Son corps frissonnait d'avoir osé malgré tout, mais avec Berryl, qui connaissait déjà une bonne partie de ses "facéties", c'était déjà plus facile.

S'il n'y avait aucun espoir, si même les Jedi abandonnaient les innocents et les leurs, alors il ne voulait pas en être. Il ne voulait pas mourir non plus ; malgré l'assurance qu'il affichait d'ordinaire, il n'était pas certain d'avoir l'étoffe des vrais héros. Il pouvait toujours achever le Tisseur de Rêves II et disparaître loin, très loin, dans la Bordure Extérieure... mais avouer ça à Berryl, c'était déjà faire un choix.
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"Donc je serai capturé ou tué, comme Joclad et Zelonion, et les Jedi m'oublieront vite."

C'était étonnant comme une simple phrase pouvait soudain raviver nombre de souvenirs.

"... capturé ou tué, et les Jedi m'oublieront vite."

Des sons, des images, des sensations anciennes emplirent son esprit en un instant.

"... les Jedi m'oublieront vite."

Ah, l'oubli. Bénédiction pour certains, malédiction pour d'autres. Berryl n'aurait pas dit non à un peu d'oubli là, maintenant, mais il y avait plus important. S'occuper d'un adolescent mal dans sa peau, par exemple.

"Voilà des paroles bien amères, pour un si jeune homme. Mais nous avons tous nos propres démons, n'est-ce pas ?" fit le Corellien, pointant la main vers l'image du Clawdite toujours affichée à l'holoécran. "Ce que nous devrions retenir de l'esclavage des Wookies, mon jeune ami, ni vous ni vos camarades ne l'avez compris, pas même Mansit. Vos esprits ne sont pas encore prêts pour trouver cette leçon-ci seuls."

Le Jedi se leva, s'époussetant la bure avant d'aller observer un planisphère dans un coin de la pièce. La planète forestière des Wookies tournoyait doucement devant lui, lui passant parfois à travers la main.

"La véritable leçon, c'est que toute action créé une réaction opposée et directement proportionnelle. Tout régime fonctionnant au détriment d'une part de la population qui le compose provoque toujours un mouvement de mécontentement dans cette population. Ainsi, les régimes trop drastiques, trop autoritaires, trop tyranniques, créent les révoltes et rébellions qui les font au final tomber."

Le Corellien fit défiler les planétoïdes holographiques de la main, les observant chacune quelques secondes avant de les envoyer dans les tréfonds de l'holoterminal.

"Quant à Artorias, ce qu'il nous faut absolument en retenir est notre arrogance chronique, qui nous pousse à nous convaincre nous-mêmes que les Siths on disparu de la galaxie sous prétexte qu'ils se cachent là où nous ne pouvons les voir, attisant à l'extrême la haine et la peur de leurs membres. Nous sommes de fieffés imbéciles qui oublions régulièrement que les Siths ne disparaîtront pas tant que nous serons là." Le Jedi se tourna vers l'élève, souriant en coin. "Et pourquoi ne disparaîtront-ils pas, jeune Dakin ? Commencez-vous à l'entrevoir ?"

Berryl alla éteindre l'holoécran et effacer l'image du Clawdite avant d'inviter le jeune garçon à sortir. Les couloirs n'étaient pas encore remplis, les cours n'étant pas tout-à-fait terminés.

"C'est parce que notre arrogance nous a fait oublier, depuis bien longtemps, que les Siths existent à cause de nous. Nul Jedi ne l'avouera, bien entendu, ce serait une hérésie. Mais quoi qu'il se soit passé il y a des milliers d'années, à la création des Siths proprement dit, c'est certainement par rejet de l'Ordre qui n'acceptait pas leurs idées dangereuses. Qui avait tort, qui avait raison ?" Le Jedi haussa les épaules en s'avançant dans le couloir presque vide. "Peu importe au final, seule compte la scission. Le schisme. La rébellion. Et nous en souffrons tous au final, autant eux, nous, ou le reste de la galaxie. Suivez-moi, je vous prie, j'aimerais vous montrer quelque chose."

Le Corellien salua poliment quelques personnes au passage, les mains jointes sous ses amples manches. Les murs de l'aile d'entraînement laissèrent place à ceux, plus austères, des quartiers d'habitation. Berryl, pour sa part, continua de suivre son idée :

"Faut-il pour autant oublier ces querelles pour rétablir la paix ? Mais ces querelles ne viennent-elles pas de notre oubli de leurs racines ? Annuler une erreur en refaisant la même n'est jamais une bonne idée. Mais nous avons gardé en tête, gravé jusque dans notre Credo, la simple vérité que toute action de notre part engendre une réaction dont nous devrons assumer les conséquences. Voilà pourquoi nous ne nous lançons pas dans une croisade galactique pour purger le "Mal" : nous provoquerions l'apparition d'une autre rébellion qui s'opposerait, et à raison, à nos actes. On peut toujours abattre un nerf s'il s'avère qu'il est bien contagieux, alors qu'on ne peut ramener à la vie un nerf sain abattu par précaution. Ah, nous y voilà."

Berryl s'arrêta devant une porte semblable à toutes les autres du couloir, souriant toujours. La porte était désignée comme "Bureau 42", tout simplement.

"Maintenant, mon jeune ami, je vais vous offrir une leçon qui vous servira, je vous le garantis, en toutes occasions sans exception. Vous pensez qu'un Jedi n'a pas le choix, or la règle d'or du Jedi est qu'il y a toujours une autre solution. Toujours. Sans cela n'existerait pas la voie du Diplomate, elle-même une alternative à la voie du Guerrier. Et qu'un choix semble à première vue déraisonnable, impossible, inutile, ne signifie pas que ce n'est pas celui que vous devriez prendre."

Le Corellien fouilla dans ses manches pour en sortir son propre datapad et pianoter un instant dessus.

"Et pour vous le prouver, réfléchissez un peu et dites-moi quelles autres possibilités s'offrent à vous, en-dehors d'accepter d'entrer dans ce bureau ou refuser et retourner dans vos quartiers. Quelles solutions, quelles possibilités voyez-vous ?"
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Il faisait chaud dans la salle de cours de Pendragon Berryl. Pas chaud comme en plein désert, ni comme en pleine jungle. Chaud comme sous les couvertures quand il faisait froid dehors et qu'on était bien content d'être à l'abri. Dakin observait le clawdite à l'écran, son ami, et se souvenait de  cette journée là : ils avaient plongé dans le lac et exploré une grotte. Ils s'étaient allongés et avaient contemplé le paysage montagneux, le ciel vert zébré de jaune.

Tout ce qu'il pouvait contempler maintenant, c'était le regard d'un mort. Mais les lèvres en berne et les yeux moites, Dakin n'en pleurait pas pour autant. C'était une tristesse diffuse, comme entourée d'un cocon qui l'empêchait de se répandre. Si la bulle de Force de Maître Berryl produisait cet effet là, il devait apprendre à la maîtriser.

Toujours assis sur son pouf dépecé, le datapad entre les jambes, il pivota pour observer le barbu qui faisait défiler des planètes sur l'holo-projecteur. Le regard que Berryl lançait à ces planètes donnait l'impression qu'il en avait visité les moindres recoins, de la cantina la plus crasseuse au temple le plus enfoui. Beaucoup de Maîtres avaient cet air d'en savoir bien plus qu'ils ne disaient, mais dans le cas de Berryl, c'était peut-être vrai.

Tout à ses observations, le semi-hapien écoutait à demi. La "vraie leçon" que Berryl offrait à son esprit "pas prêt" le laissait de marbre. Son père aurait pu dire la même chose, avec à peu près les mêmes mots. Pas grave : savoir que Berryl lui disait tout ça à lui, et à lui seul, lui suffisait. C'était comme si ils se connaissaient depuis très longtemps alors qu'ils ne s'étaient jamais vraiment parlé.

Le novice se releva pour rejoindre le Maître, empochant son datapad. Ils sortirent ensemble dans les couloirs et la chaleur ne s'estompa pas. Le regard rivé droit devant lui, Dakin l'écouta poliment parler de l'arrogance des Jedi, faire les questions et les réponses (tant mieux car il n'avait aucune idée des réponses), et révéler que les Siths existaient à cause des Jedi. Dakin connaissait cette histoire. Tous les novices l'apprenaient. Ce qui était nouveau, c'était que les Jedi étaient désignés coupables, et qu'ils avaient peut-être eu tort.

Là, Dakin cligna des yeux. Il avait bien entendu un Maître remettre fondamentalement en cause les agissements de l'Ordre ? C'était un son nouveau à ses oreilles, un son discordant. Il chamboulait la douce mélodie qu'on lui avait fait entrer dans la tête tout au long des cours. Plein de questions tintèrent alors dans sa tête : alors les Siths se sont rebellés comme les Wookies ? Pour être libres ? Alors le Code Jedi n'est pas parfait ? Il ne put les poser, car déjà Berryl continuait son raisonnement.

C'était un peu trop pour Dakin : trop de nouveaux concepts, de nouvelles questions, d'allusions cryptiques. Il fit mine de suivre et de comprendre en hochant parfois la tête, mais ses grands yeux bleus se perdaient dans le vide du couloir circulaire. Et si les Jedi étaient en fait responsables des morts d'Artorias, en ayant voulu combattre les Siths ?

Pas prêt. Son esprit n'était pas prêt, avait dit Berryl. C'était vrai, sans doute. Ne pas perdre ses amis, sauver Joclad et Zelonion, c'était tout ce qui comptait pour lui... Et si en les sauvant, il en condamnait d'autres, tant pis !

Il lui fallut deux secondes pour s'apercevoir que le barbu venait de s'arrêter. Il fit de même et se retourna, interrogatif. C'était une nouvelle leçon, mais cette fois encore, il devait répondre... et surtout choisir. Ouvrir la porte du bureau 42sans savoir ce qui l'attendait derrière ? Refuser et ne jamais savoir ? Ou autre chose ? A entendre Berryl, la bonne solution était "autre chose". Il se mordit les lèvres en regardant les doigts de son professeur pianoter sur le datapad. C'était pas évident de penser à ce qui n'était pas évident.

Finalement, il redressa la tête et plongea son regard dans celui du barbu, sans sourire. Il posa la main sur un coin du datapad, comme pour le prendre.

"Je pourrais voler votre datapad et tout lire, comme vous." Sa voix était sèche, inflexible. Pouvait-il lui pardonner, maintenant qu'il savait qu'il n'était pas exclu ? "Ou alors, je pourrais aller répéter au Conseil qu'il ne faut surtout pas combattre les Siths !"

Il retira sa main, inspira et soupira, guettant les réactions sur ce visage un peu trop serein à son goût. Ses lèvres se redressèrent pour former un sourire mutin : "Je pourrais retourner en cours aussi, comme un bon petit Jedi." Il recula d'un pas, puis d'un autre pour que son dos se retrouve collé à la porte du bureau 42. "Je pourrais vous poser des questions, pour savoir ce que vous voulez vraiment de moi. Savoir ce que je vais trouver la ded... oups."

Dans une gestuelle trop théâtrale, sa main droite était allée se plaquer contre le panneau d'ouverture qui commandait la porte. Il haussa les sourcils de manière innocente, mais son large sourire disait tout. Quant à ses yeux, inquisiteurs, provocateurs aussi, ils ne quittaient toujours pas ceux de Berryl.
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L'attitude ouvertement rebelle de Dakin était assez distrayante pour le Corellien, qui suivait des yeux ses manigances avec un sourire amusé. Voilà, c'était Arapaima qui parlait.

"Je pourrais voler votre datapad et tout lire, comme vous."
Le Jedi acquiesça, n'esquissant pas le moindre mouvement en vue d'empêcher la subtilisation de son datapad.
"C'est une possibilité, en effet. Et puis, mon indiscrétion légitime la vôtre, en un sens."

Le ton de l'adolescent était ferme - du moins autant que la jeunesse et la mue finissante le lui permettaient - mais cela n'inquiétait pas Berryl outre mesure. Si vraiment le padawan s'avérait profondément blessé par la lecture de ses secrets, il serait toujours temps de rappeler que laisser traîner un objet aussi personnel sans verrou aucun dans une salle fréquentée n'était pas la meilleure façon d'éviter la chose...

"Ou alors, je pourrais aller répéter au Conseil qu'il ne faut surtout pas combattre les Siths !
- Solution délicate mais intéressante, aux nombreuses options."
Une réaction brave et légèrement inconsciente, voilà qui était encore mieux ! Est-ce que le Jedi serait vraiment en danger ? Probablement pas, il n'avait jamais vraiment caché ses opinions. Cependant rien ne garantissait que le Conseil, déjà réticent sur ses frasques, voie d'un bon œil qu'il en discute avec un padawan qui n'était même pas son élève... ce serait une situation intéressante à expérimenter, en effet.

"Je pourrais retourner en cours aussi, comme un bon petit Jedi."
Berryl ne précisa même pas que ce serait une solution décevante, et qui collerait peu au caractère curieux et aventureux de Dakin. Si vraiment il en arrivait à faire cela, alors le maître n'aurait plus d'intérêt envers le padawan.
Tenant toujours son datapad à la main, Berryl suivit des yeux le jeune homme qui reculait nonchalamment vers la porte d'une manière absolument pas suspecte, bien évidemment. Lui aussi avait l'air de prendre goût à la discussion. Voilà qui était bien.
"Je pourrais vous poser des questions, pour savoir ce que vous voulez vraiment de moi. Savoir ce que je vais trouver la ded... oups."

Pas du tout, du tout suspecte, cette manière de balancer largement le bras de façon à ce que la main tape pile sur le verrou. Décidément, Arapaima se révélait de plus en plus intéressant, pour le plus grand bonheur de Berryl. En plus, il se payait le luxe de se fendre d'un air effronté pour bien montrer qu'il ne se cachait pas : c'était une provocation pure et simple.
Là, on atteignait peut-être la limite. Pousser ce jeu du chat et de la souris plus avant serait risqué et probablement contre-productif, à ce point.

"C'est, en effet, une possibilité. Poser des questions est très souvent source de bien des aides dans n'importe quelle situation, reconnu le Corellien en se frottant le bouc, souriant en coin. Et il semblerait que par le plus grand des hasards, vous ayez l'opportunité d'entrer sans mon consentement. Encore une nouvelle solution s'offrant à vous dans la grande tradition des actions téméraires des Corelliens, félicitations. Eh bien, entrez donc, puisque la porte vous y invite si aimablement."

Berryl fit signe à son interlocuteur d'entrer, le suivant à l'intérieur. Le bureau était de taille moyenne, puisqu'à l'origine une "spacieuse" chambre de maître, à l'éclairage un rien réduit et aux murs aux tons chauds. Dans l'ensemble, la pièce avait de faux airs de petite caverne encombrée de documents et d'objets divers.

"Je vous en prie, faites comme chez vous, dit aimablement le Jedi. Je vous prie de me pardonner pour ce fouillis, je reçois assez peu de visiteurs."

Posant le datapad sur le bureau - ou ce qui avait l'air d'en tenir lieu - Berryl s'approcha du mur où reposait sa collection d'holocrons. Il parcouru rapidement ses archives, continuant à s'adresser à son invité par-dessus son épaule.

"Je vous présente également mes excuses pour toutes ces petites manigances à votre égard, mais je voulais tester vos réactions. Votre datapad a aiguillé mon intérêt, mon jeune ami. Peu de padawans ont un vécu aussi... riche que le vôtre. Ah !"

Le Jedi tira un cube de son emplacement et le posa sur le bureau. Au-dessus flotta l'image miniature d'une jeune Twi'Lek, qui s'inclina devant les deux Corelliens.

"La padawan que vous voyez là a succombé à un Sith, une tragédie que ni son entraînement ni son maître n'ont pu empêcher. C'est une vérité qu'aucun de nous ne peut ignorer, jeune Gett, et à laquelle une vie entière ne suffit pas toujours pour s'y préparer.
- On se prépare difficilement à mourir, vous savez. Je veux dire, on s'attend rarement à ce que ça nous tombe vraiment dessus." ajouta l'holo-Twi'Lek d'un ton boudeur.

Un autre cube s'ajouta au premier, montrant cette fois un Horansi en bure de Jedi.

"Le maître que vous voyez ici a pour sa part disparu en protégeant un convoi civil d'une attaque de pirate.
- J'ai survécu à la captivité par deux Siths et à trois guerres civiles sur des planètes archaïques, tout ça pour me faire abattre par un stupide soûlard de l'espace. Enfin, je savais que ça m'arriverait quand j'ai dit au convoi de fuir.
- Ce n'était pas très malin, d'y aller seul.
- Je n'ai pas vraiment eu le choix, jeune fille ! Et puis, le convoi a survécu et les pirates ne s'en sont jamais remis !"

Un troisième holocron interrompit la discussion, les deux autres se tournant pour observer le nouveau venu, un Rodien flottant en lévitation. Evidemment, étant un hologramme, il était déjà en lévitation, mais il avait toujours tenu à faire les choses dans les formes.

"Que me vaut le plaisir, maître Berryl ?" lança-t-il d'un ton lent sans quitter son holo-transe.
- J'offrais au jeune Gett un petit aperçu de la réalité quotidienne des Jedis et de leur fin. J'espérais que vous y ajoutiez votre vie.
- Très volontiers. J'ai suivi les règles de l'Ordre toute ma vie, j'ai agit de mon mieux, j'ai aidé quiconque en avait besoin.
- Dites surtout que vous avez créé les règles qui vous arrangeaient, chevalier, intervint l'horansi d'un air énervé.
- Ce n'est pas incompatible avec le Credo, maître. Le côté Obscur, la malveillance ordinaire des peuples, les dangers de la galaxie, rien de tout cela n'a eu raison de moi. C'est la Force qui, par ma vieillesse, est un jour venue me cueillir dans mon lit.
- M'as-tu-vu."

Le Horansi se détourna vivement, bras croisés, tandis que la Twi'Lek pouffait de rire dans son coin. Berryl, quand à lui, s'adressa à son invité.

"Evitons cette fois les devinettes, jeune Gett. Je souhaitais vous démontrer qu'être un Jedi ne signifie pas mourir et être oublié. J'ai personnellement connu ces trois Jedis, et vous trouverez dans la bibliothèque les archives officielles de leurs parcours. Chacun a cherché sa voie et l'a suivie jusqu'au bout. Plus encore, j'espère que cela montre qu'il y a de nombreuses manières de faire les choses, et que rien ne vous contraint à suivre la même que les autres."

Le Jedi prit un air neutre, presque sérieux, les mains à nouveau dans les manches.

"Votre caractère affirmé et votre anticonformisme tendent à inquiéter même les maîtres. Pas moi, car vous avez pu remarquer que je ne suis pas exactement un bon petit Jedi non plus. Je suis curieux de voir quel genre de chevalier vous allez devenir. Plus encore, j'aimerais vous y aider, vous montrer comment trouver votre propre vision du Code et l'appliquer."

Berryl désigna du bras l'ensemble de la salle.

"Comme vous pouvez le constater, je ne suis pas un vaillant Gardien affrontant l'ennemi le sabre à la main. Mais vous pourriez être surpris des dangers qui attendent un Consulaire pendant des pourparlers. J'aurais grand besoin d'un peu d'aide, et je pense que vous pourriez tirer profit de quelques leçons sur la patience et la maîtrise de soi. Ce qui n'exclue en rien de vous entraîner également aux compétences plus physiques, un Jedi doit pouvoir faire face à toute situation. C'est une décision importante et assez soudaine, j'en suis conscient, prenez le temps de réfléchir et de poser toutes les questions que vous voulez avant de répondre."
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Avec n'importe quel Maître, son ton séditieux et son petit numéro avec la porte du "Bureau 42" lui auraient valu remontrances, quolibets, rapport au Conseil et corvées à la clef. Mais Dakin en était de plus en plus persuadé : Pendragon Berryl n'était pas n'importe quel Maître. Pendragon Berryl avait répondu posément à toutes ses "solutions", sans jamais les juger ni prendre la mouche. Il y avait répondu avec recul, comme si rien ne pouvait le toucher. Ca commençait d'ailleurs à inquiéter le garçon : avait-il à faire a un prototype expérimental de droïde ? Ou était-ce la Force qui permettait tant de contrôle à Berryl ?

Sa main avait pressé le panneau de contrôle et aussitôt la porte s'était ouverte. Surprenant. Une pièce secrète avec un nom si mystérieusement commun devait au moins être protégée par un code, génétique ou autre. Berryl n'en était pas affolé, mais aucun élève n'avait jamais vu berryl affolé. Non, Berryl le félicitait d'avoir fait le choix de l'approche frontale. S'étant attendu à l'inverse, il resta interdit un instant, à se demander si par hasard, le barbu n'était pas juste en train de se moquer de lui depuis tout à l'heure.

A l'invitation du Maître, il fit demi-tour et pénétra dans le Bureau 42. Encore un test ? Une salle d'entraînement secrète, avec des pièges ? Un sol ouvrant vers un trou dans lequel on déversait les padawans irrécupérables ? Ses yeux de semi-hapien s'habituèrent difficilement a la baisse de luminosité, et il dut cligner 6 fois de suite pour bien distinguer ses alentours.

Le bureau de Berryl ? Rien de plus ? Le blondinet afficha une moue déçue mais relativisa assez vite : jamais aucun Maître ne l'avait autoristé à rentrer dans son espace de travail personnel. Il y avait d'ailleurs jonchés ça et là, dans un bazar organisé qui ressemblait étrangement à celui de sa chambre, des tas de documents surement top secrets et très intéressants pour qui aimait lire. Hélas, il n'aimait pas lire. Tandis que Berryl s'excusait pour le désordre, il fit deux tours sur lui-même pour mieux appréhender ce nouvel environnement. Ses yeux avisèrent rapidement un large fauteuil en cuir, de l'autre côté du 'bureau'. Puisque le Maitre lui avait dit de faire comme chez lui, il alla s'asseoir dedans. Le fauteuil était bien trop large pour lui, alors il ramena ses jambes et s'assit en tailleur, posant son datapad sur sa droite.

Son attention se porta sur l'étagère vers laquelle Berryl se déplacait, et il cligna des yeux, hébété, en comprenant ce qui y était disposé. Des Holocrons Jedi ! Il n'en avait jamais vu autant, même à la bibliothèque ! Les Holocrons étaient bien gardés et, en dehors de quelques cours, rarement un padawan n'avait l'occasion d'en approcher un. Que faisaient-ils ici ? Berryl les avait-il récupéré ou les avait-il fabriqué lui-même ?

Du cube sélectionné par Berryl émergea l'hologramme d'une Twi'Lek. Il s'inclina pour répondre au salut de la padawan. Puis ce fut un Horansi, qui était Maître ; et un Rodien, qui était chevalier. Il écouta attentivement les trois converser avec Berryl et entre eux, sans prendre conscience qu'il avait gardé la bouche ouverte. Pour des morts, ils étaient plutôt joviaux, se dit-il avant de réaliser que ce n'était pas vraiment l'âme des morts dans ces petits cubes, plutôt une 'impression' de ce qu'ils étaient. Pour des impressions, les personnalités étaient vraiment bien rendues.

L'afflux d'informations lui saturait un peu le cerveau, alors il retint surtout comment les trois étaient morts. La mort de vieillesse que présentait le Rodien lui plaisait un peu, mais pas trop. Il ne savait pas encore s'il préférait mourir loin des combats ou en sauvant amis et innocents. S'arrêter de respirer dans un lit... est-ce que c'était vraiment lui ? La mort du Horansi était un peu bête pour quelqu'un qui avait survécu à tant de conflits. Et la mort de la Twi'lek, aux mains d'un Sith, un peu trop prématurée à son goût... il allait lui demander si...

Mais Berryl lui adressait la parole et il reporta son attention sur le barbu à capuche. Cette fois, ce n'était plus un jeu, ni un test, ni des sous-entendus. Les mots étaient clairs et réconfortants. Dakin se détendit dans le fauteuil. Il avait toujours pensé être unique. Maintenant, l'évidence lui sautait aux yeux : il n'était pas le seul à être unique. Tout le monde l'était. Tout le monde pouvait tracer son chemin, et personne ne devait décider pour les autres. A l'idée, il se redressa un peu, les yeux souriants et la mine rassurée.

Ce fut le moment que Berryl choisit pour évoquer son caractère de cochon. Le garçon évita son regard, pensant subir là une des sempiternelles remontrances dont il avait l'habitude. Mais quand il comprit que ce n'était pas une remontrance, que c'était mieux, bien mieux, il releva des yeux ronds. L'intérêt que Berryl lui portait était évident depuis de nombreuses minutes, mais c'était tellement improbable que Dakin avait refusé d'en dégager une quelconque conclusion.

Lui, avoir un Maître ? Bouche bée, il ne sut quoi répondre. Tout le monde au Temple pensait qu'il n'en voulait pas, et lui-même avait fini par se le demander. Il avait toujours voulu tellement de choses : piloter le Tisseur de Rêves avec sa mère, empêcher son tout premier ami de céder au fanatisme de l'Illumination sur Chalacta, parcourir le lac puis la galaxie avec son ami clawdite, le venger, rester padawan pour toujours avec Joclad, se battre aux côtés d'un félin comme Solal, s'enfuir d'Onderon avec Zelonion dans un vaisseau qu'ils allaient eux-même retaper, récupérer Joclad et Zelonion des mains des Siths, faire payer les Siths pour ce que ses amis avaient subi...

... avoir un Maître. Apprendre à se contrôler. Apprendre, Devenir plus fort. Changer les choses ? Changer ?

Dakin inspira, sentant les minuscules poils blonds dans sa nuque se redresser légèrement. "Je..." Ses yeux se baladaient sur le visage de Berryl, mais celui-ci restait de marbre et il était bien incapable de lire quoi que ce soit dans ce regard au noir profond. Bhesj, il était Arapaima ! Arapaima avait la réputation d'agir vite, sans poser de questions. Il devait choisir : c'était oui ou non !

"Je... j'ai une question."

Il se leva du fauteuil et se dirigea vers le cube sur lequel flottait encore la jeune twi'lek. Elle ne devait pas être bien plus âgée que lui.

"Hé. Comment tu t'appelles ?"
"Raina. Et toi, Jeune Gett, quel est ton prénom ?"
"Dakin", répondit-il avec un petit sourire. "Qui était ton Maître ?"

L'holocron resta silencieux, mais il lui semblait que Raina regardait Berryl. Dakin sentit son coeur se comprimer dans sa poitrine et, penaud, se tourna vers Berryl. "C'était votre padawan, pas vrai ?" Il déglutit, serra un instant les lèvres et murmura sa question : "Pourquoi elle est morte ?" A regarder ses épaules tombantes et ses yeux plein d'appréhension, on devinait aisément la vraie question derrière : *Pourquoi vous ne l'avez pas sauvée ?*

Bien sûr, Dakin voulait savoir ce qui s'était passé. Mais il voulait aussi savoir s'il pouvait percer cette bulle de sérénité, trop propre, trop froide. Il voulait savoir si, comme lui, Berryl était humain.
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Le maître resta un moment immobile, silencieux, les mains dans ses manches et les yeux clos. Une vraie statue. L'holo-Twi'Lek se mordit la lèvre, hésitant sur la marche à suivre, tandis que les deux autres hologrammes étaient soudain fascinés par le spectacle qui se jouait.

"Maître Berryl n'a rien à voir là-dedans, c'est ma faute ! finit par s'exclamer la padawan.
- Assez, Reira, la coupa calmement mais fermement Berryl. Ce n'est pas une question de faute.
- Mais si j'avais...
- J'ai dit assez."

Le ton du Corellien était désormais moins conciliant, plus autoritaire, plus ferme. Son sourire, quand à lui, avait pour une fois disparu. Son aura était toujours calme, mais il était difficile de savoir si elle était destinée à apaiser son entourage, ou bien lui-même.
La Twi'Lek, elle, baissa la tête en gémissant doucement d'un air dépité.

"Jeune Gett, je n'en attendais pas moins de vous. Vous avez bien l'art de discerner les failles qui déstabiliseront vos interlocuteurs, poursuivit Berryl en fixant l'adolescent de toute sa hauteur. C'est peut-être mieux ainsi, après tout. Il est juste que vous soyez au courant de cette histoire, si je vous propose de devenir votre maître."

Le corellien tira une chaise à lui - à la main, sans s'aider de la Force - et s'assit en face de Dakin, lui-même toujours dans le fauteuil du maître, le bureau et les holocrons entre eux deux.

"Berryl, vous n'avez pas à vous justifier devant un gamin ! grommela l'Horansi, bras croisés.
- Je pense au contraire qu'il vaut mieux pour eux démarrer sur des bases saines, répliqua le Rodien.
- Sen'do a raison, la vérité ne sera pas pire qu'un demi-mensonge, trancha l'humain. Soit, mon jeune ami, je vais satisfaire votre curiosité."

Le Corellien ferma les yeux, inspirant lentement. Retrouver ces souvenirs n'était jamais bien difficile, puisqu'il avait toujours veillé à ne pas les oublier.

"Reira était une padawan studieuse et discrète, plus à l'aise parmi les livres que parmi les mannequins d'entraînement. C'était une consulaire-née, et je l'ai donc prise sous ma tutelle. Sa formation avançait bien, jusqu'au jour où...
- Jusqu'au jour où j'ai prêté attention à ce que racontait une bande d'excités du sabre, maugréa Reira en serrant virtuellement les dents, jetant nerveusement un lekku autour de ses épaules.
- ... jusqu'au jour où sa curiosité l'a poussée dans une erreur de jeunesse bien compréhensible, la corrigea doucement Berryl. L'idée de prouver sa bravoure, voire de passer son Epreuve, commença à l'obséder. J'ai cru bien faire en la laissant agir à sa guise.
- Tu pensais que cela lui passerait, n'est-ce pas ? Qu'elle s'apercevrait qu'elle n'était pas faite pour les arts Jedis, fit le rodien en lévitation.
- Mais ça ne lui est pas passé. Ou plutôt, ça lui est passé d'un coup." ajouta l'Horansi.

La padawan frissonna, les bras serrés autour d'elle, détournant le regard d'un air honteux. Berryl fixait le bureau, un peu en avant des holocrons. Il paraissait perdu dans ses pensées, et l'était sans doute un peu.

"Nous sommes parti en mission. Une affaire mineure à négocier, dans un secteur calme. Malheureusement, un Sith rôdait dans les parages.
- Et j'ai désobéi. Maître Berryl m'a ordonné de retourner au vaisseau prévenir le Temple, mais... je voulais tellement..."

Reira était au bord des larmes, pour autant qu'un hologramme en soit capable. Même le maître grincheux en était peiné.

"Quand j'ai appris que Reira n'était pas revenue au vaisseau, j'ai aussitôt compris qu'elle était revenue m'aider. Malheureusement, c'est le Sith qu'elle a trouvé. Il l'a enlevée et utilisée comme moyen de pression pour m'empêcher de l'arrêter. Mais je l'ai poursuivi. Loin, très loin."

Berryl se frotta les yeux, l'air las. Il n'était pas habitué à raconter cette histoire, seulement à la revivre dans sa tête. Les rires du monstre, les cris de la Twi'Lek, son propre cœur se serrant en comprenant l'ampleur du drame qu'il n'avait pas prévu...

"Je l'ai tué. Le Sith, je veux dire. Mais il était trop tard. J'ai fait de mon mieux, et cela n'a pas suffit..."

Inspirer, expirer. Etonnant de voir comme des réflexes par ailleurs totalement inconscients pouvaient soudain devenir pénibles à faire.

"Suite à cela, j'ai décidé de partir étudier des ruines aux confins de la galaxie. J'avais besoin de temps pour réfléchir, loin des... influences diverses. Faire le deuil de Reira."

Le maître se laissa aller au fond de son siège. L'adolescent l'aurait bien appris tôt ou tard, de toutes façons, donc autant que ce soit fait.

"Vous savez tout. Avec le recul je me suis rendu compte qu'un autre Jedi n'aurait peut-être pas fait mieux.
- Vous auriez dû m'arrêter quand je me suis intéressée à ces bêtises... souffla l'holo-padawan d'un air triste.
- Tu avais le droit d'être curieuse et de t'essayer à autre chose. Te contenter de ce que tu connaissais t'aurais rendu obtuse. Voilà bien la seule question à laquelle je n'ai jamais eu de réponse : qui est le "fautif". Je n'ai jamais cru que c'était la bonne manière d'envisager la question. Berryl releva les yeux sur Dakin. Et vous, jeune Corellien, quel est votre opinion sur toute cette tragédie ? Suis-un vieux fou incapable à vos yeux également ?"
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Les yeux bleus de Dakin restaient braqués sur Berryl, guettant ses réactions. Il crut d'abord que le barbu n'allait pas lui répondre ou pire, qu'il allait l'engueuler pour lui avoir posé cette question. Par appréhension, il s'immobilisa également. L'holo de Reira crut bon d'intervenir mais fut interrompue deux fois, d'abord gentiment, puis sèchement. Au deuxième "Assez" de Berryl, Dakin se laissa retomber entre les bras rassurants du fauteuil. Voilà une facette que l'adulte n'avait pas encore montrée. Sans remords ni joie, le garçon continuait à l'observer : Berryl tirait une chaise pour s'asseoir droit face à lui ; il ne lui avait toujours pas demandé de dégager de SON fauteuil, c'était bon signe.

L'holo de l'Horansi intervint à son tour et celui qu'il avait traité de 'gamin' lui lança un regard agacé. En d'autres circonstances, Dak l'aurait pris et fracassé contre le mur, mais il ne voulait pas braquer son peut-être futur Maître et puis, il ne se sentait pas si fâché que ça. Il était même plutôt bien depuis que Berryl avait créé cette bulle autour d'eux.

Patiemment, il écouta l'histoire que Berryl voulait bien lui raconter. Ce n'était pas une histoire très originale : il avait en tête des récits de padawans qui se croyaient assez forts et qui avaient mis leur vie en danger en dépit des ordres ou du bon sens. Certains y avaient réchappé, d'autres non. Pour certains, comme Zel ou Joc, on ne savait pas. Mais l'histoire de Berryl avait ça de particulier qu'elle le touchait lui, et c'était précisément ce qui intéressait Dak. Que ressentait ce presque-inconnu d'ordinaire si imperurbable ? Des regrets, peut-être ? De la honte ? De la peine ? Dakin croyait discerner tout cela mais Pendragon était assez âgé et trop Maître de lui-même pour tout dévoiler. Mais il essayait de se contrôler, c'était suffisant pour le blondinet.

Quant à ce que Berryl avait fait après... Dakin se sentait bizarrement rassuré de savoir qu'au moins, il avait vengé sa padawan en tuant le Sith. En voilà un qui ne pourrait plus tuer des enfants. Puis Berryl était parti tout seul en exil, pour "faire le deuil". Le garçon observa tour à tour ce qui restait de la padawan et le regard lointain du Maître. Il cligna des yeux pour les empêcher de s'embuer et déglutit. Il déglutissait parce qu'il avait soif, rien d'autre. Berryl aurait quand même pu lui offrir quelque chose à boire !

N'empêche, il les voyait tous les deux, séparés maintenant par la mort, incapables de se parler vraiment, de se réconforter, d'apprendre l'un de l'autre. En essayant d'imaginer leur relation du vivant de Reira, il devinait des sourires mais pas d'embrassade. Berryl n'était pas dénué de sentiment, mais il était distant comme les autres Maîtres, froid comme les couloirs du Temple. Depuis plus de trois ans qu'il était là, Dakin s'était habitué à ce froid mais il n'avait jamais oublié la chaleur du Tisseur de Rêves, celle de ses amis et surtout celle de sa mère. Heureusement, il y avait la petite Tiara qui quémandait quotidiennement des câlins. C'était sûrement pour ça qu'il ne repoussait jamais la novice à nattes, même quand elle le gavait royalement en piaillant des questions indiscrètes.

Si Reira avait été vivante, Dak l'aurait entourée de ses bras pour lui dire que tout irait bien.
Mais il ne se voyait pas faire ça à Berryl la maintenant. Ni plus tard.

S'apercevant que le barbu lui avait posé une question, il repoussa ses pensées et cligna des yeux. Quoi, il devait donner jugement maintenant ? Surpris, il se redressa dans le fauteuil, bouche entrouverte. "Je sais pas", furent les premiers mots à sortir naturellement de sa bouche. Puis, après quelques secondes : "Non." Il sourit doucement d'un sourire sans joie. "Mais ça m'étonne pas qu'elle ait désobéi." Berryl aurait pu s'en douter lui aussi, si elle était devenue folle d'action. Il aurait pu choisir de ne pas l'emmener en mission, ou alors de la garder toujours en vue pour éviter qu'elle ne fasse n'importe quoi.

Son regard dévia vers les étagères. Tout ça le faisait penser à son ami clawdite, mort par sa faute. SA faute. C'était ce qu'il avait toujours voulu croire depuis. Oui, il aurait pu l'empêcher, mais ce n'était pas lui qui avait planté la lame. Tout était bien plus compliqué que ça, et Berryl venait de l'illustrer. Même si ça ne l'enthousiasmait pas vraiment, le jeune padawan ne pouvait pas faire autrement qu'accepter cette complexité... et grandir.

Il observa à nouveau la pièce, mur après mur, objet après objet. Il s'y sentait bien, oui, et ce n'était pas que grâce à la bulle de Pendragon. Ici, ça pouvait faire une bonne planque secrète pour les moments où il ne voulait voir personne. Et puis il aurait de la compagnie : les hologrammes, bien plus divertissants que des bouquins sans âme. Et puis il y avait le barbu, assis devant lui, qui savait ce que c'était que commettre des erreurs et qui ferait attention à ne pas les reproduire. Oui, Berryl ferait attention à lui.

"J'ai encore deux questions. D'abord, est-ce que je peux venir ici quand je veux ?" Son ton et son regard restèrent sérieux quelques secondes avant de retrouver leur malice habituelle. "Et est-ce que je dois vraiment vous appeler Maître ? Sur Zolan, les Maîtres avaient tous un esclave de compagnie..."

Rien qu'en prononçant ces derniers mots, avant même que Berryl ne réponde, il sentit une vague de chaleur l'enlacer. Ses joues rosirent sans qu'il ne leur ait demandé. Une petite voix dans sa tête, celle qui écoutait toujours Maître Ob'Tu, lui répétait qu'il ne méritait pas l'intérêt de Berryl. Il laissa la vague de chaleur l'étouffer.
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Le Corellien acquiesça à la réponse de son invité. Avec le recul, il paraissait évident que Reira finirait par désobéir, en effet. Il avait sous-estimé à l'époque l'attraction nouvelle de la jeune fille pour les faits d'armes. En réalité il avait plutôt soupçonné la padawan d'avoir succombé aux charmes des légendes de chevaliers valeureux sauvant telle ou telle planète le sabre à la main, peut-être par soif de s'essayer à autre chose que des livres poussiéreux et des négociations assommantes. Voire d'avoir succombé aux charmes d'un autre padawan plus porté sur l'action et tenté en agissant aussi impétueusement de capter son attention... mais ces soupçons-là - dont il n'aurait jamais la preuve et qu'il ne chercherait pas - resteraient dans son crâne. Quand bien même ils seraient fondés, Berryl se refusait à entacher la mémoire de la jeune fille en liant sa mort à un tel encart au Code.

Le maître fut tiré de ses pensées par les questions de son invité. Ainsi donc, le jeune Gett appréciait son bureau ? Voilà qui était étonnant de sa part, le Corellien aurait pensé qu'il chercherait plutôt à le fuir dès que possible. Après tout, il n'y avait rien de bien intéressant dans la pièce, sinon des cours et des simili-holocrons.
Ses yeux se posèrent sur les trois appareils posés devant lui, présentement occupés à discourir des vertus de la course à pied correctement orientée - à l'opposé ou droit vers l'adversaire, telle était la pomme de discorde. Des hologrammes qui se chamaillent. Son sourire s'étira en coin en comprenant ce qui intéressant Dakin. C'était une holovidéo interactive et toujours nouvelle, en un sens.

"Eh bien, ce bureau n'est pas vraiment secret ni d'accès restreint, donc je ne vois pas d'inconvénient à ce que vous y veniez. Comme je vous le disais je reçois peu, mais c'est surtout parce que peu de gens prêtent attention à mon bureau. Il vous faudra tout de même respecter certaines règles, évidemment, mais surtout je dois vous prévenir de ne pas consulter les archives du dernier bloc."

Berryl pointa de la main l'extrémité de la bibliothèque, où aucune des archives ne semblait active. Chacune était même rangée derrière un champ de force, tels des prisonniers dans leurs cellules. Et parce qu'il se doutait qu'un "pourquoi" allait très vite suivre, il ajouta :

"Je conserve les données de toutes sortes de gens, et tous ne sont pas recommandables. Le Sith dont nous parlions s'y trouve, par exemple, ainsi que des politiciens aux nombreux petits secrets qui doivent le rester. Et que ce soit en tant que votre maître ou en tant que propriétaire de ces archives, je refuse que vous vous en approchiez. Le Corellien se pencha au-dessus du bureau, l'air sérieux. Ce ne sont peut-être que des amas de souvenirs et d'impulsions électriques, mais le savoir qu'elles contiennent est dangereux et le pouvoir de persuasion de certaines bien réel.
- C'est vrai, confirma l'hologramme de Sen'do. Le savoir, c'est le pouvoir. Et trop de pouvoir corrompt."

L'autre question, en revanche, ne méritait pas réflexion car la réponse en était évidente pour le Jedi. Mais bien entendu, pour que le jeune humain la pose, il devait y avoir anguille sous roche. L'adolescent avait d'ailleurs une réaction étrange que le maître avait du mal à décrypter : était-ce de la colère à l'idée d'être assimilé à un "esclave de compagnie" ? Ou bien un honteux espoir ? L'enfance du jeune Gett sur Zolan l'avait profondément marqué - comment pourrait-il en être autrement ? - mais Berryl ne savait pas encore à quel point ni de quelle manière.
Le Corellien ferma un instant les yeux, puis les rouvrit pour clouer Dakin du regard. Le sourire avait à nouveau disparu, mais nulle tristesse dans ses yeux sombres : au contraire, plutôt une forte, très forte volonté l'espace d'un instant.

"Je me considère comme tolérant et accommodant, mais comme tout le monde j'ai mes limites. L'esclavage, notamment, m'est insupportable. Vous n'êtes pas, et ne serez jamais, mon esclave. Et je tiendrai à ce que vous non plus n'abusiez pas de votre influence sur autrui pour le manipuler à votre convenance, sous quelque forme que ce soit. La vie des gens - ou des animaux pour autant que je sois concerné - n'est ni un jouet, ni un bien.
- Il est très sérieux là-dessus. Ne le chatouille pas sur le sujet, petit." souffla l'Horansi d'un ton de conspirateur. Le Rodien et la Twi'Lek opinèrent.

Le ton de Berryl était calme, trop calme peut-être. Pas menaçant, mais froid et sans concession. Ses yeux reprirent enfin leur éclat habituel tandis qu'il poursuivit d'un ton plus normal :

"Ceci étant dit, je vous demanderai un minimum de politesse, dont je ferai moi-même preuve à votre égard. Mais nul besoin d'être formel, en-dehors du Temple j'use rarement de mon titre de maître et je ne vous demande pas de l'utiliser si vous n'êtes pas confortable avec. Berryl suffira, pour le moment."

Le maître se leva de son siège, souriant à nouveau, et tendit la main à son interlocuteur.

"Je vous demanderai également de suivre mes directives, mais de me faire part de vos doutes ainsi que de vos désirs d'apprentissage quand vous en aurez. Il faudra bien sûr attendre l'approbation du conseil, mais je pense que nous avons un accord, monsieur Gett. Ou dois-je vous appeler Arapaima désormais ?"

Il était vrai que Berryl prenait un malin plaisir à la conversation, notamment en la rendant moins conventionnelle que le sujet ne l'exigeait. Mais Dakin Gett n'était pas conventionnel, pas plus que le Jedi. Un maître et un élève, tous deux Corelliens, tous deux un peu marginaux : la galaxie n'avait qu'à bien se tenir !
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Berryl avait acquiescé et Dakin avait un nouveau repaire, rien que pour lui... et Berryl. Il en était déjà à regarder la décoration de la pièce et à se demander comment la rendre plus sympa quand l'encapé lui indiqua des archives interdites qu'il ne fallait absolument pas consulter. Il allait demander pourquoi mais la réponse sortit avant même qu'il n'ait le temps de mettre ses lèvres en position. Ses yeux ne manquèrent pas de pétiller lorsque Berryl lui expliqua la dangerosité des informations. Le savoir, le pouvoir, comme les énonçait Sen'do, il s'en fichait pas mal. En fait, ce n'était pas tant le contenu des archives qui l'intéressait que la possibilité de briser une règle.

La défiance dans son regard se carapata bien vite lorsqu'un Berryl au ton ferme se pencha sur son bureau. Toujours assis dans le trop large fauteuil, Dakin se sentait soudain tout petit. Il déglutit et approuva rapidement de la tête, essayant de penser à autre chose au cas où son nouveau maître ait la capacité de lire ses intentions. Il attendit sans bouger, pas rassuré, que Berryl redevienne le barbu sympa, pince-sans-rire et bon public qu'il connaissait. Ses doigts tapotaient distraitement sur le dossier. Hélas, la situation n'allait pas s'arranger.

Lorsque l'élève demanda au Maître s'il pouvait ne pas l'appeler Maître, il y eut quelques secondes de silence. Et quand Berryl rouvrit les yeux, Dakin sentit qu'ils plaquaient sa tête contre le dossier. "Vous n'êtes pas, et ne serez jamais mon esclave", disait Berryl. "D'accord", répondit le padawan d'une toute petite voix, les yeux grands ouverts. L'hologramme de l'horansi, qui avait le don d'enfoncer les portes ouvertes, confirma que l'esclavage était un sujet sensible pour Berryl. "Ca tombe bien, pour moi aussi" faillit répondre Dakin, mais il laissa simplement ses yeux transmettre le message, tâchant d'y mettre autant de glace que Maître Pendragon.

Ce dernier parut enfin se détendre un peu et Dak se dit qu'il irait voir les hologrammes plus tard, en l'absence du barbu, pour récupérer la liste de tous les "sujets qui fâchaient". Voila qui lui permettrait de savoir comment éviter de le fâcher sans le vouloir, ou comment le fâcher en le voulant. Et ce n'était pas de la manipulation, c'était de la préservation ! Il ne savait pas encore grand chose de Pendragon, et si au départ il lui avait semblé être le Maître Parfait, c'était sans doute parce que c'était le seul qui voulait de lui. Depuis, Berryl avait avoué avoir perdu une padawan, avait montré un côté bien plus tranchant de sa personnalité et quelque-chose disait à Dakin que ce ne serait peut-être pas aussi simple qu'espéré.

Quand est-ce que ça l'était, d'ailleurs ? C'était son éternel problème : toujours vouloir faire simple, espérer que tout se passe bien, et être déçu... à chaque fois.

Berryl l'autorisa à l'appeler Berryl. Il sourit en coin, un peu difficilement et opina du chef face à ses demandes : pour résumer, il devait obéir mais surtout ne pas se taire, et demander à apprendre. Ces principes là, il pouvait les accepter. Il avait même bigrement envie de lui faire part de ses doutes, là, tout de suite, mais il avait encore plus envie de donner l'impression d'être prêt, et poser trop de questions pouvait assurément faire revenir Berryl sur sa décision. Il devait serrer la main qu'on lui tendait, sans attendre.

Revêtissant à nouveau le costume de nonchalance qu'il rapiéçait depuis des années, il se leva et serra fermement la poigne de son nouveau Maître. Elle était chaude. Il rit quand Berryl lui demanda s'il devait utiliser son surnom honorifique et, l'oeil malicieux, répondit : "Dakin suffira, pour le moment. Vous m’appellerez Arapaima quand vous serez fier de moi." Il fit une grimace mais n'osa pas ajouter qu'il préférait que Berryl le tutoie.

Les mains se relâchèrent, le pacte était scellé. Il serra les lèvres, se demandant s'il devait dire merci. Quelques secondes s'écoulèrent. "Je ferais mieux d'y retourner, ils vont encore croire que j'évite les cours", soupira-t-il... même s'il aurait préféré rester. Il ne demanda pas à Pendragon de lui fournir une excuse pour le professeur, il était doué pour en trouver des bien bidon. Et tant que le Conseil n'aurait rien validé, il ne dirait rien à personne de ce qui venait de se passer.

Peut-être que ça ne s'était même pas passé. Peut-être que ce ne serait pas une partie de plaisir, après tout. Mais après avoir pris congé de Berryl, des hologrammes et du bureau 42, sur le chemin de la classe, il eut l'impression étrange que la Force lui avait donné des ailes.
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