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Le petit homme grassouillet avait traversé d'un pas précipité une série de halls, de salons et de salles de réception, avait bousculé deux droïdes de protocole et renversé trois pots où végétaient des plantes vivaces ; le crâne perlant de sueur, il fit face à une lourde porte ; celle-ci était fermée. L'air ébêté, il lança un regard perdu à une jeune femme, assise derrière un bureau.

«Il... Il est là ?», demanda-t-il, à bout de souffle.

«Oui, il vous attend depuis dix-sept minutes et quatorze secondes.»

Le petit homme déglutit.

«Bon...»

Il fit quelques pas timides vers la porte, qui s'ouvrit à son approche et laissa apparaître une immense salle, bordée de baies vitrées d'où l'on pouvait observer les lignes de vaisseaux et les immeubles gigantesques de Coruscant. Derrière un vaste bureau, se dressait une silhouette dont le contre-jour ne laissait apparaître les couleurs ; cette ombre tournait le dos au petit homme et contemplait la capitale, un verre à la main.

«Vous êtes en retard, Lög.», dit l'homme sans se retourner.

«Je... je suis confus... Vraiment ! Mais cette fois, c'est justifié ! Je vous assure ! Un contre-temps majeur m'a retenu ! ... Laissez-moi vous expliquer...»

«Je ne veux rien entendre. Vos excuses sont toutes les mêmes.»

La silhouette se retourna, laissant apparaître le visage de Lord Janos. Il considéra pendant quelques secondes le petit bonhomme qui perlait toujours de sueur, puis contourna silencieusement le bureau, d'un pas lent, le verre toujours à la main.

«Voyez-vous, mon cher Lög, quand on a l'honneur d'être Directeur de la Commission de Rédaction des discours politiques et des textes du Parti, il est certains impératifs qu'il faut nécessairement respecter.»

Il s'appuya contre son bureau et lança un regard sévère au petit homme.

«Parmi ces impératifs, il en est un auquel j'accorde une attention toute particulière.»

Son œil gauche étincela.

«Vous savez lequel, Lög.»

«Ou-oui... Les horaires...»

«Exactement, Lög. Le horaires. Au cas où vous ne seriez guère au courant, notre parti politique, que j'ai rebaptisé Cosmos dans un souci de publicité, se nommait auparavant le parti de l'ordre.»

Lög acquiesca sans mot dire.

«L'ordre.», reprit Lord Janos, une étincelle au regard.

Il leva les yeux au ciel.


«Un bien beau concept, n'est-il pas ?»

«Oui... très beau...

«Sachez, cher Directeur de la Commission de la Rédaction, que l'ordre n'est pas un vague idéal politique que je m'amuse à théoriser pour remporter la majorité absolue lors des élections. Non ! L'ordre est une philosophie de la vie ! Une philosophie que nous appliquons à chaque instant de notre vie !»

Il s'était redressé et avait vociféré ces deux dernières phrases, partagé entre colère et exaltation, de ce timbre qu'il prend dans ses discours les plus enflammés.

«En l'occurrence, Lög, le respect des horaires constitue à mes yeux la première application de l'idéal de l'ordre.»

«Tout-à-fait, sénateur.»

«Vous vous en souviendrez, n'est-ce pas ?»

«Bien sûr, sénateur.»

«Vous savez que Shadley brigue votre poste, Lög.»

«Euh... Oui...»

«C'est par ailleurs un jeune homme très sérieux. Il me plaît pour son sens de l'organisation.»

Un très léger sourire s'afficha sur le coin de sa lèvre.

«Et il arrive à l'heure à ses rendez-vous, lui.»

Une perle de sueur parcourut lentement la tempe du petit homme.

«Ne vous inquiétez pas, sénateur ! Ça ne se reproduira plus ! Je vous le promets !»

«Mais je n'en doute pas, Lög, je n'en doute pas...»

Sur ces mots, il posa son verre sur le bureau.

«Bien ! Assez perdu de temps ! Voyons un peu les corrections que vos conseillers on apporté au discours de ce soir.»

Tout en parlant, il retourna derrière le bureau et vint s'asseoir dans son fauteuil de cuire.

«La Commission de Rédaction l'a relu et corrigé mot par mot. Il est très bien ainsi.»

Lord Janos n'était pas comme ces politiciens qui remettent à leurs fonctionnaires le soin de rédiger leurs discours. S'il le pouvait, il les composait lui-même, réduisant ainsi les conseillers de la Commission de Rédaction à un vulgaire rang de correcteurs.

«Nous avons jugé bon d'apporter quelques petites modifications.»

«Tant qu'elles se justifient...»

Un hologramme surgit du bureau, inscrivant dans les airs le discours que Lord Janos comptait prononcer quelques heures plus tard.

«Hum-hum... Oui, l'exorde est mieux ainsi : le style est plus fluide...»

Il parcourut attentivement la totalité du texte. Soudain, son œil droit s'arrêta sur une expression ; le sénateur fronça les sourcils :

«Mais...»

«Quelque chose ne vous convient pas ?»

Lord Janos ne lui répondit que d'un mot :

«Égalité.»

«Euh... Pardon ?»

«Égalité.»

Il releva les yeux vers le Directeur de la Commission de Rédaction.

«D'où me sortez vous cette notion d'égalité ?»

«D'égalité ? Où ça ?»

«Là ! "...pour qu'enfin l'égalité soit respectée dans le nouvel ordre que nous tâcherons de fonder". Je répète ma question, Lög : d'où me sortez-vous cette notion d'égalité ?»

«Eh bien... Avec les autres, on en a parlé : on trouvez que ça ferait plus... plus conforme aux idéaux républicains... plus modéré...»

Lord Janos se leva brutalement de son fauteuil de cuire.

«Entendons-nous bien, Lög : je ne vous paie pas pour que vous trouviez que mes discours fassent plus ci ou plus ça, mais pour que vous les rendiez plus captivants et mieux écrits ! Avez-vous déjà vu, si ce n'est une seule fois, la moindre occurrence de la notion d'égalité dans un texte quelconque de notre parti ?»

Lög n'osa pas répondre.

«Pas une fois, pas une fois, je n'aurais osé employer ce terme ! C'est au nom de l'égalité des chances que ces banquiers ravagent notre pays ! C'est au nom de l'égalité que les peuples se révoltent contre leurs souverains ! C'est au nom de l'égalité que la République s'effondre lentement ! L'égalité, c'est la fléau de la politique.»

Il s'interrompit, méditatif.

«Le respect de l'ordre hiérarchique !», s'écria-t-il d'un coup.
Mon original parlait du respect de l'ordre hiérarchique : rétablissez-moi l'expression !»


«Oui, sénateur... Immédiatement !»

Lord Janos se rassit tandis que Lög apportait les modifications exigées.

«Bon, voyons la suite. J'espère que vous en êtes tenus à cette extravagance.»

«Oui-oui, c'était la seule... Ne vous inquiétez pas...»

Le sénateur continua la lecture à voix basse, mettant déjà l'intonation qu'il comptait donner à telle ou telle expression.

«Très bien. Vous pouvez enregistrez ce texte dans mon réseau interne.»

«Tout de suite, sénateur, tout de suite.»

Quelques minutes plus tard, la lourde porte s'ouvrit : Lord Janos sortit d'un pas déterminé, suivi de près par Lög. Le sénateur se tourna vers sa secrétaire :

«Mademoiselle Evans, vous me ferez le plaisir de remettre le salaire légitimement dû à mon ex-Président de la Commission de Rédaction des discours et textes politiques du Parti. Vous préviendrez également Shadley qu'il remplace ce dernier à cette fonction. Cela fait, vous me rejoindrez dans ma navette : nous partons pour le cargo. La réception commence d'ici trois heures trente-sept et quarante deux seconde selon mon horloge interne : il faut s'assurer que tout est prêt. Quant à vous, Lög, nous vous remercions pour vos services rendus à Cosmos, ajouta-t-il un grand sourire au visage. Le parti vous souhaite un bon retour sur Aargau. »

Le petit homme pâlit ; il tenta désespérément de suivre les pas de Lord Janos, qui se retirait déjà :

«Mais... Sénateur ! ... Je vous en prie... Je ne ferai plus...»

Le politicien ne l'écoutait déjà plus ; tout en marchant, sans lui adresser le moindre regard, il se contenta de répondre :

«Je vous l'ai dit, Lög : l'égalité est un fléau ; rien ne vaut le respect de l'ordre hiérarchique.»

Sur ces mots, il le laissa là, désemparé.



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En retard, en retard... Encore en retard ! J'avais déjà fait sonner le com'link du Conseiller par trois fois, lui avait envoyé un message quinze minutes avant son rendez-vous et cet homme se payait le luxe d'être en retard ! Et de ne même pas me répondre ! Gras, grossier, incapable, c'était presque avec plaisir que je le voyais arriver luisant de sueur dans l'antichambre de ses Enfers – Enfers dont j'étais la Gardienne.

«Il... Il est là ?», demanda-t-il, à bout de souffle.

«Oui, il vous attend depuis dix-sept minutes et quatorze secondes.» , confirmais-je avec un sourire courtois, juste assez pour ne pas manquer à la politesse et juste peu pour ne pas être pour lui une source d'apaisement. Il ne fallait pas encourager les incompétents dans leur licence, accepter un travail, c'était accepter les responsabilités qui y étaient liées, et non pas se montrer si négligent et de façon si répétée ! Un travail bien fait était un travail rendu à l'heure, sans quoi, il n'était qu'une cause de désordre. De quoi aurait l'air le Sénateur si, un jour, monté sur la tribune officielle pour s'adresser au peuple, cet être incapable d'autogestion venait à lui faire de nouveau défaut ? Les grands hommes ne devaient pas souffrir les minables fonctionnaires de seconde zone.

Je n'avais pas besoin de contacter le Sénateur, il disposait d'une caméra en temps réelle qui donnait sur mon bureau et savait dès lors que le Conseiller venait tout juste d'arriver. Je me contentais donc d'ouvrir la porte en faisant glisser mon doigt sur la commande adéquate et reprenais mon travail : vérifier pour la troisième fois que tous les préparatifs que j'avais ordonné avaient été efficacement réalisés.

Si la réception prenait des airs de simplicité et de rencontre anodine, j'avais clairement conscience des enjeux qu'elle représentait, à la fois pour le sénateur qui avait là une occasion d'entrer dans le cercle des proches du Chancelier Suprême, occasion inespérée et à ne sûrement pas manquer, mais aussi pour les indépendantistes et les Siths qui, s'ils venaient à avoir vent d'une possible réunion de la plupart de leurs opposants en un même lieu, y verraient à coup sûr une occasion trop belle de plonger irrémédiablement la Galaxie dans le Chaos.

C'était donc à la sécurité que j'avais consenti le plus d'effort. D'abord, toutes les modalités de cette soirée avaient été transmises sur des réseaux sécurisés afin qu'aucune information ne puisse filtrer ensuite, à l'intérieur du vaisseau du Sénateur, chacun des représentants seraient suivis pour sa propre sécurité d'une caméra, constamment pointé sur lui afin d'assurer sa sécurité. Ne pourraient embarquer à l'intérieur du vaisseau que les notables invités et les gens de leur délégation expressément signalés, chacun devra se plier aux vérifications standards de sécurité pour éviter qu'aucune arme ne soit apportée sur le vaisseau et uniquement certaines zones de ce dernier seraient accessibles aux publics, le reste étant bouclé par des hommes de sécurité, des droïdes et divers autres systèmes de surveillance. Mis à part les agents de sécurité, j'allais donc être la seule à être armée mais pas de façon ostensible, l'arme se trouvant discrètement attachée sous ma robe, le long de l'une de mes cuisses, tournée vers l'intérieur pour qu'aucune courbe de tissu ne puisse venir trahir sa présence. Jamais je n'aurais permis qu'on puisse s'en prendre au Sénateur.

Quand enfin, au bout de onze minutes trente-sept la porte s'ouvrit à nouveau, j'avais déjà fini depuis deux minutes sept secondes ce que j'avais prévu de faire. L'entretien ne s'était pas bien passé, sans quoi, je n'aurais pas eu cette avance sur le Sénateur. Quand tout se passait comme il avait demandé à ce que cela se passe, nous finissions ensemble nos tâches. Le visage pâle du Conseiller confirma mes craintes ainsi que son incompétence. Le Sénateur ne perdit pas plus de temps avec lui et s'adressa directement à moi:


«Mademoiselle Evans, vous me ferez le plaisir de remettre le salaire légitimement dû à mon ex-Président de la Commission de Rédaction des discours et textes politiques du Parti. Vous préviendrez également Shadley qu'il remplace ce dernier à cette fonction. Cela fait, vous me rejoindrez dans ma navette : nous partons pour le cargo. La réception commence d'ici trois heures trente-sept et quarante deux seconde selon mon horloge interne : il faut s'assurer que tout est prêt. Quant à vous, Lög, nous vous remercions pour vos services rendus à Cosmos, ajouta-t-il un grand sourire au visage. Le parti vous souhaite un bon retour sur Aargau. »

À vrai dire, j'avais anticipé sur la réaction du Sénateur et déjà pris la liberté de faire le décompte de l'ensemble des tâches effectuées depuis deux semaines par Monsieur Lög ainsi que calculé son nombre d'heures de travail, son nombre d'heures supplémentaires ainsi que décompté ses retards – nombreux – et se s les produits défectueux dont il avait été la source.

« Très bien Sénateur. Monsieur Lög, pour vos services rendus auprès de Cosmos, à savoir un temps de travail effectif du premier du mois au quatorze de ce même mois pour un total de six cent soixante-huit crédits républicains quarante-trois auxquels sont ajoutées douze heures cinquante-et-une supplémentaires exonérées payées à 125 % pour un total de quatre-vingt-treize crédits républicains sept cent soixante quinze, ayant appliqué les diverses pénalités pour vos neuf heures quarante de retard et les sept travaux déficients que vous avez produits à savoir un dédommagement sur votre salaire s'élevant à cent vingt-sept crédits républicains soixante-douze et ayant appliqué les prélèvements obligatoires de cotisation de l'article 12 du Code du Travail Républicain s'élevant à cinq pour cent deux cent quarante, je vous annonce le versement immédiat de six cent un crédit républicain quatre-vingt-sept sur votre compte. Vous comprendrez qu'étant licencié pour faute professionnelle, nous ne vous versons pas d'indemnités de départ. Ce fut un plaisir de coopérer avec vous monsieur l'ex-Président de la Commission de Rédaction des discours et textes politiques du Parti. À présent, je me vois obligée de vous faire reconduire par l'Agent de Sécurité Millers, n'étant plus fonctionnaire ici, vous n'êtes plus habilité à avoir accès à cette zone. »

J'appuyais rapidement sur la touche du com'link de l'agent en question et lui demandais de bien vouloir venir raccompagner notre ancien collègue jusqu'à l'entrée du bâtiment de Cosmos. Ce dernier arriva rapidement, me laissant juste assez de temps pour faire parvenir un mail au nouveau Président de la Commission de Rédaction des discours et textes politiques du Parti – monsieur Shadley. Il invita d'un simple mouvement de main l'homme – encore choqué par les dernières paroles du Sénateur – à le suivre et, sans une réponse à mon au revoir cordial, il disparut me laissant tout le loisir de suivre le Sénateur qui m'attendait au fond du couloir menant à notre navette. Dame Chan Haël était là également, à l'entrée cette fois-ci de sorte que je m'arrêtais immédiatement pour m'adresser à elle, n'étant pas en retard. Dans ses bras, la tenue de soirée du Sénateur, et dans les bras de son droïde assistant qui se tenait non loin, la mienne. Une robe blanche, simple, élégante. Juste ce qu'il fallait.

« Je vous remercie Dame Haël, cette tenue est tout à fait appropriée pour ma part, pour ce qui est de celle de monsieur le Sénateur, je lui laisse le soin de vous faire savoir son avis. »

Je l'invitais donc à avancer avec un sourire aimable, et nous arrivâmes toutes deux devant le Sénateur. Il me gratifia d'un « Mademoiselle Evans » joint à un mouvement de tête comme à son habitude et félicita notre couturière pour son choix quant à son propre costume. C'était un homme dur avec les incompétents, mais quand il trouvait des gens capables de saisir l'importance de l'Ordre et de participer à son fonctionnement, il savait les encourager sur cette voie et se montrer reconnaissant. La navette arriva sans nous laisser plus de temps. Elle était à l'heure. Dix-neuf heure une. Nous embarquâmes, la femme nous emboîtant le pas afin de nous aider à nous vêtir, elle qui avait un don remarquable pour parer les individus, savait toujours comment faire éclore l'Harmonie de nos corps. De plus, elle était une employée fidèle de Cosmos, et avant lui, du parti de l'Ordre. Nous aurions pu lui révéler tous les projets de la politique du Sénateur qu'elle n'en aurait dit mots pas même à son mari. Ainsi, alors que la navette nous emmenait en bourdonnant vers le vaisseau du Sénateur et que la vieille dame s'activait autours de nous pour nous embellir, je prenais la parole pour avertir le Sénateur.

« Aucun impair dramatique n'est à déplorer Sénateur. Comme prévu, mon invitation à fait mouche et le Chancelier Suprême en personne nous fera l'honneur de sa présence. Beaucoup plus de représentants ont répondu à notre appel que ce que l'on avait estimer, il faut croire que l'angoisse est plus forte en leur cœur que ce que nous avions augurés. J'ai vérifié un à un tous les dispositifs de sécurité et de nouveau contacté le chef de la sécurité, le Capitaine O'Neil, il m'a assuré que tout était en ordre et qu'aucune activité suspecte n'avait été repéré dans la zone de stationnement de votre vaisseau. Il ne vous reste plus qu'à entrer en piste et à gagner les cœurs. Je ne pourrais malheureusement pas garder mon ordinateur sur moi le temps de la soirée, la taille de l'appareil que vous m'avez confié étant bien trop importante, cela inquiéterait les Sénateurs de me voir me promener avec cette étrange chose au bras alors que je me trouve en tenue de soirée ; cependant, il nous reste les oreillettes. Le canal un sera le nôtre, le canal deux celui de la garde, le canal trois celui du poste de sécurité et le canal cinq celui de l'entrée. »

Je regardais la petite dame finir son travail quand soudain une idée me traversa l'esprit, je reprenais alors presque immédiatement la parole afin d'ajouter ce petit élément d'information :

« Oh, et à propos, j'ai envoyé votre message à Monsieur Shadley, il sera là également ce soir, sûrement ravi par cette nouvelle inattendue. Avez-vous une dernière volonté avant d'arriver ? La navette devrait s'amarrer d'ici trois minutes vingt sept secondes. »


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Le sénateur était resté silencieux durant tout le trajet : il lisait calmement le discours que lui affichait son œil gauche. Il nota cependant l'élégance des habits qu'on lui avait préparé et songea qu'il faudrait gratifier la costumière d'un avancement.

«Avez-vous une dernière volonté avant d'arriver ? La navette devrait s'amarrer d'ici trois minutes vingt sept secondes.»

L'œil droit du sénateur alla se poser sur sa secrétaire, tandis que le discours défilait toujours sur le gauche.

«Je souhaiterais que ce soit vous qui accueilliez les politiciens quand ils arriveront. Le Secrétaire Général du parti sera présent à vos côtés. Quant à moi, je ferai mon apparition quand tout le monde sera arrivé : c'est alors que je livrerai mon discours. Je fais confiance, Mademoiselle Evans : maquillage impeccable, visage rayonnant, irréprochable courtoisie.»

Un très léger se dessina subrepticement sur le coin de ses lèvres :

«La grammaire sociale de l'ordre.»

* * *


Les droïdes du Cosmos IV s'affairaient en tout sens : ici surgissait un robot cuisinier les pinces remplies de victuailles ; là un droïde de protocole armé d'un plateau débordant de verres ; là un garde de sécurité inquiet de la bonne gestion de la soirée. Le peuple mécanique du cargo se démenait comme les membres d'une fourmilière.

Soudain, une voix artificielle surgie des hauts parleurs vint les arrêter nets :

«À tout l'équipage, la navette du sénateur s'amarre au cargo dans une minute quarante-deux secondes et trois dixièmes. Je répète : à tout l'équipage, la navette du sénateur...»

[i]Si ces êtres n'avaient été de métal, on eût entendu un frémissement dans leurs circuits électroniques. Les radars de l'un s'assurèrent que tout était en ordre ; le signal électronique de l'autre vérifia qu'aucune tache d'huile n'avait été laissée par un congénère négligent. Boulons bien vissés, membres bien graissés, armature impeccable... parfait ! Cette fois, l'œil artificiel du sénateur n'aurait rien à leur reprocher !

Les droïdes avaient consciencieusement décoré la salle de réception, située à l'avant du cargo, gigantesque espace de forme ovale dont les parois de verre offriraient aux convives une vue imprenable sur la capitale. Une longue table épousait la forme circulaire de ces vastes baies vitrées : des rangées de verre et de victuailles y avaient été posées, parfaitement alignées - on avait mesuré leur emplacement au centimètre-près de sorte que la même distance séparât chaque plat.

La porte centrale de la salle s'ouvrit lentement. Une silhouette se dessina peu à peu dans un nuage de vapeur. Les droïdes se précipitèrent vers cette ombre imposante et formèrent deux rangées pour l'accueillir en haie d'honneur métallique. L'homme s'avança lentement.


«Bonjour, sénateur !», entonnèrent-ils en chœur.

«Alors ? Tout est-il prêt ? FT-17 !»

Un gros droïde cuistot sortit du rang, tête baissée.

«Il nous reste quelques centaines de toasts à préparer, sénateur, et nous aurons fini.»

«Qu'entends-tu par : quelques centaines ? Donne-moi un chiffre précis.»

«Sept cent soixante-huit, sénateur. Or il nous reste deux heures cinquante quatre minutes pour les préparer, soit 4,413 toasts par minutes. C'est largement faisable, sénateur.»

«Fort bien ! Quant au buffet, où en êtes-vous ?»

Un autre droïde sortit du rang.

«Tout a été fait selon votre volonté, sénateur.»

«Allons voir cela de plus prêt.»

Lord Janos traversa la salle encore vide ; ses pas vinrent rompre le silence de mort qui y régnait. Il fut bientôt suivi de sa troupe mécanique.

«Ces verres et ces plats sont mal alignés.», dit-il sévèrement.

«Mal alignés ? Mais, sénateur... nous les avons placé au centimètre près.»

«Au centimètre ? Qui vous a donné l'ordre de les placer au centimètre ?»

«Nous avons fait ce qu'on nous a dit, sénateur...»

«Au millimètre !, s'écria-t-il ! J'avais exigé qu'on les plaçe au millimètre près !»

Le sénateur soupira.

«C'est à n'y rien comprendre. Vous-mêmes, des machines qui échappez à la contingence d'une nature organique, des droïdes qui êtes programmés suivant des lois mathématiques, les lois plus nécessaires, les plus ordonnées et les plus harmonieuses qui soient, vous êtes encore capable de vous comporter comme ces imbéciles d'êtres vivants sur lesquels je dois chaque jour me fâcher !»

Lord Janos était le seul individu biochimique capable de corriger ses droïdes pour leur négligence ; ceux-ci se plaignaient souvent de cet œil artificiel qui lui permettait d'analyser les surfaces mieux que leurs propres programmes.

«Vous avez deux heures, cinquante deux minutes et trente-cinq secondes pour me corriger tout cela ! Au travail !»

Sur ces mots, il fit volte-face et s'en retourna sur ses pas.

En allant dans les appartements privés qu'on lui avait aménagé dans ce cargo, il croisa Dicto Audiens, le Secrétaire Général du parti.


«Bonsoir, sénateur, comment allez-vous ?»

«Au mieux de ma forme, Audiens. Vous êtes au courant que vous accueillerez, avec ma secrétaire, les politiciens qui arriveront dans deux heures quarante-neuf minutes et trois secondes...»

«Tout-à-fait, je m'y prépare déjà.»

«Fort bien. À tout-à-l'heure, dans ce cas.»

«À tout-à-l'heure, sénateur !»

Les deux hommes reprirent leur chemin respectif. Lord Janos se retourna brusquement :

«Au fait, Audiens. Je voulais dire que Lög a été remplacé par Shadley : il a commis une faute professionnelle impardonnable.»

«Shadley m'a dit, Shadley m'a dit... Il ne m'en a pas spécifié la raison, en revanche.»

«Il a employé la notion d' "égalité" dans sa correction.», répondit-il séchement.

Le Secrétaire Général éclata de rire :


«Égalité !»

Lord Janos lui adressa un regard si noir qu'Audiens en perdit sa jovialité.

«Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle. Nous devrions plutôt pleurer d'avoir de tels incompétents à nos côtés.»

Il dévisagea le Secrétaire, les sourcils froncés :

«Quant à vous, Audiens, ne riez pas trop vite. Une bourde est vite commise. Ce soir, aucune faute ne sera tolérée. Sachez donc tenir votre langue, cette fois. Comme le dit le proverbe : rira bien qui rira le dernier.»

Sur ces mots, il s'en retourna et gagna ces appartements.

Audiens déglutit : ce soir, vigilance maximale...


* * *

«...pour qu'enfin le respect de l'ordre hiérarchique soit respecté dans le nouvel ordre que nous tâcherons de fonder !»

Un verre à la main, Lord Janos s'entraînait à prononcer son discours devant son reflet attentif qui l'applaudissait dans l'immense miroir. D'ici quarante-sept minutes et quinze secondes, la réception allait commencer.

Soudain, le clignotant rouge au dessus de sa porte s'alluma. Le sénateur appuya sur la touche d'un petit clavier pour qu'elle s'ouvrît. Le nouveau Directeur de la Commission de Rédaction des discours et textes politiques du parti pénétra dans la pièce.


«Sénateur, je voulais vous remercier pour ma nomination au poste de...»

«Remerciements acceptés, Shadley. J'étais justement en train de réciter le discours de ce soir.»

«Vous serez brillant, sénateur. J'en suis certain.»

«Heureusement que vous en êtes certain. Un général ne remporte aucune victoire quand ses hommes doutent de lui.»

«Euh... Effectivement.»

Lord Janos posa son verre sur une vaste commode au dessus de laquelle se tenait le miroir.

«Savez-vous pourquoi je me suis débarassé de Lög, Shadley ?»

«Eh bien... À cause de ses retards répétés, je crois...»

«En partie. Mais surtout, parce que cet homme n'a pas compris l'esprit de notre mouvement politique : il ne sait pas ce qu'est l'ordre. La preuve en est : il a osé inscrire le terme "égalité" dans la correction de mon discours ! Il ne m'a suffi que d'un mot, d'un seul mot de quatre syllabes et de sept lettres pour comprendre que ce soldat n'appartient à nos rangs.»

Shadley eut les yeux ronds : c'est lui-même, lors de la commission de correction, qui avait proposé qu'on employât le terme "égalité". Lög s'y était d'ailleurs opposé et ne l'avait accepté qu'à contre-cœur.

«C'est inadmissible de sa part !», dit le Directeur sans rien laisser transparaître.

«N'est-ce pas ? J'ai confiance en vous, Shadley. Vous êtes un homme sérieux. Ne me décevez pas.»

«N'ayez crainte, sénateur ! Ce n'est pas mon genre que de parler d'égalité. Je connais la doctrine du parti, moi !»

«Dans ce cas, il ne me reste plus qu'à vous soutenir dans cette voie. Maintenant, laissez-moi seul. Allez rejoindre Audiens : vous accueillerez ensemble les politiciens quand ils arriveront.»

«Immédiatement, sénateur.»

* * *

Les premiers invités étaient arrivés, certains avec un quart d'heure d'avance, de nombreux autres avec plusieurs minutes de retard. Assis derrière son bureau, Lord Janos regardait attentivement des centaines d'holo-écrans qui planaient dans l'obscurité : chacun de ces écrans était relié à une caméra de sécurité du cargo. Il reconnut certains visages, en découvrit d'autres. Les membres de son parti s'étaient bien acquitté de la mission qu'il leur avait confié : ils avaient accueilli ces hommes éminents de la République avec toute la révérence qu'on leur devait.

Lord Janos consulta son horloge interne. C'était l'heure. L'heure du discours. L'heure de la confrontation. Il n'avait plus le choix, maintenant. Mais l'avait-il jamais eu ?

Il adressa un sourire à son reflet :


«La famille Janos n'a jamais été aussi regardée que ce soir. Mon père, vous dont l'ordre a exigé la mort, votre sacrifice ne fut pas inutile...»


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Un trait de noir savamment recourbé sur la pointe des paupières pour donner du félin au regard, juste assez de noir pour courber le cil et agrandir les yeux, ce qu'il faut de poudre pour uniformiser la peau et roser sensiblement les joues, deux coups de rouge-à-lèvres d'un rose mat discret mais indispensable, une paire boucles d'oreilles toute de diamants blancs tombant en fines tresses sans pour autant descendre plus bas que le visage, des cheveux élégamment remontés en un chignon complexe qui laissé s'échapper juste assez de pointes pour réaliser un soleil, une simple mèche descendant devant le visage en une ondulation remarquable, une broche piquée à l'arrière de la tête pour déposer quelques perles brillantes sur la mer brune et enfin une pochette rectangulaire blanche à la boucle d'argent contenant le nécessaire pour garantir l'Harmonie absolue de ma parure durant toute la soirée. Voilà ce qu'avait désigné voulu signifier le Sénateur lorsqu'il avait parlé de « grammaire sociale de l'ordre ». J'étais satisfaite de mon reflet dans le miroir, et je remerciais une nouvelle fois la Dame qui se tenait derrière moi et qui m'avait aidé à parvenir à ce résultat.

Les dernières volontés du Sénateur avaient été données. Ainsi, sans surprise, je serais de nouveau le premier visage qui serait présenté à ses collaborateurs à leur arrivée sur le vaisseau. Un sourire accueillant, un regard bleu profond et pétillant, bien plus aptes à mettre à l'aise un politicien que toutes paroles du monde. Je devais être l'intermédiaire parfait entre eux et le Sénateur. L'antichambre du Domaine Céleste de Cosmos, un archange bienveillant et attentionné. Chacun d'eux devrait immédiatement se savoir spécialement attendu, avec toutes ces menues attentions qui montrent à un homme des hautes sphères l'intérêt qu'on porte à son bien-être.

La navette s'amarra au Cosmos IV et nos pas venaient seulement de rencontrer le métal froid du vaisseau qu'ils se séparaient déjà. Je me rendais immédiatement au poste de sécurité tandis que le Sénateur allait inspecter la salle de banquet. Les ordres quant à l'agencement de la table avait été donné par le Sénateur en personne, qui ne m'avait même pas consulté tant il avait une idée précise de la configuration qu'il attendait. Je passais un premier couloir puis un second, tournant de droite et de gauche de façon mécanique, sans même besoin d'avoir réfléchir au lieu que je gagnais. Je passai un cordon de sécurité de trois hommes que je saluai d'un mouvement de tête et empruntai une porte quelques mètres plus loin qui déboucha sur une salle remplie d'écrans bleutés.


« Bonsoir Capitaine O'Neil, je vois que vous m'avez précédée. Rien à signaler ? »

« Bonsoir Mademoiselle Evans. Non, rien à déclarer. J'ai personnellement vérifié tous les écrans et toutes les caméras, il n'y a aucun angle mort. Les caméras flottantes réservées à l'usage des personnes d'importance sont sagement en charge au niveau du pont d'embarquement. Elles se mettront à suivre systématiquement leur protégé à travers toutes les salles. Le seul moment où elles perdront leur cible de vie sera lors de leur changement de pièce, les caméras ne pouvant emprunter les portes sans risquer de frapper le crâne de l'un des représentants, elles sont obligées d'emprunter des ouvertures situées plus haut dans les cloisons en question. Cependant, cela ne nous empêchera pas de continuer à suivre les représentants à l'aide des autres caméras et la sphère de sécurité rattrapera son protégé aussitôt cette cloison traversée. Au vue de la vitesse moyenne à laquelle se déplace un politicien en soirée, je doute que l'un d'entre eux ait le temps de perdre son droïde. »

« Très bien, mais pour la prochaine fois, pensez à régler ce problème en agrandissant les ouvertures des portes, même si ce n'est qu'un instant, il ne faut pas que les sphères de sécurité perdent leur représentant, un accident est trop vite arrivé. Pour le reste, bon travail, tâchez de vous montrer irréprochable tout le reste de cette soirée Capitaine, il est hors de propos qu'un incident vienne ruiner les projets du Sénateur ce soir. Pas un garde n'est autorisé à quitter son poste en avance, et faites attention à ce que les droïdes de sécurité n'importunent personne sans raison valable. Vous connaissez le travail pour lequel on vous paie, alors réalisez le avec votre brio habituel et peut-être que je toucherais un mot au Sénateur à propos de votre demande de relogement dans cette cité balnéaire que vous aviez évoqué la dernière fois que vous étiez en poste devant ma porte avec l'agent Johnson. »

« Vous écoutiez ? Nous ne savions pas, si cela avait été le cas, nous nous serions tus pour ne pas vous déranger. »

« Si vous m'aviez dérangée, vous auriez été au courant bien plus tôt, et ne vous inquiétez pas comme cela, ces quelques mots n'ont pas nuis à votre efficacité. Après tout, ce n'est pas une mauvaise chose que de se rappeler tout ce que le Sénateur et Cosmos font de bien pour les citoyens de valeurs d'Aargau. Quel est le nom de cette cité ? Vous ne l'aviez pas mentionnée. »

« Hyalta, mademoiselle Evans. »

« Très bien, Capitaine. Je serai sûrement plus à même de m'en souvenir si rien ne vient troubler cette soirée. »

Un léger sourire passa sur mon visage tandis que celui du Capitaine restait impassible, légèrement bleu du fait des écrans. Il savait pertinemment que je tiendrais parole s'il remplissait son rôle à la perfection, mais aussi que je le tiendrais directement pour responsable si ça n'était pas le cas, et que cette alternative qu'il n'osait même pas imaginer lui coûterait bien plus qu'une simple place au soleil si elle venait à se réaliser.

Je me dirigeais alors vers les cuisines, m'assurais que les mets préférés de chacun de nos convives avaient été préparés – prêtant particulièrement attention à ce que notre cher Ministre profite de petits fours et de plats spécialement dénués de fruits et de légumes pour son plus grand plaisir. Tout devait être parfait. Tout l'était. Lorsque je sortis des cuisines il me restait trois quarts d'heure exactement que j'utilisai en faisant le tour de chacune des pièces que les invités seraient amenés à pénétrer. Aucun d'impairs à signaler, parfait.

Je rejoignai finalement mon poste d'accueil, les membres de la sécurité se tenaient prêts à accueillir chacun des membres des différentes délégations et les systèmes de détections d'armes et de produits dangereux étaient pleinement opérationnels. Je fus rejoins par les deux hommes qui devaient m'accompagner juste à temps, ces derniers ayant passé tant de temps à discuter en venant qu'ils faillirent manquer le premier invité à arriver en avance, ce dernier me privant par sa présence de pouvoir leur en faire la réflexion. Je ne faisais confiance à ni l'un l'autre de ces deux hommes. Shadley était un jeune menteur brillant, mais un menteur tout de même. Haut de stature et noir de peau, il ne devait sa présence parmi nous qu'à la qualité des textes qu'il était capable de fournir et son extrême connaissance de la langue. J'avais déjà signalé ma défiance à son égard au Sénateur qui m'avait répondu avec un sourire que de toute façon il lui suffisait d'un mot pour réduire à néant la carrière de cet idiot présomptueux. Quant au Secrétaire Général du Parti, il était ce genre de vieux bonhomme trapu et un peu dodu que l'on identifiait clairement comme un penseur rationaliste et un opportuniste. Il s'était hissé jusqu'au poste qu'il occupait aujourd'hui à coup de délations et de thèses brillantes sur l'Ordre, mais jamais il n'avait su tenir une tribune moitié aussi bien que le Sénateur. Et puis, même s'il fallait lui reconnaître sa discrétion en la matière, il aimait les femmes, il aimait les regarder et en l'occurrence il aimait à me regarder.

Qu'importe, il fallait que j'accepte ce que l'Harmonie apportait de Beauté, du moins le temps de cette réception. Le protocole était bien clair quant à l'accueil des invités. D'abord, ils passaient sous la grande arche d'argent stylisée qui était en fait l'appareil de sécurité. Ensuite, si l'appareil restait muet, les représentants étaient libres de s'avancer sans qu'ils soient même au courant d'avoir été contrôlés une première fois. Ensuite, je m'avançais la première, me présentais de nouveau en rappelant que j'étais celle qui avait composé les invitations. Je demandais alors les formalités d'usage : si la personne se sentait à son aise, si le voyage s'était bien passé, s'il n'y avait aucune préoccupation pour venir troubler des esprits aussi brillants et enfin seulement je les dirigeais vers les deux hommes qui se tenaient en retrait, bien peu enclin à se tenir trop près de moi, simple secrétaire. Simple secrétaire... Trop plein de leur creuse importance, ils en oubliaient que j'avais vu cent visages différents arguer les titres dont ils étaient à présent imbibés mais qu'aucun autre visage que le mien n'avait eu à tenir ce rang de simple secrétaire. Ainsi, je souriais, je répondais au compliment avec modestie et discrétion et j'essayais de souligner discrètement à chacun la petite attention qui lui avait été préparée. Ainsi le Ministre Rejliidic eut droit à un petit « Les petits-fours dans les plateaux de bronze sont spécialement cuisinés pour vous Monsieur le Ministre, j'attends dessus l'avis de votre palet quant à ces mets » accompagné d'un sourire radieux. Je rendis tous les honneurs dus au Chancelier Suprême, lui assurant lorsqu'il me le demanda de l'arrivée prochaine du Sénateur Janos « Un léger souci de santé le retient mais le Sénateur ne saurait tarder, il ne raterait le plaisir de votre conversation pour rien au monde. ». Pour l'instant tout se passait pour le mieux, les derniers invités n'étaient arrivés qu'avec seize minutes douze secondes de retard, une sombre histoire de signalisation automatique détraquée sur les voies aériennes du Sud de la Capitale. Je pouvais enfin quitter l'entrée du vaisseau, accompagnant la délégation nubienne et son représentant le Docteur Bresancion à qui on avait dû confisquer cordialement quelques douze scalpels, six seringues et quatre autres instruments chirurgicaux dont j'ignorais l'utilité exacte mais dont les capacités tranchantes et perforantes ne laissaient aucun doute. Je tournais cette confiscation à la plaisanterie en assurant à notre invité qu'il n'aurait nul besoin de trousse médicale ici et que chacun des convives n'auraient pas besoin de rogner une jambe de son voisin pour se sustenter de sorte que son matériel était superflu et nous nous dirigeâmes ensemble vers la salle de réception, m'adaptant à ce rythme de marche sans qu'il ne soit possible de remarquer dans ma démarche que je ralentissais sciemment mon allure. Une fois arrivait dans la grande salle dont les milliers de vitre donnaient sur les nervures dorées de la capitale, j'abandonnais là le Docteur avec un sourire, passant de personne en personne pour m'assurer que tout était à leur goût.

Tout était parfait, tout était Harmonieux jusqu'au bourdonnement incessant des conversations ; il ne manquait plus qu'à ce que le Deus Ex Machina surgisse des cieux pour faire entendre sa voix.
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[HJ: Désolé pour l'introduction géante et le HS total... :/ J'espère que ça ne vous gênera pas trop. Oh et sinon pour les vêtements, Aramyss est habillé comme >>ceci<<, avec la couverture rouge sur son fauteuil, en mieux disposée bien sûr.]

-Ta sollicitude me touche mon frère, mais hélas, je ne vais pas mieux non... Et tu dois toujours me remplacer lors de cette soirée.


Pas de messages miraculeux à envoyer à Lord Janos donc, ce serait bien Aramyss qui se chargerait de représenter son frère. Une lourde charge que le Sephi avait accepté tout simplement parce qu'il logeait chez Tarock. Souhaitant rembourser au plus vite Ragda, le jeune homme évitait tous les frais, mais devant également payer son frère, il jouait les secrétaires pour lui tandis que sa santé déclinait, devoir qui comprenait également l'organisation de réceptions et l'obligation d'aller à celles qui étaient données. Aramyss ne pouvait donc pas se plaindre, il avait déjà de la chance d'avoir trouvé cet arrangement avec Tarock. Les deux frères qui se haïssaient auparavant semblaient avoir signés une trêve. Chacun avait besoin de l'autre et ils devaient bien ouvrir les yeux. C'était douloureux pour le Jedi Gris, mais ce dernier admettait enfin le talent véritable du Quarren pour les affaires diplomatiques, il avait mené sa barque avec brio, ce qui l'avait mené à se faire inviter par Lord Janos en personne. Oh certes, sans les honneurs réservés aux plus grands, pas de carte personnalisée avec son nom, mais cela restait une belle performance qui outrepassaient tous les espoirs des parents.

Aramyss se prépara donc, avec un mélange d'agacement et de curiosité pour ce que serait cette réception, sans doute vouée à ressembler aux autres en apparence mais où il faudrait chercher autre chose. Le jeune homme s'était informé, il avait lu tout ce qui pouvait se trouver comme documents sur le Seigneur qui les invitaient et sa biographie était très intéressante. Ses idées semblaient un peu "extrêmes" mais Aramyss avait compris que l'homme suivait son bout de chemin sans jamais en déroger, ce dont tout le monde ne pouvait pas se vanter. Personnellement, il prônait l'organisation millimétrée dans son entreprise, dans ses affaires et dans ses comptes mais ne se privait pas de semer le chaos dans sa vie; c'était tellement plus drôle, plus vivant, plus intense que ces prévisions ennuyeuses. Enfin, chacun son point de vue, et Lord Janos semblait si déterminé que cela lui valait l'admiration d'Aramyss. Le jeune homme était également intéressé par la condition de ce curieux personnage en elle-même bien qu'il ne l'avouerait pour rien au monde.

Victime d'un grave accident, le Seigneur était, disaient les articles de presse, assez gravement handicapé. Aramyss ne connaissait pas les dégâts exacts mais l'homme marchait, recevait, continuait de vivre avec une belle force. Inconsciemment cela lui donnait de l'espoir pour son propre cas bien qu'il soit différent. Cet idéalisme ne ressemblait pas au personnage cynique qu'il était, expliquant son rejet quant à cette forme d'admiration. Néanmoins, le constat était bel et bien là, Aramyss était resté scotché sur cet oeil trop bleu pour être naturel, se demandant ce que Lord Janos cachait encore sous son manteau, tant physiquement que mentalement.

Le jeune homme songeait à tout ceci alors qu'il expirait lourdement à chaque traction. Ses jambes par chance n'étaient pas paralysées et son bassin totalement intact. Ce qui lui faisait défaut, c'était cette notion d'équilibre qui permettait de marcher, tout simplement. Les conseils du médecin Alan Bresancion avaient été particulièrement salutaires, le Jedi gris avait pu garder des jambes relativement souples avec une série d'exercices douloureux mais nécessaires. Chaque jour que la Force faisait, le Séphi travaillait, posant des altères spéciales sur ses pieds pour les soulever, ou étirant ses jambes avec des élastiques, tout comme il continuait de faire des pompes ou des abdos avec du matériel spécialisé. Le tout étant de ne jamais se laisser aller, quand bien même ce serait si facile; c'était sa vision de l'Ordre finalement.

Aramyss souffla, soulagé d'en avoir fini par aujourd'hui, même si l'habitude reprenant le pas il souffrait moins qu'au lendemain de l'accident. Ses muscles se redessinaient enfin sous sa peau, et le jeune homme trouvait ses marques, un mois après être tombé dans le bureau de monsieur Bresancion, il peinait encore un peu mais se débrouillait bien. C'est ainsi que le Sephi se glissa sous la douche puis sorti, se sécha et peigna ses longs cheveux auburns. Il hésita à chercher une coiffure, sachant que ceux de sa race aimaient particulièrement mettre en évidence leur chevelure soyeuse mais décida de rester simple et les attacha en une simple queue de cheval. Son costume était également sobre mais de belle qualité. D'un gris sobre sans être triste, la veste sans manche et le pantalon s'accordaient bien, la chemise en flanelle blanche flottait avec légèreté sur ses épaules minces. Certes il était encore amaigri suite à son accident mais ses marques avaient disparues en général et plus aucune boursouflure ne venait cacher ce visage indécemment jeune.

Aramyss hésita à se maquiller comme au sein de son entreprise pour aborder le physique trompeur d'un quadragénaire, mais sa race à longue espérance de vie étant dévoilée depuis le drame, il décida de rester au naturel. Le jeune homme tira également son piercing au menton et à l'oeil, conservant uniquement celui au nez qui n'était qu'une petite paillette sobre et deux anneaux argentés qui épousaient son oreille droite. Il mit une sorte de toge rouge, un tissu de belle qualité sur le fond de son fauteuil pour atténuer un peu le côté ferraille que son fidèle droïde de protocole l'avait entièrement lustré et nettoyé auparavant. Aramyss vérifia qu'il fonctionnait avec sa nouvelle batterie qui se se rechargeait elle-même en recyclant son énergie bien qu'il préférait très souvent utiliser ses bras. M'enfin, on ne savait jamais, mieux valait que cette option fonctionne également.

Enfin prêt, le Jedi Gris se dirigea avec son droïde de protocole vers le lieu de rendez-vous, il préférait les machines aux employés, trop coûteux et pas toujours très obéissants. Au moins, même ruiné, il avait pu profiter de son robot pour l'aider avec Kiara sa fille, et présentement pour se rendre à la fameuse réception.

En poussant son fauteuil, le jeune homme découvrit le Cosmos, nom du vaisseau. Il fut si sincèrement admiratif qu'il en oublia de grommeler un moment. A l'entrée se tenait une femme absolument superbe dans sa robe blanche avec à ses côtés un grand humain noir et un autre blanc, très trapu. Derrière eux, l'Harmonie se ressentait à des lieux, promettant une réception-cérémonie de toute beauté. Ne faisant pas partie des invités d'honneur, le Jedi Gris rentra de façon plutôt discrète-ce qui lui convenait parfaitement.- n'oubliant toutefois pas de saluer la secrétaire. Jamais le Sephi ne négligeait un employé. Il avait très peu de diplomatie et aurait fait fuir tous ses clients en ayant des contacts avec eux dans son entreprise mais connaissait tout de même les codes de la galanterie. Sans compter qu'à ses yeux, les secrétaires étaient des armes ambulantes. Elles savaient tout sur leur patron, sur les invités, elle recevait tous les appels, notait tout, et surtout entendait tout. Le jeune homme en se les mettant dans la poche avait apprit bien des choses sur ce qui se tramaient dans les bureaux. Cependant son acte n'était pas dû à la plus pure des hypocrisies, en effet, il appréciait les gens qui savaient se tenir, à petite dose certes car la pseudo-perfection l'ennuyait, mais tout de même, cela restait agréable. Bien que n'étant pas attiré par la gente féminine, Aramyss savait reconnaître la beauté de ces créatures, il savait l'apprécier telle une oeuvre d'art, même si la nature avait décider de doter une simple femme de ménage.

-Bonsoir Madame, je ne voudrais pas vous importuner, mais d'une part je souhaitais m'excuser au nom de mon frère Tarock Lian Janeiro dont la santé ne permet pas de venir à cette réception. Pourtant je puis vous assurer qu'il rêvait de rencontrer le Sénateur Janos. -Ce qui n'était absolument pas un mensonger, le Quarren y avait vu l'apologie de sa carrière, admirant très fortement les idées d'Ordre de l'homme. D'ailleurs il avait mené une vie d'enfer à ses employés en essayant d'appliquer ce que le parti de Lord Janos prônait.- Et d'autre part, j'aimerais en toute courtoisie souligner à quel point je vous trouve belle. Mais pas seulement grâce au physique. Il y a dans votre tenue une grâce qui illuminera la soirée, je n'en doute pas.

Acheva le Jedi Gris qui songeait en lui-même que cette femme avait quelque chose en plus... La Force le lui disait sans tout lui indiquer non plus. Le jeune homme savait que des personnes la possédant se terraient au milieu de la population sans être Jedi ou Sith ou quoique ce soit, Kiaran étant un bon exemple, lui également. Mais sans parler de ce pouvoir, le jeune homme en posant ses yeux de miel sur Gabrÿelle avait "vu" son importance, sa stature l'impressionnant même. Quant à définir le rôle et le caractère de la demoiselle, cela lui était impossible malheureusement. De toutes manières qu'avait-il à perdre? N'étant pas un politicien Aramyss "craignait" le contact avec ceux que Tarock côtoyaient chaque jour, il préférait les petites gens, les secrétaires autrement dit. Enfin, petites gens, c'était vite dit quand on remarquait la classe de la demoiselle bien sûr. Quoiqu'il en soit, même en sachant qu'il n'échapperait pas éternellement aux politiciens, le Sephi tenait à rendre ce beau visage familier. Il espérait le croiser pendant la réception, pouvoir le suivre avec intérêt se couler dans la foule, comme une alliée qui ne savait pas qu'elle était considérée comme telle. Une nouvelle fois, les yeux du Sephi se posèrent dans ceux de son interlocutrice, ignorant superbement sa poitrine. Aramyss était attiré par le regard des femmes, pas leur silhouette voluptueuse contrairement au vieux rabougri qui la contemplait. Très discrètement d'accord, seulement la Force ne mentait pas. Un léger sourire se dessina sur les lèvres juvéniles d'Aramyss qui semblait tout juste aborder la vingtaine alors qu'il avait le même âge que Lord Janos.

Puis laissant Gabrÿelle décider du temps qu'elle avait et qu'elle souhaitait lui accorder, le Jedi Gris roula jusqu'à l'entrée restant à disposition de quiconque souhaitait lui parler. A défaut de savoir vraiment parler avec les gens, il ne se fermait pas, c'était son plus bel effort. En attendant, muet d'admiration devant la magnifique salle. Oui, vraiment, aussi odieuses lui paraissaient ces réceptions luxueuses, il était soufflé.
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Rire.. Plus ma navette s’approchait de ce « Cosmos », plus j’avais envie de .. Rire. Sénateur de Naboo par intérim.. Et maître d’œuvre de la plus grande organisation de crime organisé de la Galaxie.. Et voilà que j’étais invité en tant qu’allié à une réunion tenue par un représentant de l’Ordre au sens conceptuel –et ridicule en bien des endroits- du terme.
Je n’étais pas là pour mépriser, au contraire, je pouvais voir là une occasion de me faire des alliés et même une armée de pantins. Il est fou celui qui veut imposer non pas l’Ordre mais bien SON Ordre à la Galaxie.. Un absolutisme aussi exclusif ne menait qu’à la confrontation..
Du chaos nait l’ordre.. De l’ordre nait le chaos.. Tu viens du néant, Janos, et tu y retourneras. Et ce jour-là, j’irai rouler sur tes restes. Car la seule chose constante chez chaque être vivant, c’est bien l’inconstance. Et miser sur la faiblesse des êtres vivants, c’est être tôt ou tard vainqueur. En tout cas, il est impossible de perdre puisque cette sphère politique est naturellement portée vers l’autodestruction.. Janos n’était qu’une poutre de plus portée à l’édifice.. Une grosse pierre portée tout en haut de l’édifice.. Et dont la chute ferait d’incommensurables dégâts.
Mais nuançons : je ne suis pas un pro-Ion, je ne suis même pas spécialement politiquement engagé.. Je viens ici avec des objectifs.. Mais il n’est pas impossible qu’au final, quelqu’un sache me convaincre.
Du reste, en matière d’Ordre, je doute qu’on ait grand-chose à apprendre à un chirurgien. Il n’est pas de monde mieux articulé et mieux huilé que celui de la mécanique médical ou la moindre seconde et le moindre geste comptent. Raison pour laquelle mon quotidien était légèrement chaotique, impératif pour ma détente.

-Parfait Jagon, nous y sommes. Veuillez nous identifier et prendre les instructions d’appontage.

Jagon.. Mon homme de main, mon valet.. Il était la marque de l’ère Brésancion chez les Natania : pas de droïde ! J’avais une sainte horreur de cette mécanique sans émotions.. Il était si simple de ramasser un bonhomme dans la rue et de lui donner pain et vin.. Et c’était typiquement ce genre de bonhomme qui donnerait sa vie pour vous parce que vous lui avez offert cette vie.. Jagon était un peu plus spécial que ça, mais il était un homme de confiance efficace et sympathique. Il eut donc tôt fait de me faire aborder le lieu de fête.

Je me levais, époussetant ma tenue. Une longue robe ouverte pourpre, brodée au liseré de motifs végétaux noirs et aux manches simples. Laissée ouverte, elle laissait ballant une rangée de boutons d’ébène et permettait de voir par-dessous une tunique aux tons tout aussi sombre. Ceinture à boucle d’argent sur le tout et pantalon de lin sombre a jambe unique par dessous.. Comme toujours je misais sur l’élégance et non l’opulence. Une harmonie de tons et de couleurs primant sur un luxe ou une richesse de matériaux. Le brodé d’or ou la soie du fin fond de la galaxie.. Très peu pour moi.
Saisissant donc ma canne, je me mis en route, claudiquant dans ma navette jusqu’à ce monde bien ordonné dont ma fonction me permettait de concevoir la belle exactitude mais dont mon caractère avait envie de rire tant il semblait.. Artificiel et peu… Humain.
Avec moi Jagon, deux pas en arrière qui tenait mon fauteuil roulant, ainsi que deux délégués du bureau du Sénat de Naboo, un spécialisé dans l’économie de la planète, l’autre excellait dans un domaine dont le nom complexe, en plus de ne pas m’intéresser, m’échappait. Deux représentants capables de combler mes lacunes de représentant de dirigeant intérimaire.

Mais ce fut moi qu’une agréable secrétaire vint accueillir, celle-là même qui m’avait envoyé l’holomessage.. Mais seulement après que j’eusse fait sonner tous les portiques de sécurité.. Après avoir rendu les armes, je contrais l’humour de mon hôte par le même type de réponse, taquinant d’un sourire doux et sincère :

-La prochaine fois, c’est vous qui vous occupez de la fouille au corps, Mlle Evans.
Du reste, je suis heureux d’enfin vous rencontrer, vous qui semblez bras droit de cet agréable parti de l’Ordre. Si vos compétences se rapportent à votre courtoisie, je gage que vous n’avez pas fini de briller pour nous ce soir.. Et si l’on part du principe qu’un maître d’œuvre domine toujours en qualités ceux qui lui sont affiliés.. Il doit être un homme d’exception, ce Mr Janos. Tatillon sur la sécurité, mais d’exception..


Intérieurement, je soupirais.. Eh quoi ? On balance mes scalpels aux oubliettes pendant la soirée et vous ne détectez même pas un système de tir dans ma béquille ? D’accord, j‘avais bidouillé ma troisième jambe pour qu’elle soit discrète en toute occasion.. Mais me retirer par sécurité mon matériel de toubib pour me laisser une canne qui était vraiment une arme..
Sinon.. Une chose me taraudait.. Maître de l’Astre Bleuté, l’information était mon arme.. Pourtant, sur ces deux-là.. De grosses lacunes, des incohérences.. La vérité était que je ne savais pas vraiment à qui j’avais affaire.. Et ça m’agaçait. Mais bon… Quittant un instant les yeux de mon interlocutrice, je m’adressais à mon valet à propos de mon fauteuil.

-Jagon, veuillez aller poser ou faire poser cela dans la loge du personnel, et signalez bien que c’est le mien. De façon à ce que je puisse demander à en disposer si jamais je viens à fatiguer. Puis vous serez bien gentil de vous retirer et de nous attendre dans la navette. Vous avez libre disposition des ressources qui y sont.

A savoir, un très bon diner et suffisamment de babioles en tout genre pour s’occuper jusqu’à ses vieux jours. Fidèle et sachant qu’il allait passer une très bonne soirée et ce en dépit du fait qu’il serait seul, Jagon allait pour s’executer.

-Avec votre permission, bien sûr, Mlle Evans. Je vous promets qu'il n'est pas piégé !

Du reste, un premier jeu puérile avec Gabryelle.. Parce que même si c’était discret, on ne pouvait s’adapter à mon rythme de marche sans ralentir, et je le savais. D’habitude c’est moi qui, accélérais... Je n’avais alors plus qu’à m’adapter au sien et nous ralentissions tous les deux progressivement. Puis finalement, elle me laissa avec les invités dans la salle principale de la réception, et je la libérais de ses devoirs.

-Filez donc chère amie, avant qu’ils finissent tous par m’en vouloir à mort, par jalousie, de vous garder à mon côté. Vous avez sans aucuns doutes d’autre égo surdimensionnés de politicards à chatouiller, non ? Allez, bonne soirée, bon courage et a plus tard surement !

Caractéristique de moi-même, je ne perdais, ou presque, jamais mon sourire bienveillant et cette douceur dans les yeux. Un peu comme si avec Alan, rien n’était jamais grave, la vie était toujours belle. Leger et simple que j’étais, je n’avais pas la fibre politique. J’étais intelligent et efficace, ce qui me permettais de remplir mes obligations au bureau du Sénat.. Mais dans ce genre d’endroit, j’avais du mal à savoir comment me conduire.. Alors quitte à être dans cette désagréable latence, j’allais faire en sorte que personne ne sache comment se conduire avec moi.
Je saluais plus ou moins protocolairement les gens présent, selon mon humeur de la seconde. Certains eurent « Bonjour Mr le Ministre, heureux de vous voir, vous allez bien ? » alors que d’autre durent se contenter d’un « Salut ! Ça va ?! » déjà moins dans les formes. Quant à me souvenir des noms de tout le monde, ne faut pas rêver non plus. Toujours était-il que je me retrouvais très vite adossé contre un mur à enregistrer chacune des têtes présentes à cette fête. Sait-on jamais, ça pouvait très bien servir plus tard.
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"Monsieur l'ambassadeur ?"

Cassie lança son appel par l'entrebâillement de la porte. Il y avait peu que la jeune humaine était entrée au service de l'ambassade Falleen. Pour elle ce travail était providentiel, mais aussi intimidant. Tant de règles à respecter, de protocoles étranges. Présentement elle était plus perdue encore qu'à l'accoutumée. Il lui avait été spécifié à l'embauche que la chambre de l'ambassadeur était interdite au personnel, pourtant on venait de lui ordonner d'y aller afin de le prévenir de l'imminence de son départ.

"Entrez Cassie."

La voix de l'ambassadeur n'était qu'un murmure, et pourtant la jeune servante ne put s'empêcher de l'entendre résonner en elle comme un ordre. Tremblante, elle poussa un peu plus en avant la porte et entra d'un pas hésitant.
La pièce était gigantesque, représentant la moitié de l'étage de la tour. Les murs étaient couverts de motifs étranges, oscillants entre le doré et l'argenté. Sans qu'il n'y ait aucune cloison, il suffisait d'un regard pour distinguer chaque partie de la chambre, chaque espace réservé à une activité particulière. Le lit, impressionnant, était couvert d'un drap en soie rouge. Un peu plus loin on devinait que le Falleen faisait ses exercices physiques quotidiens, de par l'étrange dispositif qui pendait au plafond. Le bureau, un meuble sculpté dans le bois, orné de fines gravures, se trouvait à l'opposé de la porte d'entrée. Et puis il y avait la douche, l'évier et la baignoire. C'était dans cette partie-là de la pièce que se trouvait le patron de Cassie, seulement vêtu d'une serviette couvrant non pas sa taille, mais ses épaules.

"Ne soyez pas timide, dites-moi donc ce qui vous amène dans ma chambre."

La voix de l'ambassadeur avait quelque chose de glaçant pour Cassie. Ce n'était pas qu'elle était menaçante, ou quoi que ce soit d'autre en fait. Les gens normaux avaient toujours un peu d'émotion dans la voix, mais lui non, pas plus que sur son visage. Rien ne se dégageait de lui, pas même dans son attitude. C'était particulièrement déstabilisant, et le fait qu'il soit nu n'aidait pas réellement non plus l'employée.

"On m'envoie vous informer que votre navette est prête et que le plan de vol prévoit le décollage pour dans une vingtaine de minutes, monsieur."

La pauvre avait parlé d'une voix plus aiguë qu'elle ne l'aurait souhaité. Elle s'efforçait de détourner le regard, se concentrant, pour cela, sur la pointe de ses pieds. Si bien qu'elle sursauta lorsque ceux de l'ambassadeur apparurent en face.

"Pourquoi être si nerveuse pour annoncer quelque chose d'aussi anodin Cassie ?
-C... C'est que je ne comprends pas bien monsieur...
-Que ne comprenez-vous pas ?
-Et bien on m'a formellement interdit de venir dans votre chambre il y a à peine trois jours de cela, et aujourd'hui on m'oblige à y entrer, et vous m'y invitez gentiment monsieur..."

En terminant sa phrase, la jeune femme releva les yeux devant elle, seulement pour constater que son employeur n'y était plus. Près de son lit, il y déposait des vêtements sans même les regarder.

"Détendez-vous donc, si je vous ai invitée à entrer c'est que je vous veux ici non ?
-Oui monsieur... mais... sauf votre respect monsieur... je ne suis pas ce genre de femme."

Le Falleen aurait ri s'il avait été d'une autre espèce. Mais au lieu de cela il commença à superposer les différents vêtements qu'il avait sortis afin de choisir sa tenue pour la soirée.

"Une chance que je ne sois pas du genre à coucher avec les domestiques dans ce cas."

Cassie était surprise, incapable désormais de détacher son regard de lui. Elle l'avait trouvé beau dès la première fois qu'elle l'avait vu, la veille, au détour d'un couloir, mais elle n'avait aucune intention de se laisser séduire par son patron, elle ne pouvait pas se le permettre. Et pourtant, la raison semblait laisser la place à des pulsions purement animales. Jusqu'à ce qu'il pose ses yeux sur elle. Soudainement la chaleur qui l'avait envahie venait de disparaître.

"Dites à l'intendant que je serais à l'heure. Puis prenez le reste de la soirée, passez un peu de temps avec votre fille."

Ce fut comme un coup de poing à l'estomac pour Cassie. Elle n'avait parlé à personne de sa fille, de peur que cela nuise à son embauche. Elle était convaincue que ni l'intendant, ni personne d'autre n'était au courant. Ce fut d'un pas un peu plus précipité qu'elle ne l'aurait voulu qu'elle recula vers la porte.

"M..Merci monsieur... je transmettrais le message à l'intendant..."

Lorsque la porte se referma sur elle, l'ambassadeur Hessar laissa un sourire se dessiner sur ses lèvres. Provoquer ainsi l'inquiétude, teintée d'une légère peur, était un divertissement facile, trop aurait dit son grand-père, mais tout plaisir n'était-il pas bon à prendre ?

**************************************************************

La navette venait d'accoster le "cosmos", et son passager de débarquer. L'ambassadeur avait décidé de venir sans protection dès l'instant où il avait eu connaissance de l'invitation. Le protocole aurait voulu qu'il soit accompagné d'au moins deux gardes du corps, voire de l'un des droïdes assassins qu'aimait utilisés son aïeul. Suivre les règles aurait certainement été plus malin, mais le jeune Zixen avait pris sa décision sans l'ombre d'une hésitation. Venir seul était avant tout une façon d'annoncer qu'il avait confiance en la république et ses représentants, de montrer qu'il n'avait aucune crainte. Quant à savoir si cette absence de peur était due à sa confiance en la république ou en lui même, l'interprétation était à la discrétion de ceux qui la ferait, et d'une certaine façon, tous verraient juste.

C'est donc seul que le Falleen se présenta à la réception. Sa tenue, choisie avec soin, reflétait la grâce et la sophistication de son peuple. Faite de vêtements amples, d'un tissu fin semblable à de la soie, mais dont les fibres captaient la lumière d'une manière étrange, faisant varier les couleurs le composant entre le rouge carmin et le bleu indigo. La ceinture serrant l'apparat à sa taille était d'un vert proche de celui de ses écailles, parcourues de motifs dorés.
Ce fut donc sans incident qu'il passa la sécurité du cosmos, car après tout, quelque soit l'autorité que vous représentez, passer les invités aux détecteurs est une chose, mais leur imposer une fouille corporelle, plus encore lorsqu'il s'agit de nobles et de sénateurs, aurait été une insulte tout bonnement inconcevable, tout particulièrement lorsque l'hôte était un sénateur souhaitant instauré un climat de confiance et de soutient mutuels entre ses invités.

La sécurité passée, l'ambassadeur fut conduit jusqu'à la salle de réception, devant laquelle il marqua un temps d'arrêt bien calculé. Le lieu était grandiose, du moins le supposait-il. Zixen n'avait que peu d'idées sur les critères de beauté des espèces inférieures, et l'esthétique Falleen, si elle était universellement appréciée, ne correspondait en rien à ceux-ci, du moins pas aux yeux des falleens. Toujours est-il qu'il lui fallait jouer le jeu, montrer à ses hôtes autant qu'aux autres invités, tout en restant subtile, qu'il appréciait leurs goûts.
Son regard survola la salle, cherchant à deviner qui était déjà présent, avant même de s'attarder sur la femme qui était, de toute évidence, chargée d'accueillir les invités. Une femme fort plaisante à regarder, du moins pour une humaine, dont l'attitude trahissait qu'elle était à l'affût du moindre détail, de la moindre dissonance. C'était elle qui avait envoyé les invitations, se présentant comme la secrétaire du sénateur. Mais elle ne pouvait être uniquement cela. Un bureau sénatorial disposait souvent d'un chargé du protocole, dont la tâche était, entre autres, d'assurer l'accueil aux réceptions, et la surenchère de luxe que cette soirée promettait ne laissait aucun doute quant au fait que le sénateur disposait largement des ressources nécessaires à l'emploi d'un staff complet. Cependant l'ambassadeur ne s'attarda pas sur ce détail, le notant dans un coin de son esprit. Le temps de l'analyse viendrait bien assez tôt. Il se promit silencieusement de réserver à cette femme un instant de sa soirée, mais plus tard, lorsque les festivités auraient réellement commencé, lorsqu'il aurait rencontré sénateurs et chancelier, et plus particulièrement le sénateur Janos, dont le jeu commençait à l'intriguer.

[HJ : désolé pour l'intro HS et la pauvreté du rp, la première est dûe au fait que j'installe mon perso, et la seconde au fait que tant que l'hôte n'est pas présent il est impoli de commencer à socialiser.
Ragda Rejliidic
Ragda Rejliidic
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/!\ ATTENTION : J'ai édité mon message (deuxième partie après les étoiles) suite à discussion en MP avec Gaby... Alan, j'en ai profité pour enrichir un poil la description et mon texte avec toi. /!\



« J'en ai assez de vous excuses ! Je ne tolérerai aucun retard sur le planning prévu ! Je m'en fou de savoir comment... Je veux savoir quand vous le ferez ! »

Des incapables... Il était entouré d'une bande incapables congénitaux ! Machinalement, Ragda actionnait les commandes de son chariot répulseur déambulant dans son bureau de Ministre de l’Économie et du trésor. Tout en hurlant dans son com'link, il gardait le regard dans le vague, donnant l'impression d'observer les flux chaotiques des véhicules aéropropulsées qui sillonnaient le ciel de Coruscant tels une myriades d'abeille surexcitées autour de leur ruche. Certes, cette vue exceptionnelle l'avait séduit les premiers temps après sa prise de fonction... Mais maintenant qu'il passait prêt de quinze ou seize heures par jour ici même, à traiter les affaires économiques de la République, il n'y prêtait plus la moindre attention. Toujours sur le même ton colérique, il continua :

« Oui, effectivement, il s'agit de la plus ambitieuse opération de nos services du Trésor depuis la création même de la République... Mais encore une fois, ce n'est pas une excuse valable ! »

« Monsieur ? »

Ragda tourna vivement la tête, surpris, pour découvrir le visage de son secrétaire général : Diménéon Gostalis. Le toydarien qui flottait sur le pas de la porte de son bureau, porté par les battements frénétiques de ses petites ailes, lui fit un signe de la main... L'immense Hutt lui répondit par un autre geste, qui aurait pu aisément se traduire par « Pas maintenant, dégage ! ». Comme si le petit être volant à la peau rosée n'avait jamais existé, il continua :

« Dren'Qin si tous les grands hommes de cette galaxie avaient pensés comme vous, nous serions toujours à l'age de pierre ! Mais bougez vous un peu ! »

« Monsieur ! »

Cette fois l'appel se fit plus insistant. Le Ministre lança à son assistant un regard assassin... Il ne supportait pas qu'un de ses subordonnés puisse lui manquer de respect en montant le ton, ou en usant de familiarités... Simple réflexe d'un être qui avait du faire des pieds et des mains – expression burlesque lorsque l'on parlait d'un Hutt – pour arriver à son poste actuel, toujours poursuivi par les préjugés et les idées préconçues liées à sa race. De ce fait il ne tolérait aucune entorse à cette règle de conduite. D'autant plus venant de Diménéon... S'il l'avait nommé à ce poste, c'était bien parce que ce dernier portait la même croix que lui sur ce point. Et puis, ce n'était tout simplement pas le moment !

« Oui ! Oui ! Oui ! J'ai déjà réaffecté la majorité de nos ressources disponibles, le Ministère ne peut faire mieux ! Dois-je vous rappeler l'importance de cette mission ? Et dois-je vous rappeler que ce sont vos services qui m'ont transmis ce rapport ?! »

Abruti...

« Monsieur !! »

Raaah mais bordel qu'avaient-ils tous aujourd'hui ! Cette fois, le Hutt fit mine de l'ignorer.

« Je l'ai personnellement déposé sur le bureau du Chancelier Suprême, et celui-ci n'a pu qu'approuver mes recommandations : l'heure est venue d'apporter une réponse ferme et définitive aux évasions et fraudes fiscales des ces Corporations ! En tant que Directeur du Trésor de la République, c'est à vous de mettre cette opération en place ! Envoyez vos inspecteurs sur les planètes cibles DANS LES PLUS BREFS DELAIS ! Ne me décevez pas Dren'Qin, ou vous le regretterez toute votre vie ! »

Sur ces belles paroles il coupa la communication... Les nerfs à fleur de peau.

« Monsieur Rejliidic ! Monsieur... »

« Diménéon ! Mais tu vas me lâcher un peu ! Tu crois que la République te paye pour rester sur le pas de cette maudite porte ! »

Dren'Qin l'avait énervé au point où il aurait pu gueuler sur n'importe qui, même sur l'un de ses plus fidèles subordonnés. Parfois le toyadien lui tapait réellement sur le système... Il était bien trop nerveux, il parlait et agissait trop vite... Tout ce gaspillage d'énergie avait le don d'irriter la grosse limasse... Mais au lieu de quitter la pièce, Diménéon se mit à virevolter tout autour du Hutt, un petit datapad entre ses pattes griffues :

« Urgent ! Important ! Rendez-vous ! Lord Janos ! Votre vaisseau ! Tout est prêt ! Retard si nous ne partons pas maintenant !»

Ragda eut une demi seconde de flottement... Putain il avait complètement zappé la petite sauterie organisée par ce Sénateur un peu trop zélé à son goût !

« Diménéon ! Pourquoi tu ne me l'a pas dit plus tôt ?! »

*****


Quelques heures plus tard, poste de contrôle des invités, Cosmos IV

*biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip*

Le portique de sécurité hurla soudain à en rendre l'âme. Au dessous, hors de lui, le Ministre de l’Économie et du Trésor de la République Galactique soupira... Stupides mesures de sécurité... Évidemment qu'il sonnait au détecteurs, avec son chariot à répulsion !

Un droïde chargé de la sécurité s'approcha alors  :

« Monsieur, il s'agit du protocole de Sécurité NB-2752, cette vérification ne prendra pas plus de deux minutes et vingt sept secondes... Veuillez descendre de votre...»

Heureusement pour lui, le garde mécanique ne termina jamais cette phrase... Une femme apparu soudain et pris en quelques secondes le contrôle de la situation... Ragda ne l'avait jamais vu ailleurs que sur quelques clichés holographiques... Mais il n’eut aucun mal à la reconnaître : Gabrÿelle Evans

Ragda la questionna immédiatement, adoptant volontairement un ton sec et tranchant :

« Vous n'allez tout de même pas me demander de descendre de mon moyen de locomotion ? Ce serait un cruel manque de respect... Je demande à parler immédiatement au Sénateur Janos, il n'est pas question de me soumettre à ce genre d'exercice réservés aux criminels !»

Journée pénible, voyage pénible... Cela avait été la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase... Au diable la bienséance et la politesse de mise... Derrière lui, un timide toussotement gênée lui fit tourner la tête. Un grand type au teint blafard... Un Sénateur d'un monde merdique dont il avait déjà oublié le nom...

« Monsieur le Ministre... Cette scène est-elle bien nécessaire ? »

A cet instant, Ragda dut se pincer les lèvres pour retenir un chapelet d'insultes colorées résumant où et comment il devait aller se faire foutre, lui et sa génitrice. Mais fort heureusement, le Hutt eut la sagesse de contenir le fond de sa pensée... Il n'était pas ici pour se faire des ennemis, bien au contraire ! Pour une fois qu'un Sénateur avait la bonne idée d'organiser une réception en l'honneur du Chancelier Suprême et de ses alliés... D'ailleurs, toute cette soirée puait le coup de pub médiatique... Personne n'organisait tout ceci sans une arrière pensée... Simple envie de se faire remarquer par la Chancellerie et le gouvernement ? Peut-être.

Finalement, Ragda soupira, accomplissant un effort sur-humain pour relativiser la situation... Cette demoiselle n'était en rien responsable de l’impertinence de ce droide programmé pour assurer la sécurité des convives. Aussi, après quelques secondes de silence, le Hutt posa son regard dans celui de la jeune femme, puis lui adressa la parole d'un ton beaucoup plus calme :

« Mlle Evans, veuillez pardonner mon agacement... Le voyage ne fut pas des plus reposant, et je commence à souffrir du manque de sommeil. En tout cas, sachez que je suis enchanté de faire enfin votre connaissance, et je dois dire que vous êtes ravissante mademoiselle. »

En réalité, il disait cela à toutes les femelles, à toutes les soirées officielles... Ragda ne comprenait rien à la mode et aux canons de beautés des autres espèces. Il continua sur un ton encore plus amical, comme si sa mauvaise humeur s'était retrouvée aspirée dans le cercle vertueux des mondanités :

« Et bien, en tout cas vous ne lésinez pas sur la sécurité... Vous vous attendez toujours au pire n'est-pas ? Je ne sais plus si je dois me sentir en sécurité, ou bien si je dois craindre une attaque imminente... »

Sens de l'humour Hutt.

« J'espère que ce petit... malentendu ne portera pas préjudice à notre... future et amicale entente. Sachez que de mon coté, c'est oublié... Je ne peux définitivement pas vous tenir responsable de la programmation de cette satanée machine...

Je vous laisse à présent à vos obligations, je vais rejoindre les autres invités et tenter de me détendre un peu... »


Quelques mètres plus loin, prêt d'une table chargée de petit fours appétissants, une voix le fit sursauter... Une voix qu'il connaissait, mais dont il ne su immédiatement identifier le propriétaire... Il se retourna... Alan... Le suppléant de la Sénateur Natania de Naboo... Un étrange personnage à la langue généralement bien pendue... Ce qui força la franchise du Hutt :

« Je pourrais aller mieux si il y avait moins de tas de ferrailles... »

Il embrassa d'un regard le reste de la salle de réception, observant les allés-retours frénétiques de plusieurs droïdes de services.

« A croire que notre hôte a rencontré quelques problèmes de logistiques, et que ses serviteurs mécaniques tentent de rectifier le tir au pas de course...

Mais j'en oublie le plus important : Comment se porte la Sénatrice Natania ? Ses problèmes de santé sont un sujet de grande inquiétude au Sénat, toute couleur politique confondue... J'espère que son état va s'améliorer rapidement ! N'hésitez pas à lui transmettre mes salutations ainsi que mes vœux de prompt rétablissement...

Et sinon vous... »


Ragda ne termina jamais cette phrase. Tout en parlant, le Hutt manipulait son chariot répulseur, glissement lentement de coté, comme l'aurait fait un interlocuteur bipède, désireux de conserver dans son champs de vision certains convives... Tel que le Selphi handicapé en fauteuil roulant... Aramyss L. Janeiro... Putain qu'est-ce qu'il foutait là celui-là ?

Mais ce fut également l'exact moment que choisi l'un des droïdes de service pour lui couper sa trajectoire. Ce dernier, visiblement pressé de poser les derniers plats de toast sur certaines tables encore dépourvues d'amuse-bouche, percuta l'extrémité du chariot, au niveau de son flanc gauche, le choc ne fut pas rude, mais juste assez pour lui faire perdre momentanément l'équilibre : il vacilla... Et son chargement avec.... Une avalanche de toast déferla alors sur le Hutt, tachant à de multiples endroits son magnifique poncho aux couleurs criardes : bleu cyan à poids rouges foncés. Le nec plus ultra de la mode, d'après son couturier.

Fort heureusement, le serveur de métal et d'acier corrigea son assiette rapidement, évitant à ses fragiles plats de finir leur course au sol, en milles morceau... Toutefois la scène ne manqua pas d'attirer le regard d'un grand nombre d'invités, qui pouffèrent de rire pour certain...

Totalement désabusé, au point de ne même pas ressentir une seule pointe de colère, Ragda soupira avant d'annoncer à Alan, sur un ton défaitiste :

« Et voilà exactement pourquoi je déteste ces machines ! Tellement imparfaites ! Si vous voulez bien m'excuser, je vais tenter de trouver les commodités pour essayer de rattraper... tout ça... Si je recroise Evans, elle va m'entendre... »
Halussius Arnor
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La sensation laissée par la fraîcheur de l'eau venant frapper la peau encore chaude était saisissante. Halussius s'abandonnait volontiers à ce rituel quotidien. Dès qu'il avait quitté son lit, il se dirigeait directement dans la salle de bain de sa suite, pour s'asperger abondamment le visage avec de l'eau fraîche. Bien que désagréable les premières secondes, l'effet qui en résultait par la suite valait la peine d'endurer quelques frissons.

Halussius se regardait dans la glace, le visage encore dégoulinant d'eau et l'avant des cheveux un peu humides. Le jeune homme s'observait tout en réfléchissant... Voilà presque un an qu'il était Chancelier suprême de la République... Une année des plus éprouvantes... et qui ne semblait guère vouloir s'achever paisiblement... Halussius se trouvait le teint pâle et les yeux identiques à ceux d'un homme manquant de sommeil.

Comment pourrait-il en être autrement. Le Jedi ne dormait que par intermittence... Réunions de travail, séances nocturnes dans la Rotonde, et autant d'événements imprévus nécessitant parfois qu'on le réveille en plein sommeil. Mais depuis quelques semaines déjà, le sommeil d'Halussius était fortement perturbé par toute une série des visions que la Force semblait lui transmettre. Des visions d'événements dramatiques ne s'étant pas encore produits... La chose était suffisamment sérieuse pour que le Chancelier ait décidé de se confier au doyen de l'Ordre Jedi, Maître Saï Don...

Après un moment, Halussius entreprit de se doucher et de s'habiller avant de rejoindre son bureau de travail. Comme tous les matins, un droïd de protocole attendait sa venue pour lui servir son petit-déjeuner. Halussius s'assit alors dans l'imposant fauteuil noir de sa fonction tandis qu'on lui versait une tasse de thé de Chandrila. Un breuvage idéal pour affronter une longue et harassante journée.


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Halussius avait le regard concentré. Portant un de ses costumes d'apparats, fait d'une veste pourpre assez longue ouverte sur l'avant laissant ainsi apparaître un ensemble brun et noir composé d'un gilet raffiné et d'un genre de chemise à col rond, le Jedi semblait parfaitement plongé dans le data pad qu'il lisait.

La navette, estampillée du sceau du Sénat, filait à bonne allure en direction de l'orbite de Coruscant.

Étant en face du Chancelier, Rasaak se laissait porter par les divagations de son esprit alors qu'il observait le paysage urbain de la Cité-monde se modifier à mesure que progressait leur ascension. Les quelques mots d'Halussius le rappelèrent à la réalite.


 « Vous avez lu cette note ? »

Rasaak se souvint immédiatement de quoi le Chancelier était en train de lui parler. Le document qu'il avait entre les mains et qu'il venait de lire était la note produite par la DRR, détaillant quelques renseignements sur l'hôte qui était sur le point de les accueillir.

 « Effectivement, je me suis permis de la lire, Excellence. Je voulais m'assurer de quelques détails avant d'accepter l'invitation du sénateur Janos. Je trouvais cette idée de réunion de soutien quelque peu surprenante... Je voulais être certains »

Halussius opina de la tête sans dire un mot. Depuis le début de son mandat, Rasaak n'avait eut de cesse de faire le maximum pour gérer tout l'aspect médiatique de sa fonction. Chaque invitation faisait l'objet de quelques recherches de renseignements de la part de Rasaak afin de s'assurer que le Chancelier ne se trouve pas en compagnie d'individus dont il serait regrettable, d'un point de vue communication, qu'ils soient associés ensembles.

 « Le parti de l'ordre... Je trouve ça étrange... Cela me laisse une sensation particulière. Pas vous ? Cela me fait penser à un parti plutôt radical, voir extrémiste...»

La sensation était d'autant plus étrange que la note indiquait que le sénateur d'Aargau fut jadis un membre de l'Ordre Jedi... Un Jedi qui quitta volontairement les rangs pour se lancer dans la politique... Une politique qui ne semblait guère emprunte des idéaux des Jedis... Cependant, Halussius lui même n'était-il pas lui même contraint de transiger quelque peu dans certaines situations...

 « Il est vrai que le parti de l'ordre du sénateur Janos à des idées plutôt bien arrêté sur la politique et surtout sur le fonctionnement des institutions. »

 « Il prône un pouvoir exécutif fort à la tête de la République... Pensez vous que se soit une bonne idée de m'afficher avec un sénateur ayant une si grande défiance envers les parlementaires ? »

Rasaak parut hésiter un instant sur la réponse qu'il allait donner à Halussius. Il se décida enfin.

 « Pour être honnête avec vous, même s'il est vrai que la politique défendue par le sénateur Janos peut paraître dure et défiante vis-à-vis du Sénat, Aargau représente une des planètes les plus riches et les plus influentes du Noyau. Aargau est l'un des plus importants centres bancaires de la galaxie et l'un, si ce n'est le plus important interlocuteur financier de la République.... »

Ce que Rasaak était en train de lui dire, Halussius le savais parfaitement, mais il ne pouvait s'empêcher d'éprouver quelques doutes.

 « Si je comprend bien, on ne peux pas se passer de son soutien ? »

 « Ce serait politiquement compliqué... Je sais que c'est l'aspect de la politique que vous n'aimez pas, mais voilà le constat actuel. Pour le moment, dans le Noyau, seul Alderaan s'est prononcé officiellement comme soutient à votre gouvernement. Corellia et Kuat s'opposent officiellement à vous. Le soutient d'Aargau permettrait de rétablir un certain équilibre et surtout d'envoyer un signal fort. S'il y a des grands systèmes industrialisés de la République qui s'opposent à vous, il y en a aussi qui vous soutiennent. Cela pourrait pousser certains systèmes indécis à prendre votre parti... et faciliter la mise en œuvre de votre politique. D'autant plus que le sénateur Janos à soutenu votre élection l'an passé...»

Les propos de Rasaak étaient justes et même si Halussius n'aimait guère avoir à préoccuper de ce genre de considération, il s'était bien vite rendu compte, à force de l'exercice du pouvoir, qu'il ne pouvait pas en faire abstraction. Halussius posa alors le datapad à son côté et ferma les yeux un instant et les rouvrit presque aussitôt.

 « Vous qui sera présent à cette réception? »

 « Je crois savoir que le sénateur par intérim de Naboo sera présent, ainsi que monsieur le ministre Rejliidic .... Et certainement d'autres délégations. Ce qui est certain c'est que ni le sénateur de Corellia, ni la sénatrice de Kuat ne seront présents. »

 « Nous aurons au moins quelques instants de calme... »

Une voix se fit alors entendre dans l'habitacle luxueux de la navette.

// Excellence, nous sommes en approche du Cosmos IV. Nous avons reçu l'autorisation de nous arrimer. On nous également rappelé que les armes n'étaient pas autorisées à bord.//

Halussius opina à nouveau de la tête en pensant à l'effet que le personnel du vaisseau aurait lorsque lui et Rasaak sortiraient du sas en compagnie de deux gardes sénatoriaux... Halussius estimait qu'il n'avait pas besoin d'autant de protection rapprochée, mais cela faisait partie de tout le cérémonial et du protocole s'attachant à sa fonction, qu'il devait respecter.

Peu à peu, la navette se rapprocha du sas d'embarquement du Cosmos. Halussius réajusta sa tenue tandis que les deux gardes sénatoriaux, tout de bleu vêtu et casqué, prenaient place derrière lui et Rasaak.

Dès qu'Halussius eut posé le pied à bord du vaisseau de réception. Ses sens se mirent à le troubler... La Force était agitée de légers remouds... La Force était bien présente sur ce vaisseau et lui laissait comme un pré-sentiment curieux. Halussius n'en laissa rien paraître mais cela commença à le préoccuper...

Halussius et sa délégation passèrent alors sous un grand porche, magnifiquement décoré, comme tout le reste de l’habitacle en vérité. Bien que les gardes aient laissés leurs armes d'apparats dans la navette, ces derniers disposaient de petites armes légères indétectables, dissimulées sous leurs grands manteaux.

C'est alors que s'avança une jeune femme, plutôt séduisante et se présentant comme étant Gabrÿelle Evans, la secrétaire du sénateur Janos. La jeune femme était des plus agréable et faisait montre d'une prévenance et d'une attention toute particulière. Trop particulière peut être dirait certains, mais parfaitement jouée.

Le pré-sentiment d'Halussius commença à trouver une certaine forme de concrétisation... La jeune femme avait manifestement un lien avec la Force, un lien fort. Ce qui était le plus troublant pour lui, c'est que sa perception semblait en être troublée... La sensation était vraiment curieuse. Halussius percevait une présence bien plus conséquente mais lointaine... et proche en même temps. Dans l'attente d'en savoir d'avantage, Halussius se décida à rester lui même et faire comme si de rien n'était.


 « Miss Evans, je suis ravis de faire votre connaissance enfin. Vous faites véritablement honneur à votre monde. »

Laissant aller son regard sur la foule déjà présente, Halussius fit comme s'il cherchait quelqu'un puis il dit à la secrétaire.

 « Je ne vois pas le sénateur Janos... n'est-il pas encore arrivé ? »

 « « Un léger souci de santé le retient mais le Sénateur ne saurait tarder, il ne raterait le plaisir de votre conversation pour rien au monde. »

 « Je vois. C'est un plaisir partagé d'avance ! Il me tarde en effet de faire enfin connaissance avec le bienfaiteur de cette réception. »

Rasaak et lui s’engouffrèrent alors dans la foule des invités. Les gardes sénatoriaux savaient parfaitement de comporter dans ce genre de soirée. Tous deux se mirent de part et d'autre de la pièce. Le but de leur présence n'était pas tant de surveiller la foule, que d'être dissuasive et de manifester la présence de dignitaires de haut rangs de la République.

Commençant à marcher au milieu de la foule, Halussius fut immédiatement identifié par les invités qui commencèrent tous peu à peu se se présenter prêt de lui pour le saluer tel un raz-de-marré. Il était devenu l'attraction de l'instant. Halussius faisait alors montre de tous le talent dont il pouvait faire preuve pour être aimable, voir parfis complice avec des invités qu'il n'avait jamais rencontré jusqu'ici. Certes, quelques têtes lui revenaient, comme celle de certains sénateurs qu'il croisait quotidiennement au Sénat. Il remarqua de loin, où se trouvait son ministre de l’Économie, un allié fidèle et un soutient fidèle, afin de venir le salue particulièrement plus part. Discrètement, Rasaak lui glissait le nom de la personne qui était sur le point de le saluer.

Après quelques minutes, la foule recommença à se disperser et les discussions reprirent comme avant. Un serveur s'approcha alors d'Halussius pour lui présenter un rafraîchissement, Halussius prit un cocktail sans alcool aux couleurs vives et exotiques. Un délice de saveurs... Une conversation s'entama alors entre le Chancelier et son secrétaire, ce dernier lui expliquant avec plus de précision qui était présent.
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Soudain, la salle de réception s'obscurcit. Des spots se tournèrent alors vers une petite porte qui donnait sur un pupitre, bordé de deux escaliers. La silhouette de celui que tous attendaient se dessina lentement.

Au moment où il franchit cette porte, les sourcils de Lord Janos se défroncèrent ; un grand sourire vint orner ses lèvres ; les quelques rides qui lui donnaient toute sa sévérité prirent une inclinaison amicale. En un instant, le représentant d'Aargau s'était composé la figure d'un homme sociable et sympathique. Celle que tous connaissaient.

L'œil artificiel analysa la salle. Il remarqua immédiatement, en mesurant la distance entre les verres et les plats de petits-fours, que les invités avaient plongé le buffet dans le plus profond chaos : cette table, noblement décorée et respectueuse des éternelles règles de la symétrie, n'était plus qu'un vestige de l'harmonie qui y régnait avant l'arrivée des convives.

Le sénateur poussa un très léger soupir. Peut-être qu'un monde d'ordre ne pouvait qu'être un monde sans vie : c'était là tout le drame de Lord Janos...

L'œil remarqua certaines compositions chimiques pour le peu étranges parmi les convives. Inutile de s'attarder trop longtemps sur le système gastrique du Ministre de l'Économie et du Trésor. En revanche, Alan L. Bresancion, que l'œil artificiel identifia comme le représentant de Naboo, s'appuyait sur une béquille dont l'analyse moléculaire indiqua qu'il s'agissait d'une arme. Les capteurs du système de sécurité n'avaient pas la performance de l'œil - l'iris la plus coûteuse de toute la galaxie tant elle était sophistiquée sur le plan technologique - ; c'était là un problème auquel il faudrait remédier au plus vite. Mais il y avait plus grave : certains sénateurs - pourtant représentants des lois républicaines - avaient enfreint les règles élémentaires de tout protocole politique ; voilà qui était inadmissible ! Lord Janos lui-même ne portait aucune arme sur lui : son sabre laser, ses dagues et ses fléchettes empoisonnées étaient restées dans ses appartements, précieusement gardés par un système de sécurité quant à lui imparable. Le sénateur resta impassible, mais il s'interrogea, agacé, sur la qualité de l'équipement dont disposait Cosmos IV.

Oui, un monde ordonné, c'était un monde sans être vivant pour en transgresser les règles...

Lord Janos adressa un grand sourire au Chancelier Suprême. Il attendit que le silence se fît pour commencer son discours.


«Sénateurs, ambassadeurs, amis de la République,
«Autrefois, notre régime connaissait un temps de gloire. En ces temps-là, aucun ennemi ne bouleversait l'ordre que nos pères s'efforçaient de fonder. En ces temps-là, d'imposants piliers soutenaient l'immense édifice de ce noble régime dont nous avons hérité ; ces piliers, vous les connaissez bien ; ils sont au nombre de trois : l'ordre, l'harmonie, la paix.»


Le sénateur marqua une légère pause pour mettre en valeur ces trois derniers termes.

«Ces principes sont les vôtres. Il m'arrive souvent, quand j'écoute vos discours, de m'apercevoir que vous les invoquez, parfois à votre insu : preuve que vous les avez intégrés ! Qu'a donc fait Ragda Rejliidic quand il a pris des mesures économiques en faveur des systèmes éloignés de la Bordure Extérieure ? Il œuvrait au nom de l'harmonie entre les planètes qui composent la République ! Qu'a donc fait Heerla Stieen lors de sa lutte contre la piraterie ? Elle œuvrait au nom de la paix au sein de notre régime ! Que fait Ion Keyiën lui-même, quand il sème le trouble et la dissension au cœur du Sénat ? Il défend encore l'ordre ! cet ordre qu'il juge troublé par la lutte entre les Jedis et les Siths ; le fait est qu'il identifie mal le problème et emploie de mauvais moyens pour une fin qui n'en demeure pas moins bonne en soi : l'ordre ! D'où l'importance de bien décider des moyens : moi-même, sénateurs, je n'ai d'autre rêve que de garantir l'ordre au sein de la République ; et pour ce faire, je suis prêt à toujours rechercher les moyens les plus appropriés à cette fin. Je n'ai pas honte de l'affirmer : vous tous, vous n'avez que ces trois mots à l'esprit lorsque vous façonnez vos programmes politiques et vos projets de loi : ordre, paix, harmonie !»

Nouvelle pause. Lord Janos se tourna lentement vers le Chancelier Suprême.

«Et parmi vous, sénateur, il en est un qui, plus que tout autre, honore ces valeurs en tant qu'idées régulatrices de son entreprise politique. Cet homme, il est l'objet de notre petite réunion ici. Cet homme, vous le respectez tous comme le garant de l'intégrité républicaine. Vous savez de qui je vous parle, sénateurs : c'est d'Halussius Arnor !»

Les convives applaudirent en chœur le Chancelier Suprême, qui leur témoigna sa reconnaissance. Un sourire au lèvres, Lord Janos attendit que l'ovation se calmât pour reprendre :

«La République est confrontée à une grave crise. Risque d'un séparatisme, menace Sith, guerres intestines... Combien de dangers pèsent sur l'ordre que nous nous efforçons de conserver ! Aussi nous faut-il unanimement soutenir notre Chancelier dans la tâche qui est la sienne. Ce n'est pas en provoquant la discorde au sein du Sénat, en prononçant des diatribes enflammées et en accusant Halussius Arnor d'être responsable des antagonismes entre Siths et Jedis, que l'on pourra restaurer l'antique République qui, par son respect de l'ordre, sa volonté de paix et sa foi en l'harmonie, faisait la gloire de nos ancêtres. Au contraire ! C'est en cultivant la probité, en honorant l'intégrité, en respectant l'honnêteté, que l'on se montrera digne des valeurs de notre régime ! En l'occurrence, sénateurs, notre présent Chancelier en est le digne représentant : il sait où sont nos priorités ! Et quoi qu'en disent certains détracteurs, c'est parce qu'il est jedi qu'il sait ce qu'est l'ordre. Il n'a de cesse d'appliquer les préceptes moraux de l'Académie à son action politique, et c'est là, à mon sens, la premier signe de son intégrité ; moi-même, qui ai été éduqué parmi les Jedis durant les vingt-cinq premières années de ma vie, j'ai appris que l'ordre, la paix et l'harmonie étaient au fondement des principes de la Force. N'est-ce pas l'ordre qu'Alussius Arnor tente de rétablir, autant au sein de la Rébublique, que dans le tohu-bohu sénatorial qui nous empêche de mener une action à long terme ? N'est-ce pas un désir de paix qui l'anime quand il laisse exprimer, sur son visage, son extrême inquiétude à l'égard des troubles causés par le groupuscule Sith ? N'est-ce pas l'harmonie qu'il a tenté une fois de plus d'instaurer entre les systèmes membres de la République, en insufflant à Ragda Rejliidic l'idée d'un soutien économique, en faveur des planètes de la Bordure Extérieure ? Voyez comme ces principes sont à l'œuvre dans chacune de ses mesures ! Voyez surtout comme elles attestent d'une parfaite continuité entre l'ordre jedi et l'ordre républicain !»

Comme prévu, Lord Janos sentit que certains sénateurs se hérissèrent, même s'ils restèrent silencieux. C'était là un sujet épineux : il était temps d'enfoncer l'aiguille plus profond encore.

«Si ce Chancelier est exemplaire, force est de constaster que tous les sénateurs ne l'imitent pas. Et pourtant, ils le devraient. Hélas, les principes de la République ne sont pas l'apanage de tous.»

Cette fois, quelques murmures se firent entendre çà et là.

«J'en entends qui chuchotent. D'autres restent silencieux : vous me trouvez peut-être audacieux... Eh bien, oui ! Je n'ai pas honte de le clamer haut et fort : tous les sénateurs ne respectent pas nos valeurs républicaines ! Jugez par vous-mêmes !»

Alors qu'un brouhaha contestataire commençait à se former lentement, un hologramme apparut soudain au milieu de la salle de réception. Les formes virtuelles du Sénat se dessinèrent parmi les convives. Les invités reconnurent immédiatement une assemblée à laquelle ils avaient récemment participé...

Sur l'image, une foule de sénateurs excités vociféraient des injures à l'encontre du Chancelier, terriblement seul au cœur de ce Sénat en délire.


«Voleur !»

«Tortionnaire !»

«Incapable !»

L'hologramme réalisa un gros plan sur les représentants de Corellia et de Kuat qui se montrèrent odieux. Puis il fit de nouveau apparaître la figure du Chancelier qui conserva un remarquable sang-froid :

«... je me dois d’avertir qu’en tant que président du Sénat, je tolèrerai plus les insultes de certains orateurs !»

S'ensuivit une vague de protestations, mêlée de quelques applaudissements.

«Tous ici vous représentez une multitude de mondes et de peuples ! Quelles images croyez-vous donner lorsque dans ces murs dédiés à la discussion, à la concertation, à l’élévation de l’esprit et du débat, raisonnent les pires insultes, les pires propos dignes d’un cul de basse fausse !?
«La liberté d’expression est la règle fondamentale de cette assemblée… au même titre que le respect de la dignité de la personne et de la bienséance. N’oubliez pas qui vous êtes, mesdames et messieurs… vous êtes les sénateurs de la République. Vous avez un devoir de montrer l’exemple !
«Je ne me trompe pas en disant que l’on attend mieux d’un sénateur qu’il "crache" sur les propos d’un autre, fusse-t-il membre du gouvernement ou Président de cette assemblée.»


Sur ces mots - que Lord Janos trouvait par ailleurs remarquables - l'hologramme disparut. Le sénateur reprit immédiatement, sans laisser le temps aux convives de réagir :

«Voilà un exemple typique de cette anarchie démocratique qui règne au Sénat. Et pourtant, pourtant, l'Article 8 de la Constitution Galactique stipule bel et bien que "c’est le lieu privilégié de dialogue entre les membres de la République." Voyez-vous cela ? Les sénateurs, qui constituent tout de même les principaux représentants de la loi, ne sont même pas capables de respecter leur propre Constitution ! N'est-ce pas aberrant ? N'est-ce pas irrecevable ?! N'est-il pas temps d'en finir avec cette mascarade qui n'a rien de républicain ? Qui n'a rien de ce que nous devons incarner ? Qui nous fait honte, qui nous humilie auprès des peuples que nous sommes censés représenter ? Que disent les gens, lorsqu'ils voient les hommes politiques les plus éminents se chamailler comme des enfants ? S'entre-étriper comme des bêtes sauvages ? Plonger le Sénat dans le chaos le plus total ? Les gens se disent que ce régime n'est pas une République, que nous ne sommes pas leurs représentants ! Et les gens se moquent, sénateurs ; ils se moquent de ce comportement puéril ; ils se moquent de cette profonde incurie qui nous discrédite aux yeux de tous ; ils se moquent de la loi elle-même, incapable d'être appliquée par les hommes qui la votent. Je n'ai pas honte de le dire : il faut en finir avec cette situation insoutenable !»

Lord Janos marqua une brêve pause dans son discours. Il reprit d'un ton plus calme :

«Vous vous demandez sûrement où je désire en venir. D'ailleurs, depuis mon entrée au Sénat, il y a six ans, nombreux sont ceux qui se sont interrogés sur la vraie nature de mes idées politiques : certains se plaisent à me traiter d'idéaliste ; d'autres vont jusqu'à penser que je suis un extrémiste. Levons donc toute ambiguïté. S'il faut employer un terme pour désigner mon attitude, je le déclare ouvertement : mon parti est révisionniste !»

Nouvelle pause, le temps de sonder la réaction des convives à cette phrase.

«Allons, sénateur ! Je vous entends déjà frémir : laissez-moi vous expliquez clairement ce qu'est le révisionnisme, ce qu'il doit incarner. Par révisionnisme, je ne parle pas d'idéaux défendus par je-ne-sais-quel groupuscule jouant les anarchistes ; je ne parle pas d'une secte de révolutionnaires forcenés. Non ! Je parle d'une pleine défense de l'ordre au nom de nos valeurs républicaines ! Je parle, non pas d'une dissolution, mais d'une révision, d'une restauration de la République !
«Ce ne sont pas des arguments vides de sens ; ce ne sont pas de belles paroles qui camoufleraient insidieusement un désir de pouvoir : je ne suis pas de ceux qui jouent les opposants politiques pour s'accaparer la place de leur cible une fois celle-ci abattue. Cette idée d'une restauration ne m'est pas venue d'une ambition passionnelle et vectrice de chaos. Non ! Elle m'est venue d'une réalité dégradante pour l'ordre que nous sommes censés incarner. Cette réalité, c'est la nôtre, c'est la vôtre : ce sont ces pratiques de pouvoir infâmantes qui entachent les réunions sénatoriales !
«Aussi suis-je favorable à la formation d'une commission constituante qui donnerait davantage de prérogatives au Chancelier Suprême et qui réduirait le pouvoir du Sénat, pour qu'enfin le respect de l'ordre hiérarchique redevienne une réalité dans le nouvel ordre que nous tâcherons de fonder !»


La verbe fut improvisé. À cause de cette stupide idée d'égalité, Lög avait commis une répétition : "...pour qu'enfin le respect de l'ordre hiérarchique soit respecté dans le nouvel ordre que nous tâcherons de fonder !" L'incompétent...

«Au moment où je vous parle, un hologramme vient de vous être envoyé. Je vous y présente cinq actes constitutionnels qui me semblent nécessaires au rétablissement de la République. Je ne vous demande pas de les lire immédiatement : employons cette soirée à nous divertir ; je suis certain que nous en avons tous besoin.
«Sachez en tout cas que si mon projet de révision constitutionnelle venait à être accepté, jamais je ne l'emploierais à accroître mon pouvoir personnel ! Jamais je ne briguerais la fonction de Chancelier Suprême ! Au contraire ! Je souhaite que celle-ci soit conservée par Halussius Arnor ! Je suis certain que si les actes constitutionnels ici proposés étaient appliqués, ce dernier serait d'entre nous le plus apte à honorer les prérogatives qu'il en recevrait ! Et plus jamais, plus jamais, il n'aurait à subir une nouvelle humiliation en pleine assemblée !
«Je vous invite donc à lever vos verres en l'honneur de notre Chancelier, en qui j'accorde mon entière confiance ; auquel je serais prêt à donner un plus grand pouvoir que celui dont il dispose à ce jour ; et que je soutiens dans ces circonstances troublées !
«Soyons tous rassemblés autour de lui ! Soutenons-le d'une seule âme ! Vive Halussius Arnor, et vive la République !»



Spoiler:
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Ils étaient en retard. Clairement. Au mieux, ils pourraient espérer arriver juste à temps pour assister au discours de Lord Janos. Et encore, ce serait juste. Pourtant, la Farghul resta avachie dans son fauteuil, sans se départir de son habituelle nonchalance, tandis que son vaisseau personnel continuait d'avancer à une vitesse modérée. Les yeux mi-clos, la respiration lente et régulière, elle n'en était pas moins éveillée. Simplement plongée dans ce qui pouvait presque s'apparenter à de la méditation. Le même dialogue repassait dans son esprit, encore et encore. Celui avec son médecin, lors de sa dernière visite, quelques jours plus tôt. Elle ne pouvait pas s'empêcher d'y revenir. Rien d'étonnant. C'était une chose que de savoir que vous étiez condamnée, mais c'en était une autre que de l'entendre clairement de la part d'un expert. Et surtout de voir l'échéance se rapprocher toujours plus !

"Au rythme où vont les choses, je ne vous donne pas plus de 4 années à vivre, Sénatrice. Cinq tout au plus. Et encore, je ne serais pas étonné que votre corps vous lâche avant. Surtout si vous persistez à assurer vos fonctions officielles, avec le stress, le surmenage ..."

"Et dans l'hypothèse où je me retire de la vie politique ? Combien ?"

"Six, sept peut-être, avec un régime adapté, un traitement quotidien, une vie tranquille. Et encore, je ne peux rien garantir. C'est déjà un miracle que vous soyez encore en vie. Qu'il n'y ait pas eu de rejet des organes de synthèse ... je ne sais pas qui en est le créateur, mais c'est juste ..."


Elle soupira longuement. Ce n'était qu'un sursis qu'on lui avait accordé. Les miracles n'existaient pas. Mais une petite partie d'elle avait toujours espéré, au fond, contre toute raison. En vain. La Sénatrice s'ébroua, revenant à la réalité. D'ici quelques heures, ils arriveraient enfin à destination. Il était encore temps de donner l'ordre au pilote d'accélérer pour arriver à temps, mais elle n'en fit rien. Une femme digne de ce nom ne devait-elle pas se faire désirer un peu, après tout ? Et puis, elle puisait un plaisir mesquin, mais bienvenu vu son état d'esprit plutôt morose, à perturber un peu l'ordre et l'harmonie de ce cher Lord Janos. Du peu qu'elle avait pu apprendre sur le personnage, elle avait retenu son obsession pour la ponctualité, le bon déroulement des choses, ... Et rien n'amusait plus autant la Farghul que de perturber un peu l'ordre qu'on essayait d'établir, en toutes circonstances !

Souriante à nouveau, elle secoua la tête devant l'ironie de la chose. L'ordre ... s'il y avait bien un idéal qui ne lui tenait guère à coeur, c'était bien celui-là. Dangereux, utopique ... et mortellement ennuyeux, surtout ! Elle n'avait pas cessé d'essayer de le bousculer, de le remettre en question, cet ordre. Sur Farrfin, dans la Galaxie, dans la République ... Quant à son peuple, il n'était guère réputé pour son souci des lois, des autorités et de la hiérarchie ... bel euphémisme, en vérité, pour ce "ramassis d'escrocs et de trafiquants", pour reprendre les mots d'un sénateur d'un monde du Noyau. De là à dire que sa propre présence à cette réception ferait un peu tâche, il n'y avait qu'un pas ... S'abstiendrait-elle de titiller un peu son collègue d'Aargau à ce sujet ? Peut-être que oui, peut-être que non ...

- J'préfère vous voir comme ça, m'dame. Content de voir qu'vous avez cessé de broyer du noir ! Qui c'est l'pauvre type qui va déguster, c'te fois ?

La voix de son garde du corps Cathar, Anyado, interrompit cette fois sa réflexion. Heerlla pencha la tête sur le côté, avec une expression candide tellement exagérée qu'elle en devenait comique, la main posée sur le coeur. L'innocence faite Farghul. Autrement dit, absolument pas crédible. Les deux félins éclatèrent d'un rire complice. Normal, après des années passées ensemble, l'un veillant sur l'autre nuit et jour sans faillir. La Sénatrice se recomposa un air sérieux tant bien que mal et s'éclaircit la gorge.

- Tu n'oublieras pas de laisser tout ton arsenal ici, Anyado. J'insiste sur ce point : pas la moindre arme, d'accord ? Après tout, si quelqu'un est prêt à prendre le risque de m'éliminer en pleine réception, je doute qu'un blaster de poche y change quelque chose ...

Et surtout, le Cathar était aussi dangereux à mains nues qu'armé. Si ce n'était plus. Mais ça, il était inutile de le préciser ...



* * *



Le bon côté des choses, quand vous arrivez en retard à une réception de ce genre, c'est que vous n'avez pas à supporter la foule au moment d'entrer dans le lieu choisit. Comme l'écrasante majorité des gens auront préféré arriver en avance plutôt que d'être à la bourre, vous ne risquer pas de patienter au poste de contrôle pendant une éternité. Et bien évidemment, ce fut ce qui arriva au duo félin lorsqu'ils eurent enfin accosté dans le vaisseau. Tout en avançant en direction de la grande arche d'argent stylisée, qu'elle admira en connaisseuse d'art, la Sénatrice balaya du regard les personnes présentes de l'autre côté. Hmpf. Pas d'invité, c'était sûr. Quant aux deux bonhommes qui se détachaient du lot des larbins ... rien d'intéressant. Par contre, ce fut avec surprise qu'Heerlla put entendre l'arche sonner quand elle passa dessous. Allons bon, un détecteur camouflé dans un élément décoratif ? Intéressant, vraiment, et brillant. Après une rapide vérification, il s'avéra que sa réserve de médicaments transportée en bandoulière par Anyado était à l'origine de l'alarme. La Farghul se fendit d'un sourire narquois à l'intention du comité d'accueil et lâcha, ironique :

- Oh, oui, je me suis permise d'amener mes médicaments. Ca ferait désordre si je devais m'effondrer en crachant du sang en plein milieu de la réception, vous ne trouvez pas ? Je m'en voudrais de gâcher la fête !

Bien évidemment, avec un argument pareil, ils n'osèrent pas confisquer ladite réserve. Surtout après qu'une brève analyse toxicologique ait appuyé l'affirmation de cette invitée de marque. Et elle put enfin pénétrer dans la salle principale de la réception, juste à temps pour assister à l'entrée en scène de leur hôte. De par sa grande taille, elle put se permettre de rester au dernier rang des convives, sans en perdre une miette. Une mise en scène classique, mais efficace. L'habituelle exorde, sur le thème ô combien éculé du "temps de gloire" de la République. Par contre, s'il y avait bien une chose à laquelle elle ne s'attendait pas, et qui lui fit hausser brièvement un sourcil d'un air dubitatif, c'était d'être citée comme exemple oeuvrant pour la paix au sein de la Galaxie. Oui, bon, d'accord, elle avait lutté contre la piraterie, mais la paix était plus une conséquence imprévue et annexe que son but réel. Enfin, ce n'était pas elle qui allait démentir les propos de son hôte. Loin de là.

Si la Farghul se joignit aux ovations en l'honneur du Chancelier, sans excès de zèle, une part d'elle commençait de fait à s'ennuyer ferme, même si elle s'abstint de le montrer. Puis, brusquement, son intérêt remonta en flèche dès que Janos aborda la "parfaite continuité entre l'ordre jedi et l'ordre républicain". Voilà qui n'allait pas manquer d'hérisser quelques poils ... pour son plus grand plaisir, bien sûr. La Farghul retint tant bien que mal un éclat de rire et pouffa discrètement dans sa patte, tandis que l'orateur continuait sur sa lancée et s'en prenait désormais au comportement des sénateurs dans l'enceinte du Sénat. Touché, songea-t-elle avec sarcasme en songeant à la fameuse séance du Sénat sur les contributions fiscales, dont l'enregistrement était directement tiré. Bien sûr que le Sénat et ses "débats" ,qui n'en avaient que le nom, paraissaient ridicules aux yeux de la population. Comme toutes les personnes imbues de leur propre importance, d'ailleurs.

Quant à la proposition qui suivit, elle était pour le moins ... audacieuse, et Heerlla sourit encore plus largement en entendant l'un de ses voisins avaler son petit four de travers. Ah ça, ce projet était de nature à donner des sueurs froides à un sacré paquet de sénateurs et politiciens en tout genre. Elle en venait presque à regretter de ne pas pouvoir assister à la réaction de quelques uns d'entre eux, un Corellien et deux Kuatis pour ne pas les nommer. C'aurait été pour le moins divertissant ...

Elle se saisit d'un verre sur un plateau à proximité, sans pour autant quitter Janos des yeux. Oui, définitivement, cet Humain était intéressant. Éloquent, audacieux, convaincant, avec cette petite touche d'idéalisme en plus ... dangereux, pour sûr, et à ne surtout pas sous-estimer. Non, vraiment, ce n'était pas pour rien qu'elle avait pris la peine de se déplacer jusqu'à cette réception. Elle attendait avec impatience les réactions de l'auditoire pour compléter ce spectacle si captivant !
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|- Hrp : Les parties en georgia sont de ma plume, celles en Arial sont d'Aramyss et enfin, notre bien aimé Ministre est en Comic Sans Ms, vengeance mesquine de tous les bâtons qu'il met dans les roues d'une pauvre secrétaire =p. -|

Tous les représentants invités étaient arrivés, hormis la Sénatrice Stieen dont nous n'avions aucune nouvelle bien qu'elle ait répondu à mon invitation. Tout ne se passait pour l'instant pas trop mal. Le ministre avait encore fait montre de son calme habituel dès son arrivée, j'avais escorté jusqu'à la salle les représentants des systèmes de Naboo et de Mon Calamari. Tout semblait pouvoir se dérouler au mieux. Je passais de sénateur en représentant et de représentant en sénateur. Il me fallait les rendre plus conciliant, plus ouvert à force de sourires et d'amabilités. J'étais l'intermédiaire entre eux et la personne du sénateur, beaucoup d'entre eux me connaissaient déjà et m'avaient connue bien avant de rencontrer le sénateur en personne.

Je venais de quitter une délégation lorsque je remarquais la tendance du représentant Lian Janeiro à rester en retrait de la foule et des mondanités. Bien que son handicap soit une cause possible à cette tendance, la façon dont son sourcil s'arquait fréquemment en signe d'interrogation montrait bien en réalité qu'il n'était pas habitué à cette sphère et que bien des rituels lui paraissaient obscurs, voir mystiques. Obéissant de nouveau à l'une des premières règles de ma fonction, je m'approchais doucement de ce dernier qui s'était discrètement installé près des tables aux petits fours dévastés, et lui adressait un sourire cordial avant de lui dire :


« La compagnie ne vous sied pas ce soir Monsieur Janeiro ? Ou bien est-ce peut-être nos victuailles qui ne se trouvent pas être à votre goût ? »

Le ton était léger, plaisant, et voulait faire sourire.


Aramyss sourit à la question de la jeune femme, signe probable qu'aucune de ses deux hypothèses n'était la bonne. Le Sephi tourna calmement la tête vers elle sans pour autant rediriger son fauteuil, gardant ainsi un oeil sur la table et leur hôte.


« - Je serai bien difficile si je n'appréciais pas tout ce qui se trouve devant moi. Mais comme le dit l'addage, si tu n'as rien à dire, tais-toi. Voyez-vous, je préfère regarder ce qui se passe pour savoir où je mets les pieds.-c'était le cas de le dire.- Mais l'ennui maintenant que vous êtes là, c'est que j'aai trop de choses à dire et je ne sais pas par laquelle commencer. Vanter votre beauté une nouvelle fois ou vous accaparer pour vous demander les raisons profondes de ce banquet. Je ne remets absolument pas en cause votre sincérité, mais l'intelligence de votre parti serait mis à mal en revanche si je pensais qu'il n'y a rien de plus que "soutenir le chancelier". Que comptez-vous faire par la suite? Même vous personnellement... Enfin, je sais que je suis un peu rabas joie parfois, vous n'êtes pas forcée de me répondre. C'est moi qui me mets toujours un millier de questions en tête. Sur les sujets qui m'intéressent en tout cas. »


Le jeune homme s'il se voulait être discret n'en était pas moins perspicace, sur certaines choses tout du moins. Aux compliments que j'avais l'habitude d'entendre je répondais par un sourire timide qui exigeait à lui seul qu'on ne revint pas sur cette question, ce que je fis, et je répondais de ce fait directement aux autres idées que le représentant venait de soulever.

«  - Nous ne souhaitons rien d'autre que de souligner l'Harmonie et la concorde qui règne autours du chancelier. Les attaques virulentes dont il a fait l'objet ces dernières semaines ont encouragé le Sénateur à cette manifestation de soutien. Au moment même où notre République est menacée par des instances séparatistes, nous devons nous montrer souder et renforcer les liens qui nous unissent. Quant à moi, je suis la Secrétaire du Sénateur Janos, et de ce fait, n'est d'autre envie que de faire mon métier. Je ne vous cache pas mon admiration pour cet homme et les idées qu'il défend. Il m'a donné une chance incroyable en m'accordant cette place auprès de lui, et essaierais de ne pas m'en montrer trop peu digne. J'ai cru comprendre que votre présence était due à la santé de votre frère, surtout ne pensez pas que celle-ci m'indispose, mais je ne peux m'empêcher de m'inquiéter de ce dernier. Comment va-t-il ? »


« - Il va bien, les Quarrens ont juste une espérance de vie moindre que vous autres humains, il vieillit, c'est son cycle, on ne peut rien y faire et malheureusement ça n'ira pas en s'arrangeant.-Se disant Aramyss ne semblait pas spécialement cruel, en fait il avait gardé son air affable, bien que son sourire se soit amoindri. Il ne se réjouissait pas du mal de son frère, mais sa nature très directe était revenue au galop. Personne ne pouvait rien faire pour Tarock, inutile de se préoccuper pour aujourd'hui, ça ne le ferait pas aller mieux, sans compter qu'il n'était pas à l'article de la mort non plus.- C'est gentil de vous en inquiéter cependant-Il est vrai qu'au final bien peu s'étaient enquéri de sa santé, si "inutile" cela soit-il, Gabryelle avait eu le mérite de formuler la question.- Vous n'avez donc aucune autre ambition que suivre cet homme? C'est triste si c'est le cas, j'ai l'impression que vous pouvez plus. Quels sont vos projets d'avenir, dans le parti ou dans la vie? Quant à l'idée de montrer l'harmonie autour du chevalier, je la trouve bonne, mais vous ne craigniez pas que dans un tel moment beaucoup s'offusquent? L'Harmonie nécessite-t-elle le faste? Pourquoi ne pas justement prouver son accord autour d'une table sobre ou rien ne pourrait souiller les esprits? Je vous rassure, ce n'est pas une attaque, nullement, sans quoi je ne serai pas venu. Je veux juste faire honneur à votre intelligence en vous poussant dans ce débat, si vous en avez le temps et l'envie encore une fois. »

Aucune fausseté dans les paroles du Séphi, ce n'était que de l'intérêt intelectuel, voilà ce qu'exprimaient ses yeux couleur miel qui avaient retrouvé un peu de leur lueur. Enfin quelque chose de digne se présentait... Allait-il pouvoir satisfaire son envie de savoir?


L'homme s'intéressait de près visiblement à ma personne et à ma carrière, mais il était vrai que je n'envisageais rien d'autre que de participer aux côtés du Sénateur à l'avènement, à mon échelle, d'un Ordre rayonnant. Je ne désirais rien d'autre que cette paix donc il était porteur.


" - Effectivement Monsieur Janeiro, je ne demande rien d'autre qu'à être secrétaire. Du mieux que je peux, j'aide la galaxie à accéder à cette Paix et à cette Sérénité qui sont les nôtres. Pour ce qui est de votre frère, j'avoue mon incompétence dans le domaine de la médecine, et j'ignorais la nature Quarren. Remettez lui mes voeux de paix, et ceux du Sénateur qui ne saurait faire autrement que de les lui souhaiter. "

Le jeune homme aborda alors la question du faste et des convenances. Visiblement, il n'avait pas la connaissance des grands mondes, de l'étiquette et de la nécessité de flâtter l'ego de ceux qui avaient tant de vies entre les mains.

" Avec tout le respect que je vous dois, Monsieur Janeiro, ne confondez pas le luxe et la convenance. Les sénateurs ici présent, les représentants et vous-mêmes faites partis des hautes sphères de nos mondes. Il aurait été insultant de vous recevoir sans respecter l'étiquette et les mains vides. Les richesses que vous possédez, d'une origine noble, du travail que vous avez fourni, ne sauraient être source de honte. Il en va de même pour le Sénateur. Ainsi, en vous offrant un vrai buffet, digne de ce nom, en réalité, il ne fait que vous inviter à profiter avec plaisir de mets qu'il a vaillament rassemblé. Il aurait été hypocrite de se targuer d'une fausse modestie en vous offrant un minimum vital, et prétentieux de tenter de vous éblouir par un trop plein de dorure et d'argent. Non, les Âmes auront tout le temps de discuter entre elles au sénat et dans les bureaux, aujourd'hui ce sont les coeurs que nous réchauffons. Vous me flâttiez tout à l'heure de compliments, mais regardez moi, n'ai-je fait autre chose que de revêtir un habit simple et de faire régner l'Harmonie sur mon corps ? C'est l'Harmonie à elle seule qui rayonne, si nous êtions dans le luxe outrancier et déplacé, vous m'auriez jugé tout autrement, de même que notre réception. "

Les mots étaient simples, mais sincères. Je croyais réellement en la capacité de l'Ordre à tout embellir. Un jardin magnifique.


« - Il existe peu de gens possédant votre pureté d'esprit, dans la même optique, je ne vous ai pas flatté mais je vous ai dis la vérité. Peut-être en effet que ce repas correspond à l'étiquette mais au moment de la guerre, j'aurais pensé que les sénateurs ne se seraient pas offusqués de ne recevoir que l'essentiel, et alors nous aurions pu voir lesquels seraient quand même venus. Je comprends tout de même votre point de vue et je réitère mon admiration pour votre esprit. Vous avez clairement trouvé votre vocation. Souhaitons que les choses en restent ainsi. Merci de m'avoir répondu, sur ce je ne souhaiterais pas abuser de votre temps. Bonne soirée à vous mademoiselle Evans. »

Le Sephi fit un effort pour se saisir doucment de la main de la jeune femme, laquelle pouvait la retirer si elle n'était pas d'accord. Il la baisa doucement. Ce n'était pas en cela que consistait l'effort bien sûr, mais répondre à l'étiquette lui était plus difficile. Pourtant c'était la récompense de Gabrÿelle pour être aussi pure, il prouvait respecter son point de vue de la sorte. Souriant le Sephi la regarda directement dans les yeux, franc, jusqu'au moment où elle s'en irait.


Je me laissais faire, c'était un homme et il était en droit de me montrer son respect selon cette coutume. Un sourire aimable salua son geste, et je retirais ma main, faisant légèrement naître le rouge sur mes joues, feignant par là être légèrement gênée par tant d'attention. Soudain, le vacarme d'un chariot à répulsion entrant en collision avec un droïde m'obligea à tourner la tête dans la direction de l'incident. Saluant le représentant d'un signe de tête respectueux, j'évoluais immédiatement en direction du tumulte.

Je m'avançais doucement du ministre après avoir donné les ordres nécessaires pour mettre le droïde défaillant hors d'état de nuire à quiconque. Il était sûrement furieux, mais ma fonction exigeait que je tente de l'apaiser du mieux que je le pouvais, ce que je m'appêtais à faire sans sourciller :


" Monsieur le ministre, je me vois navrée de cet incident. J'ai pris les dispositions nécessaires pour en punir la cause. Voulez-vous bien me suivre ?"


À l'approche de la secrétaire, le Hutt eut un mouvement de recul. Était-il surpris par une réaction aussi rapide, ou souhait-il simplement conserver le plus d'espace possible entre lui et ce qu'il jugeait comme l'une des responsables de ce fiasco ?

« Melle Evan, veuillez garder vos distances ! Cela me fait une belle jambe de savoir que le droïde responsable de cet incident a été désactivé ! »

Il parlait à voix haute, sans pour autant crier... Dans un autre contexte, cette expression, dans la bouche d'un Hutt, aurait pu être pris pour de l'humour.

« Ayez seulement l'obligeance de m'indiquer où sont les commodités, que je puisse passer un peu d'eau sur ces tâches de graisse ! Dans mon malheur, j'ai de la chance ! Mes ponchos sont fabriqués en fibre synthétiques lipophobes, de sorte qu'ils ne puisse se tacher aisément des mes secrétions de mucus... Du coup, les tâches devraient partir si je les retire RAPIDEMENT... »

L'impatience transpirait littéralement par tous les pores de sa peau graisseuse.


Je ne montrais aucun signe d'énervement face aux velléités du ministre, et me contentais d'arborer un visage courtois, accordé à la situation, juste assez conciliant pour ne pas renforcer la colère du Hutt et assez neutre pour ne pas amplifier ce qui en réalité n'était pas un incident diplomatique majeur. J'invitai le ministre à me suivre d'un signe poli de la main et m'adressai de nouveau à lui :


" Vous me voyez désolée des désagréments que vous rencontrez depuis votre arrivée monsieur le Ministre. J'avais pourtant expressément demandé à ce que l'on ne vous indispose pas, et les petits fours étaient fait pour vous. J'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur. Dans le cas contraire, je suis sûre que l'on pourra trouver un moyen pour moi de me faire pardonner."


« Veillez au moins à ce qu'aucun droide ne m'approche plus... »

Ragda paru hésiter un instant, puis il répondit sur un ton plus calme :

« Si vous voulez vous faire pardonner... Et bien arrangez vous donc pour organiser une petite entrevue privée avec Lord Janos, ce soir. Je ne vois pas d'autre option pour oublier ce petit désagrément. »


« - Ce sera avec plaisir que le Sénateur vous accueillera dans son bureau avant que vous nous quittiez monsieur le Ministre. »

Le Hutt flottant trop bien identifié s'éclipsa dans les commodités réservées aux hommes et je l'attendais patiemment le temps qu'il se rendît de nouveau présentable, en profitant moi-même pour réajuster une ou deux mèches de cheveux. Quand enfin le vombrissement des répulseurs se fit de nouveau entendre, j'accompagnais le Ministre sur le chemin du retour juste à temps pour assister au discours.

Je notais l'arrivée tardive de la sénatrice Stieen avant de me concentrer au maximum sur la réaction de chacun des invités face au discours du Sénateur qui venait d'arriver devant nous. Tout avait été soigneusement prononcé, calculé, et cela ne manquerait pas de faire un effet certains aux nombreux élus et représentants présents.
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Les oreilles du Sephi avaient capté un bruit intéressant. L'une pivota légèrement en arrière, moins mobile que celle d'un félidé-comme cette chère sénatrice Stieen qu'il ne connaissait que de nom.- mais tout aussi fine. Quoique, pour cet événement, nul besoin d'avoir l'ouïe aiguisée, Ragda faisait grand bruit comme d'habitude. Aramyss fit pivoter son fauteuil roulant d'une main, observant la scène qui se déroulait du mieux qu'il pouvait de son coin, et naturellement dans une position assise. Le jeune homme esquissa un léger sourire amusé, non il n'était pas ravi de voir la limace dans cet état, ignorant d'ailleurs ce qui l'y avait poussé mais la scène avait le mérite d'être drôle au moins. Forcé de faire confiance au sénateur, le Sephi avait accepté son offre, laquelle se révélait honnête jusqu'à maintenant, aucune raison donc de souhaiter le pire à son patron. Aramyss le salua, deux doigts posés sur sa tempe qui se retiraient ensuite d'un geste tonique. Il laissa ensuite glisser ses yeux de miel sur la jolie féline qui était bien connue pour avoir des problèmes de santé. Elle aussi resta un petit moment à l'entrée, parlant d'il ne savait quoi avec Gabrÿelle qui avait eu l'amabilité de répondre à ses questions précédemment. Le "faux" quinquagénaire la salua de manière un peu plus conventionnelle que ce qu'il l'avait fit avec Ragda, inclinant légèrement la tête avant de continuer son tour à sa manière.

Halussius était naturellement présent, le Jedi Gris pouvait sentir son aura lumineuse le suivre même lorsque ce dernier était hors de sa vue. Pour Aramyss qui avait une tendance claire, c'était une présence plutôt apaisante. Pour une fois, lorsqu'il avait été élu, le Sephi n'avait pas eu de répliques ironiques aux lèvres, satisfait de le voir monter sur la chaise de Chancelier. Jusque là, l'homme s’acquittait bien de sa tâche, Aramyss le salua également mais de manière furtive, sans chercher comme certains à accaparer son attention à tout prix.

Le maître de cette petite sauterie se faisait attendre, le Sephi daigna accepter un petit four qu'on lui proposait gentiment pour la 5 ème fois. Ils étaient très bien reçus ici, aucun doute sur cela. En revanche l'Ordre semblait se transformer en chaos sous les discussions engagées, les mains qui capturaient les verres, la nourriture qui tombait. En général les gens savaient se tenir mais comment éviter le désordre avec un tel nombre? Et puis c'était encore plus frappant quand le rangement précédent leur arrivée était aussi exagéré. Parmi ce flot de personnes Aramyss fut surpris de reconnaître Alan Bresancion. Ce dernier avait semblé parler avec Halussius quelques instants, mais désormais le Chancelier s'en était allé, marchant au milieu des convives. Le Sephi se fraya un chemin, il commençait à bien manier son fauteuil roulant maintenant bien qu'il y ait encore des petits ratés. D'un autre côté, les gens de la bonne société ne pouvaient pas espérer lui couper la route sans être pointés par leurs "amis" choqués. Aramyss avait donc la route libre, avec toutes les attentions qui vont avec entre certaines tablées. Cette mièvrerie l'agaçait un peu, comme ces femmes tentant discrètement de glisser un "fais attention chéri, il est en fauteuil roulant." alors qu'il n'était même pas sûr que ces dernières pensent réellement à leur mari avec ce terme; sans compter cet apitoiement sur sa personne qui l'énervait. Mais bon, c'était bien pratique! Ainsi il se fraya un chemin jusqu'au médecin, ignorant si ce dernier accepterait de lui parler ou le reconnaîtrait même. Sur sa route, il rencontra un proche humain particulièrement attirant, un Falleen semblait-il.

Aramyss décrocha ses yeux de l'intrigante créature puis se concentra sur son arrivée. Il ne s'agissait pas de surprendre ce pauvre médecin et de lui faire renverser son vin sur lui, pauvre Aramyss. Si tenté que ce cher collègue de roulettes en soit à l’apéritif, comment le savoir de dos? Le jeune homme fit le tour pour arriver en face du docteur, lui souriant gentiment, sans ironie aucune. Ce dernier avait su gagner son respect, Aramyss l'appréciait réellement bien que celui-ci fut incapable de le guérir, sa qualité de vie était bien meilleure grâce au savant.

-Docteur, bonsoir, quelle bonne surprise de vous trouver là. Mais cette soirée n'était-elle pas réservées à nos amis politiciens? Pour ma part je ne fais que représenter mon frère Tarock qui est malade. Mais vous, avez-vous des idées politiques pour être ici ou un membre de votre famille versée dans le domaine? A moins que je ne me trompe encore et que l'ambiance n'était pas sensée être politique.

Le Jedi gratta son menton, réfléchissant sérieusement la question avant de hausser les épaules et prendre deux coupes sur un plateau, souriant à Alan en attendant sa réaction. Si ça se trouve, il allait se prendre un vent monumental. Après tout ils étaient sortis du cadre de ce bureau de médecin, qui sait si l'homme aurait envie d'avoir affaire à un pauvre type lui aussi handicapé. On croirait qu'ils se réunissaient tous dans un coin comme une secte par la suite. Enfin, quitte à parler à quelqu'un, le diplomate peu doué qu'il était avait préféré s'adresser à une personne qui le "connaissait" un minimum et qui lui était sympathique. S'il pouvait faire passer le temps avec une conversation agréable, ça n'en serait que mieux, en effet, le maître des lieux se faisait attendre mais qu'importe, au moins Aramyss avait le temps d'observer ainsi...

Finalement Lord Janos apparut, l'un de ses yeux bleus luisait de manière intense, trop pour être vrai mais les déboires de ce dernier n'étaient pas inconnus, aucune surprise donc. Aramyss était même en partie venu pour cela, mais lorsque le discours fut prononcé le Jedi ne s'arrêta pas à cela. Sans aucune agressivité mais avec son effronterie habituelle, le quinquagénaire approcha son Aura de celle de l'homme qui devait avoir son âge, l'apparence en plus. Ce dernier avait évoqué le fait d'avoir été formé au sein du Temple, Aramyss était donc curieux de trouver ses marques dans la Force, sans chercher plus loin toutefois. Tout comme il avait cru déceler une certaine empreinte chez Gabrÿelle, le Gris sentit une capacité chez l'homme, certainement plus expérimentée que la sienne d'ailleurs qui bien que plutôt bonne demeurait chaotique. Il faut dire que Janos avait reçu une formation en or chez les Jedis, Aramyss devait bien le reconnaître, tandis que lui s'était contenté d'apprendre sur le tas aux côté de Kiaran. Quant à la diplomatie, il avait également été mieux formé que lui, mais grâce à une meilleure réception tout simplement. Le Sephi avait eu bien des précepteurs, seulement il ne les avait jamais trop écouté et ne s'était de toutes manières pas montré talentueux dans cette matière.

Ainsi, il ne pouvait qu'admirer la verve et la mise en scène de Lord Janos, ainsi que son audace. Si mauvais soit le brun dans la politique, il comprenait combien les idéaux de cet homme pouvaient lui porter préjudice. Il avait invité des gens pour leur proposer de céder leurs pouvoirs au nom d'une seule et même personne, le chancelier Halussius Arnor. Lequel était également chevalier, chose qui devrait normalement le pousser à refuser ce genre d'arrangements vu ses principes Jedis. En effet, Aramyss voyait mal les sénateurs accepter, ce serait comme demander soi-même de descendre en grade au sein d'une entreprise. Moins de décisions, moins de salaire, moins de liberté. Ce chaos faisait partie de la République, sans quoi cela serait un empire. Halussius avait beau être un excellent chancelier, il ne pouvait pas détenir plus de pouvoir. Aramyss pensait que ce dernier serait contraint de refuser en public après avoir été mis devant le fait accompli. Voilà qui promettait d'être intéressant à observer.

Après que le discours fut prononcé, le Jedi Gris hésita à intervenir, il était intéressé et ne voulait pas mettre le "bordel" comme il avait pu le faire plus jeune. De plus, il avait beau détester Tarock, un certain respect pour sa profession avait vu le jour ces derniers temps. Aramyss avait grandi, surtout depuis son accident. Si son âme n'avait jamais eu autant de noirceur que certains détracteurs le croyaient, il n'avait pas hésité à déranger, railler, gâcher même parfois le travail des autres. Mais pas cette fois, le Quarren était ce qu'il était, mais ce dernier avait gagné loyalement -pensait-il tout du moins.-sa place, cela serait inutile de lui faire un affront en se servant de son nom pour mettre le bazar. Cela serait très impoli de ne pas dire le fond de sa pensée de son point de vue, ce serait ignorer l'intelligence de l'homme et toute sa préparation pour ce discours, certes un peu trop théâtral mais rondement mené. Toutefois, le Jedi Gris se retint, toujours au nom de la courtoisie, il devait laisser Halussius s'exprimer ainsi que les autres sénateurs car lui-même n'était qu'un représentant et Tarock ne lui avait évidemment pas donné son entière confiance. Il était là pour l'image. Le jeune homme se tourna donc vers son voisin à défaut de mieux.


-Et bien... Que pensez-vous de tout ça? Le chancelier devrait refuser vu ses principes Jedis... Si je ne me trompe pas, mais Lord Janos doit encore être mieux placé pour savoir ce qu'il adviendra vu sa formation. Peut-être que je fais erreur et que Halussius Arnor va accepter? Et les Sénateurs ici présents... Vous croyez qu'ils se laisseront retirer leur pouvoir, leurs droits ainsi?


Demanda-t-il, appliqué comme toujours lorsqu'il était sincèrement intéressé. Finalement, cette soirée promettait de ne pas être aussi ennuyeuse que tous ces galas horribles dont il avait l'habitude. Restait à voir s'il faisait de la rhétorique seul ou si Alan avait également une opinion sur la question. Aramyss lui, était déjà en train de repasser les extraits d'hologramme passés dans sa tête. C'était judicieux, très judicieux mais après tout, que connaissait-il lui de la diplomatie? En tout cas, cette idée d'Ordre quoique bien présentée commençait à lui donner des frissons dans le dos en y repensant, ce serait vraiment effrayant d'offrir le pouvoir à une seule et même personne et de nommer ça "République", quand bien même le chancelier était une personne estimée. Qu'allait-il advenir?

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Ce Ministre-Sénateur était pour moi une heureuse énigme. Un Hutt.. Je n’étais pas un raciste, ça non. Mais il fallait admettre à chaque race un tempérament, et connaissant celui de nos amis, il était curieux d’e voir un ainsi.
Je ne pouvais qu’admirer la volonté de Mr Rejliidlic d’être auprès du Chancelier. Il devait sans doutes payer au prix fort sa génétique dans sa loyauté. Beaucoup devaient être ceux qui doutaient de lui par principe. Pour ma part, même si je ne m’accordais plus au Chancelier et que j’avais présentement des préoccupations plus… des-astreuse bleutée (ndlr : désolée de ce jeu de mot vaseux..), la vertu était une chose que je louais sans honte, fut-ce chez mes rivaux. Mais si j’ai commencé cette pensée par un « même », c’est bien que malgré tout, il m’inspire qu’à moitié confiance ce Hutt. Rectifions..
En tant que ministre honnête, il m’inspire qu’à moitié confiance. En revanche, s’il se révélait être un malandrin de haut vol, le genre de gripsous superclasse, là, je lui ferais ENTIEREMENT confiance. Et, de surcroit, il achèverait de m’amuser.
Tss, tsss.. Alan, te voilà à préférer les membres de ton gouvernement lorsqu’ils sont vraiment malhonnêtes plutôt que faussement honnêtes..

Mais il avait quelque chose en commun avec moi : une aversion pour la machinerie droïde.

-Comme je vous comprend.. La Sénatrice aurait été dans un meilleurs état si elle n’avait pas remplacé des humains plus machines qu’humains –des militaires, par des véritables machines. Le Palais Natania était d’une tristesse avant que j’y mette bon ordre.. Mais bon, en tant que toubib je suppose que mon rapport avec le vivant fausse l’objectivité de mon point de vue sur les droïdes que j’ai généralement en horreur. Malgré leurs qualités.

Du reste, je prenais avec un certain recul ses paroles à propos de la Sénatrice, ne sachant réellement comment les prendre. Mais autant rester courtois et amical, gardant cet agréable sourire doux aux lèvres. Après tout, Ambre était l’allié du Chancelier aux dernières nouvelles..

-Je suis heureux de voir que les valeurs de la République ne se perdent pas, et que la santé de la Sénatrice Natania est un sujet qui sait unir tous les partis du Sénat. C’est grande joie de voir que la politique ne fait pas perdre la tête aux personnes au points de sombrer dans de sombres volontés.. Mais c’est avec peine que je suis obligé de vous dire que le Sénat risque de s’unir longtemps pour s’inquiéter de son état : elle ne va pas bien. Mais je suis certains que vos sollicitations seront pour elle un baume au cœur.

D’accord, d’accord. Admettons que j’étais un brin ironique sur le début. Comme si quelqu’un en avait sincèrement quelque chose à fiche de la santé d’Ambre. On voulait savoir si un allié était fiable. Du moins était-ce le cas de la majorité. Peut-être que certains faisaient exception, et, étant dans l’entourage d’un Jedi-Chancelier et lui-même original, ce Hutt pouvait peut-être bien être sincère, d’où ma douceur de ton, au cas où. Mais faut pas pousser. M’entendre dire que le Sénat sait être cool et sympathique : niet, c’était juste une blague posée sur un air calme.
Quant à moi.. Ben je n’en saurais rien.

Percutant le droïde, l’acte qui en suivit fut assez surprenant et rapide, suffisamment pour me faire effectuer un mouvement de recul brusque motivé par la soudaineté. Chose, qui, lorsqu’on a une jambe unique est une prouesse d’équilibriste. Mes lunettes volèrent au sol tandis que ma canne reprit très vite le chemin de par terre afin de m’éviter une chute. Repris de justesse, je tendis la main afin de reprendre, d’un air agacé, mes lunettes de la main d’un droïde serviable, pour aller ensuite constater les dégâts que le feu de l’action m’avait empêché de voir.

-Je suis navré, Mr le ministre, j’aurai du vous dire qu’un droïde s’avançait.. J’espère en tout cas que vous arriverez à sauver votre tenue ! Au besoin, j’ai un homme de main dans la navette, de chair et d’os, n’hésitez pas à faire appel !

Ajoutais-je alors qu’il partait déjà. Bon.. Sincèrement.. Son poncho.. C’était à peine visible les tâches. Non pas que les dégâts aient été minimes.. Mais lorsqu’on porte une tenue horrible en cyan et rouge avec des poids.. C’est pas des tâches de gras qui vont marquer une différence. C’était déjà moche avant, TRES moche.. Et comme diraient les grands savant : lorsqu’on retire quelque chose à une entité qui est déjà infiniment négative, le résultat reste le même. Donc qu’il ne s’inquiète pas : son poncho est toujours aussi affreux. Disons, pour le jeu de mots, qu’il relève à présent d’un meilleurs goût, ce dernier étant hélas plus gustatif qu’esthétique.
Mais on parlait à d’un évènement qui avait coupé court à notre discussion, me laissant donc seul à mirer cette troupe d’animaux politiques… Jusqu’à l’arrivée de ce bon vieux Aramyss dont j’ignorais le penchant politique..

-Dans ma famille, on vend des fruits et on soigne des gens.. Du moins on essaie, ajoutais-je avec un regard sincèrement triste pour lui. Mais je suis l’intendant de la Sénatrice Natania, et son plus fidèle ami. Dans la mesure ou elle se porte mal présentement, j’assure ses fonctions.
Vous avez raison, je ne suis pas un politicien. Moi, je me contente d’être doué.


Je notais dans un coin de ma tête l’appartenance d’Aramyss a une famille de haut dignitaires, puis j’eu juste le temps de clore ma remarque avant que le maestro fasse son entrée, puis son discours.
Je ne m’attarderai pas dessus tant l’interrogation de mon camarade handicapé et la réponse que j’offre à cette dernière cerne parfaitement le fond de ma passé.

-J’en pense, en vérité, trop peu de bien. Les droits des sénateurs, en soit, on s’en tape. Le fait est que cela change fondamentalement la façon de diriger la République. Je ne sais pas ou Janos veut aller. Je sais juste que vu comme sont les hommes, il ouvre la porte à la dictature.
Et même si son idée se passait bien, Naboo a déjà une reine, et elle ne cède en importance devant personne. Le Sénat et le Chancelier gouvernent AVEC les dirigeants locaux. Changer cet équilibre serait la porte ouverte à la dislocation


Je hausse les épaules, avec ce calme et ce sourire doux qui n’avaient été nuancé par Janos que par un froncement léger de sourcils.

-Il aura beau dire, je ne vois là que de l’idéalisme. Un idéalisme que je n’aime pas, et pire encore, que je trouve dangereux. Quant à Halussius.. Je ne suis pas dans sa tête, il se prononcera lui-même bien assez tôt et clairement. J’ai soutenu jusqu’ici la cause du Chancelier, mais je n’irai pas plus avant si c’est pour payer n’importe quel prix.

Je hausse les épaules.

-Par contre, j’aime beaucoup ces petits trucs là.

Je montrais un petit four a moitié mangé dans ma main.
Ragda Rejliidic
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Le principe de parcimonie...

Alors que Ragda s'observait dans le miroir, le Hutt repensait à cette loi fondamentale. Un jour, un éminent scientifique avait pondu que, dans la nature, la solution la plus simple était toujours la plus probable... Un énoncé simple comme bonjour, digne d'un enfant humain de trois ans... Mais pourtant... En écrivant ces mots, ce génie avait su donner substance à une question que toutes les espèces dans cette galaxie s'étaient un jour posé : pourquoi faire compliqué lorsque l'on peut faire simple ?

Toute les espèces, sauf une au moins... Les Hutt. Esprit retord ? Esprit de contradiction ? Volonté à brouiller les pistes ? Intellect totalement pervers ? Il aurait fallu une armée de xénopsychologues pour répondre à cette question, et encore.

Ragda du prendre sur lui pour ne pas esquisser ne serait-ce l'ombre d'un seul sourire. Il se savait observé... Pas besoin d'être télépathe ou de disposer de quelconque pouvoir surnaturels pour cerner la personnalité de leur hôte... Ce Janos était au moins aussi paranoïaque que lui... Et donc, il devait avoir placé des caméras et des micros partout... Qui sait ? Peut-être s'agissait-il d'une vitre sans teint ? Dans ces conditions, Ragda devait user de toute son énergie pour garder ce faciès faussement désabusé.

A quoi pensait-il déjà ? Oui, le principe de parcimonie... Un concept étranger à l'esprit Hutt. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Tout simplement parce que la complexité était tellement plus... distrayante ! Choisir la complexité, c'était démontrer la supériorité de son intellect, un point c'est tout.

Et oui... S'il avait opté pour la méthode facile, il aurait tout simplement pu demander à Mlle Evans une entrevue avec son supérieur... Aucune classe, aucun défi... Nul à chier. Alors que... Cet incident avec le droïde ! Tellement plus inventif ! Et puis, mettre des grains de sable dans les rouages bien huilé de l'organisation de cette soirée : distrayant... Même mieux : a mourir de rire !

Ragda se racla la gorge, afin de dissimuler le ricanement qui venait d'échapper à sa vigilance. Bon, assez joué, il fallait de nouveau rejoindre les autres... La soirée ne faisait que commencer ! D'un geste nonchalant, le Hutt jeta la serviette dans une corbeille, celle là même qu'il venait de frotter frénétiquement sur son poncho afin d'en faire partir les tâches graisseuses. Comme prévu, les fibres synthétique lipophiles du tissu n'avaient absorbé aucune substance... Son poncho était comme neuf !

Le Ministre bomba le torse, respira un grand coup, puis fit volte-face afin de quitter la petite pièce. A peine eut-il actionné les commandes tactiles de la porte, qu'un brouhaha infernal se déversa jusqu'à ses oreilles. La soirée battait son plein... Les convives discutait tout en grignotant les amuses-bouches... Et la pot de colle d'Evans n'avait pas bougé d'un pouce ! Sans un mot, mimant toujours son énervement, le Hutt laissa la secrétaire le guider... L'accompagnait-elle par simple déférence ou bien parce qu'elle redoutait qu'il se mette à fouiner à gauche et à droite ?

Quoi qu'il en soit, ils furent de retour, dans la salle de réception, juste à temps pour assister au discours du Sénateur... Un long discours... Peut-être trop, puisque du coin de l’œil, le Hutt remarqua plusieurs de ses homologues décrocher rapidement, a priori plus désireux d'analyser la contenu de leurs assiette que celui des paroles de leur hôte. A moins que ce ne fut l'expression de leur gène, de leur désapprobation ? S'il lui fallait reconnaître une qualité à Lord Janos, Ragda aurait cité son engagement, sans l'ombre d'un doute. Ce Sénateur brillait par ses principes strictes, à la limite de la psychorigidité. Les mêmes mots revenaient toujours : Ordre, Harmonie... Dans un sens... Pourquoi pas... Il n'avait pas tord. L'anarchie se révèlerait toujours la pire ennemie de la démocratie, bien plus perverse que la tyranie... Pourtant, lorsque Ragda décrypta les quelques lignes envoyées sur son datapad, il ne pu s'empêcher de lâcher à voix basse :

« Mais qui nous a foutu un imbécile pareil ?! »

Mlle Evans, toujours proche, avait-elle entendu ? Peu lui importait. Il baissa les yeux pour capter son regard et lui demanda, d'un ton plutôt autoritaire :

« Ce petit numéro ne m'est guère plaisant... Arrangez-vous pour que je puisse rencontrer votre supérieur rapidement... Nous avons beaucoup de choses à nous dire... »

Puis, actionnant avec dextérité les commandes de son chariot, le Hutt se dirigea d'un « pas » décidé vers le Chancelier Suprême Halussius. Bien que ce dernier semblait occupé, Ragda s'imposa :

« Excellence, j'ai quelques mots à vous dire... en privé. »

Son ton ne laissait planer aucun doute quant à la gravité des mots qui allaient suivre... Et quand les circonstances furent plus propices, il continua :

« Je commence à me demander si cette invitation n'est pas un piège tendu par nos adversaires politiques. Je vous conseille une vigilance particulière Votre Excellence... Vous avez lu ses propositions ? Je veux dire... Dans le fond, il n'a pas vraiment tord... Mais dans la forme, il nous propose ni plus ni moins qu'un suicide politique ! Imaginez si quelqu'un diffusait ce message, en l'état, à un Sénateur comme Ion Keyiën par exemple... Il aurait l'effet d'une bombe ! On vous accuserait de tous les maux, de cautionner tous les extrêmes ! »

Il marqua une pause pour réfléchir. Puis continua sur un ton plus calme :

« Excellence, j'ai demandé une entrevue privé avec M. Janos... Je vais essayer de lui faire comprendre mon point de vue sur la question... Même si ses idées ne sont pas idiotes : ordre, harmonie, tout ça oui... Mais la façon dont il les présente : renforcement de l’exécutif au détriment des autres pouvoirs... Ce n'est pas acceptables ! Et puis... J'ai comme un doute sur ses motivations...

Ai-je votre confiance pour tirer ces points au clair ? »


Il venait évidemment d'enregistrer toute la conversation. Au cas où Halussius refuserait son aide... Et bien, dans un avenir plus ou moins proche, il pourrait toujours se défausser de toute responsabilité, si jamais la situation... dégénérait.
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Halussius avait reposé son verre sur l'une des tables de cocktails généreusement garnies. Le jeune homme ne savait plus où se mettre. D'abord quelque peu flatté par les propos du sénateur Janos, la tension était vite montée en lui lorsque le politicien commença a préconiser des restrictions aux prérogatives du Sénat galactique.

Halussius et Rasaak se regardaient tous deux. Le secrétaire n'en menait pas large non plus. Le togruta se remémorait cette brève discussion entre le Chancelier et lui, lors du trajet les menant jusqu'à la réception... Il se rappelait les doutes et les inquiétudes du Chancelier quant à l'image et au signal que sa présence à cette réception allait envoyer aux sénateurs... Ses doutes et ses inquiétudes se confirmaient. Le secrétaire général s'approcha alors d'Halussius et lui dit discrètement.


 « Je suis terriblement désolé et navré, Excellence, je ne m'attendais pas à un tel discours... Si vous le désirez, je fais appeler votre navette, afin que nous puissions partir sur l'instant... »

 « A quoi vous vous attendiez ?! Vu la réputation et les antécédents politiques de notre hôte, on ne pouvait que craindre ce genre de débordement... »

Halussius resta un moment silencieux, un bref instant, un instant suffisant pour convenir en lui de l'attitude à adopter.

 « Je ne part pas... Lord Janos est le représentant officiel d'un monde républicain et je suis son invité. Je manquerai à tous mes devoirs protocolaires si je me défilais maintenant, sans aucunes raisons valables... »

 « Si je peux me permettre, Excellence, le fait que vous soyez le Chancelier suprême est une raison qui se suffit à elle même. »

 « Je sais... mais ce n'est pas ma façon de faire. »

Rasaak prit acte de la décision d'Halussius... Il s'en voulait terriblement. Il s'en voulait d'avoir amener le Chancelier dans une situation aussi délicate. L'image d'Halussius se dégradait de plus en plus au Sénat... Qu'en serait-il alors si l'on apprenait qu'il fréquentait des politiciens aux idées controverser et clairement en défaveur du Sénat... Il est clair qu'il n'avait pas besoin de cela.

Aussitôt que Lord Janos annonça la transmission de son projet de révision constitutionnelle, Rasaak pris son data pad et afficha le projet sur l'écran. Halussius n'eut même pas besoin de demander à son secrétaire de quoi il en retournait que se dernier lui tendait déjà le pad pour qu'il le lise.

Les propositions étaient brèves... mais préconisaient des bouleversements profonds et radicaux. Halussius sentit une légère monté de stress à la lecture des cinq propositions. Machinalement, ses yeux parcouraient la foule des invités, pour voir comment les gens réagissaient. Lui même ne savait pas quoi en penser... C'est alors qu'il vit son ministre du Trésor se diriger avec célérité vers lui. Après l'avoir écouté, Halussius entreprit de lui répondre.


 « C'est un fait que les propositions du sénateur Janos sont pour le moins audacieuses... Et encore « audacieuses » est un doux euphémisme ! Vous dites qu'il n'a pas tord sur le fond, pardonnez moi, mais ces propositions, ne préconisent ni plus ni moins qu'un régime autoritaire... Une chose que je ne conçois pas pour la République !

Maintenant, il faut reconnaître que Lord Janos à soulever des points intéressants qui méritent d'être approfondis et discutés...

Je vous remercie de vous inquiéter monsieur le Ministre. Je ne doute pas que le sénateur Keyiën ou la sénatrice Anthana ne manqueraient pas d'exploiter le fait que je soit présent... Mais que pouvons nous y faire ? Je ne vais pas me dérober à présent ? Plus maintenant... D'autant plus que d'une manière ou d'une autre le contenu de ce qui c'est dit lors de cette soirée ne manquera pas d'être découvert... l'important est de savoir réagir vite et bien... pour que les choses ne tournent pas en notre défaveur.

Je ne vois pas d'inconvénient à votre demande de rendez-vous avec Lord Janos, je compte sur vous pour me tenir au courant de ce qui en ressortira... »


Halussius fit un signe de la tête à Ragda en guise d'approbation.
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Comme prévu, l'effet du discours fut foudroyant. Lord Janos demeura quelques instants à contempler les convives, dont l'étrange calme trahissait certainement une gène profonde. Nombreux étaient les data pad allumés. On s'inquiétait, on chuchotait, on voyait là un opposant de la République... Parfait ! C'est ce que Janos avait prévu. D'abord passer pour un sinistre extrémiste, ensuite rectifier le tir, puis atteindre le but. Une stratégie audacieuse et risquée, mais la seule qui pût garantir un véritable succès. Une stratégie qui n'aurait jamais été celle d'un Ion Keyiën, d'ailleurs...

Maintenant qu'il était au plus bas de sa réputation, Lord Janos descendit les marches de son podium en se dandinant légèrement. Il attrapa à la volée un verre de savareen dont il huma le parfum fruité.


«Un bon cru.», se dit-il à lui-même tout en souhaitant le bonsoir à un groupe de sénateurs qui le dédaignèrent.

Sans crier gare, Dicto Audiens, le secrétaire général du parti, se précipita vers lui, perlant de sueur, pour lui dire à l'oreille, haletant :


«Sénateur, je dois vous le signaler... Désolé, mais... votre discours est un échec... La plupart des invités parlent contre vous... Vous y êtes allé un peu fort, je crois...»

Le léger sourire dont s'était paré le sénateur resta intact.

«Je le sais bien, Audiens, je le sais bien. Mais cette réaction fait partie de mon plan.»

«Ah... Ah bon ?»

«Voyez-vous, la politique n'est pas si différente du dressage. Au commencement, vous frappez l'animal d'un bon coup afin qu'il vous craigne. Il vous détestera sûrement, mais ce n'est qu'un début. Plus tard, avec le temps, une fois que sa haine à votre égard n'aura d'égal que sa crainte, vous vous montrez plus doux avec lui. Alors seulement il comprendra qu'il faut savoir vous respecter et il vous traitera comme son maître. Ainsi de sauvage, la bête devient civilisée et se plie à l'ordre. Nous n'en sommes qu'au début du dressage, Audiens... Pour l'instant, ils me détestent. Bientôt ils nous craindront. Et ensuite...»

«Euh... Sauf votre respect, je ne suis pas certain de votre théorie, sénateur...»

«Faites-moi confiance, Audiens. Je peux vous assurer que, sous peu, le Chancelier m'invitera dans son bureau, non pour me frapper d'anathème, mais bien pour discuter de notre projet de loi. Alors nous aurons réussi la première étape de cette immense tâche qu'est la restauration de l'ordre dans la République.»

«Si vous le dites...»

«Mais goûtez plutôt de cet excellent savareen. Une bonne année, si vous voulez mon avis.»

«Euh... Oui...»

Sur ces mots, le secrétaire général se retira, abasourdi par l'étrange jovialité du sénateur.

Tandis que Lord Janos se promenait à travers les convives, qui tantôt le saluaient parcimonieusement en le félicitant pour son attachement à ses principes, tantôt le dédaignaient en ne respectant l'étiquette qu'un minimum, l'œil artificiel analysa les figures des personnes présentes. Il indiqua, à partir d'un balayage des traits de Bresancion, que ce jeune homme formerait un obstacle aux projets de Cosmos. Quant à Heerla Stieen, l'œil afficha le diagnostic suivant :
«Séduite, mais distante.» Restait à confirmer ces analyses en se penchant sur les vidéos et enregistrements de la soirée. Lord Janos aurait tôt fait de savoir lesquels d'entre ces gens porteraient le titre d'«ennemi» dans ses fichiers personnels...

Il fut interrompu dans ses méditations par sa secrétaire qui lui annonça que Ragda Rejliidic désirait un entretien privé avec lui.


«Un entretien privé ? Dès ce soir ? Bien... Acceptez cordialement la proposition, Mademoiselle Evans, et accompagnez notre Ministre du Trésor jusque dans mes quartiers privés. Je l'y accueillerai. Vous, vous resterez derrière la porte durant tout l'entretien. Et, bien entendu, vous ne manquerez pas de nous écouter grâce aux technologies dont nous disposons. J'ai dit.»

Sans laisser à sa secrétaire le temps de répondre, Lord Janos s'éclipsa de la salle de réception le plus discrètement possible. Il passa par l'un des chemins de traverse qui parcouraient l'énorme cargo pour se rendre plus rapidement dans ses quartiers. Arrivé à bon port, il se regarda dans l'immense miroir qui trônait au dessus du buffet, se caressa la peau du visage et remit son col bien droit. Le reflet le dévisagea sévèrement.

«Nous voici confrontés à la première réaction face à ce programme politique audacieux... Tu n'as pas le droit à l'erreur, Janos.»

Le sénateur aquiesca gravement.

«Non, je n'ai pas droit à l'erreur.»

Il fit face au reflet comme pour le braver.

«Et j'en suis capable, père. Ils m'ont pris mon visage, mais ce sacrifice ne fut pas vain. L'ordre règnera, je vous le promets. Aujourd'hui, ce masque parfaitement poli joue son premier acte.»

Le reflet se dérida et dessina un grand sourire électoral, celui du sénateur Janos.

La porte des quartiers privés s'ouvrit, laissant apparaître le Ministre du Trésor, accompagné de Mademoiselle Evans. Comme il rentrait et s'installait déjà dans l'élégant salon où Lord Janos avait décidé de l'accueillir, le représentant d'Aargau l'accueillit chaleureusement.


«Entrez donc, Monsieur le ministre, entrez donc. Installez-vous, faites comme chez vous. Vous prendrez bien quelque chose : j'ai un excellent whisky corellien au parfum boisé, agrémenté d'une légère touche de marron. Année 21.489, un très bon cru !»

La porte se referma, laissant les deux hommes seuls, et la secrétaire dehors.
Ragda Rejliidic
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« Sénateur Janos, vous êtes soit un visionnaire maladroit, soit un imbécile de première ! » lança le Hutt alors qu'il pénétrait dans la pièce, la porte toujours ouverte dans son dos. Après cette entrée en matière, Ragda se para d'un sourire quelque peu moqueur avant de faire disparaître toute trace d’émotion de ses traits hideux. D'un signe de la tête, il accepta avec politesse le verre de whisky, qu'en connaisseur, il savait hors de prix. Silencieusement, il siffla une première gorgée, profitant de cette sensation de chaleur qui dévalait son œsophage démesuré. Il repris ensuite :
 
« J'ai bien peur que la plupart de nos collègues n'optent pour la seconde proposition, raison de ma visite : je vous offre une chance de vous expliquer, d'éclairer vos idées sous un angle plus... hmmm... politiquement correct ? »
 
La large bouche du Hutt s'étira en un mince sillon, un sourire presque... amical. Ragda n'était ni en colère, ni même agacé, et ce malgré le petit incident qu'il avait provoqué pour justifier cette réunion en tête à tête. Il était seulement curieux ET dépité. Dépité de voir un esprit aussi atypique adopter des chemins aussi dangereux alors que ses idées n'étaient, au fond, pas si bêtes... Et curieux de mieux cerner ce personnage. Quel cerveau se cachait derrière ce faciès trop avenant pour être honnête ?
 
« J'ai rapidement parcouru plusieurs de vos discours... Ne vous y trompez pas, dans le principe, je suis parfaitement en accord avec vos préceptes d'harmonie... Mais, en politique, la forme compte autant que le fond, détail que vous semblez avoir oublié... sciemment ou non. »
 
Ragda ne quittait plus son interlocuteur des yeux, épiant chacune de ses mimiques :
 
« Vous devriez suivre mon conseil, et faire un peu plus attention à ce que vous dites. » continua t-il d'un ton plus sec, comme s'il s'agissait tout autant d'une menace que d'un conseil. « Bien sur, le Chancelier Arnor apprécie tout particulièrement le soutient que vous lui témoignez depuis son élection... Mais il n'a absolument pas besoin de cette mauvaise publicité que vous êtes en train de lui faire ! »
 
Le gros Hutt se racla la gorge. Finalement, si, il était agacé. Il continua :
 
« Même parmi ceux qui s'affichent comme ses alliés, il y a des Sénateurs qui hésitent toujours à soutenir nos projets de réformes... D'autres qui doutent de plus en plus... Certains même qui regrettent leur choix lors de la récente élection... Et voilà que vous arrivez, brut de décoffrage, avec vos propositions effarantes... Encore, vous auriez présenté tout cela devant les membres du gouvernement, je l'aurais compris... Mais devant les Sénateurs, ceux là même que vous cherchez à brider ! Que vous est-il passé par la tête ?! » demanda t-il hurlant presque.
 
« Vous être en train d'inciter ces sénateurs à retourner leur veste... Même pire, vous allez effrayer les fidèles, qui désireux de conserver jalousement leurs prérogatives, pourraient changer de camps seulement pour contrecarrer vos idées ! Au lieu de rendre service au Chancelier, vous lui tirez un coup de blaster dans les rotules. Vous comme moi, si le Chancelier Arnor perd ses soutiens, nous ne serons plus dans le camp des vainqueurs ! La politique, ce n'est pas seulement des principes Sénateur Janos, mais aussi une stratégie...

... Même si vos idées sont loin d'être stupides. Alors, expliquez-vous.»

 
Ragda, d'une gorgée, termina son verre, qu'il posa sur le plateau de son chariot répulseur, avant de croiser ses minuscules bras sur son énorme poitrine. Quelle mouche l'avait piqué ? Quel était son but ? Pourquoi tenir ces propos ainsi devant tous les sénateurs pro-Arnor ? Tant de questions qui méritaient des réponses...
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La réaction du Hutt ne surprit nullement le sénateur, même si la crudité de ses expressions heurta quelque peu son respect de la décence. Les traits de Janos se durcirent insensiblement à mesure que Rejliidic accumula les critiques sans lui laisser le temps de se défendre. Réaction primaire d'un politicien trop soucieux de garder la fonction qu'il occupe pour oser sortir des canons de la Constitution : voilà comment le sénateur d'Aargau eût qualifié la réaction du Ministre. Mais il fallait bien avouer que l'Ordre devrait se confronter sans cesse à des réactions primaires de ce type : celles-ci faisaient partie intégrante de cette dialectique qui amènerait au triomphe de l'Harmonie sur la Galaxie. Aussi fallait-il dès aujourd'hui les combattre.

«Ni visionnaire maladroit, ni imbécile de première. Mais le tout premier visionnaire de la République, je le concède.»

En prononçant ces mots, Janos se reprocha intérieurement la touche quelque peu orgueilleuse qu'il y avait mis. Mais l'expression en valait la peine...

«Et le seul, à ce qu'il me semble. Quoi qu'il en soit, sachez que j'ai toujours donné à mes discours la forme que je juge la meilleure. Depuis quand est-il politiquement incorrect de formuler correctement nos convictions politiques ? Si Cosmos est un parti massivement soutenu par le peuple d'Aargau, c'est essentiellement parce que j'ai toujours su employer un vocabulaire approprié et intelligible de tous.»

Subrepticement, les circuits électroniques qui parcouraient les tissus de Janos émirent une série d'ondées bleutées, ce qui donna au sénateur une texture presque luminescente.

«Voyez-vous, Monsieur le Ministre, je suis lassé. Lassé de ces langues de bois qui endorment les masses dans d'élégants discours, mais qui ne prennent même pas la peine de respecter les préceptes qu'ils affichent. Lassé de cette auto-censure que les coutumes républicaines nous imposent sans cesse. Lassé de cette tyrannie du "politiquement correct" que vous avez convoquée à l'instant.»

Son verre à la main, le sénateur commença à faire les cent pas.

«Ces dernières années, je suis resté discret ; j'attendais que mon heure vienne ; que la situation soit enfin favorable et que je puisse impunément affirmer mes réelles convictions. Mais à terme, je me le suis reproché. C'est pendant tout ce temps que l'on aurait pu me taxer de maladresse. Et à juste titre : j'ai cru que la réforme constitutionnelle dont je prône l'adoption devait prendre le visage souriant de ces hypocrites qui peuplent le Sénat. J'ai cru qu'il me fallait me plier aux coutumes politiques en usage. Et c'est ce que j'ai fait. Mais je ne suis pas un sot : j'ai fini par comprendre que ce petit jeu ne menait à rien. Non ! À rien !»

Janos prit le temps de dévisager le Ministre d'un regard sévère. Un esprit irascible aurait pris ces propos pour une accusation en bonne et due forme.

«Voilà pourquoi j'ai changé de stratégie. Voilà pourquoi j'ai tout naturellement décidé de heurter, de choquer. Je sais que vous m'accorderai au moins ceci : les esprits de nos collègues sont bien trop endormis pour que la République puisse enfin profiter des réformes dont elle a grandement besoin. Eh bien, j'ai décidé de les réveiller, de les stimuler, de remettre le débat au goût du jour. Et quand je dis : le débat, je ne parle pas de ces vulgaires querelles d'ambition qui constituent la seule dynamique de notre vie politique en ce moment. Non ! Si l'abcès doit être crevé, donnez-moi le plaisir d'y planter mon couteau.»

En prononçant ces derniers mots, Janos fit exploser le verre qu'il tenait de sa main gauche. L'un des nombreux ressorts que lui offrait son corps mécanique. Et qui, en règle générale, ne manquait pas de faire son effet.

«Vous concevez donc, mon cher Ministre, que la forme n'est absolument pas détachée du fond. Mais soyons clairs, si vous voulez bien me passer vos développements sur le politiquement correct : je me moque éperdument des critiques médiocres que vos petits vassaux pourront formuler à mon égard. Je suis, et resterai, fidèle au Chancelier Arnor, mais je ne me plierai pas à votre volonté, sous prétexte que vous désirez conserver votre fessier bien au chaud sur votre siège de Ministre. Ni à la vôtre, ni à celle de quiconque.»

Voilà qui était dit. Violence, mais sincérité : à la crudité de Rejliidic, avait répondu la crudité de Lord Janos.

«Sauf votre respect, bien entendu, Monsieur le ministre du Trésor...», ajouta-t-il en laissant se dessiner sur ses lèvres le sourire le plus cordial qu'il pût jamais afficher.
Ragda Rejliidic
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« Au risque de vous décevoir, nous n'êtes ni le premier, ni le dernier visionnaire de cette République... » Tout en répondant, le Hutt ne put entièrement réprimer la grimace de colère et de mépris qu'avait fait naitre la dernière petite pique de son interlocuteur. « Si vous croyez être le seul n'ayant jamais existé, c'est parce que tous ceux qui ont empruntés votre voie se sont brûlés les ailes bien avant d'atteindre les sommets... Ils ont sombrés dans les méandres de l'histoire, sans laisser la moindre trace. » Son regard se fit plus dur. « Et à la manière dont vous frisez l'irrespect, je ne parierai pas sur votre avenir. »
 
D'une pression de sa paume gauche, le Hutt fit légèrement reculer son chariot, pour prendre du recul, à la fois physiquement et intellectuellement. Son engin de transport, plus qu'une aide, était devenu avec le temps une extension de son corps, qu'il manipulait sans même s'en rendre compte parfois. Ce Janos... Encore un spécimen unique... Le Sénat en était peuplé. Jouait-il un jeu ? Un rôle ? Avait-il des intentions mal placées ? Difficile à dire... Le Hutt soupira, puis repris, cette fois sur un ton presque amical :
 
« Si je suis venu pour parler en tête à tête, c'est biensur pour percer vos motivations... Mais aussi pour vous prodiguer quelques conseils. Et ce malgré votre attitude plus que déplacée.» commença t'il, les yeux dans le vague. « A mes débuts en politique, je n'étais pas si différent du vous. Des grands principes... Je n'avais rien à faire du politiquement correct... Je parlais comme je pensais, sans filtre ni fioritures. » Ragda replongea alors son regard dans celui du Sénateur :
 
« Puis j'ai compris une chose essentiel. Le meilleurs moyen d'échouer en politique, c'est de se retrouver seul, sans appuis, sans soutiens. » déclara t'il lentement, comme pour mesurer le poids de chacun de ces mots. « Alors j'ai changé de fusil d'épaule... Et je suis devenu beaucoup plus... réfléchi. Ce n'est pas parce que l'on habille son discours que l'on renie ses idéaux, bien au contraire. Pour faire avancer ses idées, il faut plaire, séduire, rallier du monde à sa cause... Et non choquer.»
 
Ragda croisa ses deux petits bras sur son énorme poitrine, puis lança :
 
« Je peux vous prouver en quelques secondes que votre attitude de ce soir est absurde, et qu'elle obtiendra l'effet inverse de celui escompté si vous persistez. Et ceux pour deux raisons. » Il marqua une pause afin que ses paroles s'encrent bien dans l'esprit de son interlocuteur, avant de continuer :  « Première raison : Votre projet de loi, de révision constitutionnelle même, vise à, disons le clairement, renforcer le pouvoir exécutif au détriment du pouvoir législatif... Soit, pourquoi pas. Mais quelle stratégie de communication adoptez vous ? Vous vous adressez directement aux Sénateurs, ceux là même que vous voulez léser. Vous croyez réellement qu'au nom de je ne sais quel grand principe ils vous suivront ? Bien au contraire, ils se détourneront de vous, et, à ma connaissance, personne n'a jamais réussi à faire passer une loi sans l'avis de la majorité de ses confrères... J'ai déjà vu des peuples ennemis s'allier contre un ennemi commun... Si vous poursuivez dans cette voie, VOUS serez l'ennemi commun de tous les Sénateurs de la République.»
 
Ragda fit une pause pour déglutir, puis repris :
 
« Deuxième raison : Vous avez invité à cette soirée uniquement les sénateurs ou politiciens de haut rang fidèles au Chancelier. Excellente idée dans le fond, puisque ce genre d’événement permet à nos alliés de tisser des liens forts entre eux. Mais voilà que vous ouvrez votre bouche... Par vos propos, c'est directement le Chancelier que vous mettez en porte-à-faux ! Que vont penser ses alliés ? Quelles questions vont-ils se poser ? Croyez-vous sincèrement que le Chancelier vous soutiendra si cela risque de lui faire perdre l'appui de sa majorité ? » déclara t'il cette fois d'une traite. « Le Chancelier Arnor est un réformateur... Et cette tâche est très difficile, car beaucoup s'opposent au changement. De ce fait, chaque voix gagnée au Sénat est une victoire en soit... Vous êtes ce soir en train de saper des mois de tractations et de négociations politiques ! »
 
Ragda soupira, visiblement agacé. Cette dernière tirade avait eu pour effet de lui faire monter la moutarde au nez. En apparence il défendait avec conviction la politique du Chancelier... Oui, lui aussi voulait voir cette République réformée... Mais il défendait également son fessier...
 
« Tout comme vous, je n'ai strictement rien à faire des critiques médiocres. Ce qui m'inquiète se sont les retombées politiques qui risquent de stopper net le Chancelier Arnor dans ses projets ! Alors, oui, je le répète : ici, face à ce beau monde que vous avez convié, le forme compte tout autant que le fond. Vous n'êtes plus sur Aargau entouré de vos propres montons ! Alors arrêtez de vous faire passer pour plus idiot que vous ne l'êtes ! »
 
Le Hutt ouvrit une nouvelle fois la bouche mais se ravisa. Il ne servait à rien d'envenimer le débat. Peut-être était-ce justement ce que cherchait ce Sénateur un tantinet suicidaire : le conflit ? Ragda demanda alors, beaucoup plus posément :
 
« Qu'allons nous faire maintenant? Quand je dis que chaque voix compte, la votre également. » Le Hutt paru réfléchir quelques secondes, mais en réalité il avait déjà tout en tête depuis bien avant son entrée dans cette pièce.
 
« Ce qui est dit est dit... Il serait encore plus stupide de revenir sur ses paroles. Non. Tout ce que je vous demande, c'est de la discrétion. Si vous êtes intimement convaincu du bien fondés de vos propositions, il va falloir vous montrer plus... intelligent. Il n'y a que deux choses qui puissent pousser le Sénat à voter pour vos réformes... L’influence du Chancelier, ou la voix du peuple. A vous de choisir votre cheval de bataille... Mais par pitié, ne vous adressez plus jamais de la sorte aux Sénateurs... Surtout ceux qui soutiennent le Chancelier Arnor !

Je vous le répète, il ne s'agit ni de menaces ni d'ordres... Seulement de conseils. Libre à vous de les écouter ou non... Mais vous vous dites fidèle à Halussius ? Alors prouvez le. »
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«Je n'avais pas l'intention de paraître déplaisant, M. le Ministre. Si tel est le cas, veuillez m'en excuser. Quoi qu'il en soit, vous partez de présupposés que je trouve contestables. Je suis d'accord avec vous sur l'idée qu'il ne faut pas se retrouver seul dans le monde politique. Mais je ne vois pas le rapport qui peut exister entre cette vérité de base et la nécessité d'orner ses discours d'un tissu de mensonges et d'hypocrisie. Il n'est pas contradictoire de rallier du monde à sa cause et de choquer, bien au contraire ! Si je suis sénateur d'Aargau, c'est parce que j'ai su choquer. Mais pas choquer pour le plaisir de choquer : non, choquer en employant les bons termes au bon moment, choquer en faisant mouche à chaque situation opportune, choquer en attisant le respect et la bienveillance de mon auditoire. C'est en choquant que je pare mes discours ; c'est en choquant que je fais vivre mes idéaux.»

En employant le verbe "choquer" à peu près toutes les trois secondes, Janos était désormais certain que son idée était claire.

«Du reste, que croyez-vous ? Que je suis assez sot pour ne pas comprendre que mon geste comporte sa part de risque ? Je le sais parfaitement, mais le fait est que c'est le Sénat qui détient aujourd'hui le pouvoir. C'est au Sénat que je dois commencer ma campagne. Car je ne suis pas un général en chef désireux de marcher sur Coruscant à la tête d'une armée. Jusqu'à aujourd'hui, les tentatives de putsch ne font pas partie de mes ambitions personnelles. Effectivement, il n'y a rien de tel pour transformer une Constitution. Mais je suis, comme qui dirait, respectueux de la légalité : or à qui d'autre qu'aux sénateurs pourrais-je transmettre mes idées ?»

Janos savait que Rejliidic tenait un point essentiel en formulant cette première critique. Mais c'était la seule réponse qu'il pût y donner. Quoique tout ne s'arrêtât pas là...

«Cependant, vous avouerez qu'il faut bien commencer quelque part. Et inutile de vous cacher mon ressenti : je sais pertinemment que ce premier coup d'éclat me discréditera auprès de beaucoup, mais m'attirera également quelques alliés. Et ce dont je serais sûr, c'est que ce seront de vrais alliés, pas des ambitieux prêts à tourner leur veste dès qu'une situation plus avantageuse se présentera à eux. Dussè-je former un parti de deux personnes, au moins, nous serons deux, et soudés par les mêmes objectifs. Du reste, j'ai également conscience que cette soirée aura l'effet d'un coup médiatique : mon discours fera parler de lui dans l'holopresse, voilà qui ne fait aucun doute. Par conséquent, quand bien même je ne toucherais mon auditoire qu'en mal ce soir, il me paraît impossible que je ne trouve aucun adhérent parmi nos concitoyens. Bref, pour mille ennemis, je me ferai un allié, fût-ce un sénateur, fût-ce un simple téléspectateur. Mais je sais que cet allié-là ne me plantera pas de couteau dans le dos dès que je l'aurai tourné.»

Janos esquissa un petit sourire sournois :

«Pouvez-vous en dire autant de vos alliés, M. le ministre ?»

Il reprit aussitôt ses déambulations, seule manière pour être humain de rivaliser avec un Hutt dans la maîtrise de l'espace.

«Quoi qu'il en soit, je conçois plus volontiers votre seconde série de critiques. À cela je répondrais que je suivrai toujours la voie du peuple, si le choix s'offre à moi, mais que je ne suis pas prêt à abandonner le Chancelier sur le champ. Voyez-vous j'ai la lâcheté en horreur, et l'opportunisme en grippe. Voici donc ce que j'ai à vous proposer, et qui ne manquera pas de nous satisfaire tous deux, j'en suis certain...»

Le sénateur ne précisa pas si, par "tous deux", il parlait de Rejliidic et de sa propre personne, ou du Chancelier et de sa propre personne, ce qui ne revenait pas tout à fait au même...

«Après ce coup d'éclat, je me tairai pour les mois à venir, et ne ferai rien qui ne soit en l'intérêt d'Halussius Arnor. J'ose par ailleurs espérer que je le rencontrerai lors d'une entrevue pour que nous puissions débattre de tout cela en privé. Je me ferai donc discret quant à mes idéaux, et tenterai de m'intégrer au mieux parmi les partisans de notre Chancelier.»

Janos n'eut aucun scrupule à jouer la carte de la compromission, car cette attitude correspondait exactement à ce qu'il avait prévu - et à ce qu'il avait expliqué une demi-heure plus tôt à ce mouton d'Audiens, par ailleurs.

«Faites-moi confiance. Vous ne serez pas déçu. Je suis homme à tenir sa parole. Et quand je dis que je ferai tout pour que le Chancelier conserve la place qui est la sienne, je ne mâche pas mes mots, soyez-en certain.»

Le Lord offrit alors un sourire conciliant au Ministre. Ce fut peut-être le seul sourire conciliant qui lui offrit jamais...
Ragda Rejliidic
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« En politique les alliés sont comme les vents de ma planète, Bakura : ils viennent et ils vont, chaotiques et aléatoires... » répondit le Hutt, en inclinant la tête, conciliant. Visiblement, le Sénateur Janos et lui ne pourraient jamais tombés d'accord, tant leur conception de la politique et de ses mécaniques les opposaient... Même si au fond, tout deux cherchaient à manipuler les opinions des autres pour attirer l'attention. « Mais, quelque soit le sens du vent... Et bien... Il y a toujours du vent. »
 
Ragda s’autorisa un petit sourire amusé, répondant à celui du Sénateur Janos :
 
« Pour se retrouver seul en politique, il n'y a qu'une attitude à adopter : celle qui pourrait faire de vous un fou marginal se croyant visionnaire. Pour le reste, vous trouverez toujours au moins une personne pour vous soutenir, je n'en doute pas. Mais quoi qu'il en soit, c'est bien la quantité, et non la qualité, des alliés qui vous donnent du crédit au Sénat. »
 
Cette discussion commençait à lasser Ragda. Visiblement ils avaient fait le tour de la question. Lord Janos reconnaissait que son attitude présentait des risques pour la cote de popularité du Chancelier... Et il acceptait de faire profil bas le temps nécessaire... Que demander de plus ?
 
« Sénateur Janos, malgré nos quelques divergences d'opinion, je dois dire que je suis heureux de vous compter parmi nos alliés. Vous êtes une personne sincère et fidèle à ses convictions, je ne doute pas que ces qualités sauront vous faire respecter aux yeux du Chancelier Arnor, lui même un homme très droit.

Je ne doute pas non plus que l'opportunité se présentera de promulguer vos souhaits de réformes constitutionnelles. Le Chancelier Arnor est un grand réformateur, il a déjà accompli bien plus que ces prédécesseurs en si peu de temps. Si quelqu'un peu convaincre le Sénat du bien fondé de vos propositions, c'est bien lui. Il ne vous reste plus qu'à le convaincre vous-même.

Tout ce que je peux vous souhaiter, c'est une bonne intégration de le rang de ses fidèles. Ils sont de plus en plus nombreux chaque jours... Espérons que cela continue dans ce sens encore longtemps.

Pour ma part, je vais prendre congés, et reprendre le cours de la soirée là où je l'avais laissée. Je ne peux que saluer votre sens de l'organisation et de l'hospitalité.

Peut-être travaillerons nous prochainement ensemble dans le sillage de M. Arnor. Dans le cas contraire, je vous souhaite une bonne continuation. Que vos futurs projets soient couverts de réussite, puisqu'un homme avisé en vaut deux. »
Termina-t-il, le visage neutre.
 
Par politesse, le Hutt attendit un dernier mot de son interlocuteur. Si celui-ci ne s'exprimait pas dans les quelques secondes à venir, il s'éclipserait tranquillement afin de rejoindre les autres convives. La soirée serait encore longue... Il lui faudrait calmer les esprits surchauffés par ces déclarations irresponsables.
 
En tout cas, Ragda ne manquerait pas d'exprimer à Halussius son ressenti : Janos, un Sénateur intelligent, compétent... Mais dangereux de part sa conception de la politique. Janos, un politicien à double tranchant.
 
Le Hutt pouvait presque voir la rigidité quasi-cadavérique de la mentalité de son interlocuteur... Et il détestait cette notion même de rigidité. Lui, ne jurait que par la souplesse. Un comble pour un Hutt, être incapable de se toucher le bout du nez avec ses petits bras.
 
Sérieusement... La politique était un monde fluctuant, ou régnait le compromis. Un bon politicien devait savoir évoluer, changer d'idées... A l'image de ces espèces qui s'adaptaient aux changements climatiques pour mieux survivre. Au contraire, de celles qui s'obstinaient dans leur mode de vie finissant par s'étendre d'elle même, après parfois une apogée éphémère bientôt oubliée de tous.
 
Si les Hutt étaient l'une des plus vieilles espèces de la galaxie, tout en étant des êtres si physiquement « handicapés » n'avait rien du hasard... Ils avaient toujours su sentir le vent tourner. Si cela était nécessaire, Ragda n'hésiterait pas à renier ses convictions... A retourner sa veste en quelque sorte.
 
Alors que ce Janos lui, serait bien le genre de type à creuser sa propre tombe pour ne pas renier ses idéaux... Ce n'était pas un divergence de point de vue... Mais un véritable fossé qui séparait ces deux êtres. Un fossé de la taille d'une galaxie que rien ne comblerait jamais.
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