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La gamine l'avait retrouvé. Changée, grandie, disciplinée, mais toujours aussi casse-pied et bavarde. Pour expliquer ses ressentis sur la Force elle n'arrêtait pas d'étouffer le précieux silence avec des mots. Assassine du mystères, la gamine lui exposait point par point sa vie, et si le maître en admirait secrètement l'avancée, il se contenta de simples froncements de sourcils de temps à autres. Une vie simple et complexe à la fois, cette relation étrange avec la Force, son incapacité à parler avec les autres mais à lui casser les pieds à lui avec un flot de paroles inutiles. Une Miraluka... Ou plutôt LA seule et unique Ylm machin-chose. Ses parents devaient avoir un don de vision du futur, car pour prévenir les prochaines victimes de leur fille, ils lui avaient donnés un patronyme imprononçable.

Alycius était toujours planté sur le pas de sa porte légèrement entrouverte, un long moment il observa la "gamine" qui n'en était plus vraiment une. En chien de faïence, son regard sombre parcourant la silhouette fine de celle qui venait de quitter l'adolescence pour aborder le monde des adultes. Toujours sans maître, parce que cette idiote avait eu l'arrogance de n'en chercher aucun autre que lui. Alycius était bluffé intérieurement, Ylm prenait le risque de voir s'éteindre son rêve en ne misant que sur un seul cheval-sans mauvais jeu de mots.-, sans regarder autour, alors que pour tout apprenti plus raisonnable le pourcentage était déjà faible.

L'humilité, il pourrait lui l'enseigner en lui claquant la porte au nez. Le jeune maître détestait qu'on lui force la main en le mettant devant le fait accompli. Ylm ne serait probablement pas chevalière si il la refusait comme Padawan. Si ce n'était pas une vaine tentative pour le faire flancher, s'attendrir, qu'était-ce donc? Mais d'un autre côté, la Miraluka avait appliqué l'un de ses préceptes les plus chers: la persévérance. Se tenir à son plan initial, tout faire pour que ce dernier évolue et que la mission soit finalement remplie. Bien qu'Alycius n'ait pas pensé à prendre d'élève, surtout à peine un mois après sa nomination au rang de maître, il se doutait qu'il ne trouverait pas quelqu'un comme la jeune fille.

Le Nazzar qui avait une plus longue espérance de vie, était selon les standards, âgé de 4 ans de plus qu'elle à peine, et viendrait un temps peu lointain où le métabolisme de la jeune fille prendrait le pas sur le sien. Toutefois, mentalement, il avait quand même 13 ans d'expérience en plus, de quoi se faire respecter donc. Alycius hésita, la "gamine" se serait présentée un peu plus tard qu'il aurait seulement fait mine pour éprouver sa patience une fois de plus. Seulement au fond de lui, le Nazzar n'était pas sûr d'être à la hauteur. Après autant de tests, la Miraluka attendait certainement un enseignement de très haute qualité, peut-être même qu'elle le surestimait. Et s'il ratait tout? Et s'il mettait lui-même fin à son rêve en l'acceptant?

Aucun de ses doutes ne transparaissaient sur son visage chevalin, seulement le silence et l'attente pour la proche-humaine. Finalement, après avoir pesé le pour et le contre, sans aucune railleries, le maître se poussa légèrement pour ouvrir la porte. Il avait toujours vouvoyé tout le monde, et personne ne pénétrait dans son sanctuaire. Une chambre très bien rangée, vide de toute fioriture comme on pouvait l'imaginer, mis à part quelques grands posters de nature, de faunes et de flores venus des 4 coins de la Galaxie soigneusement accrochées à des endroits choisis avec minutie. Une preuve de ses capacités de sensibilité et de fantaisie bien cachées, à l'instar de quelques coussins colorés-quoique discrets avec leurs teintes pastelles.- disposés sur un lit tiré à 4 épingles.

-Entre.


Fit-il en dérogeant à deux de ses précieuses règles que tout ceux qui le côtoyaient connaissaient. Sans cérémoniel ni grande déclaration, le Nazzar venait d'accepter la Miraluka comme apprentie, en la tutoyant, et en la laissant pénétrer dans sa chambre. Pourtant, rien ne semblait avoir changé dans son attitude. Pas de félicitations, rien, mis à part peut-être, l'esquisse d'un sourire mais peut-être était-ce un jeu d'ombres dû au soleil qui transperçait les stores fermés qui donnaient à la pièce une impression tamisée. Finalement cette chambre n'était pas si froide, l'harmonie du peu de couleurs, les posters, la propreté, tout cela se mélangeait pour donner un petit nid douillet, certes très sobre mais étonnamment accueillant pour ce drôle de personnage.

-As-tu autre chose à dire ou à demander?

Fit-il simplement, comme si au fond son "entre" ne signifiait rien, alors que bien entendu, le "as-tu" ne faisait que souligner son acceptation, de même que ses propos. Oui, il proposait à la Miraluka de parler encore si cela lui chantait, d'exposer des théories, de poser des questions même sur sa formation. Son invitation pourtant froide était sa façon d'être très chaleureux. Enfin, tout avait une limite, le Nazzar ne comptait pas répondre si elle lui posait des questions sur sa vie d'avant. Personne mis à part ses deux maîtres -dont l'un avait trépassé- et les archives confidentielles ne savaient rien de son histoire, et c'était très bien ainsi. Alycius n'avait pas envie de faire pleurer les gamins dans les chaumières, ni de s’apitoyer, ni de mettre en avant le "courage" que son maître lui avait prêté pour avoir quitté toute une éducation, toute une famille, tout un passé difficile. Ainsi allait la vie, et maître El'Dor, s'il était intérieurement content de connaître la vie de SA Padawan ne lui offrirait pas ce luxe. Pas aujourd'hui en tout cas.

Patiemment, il attendit qu'elle comprenne, si besoin était car elle commençait à bien le connaître maintenant, puis qu'elle trouve encore de quoi gaspiller de la salive. Cette fois le léger sourire se fit un peu plus appuyé, suffisamment pour qu'on ne croit pas à un effet d'optique qu'Ylm ne pouvait pas voir -quel superbe duo vraiment- mais qu'elle pouvait peut-être ressentir via la Force. La gamine avait grandi, à ses yeux elle restait une gamine cependant, mais c'était la sienne maintenant. Et puis bon, aussi Miraluka soit-elle, soit une espèce aux mœurs bizarres, à la langue bien pendue et au visage bizarrement dépourvue d'yeux, il l'aimait bien dans le fond. Oui... Il l'aimait bien, vraiment.
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Le récit avait été long, le flot de paroles abondant et je ne m'étais pas encore tue que déjà j'avais conscience que c'était là le plus long discours que je faisais depuis mon apprentissage de la parole, et pour un long moment. Je n'avais jamais raconté mon Histoire, mais il m'était apparu comme évident de le faire auprès de ce maître. Je devais m'ouvrir, montrer mes failles, mes qualités, être honnête avec lui et avec moi, il n'y avait que de cette façon que je pouvais avancer, et qu'il pouvait juger de qui j'étais.

La fin de mon discours laissa place au silence. Je ne m'attendais pas à beaucoup de réactions, cela faisait trois ans que je n'avais jamais eu beaucoup de réactions. Pourtant, c'est grâce à ce caractère impassible que j'avais appris en trois ans à faire attention aux moindres détails de son expression, un sourcil qui se dresse, un regard qui devient fixant, un naseau qui se tend, même les mouvements de sa queue n'avaient plus de secrets pour moi. Malgré lui, le Maître Jedi m'avait appris à étudier avec beaucoup plus d'attention les faciès de mes interlocuteurs - les Rodiens, les Humains, les Twi'leks - aucune race des individus que j'avais pu rencontrer dans le Temple n'avait échappé à cet examen minutieux de ses traits d'expressions. Lorsque les apprentis philosophes du dimanche nous bassinent sans trop de peine avec des sentences comme "le visage peut en dire bien plus long que la parole", ils n'imaginent certainement pas à quel point cela peut être vrai. Enfin, seul fait notable, un haussement impitoyable du sourcil, ce même haussement curieux que je lui trouvais à chaque fois que j'étais amenée à devoir lui parler, sur le pas de sa porte, pas de porte qui devait désormais porter les traces de mes deux bottes inlassablement positionnées au même endroit à chaque fois que j'étais amener à lui rendre visite.

J'attendais, les mains dans le dos, le regard braqué sur lui, la nuque raidie par l'effort que représentait cette position, le prix à payer lorsque l'on cherche à devenir la Padawan d'un canasson de quelques soixante centimètres plus grand que vous mais lorsqu'il s'écarta tranquillement pour ouvrir davantage sa porte, la surprise marqua aussi bien les traits apparents de mon visage que mon esprit. Je m'étais tellement habitué à ce qu'il ne me lâcha qu'un conseil avant de refermer la porte, je m'attendais tellement à ce qu'il en soit de même cette fois-ci, qu'il me fallut une seconde et demi pour réaliser qu'il fallait à présent jouer selon une nouvelle donne – d'autant plus qu'il venait de m'adresser cette ordre, étrange.


«  Entre. »

Il ne m'avait pas vouvoyer ? Il ne m'avait pas vouvoyer... Non, effectivement il ne m'avait pas vouvoyer. Dans ce quotidien insipide, cette soudaine énallage prenait un goût bien plus puissant que celui auquel on est en droit de s'attendre. La situation venait soudainement de changer, abruptement, sans signe précurseur, et je sentais là comme un nouveau départ. Le pas de cette porte franchit prenait pour moi les aspects de l'entrée dans un nouveau temps. S'il ne m'avait pas appelé comme son padawan, du moins n'étais-je plus une novice parmi tant d'autres. J'étais autre chose, un être en puissance de devenir et à la recherche de sa nouvelle définition.

Je ne prenais conscience de l'intérieur de la pièce qu'une fois le seuil franchit. L'ordre, chaque chose se trouvant à sa place. Pourtant, dans ce microcosmos parfaitement régler, on trouvait également ces grandes étendues imprimés sur de la toile un peu brillante. Des espaces vides, immenses, rien d'autre que de la nature, de l'eau, de la terre, du feu, des arbres. Je venais d'entrer dans l'intimité sobre d'un Maître Jedi, dans l'intimité sobre d'un esprit, grand et curieux. Pourtant, alors que je passais devant ce grand être, un détail m'interpella. La courbe de ses lèvres. Il souriait. Infiniment discrètement, les commissures ne se redressant qu'à peine, mais ce n'était pas le regard dur et presque meurtrier de celui qui m'avait toisé sur le pas de sa porte. Non. Il souriait. Je n'avais pas à détourner le regard pour le voir, je percevais tout en regardant fixement le fond de la pièce, de sorte que si j'avais pu voir son sourire, il aurait été difficile au Maître Jedi de voir le mien, puisque l'ayant dépassé, je lui tournais déjà le dos.

Je ne me tournais à nouveau vers lui qu'une fois ce sourire disparu, je devais apprendre à figer mon visage de façon plus stricte si je voulais pouvoir un jour accéder à ce titre de consulaire, et je venais déjà de me laisser aller à deux erreurs en très peu de temps, la surprise sur le pas de la porte, et ce sourire qui m'avait échapper. Le mensonge m'était proscris, autant par conviction personnelle que selon notre Code, mais dire l'entière vérité et ouvrir trop largement sa pensée au monde extérieure était également une erreur. Un sourire triomphant pouvait faire échouer des négociations si il était aperçu par une personne à la fierté exacerbée qui – s'en trouvant offusquée – repousserait l'armistice d'un revers de main gantée. L'Ordre et la sobriété devait régner sur le visage d'un Jedi.


« As-tu autre chose à dire ou à demander ? »

La réponse qui me brûlait les lèvres était simple, concise, mais inévitable. J'avais besoin de la réponse, pour comprendre.

« Maintenant ? Pourquoi ? »

Je sentais bien que je n'étais plus la même qu'il y a trois ans, c'était là une évidence, mais ce soudain changement me perturbait puisqu'il intervenait alors que je ne m'y attendais plus, preuve qu'il y avait eu en moi des changements que je n'avais sans doute pas perçu, des éléments que j'avais besoin de cerner.
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-Parce que c'est aujourd'hui que tu t'es décidée et que je n'arrivais pas à me débarrasser de toi.

Lâcha-t-il en guise de première réponse, appréciant ce presque silence que la Padawan lui offrait. Heureusement Ylm n'avait pas été tenté de repartir dans un monologue de plusieurs paragraphes, cette belle complicité naissante aurait été tuée dans l'oeuf dès lors. Le maître se tourna vers l'apprentie, il avait étudié sa race, intrigué malgré lui et bien qu'il soit incapable de totalement deviner comment un Miraluka procédait, il savait que ceux-ci n'étaient pas aveugles. Au contraire, ils étaient si clairvoyants qu'ils pouvaient voir n'importe qui sans regarder. Alycius ne savait pas encore si les murs formaient un obstacle ou une simple broutille pour leurs orbites vides, mais l'imaginer lui arracha un frisson intérieur malgré lui. Le Nazzar considérait les Miralukas comme une race puissante, il ne fallait pas qu'ils tombent entre n'importe quelles mains, sous peine de devenir de redoutables adversaires. Pour lui qui attachait de l'importance à l'espèce, Ylm était une arme en puissance pour quelque sombre dessein. Une vue spéciale au sein de la Force, un esprit intelligent, et une persévérance à toute épreuve, choses qu'il se garderait bien de dire à la jeune fille évidemment. Mais en attendant cela ne changeait rien à son devoir, bien au contraire, ce dernier était encore plus grand. Ylm n'était pas facilement subversive apparemment, l'équidé l'avait déjà testé sur ce point avant de se risquer à lui transmettre son savoir. Il avait tenté de lui faire changer d'avis, de route et elle avait gardé la même, pourvu que ce soit pareil pour le côté clair de la Force.

-Pourquoi? Parce que tu me casses les sabots depuis plus de 3 ans.

Acheva le maître en s'approchant d'elle jusqu'à entrevoir son visage. Ainsi, ils étaient à égalité. Un air goguenard se ficha ses traits chevalins. Entre eux, depuis le début, s'était installé un étrange jeu subtil. Ces deux là semblaient parfois se haïr... Alycius se moquait d'elle, et la Miraluka ne devait sûrement pas se priver d'agir pareillement de l'autre côté. Pourtant, ils s'entendaient plutôt bien étant donné leurs caractères respectifs. La première preuve étant qu'ils étaient tous les deux en vie, la seconde, dans la chambre du maître Jedi, la troisième qu'il avait décidé d'en faire sa Padawan, même s'il ne lui donneraient pas les autres vraies raisons avant longtemps. Oui les autres "vraies", parce qu'Ylm lui cassait réellement les pattes.

-Allons bon, ne reste pas planter là. Il est déjà 12H00, le réfectoire ouvre. Plus vite nous aurons mangés, plus vite nous commencerons le travail... Car crois-moi il y en a avec une brindille comme toi. Je m'occuperai de la paperasserie et du Conseil plus tard. Allons, pressons, et d'un bon pas je te prie.

Acheva-t-il en la mettant presque dehors avant de fermer soigneusement sa porte. Sur la pas, il l'attendit, sa longue queue couleur lunaire balayant nerveusement le vide sur ses jarrets contractés. Maître El'Dor détestait être en retard, et s'ils étaient encore dans le coulir à 12h00; cela signifiait qu'ils seraient à la cantine à 12h07 au mieux car elle se trouvait loin de ses quartiers.

-Nous profiterons du repas pour que tu m'exposes tes attentes, je dois bien les étudier après tout, même si je ne doute pas que tu diras de belles inepties. J'ai envie de croire que ma Padawan aura tout de même un bon plan pour son propre avenir.

Un compliment très bien déguisé, une prise en main. L'aventure d'Ylm commençait, et avec cette dernière, celle du Nazzar qui pressait désormais le pas, sans regarder si la Miraluka le suivait ou non, ses sabots d'ébène claquant sur le sol en marbre du Temple Jedi.
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Effectivement, sa première leçon avait eu pour thème la ténacité, et je l'avais assimilée, complètement, si bien que, déjà têtue de nature, je serais morte sur le pas de sa porte s'il l'avait fallu pour qu'il m'acceptât comme son apprentie. Pourtant, le plus drôle, c'est qu'il refusait de le dire, comme si la chose était proscrite. Il ne m'avait pas formellement appelée padawan, ni même apprentie, mais la simple réponse à mon pourquoi était un acquiescement et équivalait à tous les "Tu es désormais mon apprentie" du monde. Il était mon maître et mes épaules soulignèrent le soulagement que cela me procurait par un léger affaissement de quelques instincts.

Trois ans... Il venait de le souligner. Trois ans que je courrais après ce poney pour qu'il cède enfin et m'abreuve de son savoir. Trois ans. Durant ces trois ans, Elora s'était trouvée un maître, l'avait perdu – au sens propre – et elle-même avait disparu malgré la désapprobation du Conseil. Et moi, en trois ans, je n'avais fait que m'exercer. Méditer, toujours plus, m'endurcir, toujours plus, et échouer à la confection de mon propre sabre, toujours plus. Cela avait été long, pourtant, je sentais déjà qu'une certaine complicité s'était installée entre celui qui ne s'était décidé à devenir mon Maître que quelques instants plutôt et moi-même. Si tout cela restait officieux, puisqu'il remettait encore « la paperasserie et le Conseil » à plus tard, au moins, je savais qu'il avait pris sa décision et qu'il n'en démordrais pas. Il me formerait, et je deviendrais Chevalier sous sa tutelle. Répondant à l'appel du ventre, il m'invita à sortir et à le suivre jusqu'au réfectoire. Effectivement, nous étions en retard, et si notre conversation ne nous avait pas retardés dans ses appartements, je serais déjà installer à manger, sûrement seule puisque tous mes anciens camarades auraient été avec leurs maîtres respectifs ; décidément, aujourd'hui, tout devait être différent.


Sans mot dire, je me fixais sur son propre pas, bien plus rapide que ma propre vitesse de marche normale – ce qui n'est pas vraiment compliqué quand on possède des sabots et cinquante centimètres de pattes supplémentaires – sans pour autant rencontrer trop de peine à le suivre. Ma première rencontre avec lui m'avait très nettement démontré mon manque de capacité physique, et depuis j'avais parcouru en courant le temple de long en large, tous les jours, une heure de course à l'aube, deux heures au crépuscule. Soudain pourtant, mon rythme de marche fut compromis par un mot.

« … J'ai envie de croire que ma padawane... »

Il l'avait admis. Il m'avait désignée sous ce titre. Mes pieds saluèrent mon étonnement en s'entrechoquant, et je manquais de peu la rencontre avec le marbre froid du Temple – élément que je connaissais bien à présent. J'eus à peine le temps de me remettre de ma surprise et de calibrer de nouveau mon assiette que déjà mon Maître avait pris trois mètres d'avance. Un petit trot – vous noterez la chose rigolote c'est que la presque-humaine trotte et le presque-cheval marche – me permit de rattraper mon retard et contre toute attente, notre arrivée se fit à midi et cinq minutes, à croire que nous étions plus rapides que ce que nous pensions.

Nous commençâmes notre repas en silence. Il n'y avait pas besoin de paroles pour l'instant. Et j'attendais le milieu de celui pour exposer mes projets à mon maître.


« Je veux intégrer l'ordre des Consulaires. Connaître la Force, au plus profond, et apporter la Paix. Le monde étant ce qu'il est, je ferais au mieux, cet idéal n'étant que ce qu'il est, un idéal. Je vous demande donc seulement de me former dans ce but. »

Mon énoncé était lapidaire, puisque mon souhait l'était tout autant. Je sentais au fond que ma nature était d'être Jedi, et de là, mes désirs ne pouvaient qu'être simples et altruistes. Cela m'avait toujours d'ailleurs fort étonné, moi qui n'aimait pas la foule, moi qui évitais les gens, je désirais les protéger et leur bonheur plus que le mien. La folie existe sous bien des formes, et je pense qu'en cela je souffrais d'une douce folie idéaliste.
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La conversation déjà rare semblait s'étouffer, le jeune maître ne s'en offusquait pourtant pas. Il mangeait tranquillement ses légumes sans se préoccuper réellement de la Miraluka. Son plateau végétarien reflétait parfaitement son état d'esprit, équilibré jusqu'à la moindre calorie, même sa salade semblait comiquement avoir trouvé un ordre pour poser ses feuilles dans l'assiette. Quant aux couverts, l'équidé s'en servait avec sobriété mais avec lui, un coup de fourchette semblait avoir une cible précise pour l'atteindre avec brio ensuite. Vraiment, le Nazzar était une étrange créature, tout comme Ylm une Padawan plutôt bizarre. Bref, le couple parfait en somme. Beaucoup regardaient les deux solitaires manger en remuant à peine les lèvres, les rumeurs sur le nouveau duo apprenti/maître allaient bon train. Alycius les écoutait plus par réflexe que par intérêt, une oreille pointée sur le côté tandis que l'autre restait attentive à ce qu'allait dire Ylm.

-Une Jedi consulaire utilise la parole plus que le sabre. Pourquoi choisir un Jedi Gardien aussi bavard que moi?

C'était une simple question, pas une moquerie cette fois. Maître El'Dor se doutait que la jeune fille avait eu le temps de trouver une raison pour le prendre lui. Seulement il était curieux de savoir pourquoi. Après tout, il lui avait apprit la discipline qu'elle recherchait et semblait capable de l'appliquer même en son absence. Qu'avait donc à lui offrir un Jedi manquant de diplomatie, que l'on craignait lorsqu'il allait ouvrir la bouche justement? Et puis comment comptait-elle devenir Jedi Consulaire elle même qui avait la langue bien fourchue?

-Aurais-tu un talent diplomate de caché? Bien caché alors je te félicite car je ne l'ai jamais décelé.

Cette fois, s'en était une, de moquerie, et celle-ci s'accompagna d'un léger ronflement de naseaux un peu dédaigneux. Alycius respectait les Jedis Consulaires qui utilisaient surtout la Force, cependant il savait également que leur rôle était de parler avant tout chose, et la Miraluka semblait aussi douée que lui. Pourquoi s'entêter à choisir une voie dans laquelle elle avait l'air de peiner? Tout cela pour échapper au sabre-laser peu apprécié? Serait-ce une fuite? Quelles étaient ses réelles convictions? Après une telle annonce, l'équidé n'allait pas rater une occasion de la tester. S'il devait faire des efforts pour la mener sur la voie du Jedi Consulaire, il fallait que ça en vaille vraiment la peine.
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Pourquoi lui ? Peut-être parce qu'il avait dit non. Un non si franc, si convaincu que jamais je n'aurais été capable d'atteindre ce qu'il attendait que tout ma nature obstinée n'avait pu que se liguer contre ce refus afin d'en venir à bout. Pourquoi lui ? Parce qu'il était différent, il portait un autre regard sur le monde, sur la Force, sur les autres. Il respectait son Code, il respectait le Code, profondément, et ne se laissait pas aller à cette sorte de laxisme ambiant dont j'avais parfois la sensation. Il était une montagne au milieu de la plaine, un promontoire au milieu des eaux. Il n'offrait que deux solutions, monter et réussir ou tomber et ne plus se relever. Pourquoi lui ? C'était pourtant évident...

« Vous êtes franc, respectueux et beaucoup plus diplomate que vous vous en donnez l'air. Une preuve ? Je n'ai pas une seule ecchymose après trois ans de harcèlement. Vous faites semblant d'être en recul, de ne pas faire attention, mais au contraire, vous profitez de votre position pour mieux voir, mieux entendre. Vous savez tout. Je suis sûre que vous n'avez pas perdu une seconde de ce que je faisais durant ces trois dernières années, sans quoi vous ne m'auriez pas acceptée. Il n'y a pas besoin d'être un formidable pilote pour mener des recrues en haut des classements ; il suffit de savoir ce qu'il faut leur dire, ce qu'ils ont à faire. »

De l'humour ? Et quel humour... Ironie, cynisme, un peu de noir, tout ce à quoi on ne s'attendrait pas chez un Jedi, encore moins un Maître, mais également tout ce que j'appréciais. L'humour noir, le plus acerbe et le plus cruel, en apparence, de tous, était – lorsqu'il était manié selon sa véritable nature et non pas par un être persuadé des bêtises qu'il débite – la forme la plus respectueuse de l'humour, capable de montrer le bon des individus à force d'en trop souligner la médiocrité. Et puis, se laisser aller toujours à la peine, s'était s'avouer vaincu, être capable d'écarter le pire d'un sourire, sans en perdre le souvenir, c'était être capable d'avancer.

« -Aurais-tu un talent diplomate de caché? Bien caché alors je te félicite car je ne l'ai jamais décelé. »

« Vous êtes le Maître le plus entêté de ce côté-ci de la galaxie, et pourtant je suis ici, il faut croire que j'ai plus de talent que j'en ai l'air. »

La réponse avait été donnée sur le même ton que la question. Je n'étais plus l'adolescente trop facilement déroutée que j'avais pu être – du moins la plupart du temps – et les incessantes joutes verbales organisées par mes camarades, lesquels en général se moquait de mon incapacité à trouver Maître, avaient au moins eu la vertu d'exercer mon esprit et ma langue à la réplique. Et puis, la matinée m'avait permis d'échauffer mon esprit, alors autant ne pas gâcher cette disposition d'âme.

« Je pense que les longs discours empoisonnent la Diplomatie. La profusion des mots dilue l'information, égare l'attention, et permet le mensonge. Il n'y a que deux choses qui sont réellement importantes : l'honnêteté et le respect. Parler peu, mais juste et sur le bon ton, je pense que cela vous caractérise beaucoup plus qu'un autre. C'est pourquoi : vous. »

Un dernier coup de fourchette et s'en était fini de mon repas. Me tenant tout à fait droite sur ma chaise je me contentais de poser mes deux mains l'une sur l'autre, les jambes croisés, et de garder la nuque brisée afin de « regarder » mon Maître dans les yeux.
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-Ce n'est pas en me flattant que tu obtiendras plus de moi. Mais soit, à part quelques stupides flagorneries, le reste tient debout, et je suis curieux de voir comment tu vas t'y prendre... Nous dirigerons donc ton enseignement sur la voie des Jedis Consullaires. Sans oublier le reste bien évidemment.

Reprit le maître d'un ton toujours neutre. Ses paroles cassantes n'étaient jamais jeté en pâture à son public sur le ton adapté, ce décalage était d'autant plus surprenant, et l'effet encore meilleur selon Alycius. Il aimait provoquer, tester et ne s'en privait jamais. Ayant un minimum de décence, le Nazzar ne se l'était pas autorisé avec la jeune femme jusqu'à maintenant, mais désormais que c'était sa Padawan, elle allait devoir supporter bien plus de choses. Tout ça dans le but de la rendre meilleure, mais aussi que le temps perdu à l'entraîner soit justifié. L'équidé n'allait jamais cesser de mettre à mal sa motivation, c'était son moyen personnel pour qu'elle se donne toujours à fond et repousse les petits coups de fatigue loin dans son esprit, qu'elle cesse de s'écouter. Lui-même avait ses faiblesses, ses jours sans, mais son exigence sans failles l'avait mené jusqu'ici. Alycius avait fait des erreurs dans sa vie, en écoutant les jolies paroles du patron de bar qui avait fait de lui un Escort Boy sur-exploité par exemple; cependant, il avait apprit à ne pas les réitérer et malgré sa terreur, se forcer à venir ici avait été la meilleure décision de sa vie. Jamais la honte de soi, la culpabilité ou le regret ne devaient paralyser la Miraluka. Elle devait foncer droit devant, en abattant les obstacles, quitte à s'en créer de son propre chef pour tester son esprit. Choisir les jolis sentiers c'était prendre le risque de rencontrer un jour des ronces et de ne pas y être immunisé.

-A présent terminons de manger, il y aura fort à affaire pour te transformer en une Padawan potable.

Le jeune Nazzar retourna à sa salade, le museau presque plongé dedans. Il mangeait proprement bien sûr et on était d'ailleurs en droit de se demander comment ce miracle pouvait avoir lieu étant donné sa rapidité. Sa mâchoire était un gouffre à nourriture, silencieux certes mais un gouffre quand même. En fait la nourriture semblait avoir simplement lévité ailleurs, surtout pas dans sa grande carcasse mince et sculptée par ailleurs. En effet, sans chercher l'abus, le Nazzar aimait manger, il ne l'aurait avoué à personne mais s'il avait bien un pêché mignon, c'était la nourriture. Ainsi, il dévorait peut-être un peu plus que sa ration journalière, normalement calculée à la calorie presque. Seule son hyperactivité à l'entraînement ainsi qu'une nature peu encline à grossir lui permettait d'éliminer le tout correctement. Mais en attendant, il dévorait et très vite, plus que ceux qui se contentaient d'une portion moindre. Sans doute une faculté tenue secrète par les végétariens.

Alycius repoussa son plat qu'il rangea dans un coin du plateau avec ordre et méthode, puis il s'attaqua au dessert, une pomme bien juteuse. Prenant garde à bien finir avant de parler. Là aussi la discipline était de mise, même en mangeant, il fallait avoir une certaine éducation.

-D'autres questions ou remarques? En tâchant d'être pertinente?

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De la flatterie ? Si cela avait plus au Maître Jedi de voir dans mes paroles ce genre de subterfuge vaseux, soit, c'était son droit, et c'était en son honneur. Je n'avais fait qu'établir un constat, avouer son admiration pour la nature d'un être, ce n'est rien autre que rester honnête, si l'on s'en tient à un simple constat, ce que j'avais fais. Je mettais donc seule en cause sa modestie et décidais de ne pas prendre gare aux esbroufes. Mon Maître me formerait à l'art des Consulaires, là était l'important, ce que j'avais toujours voulu, au fond.

-A présent terminons de manger, il y aura fort à affaire pour te transformer en une Padawan potable.

S'il y avait bien une chose à laquelle je m'attendais, c'était que l'entraînement soit rude, long, complexe et enrichissant. Je n'avais pas autant souffert pour que finalement rien ne me soit appris. La discussion que j'avais eu avec le Ministre le matin même avait été pour moi un premier investissement dans le rôle de Consulaire que je me destinais. Un partie de moi avait intégré la politique au moment même où je m'étais faite remarquer, j'en étais au fond persuadé, et les échanges que j'avais pu avoir avec le Hutt n'était pas non plus pauvre en encouragements. C'était la voie que je voulais emprunter. C'était en tant que diplomate de l'Ordre Jedi que je voulais apporter ma touche de paix à la galaxie.

Je finissais par manger en même temps que mon Maître. Je l'avais observé durant trois ans, chaque fois qu'il se rendrait au réfectoire et que j'y étais de même présente. Je savais à quel allure et quelle quantité il était capable de manger, ce qui n'était pas étonnant au vue de sa corpulence, de sorte que j'avais appris à manger à la même allure, bien qu'en quantité inférieure. C'est presque en même temps que je déposais devant moi la pelure de la clémentine que je venais d'assimiler, je passais doucement une serviette sur mes lèvres, afin de collecter le jus sucré égaré, et répondais à mon Maître avec le ton adéquat.


" - Non pas une question, ni même une remarque. Juste une demande. Pourrions nous, avant de commencer, méditer ensemble, au calme, afin que je puisse vous percevoir à ma façon et vous effleurer. "

Ma vue singulière, ma façon d'appréhender le monde, singulièrement associée à la Force, d'effleurer l'aura des êtres sensibles à la Force et de les reconnaître. Je n'avais effleuré de cette façon que deux personnes jusqu'à aujourd'hui, mon amie miraluka et le Maître Saï Don qui, enfant, m'avait appris ainsi à maîtriser ma vue avec plus de finesse. Effleurer un individu n'était pas un acte anodin chez les Miraluka, c'était à vrai dire même particulièrement rare, ceci ne le faisant qu'entre intimes - des amis très proches ou les membres de la famille. Lorsqu'un Miraluka avait effleurer quelqu'un, il était capable de former dans son esprit un portrait de lui plus vivant encore que s'il l'avait vu avec le sens commun de la vue et, en plus de cela, sa forme et son aura était si fortement ancrée dans sa mémoire qu'il était capable de la retrouver parmi des milliers de personnes. Aucune foule n'était assez dense pour masquer à la vue d'un Miraluka la personne qu'elle avait un jour effleurer.

Ce n'était donc pas une chose sans importance que je venais de demander à mon Maître, et son refus ne m'aurait guère surpris. Cependant, je sentais en moi le besoin de créer ce lien, le besoin de voir réellement qui était celui pour qui j'avais si longtemps travailler, et cela valait la peine d'essuyer un refus.
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Alycius ne répondit rien, signe d'un grand respect chez lui. Le fait qu'il se retienne une moquerie entre ses naseaux ne voulait pas dire qu'il avait tout compris des actes de son interlocuteur-il ne fallait pas trop lui en demander tout de même.- mais qu'il respectait ses coutumes. La dernière fois que l'équidé avait obtempéré de la sorte remontait à son adolescence, lorsqu'il avait rencontré le Nazzar isolé sur Coruscant qui avait décidé de continuer à croire en leur religion tout en arrondissant les angles. A vrai dire, Alycius ne murmura même pas un "Ces Miralukas" faussement exaspéré ni même un soupir, pas plus qu'un "d'accord". Rien ne filtra dans ses gestes. Seule Ylm et quelques rares personnes qui le connaissaient pouvaient saisir qu'il avait accepté via son silence. Les autres pensaient sans doute qu'il n'avait simplement pas fait attention à la remarque. Seulement l'équidé était bien plus complexe que cela, la Miraluka semblait pouvoir le décrypter, elle avait donc une chance de survivre à son entraînement.

Alycius cependant n'émettait aucune joie ni regret à l'idée de la former. Elle avait passé les tests pour qu'il l'accepte, pas qu'il continue à l'entraîner pendant une éternité. Une faut grave la mènerait sans pitié devant le Conseil, probablement pour être virée, Alycius insistant pour que ce soit le cas. Décidément, le Nazzar n'était pas commode, cela étant dit, il s'appliquait le même châtiment, prêt à quitter l'Ordre à la moindre erreur. N'ayant aucune envie de quitter sa famille, le maître se tenait de façon impeccable, exigeant de son apprentie le même comportement. En réalité son raisonnement allait plus loin. Si le Jedi ne l'avait pas accepté avant alors qu'elle le méritait largement, c'était à cause du déshonneur qu'elle pouvait lui apporter. En effet, si la Proche-Humaine esquissait un mauvais pas, non seulement Alycius la pousserait du bout du sabot dehors, mais il démissionnerait à son tour; ne pouvant porter le poids de la déception et de la culpabilité. Quelque part, lorsqu'un élève ratait, le maître également devait assumer les conséquences car il n'y était pas étranger.

Ainsi raisonnait Alycius, ce qui pouvait expliquer cette nature nerveuse cachée par une attitude impassible. Lui-même s'imposait une pression infernale et il agissait naturellement avec les autres de la sorte. Ylm le comprendrait-elle totalement? Que "verrait-elle" en le frôlant? Le Nazzar se surprit à se sentir plutôt curieux, lui qui trouvait certains rituels de races stupides-à commencer par la sienne.- Sa seule preuve de son intérêt pour l'acte d'Ylm fut qu'il termina plus vite son repas pour se lever et ranger son plateau dans un ordre impeccable. Plus qu'une simple acceptation résignée, l'équidé était attiré par ce que la Miraluka lui avait "proposé". C'était encore une fois très peu perceptible, mais c'était sa manière d'interagir. Dénuée de toute fioriture, même la plus élémentaire en société.

-Pressons.

Fit-il en passant en coup de vent devant la jeune femme de son pas habituellement rapide et souple. Sur le chemin qui menait à la salle d'entraînement, il reprit sévèrement quelques Padawans qui se tenaient mal, n'avaient pas bien rangés le plateau, semblaient débraillés ou oubliaient de remercier leur compagnon qui leur passait le pain. Son ouïe aiguisée et son esprit affûté ne laissaient vraiment rien passer. Était-ce une bonne chose? Peut-être pas. Son comportement paraissait parfois auto-destructeur, comme cette mentalité qui le pousserait à partir de son Temple chéri si Ylm faisait une erreur. Mais bon, ce n'était pas d'un claquement de doigts qu'on pouvait le changer... En attendant, effectivement, le temps pressait. Une heure s'était écoulée déjà depuis son "oui". Que sa Padawan n'ait fait que blablater, dire ce qu'elle attendait de lui et manger était intolérable. Un peu de nerfs que diable.

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