Eliakim, d’un geste preste suivit Maître Alycius, les mains jointes dans le dos, attentif à l’approche du Temple, puis dans les couloirs de ce dernier. De manière presque cérémonieuse, il écoutait son guide sans mot dire, ne répondant qu’aux questions. Il n’y avait nul besoin de parler pour le moment et il était plus sage de garder ses questions pour la fin ou un autre jour. Il ne pouvait pas non plus accaparer un Maître Jedi à lui tout seul pour tant de temps. Qui plus est, au vue de la taille du temple il faudrait plus que la journée pour en faire le tour sans interruption aucune. Se laissant mener, le Zabrak et le Nazzar arrivèrent enfin à la salle convoitée.

La bibliothèque, un temple en soi. Une entrée vers le savoir. Tous ces écris, sur des sujets si vastes. Si tenté qu’on l’y laisse, le jeune Zabrak y passerait des semaines entières. Oh il n’irait pas tout de suite vers les traités d’armes, non. Tout d’abord il y a les historiques de personnes, de lieu. L’histoire et la connaissance du passé saurait éclairer la voie future. Une telle collection, recueillie et rassemblée de provenances si diverses ; tout cela était une mine d’or. Un filon extraordinaire à ciel ouvert, qui promettait déjà quelques nuits d’éveil et de lecture. Les textes héraldiques, les historiques par systèmes, planète. La forme Soresu s’en trouverait surement améliorée de par la lecture des traités. Il faudra s’entraîner aussi, car les écrits sans l’entraînement n’était d’aucune utilité.

Quand le Maître Jedi fit mention des donateurs ainsi que sa manière de les remercier, le Zabrak eut un léger sourire en coin, mi amusé, mi compréhensif. Bien que l’attention soit louable, il ne ressentirait pas ce besoin. Seul était nécessaire l’utilisation censée des trésors du savoir. Plutôt que remercier les disparus, le Zabrak préférait apprendre de leur vie mais surtout de leur mort. Le passé était pour Eliakim une leçon pour ne pas sombrer dans les mêmes eaux. Lui-même s’assurerait ne pas mourir sans empêcher qu’un autre suive sa trace. Un enseignement de son Maître, que celui de laisser une marque dans l’Histoire afin de préserver le futur. Que ce soit celui de l’Ordre ou d’un seul être.

Encore absorbé par la quantité des ouvrages ainsi que la richesse de leur provenance, le jeune Chevalier ne put attraper que du bout des lèvres la question posée, laissant planer un silence d’un bref instant, durant lequel il décrypta ce qu’il venait d’entendre.

- J’ai… commença-t-il pensif, un faible pour les écrits d’Histoire. Les traités relatifs à la Forme 3 de combat aussi. Mais le savoir est une denrée dont je ne me passe ni ne me lasse pas Maître, sourit le Jedi, les yeux parcourant toujours les colonnes et étagères. Quels ouvrages portent votre intérêt plus qu’un autre ?

Le regard revenant à Alycius, il n’était toujours pas parvenu à mettre un nom sur son peuple. Cette énigme le taraudait, pour n’en dire que le moins. Une fois la visite terminée, il reviendrait et fera une recherche sur ce peuple. Quelque chose en Eliakim lui intimait que celui en face de lui n’était pas semblable à ceux dont il avait connaissance et cette lacune remuait de la frustration chez le Jedi. Cependant, là n’était pas le temps de commencer quelqu’ étude anthropologique sur le peuple d’un Maître du Temple d’Iziz. Aussi ne voulut-il s’attarder plus dans la bibliothèque, car son guide venait de proposer deux salles qui avaient autant d’intérêt pour le Zabrak que le savoir : méditation et combat, ou plutôt entraînement. Et puisque seul l’entraînement mène à la – presque – perfection, c’était un lieu qui attirait régulièrement le Chevalier à lui.

- Aussi tentant que rester ici puisse-être, je vous suis vers la salle de méditation et d’entraînement. Un tour des trois piliers me paraît être une excellente façon d’arriver. Mais je ne voudrais pas abuser de votre temps et le Conseil vous réclame, qui sait.

Force, connaissance et auto discipline. Surement un reliquat directement de son entraînement et bourrage de crâne à ses trois préceptes de l’Ordre, toujours est-il que c’est ainsi qu’Eliakim voyait sa position parmi ses pairs. En reprenant sous le pas agile d’Alycius, le nouvel arrivant ne put s’empêcher de penser à peut-être croiser le sabre avec son guide. Par curiosité. Cela aiderait peut-être à percer le stoïcisme de ce dernier qui semblait tout dans la retenu. Le fait de poser des questions saurait suffire, avec un peu d'intelligence, mais il eut en le Zabrak comme une étincelle voyant que l'action brute saurait mieux parler qu'une langue. Le Maître l'intriguait, mais semblait être de ceux qui le trouvaient rapidement insubordonné et peu sérieux. Ce n'était pas une erreur de jugement de leur part, mais d'approche. La pensée que cela serait peut-être le cas avec Maître Alycius fit renaître un léger sourire accompagné d'un hochement subtile de tête.