"Euh... M.. Mon seigneur?... glurps... j... je vous dérange ?"

L'homme à la voix tremblante de peur, nauséeux, qui venait de s'exprimer s'appelait Jarvis, Jarvis Shaw. Trois jours plus tôt, on l'appelait encore capitaine. C'était un baroudeur, un pirate de l'espace. Il se targuait d'avoir parcouru la galaxie entièrement, deux fois, d'avoir combattu des Jedi et de s'en être sorti avec cette cicatrice qui marquait sa joue gauche, la portant fièrement, comme la preuve de ses prouesses. Ses hommes lui étaient entièrement dévoués, fidèles, ils l'aimaient presque comme un père. Mais sa plus grande fierté avait toujours été de n'avoir jamais été sous les ordres de personne. Enfin c'était trois jours plus tôt...
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Il l'avait pourtant bien senti ce coup-là, un cadeau du destin comme il avait dit à ses hommes. Ils se planquaient après leur dernier coup, un cargo corellien, et les hommes commençaient à s'ennuyer. Et là, comme un petit miracle, une navette de transport personnel en provenance directe de la capitale. Le genre de coup facile, que personne ne remarque. Généralement les victimes étaient considérées comme perdues en chemin, après tout, un champ de météorites et ces petites navettes finissaient en débris, mais surtout, la plupart du temps, ces navettes transportaient des riches.
Pourtant il aurait dû se méfier, un vaisseau pareil dans une région si reculée, c'était comme une évidence que quelque chose était anormal, du moins ça l'était devenu avec le recule.
Immobiliser l'appareil, l'amarrer, tout avait été facile, jusqu'à ce que les portes du sas s'ouvrent. Le capitaine Shaw était alors en tête, et ce qu'il vit le glaça.

La silhouette qui s'avançait vers lui et ses hommes était à humanoïde, le doute n'était pas permis, mais elle n'avait rien d'humain. Les bras se balançaient de chaque côté du corps de manière régulière, comme marquant un rythme, le pas était titubant, vacillant, et pourtant le seul son qui sortait de cette créature était un ricanement qui, à peine entendu, devenait insupportable. Et elle avançait, lentement, jusqu'à la lumière. Alors il le vit, cet homme qui n'en était pas tout à fait un. Le regard fou, les yeux injectés d'un sang noir, les lèvres tordues en un sourire qui semblait se moquer de l'existence elle-même.

"FEU !"

Ce furent les seuls mots qu'il avait été capable de prononcé, il ne cesserait de le regretter. Le ricanement se changea en un rire dément, démoniaque, et soudain le capitaine flancha, comme si sa vie le quittait à mesure que la créature reprenait de la consistance. Un regard en arrière lui fit constater que ses deux lieutenants étaient dans le même état que lui.

"F... feu..."

Il trouva la force de renouveler son ordre, mais il n'obtint pas le résultat qu'il avait espéré. Il entendit les tirs, mais ne vu aucun rayon lumineux frapper ce cauchemar venu chambouler la réalité. Au lieu de ça il entendit le bruit des corps s'effondrer derrière lui, juste avant de sentir la crosse d'un fusil s'écraser sur sa nuque pour le plonger dans l'inconscience...
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Désormais son équipage se résumait seulement à lui et au pauvre garçon, l'une de ses dernières recrues, il ne connaissait pas son nom, qui était dans un coin de la pièce, se découpant lui-même le visage à coup de couteau pour y dessiner une caricature de celui qui avait pris possession du vaisseau. Un cadeau du destin oui.. Seulement le cadeau n'avait pas été pour Jarvis, mais bel et bien pour le monstre dont il regardait présentement le dos.

"Non non tu ne me déranges pas, j'en avais justement fini avec celui-là."

L'être, le Sith, à n'en plus douter, se tourna alors vers Jarvis, souriant comme à son habitude. Pourtant, cette fois, le capitaine, l'ancien capitaine, put remarquer la trace de larmes sur les joues de son tortionnaire. Mais alors qu'il aurait pu y voir une trace de faiblesse, le pirate détourna le regard, fixant la pointe de ses chaussures dans une posture de soumission totale.

"Ils arrivent... comme vous l'aviez prévu.
-Hmmm bien et combien sont-ils ?
-D...Deux seulement pour l'instant.
-Quelles bannières ?
-...Nous devrions partir... c... c'est celle du clown mon seigneur..."

Le rire du zélosien glaça le sang de Jarvis alors qu'il comprenait enfin qui était cet homme devant lui. Un mythe qui avait émergé il y avait de cela presque deux ans, et qui s'était dissipé presque aussi tôt. On le surnommait alors le prince des pirates, mais Shaw savait maintenant que c'était une erreur, il n'avait rien d'un prince, c'était un roi, un empereur, celui de la terreur et du chaos. Oui, il avait reçu un cadeau du destin, mais il n'en percevait pas encore toute l'ampleur. Ce cadeau c'était une nouvelle voie, un chemin sur lequel c'était un honneur d'enfin recevoir des ordres, des ordres émanant de cet être qu'il considérerait bientôt comme une manifestation divine. Et cette voie était celle du Chaos.