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Le Sith tâchait de calmer un tant soit peu ses nerfs, mais rien n’y faisait. Pour une arrivée en fanfare, il avait été copieusement servi ! Son père ne pouvait pas, ne devait pas rester sur le carreau, pas maintenant ! Leurs plans s’en seraient trouvés compromis, pour ne pas dire définitivement avortés. Même si cet incident était à déplorer, il lui permettrait de se mettre en avant, prenant sur ses épaules la responsabilité pleine et entière d’une tractation qui, des mots même de son père, s’annonçait compliquée. La mine renfrognée, les yeux clos, il passa mentalement en revue chaque détail de l’affaire, s’enfermant dans une bulle de stress salvatrice. Il ne devait pas relâcher la pression, pas encore. Dès que la navette atterrit pour la seconde fois à l’astroport, Noval et Falk s’empressèrent de débarquer. Le premier avait ordonné au reste de l’équipage de regagner le complexe médical pour s’informer en temps réel du diagnostic établi par les médecins. Si jamais il revenait à lui avant son retour, ils devraient aussi lui expliquer que la rencontre prévue avec la Régente d’Ondéron n’avait pas été annulé. Dans le cas où il faudrait un accord de principe en bonne et due forme autorisant la pose d’une prothèse, Falk se chargerait de le leur apporter aussitôt. Bon, rien n’avait été laissé au hasard, il pouvait à présent rejoindre le Palais, l’esprit focalisé sur la rencontre à venir.

Grimpant à bord d’un taxi qui fila à toute vitesse en slalomant de file en file, Noval demanda à Falk de lui rappeler l’identité de l’homme censé les accompagner jusqu’à la Cour de la Reine. Zacchary Ulios, ministre du commerce, devait les attendre à l’accueil pour leur servir de guide. Sauf qu’un détail lui avait échappé… Comment pourrait-il les reconnaitre, sans son père à ses côtés ?! Ce léger désagrément ne suffirait pas à freiner ses projets, certes, mais il espéra tout de même que cet individu n’était pas sujet à une paranoïa profonde susceptible de lui faire croire qu’il avait à faire à des imposteurs ! Le Sith avait vraiment l’art et la manière d’entrevoir les pires scénarios se profiler devant lui, comme s’il prenait un malin plaisir à se projeter dans une myriade de futurs possibles, histoire de se divertir pour s’extraire de la pression qui allait en grandissant à mesure que le taxi s’engouffrait, à chaque virage, un peu plus vers le cœur D’Iziz.

En douceur, ce dernier stoppa sa course à quelques dizaines de mètre de l’édifice grouillant d’activités, fourmilière splendide aux courbes gracieuses et élancées, portant çà et là des traces de rénovation laissant penser que ce Palais avait souffert des conflits jalonnant l’histoire de cette cité. Sans plus attendre, Noval et Falk s’engagèrent à l’intérieur à pas mesurés, attirant sans le vouloir le regard suspicieux des gardes en faction devant l’entrée. Le va-et-vient incessant des employés et des hommes de main n’allait pas leur faciliter la tâche. « Quel cloaque ! On se croirait à… » Falk n’eut pas l’occasion de terminer sa phrase que le regard morbide du Sith le crucifia sur place. Hors de question de faire le planton pendant des heures en attendant gentiment que ce ministre vienne les trouver ! Par chance, l’un des droïdes protocolaires chargés de l’accueil des visiteurs se porta à leur hauteur.

« Bienvenue au Palais D’Iziz, si je peux vous aider à… »

« Nous attendons Messire Ulios, Zacchary Ulios, ministre en charge des affaires commerciales. Nous avons convenu d’un rendez-vous ici-même. » dit-il d’une voix assuré, coupant net les salamalecs bienséants du droïde.

« Oh ! Bien sûr ! Je peux vous demander qui le demande ? »

Noval marqua un bref temps d'hésitation, et sans se démonter, répondit au tas de ferraille.

« Noval Artyss, fils de Narral Artyss. »

« Je vous prie d’attendre un instant. »

Semblant s'être mis en pause comme si on venait de le désactiver à distance, la voix synthétique du droïde se répercuta soudainement aux oreilles de tout à chacun dans le hall, paraissant démesurément vaste pour le coup.

« A L'ATTENTION DE MESSIRE ULIOS, PRIÈRE DE BIEN VOULOIR VOUS RENDRE A L'ACCUEIL POUR RECEVOIR VOTRE HÔTE, MESSIRE ARTYSS, MERCI. »

Et au bienfaiteur de métal d'enchainer :

« Il ne devrait plus tarder à présent, avez-vous encore besoin de mes services ? »

De dépit, Noval secoua la tête en prenant garde à préserver le peu de self-control qu'il lui restait. La situation pouvait-elle davantage dégénérée ? Parce que côté discrétion, il avait manifestement atteint le point de non-retour ! Se reprenant, il vit un homme à l’embonpoint certain se détacher lentement d’un groupe animé de discussions bruyantes, et s’approcher d’une démarche maladroite, l’air assez intrigué.

« Je suis Zacchary Ulios. Désolé, mais vous êtes… ? »

« Mes respects, je suis Noval Artyss, le fils de Narral Artyss. Je suis désolé de vous annoncer cette nouvelle aussi brusquement, mais mon père ne pourra décemment pas honorer son engagement auprès de votre souveraine, il vient d’être hospitalisé dès notre arrivée sur Ondéron. Comme vous le savez, cette rencontre est d’une importance cruciale à ses yeux, c’est pourquoi je me vois contraint de prendre sa place, si cela ne pose pas de difficultés, bien sûr. »

« Ma foi non, pas la moindre, l’entrevue est toujours d’actualité. Vous ou un autre, quelle différence cela fait-il ?! Suivez-moi… » lâcha-t-il lourdement en tournant les talons.

Le Sith trouva du réconfort en s’imaginant voir rouler la tête de cet odieux personnage, son corps grassouillet s’effondrant net sous le poids de sa surcharge pondérale, pour le simple motif d'avoir fait montre de manières aussi méprisables. En d’autres circonstances, il l’aurait fait s’incliner plus bas que terre d’un simple battement de cils ! Il n'aurait pas daigné s'abaisser à le regarder pendant qu'il se serait morfondu en de plates excuses, retirant chaque bague de ses doigts potelés comme autant de tributs versés contre sa misérable vie. Mais ce n’était pas le scénario à l’ordre du jour. Falk attira l’attention sur lui, profitant qu’ils étaient à l’arrêt, en train d’attendre après un turbolift, pour lui remettre un présent de la part de Narral.

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« Ah oui ! J’espère que ça ira cette fois, l’ancienne ne convenait pas du tout ! Vous le remercierez de ma part, quand il sera rétabli j’entends ! » dit-il en ajustant à son poignet un bracelet ressemblant à une simple montre. Tout sourire, Falk écarquilla les yeux en affichant derechef une mine contrite, venant de surprendre un Noval brûlant d’impatience de lui réclamer des comptes. Il n'avait pas envisagé une seule seconde qu'il eut été de bon ton que ce soit Noval qui le lui remette, trop soucieux de vouloir bien faire. Dans son domaine, ce Falk était éminemment compétent, soit, mais il lui arrivait de se comporter comme le dernier des ahuris… Un contrepoids regrettable, qui lui vaudrait sûrement des problèmes, un de ces jours.

Un silence presque total, si ce n’est d’imperceptibles clapotis provenant de lointaines fontaines, voilà la première chose qui frappa Noval, après le brouhaha des niveaux inférieurs. Ils traversèrent ensuite de larges enfilades de colonnes finement ouvragées menant, a priori, vers la Cour royale. Plus loin, à mesure qu’ils se rapprochaient pas-à-pas, il vit nettement se découper les contours du Trône… Le moment était venu de ne pas flancher, de rester courtois en toute circonstance. Le trac au ventre, ce ne qu’à ce moment qu’il pensa aux talents d’acteur qu’il allait devoir déployer pour se montrer convainquant, oubliant son appartenance Sith. Souriant intérieurement, ce moment de lucidité le réconforta. Sauf qu’il laissa place à une méfiance soudaine. Il venait de ressentir brièvement une présence dans la Force, assez puissante pour s’y dissimuler et ne rien laisser transparaitre de ses intentions… La rencontre n’avait pas encore commencé qu’elle prenait déjà un tout autre tour !
Emalia Kira
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Le séjour de la Reine Emalia et de sa petite princesse s'était terminé après plusieurs jours d'agréables visites, et il avait fallu rentrer sur Ondéron. La monarque n'avait pas été triste de retrouver son palais après la frayeur que lui avait faite Mylésia en disparaissant... Mais aussi parce qu'enfin, elle pourrait revoir Aleema pour lui raconter en détail comment leur petite manœuvre s'était déroulée. La courtisane s'était rendue disponible rapidement pour écouter le joli petit récit... Et commencer à planifier la suite de leurs intentions. La vie était devenue si excitante depuis que la Reine l'avait embauchée qu'à côté de cela, les visites qu'on lui rendait à la Cour lui paraissait fortement ennuyeuse. Mais il fallait s'y plier. Pour son peuple, pour la diplomatie, pour le paraître...

Mais la rencontre d'aujourd'hui promettait d'être un tantinet plus intéressante que les séances habituelles : Narral Artyss, un Arkanien, devait lui rendre visite. A ce qu'elle en savait, c'était un vieux monsieur à la tête d'une vaste corporation de biologie et ingénierie génétique. Emalia n'avait qu'une vague idée de ce qu'ils faisaient véritablement, et sa curiosité n'était pas grande sur le sujet. Elle s'imaginait des nuées d'Arkaniens en blouse blanche, sur leur planète glaciale, à faire des expériences étranges... Mais c'était une entreprise si grosse, disait-on, que certains de ses membres s'étaient retrouvés à faire parti du gouvernement de leur planète. Un monde proche du Noyau, par ailleurs... Bref, c'était un invité de qualité. La Reine Emalia avait d'ailleurs demandé à ce qu'il lui soit proposé de passer une nuit ou deux au palais, avec une petite suite sécurisée bien qu'éloignée, bien sûr, des appartements royaux. On ne lui avait d'ailleurs pas dit si le fameux chef d'entreprise avait décidé de rester.

La Reine repensait à tout cela en passant sa langue sur ses lèvres pour les humidifier. Elle était confortablement installée dans son haut trône et avait demandé à ce que l'on rajoute quelques coussins -rester assise toute la journée, quelle fatigue ! Et il faudrait parler de contrats technologiques, probablement. Pour quoi d'autres pourrait-il venir ? Cela l'ennuyait d'avance. Heureusement, cette entrevue avait été l'occasion de porter une nouvelle robe créée par son tailleur personnel ; un mélange de soie blanche et de lambeaux de tissus violines qui réhaussait le teint de sa peau dénudée : épaules, jambes, et un peu le décolleté. La touche finale avait été des petits chaussons couverts de velours pourpre. Ah ! Sa vieille grand-mère aurait bien trouvé cette tenue un peu trop osée... Mais elle n'était plus là pour rouspéter depuis longtemps. Et puis, elle faisait confiance à ses bijoux et à sa façon royale de se tenir et de se mouvoir pour que son allure générale reste digne d'une personne de son rang. Et devant le long miroir près de son lit, elle s'était trouvée magnifique.

Interrompant la contemplation de ses ongles vernis, les portes de la Cour s'ouvrirent au bout de la longue allée de colonnes blanches. De loin, elle avait tout de suite reconnu la démarche balourde du pauvre Zacchary Ulios. Enfin, pauvre... Elle le couvrait d'or pour son poste, le problème n'était pas là. C'était un bon conseiller, mais son apparence physique faisait toujours froncer le nez de la belle Emalia, qui songeait à chacune de ses apparitions que, décidément, la noblesse n'était pas donnée à n'importe qui. Mais il faisait de bonnes manœuvres, avait toujours compris qu'il fallait aller droit au but lorsqu'il lui expliquait quelque chose, avec des termes qu'elle comprenait et qui l'intéressait -c'est à dire, en termes financiers ou politiques.
Aux côtés d'Ulios, un grand Arkanien suivait, de longs cheveux longs et blancs se balançant au rythme de sa démarche. C'était donc Narral Artyss.

La Reine se demanda à quel point elle devrait être polie. Le traiter avec condescendance ou déférence ? Cela dépendrait de ce qu'il proposerait, et de l'étendue de son pouvoir, peut-être. Mais Emalia ne parlerait pas la première. Elle se leva tout de même, lentement pour que l'on remarque la grâce de ses gestes, et attendit, un air de lassitude agréable flottant sur ses lèvres, que leur invité et le conseiller économique arrivent plus près d'elle.

La respiration courte mais bruyante d'Ulios se fit rapidement entendre, et la souveraine dût se retenir de grimacer. Ce que cela l'agaçait, qu'il y ait un esprit si fin dans un corps si odieux ! Mais elle se garda bien de faire un commentaire et le laissa s'incliner en une révérence courtaude mais respectueuse. Les joues rouges du conseiller ballottèrent sur son visage quand il prit la parole.

- Votre Majesté, cria-t-il presque -il parlait toujours trop fort à son goût, j'ai l'honneur d'introduire en votre noble présence messire Noval Artyss, fils de Narral Artyss, de la Corporation Symbiosis.

La Reine acquiesça d'un bref mouvement de tête. Pourquoi le fils plutôt que le père, elle n'en savait rien. C'était un peu décevant, tout de même, puisque cela voulait dire qu'elle n'avait pas « le » président de la corporation devant elle. Elle n'aimait pas qu'on lui envoie des subalternes, même si c'était de proches parents. Et sans la prévenir, qui plus est... Mais elle était debout. Elle n'allait pas se rasseoir avec un air déçu ; une Reine ne montrait pas ce genre de sentiment en public. Alors elle se contenta de descendre une marche du promontoire où était juché son trône, et tendit le dos de sa main vers l'Arkanien.

Pour un baiser, bien entendu.
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Zacchary Ulios, qui tâchait tant bien que mal de reprendre son souffle en bombant exagérément le torse, se racla discrètement la gorge avant de faire résonner sa voix de clairon pour annoncer l’arrivée du négociateur. Autant dire qu’il irrita les tympans, autant que les nerfs déjà soumis à rude épreuve, de ce dernier. Heureusement que Noval garda la tête baissée pendant ces quelques secondes de tortures sonores ; il aurait été fâcheux d’exposer au grand jour un faciès sombre et aigri. Il fallait néanmoins rendre hommage à sa mémoire : Ulios ne s’était pas emmêlé les pinceaux avec les patronymes respectifs du père et du fils, qui peuvent prêter à confusion pour quelqu’un de brouillon ou d’inattentif. L’héritier garda ainsi la pause, main tendue tournée vers le bas et reposant à hauteur de sa poitrine, le coude relevé, ainsi saluait-on les personnages éminents dans la tradition arkanienne. Enfin, Noval releva le visage et fit face à la Reine Emalia, marquant un temps d’arrêt pendant que le ministre déclinait les dernières syllabes de son récital dans une bruyante cacophonie.

Il est toujours étonnant de constater à quel point la représentation holographique d’une personne semble fade et anodine lorsque vous avez le modèle original sous les yeux, surtout dans un contexte bien particulier. Là, de toute sa hauteur, elle donnait l’impression de dominer des cieux idylliques d’un regard détaché, vêtue d’une robe ornée de voilages aériens aux teintes pourpres égayés d’une pointe de jaune... ou peut-être était-ce du rose. Si certains esprits mal lunés pouvaient juger cette tenue peu appropriée pour la circonstance, Noval n’aurait pas été de ceux-là. Les échancrures prononcées de cette enveloppe royale, loin de choquer l’œil, laissait entrevoir une parure de bijoux dont la délicatesse et la discrétion se mariait à merveille avec l’éclat de sa peau, scintillante par endroits. Le ministre Ulios devrait en prendre de la graine, lui qui portait sa quincaillerie rutilante de manière tellement ostensible que cela frisait le ridicule. Chaque jour, il avait sous les yeux un modèle d’élégance et de raffinement, et jamais il ne lui était venu à l’esprit de lui rendre grâce en soignant son apparence et ses manières…

Aucune ombre ne vint troubler ce tableau. Siégeant à l’unisson d’un trône dont Noval se serait bien approché pour admirer la qualité de conception, la reine se mut lentement en des gestes à la fois économes et chargés de sens. Ainsi, elle leva une main gracile vers lui, attendant qu’il vienne s’incliner à ses pieds pour y déposer un baiser, signe de reconnaissance et d’acceptation de son pouvoir suprême. Fallait-il qu’il y ait véritablement un contact physique entre les deux êtres ? La question lui enserra le cœur en le tordant de stupeur. Noval n’en savait fichtre rien ! Les quelques pas qui les séparaient lui offrirent un répit bien trop court pour former une réponse cohérente. Engoncé dans son costume d’apparat, il se pencha vers elle tant bien que mal, contraint qu’il fut de poser genou à terre pour ne pas perdre en prestance. Puis, du bout de ses lèvres frissonnantes de doute, il déposa le fardeau de son incertitude, avec le sentiment chevillé au corps qu’il était en train de souiller une splendeur charnelle, d’un grain si fin qu’il aurait fait passer la soie la plus raffiné pour un vulgaire torchon. Se relevant, il resta de face pour redescendre les quelques marches, retenant sa respiration, à l’affut de la moindre réaction négative de la souveraine, qui pouvait à tout instant le congédier pour cette innommable effronterie...

Elle n'en fit rien, pour le plus grand réconfort du jeune Ortyss. S'asseyant confortablement, elle posa un regard attentif et immobile sur l'Arkanien, comprenant que le temps de prendre la parole était venu.

« Majesté, au nom de la délégation représentant la corporation Symbiosys, je tiens d’abord à vous présenter nos sincères excuses quant à la tournure que cette rencontre a prise. Si mon père est dans l’incapacité de se tenir devant vous, présentement, c’est parce qu’il vient de subir une complication de santé dès notre arrivée sur votre monde. Compte tenu de l’urgence de l’entrevue que vous avez, fort généreusement, consentie à nous accorder, j’ai dû prendre la décision de me porter garant de la voix et des intérêts de mon père, si votre Grâce n’y voit pas d’inconvénients, cela va de soi… »


[HRP : Histoire de faire avancer le fil de la discussion, j'ai pris la liberté de jouer (mais si peu !) la Reine, du moins, de présumer que Noval n'avait pas fait d'impair quant au baise-main... Je peux changer ça à ta demande, of course ! Wink ]
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Darth Corla avait été prévenue tardivement de l’arrivée d’un visiteur important à la cour. Bien entendu, qui dit visiteur important, la reine allait forcément le recevoir. Il était presque devenu coutumier le fait que la jeune Sith soit présente à chaque visite officielle, après de la reine. Il semblerait que cette fois personne n’avait crû bon de la prévenir. Il est vrai que durant le séjour de la reine sur Correlia, l’humeur de la cour avait changé. Le naturel de certains nobles de haut parages était revenu au galop, considérant la « petite poupée » de la reine, comme une moins que rien, dans le meilleur des cas, au pire telle une catin. Mais tout ceci dans son dos bien sur.

Ayant droit à l’oreille de la reine, qui plus est une oreille attentive, elle pouvait faire d’eux pratiquement tout ce qu’elle voulait. Mais bien entendu elle pouvait très bien se passer des conseils de la jeune monarque et de se faire entendre à sa manière. Mais vu qu’Aleema souhaitait garder secret ses aptitudes, que se soit aux yeux de la reine que des autres, elle s’en était abstenue jusqu’alors.

Les deux servantes de la jeune Sith lui avaient trouvé une robe et elle l’aidait à l’enfiler. Cette fois il était hors de question de se vêtir comme d’ordinaire. Le côté aguichant de la mode kuati devrait faire place à une certaine classe tout en n’omettant pas de se découvrir quelque peu. La robe était faite de maille noire, rehaussé de pourpre par endroit, les couleurs de la royauté, une permission de la reine de l’abhorrer. C’était surtout en souvenir de la tenue Sith que portait Aleema lors de leur seconde rencontre. Ce qui contrastait avec la chevelure blonde de la jeune femme, qui cette fois, au lieu d’être coiffée en accord avec la mode actuelle, semblait être négligée, faussement négligée en réalité. Un maquillage plus discret que d’ordinaire avait été appliqué. Des motifs ivoire étaient apposés à certains endroits de la robe. Elle était courte, dénudant les jambes, et la maille noire laissait entrevoir les courbes de son corps, sans en montrer trop et laissant sous entendre l’envie d’en découvrir plus, le tout perché sur des escarpins dénudés.

Darth Corla était en retard. Le visiteur était déjà sur place, incliné devant la reine, lui baisant la main. La bienséance voudrait qu’une personne en retard se fasse discrète. Hors étant perchée sur des hauts talons, difficile de l’être sur ce sol de marbre. Et puis de toute manière elle n’en avait cure. Alors que son pas véhément la menait à la salle du trône, la Sith avait sentie quelque chose de familier et de dérangeant, une présence, une obscurité si grande, qu’elle semblait même avoir oublié ce que c’était. Elle devait se rendre à l’évidence qu’un Sith était ici, un autre qu’elle.

Aujourd’hui il y avait peu de visiteurs programmés. Mis à part le plus important celui d’Arkania. Il est vrai que par le passé Arkania avait été une colonie Sith, mais c’était il y a des lustres. Et puis que ferait un Sith ici ?

Une fois arrivée non loin du trône, la jeune femme jouait des coudes pour être au premier rang. C’était là sa place. Ne faisant nullement attention aux protestations étouffées, Aleema émergeait de la foule de courtisans, venant prendre place non loin de la reine et de son étrange visiteur. Ne faisant pas attention aux politesses d’usage, Aleema scrutait l’assemblée, cherchant du regard qui pourrait bien être le Sith, avant qu’il aille se poser sur l’Arkanien. Aux yeux de la jeune Sith il n’y avait plus que lui. Elle laissait son masque tomber, laissant sa sombre aura voleter autour d’elle et atteindre l’Arkanien, curieuse de voir sa réaction.
Emalia Kira
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Une chose plut immédiatement à la Reine : cet homme avait une allure digne, mesurée. Il n'était pas beau, non. Il avait un visage un peu grossier pour elle qui était habituée aux humains élevés dans la soie, et puis ses yeux... Des yeux d'Arkanien, qui vous donnait l'impression d'être aveugle et de tout voir à la fois. Mais même s'il avait été doté de l'iris des humains, cela n'aurait rien changé au fait que sa mâchoire anguleuse et sa taille longue et fine faisait de lui une statue de noblesse. Quelques années plus tôt, il aurait peut-être même pu prétendre à entrer dans les rangs de la cohorte de prétendants pour être géniteur royal... Mais évidemment, il était hors de question que le corps de la Reine soit à nouveau déformé par un bambin. Qui de toutes façons n'aurait hérité de rien, puisque la Princesse Mylésia était très prometteuse envers son futur royaume.

Emalia regarda l'Arkanien s'incliner et frôler de ses lèvres sa main blanche. Elle sentit sur sa peau la chaleur de sa respiration avant qu'il ne retrouver sa place. Peut-être avait-il des choses un peu plus intéressantes à dire que les rapports ennuyeux de ses conseillers ? La Reine se rassit doucement sur son trône, l'air attentif et charmeur. Un fin sourire s'était dessiné sur ses lèvres tandis que l'encombrant Zacchary Ulios s'effaçait, emportant avec lui sa respiration sifflante, bientôt remplacée par la voix masculine de l'invité. La souveraine prit un air contrit lorsqu'elle apprit l'accident du père de la société Symbiosis -même si au fond, cela lui était complètement égal. Mais une Reine se devait de compatir, dans ce genre de situation.

- C'est une fort mauvaise nouvelle,
déclara-t-elle en faisant la moue. J'espère que ce n'est pas le voyage vers Ondéron qui l'a ainsi incommodé.

Que dire d'autre ? Elle ne savait même pas pourquoi cet Arkanien venait la rencontrer, et déjà l'impatience la gagnait : qu'il aille droit au but ! Pensait-elle en jouant du bout des doigts avec l'un de ses voiles vaporeux. La vie était parfois si ennuyeuse, qu'elle aurait presque aimé que quelqu'un lui déclare la guerre. Mais cet Arkanien était visiblement venu se tortiller devant elle comme tout homme qui espérait obtenir ses faveurs dans les sphères supérieures de la société...

La Reine releva la tête lorsqu'une série de bruits réguliers se firent entendre. Des coups secs sur un sol de marbre, et Emalia ne put s'empêcher de sourire avant même de voir qui était en train de faire son entrée. Sa nouvelle courtisane, bien sûr ! Plus si nouvelle, en réalité, mais le temps s'était écoulé considérablement plus vite depuis son arrivée définitive sur Ondéron.

Aleema était de pourpre et de noir vêtue. Elégamment, comme à son habitude, mais la Reine ne put s'empêcher de laisser échapper un rire sonore.

- Ha ! Je vous prie d'excuser ma courtisane favorite,
s'esclaffa-t-elle avec une bonne humeur retrouvée, imaginant déjà ce que ses conseillers désapprobateurs penseraient de cette entrée et de la réaction de la Reine.

Bien sûr, personne d'autre qu'Aleema ne pouvait se permettre ce genre de choses. Ces derniers temps, cela créait beaucoup de jalousie à la cour, et certaines mauvaises langues racontaient à qui voulait l'entendre que cela ne durerait pas longtemps -bientôt la souveraine se serait lassée de cette courtisane voyante, c'était évident. D'élément extérieur qui les amusait, elle était passée à élément plus proche de la Reine et qui les gênait profondément à cause des avantages inédits qu'elle obtenait. Mais Emalia n'était pas déjà lassée d'Aleema, pas encore. La Sith avait de la ressource. Des idées. Du culot. La Reine appréciait cette sorte d'autre elle-même dans laquelle elle se mirait. Si elle avait été une Sith, se plaisait-elle à rêvasser, elle aurait eu autant de cran que la Major Delaan en avait eu.

- Aleema,
reprit la jeune femme lorsque la Sith fut arrivée plus près d'elle, voici Noval Artyss, de la Corporation Symbiosis.

Les deux femmes échangèrent un regard comme si la Reine, amusée, consultait silencieusement l'une de ses conseillères. Puis, s'avançant sur le bout de son trône, elle s'inclina légèrement vers l'Arkanien pour lui montrer qu'elle lui donnait toute l'attention qu'il désirait, désormais. Elle lui adressa un sourire enjôleur en guise d'encouragement.
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Alors qu’il s’apprêtait à rassembler son courage à deux mains pour entamer la discussion, un léger mouvement de foule perturba son attention, s’ouvrant pour laisser apparaitre une créature des plus distrayantes au regard, auréolée d’un air légèrement hautain et dédaignant magistralement les chuchotements qui s’amassaient en sourdine à chacun de ses pas, sa démarche féline et les talons qu’elle portait crispant encore davantage les spectateurs médusés de celle qui serait aisément passée pour une courtisane d’un genre bien particulier. Car il ne fallut qu’un moment de concentration à Araya pour remarquer que son attitude trahissait en vérité un double-jeu, dissimulant à son bon vouloir une complicité de tous les instants avec la Force. Lorsque la Reine en personne s’enticha, avec une joie non dissimulée, de l’arrivée tardive de celle qu’il jugea être sa protégée, il put clairement percevoir la complicité qui les liait avec une malice et une connivence criantes. Etrange couple que celui-ci, et magnifique stratagème que celui de cette manipulatrice de l’Obscur, tapie dans l’ombre d’une personnalité aussi illustre, jouissant de privilèges et d’une position, pouvait-on le croire, de secrète confidente. D’un regard, cette femme à l’allure charismatique murmura à ce Noval, peu importe comment il se nomme vraiment, qu’elle savait qu’il savait, et inversement. Une attirance partagée pour l’esthétisme et le goût du beau finissaient de brosser ce tableau féérique, choquant pour les uns, enivrant les restants. Reprenant le fil de ses pensées, Araya s’éclairçit la gorge le plus discrètement possible, et se lança dans cette drôle d’arène avec la fougue d’un jeune premier.

« Souveraine Emalia, honorables représentants du gouvernement d’Ondéron, permettez-moi de vous assurer que Narral Ortyss aurait eu à cœur de se tenir lui-même devant votre assemblée afin de défendre la cause qui est la nôtre. De malencontreuses circonstances en ont voulu autrement, comme j’ai eu le désagrément de vous le rapporter. J’ai l’espoir, et la vaine prétention sûrement, d’être à la hauteur de la tâche qui m’incombe, celle de porter haut et fort sa voix et la légitimité de ses préoccupations qui demeurent toujours intactes, aujourd’hui encore. Avant d’aller plus loin et de dévoiler les motivations justifiant un protocole si gratifiant et revenant tout à votre honneur, je vous prie de bien vouloir pardonner les approximations et les raccourcis qui ponctueront le récit que je m’apprête à vous faire de la situation. Loin de vouloir noyer votre intérêt et votre attention sous un flot continu de chiffres et de pourcentage, parfois nécessaires pour étayer certaines propositions, je me permets de vous indiquer que de précieux compléments d’information sont contenus dans les rapports d’enquêtes et les études se rapportant à cette affaire, que je soumettrai, bien volontiers, à votre entière disposition dès la fin de cette intervention.

Bien, je commencerai par une invitation à remonter le temps, si vous le voulez bien. Il y a cinq ans, les unes des médias économiques sont là pour nous le rappeler, les actionnaires majoritaires et décisionnaires du Conseil d’Administration de la Guilde Minière ont été poursuivi et mis en accusation avec plusieurs chefs d’inculpation à leurs actifs, tels que délit d’initié, faux et usage de faux, détournement de fonds privés et publics, et j’en passe. A l’époque, toutes ces procédures judiciaires provenaient de centaines de sociétés de frets et de maintenance dont la solvabilité avait été mis à mal par l’effondrement de placements financiers « aussi risqués qu’illégaux » pour reprendre les termes de la présidente de la commission d’études du Fond Monétaire Intergalactique. Heureuse fin pour cette mégacorporation, puisque l’ensemble des plaignants se sont vus déboutés de leurs plainte, purement et simplement, suite à un vice de procédure litigieux et lié aux conditions d’interpellation des prévenus, lequel s’est avéré exact après moult vérifications. En revanche, ce retournement de situation in extremis provoqua un tollé général de l’opinion sur plusieurs mondes, exprimant le même sentiment de rancœur et d’injustice dans des sondages d’opinions étalés sur la place publique. Dès lors, les côtes de popularité et de confiance du magnat des ressources minières chutèrent, perdant certains appuis dans le secteur bancaire ainsi que de nombreux accords de coopération avec d’autres secteurs d’activités corporatives. Le fait de licencier sans préavis les hauts-responsables de ce fameux Conseil, dont les noms avaient été salis au cours de cette affaire, fut comparé à une manœuvre stratégique plutôt maladroite, mais efficace, un coup de communication comme tant d’autres, destiné à faire table-rase des turpitudes du passé, en reprenant les rennes d’une gestion salutaire et innovante de la Guilde Minière. Autre point illustrant le narcissisme avec lequel la Guilde gère ses différents, ce fameux changement de cap s’est traduit, quelque temps après, par le rachat, à prix d’or, de la plupart des sociétés déficitaires et au bord de la banqueroute, lesquelles s’étaient associées pour déposer leurs plaintes en prévision d’un procès, qui ne s’est finalement jamais tenu.

Refermons la parenthèse, si vous le voulez bien, pour revenir au présent et à la raison de cette rencontre diplomatique. Il y a six mois environ, Narral Ortyss a été informé par une source confidentielle que le Premier Ministre Arkanien Elinn Yaarl avait reçu la visite d’émissaires envoyés par cette même Guilde, et ce en toute discrétion. La nouvelle n’a pas été sans inquiéter les quelques membres du gouvernement informés de la chose, compte tenu du passif juridique dont je viens de vous livrer un bref aperçu. Bien sûr, sans aucune information tangible sur les motivations de cette délégation, ni réclamation ni action légale ne pouvait être intentée envers qui que ce soit, tel que le préconise la constitution du Dominion, le gouvernement étant très alerte sur le respect de ses propres lois en matière de représentativité. Il fallut donc faire profil bas et patienter, en espérant que le pire scénario ne se produise, à savoir que le Premier Ministre lui-même soumette aux parlementaires la signature d’un nouveau traité commercial avec ladite mégacorporation. C’est ce qui arriva, il y a un mois, presque jour pour jour, seule la manière employée différa complètement. Au terme d’un article paru dans le dernier Bulletin des Archives, Elinn Yaarl a fait publier une note spéciale spécifiant qu’une étude serait prochainement menée concernant les bienfaits potentiels d’un rapprochement éventuel avec un organisme de gestion de grande ampleur.

Il n’en fallut pas plus pour mettre le feu aux poudres, la verve contestataire s’opposant à ces façons de procéder, archaïques et sauvages. En effet, la méthode utilisée pour annoncer en demi-teinte un probable partenariat avec la Guilde Minière fut contestée par une majorité de la classe dirigeante. Les implications de ce projet étaient tellement profondes que plusieurs ministres ont aussitôt invoqué leurs droits de véto, sans même prendre le temps de se concerter. Il ne faisait aucun doute pour ces derniers que la but de cette manœuvre politico-financière consisterait à étendre l’emprise tentaculaire du marché et de ses spéculations boursières sur les exploitations minières appartenant aux familles et aux gens d’Arkania, hypothéquant du même coup leur avenir au même titre que les ressources en matières premières gisant en son sein. Au moment où je m’adresse à vous, un projet de développement de structures de stockage et de spatioports est déjà à l’étude, alors que les clauses des décrets réglementant ce nouveau traité n’ont même pas été approuvées par le Haut-Conseil, ni retranscrites dans les Annales du Dominion !

Cette assurance et ce sentiment d’impunité ne sont pas monnaie courante dans notre système politique, tout comme les passe-droits et les privilèges. Si le Premier Ministre se permet d’agir de la sorte, c’est bien parce qu’il est épaulé en sous-main par une Maison bien connue des hautes autorités arkaniennes, celle des Adasca, dont les réseaux d’influences et d’informations comptent pour beaucoup dans l’attitude autoritaire et permissive du Premier Ministre. Mais je ne souhaite pas évoquer plus avant lesdits concernés, ne souhaitant pas porter atteinte à la réputation de représentants officiels qui ne sont pas en mesure de répondre à ces suspicions. En réponse à cette situation de tension et de protestation, les ministres et les hommes d’affaire que je représente ont décidé de mener à bien la seule résolution susceptible de faire plier les ambitions de la Guilde, en ordonnant une commission d’enquête sénatoriale auprès du Sénat de la République et des hautes instances du commerce intergalactique. Comme vous le savez, une telle démarche n’est rendue possible qu’à la condition de réunir plusieurs signatures certifiant l’aval et l’appui des gouvernements concernés pour justifier de sa crédibilité.

C’est pourquoi, Reine Emalia, je peux affirmer sans détour que c’est au nom du plus grand nombre que je vous adresse cette sollicitation, et de vous enjoindre solennellement à soutenir notre action de lutte, légitime et œuvrant afin d’empêcher l’établissement d’un quasi-monopole de la Guilde Minière sur la marché des matières premières à forte valeur ajoutée, fixant par elle-même, dans bien des cas, les taux directeurs des valeurs les plus importantes, dans un secteur très sensible et touchant à plusieurs centaines de millions d’individus et d’emplois répartis dans des milliers d’entreprises. Il est aisé de réaliser les conséquences catastrophiques qu’entrainerait un nouveau faux-pas de gestion ou l’impossibilité d’honorer à ses engagements de rentabilité. Le peuple arkanien se saurait se laisser spolier de la sorte, privé des fruits de son labeur, victime d'une politique aux ambitions de grandeur démesurée. Car ce qui est arrivé une fois peut très bien se reproduire, l’histoire est là pour attester ce fait, affirmation qui ne vaut certes pas pour règle d’action ni de jugement. D'ailleurs, il est à prévoir que ce genre d'oppositions préfigurent un nouvel archétype d'affrontement, là où n'importe quelle puissance militaire serait impuissante à résister à ces attaques invasives, pour ne pas parler d'agressions, sur le plan économique. C’est au nom d’une certaine sagesse et d’une éthique prônant la responsabilité engagée vis-à-vis du peuple et de son devenir, que nous nous remettons à votre bienveillante compréhension.

Si nous parvenions à trouver un accord entre nos dirigeants pour faire plier votre décision en notre faveur, vous seriez, Reine Emalia, la première dirigeante de marque à peser de votre noblesse et de votre engagement à reconnaitre la justesse de notre combat, et la légitimité des intérêts et des idées que nous défendons avec la même ferveur, hier comme demain. Permettez-moi de vous remercier pour votre attention, et de bien vouloir pardonner la longueur excessive de ce discours. J’avais à cœur de vous transmettre une vision, certes partisane, mais autant éclairée que celle du plus impartial des commentateurs. C’est la seule prétention qui me soit donnée de me faire, celle de la probité d’un fils qui a tâché de défendre une cause dont l’importance n’a d’égale que celle de l’avenir d’un peuple fier et travailleur, au caractère indépendant et forgé par des millénaires d’existence sur une terre dont il se revendique en bien et en droit.

J’espère que vous serez sensible à la teneur de ces protestations, trop souvent étouffées à coût de crédits déversés par millions pour faire taire les protestataires et les agitateurs, préférant débourser des sommes considérables en dommages et intérêts plutôt que de subir les foudres de mouvements de grèves dégénérant au conflit ouvert avec les autorités. Encore une fois, au nom de mon père, je vous remercie de nous avoir accueilli sous votre juridiction, je reste à votre disposition pour répondre, autant qu’il m’est possible d’y satisfaire, à la moindre de vos interrogations et de vos remarques. Je vous rends la parole.
»

L’Arkanien aurait aimé s’asseoir et souffler un bon coup, boire un verre aussi, quelque chose de fort conviendrait bien au stress qui fourmillait le long de ses jambes et de ses doigts, éprouvant bien des difficultés à garder l’esprit ouvert, surtout après de telles envolées militantes ! C’est avec réconfort qu’il rentra dans la peau d’un simple spectateur, attendant les réactions de cet auditoire si... métissé !
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Aleema s’était approchée autant que possible du trône. Malgré la place qu’elle détenait et le semblant de pouvoir qu’elle avait obtenu de la reine, certains conseillers et ministres de la reine refusaient de lui laisser la place. Bon nombre d’entre eux n’avaient pas accepté sa présence à la cour et encore moins aussi proche de la reine. Il y avait des bruits à la cour qui couraient sur le fait que certains conseillers avaient dû la voir, lui parler, pour pouvoir faire passer certaines idées, projets, que la reine semblait se moquer autrement.

Une petite cabale avait vu le jour. La reine l’en avait informé le soir ou elles s’étaient retrouvées toutes deux, seules. La soirée avait été des plus agréables et la nuit des plus douces, malgré cette petite révélation des plus ennuyantes. Au début, seules des messes basses et des moqueries faîtes de loin et dans son dos. Ils la traitaient de harpie, de sorcière. Ceci avait sourire la jeune Sith et la reine aussi.

Mais au bout de quelques jours, les conseillers contestataires commençaient à être plus nombreux et plus enhardit, croyant, à tort, que s’ils avaient pu continuer, c’est que la reine les soutenait. Hélas pour eux, ils se trompaient. Du moins c’est ce que se plaisait à penser Darth Corla. Même si sa position ne semble pas menacée dans l’immédiat, elle ferait en sorte que la reine ne veuille pas se passer d’elle sous la pression de son gouvernement.

Lorsque la reine prit la peine de lui présenter l’envoyé de la Corporation Symbiosis, la jeune Sith s’était inclinée, faisant une révérence, telle qu’elle avait apprise auprès de ses deux dames de compagnie. Tout en ajoutant une salutation courtoise et de circonstance.

Aleema profitait que l’Arkanien Sith se lançait dans sa longue tirade, qui semblait captiver la foule, pour s’avancer un peu plus vers le trône. C’est tout juste si elle avait fait attention aux protestations étouffées des conseillers, alors qu’elle passait devant eux à pas de velours. Elle restait bien silencieuse, gardant un œil sur le Sith. Ils avaient échangés tout deux un regard qui en disait long et ceci l’amusait mais l’inquiétait aussi à la fois. Pour qui travaillait-il ? Etait-ce un Sith indépendant ? Ou bien était-il au service d’un seigneur ? La Dame Noire peut être ?

Alors que le seigneur Sith, Aleema était à présent persuadée qu’il en était un, venait de terminer son discours. Elle devait admettre qu’elle n’avait pas trop écoutée, étant plongée dans ses propres réflexions. Néanmoins il fallait que la reine et le Sith puisse parler sans être écouté par qui que se soit. Après tout, quand on est sur le trône, il vaut mieux que l’on ignore ce que vous pensez réellement.

-Majesté, si vous me permettez. Il serait peut être préférable que vous vous entreteniez avec lui en privé ?

Darth Corla s’était portée au côté de la reine, chose qu’elle ne pouvait pas vraiment faire, mais est ce que la reine le lui reprocherait ? Peut être pas. Elle avait parlé d’une voix assez haute pour que les conseillers les plus proches entendent, mais elle avait poursuivit d’une voix plus basse.

-Souhaitez-vous que je sois présente ? Il… Elle n’osait avouer plus, mais c’était déjà trop tard, elle avait commencé. Son regard se posait sur l’Arkanien qui attendait avant de revenir vers la reine. Il est… étrange. Et la cour n’a pas besoin d’en savoir davantage. Elle n’osait pas avouer ce qu’il était réellement de suite, n’étant pas sûre. Mais le regard inquiet qu’elle devait avoir en ce moment serait surement des plus éloquents.
Emalia Kira
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Visiblement, l’arrivée de la courtisane n’avait pas perturbé outre mesure leur invité de marque –du moins c’est ce que la Reine crut naïvement en ne percevant aucune émotion sur le visage de marbre de l’Arkanien. Elle le trouvait austère, songeait-elle alors que l’individu commençait un discours dont les mots soigneusement choisis laissaient deviner une certaine habitude aux prises de parole prestigieuses… Ou alors s’était-il longuement entraîné pour cette entrevue dans son palais ? Non, il devait tout simplement être habitué au monde…
Emalia écoutait ainsi d’une oreille discrète les paroles ampoulées de Noval Artyss, occupée qu’elle était à le détailler des yeux et le jauger. Qu’en pensait Aleema ? Pas très séduisant, le monsieur Symbiosis, qu’avait-il donc à proposer pour être venu remplacer son père dans l’urgence ? Après tout, ils auraient pu tout simplement attendre qu’Artyss père se remette un peu de ses émotions, et reprogrammer cette visite quelques jours plus tard… Mais il était vrai qu’elle avait d’autres choses à faire. Comme rendre visiter au richissime père de sa fille pour qu’il ne l’oublie pas sur son testament.
Les conseillers de la Reine, eux, écoutaient avec un intérêt bien plus manifeste que la souveraine avachie sur son trône. Certains acquiesçaient par politesse tandis que d’autres fronçaient les sourcils de concentration tandis qu’ils tentaient d’éclaircir les propos de l’Arkanien. Parfois, ils chuchotaient entre eux ou murmuraient à un jeune homme de veiller à récupérer tel ou tel rapport évoqué par Noval Artyss.
Quant à la Reine, elle commençait à trouver le récit trop long. Elle n’avait que faire de l’industrie minière ; pourquoi l’Arkanien s’étendait-il sur les détails de cette histoire d’actionnaire au lieu d’aller droit au but ? Qu’avait-il à proposer ? Il voulait de l’argent, se disait-elle en son for intérieur, et elle se répondit à elle-même en plissant le regard : hé bien, il faudrait qu’il lui montre de sérieux avantages, car en ce moment, l’industrie minière et ses actionnaires, elle s’en fichait pas mal. Et voilà que maintenant, il discourait sur Arkania… Devait-elle bailler de manière ostensible pour qu’il cesse ainsi de l’ennuyer avec ses histoires qui ne concernaient en rien Ondéron ?
Mais par politesse, elle se retint. Difficilement. Elle préféra lancer un regard chargé de sous-entendu à sa courtisane dont la tenue l’amusait : Aleema osait… Elle n’était pas comme ces autres femmes trop prudentes de la cour qui ne se permettaient que de la copier vaguement et qui, il fallait l’avouer, était au moins aussi ennuyeuse que cet Arkanien qui débitait toujours ses histoires de contestations populaires sur son monde. Et alors, ils n’avaient jamais eu d’émeutes ? Il suffisait d’avoir l’air de compatir, de nommer untel ou unetelle à la tête d’un « conseil exceptionnel » et le peuple était vite calmé. Et puis on pouvait toujours remettre la faute sur des Jedi encombrants ou sur un Sénat absent… Ils ne savaient pas s’y prendre, sur Arkania, se plut-elle à penser.

Ce ne fut que lorsque Noval Artyss évoqua ses sollicitations de soutien que la Reine comprit peu à peu que son charabia économique hautement technique signifiait qu’il y avait peut-être une alliance économique à la clé de ces manœuvres. Bien sûr, elle n’avait pas tout saisi, mais ses conseillers lui feraient quelques heures plus tard un bon debriefing de la situation en termes qu’elle comprenait : quels avantages et risques en matière financiers pour elle et Ondéron, quel prestige potentiel, quel risque de froisser tel ou tel gouvernement… Et quelle influence à la clé et sur qui. Il n’était donc pas question de répondre en termes clairs, pour l’heure. Après tout, elle pouvait bien lui rendre la monnaie de sa pièce en restant au moins aussi évasive que lui… Mais il faudrait qu’elle choisisse ses mots avec soin. Quelques secondes s’écoulèrent en silence, car l’on attendait que la Reine prenne la parole. Elle prit son temps.

- Hé bien, cher Noval Artyss, c’est un honneur que vous me faites par cette sollicitation, il me semble, emplie de nobles volontés.

Sur ces mots, Aleema lui souffla quelques conseils à voix basse, et la Reine acquiesça discrètement, sans se formaliser sur le fait que la courtisane s’était autant rapprochée d’elle. Oui, une discussion privée… Après que l’on lui ait expliqué de quoi il s’agissait vraiment. Pourquoi pas un dîner en petit comité, ce soir même ? Cela détendrait l’Arkanien dont le visage marbre le rendait presque aussi ennuyeux que son discours. Peut-être même qu’avec quelques verres de bon vin et entre quatre yeux, il serait prêt à concéder quelques faveurs dans leurs nouvelles affaires… Si toutefois il ne s’agissait pas d’entourloupes. Sur ces pensées, Emalia adressa un sourire moins hypocrite et plus malicieux à Noval Artyss, avant de se redresser sur son trône.
Mais en quoi était-il étrange ? s’interrogeait la Reine, loin de saisir l’allusion. Les Arkaniens étaient toujours bizarres. Elle n’en avait jamais connu aucun bien personnellement, mais leurs yeux en avaient toujours fait des créatures mystérieuses dans son imaginaire. Elle se contenta donc de répondre avec un léger acquiescement à sa courtisane avant de porter de nouveau son regard curieux sur leur invité. Il était moins ennuyeux lorsqu’il ne parlait pas…

- Croyez-bien que votre préoccupation m’intéresse vivement, mentit-elle avec aisance, et il va de soi que je vais sérieusement réfléchir à cette question où, me semble-t-il, quelqu’un doit redonner à la Justice de cette galaxie toute la dimension qu’elle devrait avoir. L’économie de nos mondes ont été sérieusement touchés par les remous industriels et bancaires ces dernières années –sans compter les bouleversements successifs qu’ont vécu les Mondes du Noyau et qui, chaque fois, n’ont manqué d’éclabousser une économie locale que nous nous efforçons pourtant de garder la plus saine possible.

Ah, les Mondes du Noyau… Elle les détestait et les adorait à la fois, pour leur influence et pour ce qu’ils étaient le centre de la galaxie, comme une esclave romantique pourrait s’être entichée d’un maître ingrat.

- Vous comprendrez néanmoins que je ne peux, pour le moment, que vous promettre de réfléchir sérieusement à cette sollicitation, et ce dans les plus brefs délais. Vous êtes bien sûr les bienvenus en ces lieux, vous et votre père, en attendant que j’étudie les tenants et les aboutissants de cette situation… Brûlante.

Pourquoi Aleema était-elle si inquiète ? L’Arkanien ne lui semblait pas dangereux ; c’était juste un homme d’affaire. Et les hommes d’affaire, ça se laissait séduire, en général, elle en obtenait ce qu’elle voulait. Le rencontrer en privé lui semblait en effet être une bonne idée.

- Je vous invite à vous détendre dans mon palais, Monsieur Artyss, le temps d’un court séjour. Accepteriez-vous un dîner, ce soir même, en ma compagnie, afin que je puisse vous poser des questions plus précises sur la mission qui vous amène ici ?

Ce n’était pas véritablement une question : on ne refusait pas une invitation de la Reine. Cette dernière fit un clin d’œil à sa courtisane d’une élégance un peu criarde, autant pour lui signifier qu’elle acceptait sa proposition que pour la rassurer : elle maîtrisait la situation, voyons. Ce genre d’individus, elle en avait vu d’autres. Puisqu’il avait cette importante demande, par ailleurs, pourquoi voudrait-il attenter à sa personne ? Et si ses conseillers flairaient l’arnaque, elle pourrait encore annuler ce rendez-vous au dernier moment en faisant congédier la famille d’industriels.
Elle regarda de nouveau l’Arkanien, écoutant vaguement sa réponse. La question qui l’intéressait était plutôt : dans quel cadre recevrait-elle Noval Artyss : plutôt intime, avec des courtisanes et des chandelles pour le choyer ou dans ses Jardins, histoire de ne pas trop le mettre sous pression ?
Elle lui adressa un nouveau sourire enjôleur qui en disait long sur son habitude de plaire à la gente masculine.
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Même s’il n’en laissa rien transparaitre, Noval n’en menait pas large à la seconde où son intervention prit fin, à la satisfaction générale, lui semblait-il. La gorge sèche et nouée, autant que la pression retombant comme un poids mort sur ses épaules, l’empêcha de déglutir correctement, et comme pour se détacher de la pause quasi militaire qu’il avait prise depuis son arrivée dans cette basse-cour pompeuse et probablement corrompue jusqu’à la moelle, il détourna le regard vers Falk Meno, piètre bras-droit à ces heures, mais qui savait se rendre utile en temps voulu. Du coin de l’œil, Noval l’aperçut en train d’œuvrer à sa tâche, pianotant d’une main sur un datapad qu’il tenait à bout de bras, une certaine frénésie dans le regard, illuminé par les inscriptions défilant à tout bout de champ, tel un enfant s’émerveillant de découvrir un nouveau jouet. L’Arkanien espéra seulement qu’il s’occupait de transférer la somme d’informations concernant la Guilde Minière et les rapports confidentiels établis par la Corporation Symbiosys concernant les activités récentes de ladite Guilde, prouvant la légitimité de ses allégations.

Dé là où il se tenait, le Sith ne pouvait faire autrement que de profiter au mieux de la scène politique ondéronienne, grotesque mascarade, qui sembla réagir quelque peu à son discours. L’assemblée des ministres se livra à un ballet ridicule, aussi insolite qu’indécent, se penchant les uns vers les autres pour se livrer à des messes basses donnant lieu tantôt à de faux sourires, tantôt à des mines circonspectes, pour ne pas dire boudeuses. A croire que les notions de privé et de public leur étaient complètement étrangères. A cela vint s’ajouter le méli-mélo des invités papillonnant au gré des humeurs passagères et des attirances de circonstance, profitant des autres convives à l’instar de buffets raffinés offrant à tout à chacun de succulents amuse-bouches, chauds ou froids, parfois tièdes, à l’image des conversations entamées par ces pique-assiettes dont la finalité se situait sûrement au-delà de toute compréhension humaine. Un décor aussi riche d’enseignement sur les envolées et les turpitudes de l’âme humaine, pouvait-on rêver spectacle plus approprié au regard de la Reine, dont le détachement singulier à l’encontre du discours de l’Arkanien fut à la mesure de la décontraction avec laquelle elle exprima sa reconnaissance toute verbale, lorsqu’il en eu enfin fini. En réponse, l’émissaire lui adressa une légère inclination de la tête, bien qu’il ne put s’empêcher de considérer le fait qu’elle le remerciait tout bonnement d’avoir mis un point final à cette tirade interminable et lassante, et qu’il était grand temps de passer à autre chose de plus distrayant.

Toute cette faune puante d’artifices luxuriants parsemés de strass, à la démarche guindée et aux faux-airs aristocratiques, s’effaça d’elle-même lorsque le regard de l’Arkanien, sans que personne ne puisse s’en rendre compte, glissa lentement pour s’appesantir vers celle dont il avait ressenti, quelques temps auparavant, la filiation au Côté Obscur de la Force. Celle qui s’était déjà fait remarquer par une entrée en scène tardive et remarquée, à bien des égards, vint s’approcher subrepticement aux côtés de la Régente de ces lieux pour lui susurrer de secrètes recommandations. Nul besoin d’être devin pour s’apercevoir que cette intrigante semblait tenir une place privilégiée dans les petits papiers de la Reine, et cet état de chose n’était pas pour plaire à l’Arkanien, dont les traits s’assombrirent quelque peu, trahissant une certaine perplexité, pour ne pas dire inquiétude. Que fallait-il penser de cette complicité, si criarde, liant ces deux personnages, aux profils si différents au premier regard ? Il devina sans difficulté que cette Sith avait déjà suscité suffisamment d’estime et de sympathie auprès de la souveraine pour pouvoir tirer quelques ficelles à son aise, et il aurait volontiers parié son poids en diamants que c’est ce qu’il venait de se passer, aux yeux de tous, certains effarés par cette audace malsaine. Cette scène de connivence flagrante lui rappela que lui aussi, à sa façon, convoitait une place de premier plan dans les affaires de son père, visant une prise de pouvoir totale sur celles-ci, espérant bel et bien hérité d’un lègue considérable, tant sur le plan économique que politique. Mais pour cela, encore fallait-il qu’il lui prouve sa capacité à gérer des situations de crise avec le sang-froid et l’aplomb d’un dirigeant digne de ses prétentions et de ses ambitions. Et cette étape passait par la négociation et l’acceptation de compromis et d’accords passés avec de hauts-dignitaires. Manifestement, Noval n’était pas le seul à œuvrer en ce sens…

Alors qu'il observait d'un regard vide, rivé sur les manigances se jouant entre ce duo si insolite, la Reine reprit la parole, avec le même air condescendant et attentionné, suintant le désintérêt alors que ses mots exprimaient le contraire. * L’art du politique dans toute sa splendeur ! * pensa-t-il en lui prêtant attention. En quelques phrases bien senties, elle l’invita à séjourner en ces lieux dont le climat ambiant commençait à causer une sensation de nausée à l’Arkanien…

« A votre convenance, Reine Emalia, j’accepte votre proposition, je vous prie d’accepter la gratitude de la délégation que je représente pour la considération dont vous témoignez à notre égard. » répondit Noval avec concision, sur un ton neutre, en s’inclinant légèrement. Même si la partie était encore loin d’être jouée, au moins n’avait-il pas tout fait capoter jusque-là, tenta-t-il de se rassurer en réfléchissant aux dispositions qu’il devrait prendre à l’emporte-pièce pour honorer cette invitation ornée de doutes, concernant surtout le rôle tenu par son homologue dans la Force.
Emalia Kira
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La réponse s’était fait quelque peu attendre mais elle avait été positive. Bien sûr, qui refuserait un dîner intime avec un monarque de son rang ? Emalia ne se cachait pas le plaisir d’avoir un invité légèrement « exotique », quoiqu’un peu trop sérieux à son goût –si son esprit était aussi rigide que son port lors d’un discours, cela n’allait pas être si drôle. Il n’était pourtant pas question de prendre à la légère ses propositions sur lesquelles elles ne se prononceraient qu’après avoir eu des explications détaillées de ses experts et, bien sûr, avoir pu tâter le terrain avec l’Arkanien pour connaître les avantages d’un rapprochement avec la Corporation Symbiosys. Perchée sur son trône blanc, elle avait donc gardé sur son visage poudré un sourire intéressé, jusqu’à ce qu’un autre sujet soit porté à sa connaissance par un autre de ses émissaires empressés.



***


[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Lorsque le jour déclinait, le salon principal, au deuxième étage du palais, était soudain baigné de rayons orangés. La chaude lumière éclairait la longue le carrelage de la pièce ovale et, pour l’occasion, l’on avait fait remplacer l’arbuste par une table ronde de métal clair. Des étoffes blanches et dorées y avaient été disposées pour accueillir les différents plats et assiettes, dont le contenu était gardé chaud sous des cloches de plastacier transparent.
Ce n’était pas le salon préféré d’Emalia : exactement au-dessous, au premier étage, se trouvait une salle à manger où elle préférait recevoir ses convives, d’ordinaire. Mais la pièce était trop grande pour ce soir, et le pauvre Arkanien se serait retrouvé à un bout de table, seul, tandis qu’Emalia souperait à l’autre bout. Pour que les discussions soient possibles en plus petit comité, il fallait donc une plus petite table. Et comme on ne mettait pas une table minuscule dans une immense salle, Emalia avait consenti à ce qu’ils soient installés ici, sous un dôme de verre qui réconforterait la Reine par l’impression de divinité que l’on ressentait en se plaçant dessous.

Enfin préparée, la jeune souveraine était arrivée avec une demi-heure de retard, accompagnée de sa courtisane, à ce rendez-vous. Il était de coutume, en effet, que la Reine arrivât la dernière à un repas, public ou non. Du temps de sa grand-mère, il y avait même des gens qui ne mangeaient pas mais qui venaient assister au repas juste pour la voir s’installer dans son fauteuil. Aujourd’hui, le fauteuil blanc ouvragé serait celui qui accueillerait la noble Emalia, aidée dans sa prise de position par un serviteur humain dont les cheveux viraient peu à peu au gris. Il était trop vieux pour rester à ce poste, songea-t-elle en entrant, ses talons martelant le sol de marbre ocre. Mais sa famille avait servi la sienne depuis tant d’années… Il n’était peut-être pas judicieux de s’en débarrasser… Du moins, pas sans un bon prétexte.

Ce sujet s’évapora dans son esprit, car apparaissait devant elle désormais l’Arkanien qu’elle avait invité et dont l’étrange regard devait, s’imaginait-elle, admirer sa nouvelle tenue du soir. Devant l’apparente rigidité de l’homme d’affaire, la Reine ne s’était pas trop dévêtue, comme cela était pourtant à la mode depuis quelques mois. Elle portait malgré tout une robe blanche aux voilages dorés, laissant entrevoir son décolleté avant de se refermer sur son cou en un col montant pour mettre en valeur sa tête haut placée. Quelques bijoux –des perles blanches de Manaan- et un maquillage aux tons neutres pour se fondre dans l’ambiance de la pièce et du personnage qu’elle se confectionnait pour la soirée, et Emalia prenait place en se laissant doucement glisser sur le fauteuil ouvragé, que le serviteur avança un peu sous les cuisses de sa souveraine avant de s’effacer dans l’ombre du couloir.
Quelques secondes de silence s’égrenèrent, pendant lesquelles la Reine observa ses deux convives tour à tour. Puis, posant les coudes sur la table et son menton dans ses mains, elle entreprit de sourire pour détendre l’atmosphère.

- C’est un honneur, cher monsieur Artyss, de vous avoir à ma table, déclara-t-elle sur un ton badin. Avez-vous eu des nouvelles de votre père ?

Non qu’elle ne s’inquiéta grandement de la santé de l’Arkanien. Mais elle avait l’habitude de faire croire à ceux qu’elle côtoyait que leur vie l’intéressât un tant soit peu. Généralement, ce n’était pas le cas. Seule peut-être la vie d’Aleema piquait sa curiosité, mais c’était surtout parce qu’elle ne parvenait pas à en savoir autant qu’elle le souhaitait. Emalia s’imaginait des rencontres secrètes entre Sith, un passé chargé d’allégeances et de trahisons, de plans de prise de pouvoir et de poisons dans les veines de ceux qui s’étaient opposés à eux. Autrement dit, elle s’imaginait la vie d’Aleema comme s’il s’était agi d’un roman trépidant, plein de suspens qu’entretenait sa courtisane en ne révélant jamais tous les détails de ses activités.

- J’espère que vous apprécierez à notre table la présence d’Aleema, que je vous ai présentée il y a quelques heures, ajouta-t-elle, sans gêne, comme si l’on avait pu oublier l’entrée remarquée de la courtisane lors de l’entrevue avec l’Arkanien. Elle est toujours d’excellent conseil. Et sur des sujets très variés…

Et elle échangea un regard chargé de sens avec sa complice. Oui, Aleema était douée dans bien des domaines... Emalia se souvenait parfaitement de la soirée aux bains qu’elles avaient passés quelques jours auparavant, toutes les deux. La Sith lui avait prodigué ses conseils en matière de politique et de gestion de son personnel, mais aussi des soins corporels qui prolongeaient considérablement la durée de vie de la jeune femme à la cour...
Mais ici, elle présentait Aleema comme une innocente jeune femme qui était tout au plus suffisamment intelligente pour la conseiller. Nul besoin de dire que ses capacités surpassaient un tel rôle, mais il fallait endormir la méfiance de l'Arkanien, dont la mâchoire carrée ne semblait pas s'être détendue depuis leur première entrevue.
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Aleema était restée auprès de la reine lors des visites qui se suivaient celle de l’Arkanien qui l’effrayait tant. Ce n’était pas l’être qui en était la cause, mais sa nature que seuls les adeptes de la Force pouvaient ressentir et reconnaître. La sienne était ténébreuse. Pas autant que le Seigneur Noir défunt mais tout de même. Les émissaires se succédaient et la jeune Sith ne leur accordait aucune attention. Son regard restait braqué sur la porte d’entrée par ou était sortit le Sith. Une attitude que certaines personnes avaient peut être remarquée mais elle s’en fichait complètement.

*Si seulement ils comprenaient… eux… comme la reine…*

En plus de sa pensée, son regard était retombé sur Emalia. Elle semblait se complaire de vivre dans l’ignorance dans laquelle elle était plongée. Pour elle l’Arkanien n’était qu’un obscur envoyé, d’une obscure compagnie pour des motifs tout aussi obscurs. Cette idée la faisait sourire intérieurement tout en se disant *si elle savait*.

Les requêtes et les doléances touchaient à leur fin. Aleema trouvait ces séances ennuyeuses mais c’était l’un des nombreux devoirs de la reine et elle se devait d’être là. Mais cette proximité avec elle n’avait que désagrément bien au contraire. Toutefois, lorsque la jeune monarque s’était levée de son trône, Aleema avait sollicité une entrevue privée avec elle à propos de cet étrange visiteur de la Corporation Symbiosis. Sollicitation qu’elle avait tout simplement rejetée, prétextant un moment de fatigue. C’était la première fois que la reine semblait l’éconduire, surtout en public.

Alors que la jeune Sith s’en allait à son tour, tout aussi discrète qu’à son arrivée, les sarcasmes à peine voilés, regards et autres sourires amusés pleuvaient à son passage. Ce n’est que lorsqu’elle n’était plus en vue que ses pas se firent plus véhéments, allant se réfugier dans ses appartements où elle pourrait y passer sa rage.



Plus tard, en fin de journée, la reine avait conviée la Sith à venir la rejoindre. Pour mettre au point les derniers petits détails vestimentaires, cosmétiques et recommandations pour le dîner de ce soir. Emalia semblait être très intéressée par la proposition du seigneur Sith et elle allait sans nul doute donner un avis favorable. Aleema n’avait rien dit, pas même lorsque la jeune reine lui avait demandé, la raison de tête à tête qu’elle avait sollicité après la séance de doléances. La colère et l’orgueil de la Sith avait prit le pas sur la raison qui les guidait toutes deux jusqu’à présent.

Très vite la discussion s’était portée sur les tenues et les cosmétiques. La reine avait fait son choix et Aleema ne faisait qu’appuyer le désir de paraître d’Emalia pour la soirée, en restant sur la mode kuati en moins osée, plus subjective. Mais ainsi affublée la Sith restait dans son personnage. Elle savait que c’était inutile, mais il le fallait, pour les yeux de la reine.

Une fois qu’Emalia soit installée, Aleema s’asseyait à son tour sur un fauteuil, en milieu de table, à distance égale de la reine et de son invité. Comme si elle allait jouer le rôle d’arbitre durant les discussions. Le compliment de la reine à son égard la faisait sourire, avec une certaine gratitude, quelque peu gauche, surtout lorsque l’on savait quelle petite tension il y avait eu entre les deux femmes, comme si elle était oubliée. Mais hélas Aleema savait qu’il n’en était rien et qu’après ce dîner la reine se montrera peut être plus distante pour marquer sa réprobation. Cette tension était la première entre elles et peut être pas la dernière…

-Votre majesté est trop généreuse… et j’espère que tout continueras ainsi.

Pourtant le regard échangé entre elles, dérangeait la Sith. Soit la reine était très bonne comédienne, et elle l’était, cachait bien son jeu. Ou alors elle était vraiment sincère et semblait avoir oublié l’après-midi et les bruits de couloirs qui couraient sur sa courtisane. Au fond d’elle-même, Aleema espérait qu’Emalia soit sincère, sinon elle voyait mal comment continuer auprès d’elle et surtout, perdre ses avantages et la vie qu’elle menait ici.
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Suite à l’invitation de la Reine Emalia, Araya avait quitté l’ambiance pesante et le faste de la salle de réception, soulagé d’être parvenu à attiser, si ce n’est son attention, du moins la curiosité du monarque. Soulagé, mais inquiet lorsque Falk Meno, qui venait de lui emboîter le pas sans dire un mot, l’informa qu’aucune nouvelle n’était parvenue des hommes qui avaient escorté son père jusqu’au centre médical. Fallait-il y voir un bon signe, ou un mauvais ? Il devait en avoir le cœur net, et sans perdre une seconde. Dès qu’ils eurent franchis le perron du palais, le Sith interpella son collaborateur, ordonnant de lui trouver une tenue de soirée confortable, sans rogner sur l’élégance, pour remplacer les apparats princiers qu’il portait, les jugeant inconfortables et trop cérémonieux, dans l’optique d’honorer l’échéance, dans quelques heures, avec la régente d’Ondéron. Sans rien ajouter, il s’engouffra à bord du premier taxi venu, filant vers l’une des artères du centre-ville à vive allure.
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Ellipse vers le sujet « [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] »
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Noval tâcha de chasser de son esprit les récents événements, tels des nuages s’amoncelant dans un grondement lourd d’inquiétudes, d’incertitudes aussi. La nouvelle accablante de la paralysie frappant l’état de santé de son père, resté néanmoins stable, avait eu l’effet d’un coup de marteau sur son fils, qui n’avait su comment réagir sur le moment. Le moral en berne, ce coup dur ne faisait que compliquer la donne, rendant caduque ses projets à très court terme. Et que dire de sa rencontre avec cette fillette dont il n’aurait fait qu’une bouchée en temps normal, tant elle avait eu le don de l’exaspérer avec sa sollicitude baignée d’une lumière bienveillante, mais dont l’affinité avec la Force fut telle qu’elle parvint, dans un miracle dont elle seule détenait la source virginale, à lui remettre les idées en place. Décidément, les Voies de la Force sont impénétrables, là encore, il en avait eu la preuve flagrante...

Se mordant la lèvre, il n’avait plus le loisir de réfléchir sereinement à tout cela, pressé par l’heure qui tournait. Car son retour ne se fit pas sans encombres, coincé dans des embouteillages interminables et saturant le trafic. Pestant contre la création, cette situation avait eu le don de lui mettre les nerfs en pelote, à deux doigts qu’il était d’être bel et bien en retard. Traversant en trombe l’esplanade du palais, à peine eut-il franchi l’entrée qu’il laissa une voix puissante et véhémente s’exprimer sans détour, résonnant si fort qu’elle couvrit les annonces diffusées et amplifiées artificiellement, réclamant à ce qu’on le conduise sans plus tarder jusqu’aux quartiers privés de la Reine, ordre dont se chargea une secrétaire qu’il suivit jusqu’au turbolift le plus proche, la pressant de se hâter. Tapotant du pied en signe d’impatience, il surgit de la cabine, tandis que l’employée stupéfaite par son emportement lui désigna du doigt un large escalier en colimaçon, dernier obstacle séparant l’invité de l’étage où devait se tenir le dîner, en comité restreint. A ce propos, il aurait volontiers misé sur la présence de la Sith aperçue plus tôt, tant elle lui avait parue une habituée des affaires de la Cour, semblant œuvrer à sa guise en tant que conseillère privée, profitant de sa position pour faire valoir ses idées, et ses propres intérêts. Peut-être serait-ce là l’occasion d’en apprendre plus à son sujet, sait-on jamais !

Grimpant quatre à quatre les volées marches biaises de marbre rose, sa cadence de marche ralentit aussitôt avoir atteint le palier du second étage pour adopter un rythme plus protocolaire. Passé une série de colonnades ornées d’astragales du plus bel effet, le regard de l’Arkanien se dirigea vers un dôme dont les vitrages laissaient pénétrer une lumière chaude et déclinante, conférant à l’ensemble architecturale une impression de sérénité et de calme, que rien ne pouvait troubler. Consultant sa montre, il s’aperçut qu’il était arrivé légèrement en avance, nouvelle qu’il accueillit en inspirant profondément. Réajustant son costume, le Sith croisa les bras dans son dos, ses pas continuant de résonner avec parcimonie, détaillant les fresques murales avec curiosité. Une élégante table avait été dressée, et n’attendait plus que la venue de l’hôte de marque, à l’instar de Noval, dont l’humeur se troubla en repensant à son père, son coma profond… Cette nouvelle, il aurait tout intérêt à ne pas la divulguer, évitant de rendre perplexe la Reine quant aux suites des tractations, et par crainte aussi de gâcher la réception en plombant définitivement l’ambiance. Hésitant à s’assoir, il renonça à cette idée susceptible de trahir une certaine impatience, qui n’aurait nul lieu d’être par ailleurs. Monarque, elle représentait l’autorité, la loi incarnée à la surface de cette planète, libre à elle de faire poireauter ad vitam aeternam son invité autant qu’elle le souhaitant. Peut-être était-elle en train de se complaire à l’espionner secrètement, réflexion qui amusa le représentant de la Corporation Symbiosys, les traits tendus de son visage se déridant quelque peu. A ce propos, s’il tenait à rentrer dans les bonnes grâces de la Reine, il allait lui falloir dénoter d’une certaine complaisance à son égard, par des traits d’humour et d’esprit, histoire de ne pas l’abrutir de propos abscons et lourds. Le discours qu’il avait tenu quelques heures auparavant se destinait à une assemblée de ministres et d’experts, tous prêts à bondir à la moindre incohérence relative à l’exposé pompeux et rébarbatif. Il en serait tout autrement ici, dans l’intimité et le soyeux d’une réception privée, là où les faux-semblants et les masquent tombent. A moins que cela ne soit l’inverse, peut-être allait-il prendre part à un jeu de dupes orchestré de main de maitre par celle dont le visage n’avait pas quitté son esprit depuis qu’il avait croisé son regard. Il n’allait pas tarder à être fixé…

Il s’était écoulé un long moment de quiétude avant que la Régente et sa fidèle complice n’entrent en scène, parées une fois encore d’atouts à l’esthétique irréprochable. Le hasard voulut que la couleur crème du costume portée par l’Arkanien se mariait à l’unisson avec la teinte des apparats royaux portés par la Première Dame d’Ondéron, ce qui n’était pas pour lui déplaire… A lui, du moins, il s’entend. En effet, comment deviner les intrigues et les manigances que ces deux parties en présence avaient pu comploter dans son dos, dans le but de le soudoyer, se préoccupant de parvenir à leurs fins à elles, sans trop se soucier des siennes. Aux premiers mots qu’elle prononça avec une amabilité non feinte, jugea-t-il, il se courba légèrement, cambrant ses lèvres d’un sourire franc tout en abaissant le regard, se préparant à mentir pour la première fois au sujet de l’état de santé de son père :

« C’est vous qui m‘honorer grandement, Votre Altesse, en me conviant à cette plaisante entrevue. Comme vous pouvez le constater, mon père n’a pu être des nôtres, quoique le diagnostic des experts soit favorable à son prompt rétablissement. Je vous prie, une fois encore, de bien vouloir pardonner cette malencontreuse déconvenue. » dit-il en la regardant s’asseoir, suivie de près par sa suivante, qui sembla étrangement absente, ou distante, l’espace d’un instant. Jusqu’à ce qu’elle soit présentée en bonne et due forme par le Reine, justifiant sa présence au titre de conseillère, targuant de l’expertise de ses jugements, avisés dans bien des domaines, à en croire ses paroles. Avec le même sourire, l’Arkanien se tourna vers elle, parvenant in extremis à voiler le regard complice et avide qu’il lui lança, dissimilé aussitôt lorsqu’il s’inclinant une fois encore, de manière moins marquée, cependant.

« Je n’en doute pas une seule seconde… Mes hommages, Dame Aleema. » répondit Noval d’un ton neutre en se redressant, avant de d’asseoir à son tour, face à cette intrigante, hourdant probablement ses futures reparties, se délectant de ce huis-clos insolite et prometteur.
Emalia Kira
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L’après-midi avait été longue –et ennuyeuse- et la Reine se réjouissait visiblement d’une soirée moins ordinaire que les autres. L’excitation était palpable dans ses gestes pourtant très corrects, mais elle dévorait leur invité des yeux dès que son regard pâle ne la fixait pas. L’attitude un peu sombre d’Aleema ne lui avait pas échappé cet après-midi, mais elle ne s’inquiétait pas outre-mesure : sa courtisane favorite avait peut-être tout simplement passée une mauvaise nuit. Elle espérait toutefois compter sur elle pour animer le diner de quelques-uns de ces délicieux traits d’esprit croustillants qu’elle offrait dans ses bons jours et qui la faisaient rire ou jubiler –mais généralement, ce n’était pas du goût du reste de la cour. Malgré son air « coincé », l’Arkanien saurait peut-être apprécier les écarts d’Aleema à leur juste valeur ?

Mais la courtisane resta sobre sur son arrivée au dîner. Etait-elle vexée qu’Emalia n’ait eu le temps de la voir en fin d’après-midi ? Bah, elles se verraient un peu plus tard et Aleema pourrait s’exprimer. C’était la première fois qu’elle se sentait en opposition avec elle, mais sans trop bien savoir pourquoi. Les rumeurs qui couraient sur la courtisane ne devaient pas arranger son humeur, songea-t-elle, et elle se promit de réfléchir sérieusement à la question. Pouvait-elle faire comprendre au reste de la cour que les commentaires désobligeants à l’égard d’Aleema seraient punis ? C’était délicat… Mais elle était Reine, et elle faisait à peu près ce qu’elle voulait sur son trône. Cela suffirait-il à apaiser les nouvelles tensions ?

La souveraine chassa ses questions de son esprit. Elle aurait une discussion sérieuse avec Aleema, mais il fallait prendre un problème à la fois.
Elle reporta donc son attention sur l’Arkanien. Il était élégamment vêtu. En temps normal, elle aurait trouvé son costume un peu trop sobre à son goût, mais le choix des couleurs renvoyait à sa propre robe et elle était ravie de l’effet d’harmonie qu’ils offraient tous deux, non seulement entre eux mais aussi avec le décor de la pièce. Elle ne put réprimer un sourire de satisfaction –car ce qu’elle éprouvait en cet instant était probablement la joie la plus simple qu’elle était capable de connaître. Une fois n’était pas coutume, ses goûts de luxe avaient presque sur elle un effet d’assainissement de sa nature égoïste.

- Il est fort dommage que votre père ne soit pas présent, fit-elle en minaudant, mais ne vous excusez pas, cher monsieur Artyss. L’important est qu’il se rétablisse. C’est une bonne nouvelle. Une fort bonne nouvelle.

Elle paraissait sincère. En réalité, cela l’arrangeait bien que le père de Noval Artyss soit absent. Un homme n’avait pas le même comportement quand un autre membre de la gente masculine était présent. Et puis le géniteur devait être vieux, ennuyeux, et peut-être se méfier d’une Reine comme elle. Non, c’était parfait qu’il ne soit pas là, et la Reine offrit un sourire encourageant à sa nouvelle proie.

L’Arkanien était très cordial. Un peu plus souriant que lors de leur première rencontre. Tout se passait donc pour le mieux.

- Delsio ? appela soudain la monarque en tournant le visage vers une porte vitrée. Vous pouvez servir le vin.
- Bien, ma Reine.

Le vieux serviteur était réapparu dans l’instant, et il s’approcha silencieusement d’un seau de métal d’où dépassait une bouteille dorée qu’il extirpa de la glace.

- Saviez-vous que depuis quelques années, Onderon produit son propre vin, Monsieur Artyss ? Vous allez pouvoir me dire ce que vous en pensez.

Un gros budget, en partie alimenté par la famille royale, avait permis cette nouvelle entreprise sur la planète de la Bordure Intérieure. Tout cela pour renforcer l’image de planète rayonnant de paix et de plaisirs luxueux qu’elle essayait de donner à Onderon. Si les Jedi, avant, collaient bien avec le pacifisme affiché de sa planète, ce n’était plus le cas aujourd’hui. Leurs conflits éclaboussaient la noblesse d’Onderon, et Emalia n’était pas encore prête à le leur pardonner.
Trois coupes avaient été à demi remplies, et Emalia se saisit de l’une d’elle en la levant devant elle.

- A notre rencontre ! fit-elle joyeusement, et elle ferma les yeux pour tremper doucement ses lèvres dans le pâle nectar.

Elle ne savait pas très bien ce qu’aimait cet homme, songeait-elle, et elle regrettait de ne pas s’être informée durant l’après-midi. D’autres choses l’avaient fort occupée –son teint et sa tenue, notamment- et elle se trouva idiote de n’avoir pris cette précaution ordinaire de faire récolter quelques informations sur les goûts d’un invité. C’était pourtant le b-a ba de toute négociation.
Lorsqu’elle reposa sa coupe, elle avait néanmoins les traits détendus, car il ne faisait nul doute que l’Arkanien se dévoilerait doucement au fil de leur discussion. Il suffisait de ne pas commettre d’impair. Et de se faire apprécier.

- Je voudrais vous dire, déclara-t-elle avec une satisfaction non dissimulée, que c’est un réel honneur pour moi que vous ayez pensé à moi pour votre cause, monsieur Artyss. Malheureusement, j’ai le regret de devoir vous avouer que je connais mal votre peuple… Mais peut-être pourriez-vous me parler de ses aspirations et de ses principaux soucis, actuellement ?

Elle avait souvent entendu dire que les Arkaniens étaient très méprisants envers les autres espèces. Celui-ci ne semblait pas rebuté par leur… Humanité. Mais peut-être s’empêchait-il tout simplement de montrer sa répugnance… Elle le saurait vite, de toutes manières, si cela était vrai ou non.
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A première vue, tout se passait pour le mieux. Noval multipliait les efforts pour se montrer sous son plus beau jour, sans néanmoins trop en faire, de crainte que ses élans de sympathie ne paraissent surjoués et, par là-même, purement circonstanciels. Il avait su se montrer pleinement réceptif à la courtoisie et l’élégance de l’accueil que la Reine Emalia et sa suivante lui témoignèrent, et ce dès qu’elles l’eurent rejoint, bien que cette dernière soit demeurée assez effacée jusqu’à maintenant, comme en demi-teinte. A moins que cela ne soit dû qu’à un effet de son imagination, mais l’Arkanien crut deviner qu’il s’était passé quelque chose entre les compagnes, à en juger par les regards froissés que la comploteuse lui lança discrètement, et une légère tension de ses muscles faciaux aussi, quasiment imperceptibles. A moins qu’il ne se trompe du tout au tout, considéra Noval, sa seule présence autour de cette table suffisant peut-être à plonger dans un certain embarras celle qui l’avait sûrement déjà démasqué, depuis la rencontre officielle. Quoi qu’il en soit, cette ambiance décontractée était de bonne augure et ne laissait présager que le meilleur, même si Noval allait devoir déployer des trésors d’inventivité afin de rompre avec l’image austère que la Reine s’était faite de lui, à ne pas en douter. Inclina le visage, il se surprit lui-même à laisser trainer un œil convoiteur sur la finesse de ses poignets, avant de se reprendre pour mimer un sentiment de gratitude en inclinant le visage, lorsque la Souveraine exprima à son égard ses meilleurs vœux concernant le rétablissement de son père.

« Je ne manquerai pas de lui faire part de votre sollicitude à son égard, il ne recouvrira la santé que plus vite, j’en suis certain… » dit-il sur un ton presque confidentiel, faisant perdurer une vérité tronquée.

Sur son ordre, un valet fit son apparition, dont la chevelure grisonnante renseignait sur son âge assez avancé. Cet homme sur le déclin et au flegme distingué devait servir la famille royale depuis plus d’une génération, pensa l’Arkanien qui observa ses gestes mesurés et précautionneux, semblant comme au ralenti, remplir les coupes de chaque convive, celle de la Reine en premier, bien entendu. La Régente l’informa alors que le vin finement pétillant qu’il était sur le point de goûter était le résultat d’une production locale, mise en place quelques années auparavant, et qu’elle serait heureuse de connaitre son sentiment à son sujet.

« Avec grand plaisir Altesse, et non, je l’ignorais. J’avoue qu’il me plairait assez de pouvoir faire de même, mais compte tenu du climat arctique d’Arkania, je crois que tous mes efforts seraient vains… » dit-il sur avec un air moqueur, s’adressant à lui-même. Sur cette remarque, la Reine porta un toast célébrant leur rencontre, et Noval leva sa coupe à deux reprises avec un certain entrain, souriant à cette initiative plaçant les échanges à venir sous les meilleurs hospices, se plut-il à espérer. Le liquide à la pâleur dorée s’avéra des plus doux au palais, confinant presque au sucré tellement les parfums de fruit exhalés par le breuvage embaumait délicieusement les papilles. Loin d’être un expert en matière d’alcool, Noval s’était découvert un intérêt particulier à les découvrir au fil de ses voyages.

« Excellent ! Ce vin est une réelle fête pour les sens, et je trouve qu'il se prête à merveille à la circonstance ! » lança-t-il, feintant un effet de surprise en haussant les sourcils.

Gardant le silence en appréciant à sa juste mesure ce vin, source d’une évidente fierté pour la tête couronnée siégeant à deux pas de lui, Noval se plut à admirer les reflets changeants du liquide dont les minuscules bulles semblaient s’affoler sous l'effet des mouvements imprimés du bout des doigts, faisant tourner légèrement la flûte en l'inclinant de temps à autre, dévisageant au passage les traits de visage de la conseillère, lorsque la voix cristalline de la Souveraine parvint une nouvelle fois jusqu’à lui. Le sujet qu’elle venait d’aborder valut au Sith de reposer sa coupe, de même que son dos sur le dossier du fauteuil, cherchant visiblement comment il allait aborder la question.

« Je me ferai une joie de combler votre demande, Votre Altesse. Permettez-moi, pour commencer, de ne pas y aller par quatre chemins. Si je vous brossais un portrait idyllique des mœurs du peuple arkanien, je serai tout sauf franc, et c’est bien la dernière chose que je souhaite. Le point d’orgue de la civilisation arkanienne tient en un mot : la science. Les Arkaniens ont toujours été fasciné par l’accumulation de savoirs, dans bien des domaines de recherche, si bien qu’ils tiennent la connaissance scientifique en haute estime et que pour bon nombre d’entre eux, elle est la seule chose de valeur qui soit. Voilà pourquoi mon peuple est souvent dépeint comme ayant un caractère très indépendant, pour ne pas dire nombriliste. Il est vrai que nous préférons nous soucier de nos affaires et rester en marge des autres espèces de la galaxie, comme l’atteste notre histoire. C’est ce qui explique l’attitude souvent hautaine qu’on attribue aux miens, alors qu’il ne faut y voir qu’une profonde indifférence, une froideur d’esprit pour tout ce qui ne les touche pas directement. Et c’est aussi la raison pour laquelle notre compagnie en société est rarement recherchée, et encore moins appréciée d’ailleurs ! » lança-t-il pour marquer une pause, buvant une gorgée du vin ondérondien. « D’ailleurs, le lointain héritage des traditions Sith ont sans doute fortement contribué à façonner ce caractère de repli… Mais nous ne sommes pas tous forgés à partir du même moule, si vous me passez l’expression, d’autant que les temps changent, et les citoyens Arkaniens en sont pleinement conscients. Quant à leurs préoccupations, et bien disons que l’émergence de mégacorporations, aspirant et bataillant pour accroitre leurs hégémonies, menace directement l’autonomie de mon peuple, tout comme un mode de vie perdurant depuis des millénaires. Si jamais elles venaient à avoir la main mise sur une majorité de consortiums, c’est l’ensemble du corps politique qui s’en trouverait ébranlé, et le destin d’un peuple, jeté en pâture au profit d’intérêts purement financiers… »
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Là ou la reine restait sur la politesse et la bienséance, Aleema était sur un terrain plus insidieux et bien plus dangereux. D’un point de vue extérieur elle ne semblait que spectatrice, agrémentant la discussion entre le Sith et la reine de regards, sourires et autres marques d’attentions. Ceci n’était que la façade qui dissimulait son autre activité. Elle usait de la Force pour « agresser », percer les défenses mentales de l’Arkanien. Dans quel but le faisait-elle ? Tout simplement pour pousser le seigneur Sith à se dévoiler, mais que pourrait-il dévoiler ?

Darth Corla n’avait pas du tout faite attention au vieux serviteur, Delsio, qui lui avait servit une coupe de vin. Elle ne s’en formalisait pas, ceci n’avait aucune importance. Elle savait, elle sentait que l’Arkanien était un Sith. Malgré sa certitude dans l’après midi et qui l’avait taraudée le reste de la journée, elle n’était plus tout à fait sur qu’il soit un seigneur Sith. Que pouvait-il être ? Un Sith de son rang, voir inférieur ? Cela était possible mais pas crédible.

La jeune Sith accompagnait le mouvement, levant son verre lorsque la reine souhaitait porter un toast. Elle y trempait ses lèvres, faisait comme si elle appréciait le pétillant nectar, nouveau joyau de l’économie ondéronienne.

Si ce petit tour de passe pouvait faire illusion auprès de la reine et aussi à ses courtisans lorsqu’ils étaient présents, cela ne pouvait surprendre Noval Artyss. La Force tourbillonnait entre les deux adeptes du Côté Obscur. Aleema tentait de passer insidieusement ses défenses mentales, surtout lorsqu’il devait s’exprimer. S’il souhaitait vraiment garder anonyme son affiliation réelle au Sith, il devrait à la fois s’exprimer de façon compréhensible et repousser l’intruse.

C’était là, enfin, le seul moment agréable de la journée pour Aleema. Au début ce genre de jeu l’amusait face aux courtisans de la reine, les pousser dans leurs retranchements au point qu’ils bredouillaient des phrases incompréhensibles et finissaient par se retirer honteux. La jeune Sith avait avoué cela à Emalia lors de leur soirée si savoureuse. Et depuis lors, la reine s’amusait de convier Aleema aux entretiens qu’elle accordait à ses courtisans, autorisant la Sith à user de ses pouvoirs pour les mettre en difficulté, rien que pour le plaisir de la jeune monarque.

-Tout ceci est très intéressant… Dit d’une voix emprunte d’un ennui presque mortel. Mais je crois que la reine attend de vous à ce que vous soyez plus précis dans votre demande de soutien.

Aleema retombait dans son rôle de courtisane quelque peu délurée, se permettant certaines libertés en présence de la reine, dans le seul but de l’amuser. Le sujet était pourtant des plus sérieux, mais la jeune femme ne souhaitait pas voir le Sith manipuler Emalia aussi bien qu’elle-même avait pu le faire pour être présente ici.

Darth Corla lançait un regard à la reine, qui en disait long sur l’inquiétude qui lui traversait l’esprit. Un discret signe de tête négatif lui indiquait qu’elle n’y arrivait pas, que quelque chose clochait. Son regard revenait sur le seigneur Sith. Oui à présent elle en était sure, Noval Artyss est un seigneur Sith, donc un être dangereux.

-D’un point de vue géographique, Ondéron est très éloignée d’Arkania. Et elle n’a pas la même importance, aux yeux du Sénat, que les autres mondes du Noyau, dont vous êtes plus proche. Pourquoi n’êtes-vous pas allé sur Corellia ou Kuat ? A moins que se ne soit le cas et que vous considériez Ondéron comme la dernière de roue de votre carrosse ? A moins que se ne soit pour la reine ? Un esprit aussi délicieusement raffiné, une femme généreuse et à l’écoute des problèmes des autres ? Aleema devait faire un effort pour ne pas éclater de rire. Ou tout simplement la seule et grande richesse d’Ondéron, les Jedi. Oui en faisant rejoindre Ondéron à votre cause, indirectement certains se figureraient que les Jedi se rangeraient derrière leur hôtesse. Serait-ce ce subterfuge que vous rechercheriez… mon seigneur ?

Sa voix s’était faite moins douce, adieux la petite courtisane délurée, qui ne pensait qu’au plaisir, La voix était plus froide, tranchante avec une pointe d’orgueil mal dissimulé. Comme si le Côté Obscur corrompait tout, y compris la voix. Le titre dont la jeune femme l’affublait devrait surprendre, autant l’invité que la reine. Bien qu’elle sache que son amie soit une Sith, elle ne l’avait jamais vu véritablement en tant que telle. Et avoir appelé le fils d’un directeur d’une corporation « mon seigneur » allait soulever des questions que seront peut être gênantes.
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Lorsque la conseillère Aleema adressa la parole pour la première fois au diplomate Arkanien, elle le fit sur un ton empli d’une telle lassitude, d’un tel dédain à l’égard de ce qu’il venait de rapporter à la Reine, qu’il ne put empêcher les traits de son visage de reprendre leurs formes d’origine, à savoir un masque de froideur et d’indifférence, hautain à souhait, avec une lueur de mépris dans le regard. * Tout avait pourtant si bien commencé, trop bien même, cela ne pouvait pas durer sempiternellement… * réfléchit-il en soutenant son regard chargé d’éclairs. Ô certes, il n’était pas dans les habitudes de l’Arkanien de naviguer dans les hautes sphères de la politique et de la royauté, là où une simple réflexion déplacée est suffisante pour défaire des carrières promises à un avenir rayonnant d’ambitions et de réussites. Le sens des réalités, tel était le seul atout dont il pouvait se prévaloir, alors que tant d’autres finissaient par se brûler les ailes à force de regarder trop haut, trop vite. Voilà pourquoi il garda son calme après que l’intrigante eut fini de lui asséner ses quatre vérités, mettant de côté son instinct bouillonnant d’une colère sourde.

En sa qualité d’éminence grise de Sa Majesté, sa langue était aussi fourchue que celle d’une vipère, acerbe et virulente, distillant avec un savoir-faire expert son poison, capable de paralyser de stupeur, d’effroi même, quiconque lui plairait d’affaiblir selon son bon vouloir, influençant les esprits à l’aide de la Force de manière à les déstabiliser, foulant à ses pieds plus d’une réputation face à ceux qu’elle jugeait trop beaux parleurs à son goût. Et bien sûr, elle venait certainement de se rendre compte que ses crocs acérés n’avaient pas plus d’effet que de petites quenottes à l’encontre de ce Noval Artyss, incapables de percer le cuir épais de sa peau blanchâtre, bleuie par endroits. Son petit manège consistait à perturber au mieux les courants de Force circulant et s’excluant irrémédiablement entre les deux Sith, sans avoir d’emprise véritable sur le Proche-Humain, à ce point obnubilé à l’idée d’obtenir l’accord de la Reine concernant l’affaire qui les avait amenés jusqu’ici, son père et lui. D’ailleurs, en croisant le regard de la souveraine suite à l’intervention d’Aleema, si outrancière que bien des dignitaires de tout bord s’en seraient déjà offusqués, il venait de s’apercevoir qu’elle semblait prendre un malin plaisir à camper une posture d’arbitre, décidant de qui marquerait un point, ou au contraire, qui baisserait dans son estime. Voilà donc en quoi consistait leur association, peu banale, il fallait bien l’admettre. Ce n’était pas tant ses arguments, aisément pliables, qu’elle venait de mettre en exergue qui le souciait, mais bel et bien ses derniers mots, ce " mon seigneur " dont elle venait de l’affubler si innocemment. Si elle croyait l’avoir piégé pour autant, elle se fourrait le doigt dans l’œil, et pas qu’un peu !

Connaissant les enjeux de cette entrevue, leur concrétisation n’ayant pas de prix à ses yeux, il se ressaisit en se déridant quelque peu, reprenant sa flûte en main d’un geste nonchalant, tout en conservant le port altier qui était le sien en toute circonstance. Un sourire jaune parcourut ses lèvres, avant d’articuler, avec un fort accent de complaisance :

« Je suppose que je dois voir là une ultime marque d’ironie, assez piquante, je vous l’accorde volontiers, compte tenu du discours parsemé de remontrances que vous venez de tenir. J’ai moi aussi un certain penchant pour l’humour noir, que j’estime être une marque d’intelligence, dont vous ne manquez nullement, Conseillère Aleema ! » déclara-t-il en levant sa coupe, buvant une dernière gorgée de vin avant de la reposer, vide, devant lui. Se tournant vers la Reine Emalia, il lui confia ces quelques mots d’une voix mielleuse : « Je vous prie de ne pas m’en tenir rigueur, Votre Majesté, si je n’ai pas saisi l’allusion masquée derrière le demande que vous m’avez faites, je crains d’être trop obnubilé par le fait de satisfaire la moindre de vos attentes… » Ses yeux basculèrent ensuite vers son interrogatrice, qu’ils fixèrent avec une expression neutre, et commença à répondre à ses invectives, habilement tournées sous forme de question.

« Traitez-moi d’idiot ou bien d’incompétent, conseillère Aleema, mais je trouve vos remarques, si pertinentes soient-elles, frappées du sceau du bon sens, et pourtant, je vous corrigerai en apportant quelques objections sur certains points. Vous avez raison de dire que l’accord que nous tenons tant à ratifier, sous la houppe de l’autorité et du consentement de Sa Grâce, représente une étape importante car nécessaire pour mener à bien la procédure sénatoriale que nous voulons intenter à la Guilde Minière. Et oui, il va sans dire que nous aurons aussi besoin de l’appui politique des systèmes que vous venez d’évoquer, mais je ne vois pas l’intérêt qu’il y a à hiérarchiser l’influence et l’importance des Mondes du noyau en comparaison de celles d’Ondéron, qui demeurent de poids, je peux vous l’assurer. Pour ce qui est de l’Ordre des Jedi que vous semblez tenir en si haute estime, affirmer à son sujet qu’il constitue la seule richesse de cette planète, vous allez un peu vite en besogne, si je puis me permettre ! Auriez-vous déjà oublié le délicieux vin que Son Excellence vient de faire servir ? » ricana-t-il en visant du regard sa flûte, souhaitant secrètement la voir se remplir comme par enchantement. « Plus sérieusement, je ne pensais pas qu’une bande de moines illuminés pouvaient avoir son mot à dire dans les décisions du gouvernement, et interférer sur vos volontés, Votre Majesté… Est-ce vraiment le cas ? » demanda-t-il en reportant son attention vers à la Reine Emalia, une expression de curiosité malsaine balayant son regard, assombri d’une pointe d’inquiétude.
Emalia Kira
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La Reine avait pouffé distraitement et sourit au trait d’humour de leur invité sur la difficulté de faire pousser des vignes sur Arkania –il n’était pas très noble de rire à gorge déployée. Elle ne se le permettait que lorsqu’elle avait noué des liens un peu plus profonds ou si elle se moquait ouvertement de quelqu’un à la cour… Mais dans ces circonstances, il fallait garder une certaine élégance.
Il était toutefois assez difficile pour elle de cacher la satisfaction qu’elle éprouvait à voir son hôte apprécier un vin qu’elle savait ne pas égaler les plus prestigieux élixirs des mondes du Noyau mais dont elle espérait voir la renommée s’étendre rapidement dans la Bordure Intérieure. Et il le trouvait délicieux, comme elle, peu lui importait donc que son propre jugement soit affecté par son amour pour sa planète.
Une réelle fête pour les sens. Il avait bien choisi ses mots, et la Reine était aux anges.

Suivit le récit concernant Arkania, que la Reine écouta distraitement. Ainsi, le peuple de Noval semblait être à son image : à première vue ennuyeux, versé dans la science et la connaissance, méprisant. Mais si l’on prenait la peine de gratter un peu, se plaisait-elle à penser, l’Arkanien et ses congénères avaient des choses plus intéressantes : leur passé commun avec les Sith, par exemple. Leur intelligence, qui devait en faire des alliés puissants et de fins stratèges. Leur goût pour les choses de valeur, peut-être aussi ?

Emalia avait glissé une main blanche sous son menton pour soutenir sa tête, tandis que son autre main gardait la coupe levée près d’elle. Elle la portait des fois à ses lèvres après avoir acquiescé avec intérêt, et le liquide avait déjà diminué de moitié. Il fallait qu’elle soit prudente, si elle ne voulait pas prendre de décisions inconsidérées à cause de l’alcool. A vrai dire, elle se concentrait déjà plus sur les gorgées minuscules qu’elle ingérait que sur le discours de Noval.

Ce fut sa courtisane qui la ressortit de ses pensées futiles, en intervenant… De manière piquante, comme elle savait le faire. Si Aleema ne se rendait probablement pas très agréable aux yeux de leur invité, cela ne dérangeait pas plus que cela la monarque : cela l’arrangeait bien qu’une autre personne se charge de poser les questions qui fâchent. Elle gardait ainsi le bon rôle, celui d’apaiser les esprits. La courtisane savait la mettre en valeur par sa présence et ses paroles, songeait-elle, bien ignorante du jeu invisible qui faisait rage entre Noval et Aleema. Un sourire mi-amusé, mi-embarrassé se dessina pourtant sur ses lèvres un court instant, car elle voyait bien que le visage de l’Arkanien se refermait un peu au fur et à mesure de son échange avec sa courtisane. Il devenait plus méfiant, c’était mauvais signe.

- Tss, tss, tss, intervient-elle en reposant sa coupe sur la table, et son regard semblait caresser Aleema comme un tigre qu’un dompteur voudrait calmer d’une flatterie. Ah, ma courtisane est si attachée à Ondéron… Une excellente défense, pour notre monarchie.

Cela semblait, dans la bouche de la Reine, excuser tout ce que se permettait la Sith : si c’était pour le bien d’Ondéron, Noval devait comprendre. N’avait-il pas dans son entourage ce genre de personnes, bien utiles pour défendre une cause ? Certes, Aleema était un peu agressive, mais la souveraine devait avouer qu’elle était curieuse d’entendre les réponses de l’Arkanien. Et il savait si prendre…

- Ondéron a autant de poids que bien des systèmes, intervint-elle avec un regard orageux. Monsieur Artyss a bien fait de venir nous solliciter, quelle que soit notre réponse.

Elle détestait que l’on puisse considérer sa planète comme de moindre importance que Corellia ou Kuat. Le fait que l’on vienne lui demander son avis prouvait bien qu’Ondéron avait son importance. Qu’elle dise non ou qu’elle dise oui, au fond, peu importait : elle donnerait le ton, et c’était ce qui comptait. Mais elle passerait pour une idiote si elle était la seule politicienne à refuser au final, et elle se sentait un peu mal à l’aise à l’idée de passer pour une imbécile. Par ailleurs, elle qui se voulait une Reine proche de son peuple ne pouvait que soutenir des actions en faveur du peuple d’une autre planète un tant soit peu similaire à la sienne. C’était le minimum si elle voulait conserver son image de monarque adulée par son peuple. Quant aux Jedi… Elle rit lorsque l’Arkanien rencontra son regard.

- Oh, une bande de moines illuminés ! Vous êtes très drôle, monsieur Artyss, gloussa-t-elle, et ses yeux pétillaient presque autant que ce qu’il lui restait de vin. Ces moines, comme vous les appelez… Non, bien sûr qu’ils n’ont pas voix au chapitre. Mais je me méfie d’eux.

Elle avait levé un doigt qui semblait souligné l’intelligence de sa dernière parole. Comme si elle voulait montrer qu’elle n’était pas si dupe. Son ton était redevenu sérieux lorsqu’elle reprit :

- Les Jedi ne sont pas si innocents qu’ils en ont l’air, croyez-moi. J’entretiens avec eux un minimum de cordialité pour sauver les apparences, mais nos relations ne sont plus ce qu’elles étaient. Je les sens méfiants à mon égard, et ils se soucient peu des traditions d’Ondéron. Ils s’entendent bien avec les soldats d’Iziz… Mais ils ne savent pas ce qu’est l’honneur d’une monarchie. Et je sens bien combien ils désapprouvent certaines de mes apparitions et décisions. Ils ne sont pas un cadeau, vous savez… Mais ils ne faut pas trop les sous-estimer non plus. Mieux vaut les garder à l’œil.

Et éviter d’en parler de trop, car penser à eux agaçait fortement la Reine. D’un côté, qu’elle était une enfant, elle avait pu rêver de Chevaliers justiciers au service des jolies princesses… Une image qu’elle s’était faite d’eux qui avait été vite bafouée lorsqu’elle s’était rendue compte, à l’adolescence, de l’indépendance que les Jedi prenaient vis-à-vis de la cour d’Ondéron, alors même que c’était la famille royale qui avait accepté de les héberger sur son monde ! Qu’avaient en tête ses aïeux lorsqu’ils avaient pris cette décision inconsidérée ?

Mais bon, elle comptait sur Aleema pour les surveiller, l’air de rien.

- Avez-vous déjà eu affaire à eux, Monsieur Artyss ? demanda-t-elle avec un air innocent. Je ne voudrais pas ignorer les faits si les Jedi ont eu des déconvenues avec le peuple Arkanien dans un passé plus ou moins récent… Bien que ce ne soit pas cela qui me fera prendre ma décision, bien sûr.

Et même, s’il y avait eu des problèmes entre les Arkaniens et les Jedi, ce serait peut-être l’occasion de leur faire les pieds !
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Aleema était interloquée par les assertions de l’Arkanien. L’était-elle vraiment ou jouait-elle son rôle ? Oui en fait elle l’était. Depuis quelque temps bien peu de gens osaient lui parler ainsi et elle avait oublié ce que cela faisait. D’autant plus qu’elle ne voyait pas juste un simple fils de directeur doué de parlotte, mais un seigneur Sith. Elle se demandait bien ce qu’il faisait là. Qu’il est des projets personnels soit, mais s’il est ici au nom de la Dame Noire… Darth Corla avait accepté de revenir ici sur son ordre et elle l’avait fait car elle y voyait deux avantages : s’éloigner des Sith pendant un temps et l’autre raison était de s’éloigner d’eux pour toujours. Inconsciemment elle voyait la venue de cet homme comme une menace à sa position actuelle.

Elle aurait aimé répliqué, faire comprendre au Sith qu’il se trompait et secrètement elle espérait aussi que le Sith se dévoile un peu. Darth Corla n’allait pas le manger. Même si la reine l’écoute, elle agit toujours de sa raison à elle et à personne d’autre. L’attitude de la reine Emalia venait de le confirmer. Elle s’était amusée de cette première passe d’arme et elle venait clamer l’ardeur de l’Arkanien en réprimandant sa conseillère, comme si elle était un animal que l’on lâche pour impressionner et que l’on rappel au pied une fois le message envoyé. Elle détestait ça et ne manquait pas de le montrer.

La jeune Sith se retirait d’elle-même du débat de manière somme toute symbolique en s’enfonçant plus profondément sur sa chaise et ne faisant plus attention à ce que disait la reine. Intérieurement elle bouillonnait, elle avait envie de s’en prendre à ce Sith mais aussi à la reine d’avoir osé lui faire autant d’affronts dans la journée. En plus elle espérait que le dîner arrive car elle avait faim et qu’elle avait hâte que tout ceci se termine.

Pourtant cette attitude de retrait lui déplaisait. Il lui restait une carte à jouer. Elle l’avait déjà commencé mais elle n’avait pu aller aussi loin car elle devait rester concentrée sur les paroles échangées. Cette fois ce n’était plus le cas. Son regard se posait sur le Sith qui semblait l’ignorer à présent. Se sentait-il en confiance à présent ? Avait-il relâché sa garde en voyant Aleema être repoussée, même de la reine ?

Elle allait vite le savoir. Profitant de son repli, Aleema replongeait au cœur de la Force et refaisait apparaître son aura. Elle s’en prenait de nouveau au seigneur Sith, non pas pour le mettre en difficulté mais pour apprendre à le connaître et certains de ses secrets.

*Qui êtes-vous mon seigneur ?... Que venez-vous faire Ici ? Répondez ! ... Est-ce la Dame Noire qui vous envois ?... Qu’espérez-vous accomplir ici ?... Dîtes le moi… Je ne crois pas que la Dame de Dromund Kaas aimerait connaître votre présence à la cour d’Ondéron…*

Comme tout à l’heure, elle se heurtait à la même défense mentale érigée par Noval Artyss. Mais cette fois Aleema était préparée à cela et n’ayant plus rien à jouer dans la discussion elle se permettait de tourner toute son attention vers lui. La défense était levée, mais grâce à la sorcellerie, la sorcière Sith connaissait les chemins détournés pour accéder à ce qu’elle veut… même à l’esprit d’un seigneur Sith… tel que Darth Araya…
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Avec tout le doigté et la malice qui soulignaient ses interventions depuis le début des festivités, la Reine Emalia intervint pour contenir la véhémence des opinions affichées par la conseillère Aleema, tout en modérant ses propos concernant la position et le poids politique que jouait Ondéron sur l’échiquier des superpuissances galactiques. Du coin de l’œil, Noval regarda plaisamment la jeune femme, à la mine fugacement contrariée par la réprimande, se recroqueviller à vue d’œil, oscillant les courbes de ses hanches qui épousèrent en douceur la forme creusée de son fauteuil. Conforté dans ses positions, l’Arkanien espérait bien que dorénavant, il n’aurait plus à subir les foudres rhétoriques de cette manipulatrice des forces obscures, Sith de son état, laquelle ne s’était pas privée, par-dessus le marché, d’user de moyens détournés pour tenter de déconcerter le diplomate Arkanien, notamment par l’envoi de vagues d’énergie psychique baignées de noirs desseins, typique d’une utilisatrice avertie des mesures de rétorsion propres au Côté Obscur. A coup sûr, elle souhaitait plus que tout qu’il cède à ses invectives invisibles, contraint de tomber le masque d’amabilité qu’il se forçait d’endosser pour arriver à ses fins, et le voir proclamer, une fois pour toutes, son appartenance à l’Ordre… Une telle annonce ne tomberait pas dans l’oreille d’une sourde, celle de la Souveraine en l’occurrence.

Cette éventualité, Noval l’avait déjà proscrite en pensée, refusant catégoriquement de dévoiler au grand jour la teneur de cette filiation qui ne regardait que lui, et personne d’autre. En effet, il ne craignait pas tant une réaction de rejet en bonne et due forme de la part de la Régente, qu’il suspectait d’être au parfum de l’identité qu’Aleema se devait de dissimuler au plus grand nombre, à l’image de sa fantomatique présence hantant les murs richement décorés de ce palais. D’autant que si la nouvelle s’ébruitait qu’une Sith était parvenue à entrer dans les petits papiers de Sa Majesté, cette information en affolerait plus d’un, les Jedi établis sur Ondéron venant en tête de liste, bien entendu. En réalité, l’appréhension de Noval était motivée par le risque encouru de voir le duo hors-pair se dressant face à lui transformer cette troublante révélation en moyen de pression des plus efficaces, capable de le faire fléchir sur le moindre accord, la moindre transaction à venir, la moindre parole. Qu’elles le suspectaient d’être un Sith passe encore, le fait de l’avouer délibérément en est une autre...

Pourtant, les précisions que venait de formuler la Reine Emalia au sujet des rapports, manifestement tendus, qu’elle entretenait avec la caste des Jedi ravit littéralement l’Arkanien d’une joie intérieure, illuminant son regard d’un nouvel éclat. A tel point qu’il dut s’y prendre à deux fois pour retenir sa langue de déverser une nouvelle dose de venin à leur encontre. D’un air sérieux et concerné, Noval hocha ostensiblement la tête pour marquer son plein acquiescement, avant de répondre à sa nouvelle sollicitation, toujours empreinte de curiosité, et d’une volonté manifeste de se rapprocher de cet invité qu’elle commençait à trouver à son goût, du moins c’est l’impression que la Souveraine lui laissa gracieusement entrevoir :

« Bon nombre des miens n’ont pas oublié l’enracinement profond des Sith dans la culture arkanienne, et l’infini respect qu’ils témoignaient à cette époque envers les connaissances que cet Ordre avait su préserver durant des millénaires. La destruction complète de ce savoir orchestré par les Jedi ont marqué bien des générations d’Arkaniens, et au jour d’aujourd’hui, il est encore des historiens pour rapporter ces faits aux plus jeunes. Pour ma part, je préfère les ignorer purement et simplement, même si je ne vous cacherai pas que je ressens à leur égard une certaine forme d’antipathie, compte tenu de la prétention qui est la leur de servir en coulisse les intérêts de la République, de manière si opaque que rien ni personne n’est en mesure de remettre en doute leurs motivations profondes. Heureusement, les temps changent, et si je ne m’abuse, l’idée de voir les agissements des Jedi être directement subordonnés aux décisions sénatoriales compte de plus en en plus d’adeptes depuis les événements de Coruscant. Tout cela va dans le bon sens, d’après moi. Personne ne devrait pouvoir se prévaloir de la sagesse comme d’un privilège immuable… » finit-il son discours, trahissant de temps à autre son sentiment réel vis-à-vis de cette caste dont l’existence représentait à ses yeux un anachronisme absurde, qu’il s’agirait d’effacer définitivement, tôt ou tard.

Soudain, Aleema revint au-devant de la scène, et se mit martel en tête en lançant une nouvelle charge, plus percutante que la première, et surtout bien plus sournoise. Sans détour et avec une verve concise, frappant là où le bas blesse, elle vida son sac en lui assénant mentalement une nouvelle salve de questions en cascade, tombant telle une rangée de dominos. Intrigué, Noval saisit l’occasion pour lui démontrer qu’elle n’était pas la seule à savoir user de sa force mentale, et le fait qu’elle tenta une fois de plus de s’immiscer en terrain inconnu, franchissant allégrement les redoutes de son esprit, tomba fort à propos. Fixant posément ses yeux sur les siens, il sentait les maillons du filet psychique qu’elle s’évertua à tendre dans l’inconscient du Seigneur Sith, venant y piocher les fruits de cette cueillette introspective. Et c’est une apparition monstrueusement déformée de l'Arkanien qui vint la rappeler à l’ordre, au visage semblant surgir d'outre-tombe pour hurler sa colère et sa rancœur, vision horrifiante projetée directement dans les moindres replis de l'âme d’Aleema par son créateur, Araya, qui lui somma de s'expliquer par voie télépathique :

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

** Je croyais que nous avions terminé avec ces manigances… Sachez que je ne comprends rien à vos insinuations, et que vous avez dépassé les bornes, une fois de trop ! Qu’il vous plaise de naviguer en eaux troubles dans le sillage de la Reine, grand bien vous fasse ! Mais ne venez pas me menacer et me mêler à vos histoires de complot ridicules ! Je n'ai que faire de vos menaces, soyez-en assurée ! Quant à savoir qui je suis, vous n'aurez qu'à le demander à la Dame Noire dont vous vous réclamez avec tant d'ardeur ! **

La voix belliqueuse du spectre venait de s'interrompre, le reflet mental de ce dernier disparaissant à son tour sous un voile de noirceur, dès l'instant où le Sith se fut retourné vers la Reine, haussant les sourcils, la commissure de ses lèvres imitant le même rictus enfantin de manière à gommer en un éclair la froideur du regard perçant qu'il venait de braquer vers sa conseillère.

« Je ne sais pas pour vous, Votre Altesse, mais je commence à avoir une faim de loup pour ma part ! J'espère que les mets que vous allez faire servir seront à la hauteur de votre compagnie, si délicatement raffinée, si je puis me permettre, Reine Emalia... » dit-il sur un ton frivole, ajustant du bout du doigt la position de sa fourchette dont l'alignement avait légèrement dévié vers la droite.
Emalia Kira
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La fin de l'amitié entre Emalia et Aleema était-elle finalement arrivée, après des mois de complicité et de connivence malgré les critiques à peine voilées de la cour à l'égard de la courtisane ? La Reine avait du mal à le croire, et ne s'inquiétait pas outre mesure de la mine renfrognée qu'avait pris la jeune Sith. Après tout, elle avait beau être la puissance même, une souveraine était bien au-dessus de tout cela, lui paraissait-elle. Sinon, à quoi bon avoir encore du sang noble dans les veines ? Et puis, si sa courtisane voulait garder son rôle sans que l'on lui porte de soupçons, il fallait bien qu'Emalia jouât le jeu jusqu'au bout. Ce qui ne lui déplaisait absolument pas. Elle trouverait peut-être de quoi se racheter auprès d'Aleema une fois dans l'intimité, de toutes façons...

En attendant, son attention était entièrement focalisée sur l'Arkanien, qui lui apparaissait un peu plus sympathique -peut-être était-ce la façon dont il avait tenu tête à sa courtisane, à qui personne n'osait résister d'ordinaire ?

- Le lien de votre peuple avec les Sith est fort original, commenta la Reine avec un neutre hochement de tête. Et fort à propos par les temps qui courent, si j'ose parler ainsi.

Nul besoin de rappeler que le mystérieux Ordre avait été au cœur de bien des conversations politiques depuis quelques mois. Le mal absolu ou une caste d'utilisateurs de la Force marginalisée, chacun avait son opinion sur la question. Emalia s'imaginait qu'ils étaient une espèce de secte fort influente dans les hautes sphères de la société, et que tous ceux qui les critiquaient devaient surtout être jaloux de n'en faire partie. Quant à ceux qui étaient de connivence avec eux, ils devaient probablement garder leur secret avec une jubilation emplie de fierté, ce que la Souveraine comprenait parfaitement.

- J'apprécie la pertinence de votre avis, l'appuya encore la Reine. Les privilèges que leurs ancêtres ont obtenus de la République n'ont plus lieu d'être dans le monde d'aujourd'hui. Il leur sera difficile d'accepter ce point de vue, bien sûr, mais il doit bien s'en trouver qui comprennent l'importance d'une République juste et égale face à tous ses citoyens, Jedi et Sith y compris. Je suis sûre que tout cela va changer durant les années à venir. Je compte moi-même me prononcer en faveur d'un durcissement de la mise sous tutelle des Jedi par le Sénat. Il serait temps que quelqu'un fasse bouger tout cela...

Elle finit ses paroles avec un soupir. Mais intérieurement, elle était loin d'être si affligée. Elle était au contraire très satisfaite d'avoir trouvé un point commun avec l'Arkanien.

Quelques minutes plus tard, le domestique d'un certain âge avait refait son apparition, après un hochement de tête poli de la part de la souveraine à la remarque de Noval. L'humain s'approcha raidement de la table, et souleva des cloches de métal qui dévoilèrent différents mets dont les odeurs chaudes s'échappèrent en volutes au-dessus de la table.

- Nous commencerons avec une salade de racines de Chak revisité par mon chef cuisinier Ondéronien, déclara la Reine avec un enthousiasme à peine voilé, tandis que le domestique remplissait chaque assiette avec des précautions exagérées. Puis l'on nous servira des côtes de traladons cuisinés à la crème Suvoli -une spécialité corellienne. Nous terminerons avec un gâteau Banja -mon dessert favori !- accompagné d'un Tourbillon de Kiwik-Clusjo, un assortiment de fruits que je fais spécialement venir de Bespin. Saviez-vous que les racines de Chak étaient de plus en plus rares ? Du moins, c'est ce que veut faire croire le gouvernement d'Erysthes en les vendant à prix d'or.

Sur cette suite de paroles de peu d'importance, la Reine contempla sa propre assiette avec plénitude et s'empara de ses couverts. Délicatement, elle entreprit de détacher lentement en petits morceaux les filaments verts avec l'application d'un joaillier.
Inutile de préciser que ces plats n'étaient pas ceux que l'on servait d'ordinaire dans les cantinas des quartiers bas de Coruscant. Le gâteau Banja, en particulier, était une pâtisserie très prisée de certaines célébrités du Noyau -il fallait donc que la Reine eut connaissance de ce mets. Cela faisait partie de l'étiquette, et il fallait de toutes façons bien reconnaître que rien n'était assez fin pour ses papilles aguerries.

Quelques secondes de silence s'égrenèrent, pendant lesquels chacun goûtait les fameuses racines d'Erysthes, et la souveraine guettait à la dérobée son hôte avec des yeux de petite fille malicieuse. Puis, se tournant vers sa courtisane :

- Alors, Aleema, fit-elle sur le ton de la conversation, mais le sujet redevenait sérieux. Les Arkaniens semblent être une nation tout à fait hors du commun, non ? Ne serait-il pas intéressant de nous rapprocher d'eux ? Je suis assez curieuse de leur histoire, je dois le reconnaître...

Emalia ou l'art de faire débattre les autres à sa place pour se faire une idée de la situation.
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*Non ! Je… je n’ai… Je ne suis pas à la Dame Noire !*

Le seigneur Sith était effrayant, il n’y avait pas d’autres mots pour le qualifier. La jeune Sith avait connu Darth Orn, le Seigneur Noir défunt. Lui était horrible à contempler et à ce moment Darth Araya en était presque au même point. Intérieurement, Darth Corla paniquait. Elle avait du mal à le reconnaître car ceci lui arrivait rarement surtout ici sur Ondéron à l’aune de cette complicité qu’elle entretenait avec constance auprès de la reine Emalia. Pourtant la présence de ce Sith la perturbait. Elle avait du mal à voir ou il voulait en venir et que cherchait-il ? Faisait-il ceci avec la bénédiction de la reine des Sith ou bien dans son dos ?

*Oh, mais je compte bien lui faire savoir votre venue seigneur Araya… Peut être irais-je jusqu’à dire que vous m’avez mise en difficulté aux yeux de la reine. Je ne pense pas qu’elle appréciera de le savoir…*

De suite, elle se maudissait intérieurement de s’être laissée emporté ainsi. Alors qu’elle prétendait n’avoir rien à faire avec la maîtresse de Dromund Kaas, voilà qu’elle venait de lui faire savoir qu’elle pourrait bien dévoiler la venue du Sith sur Ondéron et de son comportement plus que suspect.

L’arrivée des plats tirait Aleema de ses pensées. Comme à son habitude la reine appréciait beaucoup les mets raffinés et exotiques. Un différent pour chaque plat. La jeune femme remarquait sans mal que les différents plats étaient en vogues dans les mondes du Noyau, surtout lors de certaines soirées huppées de Coruscant. Elle ne l’avait jamais dit, mais elle détestait ces plats qui se devaient de suivre une méthode particulière, presque aussi froide et complexe que pouvait l’être la science, par exemple.

C’est une remarque qui la faisait sourire, puisque ce soir, les deux femmes dînaient avec un Arkanien, une planète qui avait bâtie sa fortune sur la science et la médecine. Peut être que le repas avait été fait de sorte à ce qu’il ne soit pas trop dépaysé. Lorsque son regard se posait sur les racines de Chak, elle regrettait amèrement la malbouffe des bas fonds, avec sa nourriture qui était trop grasse, au point que vous ne sentiez pas le goût, parfois douteux, de ce que vous ingériez. Alors qu’à cette pensée son estomac commençait vraiment à la faire souffrir, et après s’être assurée que la reine et que son invité avaient commencés à attaquer leur assiette, Aleema les suivait.

Les mots de la reine à son propos la tiraient de son assiette et de sa fastidieuse tâche de découper les racines pour ne garder que ce qui était vraiment comestible à ses yeux et surtout à son palais. Avant de consentir à répondre, elle fermait les yeux un instant, pour essayer d’oublier ce qu’elle avait vu chez le Sith et aussi pour reprendre son rôle.

-Oh, Emalia… Nous savons toutes deux ce qui vous attire chez eux… Dit-elle avec un sourire entendu, qu’elle adressait aussi au seigneur Sith. Toute trace de crainte en elle semblait avoir disparue. La mien sombre qu’elle affichait venait tout simplement de s’envoler pour laisser revenir la courtisane de luxe dans toute sa splendeur.

*Profitez-en, mon seigneur… Profitez-en pour vous dévoiler véritablement… la reine n’en sera qu’enchantée. De toute manière elle le saura bien assez tôt…*

-Oui en effet, majesté, il serait surement très profitable pour Ondéron de se rapprocher d’Arkania. Surtout si tout les Arkaniens sont aussi… piquant que monsieur Artyss. Encore que, je pense que cela pourrait fort mal le desservir s’ils étaient tous comme lui. Dit-elle dans un nouveau sourire, taquin cette fois, uniquement adressé au Sith. Aleema étant à nouveau complètement dans son rôle, la Sith semblait s’être envolée. Et bien, pensez-vous vraiment qu’Ondéron et Arkania, et en particulier la Corporation Symbiosis, puissent s’entendre… Elle laissait passer un temps pour que le reste de sa question ne soit oubliée par personne, surtout Emalia. Mon seigneur ?

Sa voix venait de changer complètement. Cette voix douce et qui accompagnait sa langue acérée à la cour laissait place à la voix que la reine avait connu au début de leur rencontre, froide et implacable. La reine allait sans nul doute se poser des questions sur la raison qui pousse sa courtisane et amie à nommer ainsi l’Arkanien.
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Sans doute était-il présomptueux de formuler le moindre avis concernant ce point pourtant crucial, mais Noval ne put s’empêcher de juger favorablement le trafic d’influences auquel il se livrait auprès de la Reine Emalia depuis les premiers instants de cette entretien privée. Car la monarque s’était montrée réceptive aux explications du diplomate, semblant apprécier ses traits d’esprit qui parvinrent à enjouer son humeur de temps à autre. Et l’Arkanien d’user de quelques formules bien senties pour égayer quelque peu l’ambiance, tranchant avec le côté trop sérieux, pour ne pas dire carrément glauque, de ce personnage au teint cadavérique. Peut-être qu’avec de la chance, celui-ci parviendrait à obtenir l’assentiment de la souveraine, rapport à l’affaire qui lui valait de siéger à ses côtés, séance tenante, sans pour autant qu’elle ne lui réclame de contreparties trop importantes. Le principal atout du négociateur consisterait à proposer une clause de partenariat économique exclusive entre les industries basées sur Ondéron, et la mégacorporation qu’il représentait. Certes, cette sollicitation mercantile n’avait l’air de rien au premier abord, mais ce genre d’accord commercial pourrait à l’avenir s’avérer une carte maitresse susceptible d’accroitre son rayonnement politique envers les entrepreneurs les plus influents de la planète, faisant taire du même coup les réfractaires à cette connivence avec le conglomérat arkanien. Dans le cas où cette proposition ne reçoive pas l’accueil escompté, il lui resterait une carte à jouer, assez grossière à vrai dire : les diamants. Il lui suffirait d’en donner l’ordre, et un convoi acheminant une quantité non négligeable de pierres précieuses, directement ponctionnée dans les fonds de réserve de Symbiosys, se mettrait en route pour Ondéron. Cependant, Noval ne souhaitait pas en arriver jusque-là, non pas par avarice, mais pour ne pas résumer toute sa démarche à une banale transaction marchande, un vulgaire donnant-donnant. Inutile cependant de trop se précipiter en faisant des plans sur la comète, il était préférable de patienter et de voir la tournure qu’allait prendre la suite des événements.

A ce titre, les épisodes de velléité vécus secrètement entre lui et la conseillère Aleema semblaient avoir fondu comme neige au soleil. La Sith, sous couvert d’une posture de " préférée " de la Reine, aussi habile que savamment orchestrée, ne s’était pas laissé impressionnée outre mesure face aux menaces délétères proférées à son encontre. A vrai dire, ce que penserait la Dame Noire de tout ceci était bel et bien le cadet de ses soucis, Noval ayant d’autres préoccupations plus urgentes à résoudre que de plaire aux plus hautes sphères du Conseil de l’Ombre. Tandis que la Reine Emallia prenait un malin plaisir à décrire avec une délectation non feinte la composition du menu qui était en passe de leur être servi, Noval reconsidérait l’invite lancée par Aleema, à savoir tomber le masque et révéler son appartenance à l’Ordre Sith. S’il s’y était catégoriquement refusé jusqu’à lors, c’est bien parce qu’il ignorait tout de la manière dont la nouvelle serait accueillie par Sa Majesté, et surtout, ô combien cette information pèserait sur le reste des pourparlers, révélation qui pourrait tout autant desservir l’Arkanien ou, dans le meilleur des cas, améliorer les relations de bon aloi, balbutiantes, nouées en sa compagnie. Certes, la donne avait changé, au vu de l’antipathie prononcée que le Reine affichait ouvertement à propos des Jedi, et la curiosité manifeste qu’elle vouait aux traditions Sith, à ce terme lui-même…

L’entrée finement dressée proposait au palais des saveurs que Noval découvrit avec un étonnement qu’il ne put réprimer, haussant un sourcil en coin. S’il avait déjà entendu vaguement parler des racines de Chak pour la contrebande qui en était faite, jamais il ne serait douté qu’elles puissent servir d’aliment à part entière. Rappelant la saveur poivrée, presque épicée, de la salade Rocketh, il n’y avait rien de tel pour ouvrir l’appétit que cette délicieuse verdure rehaussée d’une pointe d’huile dont il ne parvint pas à identifier la nature. Prenant garde de ne pas vider le contenu relativement chiche de son assiette d’une seule traite, il releva discrètement la tête lorsqu'une fois de plus, la voix d’Aleema résonna mentalement dans son esprit, l’incitant à cesser ce jeu de dupes dans son propre intérêt. De toute évidence, la manœuvre d’intimidation à son endroit n’avait pas complètement porté ses fruits. Noval était pris dans les mailles d’un traquenard élaborée : s’il n’avouait pas lui-même, de son propre chef, qu’il partageait un certain point commun avec celle qui lui tenait tête effrontément, l’espièglerie de cette soi-disant conseillère ne manquerait d’en faire la confidence à la Reine, qui pourrait voir d’un mauvais œil cette cachoterie de la part de l’Arkanien, surtout qu’elle-même ne s’était pas privé d’exprimer au grand jour ses ressentis face au Sith et au Jedi…

Ecoutant la Reine demander à sa précieuse alliée son opinion quant à la culture arkanienne décrite par le Sith, ce dernier ne put s’empêcher de lancer un regard pesant et lourd de sens vers Aleema, comme s’il s’apprêtait à lui sauter à la gorge au premier mot de travers, à la première comparaison malvenue qu’elle prononcerait avec cette même décontraction nonchalante qui lui servait habituellement de passe-droit et de posture rêvée pour déjouer les fausses prévenances ou les complots se tramant dans son dos. Fort heureusement, la Sith n’en fit rien, et abonda dans le sens de la souveraine, qui voyait d’un bon œil le rapprochement des deux mondes, jusqu’au moment où l'embarrassante appellation refit sciemment surface. " Mon seigneur… " Cette fois-ci, la coupe était pleine. Reposant calmement ses couverts, se redressant quelque peu sur son siège, le visage de l’arkanien statufia une expression de neutralité teintée d’une moue réprobatrice envers Aleema, sa voix ayant renoncé à toute empathie.

« Seigneur Araya… Darth… Araya… » lâcha-t-il d’une voix posée et atone, exprimant la gravité de l’acte qu’il commettait, avant de poser un regard serein sur la mine intriguée de la Reine. « A l’instar de votre suivante au profil si singulier, je ne me contente pas de partager le même intérêt concernant l’Ordre Sith que vous évoquiez. Tout comme Dame Aleema, je suis l’un de ses serviteurs. Loin de moi la volonté de dissimuler cette filiation envers et contre tout, mais vous comprendrez aisément que je ne pouvais impunément révéler cet état de chose en ignorant vos vues personnelles. Quoique, compte tenu des relations étroites que vous cultivez, je vous avoue que j’avais une petite idée à ce sujet… » marmonna-t-il en dévisageant Aleema du coin de l’œil. « J’espère seulement que vous ne me tiendrez pas rigueur de l’attitude préventive que j’ai eue à votre égard, Reine Emalia… »
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Totalement inconsciente du jeu silencieux qui avait lieu entre sa courtisane et leur invité, la Reine s’emplissait de fierté devant la présentation des plats. Il était aisé de comprendre à quel point les apparences comptaient dans le monde de la jeune Ondéronienne, et la cuisine n’y échappait pas. De toutes façons, elle était convaincue qu’un met ne pouvait qu’être meilleur si sa vue nous enchantait –et elle était particulièrement contente du chef de la cour. Elle lui ferait certainement donner une prime pour ce repas particulier, se dit-elle intérieurement, avant que son esprit ne soit de nouveau entièrement tourné vers l’homme d’affaire aux longs cheveux d’argent.

La Reine rit joyeusement à la remarque d’Aleema. Elle aimait tant que cette dernière se montre complice, cachottière. C’était un peu comme un miroir amusant de soi, et sa courtisane savait toujours quand il fallait intervenir et quand il ne le fallait pas. Enfin, presque toujours.
La bonne humeur de la souveraine fut confortée tandis que la Sith semblait approuver son envie de se rapprocher d’Arkania. Bien qu’Emalia n’ait besoin de l’autorisation de personne pour prendre une décision, elle discutait souvent de stratégie, depuis quelques temps, avec Aleema. Cette dernière était meilleure conseillère qu’elle ne l’aurait cru : elle comprenait parfaitement les rouages de la politique, et ses anciennes relations avec les Sith lui permettaient parfois d’obtenir des informations cruciales sur les grandes familles républicaines. Depuis, elle mettait parfois plus de temps à prendre des décisions importantes car elle attendait de pouvoir consulter son avisée courtisane… Un regard, une remarque, un geste suffisaient parfois. Et là, la Sith ne lui transmettait aucune alerte face à son envie de se rapprocher de l’Arkanien.

Elle se détendit tandis qu’elle dégustait son plat en silence, picorant doucement avec une fourchette éclatante d’avoir été tant frottée. Elle écoutait attentivement la conversation qui se poursuivait. Aleema changeait de ton, ce qu’elle imputa sans réfléchir à la méfiance qu’elle pouvait avoir pour leur invité. Le testait-elle ? En tout cas, elle jouait parfaitement son rôle ambigu de courtisane protectrice et inquisitrice… Cela arrangeait la Reine : au moins, ce n’était pas elle qui abordait les sujets qui pouvaient fâcher.

Et puis soudain, l’Arkanien avait changé d’attitude. Lui qu’elle trouvait si sérieux avait prit un air plus grave encore –elle ne l’aurait pas cru possible. Mais sa voix avait quelque chose d’effrayant lorsqu’il reprit la parole, et la Reine perdit lentement son séduisant sourire d’apparat. Ses yeux malicieux s’étaient arrondis et ne pouvaient se détacher des sphères blanches sur le visage de Noval Artyss.

Un… Sith ? Un autre Sith ?

- Darth... Araya ? répéta-t-elle dans un murmure incrédule.

Oh, elle n’avait jamais entendu parler de lui. Là n’était pas la question, d’ailleurs ; elle ne répétait ce nom que pour ce qu’il avait de plus étrange, de plus effrayant, comme pour se convaincre d’accepter une vérité qui semblait tout droit sortie d’une fable d’Aleema. Et pourtant, ç’avait l’air bel et bien vrai, les traits sombres de l’Arkanien s’étaient figés de réalité.

Emalia était partagée entre l’incrédulité et la peur. Là où elle aurait dû ressentir l’excitation d’être entrée un peu plus profondément dans le secret de cette organisation, elle ne savait plus très bien si elle avait eu raison de se montrer si familière avec un homme de ce genre. Aleema était de loin moins effrayante –peut-être parce que c’était une femme, peut-être parce qu’elle avait un caractère qui ressemblait au sien. Ou peut-être qu’à force de la côtoyer, elle ne se rendait plus compte que la courtisane pouvait être dangereuse… Avait-elle eu peur du major Delaan la première fois ? s’interrogea-t-elle confusément. Oui, un peu. Parce qu’elle était apparue dans ses quartiers par un passage dérobé, dont elle seule avait la connaissance. Mais c’était différent… Elle s’était faite passer pour quelqu’un de l’armée, et elles s’étaient tout de suite entendues.
Mais il y avait quelque chose de différent avec Noval Artyss : elle l’avait fait entrer dans son palais. Elle l’avait reçu dans des quartiers privés pour l’atteindre… Mais en réalité, c’était elle qui se retrouvait vulnérable. Alors qu’il y aurait pu y avoir une confrontation, un rejet, envers Aleema, elle avait fait entrer l’Arkanien dans sa demeure avec insouciance. C’était comme un danger qu’elle n’avait pu voir, et qui était forcément plus redoutable.

Quelques minutes de silence s’écoulèrent, tandis que la Reine ne dit rien. Lorsqu’elle était parvenue à détacher son regard perplexe du visage de l’invité, elle s’était doucement essuyé les coins de sa bouche avec une petite serviette blanche avant de la reposer sur ses genoux. Elle la lissa et ajusta nerveusement sa robe, en quête d’une raison qui se serait égarée dans son esprit.
Tant bien que mal, elle parvint à se convaincre que sa peur était due à la surprise de se retrouver à table avec deux Sith dans son propre palais, rien de plus. Je ne crains rien, se dit-elle intérieurement, Aleema m’est fidèle. Elle me protègerait…
Cette pensée la rasséréna et elle reprit contenance. Du sang afflua sur ses joues tandis qu’elle s’emparait de sa coupe nouvellement remplie.

- J’avoue que je ne m’y attendais pas, répondit-elle en ayant retrouvé une certaine nonchalance qui ressemblait plus à la Reine habituelle.

C’était le moins qu’elle pût dire. Que répondre d’autre ? Elle ne pouvait dire que cela l’enchantait. Et pourtant ! Combien aurait-elle donné, quelques minutes auparavant, pour connaître d’autres Sith et faire partie du réseau ! Il fallait qu’elle laisse ses sentiments de côté, qu’elle reste objective, se disait-elle. Les Sith étaient un bon parti : riches, puissants… Elle n’aurait pas pu espérer mieux, il ne fallait donc pas se démonter. Il fallait plutôt saisir l’opportunité tant qu’il en était encore temps. Et puis Arkania devait avoir les mêmes rêves qu’Ondéron : devenir plus importante que les mondes du Noyau… Ils avaient un intérêt commun, ce « Darth Araya » n’avait aucune raison d’être dangereux pour elle !

- Je comprends votre prudence, acquiesça-t-elle finalement, mais son sourire ne revint pas. Je préfère largement que nous soyons francs, ne vous méprenez pas. Au moins, nous aurons les idées claires sur les Jedi...

Depuis quand Aleema était-elle au courant, pourquoi n’avait-elle rien dit ? Ce n’était pas le moment de se mettre en colère, mais quelque chose de dérangeant et d’enfantin venait titiller son esprit. Elle reposa son dos contre le dossier, sa coupe toujours à la main, et toisa les deux adeptes du côté obscur.

- Vous vous connaissiez ? interrogea-t-elle un peu froidement tandis que son regard passait de l’un à l’autre, avec une légère lueur qui ressemblait à… de la jalousie.
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Cette révélation croustillante et pour le moins inattendue, Noval s’en serait bien passé, et à plus d’un titre. Déjà parce que d’un point de vue strictement personnel, il n’avait pas pour habitude de proclamer haut et fort son appartenance à l’Ordre Sith à qui voulait bien l‘entendre, préférant miser sur la discrétion et l’anonymat du personnage à l’allure inquiétante qu’il se savait incarner à ses heures. En règle générale, la méfiance et la crainte suscitées lorsqu’on se targue ouvertement de cette affiliation comme d’un passe-droit universel ne sont qu’assez rarement de bons augures. D’autre part, rien, absolument rien n’empêcherait à l’avenir de faire de cet aveu un moyen de pression des plus efficaces, au cas où l’Arkanien ferait parler de lui en parvenant à se hisser, dans un futur somme toute assez lointain, à une fonction politique de premier plan, comme celle de sénateur par exemple. Si ce double-jeu devait être porté à la connaissance de qui de droit, cette accusation éhontée, avec ou sans élément attestant de sa véracité, suffirait à jeter un discrédit compromettant sur la Maison Ortyss, ruinant du même coup l’ambition de son héritier d’accéder à une position stratégique en terme d’influence… Et de corruption.

Jusqu’à présent, le fait que Noval ait découvert qu’au-delà du soi-disant statut de conseillère privée de la Reine Emalia, une adepte des forces obscures voilait sournoisement sa face au plus grand nombre, avait suffi pour qu’il se montre prudent et attentiste. A ce titre, le seigneur Sith l’avait prévenu : si jamais, d’une manière ou d’une autre, son intervention venait à faire capoter les tractations en cours, le représentant de la Corporation Symbiosys, alias Darth Araya, saurait le lui faire amèrement regretté, dû-t-il renoncer à la moindre chance de voir ces dernières mener à leur terme. Quoi qu’il en soit, ces sombres extrémités ne figuraient pas encore à l’ordre du jour. En revanche, jamais Noval n’aurait pensé que cette harpie endimanchée puisse lui forcer la main de manière si insidieuse afin qu’il dévoile son jeu, renonçant au bluff qui avait pourtant si bien commencé. La raison l’avait emporté sur la suspicion. Car Aleema, confortablement installé sous le giron royal de la Reine, avait joué son va-tout avec un certain brio, réussissant finalement à convaincre l’Arkanien d’outrepasser la réticence qu’il éprouvait à avouer sa véritable identité. En effet, autant que la souveraine d’Ondéron apprenne la nouvelle de son propre fait plutôt que de la bouche de sa favorite, dans la mesure où elle aurait très bien pu considérer ce manque de franchise, eu égard à son rang, pour une marque avérée de discourtoisie de la part de cet étranger à qui elle avait accordé un privilège rare, celui d’avoir été solennellement convié à sa table. Chose faite, Noval regretta presque aussitôt son geste, tant l’inconfort et la gêne s’emparèrent derechef de l’esprit de la tête couronnée siégeant à sa droite, créant un climat d’incompréhension et de malaise qu’il allait devoir s’efforcer d’atténuer par tous les moyens.

Acquiesçant sereinement face aux remarques de la souveraine, il ne put faire autrement que remarquer ô combien celles-ci étaient empruntes d’une certaine gêne, fort compréhensibles d’ailleurs. Voilà que la plus haute éminence d'Ondéron se retrouvait subitement dans une position inconfortable à souhait, prise en tenaille entre deux feux qui semblaient se livrer une guerre des nerfs invisible. Plus d'un se serait retiré en catimini de la scène, craignant d'être pris à partie dans une éventuelle confrontation sans merci. Mais il n'en fut rien. A contrario, l’expression d’étonnement et la mine quelque peu raffermie qui furent les siennes, peu après la dernière prise de parole de l’invité, n'aidèrent pas celui-ci à l’aiguiller quant à la démarche à adopter pour lui faire passer, le plus agréablement possible, la pilule restée passablement en travers de sa gorge. La question qui fusa du bord de ses lèvres délicatement découpées fut un premier pas dans cette direction. Autant faire se reporter l’attention sur l’instigatrice de ce trouble, histoire de se défaire de cette surexposition qui le mettait mal à l’aise :

« Pas le moins du monde, Votre Majesté. Toutefois, j’ai de suite su à quoi m’en tenir dès l’instant où la conseillère Aleema a fait son apparition, tout à l’heure, dans la salle du Trône. Et vice et versa, bien entendu… Il arrive souvent que les nôtres, confrontés à une situation d’esseulement, usent de sombres machinations pour se dénicher une case où se réfugier, à l’abri des menaces et des déconvenues. Il va sans dire que je ne porte aucun jugement en disant cela, chacun est libre de ses choix et de ses agissements… Par contre, allez savoir pourquoi, mais cette chère conseillère Allema s’est mis martel en tête depuis ma venue, convaincue que ma présence en ces lieux menace directement le statut dont elle jouit à vos côtés. Je vous avoue que je me demande ce qui a bien pu lui faire penser cela… Loin de moi l’idée de faire montre d’une curiosité déplacée, cela va de soi ! Après tout, cela ne me concerne en rien ! » objecta Noval, souriant timidement à l’encontre de ladite manipulatrice, décidé à ne pas perdre une miette de ses probables réactions, tout en s’apprêtant à reprendre ses couverts, histoire de terminer le délicieuse mise en bouche que constituait cette entrée dont la pointe d’amertume seyait à merveille à la situation.
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Dès que l’Arkanien venait de prononcer ce nom Sith avec le titre Darth si reconnaissable et singulier, Aleema se maudissait d’avoir forcé la main du Sith pour qu’il se présente sous son véritable jour. Qui aurait pu dire comment la reine allait réagir face à cela. La jeune reine s’était très vite habituée à la présence de Darth Corla et pour cela, cette dernière s’en félicitait. D’autant plus qu’elle n’avait jamais véritablement faut usage de ses dons sur Emalia et que jamais elle ne s’était mise en colère contre elle, montrant à quel point elle aurait pu lui faire mal ou pire, la tuer, d’un claquement de doigt. Mais c’était oublier que la reine était capable du même prodige dans une autre mesure.

-Non… majesté, nous ne nous connaissions pas avant aujourd’hui…

Et c’était vrai. Darth Araya ne faisait pas partit des seigneurs Sith que Darth Corla avait connu ou aperçu ici ou là sur Korriban. Au fil des minutes la jeune femme semblait vraiment regretter son geste envers lui. Elle ne faisait plus attention à la reine et au Sith. Baissant son regard sur son repas, se tortillant comme elle pouvait pour retrouver une certaine contenance. Du bout de sa fourchette elle jouait avec le plat qui lui avait été servit, sans vraiment le manger, n’appréciant que peu cette nourriture.

Sans vraiment s’en rendre compte, alors que Darth Araya s’exprimait, Aleema ressemblait plus par son attitude à une enfant que l’on venait de morigéner. Oui, après tout elle était d’un rang inférieur à ce Sith, une chose dont elle croyait avoir désiré toute sa vie mais plus maintenant. Si elle pouvait choisir, elle le ferait, elle oublierait tout ça. Mais c’était devenu impossible, il était trop tard et ce depuis le jour ou elle avait étreint le savoir des Sith et prit son nom Sith de Darth Corla. Sith elle le serait, jusqu’à la fin. Du moins c’est ce qu’elle se disait lorsqu’elle se prenait à penser de laisser de côté tout ça.

Elle relevait la tête, son regard croisait celui amusé de Darth Araya qui semblait s’être bien amusé de sa réaction. Ayant du mal à se contenir, ayant une envie sourde de lui faire ravaler son orgueil. Darth Corla arrivait dans un effort quasi surhumain à arracher son attention de cet homme pour le concentrer à nouveau sur la reine. Elle se retrouvait là, à devoir choisir, qui des Sith en la personne de Darth Araya, ou d’Emalia, de cette amitié, bien que factice d’origine, qu’elle avait réussi à modeler. Sans une once d’hésitation, Aleema avait choisit, définitivement. Son regard dardait le seigneur Sith.

-Ne vous en déplaise, mon seigneur, j’ai la vieille habitude de caser les gens selon leur degré de dangerosité… Mais je vous rassure, vous n’avez pas encore atteint le palier le plus haut. Dit-elle sur le ton taquin qu’elle usait dans son rôle de courtisane, qui à présent était Aleema, était, elle. Dites nous à présent, seigneur Araya, ce qui vous amène VERITABLEMENT sur Ondéron ?



(HJ : désolé c'est un peu court... Embarassed)
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