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    Un vaisseau l'avait déposée à Iziz, et c'est à pied que la Jedi avait choisi de parcourir la distance séparant la ville du Temple. Elle venait de sortir de sa dernière convalescence, qui comme d'habitude avait été bien plus longue que pour n'importe qui d'autre, et en garder encore une marque visible dans la présence d'un bandage entourant sa tête au niveau de son front, passant tantôt en dessous et tantôt au dessus des mèches de cheveux qui se formaient à cause de celui-ci.

    Maitre Waray, elle en était sûre, avait été prévenue de son retour. Mais une fois au Temple, ce ne fut pas vers les quartiers de cette dernière que la Jedi se dirigea. Activant un voile autour d'elle, disparaissant de la vue de bien des gens, la Coruscanti se rendit dans le parc, là où, sous un petit péron, hommage était rendu aux Jedi ayant servi l'ordre.

    Levant alors le voile, Solstice regarda les noms un à un, écrits en caractère dorés sur les plaques de marbres pour arriver enfin à celui qu'elle cherchait. La plaque, elle le savait mieux que quiconque, était récente et d'une certaine façon, la cérémonie qui avait eu lieu pour la placer résonnait encore en ces lieux.

    Vigrania Alidente
    Padawan émérite morte en mission.


    Stoïque, presque aussi de marbre que la plaque, Solstice regarda la plaque avant d'user de télékinésie pour la retirer et mettre au jour une petite cavité présente dans le mur derrière elle. Décrochant alors de sa ceinture le sabre de la défunte, elle le posa soigneusement à l'intérieur et recula pour remettre la plaque. Ainsi, le sabre reposerait avec les cendres de son propriétaire, jusqu'à ce que la place doivent être libérée, dans plusieurs décennies.

    Une présence vint alors se manifester à l'esprit de la Jedi, qui ouvrant la bouche, salua son ainée d'une voix aussi glaciale que lui permettait la carapace qu'elle s'était forgée autour de ses émotions.

    -"Maitre ..."

    Le Maitre Waray avança alors, se plaçant juste à coté de l'Ombre.

    -"Je suis désolée pour ta Padawan. Vraiment Solstice ..."

    -"Au moins avez-vous veillé à ce qu'un hommage décent lui soit rendu. Vous savez ce que l'on dit Maitre : la mort fait partie de la vie. Elle est un quotidien auxquels l'ont ne peut se soustraire."

    Il y avait dans ses dernières paroles une certaine déception, emmêlé d'un sentiment profond de mal-être, et pourtant, aucun souhait qu'on y réponde. Karva savait qu'elle n'était d'ailleurs pas la mieux placée pour apporter la paix à l'esprit de sa consoeur d'âme, et finit alors par se retirer aussi silencieusement qu'elle n'était venue. Solstice, elle, garda les yeux fixés sur la plaque, le coeur serré et l'âme en peine. Avec la mort de sa disciple, la Jedi avait l'impression qu'une partie de sa carapace s'était retrouvée ébréchée, et se trouvait maintenant affaiblie.

    Sans pour autant qu'une larme ne coule, la Jedi murmura :

    -"Je suis désolée Vigrania ..."
Saï Don
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La nouvelle de la mort de l’un des leurs était toujours un funeste jour pour le vieux Maître. Mais une Padawan… Si cela restait assez exceptionnel, il avait connu de tels drames tout au long de sa carrière et il savait que chacun de ces enfants malchanceux laissait derrière lui des camarades choqués, des professeurs médusés… et parfois un Maître brisé. Que le drame s’abatte sur Solstice… Cela ne pouvait tomber plus mal.

Plusieurs mois s’étaient écoulés depuis qu’ils ne s’étaient vus –à cause des missions particulières de la Jedi autant que de sa propre vie de fugitif- et le vieux Saï avait imaginé leur prochaine rencontre bien différemment. Mais la nouvelle du décès de Vigrania lui avait rappelé le chagrin que lui-même aurait éprouvé si l’un de ses Padawans encore en formation avait trouvé la mort à ses côtés… Et il ne faisait plus de doute sur la nécessité de se montrer présent aux côtés de son ancienne élève en cette journée difficile.

Le temps semblait lui aussi avoir décidé de manifester sa peine, et la grisaille avait demeuré même bien après la nuit sur Ondéron. Saï réajusta sa bure en traversant le parc humide, histoire de ne pas risquer d’attraper froid. A ses yeux se dessinèrent le monument d’honneur aux Jedi défunts et devant lui, deux silhouettes féminines se découpaient. Deux femmes silencieuses, et Saï veilla à ne pas troubler le calme qui régnait autour d’elles. Il échangea un regard entendu mais grave avec Maître Waray tandis que celle-ci quittait les lieux, puis il s’approcha de Solstice, dans son dos. Avec ce même silence, même si aujourd’hui la discrétion dont il était capable n’était rien en comparaison de la Padawan qu’il avait surpris ainsi des années auparavant. Cette fois, elle l’avait sûrement repéré avant même qu’il ne s’approche.

La tête de l’humaine était bandée, mais il reconnaissait ses cheveux sombres et sa façon de se tenir, cette discrétion même lorsqu’on la voyait. Le vieillard tendit une main doucement, et la pose sur l’épaule de son ancienne Padawan.

Le silence se poursuivit quelques secondes. Que dire en des instants si terribles ? Il imaginait à peine la tristesse que Solstice devait ressentir. Quant à la padawan défunte, Saï ne la connaissait pas. Vigrania avait été le plus souvent en mission avec son professeur avisé, et si le vieil homme l’avait croisé quelques fois dans le Temple avant leur départ, ce n’était pas suffisant pour la connaître. Et rien ne la remplacerait, au fond. Aucun de ses mots ne viendrait remplir le vide qu’elle avait dû laisser dans le cœur de Solstice.

Il était là, pourtant. Présent. C’était juste… la moindre des choses.

- Sois certain que mes sentiments t’accompagnent,
souffla finalement le vieillard.

Il n’avait pas voulu parler de condoléances. C’était trop officiel pour être utilisé entre eux, lui semblait-il. Il n’avait pas très envie de mettre une distance solennelle entre eux, en un moment pareil.
Le vieil homme resta ensuite silencieux, pris au dépourvu devant sa propre incapacité soudaine à utiliser les termes qu’il fallait. Parfois, il savait se montrer bon orateur… Quand ses émotions ne prenaient pas d’assaut son esprit. Les discours enflammés et passionnés, très peu pour lui, les sentiments étaient plutôt du genre à ravager sa gorge et contraindre ses muscles au silence, anéantissant toute volonté de s’exprimer. C’était un peu ce qui se produisait en ce moment, à un degré moindre. Qu’est-ce qui l’attristait le plus ? La mort de Vigrania ou la tristesse que son ancienne Padawan devait ressentir ?

Aussi doucement qu’il l’avait déposée, le vieux Maître retira sa main, et ses yeux parcoururent les noms alignés sur le monument. Des Padawans, des Chevaliers, des Maîtres. De vieux noms que rejoignait celui de Vigrania. Trop tôt, lui semblait-il, comme à chaque fois qu’un Jedi disparaissait brusquement. Et dire qu’il allait devoir annoncer celle de Maître Komad…

Saï serra les dents sous son masque de sérénité grave, et chercha des yeux le visage de Solstice.


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Iziz... Une ville qui n'avait que peu changé depuis les évènements qu'avait vécu Ten Arguir il y a 2 ans. Quand le sénat avait subis l'attaque des siths, nombreux de ces compagnons avaient péris pour protéger la vie de ces sénateurs. Lui-même n'avait pu résister à la deuxième vague qui avait emporté nombre des espoirs des Jedi. Un succès en demi-teinte, certes car des sénateurs avaient été tués et le chancelier dont il avait eu la responsabilité avait finalement été enlevé par les siths.

Suite à cette déconvenue, le Kel Dor était repartis sur sa planète natale pour y retrouver une inspiration à continuer de servir le temple Jedi. Devenir Un Jedi gris l'avait taraudé pendant un bon moment mais d'une certaine manière, il devrait un jour se racheter pour avoir échouer lors de l'ultime assaut des Siths.
Le coeur lourd, emplis d'une grande tristesse, il était partis pendant deux années loin d'iziz et du temple. C'était son choix et il avait besoin de faire le point sur ce qu'il était encore réellement capable. Âgé désormais de 63 ans, il ne pouvait que constater que son physique n'était plus aussi performant qu'à ces vingts ans. Désormais il se devait de redoubler de prudence lors des combats si il ne voulait pas rejoindre ses anciens compagnons.

Loin dans la bordure extérieure, il ne répondit pas à l'appel du temple lorsque les siths prirent d'assaut les vaisseaux Jedis. Désormais la politique resterait en dehors de son existence et si le conseil souhaitait s'y mêler alors cela resterait leurs choix. Son sourire apparut néanmoins lorsqu'il apprit que Maitre Saï Don était de retour après le long exil imposé par l'ancien Sénat.

Une autre année s'écoula tandis que le monde autour de Ten Arguir rétrécissait pour se concentrer sur une poignée d'inconnu des bordures extérieures. Il n'avait plus de nouvelle de Mike Koin ainsi que Kyrsk Gradeil et l'inquiétude pour ses anciens compagnons devint un début d'angoisse. Qu'étaient-ils advenu d'eux ? Etaient-ils morts ou tout simplement trop occupé par de nombreuses missions ?
La question resta sans réponse pendant de nombreux mois, ces derniers devinrent l'occasion de revenir à Iziz. Le temps avait comblé une partie des souffrances du passé et il tardait à Arguir de revenir en ces lieux qui avait abrité nombre de ses espoirs.
Le vaisseau se posa en douceur au statioport, une silhouette encapuchonné dans la bure reconnaissable des chevaliers prit la direction du temple Jedi. Sillonnant les ombres, jouant de la lumière, il n'avait pas l'intention de s'éterniser en ces lieux la discrétion était de rigueur. Kyrsk était enseignant à l'académie, Logiquement il devrait pouvoir le trouver dans les salles de cours.

Mais la chance ne semblait pas au rendez-vous, aucun signe de vie de l'enseignant. En revanche, une pointe de soulagement prit naissance lorsqu'il apprit que Mike continuait sa route en donnant des cours aux jeunes Padawans. Désormais, il n'y avait plus beaucoup de possibilités pour Kyrsk. La stèle commémorative se trouvait dans une des extrémités du temple, là où peu de choses pouvaient perturber le nom des Jedis qui avaient servis l'Ordre jusqu'aux portes de la mort.
Sa capuche encadrant le visage du Kel Dor, Ten Arguir s'approcha de la stèle puis s'arrêta à quelques mètres de deux silhouettes. Au moment de son arrivé, il vit ce sabre s'élever et prendre place dans une cavité, mettant fin au dernier hommage pour le Jedi défunt. Maître Waray passa devant lui en lui accordant un bref salut, avant que maître Saï Don ne se joigne au Maître qui venait de perdre un padawan.

Alors que quelques mots s'effondraient dans le silence des défunts, Ten Arguir s'avança à la vision de tous s'approchant de cette stèle tant redoutée en ces heures. Il se devait de savoir même si cela créerait de nouveau une part d'ombre en lui. Les noms défilèrent, beaucoup lui rappelaient le passé de l'Ordre et nombre d'entre eux étaient des amis.

Kyrsk Gradeil
Disparu en mission

"Disparu en mission", la phrase sonnait creuse, vide de sens... Une larme silencieuse coula du masque du Kel Dor. Arguir connaissait la valeur de l'homme qui avait partagé bien plus qu'un combat ainsi que de son sens du devoir. Si il n'est jamais revenu, alors il est probablement mort comme la plupart de ceux qu'ils connaissaient.
Solitude, voilà le mot qui convient le mieux pour décrire le sentiment ressenti. La belle famille de l'Ordre Jedi était ainsi faite de joie et de tristesse. Elle s'agrandissait sans cesse depuis des générations, mais se vidait de son sens par le nombre de morts...
Combien de jedis devront encore périr pour que la justice triomphe du mal qui gangrène cet univers ? Il connaissait déjà la réponse, mais se refusait d'admettre que le conflit soit sans fin.

Il n'avait pas de dernier hommage, pas d'objet à remettre, simplement des souvenirs qui resteraient une partie de son passé. Les regrets n'existaient plus, simplement le désir de les revoir qui s'effaçait lentement de son esprit. Ils furent de bon compagnons et des jedis prometteurs, quel dommage qu'il n'est pu survivre à la rigueur des évènements.

-Je suis désolé pour votre Padawan. Qui que vous soyez, vous sembliez avoir beaucoup d'affections pour elle et je suis peiné de savoir que cette guerre quotidienne nous prenne la vie des enfants de l'Ordre. Notre famille s'émiette chaque jour, mais j'ai l'espoir qu'un jour l'histoire saura se terminer sur la vie et non la fin de l'existence.
Maître Saï Don, je me réjouis de vous voir de retour en ces lieux. De mon retour, je note cette bonne nouvelle et j'espère que vous saurez continué à nous guider comme vous l'avez fais dans le passé. Cependant je me dois de vous poser une question venant droit du passé. Y a-t-il une chance que le chevalier Kyrsk Gradeil soient encore en vie ?


Il n'y avait rien d'autre à ajouter, certes il était peiné du décès du padawan, mais il avait également besoin de réponses...
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    Il était là, proche. Tout proche. Et si la Jedi était encore capable de retenir ses émotions, elle ne pouvait que le craindre lui, qui avait si souvent su la percer à jour. Et lorsque la main du vieil homme se posa sur son épaule, ce ne fut qu'au prix d'efforts qui lui coûtèrent que Solstice ne tomba pas à genoux, sanglotante.

    Mais elle n'était tout simplement plus une enfant, et bien que ses émotions ressortaient, brisaient cette épaisse murailles qui entourait son esprit, elle ne pouvait décemment se laisser emporter par le chagrin. Quelque soit la difficulté, quelque soit l'épreuve, elle devait la surmonter.

    Dans une voix triste, mélancolique, elle se laissa pourtant aller à un peu de faiblesse, demandant au membre du Conseil :

    -"Est-ce que ça vaut la peine ? Est-ce que ça en vaut vraiment la peine, Maitre ?"

    Les sacrifices consentis, les efforts déployés, ... Tant de choses. Solstice pouvait se vanter de connaitre les différentes facettes de l'Ordre pour elle-même faire partie d'une bien particulière. Jamais elle ne remettrait en doute la nécessité de ce qui était fait, mais aujourd'hui ... en ce moment précis ... elle ne pouvait penser qu'à Vigrania. La Padawan n'avait rien fait dans sa vie que se montrer talentueuse, que de montrer les dispositions nécessaires à devenir une Ombre un jour. Et sa vie lui avait été arrachée, autant au sens figuré qu'au sens propre du terme.

    Devant cela, ne pouvait-on pas se permettre de douter ? De se demander où était la justice ?

    -"Je leur ai fait payer. Quand je l'ai vu, quand j'ai vu ce qu'ils lui avaient fait ... Ne me mens pas, je sais ... je suis convaincue ... que tu l'as senti quand la colère s'est emparée de mon âme."

    Les échos dans la Force. Chaque acte de cruauté créait une brèche, une blessure dans celle-ci ... et Solstice se doutait que ce qu'elle avait fait, son Maître avait du le ressentir. Au moins à cause du lien qui s'était tissé entre les deux êtres. Mais la jugerait-il pour cela ?

    Une nouvelle présence s'approcha alors d'eux, attirant l'esprit troublé de la Coruscanti. Et un Kel-Dor se présenta à eux, lui aussi visiblement en quête de noms sur la stèle commémorative. Et quand ce dernier lui présenta ses doléances pour Vigrania, ce ne fut qu'un "Merci" qui put sortir de la bouche de la Jedi, froid et presque sans émotions. Et lorsqu'il demanda des nouvelles de celui dont il avait recherché le nom, Solstice n'ajouta rien. La question ne lui avait de toute manière pas était posée à elle directement.

    Posant alors ses genoux au sol, joignant ses jambes, Solstice s'assit en posant ses fesses sur ses talons. Une onde de douceur, telle une brise agréable et rafraîchissante, commença alors à se dégageait de la zone. Au moins pouvait-elle encore offrir ça à sa Padawan ... tout du moins à ce qui restait de sa Padawan.

    -"Qui est ce Kyrsk ? Que lui ai-t-il arrivé ?"

    Sa dernière mission s'était trop éternisée, et son retour trop frais que pour qu'elle soit au courant. Pourtant, elle pouvait demander, se renseigner, peut-être aider. Ne serait-ce que par un avis ... Mais au-delà de tout ça, la Jedi cherchait à occuper un peu son esprit, penser à autre chose. Ne serait-ce que l'espace d'un instant.
Saï Don
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Le vieil homme avait lui-même bien des difficultés à répondre à une question si délicate. Il aurait aimé lui dire que Vigrania n’avait pas eu de chance, que c’était tout, mais… Les Ombres étaient les Jedi qui risquaient le plus leur vie. Parfois, l’un d’entre eux disparaissait en filature, et jamais il ne revenait. Vivant, mort, détourné de la lumière ? Parfois, aucune réponse ne leur parvenait jamais. Vigrania avait suivi son Maître dans une telle entreprise, c’était…
Saï s’interrogea sur la possibilité pour les Ombres d’enseigner à un padawan en l’emportant avec lui dans leurs dangereuses missions. Solstice avait dû être une exception, car il lui semblait inconscient d’avoir envoyé cette pauvre enfant si proche de la mort. Ils étaient quelque part aussi responsables de la mort de l’enfant que celui qui avait pris sa vie quelques semaines plus tôt.

- C’est à chacun de le décider,
murmura le vieillard, impuissant.

Il admirait la maîtrise de soi dont faisait preuve Solstice, en cet instant. Mais bien sûr, elle voyait les choses avec les yeux du malheur –comment aurait-il pu en être autrement ? Elle aurait du temps pour y réfléchir et répondre à cette question, quand elle aurait avancé sur le chemin de son deuil. Et ce serait sûrement long.

Est-ce qu’il l’avait sentie, sa fureur ? Le malheur, oui, il l’avait entendu. Comme un cri déchirant l’espace et une nuit, sur Ondéron, il n’avait pu dormir convenablement. Quelque chose de grave s’est produit, s’était-il dit, Solstice. Solstice est triste.
Mais elle était une Ombre. Il n’avait même pas essayé de la contacter –il n’aurait pas risqué de briser sa couverture. Mais il ne pouvait pas nier ce qu’il avait ressenti.

- J’aurais aimé pouvoir t’apporter mon aide,
déclara-t-il pour seule concession. Il y a des colères que même le Conseil comprend, Solstice. Nous… J’ai confiance en toi. Tu soigneras cette plaie.

Béante, certes. Sa fureur avait été justifiée, même si ses actes pourraient lui être reprochés un jour. Le Conseil dans son entièreté déciderait ou non d’être indulgent, mais Saï avait encore beaucoup d’espoir pour l’avenir de l’Ombre. Il faudrait qu’elle n’attise pas sa colère pour que le temps efface lentement cette dernière. En tout cas, elle ne chercherait plus la vengeance.

Saï cherchait encore que dire pour l’apaiser, quand le Kel Dor les avait rejoint soudain. Un visage qu’il reconnaissait… Oui, Ten Arguir. Le Chevalier, était absent depuis son retour. Il n’avait pas eu le temps de prendre plus de nouvelles –trop de charges, trop de personnes, trop de sollicitations. Mais celui-ci donc était bien vivant. Preuve qu’il ne restait plus qu’un absent à cause de Kaze Toldran.

Maître Don salua silencieusement le Kel Dor. Lui aussi avait l’attitude grave de ceux qui ici, venaient se recueillir en pensant à un ami disparu. Pour l’espoir vain d’une liberté éternelle.

- Merci, Chevalier Arguir,
lui répondit le vieil homme, mais il n’avait pas vraiment le cœur à sourire. Il est bon de savoir que l’un des nôtres rentre au bercail.

La question du Jedi ensuite était directe. Saï trouvait un peu maladroit de venir briser le recueil de Solstice, mais peut-être était-ce seulement la propension qu’il avait à avoir envie de surprotéger son ancienne padawan, aujourd’hui meurtrie.


- Le Chevalier Gradeil est en vie, oui,
répondit-il encore un souffle. Mais il est aux mains des Sith. Nous l’avons appris hier. L’un de vos agresseurs est aujourd’hui notre prisonnier.

Ce n’était pas n’importe quelle révélation. Le vieillard ne savait si cela apaiserait le Kel Dor –rien n’était moins sûr, il ne fallait pas attiser ses possibles envies de vengeance. D’un autre côté, il n’avait pas voulu lui mentir ou lui cacher délibérément une vérité qu’il aurait pu juger importante.
Saï se tourna vers Solstice. Elle avait remis –peut-être ne l’avait-elle jamais retiré ?- ce masque froid qui couvrait parfaitement ses émotions.

- Kyrsk Gradeil est un Chevalier qui s’est battu lors de l’attaque du Sénat par les Sith, il y a presque deux ans,
expliqua-t-il. Il s’est battu aux côtés des Chevalier Arguir et Koin. Mais au contraire d’eux, il n’en est pas revenu. Il a été capturé par son propre padawan, aujourd’hui en nos murs.

Le vieillard se tourna de nouveau vers le Kel Dor. Ces informations, il les avait obtenues dans les déclarations de Mike, mais il n’avait pas eu la version de Ten.

- Nous ferons ce que nous pourrons pour lui porter secours,
assura-t-il.

En témoignait l’interrogatoire de Kaze Toldran, la veille à peine. Mais il fallait espérer que le processus ne serait pas trop long, qu’ils n’arrivent pas trop tard…

Quelques gouttes, douces, rares, vinrent s'écraser sur la stèle, sur leurs bures.

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    Soigner sa plaie ... Oui probablement qu'elle y arriverait. Elle l'avait si souvent fait, chaque fois renforçant cet épais mur entourant ses propres émotions, enfermant son âme dans le rôle qui était le sien. Pas de code, pas de règles, juste une façon de penser, d'agir dont elle était seule juge. La colère qu'elle avait ressentie, qu'elle avait laissé ressortir à la mort de Vigrania, ce n'était pas qu'une colère illusoire. Le flot qui s'était alors déversé était un mélange de frustration refoulée, de sentiments enfermés ... C'était ce qui l'avait rendu incontrôlable. Une Ombre perdant les pédales, ne réfléchissant plus ... Agissant, tout simplement.

    Ce ne serait de toute façon pas la première fois qu'une plaie se refermerait. Et même si elle soupçonnais le vieux de ne pas être dupe, renoncer à une époque à celui qui fut son amant fut un choix difficile, sa perte, lors de son départ de l'Ordre, ne faisant qu'ajouter à sa peine. Un amant, un enfant ... Solstice perdait au fil de sa vie une famille que son coeur s'attachait à créer, sans pour autant qu'elle le veuille.

    Et voila que l'histoire se répétait, Solstice apprenant qu'un Padawan avait trahi son Maitre. Abattez un Sith, et un autre apparaît. Arrêtez-en un et d'autres surgissent. Le combat semble si souvent sans fin, comme une longue course dont on aperçoit jamais la ligne d'arrivée. Combien de fois l'avait-elle entendu cette histoire ?

    Et alors que la pluie commençait à poindre, Solstice se releva. Une main se porta à sa tête, une douleur traversant sa boite crânienne dans le mouvement. Sa rémission n'était définitivement toujours pas totale, et assurant ses appuis sur ses jambes, la Jedi manqua quand même un instant de tomber.

    Et alors que le Chevalier repartait, Solstice ajouta à l'intention de son Maitre, dans une voix étreinte par la douleur :

    -"Les Sith ne méritent pas le temps que vous leur accordez. Vers quelle perfidie vous entraineront-ils encore avant de cesser de jouer et d'enfin révéler la vérité ? Comment peut-on accepter ce risque ?"

    Tant de moyens existaient pour faire dire à quelqu'un ce qu'il savait. Mais le Conseil rechignait souvent à les utiliser, les jugeant trop arbitraires, ou trop obscurs dans certains cas. Se dirigeant un instant alors vers un banc proche, et s'y installant, la Jedi invita son ancien précepteur à s'asseoir et manifesta le désir de changer de sujet.

    -"Et comment va ce petit Hapan que vous aviez pris sous votre aile ? Il doit avoir grandi maintenant ..."

    Même si Sai n'était plus son Maitre, et qu'elle n'avait aucun mal à le partager, ne pas le voir comme son meilleur ami aurait été insultant vis-à-vis du vieux Jedi qu'il était, et du presque père qu'il avait su se montrer pour la Coruscanti. Partant de ce principe, l'idée de ne jamais avoir cessé de se tenir au courant, autant que faire se peut, n'était probablement en rien étonnante.

    Probablement ...


[[[Vu l'absence de Ten ... bah j'ai improvisé ...]]]
Saï Don
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Saï haussa les épaules. Il avait esquissé un mouvement pour retenir Solstice de tomber, mais elle s’était rattrapée toute seule. Voilà comment elle s’était toujours débrouillée, se dit-il : sans l’aide de personne. Même s’il avait encore été son Maître, il n’aurait rien pu faire. Mais l’Ombre avait encore la force de rester debout. Quelque part, au fond, le vieil homme savait que l’expérience terrible que vivait Solstice serait bientôt une raison de plus de leur détermination à combattre les Sith.

- Nous ne leur accordons pas grand-chose, en réalité,
répondit-il calmement en se tournant vers le Temple, le regard distrait. Et pour beaucoup d’entre eux, ils ont cette haine des Jedi parce qu’ils se sentent lésés par notre Ordre. Nous n’avons guère de choix…

Même après tant d’années à s’être appliqué à veiller sur la formation des padawans, il savait qu’ils échoueraient à garder certains sur la bonne voie. Sans compter tous les sensibles à la Force qui tombaient aux mains des Sith par l’Ordre Jedi n’avait pas su les repérer avant. Et que dire de ces Chevaliers qui sombraient, et parfois ces Maîtres… Le Conseil était impuissant face à de tels cas. Malgré tous leurs efforts, le risque zéro n’existait pas.

Il savait pourtant que Solstice aurait voulu, en cet instant, des réponses précises, des choses concrètes pour avancer. Mais il n’avait rien à lui offrir, et cette fois ce n’était pas un secret du Conseil. Saï la regarda tristement s’installer sur un banc proche, puis il la suivit pour rester à portée de discussion. Mais il resta debout, les mains croisées sur sa bure devant lui.

- Bien. Ce n’est plus un petit padawan, en fait. Si tout va bien, il deviendra bientôt Chevalier… Mais…


Le vieillard soupira. Non, ce n’était juste pas le sujet à aborder en cet instant.

- Tu as besoin d'air, Solstice. Rester ici va te faire du mal, si tu veux mon avis.


Il était rare qu’il parle avec autant de franchise, mais il considérait que l’Ombre Jedi était l’une des rares personnes au monde à qui il pouvait s’adresser sans mystère aucun. Ce n’était pas seulement une question de confiance, mais aussi et surtout qu’il savait que Solstice était assez forte pour affronter la vérité.

- Parfois… Il faut savoir repartir de zéro. Je pense que c’est précisément le moment. Si tu as besoin d’une piste, passe me voir dans quelques jours.


Le vieillard posa la main sur l’épaule de la Coruscanti et la serra brièvement. Puis il se pencha un bref instant vers elle, ses yeux près des siens comme ils ne les avaient plus été depuis longtemps.

- Ne regrette pas ce qui est arrivé, car tu n’es pas l’auteure de la fin de ses jours. Ce qui importe dans la vie Solstice, ce n'est pas sa longueur, mais sa valeur. Et ta padawan a fait ses preuves, aussi terrible ait été la conclusion de son apprentissage.


Saï se redressa, grave, avant de se retourner de nouveau vers le Temple. Des enfants, il y en avait des centaines d’autres à protéger. Ce qui était arrivé à Vigrania avait été comme une douche froide, éclaircissant l’esprit du vieillard sur tout ce qu’il restait à faire pour garder toutes ces jeunes âmes sur le droit chemin ; pour eux-mêmes comme pour la Galaxie…
Le vieillard entreprit donc de rebrousser chemin entre les fougères et les gouttes de pluie légères, certain qu’il laissait derrière lui une âme torturée… mais bientôt en convalescence.

… La vie, se dit-il, n’est qu’un long rêve dont la mort nous éveille.


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