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La jeune princesse de Kuat était assise confortablement dans son speeder privé, revenant d'un quelconque meeting pour les élections municipales de la capitale. Elle devait se montrer régulièrement en public, rappeler à son peuple qu'elle l'aimait... Ou quelque chose du genre, tout du moins. De plus, elle avait choisit de soutenir publiquement l'ambitieux candidat Ulrich Andersen, elle devait bien le montrer d'une manière ou d'une autre. Les conventions sociales grignotaient énormément de son temps libre, qu'elle aurait sans doute pu consacrer à des choses immensément plus intéressante, comme s’entraîner aux arts sith.

Calée dans un somptueux fauteuil de cuir, elle épousseta la soie noire de sa robe de gala. Elle était toujours magnifiquement habillée lorsqu'elle sortait. Elle était une princesse après tout, et devait se vêtir en tant que telle. Ainsi portait-elle aujourd'hui une longue robe à la mode Kuati, aux manches bouffantes et légèrement fendue sur le bas. Des fils d'or brodés aux poignets et à la taille représentaient les armoiries de Kuat. Ses longs cheveux noirs étaient coiffés en longues tresses qui pendaient librement dans son dos, agrémentés de pierre précieuses et semi-précieuses dans un effet savamment négligé. Elle venait tout juste de retirer de son front la tiare princière, symbole de son rang, pour la donner à une de ses aides, afin qu'il la range.

En effet, elle n'était pas seule dans le speeder. Deux gardes du corps taciturnes occupaient les premières places, dans leurs uniformes noirs impeccablement taillés. Près d'elle, une secrétaire et l'organisateur de son emploi du temps bavassait à qui mieux mieux. Si Lana avait été de méchante humeur, elle leur aurait ordonner sèchement de la boucler, mais l'umbarane se contentait de rêvasser, le regard dans le vague, perdu dans les méandres de la ville qu'elle voyait défilait à travers la vitre. Elle était lasse, et ne souhaitait plus qu'une chose : rentrer chez elle, dans sa haute tour, à l'abri du monde extérieur. Au calme.

Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas tout de suite l'agitation dans la Force. Pourtant, la source était proche d'elle. Une certaine aura de noirceur qui planait près d'elle. Était-ce Neith ? Non, impossible... Elle l'aurait reconnu immédiatement. Son ancien apprenti l'avait abandonnée sans un mot, il y avait plusieurs mois de cela, lui volant un vaisseau et de l'argent. En avait-il eu assez de son entraînement ? D'être son telbun ? Ou aspirait-il simplement à plus de liberté ? Seulement, on ne pouvait quitter ainsi le service de la sith. Si elle était parvenu à le retrouver, elle l'aurait tué de ses propres mains, pour lui montrer ce qu'il en coûtait de trahir son serment envers l'Ordre sith, et plus important encore, la trahir, elle... Mais au final, le jeune humain lui manquait quand même, et elle se retrouvait à nouveau seule dans son petit univers.

La force s'agitait encore. Que cela pouvait-il bien signifier ? Un utilisateur de la force, et pas un jedi, se trouvait proche d'ici... Ulrich ? Non, il était à l'autre bout de la ville... Un autre sith ? Aucun de ses collègues de l'Ordre ne passait par ici d'ordinaire. Intriguée, et surtout désireuse d'avoir le dernier mot, elle guida son conducteur, qui la laissa sans plus de question au milieu de l'immense ville, à mi chemin entre les crêtes des gargantuesques grattes-ciel et les bas-fonds.


- Restez ici, intima-t-elle aux autres occupants du véhicule. Je ne serai pas longue.

Les aides de camps ne bronchèrent pas, habitués à ce genre de comportement, mais les gardes du corps remuèrent, mal à l'aise qu'on ne fasse pas appel à leur service.

Laissant la Force la guider, elle marcha quelques dizaines de mètres supplémentaires. Elle aurait peut être dû enlever ses talons aiguilles, ce n'était pas pratique en dehors des occasions officielles... Une petite ruelle, sans doute un cul-de-sac, s'ouvrait à sa gauche. C'était là, la source de tous les remous ambiants de la Force... Il en émergeait des bruits de combats, atténuer par les vrombissements des speeders de la circulation. Pourtant, Lana put reconnaître sans hésitation un des bruits venant de la ruelle.

Un bruit de sabre laser...
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.:I Une rencontre décisive. I:.



"Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse,
La honte, les remords, les sanglots, les ennuis,
Et les vagues terreurs de ces affreuses nuits
Qui compriment le coeur comme un papier qu'on froisse?
Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse?"


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Il commençait à faire tard mais je ne me lassais pas de cette ambiance plus paisible d’une ville qui basculait de la journée à la soirée… C’était l’heure où les commerçants fermaient boutique, où les plus turbulents se préparaient à aborder leur prochaine fête et où les familles se hâtaient de rentrer avant la nuit. Oui, dans quelques heures cette ville serait sans doute pleine de vie, une atmosphère de la nuit urbaine qui laisserait de nouvelles marques avant le réveil, mais je n’avais pas prévu d’y participer.
C’était mon troisième jour à Kuat et si j’y étais déjà allée par le passé, il me restait encore suffisamment de choses à découvrir avant que je ne commence à arpenter les rues sordides que nous révèle la pénombre… J’avais donc cessé mes déambulations aléatoires et j’étais en pleine réflexion pour me rappeler où j’avais bien pu abandonner mon hôtel et si j’allais arriver à me souvenir de son nom… Car au prix où me coutait la chambre, je risquais d’être fortement contrariée si je n’arrivais pas à regagner la tiédeur de mon lit avant que le temps payé ne soit dépassé. Des voleurs, mon apparence de touriste avait dû les pousser à me faire payer le prix fort… Peut-être devrais-je me montrer plus dur, la prochaine fois ? Non, ce n’était pas mon style… Chercher les ennuis quand on pouvait savourer une sérénité appréciée était une erreur, une grosse erreur que j’avais appris à mes dépends ; et tant que je ne serai pas en mesure de faire face à la majorité des problèmes qui pouvaient me tomber dessus, il valait mieux rester discret. Beaucoup d’élèves de l’académie avait trouvé la mort en se frottant à trop compliqué pour eux, et malgré mon insouciante certaine, je tenais encore suffisamment à l’avis pour ne pas expérimenter ce que je ne pouvais pas encore approcher.

Les nuages voilaient le ciel, m’empêchant de deviner si les premières étoiles piquetaient le ciel et j’arrêtai de marcher le nez en l’air afin de savoir où je mettais les pieds. Les rues se ressemblaient sans cesse, m’empêchant de créer mes propres repères et les bruits incessants des speeders me troublaient dans ma concentration, augmentant d’un cran la touche d’exaspération qui commençait à naitre en moi. J’étais pourtant du genre calme et m’énerver relevait bien de l’exploit car j’avais conscience qu’il m’était difficile de jauger une situation et de faire la part des choses entre l’importance et le superficiel. Seulement là, j’avais de longues heures de marche dans les jambes, une furieuse envie d’avaler quelque chose et le désir pressant de me jeter dans des draps pas trop rêches…
Prenant la décision de bifurquer à droite lorsqu’une intersection en croix se présenta à moi, je commençai à douter de mon choix au bout d’une dizaine de pas quand je compris que la rue dans laquelle je m’étais engagée se rétrécissait et surtout, n’affichait aucune lumière à son extrémité. Hésitant entre l’idée de rebrousser chemin ou de continuer, je mis tellement de temps à faire mon choix que je fus bientôt trop avancée pour que l’idée de retourner sur mes pas ne m’effleure et la pénombre m’entoura complètement.

Seul le bruit de mes pas résonnaient contre le bitume de mon chemin et le bruit du vent s’engouffrant entre les murs recouvrait les battements tranquilles de mon cœur qu’il me semblait entendre. Seulement voilà, j’ai beaucoup de défauts mais s’il y a une qualité dont je suis fière, c’est bien ma sensibilité. Je suis loin d’être aussi attentive que devrait l’être un élève de mon académie mais quand je fais attention à ce qui m’entoure, j’arrive à voir, sentir et entendre ce que peu de gens peuvent capter. Alors quand le bruit de mes chaussures fut recouvert quasi-imperceptiblement par ceux, moins souples, de plusieurs paires de bottes, je compris aisément que j’étais suivie et malheureusement pas par de nobles âmes voulant m’aider dans ma recherche. Estimant qu’ils étaient maintenant à une dizaine de pas, j’accélérai légèrement mon rythme afin de les semer mais je ne tardai pas à esquisser une grimace en voyant le mur de brique qui ma barrait le chemin. Si j’avais eu le temps, l’escalader aurait été une simple formalité, seulement voilà : je n’avais pas le temps pour me lancer dans des exploits acrobatiques et le choix que j’aurais dû prendre précédemment s’étant effacé, il ne me restait plus qu’une seule possibilité.
Me retournant brusquement, les trois hommes qui étaient apparemment sur le point de me sauter dessus se figèrent dans leur mouvement et je lus la surprise dans leur regard avant qu’ils ne reprennent rapidement contenance. Affichant désormais des airs confiants, l’un d’eux se permit même le luxe d’éclater d’un rire gras qui me faisait désagréablement penser à une tâche d’huile s’étalant sur un miroir immaculé.

Tu m’étonnes qu’elle se soit engouffrée sur notre territoire, elle est aveugle !

Je mis quelques secondes avant de comprendre pourquoi il faisait une telle supposition puis je me rappelai alors la couleur opalescente de mes yeux, ordinairement d’un bleu très clair que l’on pouvait voir à la lumière mais qui, dans cette pénombre, devait leur donner l’image d’un iris nacré. J’étais à moitié arkanienne et à moitié humaine ce qui faisait que j’étais exemptée de la chevelure blanche et les quatre doigts et orteils caractéristiques à mon sang paternel ; de ce fait, je passais aisément pour une humaine de pure souche et bon nombre de personnes se leurrait quant à la qualité de ma vision. Je vous assure que pourtant, je vois très bien.

… tombe bien, ça sera plus facile de s’amuser avec elle.

La suite de la conversation me ramenant à la réalité, je posai mon regard sur le dernier qui n’avait rien dit et son air méfiant m’apprit qu’il était le moins bête des trois : il commençait à se demander si j’étais réellement aveugle. Devais-je les tromper et simuler ce handicap ? C’était une bonne idée car si à leur gestuelle grossière je devinais qu’il ne me serait pas difficile de m’en débarrasser, j’avais aussi appris qu’il était bon de simplifier les choses.
Levant une main devant moi comme si je cherchais à tâter un objet invisible, ils s’esclaffèrent alors, se leurrant sur mon geste tandis que j’étais en concentration extrême. Je n’avais jamais été bonne dans la maitrise de la force, trop occupée améliorer mon talent d’élocution et mon agilité. De ce fait, maitriser des petits objets était à ma portée si je restais immobile et surtout, s’ils n’étaient pas trop lourds. En l’occurrence, le pot de fleurs deux étages au-dessus sembla être dans mes moyens car lentement, je le vis se rapprocher du bord de la fenêtre.

Bon allez, il est temps de cueillir notre récolte !

Tu ne crois pas si bien dire, remarquais-je à voix basse

Et enfin, le pot bascula lentement mais surement, amorçant une chute irréversible dont le point d’atterrissage ne semblait pas comprendre le danger qu’il courait.
Il avait fait un pas, un pas qui aurait pu le sauver s’il en avait exécuté un autre. Il fallait croire que sa bonne étoile s’était éteinte à l’instant car quand l’objet heurta son crâne, j’eus juste le temps de voir un jet de sang s’élever dans les airs avant d’entendre le craquement écœurant d’une boite crânienne s’ouvrant comme une coquille de noix. Tué sur le coup, il s’affala au sol dans de derniers spasmes d’agonie tandis que ses deux partenaires étouffaient une plainte surprise, jetant alternativement des coups d’œil vers le ciel, puis vers le corps.

C’est ce qui s’appelle : tomber de haut ! M’exclamais-je, amusée (et fière de mon jeu de mots).

Mon humour ne semblant pas leur plaire, ils dégainèrent aussi sec un blaster chacun et je n’eus que le temps d’éviter un tir avant de sortir mon sabre laser. Contrant les tirs un à un qui, par leur proximité et le temps entre chaque tir, étaient assez facile à éviter, je pivotai souplement sur mes hanches, passai sous la garde de l’un et ramenant le faisceau sanglant à mon côté, j’embrochai proprement mon premier ennemi.
Le deuxième eut moins de chance car il voulut fuir mais ayant considéré qu’il était nuisible pour la société, je ne lui en donnai pas le temps. Quand il tourna les talons pour détaler, je fauchai ses pieds de mon arme au niveau des chevilles, le forçant à s’écraser au sol, son hurlement de douleur et l’odeur de chaire brulée emplissant l’espace. C’était dégoutant, je n’aimais pas particulièrement tuer quelqu’un, sauf quand c’était nécessaire. Et puis, en mettant fin à ses jours, je sauvais très certainement toutes les personnes qu’il aurait attaqué après si je l’avais laissé en vie, n’était-ce donc pas justifié ?

« Si, ça l’est. » me convainquis-je moi-même.

Pitié ne…

Ses suppliques très certainement feintes qui suintaient de mensonge et de malhonnêteté ne m’attendrirent pas le moins du monde et ne le laissant pas terminer sa phrase, je séparai proprement sa tête du reste du corps.
Ce qui est bien avec les sabres laser, c’est que le faisceau cautérise instantanément les chaires, m’épargnant le spectacle du sang coulant à flot. Après… Il faut aimer la viande grillée et personnellement, je n’en suis pas fan.

Tout aurait pu se terminer là, j’aurais pu faire demi-tour, rentrer à l’hôtel après quelques heures d’errance puis retourner à Korriban comme il était prévu. Sauf que quand je me tournai pour repartir, une silhouette indubitablement féminine me barrait la route et mon instinct me dit de me méfier et de ne pas la confondre avec les trois imbéciles que j’avais rencontrés.
Elle n’était pas très grande et je devais la dépasser d’une quinzaine de centimètres et pourtant je ne me sentais pas du tout plus imposante qu’elle. Cette femme, si c’en était bien une, affichait un air royal qui augmenta un peu plus ma méfiance… Depuis que j’avais fréquenté des jeunes dans la misère ainsi qu’un côté plus obscur de la force, les représentants de l’ordre me mettaient mal à l’aise et j’avais tendance à penser qu’en rencontrer un était synonyme de malchance. En attendant, malgré cette robe sans doute très chère qui enveloppait son corps fin, je pouvais aussi sentir grâce au sixième sens des utilisateurs de la force qu’elle n’était pas une simple femme à la peau aussi pâle que la mienne. Non, ce que je voyais en elle, ce que je sentais en elle, ce n’était pas un supérieur dans la hiérarchie politique ou royal… mais une puissance bien plus développée que la mienne dans un domaine plus… obscur.

Bonsoir, me présentais-je néanmoins, soucieuse de respecter les traditionnelles politesses humaines, je suis navée de vous présenter un tel spectacle, ce n’était absolument pas volontaire. Viladra Memphis, enchantée !

Allais-je me faire embarquer par des gardes armés jusqu’aux dents ? Allait-elle m’insulter, me traiter de meurtrière ou bien me dire je ne sais quelle parole vexante ? Son regard difficilement déchiffrable ne m’en apprit pas plus, alors ce fut avec un petite pointe de curiosité dans les yeux que j’attendis sa réaction…




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Le spectacle que présentait la ruelle était plutôt macabre. Trois hommes morts étaient allongés aux pieds d'une jeune femme. D'une jeune tueuse plutôt... Elle sentait l'aura obscure qui flottait autour d'elle. Plus évident, Lana voyait surtout le sabre laser. Elle s'était assez battue avec ce genre d'arme pour savoir ce que pouvait faire une telle brûlure... Le type décapité en était un exemple flagrant. L'autre presque éventré aussi... Trois contre une, et elle s'en était sortie
indemne, selon toute vraisemblance. Bien que tout ceci manque totalement de distinction et d'élégance, cela signifiait qu'elle savait se servir de son arme. Une jedi grise ? Une sith ? Une apprentie, sans doute. Viladra, comme elle se présenta elle même...

Elle lança la force et arracha brusquement son arme à Viladra. Elle savait qu'elles étaient seules ici, et ne se priveraient donc pas de faire étalage de ses talents. L'arme flotta paresseusement dans les airs, pour se poser dans la paume ouverte de la princesse. Elle referma ses doigts graciles sur le manche, appréciant le contact froid du métal.


- Tu devrais faire attention avec ceci, Viladra. Ce n'est pas un jouet. Ni un couteau de boucher... fit-elle d'une voix douce, les yeux posés avec un certain dégoût sur la tête sans corps.

Ses yeux, légèrement brillants dans l'obscurité, se fixèrent à nouveau sur Memphis, et la détaillèrent longuement. Elle était tellement grande - Ou bien était-ce Lana qui était petite ? - grande et fine. Réellement fine, à vrai dire, là où la sénatrice était squelettique. A ces petits détails près, la princesse avait l'impression de se regarder dans un miroir. Elle avait les mêmes longs cheveux noirs qui lui cascadaient dans le dos, totalement lisses. La même peau blanche, presque translucide, qui faisait ressortir des veines noires. Cette fille était-elle une umbarane ? Impossible... Ses yeux n'auraient pas été si rêveurs, si curieux... De plus, ils ne brillaient pas. La pauvre, elle semblait totalement aveugle... Même s'il n'en était rien.

Une telle ressemblance était troublante. Pour ne pas dire, révélatrice !


- Tu nous fait là un étalage ostentatoire de ton talent avec ce carnage, continua-t-elle, triturant le sabre laser de Viladra de la main gauche, désignant le lugubre spectacle de la ruelle de la droite. Par les temps qui courent, cela n'est guère prudent...

A vrai dire, tout cela n'était que frivole badinage. Une sorte d'entrée en matière... Une seule chose l’intéressait à propos de Viladra : son maitre. S'il était sur Kuat, il ne pouvait être qu'un rival potentiel... Mais existait-il seulement ? Peut être que cette jeune femme n'était qu'une apprentie perdue, cherchant un maitre, évitant les méandres et le chaos de l'académie sith... Comme Lana, quelques années auparavant. Tout ceci lui paraissait si loin, et pourtant si proche qu'elle pouvait s'en rappeler dans les moindres détails. La rencontre avec Ritter, ses premiers entrainements...

Viladra était-elle son propre reflet, en plus jeune ?

- Où est ton seigneur et maitre, celui qui t'a appris notre voie ? demanda-t-elle brusquement.

Elle eut simplement à lire dans les grands yeux pâles de l'arkanienne pour y trouver la réponse. cette grande sith semblait avoir quelques difficultés à cacher ses sentiments... Ainsi, son maitre était mort, ou parti. Viladra était donc seule.


- Je vois, poursuivit-elle, plus pour elle même que pour son interlocutrice, sans même attendre une réponse.

Elle laissa un instant planer le silence, perdue dans ses pensées... Si elle le désirait, elle pouvait tourner les talons, ici et maintenant, pour reprendre le cours normal de sa vie. Elle comprit cependant que la Force la guidait dans une autre direction. Elle rendit par lévitation son sabre à Viladra, puis lui tendit la main droite, paume vers le ciel, pour lui faire signe de venir, de la rejoindre.

- Tu sais ce que je suis, dit-elle simplement. Je te propose donc de me suivre. Sois tu viens... Sois tu ne vaux rien.

Elle ne s'était même pas présentée, Viladra ne savait pas à qui elle avait à faire. Cela changeait-il réellement quelque chose ? L'apprentie ne savait peut être pas qui elle était, mais elle savait ce qu'elle était. Cela suffisait amplement pour faire un choix.
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Avancer... et ne plus se retourner.



"Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse,
La honte, les remords, les sanglots, les ennuis,
Et les vagues terreurs de ces affreuses nuits
Qui compriment le coeur comme un papier qu'on froisse?
Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse?"


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Un silence succéda à ma première salutation et j’en profiter pour baisser mon regard sur mon corps, vérifiant que tout était indemne. Un mince filet tiède le coulant le long de la hanche me fit remarquer qu’un tir de blaster m’avait éraflé durant la première salve, j’esquissai une grimace contrariée mais je compris que la blessure était bénigne. J’avais de sérieux progrès à faire… Esquiver des tirs aussi espacés aurait dû être un jeu d’enfants mais il fallait croire que le manque de pratique et le fait de sécher la plupart des cours ne m’avaient pas aidé à m’améliorer depuis quelques temps. Tant pis, j’étais encore jeune et rattraper mon retard deviendrait une formalité si je retrouvais la motivation qui jadis avait fait de moi une élève assidue et appliquée. Seulement… à l’époque, c’était cette personne si particulière qui m’avait insufflé l’envie d’aller plus loin. Aujourd’hui, sans elle, je me contentais d’errer un peu partout à la découverte du monde et mon manque de concentration grandissait chaque jour un peu plus. Mes professeurs l’avaient compris depuis longtemps, ils avaient cessé pour la plupart de m’infliger des punitions qu’ils savaient à l’avance inefficaces. Oh, j’avais pris des risques en refusant de me plier à toutes leurs exigences, mais si j’y avais parfois payé le prix, il fallait dire que je bénéficiais d’une tranquillité à toute épreuve. Au prix d’un sérieux relâchement, je l’avoue parfaitement…

Presque inconsciemment, je sentis mon sabre me glisser des mains et je me demandai comment j’avais pu relâcher ma vigilance au point de lâcher mon arme. Constatant que la loi de la gravité ne semblait pas fonctionner pour mon sabre, celui-ci fila en direction de la femme qui l’attrapa adroitement. Une guerrière sith, je ne m’étais donc pas trompée sur mes intuitions précédentes. Que me voulait-elle et pourquoi m’avait-elle désarmé ? Je ne savais pas encore si c’était pour me montrer ses capacités supérieures aux miennes ou bien juste pour constater la facture de mon arme mais je me contentai d’attendre tranquillement la suite.
Quand elle s’adressa à moi, sa voix était froide, dénuée de toute chaleur mais loin d’être désagréable pour autant. C’était le genre de femme qui savait ce qu’elle voulait et qui n’avait pas l’habitude de ne pas être satisfaite. A sa façon de parler, sa façon de se tenir, je me demandais même si elle n’évoluait pas dans les hautes sphères politiques mais l’idée même qu’un sith puisse être dans ce domaine-là m’étonnait trop pour que j’accorde trop d’importance à cette possibilité. En attendant, elle me reprocha de ne pas m’être servie de mon arme avec grâce et je me retins d’hausser un sourcil. Oui, c’est vrai que je n’avais pas un maniement du sabre très harmonieux étant donné que mon ancien maitre était plus dans l’efficacité brute que la fluide gestuelle, mais quand j’avais voulu aborder cette nouvelle approche, il s’était fait tuer. En revanche, pourquoi me disait-elle cela ? Je ne le devinais toujours pas.

Penchant légèrement la tête sur le côté, je ne réagis pas tandis que son regard brillant parcourait mon corps, comme pour m’évaluer à travers mon enveloppe charnelle. Faisant de même avec peut-être un peu plus de discrétion et de retenue, je notai qu’elle n’était pas humaine contrairement à ce qu’on pouvait croire en la regardant rapidement. D’une taille moyenne, pour une femme, elle était plus petite que moi mais sa prestance égalait celle des plus grands. Sa chevelue de jais, légèrement ondulée, descendait au creux de ses reins avec grâce et sa peau d’albâtre faisait ressortir le cheminement de ses veines. Comme ça, on aurait pu nous trouver quelques ressemblances et je les acceptais de bonne volonté même si les plus observateurs pouvaient retrouver là des différences indéniables en plus de notre différence de taille. Ses yeux, déjà, brillaient d’un éclat que je ne possédais qu’à l’approche d’une lumière contrairement à elle, sa peau qui semblait plus fine que la mienne, sa maigreur exacerbée et son aura plus froide qui contrastait avec le détachement naturel que je possédais… Et pourtant, il était vrai que nous nous ressemblions étrangement. Le destin ? Le hasard ? Je ne croyais pas vraiment à l’un comme à l’autre, ou plutôt, je croyais peut-être un peu aux deux mais pour le coup… je préférais laisser les choses avancer avant de lancer mes suppositions.

Sa voix s’éleva à nouveau dans cette ruelle plongée dans l’ombre et je relevai légèrement la tête pour pouvoir la regarder dans les yeux. Commentant ma prestation, je retins un haussement d’épaule avant d’opiner du chef une nouvelle fois avec une certaine lenteur. Quand je me faisais agresser, il était vrai que j’accordais peu d’importance à la façon dont je m’y prenais tant que c’était efficace mais il fallait avouer que ça manquait un peu de classe.

Sentant un imperceptible changement d’atmosphère, ce fut presque en les redoutant que ses paroles tombèrent à nouveau. Où était mon maitre, celui qui m’avait appris l’existence de la voie ? Si seulement je le savais, je l’aurais rejoint aussitôt. Mais qui avait-il après la mort, il n’y avait qu’un seul moyen de le savoir et il était trop tôt pour moi… Et même si j’avais toujours protégé mon âme en restant constamment dans la lune et en me détachant parfois de la réalité, je savais que ce gouffre en moi n’était pas près de se combler. Il était le seul à avoir reçu un respect entier, le seul à s’être acquis ma loyauté indéfectible… Pour lui, j’aurais sauté de tous les ponts, pour lui j’aurais vendu mon âme au plus vil des démons. Seulement il m’avait quitté, il m’avait été arraché par les Jedis et je me retrouvais seule depuis maintenant presque trois ans. Que pouvais-je y faire ? J’avais toujours craint de trouver un autre maitre, j’avais toujours eu peur de ne pas réussir à lui accorder le même honneur que j’avais donné au premier. Je ne voulais pas décevoir tout comme je ne voulais pas être déçue… Mais je sentais qu’il allait falloir qu’un jour je prenne une décision si je ne voulais pas stagner ainsi.

« Parti, il est tout simplement parti et moi je n’étais pas assez forte pour le suivre… »

Elle prit mon silence pour une réponse et en déduisit justement que je n’avais pas de maitre. Peut-être qu’il vivait toujours à travers moi, qui sait ? Après tout, de Viladra Arash’in, j’avais pris le nom de Darth Memphis pour le faire mien, en son honneur. Un inconnu parmi les siths, mais un dieu pour moi. Un dieu déchu et disparu, certes, certes…
Etais-je réellement si forte mentalement que je le croyais ? Possédais-je vraiment cette capacité à oublier ? Cette mémoire sélective qui impressionnait ceux qui me connaissaient par sa capacité à ne retenir que le bon côté des choses ? On me qualifiait de quelqu’un de sûr de soi, de dur à ébranler, quelqu’un qui savait se maitriser, mais j’étais pourtant une femme comme une autre… Avec peut-être des capacités à me maitriser, il était vrai, mais nous avions tous des failles, et la mienne s’élargissait de jour en jour.

… Sois tu viens... Sois tu ne vaux rien.

La valeur… Qui l’accordait, et qui la reprenait ? Il était vrai que j’avais besoin d’un guide, d’un maitre, de quelqu’un qui m’aiderait et me pousserait à avancer à nouveau sur cette voie, me forçant à sortir de ce point d’ancrage que je ne voulais plus quitter. Elle se proposait de jouer ce rôle, mais arriverait-elle vraiment à tailler la gangue de glace dans laquelle je m’étais enfermée ? J’avais eu un premier enseignement dans la violence mais jamais dans le mépris. J’avais connu la souffrance, mais toujours dans l’utilité ; j’avais eu des leçons peut-être peu pédagogiques et qui m’avaient laissé des traces externes comme internes mais si je m’en étais accommodée, je ne savais toujours pas si c’était la meilleure façon de me faire progresser. Quelles étaient ses méthodes ? Etait-elle capable de former quelqu’un ? Sa puissance était-elle si irrésistible que cela ? Je pouvais paraitre prétentieuse en me posant toutes ces questions, mais j’avais si peur d’être à nouveau laissée en arrière que je ne pouvais m’empêcher d’envisager le pire. Pourtant, cette main pâle tendue vers moi, j’avais l’impression de l’avoir attendue depuis des années… Comme si ce simple geste était l’apparence d’un désir refoulé en moi. On m’en avait faites, des propositions… Mais aucune d’entre elles n’avait déclenché cette sensation de compréhension. Cette femme, que je ne connaissais pas et dont le nom m’était encore inconnu, elle dégageait une aura qui surpassé celles que j’avais rencontrées jusqu’ici en dehors de mon tout premier maitre. M’engager à ses côtés serait sans doute dangereux, peut-être mortel, mais ma vie manquait de piquant, de péripéties qui me donnaient l’impression de vivre réellement, alors pourquoi ne pas prendre le risque.

Sois je viens, sois je ne vaux rien.

« Vais-je vraiment gagner en valeur, en y allant… »

Mon corps bougea avant que je prenne ma décision et je me sentis faire un pas en avant. Ce simple mouvement, déclencheur de ma décision, me permis d’avancer de façon plus confiante et quand je ne fus plus qu’un un mètre, je portai ma main gauche à hauteur de ma poitrine, paume légèrement retournée vers les cieux. Ce simple geste, peut-être anodin pour elle, était une coutume familiale que je n’avais jamais abandonnée, signification de loyauté et d’acceptation. Par cette simple action, j’engageais mon honneur, ma foi et mes désirs pour un nouveau chemin.
M’inclinant avec légèreté, je me redressai alors pour que nos regards plongent l’un dans l’autre, comme un amalgame de certitude.
Je n’avais pas grand-chose à dire, lui demander son nom était inutile, je le saurai quand il le faudra. Quant à ses capacités, à quoi bon lui demander une démonstration ? La simple impression qu’elle me faisait me suffisait à accepter qu’elle serait suffisamment puissante pour me sortir de l’abime dans lequel je m’étais plongée. Oui, mon intuition me soufflait que j’avais trouvé la bonne voie. Alors après ce long silence qui succéda sa dernière phrase, alors que je n’avais pas ouvert la bouche durant tout le temps où elle s’était adressée à moi, je refoulai un mince sourire et m’exprimai d’une voix claire.

Je vous suivrai, maitre.




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Malgré le regard inexpressif de sa future apprentie, Lana sentit clairement son hésitation. Les tremblements imperceptibles de son corps, les remouds de son esprit dans la force... Son visage passif pouvait peut être protéger ses secrets, seulement son corps la trahissait. Il faudrait qu'elle corrige ce petit défaut lors de enseignement. Elle réfléchissait déjà à tout ce qu'elle pourrait faire avec Viladra. Son apprentie... Un nouveau modèle, un double à modeler selon ses envies et ses besoins. Elle avait été déçue par son précédent disciple, mais celui-ci n'avait été qu'un homme, grossier et rude comme tout ses semblables. Elle savait qu'en la personne de Viladra, elle tenait sa perle rare.

Finalement, l'arkanienne fit un pas, puis un autre, pour la rejoindre. Elle avait pris sa décision, pour le meilleure et pour le pire. Un maitre, et son apprentie. La jeune princesse gratifia son interlocutrice d'un sourire, chose rare et qui semblait étrangement fausse sur son visage. D'un simple geste, elle invita Viladra à la suivre, et ensemble, elles sortirent de la ruelle, au son régulier des chaussures à talons de la sénatrice. Cette dernière en profita pour examiner les vêtements de sa nouvelle compagne. Sans être particulièrement pauvre, ils juraient singulièrement avec ses propres habits luxueux. Il faudrait probablement lui donner une nouvelle garde robe. Elle comptait bien en faire son assistante personnelle, et elle devrait se montrer en public.

Le speeder l'attendait toujours, au bord de la rue. C'était plus une limousine qu'un vulgaire speeder, mais le véhicule devait convenir à son rang après tout. A l'intérieur, ses conseillers l'attendaient toujours, bavassant entre eux inutilement. Elle se demandait parfois pourquoi elle avait tant besoin d'eux... Viladra à ses côtés, elle leur dit d'un ton calme :


- Si vous vouliez vous donner la peine de descendre, je dois m'entretenir avec mademoiselle ici présente... Vous n'aurez cas vous débrouiller seul pour rentrer.


Ses assistants étaient assez habitués, et la craignaient ou la respectaient assez pour obéir sans poser de questions. Un seul s'avisa d'hésiter, elle se contenta alors de le fixer, reprenant d'une voix glaciale :

- Je n'ai pas réellement l'habitude de devoir me répéter.

Et, dans les secondes qui suivirent, la limousine fut vide, et Lana s'y engouffra sans attendre, laissant son apprentie la suivre. Bientôt, le speeder reprit sa route, les deux jeunes femmes seules à son bord. La partie passager du véhicule était constituée d'une longue et étroite salle basse, dont les bords étaient couverts de luxueux sièges individuels en cuir. Il y avait même un holo-écran dans un coin, ainsi que tout le confort possible. Cette simple petite espace était déjà plus luxueux que la maison de beaucoup de personnes dans la galaxie...

Lana prit ses aises et s'assit confortablement en face de sa toute nouvelle apprentie et croisa les jambes. Elle garda un moment le silence, pesant soigneusement ses mots tout en époussetant d'un air rêveur sa longue robe noire. Ses yeux, brillants dans la semi-obscurité, la détaillèrent une fois de plus, comme s'ils cherchaient à sonder son âme.


- Tu es blessée, remarqua-t-elle d'un ton plat.

Elle se pencha vers Viladra, et apposa doucement ses deux mains sur sa hanche blessée. Elle laissa couler la force en elle, et l'utilisa pour le soin. Malgré ses compétences limitées dans la matière, elle pouvait au moins arrêter le saignement et soulager la douleur. Ses doigts, apposés avec douceur contre la plaie, se couvrirent rapidement de sang. Elle qu'elle soignait la jeune femme, elle lui murmura :


- Il faut que tu saches quelques détails sur moi, je suppose... Je suis Lana Anthana, sénatrice et princesse de Kuat.

La connaissait-elle ? Peut être, peut être pas. Après tout, si elle venait de l'académie sith, elle avait dû être déconnectée de l'univers un certain moment...

- Je ne suis pas une... Sith comme les autres
, poursuivit-elle d'un ton bas. Je n'ai jamais abandonné mon nom comme notre tradition le demande, et je travaille au Sénat pour aider notre cause. Je ne suis pas de ces guerriers psychopathes et sanguinaires, et j'attends de toi la même chose... Si tu deviens mon apprentie, tu devras jouer un rôle. Tu seras, et tu resteras Viladra Memphis au yeux de tous, et tu combattras plus souvent avec ta verve qu'avec ton sabre. En toute circonstance, tu te devras de conserver ta couverture... Ainsi que la mienne.

Elle laissa les informations imprégner l'esprit de l'arkanienne, tout en continuant à soigner sa blessure. Les doigts pâles de la princesse commencèrent à masser précautionneusement la peau rose toute nouvellement formée sur la hanche de la blessée. Heureusement, la plaie n'avait pas été très profonde.

- Aussi, tu ne m’appelleras jamais "Maitre", même dans l'intimité. Tu te devras de jouer ton rôle en toute circonstance, et m'appeler "Princesse" ou "Sénatrice". Tu seras mon assistante personnelle, et tu m'aideras dans mon travail au Sénat. J'espère que tu aimes la politique...

Un nouvel instant de silence, puis Lana termina abruptement :

- Je te laisse une dernière chance de faire marche arrière et de retourner à la vie pathétique que tu menais avant. Si tu décides de rester, ce sera jusqu'à la fin de ton entrainement... Ou de ta vie, selon lequel sera le plus court. Si tu décides de rester, alors c'est le moment de prononcer tes vœux, comme tu as dû le faire auprès de ton ancien maitre.
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Anonymous




Prononce tes voeux...



"Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse,
La honte, les remords, les sanglots, les ennuis,
Et les vagues terreurs de ces affreuses nuits
Qui compriment le coeur comme un papier qu'on froisse?
Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse?"


[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]


Je ne sus si elle me crut, si elle sentit que mes paroles étaient sincères. Certes, je n’ai jamais été une grande sentimentaliste et si je m’étais attachée une fois à une personne, je n’ai dès lors, plus jamais ressenti cette émotion d’affection, de respect et de loyauté indéfectible… Pourtant, face à cette femme qui dégageait une prestance bien plus impressionnante que les autres maîtres Sith que j’avais rencontré, je pouvais ressentir comme une vague de sérénité, comme si depuis la cassure qui s’était déroulée à la perte de mon ancien maître, peu à peu la faille qui s’ouvrait béante en moi commençait à cicatriser. Oh… Il me faudrait du temps car si je ne souffrais pas, le pessimisme n’étant pas dans ma nature, le détachement avec lequel j’arpentais la vie était bien présent et il faudrait de longs et durs efforts avant que je ne retrouve ce petit frémissement d’excitation qui ferait de moi une femme enfin complète. Mais je ne déprimais pas, je n’avais aucune haine en moi et je ne correspondais pas avec tous ces apprentis blessés qui ne cessaient de s’exclamer haut et fort, attirant l’attention afin de combler le manque de reconnaissance qu’ils subirent par le passé. La notoriété, la richesse, la crainte… Tout cela n’était que des mots pour moi. En revanche, l’art de la dissimulation, de la tromperie, du mensonge… Ces termes que l’on jugeait péjoratifs, ils étaient ceux qui éveillaient mon attention. Là où la force brute se heurtait à un mur indestructible, les mots passaient toujours… Et quand la rage envahissait son être, seuls le mensonge et la manipulation triomphaient. Quoi de mieux qu’une femme comme elle, une femme qui semblait être maître de ses émotions et dont l’écrasante autorité se dégageait de son corps comme la fumée d’un incendie ? De tous ceux que j’avais rencontrés, il était évident qu’elle était la seule à pouvoir m’apporter ce que je désirais. Alors oui, je la suivis sans hésiter et pour elle, je reproduisis le geste d’allégeance des Arash’in. Je ne l’avais fait qu’une fois auparavant… Elle ne le savait pas, mais dès lors où elle m’apprendrait ce que je souhaitais, elle se retrouvait avec la personne la plus loyale qu’elle aurait pu rencontrer. Qu’elle rencontra, tout simplement.

Elle me fit signe de la suivre et sans dire un mot, j’emboitai son pas, adoptant une démarche tranquille bien que la plaie qui s’étendait le long de ma cuisse me gênait quelque peu. Je ne m’en étais même pas rendue compte… Le tir d’un blaster, sans doute. Il allait falloir que j’améliore mes réflexes si je ne voulais pas me retrouver trouée sans même m’en apercevoir…
Nous quittâmes cette ruelle sordide pour retrouver une artère principale. J’aperçue alors une limousine, flottant sans bruie au-dessus du sol et j’observai les vitres teintées, persuadée que nous n’allions pas en direction de celle-ci. Quand la jeune femme obliqua néanmoins vers elle, je pensai alors à ce luxe que je n’avais connu. Que je n’avais jamais eu envie de connaître, aussi… Il fallait dire que sur la planète Arkania, malgré le statut qu’avait eu mon père, nous vivions plutôt simplement et les décors qui nous entouraient représentaient beaucoup la haute technologie, symbole économique de notre peuple.
Quand nous en approchâmes, je compris aux mots de l’umbarienne qu’elle occupait un haut post car ses ordres furent secs et ils montrèrent clairement qu’elle n’accepterait aucune discussion. Les hommes qui se trouvaient dans le véhicule sortirent alors docilement, me jetant un regard méfiant au passage puis s’éloignèrent tandis que je pénétrais à l’intérieur de l’habitacle en même temps que sa propriétaire.
Découvrant un espace confortable, mon regard rêveur s’attarda sur les coussins moelleux, l’écran holographique dernier cri contre la paroi ainsi que tout ce que je découvrais pour la première fois. C’était amusant, je m’étais toujours contentée du minimum et je n’étais pas du genre à me tenir au courant de l’actualité mais il fallait dire que peu de personnes cracheraient sur ce confort indéniable. M’installant en face de la jeune femme, les genoux collés et le dos droit, je continuai distraitement d’observer autour de moi avant de me rappeler de la situation dans laquelle j’étais.

Elle me fixait, lissant sa robe et autant d’imperceptibles grains de poussière. Mon regard toujours aussi neutre, je la fixai à mon tour, attendant qu’elle s’exprime, consciente que je n’étais pas la plus douée en relations humaines. Ha mais… elle n’était pas humaine. Peut-être était-ce aussi pour cela que j’avais moins de mal à m’exprimer… Même si je n’avais guère parlé depuis notre rencontre, il fallait l’avouer.
Acceptant cette longue analyse silencieuse, elle prit de nouveau la parole, remarquant ma blessure. Baissant mon regard opalescent sur l’entaille dont le sang perlait le long de ma cuisse, le liquide était absorbé par le tissu mais je redressai néanmoins légèrement ma chambre, consciente du pris que devaient coûter les fauteuils de ce véhicule. Elle se pencha alors vers moi et posa délicatement ses mains sur ma plaie. Surprise, je ne bougeai pas et je sentis peu à peu la douleur disparaître, les bords de la chaire semblant se rapprocher peu à peu l’un de l’autre. Retenant un soupir de soulagement, j’observai avec attention toute l’opération, ignorant jusque-là que l’on pouvait utiliser la force de cette façon.

« Atteindrais-je un jour une telle puissance… » me demandais-je alors, avec lassitude.

Elle reprit à nouveau la parole d’une voix basse, m’annonçant son nom et sa fonction. Princesse et sénatrice de Kuat… je me retrouvais en présence d’une des personnalités les plus importantes de cette galaxie. Un honneur pour certain, une surprise pour moi. Songeuse, je fus étonnée de constater à quel point l’ordre sith avait pu pénétrer dans les rouages politiques de notre univers…
M’annonçant ce qu’elle attendait de moi, à savoir que je ne renie pas mon être et que je m’assume pleinement, elle m’expliqua que je ne devrais pas non plus l’appeler maître. Princesse ou sénatrice… Lana Anthana. Quel revirement de situation, moi qui n’étais venue ici que pour me balader.
Terminant de soigner ma plaie, elle me demanda ensuite de prononcer mes vœux. Que devais-je dire ?! Je ne connaissais pas les pratiques de ce genre… Séchant beaucoup de cours, peut-être avais-je raté celui où l’on expliquait les paroles cérémoniales lorsqu’un apprenti se mettait sous la tutelle d’un maître… Encore une fois, mon manque de connaissances en sociabilité me faisait défaut. Décidant d’y aller petit à petit, j’attendis qu’elle se redresse afin de m’exprimer d’une voix que j’espérai correctement dosée.

Ma sénatrice, sachez avant tout que mon véritable nom est Arash’in… Je ne sais si vous souhaitez que je le reprenne ou que je poursuive avec celui que je porte aujourd’hui mais il en sera fait selon vos décisions…

« Jusque-là, ça me semble correcte… »

… Je ne sais si je parviendrais à combler vos attentes, pousuivis-je après une seconde de pause, la politique n’étant qu’un domaine bien nébuleux pour moi mais j’essayerai de fournir tous les efforts afin d’y parvenir.

Je me tus une nouvelle fois. Prononcer mes vœux… Comme je ne cessais de le dire, je ne savais pas m’exprimer. Bien souvent, mes paroles déclenchaient des surprises, comme la fois où je rencontrai Joclad Draayi qui fut offensé par ce que je croyais être des paroles de politesse. Réfléchissant avec minutie à ce que j’allais bien pouvoir dire, je fis le tri parmi les diverses idées saugrenues qui m’assaillaient et choisis celle qui me semblait être la plus appropriée. Alors, quittant le siège, profitant de l’espace appréciable de l’habitacle, je posai un genou au sol et la tête légèrement baissée, j’amenai une fois plus ma main gauche à mon cœur, la paume légèrement tournée vers le ciel. Un geste fort qu’elle ne comprendrait pas, mais il ne servait qu’à officialiser les choses pour moi, avant tout… Je pris alors une voix claire, une voix qui exprimait un sérieux qui sonnait étrangement dans ma bouche. Je m’étais rarement exprimée avec autant de conviction…

C’est en engageant mon honneur, mon nom et tout ce qui m’est cher que je remets entre vos mains la vie qui m’appartient avec son passé, son présent et son futur. C’est avec respect et humilité que désormais je vous suivrai où que vous irez et que je deviendrai dès lors la représentation même de la fidélité et de l’engagement. En m’offrant un avenir, je vous offre en retour tout ce que mon être pourra vous apporter et même plus encore si vous le désirez. Obéissance et volonté seront les maîtres mots qui me guideront à vos côtés ; sachez que rien ne me détournera du chemin que vous me tracerez pourvu qu’il soit ne serait-ce que l’ombre de ce que vous avez à m’offrir.

Je marquai encore une pause, réfléchissant à ce que je venais de dire. Etait-ce réellement sincère ? Je n’avais pas l’habitude de me poser cette question… Mais les mots étaient sortis d’entre mes lèvres sans aucune hésitation, s’élançant dans les airs comme si la vérité même était simple à dire. Peut-être était-il temps que je laisse ma nature profonde s’exprimer, pour une fois, cessant ce petit jeu de retenue que j’usais fréquemment…
Relevant la tête, je plongeai mon regard dans le sien, sans ciller nullement.

Par ces mots, repris-je en conclusion, je ne suis désormais plus qu’une extension de votre volonté, ma sénatrice. Je ne reviendrai pas en arrière et j’ose exprimer le souhait que désormais, seul l’avancement me fera bouger sur la voie que vous m’offrez.

Le silence tomba alors. Non écrasant et oppressant comme il pouvait l’être parfois, mais empli d’une réflexion et d’une aura que je ne connaissais pas. Etait-ce cela, lier son destin à celui d’un autre ? Je ne m’en souvenais plus…
Une page venait de se tourner, la plume de l’avenir commençait dès lors à tracer ses premiers mots…




Invité
Anonymous
Le visage de sa jeune apprentie restait impassible. Ses yeux étaient si inexpressifs, malgré la conviction dans sa voix... Son attitude neutre conviendrait à merveille sur la scène politique. C'était presque déstabilisant, mais Lana avait l'habitude, elle était sénatrice après tout, et elle même utilisait la même technique, avec son masque umbaran imperturbable. Oui, cette petite semblait beaucoup lui ressembler après tout. Elle en ferait une grande sith... Ou une grande politicienne, tout du moins.

- C'était très touchant..
. fit-elle en réaction à la déclaration de Viladra.

Elle ne le pensait pas réellement. En effet, Lana était une blasée de la vie, et au final peu de chose ne la concernant pas directement pouvait avoir une chance de l'atteindre. Cependant, elle avait ressentit une grande conviction dans la voix de l'arkanienne, et elle avait vu ses sentiments à travers la force... Cette petite avait une grande volonté, et elle tenait à s'accrocher à elle. Après les évènements désastreux de son dernier apprenti, c'était plutôt un bon point. De plus, elle semblait être une personne très effacée, et ainsi l'ego surdimensionné de sa maitresse n'avait rien à craindre...


- Cependant, ce n'étaient pas les bons vœux... Mais cela n'a pas d'importance, tu t'es bien débrouillée, la rassura-t-elle.

Les vœux... Cela faisait longtemps qu'elle même les avaient formulés. Cependant, elle se demandait de plus en plus ce qu'elle avait à voir avec les sith. Ils la laissaient tranquille, et c'était réciproque. Oui, les jedi la considéraient comme une adepte sombre, mais elle même se posait des questions sur son rôle. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait rien commis de... néfaste. Le Sénat occupait la majorité de son temps. Allait-elle éduqué Viladra comme une sith, ou comme une sénatrice ? L'avenir le dirait.

- Concernant ton nom, tu peux agir à ta guise. Choisis le nom qui te convient le plus, et je me chargerai qu'il devienne officiel. Un nom qui ne reflète en rien une nature sith, bien sûr, précisa-t-elle. Tu devras m'accompagner partout, et je suis souvent amenée à me présenter en public. Si je peux exprimer mon avis, Viladra est un très joli prénom... glissa-t-elle doucement.

Le speeder filait à travers les rues, vers la sombre tour dans le centre de Kuat City. Ils seraient bientôt arrivés. La jeune fille allait découvrir sa nouvelle demeure... Lana lui offrait le luxe qui lui était accessible de bon coeur. Il faudrait renouveler sa garde-robe, lui assigner des quartiers, vérifier son état de santé... Lui apprendre le protocole de la haute-société. Ce dernier point serait le plus important. Hors de question que cette jeune femme lui impose la honte devant les autres grands de cette galaxie.


- Quand nous arriverons, tu pourras de reposer, découvrir ton nouvel environnement. Je te laisse jusqu'à demain pour prendre tes marques et faire le point avec toi même. Je te veux prête et totalement concentrée demain, lorsque nous commencerons ton entrainement...


Elle regarda par la fenêtre sans teint, regardant son domicile qui s'approchait, sombre flèche pointée vers le ciel.


- Ton entrainement...
répéta-t-elle, rêveuse, comme pour elle même.
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