Darth Velvet
# Dentelle et paillettes [Darth Araya] - Mar 25 Sep 2012 - 17:36
Il y des jours où tout dérape. Des jours où tout file de travers dans une frénésie incroyablement incongrue. Jeux d’un hasard jubilant d’imposer ces facéties douteuses, destin corrompu par les mystifications sordides de dieux préférant à l’ennui les marques d’un humour contestable… Oui, peut-être…. Pourtant je n’apprécie pas toute la teneur de cette journée s’achevant aussi mal qu’elle a débutée et ne rêve que d’une chose : étrangler cette maudite fatalité ! Pieds nus, martelant de mes pas oppressé les pavés luisant du vieux quartier, sous les lueurs blafardes conjointes d’une lune dévorée par un essaim de gros nuages et de l’éclairage citadin, un brin romantique avec ses lanternes rétro, je me perds dans les lacets labyrinthiques de rues. Ma longue robe de satin émeraude, épousant à l’indécence ma féminité de ses froissements chatoyants, frôle un sol perlé de rosée. Et si le tissu ne révèle une parcelle de ma peau sous ses dentelles moirées, je sens les regards évanescents des premiers noctambules. Soupirant dans une volute de buée, je frisonne de cette tenue trop légère.
La chance ne voudrait-elle pas me sourire pour cette fois ? Juste une petite faveur… Juste m’indiquer le chemin à suivre… Je bifurque, empruntant une nouvelle route vers une destination incertaine. L’espoir de découvrir parmi les colonnes architecturales, un détail familier m’abandonne. Je ne sais pas où je suis. Je suis complètement perdue, gelée et passablement épuisée. L’idée de m’engouffrer et de me réchauffer dans le premier établissement, restaurant ou hôtel, sur mon passage, me traverse l’esprit pour filer aussitôt. Déraisonnable à souhait… mais si tentant.
« Eh ! Urielle… ! » M’interpelle une voix masculine « Tu étais où bon sang ! On te cherche partout ! »
Je lève sur l’inconnu, un regard brûlant d’étonnement pour m’assurer qu’il s’adresse bel et bien à moi. A son profil anguleux s’accroche l’étrange sourire d’un homme impatienté. Mes lèvres s’arrondissent d’interrogations muettes qu’elles n’ont le temps de formuler. Sa main, s’est emparée de la mienne, m’entrainant vers cette porte découpée dans la façade en pierre d’un antique bâtiment, me laissant juste deviner, au dessus de nos têtes, l’enseigne lumineuse d’un cabaret.
« Je ne suis pas Urielle. »
Il ne m’écoute pas. Il se contente de me tirer dans son sillage, sans cesser de m’adresser un flot de reproches ne m’étant pas vraiment destiné. Des décors peints à l’ancienne sur des toiles et des pièces de bois défilent, au milieu des froufrous et des paillettes des costumes et des artistes. Des plumes colorées s’agitent sur les fesses bleutées de danseuses Twi’lek, l’effervescence d’un spectacle qui se prépare en coulisse…
« Bonjour Urielle, et bonne chance ! Il y a foule ce soir ! » Me lance une humaine au chapeau haut de forme criard, dans un sourire poudré
« …. Et surtout tu commences avec la chanson d’amour…. Pas comme la dernière fois ! Ah oui… prend ça aussi ! »
Sans prévenir, le liquide enflammé d’une flasque roule dans ma gorge, sucré et fort, doux et parfumé. Je tente en vain de protester. Mais il est trop tard. Mais déjà je ressens les effets pernicieux de cet alcool dans mon corps éprouvé, sa chaleur bienfaisante et sa langueur apaisante. Il me plante là, ajustant ses dernières recommandations d’un index professoral avant que de m’abandonner seule, sans que je puisse dire quoi que ce soit. Un lourd rideau de velours pourpre s’écarte… je suis sur une scène… Au devant moi l’esquisse d’un public de spectateurs attablés dont je ne devine que les ombres à la lueur des chandelles. Mon estomac de noue d’une curieuse appréhension. Je souhaiterais disparaitre. Me faire toute petite. M’évanouir dans un tourbillon de fumée. Hélas toute force me déserte comme si cet alcool vampirisait ma volonté et ma capacité à me mouvoir. Dans le silence ouaté de la salle, les premières notes d’une mélodie s’égrènent, m’invitant dans leur ronde mélancolique alors que la silhouette s’auréole d’une lumière tamisée.
Le rideau s’abaisse sur une salve d’applaudissement et étourdie par mes sens, par les réminiscences sauvages d’une autre époque que je croyais définitivement enfouie en moi, je me laisse guider jusqu’à une loge. Je m’affale sur les coussins moelleux d’un sofa. Le miroir ourlé d’ampoule me renvoie mon visage délié dont les prunelles brillent d’une étrange intensité que je ne sais qualifier. Je me redresse, prête à effacer de ce reflet l’étrangeté de son expression mais une affiche au mur retient mon attention. Pas étonnant que l’on m’est prise pour cette Urielle… dans cette tenue…. Et puis pour les autres, toutes les mirialanes se ressemblent non ?
Toc. Toc. Toc
« Entrez » répondais-je par automatisme
Invité
# Re: Dentelle et paillettes [Darth Araya] - Jeu 27 Sep 2012 - 21:18
Trépignant d’impatience que son père recouvre une certaine vigueur et sa vivacité d’esprit d’antan, Noval n’avait pu rester sans rien faire, sans rien entreprendre pour contrer le marasme qui guettait ses propres ambitions. Car, pendant ce temps, les dirigeants de la Guilde Minière étendaient inexorablement leur emprise tentaculaire, rachetant dès que l’occasion se présentait, et souvent à prix d’or, de considérables quantités d’actions émises par nombre de sociétés arkaniennes, passant de main en main selon les flux du marché. Comble du comble, ils allèrent même jusqu’à financer, en sous-main, certains projets gouvernementaux directement liés aux recherches menées par Adascorp. De mèche avec la multinationale intergalactique, La Maison Adasca aurait pu être poursuivi pour conflits d’intérêt et trafics d’influence, mais vu la place prédominante qu’elle occupait au sein du Dominion, ces démarches procédurières n’auraient rimé qu’à une perte de temps plus qu’autre chose. Pour couronner ce climat moribond au sein du Clan Ortyss, Noval avait dû s’exposer en première ligne, lorsqu’il reçut la visite de Silas Adasca, héritier direct de la Maison éponyme, venant tâter le terrain pour suggérer, une fois n’est pas coutume, la possibilité d’une conciliation à l’amiable. Sous couvert de prendre des nouvelles de l’état de santé du leader convalescent, ce personnage à l’ego surdimensionné répéta à l’envie la même rengaine, avec un air de condescendance qui irrita les nerfs de Noval, tâchant de lui faire comprendre qu’il était grand temps de convaincre son père que le combat qu’il menait de front était bel et bien perdu d’avance. On connait la chanson, le pot de terre contre le pot de fer... C’était sans compter la détermination sans faille d’Ortyss fils, qui ne reculerait devant rien pour empêcher la banqueroute programmé de Symbiosys, fleuron des biotechnologies, et la faillite de sa succession à la tête de cet empire chancelant sur ses bases.
Impératrice Téta… L’évidence consternante frappa lourdement l’esprit de Noval, dès qu’il apprit la nouvelle. Siège de la Guilde Minière depuis sa fondation, c’est sur cette planète que la filature de ce Silas Adasca, diligentée par ses soins, avait mené ses informateurs. Le Sith le soupçonnait d’être bien plus qu’un émissaire chargé des relations extérieures d’Adascorp, mais bel et bien l’éminence « grise » œuvrant pour le compte de la Guilde Minière. Pour tuer le temps, et aussi pour donner la chasse à cet individu qu’il espérait bien voir disparaitre de la circulation, une fois pour toutes, le seigneur Sith ne se fit pas prier pour embarquer à bord de sa navette privée, laquelle décolla dès qu’il eut validé un plan de vol, privilégiant le trajet le plus direct. Une fois entré en hyperespace, l’Arkanien se demanda ce qu’il convenait de faire au juste : traquer ce Silas dans l’espoir de découvrir, tôt ou tard, des preuves de son implication avec certains hauts-responsables de la Guilde, ou bien lui régler son compte, de manière nette et sans bavure, histoire de semer une vague de confusion chez les membres de son Clan. Pour sûr, il ne serait pas une cible évidente à approcher, même pour Noval, dont le goût du challenge fut titillé par cette perspective stimulante. Comme d’accoutumée, il préféra ne pas anticiper trop de coups à l’avance, préférant constater ce qu’il en retourne sur le terrain.[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
L’immense mégalopole s’étira sous ses yeux, parée d’une infinité de scintillements, faisant ressembler la surface de Cinnagar à une voie lactée s’étirant aux confins de l’horizon, rappelant le paysage urbain de la Cité-Monde. Lorsque l’urbanisation la plus forcenée se conjugue à la féerie d’un tel spectacle, on se surprend à penser que les frontières entre magie et technologie semblent étrangement poreuses. Les derniers rayons de soleil venaient de disparaitre. La navette ne s’attarda pas, et fila droit vers le spatioport le plus proche. Aux dernières nouvelles, la cible se déplaçait en petit comité, mais toujours encadré pour une dizaine d’hommes du corps, ne les lâchant pas d’une semelle, où qu’elle se rende. Le cortège venait de faire halte dans un restaurant, « Le Batiatus », laissant à Noval le loisir de rejoindre ses hommes sur le terrain. Arrivé sur les lieux en taxi, il se débrouilla pour louer un airspeeder, de manière à pouvoir suivre les déplacements de Silas en toute liberté, avant d’aller à la rencontre des pisteurs qui avaient suivi leur proie en toute discrétion. Après un rapide topo de la situation, l’un d’eux lui confia une puce contenant les clichés qu’il avait pris de tout ce petit monde, à différentes heures de la journée. Prenant le relai, Noval salua ses hommes de main qui disposèrent aussitôt, sans demander leur reste. S’installant à bord de son véhicule duquel il avait une vue plongeante sur l’établissement, il scruta la devanture à la jumelle. Une pluie fine fit son apparition au compte-goutte, recouvrant peu à peu le pare-brise d’une myriade de reflets : un cauchemar pour la vision nocturne. Son nouveau casque vissé sur la tête en guise de parapluie, et préservant surtout son anonymat, il descendit faire quelques pas, scrutant l’entrée du bâtiment baignée d’un éclairage tamisé. Patiemment, une heure, puis deux passèrent durant lesquelles le Sith pensa longuement aux moindres détails d’une foule de scénarios envisageables, ayant tous pour point commun le devenir incertain de Silas Adasca.
Extirpé de ses plans de bataille, le groupe venait de sortir sur le perron du restaurant, se saluant chaleureusement, blaguant, visiblement enivrés au vu des francs sourires qu’ils affichaient à tout bout de champ. Les uns après les autres, ils embarquèrent à bord de véhicules flambant neufs et stationnés en file indienne, jusqu’à ce qu’arrive le tour de Silas, vêtu, pour changer, d’un indémodable costume noir signé Azmani, qu’il portait comme un gant d’ailleurs. Noval s’empressa de suivre la trajectoire empruntée par le luxueux speeder qui ne manqua pas de couper franco plusieurs couloirs aériens, avant de se stabiliser, contraint de ralentir bien malgré lui, pris dans un encombrement incontournable. Prenant soin de ne pas le coller de trop près, la filature dura une bonne heure, ralentis qu’ils étaient par une série de bouchons s’étirant sur plusieurs blocs. Enfin, l’engin de Silas décrocha pour s’engouffrer à allure modérée dans un quartier plutôt retiré des artères flamboyantes, et louvoya entre des édifices d’apparence austères, loin des strasses et des luminaires multicolores parsemant les quartiers huppés concentrés au centre de la mégalopole, fief des apparences et des distractions des plus fortunés.
Peu après, Noval stationna non loin de l’endroit où venait de descendre une pléthore de gardes, formant derechef un cordon de sécurité autour de Silas, qui venait de disparaitre à deux pas d’une enseigne d’aspect vieillotte, grésillant de temps en temps sous la pluie fine et ininterrompue : « Bloody Mary Blues ». Curieux qu’un cador dans son genre vienne fréquenter ce genre de cabaret, bien moins chic que ceux jalonnant les parvis monumentaux de Cinnagar, pensa le Sith, intrigué par cette découverte. Une dizaine de minutes passèrent, avant que le Sith ne décide d’aller jeter un œil à l’intérieur, ôtant son casque, au risque de se faire repérer. Le recours au Côté Obscur ne serait pas de trop pour passer inaperçu parmi la foule des badauds arpentant l’endroit, dont les boiseries passablement défraichies, délabrées pour la plupart, en façade conféraient à ce lieu une aura de nostalgie, vestige d’un temps révolu et pourtant toujours d’actualité. Une affiche placardée à l’ancienne mentionnait le nom d’une artiste, Urielle, interprète à la beauté fatale, qui donnait une représentation, le soir même. Etait-ce pour elle que Silas avait accouru jusqu’ici ?
Bercé par un air de musique délicatement rythmé, l’ambiance feutrée et cosy qui planait de table en table laissait entrevoir, par-delà les volutes de fumée enlaçant l’atmosphère, à l’image de certains couples avachis sur des banquettes, ne se privant pas d’élans affectifs assez marqués, une clientèle des plus aisées. Exprimant une attitude de déni lorsqu’une hôtesse Twi’lek, au teint rosâtre et à l’esthétique parfaite, vint se pendre à son bras, Noval alla ensuite s’accouder à l’extrémité du bar, faisant profil bas, puis réclama une coupe de champagne, avant de se terrer dans le silence, essayant vainement de repérer Silas du coin de l’œil. Lorsque l’éclairage fondit pour ne laisser qu’un faisceau bleuté braqué sur la scène, il se plut à constater que cette baisse soudaine de luminosité n’affecta en rien sa vue, qui s’ajusta aussitôt pour compenser la perte. Vidant sa coupe puis tapotant du doigt la surface marbrée du comptoir pour que le serveur lui resserve la même chose, la salve d’applaudissement qui salua l’entrée en scène de l’artiste fit pivoter son visage de trois-quarts. Les premières notes résonnèrent, soulignant le silence monacal des auditeurs, captivés par la voix qui s’éleva alors. D’emblée, une étrange alchimie se dilua dans les esprits et les cœurs, comme si l’interprète, d’une beauté à fleur de peau, déclinait la formule complexe d’un envoûtement dont elle seule pouvait mettre à nu les arcanes les plus secrètes. Marquant la mesure sans un seul faux accord, la pureté de ce timbre conciliait fragilité et puissance d’âme, par-delà une mystérieuse contradiction. La tristesse et la promesse d’espoir de ce récital ne laissa pas insensible Noval qui, les yeux clos, en savoura chaque note, laissant son imagination se perdre dans les contrées gelées et désertiques d’Arkania, seule chose qui lui arrivait de chérir plus que tout.
Profitant de la nouvelle salve d’applaudissements, bien plus nourrie que la première, le Sith usa d’une sagace persuasion lorsqu’il demanda à l’un des barmans la direction des loges, qui la lui expliqua en détail sans même sourciller. Son intuition fut la bonne. Arrivant vers les loges, Noval aperçut Silas se diriger vers celle-ci, puis s’arrêter à l’une d’elle. Tandis qu’il réajustait les plis de son costume tout en se rafraichissant l’haleine, son poursuivant s’approcha à pas feutré, invisible au commun des mortels, l’observant toquer à une porte dont il devina aisément l’identité de la locataire. Comme il allait pour l’ouvrir, Silas reçut un coup derrière la nuque, percuta celle-ci en pleine face, laquelle s’ouvra à la volée, laissant s’étaler le corps inconscient à terre.
« Ne vous en faites pas, mademoiselle, cet empaffé a manifestement abusé de la boisson, voire même de narcotiques, qu’il en a perdu connaissance ! Par contre, si cela ne vous fait rien, nous allons rester là un moment, histoire qu’il se requinque avant de repartir, j’espère que cela ne vous dérange pas ?! » annonça-t-il prestement en secouant la tête de dépit à la vue de Silas gisant à ses pieds. Retrouvant une certaine contenance, le regard de Noval parut soudain halluciné, soumis à une passion débordante d’entrain : « Un grand bravo ! Vous êtes une diva, une véritable sirène dont le chant suscite le goût des belles choses chez ceux qui savent écouter, dont je crois faire partie, en toute modestie. Permettez-moi de me présenter, Noval Ortyss, admirateur d’un soir d’une étoile filante qu’une circonstance hasardeuse et bienfaitrice me fait croiser le céleste sillage… Votre humble serviteur... »
Darth Velvet
# Re: Dentelle et paillettes [Darth Araya] - Lun 1 Oct 2012 - 17:14
La porte s’ouvre à la volée, noyant sous le fracas d’une énergie déployée avec vivacité, mes mots. Les gonds malmenés par cette vindicte soudaine crissent douloureusement, alors que s’écrase sur le parquet trop ciré de la loge, le corps inanimé d’un individu. Difficile d’imaginer une entrée plus cocasse… plus théâtrale... plus inattendue. Reculant d’un pas afin d’éviter tout contact avec ce galant endimanché aux allures de chiffe molle, mon visage s’éclaire d’un étonnement curieux.
« Et bien… » lâchais-je machinalement devant l’incongruité de cette scène, renouvelée par la présence d’une second individu.
Mon regard, savant mélange entre incrédulité, effarement et amusement, se lève sur la silhouette pleine de prestance qui se découpe de l’encadrement de porte puis se reporte à nouveau sur celle affalée devant moi. Sans ces gouttes d’alcool ingérées à mon insu avant que je ne monte sur les planches du cabaret entonner cette chansonnette, je n’aurais sans doute pas autant apprécié toute la teneur huburlesque de cette situation troublante. Mais, les joues légèrement plus vertes qu’accoutumée, les prunelles pétillantes d’une hilarité contenue, les lèvres ourlées d’un sourire mi-figue mi-raisin, je ne peux m’empêcher le parallèle douteux entre cet homme écrasé face contre le sol, l’œil vide, les dents raclant les lattes brillantes avec une tendre ferveur, et ces carpettes bon marché avec une tête, confectionnée dans la fourrure entière d’un animal, tel un trophée macabre de mauvais gout. Mes doigts glissent sur ma bouche pour étouffer un éclat de rire inopportun.
« Est-ce là une nouvelle mode que vous lancez, Monsieur Ortyss ? Comme je dois être innocente. J’étais absolument sûre que les admirateurs offraient des fleurs, pas des poivrots. Encore que… en tapis ça pourrait presque être joli… » pouffais-je
Je reprends lentement mon sérieux, avisant que mon visiteur, sous ses traits altiers, pourrais tout aussi bien prendre ombrage de ma remarque.
« Je suis désolée. Un contrecoup du trac, je crois que mes nerfs me lâchent... C’est toujours comme ça après une représentation… » inventais-je comme excuse, ne pensant pas un traitre mot de ce laïus tout en espérant qu’il soit suffisamment dupe pour ne pas relever l’hésitation de ma voix.
Je me détourne, baissant sous la frange de mes cils, l’azur de mes prunelles plus promptes à dévoiler mes mensonges qu’à les soutenir. Ce n’est pas tant la gêne de débiter quelques fadaises qui me dérange, mais bel et bien d’endosser ce rôle dans lequel on m’a jeté sans me demander mon avis. S’il est certain qu’usuellement je ne peine pas autant à devenir une autre, ce soir, je suis résolument incapable de me transformer en cette diva, cette « étoile » qu’il semble tant porter aux nues. Ses compliments loin d’attiser mon orgueil m’embarrasse légèrement, colorant d’émeraude mes pommettes. Charmante timidité d’une jeune artiste ou coquetterie empressée d’une femme plus expérimentée, je lui offre le choix de l’interprétation.
« Vous êtes un flatteur Monsieur Ortyss. Je ne mérite pas autant d’éloges… et puis… ne devriez pas avant toutes choses, installer plus confortablement votre ami ? »
Ne lui laissant pas réellement l’occasion de discuter sur ce point, j’enjambe élégamment le corps du premier, pour atteindre la porte que je referme doucement sur nous. Le bruit des spectacles, des voix, du brouhaha des machineries et des rouages du cabaret, s’estompent pour offrir une bulle plus intime loin de toute cette effervescence que même l’intrusion particulière de mes deux visiteurs n’avaient su déranger.
« Transportez le donc là… » commençais-je en désignant un sofa enseveli sous un amas de coussins colorés « … je gage qu’à son réveil il aura une bien vilaine bosse. »
Laissant à son compagnon, le plaisir de le transporter sur le canapé, havre de douceur après avoir gouter à la rudesse du parquet, je m’occupe de trouver parmi tout le fatras de petits pots, de pinceaux et de fioles savamment orchestrés en dessous de ce miroir bordé d’ampoules, un linge et un peu d’eau. Trouvant enfin mon bonheur, et après quelques vaines tentatives auprès de tiroirs vides, j’applique la compresse humide sur le front de l’inconscient… Curieux comme ce profil aquilin, bien qu’amoché par la chute, comme le dessin de cette mâchoire, de ce front, comme cette masse de cheveux ondoyantes me rappelle quelqu’un sans que je parvienne à placer un nom. D’où pouvais-je bien le connaitre… L’holo-photo sur la commode ! L’évidence me percute avec toute l’amplitude de questions qu’elle provoque. Si cet homme dont un portrait vivant ornait la coiffeuse de la véritable Urielle, était pour cette femme davantage qu’un simple admirateur de passage, alors pour quelle étrange raison son ami, n’avait-il tiqué à mon manque d’affection à son égard ? D’ailleurs ne l’avait-il pas présenté comme un simple empaffé alcoolisé ? Un doute me ronge. Mon regard se pose inquisiteur sur ce Noval Ortyss, détaillant ce visage avec une avidité fébrile que j’espère faire passer pour un intérêt tout bonnement charnel. Le masque dissimulerait-il un autre moins aimable, moins honorable.
« Paranoïa… » me souffle ma petite voix raisonnée, sitôt étouffée par le rugissement de mon instinct.
« Mais dites-moi Monsieur Ortyss, ne devrions nous pas plutôt appeler la sécurité pour le faire évacuer et soigner? Il ne semble pas vouloir reprendre conscience »
Usant de cette maigre diversion, mon esprit se tend, effleurant la chaleur éthérée de la Force, saisissant les fils invisibles de ce monde pour faire chavirer le portrait sur la commode sans qu’il s’en aperçoive. Le cadre tombe en avant, silencieusement, accompagnée par une maitrise calculée alors que sans m’en rendre compte, je lui offre un aperçu comparatif entre le poster d’Urielle et moi-même. Un véritable jeu des sept erreurs …
« Et bien… » lâchais-je machinalement devant l’incongruité de cette scène, renouvelée par la présence d’une second individu.
Mon regard, savant mélange entre incrédulité, effarement et amusement, se lève sur la silhouette pleine de prestance qui se découpe de l’encadrement de porte puis se reporte à nouveau sur celle affalée devant moi. Sans ces gouttes d’alcool ingérées à mon insu avant que je ne monte sur les planches du cabaret entonner cette chansonnette, je n’aurais sans doute pas autant apprécié toute la teneur huburlesque de cette situation troublante. Mais, les joues légèrement plus vertes qu’accoutumée, les prunelles pétillantes d’une hilarité contenue, les lèvres ourlées d’un sourire mi-figue mi-raisin, je ne peux m’empêcher le parallèle douteux entre cet homme écrasé face contre le sol, l’œil vide, les dents raclant les lattes brillantes avec une tendre ferveur, et ces carpettes bon marché avec une tête, confectionnée dans la fourrure entière d’un animal, tel un trophée macabre de mauvais gout. Mes doigts glissent sur ma bouche pour étouffer un éclat de rire inopportun.
« Est-ce là une nouvelle mode que vous lancez, Monsieur Ortyss ? Comme je dois être innocente. J’étais absolument sûre que les admirateurs offraient des fleurs, pas des poivrots. Encore que… en tapis ça pourrait presque être joli… » pouffais-je
Je reprends lentement mon sérieux, avisant que mon visiteur, sous ses traits altiers, pourrais tout aussi bien prendre ombrage de ma remarque.
« Je suis désolée. Un contrecoup du trac, je crois que mes nerfs me lâchent... C’est toujours comme ça après une représentation… » inventais-je comme excuse, ne pensant pas un traitre mot de ce laïus tout en espérant qu’il soit suffisamment dupe pour ne pas relever l’hésitation de ma voix.
Je me détourne, baissant sous la frange de mes cils, l’azur de mes prunelles plus promptes à dévoiler mes mensonges qu’à les soutenir. Ce n’est pas tant la gêne de débiter quelques fadaises qui me dérange, mais bel et bien d’endosser ce rôle dans lequel on m’a jeté sans me demander mon avis. S’il est certain qu’usuellement je ne peine pas autant à devenir une autre, ce soir, je suis résolument incapable de me transformer en cette diva, cette « étoile » qu’il semble tant porter aux nues. Ses compliments loin d’attiser mon orgueil m’embarrasse légèrement, colorant d’émeraude mes pommettes. Charmante timidité d’une jeune artiste ou coquetterie empressée d’une femme plus expérimentée, je lui offre le choix de l’interprétation.
« Vous êtes un flatteur Monsieur Ortyss. Je ne mérite pas autant d’éloges… et puis… ne devriez pas avant toutes choses, installer plus confortablement votre ami ? »
Ne lui laissant pas réellement l’occasion de discuter sur ce point, j’enjambe élégamment le corps du premier, pour atteindre la porte que je referme doucement sur nous. Le bruit des spectacles, des voix, du brouhaha des machineries et des rouages du cabaret, s’estompent pour offrir une bulle plus intime loin de toute cette effervescence que même l’intrusion particulière de mes deux visiteurs n’avaient su déranger.
« Transportez le donc là… » commençais-je en désignant un sofa enseveli sous un amas de coussins colorés « … je gage qu’à son réveil il aura une bien vilaine bosse. »
Laissant à son compagnon, le plaisir de le transporter sur le canapé, havre de douceur après avoir gouter à la rudesse du parquet, je m’occupe de trouver parmi tout le fatras de petits pots, de pinceaux et de fioles savamment orchestrés en dessous de ce miroir bordé d’ampoules, un linge et un peu d’eau. Trouvant enfin mon bonheur, et après quelques vaines tentatives auprès de tiroirs vides, j’applique la compresse humide sur le front de l’inconscient… Curieux comme ce profil aquilin, bien qu’amoché par la chute, comme le dessin de cette mâchoire, de ce front, comme cette masse de cheveux ondoyantes me rappelle quelqu’un sans que je parvienne à placer un nom. D’où pouvais-je bien le connaitre… L’holo-photo sur la commode ! L’évidence me percute avec toute l’amplitude de questions qu’elle provoque. Si cet homme dont un portrait vivant ornait la coiffeuse de la véritable Urielle, était pour cette femme davantage qu’un simple admirateur de passage, alors pour quelle étrange raison son ami, n’avait-il tiqué à mon manque d’affection à son égard ? D’ailleurs ne l’avait-il pas présenté comme un simple empaffé alcoolisé ? Un doute me ronge. Mon regard se pose inquisiteur sur ce Noval Ortyss, détaillant ce visage avec une avidité fébrile que j’espère faire passer pour un intérêt tout bonnement charnel. Le masque dissimulerait-il un autre moins aimable, moins honorable.
« Paranoïa… » me souffle ma petite voix raisonnée, sitôt étouffée par le rugissement de mon instinct.
« Mais dites-moi Monsieur Ortyss, ne devrions nous pas plutôt appeler la sécurité pour le faire évacuer et soigner? Il ne semble pas vouloir reprendre conscience »
Usant de cette maigre diversion, mon esprit se tend, effleurant la chaleur éthérée de la Force, saisissant les fils invisibles de ce monde pour faire chavirer le portrait sur la commode sans qu’il s’en aperçoive. Le cadre tombe en avant, silencieusement, accompagnée par une maitrise calculée alors que sans m’en rendre compte, je lui offre un aperçu comparatif entre le poster d’Urielle et moi-même. Un véritable jeu des sept erreurs …
Invité
# Re: Dentelle et paillettes [Darth Araya] - Ven 5 Oct 2012 - 13:15
La douceur soyeuse de la mélodieuse vocalise s'élevant du visage angélique d’Urielle lorsqu'elle s'adressa à Araya, plongea l’intrus fraichement débarqué dans un mutisme complet, figé par l’ambiance tamisée et capiteuse de cet espace confiné, dont les murs chargés d’histoires étaient recouverts d’une multitude d’affiches, d’accessoires de scène et autres frous-frous en tout genre, aux couleurs et aux formes bariolées. Tout aussi troublant que le charme vaporeux de la cantatrice, les dimensions plutôt exiguës de cette loge, qu’un regard suffisait amplement à survoler dans ses moindres recoins, la faisaient ressembler à un délicieux bazar au désordre charmeur, qui ne manqua pas d’attiser la curiosité de l'Arkanien. La pléthore de bibelots, d’apparats et de costumes jalonnant chaque pan de ce lieu aux attraits féériques donnait l’impression qu’en foulant les limites de cette antre, on avait pénétré dans un monde à part, obéissant à ses propres règles, un genre de musée vivant où le regard du visiteur se perdait en survolant d’infimes détails, appelant des questionnements s’étalant à l’infini, tellement le spectateur se sentait dans la peau d’un parfait néophyte en compagnie de cette femme aux gestes graciles dont l'un des plis de sa robe venait d'effleurer Araya, l’électrisant au passage, pour rejoindre la porte qu’elle referma, accentuant l’atmosphère de cloisonnement dans lequel il baignait déjà, se délectant par avance de la situation à venir.
Comme la première fois, la musique de ses mots composa une nouvelle gamme de notes envoûtantes, et, dans un effort incompréhensible de traduction, le Sith s’employa à soulever par les épaules le poids mort obstruant maladroitement le passage, s’allégeant d’un « Oh mais bien sûr, où donc avais-je la tête ?! », déposant sans d’autres précautions le corps inanimé sur une couche recouverte d’un monceau de coussins aux teintes et aux motifs dépareillées, qui rebondit quelque peu, avant de retrouver sa torpeur initiale. « Voilà ! C’est qu’il pèse le bougre ! » s’exclama Araya en faisant mine de s’épousseter les mains, avant de s’asseoir aux côtés de Silas, réduit à l'état de mannequin de cire, tout aussi inexpressif que celui trônant à l’autre bout de la pièce, affublé d’un empilement de chapeaux et de nombreux bijoux rutilants. « Ne vous en faites pas pour ce qui est de son réveil, chère Urielle, bientôt, cette légère contusion sera le cadet de ses soucis, je vous l’assure… Pardonnez-moi encore de devoir vous affliger cette situation inopinée, croyez-bien que si j’avais eu d’autre choix… » s’excusa-t-il d’un ton expressément plaintif. « Au moins, j’aurai fait une pierre deux coups ! Et le plaisir de cette rencontre à huis-clos qui me fait vous côtoyer en personne n’égale en rien la satisfaction que je ressens à voir ce coquin dans les vapes, tout entier à ma merci, je vous prie de me croire sur parole ! » lança-t-il en tapotant la joue du comateux, un sourire en coin assombrissant la mine sournoise de l’Arkanien. « N’est-ce pas, cher Silas ? Vous faites moins le fier, assurément… » murmura-t-il avec complaisance, le ton de la moquerie jaillissant au bout de sa langue sifflante.
En voyant Urielle approcher de Silas pour lui dispenser, dans un élan de dévouement gratuit, quelques soins de fortune, Araya ne put s’empêcher de penser qu’ils avaient sûrement déjà dû se croiser par le passé, peu ou prou, et qu’ils entretenaient peut-être même d’étroits rapports, que la simple complicité d’une artiste et de son plus fervent partisan ne suffisait pas à résumer. La chose ne surprit qu’à moitié Araya, tellement il savait ce personnage, au physique et au charisme fort séduisants par ailleurs, capable des pires vilénies pour parvenir à ses fins, quitte à se parer d’habitudes aux antipodes de celles qu’il affichait en temps normal. La suffisance, l’arrogance et une surestimation de lui-même à toute épreuve, tous ces traits médiocres transpirant un égoïsme forcené devaient s'évanouir comme par enchantement dès lors qu’il était en compagnie d’une muse si ravissante, dont bien des mâles se damneraient mille fois pour profiter de sa présence, si distinguée et attentionnée à la fois. Autant ne pas le taire plus longuement, Noval aurait été de ces maudits bougres s’échinant à paraitre autrement qu’ils ne sont réellement, juste pour le plaisir orgueilleux de ressentir que par-delà une personnalité détestable, leur faculté de séduire n’a en rien été élimée au gré du temps qui passe, malgré les rides hachant l'emprise des années sur leurs visages, qui plus est celui d’un serviteur du Côté Obscur, dont l’influence dégradante sur l’apparence extérieures n’est plus à prouver. A ce titre, l’Arkanien ne se faisait aucune illusion à ce sujet, il n’avait rien de l’archétype du charmeur-né, si ce n’est peut-être un regard captivant, mais pas pour les bonnes raisons : ce dernier n’inspirait qu’une peur instinctive chez celles qui le croisaient, rien d’autre. Et la pause récente d’implants n’avait rien arrangé à l’affaire, bien au contraire. De toute manière, peu lui importait, cela faisait déjà un certain temps qu’il s’était fait à l’idée…
L’extirpant de l’amer constat ressassé une fois encore, la voix mielleuse d’Urielle s’adressa à lui, redressant la tête qui s’était passablement affaissée entre ses épaules. « La sécurité, dites-vous ?! Pensez-vous donc ! Il n’a pris qu’un mauvais coup sur la tête, laissez-lui quelques minutes et il aura tôt fait de se ragaillardir comme le grand garçon qu’il est ! Certes, j’y suis peut-être allé un peu fort, mais il fallait que j’assure le coup ! Dites-moi, je vous prie de m’excuser par avance si je me montre indiscret, mais grosso modo, combien de temps durent vos… entrevues, d’accoutumée ? Si je me vois contraint de vous le demander, c’est afin de savoir si je dois anticiper le venue éventuelle de gardes du corps, car je n’aimerais pas avoir à recourir à la violence devant des yeux si troublants que les vô… » Araya venait de s'arrêter net, les siens, interloqués, tombant sur un portrait de ladite Urielle punaisé au-dessus de la jeune femme… La véritable Urielle ! Pas d’impair possible, il s’agissait là de deux personnes bien distinctes ! Mais alors qui était cette femme ? Une doublure quasi-identique, à quelques détails près, comme l’emplacement d’un grain de beauté, légèrement déviant par rapport au modèle original ?! Fallait-il comprendre qu’une copie remplaçait l’originale lorsque celle-ci était retenue quelque part, ou bien alors indisposée ? En tous cas, l’illusion était à couper le souffle ! Tâchant de retrouver un soupçon de constance, l’Arkanien fit mine de n’avoir rien remarqué, se leva pour aller décrocher la photographie, l'air ébahi, puis se tourna, l’air gêné, vers la jumelle : « Aurai-je l’audace de vous réclamer une dédicace, si ce n’est pas abusé de la situation ? » quêta-t-il tout en se pinçant le bord des lèvres.
Darth Velvet
# Re: Dentelle et paillettes [Darth Araya] - Mer 10 Oct 2012 - 18:26
« Je l’imaginais votre… ami. Mais semble que ce ne soit pas tout à fait le cas » notais-je devant cette indiscutable évidence, une moue ourlant sceptiquement mes lèvres alors que je fais mine de ne rien remarquer de son étrange désarroi.
Finalement, dans cette alcôve gorgée des parfums d’un autre temps, avec ses reliques, ses froufrous, ses paillettes, avec ses effluves de fleurs exotiques, ses plumes, je me sens confinée, prise au piège d’un monde de faux-semblant et de poudre de perlimpinpin. Une actrice d’autrefois s’improvisant la mesure de son rôle, espérant encore un instant maintenir une illusion qu’elle devine pourtant éventée. Je ne sais pas vraiment ce qui trahit le fond de sa pensée… sa phrase inachevée, laissée en suspens aux crochets de mon imagination … son étrange regard oscillant entre interrogation muette et surprise ou juste l’homme dans son ensemble… Une réalité se dessine dans ce tableau d’impressions : il sait ce que je ne suis pas.
« Nos entrevues accoutumées… » répétais-je innocemment ignorant sciemment son comportement.
Juste pour rester un instant de plus, le temps d’une réflexion, le mirage fantomatique de celle que j’incarne, je laisse ma voix trainante envahir les recoins de ce reliquaire d’Antan, les hanter d’une note chaleureuse teinté d’ironie. Mesurée, dans un bruissement de soie, dévoilant la peau olive de mes pieds nus, je m’écarte du « Silas », abandonnant sur son front teinté d’ecchymoses, le linge humide.
« … c’est très indiscret, monsieur Ortyss » concluais-je observant ses gestes pour ne rien manquer de ses agissements.
Il arrive un moment où toute pièce atteint son acte final, où tout artiste se doit de saluer son auditoire, où le masque de Colombine s’envole du nez de son interprète, où le rideau rouge de la comédie retombe sur les derniers mots d’une fin. Avançant jusqu’à moi, retenant entre ses doigts l’image d’une Mirialane séduisante dans ses atours de chanteuse de cabaret, il me fait l’effet de cette salve d’applaudissements ou d’huées clôturant le rôle des acteurs, submergeant le théâtre en fin de représentation. Le jeu de dupes s’achève pour laisser place à un autre plus retords. Celui du chat et de la souris. Pousser l’autre à la faute, le deviner, le cerner, l’acculer… J’esquisse un sourire… Je ne suis pas de ces proies là.
« Evidemment ! Il n’y a là aucun abus, et je vous dédicacerais avec plaisir cette photographie »
Je tends la main, lui emprunte l’affichette en papier glacé. La pulpe de mon doigt effleure vaguement ce visage qui n’est le mien, cette silhouette qui ne m’appartient avant d’être remplacé par un stylo, trouvé sur la coiffeuse. Ecrivant de ma plus belle calligraphie, toute en rondeurs et en déliés, je trace les mots tel un aveu silencieux : Au mystère d’un inconnu, à une rencontre inattendue. Mélodieusement. Velvet.
Oui… Velvet et non Urielle. Plus aucune ambigüité, je me dévoile, accordant à son regard aiguisé, les prémices de celle que je suis réellement. Le bleu acidulé de mes prunelles arpentent avec intérêt sa réaction alors que je lui tends l’objet de ma révélation, ourlant d’un sourire énigmatique mes lèvres. Oh évidemment je n’ai rien oublié de cette curieuse sensation, de cette vigilance susurrée par mon instinct, mais quitte à découvrir les dangers que recèlent cette apparente sérénité et cette galanterie charmeuse, quitte à égratigner le vernis de cette courtoisie parfaite, je préfère encore avoir le choix de ce que je lui révèle ou non.
Comme ponctuant mon véritable nom sur la photographie, ou peut-être comme une invite à me faire découvrir qui se cache réellement sous le patronyme de Noval Ortyss, on frappe à la porte.
« Ah… encore une visite… la question qui se pose Monsieur Ortyss, c’est : viennent-ils pour vous… » mon regard le frôle de pied en cape avant de glisser sur la forme humaine avachie au milieu d’une avalanche de coussins « … pour lui ou bien pour moi … »
Sa réponse, s’il en formule une, se perd dans l’ouverture énergique de la porte. Le battant en bois, grinçant sur ses gonds, percute avec violence et fracas le mur, laissant dans le plâtre tendre, l’emprunte de sa poignée. Surgissant de l’encadrement, la silhouette avantageuse et outrageusement soulignée, d’une consœur à la peau plus foncée que la mienne. Le décolleté s’ouvrant jusqu’à la naissance d’un nombril délicatement rehaussé d’un bijou, l’échancrure de la robe écarlate se fendant depuis le haut de sa cuisse, elle appuie ses mains sur ses hanches pleines, ajoutant à sa séduction indécente, un coté légèrement vulgaire. Urielle. Ainsi femme de chair et d’os, et non plus de papier et d’encre, il est impossible de ne pas saisir notre différence. Elle est tout ce que je ne serais jamais. L’archétype de la femme fatale, sûre de ses charmes et de son capital de séduction, trop maquillée, trop volubile, en un mot… trop.
« Ahhhh ! Silas ! » gémit-elle en apercevant son probable amant ; affaissé sur le sofa, complètement inerte
Derrière elle, les ombres de garde du corps, la poussant légèrement pour qu’elle s’écarte, nous dévisageant, Noval et moi, d’une façon plus que déplaisante.
« Illlllllssssss onnnnnt faiiiiiit duuuuu maaaaal ààà mmmmmooonnnn SSSSillllasss » hurle ma jumelle à demi-hystérique.
« Finalement, je crois que mes yeux si troublants, apprécieront vos excès de violence… » concluais-je dans un murmure à l’attention de mon admirateur, non sans une pointe de cynisme tout en admirant négligemment les statures solides des deux hommes attachés à la sécurité du fameux Silas venant sur nous, avec un petit air pas commode du tout.
Finalement, dans cette alcôve gorgée des parfums d’un autre temps, avec ses reliques, ses froufrous, ses paillettes, avec ses effluves de fleurs exotiques, ses plumes, je me sens confinée, prise au piège d’un monde de faux-semblant et de poudre de perlimpinpin. Une actrice d’autrefois s’improvisant la mesure de son rôle, espérant encore un instant maintenir une illusion qu’elle devine pourtant éventée. Je ne sais pas vraiment ce qui trahit le fond de sa pensée… sa phrase inachevée, laissée en suspens aux crochets de mon imagination … son étrange regard oscillant entre interrogation muette et surprise ou juste l’homme dans son ensemble… Une réalité se dessine dans ce tableau d’impressions : il sait ce que je ne suis pas.
« Nos entrevues accoutumées… » répétais-je innocemment ignorant sciemment son comportement.
Juste pour rester un instant de plus, le temps d’une réflexion, le mirage fantomatique de celle que j’incarne, je laisse ma voix trainante envahir les recoins de ce reliquaire d’Antan, les hanter d’une note chaleureuse teinté d’ironie. Mesurée, dans un bruissement de soie, dévoilant la peau olive de mes pieds nus, je m’écarte du « Silas », abandonnant sur son front teinté d’ecchymoses, le linge humide.
« … c’est très indiscret, monsieur Ortyss » concluais-je observant ses gestes pour ne rien manquer de ses agissements.
Il arrive un moment où toute pièce atteint son acte final, où tout artiste se doit de saluer son auditoire, où le masque de Colombine s’envole du nez de son interprète, où le rideau rouge de la comédie retombe sur les derniers mots d’une fin. Avançant jusqu’à moi, retenant entre ses doigts l’image d’une Mirialane séduisante dans ses atours de chanteuse de cabaret, il me fait l’effet de cette salve d’applaudissements ou d’huées clôturant le rôle des acteurs, submergeant le théâtre en fin de représentation. Le jeu de dupes s’achève pour laisser place à un autre plus retords. Celui du chat et de la souris. Pousser l’autre à la faute, le deviner, le cerner, l’acculer… J’esquisse un sourire… Je ne suis pas de ces proies là.
« Evidemment ! Il n’y a là aucun abus, et je vous dédicacerais avec plaisir cette photographie »
Je tends la main, lui emprunte l’affichette en papier glacé. La pulpe de mon doigt effleure vaguement ce visage qui n’est le mien, cette silhouette qui ne m’appartient avant d’être remplacé par un stylo, trouvé sur la coiffeuse. Ecrivant de ma plus belle calligraphie, toute en rondeurs et en déliés, je trace les mots tel un aveu silencieux : Au mystère d’un inconnu, à une rencontre inattendue. Mélodieusement. Velvet.
Oui… Velvet et non Urielle. Plus aucune ambigüité, je me dévoile, accordant à son regard aiguisé, les prémices de celle que je suis réellement. Le bleu acidulé de mes prunelles arpentent avec intérêt sa réaction alors que je lui tends l’objet de ma révélation, ourlant d’un sourire énigmatique mes lèvres. Oh évidemment je n’ai rien oublié de cette curieuse sensation, de cette vigilance susurrée par mon instinct, mais quitte à découvrir les dangers que recèlent cette apparente sérénité et cette galanterie charmeuse, quitte à égratigner le vernis de cette courtoisie parfaite, je préfère encore avoir le choix de ce que je lui révèle ou non.
Comme ponctuant mon véritable nom sur la photographie, ou peut-être comme une invite à me faire découvrir qui se cache réellement sous le patronyme de Noval Ortyss, on frappe à la porte.
« Ah… encore une visite… la question qui se pose Monsieur Ortyss, c’est : viennent-ils pour vous… » mon regard le frôle de pied en cape avant de glisser sur la forme humaine avachie au milieu d’une avalanche de coussins « … pour lui ou bien pour moi … »
Sa réponse, s’il en formule une, se perd dans l’ouverture énergique de la porte. Le battant en bois, grinçant sur ses gonds, percute avec violence et fracas le mur, laissant dans le plâtre tendre, l’emprunte de sa poignée. Surgissant de l’encadrement, la silhouette avantageuse et outrageusement soulignée, d’une consœur à la peau plus foncée que la mienne. Le décolleté s’ouvrant jusqu’à la naissance d’un nombril délicatement rehaussé d’un bijou, l’échancrure de la robe écarlate se fendant depuis le haut de sa cuisse, elle appuie ses mains sur ses hanches pleines, ajoutant à sa séduction indécente, un coté légèrement vulgaire. Urielle. Ainsi femme de chair et d’os, et non plus de papier et d’encre, il est impossible de ne pas saisir notre différence. Elle est tout ce que je ne serais jamais. L’archétype de la femme fatale, sûre de ses charmes et de son capital de séduction, trop maquillée, trop volubile, en un mot… trop.
« Ahhhh ! Silas ! » gémit-elle en apercevant son probable amant ; affaissé sur le sofa, complètement inerte
Derrière elle, les ombres de garde du corps, la poussant légèrement pour qu’elle s’écarte, nous dévisageant, Noval et moi, d’une façon plus que déplaisante.
« Illlllllssssss onnnnnt faiiiiiit duuuuu maaaaal ààà mmmmmooonnnn SSSSillllasss » hurle ma jumelle à demi-hystérique.
« Finalement, je crois que mes yeux si troublants, apprécieront vos excès de violence… » concluais-je dans un murmure à l’attention de mon admirateur, non sans une pointe de cynisme tout en admirant négligemment les statures solides des deux hommes attachés à la sécurité du fameux Silas venant sur nous, avec un petit air pas commode du tout.
Invité
# Re: Dentelle et paillettes [Darth Araya] - Jeu 25 Oct 2012 - 21:45
A vrai dire, Noval ne savait plus très bien sur quel pied danser. Cette dérive des sens n’était pas pour lui déplaire, bien au contraire, elle stimulait son intellect, avide de comprendre le fin mot de cet imbroglio. Suspicieux et dans le même temps intrigué de savoir les raisons motivant la demoiselle à rester là, imperturbable, tel un modèle esthétique, au sens premier du mot : qui invite à la contemplation du Beau. Là, semblant immuable, elle se contentait d’interpréter un rôle qui lui seyait à merveille, préservant une pose énigmatique, assise aux côtés d’un Silas groggy, mais plus pour très longtemps, l’air détaché et impassible face à cet homme qu’elle fit mine de connaitre en lui prêtant quelques délicates attentions fort convenues, probablement aussi feintes que son intérêt pour son état de santé. Preuve en est d’ailleurs, la facilité avec laquelle la fausse jumelle se détourna du corps inanimé pour répondre favorablement, d’une main gracile et imperturbable, sans même sourciller ou presque, à la requête exprimée par l’illustre inconnu qui venait de faire irruption quelques instants plus tôt, déboulant sans crier gare, s’immisçant dans le cours de sa vie suite à un merveilleux hasard cosmique. Les doutes et les soupçons de l’Arkanien s’effacèrent à la lecture du mot dont l’écriture prouvait à l’évidence que cette femme, dans la peau de l’usurpatrice, maitrisait son sujet à merveille. Expansive, aérienne, l’écriture était emprunte d’une certaine majesté qui en disait long sur le degré de confiance qu’elle s’accordait, malgré les circonstances insolites de cette rencontre. Loin de l’effrayer, la présence de Noval ne lui offrait tout au plus qu’une distraction divertissante à laquelle elle prit volontiers part, se délectant secrètement de l’originalité d’une mise en scène rocambolesque. Décidément, cette femme avait bien des atouts pour lui taper dans l’œil…
Velvet… La révélation piquante égaya d’une rayonnante éclaircie les yeux artificiellement illuminés du Sith, qui en retour se plut à poser un regard complice sur le visage angélique de cette femme qui se dévoilait un peu plus à lui. Alors qu’il s’apprêtait à lui rendre la pareille de la manière la plus courtoise possible, se demandant si le baisemain était oui ou non passé de mode, la promesse imminente d’un orage vint ternir à grand vent son envolée lyrique, implacablement. Le calme olympien de Velvet lui valut une répartie délicieuse, à l’ironie aussi cinglante que pertinente :
« Ah… encore une visite… la question qui se pose Monsieur Ortyss, c’est : viennent-ils pour vous… pour lui ou bien pour moi… »
Esquissant un sourire, Noval n’eut qu’à peine le temps de répondre : « Les paris sont ouverts ! » avant de s’enquérir du premier apparat venu, susceptible de dissimuler son identité aux spectateurs inconnus qui ne tarderaient pas à montrer le bout de leurs nez. S’emparant d’un masque d’Arlequin suspendu à ses côtés, il l’enfila d'une traite, rassuré à l’idée de préserver son anonymat. Colportant dans sa besace son flot de cumulus menaçants, la foudre vint frapper à maintes reprises la fine cloison qui séparait Velvet et Noval du reste du monde, laquelle ne put guère résister à ces coups de butor, annonciateurs de chamboulements, sonnant le glas de cette agréable et si plaisante duperie liant les personnages en présence par le biais d’un exquis jeu d’acteur et d’actrice. A vau-l’eau, la porte valsa contre le mur avec une telle violence qu’elle y resta plantée net. Bien inspiré de ne pas avoir eu l’idée de s’y réfugier derrière afin de tabler sur l’effet de surprise, l’embrasure brinquebalante laissa apparaitre, l’instant d’après, une véritable furie vocale, plutôt irritante sur le moment, achevant d’extirper pour de bon l’Arkanien de l’ambiance duveteuse et confinée de cet univers qui se prêtait davantage aux confidences et aux chuchotements plutôt qu’aux hurlements dramatiques qu’Urielle, la véritable Urielle, se mit à pousser en voyant le corps inanimé de son chérubin bordé d’une myriade de coussins et d’étoffes, le tout formant un véritable arc-en-ciel de couleurs chatoyantes du plus bel effet, avait jugé l’Arkanien, satisfait de constater la mauvaise fortune amplement méritée de cet homme si méprisable, au demeurant. Comme si l’intervention de la cantatrice, aussi grandiloquente qu’impromptue, ne suffit pas à assombrir le tableau, s’affolant tout de go du triste sort fait à son Roméo de pacotille, les silhouettes massives de deux Goliath vêtus de costumes foncés se détachèrent lentement de la pénombre du couloir, comme pour soigner leur entrée. Scrutant la pièce d’un coup d’œil, le Sith pensa qu’ils devaient s'agir des gardes du corps attitrés de l’artiste, celle-là même suintant de sanglots et de jérémiades. Les colosses, emplis d’un certain sang-froid, firent d’une pierre deux coups en quelques pas : protéger Urielle, et condamner de leurs corpulences surdéveloppées l’accès, et même la vue, de la seule issue envisageable à ce drôle de guêpier.
« Finalement, je crois que mes yeux si troublants, apprécieront vos excès de violence… »
Ricanant intérieurement de la boutade tombant fort à propos de Velvet, l’Arkanien jaugea l’opposition d’un rapide regard. Ô bien sûr ! Vous vous direz qu’un seigneur Sith ne devrait pas avoir l’once d’une difficulté à se débarrer de ces pantins, si massifs soient-ils ! C’est justement là que le bât blesse ! Il n’avait que faire de ces gugusses, mais Urielle pourrait s’avérer un atout précieux pour contraindre Silas à coopérer de son plein gré à l’ultimatum qu’il lui imposerait, bientôt. Pour l’heure, il fallait se débarrasser ipso facto et manu militari des deux gêneurs, sans devoir révéler ses habilités particulières. Même avec ce handicap, l’affrontement ne dura qu’une poignée de secondes, Noval ne s’offrant pas le luxe de les compter. Le premier mastodonte passa sa main droite à l’intérieur de son veston, faisant l’erreur d’approcher d’un peu trop près. Tout s’enchaina alors très vite. Amarrant son appui d’une enjambée, le Sith encastra latéralement le plat de son pied dans le genou droit de son vis-à-vis, dont le corps entier fléchit aussitôt sous la violence de l’impact et la douleur subie, se cambrant vers l’avant pour mieux percuter de plein fouet un nouveau coup de pied fouetté par la jambe d’appui de l’attaquant qu'il venait de projeter d'un mouvement circulaire, faisant céder la cloison nasale du pauvre bougre au passage. Et d’un. Le second ne résista guère plus longtemps, mais fut prompt à réagir au premier assaut, se jetant littéralement dans la mêlée. Après lui avoir fiché une lourde droite en plein buste, Noval encaissa âprement la dureté du choc, et voulut abréger le corps-à-corps au plus vite : évitant de justesse une tentative d'étreinte, il plaqua sa paume droite au niveau de la poitrine du bulldozer pour y impulser une courte salve d'éclairs, qui stoppa net son entrain, s’effondrant à son tour. Reprenant son souffle non sans mal, constatant qu’il devait avoir une côté fracturée, il s’approcha d’Urielle, qui se figea d’horreur devant la vision de ce masque aux yeux luminescents, posant son doigt contre ses lèvres tremblotantes, prêt à la bâillonner d’un revers de main.
« Je vous défends de pousser le moindre cri, Miss Urielle. Si vous voulez retrouver votre Silas bien portant, je vous conseille de suivre mes indications à la lettre, j’espère ne pas avoir à me répéter, ni à user de mesures de rétorsion aussi désagréables à infliger qu’à endurer. Est-ce que nous sommes d’accord ? » dit-il d’une voix claire, distincte et impartiale. L’artiste rétorque positivement d’un signe de tête, avec la même expression affolée au fond du regard. « Bien, il ne vous sera fait aucun mal, soyez-en sûr. Nous allons nous livrer à petit jeu, vous et moi, à savoir tester la loyauté des sentiments qu’éprouvent ce cher Silas à votre égard. Vous verrez, tout ceci sera fort instructif ! » murmura-t-il posément, avant de saisir une étoffe trainait sur un mannequin de cire afin de s’assurer de son mutisme. Avec un organe pareil, il aurait été dommage qu’elle rameute d’autres vilains petits curieux en hurlant à la mort…
« Très chère, je serai votre obligé si vous vouliez bien refermer la porte, j’ai à m’occuper de certains préparatifs de mon côté… » suppliqua-t-il à l’encontre de Velvet, tout en faisant s’asseoir la captive sur un tabouret, avant de lui ligoter les mains et les pieds, toujours à l’aide de morceaux de tissus enroulés sur eux-mêmes pour former un semblant de corde. Puis il fit pareil avec Silas, histoire de l’empêcher de prendre la poudre d’escampette dès son réveil. La chose faite, Le jeu allait pouvoir bientôt commencer…[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
Darth Velvet
# Re: Dentelle et paillettes [Darth Araya] - Mer 31 Oct 2012 - 16:44
Noval Ortyss… Les syllabes roulent, sucrées, sur ma langue, avec le délice et le parfum d’un mystère consommé que l’on cherche inconsciemment à découvrir et qu’il me plairait à dévoiler. Que se cache-t-il réellement en deçà du masque de cette éducation sans plis, de cette politesse sans faille ? Profil d’oiseau de proie et de glace, sourire de prédateur en chasse et regard impénétrable seraient-il le véritable visage de cet Arlequin dont la fluidité et la précision percutante ne laisse nulle chance aux visiteurs indésirables ? Je ne peux qu’admirer l’écoulement continu de ce corps pliant souplement, félinement dans une danse impitoyable. L’assurance de ses mouvements se disputant à la justesse de ses attaques. Mon regard s’abreuve, silencieusement conquis, de cet homme s’érigeant en énigme. Percerais-je ses arcanes que mon intérêt n’en serait dissipé, la curiosité de sa présence dans ma loge, de ses affiliations ambigües avec l’admirateur affalé sur le sofa provocant, en moi, un regain d’avidité et de connaissance.
Pourtant, si quelques secondes seulement séparèrent la chute du premier de ces adversaires, celui-ci s’écrasant avec conviction sur le parquet, face contre terre et nez disloqué, au second tout aussi promptement expédié au sol, les fuirent avec cette intensité provoquée par la combinaison d’adrénaline et d’action, s’achevant par un tressaillement imperceptible dans l’écho éthérée de la Force. Frissonnement invisible et éphémère. Ma bouche s’arrondit d’un étonnement que je scelle d’un sourire appréciateur. Noval Ortyss… décidément vous êtes un homme plein de ressources et de surprises, mais ô combien dangereux sous vos airs de parfait gentleman.
« Très chère, je serai votre obligé si vous vouliez bien refermer la porte, j’ai à m’occuper de certains préparatifs de mon côté… »
Obéissant, sans mots superflus, j’enjambe les corps étendus sur les tapis, avant de refermer la malheureuse porte bien mauvaisement traitée depuis mon arrivée dans ce cabaret. Le laissant lui à ses occupations et moi à mes pensées. Quelle ligne de conduite adopter lorsque celui que vous imaginiez, à défaut d’honnête, de banal, se révèle être probablement un utilisateur de la Force. Probablement, car non avéré. Un frémissement dans la toile diaphane ne constituant pas en lui-même une preuve suffisamment tangible, mais davantage le soupçon d’une potentialité… Une évidence à ne pas prendre à la légère, une évidence requérant indubitablement la prudence.
Dissimulant sous le charme chaleureusement factice de mon visage, le trouble qu’il m’inspire, je lève sur lui mes prunelles de saphir. Mes doigts se cherchant une occupation, trahissant peut-être le chaos indécis de mon âme, lissent lentement ma robe de soie pour en effacer les plis.
« A présent que comptez-vous faire, Arlequin ? » commençais-je en posant cette question autant pour lui que pour moi, dissimulant sciemment son identité sous celle de son masque.
Mes pieds nus glissent sur le parquet avalant dans une gracieuse légèreté les pas me séparant de la cantatrice. Ses yeux sombres comme une nuit sans étoiles, croisent les miens, reflets d’indifférence. Je n’ai pas de pitié pour de cette femme, chinant en moi, une alliée incongrue, comme le mendiant quémande sa pitance. Pourtant, ce tissu froissé, enfoncé dans sa gorge pour clore ses réticences, ces similis de liens entravant sa liberté de leur torsade, m’évoquent plus que je le souhaiterais, fissurant imperceptiblement cette impartialité dont je me drape avec élégance.
« Parce que si je ne sais quelles querelles, vous avez à vider avec celui-ci.. » désignant du menton, la forme avachie et maintenant ligotée dans les coussins « … mais j’imagine qu’on m’en désignera comme complice. Quitte à connaitre les joies d’une prison, j’aime autant en connaitre la raison. A moins évidemment, cher Arlequin, que connaissant votre identité et votre visage, vous me réserviez ultérieurement, un sort moins enviable que celui de ces deux là. »
Pourtant, si quelques secondes seulement séparèrent la chute du premier de ces adversaires, celui-ci s’écrasant avec conviction sur le parquet, face contre terre et nez disloqué, au second tout aussi promptement expédié au sol, les fuirent avec cette intensité provoquée par la combinaison d’adrénaline et d’action, s’achevant par un tressaillement imperceptible dans l’écho éthérée de la Force. Frissonnement invisible et éphémère. Ma bouche s’arrondit d’un étonnement que je scelle d’un sourire appréciateur. Noval Ortyss… décidément vous êtes un homme plein de ressources et de surprises, mais ô combien dangereux sous vos airs de parfait gentleman.
« Très chère, je serai votre obligé si vous vouliez bien refermer la porte, j’ai à m’occuper de certains préparatifs de mon côté… »
Obéissant, sans mots superflus, j’enjambe les corps étendus sur les tapis, avant de refermer la malheureuse porte bien mauvaisement traitée depuis mon arrivée dans ce cabaret. Le laissant lui à ses occupations et moi à mes pensées. Quelle ligne de conduite adopter lorsque celui que vous imaginiez, à défaut d’honnête, de banal, se révèle être probablement un utilisateur de la Force. Probablement, car non avéré. Un frémissement dans la toile diaphane ne constituant pas en lui-même une preuve suffisamment tangible, mais davantage le soupçon d’une potentialité… Une évidence à ne pas prendre à la légère, une évidence requérant indubitablement la prudence.
Dissimulant sous le charme chaleureusement factice de mon visage, le trouble qu’il m’inspire, je lève sur lui mes prunelles de saphir. Mes doigts se cherchant une occupation, trahissant peut-être le chaos indécis de mon âme, lissent lentement ma robe de soie pour en effacer les plis.
« A présent que comptez-vous faire, Arlequin ? » commençais-je en posant cette question autant pour lui que pour moi, dissimulant sciemment son identité sous celle de son masque.
Mes pieds nus glissent sur le parquet avalant dans une gracieuse légèreté les pas me séparant de la cantatrice. Ses yeux sombres comme une nuit sans étoiles, croisent les miens, reflets d’indifférence. Je n’ai pas de pitié pour de cette femme, chinant en moi, une alliée incongrue, comme le mendiant quémande sa pitance. Pourtant, ce tissu froissé, enfoncé dans sa gorge pour clore ses réticences, ces similis de liens entravant sa liberté de leur torsade, m’évoquent plus que je le souhaiterais, fissurant imperceptiblement cette impartialité dont je me drape avec élégance.
« Parce que si je ne sais quelles querelles, vous avez à vider avec celui-ci.. » désignant du menton, la forme avachie et maintenant ligotée dans les coussins « … mais j’imagine qu’on m’en désignera comme complice. Quitte à connaitre les joies d’une prison, j’aime autant en connaitre la raison. A moins évidemment, cher Arlequin, que connaissant votre identité et votre visage, vous me réserviez ultérieurement, un sort moins enviable que celui de ces deux là. »
Invité
# Re: Dentelle et paillettes [Darth Araya] - Ven 9 Nov 2012 - 23:32
C’est bien volontiers que l’usurpatrice soprano se montra prompte à réagir afin de répondre favorablement à la sollicitation adressée par le commanditaire masqué, apportant une brève, mais précieuse contribution à la mise en scène, certes quelque peu improvisée, qui se dressait sous ses yeux azuréen. Tandis qu’il se hâtait d’achever les préparatifs, Noval ne put s’empêcher de survoler le regard cristallin de Velvet, mêlant intrigue et curiosité, devinant chez sa complice une certaine anxiété admirablement tempérée par un sang-froid et un calme à toute épreuve, lui semba-t-il, attestant du fait qu’au-delà de ses talents artistiques avoués, elle devait avoir plus d’une corde à son arc… et même bien davantage. Comme les femmes de pouvoir savent parfois le faire, elle maintenait sereinement une distance entre elle et sa capacité de séduction, magnifiant le paradoxe entre l’innée et l’acquis. Il va sans dire qu’un tel profil ne laissait pas indifférent l’Arkanien, même si le moment était fort mal choisi pour céder à la moindre inclination de ce genre. Et dire qu’il n’y avait qu’une poignée de minutes qui les séparait du moment de leur rencontre, tous deux pris au dépourvu, esseulés au beau milieu d’un capharnaüm de breloques et de bibelots éparpillés aux quatre coins d’une loge vieillie. L’espace, aussi confiné qu’insolite, était comme imprégné, envoûté, pris au piège d’une stagnation intemporelle, fascinant l’âme et l’esprit d’étonnement et de stupéfaction, l’emprisonnant presque dans état contemplatif. Peut-être cela expliquait-il la confusion ressentie, le sentiment d’intimité qui avait germé chez Noval au contact de l’intrigante rencontré ici, par le plus grand, et le plus heureux des hasards. Mais tout cela s’était envolé, à jamais, vraisemblablement. Comparé au souk ambiant parsemant la pièce, la brutalité de l’affrontement qui avait eu lieu n’avait laissé aucune trace de bazar notable. En lieu et place, Silas et sa muse se tenaient assis, face à face, le premier papillonnant des yeux, revenant lentement à lui, la seconde sanglotant des larmes qui humectaient son bâillon retenant captive la puissance de ses cordes vocales, et ses piaillements haut perchés. Preuve que Noval, s’il ne pensait se retrouver dans un tel cas de figure, avait quand même anticipé quelques éventualités : il venait d’injecter une dose de somnifères à chacun des molosses évanouis, renonçant à les bouger de place compte tenu de la douleur lancinante qu’il ressentait à l’abdomen, sans en faire état, suite aux jeux de main mouvementés dont il s’était départi, plutôt efficacement. D’un ton coulé dans le marbre, imperturbable face au manège auquel se livrait Noval, Velvet se rapprocha de lui à pas de velours, si bien qu’on aurait dit que ses pieds ne touchèrent jamais le sol. Avec la même indifférence flottante, Velvet s’enquerra de la suite des événements. S’exprimer pour ne rien dire n’était définitivement pas dans ses habitudes, remarqua Noval, qui se redressa pour lui faire face, la tête légèrement incliné vers l’avant.
« Je serai bien le dernier des hommes si j’osais commettre une telle forfaiture à votre encontre, soyez-en assurée. » tenta-t-il de la rassurer, en dépit du changement de son timbre de voix, à ce point mutant qu’il en était devenu presque méconnaissable. Caverneux, rocailleux, à croire que Noval avait profité du fait d’avoir le visage masqué pour s’emplir le gosier d’une dose de gravillons, restés en travers de la gorge. Bien sûr, il n’en était rien : la noirceur méphitique exhalée par la nouvelle empreinte vocale était volontaire, bien qu’elle ne lui fût pas destinée. Il s'agissait là d'un nouveau tour de Force, qu'il avait appris à développer par lui-même, bien commode lorsqu'on veut préserver son anonymat. « Il est vrai que les apparences sont trompeuses, et je m’en voudrai que vous soyez mêlée à des affaires qui ne vous concernent nullement. Vos inquiétudes sont fort légitimes, et pourtant, je vous assure que vous n’aurez pas à subir la moindre réprimande concernant ce que je m’apprête à faire subir à ces deux-là. Ni vous ni moi ne connaitront le moindre désagrément, une fois que j’en aurai fini… Ni geôles, ni barreaux ou bourreaux ne viendront conclure le jugement et le traitement que je leur réserve. Je vous en fais le serment. En revanche, je ne sais si vous trouverez le spectacle à votre goût, je ne vous en voudrai pas si vous décidiez de quitter la salle au cours de la représentation… »
La sentence était rendue, en toute impartialité. Se détournant du visage de Velvet, la main du Seigneur Sith tâtonna un instant l’épaule de Silas, avant de l’agripper fermement, pressant un nerf. S’il n’avait pas été ligoté aux pieds et aux mains, le malheureux aurait sûrement sursauté de stupeur face à la douleur, qui lui fit rouvrir les yeux, péniblement. Passant dans son dos, il dénoua l’étoffe faisant obstacle à ce qui serait, à n’en pas douter, un torrent d’injures et de menaces. Ce qui ne manqua pas de se produire.
« Que… Qu’est-ce que ça veut dire !? Urielle ! Enfoiré ! Comment osez-vous vous en prendre à elle ! Maudit scélérat ! Vous savez qui je suis au moins, espèce de bantha dégénéré ! Vous savez à qui vous vous en prenez !? Vous croyez que vous êtes le premier à vouloir m’extorquez des crédits ! Vous êtes déjà morts, vous m’entendez, déjà morts et enterrés ! »
« Je constate que la description que l’on m’a faite de vous est exacte, vous savez en imposer aux autres par vos talents d’orateur, et votre bagou vindicatif. Vos crédits ? Vous croyez que vous êtes ici à cause de votre fortune, messire Adasca ? Rassurez-vous, mon employeur me rémunère suffisamment pour ne pas me laisser corrompre par ma propre avarice. Et puis, ça ne serait pas très professionnel, un contrat est un contrat, après tout. Non, si vous êtes à ma merci, ce n’est pas pour marchander la valeur de votre misérable vie, mais pour vous faire parler, ce qui ne devrait pas être trop difficile pour quelqu’un qui a une langue si bien pendue que la vôtre, n’est-ce pas ? »
Avant même qu’il ait le temps d’esquisser le moindre début de réponse, le visage d’Urielle fut projeté vers l’arrière sous le coup d’une gifle qui fendit l’air, faisant naitre un filet de sang à la commissure de ses lèvres, avant que sa tête ne pendouille, inconsciente, sur le côté.
« Salaud ! Ordure ! Je vous f’rai la peau, vous m’entendez, je vous crèverai à p’tit feu ! » vociféra Silas, de la salive jaillissant de sa bouche déformée sous l’effet de la fureur.
« Allons, allons, tant d’émoi pour si peu de chose ! Où sont donc passé vos manières de gentleman ? Il s’agit d’un échauffement, histoire d’attirer votre attention. Alors voilà, de deux choses l’une : soit vous répondez sagement à mes questions, soit vous regardez votre chère et tendre subir un tel martyre que sa belle petit gueule sera dévisager pour un bon bout de temps. A vous de choisir. »
« Mais qu’est-ce que vous voulez savoir d’abord, hein !? »
« Bien, je vois que vous optez pour la voie de la raison, c’est très bien. Une dernière chose avant de commencer. Si vos réponses ne sont pas du goût de ceux qui m’envoie, ou bien si vous omettez sciemment certains détails, deux choses se produiront : je reviendrai en personne pour mettre fin à ses jours dans d’atroces souffrances, puis je vous couperai la langue. Où que vous vous cachiez, je vous retrouverai, je vous demande de me croire sur parole. Je vous prie de répondre simplement aux questions posées, sans commentaires d’aucune sorte. Dans le cas contraire, nous serions obligés de tout reprendre du début, y compris l’étape des désagréments infligés à qui vous savez… Bien, maintenant que tout est clair, commençons ! Vous vous appelez Silas Adasca, et vous faites partie du conseil de gestion et d’administration du groupe Adascorp, est-ce exact ? »
« En effet ! »
« Êtes-vous personnellement en rapport avec certains représentants de la Guilde Minière ? »
« Oui, et puis quoi ? » dit-il d’un ton trahissant une certaine suspicion. Noval se déplaça de quelques pas pour se positionner au côté d’Urielle, caressant lentement une mèche de ses cheveux.
« Et quelle est la nature de ces rapports ? »
« Sti…Strictement professionnelle… Enfin, je ne dis pas qu’il y a eu quelques entorses faites à certaines procédures administratives, histoire de faciliter l’obtention d’autorisations. Dans mon secteur, la réussite rime souvent la rapidité d’exécution, alors on est bien obligé de contourner les règles du jeu, mais ça s’arrête là ! »
« Avez-vous déjà touché des pots-de-vin, ou bien des retours sur investissement occultes de la part de ce consortium ? »
« Non, bien sûr que non ! »
« Je vois. »
La mine convulsée de colère, Noval s’était concentré sur chaque mot prononcé par Silas, attentif aux intonations de voix, aux imperceptibles mouvements faciaux, les expressions de son visage. Et non, il ne voyait rien. Rien ne laissa transparaitre la plus petite hésitation, ni le moindre mensonge dans ce que venait de dire le pseudo-accusé. Et pourtant, quelque chose le chiffonnait, un doute le rongeant de l’intérieur. Il savait que cet homme cachait effrontément la vérité de ses agissements illégaux, et il comptait bien en apporter la seule preuve tangible à même de conforter son intime conviction face aux tribunaux de la Commission du Commerce Intergalactique, à savoir son témoignage. L’occasion paraissait idéale pour obtenir ses aveux, et pourtant, il n’avait rien que de vaines paroles enregistrées sur le comlink qu’il avait activé au début de l’entretien. La clé était là, à portée de main, mais il ne voyait pas comme faire pour la dénicher. User de violence gratuite, et Silas se douterait bel et bien qu’il n’avait pas à faire qu’à un simple exécutant, mais à une personne directement impliquée dans toute cette affaire. Rongeant son os en silence, il remit son bâillon à l’arkanien, fit quelques pas de manière à ne plus être vu de lui, puis tâcha de faire le point, ôtant son masque pour mieux respirer, fixant machinalement du regard Velvet comme pour y puiser un regain d’inspiration.
Darth Velvet
# Re: Dentelle et paillettes [Darth Araya] - Ven 16 Nov 2012 - 17:21
Il n’y a rien à ajouter. Si j’aspire à croire ses propos, je ne peux me résoudre à abandonner la plus élémentaire des méfiances. Et quand bien même, celui apte à maitriser si aisément des gardes du corps probablement surentrainés et imbibés d’anabolisants, à ligoter et bâillonner ces personnes sans l’ombre d’une émotion dans la perspective peu réjouissante de leurs soutirer des renseignements, cet homme là, en quoi se préoccuperait-il de mon destin. Assistant à ses exactions, ne deviendrais-je pas l’incarnation d’une vérité et d’un témoignage gênant ? D’autant plus que son visage et sa voix s’ancrent dans mon esprit avec force et détails. Personnellement c’est ainsi que mon instinct me commanderait d’agir et aucunes de ses belles paroles ne sauraient me convaincre de l’inverse. Cependant il est toujours préférable d’offrir le profil qu’on attend de vous. Cela vous dispense d’explications sujettes à la controverse mais surtout, surtout, procure ce minuscule petit avantage qui se révèle parfois décisif dans la surprise d’une confrontation …
« Vous m’en voyez rassurée. » murmure mes lèvres, aussi menteuses que charmeuses, dissimulant à merveille mes véritables pensées sous le miel d’un sourire innocent.
Sans attendre, je me poste un peu plus loin, lui abandonnant le centre de la scène pour sa représentation. Délicatement mon épaule s’appuie contre la courbe fraiche d’une colonne, mes mains se rejoignent sur le devant de ma robe, mon visage se tourne sur ce spectacle avant de dodeliner à son tour contre la pierre fraiche. Je reste muette, je m’imprègne de ce débat, de ces noms d’oiseaux, cherchant sous l’acerbe, la réalité des faits. Je veux comprendre. Je veux savoir. Cette curiosité me pousse à égrener derrière chacune de leurs paroles les graines de toujours plus de questions. Pourquoi ? Que veut-il à cet homme ? Quelles raisons financières et quelles tractations économiques nécessitent un tel déploiement de violence et de verve ? Qui est-il pour fourrer sous un masque lugubre ses traits, et dans un roulis de gravillon sa voix ? Le questeur serait-il connu de sa future victime… très certainement…
Je suis là, observatrice d’un acte dont les tenants et les aboutissants m’échappent, mirant avec cette lueur si particulière, si intéressé la ligne droite et puissante de l’Arlequin, le faciès étroit et exigüe de son interlocuteur. L’apparente désinvolture voile avec succès la tension des muscles de Noval, la veine palpitant à la naissance de sa gorge et dont je suis seule à percevoir les pulsations chaotiques. Jusqu’où est-il prêt à aller pour obtenir ce qu’il recherche…. La réponse ne tarde pas. Elle est fulgurante, brutale.
Mes doigts se crispent, mes ongles s’enfoncent dans la chair de ma paume, mes dents ripent sur la rondeur de ma lèvre, perçant la peau fine d’un éclat de rubis. La cantatrice incline la tête, vaincue, perdue dans les vapeurs brumeuses de l’inconscience. L’envie subite d’arracher le visage d’Arlequin me taraude avec la même force vindicative que cet amant inquiet pour sa maitresse. J’esquisse un mouvement, passant sur ma bouche meurtrie de mes attentions, le bout de ma langue, abandonnant la colonne pour me redresser avec cette souplesse caractéristique des prédateurs. Mais là où mon esprit s’imagine déjà, assenant au tortionnaire toute l’étendue de ma colère, aussi sourde qu’irraisonnée, mon corps lui se fige.
« Reprends-toi idiote ! » hurle en moi, l’étincelle de ma raison.
Je demeure un instant, suspendue, entre désir de rendre à cet homme sa brutalité comme un remède à ces souvenirs qui me rongent, et volonté de recouvrer mon contrôle, d’obéir à cette petite voix. Finalement c’est cette dernière qui me raisonne, affichant sous un simulacre d’impassibilité, toute la rancœur vouée à cette gifle, égérie immatérielle d’un mal plus profond enfouie dans les fibres de mon être. Je reprends ma place assistant imperturbable à la suite de cette conversation. Et lorsqu’il se retourne vers moi, relevant sur son front les traits grossiers du personnage pour me laisser le loisir de sa véracité, Noval Ortyss ne peux percevoir au travers de ma rigidité hivernale que le déplaisir de mon regard.
Le bleu océanique de mes prunelles, loin de se parer de glace à l’image de mon attitude, reflète sans conteste la condamnation de son geste. Orageux, ombrageux, il fixe sans ciller l’étrangeté cybernétique de celui qui me fait face.
« Etait ce réellement nécessaire Monsieur Ortyss? Il me semble qu’assommer cette femme ne vous ai pourtant pas apporté la moindre réponse. Stupide et irritant. Je vous déconseille d’avoir à nouveau recours à ce stratagème douteux... » La menace est sous-jacente, dans le frôlement susurré à sa seule attention par un pas à sa rencontre suivit d’un de coté.
Je le dépasse, arrachant à la coiffeuse d’un des petits flacons d’essences avant de me pencher vers la jeune cantatrice. Mes doigts emprisonnent son menton, bascule sa tête alors que je débouche la bouteille miniature. L’odeur entêtante de la lavande, de la menthe poivrée m’assaille légèrement. Forte et revigorante. Exactement ce dont elle a besoin. Je passe lentement sous son nez les effluves, jusqu’à ce qu’enfin elle ré-ouvre les yeux, sa joue marquant déjà une ecchymose violacée.
« Vous savez Arlequin, il existe des méthodes beaucoup plus efficaces que de frapper cette femme pour obtenir des informations. La douleur physique d’autrui est toujours beaucoup plus supportable que la sienne propre. Surement que votre Adasca aurait la langue plus pendue dans ce cas de figure ci. Mais avant de commencer, je suis sûre qu’une énumération de tous vos talents en la matière pourrait délier sa langue ou celle de sa jolie maitresse. Après tout, ne dit-on pas que les hommes se laissent aller plus facilement à la confidence sur l’oreiller, après les ébats ? »
« Vous m’en voyez rassurée. » murmure mes lèvres, aussi menteuses que charmeuses, dissimulant à merveille mes véritables pensées sous le miel d’un sourire innocent.
Sans attendre, je me poste un peu plus loin, lui abandonnant le centre de la scène pour sa représentation. Délicatement mon épaule s’appuie contre la courbe fraiche d’une colonne, mes mains se rejoignent sur le devant de ma robe, mon visage se tourne sur ce spectacle avant de dodeliner à son tour contre la pierre fraiche. Je reste muette, je m’imprègne de ce débat, de ces noms d’oiseaux, cherchant sous l’acerbe, la réalité des faits. Je veux comprendre. Je veux savoir. Cette curiosité me pousse à égrener derrière chacune de leurs paroles les graines de toujours plus de questions. Pourquoi ? Que veut-il à cet homme ? Quelles raisons financières et quelles tractations économiques nécessitent un tel déploiement de violence et de verve ? Qui est-il pour fourrer sous un masque lugubre ses traits, et dans un roulis de gravillon sa voix ? Le questeur serait-il connu de sa future victime… très certainement…
Je suis là, observatrice d’un acte dont les tenants et les aboutissants m’échappent, mirant avec cette lueur si particulière, si intéressé la ligne droite et puissante de l’Arlequin, le faciès étroit et exigüe de son interlocuteur. L’apparente désinvolture voile avec succès la tension des muscles de Noval, la veine palpitant à la naissance de sa gorge et dont je suis seule à percevoir les pulsations chaotiques. Jusqu’où est-il prêt à aller pour obtenir ce qu’il recherche…. La réponse ne tarde pas. Elle est fulgurante, brutale.
Mes doigts se crispent, mes ongles s’enfoncent dans la chair de ma paume, mes dents ripent sur la rondeur de ma lèvre, perçant la peau fine d’un éclat de rubis. La cantatrice incline la tête, vaincue, perdue dans les vapeurs brumeuses de l’inconscience. L’envie subite d’arracher le visage d’Arlequin me taraude avec la même force vindicative que cet amant inquiet pour sa maitresse. J’esquisse un mouvement, passant sur ma bouche meurtrie de mes attentions, le bout de ma langue, abandonnant la colonne pour me redresser avec cette souplesse caractéristique des prédateurs. Mais là où mon esprit s’imagine déjà, assenant au tortionnaire toute l’étendue de ma colère, aussi sourde qu’irraisonnée, mon corps lui se fige.
« Reprends-toi idiote ! » hurle en moi, l’étincelle de ma raison.
Je demeure un instant, suspendue, entre désir de rendre à cet homme sa brutalité comme un remède à ces souvenirs qui me rongent, et volonté de recouvrer mon contrôle, d’obéir à cette petite voix. Finalement c’est cette dernière qui me raisonne, affichant sous un simulacre d’impassibilité, toute la rancœur vouée à cette gifle, égérie immatérielle d’un mal plus profond enfouie dans les fibres de mon être. Je reprends ma place assistant imperturbable à la suite de cette conversation. Et lorsqu’il se retourne vers moi, relevant sur son front les traits grossiers du personnage pour me laisser le loisir de sa véracité, Noval Ortyss ne peux percevoir au travers de ma rigidité hivernale que le déplaisir de mon regard.
Le bleu océanique de mes prunelles, loin de se parer de glace à l’image de mon attitude, reflète sans conteste la condamnation de son geste. Orageux, ombrageux, il fixe sans ciller l’étrangeté cybernétique de celui qui me fait face.
« Etait ce réellement nécessaire Monsieur Ortyss? Il me semble qu’assommer cette femme ne vous ai pourtant pas apporté la moindre réponse. Stupide et irritant. Je vous déconseille d’avoir à nouveau recours à ce stratagème douteux... » La menace est sous-jacente, dans le frôlement susurré à sa seule attention par un pas à sa rencontre suivit d’un de coté.
Je le dépasse, arrachant à la coiffeuse d’un des petits flacons d’essences avant de me pencher vers la jeune cantatrice. Mes doigts emprisonnent son menton, bascule sa tête alors que je débouche la bouteille miniature. L’odeur entêtante de la lavande, de la menthe poivrée m’assaille légèrement. Forte et revigorante. Exactement ce dont elle a besoin. Je passe lentement sous son nez les effluves, jusqu’à ce qu’enfin elle ré-ouvre les yeux, sa joue marquant déjà une ecchymose violacée.
« Vous savez Arlequin, il existe des méthodes beaucoup plus efficaces que de frapper cette femme pour obtenir des informations. La douleur physique d’autrui est toujours beaucoup plus supportable que la sienne propre. Surement que votre Adasca aurait la langue plus pendue dans ce cas de figure ci. Mais avant de commencer, je suis sûre qu’une énumération de tous vos talents en la matière pourrait délier sa langue ou celle de sa jolie maitresse. Après tout, ne dit-on pas que les hommes se laissent aller plus facilement à la confidence sur l’oreiller, après les ébats ? »
Invité
# Re: Dentelle et paillettes [Darth Araya] - Sam 12 Jan 2013 - 17:11
Dès lors qu’il posa son regard frustré et luisant d’une colère sourde sur les prunelles azuréennes de Velvet, seyant si bien à la pigmentation vert de malachite de sa peau, Araya saisit sur le champ qu’un malaise palpable venait de faire voler en éclat l’apparente tranquillité d’âme dont la Miriliane avait témoigné jusque-là. De toute évidence, celle-ci n’était pas restée insensible à la violence du geste porté à l’encontre d’Urielle, la concubine de Silas, constata-t-il en continuant de fixer la lueur réprobatrice assombrissant son regard. Car quel autre motif aurait pu lui valoir un tel revirement d’attitude, dévisageant l’intéressé en le fusillant d’une sentence muette et cinglante, étouffant un élan de fougueuses représailles, toute disposée qu’elle était à lui sauter au coup pour l’étrangler. Certes, le comportement bourru et la désinvolture du seigneur Sith avait chassé l’élégance dont il avait fait la démonstration envers la charmante et talentueuse usurpatrice, d’autant que maltraiter physiquement cette femme n’avait provoqué aucune incidence notable sur le moral de son cher et tendre, si ce n’est le faire sortir de ses gonds, réaction de déni et de colère on ne peut plus primaire et prévisible, qu’il n’avait absolument pas simulé, selon l’Arkanien, aussi surprenant que cela paraisse. Sans sourciller et contrairement à ce qu’elle venait de laisser transparaitre, l’assurance sereine et le sang-froid avec laquelle elle le menaça ouvertement laissait planer un parfum d’agressivité à peine refoulée, dépeignant un personnage des plus atypiques, teintés d’un voile de mystères dont elle n’était sûrement pas disposée à lui en révéler les arcanes, de près comme de loin, à ce moment précis. Assurément, elle se savait capable de lui tenir tête sur bien des plans, considérant comme un aveu de faiblesse l’acte commis envers cette femme qui avait sombré dans l’inconscience, de laquelle elle s’approcha. Araya ne pipa mot en écoutant le sermon assené froidement par Velvet, et c’est la gorge serrée qu’il dut reconnaitre la puérilité de sa tentative de manipulation, n’ayant ni le temps ni le loisir de faire amende honorable afin de redorer son blason suite à cette mise en demeure en bonne et due forme. Encore heureux qu’elle n’avait fait que le prononcer à voix basse, car autrement, il serait devenu inutile de dissimuler plus avant l’identité de celui revêtant ce masque d’Arlequin, au sourire si trompeur.
Autant se l’avouer, Noval avait manqué de finesse et de tact, en en faisant des tonnes pour entrer dans le peau d’un tortionnaire chargé d’extirper des révélations à un homme, et ce en le mettant face à un choix : avouer, ou risquer de voir l’objet de toutes ses attentions crouler sous des torrents de douleurs. Le pire, c’est que rien dans les réponses crachées par Silas ne permettait de douter de leurs véracités, l’Arkanien en était convaincu. Inspirant longuement, ressassant les événements les uns après les autres, l’esprit logique et calculateur d’Araya se mit en marche, à l’instar de ses doigts pianotant frénétiquement contre le dossier d’un fauteuil fermement agrippé. Il n’était pas question de faire machine arrière, il lui fallait des réponses, coûte que coûte. * Urielle vire inconsciente suite au coup porté, Silas proteste vertement. Je l’interroge, et bien qu’il me mente de façon éhontée, il n’en laisse absolument rien paraitre… * Ainsi pouvait-on résumer les faits. C’est alors que Velvet, tandis qu’elle prenait soin de ranimer Urielle par quelques gestes de bonne volonté, continua sur sa lancée en lui prodiguant des recommandations fortes avisées sur la marche à suivre, ce qui n’étonna qu’à moitié Araya. Comme il devait être plaisant d’avoir la chance de mieux découvrir les penchants et les passions de cette femme, de la connaitre personnellement, pour ne pas dire intimement. Jamais présence féminine ne lui avait paru si piquante et si délicate à la fois, un être aux singularités si marquées qu’il semblait composer un tout unique, qu’une vie ne suffirait pas à pleinement percer les secrets, juste les entrapercevoir. C’est en laissant vagabonder son esprit à ces considérations plutôt exotiques que l’Arkanien fut saisi par l’incrédulité et la bêtise dont il fait preuve jusque-là. L’indiscernable, qui lui avait complètement échappé avant que Velvet ne prenne la parole, était si évident qu’il se méprisa lui-même devant un tel manque de clairvoyance. * La femme ! La clé, c’est la femme ! * se maudit-il, réajustant son masque avant d’en appeler à la Force pour travestir le timbre de sa voix, devenant rocailleux et grave à souhait. Voilà d’où venait l’assurance de ce satané Silas ! Une fois Urielle dans les vapes, il savait pertinemment qu’il n’encourait plus le risque de la voir avouer devant les tortures endurées, d’où son assurance à toute épreuve face aux questions posées… Involontairement, Noval avait été pris à son propre jeu en jouant les bourreaux écervelés ! Comme quoi, la violence gagne en puissance lorsqu’elle résulte d’un aveuglement complet de l’intellect, mais celui-ci perd toute efficacité lorsque les pulsions passent au premier plan, ce qui est rarement une bonne chose lorsqu’on se doit de rester en alerte, sur le qui-vive, à guetter l’indicible.
« Vous avez entièrement raison, j’avoue avoir fait preuve de négligence tout à l’heure, mea culpa, je suis impardonnable ! Il semble que je ne me sois pas adressé à la bonne personne pour soutirer les informations que mon employeur souhaite obtenir » articula-t-il lentement, faisant mine de se délecter de la situation tout en dénouant le bâillon de Silas. « Mille excuses, Dame Urielle, cela ne se reproduira plus, vous avez ma parole… A la place, je vous convie à un spectacle son et lumière auquel vous assisterez aux premières loges, je crois qu’il sera à votre goût, surtout si vous appréciez les tours de prestidigitation… Moi, je les adore ! » s’exclama le masque au sourire figé, semblant plus que jamais torturé d’un plaisir malsain. Dressant ses mains de chaque côté de la tête de Silas, des gerbes d’étincelles crépitèrent des doigts d’Araya, crissant jusqu’à former des arcs violacés provoquant des mouvements saccadés de contorsion qui déformèrent le visage peu à peu tuméfié du martyre en une moue de douleur, dont les cris entrecoupés de spasmes commençaient à produire leur petit effet sur Urielle, visiblement horrifié, contrainte de détourner un regard larmoyant. Allait-elle finir par céder, ou bien fallait-il continuer plus avant les supplices envers son aimé ?!
Darth Velvet
# Re: Dentelle et paillettes [Darth Araya] - Mar 12 Fév 2013 - 23:04
Arlequin … Arlequin, cruel et glacial, tortionnaire dissimulant sous le profil sybillin du masque, la noirceur de son âme, comme si, la porcelaine fragilement ciselée et colorée de cet avatar peut à elle seule édulcorer les ténèbres d’un cœur impitoyable. Grimace-t-il en dessous d’un plaisir irrépressible alors que les spasmes et les cris de sa victime s’éternisent ? Se contente-t-il de les ignorer, agissant sous l’emprise d’une sérénité dérangeante ? Quoiqu’il en soit, sous le vernis parfaitement lustré de son éducation, se révèle les contours d’un tout autre homme, aussi sombre que ces ombres dévorant les mondes à la tombée de la nuit, aussi féroce qu’une horde de Vornsk affamés. Je ne peux me fourvoyer un instant supplémentaire tant l’évidence s’impose d’elle-même, tant mon obscurité trouve un écho dans cette barbarie qu’il provoque avec indolence.
« Sith … » échappent mes lèvres avec acidité dans un souffle sans voix. Juste un murmure inaudible, que je m’adresse en guise de mise en garde. Sous mes paupières à demi-closes pour échapper au sinistre spectacle, il ne reste que le désir sourd d’arrêter cette sombre mascarade, volonté enchainée pourtant sous ce seul mot. S’il existe bien des façons de faire flancher la détermination d’un homme, celle-ci assurément, ne remporte pas ma préférence. Ma bouche se pince, mes doigts se serrent, crochus sur le tissu arachnéen et satiné de ma robe. Dans mon esprit, les cris déchainent une litanie de réminiscences, me noyant dans un flot de visions chaotiques, irrépressibles et douloureuses. La folie lentement étend ses ailes noires sur ma conscience, s’affranchissant de mes fers pour intervenir.
Aussi rapide que féline, je romps les mètres me séparant d’Arlequin, comblant le vide entre nous d’une fraction de seconde, tel un éclair froufroutant de mousseline. Mes doigts s’incrustent sur son poignet, sans aucune douceur, laissant présager sous ma silhouette frêle, des ressources insoupçonnées.
« Assez joué… » clame ma voix tranchante comme l’acier et tout aussi glacée alors que je dévie sa main pour cesser la tourmente électrisante du malheureux « … vous allez le tuer, et ça ne vous avancera à rien. »
Mon regard harponne ces iris étranges, seuls vestiges d’un réel visage sous une figure de théâtre. Il y a comme un orage dans l’air, comme un défi irraisonné, comme une menace persistante flottant dans l’air à présent vicié de la loge. Le silence qui s’installe est pesant, lourd d’intentions et frémissant des gémissements de la Diva. Si ma main n’abandonne pas immédiatement son bras, ne relâche pas tout de suite son emprise, je suis soudainement la proie de notre proximité, de notre contact. Sous l’épiderme de mes doigts, le picotement d’un millier d’aiguilles invisibles et fines, me soumettent à la torture achevant de renforcer ce malaise, ce manque d’air que ma peau contre la sienne provoque. Je le libère, laissant mon bras retomber le long de mon corps tout en m’écartant de cette présence asphyxiante, avide de recouvrer un peu d’espace et de liberté. Devine-t-il le trouble qui m'oppresse dans ma gestuelle fluide, pondérée et pourtant emprunte d'une légère hésitation, ou dans la courbe presque amère de ma bouche? Possible... peut-être pas...
« De toutes façons, elle est prête à parler … » je relève son menton du bout des doigts, n’éprouvant pas à son contact à elle, de brûlure sur ma peau. « … n’est ce pas Urielle ? »
Ses joues ravagées par les larmes, ses lèvres tremblotantes de sanglots, ses prunelles assombries de peur offre le tableau pitoyable d’une femme prête à céder pour que cesse le supplice de son amant.
« O…ou…oui.. » murmure-t-elle prête à se révéler elle, tout autant que les secrets dont elle est la gardienne
Invité
# Re: Dentelle et paillettes [Darth Araya] - Mar 19 Fév 2013 - 20:19
Araya n’avait plus qu’une obsession : faire durer le plaisir, son plaisir. En proie à une faim insatiable, il se délectait de chaque seconde passée à lorgner la moindre once de douleur, lancinante à souhait, infligée à Silas Adasca. Le bruit de ses plaintes gémissantes, à peine étouffé par son bâillon, se conjuguaient à merveille avec les soubresauts intempestifs de ses membres ligotés, dont les mouvements de contorsion le faisaient ressembler à un ver de terre que la curiosité innocente d’un enfant aurait incité à couper en deux. Pour assouvir au mieux le feu d’une vengeance aveugle, jusqu’à occulter les raisons qui le poussaient à agir de la sorte, le seigneur Sith avait réduit l’intensité de ses décharges d’éclairs à son minimum, tandis que la mélodie dissonante de leurs crépitements résonnait au rythme des projections de lumière bleutée, jaillissant par saccades sur la collection de bibelots tapissant les murs de la loge d’Urielle, assise aux premières loges afin qu’elle ne perde pas une miette de la scène d’effroi jouée en son honneur. Fuyant du regard le masque de souffrance arboré par son aimé, elle chercha à camoufler sous sa chevelure les larmes qui se mirent à couler le long de ses joues, l’une d’elle portant le stigmate rougissant de la gifle portée du revers de la main par l’Arkanien, quelques minutes plus tôt. Sentant qu’il n’allait pas tarder à toucher au but, il amplifia peu à peu la puissance des arcs de Force, bien décidé à faire cracher le morceau à l’artiste en pleurs, une fois pour toutes. Bientôt, elle lui avouerait tout ce qu’elle savait, ou croyait savoir sur les magouilles reliant Adascorp à la Guilde Minière !
C’était sans compter l’intervention, aussi péremptoire qu’inattendue, de l’invitée mystère qui coupa court au châtiment du tortionnaire. Si obnubilé par les sévices pernicieux infligés au compte-goutte, il ne remarqua qu’au dernier moment la présence soudaine de la Mirialanne à ses côtés. Contre toute attente, elle se refusa à la passivité de l’indifférence, au déchainement abusif d’un Mal n’ayant d’autre visée que de se suffire à lui-même. A peine eut-elle enserré fermement sa main sur son poignet qu’Araya éprouva une sensation de vertige, comme si ce simple contact charnel avait suffi à exorciser une vague de démence dont le pouvoir corrupteur avait jeté à bas toute raison, toute volonté propre. Malgré sa face livide dissimulée sous un masque au sourire enjôleur, cachant un rictus de haine figeant ses traits cireux, sa réaction de surprise se lut aisément. Araya redressa le buste, puis tourna la tête de biais, son regard happé par la lueur de défi, acide et sereine à la fois, luisant dans le regard de celle qui venait d’extirper le bourreau d’une folie passagère en le ramenant à la réalité de l’instant, d’un geste anodin. Retrouvant ses esprits, le souffle court, Velvet sculpta dans la froideur lisse du marbre de ses mots un avertissement qui enterra pour de bon l’état second du Sith, otage malgré lui de puissances obscures insoupçonnées.
« Assez joué… vous allez le tuer, et ça ne vous avancera à rien. »
Se terrant dans le mutisme, Araya se ressaisit, témoin de la réticente éprouvée par le sosie angélique d’Urielle d’assister à un tel déferlement de violence, allant même jusqu’à braver son auteur, pour au final les mettre à nu, l’un comme l’autre, face un sentiment de confusion partagé. D’un côté, un Sith aux prises avec un désir flamboyant de mort, si intense qu’il perdit de vue l’essentiel ; de l’autre, une femme à l’antagonisme criant de vérité : l’apparente fragilité de son être recélait une incroyable dureté cristalline, capable de faire pâlir la noirceur d’une âme soumise aux turpitudes du Côté Obscur. Ce dernier ne lui était certainement pas étranger, loin de là. Il suffisait de la regarder pour s’en convaincre : sa présence diffuse dans la Force faisait encore frémir l’épiderme de l’Arkanien, troublé par cette révélation de dernière minute. Comme pour dissiper l’étrange attraction, elle s’éloignant de lui pour se rapprocher d’Urielle, à qui elle s’adressa sereinement, comme pour la rassurer sur la suite des événements :
« De toutes façons, elle est prête à parler… n’est-ce pas Urielle ? »
Devant l'acquiescement de l'intéressée, ni une ni deux, Araya déplaça la chaise où Silas, quasi inconscient, s’évertuait à mâchouiller des bribes de sons incompréhensibles, avant d’en installer une autre sur laquelle il s’assit face aux jumelles, excité à l’idée d’entendre les révélations qu’elle avait à lui faire :
« Nous vous écoutons. » déclama posément le Sith avant de tapoter d'un revers de main frivole le genou de l’apeurée, qui sursauta à son contact.
« Tout a commencé quand j’ai fait la connaissance de Silas… Ça a été le coup de foudre réciproque, pas besoin de vous faire un dessin… Même si j’ai essayé de lui cacher, il n’a pas tardé à découvrir que j’étais la préférée d’un des ministres émérites du gouvernement arkanien, quelqu'un de très influent apparemment… » dit-elle d’une voix presque éteinte, visiblement peiné d’évoquer son existence.
« Nommez-le, je vous prie. » l’interrompit la voix anormalement rauque du Darth, son regard spectral rivé sur elle.
« Je… Je ne sais pas si je peux… » balbutia la Mirialanne, le visage fixant tour à tour celui de Velvet et du Sith, en quête d’une quelconque source de réconfort, avant de baisser la tête, répondant d’une voix chancelante : « Janus Rotthring… Au début, Silas faisait semblant de ne pas savoir, il n’avait d’yeux que pour moi, il me couvrait d’attentions et de cadeaux. Et puis il a changé d’un coup, subitement. Il voulait que je fasse des choses dans le dos de Rotthring, l’espionner en fait. Silas disait qu’avec le temps, il arriverait à me sortir de ses griffes, qu’il aurait de quoi le faire taire, et lui faire oublier que j’existe surtout. Mais pour ça, il fallait que je lui obéisse au doigt à l’œil, sans poser de questions. C’est ce que j’ai fait, jusqu’à ce que je me fasse prendre… J’ai cru que Janus allait me tuer… il me battait si fort, si fort… Si Silas n’avait pas déboulé en trombe ce soir-là, je ne sais pas ce qui me serait arrivé. Et dans le feu de l’action, il l’a tué. Au début, j’ai cru que le plus dur était passé, qu’on allait enfin pouvoir être ensemble, pour de bon… Silas aussi le croyait, parce qu’il s’était arrangé pour faire disparaitre le corps de Janus, sans que personne le découvre. Sauf que quelqu’un s’est mis à le faire chanter... Quelqu’un détenait une preuve de ce qui s’était passé ce soir-là, et depuis, Silas est obligé de suivre ses ordres à la lettre. Je ne sais rien de plus, je vous le jure… » couina Urielle avant de rentrer la tête dans ses épaules, fondant en larmes de plus bel.
Araya était médusé de stupeur d’apprendre le fin mot de l’histoire. Déjà, le portrait de Silas que l’artiste venait de brosser n’avait pas grand-chose à voir avec l’image d’immonde ordure qu’Araya s’était faite à son sujet. Un pion, le rouage essentiel d’une machination dont il était la première victime, voilà le secret honteux que Silas Adasca s’emploie à cacher au reste du monde. S’il s’attendait à pareil récit ! Pris au dépourvu, il ne sut qu’en faire, serrant ses mains contre ses cuisses, réfléchissant à toute allure, aussi vite que ses doigts commencèrent leurs petits manèges, s’animant comme s’ils jouaient une mystérieuses symphonie. Pas pour longtemps d’ailleurs, car de petits coups à la porte se firent entendre : qui que ce soit, il ne tenait manifestement pas à déranger outre mesure les occupants de la loge dont la moitié était sans connaissance. Se redressant d’un jet, Araya s’adressa à Velvet d'une voix ténue, évitant, autant que faire se peut, de croiser son regard aussi glacial que les pires rafales de vent soufflant à la surface d’Arkania :
« J’ai besoin de vous… De votre aide… M’accompagnerez-vous ? Je vais emmener ces deux-là en lieu sûr, je ne peux démêler cet imbroglio ici et maintenant. Alors, m’aiderez-vous ?! Je saurai vous rendre la pareille... » lança-t-il d’un ton qu’il aurait souhaité neutre, malgré les accents de supplication faisant tressaillir sa voix, lorgnant déjà d’autres masques susceptibles de préserver l’anonymat des rôles principaux de cette charmante farce.
Darth Velvet
# Re: Dentelle et paillettes [Darth Araya] - Jeu 28 Fév 2013 - 7:31
Le sourire arpentant mes lèvres, dessine une rondeur narquoise, amusée ou désabusée d’autant de mièvrerie dans un seul récit. Oh… peut-être qu’il y a quelques années, lorsque mon cœur encore tendre et gorgé de ces inepties amoureuses, je l’aurais senti palpiter dans ma poitrine, vibrer et tressaillir pour le couple d’amants. Oui, probablement en vérité, mais aujourd’hui, à la sombre lueur de ma réalité, je ne ressens que dégout pour celle incapable de se sortir des griffes empoisonnées d’un homme autrement qu’en s’abandonnant aux vices d’un autre. Fallait-il qu’elle soit bien naïve pour ne rien percevoir au-delà des perfides mensonges passionnés échangés au creux de la nuit, les intentions peu louable d’un amant trop beau pour être vrai. Elle peut se l’imaginer prince charmant, chevalier et protecteur, volant à son secours sur son beau destrier blanc pour sauver sa pitoyable carcasse mais n’est-il pas au fond qu’un arriviste manipulateur, se présentant au bon moment pour secourir les secrets qu’il vient de voler par son entremise ? Mais à vouloir trop jouer l’on se fait parfois prendre, n’est ce pas monsieur Silas ?
Ni les larmes de cette jumelle pleurnicharde, dont la joue tuméfiée vire indélicatement au violet mâché, ni les gémissements plaintifs de celui-là, ne saurait modifier mon avis. Je lève sur l’Arlequin, un regard inquisiteur, étrangement curieuse de connaitre ses pensées à lui tout en m’arrêtant à ce masque, qui ne délivre rien des émotions traversant le sith. Mord-t-il à l’hameçon de cette grossière histoire ? Bien sûr… les aveux de cette Urielle sont parfaitement sincères. Ce n’est pas elle, pas sa lamentable existence de marionnette que je soupçonne mais cet homme, dont on nous vante tant les mérites, lui qui n’hésita pas à se taire pour sauver un si misérable secret au risque de voir sa bien-aimée écoper d’une correction. Amusant… pour quelqu’un capable de tuer par amour … et pour une même excuse.
Noval Ortyss exprimerait-il lui-même quelques suspicions, alors que ses mains serrent sporadiquement ses cuisses avant de pianoter mue d’une volonté indépendante à cette face figée et grimaçante en porcelaine. Possible… ou alors échafaude-t-il des plans relatifs à cette curieuse affaire qui lui tient tant au cœur ? Je n’ai malheureusement pas l’occasion de l’interroger, quelques coups brefs et discrets provenant de la porte.
« J’ai besoin de vous… De votre aide… M’accompagnerez-vous ? Je vais emmener ces deux-là en lieu sûr, je ne peux démêler cet imbroglio ici et maintenant. Alors, m’aiderez-vous ?! Je saurai vous rendre la pareille... »
« Hummm… » Murmurais-je en tapotant du bout de mon doigt la pulpe de ma bouche.
Le frémissement dans sa voix, derrière la fermeté de son masque m’offre un étrange contraste. Evidemment, je pourrais simplement ouvrir la porte, le dénoncer, lui et ses indélicates manigances mais ne suis-je pas déjà complice de ses œuvres… L’ai-je jusqu’alors trahit même si la désapprobation ourle de temps à autre la commissure de mes lèvres ? Non… et ce n’est pas dans mes intentions. Peut-être la curiosité malsaine de mon âme me pousse-t-elle à vouloir découvrir le fin mot de cet imbroglio ? Ou bien est-ce l’intérêt qu’il a su éveiller en moi…
« Vous prenez un risque Arlequin… je suis une femme difficile à combler. » acceptais-je en m’emparant d’un masque de Colombine, avant de rompre la distance jusqu’à la porte que j’entrouvre légèrement. Assez pour me glisser dans l’interstice et cependant insuffisamment pour les œillades curieuses du jeune groom.
« Tout va bien Madame ? » demande-t-il doucement comme émotionné
« Oui, parfaitement… C’est pour quoi ? »
« Votre voiture Madame, le chauffeur vous demande si vous avez encore besoin de ses services ce soir ou si… »
« Oui, j’en ai encore besoin. Dis lui que j’arrive dans quelques minutes avec des amis… » L’interrompais-je dans un sourire, tout en désignant d’une main, le masque « je suis invitée à un bal masquée et je ne compte manquer ça pour rien au monde ! Allez… files lui dire ! »
Je le regarde s’éloigner un instant, avant de refermer la porte sur moi. D’un geste à la fois gracieux et théâtral, je loge le loup sur mon visage, me fondant dans le personnage quelques instants.
« Le speeder est avancé, Maitre Arlequin. Je crois qu’il est temps de tirer notre révérence… Evidemment je crois que Scaramouche … » à ces mots je dépose sur les traits tirés et encore douloureux de Silas ceux de son homologue de porcelaine « … et sa compagne vont sagement nous accompagner. »
Détachant les liens d’Urielle non avoir au préalable fixé le derniers des loups pour qu’il recouvre son visage larmoyant et blessé, je la saisis par le bras, d’une fermeté trahissant une force sous-jacente qu’il vaut mieux ne pas éveiller. Laissant le soin à mon comparse de prendre sa victime et d’assurer par quelques menaces pesantes, les sévices infligés à celui ou celle qui s’essaieraient à la trahison, j’ouvre la marche sortant d’un pas assuré de la loge.
Il ne fut pas compliqué de rejoindre la sortie des artistes où nous attendait patiemment le speeder spacieux et luxueux, ainsi que son chauffeur.
« Je vous conduit où Madame Urielle ? »
Ni les larmes de cette jumelle pleurnicharde, dont la joue tuméfiée vire indélicatement au violet mâché, ni les gémissements plaintifs de celui-là, ne saurait modifier mon avis. Je lève sur l’Arlequin, un regard inquisiteur, étrangement curieuse de connaitre ses pensées à lui tout en m’arrêtant à ce masque, qui ne délivre rien des émotions traversant le sith. Mord-t-il à l’hameçon de cette grossière histoire ? Bien sûr… les aveux de cette Urielle sont parfaitement sincères. Ce n’est pas elle, pas sa lamentable existence de marionnette que je soupçonne mais cet homme, dont on nous vante tant les mérites, lui qui n’hésita pas à se taire pour sauver un si misérable secret au risque de voir sa bien-aimée écoper d’une correction. Amusant… pour quelqu’un capable de tuer par amour … et pour une même excuse.
Noval Ortyss exprimerait-il lui-même quelques suspicions, alors que ses mains serrent sporadiquement ses cuisses avant de pianoter mue d’une volonté indépendante à cette face figée et grimaçante en porcelaine. Possible… ou alors échafaude-t-il des plans relatifs à cette curieuse affaire qui lui tient tant au cœur ? Je n’ai malheureusement pas l’occasion de l’interroger, quelques coups brefs et discrets provenant de la porte.
« J’ai besoin de vous… De votre aide… M’accompagnerez-vous ? Je vais emmener ces deux-là en lieu sûr, je ne peux démêler cet imbroglio ici et maintenant. Alors, m’aiderez-vous ?! Je saurai vous rendre la pareille... »
« Hummm… » Murmurais-je en tapotant du bout de mon doigt la pulpe de ma bouche.
Le frémissement dans sa voix, derrière la fermeté de son masque m’offre un étrange contraste. Evidemment, je pourrais simplement ouvrir la porte, le dénoncer, lui et ses indélicates manigances mais ne suis-je pas déjà complice de ses œuvres… L’ai-je jusqu’alors trahit même si la désapprobation ourle de temps à autre la commissure de mes lèvres ? Non… et ce n’est pas dans mes intentions. Peut-être la curiosité malsaine de mon âme me pousse-t-elle à vouloir découvrir le fin mot de cet imbroglio ? Ou bien est-ce l’intérêt qu’il a su éveiller en moi…
« Vous prenez un risque Arlequin… je suis une femme difficile à combler. » acceptais-je en m’emparant d’un masque de Colombine, avant de rompre la distance jusqu’à la porte que j’entrouvre légèrement. Assez pour me glisser dans l’interstice et cependant insuffisamment pour les œillades curieuses du jeune groom.
« Tout va bien Madame ? » demande-t-il doucement comme émotionné
« Oui, parfaitement… C’est pour quoi ? »
« Votre voiture Madame, le chauffeur vous demande si vous avez encore besoin de ses services ce soir ou si… »
« Oui, j’en ai encore besoin. Dis lui que j’arrive dans quelques minutes avec des amis… » L’interrompais-je dans un sourire, tout en désignant d’une main, le masque « je suis invitée à un bal masquée et je ne compte manquer ça pour rien au monde ! Allez… files lui dire ! »
Je le regarde s’éloigner un instant, avant de refermer la porte sur moi. D’un geste à la fois gracieux et théâtral, je loge le loup sur mon visage, me fondant dans le personnage quelques instants.
« Le speeder est avancé, Maitre Arlequin. Je crois qu’il est temps de tirer notre révérence… Evidemment je crois que Scaramouche … » à ces mots je dépose sur les traits tirés et encore douloureux de Silas ceux de son homologue de porcelaine « … et sa compagne vont sagement nous accompagner. »
Détachant les liens d’Urielle non avoir au préalable fixé le derniers des loups pour qu’il recouvre son visage larmoyant et blessé, je la saisis par le bras, d’une fermeté trahissant une force sous-jacente qu’il vaut mieux ne pas éveiller. Laissant le soin à mon comparse de prendre sa victime et d’assurer par quelques menaces pesantes, les sévices infligés à celui ou celle qui s’essaieraient à la trahison, j’ouvre la marche sortant d’un pas assuré de la loge.
Il ne fut pas compliqué de rejoindre la sortie des artistes où nous attendait patiemment le speeder spacieux et luxueux, ainsi que son chauffeur.
« Je vous conduit où Madame Urielle ? »
Invité
# Re: Dentelle et paillettes [Darth Araya] - Sam 9 Mar 2013 - 3:33
Inquisitrice, la tension nerveuse relâcha soudainement son étreinte lorsque Noval, suspendu aux lèvres finement ciselées de Velvet, l’écouta répondre favorablement à sa supplique, après un moment d’hésitation pleinement savouré pendant d’interminables secondes. Peut-être se trompait-il, mais l’arkanien aurait juré, en voyant la mine distraite de sa complice d’un soir, qu’elle avait déjà une idée derrière la tête au moment précis où elle s’accommoda volontiers de l’urgence de sa requête. Peu importe d’ailleurs, en homme de parole, il serait son aimable obligé, point final, peu importe la teneur du service dont il faudrait s’acquitter envers l’usurpatrice de charme, une fois que le rideau serait tombé sur cette mise en scène truffée de rebondissements. D’un autre côté, en dépit des circonstances singulières et fortuites de leur rencontre, le Sith devait s’incliner face à une autre évidence, plus embarrassante, une conviction aussi flagrante qu’intime. S’il ne pouvait décemment pas se soustraire à sa part du contrat, en retour du service qu’elle s’apprêtait à lui rendre, honorer cet engagement lui donnerait l’occasion d’exprimer le fait qu’elle ne l’avait pas laissé de marbre, sentiment somme toute inhabituel chez lui, d’où l’étrange confusion ressentie. Ô bien sûr, il ne se faisait aucune illusion : ses actes récents suffisaient à dépeindre chez lui un caractère retors et marginal, ancré dans une amoralité manifeste. Malgré cela, il entretenait l’espoir de revoir cette personne, même brièvement, le temps de l’entendre chanter à nouveau, par exemple…
Sans hésiter, Velvet attrapa au vol un loup en feutre sombre dont elle se para pour recouvrir les courbes veloutées de son visage, avant de se diriger vers la porte, qu’elle entrebâilla. Se hâtant de poser sa main en douceur contre la bouche d’Urielle, il eut tout le loisir d’assister à l’habile prestation de la mirialane, qui parvint en un temps record à faire d’une pierre deux coups, se débarrassant du gêneur impromptu, et s’assurant de quitter les lieux en catimini par l’entrée des artistes. Faut-il l’avouer, Noval se voyait mal déambuler en plein cabaret, tenant Silas et sa promise en respect tout du long de la traversée d’une salle bondée de spectateurs, susceptibles de reconnaitre l’artiste à tout instant sans pouvoir rien faire pour les éviter, dans leur quête grotesque d’holographes. Faisant écho à sa prestation d’actrice tout bonnement exemplaire, la délicieuse usurpatrice se fendit d’une tirade malicieuse, tombant fort à propos d’ailleurs. Se penchant vers Urielle, le Sith tomba le masque, et s’enticha d’emprunter une voix prévenante, limite doucereuse, avant de s’apprêter à lui détacher les mains, prenant d’abord le temps de la persuader, la Force à l’œuvre par le biais de mots choisis :
« Ecoutez-moi attentivement, je sais que vous n’allez sûrement pas me croire, mais je peux vous sortir de l’impasse où vous êtes, vous et… l’autre là… » confia-t-il, désignant d’un signe de tête Silas, encore à moitié inconscient. « Je sais pertinemment que je n’ai rien fait pour mériter votre confiance, bien au contraire, et pourtant, je vous dis la vérité. J’aimerais vous en dire plus, alors c’est à vous de décider, soit vous nous suivez sans faire d’histoires, soit je vous laisse ici, inconsciente, avec vos gardes du corps pour vous tenir compagnie, et j’emmène Silas, bien sûr, en courant le risque, même si l’idée de m’enchante pas, de ne plus jamais le revoir… Alors ? »
« C’est d’accord… » couina-t-elle en retenant maladroitement un sanglot.
« Vous faites le bon choix, Urielle. Comment s’appelle votre chauffeur ? »
« Zackarry… Mais tout le monde l’appelle Zack. »
« Entendu. Vous lui direz de se rendre à l’entrée de la promenade inférieure du casino Star Sailor. Une fois que nous y serons, vous vous passerez de ses services pour le restant de la nuit. Allez, levez-vous, ne vous en faites pas, je m’occupe de votre ami… ». Urielle s’exécuta sobrement, un air de désarroi mouillant son regard lorsqu’elle regarda l’homme qu’elle aimait, qui peinait à rouvrir les yeux. Comme si de rien n’était, Noval lui tendit un foulard qu’elle ajusta de manière à cacher sa joue légèrement boursoufflée.
« Tenez, buvez, ça va vous redonner un coup de fouet. » conseilla-t-il en empoignant une bouteille de vin qu’il s’apprêtait à servir dans une coupe avant qu’elle ne lui arrache des mains pour siffler quelques lampées directement au goulot. Juste avant de redresser Silas sur ses jambes en le tenant fermement par les épaules, il aspergea son costume de gouttelettes d’alcool, histoire de faire croire à une espèce de coma éthylique si jamais ils croisaient des p’tits curieux en chemin. Dernière précaution, il fouilla l’un des gardes du corps et s’empara de son blaster, un modèle au faible encombrement, bien commode à dissimuler. Enfin, d’un signe de tête, il indiqua à Velvet d’ouvrir la marche, ce qu’elle fit sans se faire prier. Sans doute jugeait-elle la situation complètement loufoque, mais au moins, la fin de soirée aura été tout sauf barbante ![Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]Comme convenu, le speeder de luxe ne tarda pas à s’élancer en prenant de la hauteur, et ne tarda pas à rejoindre le quartier commerçant du centre-ville en louvoyant entre les buildings. Le chauffeur ne remarqua rien d’inhabituel, hormis le triste état de Silas dont le visage était recouvert d’une capuche, ce qui ne l’empêchait nullement de piquer du nez. « Boire ou conduire, vous connaissez la chanson, n'est-ce pas Zack !? » lança gaiement Noval au chauffeur en riant de bon cœur. Ils ne tardèrent pas à arriver à destination, laissant l’employé modèle filer à grand train, manifestement heureux de pouvoir disposer de temps libre. A cette heure de la nuit, les terrasses illuminées d’enseignes bordant la promenade était encore fréquentée, mais bien moins qu’en journée, ce qui limitait le risque de faire une rencontre inopportune et d’attirer l’attention.[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]« Heureusement que nous ne sommes plus très loin, notre ami commence à se faire pesant ! C’est par-là, il faut prendre la plate-forme juste devant. Si ça ne vous fait rien, je vais éviter les artères principales bardées d’holocaméras, ça va rallonger un peu le chemin, mais je préfère… »
Arrivé devant une façade délabrée avec pour seul ornement un panneau de sécurité, l’arkanien glissa à l’oreille de Velvet : « 4-5-0-0-4-1-7, en vous remerciant… ». L’instant d’après, un panneau latéral coulissa sur l’un des côtés, laissant apparaitre un homme tout sourire, surpris de voir un tel attroupement, bien qu’il resta complètement muet. « Conduis ces dames à l’intérieur, je m’occupe de lui. » Jetant un œil sur les environs, Noval se débarrassa de son poids mort en le faisant léviter à ses côtés, avant de pénétrer dans la structure. Un vaste hangar quasiment vide s’offrait à la vue, en triste état lui aussi. Quelques sièges trainaient de-ci de-là, n’offrant qu’un confort spartiate aux ladies. Profitant qu’elles avaient le dos tourné, il attira jusqu’à lui l’un d’eux pour installer Silas, qui visiblement n’allait pas tarder à reprendre connaissance. Du moins cela aurait été le cas, sans la dose de somnifères injectée discrètement par le Sith.
« Désolé de devoir vous imposer un décor si lugubre, mais je n’ai pas eu l’occasion de m’installer plus confortablement depuis mon arrivée ! » déclara-t-il en retirant son masque. « Si vous le voulez, Urielle, mon ami va vous conduire là où vous pourrez vous rafraichir, et prendre un peu de repos. Je garde un œil sur votre cher et tendre, vous avez ma parole ! ». La mirialane, visiblement peu rassurée, se contenta de suivre l’humanoïde à la mine radieuse qui venait de s’incliner en signe d’acquiescement.[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]« Enfin seuls ! Quelle soirée ! J‘espère seulement ne pas avoir trop bousculé votre programme… Enfin, j’imagine que si… Vous allez sûrement me trouver idiot, mais voilà que j’ai du mal à trouver mes mots… Alors, dites-moi, comment vous remercier pour votre aide ? Je vous l’avoue, la seule chose que j’aurai du mal à vous accorder serait que vous me demandiez d’oublier que nous ne nous soyons jamais vu… Hormis cela… »
Darth Velvet
# Re: Dentelle et paillettes [Darth Araya] - Mer 3 Avr 2013 - 0:07
Certaines personnes, particulièrement habiles, savent faire preuve d’une exemplaire faculté d’adaptation aux situations les plus désavantageuses, les plus rocambolesques, n’hésitant pas à se grimer sous les défauts d’une toute nouvelle personnalité, poussant le vice à se jouer d’eux-mêmes, à se renier afin de correspondre parfaitement aux nécessités d’un présent. Ne plus être soi, devenir un autre… Noval Ortyss… est-il de ceux-ci ? De ces êtres aptes à évoluer dans un nid de Vorsnks sans jamais finir croqué ? Tantôt gentleman prévenant et charmeur, alliant raffinement et assurance. Tantôt homme d’action s’abimant dans une lutte ou usant d’une pointe de sadisme sans souffrir de remords. Qui est-il réellement ? Mercenaire poursuivant une proie désignée pour quelques crédits. Non, je ne saurais croire qu’il se vend au plus offrant pour seulement satisfaire un appétit vénal. Alors quelle valeur accorder à sa parole si facilement donnée, devinant, sans l’ombre d’un doute, les ténèbres trépignant du fond de son âme, profond écho à ma propre noirceur.
Mes yeux suivent, impudique, le profil d’un visage toujours rehaussé des attributs de son masque, évaluant le mensonge dans ce port altier, dans ces pupilles étranges, seules vestiges qu’il ne peut dissimuler, je cherche à percer le mystère dont il se drape avec tant de commodité. L’aisance dont il persuade la cantatrice hystérique, la facilité dont il plaisante avec Zack, l’habilité dont il fait preuve avec Silas… m’inspire une vague de méfiance. Peut-être suis-je un tantinet paranoïaque, mais plus que jamais, en cet instant, confinée dans ce speeder certes spacieux et luxueux, je ressens plus amèrement encore la morsure de l’absence, celle de mon sabre, gisant dans l’un des compartiments secrets de ma valise, dans cette chambre d’hôtel miteuse.
« Comme vous voulez, après tout c’est vous le guide » lui répondais-je, les pieds glacés de marcher sans escarpins sur le macadam. Alors que nous arpentons maintenant le quartier commerçant non sans nous être préalablement débarrassé du chauffeur.
Entre les enseignes aux néons bigarrés des espaces commerciaux, du casino, des bars, les rues piétonnes cosmopolites joliment illuminées pour attirer le client, identique à ces bougies capturant les attentions des papillons de nuit, et ce chemin détourné, longeant les quais des déchargements des boutiques et des établissements, les caméras ne sont pas l’unique différence. Comme si ces allées trop parfaites pour être réelles, dévoilaient à présent leur face cachée. Des façades lugubres et sombres, conduisant à des zones de stockage et d’entrepôts presque désertiques. Je ne suis pas étonnée lorsqu’il s’arrête devant une large porte dévorée par la rouille tandis que le bâtiment n’a pas vraiment meilleure mine. Pas de logo, pas de nom d’entreprise fleurissant sur le bardage en friche, juste une petite pancarte indiquant une propriété privée sous surveillance. Sans un mot, j’applique les chiffres distillés à mon oreille, tapotant rapidement sur le clavier, dans un frisson que seul le vent frais ne peut expliquer.
Comme les autres, docile pour cette fois, j’embrasse le pas de cet homme surgit du hangar semblable une holo-projection incongrue pour un tel endroit, sans poser cette myriade de questions qui me brûle intensément les lèvres d’une curiosité irrassasiable, laissant ma jumelle s’avancer en première. Mon regard s’attarde ici et là, notant le spartiate des installations probablement récentes. En fait, il n’y a rien de notable hormis les proportions gigantesques de ce lieu quasiment vide. C’est à se demander ce qu’il pourrait bien contenir. D’ailleurs ne serait-ce pas pour ses dimensions particulièrement spacieuses que mon hôte, sa situation à la fois centrale mais déserté d’une population trop indiscrète sur les tractations de son voisinage, qu’il aurait choisi son repère de… de quoi donc d’ailleurs. Parce que oui, cet endroit a tout d’un point de chute, d’un quartier général pour une association peu recommandable, si on oublie le coté « vide », humainement parlant.
Mon regard poursuit un instant la cantatrice jusqu’à ce qu’elle disparaisse de mon horizon, happée par ce hangar et ses ombres, avant de s’accrocher à cet homme dont j’ignore presque tout … A mon tour, j’ôte le loup dévoilant ma face, devenant à nouveau Velvet, et non plus cette actrice improvisée.
« Rassurez-vous, mon programme était largement bousculé avant que vous n’entriez dans la loge avec celui-ci. » mon menton se pointe en direction de la silhouette avachie sur son siège.
« Vous n’avez donc pas à vous sentir coupable de quoi que ce soit à ce sujet. Et pour ce qui est de vos remerciements… » je marque une légère hésitation. Que réclamer ? Mes yeux se closent sous la réflexion. Il évidemment que ma réponse ne dépend pas uniquement de moi, mais aussi de lui, de ce qu’il est, de qui il est.
« … j’avoue ne pas savoir exactement quoi vous demander. Et puis comment savoir ce qui reste dans vos possibilités ou non. « Tout ce que je veux » pourrait devenir alors très embarrassant pour vous… d’ailleurs je ne suis pas certaine, comptez-vous réellement tenir parole… ? Après tout je ne sais de vous qu’un nom, en espérant qu’il soit bien le vôtre, et il vous serez si simple de disparaitre en oubliant tout de cette promesse un peu hâtive, une fois cette soirée passée. »
J’esquisse un pas dans sa direction, rompant gracieusement la distance cordiale nous reliant l’un à l’autre. Mes lèvres s’ourlent d’un sourire mi-figue, mi-raisin, ne lui offrant pas l’opportunité de deviner sous le couvert de mes prunelles, la profondeur de mes pensées.
« Enfin, je serais malavisée de vous le reprocher, M. Ortyss, si vous usiez d’un pseudonyme, alors que moi-même je vous ai trompée en me faisant passer pour Urielle. Hummm… Que diriez-vous… puisque nous sommes seuls pour un moment, de tomber les masques…. Parce qu’il est évident que vous n’êtes ce que vous paraissez, ce qui attise ma curiosité, et que je ne le suis pas davantage… »
Mes yeux suivent, impudique, le profil d’un visage toujours rehaussé des attributs de son masque, évaluant le mensonge dans ce port altier, dans ces pupilles étranges, seules vestiges qu’il ne peut dissimuler, je cherche à percer le mystère dont il se drape avec tant de commodité. L’aisance dont il persuade la cantatrice hystérique, la facilité dont il plaisante avec Zack, l’habilité dont il fait preuve avec Silas… m’inspire une vague de méfiance. Peut-être suis-je un tantinet paranoïaque, mais plus que jamais, en cet instant, confinée dans ce speeder certes spacieux et luxueux, je ressens plus amèrement encore la morsure de l’absence, celle de mon sabre, gisant dans l’un des compartiments secrets de ma valise, dans cette chambre d’hôtel miteuse.
« Comme vous voulez, après tout c’est vous le guide » lui répondais-je, les pieds glacés de marcher sans escarpins sur le macadam. Alors que nous arpentons maintenant le quartier commerçant non sans nous être préalablement débarrassé du chauffeur.
Entre les enseignes aux néons bigarrés des espaces commerciaux, du casino, des bars, les rues piétonnes cosmopolites joliment illuminées pour attirer le client, identique à ces bougies capturant les attentions des papillons de nuit, et ce chemin détourné, longeant les quais des déchargements des boutiques et des établissements, les caméras ne sont pas l’unique différence. Comme si ces allées trop parfaites pour être réelles, dévoilaient à présent leur face cachée. Des façades lugubres et sombres, conduisant à des zones de stockage et d’entrepôts presque désertiques. Je ne suis pas étonnée lorsqu’il s’arrête devant une large porte dévorée par la rouille tandis que le bâtiment n’a pas vraiment meilleure mine. Pas de logo, pas de nom d’entreprise fleurissant sur le bardage en friche, juste une petite pancarte indiquant une propriété privée sous surveillance. Sans un mot, j’applique les chiffres distillés à mon oreille, tapotant rapidement sur le clavier, dans un frisson que seul le vent frais ne peut expliquer.
Comme les autres, docile pour cette fois, j’embrasse le pas de cet homme surgit du hangar semblable une holo-projection incongrue pour un tel endroit, sans poser cette myriade de questions qui me brûle intensément les lèvres d’une curiosité irrassasiable, laissant ma jumelle s’avancer en première. Mon regard s’attarde ici et là, notant le spartiate des installations probablement récentes. En fait, il n’y a rien de notable hormis les proportions gigantesques de ce lieu quasiment vide. C’est à se demander ce qu’il pourrait bien contenir. D’ailleurs ne serait-ce pas pour ses dimensions particulièrement spacieuses que mon hôte, sa situation à la fois centrale mais déserté d’une population trop indiscrète sur les tractations de son voisinage, qu’il aurait choisi son repère de… de quoi donc d’ailleurs. Parce que oui, cet endroit a tout d’un point de chute, d’un quartier général pour une association peu recommandable, si on oublie le coté « vide », humainement parlant.
Mon regard poursuit un instant la cantatrice jusqu’à ce qu’elle disparaisse de mon horizon, happée par ce hangar et ses ombres, avant de s’accrocher à cet homme dont j’ignore presque tout … A mon tour, j’ôte le loup dévoilant ma face, devenant à nouveau Velvet, et non plus cette actrice improvisée.
« Rassurez-vous, mon programme était largement bousculé avant que vous n’entriez dans la loge avec celui-ci. » mon menton se pointe en direction de la silhouette avachie sur son siège.
« Vous n’avez donc pas à vous sentir coupable de quoi que ce soit à ce sujet. Et pour ce qui est de vos remerciements… » je marque une légère hésitation. Que réclamer ? Mes yeux se closent sous la réflexion. Il évidemment que ma réponse ne dépend pas uniquement de moi, mais aussi de lui, de ce qu’il est, de qui il est.
« … j’avoue ne pas savoir exactement quoi vous demander. Et puis comment savoir ce qui reste dans vos possibilités ou non. « Tout ce que je veux » pourrait devenir alors très embarrassant pour vous… d’ailleurs je ne suis pas certaine, comptez-vous réellement tenir parole… ? Après tout je ne sais de vous qu’un nom, en espérant qu’il soit bien le vôtre, et il vous serez si simple de disparaitre en oubliant tout de cette promesse un peu hâtive, une fois cette soirée passée. »
J’esquisse un pas dans sa direction, rompant gracieusement la distance cordiale nous reliant l’un à l’autre. Mes lèvres s’ourlent d’un sourire mi-figue, mi-raisin, ne lui offrant pas l’opportunité de deviner sous le couvert de mes prunelles, la profondeur de mes pensées.
« Enfin, je serais malavisée de vous le reprocher, M. Ortyss, si vous usiez d’un pseudonyme, alors que moi-même je vous ai trompée en me faisant passer pour Urielle. Hummm… Que diriez-vous… puisque nous sommes seuls pour un moment, de tomber les masques…. Parce qu’il est évident que vous n’êtes ce que vous paraissez, ce qui attise ma curiosité, et que je ne le suis pas davantage… »
Invité
# Re: Dentelle et paillettes [Darth Araya] - Dim 21 Avr 2013 - 14:19
Un peu comme lorsqu’on perd le fil de ses pensées, distrait par un événement soudain, Araya mit quelques secondes pour remettre de l’ordre et du sens dans les paroles de la Mirialane, suspendues à ses lèvres redevenues muettes. Non qu’il se soit retenu de boire chacune d’elle, il n’avait fait que ça jusqu’au point de ressentir une certaine confusion face aux silences et à l’intonation de sa voix, sans jamais parvenir à détourner les yeux de son visage une seule fois. Bien malin celui qui aurait pu mettre les mots justes sur les raisons de cet enivrement, tandis que l’arkanien auscultait le reflet soyeux de celle qui soutenait son regard avec une aisance telle qu’on aurait pu croire, vu de l’extérieur, que ces deux-là étaient des complices de longue date. Velvet parlait peu, mais jamais pour ne rien dire, et savait se faire entendre à la perfection, à l’instar des maitres en rhétorique, la pesanteur des raisonnements en moins. Pour faire le pendant à cette économie de mots, sa prestance était auréolée d’une force de persuasion peu commune, doublée d’une sorte de distinction naturelle que l’on rencontre parfois chez les personnes de noble lignée. Un caractère, autant qu’un physique, indubitablement. Un peu comme si elle s’attendait à contempler le monde s’agenouiller à ses pieds à chaque instant, pensa Araya en la regardant s’avancer vers lui, s’amusant de cette remarque en secret. L’impression de vide qui hantait les lieux s’éclipsa d’elle-même, et avec elle toute échappatoire.
Était-il subjugué par la seule beauté physique de ses traits ? Peut-être, au début, du moins. Car il n’y avait pas que cela. L’arkanien bataillait ferme avec la sensation oppressante de vivre un étrange paradoxe, celui d’être confronté à un alter ego appelant de sa part une certaine retenue d’âme, et exigeant dans le même temps qu’il se montre à nu, sans faux-semblants. Autant jouer franc jeu avec lui-même : elle l’attirait sur bien des points. Ses manières, son détachement, sa grâce presque enfantine alors qu’au-dedans se cachait des précipices vertigineux et des crêtes aussi acerbes que coupants. Le genre de femme impossible à jamais vraiment sonder, si ce n’est en chutant dans les mailles de jeux sentimentaux aussi dangereux qu’imprévisibles. L’arkanien pouvait-il se payer le luxe de croire qu’une telle embardée était envisageable, pour l’un comme pour l’autre ? Lui qui n’a de cœur que l’organe atrophié par les invectives d’un intellect charriant la noirceur d’ambitions stériles que peu avouables…
« Comme vous voudrez, après tout, comme je vous l’ai déjà dit, je suis votre débiteur, et j’espère bien m’acquitter de cette dette d’une façon ou d’une autre. Il y a un de ça un an environ, je me suis affublé du titre de seigneur Sith… Un drôle de titre, d’ailleurs ! Seigneur, seigneur de quoi, je vous le demande ?! Je passe mon temps à courir la galaxie pour satisfaire les requêtes d’un tel ou d’un tel, parfois parce que je le dois, parfois par intérêt, sans jamais savoir où tout cela me mène au juste. La quête du pouvoir prend parfois des chemins si détournés qu’au final, on ne sait plus vraiment ce que l’on cherche. Donc voilà, si vous tenez à savoir qui se cache derrière Noval Ortyss, je vous répondrai un seigneur Sith que l’on nomme Araya. Et confidence pour confidence, il m’arrive de me demander qui des deux se cache derrière l’autre… » déclara-t-il d’un ton presque éteint, un sourire en coin pointant timidement sur sa face d’albâtre. Puis reprit, chassant l’air absent qui endeuillait quelque peu ses traits :
« J’espère que cette réponse satisfait votre curiosité. Je… Je me rends compte que je ne vous ai même pas demandé si vous voulez boire quelque chose, toutes mes excuses. Mes acolytes sont si prévoyants qu’il doit bien y avoir quelque chose de buvable dans les parages… L’un de ces containers peut-être… » dit-il en les déplaçant en ordre de marche jusqu’à ses pieds, se déverrouillant d‘un geste du doigt. « Ah ! Je crois distinguer une bouteille ! Nous sommes saufs ! » lâcha-t-il, enthousiasmé par sa découverte. « Un vin mousseux d’Ondéron, une cuvée spéciale si j’en crois l’étiquette… A votre tour de me faire quelques révélations, le temps de vous servir une coupe. Et n’ayez crainte, c’est un breuvage très doux... » confit-il à Velvet avant d’attraper au vol une paire de flutes s’élevant à leur tour dans les airs, comme si de rien était.
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