Cela faisait à peu près un mois que Joclad était rentré au temple jedi d'Ondéron, au plus grand bonheur de celui-ci et de ses proches, d'ailleurs. Nahla se sentait heureuse à l'idée qu'il soit à nouveau à leurs côtés... à ses côtés. Depuis dix ans qu'ils s'étaient rencontrés, ils étaient devenus amis, et de fil en aiguille, au fur et à mesure du temps, des années passant, cette amitié s'était renforcée. L'on pouvait rarement prétendre avoir la chance d'être entouré d'amis comme l'était Joclad pour Nahla. Elle savait qu'il serait toujours là pour elle. Il l'avait encore prouvé, et plus que jamais d'ailleurs, en bravant le danger et l'ordre direct de deux chevaliers jedis, même, rien que pour elle. A la fois heureuse, touchée et à la fois inquiète de ce fait, l'adolescente se demandait parfois s'il avait bien fait, et si elle n'avait pas tort de se réjouir. Après tout, pour elle, il avait risqué sa vie, ainsi que failli ruiner la situation diplomatique des jedis sur Bandomeer... Il avait passé outre l'ordre de ses aînés et supérieurs. Et pourtant... S'il ne l'avait pas fait, elle ne serait sans doute plus de ce monde.

*Je ne sais pas ce que je dois penser de tout cela...*

A dire vrai, depuis, elle n'avait pas vraiment eu le temps d'y penser, les événements s'étant enchaînés les uns à la suite des autres. Durant plusieurs jours, elle fut incapable de faire quoi que ce fut, rendue totalement aveugle par cette fichue drogue qu'on lui avait fait ingurgiter dans cette mine atroce. Galian avait veillé sur elle ces quelques jours, avant de filer à l'anglaise, comme trop souvent. Nahla s'était donc, une fois de plus, retrouvée seule. Ses cours, ses entraînements et activités du quotidien lui prenaient déjà presque tout son temps. Son esprit, quant à lui, se trouva pris par divers soucis autres que ses états d'âmes concernant ce qui s'était produit sur Bandomeer et ce qu'avait fait Joclad. Un soir, l'adolescente eut droit à une leçon de morale et de psychologie de la part du maître jedi Léonard Tianesli. Le lendemain, elle accueillait un nouvel arrivant au temple, Davidiux, lui faisant visiter le temple entier, du moins tous les endroits de ce dernier étant accessibles aux padawans. Lors d'un passage en ville, ensuite, le chemin de la jeune miraluka avait croisé celui d'un étrange mais ô combien amusant et sympathique personnage: Neb Neb Mumbin, un gungan apparemment échappé de Naboo, mercenaire et pilote à ses heures perdues, et s'étant mis dans un beau pétrin. Pétrin dont elle l'avait sorti, fort heureusement pour lui. Ensuite... Hopeful lui était tombé dessus. Littéralement. Une légère commotion, trois côtes fêlées et une entorse à la cheville plus tard, tous deux étaient amis, et elle lui proposait de lui apporter son aide concernant les soucis dont il lui avait fait part.

Encore du temps proposé à autrui... En gardait-elle seulement un peu pour elle? Suffisamment à son goût. D'ailleurs, elle avait usé de ce temps pour se rendre en ville, quelques jours plus tard, accompagnée par Joclad qui devait y transmettre une missive à quelqu'un. Nahla aimait rendre visite aux enfants malades et autres personnes séjournant à la clinique. C'était l'une des nombreuses manières dont elle emplissait ses moments libres. Mais bien qu'elle eut rendu le sourire voire l'espoir à nombre de patients, ce jour-là, l'infortunée demoiselle avait également souffert d'une rencontre moins agréable. A croire que partout où elle semait un peu de bonheur, elle récoltait des ennuis en retour! Heureusement, elle n'avait pas inquiété Joclad, ce jour-là, ayant pu lui dissimuler ses soucis. A quoi bon l'inquiéter pour si peu? En revanche, il était bien un sujet dont elle souhaitait lui parler, malgré l'interdiction de Dakin d'en parler à quiconque. Après tout, Joclad était leur ami commun, non? Aussi, Nahla se réjouit-elle qu'il passe, ce matin.

Le soleil se levait à peine, à l'horizon, mais la miraluka n'étant pas moins matinale que son ami d'enfance, elle avait accepté ce rendez-vous aux aurores sans sourciller. Ils n'auraient qu'à déjeuner ensemble! D'ailleurs, elle venait de finir de se rafraîchir et de s'habiller lorsqu'on frappa à la porte de son appartement. Rien de bien grand: une chambre, avec un balcon donnant sur la jungle alentours du temple, une petite salle de bains avec douche, toilettes et lavabo, et une cuisine pas beaucoup plus grande, juste de quoi être autonome. Le strict minimum vital. Une bibliothèque emplie d'ouvrages sur la flore de nombreuses planètes ornait l'un des murs de la chambre, à peine visible derrière le rideau de feuilles retombant devant, une série de plantes tombantes posées sur le meuble. En y pensant, le studio tout entier débordait de plantes, vertes, à fleurs, à fruits, de toutes les tailles, couleurs, parfums et origines. Nahla en avait la passion, et Galian lui passait ce caprice, comme d'autres d'ailleurs. Comment aurait-il pu se montrer trop strict envers cette padawane si sage dont il ne s'occupait que bien trop peu, après tout?

"C'est ouvert, entre!"

Vêtue d'une robe à manches longues blanc cassé, une écharpe beige à la taille, son habituel bandeau rose masquant son visage, elle inspira profondément, un sourire gai aux lèvres, tandis que son ami ouvrait la porte pour entrer. Sur le balcon, en face de la dite porte ou presque, Nahla profitait de l'air frais du matin pour s'éveiller tout à fait, puis se tourna vers Joclad, ses mains jointes sagement devant elle.

"Bonjour! Bien dormi?"

[i]Un mois.. Déjà un mois. J’avais l’impression que j’étais de retour depuis même pas une semaine. Et pourtant. Et en ce court laps de temps, il s’était passé pas mal de chose. Déjà, la plus marquante fut surement mon retour. Comment aurais-je pu faire pire, sérieusement ? Enfin, si je suivais le raisonnement de maitre Tianesli, j’avais plutôt bien agi, et je lui avais, je cite « sauvé la vie ». Et c’était un point sur lequel mon opinion divergeait. Car, de mon point de vue, je fus imprudent, tout simplement. Résultat, au centre médical.
En fait, si je devais citer un lieu où, durant ce dernier mois, j’ai souvent mis les pieds, je citerais le centre médical sans hésiter. Car peu de temps après ma splendide arrivée, j’y retournais après un petit entrainement avec Hopeful. Un petit entrainement qui avait mal tourné, bien entendu.
M’enfin, si j’avais pensé chaque matin à ce que j’avais fais depuis mon retour, je crois que je ne serais jamais sortis de ma chambre de la journée.

Non, la première chose que je fis en me levant fus de me diriger vers la fenêtre, afin de contempler le paysage. C’était une habitude que j’avais gardé depuis mon arrivée au Temple, lorsque j’avais cinq ans. Ensuite, continuant mon train-train habituel, j’étais allé me laver, avant d’enfiler une nouvelle bure couleur crème. Puis, j’attrapais mon sabre laser, accroché au mur, au dessus de mon lit et je l’accrochais à la ceinture. Comme d’habitude. Je fonctionnais comme une machine bien huilée, répétant les mêmes actions chaque matin.
Finalement, je sortais de ma chambre, tombant sur un couloir encore désert. Il faut dire que j’étais matinal de nature. Très matinal.. C’était certainement dû au fait que sentir le sommeil léger et apaisé des autres padawans m’aidait à bien attaquer la journée.
Refermant la porte, j’avais avancé lentement, me faisant le plus léger possible pour ne réveiller personne. Bien sûr, je savais que certains étaient déjà à la cantine à dévorer tout le premier service.

Mais je n’avais nullement l’intention de me rendre à la cantine. J’allais voir autre chose, quelqu’un d’autre. J’avais dis à Nahla que je voulais discuter avec elle, tranquillement ; et elle m’avait dit de passer dans les appartements de maitre Amaliël ce matin. D’ailleurs, je ne comprenais pas pourquoi elle n’avait pas sa propre chambre, comme moi, comme presque tout les padawans. Bien sûr, je ne parlais pas des jeunes novices ayant besoin d’une surveillance à chaque instant de la journée, mais plutôt des autres, plus âgé, plus.. mature ?
En parlant de Galian, il y était aussi pour quelque chose dans cette histoire. Il n’était jamais là. Il était son maitre.. Mmmh, non, son « tuteur », comme il disait. Pour moi, c’était un peu la même chose, car Nahla et lui avait tissé un lien, comme je l’avais moi-même fais avec mon ancien maitre.

Mais ce n’était pas pour cela que je venais la voir. C’était pour quelque chose d’autre. Je n’avais rien dis à ce sujet depuis que je la connaissais –peut-être que si, au tout début-, mais depuis ce qui c’était passé sur Bandomeer, j’avais longuement réfléchis et je ne pouvais plus vraiment l’accepter. Là-bas, après qu’on ne l’est enlevée, j’avais commis une autre erreur. Une erreur bien pire à mes yeux : j’avais laissé mes émotions prendre le pas sur ma raison. Une chose que je trouvais inacceptable, vu la situation. Tout simplement inacceptable peu importe la situation, diraient certains. Après tout, j’avais quand même désobéi à deux ordres directs émanant de deux Jedi différents pour aller la sauver elle, par peur de la perdre elle aussi, par ma faute. Heureusement, je l’avais sauvé, et maitre Amaliël avait prit ma défense. La seule punition fut que je dus faire le voyage jusqu’à Ondéron dans un vieux transport prêt à se désintégrer à tout moment..

Après avoir parcouru plusieurs couloirs, salué poliment plusieurs Chevaliers et Maitres, j’arrivais devant la chambre en question. Sans hésiter une seconde, je frappais délicatement à la porte. En un rien de temps, j’entendis la réponse affirmative de Nahla. J’ouvris la porte, pénétrais à l’intérieur de la « chambre verte », et refermais la porte. Là, comme souvent, je prenais le temps de contempler toute cette verdure avant de poser mon regard sur elle, un léger sourire dessiné sur mon visage.

- Bonjour Nahla. Mon ton était calme, voir doux, comme à mon habitude. - En effet. Sommeil léger, comme toujours. Mais j’ai globalement bien dormi. Et toi ?

Je me déplaçais légèrement, continuant de regarder les plantes qui se trouvaient tout autour de moi. A chaque fois que je venais ici, j’avais l’impression d’entrer dans une annexe au parc du Temple.

- Faudrait vraiment que tu trouves plus de place. Je me demande d’ailleurs pourquoi Galian ne te l’a pas encore fais remarqué.

Ce n’était pas méchant. D’ailleurs, mon sourire s’élargit quelque peu, alors que je restais debout, entre une plante tombante et une autre à fleurs.

"Bien dormi également!" lui répondit-elle, gaie. Apparemment de très bonne humeur - mais il fallait avouer que croiser Nahla de mauvaise humeur relevait de l'exploit à citer dans les anales! - la jeune fille lui adressa son plus adorable sourire, ravie de le revoir, et à l'idée de passer un peu de temps en sa compagnie. Depuis son retour de Bandomeer, Joclad n'avait eu que peu de temps à lui consacrer, et vice versa. Ils s'étaient croisés plusieurs fois, avaient partagé quelques repas à la cantine, ou pratiquer l'une ou l'autre de leurs activités quotidiennes et habituelles au temple. Il l'avait même emmenée en ville l'autre jour, pour rendre visite aux malades de l'hôpital d'Iziz tandis que lui avait à faire ailleurs, dans le même coin. Mais depuis que le jeune homme était revenu au Temple, un mois plus tôt, c'était la première fois qu'il lui proposait un rendez-vous en vue de passer du temps ensemble, et, aussi, de lui parler d'un sujet important, avait-il dit... Nahla se demandait de quoi il pouvait bien s'agir.

"Ah... c'est pour me parler de mes plantes que tu voulais me voir...?" le taquina-t-elle en réponse à sa réflexion sur la place restant dans le petit appartement de Galian. Puis, plus sérieuse, tandis qu'elle se dirigeait vers la cuisine, elle ajouta:

"Maître Amaliël m'a dit que tant que l'on pouvait circuler, ça allait. Et comme il n'est jamais là ou presque... ça ne le dérange pas."

Le sourire de Nahla s'était fait plus amer à ces paroles, mais elle prit sur elle, une fois de plus, et changea aussitôt de sujet, affichant à nouveau un sourire radieux, le ton de sa voix ne laissant plus en rien transparaître ce que les absences de Galian pouvaient bien avoir comme effet sur elle. Après tout, le chevalier lui faisait confiance. Elle se gérait bien toute seule. Elle ne manquait pas d'auto-discipline et se débrouillait apparemment très bien sans lui. De plus, il était parvenu, par une habile manœuvre, à la faire se rapprocher d'un autre maître jedi, Laksh'mi. Et si cette dernière n'avait pas encore pris Nahla comme padawane, officiellement, elles étaient en tous cas devenues amies. La présence et les attentions de la togruta à son égard faisaient réellement du bien à l'adolescente, mais ne lui faisaient pas oublier pourquoi ce n'était pas Galian lui-même qui s'occupait ainsi d'elle.

"J'ai acheté de quoi déjeuner, hier, au marché. J'espère que tu as faim!"

L'invitant à s'asseoir à la petite table de la minuscule cuisine, la miraluka dressa le couvert et sortit des armoires et du frigo de quoi déjeuner comme un roi pour deux personnes. Après dix ans de repas communs à la cantine du temple, l'adolescente savait ce qu'aimait manger son ami, et s'était donné la peine d'acheter tout ce qu'il aimait, justement. Elle même s'assit en face de lui une fois la table mise et rien ne manquant, lui souhaitant un bon appétit, puis:

"Alors, de quoi souhaitais-tu me parler, Joclad?"

Ses mains posées sur la table, l'une d'elles chipotant distraitement avec un bracelet qu'elle portait au poignet opposé, Nahla était toute ouïe. Laissant les fines lanières de cuir entrelacées de pierres semi précieuses aux tons roses, verts et turquoises tranquille, elle attrapa un bout de pain et un peu de fromage, invitant Joclad à se servir lui aussi, tout en attendant sa réponse. Quel sujet l'amenait-il donc ici? De quoi voulait-il lui parler qui soit suffisamment important pour qu'il prenne rendez-vous pour cela, au lieu de simplement aborder le sujet durant une pause d'après repas au parc du temple, par exemple? Ce devait être fort important... Ou trop personnel pour qu'il ne souhaite prendre le risque d'en parler à portée d'oreilles indiscrètes.

Toujours de si bonne humeur, apparemment. Faut dire, je ne l'avais jamais vu de mauvaise humeur. Ou alors, je préférais ne plus m'en souvenir, car cela avait souvent un lien avec des mauvaises passes que nous voudrions tous oublier -L'histoire sur Bandomeer, par exemple-. Enfin, dans mon cas, surtout. En fait, je ne voulais pas passer pour un sauveur ou quoi que ce soit du genre. Car si j'avais réellement agi selon le Code -heureusement que je fais des exceptions-, Nahla serait toujours au fond de cette mine, ou aurait rejoint la Force à l'heure qu'il est.
J'étais encore ailleurs, en train de réfléchir, comme toujours. Sa réplique à ma question passa donc, l'espace de quelques secondes, dans le vent. Le temps que je réagisse et je répondais aussitôt, cherchant à surenchérir -de façon guère sérieuse- sur la question.

- Et pourquoi pas ? Tu sais, t'as déjà vu ma chambre. A part un pot de fleurs, il y a pas beaucoup de verdure. Pourtant, il y a guère plus de place !

Quand à parler de maitre Amaliël, j'avais ma propre opinion sur la question. Et je ne comprenais pas pourquoi il était si rarement présent. Mais en y repensant, auparavant, je n'étais guère présent au Temple non plus. Mais lui, on dirait que c'était volontaire. Comme si il voulait s'en éloigner, qu'il refusait l'évidence même qui devait se montrer dans son esprit. Bon, après, je n'étais pas dans sa tête pour autant, et ce pouvait très bien être pour une raison radicalement différente.
Mon regard finit par se reporter sur elle, alors qu'elle m'invitait à prendre un chaise. Nahla marquait un point; j'avais faim, très faim. Comme tout les matins ! Après, dans la journée, je mangeais le strict nécessaire, soit peu. Le pire, c'était qu'à force de manger ensemble tout les matins, elle savait ce que je préférais. Aussi donc, je ne fus guère étonné de trouver tout ce que j'aimais.

La regardant se servir, je réfléchis à la meilleure façon de lancer le sujet. Si j'y allais trop brusquement, cela n'allait rien donner. la preuve, Dakin n'avait toujours pas réussi. Quand à moi, je n'avais jamais essayé de m'aventurer dans les détails du sujet. J'en avais gratté la surface, une ou deux fois, mais guère plus. Prenant un croissant, je le coupais en deux à la force de main -ce n'est guère dur, en fait-, posait une moitié et gardait l'autre dans ma main droite.

- Tu sais, sur Bandommeer, j'ai longuement réfléchis. Réfléchis au sujet de ce qui s'était passé avant, mais aussi, au final, de ce qui s'était passé lorsque tu est venue me rejoindre. Et cela m'a fait rebondir sur un sujet que j'avais en tête depuis très longtemps. Je n'avais rien dis sur le sujet car je respecte ton choix, mais après ce qui s'est passé sur Bandomeer, je n'ai pas arrêté d'y penser.

A cet instant, je reposais le morceau de croissant, portant ma main gauche au niveau de ma hanche pour y attraper mon sabre laser, que je posais sur la table. Puis, avec un peu d'hésitation, je reprenais.

- Je voulais te parler de ça. Je n'en sais que trop bien que tu refuses de porter une arme. Je sais que l'on peut s'en servir pour tuer, ce qui est contre la philosophie Jedi. Mais tu l'as vu toi-même sur Bandomeer. Sans lui, tu fais office de cible facile, trop facile. Je ne remets pas en question le fait que tu saches de défendre, au contraire. Mais il faut que tu es conscience que le sabre n'est pas forcément une arme au sens propre du terme, ne servant qu'à faire le mal. C'est aussi un objet de dissuasion. Le simple fait de l'avoir sur toi peut suffire à mettre fin à certains affrontements.

J'espérais avoir touché quelque chose. Prenant un morceau de croissant, je pris le temps de le manger avant de tenter de conclure.

- Ce que je veux dire, c'est que tu n'es pas obligé de te servir de ton arme pour attaquer, mais aussi pour te défendre, tout simplement. Il y a des techniques de combat basées sur la défense, dont le but est d'attendre que l'adversaire s'épuise. Après, je dis ça je dis rien. Mais à présent, après ce qui s'est passé, je m'inquiète. Et j'espère que tu me comprends.

Jusque-là souriante, Nahla se raidit lorsque Joclad posa son sabre laser sur la table, puis davantage encore au fur et à mesure des paroles de son ami, ensuite. Ce sujet-là... Elle lui avait déjà expliqué, pourtant, par le passé. Il savait qu'elle se refusait à toute forme de violence! Arborer une arme, même sans s'en servir, cela éviterait certains ennuis, certes, mais en attirerait d'autres, de toutes manières. Cependant, elle comprenait que son ami s'inquiète ainsi pour elle, surtout après leur regrettable anecdote sur Bandomeer. Déglutissant, elle inspira profondément avant de répondre, cherchant ses mots et la meilleure manière de lui répondre. Lui semblait apprécier ce déjeuner, et elle s'en réjouissait. Après tout, elle s'était donné du mal, pour lui faire ce plaisir. Manquerait plus qu'il n'en profite pas! Mais elle n'avait plus faim, elle. Aussi se contentait-elle de "le regarder" manger.

"Je comprends que tu t'inquiètes pour moi, Joclad, et j'en suis sincèrement touchée et désolée à la fois. Touchée, car c'est bon de savoir que certaines personnes tiennent à moi de la sorte. Désolée parce que je ne souhaite inquiéter personne, encore moins attirer d'ennuis à qui que ce soit. Je t'en ai attiré, sur Bandomeer, et j'en suis navrée, vraiment."

Elle culpabilisait toujours. Oh, bien sûr, la désobéissance de Joclad aux maîtres et le fait qu'il l'ait sauvée malgré tout avait créé en lui un déclic lui permettant de reprendre du poil de la bête après le décès d'Ilia Herambra! Mais cela aurait pu lui coûter cher, et Nahla le savait. Si elle ne s'était pas montrée aussi inconsciente...

"Je te promets de m'entraîner plus dur encore que d'ordinaire. J'ai d'ailleurs déjà commencé... avec Dakin. Mais je lui ai promis de ne rien en dire à personne, aussi, s'il te plaît, ne le répète pas. Je te le dis parce que j'estime que tu as le droit de savoir. Et puis, Dakin est notre ami commun."

Soupirant doucement, Nahla chipotait nerveusement son bracelet, de son autre main. Pas mal comme antistress, l'air de rien, ces petites pierres de tailles et formes différentes, sur ces fins fils de cuir. Comment expliquer la chose? Depuis tant d'années, il la connaissait, pourtant. Il savait pourquoi elle se refusait à la violence... Il savait qu'il s'agissait là d'une promesse faite à ses défunts parents adoptifs, avant qu'ils ne rejoignent la Force. Et maintenant qu'ils l'avaient rejointe, ils ne pouvaient plus libérer la jeune fille de cette promesse. Elle la respecterait à jamais, car Nahla était une personne de parole.

"Personne n'est invulnérable. Personne. Mais je m'efforce de devenir moins vulnérable, via ces entraînements. Si tu le souhaites... Je... Je veux même bien m'entraîner avec toi également... Si tu le souhaites, et promets de ne pas me ménager."

L'ennemi, lui, ne la ménagerait pas. Et en y pensant, depuis qu'il était rentré, Joclad avait pu remarquer de nombreux bleus sur la peau de son amie. Et lorsqu'on lui en demandait l'origine, elle répondait simplement qu'il s'agissait d'entraînements, et donc, rien de grave, mais que des ecchymoses des plus normales. Face à un ennemi véritable, elle aurait à subir bien pire, de toutes manières. Alors, non, Nahla ne voulait pas être ménagée, lors de ces entraînements. Et Dakin ne la ménageait pas. Pas du tout! Mais Joclad... Elle n'avait pas osé lui demander, à lui. Parce qu'elle craignait qu'il la ménage, justement. Ainsi que pour une autre raison: jamais au grand jamais elle ne s'était entraînée au combat, de la sorte, avec qui que ce soit, par crainte de blesser. Pas même avec Galian! Aux cours, elle se contentait d'opposer son bouclier de Force aux coups de ses camarades ou professeurs. Et sinon, elle s'entraînait seule, toujours et irrémédiablement seule, dans la salle d'entraînement disposant d'un appareil d'holosimulation.

"Je m'entraîne dans le but d'être capable de me défendre par d'autres moyens que les armes. L'esquive, la parade, le bouclier de Force... Et je compte bien apprendre d'autres méthodes encore. Mais je ne puis tout apprendre en un jour, ni... apprendre seule. J'ai besoin d'aide, j'en ai bien conscience. En revanche, porter une arme......"

Usant de télékinésie, Nahla renvoya doucement le sabre laser de Joclad à la ceinture de son propriétaire, un léger sourire aux lèvres.

"Arborer une arme, c'est dire à autrui qu'on est un combattant. Je ne souhaite ni le devenir, ni mentir."

L’honnêteté, qualité importante pour la jeune fille, lui faisait mettre un point d'honneur à ne jamais mentir. Or, porter une arme dont elle ne se servirait jamais, pour elle, c'était déjà un mensonge.

Je la vis cesser subitement de manger, et je compris que j'avais bel et bien touché quelque chose. La seule chose que je craignais à présent, c'était d'y être aller un peu trop brusquement. Et pendant quelques instants, je crûs bien l'avoir bloqué. Mais heureusement, elle finit par me répondre. Et en entendant la réponse, je ne pus que laisser apparaitre un triste grimace.
Elle culpabilisait toujours, et cela me perturbait. Au bout d'un mois, j'aurais pensé qu'elle aurait fait table rase sur ce qui s'était passé, comme moi je m'efforçais de le faire avec ce qui s'était passé sur Bandomeer. Mais visiblement, ce n'était pas le cas. Je ne lui en voulais pas le moins du monde pour ce qui s'était passé, parce qu'en réalité, tout était partit d'une erreur de jugement de ma part.

- Nahla.. Je t'ai déjà expliqué que je ne t'en tenais pas rigueur, car en réalité, tout est partit de ma faute. Je n'ai pas réfléchis, et t'as laissé seule dehors alors que je connaissais les risques. Si quelqu'un devait avoir quelque chose à se reprocher, ce serait bien moi, et non toi. Toi, au contraire, tu n'as pas commis d'erreur. En tout cas, pas en ma présence. Le reste, je n'étais pas là pour voir.

J'esquissais un léger sourire pour appuyer mes propos, alors que je décidais de laisser le petit-déjeuner à plus tard. Puis, j'écoutais la suite. Je ne pouvais point affirmer ou infirmer ses propos quand au fait qu'elle s'entrainerait plus dur que d'ordinaire, car à part les exercices en groupe, je ne l'avais jamais vraiment vu s'entrainer. Mais je me dressais soudain, lorsqu'elle parla de Dakin, et je ne pus retenir ma langue sur le sujet.

- Tu.. tu t'es entrainée avec Dakin ?!

Soudain, la vérité m'apparut. Tous ces bleus sur son corps, c'était la faute de Dakin. L'ayant déjà vu a l'œuvre, dans la réserve de pièce détachée, j'avais de quoi m'inquiéter. Mais en même temps, je me disais que c'était peut-être un moindre mal. Après tout, moi aussi j'avais reçu mon lot d'ecchymoses quand j'étais plus jeune. Et même encore aujourd'hui, quand j'y repense. Il n'y avait qu'a regarder récemment, avec Hopeful par exemple.

- Compte sur moi, je ne le répèterais pas. Tu me connais.

Là, je finis par prêter attention au bracelet que chipotait Nahla. C'était quelque chose de nouveau, n'ayant pas le souvenir de l'avoir vu auparavant. Finalement, donc, elle avait accepté d'avoir des objets personnels autre que le "strict nécessaire". Cependant, je relevais mon regard, haussant les sourcils devant la surprise. Jamais, et je dis bien jamais, elle ne m'avait dit cela auparavant.

- Tu.. Tu veux t'entrainer avec moi ? Je croyais que tu refusais, justement parce que tu refusais de faire du mal aux autres. Mais soit, si tu veux, je te prends aux mots. Je t'aiderais comme je peux. Nous nous entrainerons ensemble. Ce sera certainement moins âpre qu'avec Dakin et ses techniques.. originales.

Finalement, je regardais avec attention mon sabre retourner à sa place. Il était vrai qu'elle marquait un point. Nos deux points de vues se valaient. Et en plus, elle marquait un point de plus.

- Nahla. Je sais pourquoi tu refuses de porter une arme. Tu me l'as expliqué il y a de ça un moment. Cependant, et tu le sais, j'en suis sûr, qu'il y a des promesses que l'on ne peut pas tenir. Et celle-là, je suis presque sûr qu'elle en fait partie.

"Je ne pense pas qu'elle soit impossible à tenir. Mes parents m'ont élevée ainsi, Joclad. Ils auraient sans doute étés fiers de moi, s'ils avaient pu me voir aujourd'hui, sur la voie des jedis. Mais pour eux, la paix ne s'obtenait pas par la violence, et je suis du même avis. J'y passerai des années, ma vie entière s'il le faut, mais je veux parvenir à prouver qu'ils avaient raison. J'en suis moi-même intimement et profondément convaincue. Seulement... je sais qu'il me sera impossible d'y parvenir sans aide."

Inspirant profondément, la jeune fille réfléchit. Comment expliquer la chose, et ce qui l'avait menée à se faire cogner de la sorte par le blondinet?

"Il y a deux semaines environs, à la cantine, j'avais taquiné Dakin, je ne sais pas si tu te souviens..."

Ce soir-là, à la cantine, Nahla s'était amusée à soulever l'arme de leur ami commun par télékinésie, et elle et Joclad avaient bin ri à observer celui-ci sauter pour tenter de la récupérer. "Eh bien, il faut avouer que pour quelqu'un prétendant que je me ferais dévorer toute crue face au premier sith qui passe, Dakin, pour le moment, c'est moi qui mène, je me trompe?" avait alors dit la demoiselle. Ce à quoi Dakin lui avait répondu que s'il ne lui avait pas envoyé son poing dans la figure, c'était par crainte de lui faire mal, et cette réplique avait fait tiquer la padawane. La ménageait-on de trop? Était-elle réellement préparée à affronter sa vie de jedi, un jour, ou bien l'épargnait-on de trop ici, au Temple, et se retrouverait-elle complètement perdue, désemparée et incapable de se défendre une fois adoubée jedi? Si elle l'était seulement un jour!

"Je lui avais alors proposé un entraînement pour le lendemain. Sans mon bouclier. Ce combat m'a appris certaines choses, et depuis, je lui ai demandé de réitérer l'expérience après nos cours, le soir, quand il le pouvait. Parce que si je ne suis pas capable de me défendre face à lui, comment pourrais-je me défendre face à un ennemi réel? Donc voilà. Je... prends sur moi, et m'efforce de demeurer aussi pacifique que possible. Je cherche à esquiver, parer, et mettre l'adversaire hors d'état de nuire sans le blesser et sans pour autant avoir une arme, moi.

Voilà... C'est... ce genre d'entraînement que je te propose, si tu le veux bien. Mais comme dit... C'est à la condition expresse que tu ne me ménages pas. Un ennemi véritable ne m'épargnera pas. Pour me préparer à cela, il me faut donc des adversaires qui ne m'épargnent pas non plus."

Joclad la protégeait, presque toujours, depuis qu'ils se connaissaient. Il savait la santé de son amie fragile, tout comme sa constitution. Il savait également que lorsqu'on se moquait d'elle ou qu'on l'embêtait, elle ne se défendait pas. Elle aimait trop la paix pour cela et savait se montrer humble assez que pour encaisser des plaisanteries parfois plus que douteuses à son égard. Alors, quand quelqu'un s'en prenait à elle, en général, il la défendait. Pourtant, il savait qu'elle aurait pu se défendre elle-même. Leur première rencontre en étant la preuve: elle l'avait défendu contre une bande de garnement, des padawans qui ne l'étaient sans doute même plus aujourd'hui au vu de leur état d'esprit et comportement. Nahla possédait nombre de ressources, sous son apparente fragilité, dont un coeur "grand comme ça", comme on dit, du courage, et une qualité qui pouvait aisément devenir un défaut: elle était entêtée comme pas deux. Lorsqu'elle se vouait à une tache, elle ne l’accomplissait jamais à demi. Lorsqu'elle tenait à un principe, elle le défendait envers et contre tout et s'y attachait tant et tellement qu'il semblait impossible de la faire changer d'avis. Comme c'était le cas concernant son vœu de pacifisme. Aussi précisa-t-elle à Joclad, qui lui rappelait la raison pour laquelle jamais elle n'avait accepté de s'entraîner avec lui sans son bouclier, auparavant:

"Ne te méprends pas: je n'ai aucune intention de te porter le moindre coup durant ces entraînements. Du mmoins, aucun coup pouvant te blesser. Juste de quoi, si possible, te mettre à terre et hors d'état de nuire... sans te nuire, moi. Je n'y arriverai sans doute pas du premier coup, ni à chaque fois... Mais c'est bien là le but de cet entraînement. Je dois y parvenir. Il le faut, je n'ai pas le droit d'échouer. Alors, ce sera avec Dakin, puis d'autres adversaires plus forts, et ainsi de suite. Je ne veux peut-être pas porter ni utiliser d'arme... mais je ne resterai pas sans rien faire non plus."

Elle savait bien ce que certains pensaient d'elle, au temple. La pacifiste saint-ni-touche, chouchoute des maîtres en cours, l'élève studieuse qui passait sa vie le nez dans des bouquins, des holocrons, mais qui sur le terrain se ferait bouffer toute crue par le premier sith ou autre vilain passant par là... Or elle n'était pas ainsi. Et, persuadée de pouvoir concilier ses devoirs de jedi et la promesse faite à ses parents, Nahla travaillait dur. Elle s'entraînerait encore et encore davantage s'il le fallait, encore et encore et encore... Elle ne se ménagerait pas. Alors, il ne fallait pas que ses amis la ménagent, eux non plus. Ce ne serait pas lui rendre service. Elle le savait, et ils le savaient très certainement eux aussi.

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[HRP: Pour le rp avec Dakin c'est [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]! L'anecdote à laquelle a assisté Joclad s'y trouve décrite au début de mon tout premier post dans le sujet si tu souhaites davantage de détails. ]

- Je sais Nahla, mais c'est justement là que se trouve le problème. Plus tard, si tu deviens Chevalier Jedi, et tu sais ô combien je te le souhaites, il arrivera forcément un moment où tu te retrouveras seule, sans aide. A ce moment là, il sera trop tard. C'est là que je veux en venir : A l'avenir, tu n'auras pas tout le temps quelqu'un à tes côtés.

Je laissais mon regard flotter à travers la pièce. Mon esprit fonctionnait à vive allure, cherchant un moyen de la convaincre. Mais elle était trop têtue -c'est réciproque, me diriez-vous-, et l'espoir de lui faire entendre raison semblait vain. A cet instant, j'aurais bien aimé la présence d'un Maitre, afin de confirmer mes dires, ou de les réfuter, par la même occasion.

- Enfin.. Si tu ne souhaites pas entendre raison, ce n'est pas grave. J'aurais donné mon avis sur la question, et cela de manière franche. Mais cela n'entache en rien l'estime et la confiance que j'ai en toi.

Puis, les souvenirs de l'évènement dont Nahla me parlait refirent surface, et un léger sourire de satisfaction se dressa sur mes lèvres. Ce moment fut en effet assez hilarant, sur le moment. Mais embêter Dakin était en soi une erreur, à mon avis. Non pas que je le craigne, bien entendu, mais plutôt parce que cela ne l'aiderait pas à arranger son caractère. Car oui, même s'il était mon ami, je ne pouvais pas nier qu'il se révélait trop impulsif.
Acquiesçant, j'écoutais la suite, sa description des entrainements qu'elle avait avec Dakin. C'était une bonne chose pour elle, mais aussi pour lui. Mais de là à dire qu'ils 'agissait de la meilleure solution, je n'étais pas le meilleur sur le sujet. Cependant, une chose était, selon moi, évidente.

- C'est justement ce que j'ai essayé de te faire comprendre Nahla. Cependant, en agissant ainsi, ne serait-ce qu'en esquivant, tu t'impliques dans le combat. Et cela même si tu tentes de l'éviter. Donc en quelque sorte, tu as déjà rompu la promesse que tu avais faites. Deuxièmement, en refusant d'utiliser un sabre face à Dakin, tu te met volontairement en difficulté, car tu ne t'entraines pas à arme égale. Tu joues avec les probabilités, et plus tard, se sera avec ta vie. Je sais pas si tu comprends.

Quand a ce qui me concerne, lors des entrainements, je n'ai jamais cherché à ménager mon adversaire. Même si j'usais surtout de tactique défensive, je ne me retenais pas. Et cela, Nahla devrait pourtant le savoir depuis le temps. Mais parfois, des rappels peuvent s'avérer nécessaires.

- Personnellement Nahla, et tu le sais bien, je me considère comme dans un vrai affrontement, lors des entrainements. Je m'imagine sur le terrain, et cela permet de m'immerger au mieux dans le combat. Tu pourras demander à qui tu veux, je ne suis pas du genre à ménager mon adversaire. Tu ne veux pas que je t'épargnes, cela ne me pose pas de problèmes. Je n'en pensais pas moins. Ensuite, j'ai déjà été blessé lors des exercices, cela fait partie du jeu. Alors toi aussi, tu ne dois pas m'épargner. Et c'est justement là que je veux en venir. Toi tu cherches à désarmer l'adversaire, et bien figure toi que moi aussi, avec mon sabre. Je m'en sers pour me défendre. C'est comme le bouclier de Force que nous pouvons tout deux dresser.

Je parlais un peu trop, et je ne pus m'empêcher de prendre un peu de thé. Je n'en étais pas un grand adepte, mais c'était ce que je prenais tout les matins. Une sorte d'habitude. Buvant une gorgée, je repris, et sur un sujet radicalement différent.

- Et sinon, quoi de nouveau ces derniers temps ?

De ce qu'avait pu lui dire Joclad jusqu'ici, une phrase en particulier fit tiquer Nahla. "C'est là que je veux en venir : A l'avenir, tu n'auras pas tout le temps quelqu'un à tes côtés." Que s'imaginait-il? Qu'elle l'ignorait, se faisait de jolis films tout roses sur leur avenir de jedis? Il se méprenait. Ce n'était pas une aide pour vaincre l'ennemi, qu'elle lui demandait là, et les entraînements qu'elle proposait consistaient à lui apprendre à se débrouiller seule, elle, justement! Lui, Dakin, et leurs autres camarades s'y entraînaient régulièrement en cours, en plus de posséder une arme et de savoir s'en servir, eux. Nahla, elle, ne s'était jamais entraînée que seule. Elle savait ce dont elle était capable face aux ennemis que pouvait lui opposer le système d'holosimulation, dans la salle d'entraînement prévue à cet effet, mais cela demeurait des simulations holographiques, justement. Le niveau de difficulté était réglable, mais quand bien même, cela n'équivalait pas aux assauts d'un ennemi véritable, en chair et en os, pensant non pas comme un ordinateur mais comme un être vivant.

"J'ai tout à fait conscience que vous ne serez pas toujours là pour me défendre, Joclad. Je pense que tu te méprends sur mon but concernant ces entraînements. J'ai besoin d'aide, non pas pour affronter l'ennemi, mais me former, moi, à lui faire face tout en respectant mes convictions. Je reste persuadée que ce n'est pas impossible. Tu n'es pas obligé d'accepter, mais si tu acceptes, sache qu'il s'agira pour toi, non pas de te battre à mes côtés, de m'épauler, de me protéger ou quoi que ce soit du genre, mais bel et bien de m'attaquer, en usant de toutes tes ressources. Ce que je cherche, ce sont des adversaires contre lesquels m'étudier, analyser ce qu'il m'est ou non possible de faire, et face auxquels je pourrai progresser en matière d'auto-défense, d'une part, et de mise hors d'état de nuire de l'adversaire, d'autre part."

Elle parlait toujours aussi posément - en même temps, même Joclad ne l'avait jamais entendue hausser le ton en dix ans d'amitié - mais l'on pouvait malgré tout déceler une note d'anxiété dans le ton de sa voix. Son sourire, toujours aussi doux, dénotait également de ce sentiment. Avait-il compris ce qu'elle attendait de lui, l'aide qu'elle lui demandait exactement, cette fois? Et si oui, allait-il accepter?

"En esquivant et en parant les coups, je ne brise pas la promesse que j'ai faite. Et si je refuse de rompre cette promesse, j'espère que mes parents, d'où qu'ils soient aujourd'hui, approuveront mon idée sur la question. A savoir que je puis - j'en suis convaincue - mettre à terre un adversaire sans le blesser réellement. Il me faut juste beaucoup d'entraînements, et la complicité d'amis qui accepteront de m'entraîner ainsi..."

Elle soupira et se remit à chipoter avec le bracelet, puis avec ses cheveux, comme elle le faisait lorsqu'elle se sentait nerveuse ou anxieuse, incertaine. Face à Dakin, Nahla s'était bien défendue. Avait-elle réellement trahi sa promesse en le mettant à terre? Après tout, il n'avait pas souffert du moindre mal, sinon un bleu, peut-être, et encore. Elle s'était contentée de le mettre à terre en lui bondissant dessus pendant que lui l'attaquait, profitant de ce fait et de la garde baissée de son adversaire pour "attaquer", elle. Sauf qu'elle n'attaquait pas vraiment. Quelques bleus, pour mettre un ennemi au tapis, alors que tout autre aurait riposté à coups de sabre laser - ou une autre arme d'ailleurs - ce n'était rien, si? Pouvait-on vraiment considérer cela comme des blessures?

Pour en arriver à ce résultat, avec Dakin, l'adolescente avait du travailler son propre mental, prendre sur elle-même, et s'auto-raisonner. Ce fut rude. Elle peinait à la simple idée de porter le moindre coup à qui que ce fut. Et pourtant, elle avait riposté. Elle s'était défendue. Elle avait mis Dakin au tapis. Et il n'avait pas souffert la moindre blessure. Il avait entamé ce combat armé, tandis qu'elle était désarmée. Elle en était donc capable. C'était faisable. Il lui faudrait juste beaucoup d'entraînements, désormais, et si possible, la complicité et l'aide de personnes de confiance.

La dernière question de Joclad changeant le sujet du tout au tout, Nahla se sentit quelque peu désorientée. Il avait lui-même amené le sujet sur le tapis; ne voulait-il pas le continuer avant de passer à autre chose? Ou bien l'entêtement de son amie l'agaçait-il plus qu'il ne le laissait paraître...?

"Je... P... Pas mal de choses. J'ai passé une soirée entière à nettoyer la cantine du temple suite aux péripéties des jeunes fans d'un Dakin inspiré, tout en bavardant avec le maître Tianesli. J'ai accueilli un nouveau padawan au temple il y a une quinzaine de jours. J'ai croisé un gungan en plein marché d'Iziz tandis que j'y faisais quelques courses. J'ai réceptionné dans les bras un padawan du nom de Hopeful qui tombait d'une des tours du temple tandis que je passais dessous, dans le parc, et j'ai failli me faire dévorer par je ne sais trop quelle bestiole dans la jungle ensuite. J'ai médité plusieurs jours le temps que mes côtes fêlées et ma cheville foulée me fassent un peu moins souffrir. J'ai mis Dakin au tapis et plusieurs fois réitéré l'exercice depuis, et vice versa d'ailleurs - non, non, je ne gagne pas toujours! - mais ça, il ne faut pas le répéter, sur requête expresse de Dakin lui-même. J'ai parlé politique avec Orme. Et je suis allée en ville rendre visite aux malades, à l'hôpital, tandis que tu avais une course à faire à Iziz... Hummm... Je crois que c'est tout. A part le train train quotidien des cours et entraînements, cela va de soi!" conclut-elle, un sourire amusé aux lèvres, à demi taquine. Oui, ce mois-ci fut particulièrement riche en rebondissements!

- Excuse-moi, je pensais avoir compris autre chose. Seulement, je ne pense pas être, et je ne suis pas, le meilleur pour te former Nahla. C'est pour cela qu'il y a des Maitres. Ils sont là pour nous aider. Certes, la plupart du temps, en retournant je ne sais combien de fois la question, mais ils nous aident. Cependant, si tu y tiens absolument, j'ai pas mal de temps libre en ce moment. Alors je t'aiderais avec plaisir. Mais il faut que tu saches, même si je suis sûr de t'en avoir déjà parlé, mais je ne suis pas doué pour l'attaque. Enfin.. si, mais ça remonte à trop longtemps, à une période où j'étais enclin à l'énervement et où l'on profitait de cette faiblesse.

Je m'arrêtais un instant, me replongeant dans des souvenirs si lointain, où je ne me reconnaissais plus vraiment. Je n'étais plus aussi agressif en combat depuis que j'avais quitté le Temple pour la première fois. Il faut dire que peu de temps avant, sous les yeux de celle qui allait être mon maitre pour plusieurs années, je n'étais pas passé loin de bruler une partie du corps de mon adversaire.

- Tu sais ce qui a faillit arriver à Gruun il y a de ça environ sept ans. Je voudrais éviter de m'emporter autant. Mais si c'est ce que tu veux vraiment, alors soit. Allons-y.

Et puis, qui sait, ce pourrait-être un excellent moyen pour prouver qu'elle avait tort. Ou bien ce sera le contraire.
Puis, elle s'élança sur le sujet suivant, visiblement quelque peu déboussolée par ce changement radical. Mais je sentais que c'était une impasse, alors pourquoi s'éterniser sur quelque chose qui ne mènerait à rien. Cependant, je réagis facilement au premier élément.

- Tu as discuté avec maitre Tianesli ? Et Dakin, il a fait quoi pour mettre la cantine à mal ?

Décidément, Dakin ne s'arrêtait jamais et ne cessait de m'impressionner. Il ne manquerait plus qu'il est raconté l'histoire avec le droïde dans la réserve et qu'il est voulu mimer le combat en exagérant sa participation en la rendant héroïque, bien entendu. En fait, je crois que la seule façon de calmer le tempérament de mon ami Corellien serait de lui flanquer un Maitre en permanence.

Puis, j'écarquillais les yeux lorsqu'elle parla d'Hopeful. Tombé d'une des tours du Temple ?! Je manquais de m'étouffer en entendant une telle chose.

Reprenant ma respiration, je me demandais qu'elle mouche avait piqué Hopeful pour tomber d'une des tours du Temple. L'exercice était difficilement réalisable, car il fallait déjà monter tout là-haut. Et puis Nahla s'en sortait plutôt bien avec de telles blessures. Elle aurait très bien pu y passer en le rattrapant.

Mais cela me faisait aussi sourire. Comme quoi je n'étais pas le seul à faire sortir les guérisseurs de leurs gonds avec mon habitude de me retrouver au centre médical.

- Hopeful, tu connais Hope ?

Repensant à la période durant laquelle Gruun embêtait Joclad sans relâche, Nahla sourit. Le padawan d'alors était effectivement bien différent de celui d'aujourd'hui. Autrefois, il n'en était peut-être pas au point de Dakin, mais pas loin, impulsif et réagissant toujours au quart de tour à la moindre provocation. Oh, bien sûr, Joclad demeurait chatouilleux à certaines piques, mais bien moins qu'avant! Il s'était assagi avec le temps. Parfois, même, Nahla le trouvait presque trop sage. Après tout, sous ses airs de fille raisonnable et réfléchie, la demoiselle dissimulait un esprit taquin. Elle aimait plaisanter, et si elle ne le démontrait pas trop en public, elle se privait moins en privé, avec ses proches. La moustache dessinée sur le visage de Joclad, quelques années en arrière, en était une preuve. Bon, certes, elle ne se permettait pas tous les jours ce genre de farce. Ils avaient grandi. De garçon, il était devenu jeune homme, la dépassant d'ailleurs en taille d'une bonne trentaine de centimètres, tandis qu'elle quittait lentement l'enfance elle aussi pour devenir jeune fille. Oui, le temps les avait changés, et pourtant... ils restaient pareils à eux-mêmes, aussi.

"Écoute, c'est une simple proposition. Si tu préfères éviter, je comprendrai, et chercherai d'autres adversaires. C'est juste que j'ai davantage confiance en toi. Mais je ne t'en voudrai pas si tu refuses."

Lui adressant un sourire doux et sincère, rassurant, Nahla laissa donc tomber le sujet. S'il souhaitait l'aider, il savait comment, désormais, de toutes manières. Il n'aurait qu'à lui dire quand et où, et elle le rejoindrait pour s'entraîner ainsi. Sinon, elle se contenterai pour l'instant de ses entraînements avec Dakin, puis, lorsqu'elle sentirait le moment venu, elle irait demander de l'aide à l'un ou l'autre maître, sans doute, oui. D'ici-là, elle avait le temps.

"Alors, pour te répondre dans l'ordre..."

Entamant enfin le petit déjeuner, elle aussi, Nahla se servit un verre de jus de fruit, et beurra un petit pain. La chambre de Galian avait cela comme avantage, de permettre davantage d'indépendance que la chambre de padawan de Nahla, dépourvue du moindre moyen de cuisiner, elle. A noter que les autres chevaliers n'en bénéficiaient pas nécessairement, mais Galian s'était fait installer ça, un jour, modifiant son flat à sa convenance. Autrefois, sa chambre consistait en une grande pièce avec un lit, un tapis de méditation et une grande armoire, doublé d'une petite salle de bains. Mais au décès de son second padawan, il ne supporta plus de vivre au milieu de ses semblables, et donc, de partager ses repas avec eux. Il n'aimait pas non plus que l'on puisse voir, d'un seul regard depuis le couloir extérieur, l'intérieur du seul lieu un minimum privé et intime où il pouvait se sentir vraiment chez lui. Alors, quitte à se retrouver nanti d'une chambre vraiment minuscule, Galian avait construit deux murs, séparant sa chambre en trois pièces. Ainsi sa minuscule cuisine avait-elle vu le jour, ainsi qu'un hall d'entrée encore plus petit, mais ne permettant plus de jeter un coup d’œil chez lui à quiconque passait dans le couloir lorsque la porte était ouverte.

"J'ai discuté avec Maître Tianesli, oui. Je rangeais et nettoyais le réfectoire après qu'une bande de novices aient mis en scène grandeur nature les exploits que leur avait conté Dakin... La nourriture ayant servi de munitions, j'avoue que la scène fut épique, tout comme l'état des lieux ensuite."

Elle sourit, amusée. Nahla ne se plaignait pas d'avoir eu à tout nettoyer. Elle était du genre à voir le côté utile des tâches les plus ingrates plutôt que, justement, leur côté ingrat. Ce jour-là, elle s'était elle-même portée volontaire pour tout ranger et nettoyer. Même si, un peu plus tard, Léonard avait débarqué armé de trois novices coincés pour leur bêtise...

"Maître Tianesli voulait cuisiner, ce soir-là, pour le lendemain. On a donc bavardé un peu tout en travaillant chacun à nos tâches respectives. Quant à Hopeful... Je te retourne la question! J'ignorais que vous vous connaissiez... Il est fort gentil mais a besoin d'aide. J'espère qu'il trouvera cette aide, surtout. Je lui ai proposé de l'aider, mais il a refusé. Je crois qu'il a peur de lui-même. Je le comprends, sur ce point. Je sais ce que cela fait de vivre en étant terrorisé par ce dont on peut être capable si l'on perd le contrôle."

Nahla soupira doucement. Oui, elle comprenait Hopeful. Mais en même temps, elle savait qu'il devrait bien accepter de l'aide pour s'en sortir. Elle espérait, dès lors, que quelqu'un pourrait lui fournir cette aide, et qu'il l'accepterait.

- Cela ne me dérange pas Nahla. Quand on sera libre tout les deux, nous iront nous entrainer. D'accord ?

Un sourire sincère aux lèvres, j'en terminais avec ce sujet. Je ressassais ces vieux souvenirs, les accueillant plus que les refoulant. Car malgré tout, les remarques déplacés de Gruu à l'époque m'avait stimulé afin de donner le meilleur de moi-même. Je voulais être le meilleur, je voulais être devant lui, pour lui prouver qu'il avait tort à mon sujet. Lors des entrainements en commun, face à face, il tentait toujours de me déstabiliser, de me pousser dans mes retranchements afin de susciter ma colère. Et lorsqu'il n'y arrivait pas, que je l'agaçais, le regardais s'épuiser, je considérais cela comme mes premières victoires. Non pas contre mes adversaires, non. Battre Gruu ne me satisfaisait en rien. Ces victoires, c'était contre moi-même.

C'est pour cela que je m'entendais bien avec Dakin, par exemple. Car me rappelait ce que j'étais il y a de ça plusieurs années. Impulsif, réagissant à la moindre des provocations.

Dakin.. en pensant à lui.. On le quittait cinq minutes des yeux et les problèmes survenaient presque immédiatement. Sauf que le coup de la bataille à la cantine, il ne me l'avait jamais encore fait. Mieux encore, je n'avais jamais entendu son nom dans des affaires comme celles-ci. A vrai dire, cela me faisait penser à mes passages à la cantine, plus jeune, encore une fois avec Gruu. Lorsque ce dernier trouvait cela amusant de me lancer des fruits sur ma table depuis la sienne. Jusqu'au jour où j'avais répliqué et qu'il en avait prit un en pleine poire. Je crois que ce coup là, il ne me l'avait jamais pardonné. Un peu comme l'évènement à l'origine de cette haine à mon égard, dans les escaliers. Il n'avait jamais voulu admettre que je l'avait bousculé après avoir trébuché sur une des marches.

- J'aimerais biens avoir quels étaient ces exploits, histoire de rire un peu..

Dakin savait raconter des histoires plus folles que les autres. Et je ne m'en lassais que rarement. Non pas que j'étais fasciné par ces dernières, mais plutôt par sa capacité à exagérer les choses. Bon, à moi aussi il m'arrivait d'exagérer la situation. C'était un réflexe naturel que je connaissais bien, et que je corrigeais presque instantanément à chaque fois.
Puis, ce fut au tour de maitre Tianesli. Et je devais bien dire que je n'étais qu'à moitié surpris en apprenant qu'il cuisinait. En fait, ce n'était pas ça le plus surprenant, mais plutôt qu'il fasse cela dans la cuisine de la cantine ! Après tout, en regardant la chambre de maitre Galian, il y avait bien un coin cuisine, ici aussi. A moins que les chambres des chevaliers et des maitres ne soient pas toutes identiques..

- Je ne pensais pas qu'il cuisinait dans les cuisines de la cantine. Me dis pas que c'est lui qui prépare les plats du lendemain ?

Et puis, le chevalier Tianeslli était quelqu'un que j'appréciais. Le fait qu'il soit venu me chercher à l'astroport, lors de mon retour, y était surement pour quelque chose. Du coup, j'aurais voulu savoir le sujet de leur discussion. Connaissant Nahla, il est fort probable que ce fut la philosophie Jedi.. ou bien de la pluie et du beau temps. Mais ce n'était là que des suppositions.
Quand à Hopeful, c'était une longue histoire. Et la rencontre fut en partie mouvementée.

- Et bien oui, je le connais. En fait, on s'est croisé un soir, juste après mon retour. Je n'arrivais pas à fermer l'œil. On a discuté un peu au bord du plan d'eau; tu sais, là où je me pose tout le temps dans le parc. Il m'a parlé de ses problèmes. Il est de Corellia, comme moi. Alors je lui ai donné quelques détails sur notre monde natal, même si je ne me souviens de presque rien. Ensuite, j'ai commis l'erreur d'accepter un entrainement au sabre. Le truc c'est que son sabre, comme le miens, se sont des vrais. Pas des sabres d'entrainement. Du coup, même à puissance minimale, enfin tu vois..

Je me touchais encore le flanc, par réflexe, même si je n'avais ni ne ressentais plus rien depuis déjà plusieurs semaines.

- Au début, ça allait. Le problème, c'est qu'il est entré dans une phase de.. comment dire.. une sorte de transe. J'avais l'impression d'avoir à faire à quelqu'un d'autre. Il y avait ce brouillard aussi. Enfin bref, il m'a tailladé. Heureusement, il s'est rendu compte de ce qu'il faisait, et il s'est arrêté. Sinon, je ne sais pas comment on m'aurait retrouvé. M'enfin, ça prouve une chose, il sait s'en rendre compte et s'arrêter. Il progresse, je pense. Ensuite, il m'a emmené à l'infirmerie. Là, les droïdes voulaient pas nous laisser nous en aller et... on est tombé sur Maitre Wora. Pas elle, lui.

Je plaçais ma main bien en hauteur, pour bien faire comprendre que je parlais d'Ulrich Wora, et non de Lelei. Puis, j'affichais un léger sourire étouffant un léger rire pour ce que j'allais dire.

- On s'est tapé une semaine de méditation avec lui, tout les matins, en signe de "punition". Plus autre chose. Mais ça, c'est sans importance.

Avalant quelques bouchées de son petit pain beurré et tartiné de confiture aux fruits des bois, Nahla écoutait Joclad, tranquille. Elle se sentait bien, détendue, appréciant cet instant d'intimité entre eux, au calme, à parler de tout et de rien. Son emploi du temps toujours tellement chargé ne lui permettait que trop peu souvent ce genre de rendez-vous. Le peu d'amis proches qu'elle avait, Nahla appréciait toujours de passer du temps en leur compagnie. Mais hors des cours, elle ne les croisait que peu, hélas. Joclad avait lui aussi un emploi du temps souvent bien lourd d'activités en tous genres, et Dakin courait partout, littéralement, ne tenant que rarement en place. Galian fuyait le temple plus qu'il n'y vivait réellement. Maître Laksh'mi, avec qui la miraluka s'était liée d'amitié, passait parfois du temps avec elle, mais demeurait elle aussi relativement occupée. Et si la padawane s'entendait à peu près avec tout un chacun, ici au temple, elle n'était pas pour autant proche, vraiment intime avec tous. Joclad étant son plus ancien ami à l'exception de Galian lui-même, elle appréciait donc tout particulièrement de passer du temps à ses côtés comme à l'instant. Joclad la comprenait, la soutenait, la protégeait, l'encourageait... et vice versa d'ailleurs, dans la mesure des possibilités de la demoiselle. Joclad était comme un frère, pour elle. Un complice. Et peut-être même davantage...

Hochant affirmativement la tête à la proposition d'aller s'entraîner ensemble dès lors qu'ils en auraient l'occasion, Nahla revint à la réalité, avalant une bonne rasade de jus de fruits, avant de reposer son verre sur la table. Il ne fallait pas qu'elle pense ainsi. La nostalgie, c'est bien, mais dans une certaine limite! Et puis, c'était quoi, ce picotement soudain dans tout le corps, comme un frisson, et cette sensation à la fois agréable et gênante, au niveau du ventre? Inspirant un grand coup après avoir descendu son verre de moitié, la jeune fille chercha à remettre ses idées en place, ne comprenant qu'à moitié ce qui lui arrivait. Et si c'était ce à quoi elle pensait... il fallait qu'elle cesse immédiatement d'y penser, pour sur!!! Aurait-elle été seule qu'elle se serait giflée pour se remettre les idées en place! Aussi, tandis que Joclad réclamait les récits contés par Dakin le jour de cette fameuse bataille de nourriture à la cantine, Nahla se leva, allant farfouiller distraitement dans les armoires et le frigo, histoire qu'il ne puisse remarquer la rougeur inhabituelle de ses joues... au moins, le temps que ça lui passe.

"Je t'avoue ne pas avoir écouté le récit de ce jour-là. Et à dire vrai, Dakin avait déjà quitté le réfectoire lorsque la bataille de nourriture a commencé. Ce sont les novices, les tout jeunes, qui ont voulu illustrer je ne sais quel exploit qu'il leur avait conté. Tu n'auras qu'à lui demander ce qu'il a bien pu leur retracer comme mésaventure, ce soir-là."

Prenant sur elle comme elle le pouvait, Nahla se rendit compte que le ton de sa voix laissait paraître son trouble. C'était la première fois que ça lui arrivait.

*Pourvu qu'il n'ait rien remarqué! Oh, bon sang...*

Jamais l'adolescente n'avait ressenti pareille gêne en présence de son ami. Jamais. Il lui était bien arrivé de se sentir coupable d'une erreur, d'une bêtise, ou d'autres choses, mais jamais honteuse à ce point, se cachant pour qu'il ne puisse apercevoir son visage! Avec Joclad, Nahla s'était toujours sentie à l'aise, comprise, en confiance. Enchaînant sur la suite des paroles de son ami d'enfance, elle s'accrocha à ce sujet de discussion comme à une bouée de sauvetage. Changer de sujet. Parler de quelque chose qui obnubilerait tant et tellement l'attention qu'il n'en prêterait pas au fait qu'elle lui tournait toujours le dos, s'affairant à il ne savait trop quoi, sur le plan de travail. Oh, bien sûr, elle n'avait pas besoin de tourner la tête dans sa direction pour l'entendre et le "voir", mais... ce n'était pas dans ses habitudes. Nahla prenait toujours soin de fixer son visage dans la direction de ses interlocuteurs, par souci de politesse et de bienséance.

"Je ne sais pas trop, pour Maître Tianesli. Je crois qu'il préparait quelque chose pour le lendemain, oui... Quant à Hopeful..."

Le voilà, son sujet! Ils allaient parler de lui, et elle oublierait vite cette étrange sensation, ces sentiments inconvenants, tandis que lui oublierait tout aussi vite l'étrange comportement de son amie et le ton troublé de sa voix. Parler de quelqu'un d'autre, quelqu'un ayant besoin d'aide, et une aide que Joclad et Nahla pourraient peut-être lui apporter, ensemble: le voilà, le changement de sujet idéal!!!

"Je lui ai proposé de l'aider mais il a refusé. Je crois qu'il craint de me faire du mal à cause de sa perte de contrôle. Mais... Je pense en revanche que ce serait un excellent moyen, pour lui d'apprendre à se contrôler, justement, et pour moi, d'apprendre à esquiver, parer, et si possible, mettre hors d'état de nuire un adversaire sans pour autant le blesser. Nous nous rendrions ainsi mutuellement service. Oh, bien sur, il utiliserait une arme d'entraînement, hein! Vous... êtes un peu fous de vous êtres entraînés avec vos sabres lasers..."

Elle sourit, reprenant le contrôle de ses émotions. Ses joues lui paraissaient moins chaudes, son cœur moins emballé. Alors, elle revint tranquillement s'asseoir en face de Joclad, reprenant son petit déjeuner là où elle l'avait abandonné, avant d'ajouter:

"On pourrait s'entraîner tous les trois, aussi. Et... tu disais, à part la semaine de méditation, quelle punition Maître Wora vous a-t-il donnée...?"

Un sourire amusé aux lèvres, Nahla attendit la réponse à son interrogation, tout en repensant à sa rencontre avec Joclad. Ils avaient tous deux écopé d'une punition, ce jour-là, eux aussi... Une journée entière de méditation, sans pause ni repas. Une journée qu'elle n'oublierait jamais. La journée durant laquelle ils s'étaient rencontrés, et liés d'amitié...

Je fronçais les sourcils en voyant Nahla me répondre sans daigner de me regarder. Cela ne lui ressemblait pas du tout. A l'accoutumée, elle fixait toujours ses interlocuteurs par respect pour eux, même si cela lui était inutile. Or, qui plus est, c'était la première fois où elle se levait brutalement de table sans crier gare. Deux détails inhabituels en moins d'une minute, cela signifiait que quelque chose n'allait pas. Cependant, je ne fis rien si ce n'est laisser mon menton prendre appui sur le dessus de mes deux mains jointes, mes deux coudes apposés sur la table.

Mon regard était rivé sur Nahla, donnant l'impression que j'essayais de lire en elle. Or c'était une chose que je ne savais faire. Ma "machine" s'était remise en route, et une liste d'hypothèses se déroulait déjà dans mon esprit. Avais-je dis quelque chose de déplacé ? Ou bien était-ce totalement hors-sujet ? Etais-je la cause de ce changement brutal de comportement ?
Je la regardais feindre de chercher quelque choses dans les placards, puis dans le frigo, n'esquissant pas le moindre sourire. Au contraire, j'étais consterné. Cela ne lui ressemblait pas. J'avais toujours pensé qu'elle me disait tout, comme je le faisais moi-même depuis dix ans déjà. Devais-je comprendre que ce n'était pas le cas ?

Lorsque Nahla m'expliqua quelle ne savait pas quel était le sujet de la fameuse histoire de Dakin, je sentais qu'elle n'était pas à l'aise; qu'il y avait effectivement quelque chose qui clochait. Laissant échapper un léger soupir, j'attendis poliment qu'elle eut fini de me dire ce qu'elle pensait au sujet de maitre Tianesli, puis d'Hopeful avant de poser la question à cent mille crédits.

- Nahla ? Qu'est ce qui ne va pas ?

Je laissais couler quelques secondes, peut-être une minute, avant de poursuivre, laissant tomber les autres sujets énoncés par mon amie d'enfance. J'étais de nature curieuse, je souhaitais savoir. Bien entendu, si elle ne voulait rien dire, je forcerais un peu puis je finirais par l'accepter, comme toujours.

- Cela se remarque dans ton comportement. Tu as toujours regardé tes interlocuteurs par le passé. Tu es perturbée, et il ne faut pas être un Maitre pour le remarquer. Alors ne me dis pas que ce n'est rien, car je sais que ce n'est pas vrai.

J'avais quitté ma position de réflexion, gardant une légère grimace d'incompréhension sur mon visage. A dire vrai, j'avais besoin de m'étirer, mais je ne fis rien si ce n'est me redresser sur ma chaise, par politesse. Etirer les bras était mal vu la plupart du temps. Je finissais par me remémorer les explications de Nahla, tout d'abord au sujet de maitre Tianesli. Et finalement, j'esquissais un sourire en tentant d'imaginer la scène.

- Si c'est maitre Tianesli qui fait la cuisine pour le lendemain matin, je comprends pourquoi c'est toujours aussi délicieux !

Qui plus est, changer de sujet était peut-être la meilleure chose à faire, en fait. Je ne tenais pas à la prendre dans un feu croisé dont elle n'arriverait pas à se remettre avant la fin de la journée. Du coup, je rebondissais sur les pensées de Nahla au sujet de la possibilité de s'entrainer avec Hopeful. L'idée était intéressante, mais je n'étais point sûr que lui le désirais. Surtout après ce qui s'était passé ce soir là, dans le parc. Mais demander ne couterait rien. Soit il acquiescerait et tout irait bien dans le meilleur des mondes -je l'espérais mais rien n'était moins sûr-, soit il refuserait et se serait un coup dans l'eau.

- Ce serait en effet une bonne solution. Cependant, je ne pense pas qu'il accepte. Il craint trop ne réitérer ce qu'il a fait face à moi dans le parc, je crois. Essaye quand même, tu n'as rien à y perdre. Et s'il accepte, tu sais que je suis disponible si vous avez besoin d'aide.

Quand à Maitre Wora...

- Sinon, quand à maitre Wora, il a dit.. Je tentais d'imiter sa voix du mieux que je le pouvais. ... "ce jeune garçon est prometteur au sabre, prends exemple sur lui et apprends lui le calme et la franchise. En soi, si l'on se contente de la phrase, il n'y a rien. Mais dans le contexte, c'était comme s'il faisait de ça un devoir que je devais m'acquitter envers Hopeful. C'est comme ça que je vois la chose. Après, je me trompe peut-être, mais ça m'a pourtant paru limpide."

Comme l'avait craint Nahla, son ami d'enfance ne fut pas dupe. Il avait bien compris que quelque chose n'allait pas, malgré les efforts de la jeune fille pour le lui dissimuler. Elle soupira doucement, ses joues s'empourprant à nouveau, bien que plus légèrement. Fronçant quelque peu les sourcils, elle réfléchit à la meilleure manière de lui répondre. Fallait-il seulement lui répondre, déjà? Après tout, il avait finit par rebondir sur les autres sujets, après une pause marquée... Mais ne pas lui répondre alors qu'il avait remarqué son changement d'attitude, ne serait-ce pas un manque de respect envers lui? Et envers leur amitié. Jamais elle ne lui avait menti, à ce jour. Et elle ne souhaitait pas commencer aujourd'hui. Oui, mais bon... Comment lui dire, aussi?!

*Autant commencer par les autres sujets... Au moins, là, je sais que répondre...*

Une méthode comme une autre pour se remettre un peu à l'aise.

"Je vois..."

Une expression étrange sortant de la bouche d'une miraluka, et qui pouvait surprendre, mais Joclad y était habitué, lui.

"Alors, Maître Wora te demande de veiller sur Hopeful, en quelque sorte... Je suis persuadée que tu feras cela à merveille. Je suis bien placée pour savoir comment tu veilles sur autrui. Et s'il accepte également mon aide... Eh bien, nous veillerons sur lui tous les deux!"

Elle sourit, sincère. Pour elle, s'il y avait bien une personne capable de veiller sur ses compagnons, c'était lui. D'entre tous leurs camarades padawans, il était l'un des plus mûrs, réfléchi, et Nahla avait toute confiance en lui. D'autant plus qu'il venait de lui sauver la vie, il y avait peu encore. Si quelqu'un pouvait aider Hopeful, elle en était certaine, c'était bien Joclad.

"Je lui parlerai. J'ai bien l'intention de le revoir, de toutes manières..."

Amusée, elle porta à nouveau l'une de ses mains à son poignet opposé, à ce petit bracelet qu'elle portait, sans vraiment s'en rendre compte. Un réflexe. Après tout, le sujet de discussion concernait la personne à qui elle devait ce bijou. Mais le sujet de discussion, elle ne pouvait le maintenir indéfiniment... Répondant dans l'ordre, il lui restait l'histoire des repas préparés par un certain maître jedi... puis ça. Ce sujet délicat dont elle ne savait comment parler, à dire vrai. Et comme il n'y avait rien de plus à dire, en fait, sur la cuisine de Léonard Tianesli, d'après elle, Nahla se sentit comme... coincée. Bloquée. Elle se raidit malgré elle, et chercha ses mots, qu'on sentait aussi mal assurés que le ton de sa voix, et toute sa personne d'ailleurs.

*Pourquoi fallait-il qu'il le fasse remarquer, aussi... Il a bien du voir que j'essayais de me reprendre et de changer de sujet...* se plaignit-elle mentalement. Certes, elle ne lui avait jamais rien caché. C'était la première fois. Mais aussi la première fois qu'elle se sentait ainsi! Elle aurait aimé avoir le temps d'analyser son problème avant d'avoir à le lui exposer. Au moins ça... Déglutissant péniblement, elle ouvrit plusieurs fois la bouche sans parvenir à prononcer un mot. Agacée par sa propre gêne, se sentant absolument ridicule, elle se releva, lui tournant à nouveau le dos, pour aller s'accouder à la fenêtre, focalisant son attention sur les plantes du balcon plutôt que sur lui. Peut-être, ainsi, parviendrait-elle à s'exprimer sans bafouiller? A remettre de l'ordre dans ses pensées trop confuses?

"Quelque chose me perturbe, oui. Et je ne te mentirais pas en te disant que ce n'est rien. Cependant, je ne sais pas moi-même ce dont il s'agit. Alors, je crois qu'il me faut m'auto-analyser avant de pouvoir mettre des mots là-dessus..."

Retournant alors son visage dans la direction de celui de Joclad, elle afficha un sourire gêné, tandis que ses joues arboraient une teinte plus rose qu'à l'ordinaire, encore. Comprendrait-il? Accepterait-il de lui laisser le temps de comprendre, elle, ce qui lui arrivait? D'ailleurs, pourquoi se sentait-elle gênée, au fond? Avait-elle fait quelque chose de mal? Pas qu'elle sache... si? Perdue, Nahla n'avait qu'une envie, sur le coup: fuir loin de Joclad et se réfugier dans une profonde transe méditative. Il lui fallait comprendre cette anxiété, puis la chasser. Elle voulait retrouver sa sérénité, bon sang! Et ne plus se sentir aussi mal à l'aise face à lui sans même comprendre pourquoi!

"Je ne sais pas ce que j'ai. Je suis désolée... J'ai peut-être attrapé froid, encore une fois..."

Un sourire hésitant aux lèvres, elle espéra mentalement que ce fut cela. Ça lui simplifierait bien les choses! Les rhumes, elle en avait l'habitude. Elle passait presque plus de temps au centre médical que dans sa chambre à elle, depuis qu'elle vivait au Temple, après tout! Oui, mais voilà, si un refroidissement pouvait expliquer la rougeur de ses joues et la fièvre qui s'emparait d'elle, ainsi peut-être que ces picotements et autres sensations bizarres au niveau du ventre, cela n'expliquait pas sa gêne soudaine envers Joclad... Nahla en avait bien conscience, et c'était pour cette raison qu'elle paniquait ainsi, intérieurement, même si elle tentait de le montrer le moins possible à son ami, ne voulant pas l'inquiéter outre mesure. Ce déjeuner fini, elle foncerait au centre médical, en tous les cas! Elle avait besoin de savoir si elle se faisait des idées, ou si elle avait simplement, une fois de plus, chopé un sale microbe traînant sur son passage, quelque part...

- En quelque sorte.. oui. Mais je ne sais pas trop comment m'y prendre. Dès que l'on parle sur un sujet qui le dérange, il se referme sur lui-même. De l'aide, il n'en veut pas. Son passé le hante encore mais il refuse d'en parler. Or, le meilleur moyen d'arranger les choses, des fois, c'est justement d'en parler.

Indirectement, je pouvais également faire référence au blocage actuel de Nahla. C'était vraiment étrange de la voir ainsi, un peu comme si j'avais à faire à une autre personne. Et le problème était justement que je ne disposais pas de la clef permettant d'arrêter le processus et de le débloquer. Du coup, je me sentais gêné de l'avoir mise dans cet état. Si je n'avais pas posé la question, tout aurait pu être autrement.

Secouant la tête, je cherchais à reprendre mes esprits. Partir sur des hypothèses ne servirait à rien. Je réfléchissais trop, encore une fois. Je voulais connaître le problème, savoir de quoi il en retournait. Cependant, les faits étaient ce qu'ils étaient. "Parfois, l'important n'est pas de savoir Joclad. L'important est d'agir. Fis-toi à ton instinct. Tu dois avoir confiance en toi et en tes capacités." C'était un des très nombreux conseils que l'on m'avait souvent répété durant les six dernières années, voir plus longtemps encore.

La voyant se lever, je me maudissais intérieurement. Mais pourquoi étais-je partis sur ce sujet là ? Non, franchement ? C'était le meilleur moyen de remuer le couteau dans la plaie et de s'élancer dans une voie sans issue. Comme d'habitude, je m'y étais engouffré dedans. Et à présent, j'étais moi-même bloqué, ne sachant pas comment faire marche arrière. S'excuser ne servirait à rien. Le mal était fait..

Mais en réalité, c'était là le cadet de mes soucis. Ce n'est que lorsqu'elle se tourna de nouveau vers moi que je finis par saisir quel était le problème. Et ce n'était pas bon du tout. Je me raidis, ma bouche restant entrouverte de surprise. Mes yeux cherchaient péniblement un élément où s'accrocher. J'avais déjà vu un tel comportement auparavant, cela me revenait à présent.. Mais.. Elle n'était pas sérieuse... non ! Venant d'elle, c'était tout simplement un comble ! Mon regard finit par se fixer sur une des plantes alors que je me détendais à nouveau. Le problème était que je ne ressentais rien. Non pas que je n'appréciais pas Nahla, loin de là. Mais le fait était là. Cela ne bousculait rien. Bien sûr je fus surpris et mon esprit vagabondait déjà à trouver un moyen de m'y détourner, mais le fait est que j'y étais indifférent.

Le conditionnement, mes études durant toutes ces années avaient tout simplement dressé une barrière, un mur à cela. Je n'avais aucun soucis avec le fait d'avoir des amis. De très bons amis. Mais je ne pouvais tout simplement aller plus loin.

En fait, la réaction que j'eus à sa dernière réplique fut de retenir un rire en affichant un légers sourire. Et finalement, je me levais, tirant la chaise en arrière, puis de me déplacer un peu sur la droite. Là, je croisais les bras devant moi, prenant appui sur un des murs de la pièce.

- Oh je ne crois pas, non. Tu à l'air de te porter comme un chef, en fait. Je dirais que c'est autre chose...

J'avais décidé de l'aider à aller au bout de son raisonnement. Mais je n'allais tout simplement pas lui donner la réponse. Cela entrainerai un nouveau blocage, et elle refuserait de le reconnaître.

Autre chose, hein... Oui, bien évidemment. Sauf que voilà: pour Nahla, c'était tout nouveau, très déstabilisant, et d'autant plus... gênant. Elle ne se sentait pas prête à aborder un sujet aussi glissant, sans avoir au préalable médité dessus, correctement fait le point, et mis de l'ordre dans sa tête. Sauf que Joclad, à sa manière, quelque peu détournée, son sourire tranquille aux lèvres, insistait. Si son amie fuyait la conversation, elle ne ferait que lui donner l'impression qu'elle n'avait pus confiance en lui comme avant, et que quelque chose avait changé, ce qu'elle ne souhaitait justement pas. Comment lui répondre, dès lors? Fuir en se raccrochant au "sujet Hopeful" aurait été tellement plus simple! Mais tellement plus lâche, également. Et Nahla n'était pas ainsi. Elle affronterait ses peurs, comme toujours. Fut-ce au risque que son meilleur ami se moque d'elle. Tant pis. Ce qui importait, c'était de rester honnête avec elle-même, honnête envers lui, et de ne pas perdre ni sa confiance, ni son amitié.

Déglutissant péniblement, la jeune fille lui tourna à nouveau le dos, s’accoudant au rebord de la fenêtre. Un léger soupir s'échappa d'entre ses lèvres, et elle prit quelques minutes pour faire le point, au moins, avant d'oser avancer quoi que ce soit. Une mini méditation, vite faite, bien faite, histoire de ne pas s'emballer ou perdre le nord. Puis, sa voix douce et posée se fit entendre, sans pour autant que la demoiselle ne refit face à son ami. Pas encore. Elle préférait se concentrer sur le sujet abordé, qu'ils en finissent, avant de se relâcher, de se détendre à nouveau comme si de rien n'était, comme... Comme d'ordinaire en sa compagnie, en somme.

"C'est peut-être bien autre chose, Joclad... Mais si c'est ce que je pense, je préfère éviter le sujet et méditer sur la question avant de tirer de trop hâtives conclusions.

Je sais que ce qui s'est passé sur Bandomeer nous a tous deux chamboulés. Toi, en bien, à première vue. Tu es de retour parmi nous, ici au temple, en pleine forme - ou presque, vu que tu t'es amusé à quelques excès de vitesse en rentrant de l'astroport... trop pressé de rentrer, peut-être? - et tu sembles avoir le moral. Ce dont je me réjouis, d'ailleurs! Je ne perçois plus les doutes et autres émotions inquiétantes que je percevais en toi sur Bandomeer. Donc, j'en déduis que ce qui s'est passé là-bas t'a effectivement, d'une certaine manière, fait du bien. Et tant mieux. Si j'ai pu participer à cela, fut-ce bien involontairement, j'en suis heureuse."

Elle souriait, sincère. Même s'il ne pouvait le voir, il pouvait au moins le deviner au ton de sa voix, qui s'était même fait taquin à l'épisode de l'excès de vitesse. Oui, Nahla se réjouissait sincèrement de le sentir aller mieux, par rapport au Joclad renfermé et mal dans sa peau qu'elle avait trouvé sur Bandomeer, avant l'incident de l'enlèvement. Elle se réjouissait également de le savoir à nouveau près d'elle, au temple. Il lui avait manqué. Même si Ilia l'avait régulièrement ramené au temple, entre les missions, ce n'était malgré tout pas pareil que lorsqu'il y vivait tout le temps, comme avant qu'il ait un maître.

"Pour ma part... Je crains qu'il ne me faille encore beaucoup méditer pour remettre de l'ordre dans mes pensées et, surtout, dans mes émotions. Je ne suis pas fière de moi. J'ai eu peur. Très peur. Je me suis laissée submerger par mes émotions, au lieu de simplement écouter ma raison et agir en conséquence. Et encore aujourd'hui, j'éprouve des émotions qui m'empêchent d'avancer. Cet épisode m'a... vraiment affectée, plus qu'il ne le devrait. Et à présent que je suis de retour ici, en sécurité, au temple, je me remets en question. Dakin me remet en question. Tu me remets en question. Oh, pas dans le sens où vous me portez de quelconques accusations, non! Mais cet incident plus vos discours concernant mon refus de porter une arme, entre autres, ne me laissent pas indifférente."

Elle inspira profondément avant d'enchaîner, sur un ton aussi posé et calme que possible, malgré le trouble évident qui l'agitait:

"L'entraînement spécial que je t'ai proposé, et celui que je pratique avec Dakin, aussi, c'est en vue de me tester, surtout. Si je suis capable de me tenir à mes convictions et à mes devoirs de future jedi, alors, tant mieux. Mais pour le moment, mon cœur est empli de trop de doutes, et de trop d'émotions que je ne parviens pas à contenir, pour que je parvienne à réfléchir et agir comme avant. Et si j'échoue... Alors, peut-être sera-t-il temps pour moi de faire un choix difficile, mais... indispensable."

*Si je dois trahir la promesse faite à mes parents... Je préfère renoncer. Je servirai la paix comme je peux, seule s'il le faut... mais pas en blessant autrui, fut-ce l'ennemi. Je m'y refuse. De plus, il me faut apprendre à mieux gérer et maîtriser mes émotions... Si je suis incapable de me prendre en main et de réagir sans me laisser emporter par la peur ou... l'amour... alors à quoi bon devenir jedi? Je n'en serai pas digne, si je ne règle pas ces problèmes-là.*

Elle baissa le visage, ses fins sourcils froncés en signe d'inquiétude et de sérieux. Tout le monde, au temple, la prenait pour une surdouée du code, une as de la maîtrise de soi, maîtresse de ses émotions en tout temps. Seuls quelques rares proches comme Galian - qui fuyait trop sa relation maître-padawan que pour aborder le sujet avec elle - ou Joclad - à qui elle peinait à en parler vu qu'il était le principal concerné pour au moins l'un de ses deux soucis majeurs actuels - savaient à quel point, sous son air d'apprentie toujours sage et réfléchie, se cachait une fille sensible et ressentant trop d'émotions, tellement... fort! Parfois, elle craquait, et se laissait emporter par ses émotions... fut-ce pour un détail que personne sauf ses proches remarquaient, et encore. Dans quel cas elle s'auto-disciplinait toujours, d'elle-même, et souvent, bien sévèrement. Pour une petite erreur, Nahla pouvait passer plusieurs jours à méditer en salle d'isolement, quitte à jeûner et ne pas dormir trois jours durant. Alors, à présent qu'elle doutait sur sa place au sein de l'Ordre, et sa capacité à gérer ou non ses émotions, sans compter cette histoire de promesse faite à ses défunts parents... Combien de jours de méditation ininterrompue allait-elle s'infliger? Et encore, si elle ne s'infligeait que cela! Car au sujet des armes, c'étaient des entraînements physiques qu'elle s'imposerait, sans doute possible. Or, physiquement, elle n'avait rien d'une athlète. Nahla serait bien capable de se fiche la santé en l'air s'il le fallait pour atteindre son objectif... et la réponse à ses questions.

Je donnais peut-être l'impression d'être serein, je sais pas trop, mais une chose était certaine, je ne l'étais pas. En fait, c'était tout nouveau pour moi. Je n'avais jamais cherché à abordé un tel sujet, et cela avec qui que ce soit. Et comme souvent, lorsque je ne savais pas quoi penser de la situation, je me rattachais à mes acquis. C'est à dire, le Code et les principes Jedi. Et sur ce sujet, c'était assez clair : l'attachement était un chemin dangereux. Non pas que l'on avait pas le droit de disposer d'effets personnels ou d'avoir des amis, non.. Mais pour le reste, dans le sens l'amour, pour moi la réponse était "non". Qui plus est, on m'avait toujours incité à penser dans ce sens.

Le fait d'en parler me laissait perplexe. Même si je connaissais déjà la réponse à donner à ce problème, je me demandais si c'était vraiment la bonne. Après tout, certains étaient déjà dans cette situation, au Temple. Et ils n'étaient pas pour autant mauvais.. Mais c'était là un chemin bien trop nébuleux pour moi, qui préfère les choses concrètes, des preuves, des exemple. Aussi, je campais tout simplement sur cette position qu'était le refus catégorique. Bien sûr, cela pourrait brusquer Nahla, mais c'était un risque à courir. Pour mon bien comme pour le sien. Et puis, elle finirait par s'en remettre. Toutes ses hypothèses étant bien sûr basé sur le fait que son ressenti soit bien ce à quoi je pensais.
Mais dans un sens, Nahla avait raison. Eviter le sujet était peut-être la meilleure chose à faire. Aussi, je ne la contredit pas sur ce coup là.

Si j'avais sû que c'était pour basculer sur ce qui s'était passé sur Bandomeer, j'aurais peut-être trouvé moi-même un autre sujet. Je me sentais toujours un peu en partie responsable de ce qui était arrivé. Mais tout le monde était sain et sauf et les relations entre le Corps Agricole et les compagnies minières ne furent visiblement pas changées. Une aubaine, vu la situation...
Sinon, l'aparté sur mon retour au Temple me fit sourire. La chance n'avait pas été avec moi ce jour là. Et puis, j'étais encore un peu déboussolé par les évènements précédents.

- Décidément, tout le monde est au courant.. M'enfin, j'ai fais fort quand même.. Heureusement, l'histoire du droïde n'a pas encore filtré on dirait. C'est étonnant en sachant qu'il y avait Dakin.. M'enfin..

Oups... Je me rendais compte que je m'étais exprimé à voix basse, dans une réflexion personnelle qui venait de s'ouvrir à Nahla. Si seulement elle partait sur le sujet bien sûr. Et vu la situation, c'était le moyen parfait pour passer à autre chose.
Cependant, je ne comprenais pas où elle voulait en venir. En fait, je n'avais pensé qu'à moi, aux bienfaits que m'avait procuré, d'une manière général, ce passage sur Bandomeer. Je n'avais pas pensé à elle, à ce qui lui trottait dans la tête depuis ces évènements. Et il faut dire que me dérouler tout, là, comme ça, sur la table, me mettait mal à l'aise. Je me sentais responsable. Encore ? Et bien oui..

- Tu le sais déjà, mais je suis désolé pour ce qui s'est passé là-bas. Je suis responsable. Je connaissais les risques et je les aient oublié quelques instants.. Et pour le reste aussi. Je ne voulais pas te perturber de cette façon. Je souhaitais juste que tu y réfléchisse à nouveau. Tu sais, tout le monde au sein de l'Ordre ne se ballade pas dans la galaxie. Il y a plein de possibilités. Je sais pas moi. Historien, archiviste, diplomate.. et j'en passe. Enfin bref, ce que je veux dire, c'est que tout le monde n'est pas fait pour la même chose. Et qu'il ne faut pas que tu t'arrêtes à un malheureux accident sur Bandomeer, où tout est rentré dans l'ordre.

Et dire que c'était moi qui disais ça.. Moi qui avait douté pendant plus d'un moi à cause d'un accident tout aussi malheureux.

- Et puis pour l'entrainement... c'est un entrainement quoi. Si je m'étais remis en question à chaque fois que j'avais échoué, je serais en train de m'occuper des champs depuis déjà un bon moment !

"L'histoire du droïde?"

Non, celle-là, Nahla n'en avait pas entendu parler. Il faut bien dire aussi que ce jour-là, Dakin et Joclad étaient seuls. L'unique témoin, ce fut Maître Ob'tu, ce twi'lek ayant donné cours à Dakin, peu avant, et lui ayant confié la tâche de réparer l'appareil à holosimulations. Le professeur n'étant pas du genre à répandre des rumeurs, forcément, Nahla ne pouvait être au courant. En revanche, le retour en fanfare de Joclad fit parler de lui! Le speeder en réparation après avoir enfumé le hangar ou presque, et ses deux passagers retenus une bonne semaine au centre médical... D'ailleurs, l'adolescente y avait rendu visite à son ami, lui apportant de la lecture ou d'autres occupations selon ses envies, lui tenant un peu compagnie, aussi.

Souriant au jeune homme, la miraluka réfléchit à ce qu'il lui dit ensuite. Certes, il existait d'autres voies que celle des jedis parcourant la galaxie pour défendre la veuve et l'orphelin. Mais Nahla ne souhaitait pas renoncer, pas encore. Il lui fallait d'abord s'assurer que son vœu fut vain et irréalisable. Tant qu'elle aurait de l'espoir et de l'énergie à placer dans ce but, elle s'acharnerait.

"Je sais qu'il existe d'autres voies. Mais je sais aussi que malgré mes faiblesses, j'ai du potentiel... du moins je souhaite y croire. Si je ne vais pas au bout des choses, jamais je ne saurai si j'ai raison ou tort de croire que seule la paix peut engendrer la paix. La violence, selon moi, ne peut engendre de paix véritable."

Soupirant doucement, Nahla fronça quelque peu ses fins sourcils en signe de concentration sur un sujet très sérieux. Si elle abandonnait avant d'avoir pu prouver que seule la paix véritable peut engendre la paix véritable, avoir tenu bon tant d'années aurait servit à quoi? Car il ne fallait pas s'imaginer que la bonté "naturelle" de la jeune fille fut innée! Non, Nahla endurait les persécutions avec sourire et douceur, répondant toujours avec respect et posément, non parce qu'elle aimait se faire persécuter, mais parce qu'on l'avait élevée ainsi, et qu'on lui avait appris que la violence n'engendrait que davantage de violence. Et depuis toutes ces années, Nahla n'avait de cesse de se prouver à elle-même que ce fut vrai. Dans quel cas, si elle parvenait à atteindre un moyen de vaincre la violence par la paix en toutes circonstances, mêmes lors de combats, elle pourrait enseigner à ses congénères le moyen de faire régner la paix sans plus faire couler le sang.

"Enfin... Comme dit, j'ai à méditer sur bien des sujets. Ma capacité à atteindre ou non mes objectifs, tout en respectant le code... Ma capacité à maîtriser mes émotions, ma place véritable au sein de l'ordre jedi, ou du monde en général, d'ailleurs... Je n'ai pas l'intention de simplement baisser les bras, si c'est ce qui t'inquiètes, Joclad. Ne t'en fais pas pour cela... Quelle que soit ma voie, je finirai bien par le trouver. C'est juste que je me trouve comme à un carrefour de ma vie et... que je peine à choisir la direction à prendre. Mais je finirai bien par trouver."

Un sourire aux lèvres, la padawane tentait de rassurer son compagnon. Elle méditerait le temps qu'il faudrait, mais elle trouverait bien sa voie, un jour ou l'autre! En attendant, elle s'entraînerait beaucoup. Déjà, elle irait trouver Hopeful. Nahla était persuadée qu'elle pourrait l'aider, mais que lui aussi, pourrait l'aider. Après tout, quel meilleur adversaire pour les entraînements dont elle avait besoin trouverait-elle, ici au temple?

"Et toi... où en es-tu, depuis ton retour? Et comment vas-tu?"

Son dos était-il entièrement remis? Et niveau psychologique, moral, comment se sentait-il? Parler d'elle, c'était bien beau, mais bon. A dire vrai, Nahla préférait que le sujet de discussion fut porté sur autrui que sur elle. Et quel sujet plus agréable que de parler de Joclad lui-même? Lorsqu'on aime une personne, on aime à savoir comment elle se porte, et à écouter tout récit la concernant, après tout, non? Qu'il s'agisse d'amitié ou de quelque chose de plus profond, qu'importait; Nahla s'intéressait toujours sincèrement à Joclad et tout ce qui pouvait le toucher, de près, ou de loin.

L'histoire du droïde... Elle avait entendu mon soupir.. Mais elle ne savait pas de quoi il en retirait. Ce n'était pas comme l'histoire de mon retour au Temple. Certains avaient même été jusqu'à dire que je l'avais fait exprès. Quel manque de maturité, parfois.. Non, franchement, où étais l'intérêt ? J'avais presque été jusqu'à me rompre la colonne vertébrale.. Quand au droïde, je ne savais pas trop quoi répondre. Cela m'étonnais qu'elle n'en sache rien.

- Le droïde.. et bien c'est la faute de Dakin, indirectement. En fait, c'est une longue histoire. En fait, je réparais mes deux petits robots sur répulseur, ceux qui ressemblent à des vaisseaux et qui ne font que léviter au dessus de mon bureau.. J'avais besoin de pièces détachées et il se trouve que Dakin avait visiblement endommagé un holoprojecteur. Et maitre Ob'tu l'a envoyé chercher de quoi le réparer. Du coup, on y est allé ensemble. Et la suite..

Je marquais une pause, histoire de me ressasser au mieux les évènements en questions. Puis, d'un profond soupir je repris.

- ... la suite est assez confuse. On est entré tout les deux dans la pièce, dont l'éclairage automatique ne fonctionnait pas. On a commencé à chercher par rayons puis.. puis je me suis retrouvé allongé dans une étagère après que quelque chose m'est agrippé par l'épaule et m'est projeté au loin. C'était un droïde, un droïde taillé pour le combat. Et Dakin l'avait réactivé en chantonnant en Corellien. Il a attaqué Dakin et l'a mit à terre avec aisance. J'ai essayé d'intervenir mais il m'a empoigné et m'a renvoyé à la case départ. Il a ensuite asperger de ce qui aurait dû être de l'acide. Alors imagine ma réaction.. Mais bon, c'était que de la boue et de l'huile. Alors le robot a voulu l'écraser avec ses deux "pieds". Alors.. alors j'ai attaqué différemment.

Oui. Mon entrainement me fut profitable et j'avais pu sortir Dakin du guêpier dans lequel il se trouvait. Mieux que ça, j'avais pu le laisser souffler en attirant l'attention du droïde.

- J'ai utilisé la Force pour m'élancer au dessus du droïde et je l'ai entaillé. De quoi le distraire. Et ça a marché. N'ayant plus de "bras", il m'a chargé et j'ai évité avec aisance. Mais ce truc apprenait vite et la deuxième fois, il m'a propulsé à travers la salle. Je crois que si je n'avais pas dressé le bouclier de Force avant l'impact, je serais peut-être encore au centre médical. Après, c'est plus flou. Très flou en fait. Tout ce que je me souviens c'est une odeur de bruler puis la lame de Dakin sabrant le droïde et l'achevant. Après, on s'est fait sermonner, mais sans plus. Normal, quand on y repense, la salle était dans un bordel monstre. Mais bon, en contre partie, on avait faillit y passer, ici, dans le Temple. Il ne restait plus qu'à conclure, et je le faisais avec un léger sourire. "Voila. Tu comprends pourquoi je m'étonnes que Dakin n'en ait pas profité pour parler à tout le monde de son exploit. En omettant qu'il s'était ridiculisé au milieu d'une tâche d'huile, bien entendu.

Oui, cela était surprenant. Peut-être craignait-il que je ne le contredise ? Tant qu'il ne me ridiculisait pas en racontant ses histoires, cela ne me dérangeait pas. Mais bref, je rebondis sur la suite. Je n'étais en train de dire qu'elle n'en avait pas les capacités, au contraire ! J'essayais juste de lui remonter le moral, en lui expliquant que même si il se trouvait qu'elle n'était pas à la hauteur -chose qui me surprendrait, vraiment-, il y avait toujours une alternative. Enfin... pas très convaincant, hein ?

- Je souhaite que tu parviennes à tes fins Nahla, vraiment. Ne croit pas que je te rabaisse, au contraire. Tu as des capacités en ce qui concerne la Force qui me dépassent de loin. Je sais que ça va paraître étrange venant de moi, après ce qui s'est passé avant mon retour de Bandomeer, mais tu ne dois pas te remettre en question Nahla. Enfin, tu sais que si tu as besoin de parler, je suis là. Les maitres sont là, aussi. Ils sont là pour te conseiller, comme je te l'ai déjà dis.

J'essayais d'écourter la conversation. Non pas que je me désintéressait du sujet. Au contraire, c'était très important. Cependant, il me mettait mal à l'aise. Et visiblement, elle aussi. Alors tant mieux, changer de sujet était peut-être la meilleure chose à faire, encore une fois. Parler de moi.. Je n'allais pas remettre ce qui s'était passé sur la table. J'avais tourné la page, et je ne m'en sentais que mieux. Aussi, je n'avais rien à cacher.

- Boarf, je vais mieux, beaucoup mieux. Je ne dirais pas que je suis guéri, non, ça c'est impossible. Mais je suis passé à autre chose. Bien sûr, voyager dans la galaxie me manque un peu. Les intrigues, etc.. Mais en retrouvant le Temple, j'ai retrouvé des amis, des choses qui m'avaient, à l'inverse, manqué. Je me suis aussi remis de l'accident du speeder, etc.. Bref, je suis au top de ma forme, je pense.

L'histoire du droïde fit sourire Nahla, qui l'écouta du début à la fin. Dakin ne la lui avait pas contée... Peut-être ne s'étaient-ils pas croisés suffisamment hors entraînements - durant lesquels il n'y avait guère de place au dialogue, excepté peut-être aux provocations - pour avoir le temps d'en parler. En revanche, il n'avait pas du se priver de conter sa mésaventure aux plus jeunes padawans, à la cantine entre autres. Peut-être même que c'était suite à ce récit-là que les novice avaient saccagé le réfectoire, l'autre soir. Qui savait! De toutes manières, Nahla ne lui en tenait pas rancune. De plus, le fait que ce fut Joclad qui lui eut raconté cette histoire lui procurait un avantage de taille: elle savait, pour la flaque d'huile. Détail qu'aurait très naturellement omis de préciser Dakin, s'il lui avait lui-même conté ses exploits de ce jour-là, au hangar. Ainsi, Nahla pourrait-elle le taquiner, à l'occasion! Il était tellement drôle à charrier, réagissant toujours au quart de tour!

"N'empêche, un droïde qui s'active sur une chanson en corellien... quelle drôle d'idée! Et puis, depuis quand Dakin chantonne-t-il?" s'amusa-t-elle, un sourire au coin des lèvres, avant d'écouter la suite, sagement, intéressée. Quand Joclad eut fini, elle sourit de plus belle. Dakin n'en loupait décidément pas une.

"Si tu nous avais vu à la fin du premier entraînement sans bouclier que j'ai mené avec Dakin, cela dit, je pense que tu aurais eu de quoi le charrier également."

Un sourire malicieux aux lèvres, Nahla ne put cependant en dire davantage. Elle avait promis à Dakin de ne pas parler de ces entraînements, après tout... Mais Joclad était leur ami commun. Et il savait déjà. Elle pouvait bien se permettre de le taquiner un peu, non? Au pire, Dakin lui mettrait-il une pâtée plus violente à leur prochaine rencontre en guise de vengeance.

"On avait entamé le combat lui armé, moi désarmée... Il avait décidé qu'il jouait le rôle d'un sith, que le temple était attaqué, et que j'étais une jedi sensée protéger trois novices - des poufs dans le fond de la pièce - de sa lame. Eh bien... Il a fini sur le dos, moi à califourchon sur lui, son sabre laser dans ma main. Mais il n'a pas voulu accepter sa défaite et a retourné la situation, tandis que j'ai abdiqué. Je ne voulais pas me disputer avec lui... Ce n'est pas là le but de ces entraînements."

Souriant toujours, la jeune fille semblait avoir retrouvé ses moyens, et ses joues, leur teinte d'origine. Même lorsque le sujet changea pour passer de Dakin à elle, puis à Joclad, l'adolescente sourit encore, calme et posée. Joclad allait mieux. C'était tout ce qui comptait. Même, il se prétendait au top de sa forme. Soit! Dans ce cas, autant en profiter, non?

"Tu m'en vois heureuse. Et si tu es tellement en forme... Eh bien..."

Un instant de réflexion plus tard, Nahla termina sa pensée:

"Que dirais-tu de commencer nos entraînements dès aujourd'hui? Après les cours, et de préférence après le repas; avant, je m'entraîne avec Dakin, déjà. On se retrouve ce soir, après le repas, aux salles d'entraînements? Le repas étant servi vers dix-neuf heures, et le couvre-feu tombant à vingt-deux heures, ça nous laisse largement le temps d'une ou deux heures d'entraînement, et bien assez de temps ensuite pour étudier, se doucher, et se préparer pour la nuit... Cela te convient-il?"

Elle avait volontairement zappé les précédentes paroles de son ami. Non pas qu'elle veuille l'offenser ou ne lui fasse plus confiance, mais... Nahla sentait bien qu'elle avait créé un malaise entre elle et lui, et ne souhaitait pas l'empirer. Oui, elle savait pouvoir lui parler de tout... avant. Désormais, ce n'était plus la même chose. Car ce qui la perturbait le plus, le perturbait aussi. Et le concernait directement, personnellement. Il ne pouvait pas l'aider, cette fois. Surtout vu la manière dont le dit sujet semblait l'embarrasser!

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[HRP: Pour moi, à moins que tu aies encore des idées et/ou envies pour ce rp-ci, tu peux le clore dans ton post, et je relance la suite en salles d'entraînements, si cela te convient! A toi de me dire... ]

- Bah faut croire que sur ma planète d'origine tout le monde n'est pas sain d'esprit. Et puis, Dakin... Oui, cela lui arrive. M'enfin, il ne faut pas lui dire que c'est un guerfel. Là, il chantonnera plus..

Blague à part, cet histoire n'avait rien d'amusant. On aurait très bien pu y passer tout les deux. Mais au moins, tout s'était bien terminé. Sauf pour le droïde, bien entendu. Par contre, je restais attentive à ce qu'elle me racontait sur un de ses entrainements avec Dakin. Visiblement, elle s'en sortait plutôt bien. Tant mieux. Et puis, qui sait, peut-être que je la sous-estimait trop ? Peut-être... Mais dans tout les cas, ne pas porter un sabre laser était une erreur. C'était, en quelque sorte, faire offense à l'Ordre. Mais bon, ça, c'était autre chose encore.

Et puis, en même temps, ce n'était qu'un entrainement. Dakin en avait conscience, et Nahla aussi. Ils n'étaient pas en situation réelle; ils étaient préparés. Face à un réel adversaire, qui voudrait réellement sa mort par exemple, ce serait totalement différent. Et je parlais en connaissance de cause. Les entrainements au Temple nous mettent en condition, mais guère plus. Bien sûr, je me sers de mes acquis, mais il faut surtout prendre conscience que l'autre en face ne s'arrêtera pas lorsque vous taperez du bras sur le sol, en signe de reddition.

- Dommage que je n'étais pas là pour voir ça. Mais je suis ravi que tu t'en sortes même sans sabre laser. Mais ce n'est qu'un entrainement. En situation réelle, je peux t'assurer que ce n'est pas pareil.

Mais peut-être qu'elle avait raison, et que nous entraîner tout les deux était une bonne chose. Aussi, je rebondissais avec plaisir sur le sujet. Ne m'étant jamais entrainé face à elle, je considérais cela comme un véritable défi. C'était un bon moyen de découvrir de nouvelles parades, d'apprendre. Car à force de m'entrainer face aux mêmes adversaires, ils finissent par connaitre mon style de combat sur le bout des doigts, et moi le leur. Et les entrainements devenaient sans fin. Enfin si, jusqu'à ce que l'un finisse par tomber de fatigue sur le sol.

Et c'était quelque peu lassant. Bien sûr, je préférais voir un combat s'éterniser, car j'avais l'habitude de défendre jusqu'à ce que l'adversaire s'épuise, et ainsi profiter de ses erreurs pour le désarmer. Avec Nahla, j'allais devoir m'adapter et adopter un comportement plus agressif. En somme, revenir au style de combat que j'avais adopté en étant plus jeune. Car elle, n'attaquerait pas la première. C'était un point que nous avions en commun.

Quittant l'appui que m'offrait le mur, je prenais le temps de débarrasser ma table, puis je m'avançais pour les déposer sur le plan de travail. Il était temps pour moi d'aller assister à un cours d'histoire. Ce n'était pas forcément le cours que je préférais, mais il avait son utilité. Une utilité bien plus grande qu'on ne le pense ! Aussi, je pris le temps de répondre à Nahla, dressant un sourire sur mes lèvres.

- Et bien, pourquoi pas. Je n'ai rien de prévu ce soir, et je suis libre plus tôt d'ailleurs. On peut en effet se retrouver dans une des salle d'entrainements. Je pense d'ailleurs que c'est une bonne idée.

Me dirigeant vers l'entrée, je m'arrêtais à nouveau.

- On fait comme ça, alors... Bon.. je dois te laisser Nahla, je suis appelé ailleurs. Un cours d'histoire.. On se voit tout à l'heure. Passe une bonne journée, et que la Force soit avec toi.

Les formules de politesse échangées, j'affichais un nouveau sourire avant de m'éclipser dans les couloirs. Je n'étais pas parvenu à la faire changer d'avis. Tant pis. Peut-être qu'en parler à un maitre serait la meilleure solution. Mais lequel ? Là, j'étais partagé.