Kozan ne s'était jamais aussi bien porté depuis la malheureuse disparition de son ancien mentor. Sa vigueur lui était revenue, ainsi que son indépendance si chère. Il était désormais libre de circuler hors du temple et de planifier lui-même son horaire du temps lorsqu'il n'avait rien de prévu avec son maître. Ils exécutaient parfois des missions ensemble, mais depuis quelques temps, Kozan passait de plus en plus de temps seul à s'entraîner. Devenu plus aguerri et connu parmi les chevaliers jedi, on lui confiait également des missions solo à l'occasion. Rien de bien dangereux ou excitant, mais cela l'occupait. Alors qu'il enquêtait justement sur un vol de commerce avec les autorités locales au centre-ville d'Iziz, il reçu le message de Gamaliel. Il s'excusa auprès des forces de l'ordre et stipula que le devoir l'appelait. Il fallu moins d'une quinzaine de minutes à l'apprenti pour se rendre au temple en empruntant les transports en commun. Une navette qui partait d'Iziz l'amenait alors devant la porte principale, où son maître l'attendait.

Arrivant près de lui, l'apprenti de Gamaliel renvoya un sourire à son maître avant de répondre à sa question télépathique.

- Très bien, merci!

Kozan remarqua alors que son interlocuteur semblait légèrement préoccupé. Cependant avant que l'apprenti ne puisse l'interroger, Gamaliel enchaîna et spécifia les raisons qui l'avaient amené à convoquer son jeune padawan. Ce dernier désirait donc poursuivre de façon plus ardue l'entraînement de Kozan, ce qui rendit alors heureux l'apprenti. Or, il y avait autre chose. Sur un ton plus grave, Gamaliel s'approcha et posa ses mains sur les épaules du garçon avant de poursuivre.

Ainsi donc, il désirait que Kozan choisisse délibérément d'entrer dans le temple et d'être un jedi par choix. S'il était vrai que son entrée dans l'ordre n'avait pas été de sa propre initiative, il s'y plaisait beaucoup et Kozan avait un peu de mal à cerner où son maître voulait en venir. Après toutes ces années, le padawan aurait pu quitter l'ordre à n'importe quel moment si l'envie lui serait venue, pourquoi le chevalier Anatho semblait alors insistant sur la question?

Ne voulant pas trop prendre le risque de contester une nouvelle fois son maître, Kozan se laissa prendre au jeu et répondit, le sourire aux lèvres, un peu amusé par le contenu de cet exercice, sans pour autant le trouver ridicule. On pouvait déceler dans ses paroles une légère pointe de sarcasme.

- Et bien alors, je choisis de vous suivre et de passer une nouvelle fois cette entrée de façon délibérée et déterminée, prêt à défendre la galaxie contre n'importe quoi qui serait susceptible de troubler la paix!

Mais en y repensant, Gamaliel avait un peu raison, depuis son adhésion à l'ordre, il avait été contraint à un mode de vie strict qui exigeait discipline et maturité pour passer au travers de la formation. En repensant à son parcours aujourd'hui, il était pourtant sûr de lui et désirait plus que tout poursuivre sa formation et devenir chevalier jedi. Après-tout, il n'imaginait pas sa vie autrement, devenir jedi lui avait permis de tourner la page sur toutes les horreurs qu'il avait subi et fait subir sur Nar Shaddaa. Quitter cette voie signifiait revenir en arrière, rouvrir ces plaies et perturber cette paix intérieure qu'il avait durement bâtie.

Cette réflexion lui fit saisir alors le but de l’exercice dont il s'était un peu moqué quelques secondes plus tôt. Simplement de remettre en question sa place au sein de l'ordre et la place de l'ordre au sein de sa vie permettait de faire une sorte de mise au point qui confirmait simplement les choix qu'il avait fait ou alors qu'il s'était fait imposé au cours de sa vie. Du moins, c'est ainsi qu'il le voyait.

Gamaliel avait raison, il était inspirant de savoir que tant d'autres de ses semblables, même les plus puissants, étaient passés par le même chemin que lui actuellement. Sentir que toutes ces générations de jedi avaient laissé leur trace en ces lieux et que la force y coulait aisément. Mais Kozan avait toujours du mal à saisir où son maître voulait en venir, jusqu'au moment où il lui demanda s'il avait réfléchi à la voie qu'il comptait emprunter comme jedi. Ainsi, enfin le temps était enfin venu. Après neuf ans d'entraînement intensif, d'apprentissage et d'échecs, rappelons-le, Kozan était prêt à franchir la première étape vers l'adoubement. La réponse à la question de Gamaliel était claire dans son esprit, sa connaissance de la force et la facilité avec laquelle il pouvait interagir avec elle dissipaient tout doute. C'est donc en ces murs, dans ce lieu quasi-intemporel, foulé par des milliers de jedi avant lui, que Kozan fit son choix:

- En effet, j'y ai longuement pensé maître. La voie des Consulaires m'apparaît comme un choix évident en raison de mon affinité avec la force. Je suis un piètre combattant au sabre, mais la diplomatie et l'étude de la force m'intéressent beaucoup.

Il prit une légère pause, réalisant que ce choix allait définitivement orienter le reste de sa vie, que son apprentissage allait prendre une autre tournure et qu'il devrait bientôt se préparer aux tests qui l'attendaient pour devenir enfin chevalier jedi. Il s'agissait effectivement d'un choix que les padawans en âge de devenir chevalier faisaient et cela ne se produisait normalement que vers la vingtaine. Kozan était plutôt heureux que son maître lui pose la question aussi tôt, sans pour autant que cela ne fasse grimper son orgueil.

- Et... merci de me croire prêt à faire ce choix, je vo... je t'en suis reconnaissant.

Même si Gamaliel lui avait dit à maintes reprises de le tutoyer depuis les quelques mois qu'ils avaient passé ensemble, Kozan avait toujours eu du mal à mettre cela en application. La politesse et le respect étaient devenues des valeurs sacrées pour lui depuis qu'il avait intégrer l'ordre et tutoyer son maître ne lui serait jamais venu à l'idée normalement. Mais cette fois, il voyait Gamaliel comme un ami plutôt que comme un supérieur. Probablement prendrait-il encore quelques semaines à en faire une habitude, mais au moins il commençait à voir ce lien de confiance qu'ils étaient en train d'établir. Kozan acceptait progressivement que Gamaliel allait remplacer le symbole que représentait son ancien maître pour lui, il ne fallait pas qu'il ait de réserves envers son nouveau tuteur.