Lorsque Majel avait entendu parler de ça, elle avait été très, très étonnée. Yukàn avait trahi. Il s'était retourné contre les siens. Elle avait toujours su que sa passion l’entraînerait... Les mandaloriens, le combat, tout ça, ça lui montait à la tête si souvent, que ça avait fini par avoir raison de lui. Le plus triste finalement, c'était les deux vies qu'il avait prises, froidement disait-on d'ailleurs.
Quand elle alla vérifier sur le tableau des missions en latences, la rumeur se confirma : c'était affiché, là, avec le sceau officiel du conseil : Yukàn Fenni, recherché pour meurtre et autres chefs d'accusation...
Le cœur de Majel se serra un instant dans sa poitrine ; non pas qu'elle estimait particulièrement ce camarade, mais que l'idée qu'un padawan puisse ainsi trahir sans crier gare et tuer froidement, brrrr, c'était difficile à imaginer. Elle garda cette idée en tête à chaque padawan qu'elle croisa dans le couloir circulaire de l'académie après ça. Et si lui, demain, tuait son voisin de chambrée ? Non, c'était impensable. Comment ? Pourquoi ? Tant pis, elle le lui demanderait-elle même si elle le trouvait. Le trouver... Tiens oui, en voilà un projet !

Majel venait d'être élevée chevalier, et n'avait pas reçu de mission officielle attitrée. Peut-être justement attendait-on d'elle qu'elle se prenne en main et sache remplir son devoir sans qu'on ait à lui dire quoi faire et où aller, après tout. Le tableau des missions était d'ailleurs là pour ça.
Et bien s'était décidé ! Elle irait traquer Yukàn, lui demanderait de s'expliquer, et si possible, elle le ramènerait sans le tuer, pour qu'il soit jugé. Enfin... un tel acharné de l'honneur du combat pourrait préférer aller jusqu'à la mort plutôt que de constituer captif ; et bien alors, elle rapporterait elle-même au conseil et à la justice ce qu'elle aura appris en lui tirant les vers du nez.

Mais comment retrouver la trace de l'Echani ? Il était débrouillard, et pouvait très bien survivre tout seul sur Dxun, à épier de près les Jedi qui ne penseraient même pas à l'y chercher. Comment trouver la trace d'un homme qui sait se cacher dans les endroits les plus hostiles sans crainte pour sa survie ?
En commençant par le vaisseau volé... Sa balise à impulsion, s'il ne l'avait pas arrachée des entrailles de l'engin, devait être contrôlée si il venait à passer par les douanes de mondes civilisées. Si Kàn se contentait de mondes de la Bordure extérieure, un simple enregistrement pourrait encore permettre d'identifier le vaisseau volé. Mais si l'ancien padawan D'Orland se cachait dans des contrées sauvages, alors ce serait un coup d'épée dans l'eau...

par chance, après vérification minutieuse qui donna mal aux yeux et à la tête de la jeune Mirialan, un numéro de série à bien trop de chiffres semblait apporter la réponse. Si elle ne se trompait pas de numéro de série, le vaisseau que Yukàn avait volé s'était posé sur Rodia récemment ! Cette recherche s'avérait fructueuse, mais la prochaine fois, elle demanderait à des Droïdes de faire ce travail. Le dossier de suivi indiquait également que le vaisseau venait de changer de propriétaire ; Argh ! L'Echani devait s'être débarrassé du vaisseau, se sachant recherché. Mais le nouveau propriétaire savait peut-être quelque chose !

Majel Luca devait donc se rendre sur Rodia à son tour pour interroger au plus vite l'heureux détenteur du vaisseau Jedi – et qui devra le rendre au temple ! - pour ne pas perdre de vue sa cible.

Elle fonça donc au hangar, qui se trouvait à l'autre extrêmité de l'académie. Sortant de la bibliothèque, elle coupa à travers le parc circulaire pour rejoindre l'ascenseur de la tour Est et monter au quatrième étage, manquant en chemin de renverser un chevalier ou deux. L'alien à la peau verte courut ensuite jusqu'au registre des départs, et pu s'assurer qu'une navette était disponible ; et il y en avait bien une : une nouvelle classe apparemment, tout juste révisée et prête à servir. Majel la reconnu à ses formes inhabituelles et encore jamais aperçues auparavant, assigna son nom et sa destination à la date du jour du registre, et embarqua sans attendre.

Une fois dans le cockpit, la Mirialan s'empressa d'enfoncer le large bouton rond et vert sur le côté des manettes de direction, qui commandait l'allumage des moteurs. Attendant le préchauffage, elle activa toutes les commandes classiques comme si elle faisait la course. L'ordinateur de bord lui indiqua l'autorisation de décollage, et Majel tira doucement les manettes vers elle, ce qui fit vrombir et sortir du hangar l'engin.

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Une fois qu'elle eut dépassé les remparts de l'académie, la pilote tira à nouveau les commandes vers elle, de manière un peu sèche, ce qui eut pour effet de faire redresser la navette avec une vitesse légèrement supérieure à celle admise au décollage. Elle resta concentrée sur sa conduite jusqu'à la sortie de l'atmosphère puis entra les coordonnées de Rodia.

Lorsqu'elle valida la demande de passage en hyperespace, le vaisseau trembla, puis toutes les étoiles visibles à travers le hublot frontal s'étirèrent à tous ses bords pour se fondre dans un vortex bleuâtre.

Majel se relâcha alors totalement, se laissant retomber dans son fauteuil, et soupirant un grand coup. La navigation hyperspatiale étant automatisée, elle pouvait relâcher sa concentration ; c'est alors qu'un étrange ronflement l'étonna d'abord. Tournant la tête, pensant à une présence, elle ne vit rien. Elle se dit alors qu'il devait s'agir des moteurs de l'appareil. Mais un second ronflement suspect lui mit le doute ! Regardant à nouveau derrière elle avec plus d'attention, elle perçut effectivement une présence !

Majel se leva de son fauteuil, avança prudemment jusqu'à la source de cette perception, soit la devanture d'une petite porte de cabine de couchage. Elle porta sa main gauche sur son sabre pendant que, de la main droite, elle ordonna la commande d'ouverture du portillon...

- Dakin ??!

La journée avait été plutôt tranquille et sans surprises jusque là. Au petit déj, Dakin avait conté à sa petite troupe ses exploits de la veille, en y ajoutant quelque lyrisme, puis les avait incité comme à son habitude à propager la légende auprès des jeunes troupes. Il commençait d'ailleurs à gagner une petite réputation au Temple. Certains padawans crédules le tenaient en haute estime et voulaient à tout prix être son ami, tandis que d'autres, plus circonspects, le prenaient pour un poseur ridicule. En vérité, il n'était ni un héros, ni un poseur : juste un peu des deux.

Le cour sur l'histoire de la République avait été plus que barbant, et la seule chose qu'il en avait retenu c'était le système de fonctionnement des nacelles du Sénat. Il avait d'ailleurs posé des questions supplémentaires, à la grande confusion de leur professeur qui, pour une fois que dakin s'intéressait, n'avait pas d'autres détails à fournir. Le garçon était alors retourné à sa somnolence habituelle et routinière.

Après le déjeuner, Ruffat l'avait alpagué dans les couloirs et s'était approché de lui, les yeux fous, un sourire inquiétant sur le visage et une fiole remplie d'un liquide brunatre à la main. Ruffat était un petit twi'lek bleu de 12 ans qui préférait passer son temps à l'infirmerie plutôt qu'à pratiquer son maniement du sabre. Il était connu dans le Temple pour préparer toutes sortes de mixtures maison sensées soigner telle maladie, telle tare génétique ou augmenter temporairement telle capacité. Ruffat les expérimentait toujours sur ses camarades, qu'ils soient consentants ou non. Dakin était un sujet de choix pour Ruffat : il résistait bien mieux que la plupart aux effets secondaires.

Il ne fallut qu'une minute pour que le blondinet se laisse convaincre par le twi'lek, dont les lekkus agitaient frénétiquement l'air, signe que Ruffat était très très content. Très, très mauvais signe. Mais bon, s'il disait vrai, ce liquide vaguement gadoueux atténuait les effets de la vision nocturne des hapiens. Dakin but le contenu de la fiole sans y croire, en recracha la moitié au sol, toussa et s'éloigna en menaçant Ruffat de lui faire boire ses propres concoctions la prochaine fois qu'il tenterait de l'empoisonner.

"D'accord. Mais tu m'en diras des nouvelles dans quelques heures !" s'était contenté de répondre Ruffat, dont la joie ne semblait pas troublée par ces menaces. Il en avait vu d'autres, à peu près la moitié du temple avait subi à un moment ou a un autre les effets indésirables d'une de ses potions.

La journée avait été plutôt tranquille et sans surprises jusque-là. Vingt minutes avant la reprise des cours, Maître Ob'tu cogna à la porte de sa chambre, puis entra et avisa la tête de KRIK-6 sur la table de chevet. "Padawan Gett, allez remettre cette tête là où vous l'avez trouvée" furent ses seuls mots avant qu'il ne fasse volte face. La porte coulissante se referma plus vite que d'habitude, comme si Ob'tu l'avait claquée au moyen de la Force. Les épaules voûtées, Dakin dut se résoudre à obtempérer. Pourtant, il aimait bien cette tête. D'accord, elle provenait d'un droide gladiateur qui avait voulu le tuer, mais ça, c'était avant. Il avait placé des diodes rouges à l'intérieur pour les yeux et enfilait sa main dedans le matin pour aller faire peur aux plus jeunes encore endormis.

Sur le chemin de la salle aux Pièces Détachées se trouvait le hangar, sa pièce fétiche. Il y avait la les vaisseaux habituels, constata-t-il en observant méticuleusement chacun d'entre eux... et un nouveau, qui ressemblait beaucoup à une navette de classe Ministry, mais avec quelque-chose de différent. Intrigué, il ralentit, s'arrêta, vérifia qu'aucun ponte Jedi n'était dans le coin pour l'embêter et se dirigea vers le vaisseau blanc pour en faire le tour. Les ailes rétractables, le nez proéminent du cockpit, les deux canons lasers... non, quelque-chose ne tournait pas rond, et il devait en avoir le coeur net. Heureusement, la rampe était baissée...


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"Dakin ?"


"Hmm non maman laisse-moi encore..." marmonna-t-il en gesticulant un peu. Son corps était disposé sur le flanc, lové contre la tête de Krik-6 qu'il tenait entre ses bras et son ventre. Les moteurs de la navette, ronronnants, lui rappellaient le son rassurant du Tisseur de Rêves. Il lui fallut quelques secondes pour réaliser que ce n'était pas exactement le son du Tisseur de Rêves, donc qu'il n'était pas dessus, donc que la voix qu'il venait d'entendre...

Il entrouvrit un oeil bleu, le referma et se remit à marmonner : "Soit t'essaies un nouveau masque à algues maman, soit... zetes pas ma mère." Un flot d'adrénaline remonta le long de sa colonne vertébrale, irriguant soudain tout son corps. Il ouvrit grand les yeux et se redressa, manquant se cogner la tête contre le haut de la couchette. Il dévisagea la mirialan d'un air circonspect, puis regarda un peu plus bas pour confirmer. C'était bien elle.
"Majel ?? Mais qu'est ce que tu fais là ?" s'étonna-t-il sincèrement, d'une voix encore pâteuse. Il avait encore du mal à déterminer où il était, et quand, et pourquoi il était là, comme s'il se réveillait d'un très, très long sommeil.

"Oh... Ruffat" fit-il pour lui-même. "Y'a un twi'lek bleu qui va rejoindre la force plus tôt que prévu !" Puis il s'adressa de nouveau à la padawan maintenant chevalier, qu'il avait toujours appelé par son prénom.
"Steuplait Majel, dit rien aux Maîtres. C'est pas de ma faute, promis ! Faut qu'j'fille aux Pièces Détachées, j'ai un cours dans 10 minutes !" Il essaya de se relever complètement et de sortir de la couchette, mais ses bras et jambes pesaient une tonne.

La Mirialan et le garçon se connaissaient par leur rang de padawan, lorsque la jeune femme n'était pas encore chevalier et qu'elle côtoyait encore parfois les plus jeunes. La relation la plus comparative à celle de Dakin et Majel s'apparentait à celle d'un frère et d'une sœur, même s'ils n'avaient pas cette importance l'un pour l'autre. Aussi, lorsque le jeune hapien lorgna un bref instant sur sa poitrine, comme cela lui arrivait, la verte fut quelque peu agacée. Elle s'était depuis des années habituée au regard peu discret des hommes qui la croisait, mais de la part du garçonnet, qui plus est un camarade padawan, cela devenait gênant. Peu importe, lui, ne semblait pas se lasser de ces regards en coin lorsqu'il croyait qu'elle ne le remarquait pas.

Lorsqu'il voulut se lever, Majel prévit la chute et tendit les bras juste à temps pour retenir Dakin. Celui-cit fit-il exprès d'en rajouter une couche et de se retrouver le nez contre la commissure de ses seins ? Le reposant sur ses deux pieds pour le lâcher, la Mirialan s'exclama :

- Ahahah ! Je crois que je vais devoir te signer un mot d'excuse alors, parce que tu as dors et déjà quelques années-lumières de retard sur ton cours... Nous sommes en hyperespace et nous serons en orbite autour de Rodia dans quelques minutes. Mais qu'est-ce qui t'a encore pris cette fois ? Dormir dans une navette à quelques minutes de ton cours, tu n'es pas bien ? Et c'est quoi encore cette tête de droïde ? Par la Force, Dakin, je plains le malheureux maître qui héritera de toi !

Elle ne s'était pas emportée avec colère ou sévérité, elle était juste exaspérée que Dakin ne mûrisse toujours pas. Allait donc-t-il toujours faire des bêtises, jusqu'à ses 77 ans ?

Le laissant jauger seul des conséquences de sa situation actuelle, Majel sortit de la petite cabine pour retourner au poste de pilotage ; là, assise dans le fauteuil, le pouce et l'index contre ses paupières fermées, elle tâchait de réfléchir – ou se laisser inspirer – à la meilleure chose à faire ; ordonner un changement de cap pour ramener le padawan sur Ondéron – ou sur Dxun, pour lui faire les pieds ! - ou bien l'emmener avec elle sur Rodia en mission d'arrestation ?
Si elle l'emmenait, serait-il prêt ? Serait-il une gêne, risquant de la faire échouer, ou bien pourrait-il l'aider ? Ou encore saurait-il rester sagement dans le vaisseau pendant qu'elle serait sur le terrain ? Mieux ne valait pas compter sur cette dernière option, tant l'idée même de rester sage lui semblait étranger...

Lorsqu'il la rejoint, elle lui expliqua la situation ;

- Dakin, je suis en mission. Une dangereuse mission. Je dois arrêter un jedi renégat puissant. Et le temps joue contre moi. Je ne peux pas faire demi-tour, et je vais avoir besoin que tu m'aides ; soit en ne me gênant pas, soit en me prêtant assistance. Tu a le choix.

Ils sortirent de l'hyperespace et une minuscule petite sphère verte devint brusquement gigantesque, laissant apparaître des mers bleues grises.

- Votre commandant de bord vous souhaite la bienvenue dans le système Rodien, veuillez redresser votre siège et la tablette devant vous, et attendre l’arrêt complet avant de descendre, merci de laisser passer les femmes et les padawans d'abord...

[Hj - Je ne sais pas si/comment vous vous êtes arrangés pour faire évoluer la trame, donc sauf ordre contraire, j'évite de la faire trop avancer]

Les yeux de Dakin s'agrandirent autant que l'effet narcoleptique de ce qu'il avait bu leur permit. Tout d'abord, il crut que Majel lui faisait une blague... mais en fait, elle avait l'air bigrement sérieuse. Et fâchée. Il voulut lui dire que ce n'était pas de sa faute, mais après 2 ans au Temple, il avait tant usé et abusé de cette phrase qu'elle n'avait plus aucun effet sur les figures d'autorité. De toute manière, elle avait déjà fait volte-face sans attendre d'explication. Le pincement au cœur qu'il ressentit sur l'instant lui était familier. Il observa Majel s'éloigner et la porte de la cabine se referma automatiquement, le laissant à nouveau seul.

Le garçon soupira et fourra sa main à l'intérieur de la tête de Krik-6 pour la manipuler comme une marionnette. "Tu vois, Krik-6, c'est toujours pareil. Comment j'pouvais savoir que la potion de Ruffat allait me mettre ko ?" Ses doigts agrippèrent les fils au niveau des yeux, ce qui eut pour effet de les allumer. "Si vous n'étiez pas entré dans cette navette, vous seriez encore au temple. Votre curiosité vous perdra, Maître Dakin". Le blondinet soupira à nouveau, fronça les sourcils en pensant aux remontrances de l'Ordre, puis sourit franchement. "Ouais mais regarde. On est sur un vaisseau ! Dans l'espace !" A ces mots, les diodes rouges de Krik-6 s'allumèrent de nouveau et le ventre de Dakin répondit : "Il ne manque plus que votre mère."

Le garçon resta un instant interdit, à contempler les yeux vides de vie du droïde. Il reposa doucement la tête sur la couchette et sortit rejoindre Majel dans le cockpit en étouffant un bâillement. Son pas était louvoyant et il n'était clairement pas en possession de toutes ses facultés. "Tu m'en diras des nouvelles... T'inquiète. J'vais t'en dire..." marmonna-t-il menaçant à l'intention d'un certain twi'lek bleu. Sa main se posa sur le siege du co-pilote afin qu'il puisse maintenir son équilibre. Alors il releva les yeux et toute sa mauvaise humeur se dissipa. Bille verte et bleu pâle, Rodia englobait la moitié de son champ de vision. Un frisson le parcourut des pieds à la tête et ses lèvres s'étirèrent vers le haut. A sa gauche, Majel venait de lui expliquer qu'elle était en mission et tout ça. Il avait écouté mais pour seule réponse, s'extasia : "T'as vu ça ? Elle est presque aussi jolie que toi !"

A ces propres mots, il eut un sourire et un regard en coin pour la mirialan. Puis, comme ils se rapprochaient très vite de la planète, il s'assit dans le siège du co-pilote. Ses yeux firent rapidement le tour du cockpit, des panneaux et des boutons. C'était bien une navette Ministry, mais surement une version modifiée, à laquelle on avait ajouté entre autres un système d'hyper-propulsion. L'entrée dans l'atmosphère se fit brutalement, et il se dit que s'il avait été aux commandes, il se serait mieux débrouillé que Majel. A peine une minute après, ils purent apercevoir un dome transparent, comme une bulle, dominer la jungle. Il protégeait de grands immeubles, toute une ville en fait. Dakin n'en perdait pas une miette. En se rapprochant encore, il put voir des cercles à la surface du dome. Surement des sas d'accès pour les vaisseaux.

Soudain, une voix nasillarde cracha dans l'intercom : "Navette de type Ministry, ici le contrôle d'Iskaayuma. Déclinez votre identité et la raison de votre venue." Dakin se tourna vers Majel, interrogatif. Il ne dormait pas toujours en cours, et savait que Rodia était une planète neutre, non-affiliée à la République. "On a qu'a leur dit qui on est. Si y'a un Jedi fou chez eux, ils ont intérêt à nous aider !" Puis ce que lui avait dit la mirialan lui revint en tête et il plissa les yeux. "Au fait, il a fait quoi pour qu'on doive le retrouver ?"

L'utilisation du 'on' était sans équivoque. Oui, Dakin voulait aider... parce qu'il aimait bien Majel, parce qu'il était curieux, parce qu'il voulait voir Iskaayuma, parce que s'ils ramenaient le renégat au Temple, l'Ordre serait sans doute plus clément avec lui - et il pourrait raconter une nouvelle histoire aux plus jeunes ! En fait, il n'y avait aucune bonne raison pour ne pas participer. Alors ce serait 'on', si Majel l'acceptait. Elle n'avait même pas à le dire, juste à répondre à sa question.

[Hrp : Yukàn nous laisse le rattraper un peu avant de reprendre son tour, je vais faire un peu avancer le rythme, et Dakin, je t'invite à faire de même si tu le souhaites, n'hésite pas à prendre l’initiative de l'évolution du rp ]

Au joli compliment de Dakin fait à son aînée lorsqu'apparut la planète Rodia, Majel fut presque touchée. Le garçon aimait passer pour un dur, mais il avait parfois ces élans flatteurs. Et si comme tout garçonnet de son âge, Dakin avait sûrement plutôt tendance à tirait les couettes des filles dont il pouvait s'enticher, le fait de carrément avouer l'importance d'une fille à ses yeux, ne serait-ce que l'importance de sa beauté, c'était vraiment touchant.

- Bien essayé, joli cœur ! Lui lança la mirialan avec un clin d'oeil et un ton incrédule, soupçonnant là toutefois une tentative d'amadouer cette « grande soeur » qui pouvait peut-être l'aider à passer un moins mauvais quart d'heure une fois de retour au temple.

L'engin se dirigea avec conviction jusqu'à une cité protégée sous dôme, Iskaayuma, troisième plus grande cité de Rodia. Ces bulles constituaient un excellent système douanier car y entrer n'était possible que par des ouvertures contrôlées par les autorités aériennes de ces cités, et sans autorisation, il était impossible de se faufiler jusqu'à un spatioport.

- Contrôle Rodien d'Iskaayuma, ici navette Ministry Thétys. Chevalier Jedi Luca et... padawan Gett. Nous sommes en mission. Un dangereux fugitif s'est réfugié chez vous, nous venons vous en débarrasser.

Quelques minutes de silence s'écoulèrent pendant lesquelles Majel renvoyait à Dakin son regard interrogateur et expectatif. La navette poursuivait en direction du sas d'ouverture le plus proche et s'en rapprochait tant et si bien que le doute s'installa.
- Au fait... Je cherchais un peu d'inspiration en visionnant les holo-enregistrements de la salle d'entraînement, dernièrement, et... Dakin, j'y ai vu un garçon se laisser chevaucher par une jeune padawan... c'était si mignon... taquina-t-elle avec délectation le blondinet. Elle savait que sa réaction ne serait que, au mieux renfrognée, mais elle l'aimait bien ainsi, le hapien.

Enfin, on leur répondit, sur un ton tout aussi monocorde et sans vie qu'à la première intervention.

- Bienvenue sur Rodia, chevaliers Jedis, vous êtes autorisés à poursuivre votre mission sur le territoire.

Les portes s'ouvrirent à leur approche et la navette fut engloutie dans le dôme gigantesque au travers duquel l'on pouvait apercevoir les vastes entrepôts.

"Au fait, il a fait quoi pour qu'on doive le retrouver ?"

Dakin intéressait à la mission, et indiquait implicitement vouloir participer.

- Tu te souviens de Yukàn ? Un padawan du même âge que moi, à quelque chose près, cheveux blancs, bagarreur... Il a trahi, il y a trois ans. Je viens juste de l'apprendre, mais il est recherché depuis tout ce temps. Il a vendu le vaisseau qu'il avait volé, c'est comme ça que j'ai retrouvé sa trace. Nous voilà posés. Notre première piste, c'est le nouveau propriétaire de la navette jedi ; Allons lui parler !

Leur véhicule était garé dans un hangar froid mais grouillant de créatures humanoïdes à têtes de mouche. Certains possédait une « chevelure «  en crête, assortie à la couleur souvent pastel de leur peau. Malingre, leur allure ne respirait pas l'honnêteté et la confiance n'était pas le sentiment qu'ils inspiraient le plus à la jedi ; cependant, elle devait plus craindre l'Echanni qu'ils poursuivaient plutôt que les Rodiens.

Lorsqu'ils parlèrent à Brodee, l'heureux acheteur, celui-ci protesta à l'idée qu'il devrait rendre à l'ordre sa propriété, mais lorsque Majel lui suggéra qu'elle fermerait peut-être les yeux s'il se souvenait d'un détail lui permettant de retrouver le proche-humain, celui-ci n'hésita pas un instant à balancer tout ce qu'il savait, en Rodien, évidemment !

- (VOSTB) Si, si, il est resté un moment dans l'astroport, à dormir assis par terre dans sa cape. Et puis d'un coup, il s'est relevé et il s'est dirigé vers la billeterie, a acheté un ticket et s'est dirigé vers les départs publics !
- Un transport en commun ? Tu sais pour quelle destination ?
- Non, je le jure ! Mais laissez moi ce vaisseau, il m'a coûté beaucoup de crédits ! Je l'ai mérité, il m'appartient !
- Garde ta casserole, mais gare à toi si tu nous as menés en bateau...

Dakin et Majel ne savaient pas encore vers quels cieux plus cléments leur cible s'était envolée, mais il leur restait une chance : la billetterie de Rodia était en lien étroit avec le contrôle aérien, et une liste des passagers était nécessaire pour valider l'embarquement.

Hélas ! Lorsqu'ils eurent enfin pu rencontrer le responsable et qu'il accepta de faire faire une vérification des registres, une incohérence se présenta dans la liste des passagers, quant au nombre de places occupées et celui des noms enregistrés. Yukàn devait s'être servi de la persuasion pour esquiver le contrôle d'identité... Ou alors il avait fraudé d'une manière diverse, mais quoi qu'il en soit, cette erreur dans un protocole aussi stricte et sécuritaire prouvait son passage par là, et par la navette en partance pour... Utapau.

- Prêt à cavaler de nouveau à travers les étoiles, joli cœur ?

Les deux partenaires remontèrent à bord du Thetys et mirent le cap pour Utapau.

Dakin ne connaissait pas Yukan, car l'Echani avait quitté le temple avant même que lui n'y rentre, mais en entendant sa description, il se dit qu'ils se seraient surement bien entendus. Sauf que l'autre avait choisi de trahir les Jedi, et ça, Dakin ne le ferait jamais ! Visiblement, ça importait à Majel de comprendre pourquoi un tel retournement de veste. Pas à Dakin : savoir que Yukan avait trahi leur confiance lui suffisait, et il était tout à fait disposé à aider la Mirialan à le traquer. L'idée de partir à l'aventure "pour de vrai" l'excitait, mais il se doutait que ça ne serait pas aussi simple qu'une partie de cache-cache avec son clan de zolanites.

Alors qu'ils pénétraient dans l'atmosphère de Rodia, la grande verte fit allusion à ses entrainements "secrets" au sabre-laser avec Nahla. Enfin, pas si secrets que ça. Il s'enfonça dans le fauteuil du co-pilote et tenta de ne pas trop rougir. Il avait tellement désiré que personne ne soit au courant... et il avait oublié que des holocaméras surveillaient constamment la pièce. Grossière erreur, indigne de lui. Il ne répondit pas à la pique, espérant que Majel allait passer rapidement à autre chose. Heureusement, ce fut le cas.

Leur aventure sur Rodia fut courte mais intense, surtout au niveau des sensations. Le climat étouffant, les odeurs, les sons, la langue, tout était si différent que, légèrement déboussolé, Dakin passa tout son temps à s'adapter. Ses pieds suivirent automatiquement ceux de Majel, tandis que sa tête tournait dans tous les sens pour emmagasiner le plus d'informations possibles. Quand il refit surface, il était déjà temps de regagner le vaisseau et de "repartir pour de nouvelles aventures". Déjà ? faillit demander Dakin, mais il préféra offrir son plus beau sourire à la mirialan. Joli coeur, elle l'avait appelé, rien que ça ! Si elle voulait en faire un surnom pour lui, ça ne le dérangeait pas du tout !

De loin dans l'espace, Utapau ressemblait à Rodia. C'était vert. Après s'être faufilés entre la myriade de satellites qui orbitaient autour de la planète, ils purent entrer dans son atmosphère et constater que les apparences étaient bien trompeuses. Rodia était marécageuse, Utapau était rocheuse et désertique. Rodia ne lui avait pas vraiment plu. Utapau, par contre, c'était son type de planète. Dure, âpre, avec des ressources insoupçonnées en son for intérieur, peut-être même quelques oasis en cherchant bien.

Selon leurs informations, la navette qu'avait empruntée Yukan avait pour terminus Pau City. Ils atterrirent donc sur une des plateformes au niveau supérieur, le plus aisé de tous, la "vitrine" de la ville. Là se trouvait tout le confort pour les grands pontes industriels de passage ainsi que les institutions gouvernementales et commerciales les plus importantes. La aussi se trouvait le terminus des navettes a propulsion hyperspatiale. Dakin descendit de la rampe le premier, en courant. Comme sur Rodia, sa tête tournait dans tous les sens... mais cette fois-ci, il était à la recherche d'indices, n'importe quoi qui les mette sur la piste de Yukan.

"On pourrait aller a la navette, interroger le pilote avant qu'il reparte ? Ou alors on va voir les forces de sécurité pour les prévenir ? Ou alors..."

Virevoltants, ses yeux attrapèrent l'holo-écran le plus proche. Dessus passaient en boucle les images d'une altercation qui devait se passer pas loin de là, vu la similarité du paysage. Il ne comprit pas le bandeau informatif en dessous vu qu'il n'était ni en basic, ni en corellien, ni en hapien, ni en zolanite, ni en chalactais. En revanche, les images parlaient d'elles-mêmes. Le droïde caméra avait réussi à se frayer un chemin dans la cohue et immortaliser quelques secondes la fuite d'un homme visiblement jeune, aux cheveux blancs.

"Laisse tomber la Force, Majel. La Chance est avec nous !" Et la Chance était bigrement puissante, quand elle s'y mettait. Avec un petit rire, il se rua sans attendre la verte en direction du précipice. Alors qu'il touchait au but, un "HALTE !" impératif résonna dans son dos et le fit instinctivement s'arrêter. Il se retourna pour aviser un grand bonhomme grisatre, au crane chauve et au visage strié. Il portait une bure rouge et un baton rustique orné de lames. Il s'avançait, révélant ses deux rangées de dents acérées. Dakin déglutit et fit un pas en arrière. "HALTE, j'ai dit. Tu es un JEDI ?" tonna le Pau'an, attirant l'attention des badauds qui passaient.

Que faire ? S'il répondait par l'affirmative, on l'accuserait surement des méfaits de Yukan, qui à en juger par les images sur l'holoécran, était recherché lui aussi. En même temps, ce n'était pas trop difficile de deviner qu'il était Jedi, avec son sabre laser qui pendait à sa ceinture, sa bure blanc cassé et sa natte... et les Jedi ne devaient pas être en odeur de sainteté sur cette planète depuis quelques minutes. Tandis qu'il reculait vers l'immense précipice, le Pau'an continuait d'avancer. Sa main se porta à sa ceinture. S'il était acculé, il dégainerait. Pourquoi Majel prenait-elle tant de temps ? se demanda-t-il en penchant la tête à gauche pour voir au delà de l'immense corps qui approchait toujours.

Un long soupir lui échappa lorsqu'il la vit enfin. Soulagé, il retrouva tout naturellement sa hargne. Son visage se durcit, et ses deux pieds se fixèrent au sol. "Onna fulle guth !" cracha-t-il à la figure du Pau'an qui, dans quelques secondes, serait à portée pour frapper. Dakin saisit son sabre laser et le décrocha de sa ceinture. Il ne savait même pas qui était ce Pau'an, ni ce qu'il lui voulait vraiment... et à vrai dire, il s'en fichait. On ne menaçait pas Dakin Gett !

A peine son jeune compagnon d'aventure fut-il sorti de la navette qu'il s'attira des ennuis à une vitesse digne d'un holo bloqué sur avance rapide. Ses élans passionnés, sa tête brûlée, ses jurons... Si Majel n'était à la longue devenue plus posée, elle ressemblerait encore à ce gosse - preuve malgré les apparences qu'il y avait encore de l'espoir pour lui.

Au lieu de cela, elle s'était contentée de sortir sans précipitation, juste à point, en pensant à verrouiller le Thétys et à enregistrer son stationnement. Hélas, elle n'aura eu qu'une minute pour s'occuper des formalités qu'une agitation lui arracha son attention. Puisque il était au piège face à des autorités locales, elle prit soin de ne pas intervenir trop brusquement, cherchant à calmer l'envolée émotionnelle qui régnait ici, et à montrer patte blanche. S'approchant d'un pas ferme mais sans le presser, sa voix, toute aussi ferme, se chargea de remettre Dakin en place.

- Dakin ! Range cette arme immédiatement, m'entends-tu ?! Son regard imitait peut-être trop exagérément la fureur pour être crédible. Mais elle devait calmer le minot avant qu'il ne gâche tout. Comme si elle n'avait que ça à faire, jouer la police avec ce chenapan. Il était sensé l'aider !

- Toutes nos excuses, euh, capitaine ? Oui enfin, nous sommes effectivement des jedi. A la recherche de celui qui à l'instant vient de semer la pagaille chez vous. Les forces de l'ordre Pau'an peuvent évidemment compter sur notre totale collaboration. Elle tourna de nouveau son regard froncé vers le padawan pour s'assurer qu'il remettait bien son sabre à son ceinturon.

Pauvre petit. Il n'avait pas cherché la mouise, pourtant, il s'était fait simplement interpellé par la police locale... Et au vu de la situation, sa faute aura seulement été de ne pas se comporter en sage petit garçon. Non, certainement pas Dakin. Majel songeait à avertir un jour toutes les forces de polices de toute la galaxie, au sujet du tempérament du garçon. Juste au cas où, ça pourrait sûrement lui servir ! Toujours était-il qu'elle ne lui en voulait pas. Elle ne le pouvait pas. Son tempérament l'emmenait malgré lui, et il faudrait des années de patience à un maître pour le canaliser. D'ailleurs, plus tôt il en aurait un, mieux ce serait ! Mais qui pourrait vouloir de lui ?! Peut-être Yukân, s'il était resté dans le droit chemin... Il aurait été apte à prendre en main le bonhomme, l'emmener se défouler dans des missions périlleuses... Ou peut-être elle ? Non ! Majel balaya cette idée saugrenue. Elle y perdrait la santé à toujours lui courir après. Et puis elle n'était de toute façon pas en âge de prendre un apprenti, elle ne se sentait pas encore prête.

La voix mielleuse et les mots rassurants de la mirialan convainquirent le représentant de l'ordre d'Utapau qui se détendit imperceptiblement. C'est à dire qu'au lieu d'être totalement crispé le poing fermement arrimé à son bâton, il sembla juste en avoir un second dans le postérieur. Raide comme un piquet et toisant de haut la jolie et jeune jedi, il déclara :

- Et bien soit, si vous le dites. Votre jeune ami a pourtant permis au suspect de s’échapper, faisant barrage au péremptoire du criminel. Quand je l'ai vu sauter dans le puits, j'ai d'abord pensé à un suicide désespéré, mais si vous me confirmez ma seconde hypothèse, alors ce jedi doit avoir survécu à son vol déchu.

- Yukân vient de sauter de là ?! S'exclama le chevalier topless. Un frisson lui remonta le long de l'échine. Les acrobaties, elle connaissait, mais l'Echani demeurait impressionnant, à chacune de ses interventions. Ses sorties n'étaient pas en reste, visiblement.

- Selon toute apparence. Avez vous la moindre suggestion, maître jedi ? Sa voix sifflait comme un serpent. Son mépris était contenu mais perceptible. Sale journée, peut-être ?

La cible était extrêmement dangereuse pour les non sensibles à la Force, mais il le restait aussi pour Majel et Dakin, aussi, tous les renforts avec eux pour les appuyer pourrait faire la différence. Mais le blondinet au caractère de gamoréen parviendrait-il à dépasser son ego pour coopérer ?