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Duke était impassible, son visage reflétant la paix et la sérénité qui lui étaient habituelles. Assis sur l'un des sièges du Conseil, l'épée posée sur le coté de ce dernier, l'Inquisiteur attendait. Le matin de cette journée avait vu l'ordre définitif de retrait des troupes inquisitoriales. Celle-ci n'avait plus rien à faire au Temple, à la différence de lui, à qui il restait une tâche, un dernier Maitre à passer au crible de l'inquisition : Saïen-Diethor Don, mieux connu sous le nom de Saï Don.

Duke, au cours des deux années de service qui venaient de s'écouler, avait tenté plusieurs moyens pour entrer en contact avec le vieil homme. Pour finir, il avait même mis sa tête à prix. Mais rien n'avait définitivement marché. Et voila qu'il y a deux jours, le vieil homme revenait lui-même au Temple. Nombres d'inquisiteurs avaient voulu lui mettre la main dessus, mais l'Alderaanien avait été clair : le Maitre comparaîtrait devant lui à cette date et heure. Jusque là, des mesures seraient prises de manière à ce qu'il ne quitte pas l'enceinte du Temple, mais qu'il puisse passer du temps avec ceux à qui il avait manqué. Et le premier dans la liste présente dans l'esprit de Duke était Luke, le propre Padawan du Maitre.

Respirant calmement, Duke fut un instant nostalgique, repensant à son arrivée au Temple il y a deux ans. Il avait rencontré dans la même pièce le Maitre Caldin et la conversation s'était révélé pacifique. Une partie manquait toujours dans les archives-vidéos de la Salle, résultat d'un acte délibéré. Touchant la commande du bout des doigts, Duke coupa les vidéos. Rien de ce qu'il se passerait serait dès lors consigné. Il n'y aurait que lui et Sai pour savoir ce qu'il se jouerait ici.

Puis, Duke laissa ses bras se reposer sur les accoudoirs de son siège. La présence du Maitre Jedi se rapprochait et la porte ne mit pas longtemps à s'ouvrir, laissant entrevoir celui qui avait longtemps siégeait ici. Quelque est été ses actes, l'Inquisiteur Aballîn restait admiratif de la présence de l'homme. L'invitant d'un léger signe de main à s'asseoir dans l'un des sièges, en raison de son âge avancé, Duke se félicitait intérieurement d'avoir enfin l'occasion de parler à cet homme presque reconnu comme une légende de l'Ordre.

-"Saïen-Diethor. Prenez place, je vous en prie."
Saï Don
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Proposition de musique : Symphonie n°9 du Nouveau Monde, Antonin Dvorak



    Ces sols de marbre, ces rayons lumineux qui transperçaient les hautes fenêtres dans les couloirs, la rumeur des padawans qui montait depuis le réfectoire et ce vent sec et chaud qui balayait son visage lorsque, tout en haut de l'une des tours du Temple Jedi, le vieux Maître allait contempler l'infinie étendue de jungle... Tout cela avait retrouvé une saveur toute particulière, qu'il n'avait plus connu depuis longtemps : celle de retrouver des sensations de jeunesse, rassurantes, après de dures épreuves loin de chez soi. C'était un sentiment qu'il avait retrouvé comme un rituel tout au long de sa vie, car chacune de ses nombreuses missions s'était terminée par ce doux retour aux sources qu'il était en train de connaître à nouveau. Il avait oublié le délice que cela pouvait être. Etre parti pendant si longtemps pouvait avoir du bon, aussi.

    Les mains parcheminées du vieil homme quittèrent le rebord de pierre et il jeta un dernier regard vers Iziz avant de se résigner à quitter son poste d'observation.


    ***

    Un étroit escalier, un ascenseur où un Chevalier nerveux l'avait salué en triturant sa ceinture avant de le quitter au deuxième étage. Puis l'appareil s'était élancé vers le ciel, dans une autre tour, pour une autre tâche, moins plaisante que celle de vérifier que la vue des points hauts du Temple concordait avec ses souvenirs. Le vieillard quitta l'élévateur avec toutefois une pointe de soulagement : il allait retrouver le Conseil, lieu où tout était décidé avec la sagesse des anciens. D'un tel procédé, et connaissant l'éducation que l'on donnait aux Jedi, c'est un rempart certain envers la violence de ce monde. Un lieu que personne ne pouvait véritablement envahir, quand bien même des hordes de Sith choisiraient de s'asseoir sur ces sièges rigides et antiques -non dans leur matériau, mais dans les souvenirs des Jedi. Quoiqu'il arriverait, l'esprit des anciens imprégnerait toujours cet endroit dans sa sagesse infinie.

    Le vieil homme n'utilisa pas la Force pour pousser l'une des grandes portes qui ouvraient sur la Chambre du Conseil. Il utilisa ses humbles muscles et se faufila à l'intérieur, comme un enfant l'aurait fait dans une cachette secrète. Le panneau se referma derrière lui en silence, et seuls ses pas lents perturbèrent le calme des lieux. La pièce était baignée de lumière, comme il s'en souvenait. Certaines choses étaient immuables, comme la course de l'astre d'Ondéron au-dessus du Temple Jedi.

    D'autres l'étaient moins. Le respect des coutumes anciennes, par exemple, n'était pas toujours quelque chose qui perdurait. Le vieux Maître ralentit sa marche, si cela était encore possible, en constatant que quelqu'un était assis là, vêtu de violet. Ainsi, c'était cela, un Inquisiteur. Un homme qui s'asseyait dans les sièges du Conseil et qui vous appelait par votre prénom, comme un vieil ami, alors que vous ne vous étiez jamais rencontrés.

    Le vieillard le salua avec un léger sourire poli et une brève inclinaison de la tête.

    - Je resterai debout, merci,
    souffla-t-il.

    Il avait ses raisons, qu'il n'expliquerait que si l'Inquisiteur le lui demandait... Quoiqu'il ne fut pas sûr que cet homme-là pût comprendre.

    Ils étaient seuls, ici. Saï aurait aimé sentir près de lui la présence d'Ellana, mais elle devait être occupée autre part, puisqu'elle n'était pas ici à siéger. Ou bien celui qui l'accueillait ici comme s'il était le maître des lieux avait poliment demandé à la Maître Jedi de les laisser seuls dans la Chambre du Conseil ?

    Le vieillard joignit les mains sur sa bure, immobile au centre de cette pièce comme il l'avait été lorsqu'on lui avait demandé si on voulait devenir padawan. Lorsqu'on l'avait présenté à Maître Bibann. Lorsqu'il avait été adoubé Chevalier Jedi. Lorsqu'il venait faire ses rapports de missions. Lorsqu'on lui avait donné à charge son premier, puis son deuxième, puis son troisième padawan, lorsqu'on lui avait annoncé son accession au rang de Maître... Toutes les étapes de sa vie avaient été marquées par cette étape, être campé humblement au milieu de cette pièce, parfois à genoux, devant les anciens de son Ordre. Mais aujourd'hui, c'était un inconnu qui était assis en face de lui, avec une épée en guise de sabre laser et les vêtements de la République au lieu d'une simple bure de Jedi. Les temps changent, se dit le vieil homme pour lui-même.

    - Veuillez excuser ma pauvre mémoire, mais nous sommes-nous déjà rencontrés ?
    demanda-t-il, ses yeux bleus examinant avec attention le visage de l'inconnu. Voilà bien longtemps que l'on ne m'appelle plus par mon prénom.

    La Chambre retomba dans le silence paisible qui lui était habituel, tandis que le vieillard immobile, de grandes cernes sombres sous des iris azur pourtant brillants de vivacité, attendait patiemment que l'on satisfît sa curiosité.
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Le vieux Jedi savait faire montre d'un respect exemplaire des règles. Il s'était visiblement présenté avec une bure presque aussi soignée que si elle venait d'être confiée, cela juste après sa conception. Mais se présenter avec une tenue correcte n'enlevait pas les actes qui avaient été commis. Actes que l'inquisiteur se devait d'éclaircir ici et maintenant.

-"Aballîn. Duke Aballîn. J'ignore si mon nom vous est connu, bien qu'il soit celui d'une famille influente de la Belle Alderaan. Mais il peut aussi vous être connu de par les antécédents que j'ai eu à une époque avec votre Ordre. Quand à vous, l'on peut aisément comprendre que vous soyez connu ... Votre nom apparaît dans un dossier qui a occupé bon nombres de mes nuits."

Cela du au passé du Maitre Jedi. Probablement l'un des dossiers les plus complets de l'Ordre, et les plus diversifiés. S'enfonçant dans le siège, Duke se rappela les heures qu'il avait passé à éplucher son dossier.

-"Un parcours notamment fort excellent au sein de l'Ordre. Il n'est dès lors pas étonnant que vous ayez jadis été désigné pour le diriger au sein de ce Conseil."

Duke prit alors appui sur les accoudoirs du fauteuil et se releva. S'approchant de la fenêtre, croisant ses bras dans son dos, il laissa sa vue observer le parc du Temple, sur lequel il avait une vue d'ensemble.

-"Le Temple ne tarit pas d'éloges sur vous. Que ce soit les Maitres ou les Padawans, nombreux sont-ils à avoir pour vous un respect qui frôlent la vénération. Vous êtes, à mon sens, presque un emblème plus fort à leur coeur que le code lui-même. D'une certaine manière, je vous envie ... Avoir ce respect acquis, c'est une chose qui est plus précieuse que l'or."

Respect. Une valeur qui traverse décidément les âges, pour rester une notion forte, ancrée dans le coeur de certains.

-"Mais un tel respect nous oblige n'est-ce-pas ? Du coup, je m'interroge. Vos actes vont-ils avoir un impact sur l'estime qu'on les gens sur vous ..."
Saï Don
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    Duke Aballîn. Oui, ce nom lui revenait en mémoire... Mais plus parce qu'il avait épluché des mois durant la presse Coruscanti et républicaine pour y glaner des informations sur ce qui se passait au Temple Jedi. C'était donc cet alderaanien qu'il avait en face de lui, celui qui avait été nommé à la tête des Inquisiteurs envoyés ici. Quant aux antécédents évoqués... Saï ignorait complètement ce qui s'était produit. Mais un petit passage par les archives pourrait lui permettre de combler cette lacune...

    Stoïque, le vieil homme écoutait parler l'Inquisiteur, qu'il trouvait plus calme que ce à quoi il s'était attendu. Après tout, si c'était un diplomate à l'origine, ce devait être normal de savoir se contrôler. Mais Saï n'était pas sûr de ce qu'avait été Aballîn avant sa nomination au titre d'Inquisiteur. Une autre lacune à combler. En attendant, c'était plutôt son passé à lui qui était en train d'être décortiqué. Même si le représentant de la République s'était retourné vers le paysage, le vieillard s'inclina légèrement, par politesse, aux compliments qui lui étaient faits.

    - L'âge procure certains de ces avantages, expliqua-t-il sans élever la voix, et par tradition, les Jedi ont toujours respecté leurs anciens. Pour ce qu'ils savent, et pour ce qu'ils n'ont plus longtemps à vivre.

    Quant à ses actes... Oui, il fallait qu'il soit honnête avec lui-même, il y avait pensé. Il s'était demandé si ceux qu'il aimait et qui l'aimaient ici ne verraient par leur lien se déchirer à cause du meurtre qu'il avait commis. Il s'était posé cette question avant même d'avoir atterri sur Coruscant... Mais le devoir avait été le plus fort. Il y avait aussi eu le besoin de ne pas laisser les Jedi sans défense après le massacre commis par les Sith sur les mondes du Noyau. Il n'avait pu laisser faire ça. Même si les Jedi avaient décidé de le bannir de l'Ordre après ce combat, il n'aurait pas regretté ses actes. Non. Et, à sa douce surprise, il semblait que beaucoup d'entre eux aient compris son geste. Et les plus jeunes ici ne comprenaient pas très bien en quoi c'était si grave... Était-ce une trahison ? Se réveilleraient-ils un jour en se disant que le grand-père de substitution de leur enfance avait en fait été un monstre ?

    - Sûrement, répondit le vieil homme sobrement. Mais tout le bonheur que m'apportent ces liens respectueux ne pourrait m'empêcher de faire ce que je pense être mon devoir.

    Toujours immobile, Saï contemplait lui aussi, d'un peu plus loin, la vue paisible qui s'offrait à eux. On manquait quelque chose, se dit-il, lorsque l'on était assis dans l'un de ces sièges. On pouvait facilement perdre de vue l'important, si on ne pensait pas à se retourner pour regarder derrière soi. Et à s'imaginer à la place de celui à qui on parle.

    - Celui à qui on voue du respect n'est pas dénué de respect pour quelque chose de plus ancien lui-même, déclara-t-il alors sur un ton énigmatique, et un sourire amusé se dessina sur ses lèvres.

    Le pauvre Inquisiteur, se dit-il, avait dû avoir du mal à se faire sa place ici. Le respect qu'on lui vouait, justement, avait sûrement été un rempart pour sa protection, puisqu'il avait pu rencontrer des Jedi et des Sith sur Coruscant mais non la République. Il fallait dire qu'elle avait dû avoir d'autres chats à fouetter, ces derniers temps. On l'avait peu à peu oublié, et les avis de recherche à son nom avait progressivement disparu de Coruscant. C'était là qu'il avait compris qu'il pourrait rentrer tranquillement... Ou presque. Car la République n'avait pas fini d'en découdre, visiblement.

    - Je voudrais vous présenter mes condoléances, reprit le vieil homme lorsque son visage fut redevenu grave. L'assassinat de l'un des vôtres en ces lieux n'est pas à la hauteur de l'honneur des Jedi... Et cela me chagrine profondément. A-t-on su ce qu'il s'était finalement produit ?

    Le vieillard avait les yeux vissés sur la face arrière du crâne de l'Inquisiteur, qui lui tournait le dos. Ce n'était qu'une image un peu plus réelle de ce qu'il se produisait ces derniers temps lorsque les Jedi essayaient de parler à la République : elle regardait ailleurs, persuadée que les paysages nouveaux recelaient de choses plus bénéfiques que ces pauvres fous qu'ils avaient sous les yeux.
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Ondéron savait resté belle, bravée le temps et les époques pour ainsi garder toute sa beauté. Il en était visiblement de même du sens du devoir du Maitre Jedi. Plusieurs fois, les yeux de Duke revinrent sur le coté, attirée par une envie de détourner la tête, mais pourtant, l'inquisiteur n'en fit rien. Pour se montrer juste, impartial, il valait mieux pour lui qu'il reste dos tourné à son interlocuteur. Le regard des autres, et les rapports de ses collègues à son sujet, était -il en était sur- déjà sur les bureaux du Sénat, l'accusant d'un soi-disant laxisme dans son travail. L'idée n'était pas déplaisante, mais relativement ennuyeuse.

-"Les archives ne mentaient pas sur vous. Vous êtes décidément unique."

La phrase fut prononcée sur le même ton de respect qu'aurait pu avoir un de ses Padawans. Un respect qui était, en soi, acquis depuis bien longtemps. Duke se souvint alors des propos de son pédagogue à une époque. C'était ce Jedi qui lui avait appris à respecté Saï. Déjà, malgré qu'il ne siégeait pas au Conseil, le vieil homme était perçu comme un pillier de l'Ordre. "Un membre au dessus du lot", pour reprendre les termes exactes.

Inconsciemment, Duke laissa son esprit atteindre un seuil d'apaisement qu'il n'avait encore jamais atteint. Une brise, calme et douce, sembla alors s'échapper de son corps, invisible à l'oeil nu, mais perceptible via la Force. Certains nomment ça l'aura. Pour l'alderaanien, c'était simplement le but de plusieurs années d'entrainement. Un but encore non atteint, et il aura fallu un vieux Jedi pour y parvenir. Curieux.

-"Je m'assurerais que vos condoléances soient transmises à la famille du défunt. J'ignore si cela leur apportera réconfort, mais votre honneur sera sauf. Quand aux raisons ... non, tout n'a pas été expliqué. Une enquête minutieuse à pourtant été réalisée ... et j'avoue que cela m'a suffit. Est-ce parce que Alvaro Maragliano et moi avions des griefs ? Je ne saurais dire. Mais je me suis efforcée d'être le plus impartial possible, ceci afin d'éviter l'escalade que un tel acte et ses conséquences auraient pu provoquer. Je ne doute pas, cependant, que votre Ordre n'y est pour rien. Mais ma seule impression ne suffit pas toujours. Le Sénat devra encore se prononcer, et si la tempête n'est pas encore venu, je gage qu'une fois leur souci de procédure réglés, cette histoire reviendra, tel un raz-de-marée."

Alvaro. Même dans la mort, il continuait son oeuvre. Pourtant, Duke n'éprouvait plus aucune haine à son égard. Alvaro avait été, avec lui, l'un des meilleurs inquisiteurs de cette mission et avait fait dignement son travail. C'est comme ça que Duke avait finalement choisi de se souvenir de lui.

Mais si Duke respectait le vieil homme derrière lui, il restait des points qu'il ne pouvait accepter. Prenant une profonde inspiration, il commença à longer la vitre de la pièce circulaire, passant derrière chaque fauteuil, droit, imperturbable comme toujours, mais à la voix un peu plus grave.

-"Pourtant, malgré qui vous êtes, ce que vous êtes ... certains points vous amènent ici aujourd'hui. La tâche des Inquisiteurs nommés par Echte Andanu consiste à faire le point sur le Temple et sur ses membres. Le Conseil en est le centre névralgique et à ce titre, chaque Maitre a subi l'inquisition. Vous êtes le dernier qu'il reste ... et ma tâche est simple. Il me suffit de répondre si oui ou non vous êtes prêt à endosser une nouvelle fois les responsabilités qui sont les vôtres."

Le pouvoir qui lui avaient été octroyés de part la charte signée par le Sénat. Du coup, tout commençait réellement.

-"Je suis conscient des preuves que vous avez apportés sur le Prince Hallan de Kuat. Néanmoins, votre attitude à son égard dénote une possible détermination à mettre un terme à ses agissements. J'entends par là un terme définitif. Si c'est le cas, alors vous avez en cela commis un meurtre avec préméditation, conduite que je me dois de réprouver, non parce que Hallan était un membre du Sénat, mais parce que la Justice est la même pour tous. Cet acte est de plus contraire à votre propre code de conduite, ce qui remet en doute vos compétences à diriger l'Ordre. Mais surtout, et malgré qu’apparemment vous en ayez mesuré les conséquences, votre acte a entraîné une série de conséquences dont vous n'avez pas été le seul à en faire les frais. Dites-moi donc dès lors pourquoi je vous laisserai reprendre vos fonctions après une telle attitude ?"

Duke s'était arrêté pour cette dernière question, et avait fixé regard du vieil homme. La conséquence qui l'avait le plus marquée était l'état de Luke durant l'absence de son Maitre. Le jeune Hapan s'était pour ainsi dire retrouvé abandonné par son principal repère. Mais Luke n'était pas qu'un Padawan parmi tant d'autres, il était LE Padawan personnel de Maitre Don. Celui dont on avait confié la charge de la formation. En le mettant ainsi sur le coté, pour quelques raisons que ce soit, Saï s'était attiré la désapprobation du plus terrible membre de l'inquisition. Ses réponses allaient, de ce fait, devoir être choisies avec soin.
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    Le vieil homme tenait toujours sa position immobile, au centre de la Chambre du Conseil. Son regard suivait lentement la marche de l'Inquisiteur longeant les baies vitrées comme passant devant une série de tableaux d'un célèbre vieux peintre alderaanien. Mais le personnage en premier plan lui semblait irréel en ces lieux, presque inapproprié au paisible décor qui s'étalait derrière lui.

    - Je vous remercie, répondit le vieux Maître dans un souffle.

    Oui, l'Inquisiteur avait donc cela de bon de croire que l'auteur du meurtre de son collègue n'était pas un Jedi. Fait étrange, au vu des circonstances qui semblaient avoir accompagné cette mort, mais Saï ne devait probablement pas avoir toutes les cartes en main pour comprendre pourquoi Duke Aballîn ne croyait pas aux apparences. Dans tous les cas, cela ne pouvait être négatif. Sauf si, bien sûr, il était lui-même complice de cet assassinat... Mais il devait y avoir bien d'autres explications, tâcha de se convaincre le vieil homme. De toutes façons, il le remerciait plutôt de n'avoir profité du sort de l'Inquisiteur Maragliano pour enfoncer un peu plus les Jedi dans la mauvaise réputation qu'ils se traînaient depuis quelques temps déjà. En partie à cause de lui, il devait le reconnaître...

    Ils en venaient au cœur du sujet, se dit Saï lorsque l'Inquisiteur évoqua le Prince Hallan. Et désormais, il n'avait plus grand chose pour se défendre, sinon sa bonne foi... Et son humilité. Car il y avait un petit détail que Duke Aballîn ne semblait pas prendre en compte.

    - Je n'ai pas l'intention, asséna calmement le vieil homme, de demander à reprendre mes fonctions au Conseil.

    Un court silence, suspendu, s'écoula, tandis que le vieillard détachait enfin son regard de celui qui semblait peser par le sien tout le jugement du Sénat et de ses citoyens. Mais l'Inquisiteur avait raison en une chose : des explications étaient la moindre des choses qu'il pouvait fournir pour excuser ses actes.

    - Mes actes sont discutables... Et je laisserai les miens en discuter, expliqua-t-il d'une voix monocorde mais décidée. L'exécution du Prince Hallan... Vous pouvez en effet la considérer comme préméditée, oui. Parce que je savais en allant à sa rencontre, tout comme vous pouvez en douter, qu'il ne se rendrait pas sur simple présentation de mandat d'arrêt.

    Darth Ritter leur avait suffisamment souvent filé entre les doigts pour qu'ils sachent à quel point le Kuati avait été fourbe et plein de ressources. Il était impossible d'arrêter durablement un homme de sa carrure ; ses relations et son pouvoir le faisait toujours revenir au devant de la scène... Les choses auraient peut-être été différentes, se surprit-il à penser, si Jacen Loran n'avait pas décidé de marcher dans les combines du Sith... Mais peut-être aussi avait-il manqué de vigilance à cette époque-là. Il était possible qu'il payait aujourd'hui le prix de ce laxisme.

    - N'importe quel jeune Chevalier, à ma place, se serait retrouvé forcé de l'exécuter s'il avait tenté de l'arrêter, poursuivit le vieillard, las. Ou de mourir... Dans tous les cas, l'Ordre aurait été privé de l'un de ses combattants. Dans sa position actuelle, j'ai pensé que ce n'était pas très judicieux. Quitte à ce que l'on enferme ou que l'on envoie quelqu'un à la mort, alors il valait mieux que ce soit un vieillard qui, de toutes façons, ne pourrait plus apporter grand chose à cet Ordre.

    C'était le même raisonnement qu'il tenait depuis des mois, depuis qu'il avait pris sa décision dans le vaisseau qui le ramenait vers le Monde du Noyau -tandis que des dizaines de Jedi et de milliers de civils tombaient sous les coups des Sith. Non, il ne regrettait pas sa décision. Qu'importait désormais qu'il fut blâmé par la République, il savait qu'au fond, beaucoup des siens avait compris son geste. Cela lui suffisait... Pour autant qu'on explique aux jeunes padawans les raisons qui l'avait poussé à enfreindre le Code qu'il enseignait depuis tant d'années.

    - Je n'ai pas d'autre raison que celle que vous venez d'entendre, Inquisiteur Aballîn, fit-il en croisant les mains derrière son dos. Ce n'est... pas grand chose, j'en conviens. C'est précisément pour cela que je ne demande pas à reprendre ma place au sein du Conseil. Les Jedi ont toujours utilisé le jugement bienveillant de leurs pairs pour établir leur hiérarchie. Je ne reprendrai donc ces fonctions que si on m'en fait la demande expresse.

    Cela aussi, serait probablement discuté au Temple. Ellana Caldin, bien sûr, serait la principale juge de cette décision, car elle avait depuis bien des années maintenant démontré sa sagesse aux plus hauts rangs de l'Ordre Jedi. Brusquement, il songea qu'il aurait aimé qu'elle soit là, à lui sourire ou à lui adresser le regard dur qu'elle avait parfois, pour qu'il sache que le Temple avait toujours à sa tête les voix qui avaient fait sa force. Mais elle serait absente pendant plusieurs nuits encore, une petite tête brune sertie d'iris violets, joyeuse et innocente, le lui avait dit en sautant dans ses bras quelques heures plus tôt.

    - Il semble que le Sénat a reconnu l'existence des Sith, désormais, et je me soumettrai donc à sa justice, comme à celle des Jedi. Tel que je l'avais promis.

    Mais le Sénat était dans un bien triste état, lui aussi...
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-"Et c'est précisément ce qui vous amène ici devant moi. Je doute que vos pairs vous regardent simplement revenir sans vous faire cette proposition. Etant donné donc la chance qu'il y a de vous voir reprendre vos fonctions, je ne peux, ni ne veux, vous attribuer un quelconque traitement de faveur."

Duke était au moins sur qu'Ellana ne tarderait pas à faire cette proposition au vieil homme en face de lui, et ce malgré le passé. D'ailleurs, il était sur aussi que, aux yeux de la Grand Maitre actuel de l'Ordre, ce même passé appuierait cette "candidature" ou proposition dont elle serait capable.

-"Je n'ai pourtant, avouons-le, pas tous les pouvoirs dans votre cas. Mes conclusions iront rejoindre votre dossier et le cas d'Hallan pourra se retrouver jugé par les cours si les personnes concernés entendent vous poursuivre en justice. Comme tout Maitre Jedi, comme votre Ordre, aujourd'hui, vous "affrontez" le joug de l'inquisition en tant que Maitre Jedi."

Duke n'était pas -et ne cherchez pas- à rendre justice. Là n'était ni sa place, ni sa vocation. Son boulot aujourd'hui consistait à passer au crible le Maitre, afin de voir si le titre lui correspondait toujours. Et qui dit Maitre ...

-"Votre acte au Sénat ... que vous le justifier ou non, celui-ci a eu de lourdes conséquences pour l'Ordre. Mais plus loin que cela, il a eu de lourdes conséquences pour l'un de vos proches : le Padawan Luke Kayan. Votre absence, longue, aurait pu avoir bien des répercussions sur cet enfant dont on vous a confié la charge ... Est-ce ainsi, à votre avis, qu'un Maitre doit se conduire de nos jours ? Nombre de Padawans ont affronté l'inquisition avec leur Maitre à leurs cotés. Mais lui n'avait plus ce repère vers qui se tourner ... Votre avis m'intéresse sur ce point. Pouvez-vous m'éclairez sur comment vous comptez me justifier cela."

Duke avait le timbre de la voix un tantinet plus abrupt. Conséquence peut-être de l'affection fraternelle qu'il avait fini par ressentir pour le Hapân. Imaginer un Maitre abandonnant son disciple était pour lui, de ce fait, quelque chose qu'il ne pouvait décemment pas tolérer.

-"Votre parcours dans l'Ordre m'aurait permis de m'attendre à tout... sauf à ça, je dois bien le reconnaître."
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    Traitement de faveur… Le vieil homme n’en demandait pas tant, mais il s’interrogeait : si l’Inquisiteur avait voulu l’aider, ou au contraire lui mettre des bâtons dans les roues, comment s’y prendrait-il ? Car maintenant ne se posait plus la question de savoir « à quoi » servait un Inquisiteur sinon à rendre des comptes à la République sur l’Ordre Jedi, mais plutôt quels étaient les moyens qu’avaient Duke Aballîn entre les mains pour faire pression d’un côté ou de l’autre de la balance ? De simples rapports ? Avaient-ils encore beaucoup de poids ? L’homme avait-il sa voix au Conseil, en plus de ces sièges qu’il se permettait d’utiliser ?

    Bien sûr, le vieillard se méfiait. Juste retour des choses, car l’interrogatoire de l’Inquisiteur l’incitait à se mettre sur la défensive. Le représentant de la République parlait lui-même de « joug » de l’Inquisition. S’il voulait se faire des alliés au Temple, songea Saï, il ne choisissait pas très bien ses mots. Heureusement, avec le Sénat, il en avait vu d’autres…

    Le vieil homme prit une inspiration. Il devait reconnaître une chose : lui aussi se sentait coupable vis-à-vis de Luke. Il n’aurait servi à rien de répéter une nouvelle fois ses justifications concernant l’exécution du Prince Hallan, même s’il n’avait pas d’autre réponse à fournir. Mais lorsqu’il avait pesé le pour et le contre, dans le vaisseau qui l’emmenait sur Coruscant alors que les mondes du Noyau étaient attaqués par les Sith, Luke avait failli lui faire changer d’avis… Mais Saï savait qu’il n’aurait peut-être plus d’autre occasion de porter un coup décisif dans les rangs du côté obscur de la Force.

    - Je ne nie pas que Luke a dû souffrir de mon absence. Je n’ai donc pas d’autres justifications, si ce n’est celles que je vous ai déjà données, j’avais un choix à faire, et je l’ai fait. L’inaction aurait peut-être eu des conséquences plus terribles encore que celle de la solitude de mon padawan. La culpabilité se rappellera longtemps à mon vieil esprit le concernant, soyez-en certain.

    Il marqua une pause. Il lui semblait s’être déjà expliqué sur ces raisons et ne savait qu’ajouter. Surtout que l’Inquisiteur présentait les choses d’une manière terrible… Alors que le Temple était normalement un endroit sûr.

    - Par ailleurs, je ne suis pas sûr qu’il faille que vous sous-estimiez autant le padawan Kayan, Inquisiteur. Il a 19 ans, c’est loin d’être un enfant qui ne sait pas se défendre. Son apparence fragile et innocente cache une complète formation de Jedi… Que vous vous en aperceviez ou non. C’est un jeune âge, certes, mais c’est un âge où l’on peut se passer de son Maître quelques mois. Luke doit apprendre à voler de ses propres ailes, et je ne lui aurais pas rendu service en restant auprès de lui mais en ne faisant pas ce que je lui ai enseigné plus de la moitié de sa vie : faire ce que l’on pense être le plus salvateur pour notre fragile galaxie, sans enfreindre le code d’honneur sur lequel nous avons prêté serment. Et puis, il n’était pas seul. Aucun padawan ici est-il jamais tout à fait seul en ces lieux, Inquisiteur ?

    A défaut de justification, le vieillard était donc convaincu de la capacité de son padawan à survivre sans son Maître. Il ne mentionna pas néanmoins que les Jedi ne devaient s’attacher de trop à d’autres personnes, mais c’était aussi pourtant une conviction qui le portait à croire que Luke devait aussi apprendre à se détacher de lui… Et lui de Luke.

    Mais quelque chose ennuyait le vieillard dans le discours de l’Inquisiteur. Devait-il se taire, ou l’homme était-il enclin à recevoir une critique ? Après tout, lui ne se privait pas… Et puis, la République le détestait déjà pour de multiples raisons. Un peu plus un peu moins…

    - Vous savez, reprit-il avec un léger soupir. Quelque chose me chagrine dans votre interrogatoire. Vous parlez de joug, vous parlez de padawans qui ont dû affronter l’Inquisition. Si vous êtes aussi terribles que vous le sous-entendez, monsieur Aballîn, comment pourriez-vous me donner des leçons concernant les attentions que doivent recevoir les padawans ? Je me demande de quel côté vous êtes… Par ailleurs, vous m’accusez d’avoir laissé derrière moi mon padawan –là où je le croyais en sécurité. Je ne pouvais cependant pas prévoir que la République enverrait ses émissaires en ces lieux pour –ô surprise, affronter -comme vous le dites- l’élève que je laissais derrière moi. La République et les Jedi, Inquisiteur, n’ont-ils pas toujours été des alliés fidèles ?

    Ainsi donc, l’Inquisiteur était là pour émettre des jugements ?

    - Moi aussi, Inquisiteur, je m’attendais à tout, sauf à ça.
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S'était-il rendu compte que Luke n'était plus un enfant ? Oui, Duke devait bien le reconnaitre. Mais Luke en était-il lui même conscient ? Là était toute la question à l'esprit de l'inquisiteur. Pourtant, cette question tomberait dans l'oubli aussitôt cette séance terminée. Et l'Inquisiteur savait déjà comment il voulait la conclure. Mais ce n'était pas pour autant que cette fin devait être précipitée.

-"Il se pourrait que lorsque vous ayez tué l'un de ses membres, ce même allié ait eu des doutes sur votre loyauté et celle de l'Ordre qui vous vouait une certaine dévotion, avouons-le. Rare sont ceux ici qui ne vous admire pas, à raison je le reconnais. La République était alors en droit de réagir. Vous ne vous attendiez pas à une pareille réaction, mais votre cavale ... votre fuite ... indiquait clairement que vous vous attendiez à une réaction. Ce que vous avez fait, quand bien même vous le justifier, reste un acte que la République ne pouvait accepter."

Et ils en payaient les conséquences. Aballîn, Maragliano et d'autres, ce n'était pas des noms, des personnes prisent au hasard. Le message derrière ces noms était clair, limpide telle de l'eau sortant de la roche. Une guerre ouverte n'avait en soi était évité que parce que les deux institutions étaient, comme le disait si bien le Maitre Jedi, autrefois alliés. Une alliance bien fébrile aujourd'hui, à en juger par la situation.

-"Vous revenez aujourd'hui au Temple, ceci afin d'être jugé. Vous dites être prêt à paraître devant la République pour répondre de ce crime, mais ..."

L'inquisiteur prit une profonde respiration avant de continuer.

-"C'est une chose que je ne peux absolument pas accepter. Je ne peux autoriser que vous soyez jugés, ou même condamner. Cet endroit a besoin de vous et serait bien sot celui qui vous imputerez le fait d'avoir accompli votre devoir. Je regrette juste que vous ayez mis ce temps à revenir, comprenez-le. Car même si vous les pensait fort, nombreux sont ceux ici qui ont été affecté par votre départ. Témoin la foule qui vous a accueillie non ?"

Oui ... Duke était là, à l'écart lors de l'arrivée du Maitre. Il avait ses raisons d'avoir attendu, plutôt que d'aller le voir directement. Mais il était là et avait vu Padawans, Chevaliers et même quelques Maitres accueillirent leur ami de longue date.

-"Vos Pairs ne vous l'imputerons pas, j'en suis convaincu. Quant à la République, eh bien ... il me semble que l'on m'a nommé pour la représenter au sein de cette enceinte non ?"

S'approchant du Jedi, posant une main sur le haut de son bras, au niveau de l'épaule, Duke sourit. Au final, Luke avait réussi à ce que le respect que Duke avait pour son Maitre augmente encore. Et puis, il y avait cette promesse qu'il avait à son égard.

-"Considérez-vous comme un homme libre, lavé de tout soupçons en ce qui me concerne. Et ma décision fait encore office de loi il me semble. Attendez-vous peut-être à des recours de la part des anciens alliés de Hallan, mais dans ce cas, vous pourrez compter sur mon soutien. Au final, je vous souhaite la bienvenue chez vous, vieil ami ..."

L’appeler vieil ami n'était en soi pas présomptueux. Le vieux Maitre avait accompli un acte audacieux, afin de sauver bon nombre de gens d'un destin sombre.

-"Je n'aurai que deux requêtes à vous formuler, mais pour ça, j'ai besoin de l'ancien Saïen-Diethor. Celui qui siégeait ici. M'accorderez-vous celà ?"

Tendant une nouvelle fois sa main vers l'un des sièges, Duke invita le vieil homme à s'asseoir, comme avant, pour une séance du Conseil qui ne devait jamais apparaître dans les archives.
Saï Don
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    Le vieil homme restait attentif aux propos de l’Inquisiteur. Il était difficile de savoir s’il cherchait véritablement à le piéger ou s’il procédait à des vérifications qu’il considérait être la routine pour son métier. Pour autant, il semblait à Maître Don que cet entretien pouvait être à double niveau ; comme si au-delà de la tâche que Duke Aballîn s’était vu confier, il y avait un devoir plus consciencieux, plus officieux, mais il était difficile de déterminer de quoi il en retournait : l’Inquisiteur voulait-il vérifier que Saï n’était pas mauvais avec les padawans ? Qu’il ne cachait rien qui pourrait leur nuire, à eux ou à la République ? Peut-être avait-il des raisons de croire qu’il pouvait jouer un double jeu ?
    Le doute était permis, au vu de l’étrange vie qu’il avait menée cette année.

    - Je n’étais pas sûr, à l’époque,
    expliqua-t-il d’une voix plus douce, de la réaction de la République à l’égard de l’Ordre tout entier. Les Sith avaient réussi à nous faire passer pour les fauteurs de trouble… Il fallait que je sois en mesure d’agir de nouveau, si le Sénat s’en prenait trop violemment aux Jedi. Mais comme vous le savez sûrement, j’ai promis d’accepter de me livrer si la République reconnaissait l’existence des Sith… Ce qui est fait, désormais. Et me voilà.

    Il écarta les mains. Soudain, il ressemblait à un vieillard comme n’importe quel autre vieil humain de la galaxie, que n’importe quel grand gaillard aurait pu menotter pour le mettre en prison.

    Oui mais voilà : la République ne s’intéressait plus guère à lui. Certes, entre temps l’existence de preuves impliquant Darth Ritter dans des méfaits passés et projets néfastes à venir envers la République faisait un tout petit peu moins du Prince de Kuat le martyr qu’il avait été pendant quelques mois. Mais surtout, les Sith avaient détruit le Sénat, et l’urgence s’était faite ailleurs.
    Rien ne disait, cependant, que le nouveau gouvernement, bientôt élu, ne viendrait pas le mettre aux fers pour qu’il réponde de ses actes. Il les suivrait sans faire d’histoires –sauf si c’étaient les Sith en personne qui venaient lui passer les menottes, peut-être.

    Le vieillard inclina alors la tête de côté, surpris. Comment ? L’Inquisiteur s’opposait à ce qu’il fut jugé ? Etrange… Et pour l’intérêt du Temple, qui plus est. Etait-il sincère ? Saï ne voyait aucune trace de mensonge dans les traits de cet homme surprenant, mais mieux valait rester prudent. Il ne répondit pas et laissa poursuivre Aballîn. Apparemment, ce dernier avait de quoi faire renoncer à la République à arrêter le vieux Maître.

    - Je ne savais pas que vous aviez une telle autorité,
    répondit-il prudemment.

    C’était une bonne nouvelle si c’était le cas… Mais malheureusement, Saï doutait que si le Sénat décidait de s’en prendre à lui, l’Inquisiteur pût l’en empêcher bien longtemps. Au mieux pourrait-il témoigner en sa faveur ou demander à ce que son procès fut fait dans des conditions décentes.

    Alors que le vieil homme restait immobile, Duke lui posa une main sur le bras, et lui annonça sa liberté. La scène lui paraissait étrange, irréelle. S’il y avait d’autres agents comme celui-ci, au Sénat, alors les Jedi avaient peut-être une chance de rester alliés… Mais Saï ne pouvait non plus donner toute sa confiance sur une simple faveur accordée, aussi importante fut-elle. Car c’était comme cela que commençaient bien des pièges… Il y avait juste à espérer qu’Aballîn fut une honnête homme.

    - Merci, dit sobrement le vieux Maître.

    Puis il acquiesça en silence car, cette fois, il acceptait de s’asseoir à la place qui lui était indiquée.

    Et tandis que le vieillard prenait doucement place, avec des gestes qui semblaient lui revenir d’une habitude sortie d’outre-tombe, les rôles s’inversaient.
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Le vieil homme prenait place, et ce faisant, Duke comprit ce qui l'avait jadis mené à cet place. Le Maitre Don l'avait jadis mérité, et la mériterait encore, quoi qu'il en pense. Un instant, l'inquisiteur apprécia ce moment qu'il avait rendu possible. La vie inquisitoriale ne lui donnait pas souvent l’occasion de pense qu'il faisait une bonne action, mais présentement il en avait le sentiment. Il en regrettait même l'absence de Luuke, padawan de ce maitre, à qui il avait fait cette fameuse promesse qui le liait.

S'avançant alors au centre de la pièce, face à l'homme d'expérience. Oubliant son titre républicain, et même ses fonctions, Duke dit calmement, s'inclinant :

-"Maitre Don, je vous salue."

Une phrase courte, mais qui indiquait son désir de voir bel et bien les rôles inversés. Redressant alors son buste, l'alderaanien plongea alors son regard dans celui du vieil homme, avant de reprendre :

-"Ma première requête concerne votre Padawan. Si vous en avez parlé à l'inquisiteur, cette fois-ci, c'est à l'homme que vous vous adressez. Et avec tout le respect que je vous dois, je ne peux, quelque soit les raisons, comprendre que vous l'ayez laissé. J'aimerais votre parole ... j'aimerais quitter ces lieux en sachant que jamais plus vous n'agirez d'une manière aussi ... téméraire. Pour votre Padawan, pour ce Temple, et pour le salut de la République toute entière."

Faisant une courte pause, Aballîn ne lâcha cependant pas un seul instant le regard de son interlocuteur, se voulant déterminé. A travers un fasciés calme, l'on pouvait discerner l'honnêteté de la demande de l'alderaanien, et son engagement à cette cause qui était la sienne, bien plus que la tâche que le Chancelier Suprême lui avait confié.

-"Si d'avance, vous n'êtes pas disposé à me donner satisfaction, alors tenez votre langue. Mon esprit se satisfera de votre silence, bien plus que de votre refus. La conviction de vous avoir fait réfléchir sur ce point me convient parfaitement."

Respirant profondément, Duke se prépara pour sa deuxième demande. Celle-ci, un secret à ses yeux et à son esprit, ne serait pas facile à formuler. Et pourtant ... l'inquisition lui avait montré que ce potentiel était ... nuisible. Calmant le trouble naissant dans son esprit, Duke reprit :

-"La deuxième est nettement plus officieuse, et personnelle. Si vous ne le savez pas encore, sachez que j'ai été jadis l'apprenti d'une Sith. Votre Ordre m'a aidé comme il a pu à une époque, m'apprenant à contrôler au mieux mes pulsions, mais ... cela ne me suffit clairement pas. Aussi, grâce à mes privilèges récents et à une certaine étude de vos archives, j'ai appris que les membres du Conseil Jedi avait accès à un ancien rituel. Un pouvoir permettant de couper définitivement quelqu'un de la Force."

C'était là qu'il voulait en venir, et ne se souciant de l'impact que cela pourrait avoir, il déclara :

-"Je vous demande de faire de moi un cobaye de ce pouvoir. Pour faire clair, je ne souhaite plus ressentir la Force, ni être apte à l'utiliser. Et cela d'une manière strictement officieuses, pour des raisons qui me sont propres."

___

HJ : désolé pour le temps de réponses. Vraiment, j'ai pas d'excuses >_>
Saï Don
Saï Don
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    Dans un premier temps, le vieillard se tint coi. Assis sur ce fauteuil séculaire, il avait une vue différente sur l’Inquisiteur. Il n’était plus l’étranger en ces lieux familiers, car l’homme lui avait rendu sa place en échangeant la sienne, en quelques sortes, pour se soumettre à son jugement. C’était un étrange procédé, mais qui semblait indiquer que Duke vouait une certaine confiance au vieux Maître. A lui, désormais, de savoir aussi donner de sa personne.

    Saï songea de nouveau à ses actes, à son choix sur Coruscant, ce dilemme impossible mais nécessaire, qui faisait de lui un humain plus qu’un Jedi pour la tristesse que la décision lui avait imposé, et qui faisait aussi de lui un Jedi plus qu’un humain, puisqu’il avait eu le courage de trancher en faveur de la mission qui était la sienne. C’était ainsi qu’il vivait, qu’il avait toujours vécu : l’Ordre avant tout. S’il avait voulu que les choses fussent différentes, il se serait enfui avec une femme, se serait exilé et aurait labouré la terre avec ses enfants loin des tourments de la République.
    Mais ce n’était pas le choix qu’il avait fait lorsqu’il avait prêté serment devant le Conseil de l’époque. Ce même serment que Luke prêterait probablement un jour, il n’en doutait pas.
    Et parce qu’il était un Jedi, il l’avait expliqué plus tôt à l’Inquisiteur, il aurait refait le même choix qu’il avait fait, sur Coruscant, si l’occasion se présentait de nouveau. C’était ainsi. Si non, pourquoi l’aurait-il fait ? Il ne le considérait pas comme une erreur, et ne le regrettait pas, il l’avait dit un peu plus tôt. On ne pouvait tout avoir dans la vie, et détenir le beurre et l’argent du beurre n’aurait fait de lui qu’un privilégié au détriment d’un innocent.

    - C’est une promesse que je ne peux vous faire,
    répondit-il tristement, mais je vous assure que j’y réfléchirai à deux fois.

    Sans donner plus d’explications ni de détails, puisque Duke avait souhaité ne plus s’étendre sur la question. Mais Saï s’entretiendrait avec Luke dès que possible, pour vérifier une nouvelle fois qu’il s’était bien sorti de cette « épreuve » de l’absence de son Maître.
    Quant à « la République toute entière »… Il n’était plus qu’un vieillard, désormais. Une horde de Jedi derrière lui s’occuperait d’elle, et il ne changerait plus beaucoup la donne, désormais. Il se sentait faiblir… Pas tant sur le plan physique, mais son moral n’était plus ce qu’il était. Une forme de pessimisme lui collait à la peau, sans qu’il puisse l’expliquer, sans qu’il puisse entrevoir une nouvelle lueur d’espoir pour eux avant la fin de ses jours. Quand se retirait-il sur une lune éloignée pour enfin profiter du plaisir ? Il le pourrait maintenant, si seulement les Jedi n’étaient pas si tourmentés… Non qu’il pût changer grand-chose à leur sort, mais les quitter maintenant aurait pu être vécu par eux comme une trahison, un abandon à un triste destin devant lequel lui-même baissait les bras.

    La seconde requête de l’Inquisiteur surprit tant le vieux homme qu’il en resta muet pendant près d’une minute. Couper son lien avec la Force ? En effet, il était fait mention de ce genre de pratique… Mais il n’avait pas, de son vivant, assisté à une telle entreprise. Etait-ce seulement possible, encore aujourd’hui ? Il ne connaissait même pas les détails de ce rituel…
    Et puis, pratiquer un rituel sur un Inquisiteur pourrait exactement être le genre d’évènement qui pourrait plus profondément si Duke se retournait contre eux…

    - Il existe de telles techniques, c’est vrai,
    déclara doucement le vieil homme. Mais elles ne sont ni faciles à exécuter, ni sans danger pour celui qui le subit. Et puis… Quelqu’un m’a mis en garde contre les décisions hâtives récemment…

    Maître Don esquissa un léger sourire malicieux, mais il restait préoccupé. Etait-ce au Maître du Conseil que l’Inquisiteur s’adressait, ou bien à l’homme ?

    - Sachez par ailleurs que cela n’a pas été pratiqué ici depuis des décennies. Du moins, à ma connaissance… Maître Caldin pourrait-elle être mise au courant ?
    lui demanda-t-il. Créer un Mur de Lumière n’est pas chose aisée. En prendre la responsabilité non plus. Son opinion est généralement avisée… J’imagine que vous en savez quelque chose, non ?

    Duke avait mentionné qu’il avait rencontré les différents Maîtres du Temple avant lui. A tous les coups, Ellana avait dû rester entière face à lui ; il devait sûrement reconnaître le professionnalisme et les compétences de sa consœur.

    - Je me vois contraint de vous demander de bien réfléchir à la question,
    reprit-il, le visage grave. J’imagine que vous l’avez déjà fait, mais vous devez aussi penser aux risques que cela comporte. Pour vous. Pour l’Ordre. Pour les Jedi. Il ne s’agira pas de vouloir revenir en arrière…

    Une désensibilisation à la Force était définitive. Saï avait entendu parler de quelques « miracles » mais en général, les gens habitués à manipuler la Force, lorsqu’ils en étaient soudain privés, vivaient une sensation terrible d’aveuglement, qui se traduisait parfois par une dépression dont les malheureux ne se remettaient pas. C’était un châtiment qu’autrefois les Conseils pratiquaient à l’égard des Chevaliers ou Maîtres qui avaient commis des erreurs trop importantes, mais qui avait été abandonné : l’irréversibilité et l’horreur de la pratique avait finalement décidé les Jedi à ne plus risquer qu’un innocent la subisse. Après tout, ils étaient les garants de la paix, et ils voyaient la séparation du lien avec la Force comme une mort spirituelle plus violente encore que l’exécution pure et simple du corps d’un ennemi.

    Et Saï comprenait pourquoi… Il ne se souvenait même plus de ce que c’était, de vivre sans lien avec la Force.
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