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This is a crime that need audacity, swift and faultless execution,
courage, indifference to danger and a resourceful, calculating brain. …
This crime wasn’t safe! It hung on a razor edge, It needed boldness.
Agatha Christie, Death on the Nile


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Un trafic d'organes. Des viscères arrachés, des corps flottants imperturbables sur les flots du Fleuve Ouest, des globes oculaires tressautant sur les vagues qui ridaient la surface de l'onde, des intestins grêles étendus paresseusement comme de longs serpents de mer dans l'immensité du delta, scintillant, semblables à des rivières de diamants, près des miroitements infinis du quart blanc — vraiment, Orme voguait vers le plus plaisant des paysages et, sans doute aucun, le Conseil Jedi savait réservé à ses jeunes Padawans méritants les missions les plus délicieuses.

Bien sûr, quand on lui avait appris qu'il partirait sur Bakura — c'est-à-dire, aux yeux de ce natif de Coruscant, nulle part — pour traquer on ne savait trop qui (ou quoi) avec un parfait inconnu ou à peu près, Orme avait exprimé ses sentiments avec la verve fleurie qui était ordinairement la sienne. Mais, en réalité, il avait été soulagé qu'une activité quelconque, même aussi sinistre, vînt lui offrir une distraction à l'attente de plus en plus préoccupée qui était la sienne et la perspective d'avoir fort à penser pendant quelque temps, il l'accueillait avec une sorte de soulagement confus.

C'était que son Maître n'était pas encore rentrée. Naturellement, comme tous les Padawans, Orme avait l'habitude que la Twi'Lek s'absentât pendant quelques semaines, parfois plus longtemps encore, mais, cette fois-ci, les choses étaient un peu différentes : il avait la conviction que quelque chose ne tournait pas rond. Il ne savait pas très bien si ce sentiment relevait d'une lointaine perception de la Force, de l'inquiétude la plus banale, d'une illusion de son esprit. Quoi qu'il en fût, il avait besoin de s'occuper.

Alors il avait fait soigneusement son sac, rassemblant les rares pièces d'équipement qu'il jugeait absolument nécessaires à la mission, et, durant les quelques heures qui l'avaient séparé du départ du prochain vol commercial, il s'était documenté autant que possible sur Bakura, sur Salis d'Aar, sur le Fleuve Ouest et, par acquis de conscience, sur les trafics d'organes. Et les meurtriers en série. Et la faune locale.

Ce fut donc l'esprit plein d'images charmantes qu'il embarqua dans la navette. Et d'escale en escale, il ne cessa de tourner et retourner, dans son esprit, ce qu'il avait lu et de le comparer avec le descriptif plus que succinct de sa mission. Ce qui l'étonnait surtout, c'était qu'il fût impossible de trouver l'origine des corps, d'en identifier quelques-uns. Cela suggérait dans l'affaire une complexité plus grande qu'un simple trafic local.

Mais alors, pourquoi s'installer sur Bakura ? Si l'on avait les moyens de monter une grande entreprise, n'y avait-il pas des lieux plus populeux, à la fois plus rentables et plus propices à la discrétion, où développer une si sinistre besogne ? Tout cela n'avait pas beaucoup de sens pour lui, et il espérait que le Chevalier Jedi qu'il rencontrerait sur place serait plus éclairé. Après tout, Orme était bien plus habitué aux aventures mouvementées ou aux négociations en compagnie de son Maître qu'au travail d'enquête.

Pour ne pas passer le reste du voyage en vaine spéculation, Orme s'abandonna à la méditation et n'émergeait de cet état de lointaine conscience que pour changer de vaisseau. Enfin, le dernier transport se posa dans l'astroport de Salis d'Aar et force fut de constater que la population qui se déversait sur le tarmac pour s'acquitter des formalités administratives n'avait plus rien de la compagnie interlope qu'Orme avait pu observer en de certaines étapes : Bakura lui faisait l'effet d'un lieu de villégiature discret mais cossu, où l'opulence, sans être tapageuse, était bien sensible.

Le jeune homme se faufila à son tour parmi les passagers qui continuaient à descendre. De temps à autre, des regards se posaient sur lui. Sur les planètes les plus hétéroclites, personne ne s'étonnait (et surtout n'avait envie de s'étonner) qu'un humain apparemment aussi jeune et surtout aussi fragile pût voyager seul ; chacun vaquait à ses affaires sans se poser de questions. Sur Bakura, les familles voyageaient ensemble, les négociants deux par deux et la solitude juvénile du Padawan n'était pas sans attirer une certaine curiosité.

Le jeune homme referma plus étroitement encore son long manteau blanc, pour s'assurer que personne ne perçût le moindre détail de son sabre laser : la discrétion était sans doute préférable et mieux valait qu'un suspect, pourquoi pas perdu dans cette foule nombreuse, ne sût pas tout de suite que le Conseil Jedi avait dépêché quelqu'un — si toutefois il l'ignorait encore. Et, surtout, ne pas s'éterniser.

Orme avait mémorisé les instructions, du reste assez limpides, qui lui avaient été données. Le Chevalier qui l'accompagnerait se chargerait de contacter discrètement les autorités locales et, pour sa part, il devait le retrouver dans un hôtel modeste des environs du centre-ville, où il se ferait passer pour un membre de sa famille, neveu ou fils. Comme on ne savait pas qui était impliqué dans une affaire peut-être d'une certaine ampleur, il avait été jugé préférable de cultiver en toute circonstance la discrétion et d'éviter le clinquant des protocoles.

Orme n'eût pas de peine à s'orienter dans la capitale. Né dans les dédales de Coruscant, il avait tendance à trouver l'architecture des endroits qu'il visitait relativement limpide ; après l'urbanisme dantesque de la mégalopole planétaire, rien ne l'étonnait plus. Il ne tarda pas à arriver à l'hôtel et justifia de son identité auprès d'un guichetier un peu suspicieux. L'homme consulta son registre et, constatant que le jeune homme dormait dans la même chambre qu'un autre client, il leva les yeux et l'examina attentivement, avant d'articuler :


— Je ne veux pas d'histoires.

Orme ne savait pas très bien ce qu'il était censé comprendre par là et se contenta de hocher vaguement la tête. Il récupéra la carte d'entrée et se hâta de gagner la chambre. Déserte. Son Maître intérimaire était déjà arrivé, de toute évidence, mais il devait être en train de régler les détails préparatoires de leur mission. Trop content de pouvoir profiter de cette absence pour se rafraîchir après un voyage éprouvant, Orme fila dans la salle de bain un peu rudimentaire, attenante à la chambre.

Il espérait simplement qu'aucun trafiquant d'organes ne l'attendait dissimulé dans la douche.

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Gamaliel avait du se séparer de Kozan pour une mission. Une autre tâche attendait le Padawan alors que son Maitre se rendait sur Bakura. Il semblait que la planète de nature calme se retrouvait face à une étrange situation. Et pour cause, ce qui s'y passait était ... étrange.

Des corps avaient été retrouvés ... mort. Jusque là rien d'inhabituel. Sauf qu'il leur manquaient quelques morceaux visiblement. Et que lorsque les autorités avaient enquêté ... c'est les enquêteurs qu'on retrouva dans ce piteux état. Et forcément, dans ce cas-là, qui on appelle ? ... Pour le coup, ce fût les Jedi.

Arrivé sur la planète, le sentinel avait eu droit à tous les briefing imaginable. Son Padawan ne lui avait d'ailleurs jamais autant manqué ... d'habitude Kozan était là pour assurer sa "voix". Mais non ... cette fois il était seul ... même pas un droïde protocolaire. Gamaliel détesta devoir parler. Mais comme la télépathie ne fut pas apprécier, il n'eut malheureusement pas trop le choix. Enfin ... le Temple lui envoya quand même un message comme quoi un Padawan allait venir le seconder ...

Un Padawan ... Elle est bien bonne. Il en avait un ... Et on l'en avait séparer pour lui dire qu'au final, on lui en envoyait un autre ? Certaines logiques du Temple échappait au Jedi. Enfin bon ... Apparemment, le jeune arriverait dans la journée et devrait rejoindre Gamaliel à sa chambre. Face à cette situation, le jedi profita du temps libre pour examiner les rapports des autorités ... préférant attendre le Padawan pour se rendre sur les lieux où on était retrouvé les corps. Chargeant les données sur son holodisk, Gamaliel ne vit pas le temps passé et finit par rentrer, en début de soirée seulement, au lieu de rendez-vous.

Entrant dans la chambre, Gamaliel perçu la présence du padawan ... dans la salle de bains. Pas banal ... à peine arrivé, il se délassait. Le Jedi approuva mentalement ce raisonnement. Jetant son holodisk sur un canapé présent, il ouvrit la baie vitrée de la chambre et s'assit sur le rebord du balcon. N'éprouvant pas le vertige, Gamaliel attendit là que le Padawan est fini ... et quand celui-ci sortit, lui télépathia :

-*J'espère que ça t'a fait le plus grand bien ... *

Dans sa télépathie, ni reproches ni approbations. Gamaliel ne fit qu'exposer une chose qu'il pensait réellement. Regardant le paysage de Salis d'Aar, il ajouta :

-*Orme c'est ça ? Je me nomme Gamaliel Anatho, Chevalier de l'Ordre. Sais-tu pourquoi le Conseil t'envoies ici ? *
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Aucun trafiquant d'organes à crocher de boucher n'avait surpris Orme dans la salle de bain et ce fut donc en toute quiétude que le Padawan put profiter de la modeste cabine de douche. Il n'était pas fâché de se débarrasser des innombrables particules de toute sorte qui avaient assailli sa peau et ses cheveux tout au long de son interminable voyage et, comme il ne sentait aucune présence dans la chambre, il décida de laisser la douche durer plus que de raison.

Le plaisir des eaux chaudes était peut-être l'un des rares luxes qu'Orme, aux habitudes plutôt austères, s'autorisât. Il trouvait dans ces instants privilégiés et prolongés une forme de tranquillité qui favorisait la réflexion. Sans doute cela n'avait-il rien à voir avec la méditation, mais il lui semblait que, parfois, l'analyse purement intellectuelle, fort différente des certitudes instinctives d'ordre mystique qui étaient les fruits de la méditation, que les concepts, en quelque sorte, n'étaient pas inutiles ; c'était une sorte de complémentarité qu'il tentait de construire.

C'était peut-être la part de réflexion qui, parmi bien des aspects, l'attirait dans le rôle de Sentinelle Jedi. Il avait longtemps songé à devenir Gardien — après tout, ses aptitudes exceptionnelles au sabre laser l'y prédisposaient. Mais l'obsession du combat, de l'instinct, lui paraissait aliénante et même dangereuse, et c'était paradoxalement dans la voix un peu plus calme, mais également plus proche du Côté Obscur, dans la traque et les pièges des Sentinelles, qu'il se sentait plus en sécurité.

Ainsi réfléchissait-il au problème qui l'occupait présentement et revenait-il sur les premières conclusions qu'il avait tirées des quelques faits portés à sa connaissance, au cours de son voyage. Il songeait qu'il s'était peut-être emporté à supposer un trafic interplanétaire de grande ampleur. Le spectacle d'un astroport surpeuplé lui avait montré que Bakura pouvait fort bien suffire seul à un commerce local : nul besoin de se lancer dans des élucubrations conspirationnistes.

Il passait en revue les différentes étapes qui seraient probablement nécessaires pour mener l'enquête, avec un zeste d'impatience, quand une présence dans la pièce adjacente se fit sentir — une présence qui était immanquablement celle de son nouveau Maître. Sans attendre, Orme coupa la douche, s'extirpa de la cabine, se sécha le plus possible et, poussé par une pudeur excessive beaucoup plus que par la politesse, prit le temps de se rhabiller entièrement avant de sortir de la salle de bain.

Son regard se posa sur la silhouette qui, sur le balcon, observait la ville. Il avait vu ce Chevalier déjà — Gamaliel ou Galinael, si ses souvenirs étaient bons — mais il ne se souvenait pas lui avoir jamais adressé la parole, ni même l'avoir jamais croisé. Le Temple était veste et les allées et venues fréquentes. Il ne savait pas grand chose sur lui, mais supposait qu'il aurait amplement le temps de faire connaissance.

Le jeune Padawan manqua de sursauter en sentant le message télépathique lui traverser l'esprit. Ce n'était pas une première pour lui, mais il ne s'y attendait pas : d'ordinaire, les Jedis — du moins ceux qu'ils connaissaient — n'utilisaient ce moyen de communication qu'en cas d'extrême nécessité, et Orme devait s'avouer qu'il trouvait toujours cela un peu déstabilisant. Inquiétant, même. Il aimait être seul dans son esprit.

Le silence de son Maître d'un temps ne l'engageant pas à parler, il hocha la tête en guise de réponse et tenta de se rasséréner. Ce n'était pas parce que Gamaliel propulsait des pensées dans sa petite tête qu'il lisait tout ce qui s'y passait et découvrait tous ses secrets. D'ailleurs, des secrets, il n'en avait pas. Ou presque. Tout allait bien, tout allait très bien, tout irait très bien. Il fallait juste ne pas penser à ce qu'il n'avait pas envie que l'on découvrît. Simple.

Il rejoignit le Chevalier sur le balcon et, les mains sagement croisées derrière le dos, debout derrière la balustrade, entreprit à son tour d'observer la ville où, quelque part, dans le sous-sol d'une maison, un groupe de psychopathes faisait probablement macérer des coeurs et des foies dans quelque produit chimique de fabrication artisanale. Un bien joli paysage.

Le second message télépathique de son Maître fut reçu avec un peu plus de calme. Il allait s'y habituer, c'était sûr. Orme hocha à nouveau la tête pour confirmer son identité puis se décida à ouvrir la bouche et faire entendre le doux son de sa voix.

— Apparemment, quelqu'un trucide de parfaits inconnus pour alimenter sa collection anatomique. Quelque chose comme ça.

Il y avait quelque chose d'un peu étrange à entendre un jeune homme aux allures si angéliques, tout de blanc vêtu, tout pur, évoquer des perspectives aussi atroces avec une tranquillité un peu intriguée.

— D'ailleurs, c't'étrange, de parfaits inconnus, non ? On pourrait penser que dans une cité aussi bourgeoise, tout le monde était plus ou moins fichu. Mais un grand astroport, ça ne doit pas manquer de passagers clandestins. Cela dit, pourquoi jeter les cadavres dans le fleuve ? Ca fait un peu amateur. C'est facile de se débarrasser d'un cadavre, quand même.

Comme à son habitude, Orme posait les bonnes questions, un peu dans le désordre et avec un rien du brutalité dans la formulation, mais les bonnes questions tout de même. Et il parlait sans se gêner. Soucieux de ne pas accaparer la conversation cependant (et de ne pas se faire remettre à sa place dès les premières minutes de l'entrevue), le jeune homme conclut plus sagement :

— Mais je suppose que vous avez déjà parcouru les dossiers des locaux...



Après une pause, il ajouta, avec une très légère réticence qui disait cependant que cela lui coûtait :
— ... Maître.



Et instinctivement, il songea à son véritable Maître. Et espéra qu'elle avait encore tous ses organes à elle.
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Gamaliel écouta, toujours assis sur la rambarde de sécurité du balcon et regardant la ville, le Padawan. Il avait de la répartie et un bon raisonnement. Puis, un mot fit haussait d'étonnement le sourcil du Jedi. Ou plutôt le timbre de sa voix en le disant ... "Maitre". Toujours à sa manière, Gamaliel décida que régler le détail maintenant serait le mieux.

-*Si ça t'ennuies de m’appeler ainsi, ne te force pas. Après tout je ne le suis pas ... ton Maitre. Tu es le Padawan du Maitre Arhm'Yla Brano. Et puis, je demande même à mon propre Padawan de ne pas m'appeler Maitre. Alors ne te gênes pas, appelle-moi Gamaliel. *

Terminant ces mots, Gamaliel tourna la tête vers le Padawan et les accompagna d'un sourire amical. Autant que faire ce peut, inutile de brusquer les gens non ? Encore moins les Padawans dont le Sentinel avait de nouveau la charge. Puis le Jedi embraya sur les interrogations du Padawan :

-*Sans remettre en question ta thèse du collectionneur ... Je ne sais pas si on peut attribuer ça à quelqu'un ayant ces mobiles ... à cause de la diversité des organes prélevés. Sauf si son critère serait la généralité des organes. *

En effet, dans l'esprit de Gamaliel, un collectionneur s'arrêterait sur certains organes, à peine un ou deux. Tandis que là, la diversité existait tout particulièrement. Coeur, foie, estomac, bile, pancréas, globes oculaires, lekkus, ... tout y passait visiblement. Mais restait une autre enigme. Pourquoi le fleuve ? Le Padawan avait posé de bonnes questions ... Mais les réponses qu'il suggérait demeuraient hâtives. "Amateur" disait-il ? Peut-être pas ... De toute façon, l'idée d'un amateur ne pouvait pas coller avec la précision apparemment utilisé pour prélever les "trophées".

-*Je ne penses pas non plus que ce soit un amateur ... L'holodisk sur le sofa ... il contient toutes les données de l'enquête des locaux. Ce qui est étrange, c'est qu'on a retrouvé une partie des enquêteurs ...*

Et par "partie", Gamaliel ne sous-entendait pas qu'on ne les avait pas tous retrouvé ... Mais plutôt qu'on les avait retrouvés ... enfin ... avec des morceaux en moins.

-*Comme tu peux le constater en parcourant les données, ils suivaient une piste ... une piste bien précise et qui est bien loin d'être celle d'amateur. Alors quoi qu'il arrive, assures-toi d'avoir toujours ton sabre à portée de main ... et ton esprit concentré. Ceux qui ont fait ça savent surement que les autorités ont fait appel à nous ... et je ne tiens pas particulièrement à te ramener en morceaux.*

Si la piste des enquêteurs de Salis était la bonne et que la pègre était impliquée, la vigilance était de mise.
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Le jeune Padawan hocha lentement la tête et essaya — par politesse (car il en était capable !) — de ne pas se montrer trop soulagé par la souplesse protocolaire de Gamaliel : il lui était suffisamment reconnaissant de le dispenser d'une formalité qui ne reflétait pas, c'était indubitable, son véritable état d'esprit pour ne pas s'étendre outre mesure sur le soulagement qu'il éprouvait à la perspective de pouvoir le traiter différemment de son véritable Maître. Et puis, après tout, ce n'était qu'un mot. Juste un mot — réservé à la bonne personne.

Un soupçon d'humour un peu morbide le conduisit à esquisser un sourire comme Gamaliel commençait à discuter sa théorie du collectionneur. Non, Orme n'y croyait pas réellement non plus. En un sens, c'était dommage : un psychopathe aussi dérangé eût probablement laissé dans la Force une empreinte obscure si considérable qu'il eût été aisé de le retrouver sans beaucoup chercher. Mais le Padawan n'était pas généralement pas enclin à faire l'hypothèse de la folie quand la cupidité, un motif beaucoup plus courant, suffisait.

Il s'abstint toutefois de préciser que son hypothèse du collectionneur tenait beaucoup plus à la plaisanterie qu'à une analyse sérieuse de la situation : d'abord, pour ne pas interrompre le Chevalier, ensuite pour ne pas avoir l'air d'avoir un humour complètement douteux et enfin parce qu'il ne désirait pas particulièrement prouver son intelligence, sa sagesse ou sa perspicacité. S'il tenait, lui, à être bien conscient de ses forces, il n'éprouvait aucune plaisir à les étaler aux observateurs extérieurs.

Alors que Gamaliel poursuivait ses explications, Orme quitta le balcon pour aller chercher le disque que l'homme lui avait indiqué. Il revint vers son aîné et se mit à consulter les données tout en prêtant une oreille attentive à la fin des explications et aux recommandations, un brin alarmiste, du Chevalier Jedi. De toute façon, Orme ne comptait pas vagabonder l'esprit joyeux dans une ville où on subtilisait des pancréas aux passants trop insouciants.

Les données, sans être extrêmement précises, dessinaient une ombre : celle d'un trafic d'organes, organisé par la pègre. Bakura, à la fois touristique et isolée, représentait une cible facile pour des criminels entreprenants : beaucoup d'étrangers à exploiter, mais une petite planète calme dont les autorités n'auraient pas nécessairement les moyens de démêler le réseau. C'était un excellent compromis.

Après avoir survolé l'ensemble des données, Orme éteignit l'appareil et posa un regard un peu songeur sur la ville. Il y avait, dans cette affaire, des détails fort étranges. Le Fleuve. La facilité avec laquelle des criminels se défaisait des enquêteurs. D'ordinaire, les pègres locales étaient plus soucieuses de ménager avec la police des rapports, sinon diplomatiques, du moins calmes et discrets : ne pas trop attirer l'attention, pour pouvoir mener toutes les activités de front.

Au bout de quelques secondes, Orme se décida à faire partager ses réflexions :


— Si vous me le permettez, je crois qu'il y a quelque chose d'un peu... Bizarre. Pourquoi des trafiquants d'organes attireraient-ils autant l'attention ? Encore une fois, ce serait beaucoup pus sûr de se débarrasser des corps, même temporairement, dans un charnier, dans un incinérateur. Et c'est tout aussi hasardeux de tuer des agents des forces de l'ordre. Ca ne peut leur attirer que de nouveaux ennuis.

Orme essayait d'approcher les choses avec tout le bon sens possible. Les activités criminelles n'étaient pas sa grande spécialité et il se contentait de faire l'effort de se mettre à la place des trafiquants éventuels, pour comprendre leurs motivations et, surtout, leur stratégie.

— Peut-être qu'ils attirent l'attention. Soit pour tendre un piège à quelqu'un, soit pour faire diversion. Ou alors ils ne sont pas d'ici. Il me semble qu'un groupe local aurait beaucoup plus intérêt à la discrétion. Mais s'ils font juste un raid de quelques semaines et qu'ils comptent plier bagages, peu leur importe de se faire remarquer. Dans une certaine mesure.

Orme avait fait l'économie de toutes les théories un peu paranoïaques qui avaient germé, pendant qu'il parlait, dans son esprit : des Seigneurs Siths cherchent à attirer des Chevaliers Jedis sur une planète isolée, le gouvernement de Bakura mène des expériences sur les habitants locaux et tente maladroitement de se faire passer pour la pègre, un parti politique cherche à susciter la terreur pour provoquer des votes sécuritaires aux prochaines élections et ainsi de suite. Il ne tenait pas à passer pour un fou dès les premières secondes de leur rencontre.

Aussi arrêta-t-il son exploration analytique, et sans doute un peu spéculative, des divers aspects de l'affaire, attendant sagement que Gamaliel décidât de la marche à suivre. Explorer les lieux où l'on avait découvert les corps, même si le courant du Fleuve rendait difficile la localisation de l'endroit d'où ils avaient commencé leur périple ? Examiner à nouveau les corps, pour tenter de trouver des indices qui auraient échappé aux enquêteurs ? Mener une enquête dans les milieux interlopes qui entouraient l'astroport, pour s'informer sur la disparition d'éventuels passagers plus ou moins clandestins ? Interroger les milieux médicaux entre deux eaux, pour savoir si une demande ou une offre exceptionnelles en organes s'étaient créées ?

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Pertinent le garçon ... En effet, pourquoi se contenter de jeter les corps à l'eau ? Inévitablement, ceux-ci seraient retrouvés. Pour les premiers, on pourrait croire à une erreur de jugement ... mais alors comment expliquer qu'ils fassent la même erreur avec les agents qui avait été envoyé sur leurs traces ?

"Peut-être qu'ils attirent l'attention. Soit pour tendre un piège à quelqu'un, soit pour faire diversion. Ou alors ils ne sont pas d'ici." La réponse vint d'elle-même à l'esprit du Padawan apparemment. Gamaliel était partiellement d'accord. Les corps étaient là pour attirer l'attention ... pour envoyer un message. Et quoi de mieux que le fleuve pour ça ... Il traverse la ville ... Nombreux sont les gens qui marchent le long de celui-ci ... Difficile donc de cacher la vérité aux yeux de tous, d'étouffer l'affaire.

-*Je pense que tu n'es pas très loin de la vérité ... Attirer l'attention rend le fleuve propice ... Une magnifique façon de dire : "On est là et on a pas peur" ... Ce qui semble confirmer l'hypothèse de la pègre locale. Mais celle-ci n'est pas connu pour de tels actes. En général, c'est vandalisme, délits mineurs, ... on est bien loin du trafic d'organes. Et pourtant ... l'évidence est là. Il s'agit probablement d'un trafic de ce genre. Excellente conclusion donc ...*

Mais Gamaliel sentit autre chose. Le Padawan ... son esprit semblait en ébullition. Loin de lui l'idée de s'immiscer dans l'esprit des autres, sinon pour communiquer. Le respect était là. Mais comment expliquer au Padawan qu'un esprit loin d'être serein n'amène à rien ... Une seule façon à ça ... Non enchanté de la situation, Gamaliel posa une main sur l'épaule d'Orme et dit, usant de sa voix :

-"Libères ton esprit de ces questions qui te taraudent. Si ton esprit est diffus, ton raisonnement le sera aussi. Tu dois être attentif à la Force ... la laisser te guider, mon jeune ami. Surtout si tu veux trouver la lumière dans cette part de mystère ... Telle est la voie des Sentinelles Jedi. Pour discerner la vraie justice, un esprit vagabond ou imaginatif n'est pas toujours la meilleure solution ... "

Oui, Gamaliel savait. Orme prenait la voie des Sentinelles et le Jedi appréciait toujours voir ce choix être fait, l'étant lui-même. Puis l'esprit du Jedi revint à la contemplation de la ville. Il ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi Bakura. Était-ce comme il l'avait dit un raid de quelques semaines ? Si oui, alors pourquoi ces raideurs ne faisaient pas le travail eux-mêmes ? Pourquoi en appeler à la pègre locale ? Gamaliel sourit. Voila que son esprit faisait la même chose que celui du Padawan à coté de lui.

-*Les théories les plus hasardeuses sont possible dans ce cas ... Mais ces meurtres vont continuer. Aussi perdre du temps, c'est risquer de sacrifier des vies. *

Que faire ? Revenant à l'intérieur du balcon, Gamaliel termina en disant (télépathiquement) :

-*On va aller faire un tour du coté du Fleuve ... voir ce qu'on trouve ...*
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Il fallait avouer que la curiosité d'Orme prenait parfois le pas sur son tempérament méditatif et en bien des circonstances, le jeune homme faisait plutôt confiance à l'esprit de pure analyse, aux réflexions rationnelles, qu'à la confiance mystique en la Force ; la sagesse jedi était une fois religieuse et elle exigeait souvent une dévotion volontairement aveuglée qui n'était pas toujours au goût du pragmatique Padawan.

Un cas mystérieux comme celui auquel ils avaient affaire se trouvait naturellement propice aux spéculations sans fin et, sans jamais avoir été particulièrement amateur, dans son enfance sur Coruscant, aux histoires d'espionnage, d'enquêtes ou de banditisme, Orme n'en avait pas moins une demi-douzaine de théories toute prêtes dans son esprit, certaines fort plausibles, d'autres parfaitement alambiquées.

Or, dans le désir de trouver un scénario raffiné qui pût rendre compte de la meilleure explication possible, solution presque esthétique à un problème abstrait, Orme avait en effet oublié les aspects les plus probables, les plus simples et, par conséquent, les plus utiles : on pouvait très bien avoir délibérément fait flotter les cadavres sur le fleuve pour intimider la population d'abord, puis, avec ceux de leurs collègues, les futurs enquêteurs. C'était moins subtil qu'un sombre complot politique, mais également beaucoup plus plausible.

Aussi la recommandation de tempérance du Chevalier n'était-elle pas le moins du monde malvenue et Orme, qui était aussi réceptif aux conseils relatifs à la Force et aux missions de Jedi qu'il était rétif aux remarques purement comportementales, hocha sagement la tête. Entre la télépathie du Chevalier et le laconisme habituel du Padawan, la mission risquait d'être bien silencieuse.

Pendant que Gamaliel réfléchissait, Orme ferma les yeux et tenta de faire le vide dans son esprit ou, tout du moins, de laisser décanter la tempête de réflexions que la conversation avec le Chevalier et la consultation des données de l'enquête avaient fait naître dans son cerveau. Il fallait aborder les choses méthodiquement, se laisser porter par la Force, d'une part, et par les indices d'autre part : il n'y avait pas besoin d'être un Jedi pour savoir qu'il ne fallait pas se laisser emporter sans avoir de faits.

Bon, certes, c'était un peu difficile de faire le vide dans son esprit quand une voix étrangère venait incessamment s'y immiscer et, à nouveau, le jeune homme manqua de sursauter en sentant cette présence se mêler à ses pensées. Mine de rien, il commençait à s'y habituer, mais il lui fallait encore un peu de temps d'adaptation. A nouveau, il hocha la tête et, quelques minutes plus tard, Chevalier et Padawan avaient rejoint les rues de Bakura.

Les deux Fleuves traversaient chacun les trois districts concentriques de la ville ; on avait retrouvé la plupart des dépouilles largement en aval, vers le delta, là où le courant les entraînait naturellement. A partir de la décomposition des corps et de la force habituelle d'un courant qui, largement domestiqué pour les besoins de l'industrie, variait peu, les experts de la police locale avaient déterminé que les cadavres avaient dû flotter au moins depuis le deuxième district, si ce n'était le troisième.

Entre le quartier jaune du deuxième district et le quartier rouge du troisième, il existait une fine zone interlope, où les commerces se mêlaient aux industries, limite urbaine propice à tous les trafics. Bien sûr, il était scientifiquement impossible de déterminer que c'était dans cette zone précisément que tout se jouait, mais la fréquentation habituelle des plus bas niveaux, la réputation de l'endroit, la difficulté pour les forces de l'ordre d'y pénétrer comme ailleurs, rendaient l'hypothèse fort probable.

Ce fut donc vers cet endroit guère accueillant que les deux Jedis se rendirent, grâce à un speeder de louage, engin peu rutilant mais fiable certainement, en tout cas largement suffisant pour une ville à laquelle ses sept millions d'habitants, tout au plus, n'avaient pas donné une extension considérable. A mesure qu'ils quittaient les cercles intérieurs pour s'approcher des périphéries, à mesure surtout qu'ils descendaient dans les niveaux, comme il était ordinaire dans toute la galaxie, le paysage changeait et la face cachée de Bakura apparaissait.

Ils se posèrent dans une ruelle et, en quelques minutes, ils eurent tôt fait de retrouver les berges du fleuve. Depuis longtemps les industries de Salis d'Aar accaparaient, très en amont, les eaux du fleuve pour leur propre besoin et les faisaient passer dans des circuits entièrement indépendants de sorte que même dans les quartiers les moins favorisés de la ville, le Fleuve Ouest conservait une certaine pureté fascinante, qui était comme une cicatrice de beauté dans un univers hostile.

Devant le fleuve, Orme promena d'abord son regard à gauche, puis à droite. Ici, l'urbanisme n'était pas aussi contrôlée que dans les hauteurs de la ville et les commerces, les débits de boissons, les habitations et les entrepôts se mêlaient sans ordre apparent. Plus loin en amont, on pouvait distinguer les premiers grands complexes industriels et, en aval, les lumières du quartier commerçant. Tout au dessus d'eux, le commerce se couchait sur la ville.

Le Padawan reporta son attention sur les eaux étonnamment pures du fleuve. Sur d'autres planètes, un cadavre jeté dans les bas-fonds ne se seraient pas distingués foncièrement des innombrables détritus et rejets chimiques ; mais, ici, impossible de le manquer. L'hypothèse du message, de l'intimidation, s'en trouvait grandement confirmée.

— Il y a beaucoup de bars par ici. C'est sans doute un bon moyen de trouver des victimes. Et beaucoup d'entrepôts : un bon moyen de se cacher. D'une certaine façon, tout est à proximité : l'approvisionnement, les infrastructures, le fleuve.

Et le marché ? Où pouvait-on bien trouver des acheteurs d'organes ? Assurément, on ne se lançait pas dans ce genre de commerce sans être absolument certain qu'il existait une demande ? L'un de ces établissements cachaient-ils, dans son arrière-boutique, les sinistres tractations de laboratoires pharmaceutiques douteux ou de médecins peu scrupuleux ?
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Gamaliel s'approcha de l'eau et s'agenouilla au bord de la rive. Le Fleuve paraissait calme ... serein. Et sans cette histoire, n'importe qui y verrait dedans l'une des beautés de la planète. Orme disait vrai en déclarant cet endroit comme propice ... Mais était-ce une raison pour les imaginer proche ?

-*Je suis d'accord pour les bars ... la clientèle de ces pubs ne manque pas de diversité.*

Puis en se redressant -comme pour agrandir son champ de vision-, le Jedi continua :

-*Mais si tu étais le responsable de ses crimes, les commettrais-tu proche du lieu où tu balances les corps ? Autant l'attitude de défi serait à nouveau présente ... Autant ce serait un pari vraiment risqué ... *

Fouiller chaque entrepôt demanderait du temps et beaucoup de moyens. Deux choses qui manquaient cruellement aux deux Jedi. D'un autre coté, Gamaliel pouvait se présenter au sein des quartiers de la pègre et exiger des réponses. Mais, sans preuves, sans appui, ce serait difficile. Et puis, quelle bande visait ? Quelle filière était la bonne à remonter ?

L'avantage d'être Padawan : on peut avancer des théories, mais sous la tutelle d'un Chevalier ou d'un Maitre, nos décisions sont restreinte. On ne se mouille pas trop. Mais Gamaliel n'avait pas été élevé comme ça par son Maitre ... et même si ce dernier avait "mal tourné", l'enseignement n'en avait pas moins été profitable. Se tournant vers le Padawan, le Sentinelle reprit :

-*Soit ... suivons ton idée. Appelles les locaux et demande qu'ils recherchent si un entrepôt et propice à ce genre de ... dissection. Ensuite, pour encore réduire la liste, demande uniquement ceux liés de près ou de loin à la pègre locale. Et sur un autre tableau, demandes-leur de vérifier si un transport s'est posé à des intervalles réguliers sur la planète ... les intervalles dépendants des dates des découvertes des corps ...*

Le faire agir par soi-même ... lui donner la chance de prendre des initiatives ... voila comment on forme un Padawan à devenir un jour Chevalier. Il savait raisonner et Gamaliel ne doutait qu'il saurait être précis dans ses demandes de recherches.
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Il est vrai qu'Orme n'était pas nécessairement habitué à agir de lui-même, du moins dans le cadre étroit de la mission. Les activités de Consulaire de son Maître, qui tranchaient profondément, quoique cette dernière en pensât, avec les aptitudes du Padawan, rendaient sa présence discrète, si ce n'était invisible, durant les missions : ce qui constituait le gros du projet, le motif officiel de leur visite, demeurait généralement hors de sa portée.

Cependant, il ne manquait pas d'initiative et c'était généralement à des tâches annexes, plus secrètes en quelque sorte, que son Maître l'employait : toute négociation, toute ambassade avait ses dangers, et Orme ne manquait pas de fournir une sécurité souhaitable aux discussions. Sa perspicacité réfléchie et ses talents au sabre le rendaient propre à éloigner les éventuelles tentatives de déstabilisation, de sorte que Maître et Padawan formaient un duo hétéroclite, mais finalement fort efficace.

Il fut donc moins déstabilisé que soulagé de recevoir des ordres : il avait un peu craint d'être, au cours de cette mission, un observateur passif et d'une passivité que son manque de familiarité avec le Chevalier qu'il accompagnait, et par conséquent le nécessaire défaut de confiance de ce dernier envers ce Padawan inconnu que le Conseil lui imposait, ne pouvait que renforcer. Que Gamaliel souhaitât l'impliquer concrètement était tout à fait de son goût.

Orme hocha donc la tête et s'éloigna de quelques pas, avant d'extirper son comlink et de le régler sur la fréquence que les locaux leur avaient attribuées, pour la durée de l'enquête, afin de faciliter les conversations les plus directes. Après une présentation qui manquait peut-être un peu de douceur protocolaire, mais il était vrai que là n'était pas la première de ses qualités, Orme détailla les informations qu'il souhaitait lui voir transmises.

Le jeune homme veillait à ne pas fournir trop de détails, se contentant de décrire précisément, mais succinctement, le type de données qui les intéressait : on n'était jamais à l'abri d'une implication de l'un ou l'autre membre des forces de l'ordre dans ce petit trafic et mieux valait, à son avis, éviter de donner un aperçu trop complet à leurs ennemis de la direction que pouvaient prendre leurs investigations.

Quelque austère et réservé que fût le Padawan, la femme qui, à l'autre bout du fil, se chargeait de prendre en note ces demandes ne semblait pas se formaliser ; il fallait dire que les forces de l'ordre locales n'étaient que trop heureuses de pouvoir compter sur l'assistance des Jedis dans un problème qui paraissait, sinon complexe, du moins dangereux. Car complexe, le problème ne devait pas l'être : sans doute la mort des précédents enquêteurs témoignaient de leur échec, mais elle prouvait aussi qu'ils s'étaient rapidement approchés de très près de la vérité. Le réseau était sans doute plus compliqué à neutraliser qu'à remonter.

Quelques minutes plus tard, Orme mit un terme à la communication et revint près du Chevalier.

— L'agent Pelms nous transmettra les données dès qu'elles seront compilées. Mais, à son avis, n'importe quel entrepôt pourrait accueillir les dispositifs nécessaires à la dissection. Les médecins légistes de Bakura ont apparement expliqués que tant que la survie du patient n'était pas une nécessité, les installations pouvaient fort bien être rudimentaires.


Ce n'était pas une nouvelle très encourageante. Heureusement, la ville était relativement petite, le secteur délimité par les calculs des experts plus restreints encore : les allées et venues des transports devraient fournir une assez bonne indication. Sur Coruscant, les choses fussent rapidement devenues bien plus complexes.

Mais, pendant sa conversation, une idée avait germé dans l'esprit d'Orme. Une idée tout à fait douteuse, comme il en avait parfois, et téméraire sans aucun doute ; il fallait dire que ce Padawan aux allures frêles et angéliques n'avait généralement pas froid aux yeux — une qualité autant qu'un défaut. Après quelques secondes d'hésitation, le jeune homme s'ouvrit à Gamaliel :

— On pourrait peut-être... Comment dire ? Ils doivent être perpétuellement à la recherche de nouvelles marchandises. Si un étranger pénétrait dans un bar local, avec un air déboussolé et plutôt inoffensif, il ferait sans doute une cible de choix.

Puis, pour rendre plus explicite encore sa pensée, le Padawan acheva :

— Je suis sûr que je ferai un excellent appât.

Ce qui impliquait : se laisser droguer (ou tout du moins faire semblant), se défaire de son sabre laser (pour ne pas paraître suspect) et compter entièrement sur la capacité de Gamaliel à prendre en filature les trafiquants jusqu'à l'entrepôt des dissections. Le seul point à peu près rassurant de cette stratégie était que, pour garder les organes frais, les trafiquants ne tuaient probablement leurs victimes qu'après les avoir extraits.
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— L'agent Pelms nous transmettra les données dès qu'elles seront compilées. Mais, à son avis, n'importe quel entrepôt pourrait accueillir les dispositifs nécessaires à la dissection. Les médecins légistes de Bakura ont apparement expliqués que tant que la survie du patient n'était pas une nécessité, les installations pouvaient fort bien être rudimentaires.

Voila qui augmenter les chances de trouver le bon endroit rapidement. Mais la surprise vint après ... dans les paroles suivantes du Padawan. Gamaliel haussa un sourcil en entendant cette idée d'appât proposer par le jeune Jedi. Pour le coup, il aurait presque eu l'impression que le Padawan n'était pas celui qu'il avait eu jusque là. La différence était ... flagrante.

L'idée était bonne, mais risquée. D'un coté, les chances de trouver le bon endroit étaient agrandies presque à 100 % ... de l'autre, si un détail foirait, il pourrait se retrouver avec un Padawan mort en mission ... Que faire dans ce cas là ?

Gamaliel regarda alors le Padawan. Même s'il respectait sa détermination, il se devait d'être honnête :

-"Tu es fou ... Vraiment ... Et je ne pense pas que ton Maitre serait d'accord pour ça. Te laisser aller comme ça ? Te donner en pâture ? "

Puis Gamaliel approcha du Padawan lentement. S'accroupissant en défaisant le sabre laser d'Orme de sa ceinture, il le plaça dans sa botte. Ainsi le Padawan aurait toujours son arme. Certes elle le gênerait surement pour marcher, mais ce ne ferait que renforcer une illusion de faiblesse, lui donnant un air boitant. Puis se relevant, il ajouta :

-"Je ne te perdrais pas une minute de vue, mais on est jamais trop prudent. Et n'oublies pas que la Force est ta meilleure alliée. Elle peut te permettre de résister partiellement aux drogues. Pour le sabre, ne t’inquiètes pas. Ces trafiquants se sont toujours contenté d'organes au dessus de la ceinture."

Le Padawan, avec sa proposition, méritait le respect de son supérieur. C'est pour ça que cette fois-ci, Gamaliel parla. Un instant, l'esprit du Jedi se vit honorer de connaitre ce jeune garçon en face de lui. Il avait la trempe des vrais Sentinelles Jedi. Gamaliel crut même se retrouver en lui. Le souvenir d'Anobis lui revint en tête et la décision qu'il avait pris. Aujourd'hui, il allait devoir payer sa dette pour ce jour-là ... pour la décision que ses hommes avaient prise jadis de revenir le chercher alors que la mort lui tendait les bras. Le jeune Orme ne mourrait pas ... Gamaliel s'en fit le serment.

-"Suis ton instinct, Jedi, et lui seul ... Restes attentif à ce que te dit la Force."

Ces derniers mots, c'est sur le ton du respect que Gamaliel les prononça. Il avait foi en ce jeune en face de lui.
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Peut-être était-ce le produit d'une naïve confiance en la force des Chevaliers Jedis, celui d'un entraînement bien pensé et bien mené ou encore tout simplement d'un déséquilibre psychologique occasionnellement profitable, mais Orme, lui, ne trouvait pas que sa proposition était aussi dangereuse et insensée que cela ; plus il y pensait, plus elle lui semblait la plus logique, la plus simple, la plus propice à les mener promptement à leurs fins.

Après tout, n'était-il pas très facile, pour un Chevalier Jedi, de suivre dans la Force, sur un territoire aussi réduit que celui des opérations de ces trafiquants, un autre Jedi, dont la présence dans la Force, fût-il un Padawan, n'était évidemment pas des plus discrètes ? Que risquait-il alors, puisque Gamaliel serait toujours à quelques secondes de lui, quelques minutes tout au plus, pour lui porter promptement secours ?

Ce n'était pas comme si les trafiquants allaient l'exécuter sur le champ et lui retirer ses organes sans prévenir. Sans doute feraient-ils quelques tests, attendraient-ils quelques heures et, quand même cela ne serait-il pas le cas, il faudrait qu'ils se préparassent, se missent en place, sortissent leurs outils : tout cela laissait amplement le temps au Chevalier Jedi de porter secours à son apprenti d'une mission. Non, décidément, Orme était ravi de son idée et espérait que Gamaliel ne la balayerait pas d'un revers de main.

Pour une énième fois depuis leur rencontre, Orme manqua à nouveau de sursauter. Gamaliel parlait. Comment ça, il parlait ? L'adolescent avait très naturellement supposé que son acolyte était muet et que c'était la raison exclusive pour laquelle il s'exprimait d'ordinaire d'une si étrange manière. Le Padawan avait fait tous les efforts du monde pour s'y habituer alors, maintenant, il préférait autant que le Chevalier continuât à employer ce moyen — cela lui semblait presque plus naturel.

Mais son attention ne tarda pas à être accaparée par les remarques de son aîné. Tout cela n'annonçait rien de bon. Fidèle à sa réputation, Orme ouvrait déjà la bouche pour se mettre à justifier vigoureusement le bien-fondé d'une stratégie à son humble avis géniale, où il ne courait absolument aucun risque et qui permettrait, c'était certain, d'éviter de nombreuses morts futures. Il était prêt à vider son réservoir d'hyperboles pour défendre sa cause tordue.

— Mais oui ! Parce que...

Le jeune homme s'interrompit net. Décidément, Gamaliel était plein de surprises. Qu'est-ce qu'il fabriquait donc ? Orme avait marché dans un indice ? L'adolescent réprima un mouvement de recul en voyant les mains du Chevalier s'approcher de lui : la perspective du contact d'une peau étrangère avec la sienne, savait-on jamais, semblait l'intimider beaucoup plus que l'idée de se fourrer dans la gueule d'un loup psychopathe sur une planète inconnue avec pour seule défense un homme rencontré une ou deux heures plus tôt, tout au plus.

Mais, très sagement, le Padawan refoula ses névroses dans un coin de son cerveau labyrinthique et laissa Gamaliel se livrer à son étrange manège, en résistant à l'envie instinctive de tenter de lui casser les dents parce qu'il empiétait sur son espace vital. Ce salutaire exercice de mise en perspective était évidemment rendu plus aisé par ce que suggéraient les gestes de l'homme : la stratégie du Padawan aurait peut-être ses chances pour se mettre en place.

Comme Gamaliel se relevait, Orme agita un peu sa jambe, pour caler le sabre laser au mieux. Ce n'était pas très confortable, mais l'adolescent avait forgé un sabre beaucoup plus léger que les modèles standards : c'était déjà cela. Il devait bien avouer qu'il était rassuré par la perspective d'avoir son arme à portée de mains : si les choses tournaient mal (mais il n'y avait pas de raison, allons donc !), il pourrait se défendre.

Le Padawan écouta attentivement les recommandations et les encouragements du chef de la mission. Il hocha légèrement la tête : la perspective du danger imminent ne l'avait toujours pas rendu plus prolixe. Les organes au-dessus de la ceinture. Chouette. Il perdrait ses poumons, mais au moins il conserverait ses tibias. Orme espérait simplement que les trafiquants ne se rendraient pas trop rapidement compte de son état de santé général ; le jeune homme n'était pas exactement une marchandise de premier choix.

Toutefois, malgré des réticences bien naturelles, l'adolescent se sentait près : il avait moins peur pour lui-même que pour la réussite de sa mission et, s'il resta immobile et silencieux encore quelques secondes après les ultimes paroles de Gamaliel, se fut pour une raison très pragmatique. Lentement il murmura :

— Attendez, 'faut que j'me souvienne.

Il ferma les yeux, murmura quelque chose pour lui-même et reprit à voix plus intelligible :

— Voilà comme ça, c'est mieux.


Son basic avait changé : Orme avait récupéré du fond de son enfance un accent très typique de Coruscant, qu'il avait rapidement perdu au Temple Jedi, mais qui signalerait ici, sur Bakura, à des kilomètres à la ronde le touriste de l'extrême Noyau venu visiter les planètes lointaines, par curiosité sans doute, à la recherche d'opportunités quelconques peut-être. Sans être un cas désespéré, Orme n'était pas un excellent comédien mais, cette fois-ci, il n'avait qu'à convoquer de vieux réflexes.

Il adressa un sourire assuré et même un peu impatient au Chevalier Jedi et s'éloigna vers une des tavernes qui rythmaient les quais, laissant, cette fois-ci, son aîné lui emboîter le pas. Pendant quelques mètres, il se concentra pour adapter sa démarche à la présence du sabre dans sa botte et, finalement, après quelques tentatives, le résultat fut relativement satisfaisant : une jambe un peu plus courte que l'autre suffirait amplement à justifier une démarche qui n'était plus trop singulière.

Le jeune homme passa les deux premiers établissements qui se présentèrent sur son chemin : trop familiaux, aux dimensions trop modestes, repères d'habitués sans doute plus que de clientèle nouvelle, ils lui semblaient peu faits pour abriter le genre d'activités qui intéressaient les deux enquêteurs. Mais un troisième commerce, installé semblait-il dans ce qui avait dû être jadis un entrepôt, spacieux et fort fréquenté, lui parut, soit intuition de la Force, soit raisonnement logique, très approprié.

Après avoir pris une profonde inspiration et résistant à la tentation de se retourner pour constater que Gamaliel le suivait effectivement, le jeune homme pénétra dans les lieux.
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Gamaliel sourit en entendant son timbre de voix changer. Le petit se mettait vraiment dans le rôle. Retournant au speeder, Gamaliel en sortit une cape qu'il passa au dessus de sa bure au d'haori. Puis il emboita le pas à Orme, le suivant à bonne distance.

Suivant le Padawan, Gamaliel chercha à bien identifier la trace que le jeune laissait à travers la Force ... ceci pour pouvoir la remonter le plus rapidement possible en cas de besoin. Il était rare qu'il pratique cet exercice ... la dernière fois en date avait été sa rencontre avec Saï Don, mais dans ce cas là la trace venait de lui-même et non de sa "cible".

Déambulant dans la rue, se concentrant sur le jeune Padawan, Gamaliel eut alors une étrange impression ... comme si c'était lui-même qu'il suivait. Arborant un rictus, il se retrouvait dans le Padawan. Certes à ses yeux c'était une bonne chose, mais il se dit que le Conseil ne serait peut-être pas pour un deuxième "lui". Après tout, Gamaliel s'était montré plus d'une fois borné ... et avait défié les différents Conseil qu'il avait connu.

Puis Gamaliel s'arrêta. Il regarda Orme se diriger dans un établissement ... Était-ce celui-là ? Le Chevalier n'en savait rien. Mais il se fiait à l'instinct du jeune. Attendant quelques secondes, pour ne pas rentrer trop vite après Orme, Gamaliel finit par reprendre sa marche. Entrant dans la taverne, Gamaliel s'installa à une table et repéra à nouveau Orme. Commandant un jus de juma, il patienta. Tant que le Padawan resterait dans cet endroit, lui aussi. Tournant régulièrement la tête, buvant son breuvage, Gamaliel chercha à ne pas paraître trop insistant du regard sur le jeune, pour ainsi ne rien trahir.

Les minutes passèrent et se transformèrent en dizaines. Pourtant, plus le temps passait, plus le Jedi devenait convaincu que l'endroit était le bon. Le départ de la filière ... A partir d'ici, les deux Jedi remonteraient jusqu'au sommet de la source.

Soudain, quelques jeunes s'approchèrent d'Orme, semblant vouloir engager la discussion. Les yeux du Jedi se plissèrent alors, tapis dans son coin. L'appât fonctionnait-il ?
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Indubitablement, le Conseil n'était pas très enthousiaste à la perspective de voir grandir, avec Orme, un nouveau Jedi fauteur de troubles et c'était précisément la raison pour laquelle on lui avait assigné, pour sa formation, un Maître Consulaire, calme, posée, d'un âge déjà avancé, dont il était espéré que la sagesse tranquille tempérerait le caractère du jeune Padawan — une stratégie qui n'avait pas exactement porté ses fruits, il fallait bien l'avouer.

Mais peut-être était-ce le propre des Sentinelles Jedis de parcourir une zone entre l'ombre et la lumière, entre l'indépendance et l'obédience, qui était toujours regardée avec une certaine suspicion par les autres membres de l'Ordre. Cette caste n'avait-elle pas aux yeux de certains Jedis la réputation de s'approcher bien trop près du Côté Obscur, de recourir bien trop aux stratégies et aux pièges, pour avoir l'honnêteté sans détour que l'Ordre exigeait de ses membres ?

Et c'était bien un piège que le Padawan et le Chevalier étaient en train de tendre en pénétrant tour à tour dans le grand établissement, dont le nom, Au Farming's, jetait dans la rue, sur l'eau du Fleuve qui s'écoulait à quelques mètres de là, une lueur blafarde, un peu pâle, un peu fatiguée, qui témoignait de sa longue existence déjà et, paradoxalement, d'une certaine forme de standing, d'une certaine respectabilité — aux yeux de clients bien particuliers.

Car si le Farming's avait exhibé le luxe élégant de certains établissements des hauts niveaux, si sa devanture, ses néons, l'aspect général de la bâtisse avaient annoncé un lieu de bonne tenue, alors sans doute l'effet sur la clientèle locale eût été désastreux : tout le milieu gris de Bakura, ni tout à fait hors-la-loi, ni tout à fait dans la légalité, eût cherché une autre cachette, un autre abri, plus loin des projecteurs.

L'établissement était composé de deux grandes salles, l'une au rez-de-chaussée, l'autre à l'étage, d'un long bar qui courait contre le mur du fond et d'une dizaine de petits salons privés dont on apercevait, sur le côté gauche, les portes silencieuses. Pas de scène, pas d'artistes : la musique émanait des murs, une sorte de jazz sans personnalité, sans vocation particulière, simplement destiné à créer, comme on disait, une ambiance.

Aux tables du bas, des joueurs surtout : des visages soucieux, concentrés, se penchaient sur les cartes, sur les jetons, sur les dominos qui formaient les distractions les plus habituelles de la plupart des astroports de la Galaxie et, sans aucun doute, des scènes semblables se déroulaient sur des milliers de planètes. Il n'y avait guère que l'absence de droïdes, ici comme sur toute la planète, qui conférait au tableau un air un peu typique.

Aux tables du haut, des groupes discutaient, se querellaient parfois. Il y avait des étudiants désargentés venus faire la fête dans les bas niveaux, des équipages de vaisseaux commerciaux profitant d'une brève escale, des bandits de seconde zone, des habitués simplement, habitant aux alentours, qui se mêlaient à cette assemblée hétéroclite sans crainte, quoique leurs activités fussent bien innocentes, parce qu'ils en connaissaient les règles et les coutumes, savaient quoi dire et quoi taire, où ne pas regarder.

Au bar, les traditionnels ivrognes alternaient avec les traditionnels voyageurs, visiteurs d'une nuit ou émigrés encore désemparés, qui se retrouvaient ici un peu par hasard et qui buvaient, seuls, pour faire passer le temps, avant de rejoindre, quelque part dans les niveaux juste supérieurs, une chambre minuscule, pour reprendre une navette le lendemain ou chercher, peut-être, un peu de travail dans le district industriel tout proche.

Ce fut donc vers le bar que le Padawan se dirigea, les mains dans les poches, promenant librement autour de lui un regard curieux, mais qu'il essayait de ne pas rendre trop concentré. Il s'assit sur un siège, commanda la première boisson qui lui vint à l'esprit et, très vaguement, engagea la conversation avec son voisin, un petit commercial qui faisait escale pour la nuit. Orme s'informait de tout, de rien, simplement pour faire comprendre qu'il était un peu perdu et, surtout, seul. Seul et sans défense.

Le temps passait. La conversation décousue avait abordé l'essentiel des généralités et, à présent, le commercial tentait d'attirer Orme sur le terrain de la politique, évoquant les dernières élections qui s'étaient tenues sur Coruscant. Le Padawan répondait en des termes vagues, un peu ennuyés, soucieux à la fois de ne pas donner l'apparence d'une trop grande complicité, qui eût pu dissuader d'éventuels agresseurs de s'en prendre à quelqu'un qui semblait accompagné, mais également d'entretenir son rôle.

Près d'une heure plus tard, un groupe de jeunes s'approcha de lui. Deux garçons, une fille, tous humains — pas tout à fait des gamins des rues ni des jeunes des bons quartiers. Le visage ouvert, l'air amical, ils le saluèrent, s'assirent autour de lui, chassant le commercial de son siège. La fille surtout, proche de lui, qui arborait un plongeant décolletée, semblait être l'appât destiné à ferrer la proie ; à peine fût-elle assise qu'elle coula vers le Padawan des regards faussement langoureux.

Pour Orme, l'affaire ne faisait pas de doute : le piège se renfermait, le sien sur eux, le leur sur lui. Là commençait son rôle de composition. Un rôle difficile. Qu'est-ce qu'on était censé regarder chez une fille ? Le Padawan, beaucoup plus habitué à lorgner sur les biceps des techniciens d'astroport que sur les jupes des demoiselles, essaya, en s'inspirant de ses vagues souvenirs de soap-opera de l'HoloNet d'afficher un air à peu près intéressé.

— T'es tout seul ?

La jeune femme battit frénétiquement des cils. D'ordinaire, Orme se fût demandé si elle n'avait pas une poussière dans l'oeil.

— Oui. J'viens d'arrivé.
— T'es de Coruscant ?
— Ca s'entend, hein ?
— T'es à l'hôtel ?


Elle avait posé une main sur sa cuisse et, sans la présence silencieuse et persistante des deux garçons, à quelques dizaines de centimètres, Orme eût juré avoir affaire à une prostituée. Il réprima la vague d'anxiété que lui inspirait la plupart des contacts physiques et hocha la tête en répondant :

— Pas vraiment. Pas les moyens. J'vais à droite à gauche.
— C'est drôle que tu dises ça. On cherche quelqu'un pour... Un petit travail. Rien d'bien compliqué. Ca rapporte pas des masses, mais c'est déjà ça.
— C'est légal ?


La fille haussa les épaules et retira sa main, avec un air un peu déçu. Orme supposait que c'était à ce moment qu'il devait avoir l'air virilement outré et protesté de son courage, pour chercher à l'impressionner. Il avait vu quelque chose comme ça, un jour, dans un film.

— Au pire, c'pas grave, hein.

La jeune fille esquissa un nouveau sourire enjôleur et se leva, en lui faisant signe de le suivre. Orme s'exécuta bien sagement et les deux acolytes de la demoiselle refermèrent la marche. Comme le petit cortège dont Orme semblait bien être le prisonnier s'acheminait vers la sortie, le Padawan ne put s'empêcher de remarquer que tous les regards les évitaient soigneusement, par cette sorte d'instinct des tavernes qui poussait à ne pas attirer les ennuis.

Une fois dehors, ils s'engagèrent dans une petite ruelle où attendait un speeder couvert. La jeune fille se glissa dans l'appareil, puis le Padawan, succédé par un des garçons, tandis que le second prenait place aux commandes de l'appareil. La machine n'avait pas encore décollée qu'Orme put sortir le canon d'un blaster se presser sur son côté et la voix sifflante de son voisin de gauche se fit enfin entendre :

— Reste bien sage.

Orme espérait simplement qu'il était bien tombé sur le bon gang — il ne souhaitait pas se faire kidnapper dix-huit fois avant de tomber sur leur cible désignée.
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Visiblement, la fille du groupe était entreprenante ... De là où était Gamaliel, il lui semblait que seule elle parlait, ferrant la proie. Mais les deux autres étaient de dos pour lui, impossible d'en être sur donc. Malgré un apparent moment de doutes, tout sembla bien se profiler et Orme finit visiblement par les accompagner. Ceux-ci se dirigèrent vers la sortie ... et le Jedi se leva alors pour les suivre, finissant sa boisson.

Mais au détour d'une ruelle, Gamaliel s'arrêta. Revenant à l'abri du pan de mur, ce qu'il craignait arriva. Un speeder. Et le temps que le Jedi retourne là où le leur se trouvait, il aurait perdu la trace du groupe. Il sortit alors d'un pan de son vêtement un mouchard et se concentra. Il ne devait pas se faire voir et pourtant il devait le coller à la carlingue.

Ecoutant la Force, attendant que celle-ci lui murmure que le moment était venu, il entendit le speeder démarrer. Sortant alors de sa cachette un instant, le Jedi lança le traceur d'un mouvement sec et se reglissa derrière le pan de mur. Ne restait plus qu'à rejoindre le speeder et à suivre le signal ... en espérant ne pas être trop tard. Gamaliel était tout de même soulagé pour deux raisons : Orme était un Jedi et il avait son sabre.

Retournant au speeder sans trainer, le Sentinelle monta à son bord et activa le traceur. Mais avant de décoller, le comlink grésilla.

-"Ici l'agent Pelms ... vous me recevez ?"

Gamaliel grommela. Pourquoi maintenant qu'il était seul. Saleté de destin ... Répondant au comlink, Gamaliel dit :

-"Oui "

-"On a pas encore toutes les informations Jedi ... Mais il semble en effet qu'un transport se pose de manière récurrente sur Bakura aux moments des enlèvements. De plus, il semble que les occupants protègent leurs données de manière discrète. On recherche encore ..."

-"Très bien ... Tenez moi au courant dès que vous aurez du nouveau ..."

Le Jedi détestait parler. La télépathie était bien mieux, c'est ce qui le personnaliser, ce qui faisait de lui ce qu'il était. Démarrant le speeder, il décolla alors. Pour la prochaine communication, Orme devrait à nouveau être avec lui ... c'était impératif.
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— Ton comlink.

Le speeder volait lentement dans les méandres des bas niveaux. Désormais, la jeune femme ne parlait plus : son rôle dans le rabattement étant fini, elle se contentait d'observer les immeubles qui défilaient, derrière la vitre teintée de l'habitacle, avec la même indifférence pour ce qui se déroulait à côté d'elle que l'employé des administrations de Coruscant, le soir, après une longue journée de travail. La mécanique bien rodée du petit groupe avait fait tomber peu à peu l'excitation des premiers enlèvements.

Le Padawan pour sa part tentait de doser ses réactions de résistance, pour ne pas paraître se prêter trop docilement aux exactions de ses ravisseurs et ainsi éveiller leur soupçon. Il hésita donc avant de s'exécuter, puis, sous le regard assistant de son voisin de de droite, il extirpa l'appareil de l'intérieur de son manteau et le tendit au jeune homme, qui s'empressa de le jeter par la fenêtre du véhicule, avec un sourire sarcastique.

Orme, pour sa part, était à peu près ravi de la manière dont se déroulaient les choses. Ravi, d'abord, que ses ravisseurs fussent en surnombre : leur supériorité numérique les confortait dans leur illusion de maîtrise et leur faisait négliger l'usage des drogues. N'être pas en pleine possession de ses moyens avait été, dans l'esprit du Padawan, le principal point noir du plan ; désormais, il était à peu près certain de sa réussite.

Quelques secondes après avoir s'être débarrassé du comlink, l'homme de gauche passa un bandeau autour des yeux d'Orme et, aussitôt, la conduite du speeder se fit plus nerveuse. Orme, profitant de cette obscurité imposée pour se concentrer, se fit un devoir de suivre les mouvements du véhicule et de tenter de reconstituer, à peu près, leur trajet, en cultivant dans son souvenir l'étude qu'il avait faite, au Temple, de la carte de Bakura.

S'il ne se trompait pas, le véhicule s'enfonçait plus profondément dans la zone industrielle. C'était logique : là, de grands entrepôts pouvaient accueillir tous les trafics et, la nuit, les niveaux étaient un peu moins passants. Le confort logistique s'y allait à la discrétion. Sans parvenir à repérer exactement le bâtiment dans lequel le speeder s'engageait à présent, Orme s'était fait une idée grossière de sa situation à l'intérieur du district.

Le véhicule s'arrêta, on le fit descendre et le bandeau fut ôté. Il se trouvait dans ce qui semblait être un entrepôt désaffecté. De place en place, une pile de vieilles caisses, abandonnées là par les précédents propriétaires sans doute, témoignaient de l'ancienne activité des lieux. Au centre de cette grande salle déserte, ce qui ressemblait fort à une table d'opération, que l'on distinguait à travers d'épais rideaux de plastiques, attendait un nouveau patient.

Mais ce fut sur le petit homme qui se tenait en face de lui que les yeux de l'adolescent se concentrèrent. C'était un Rodien d'un âge avancé déjà, que le trafic d'organes avait manifestement rendu prospère, à en juger par l'ampleur du ventre sur lequel tapotaient machinalement ses petites ventouses. Son regard noir examina pendant quelques secondes Orme, de la même manière, sembla-t-il au Padawan, qu'un boucher examinait un morceau de viande, puis il fit un signe aux trois jeunes gens.

Avec une brutalité certaine, l'un des garçons ceintura le Padawan tandis que l'autre le forçait à tendre le bras. Orme se débattit pour la forme avant de se plier aux exigences de ses ravisseurs. Le Rodien préleva un peu de sang et se détourna pour rejoindre la table d'opérations. Cette fois-ci, pas de doute : Orme était bien tombé. Ils allaient analyser son sang, vraisemblablement pour établir un profil de compatibilité. Le Padawan espérait seulement qu'ils n'auraient pas la mauvaise idée de mesurer le taux de midichloriens.

Les trois jeunes gens escortèrent le Padawan vers l'une des piles de caisses, près de la table d'opération et l'un d'entre eux le poussa au sol pour le faire asseoir, avant de sortir un blaster pour le tenir en joue. Tout indiquait qu'ils ne perdraient pas de temps : s'ils ne jugeaient pas nécessaire de le détenir de manière plus permanente, c'était que l'opération serait prochaine. Du reste, l'installation plus que sommaire suggérait assez qu'ils ne comptaient pas s'éterniser sur la planète.

Orme se mit à examiner ses chances de survie, dans l'hypothèse très improbable (espérait-il) où Gamaliel ne se montrerait pas. A sa connaissance, il n'y avait ici que le Rodien et les trois jeunes gens. Un seul avait sorti une arme, mais les deux autres étaient armés également, sans aucun doute. Toutefois, il les prendrait par surprise et ce ne serait certes pas très difficile. Tout s'annonçait pour le mieux.

Ce fut alors qu'il arrivait à cette rassurante conclusion que, des profondeurs obscures de l'entrepôt, cinq droïdes émergèrent. Deux étaient des droïdes médicaux, un peu passés d'âge, mais visiblement toujours fonctionnels, trois des droïdes de sécurité, qui ne tardèrent pas à s'approcher du futur patient, pour le tenir également en joue. Cette fois-ci, un peu d'aide serait indubitablement la bienvenue.

Mais ce qui travaillait surtout Orme, c'était que les droïdes étaient illégaux sur Bakura. Il fallait aux trafiquants de bonnes relations aux douanes pour faire pénétrer ce genre de matériel sur la planète. Comme Orme méditait cette hypothèse, une voix stridente s'éleva à quelques pas de lui. C'était le Rodien qui hurlait, en observant un écran :

— Midichloriens, trop de midichloriens. C'est un Jedi !

Oups.
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Alors que Gamaliel volait en speeder, une sensation étrange lui parvint à travers la Force. Le genre de choses que l'on déteste sentir quand, comme lui, on est un adepte de la théorie de la Force vivante. Il n'était pas encore arrivé à destination, et n'avait même pas l'impression que ça concernait Orme ... Mais alors ...

Au bout de quelques secondes d'hésitation, Gamaliel laissa le speeder et sauta dans le vide. Dans sa chute, le bruit d'une explosion vint confirmer au Jedi qu'il avait vu juste, et eu chaud. S'écrasant durement au sol -non pas que la chute fut longue, mais que la cascade dut être fait précipitamment-, Gamaliel maudit cette mission qui prenait des allures étranges. Quelqu'un avait piégé le speeder durant leurs recherches du Bar, aucun doute possible là-dessus. Ce qui était ennuyant était surtout le fait qu'on ait su qu'il s'agissait de ce speeder et pas d'un autre. Et à moins que Orme ne soit mêlé à ça ...

Dans la situation actuelle, Gamaliel n'était plus sur que d'une chose ... Orme n'allait pas tarder à en baver. Pire que tout, l'autre partie du traceur de Gam était restait dans le speeder, tout comme le comlink réglé sur la fréquence des locaux. Comme dirait l'autre, la situation s'aggravait de manière exponentielle.

Parfois, on est obligé n'est-ce-pas ... Gamaliel s'assit alors à terre et ferma les yeux. Longtemps cela faisait qu'il n'avait pas fait cet exercice, mais la vie d'Orme en dépendait. Se plongeant dans la Force, il appela le pouvoir mystique dans un but de contemplation. Un indice ... un seul indice lui suffirait. Faisant le vide en lui, il se laissa guider par les images flou de l'avenir, du passé ... Pour le sentinel, le passé il le connaissait et l'avenir, il ne pourrait le changer ... tout cela n'était donc d'aucun profit ... Ce qu'il voulait, c'était LE détail. La vision s'éclaircit alors un instant, montrant à l'esprit du Jedi un entrepôt dans une rue.

Gamaliel rouvrit alors les yeux. C'était ça ... C'était là. Se levant, le Jedi se remit en route avec une marche rapide, à la recherche du vu-entrepôt.
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La morale de cette pauvre histoire
C'est qu'quand t'es tranquille et peinard
Faut pas trop traîner dans les bars
A moins d'être fringué en costar.

Renaud, Laisse Béton


***


Il y eut une petite seconde de flottement. Le Rodien regardait ses employés ahuris, ahuris ses employés regardaient Orme, les droïdes regardaient en l'air et Orme, lui, avait fermé les yeux. Le sentiment général était qu'un Jedi, c'était décidément beaucoup moins impressionnant qu'on ne le disait et qu'à trois hommes de main et trois droïdes de combat, on ne ferait bientôt qu'une bouchée de ce rigolo-là.

Orme, lui, se tenait éloigné de ces considérations fort désobligeantes. Et fouillait dans sa botte. Il se concentrait au sein de la Force pour étendre cette seconde d'incertitude en une éternité, pour rassembler ses forces, pour élaborer sa stratégie. Bientôt, ce serait le bruit et la fureur — alors, plus de réflexion, l'instinct simplement, les fruits de l'entraînement, la Force comme guide. Il fallait mettre à profit le bref répit que la stupéfaction générale lui offrait.

En un sens, il pouvait presque s'estimer heureux. Après tout, la situation ne le forçait-elle pas à abandonner une activité dans laquelle il n'était pas toujours le plus talentueux, la comédie, pour embrasser un domaine où, cette fois-ci, il ne doutait pas de ses capacités, le sabre laser ? Plus d'incertitudes bientôt : tout serait beaucoup plus simple, beaucoup plus direct et beaucoup plus codifié. C'était presque un soulagement.

Cliquetis des droïdes qui se mettaient en position — signal de départ. Orme étendit sa main gauche pour propulser une vague de Force sur les trois adversaires les plus éloignés de lui : la distance ni le nombre ne jouaient en sa faveur et il importait de retarder une partie de ses assaillants pour laisser le temps, il l'espérait, à Gamaliel d'arriver. Pendant que les deux humains encore debout plongeaient la main dans vers leur holster, le Padawan bondit de sa place.

Son saut périlleux l'amena sur les épaules d'un droïde un brin décontenancé par la rapidité et l'agilité de son assaillant. Comme les droïdes médecins qui avaient pris la fuite loin de la table d'opération, cette unité n'était pas de première jeunesse ; achetée probablement au rabais dans la brocante d'un astroport douteuse par des trafiquants qui ne s'attendaient pas à devoir affronter des Jedis, elle avait largement rempli son office contre les agents des forces de l'ordre locales mais se trouvait, cette fois-ci, un peu dépassée.

Avant d'atterrir sur les épaules de la machine, Orme avait extirpé de sa botte son sabre laser. Une fois en place, il le posa contre la tête du robot et activa la lame : l'énergie dorée transperça la carcasse métallique, détruisant au passage tous les processeurs principaux. Mais le Padawan ne s'éternisa pas pour contempler les résultats de son agression surprise ; rétractant presque aussitôt la lame de son sabre, il accomplit un nouveau bond pour se dissimuler derrière l'une des piles de caisse qui occupaient la salle.

Ce repli relevait d'une sage initiative : à peine atteignit-il son abri de fortune qu'une rafale de tirs de blasters partit dans sa direction. Les deux autres droïdes et l'homme que sa Vague de Force avait propulsés à terre s'étaient relevés et faisaient feu dans sa direction, accompagnés par l'homme restant et sa compagne. Si la Vague de Force avait visiblement endommagé le système de visée de l'un des droïdes survivant, dont le tir déportait sensiblement à gauche, Orme n'en comptait pas moins quatre adversaires présentant un front unique.

La situation n'était cependant pas catastrophique. Les trois humains n'avaient visiblement pas un entraînement très perfectionné dans le domaine : la chasse aux Jedis n'était certes pas leur spécialité et, plus généralement, ils devaient se contenter de rabattre les victimes, de les surveiller, des régler les petits problèmes quand ils se présentaient et voilà tout. S'ils avaient eu raison des agents de Bakura, c'était probablement bien plus en raison de leur surnombre et de l'effet de surprise que de leurs compétences martiales.

Le simple fait qu'ils s'obstinassent à arroser son abri de tirs de blaster sans songer à se séparer pour entamer une manoeuvre de contournement prouvait à Orme qu'ils n'avaient guère l'habitude de ce genre de situations. Cette opposition l'inquiétait donc moins que les agissements du Rodien. Il était évident que le petit homme était en charge de l'opération et que, si Gamaliel et Orme désiraient remonter la filière, il fallait impérativement lui mettre la main dessus. Les simples sbires n'avaient sans doute qu'une connaissance fort limitée des affaires.

Or, le médecin Rodien avait soigneusement replié son matériel le plus précieux et tentait désormais une retraite discrète vers le fond de l'entrepôt, emboîtant le pas à ses droïdes médicaux. Orme jeta un coup d'oeil vers l'entrée du hangar : un peu d'aide serait la bienvenue.

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Gamaliel fonça (tête baissée) dans les rues. Un seul objectif : retrouver cet entrepôt. Bien sur, même en courant (tête baissée), le Jedi restait attentif à la Force et surtout à elle. En effet, quelles seraient ses chances de réussite sinon ?

Et c'est l'esprit guidé par la Force qu'il finit par le trouver ... et peut-être aussi par le bruit de blasters chauffants qui sait ? Chose est-il qu'il se retrouva devant une porte de hangar ... fermée. La Force s'acharnait décidément sur le Jedi en ce moment. Orme, il le sentait, était derrière. Et ayant son sabre avec lui, Gamaliel parierait que le jeune l'utiliserait, ce qui augmentait les chances que ce soit sur lui qu'on tire en ce moment.

Mais la porte était imposante et le temps réduit.

"Ne recules devant rien ... Tu as le potentiel alors fais-le "

Ces mots, le Sentinel détestait s'en souvenir ... Paroles de son ancien mentor, il ne savait jamais ce qui était bon à prendre dans son enseignement ou de mauvais. Mais à situation désespérée, action désespérée ... Et il n'y avait pas le temps de tergiverser. Gamaliel recula alors de quelques mètres et regarda autour de lui. Puis, ayant trouvé ce qu'il cherchait -un container-, il l'attrapa par la Force et l'envoya contre la porte du Hangar. Quel meilleur bélier que cette technique après tout.

Le container finit sa course dans le hangar, dévoilant la situation au Jedi et happant au passage l'un des fou de la gâchette. Pour les autres, le Jedi les repoussa contre un mur au moyen d'une vague de Force, les assomant. Au moins, ceux-là étaient encore vivant ... ce qui était moins sur pour celui qui s'était retrouvé pris par le container. Regardant Orme, Gamaliel sourit ...

- * Désolé du retard ... J'espère que tu as tous tes organes. Parce que tu vas en avoir besoin crois-moi. *

Pour le Jedi, c'était clair : les locaux n'étaient pas tous blanc comme neige et du coup, leur mission risquait de prendre très vite une vilaine tournure.
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Dans l'esprit bien formé du Padawan, les priorités se mettaient en place. Le plus important, c'était de rattraper le médecin. En deuxième position venaient les droïdes médicaux, dont la mémoire n'était peut-être pas effacée et qui pouvaient aider à retracer l'étendue des opérations, l'identité de victimes qui, peut-être, n'ont pas été retrouvé, l'utilisation des organes. Puis venaient les droïdes de combat, dont l'origine serait toujours bonne à savoir et, enfin, les trois jeunes gens de la pègre locale.

Beaucoup de personnes, en somme, à bien des endroits différents. Et lui n'avait que deux mains et un sabre laser. La situation n'était pas à son avantage : il ne pouvait pas dévier les tirs qui arriveraient derrière lui s'il poursuivait le Rodien, mais il ne pouvait pas être certain de se défaire de tous ses assaillants suffisamment vite pour rattraper le médecin, s'il ne se mettait pas à le poursuivre séance tenante.

Tant pis : il allait falloir prendre des risques. Orme s'apprêtait donc à se lancer à la poursuite du scientifique, en se protégeant au petit bonheur la chance des tirs de blaster, quand un container défonça la porte du hangar et broya un des jeunes gens. Voilà l'aide dont il avait tant besoin. Tout devenait immédiatement beaucoup plus simple.

Le Padawan activa sa lame dorée et s'élança de sa cachette, dans la direction qu'avait prise, deux ou trois minutes plus tôt déjà, le médecin.

— J'm'occupe du médecin, j'vous laisse les droïdes.


Les deux droïdes de combat survivants hésitèrent quelques secondes puis parurent décider qu'un homme qui envoyait des containers était une cible plus prioritaire qu'un adolescent et concentrèrent leurs tirs sur le Chevalier. Le Padawan, pour sa part, pressait le pas, le sabre tenu en arrière, dans une position inversée inspirée du Shien, par souci de rapidité.

Le hangar se poursuivait sur une centaine de mètres encore puis une coursive de deux cents mètres donnait sur une seconde plateforme. Les droïdes médicaux, qui n'avaient pas été choisis pour leur vélocité, avait péniblement atteint l'extrèmité du hangar et, alors qu'ils allaient s'engager dans la coursive, deux éclairs jaunes vinrent transpercer leurs systèmes moteurs, les clouant au sol dans des grésillements de lamentation.

Orme ne s'attarda pas pour les examiner : ils n'iraient pas plus loin, c'était tout ce qui comptait. Quelques secondes plus tard, le jeune homme déboucha enfin sur la seconde plateforme où, comme il le craignait, un speeder était prêt qui attendait le médecin. Au volant, un nouvel humain, guère plus âgé que les précédents, membre aussi, sans doute, du petit gang que le Rodien avait rassemblé sur place pour l'aider à gérer sa sinistre entreprise.

Le médecin, lui, pressait le pas, mais sa corpulence, son âge sans peut-être, le manque d'exercice très certainement n'en faisait ni un sprinteur, ni un coureur de fond très redoutable. Orme le dépassa donc sans se soucier de ses pointes de vitesse très modérées. Le speeder allait partir. Et si le speeder partait, le chauffeur avertirait les agents de l'organisation au sein des douanes et le réseau ne serait jamais démantelé.

Orme ne voyait guère qu'une seule solution, mais elle ne l'enchantait pas. L'engin commença à s'élever de la plateforme, abandonnant le Rodien à son sort. Le Padawan arrêta sa course et, d'un mouvement de poignet, lança son sabre laser vers le véhicule et ses systèmes de guidage. Lancer de sabre. Une compétence utile qu'il ne maîtrisait pas encore très bien. Il essaya néanmoins de se concentrer sur la Force pour guider la trajectoire de l'objet.

Au bout du compte, ce fut sans doute beaucoup plus la banale précision du lancer que l'influence de la Force qui permit à l'arme d'atteindre son but — plus ou moins. La lame se plongea dans l'avant de l'appareil, endommageant les commandes. Orme se concentra pour attirer par télékinésie son sabre vers lui, avant que le speeder n'allât s'écraser contre un entrepôt voisin — ce qui ne laissait guère d'espérance quant à la survie du chauffeur.

Ce n'était pas la première fois qu'Orme tuait un adversaire en mission, mais il fallait bien avouer qu'il avait un peu de mal à s'y faire. Ce ne fut que la nécessité de parer à des préoccupations plus pressantes qui l'empêcha de se morfondre sur le déroulement des événements. Il rattrapa son arme au vol et tendit la lame vers le Rodien, essoufflé, effrayé et qui, de toute façon, ne comptait plus aller nulle part.
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Gamaliel regarda alors courir Orme dans une autre direction, se lançant visiblement à la poursuite d'un médecin. Des droïdes visèrent alors le Jedi et commencèrent à tirer. Gamaliel tira son sabre et dévia alors le flots de tirs qui fondaient sur lui. Mais à force, une erreur pourrait devenir possible. Il fallait donc y mettre un terme. Gamaliel dévia alors leurs tirs vers eux, les mettant ainsi "au tapis". Puis, rengainant son sabre, Gamaliel s'approcha des deux personnes qu'il avait assomé grâce à la vague de Force. Les ligotant, Gamaliel s'arrêta un instant. Une étrange sensation lui parvint à nouveau. Se relevant, il partit alors à la suite d'Orme.

En arrivant au bord des plateformes, Gamaliel la sentait de plus en plus. Il allait se passer quelque chose et le Jedi réagit.

-*Orme ! Baisses-toi !!*

A peine l'avait-il télépathié qu'un tir percuta le rodien entre les deux Jedi, le tuant sur place. Dégainant à nouveau son sabre, Gamaliel courrut vers le Padawan pour le couvrir. Une fois rejoins, ce fut un flot de tirs qui se firent entendre ... mais cette fois, provenant de la pièce dont Gamaliel avait défoncé la porte. Ce qui se passait n'était pas difficile à comprendre, on se débarassait des témoins gênants. Mais si le Chevalier avait raison, retourner dans le hangar serait une bétise. Cette fois, ce ne serait pas quelques hommes peu entrainés.

-*Si tu as envie de retourner dans le hangar, la réponse est non. Y a autre chose sous ce trafic ... mais là, on se casse avant que ce soit nous qu'on vienne cueillir. Viens ...*

Et Gamaliel s'échappa de la plate-forme par un autre chemin. Il fallait qu'il vérifie ce qu'il pensait mais comment ? Orme aurait peut-être une idée mais avant tout, il fallait semer les poursuivants et se faire discret ... même des locaux. Surtout des locaux.
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Orme était concentré — un peu trop concentré. Comme souvent, il avait du mal à maintenir un équilibre parfait entre l'attention portée à la Force et la réflexion purement intellectuelle et, s'il avait un certain talent dans l'un et l'autre domaines, il peinait à les explorer tous les deux conjointement. Se concentrer sans se concentrer était peut-être l'une des habitudes de Chevalier les plus dures à acquérir et si Orme avait fait des progrès considérables, il n'était pas encore au bout de sa formation.

Ainsi, une fois le Rodien arrêté, le jeune homme s'était consacré à sa surveillance et à la réflexion. Il examinait les conséquences de ce qu'ils avaient découvert dans l'entrepôt, les prochaines actions qu'ils devraient entreprendre, les personnes à contacter, les mesures à prendre. Cette analyse de la stratégie à adopter, l'occupant presque entièrement, l'empêchait d'être aussi sensible qu'il l'eût dû à son environnement et à la menace qui grandissait sourdement.

Ce ne fut qu'en percevant le message de Gamaliel que le jeune homme émergea de ses pensées et s'accroupit au sol, une main sur la plateforme, juste à temps pour éviter le rayon de blaster qui devait le traverser avant de percuter le Rodien. Retrouvant dans l'action ses réflexes et sans prêter pour l'heure attention au corps du médecin qui s'effondrait au sol, le Padawan se redressa et entreprit de dévier avec Gamaliel les tirs de blaster qui pleuvaient sur eux.

Avec un sabre laser au manche courbe et en pratiquant de la forme Ataru, Orme n'était certes pas le mieux placé pour ce genre d'exercices et la retraite lui paraissait, pour l'heure, une excellente solution. Laissant le Chevalier ouvrir la voie, il se plaça dos à lui et entreprit, autant que possible, de couvrir leur retraite. Un Jedi plus versé dans le Soresu qu'il ne l'était eût sans doute été capable de renvoyer directement les rayons d'énergie à quelques tireurs, mais le Padawan parvenait malgré tout à couvrir leurs arrières.

Le chemin qu'ils avaient emprunté, une corniche de plus en plus étroite courant autour de l'entrepôt, leur permit bientôt de mettre entre les tireurs et eux la protection d'une façade. Orme éteignit la lame de son sabre et jeta un coup d'oeil au devant d'eux, pour découvrir ce que Gamaliel avait dû constater déjà : la corniche finissait par s'enfoncer quelques mètres dans la façade pour disparaître. Ils étaient certes hors d'atteinte des tireurs embusqués, mais les hommes de main qui faisaient le ménage dans l'entrepôt auraient eux tôt fait de les rattraper.

Orme tourna son regard vers la seule issue possible : le vide. Heureusement, ils n'étaient pas encore trop éloignés de la surface, mais il fallait être un Jedi pour envisager un tel plongeon. Après avoir échangé un dernier regard avec Gamaliel pour s'assurer que le Chevalier aussi n'envisageait guère que cette solution pour semer leurs poursuivants, le jeune homme sauta de la corniche et se concentra sur la Force pour contrôler sa chute.

Après s'être réceptionné avec souplesse au sol, Orme ferma les yeux et se concentra, pour s'assurer que cette voie de sortie plus qu'improbable les avait en effet débarrassés de leurs assaillants. Quoiqu'il ne ressentît aucune menace dans la Force, du moins aucune menace aussi immédiate que celle à laquelle ils venaient d'échapper, il rouvrit les paupières et posa un regard interrogateur sur Gamaliel, attendant que le Chevalier confirmât tacitement son sentiment pour prendre la parole.

Ce ne fut qu'une fois qu'il fût certain que l'homme partageait ses impressions que le Padawan se détendit un peu :

— Ils ont des droïdes sur une planète où les droïdes sont interdits. Le Rodien employait la pègre locale, mais des jeunes, relativement inexpérimentés, pour mieux les contrôler. Et manifestement, quelqu'un employait le Rodien aussi. Ca m'a tout l'air d'être beaucoup mieux organisé que prévu.

Comme à son habitude, devant un problème complexe, Orme faisait marcher ses neurones et analysait méthodiquement la situation.

— S'il y avait des tireurs si prompts à réagir, c'était que le Rodien était surveillance. On n'emploie pas des mercenaires de seconde zone si on n'a déjà pas assez confiance dans son personnel clé. Les tireurs devaient donc probablement faire partie d'une force régulière. Des hommes bien entraînés et fidèles. Une compagnie de sécurité, des paramilitaires, des hommes de la Mafia.

Le trafic d'organes s'était mué en une possibilité parmi d'autres.

— Les droïdes, ça me parait notre meilleure piste. C'est rare sur Bakura. Donc il y a peu de revendeurs possibles, peu d'intermédiaires. Si on creuse de ce côté-là, on pourra sans doute trouver quelqu'un qui a été impliqué d'une façon ou d'une autre dans leur transport jusqu'à Bakura — et redescendre la filière.

L'adolescent n'avait visiblement pas l'air pressé de se reposer, ne fût-ce qu'une seconde, pour reprendre ses esprits. Il fallait dire qu'il n'avait aucune envie de songer que la mort du pilote de speeder, qu'il avait provoquée, avait finalement été parfaitement inutile puisque le Rodien s'était, d'une certaine manière, échappé et que le décès même du médecin relevait en partie de sa responsabilité. Un bilan qu'il jugeait peu glorieux — et il n'y avait pas besoin d'être télépathe pour deviner que les derniers événements l'avaient sérieusement ébranlé.
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La mafia ... non. C'était bien plus simple que ça. Mais le mot, comme la suite du raisonnement du Padawan fit s'arrêter Gamaliel. Et même si trouver les revendeurs de droïdes pourraient les mener directement aux commanditaires, il y a avait une faille -ou deux-.

-*Tu pourrais passer la planète au peigne fin que tu ne trouverais pas un revendeur de droïde sur Bakura. Simplement parce que ceux-ci sont interdits. Totalement interdits. *

En suivant ce raisonnement, trouver un droïde donnait une chance de remonter la rivière de ce trafic. Mais chercher un revendeur, ce serait comme chercher l'aiguille dans la botte de foin. Peu de gens sur Bakura aimaient ces machines parlantes. L'idée même de leur poser la question n'était pas un suicide, mais attirerait l'attention de trop de monde. Des droïdes étaient présents sur la planète ... donc quelqu'un les y avait laissé entrer. Et qui était chargé de la surveillance des douanes, sinon les locaux.

-*Je suis persuadé que tu as compris qu'il n'y a pas que des disséqueur et des membres de gang derrière tout ça. Ce qui m'a fait être en retard à la petite fête dans le hangar, c'est le fait que le speeder a été trafiqué. Et qui savait que toi et moi sommes ici ? *

L'agent Pelms était le premier sur la liste. Une pourriture de première surement. Une espèce de ripoux, mais Gamaliel était sur qu'il n'était pas le seul. D'ailleurs, il parierait volontiers que les agents chargés d'enquêter en étaient aussi ... et que devenu gênants pour une raison banale, l'on se soit débarrassé d'eux -en faisant au passage un bénéfice grâce à leurs propres organes-. Le plus dur était encore de le prouver. Et pour ça, les droïdes étaient une bonne piste en effet. Pourquoi acheter des servants mécaniques lorsque l'on peut les importer sans soucis ?

Restait l'autre point. Si les locaux étaient impliqués, le cerveau de cette boucherie en était-il un ? Et si non, de quoi disposait-il comme moyen ? Car après tout, le sniper n'était pas un amateur non plus. Plusieurs pistes, et autant de dangers. Trop pour deux Jedi ...

-*Il nous faut trouver les preuves ... ainsi que les responsables. Mais avant tout, il nous faut découvrir sur qui compter. Une idée sur la façon de procéder ?*

Gamaliel en avait quelques-unes lui-même, comme passer la prochaine nuit à fouiller les bâtiments fédéraux de la planète, mais jusqu'à maintenant, Orme faisait preuve d'un bel esprit d'initiative, tout comme de bons raisonnements. Et il y a plus d'idées dans une tête que dans deux. Seulement cette fois, le Sentinel n'accepterait pas que les deux se séparent. Ce qui venait de se passer pouvait se reproduire et y donner la même fin "heureuse" n'était pas une option établie.
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Dans d'autres circonstances, Orme eût sans doute expliqué à Gamaliel, en des termes un peu fleuris, qu'il savait évidemment que les droïdes étaient interdits sur Bakura, qu'il ne venait pas en mission les mains dans les poches, qu'il ne parlait pas de revendeurs officiels et ainsi de suite, mais, outre que les derniers événements avaient pour l'heure éteint en lui toute humeur récriminatrice, le respect que lui témoignait le Chevalier depuis le début de leur enquête et la marge de manoeuvre qu'il lui laissait suffisaient très largement à tempérer son mauvais caractère.

De toute façon, la nouvelle du sabotage du speeder attirait déjà son esprit vers de nouvelles perspectives, guère plus riantes que les précédentes. Il lui semblait comme à Gamaliel que l'innocence de leur contact local était de plus en plus douteuse. Un complice dans les douanes, un complice dans les forces de l'ordre, le réseau commençait doucement à prendre forme, mais Orme espérait qu'il ne s'étendrait pas beaucoup plus.

Impossible, donc, de savoir sur qui compter et ils avaient beau être des Jedis, lutter à deux contre un ennemi fantôme qui avait l'avantage du terrain n'était pas un combat qu'ils pussent aisément mener. Orme sentit un vent de découragement souffler en lui. Ils n'avaient plus de prisonniers, plus de preuves, plus de soutien et plus de véhicule. Et sans doute cinq ou six hommes armés à leurs trousses.

Le jeune homme s'adosse à un mur de la ruelle et se mit à regarder pensivement ses pieds. La situation n'était pas brillante. Il avait sans doute connu des missions plus dangereuses, mais l'avantage d'une catastrophe consommée, d'un tumulte de combats, c'était que l'on savait très précisément ce qu'il fallait faire — dans la situation actuelle, tout au contraire, les choses étaient bien incertaines.

Il releva le regard quand Gamaliel lui demanda s'il avait une idée.

— Euh...

Bon, il n'allait pas abandonner comme cela ! D'abord, il détestait décevoir qui que ce fût. Ensuite, il avait une réputation à maintenir. Enfin, pour une fois qu'on lui laissait prendre des initiatives, il ne fallait pas laisser passer cette chance. L'adolescent entreprit de faire tourner la turbine de son esprit et d'essayer d'envisager la situation sous un angle inédit.

Lentement, à mesure que ses réflexions fleurissaient, il exposait les résultats de son avancée au Chevalier.

— Bon... Il y a deux gros morceaux dans le problème. D'un côté, l'administration corrompue. De l'autre, les organes. Manifestement, on a besoin d'aide. Quelqu'un qui sache un peu comme les choses se déroulent ici. On ne peut vraiment se fier ni aux douanes, ni aux forces de l'ordre. Alors, il faudrait trouver quelqu'un qui aurait intérêt à exposer les agents corrompus et mettre un terme au trafic d'organes.

Bien sûr, ce genre de personnes ne devait manquer ni dans les douanes, ni dans les forces de l'ordre et il était presque rageant de songer qu'il y avait dans l'une et l'autre institutions tant de personnes susceptibles de leur apporter une aide sûre et efficace, mais aucun moyen de s'assurer de leur loyauté pour commencer. Un angle inédit, ils avaient besoin d'un angle inédit.

— Un journaliste spécialisé dans les affaires planétaires aurait intérêt pour sa carrière à révéler ce genre d'histoires. Donc à nous aider. Il aurait des contacts à la fois dans les forces de l'ordre — des gens sûrs — et dans la pègre — de bons informateurs. Un médecin qui participerait à des greffes aurait aussi intérêt à mettre un terme au trafic d'organes et il pourrait nous renseigner sur le genre de matériel et de personnes nécessaires à une opération de ce genre.


Tout cela compliquait certainement leur enquête, mais il paraissait à Orme qu'il s'agissait des deux moyens les plus sûrs de s'assurer un soutien efficace. A moins d'engager un mercenaire, naturellement, mais il doutait fortement qu'ils eussent les moyens pour cela. Consulter les archives des grands journaux de Bakura pour déterminer qui était l'étoile montante qui aurait intérêt à les aider ou éplucher la liste des membres de comités médicaux de bioéthique ou d'agences de transplantation serait bien moins coûteux.

Le Padawan posa un regard interrogateur sur le Chevalier, en espérant qu'il aurait des solutions un peu plus directes pour résoudre leur problème.
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L'idée du journaliste était bonne. Même très bonne. Les médias s'étaient de plus jetés sur l'affaire tels des rapaces affamés sur un morceau de viande. De plus contrôler les médias est toujours difficile. Peu de chances donc que certains soit de mèches avec les trafiquants.

Gamaliel acquiesça donc d'un signe de tête quand Orme le regarda songeur.

-*Remontez la filière par les médecins est peut-être un peu trop long. Surtout que le Rodien est la preuve que certains d'entre eux font peut-être parti du trafic. Mais un journaliste pourrait effectivement nous renseigner. Après tout, si il y a des ripoux dans l'administration de la planète, peut-être n'en sont-ils à leurs premiers méfaits ? Pareil s'il y a quelqu'un connu pour son intégrité ...*

Le Jedi était fier du Padawan. Son raisonnement était encore la preuve d'une certaine lucidité et se révélait être une grande aide. A deux on a plus d'idées, mais celles d'Orme avait l'avantage d'être construites. Pour le reste, choisir un journaliste ne serait pas difficile.

-*Tari Uklan ... C'est le nom du premier journaliste à avoir couvert l'affaire. Un Toydarien je pense. Une tête de pioche parait-il. *

Oui ... il ferait surement l'affaire. Mais les Toydarien résistait aux manipulations mentales. Adieu moyens faciles d'obtenir des informations. Il faudrait aux deux Jedi recourir aux bonnes vieilles méthodes. Reprenant la route, s'encapuchonnant, Gamaliel décida de pallier à un détail qui le turlupiner depuis qu'il avait rencontré Orme. Et la promenade lui semblait être le bon moment d'ailleurs.

-*Les Maitres n'ont pas oubliés de me préciser un détail quand ils t'ont envoyés ici ... Il semble que tu sois ... comment dire ... insubordonné de temps à autre. Pourtant, ici, tu te montres calme. Y a-t-il une raison à ce comportement ?*

Gamaliel espérait ne pas brusquer le garçon. Il voulait juste comprendre. Et après tout, lui-même n'était pas le plus "droit" aux yeux de l'Ordre... Dur dur d'être un modèle.
Invité
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Le journaliste, donc. Orme n'avait jeté qu'un coup d'oeil distrait aux coupures de presse qu'il avait pu rassemblées en se rendant sur les lieux de la mission. Il faisait beaucoup plus confiance, pour se préparer, aux ouvrages sérieux des archives du Temple, relatifs à l'histoire de la planète sur laquelle il se rendait, puis aux rapports des investigations officielles. A ses yeux, journalisme et politique avaient parties liées, et il ne faisait guère plus confiance aux uns qu'aux autres.

Il fut donc un peu soulagé de constater que le Chevalier avait prêté plus d'attention que lui aux détails médiatiques de l'affaire : ce scrupule s'avérait désormais bien utile et leur épargnerait de longues heures dans les archives de Bakura, à tenter de déterminer qui, de la dizaine de journalistes ayant probablement couverts le fait divers, serait le plus à propos de les renseigner.

Et un Toydarien, pouvait-il rêver mieux ? Orme, qui était par principe opposé à la plupart des techniques de manipulation mentale, ne songeait guère à la résistance de cette espèce ; le Padawan était beaucoup plus porté à envisager des négociations rationnelles que des tours d'hypnose. Mais, surtout, les Toydariens avaient la réputation de prendre très au sérieux la profession qu'ils embrassaient, ce qui en faisait des marchands féroces, des scientifiques acharnés et, très probablement, des journalistes efficaces et intègres.

L'adolescent ne voyait pas de raison qui pût pousser le journaliste à refuser de coopérer avec eux. Son intérêt était d'avoir une histoire en exclusivité et comme les Jedis n'étaient pas poussés, par des considérations de politique locale, à masquer la vérité, un échange de bons procédés paraissait tout à fait possible. Naturellement, Orme avait tendance à envisager ces situations d'un point de vue rationnel — mais tout n'était pas toujours conforme à la raison.

De toute façon, rien ne servait de tirer des plans sur la comète : ils avaient décidé de la nouvelle étape de leur exploration et il suffisait, pour l'heure, de s'y tenir. Resserrant son manteau blanc autour de lui, Orme emboîta le pas à Gamaliel après avoir enfoncé les mains dans ses poches. En se dirigeant du côté du quartier commercial, ils n'auraient pas de mal à se mêler à la foule des soirs et à trouver un moyen de locomotion.

Orme prêta une oreille attentive aux paroles de son compagnon d'aventure et demeura quelques secondes songeur, avant de répondre d'une voix lente et un peu lointaine :

— Eh bien, il n'y a pas de réponse courte à cette question.

Et ce fut tout. Du moins, pendant une ou deux minutes, le Padawan se replia dans un silence hermétique, comme s'il ne comptait pas fournir la réponse longue. Les deux Jedis s'engagèrent dans un ascenseur public qui les mènerait vers les niveaux supérieurs. Comme la cabine était déserte, Orme sortit finalement de son mutisme.

— La Voie du Jedi nous enseigne à être attentif à la Force, à prêter attention à l'harmonie du vivant. Chaque être a sa propre signature, ses différences, ses subtilités, et l'harmonie n'est possible que par le particulier. Si tout se ressemblait, alors il n'y aurait que l'Un et le perpétuellement identique est la mort ou l'éternité — le contraire de la Force, donc.

A mesure qu'ils s'élevaient, la verrière de l'ascenseur, qui n'avait d'abord ouvert que sur des murs de bétons, offrait des perspectives de plus en plus fasses sur les immeubles, les rues passantes, les grandes enseignes, une ville bien plus brillante et bien plus animée que le mélange d'entrepôts et de bars interlopes qu'ils avaient rencontré jusqu'à présent.

— L'enseignement de l'Ordre me semble parfois contraire à la Voie du Jedi. On s'échine à gommer les spécificités, à annihiler les émotions, à éradiquer la surprise. On forme de parfaits petits soldats, interchangeables. L'Ordre souvent pratique le contraire de la Force qu'il cherche à défendre. Ce n'est pas forcément la faute de quelqu'un en particulier. Je ne sais pas. C'est juste l'institution, le poids des traditions, des règles trop rarement réexaminées.


Si sa réputation d'insubordination était peut-être exagérée, sa réputation d'hétérodoxie, elle, semblait pleinement justifiée.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et les deux Jedis s'engagèrent dans une rue passante, en direction d'une des stations de navettes interurbaines, grâce auxquelles ils pourraient sans peine se rapprocher du centre culturel de la ville, où les journaux holonets avaient leurs sièges. Le jeune homme, par souci de discrétion, baissa la voix.

— La hiérarchie de l'Ordre, pour une large part, est une émanation de cette institution et participe de ce mouvement mortifère. Les Padawans ne doivent pas penser, ne doivent pas réfléchir. Les Maîtres sont censés prendre les bonnes décisions, simplement parce qu'ils ont de l'expérience. Mais il y a plus d'une manière de comprendre les choses et la somme des années n'est pas nécessairement la clef de tous les problèmes.

Machinalement, Orme promenait son regard sur la ville. Habitué au calme rural du Temple ou à l'agitation frénétique de Coruscant, le jeune homme trouvait dans l'harmonieuse capitale un compromis agréable — un peu trop lisse et bourgeois, peut-être, à son goût, mais agréable tout de même.

— Vous, vous me demandez mon avis, vous m'écoutez. Pas comme une formalité, pas pour faire semblant, comme bien des Chevaliers et des Maîtres. Avec sérieux. C'est une chose que j'apprécie et que je respecte.

Et la réponse longue finalement délivrée, ils arrivèrent devant l'une des machines automatiques chargées de délivrer les billets pour le centre de la ville. Orme jeta un coup d'oeil aux tarifs des différents voyages et haussa les sourcils. Manifestement, la propreté des rues avait un prix.
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